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Tag: Pays-Bas
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Pays-Bas : d’où viennent les émeutes anti couvre-feux ?

Les émeutes de ces derniers jours aux Pays-Bas ont principalement touché les quartiers les plus pauvres et leurs habitants. Les commerçants ont vu leurs petits commerces partir en flammes ou leurs stocks finir aux mains de pillards. Certains d’entre eux vont probablement décider de quitter ces zones, ce qui ne fera qu’aggraver la situation de ces régions déjà à peine habitables. On peut comprendre que la majorité de la population soit dégoûtée par ces émeutes. Mais il ne suffit pas de les condamner, il faut aussi comprendre leur cause.Par des correspondants de Socialistisch Alternatief, section d’Alternative Socialiste Internationale aux Pays-Bas
Bien que les Pays-Bas soient un pays qui n’est pas souvent associé à la révolte, ces émeutes ne sont pas une surprise. L’introduction du couvre-feu de trois semaines par le gouvernement intérimaire néerlandais a joué le rôle de la goutte faisant déborder le vase. Ce gouvernement a été mis en place que Mark Rutte, du Parti populaire, ait été contraint de démissionner à la suite d’un scandale. La mesure elle-même bénéficie d’un large soutien dans la population qui repose sur la compréhension de la nécessité de faire baisser le taux de contamination, d’autant plus que la variante britannique devrait frapper les Pays-Bas vers la mi-février. Si cela devait arriver, à la mi-mars, l’épidémie pourrait devenir incontrôlable et, en avril, les hôpitaux seraient débordés, selon l’Institut national pour la santé et l’environnement.
Après des années successives de privatisation des services publics, parmi lesquels les soins de santé, dues aux conservateurs, aux libéraux et aux sociaux-démocrates, la confiance dans l’élite au pouvoir est au plus bas. Depuis des décennies, les syndicats orientent leur action vers la conclusion d’accords avec les patrons, le fameux « modèle des polders » basé sur la collaboration de classe. La social-démocratie (le PVDA) a joué un rôle terrible dans l’application de l’austérité. Même le parti de gauche Socialistische Partij a, au cours de ces deux dernières décennies, abandonné son interprétation du « marxisme » et même réprimé ceux qui, au sein du parti, se sont opposés à cette évolution. Le parti a lui aussi adopté une position de collaboration de classe. Parallèlement, les scandales se succèdent, révélant comment les riches s’entraident tout en attaquant les pauvres.
Tout cela a permis à la propagande de droite de faire son entrée dans les manifestations. Les multinationales agricoles ont ainsi instrumentalisé la colère des agriculteurs les plus pauvres concernant les restrictions sur l’utilisation des engrais imposées par le gouvernement et ont même organisé des manifestations.
Il existe deux partis populistes de droite : le PVV de Wilders, enclin à soutenir les mesures sanitaires, et le Forum pour la démocratie, qui s’y oppose. Deux formations qui n’ont rien à envier à Trump. Le Forum pour la démocratie a réalisé une percée lors des élections provinciales de 2019, mais il a depuis lors perdu du terrain en faveur du PVV. Alors que de petits groupes de droite ont joué un rôle dans l’organisation des manifestations précédentes, les émeutes actuelles, principalement organisées via les réseaux sociaux, impliquent un mélange d’extrémistes de droite, de « combattants de la liberté » et de jeunes frustrés qui se enfermés dans des écoles, des emplois précaires et leur logement et qui se sont retrouvés pour affronter un ennemi commun, l’État.
Le terreau de ces émeutes est la sinistre situation à laquelle les jeunes sont confrontés dans de nombreuses régions et dans les quartiers les plus pauvres. 30 % de la population active néerlandaise occupe des emplois précaires, soit le niveau le plus élevé de l’Union européenne. Dans la situation actuelle, ils ne peuvent trouver que des emplois mal payés et peu sûrs, voire pas sûrs du tout. L’enseignement aux Pays-Bas est coûteux et de mauvaise qualité, même dans les universités. La pénurie de logements est grave et les loyers sont inabordables. Seuls les jeunes les plus instruits sont en mesure d’acheter une maison, et ils doivent souvent combiner les revenus du couple pour y parvenir.
Les jeunes ont dû accepter le fait qu’ils ne recevront aucune aide du gouvernement pour résoudre leurs problèmes. Et il existe une discrimination flagrante à l’encontre des personnes d’origines différentes. C’est dans ce contexte que le gouvernement a été contraint de démissionner le 17 janvier en raison d’un scandale concernant les allocations pour la garde des enfants.
Les personnes qui ont besoin de services de garderie ont droit à des avantages fiscaux versées sous la forme d’une avance, les frais étant à justifier par la suite. Les autorités fiscales néerlandaises ont mené une véritable chasse aux sorcières des parents, sur base de la double nationalité, de la résidence dans certaines régions spécifiques, etc. Le système fonctionnait de telle manière que si vous soumettiez des données comportant des erreurs mineures, vous deviez rembourser la totalité du montant, soit des dizaines de milliers d’euros dans de nombreux cas.
De nombreuses personnes ont été ruinées. Des familles se sont séparées sous la pression. Des gens ont été forcés de déménager et ont été expulsés de leur logement. L’administration fiscale, les ministères, les juges et le Parlement ont été impliqués dans cette affaire tandis que les médias ont fermé les yeux sur ce qui s’est passé pendant plus de dix ans. Le scandale a été révélé au grand jour grâce aux efforts individuels de deux parlementaires, l’un du parti démocrate-chrétien et l’autre du parti socialiste.
L’État n’aide pas les travailleurs et la jeunesse, tandis que le scandale des allocations familiales a clairement démontré que les gens sont chassés comme des animaux de proie sans aucune justification. Le Covid-19 est venu s’ajouter à cela et a exposé les résultats désastreux d’années d’austérité néo-libérale. Le gouvernement n’a par exemple pas fourni suffisamment de matériel de protection car il était plus soucieux de respecter la volonté des entreprises privées.
Cela se répète maintenant avec les vaccins. Aucun plan sérieux de vaccination de masse n’a été élaboré. Cela est dû, d’une part, au fait que les entreprises privées ne sont pas disposées à garantir la livraison à un moment raisonnable et, dans une moindre mesure, à la méfiance des jeunes, en particulier, à l’égard des vaccins développés par le secteur privé. Dans ce contexte, les jeunes ont de plus en plus le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui sont poussés à faire des sacrifices.
Et maintenant, même certaines des libertés limitées dont disposent encore les jeunes pour au moins se divertir leur ont été retirées. Lorsque les cafés et les concerts étaient fermés, les jeunes travailleurs cherchaient un exutoire dans les fêtes sous les viaducs, les rassemblements dans les parcs, les usines abandonnées, etc. sous le refuge de l’obscurité hivernale. Le couvre-feu leur a enlevé tout ça.
Les émeutes ne sont pas une surprise. Elles ont lieu dans les campagnes, les villages de pêcheurs et les villes depuis des années. Malheureusement, les émeutes n’offrent aucune perspective. C’est une révolte, mais une révolte aveugle.
Les émeutes ont maintenant duré trois jours, ce qui a augmenté le soutien au gouvernement et à la police. Les ministres du gouvernement se bousculent les uns les autres pour condamner les émeutes. Parmi les actes particulièrement stupides qui ont eu lieu, on peut citer la lapidation d’un hôpital à Enschede et l’incendie d’un centre de test COVID dans le village de pêcheurs d’Urk. Des travailleurs de la santé désemparés n’ont pas pu quitter l’hôpital à la fin de leur service…
Si les dirigeants syndicaux et les partis de gauche devaient rejeter la faute sur les véritables responsables – à savoir les grandes sociétés pharmaceutiques, le marché « libre » et le système de profit – cette énergie pourrait servir à construire une lutte positive pour promouvoir les intérêts des familles ouvrières. Malheureusement, les dirigeants syndicaux et les partis de gauche sont complètement invisibles ; les seuls dirigeants syndicaux qui se sont manifestés sont ceux du syndicat de la police. La plupart des partis soutiennent le gouvernement et le maintien du couvre-feu, la seule exception étant certains partis marginaux de droite.
Le parti libéral au pouvoir est maintenant prêt à augmenter sa majorité lors des élections de mars. Toute cette situation renforce le soutien du public à des mesures plus répressives, bien qu’il y ait évidemment une grande différence entre la manifestation pacifique de l’après-midi à Amsterdam, qui a été illégalement réprimée, et les appels à des « émeutes contre le gouvernement » après le couvre-feu dans plusieurs villes, qui ont rapidement dégénéré et se sont soldés par des pillages, des incendies criminels et des pillages.
Il faut contrer ce dangereux mélange de jeunes frustrés et d’extrême droite. Seules la lutte et l’organisation portent leurs fruits. Les syndicats et les partis de gauche sont incapables de se connecter à de nouvelles couches en raison de leur politique de collaboration de classe.
Ce qu’il faut, c’est organiser ces couches, les allocataires sociaux, les travailleurs, les syndicalistes, autour de revendications combatives comme l’augmentation du salaire minimum horaire à 14 euros, la défense de vrais emplois avec de vrais salaires, un salaire décent pour les indépendants, l’abolition de tous les contrats précaires, des logements abordables et la renationalisation de tous les services publics, à commencer par les soins de santé et les grandes entreprises pharmaceutiques, les transports publics, l’immobilier et les institutions financières pour pouvoir utiliser toutes ces ressources afin d’offrir une véritable solution aux problèmes quotidiens.
Nous avons besoin de la propriété publique des secteurs clés de l’économie et d’une planification démocratique sous contrôle et gestion de la collectivité. Nous avons besoin d’un véritable parti socialiste et de syndicats de combat. Il est temps de construire une alternative socialiste.
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Pays-Bas : Le SP dissout son organisation de jeunesse

Lors du conseil du parti de gauche Socialistich Partij du 4 décembre dernier, le parti a décidé de dissoudre son organisation de jeunesse, Rood (Rouge). Heureusement, l’organisation de jeunesse a refusé d’accepter cette décision et continue à s’organiser et à riposter. Rood mérite tout notre soutien dans cette entreprise !
Déclaration de Socialistisch Alternatief, section d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) aux Pays-Bas
Une importante minorité de 30 % du conseil du parti, la plus haute autorité du SP, a voté contre les propositions de la direction du parti. Cela reflète le large mécontentement que suscite la ligne de conduite de la direction du parti contre Rood.
Concrètement, il a été décidé au conseil du parti de confirmer la suspension de tout soutien à Rood et de créer une nouvelle organisation de jeunesse via les sections, sous la direction d’un secrétaire de la jeunesse. Il ne faut pas se faire d’illusion : la direction du parti va essayer de faire passer ce travail de jeunesse sous le contrôle total de l’appareil du parti. Un comité a également été mis en place pour enquêter sur les problèmes entre le SP et Rood ainsi que sur la manière de procéder. Il publiera un rapport final le 1er mai. Nous ne devons pas nous faire d’illusions à ce sujet non plus : le but réel de la commission est d’étudier comment empêcher la radicalisation de l’organisation de jeunesse. Ce ne serait possible qu’en plaçant ces jeunes sur une île déserte… Ce ne sont pas les “communistes de salon” qui radicalisent les jeunes, c’est la crise profonde du capitalisme à laquelle ils sont confrontés !
Qui sont les vrais infiltrés ?
La présidente du parti, Jannie Visscher, a déclaré : “Nous ne sommes pas fous. Nous ne laisserons pas les communistes s’emparer de notre organisation de jeunesse”. Pour le prouver, tout un dossier de près de 200 pages, parfois obtenu de façon suspecte, a été produit pour prouver que la Plateforme Communiste a infiltré le SP et tente de gagner la jeunesse à sa cause. Cette soi-disant “fiche d’information” remonte même à la création du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), notre Internationale qui s’appelle aujourd’hui Alternative Socialiste Internationale (ASI), en 1974 ! Cette liste comprend plusieurs documents concernant Offensief, le précurseur de Socialistisch Alternatief, la section d’ASI aux Pays-Bas. Offensief et Socialistisch Alternatief n’ont jamais été impliqués dans la création ou le fonctionnement de la Plate-forme Communiste. Mais le même argument d’être des “infiltrés” a été utilisé pour nous expulser.
Nous avons rejoint le SP parce que nous considérions qu’il disposait d’un énorme potentiel après que le Parti travailliste (PvdA, l’équivalent du PS en Belgique, NdT) ait été détourné par des carriéristes qui ont transformé ce qui était autrefois le grand parti des travailleurs en une organisation pro-capitaliste qui a appliqué d’énormes coupes budgétaires lorsqu’il était au gouvernement. Nous avons reconnu la possibilité que le SP puisse reprendre le rôle historique joué par le Pvda et se développer en un nouveau parti de masse des travailleurs. En tant que membre du mouvement ouvrier, nous estimions devoir être là où les travailleurs s’organisent en tant que travailleurs. En raison de son virage spectaculaire vers la droite à partir du début des années 1990, ce n’était plus le cas au sein du PvdA dans lequel nous étions actifs.
Les idées du marxisme sont au cœur du mouvement ouvrier. Cela vaut pour le mouvement syndical, l’ancienne social-démocratie, mais aussi pour le SP (quoique de façon déformée, avec des illusions envers le maoïsme). Ce ne sont pas les marxistes, mais celles et ceux qui veulent simplement réformer le capitalisme, à l’instar de l’actuelle direction du SP, qui ont détourné le mouvement ouvrier et notre parti ! Ils ont, dans une large mesure, dilapidé le potentiel dont diposait le SP et l’ont conduit dans une impasse pour devenir une sorte de Pvda 2.0. Ils n’ont rien appris des erreurs commises par le Pvda. Le SP et Rood n’ont pas été construits par ses infatigables membres pour devenir une nouvelle version du PvdA, mais pour lutter pour une société socialiste. Le marxisme offre un instrument irremplaçable pour cela.
Nous ne sommes pas d’accord avec toutes les positions et méthodes de la Plateforme Communiste, mais bien sûr nous défendons leur droit d’être présents en tant que groupe organisé au sein du SP. Nous sommes toujours prêts à coopérer avec d’autres forces de gauche et nous sommes en faveur d’un SP pluraliste où un espace existe pour les diverses tendances de gauche. Il est parfaitement justifié et logique que les mouvements marxistes fassent partie du SP.
Y aura-t-il une scission ?
Le mécontentement est généralisé au sein du parti et, malheureusement, de nombreux membres s’enfuient par colère. Diverses initiatives ont été prises pour lutter pour la démocratisation du SP : une pétition contre la chasse aux sorcières et une pétition pour défendre Rood. Le congrès du SP sur le programme électoral aura lieu d’ici peu pour tenter d’également discuter de la démocratisation. Enfin et surtout, Rood est en train de reconstruire ses structures et de lutter pour sa réintégration en tant qu’organisation de jeunesse du SP.
Socialistisch Alternatief soutient de tout cœur toutes ces initiatives. Nous devons nous battre pour démocratiser le SP. Ce combat est également nécessaire pour maintenir ensemble les jeunes de Rood et la gauche ainsi que pour les consolider davantage.
Mais nous devons également examiner les raisons politiques sous-jacentes et évaluer le rapport de forces. Il ne s’agit pas seulement d’une bataille sur la démocratisation, mais sur la direction politique du SP. Le SP doit-il poursuivre son chemin vers toujours plus de parlementarisme, dans le seul but d’obtenir une participation au gouvernement et de gérer le capitalisme de façon plus “sociale” ? Ou bien va-t-il devenir une force combative, axée sur la construction de mouvements de masse, non seulement pour lutter pour des réformes, mais aussi pour promouvoir des changements socialistes fondamentaux ?
Malheureusement, la direction du SP privilégie de plus en plus la première, et nous estimons qu’elle est prête à aller très loin pour y parvenir : si nécessaire, en chassant toutes les forces de gauche organisées du parti, ou en les faisant partir d’elles-mêmes par la démoralisation. Ils pensent qu’il serait préférable d’avoir un parti avec la moitié du nombre actuel de membres, ce qui leur permettrait de rejoindre une coalition, plutôt que d’avoir un parti de 31.000 membres avec une gauche forte qui les en empêche. Ils ont une grande expérience de la répression ou du harcèlement des forces d’opposition. Les structures du SP sont conçues de telle manière qu’il n’est pas facile de gagner une majorité contre la direction du parti. De plus, la direction du parti a les médias établis de son côté.
Nous devons donc tenir compte de différents scénarios. Il serait bien sûr extrêmement positif de gagner la lutte pour la démocratisation et pour Rood. Cependant, nous devons également garder à l’esprit la possibilité qu’à long terme, ce combat risque d’épuiser et de démoraliser les forces de gauche, ou que la direction du SP nous oblige à rompre par le moyen de nouvelles attaques.
C’est pourquoi nous pensons que Rood et la gauche doivent non seulement se battre pour la démocratisation du SP, mais doivent en même temps se préparer à une existence indépendante. Une organisation de jeunesse indépendante, ou une nouvelle formation à gauche du SP, serait, bien sûr, confrontée à des défis considérables, comme celui d’assurer son indépendance financière. En même temps, une organisation de jeunesse indépendante ou une nouvelle formation de gauche pourrait être un pôle d’attraction pour la radicalisation des jeunes et des travailleurs, pour lesquels le SP n’est actuellement pas du tout attractif. Rood pourrait désormais lancer des actions et des campagnes en direction des jeunes, rejoindre les mouvements de protestation là où ils se manifestent et, pour financer ce travail, commencer à demander des cotisations aux membres de Rood et lancer une grande campagne de soutien financier destinée aux membres du SP et à d’autres sympathisants.
À notre avis, il est toujours nécessaire, même s’il s’effondre, de maintenir une orientation vers le SP. Le SP compte encore 31.000 membres, dont de nombreux travailleurs, socialistes et membres de la gauche critique. Nous devons toujours essayer de ne pas perdre le contact avec eux.
Nous vivons une période tumultueuse de crise profonde du capitalisme qui voit de plus en plus de jeunes et de travailleurs chercher une alternative à ce système pourri. En même temps, la crise profonde du système rend impossible une voie intermédiaire : soit vous êtes prêt à rompre avec le capitalisme, soit vous suivez sa logique. Ces contradictions se reflètent dans la crise du SP. Socialistisch Alternatief se bat à l’intérieur et à l’extérieur du SP pour une société socialiste, aux Pays-Bas et au niveau international. Que vous soyez ou non membre du SP, si vous voulez vous battre avec nous pour une alternative socialiste, rejoignez-nous !
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Percée de l’extrême droite aux Pays-Bas

Il est urgent d’organiser la riposte de la gauche !
Les élections au Conseil provincial du 20 mars dernier aux Pays-Bas ont montré que l’establishment a un gros problème. Les partis établis se fragmentent davantage et la date d’expiration d’un populiste de droite est à peine dépassée que le prochain est déjà prêt.
Après Fortuyn et Wilders, c’est au tour de Thierry Baudet. Notre organisation-sœur néerlandaise, Socialistisch Alternatief, a écrit : ‘‘Seule la sauce est nouvelle, ce sont les mêmes vieilles pommes de terre pourries.’’
Baudet est un sexiste, un raciste et un climato-sceptique. Son bien mal nommé Forum pour la démocratie (FvD) est devenu le plus grand parti. Il tente de limiter l’agenda politique à la migration, à l’opposition aux mesures climatiques et à l’opposition à l’UE d’un point de vue populiste de droite et nationaliste.
Baudet n’est pas un inconnu. Fin 2017, il a été le principal conférencier lors d’un dîner de Doorbraak.be, un site d’information populaire dans les cercles de la N-VA. Cinq ans plus tôt, il était orateur lors d’une réunion du Vlaams Belang (après quoi, selon le site d’extrême droite RechtsActueel, il a rendu visite à la N-VA).
Mais il y a également eu de bonnes nouvelles aux Pays-Bas : de grandes mobilisations pour le climat ont eu lieu, de même que pour les droits des femmes. Une grève dans l’enseignement et une autre dans les prisons ont également été bien suivies. Mais le parti de gauche radicale Socialistische Partij (SP) n’a pas su en profiter, il a perdu quasiment la moitié de ses suffrages. Il lui est absolument nécessaire de trouver un lien avec ces protestations de la rue pour constituer une alternative de gauche combative contre l’austérité.
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Pays-Bas. Le gouvernement désavoué, mais Wilders dément les pronostics

Rutte et Samsom, les chefs de file de la précédente coalition, sanctionnée dans les élections. Photo : Flickr/minister-president Geert Wilders n’a pas pu réaliser sa grande percée lors des élections du 15 mars dernier. Le gouvernement austéritaire du VVD (libéraux) et PvdA (sociaux-démocrates) a perdu pas moins de 37 de ses 80 sièges ! La social-démocratie a perdu -29 sièges, il ne leur en reste plus que 9. Le premier ministre sortant Mark Rutte (VVD) s’est autoproclamé grand vainqueur. Son parti a pourtant reculé, sans toutefois être dépassé par Geert Wilders.
Malgré la crise des réfugiés ou la victoire de Trump, le PVV de Wilders n’est passé que de 15 à 20 sièges (13,1% des voix). Wilders a surtout mené campagne avec d’interminables remarques haineuses et racistes sur Twitter. Des tracts ont été distribués ça et là, mais à ces occasions, on voyait plus d’agents de sécurité que de membres du PVV. Wilders n’a jamais pu organiser de rassemblements de masse.
Sa progression limitée ne signifie cependant aucunement que le danger de l’extrême-droite ou du racisme soit écarté. Le VVD a repris des éléments de la rhétorique de Wilders. Mark Rutte a ainsi publié une lettre ouverte appelant les migrants à se comporter ‘‘normalement’’ ou à foutre le camp. Même le troisième parti le plus important, le CDA chrétien-démocrate, a adopté des positions fortement ancrées à droite.Le PvdA social-démocrate est maintenant dépassé par D66 (des libéraux de gauche), GroenLinks et le SP (Socialistische partij). GroenLinks a le plus progressé sur base d’un programme libéral de gauche et d’une tête de liste charismatique. D66 se positionne comme un parti libéral de gauche, mais l’élément libéral est prédominant : il propose plus d’austérité dans les soins de santé que le VVD !
Le SP a malheureusement reculé. Au lieu d’opter pour une attitude d’opposition fondamentale, tel que devrait le faire un vrai parti socialiste, sa direction a préféré un profil de ‘‘parti normal’’. A Amsterdam et à Utrecht, deux villes où le SP est en coalition avec des partis de droite comme le VVD, son recul est remar-quable. Sans changement d’orientation, le SP continuera à stagner.
Le nouveau gouvernement doit être constitué sous la direction du VVD, qui veut poursuivre la même trajectoire austéritaire mais a besoin d’autres partis. Toutes les coalitions imaginables ont le désavantage de représenter un compromis compliqué. Ceci sera vraisemblablement la caractéristique de la nouvelle coalition.
Les travailleurs néerlandais plient sous de nombreux problèmes : bas salaires, manque de sécurité d’emploi, pression au travail, loyers élevés, frais élevés pour les soins de santé, enseignement cher, … La moitié des jeunes qui commencent à travailler sont piégés dans des emplois flexibles. La fédération syndicale FNV dénonce le flex-esclavagisme du gouvernement. La reconstruction du mouvement syndical est d’une extrême importance et peut, par l’offensive, entamer la lutte autour des revendications salariales, la sécurité d’emploi et de meilleures conditions de travail. En même temps, un parti des travailleurs large et démocratique est nécessaire.
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Pays-Bas : Le SP risque de balayer le succès des communales
Aux dernières élections municipales, en mars, les partis gouvernementaux ont été durement sanctionnés. Le Socialistische Partij, parti à la gauche des sociaux-démocrates, avait par contre bénéficié d’un soutien lui permettant de faire plus fortement entendre sa voix contre la politique d’austérité du gouvernement du VVD (droite officielle) et du PvdA (social-démocrate). Mais depuis lors, ce n’est pas ce message qui a été transmis.
Par Pieter Brans, Socialistisch Alternatief (Amsterdam)
A Utrecht et Amsterdam, les majorités communales ont impliqué le parti D66, officiellement ‘‘libéral de gauche’’ mais qui dans les faits sert de force d’appoint pour le VVD. Le SP a également rejoint la coalition au pouvoir dans ces villes. La question des autorités communales est d’autant plus importante que le gouvernement a décidé d’appliquer des coupes budgétaires dans les soins de santé par le biais des communes. Concrètement, ce sont ces dernières qui ont à charge d’effectuer les assainissements. Le SP aurait dû être extrêmement prudent pour entrer dans une coalition et exiger de sérieuses garanties pour assurer que les autorités locales s’opposent aux mesures d’austérité du gouvernement.
Une des choses qui rend encore plus affligeante cette entrée du SP au pouvoir au niveau local est l’abolition du système du bail emphytéotique jusque-là en vigueur à Amsterdam. Il s’agissait d’une revendication importante tant du VVD que de D66. Ce système, introduit en 1896 par les sociaux-démocrates, considérait que tout le territoire était propriété de la commune, chaque propriétaire payant un bail à la commune. Cette mesure visait à combattre la spéculation foncière et une partie de la hausse des valeurs immobilières revenait à la communauté. Le principe était tout à fait social et, juste au moment où cela aurait pu rendre de grands services, il a été aboli, avec l’aval du SP.
L’accord politique stipule que 187.000 logements sociaux seraient préservés à Amsterdam, soit autant que le nombre de ménages disposant d’un revenu sous les 34.000 euros par an. Mais cela signifie toutefois que le nombre de logements sociaux chuterait fortement, de 43.000, puisqu’il y en a environ 230.000 actuellement.Le SP a cependant assuré la création d’un fonds de 62 millions d’euros destiné à adoucir l’impact des mesures gouvernementales sur les soins de santé et l’emploi. En outre, 10 millions d’euros sont prévus pour l’aide sociale aux ménages, cette aide devant être maintenue jusqu’en 2016. 30 millions d’euros sont aussi alloués pour la lutte contre la pauvreté.
Reste que c’est bien peu au regard de l’abolition du bail emphytéotique, de la perte de 43.000 logements sociaux et de l’impact sur les communes des coupes budgétaires gouvernementales. Le SP a été instrumentalisé par le VVD et D66.
On a pu lire dans le quotidien “De Volkskrant” que le SP a lancé une offensive suite aux élections nationales de septembre 2012, où le parti avait reçu une claque importante de la part du PvdA. Malheureusement, cette offensive n’était pas dirigée contre la politique d’austérité, mais vers la participation au pouvoir, avec n’importe qui. ‘‘Avec qui pourrais-je gouverner ? Avec presque tout le monde !’’ déclarait ainsi le dirigeant du parti Emile Roemer il y a deux ans…
Pour les années à venir, le SP sera co-responsable de la gestion de communes comprenant au total 4 millions d’habitants. Comment le SP s’opposera-t-il à l’austérité ? L’économie néerlandaise est en mauvais état. Les données semblent meilleures, mais seule l’exportation augmente quelque peu. Les dépenses internes sont sous l’énorme pression d’un chômage croissant, de dettes gigantesques, de bas salaires et de la pauvreté en général. La crise persiste.
L’opposition syndicale n’est pas encore massive, mais des actions réussies ont eu lieu dans les secteurs à bas salaires, comme dans le nettoyage. Après des semaines, une augmentation salariale substantielle et le payement des deux premiers jours de maladie ont été obtenus ! La colère gronde également chez les éboueurs, qui n’ont reçu aucune augmentation salariale pendant des années. Des victoires syndicales ont encore été obtenues chez Tata steel (sidérurgie), Xerox (fabrication d’imprimantes) et Venray (construction) et à la Poste.
Maintenant que la résistance contre la crise aux Pays-Bas commence à se développer, c’est une faute tragique du SP de se laisser utiliser par les partis pro-capitalistes. L’opposition grandissant contre les bas salaires, la pauvreté et l’austérité a besoin d’un large parti des travailleurs combattif. La période à venir sera décisive pour savoir si le SP devient ce parti ou ne jouerai qu’un rôle limité dans ce processus.
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Une politique scientifique qui n’entraîne aucun progrès social
Les moyens publics pour la recherche et l’innovation sont surtout orientés vers un groupe très select d’entreprises qui encaissent les subsides et suppriment pourtant des emplois. Une réponse de la Ministre flamande de l’Innovation, des Investissements publics, des Médias et de la Lutte contre la Pauvreté Ingrid Lieten (SP.a) à une question posée au parlement flamand a démontré que 59% des subsides attribués entre 2002 en 2011 sont arrivés dans les caisses de dix grandes entreprises qui, dans la même période, ont supprimé 6.600 emplois. Il s’agit entre autres de Janssen Pharmaceutica, Alcatel-Lucent, Philips, Umicore, Bekaert, ON Semiconductors et Agfa. Du côté francophone, nous ne disposons pas de chiffres, mais, là aussi, Jean Claude Marcourt, Demotte & Co accentuent le développement du soutien au secteur de l’innovation. Pour stimuler l’emploi bien sûr…
Par Tim (Bruxelles)
“Ecosystèmes et emplois indirects”
La ministre Lieten a bien été forcée d’admettre que ces données étaient spectaculaires, en rajoutant toutefois très vite que les subsides pour l’innovation et la recherche ‘‘ne servent pas seulement à créer l’emploi chez les entreprises soutenues’’, que les ‘‘écosystèmes et les emplois indirects’’ sont également importants. Il faut autrement dit tenir également en compte les activités économiques des fournisseurs et des clients de l’entreprise en question. Le revers de la médaille, c’est bien sûr le fait qu’avec la fermeture d’une grande entreprise, c’est tout son ‘écosystème’ qui est menacé. Les fermetures et les licenciements chez Ford, ArcelorMittal ou Catterpillar entraînent déjà une importante dislocation économique dans des régions entières.
Les dossiers introduits par les entreprises pour recevoir des subsides pour la recherche et le développement sont tenus secrets. Nous ne disposons donc d’aucune donnée publique sur la manière dont ces entreprises calculent les retombées économiques et sociales de leurs investissements. C’est bien dommage. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que l’agence flamande pour ‘‘l’Innovation par la Science et la Technologie’’ (IWT) distribue chaque année environ 110 millions d’euros de subsides à des entreprises qui organisent des bains de sang sociaux. Un certain contrôle serait peut-être le bienvenu…
“Valeur ajoutée”
L’IWT soutient en principe des projets dont la valeur ajoutée est au moins 25 fois plus grande que le subside attribué. Pour chaque euro de subside, l’agence s’attend donc au moins à 25 euros de valeur ajoutée. Dans certains cas, cet objectif peut être réduit à 10. ‘‘Valeur ajoutée’’ étant une description assez vague, l’IWT ne prend en compte que les frais salariaux prouvés et les amortissements sur investissements. On ne regarde pas seulement à l’emploi supplémentaire, mais aussi aux jobs qui seraient délocalisés ou rayés de la carte faute de subside ainsi qu’aux investissements et aux emplois chez les fournisseurs, les institutions de recherche et les clients.
Puisque cette description de ‘‘valeur ajouté’’ reste floue, comment calculer si plus d’emplois seraient perdus sans subsides ? De plus, si une ‘‘valeur ajoutée’’ est réalisée au sein de l’Espace économique européen, les subsides ne peuvent légalement pas être récupérés. Si, par exemple, une entreprise comme Bekaert reçoit des subsides des autorités pour, par après, délocaliser sa production en Slovaquie, on ne peut légalement rien y faire…
VOKA : le problème est la recherche publique
Avec ces chiffres qui donnent à réfléchir, on pourrait s’attendre à un minimum de modestie de la part du patronat. Ce n’est pas leur point fort. La fédération patronale flamande VOKA a lancé la contre-attaque en dénonçant le fait que la plupart des investissements publics dans la recherche tombaient dans les caisses d’organisations publiques de recherche (comme les universités) sans qu’il n’existe de ‘‘retombée positive à long terme.’’
Au lieu d’accorder des budgets aux universités, hautes-écoles et autres institutions publiques de recherche, les petits patrons flamands veulent que le gouvernement n’investisse que dans la recherche qui a un impact économique immédiat. Une telle politique aurait signifié de ne jamais connaître bon nombre d’inventions qui font aujourd’hui notre quotidien. De plus, les institutions publiques de recherche créent directement des emplois et des investissements dans l’infrastructure. Les institutions publiques de recherche ne connaissent en effet pas le phénomène des énormes profits à verser en dividendes aux actionnaires…
De plus, il est faux de dire que la majorité des moyens sont alloués aux institutions publiques. En 2011, l’IWT a distribué 232 millions de subsides pour la recherche et l’innovation, dont 144 millions au privé et 88 millions pour les institutions publiques ! Une partie des subsides au privé revient toutefois aux universités et aux hautes-écoles qui mettent à disposition des entreprises leur infrastructure ou leur capacité de recherche, en tant que ‘‘partenaire de recherche’’. Ainsi, 48,4% des moyens versées par l’IWT vont vers les institutions publiques. Avec ces moyens, ces institutions ont créé plus de 1.500 emplois ! C’est tout le contraire des entreprises privées.
La problématique plus large
Le manque d’investissements dans la recherche et développement est général. En 2002, l’Union Européenne s’était fixée pour objectif d’atteindre la ‘‘norme de 3%’’ en 2010 : les investissements publics dans la recherche et le développement devaient atteindre 1% du PIB, les investissements privés 2% du PIB. En Flandre, seulement 2,12% ont été atteint – du côté francophone, la situation est pire encore – et le secteur privé est davantage en retard que le secteur public. Parmi les pays voisins, seuls les Pays-Bas font pires que nous.
Cela n’est pas une coïncidence. Sous le capitalisme, les entreprises n’investissent que lorsqu’elles peuvent réaliser des profits à relativement court terme. Une technologie socialement utile mais qui ne rapporte pas suffisamment de plus-value économique ne présente pas d’intérêt suivant cette approche. C’est la conséquence logique de la propriété privée des moyens de production : les capitalistes sont mutuellement en compétition, et essaient d’obtenir un rendement maximal avec leurs investissements privés. En période de crise, la spéculation et les transactions financières sont plus rentables que la recherche et le développement de la production et des activités économiques réelles. Le capitalisme se heurte à ses propres contradictions : la propriété privée des moyens de productions a atteint ses limites.
Pour une vision socialiste
Un véritable programme socialiste doit se fixer pour objectif de libérer la recherche et l’innovation du carcan de la propriété privé. La nationalisation des 500 plus grandes entreprises de ce pays, et leur mise sous contrôle démocratique de la collectivité, amènerait une énorme richesse qui pourrait être utilisée dans la recherche et le développement. Nous pourrions ainsi fournir de véritables moyens au développement de technologies socialement utiles. Nous pourrions investir dans des bus, des trains et des voitures de qualité et écologiques, dans des maisons passives pour combler la manque de maisons sociales,… Il serait aussi possible de rassembler toutes les recherches sur le cancer et le SIDA au lieu de la fragmentation qui existe actuellement dans des dizaines d’entreprises.
Nationaliser pour le progrès social et technologique
En 2011, le projet de recherche “COMPLEX” a commencé, un projet de l’Université de Gand et de 7 partenaires industriels. Le projet examine la possibilité de transformer les entreprises d’assemblages de voitures en usines où l’on peut produire tant des voitures à combustion classique que des engins hybrides et électriques.
Les possibilités des voitures électriques sont énormes. L’Université de Gand utilise déjà plusieurs voitures aux performances très similaires à celles d’une voiture avec combustion fossile. Mais aucune entreprise n’est prête à réserver un hall de production dans ses usines pour la fabrication de voitures électriques : le risque commercial est trop grand dans une situation de surproduction. Le projet COMPLEX apporterait une solution. Mais un des cas pratiques à l’étude est le hall de production de… Ford à Genk. La fermeture de Ford menace dès lors la poursuite de cette recherche…
Pourquoi alors ne pas nationaliser l’usine et la faire redémarrer sous contrôle public ? L’entreprise pourrait ainsi être transformée en une unité de production et de recherche publique pour la mobilité. Les lignes de production pourraient être adaptées pour pouvoir également produire des bus et des trains. Sur base des résultats du projet COMPLEX, nous pourrions commencer assez vite la production de voitures électriques. L’acier nécessaire à cette fin pourrait être trouvé à Liège, et transporté par la Meuse et le Canal Albert, pour ne pas engorger les routes.
Pour construire de nouvelles lignes de métro ou de tram, pour élargir la jonction Nord-Midi à Bruxelles, ou pour construire des pôles de recharge pour les voitures et bus électriques, des machines de construction pourraient être fabriquées à Gosselies, où Caterpillar vient d’annoncer 1.400 licenciements. Les machines de construction et l’acier pourraient également être utilisées pour la construction de maisons sociales passives, d’écoles et de crèches modernes. En nationalisant le secteur bancaire, et en le transformant en un véhicule d’investissements publics avec des garanties par le gouvernement, et sous contrôle public, les travailleurs et leurs familles recevraient un bon taux d’intérêt garanti sur leurs épargnes, et il y aurait des crédits à bon marché pour les maison particulières et pour les PME.
Dans le cadre du système actuel, tout ceci est impossible. Mais les moyens pour une telle politique existent. Pensons seulement aux 30-35 milliards d’euros que des Belges ont illégalement planqués en Suisse, ou aux 92 milliards d’euros de profits des entreprises belges (2009). Aujourd’hui, ceci pourrait paraitre irréaliste, mais n’est-il pas plus irréaliste de continuer à assainir et de supprimer des emplois et des services publics quand des alternatives existent ?
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Statut unique : Une harmonisation vers le haut !
Pas de petites actions, mais une stratégie qui vise à vaincre !
Ces derniers mois, il y a toujours eu quelque part un piquet de grève à renforcer ou une manifestation locale, régionale ou nationale. C’était notre façon de réagir à l’avalanche de casse sociale, contre les fermetures d’entreprises, les restructurations et les licenciements. Au cours des prochaines semaines et prochains mois, nous resterons mobilisés, notamment pour l’harmonisation vers le haut des statuts ouvrier et employé.
Tract du PSL / Tract en version PDF
Nous connaissons les enjeux. La Cour constitutionnelle réclame la fin de la discrimination en matière d’indemnités de départ et de jours de carence au plus tard pour le 8 juillet. Pour les employés, le délai de préavis est d’un mois par année de service (avec un minimum de trois mois) alors que pour les ouvriers, il s’agit seulement d’entre 28 et 129 jours, en fonction des années de service. Pour les ouvriers, le premier jour de maladie n’est pas payé et ensuite une partie seulement est prise en charge par l’employeur, le reste étant pour la sécurité sociale. Chez les employés, le premier jour de maladie est intégralement payé par l’employeur. D’importantes différences existent encore concernant les congés payés, le paiement et la période d’essai. Globalement, le statut d’employé est plus favorable que celui d’ouvrier.
Pour n’importe qui, mettre un terme à la discrimination signifie de la supprimer. Pas pour nos patrons. Ce sont eux qui ont instauré cette discrimination pour diviser les travailleurs. Ils auraient préféré que les choses restent ainsi. Mais ces dernières années, les ouvriers qui se sont rendus au tribunal pour exiger la même indemnité que leurs collègues employés ont remporté leur procédure, comme Georges D. contre la marque de vêtements Bellerose. Afin d’éviter à l’avenir que tous les ouvriers soient traités comme des employés, les patrons sont soudainement prêts à discuter. Mais dans leur logique, on ne peut faire disparaître une discrimination qu’en l’appliquant à tout le monde, sauf à eux-mêmes.
Dans un contexte où il y a plus de 26 millions de chômeurs sur le continent, un contexte de fermeture d’entreprises, de restructuration et d’arrêt du recrutement de la part des autorités, ce débat sur le statut unique en est vite réduit à un débat sur le licenciement. On ne parle plus de l’injustice subie par les ouvriers des décennies durant, mais du danger de la généralisation du statut d’employé pour l’emploi. Selon les patrons réunis dans la prétendue ”concertation interprofessionnelle”, cela coûterait des dizaines de milliers d’emplois. Cependant, en Espagne, en Italie, en France et aux Pays-Bas, l’assouplissement des conditions de licenciement n’a pas entraîné de maintien de l’emploi, bien au contraire.
Il n’y a aucune raison justifiant que les syndicats revendiquent moins que la généralisation du statut des employés. En effet, selon le tribunal, l’absence d’accord signifie l’extension du meilleur statut à tous. Les patrons ont toutefois un allié de taille : le gouvernement. Celui-ci imposera, si nécessaire, son propre ”compromis” en allant à la rescousse du patronat avec une proposition se situant quelque part entre les deux statuts existants, mais surtout proche de celui des ouvriers.
Face au front des patrons et des politiciens, le front syndical est malheureusement divisé. Le président de la CSC Marc Leemans appelle à "un équilibre global: pour le travailleur et l’employeur. Nous ne voulons pas créer de handicap concurrentiel." Chez les travailleurs de la FGTB, certaines centrales, avec à leur tête Herwig Jorissen de la centrale flamande des métallos, refusent de participer aux actions du 25 avril. Selon Jorissen "chacun doit réaliser que dans le domaine social, comme en politique, le résultat des négociations est un compromis et donc une question de concessions et d’avancées." En bref, tant Leemans que Jorissen se trouvent à la remorque de l’argumentaire patronal.
Comment est-ce possible? Sans mots d’ordre clairs axés sur une stratégie visant à gagner, chacun cherche sa façon de faire, avec le résultat que les syndicats et le mouvement ouvrier lui-même sont divisés et affaiblis. Nous pouvons encore faire grève et manifester des centaines de fois, mais si cela n’est pas couplé à une stratégie visant à faire plier le gouvernement et le patronat, cela dégénère en folklore. Pourquoi Leemans et Jorissen peuvent continuer à adopter une telle attitude ? Parce qu’aucune perspective n’est offerte pour vaincre ! Afin d’éviter la division et d’assurer que ce débat sur le statut unique soit saisi pour construire à partir des acquis sociaux des employés, un plan d’action fort, unitaire et discuté à la base est nécessaire.
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Pour un relais politique de la lutte des travailleurs !
Meeting à Charleroi pour une aternative à la gauche du PS et d’Ecolo – Samedi 27 avril. 13H30, à la Géode, à Charleroi
Il y a un an, le 1er mai, la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut avait dénoncé les politiques d’austérité et constaté que le PS et Ecolo n’étaient plus des relais politiques pour les revendications des travailleurs. Dans son discours, le secrétaire régional interprofessionnel Daniel Piron avait appelé à un rassemblement politique à la gauche de ces partis afin de redonner espoir et dignité aux travailleurs. Quelques semaines plus tard, le secrétaire général de la CNE (la centrale chrétienne des employés) avait de façon similaire. Un certain nombre de dirigeants syndicaux ont fait de même.
Le 27 avril se déroulera un meeting à Charleroi avec le soutien de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut, la CNE et presque toutes les forces à la gauche des partis établis pour discuter d’un relais politique pour la classe des travailleurs. Voici le programme de la journée, l’intégralité de l’appel peut être consulté à cette adresse.
Programme du 27 avril
13h30: Accueil
14h: Introduction par Daniel Piron, Secrétaire Régional de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut et Isabelle Vanschoor, Secrétaire principale CNE-Hainaut.
Rappel des motivations de l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB à construire une alternative à gauche du PS et d’Ecolo. Travaux en cours.
En quoi la CNE se retrouve-t-elle dans l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB ?
14H30 : Témoignages d’un délégué du Non marchand, d’un TSE, d’un délégué de l’industrie, d’un délégué des Services Publics.
15H00 : Répartition des participant(e)s en groupe de travail avec un rapporteur et un animateur (du banc syndical).
– Quels sont les terrains que les partis traditionnels, dits de Gauche, ont déserté et qu’il faudrait réinvestir ?
– Quelles suites donner à cette première, journée de rencontre et de réflexion à moyen terme ?
16H00 : Pause café et lunch. Durant cette pause, les rapporteurs des groupes de travail se réuniront avec D. Piron et I. Vanschoor pour préparer une synthèse.
17H00 : Présentation de la synthèse générale en plénière.
17H30 : Conclusions et contact avec la Presse.
Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’)
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A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
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A noter dans votre agenda
- Sa. et di. 13-14 avril. Week-end "Socialisme 2013".
- Sa. 27 avril. Meeting de la gauche à Charleroi
- 1er mai: participation aux activités de premier mai
- 4-7 juillet. Camp d’été d’EGA
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Socialisme 2013
Un rendez-vous unique pour les syndicalistes, les activistes, les marxistes et autres résistants anticapitalistes
Socialisme 2013, c’est un événement politique majeur, un passionnant week-end de formation, de discussions politiques et de débats. Alors que de plus en plus de responsables syndicaux parlent de la nécessité d’un prolongement politique pour les revendications du mouvement ouvrier, nous aurons le plaisir d’accueillir Daniel Piron (secrétaire général de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut) et Felipe Van Keirsbilck (secrétaire général de la centrale des employés de la CSC).
Le fil rouge de l’événement sera le retour sur les luttes les plus importantes de la période écoulée et l’analyse de ces luttes, afin d’être mieux préparés pour les batailles à venir. Dans la programmation de la journée, une attention toute particulière est donc accordée à la lutte sociale, avec notamment une commission qui abordera plus en détail la revendication de la nationalisation sous contrôle ouvrier, ainsi que la lutte des cheminots, à laquelle une journée entière sera consacrée. Nous reviendrons également en profondeur sur les mobilisations de la jeunesse, que ce soit contre les amendes SAC ou encore dans le cadre du combat antifasciste. D’importantes leçons des luttes internationales seront encore passées en revue, avec une commission consacrée aux révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et un autre concernant le réveil de la classe ouvrière en Afrique du Sud.
Au-delà de ces exemples concrets, les occasions ne manqueront pas pour affiner la compréhension théorique du marxisme et la formation. S’indigner contre le système, c’est déjà un bon début, mais il est crucial de dépasser ce stade pour comprendre ce qui est fondamentalement problématique et comment concentrer son énergie de la manière la plus efficace. En tant que marxistes, nous ne restons pas sur le côté pour regarder les événements se produire et en discuter, nous nous formons nous-mêmes – par l’action et par la discussion – pour être plus forts dans l’indispensable lutte pour une alternative au capitalisme : une société socialiste démocratique.
Un des points culminants du week-end sera à n’en pas douter la journée du dimanche, où il sera possible de passer toute la journée en compagnie de cheminots au cours d’une commission spécifique avec des orateurs de Grande-Bretagne, de France, des Pays-Bas, d’Allemagne et de Belgique. L’appel à la collaboration internationale et à la tenue d’actions coordonnées pourra ainsi être concrètement discuté en tenant compte des différentes réalités de terrain. L’un des participants est Alex Gordon, ancien président du syndicat britannique des transports (RMT), un poids lourd syndical intimement convaincu que la lutte doit être menée sur le lieu de travail mais aussi sur le plan politique. Alex Gordon était l’un des candidats de l’alliance de socialistes et de syndicalistes (TUSC, Trade Union & Socialist Coalition) qui a déposé des listes aux dernières élections britanniques.
Enfin, précisons que ‘‘Socialisme 2013’’ n’est pas un de ces événements ‘‘politiques’’ où il n’est possible que d’être spectateur en écoutant religieusement de prétendus experts, la parole est autant que possible laissée aux participants afin que chacun puisse enrichir l’échange d’idées et d’expériences. Beaucoup de temps est dégagé pour les interventions de la salle, et la formule des commissions est idéale pour cela. Ce week-end sera aussi l’occasion de remplir sa bibliothèque d’ouvrages politiques et de discuter de façon plus informelle avec des militants issus de tout le pays. Mais ‘‘Socialisme 2013’’ ne pourra être une réelle réussite qu’avec votre présence ! Inscrivez-vous vite !
Socialisme 2013 aura lieu à Bruxelles, au centre De Kriekelaar (rue Gallait n°86, 1030 Schaerbeek). Une garderie est également organisée. Plus d’infos : info@socialisme.be – 02/345.61.81. Prévente : le week-end entier 10 € pour les étudiants et les chômeurs, 15 € pour les salariés – une journée : 6 € pour les étudiants et les chômeurs, 8 € pour les salariés (n° de compte 001-2260393-78).
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Qui se fie encore aux médias traditionnels ? Vous aussi vous avez envie de balancer votre journal ou votre télévision par la fenêtre en voyant comment sont traités nos actions, nos grèves et nos manifestations ? Vous n’êtes pas seul. Les médias dominants livrent le message de leurs maîtres du monde des grandes entreprises. Le grand capital s’est construit un véritable monopole sur le ‘‘marché de l’information’’. Le mouvement social a besoin de ses propres médias pour développer ses positions et les rendre accessibles au plus grand nombre, et c’est dans ce cadre que se place ce mensuel et notre site www.socialisme.be.
Nous voulons renforcer le soutien et la diffusion de nos médias anticapitalistes et socialistes. Dans ce cadre, comme chaque année, nous lançons la campagne des vœux de mai, destinée à récolter du soutien financier avec de petits encarts à insérer dans notre édition de mai, qui sera vendues aux activités syndicales du 1er mai partout en Belgique. Ces messages peuvent venir de centrales ou de délégations syndicales, d’organisations politiques, de particuliers, de sympathisants,… Pour une contribution de 12 à 200 euros, vous ‘‘achetez’’ ainsi un espace dans nos pages afin de faire passer un message de solidarité. Tous les vœux de mai doivent être envoyés pour le 15 avril, pour permettre de disposer du temps nécessaire à la production de notre journal.
Nous sommes en outre impliqués dans une campagne de 6 semaines visant à avoir 100 nouveaux abonnements. Comme expliqué dans l’édition précédente de ce journal, nous avons lancé une formule d’abonnements d’essai à 5 ou 10 euros. Au moment d’imprimer ce journal, en trois semaines de campagne, nous en étions à plus de 40 abonnements supplémentaires. Notre objectif de 100 sera très certainement atteint à l’occasion de notre week-end ‘‘Socialisme 2013’’. Ces abonnements sont réalisés auprès de nos membres et sympathisants, mais également lors de diverses activités telles que la manifestation syndicale du 14 mars dernier, où nous avons vendu 76 journaux, et obtenus 7 abonnements.
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Les militants de la CGSP rejettent la réforme de la SNCB
Un plan d’action pour une société ferroviaire intégrée sera annoncé mardi prochain !
Nous sommes pris au piège ! C’est une provocation! Nous sommes en colère ! Nous passons de trois bateaux avec trois capitaines différents à deux bateaux, avec deux capitaines et un remorqueur, chacun navigant dans une direction différente. Nous voulons une seule structure, une société intégrée, avec un capitaine qui donne une direction! Grève dès demain ! Grève au finish ! Un plan d’action maintenant ! Voilà quelques unes des innombrables réactions de colère et combatives que nous avons pu entendre ce jeudi, lors de la réunion des délégués et des militants de la CGSP-Cheminots.
Par Eric Byl
300 personnes s’étaient réunies à Bruxelles, 170 néerlandophones et 130 francophones, pour une journée entière. Les enjeux sont considérables. Ce matin-là, on a pu entendre à la radio que les syndicats avaient accepté la proposition du gouvernement concernant la nouvelle structure de la SNCB. Visiblement, il s’agissait d’un communiqué de presse hâtif et maladroit du Ministre Magnette. Lors de la réunion, les dirigeants syndicaux ont affirmé qu’ils n’avaient conclu aucun accord, ils ont bien insisté sur ce point.
Magnette & Co ont tenté de jouer au plus malin. Sans doute avaient-ils espéré calmer le syndicat socialiste avec la nomination des deux ”amis socialistes” Lallemand et Haeck comme nouveaux DE l’opérateur ferroviaire (SNCB) et du gestionnaire d’infrastructure (Infrabel), tandis que la nomination de Michel Bovy à la tête de la filiale commune HR-Rail en charge du personnel et garante du statut de cheminot aurait pu faire de même pour la CSC-Transcom et un siège au conseil d’administration pour les libéraux. Peut-être bien que ces petits marchandages fonctionnent chez nos politiciens, mais il en va différemment pour les travailleurs de la SNCB qui auront à subir les conséquences de la réforme. Pour eux, la nouvelle structure de la SNCB constitue une véritable tragédie, de même que pour les voyageurs et pour l’entreprise elle-même.
De plus en plus de spécialistes reconnaissent que la séparation des activités ferroviaires est néfaste. Aux Pays-Bas, il est question de revenir sur la scission. Les syndicats ne sont pas seuls à s’opposer à cette approche, les spécialistes des locomotives réunis à la Bourse Trans Fair 2012 de Berlin étaient eux aussi tous opposés. Les cheminots ont bien raison de s’inquiéter de l’avenir du service, du statut du personnel et des conditions de travail si cette réforme est effectivement appliquée.
Dans les locaux de la CGSP, la colère de la salle a fait écho à celle de la tribune, avec des dizaines d’interventions immédiatement liées à des propositions d’actions. Certains ont défendu d’aller immédiatement bloquer les TGV à Bruxelles Midi. Trois fois avons-nous entendu des appels à la grève "au finish" : ”cette fois-ci, pas pour 24 heures, mais jusqu’à ce que nous ayons une société intégrée". D’autres ont fait remarquer tous les cheminots n’avaient peut-être pas encore compris toutes les implications d’une telle scission. Qu’advient-il de l’assurance maladie, de la caisse de retraite, de l’organisation du travail, etc. ? Si nous sommes capable de clarifier ces points dans les jours à venir, le soutien à l’action augmentera.
Certains ont suggéré de commencer par des actions locales, en Wallonie et en Flandre. La nécessité de construire l’unité par-delà la frontière linguistique, en rassemblant tous les collègues et en particulier ceux de la CSC, a été soulignée à plusieurs reprises, et jamais réfutée. Il a été question de grèves, d’occupation de postes d’aiguillage, de blocage sélectif de trains internationaux, etc. Les réactions des militants ont unanimement exprimé leur soutien à une structure unifiée et leur énorme volonté d’action. Le seul désaccord était entre ceux qui voulaient immédiatement partir en action et ceux qui voulaient prendre plus de temps pour assurer l’implication de leurs collègues.
Les socialistes de lutte étaient assez favorables à ce que les 300 participants terminent cette journée par une action symbolique, une protestation devant le cabinet de Magnette ou un blocage temporaire d’un TGV par exemple. Cela aurait démenti les affirmations du matin dans la presse, et par conséquent dans l’opinion publique, concernant la conclusion d’un accord. Une opération vérité d’une semaine avec des arrêts de travail d’une heure environ, en fonction du temps nécessaire à l’organisation pratique, pour informer et consulter les collègues ne semble pas être un luxe. Mais à condition que cela d’autres actions soient effectivement organisées. Un tract du personnel à destination des voyageurs ainsi que des stands syndicaux d’information dans les gares feraient en sorte de briser l’isolement de la grève et d’organiser les voyageurs. A la fin de cette semaine de préparation, un meeting de masse pourrait officiellement fixer la date du début d’une grève à durée indéterminée par un vote. En prévision de cette date, certaines régions ou secteurs professionnelles pourraient proposer eux aussi des actions.
Un tel plan pourrait forcer le gouvernement à reculer. Un tel plan pourrait épargner à des générations de cheminots et de voyageurs fer divers drames sociaux, de longues heures d’embouteillages et d’inévitables accidents conséquents à un personnel surmené sur un réseau ferroviaire surchargé de matériel vétuste.
La direction syndicale a déjà annoncé qu’elle rencontrerait ses collègues de la CSC-Transcom ce lundi et annoncerait un plan d’action après la réunion du Comité exécutif de ce mardi. La volonté de se battre et les idées d’action ne manquaient pas ce jeudi, il nous faut maintenant plan d’action capable de distiller cet engagement.