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Tag: Pas de Thatcher en Belgique!
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[VIDEO] Merci Monsieur Michel !
La CNE a réalisé une série de petites vidéos, sous forme de témoignages, qui illustrent l'impact des mesures d'austérité prévues jusqu'ici par le gouvernement Michel. Poursuivons la lutte contre le gouvernement Michel et toute la politique d'austérité : à balayer par la grève !
52.000 femmes risquent de sombrer dans la pauvreté
260.000 personnes perdront la totalité du saut d’index
71.000 chômeurs âgés risquent de tomber dans la pauvreté
321.000 malades vont perdre de l’argent
2.810.000 pensionnés vont perdre de l’argent
52.000 femmes risquent la pauvreté
13.000 étudiants francophones perdront leur allocation d’insertion
13.000 étudiants francophones perdront leur allocation d’insertion (2)
Tous les ménages vont perdre de l’argent
2.810.000 pensionnés vont voir leur pouvoir d’achat diminuer
Enfin un ménage qui gagnera de l’argent grâce à vos mesures
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Action anti-austérité de la Centrale Générale près du Parlement fédéral
Hier, en début d’après midi, des militants de la Centrale Générale de la FGTB se sont rendus aux abords du Parlement fédéral afin d’y dénoncer les mesures d’austérité sauvages que veut appliquer le gouvernement Michel. Cette action a pris place peu de temps après celle de l’Alliance D19-20 contre le traité transatlantique et la politique d’austérité qui a réuni plus de 3000 personnes dans les rues de Bruxelles.
Photos : Gloma Photography
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Une grève générale massive qui fait vaciller le gouvernement
Vers un deuxième plan d’action pour balayer Michel 1er et la politique d’austérité !La grève générale nationale du 15 décembre fut tout bonnement phénoménale. Nos actions ont avec brio illustré quelle est la force du mouvement syndical. Nous avons fait chanceler le gouvernement, mais ce dernier a encore besoin d’un petit coup de pouce pour tomber. La grève générale a démontré les capacités qui sont les nôtres pour immédiatement mettre fin à toutes les politiques d’austérité. La solidarité et le soutien passif envers le mouvement continuent de croître. Le défi est maintenant d’activement mobiliser ce soutien au travers d’un deuxième plan d’action plus massif et plus dur.
Les ‘‘deux démocraties’’
La propagande anti-grève a rarement atteint l’ampleur que nous avons connue avant le 15 décembre. Bien entendu, un certain nombre de personnes ont été atteintes par l’offensive médiatique, par ailleurs marquée par un côté désespéré qui témoigne de la faiblesse des arguments favorables aux mesures contestées. Après avoir échoué à convaincre de larges couches de la population du bienfait de l’austérité, tout a été fait pour essayer de les éloigner des protestations. Là aussi, le succès fut bien maigre.
Cela ne nous arrive pas beaucoup, mais nous devons donner raison à Bart De Wever sur un point. Il répète à l’envi qu’il existe ‘‘deux démocraties’’ dans ce pays et, c’est vrai, ce fut le cas ce lundi. Mais contrairement à ce qu’affirment De Wever et sa N-VA, il ne s’agissait pas de la démocratie des francophones et de celle des Flamands. On pouvait voir ce lundi qu’il y a la ‘‘démocratie’’ de l’establishment et de cette poignée de mini-Thatcher impatients. Mais face à elle se trouvait une démocratie par en bas, faite de centaines de milliers de grévistes et de dizaines de milliers de militants présents sur les piquets de grève.
Les médias dominants ne ménagent pas leurs efforts pour appuyer la logique suivie par l’establishment. Cela ne doit pas nous surprendre, ils ne font que servir la main qui leur donne à manger. Cela ressort simplement plus fortement au cours de moment de polarisation dans la société. Nous avons été bombardés par les plaidoyers pour ne pas commettre une autre grève tandis qu’en Flandre l’attention accordée aux protestations-Internet des enfants des partenaires gouvernementaux libéraux (actifs au Jong-VLD ou, comme le fils de Jan Jambon, au KVHV) fut démesurée. Des primes et avantages ont été accordés à certains non-grévistes au moment même où les patrons affirment qu’il est hors de question de parler d’augmentations de salaire pour tous les travailleurs.
Le ministre de l’intérieur Jan Jambon avait annoncé que la répression devait être au rendez-vous le 15 décembre. Mais sur les piquets de grève, les réactions des agents de police étaient généralement très positives. Quant aux déclarations musclées sur internet, le monde réel leur réservait aussi quelques surprises. Le fils de Jan Jambon a sillonné Anvers à la recherche de volontaires pour aller travailler, en vain. A Gand, un petit groupe de militants de la N-VA s’est rendu à la gare histoire de provoquer les grévistes. Mais ces provocations ont aussi leurs conséquences à la direction du parti. Il est difficile d’arriver à un compromis si non seulement les jeunes s’y mettent mais aussi des provocateurs de poids lourds comme Siegfried Bracke. Même Karel Van Eetvelt, le patron de la fédération patronale flamande UNIZO, encore un provocateur professionnel, a déclaré qu’il n’allait monter dans un bus aux couleurs de l’UNIZO ce jour de grève parce que sa seule présence serait une provocation.
Le caractère désespéré de la campagne de propagande est issu du succès de la grève. Il n’y avait pratiquement pas de transports publics dans le pays et de nombreuses grandes entreprises ont été à l’arrêt, à l’image du trafic aérien et fluvial. Les routes étaient calmes et ce n’était pas parce que beaucoup de gens avaient décidé de recourir au télétravail. Des centaines de milliers de personnes étaient en grève. Des dizaines de milliers d’autres étaient plus dans l’expectative et ne sont pas allées travailler en prenant un jour de congé, non pas pour éviter de subir les conséquences de la grève, mais pour montrer leur solidarité sans en avoir à payer le coût financier. Cette grève n’était pas seulement l’oeuvre de la FGTB, comme De Wever l’a dit et redit en essayant de donner une connotation communautaire au mouvement, elle résultait de l’effort de militants de tous les syndicats, dans toutes les régions du pays.
Sur de nombreux piquets, le fait que ce mouvement peut encore continuer à croître revenait souvent. La popularité du gouvernement a déjà fortement baissé : avant même la tenue de la grève générale, un sondage indiquait que seuls 20% des sondés avaient un avis positif concernant le gouvernement fédéral. Une autre étude a indiqué que 85% de la population est favorable à l’instauration d’un impôt sur la fortune, une proposition qui prend de l’ampleur à travers l’Europe. Aux Pays-Bas, la taxe « Picsou » est devenue le mot de l’année (et la coalition au pouvoir, les libéraux du VVD et les sociaux-démocrates du PvdA, n’y est pour rien). Un nouveau sondage a dévoilé que seuls 5% des sondés veulent travailler jusqu’à 67 ans. Un nouveau plan d’action peut rendre intenable la position du gouvernement. Du côté francophone, le gouvernement fédéral ne pouvait compter que sur un soutien minoritaire. Mais le soutien s’effondre aussi du côté flamand. A l’instar d’un animal acculé, les plus impatients (principalement de la N-VA) font maintenant des sauts étranges pour tenter d’échapper à la situation.
Tensions grandissantes au sein du gouvernement
L’unanimité est remarquable parmi les grévistes. Aucune tension n’était visible ce 15 décembre entre francophones et néerlandophones ou entre syndicats rouge, vert et bleu. Des tentatives ont visé à monter les syndicats les uns contre les autres et certains craignent la division au sommet dans la période qui nous sépare d’un deuxième plan d’action. Mais la pression de la base est déjà grande pour empêcher cela et pour nous diriger ensemble vers un deuxième plan d’action.
On trouve par contre de la discorde dans le camp d’en face, chez le patronat et les partis de droite au gouvernement. Le Premier ministre Charles Michel est décrit comme une figure faible et les spéculations vont bon train au sujet de la chute du gouvernement ou au moins d’un remaniement ministériel. Le patron du CD&V, Kris Peeters, a ouvertement critiqué Bart De Wever à qui il reproche de jouer au beau-père et de jeter de l’huile sur le feu à partir du banc de touche. Il a également eu des mots durs contre les provocations de Siegfried Bracke. Cela n’a pas été bien accueilli par la N-VA, qui tente de se montrer responsable. Et après l’OCDE, c’est maintenant au tour du FMI de questionner la pertinence des mesures d’austérité brutales. L’argument selon lequel l’austérité est la seule politique possible est de plus en plus miné.
Après la grève générale, la balle est dans le camp du gouvernement. La volonté de faire des concessions existe-t-elle ? L’Open-VLD et la N-VA restent-ils bloqués dans leur surenchère néolibérale ? Peut-être les dirigeants syndicaux donneront-ils au gouvernement quelques semaines avant d’annoncer un nouveau plan d’action à la mi-janvier. Attendre trop longtemps est dangereux. Mais foncer directement dans une « grève au finish » n’est pas non plus une option pour assurer la continuité du caractère constructif du mouvement. Une guerre d’usure laisserait les éléments les plus radicaux combattre seuls alors que la force du plan d’action a jusqu’ici été que chaque nouvelle étape était plus grande et plus massive que la précédente.
Les éléments les plus perspicaces de la bourgeoisie réalisent le danger du développement de la résistance syndicale. Au plus ce mouvement devient grand, au plus il sera ensuite difficile d’appliquer des mesures antisociales, même à un rythme moins soutenu. Le scandale de Lux-Leaks et les autres tapis rouges déroulés aux pieds des super-riches ne rendent d’ailleurs pas le climat plus facile. Cela conduit inévitablement à des tensions au sein de la bourgeoisie entre ceux qui veulent laisser suffisamment de temps pour brûler la N-VA et ceux qui ne veulent pas donner trop de temps au développement de la résistance afin d’éviter que celle-ci ne devienne trop forte.
Il est possible de balayer ce gouvernement par la grève. Mais soyons sûrs que le retour de la tripartite n’est pas une alternative. Voir appliquer une politique similaire à un rythme plus lent serait une véritable déception pour un mouvement de cette ampleur, comme le confirme l’impopularité des gouvernements régionaux wallon et bruxellois. Nous devons lutter contre l’austérité à tous les niveaux de pouvoir et ne pas limiter notre opposition au fédéral.
Un deuxième plan d’action
Le 15 décembre, le PSL a défendu la nécessité d’un deuxième plan d’action, plus massif et plus dur que le précédent, aboutissant à une grève générale de 48 heures. Notre tract donnait une idée de ce qui peut constituer ce plan d’action : “D’abord un grand meeting du front commun syndical début janvier, avec 10 à 20.000 participants, pour discuter du deuxième plan d’action et le soumettre au vote, suivi d’assemblées du personnel sur tous les lieux de travail. Tant à ces réunions qu’au meeting, on pourrait donner des tracts de mobilisation pour une manifestation de masse dans le courant de la fin du mois de janvier, au plus tard. Nous pourrions les distribuer massivement, y compris sur les marchés, et chaque militant aurait une paquet d’affiches pour en coller jusqu’aux associations et petites entreprises. L’objectif doit être de dépasser les 200.000 personnes, avec divers points de départ puisque la gare du Nord était déjà pleine la fois dernière. Cela pourrait être suivi en février par trois grèves régionales, qui visent aussi cette fois les petites entreprises, avec la défense proéminente de la revendication d’une représentation syndicale dans les entreprises à partir de 20 travailleurs. Nous ne trouvons pas que les grèves sectorielles sont une bonne idée : cela peut conduire à la division et contrarie le blocage des zones industrielles. Tout cela devrait avoir pour point d’orgue une grève nationale de 48 heures qui, si le gouvernement ne tombe pas encore, peut devenir une grève à durée illimitée.”
Sur les divers piquets de grève, nous avons constaté un large soutien pour l’idée d’un deuxième plan d’action sur le modèle du précédent. Le calendrier d’action a été l’objet de discussions, puisque le rythme était élevé. Et c’est vrai, la dernière journée de grève régionale du 8 décembre laissait peu de temps avant la grève générale du 15 décembre, ce qui a joué sur la force du 8 décembre. L’idée de grèves par secteur – qui a circulé dans les milieux syndicaux – n’était pas discutée le 15 décembre. On trouvait aussi un appel à un plan clair et simple. Le potentiel d’un second plan d’action plus large est certainement présent, le succès du 15 décembre n’a fait que renforcer la pression sur les directions syndicales.
La solidarité était à l’ordre du jour ce 15 décembre, plus encore que lors des grèves régionales et de la part de couches de la société qui ne constituent pas la base traditionnelle des syndicats. Des jeunes ont rejoint la protestation, comme cela avait déjà été le cas le 6 novembre dernier. Mais le secteur socio-culturel était également de la partie, notamment au travers des plate-formes Hart Boven Hartd et Tout Autre Chose. Même certains petits indépendants ont rejoint le mouvement. Ce soutien a grandi tout au long du plan d’action. Ce fut aussi le cas dans les entreprises elles-mêmes. Des militants inquiets ont été agréablement surpris par leurs collègues et par l’état de préparation de la grève. Dans de nombreuses petites entreprises, les premières expériences de grève ont été acquises. L’organisation et le renforcement de la large solidarité est un défi qui va déterminer la réussite du deuxième plan d’action.
Un militant anversois de chez Lidl responsable d’un piquet de grève à 100 mètres de la maison de De Wever nous a déclaré : “A Lidl, beaucoup de gens ne parlent véritablement que maintenant du gouvernement et les critiques commencent à venir. Beaucoup ne savent pas encore s’ils se mettront en grève, mais il y a du changement. Nous avons besoin de temps et d’une campagne pour transformer cela en mobilisation.”
Poursuivre la construction du mouvement est en effet de première importance. Afin d’évaluer les actions passées et de se préparer aux nouvelles, des réunions du personnel sont essentielles. Lorsque de telles réunions ont lieu, la grève en ressort renforcée. C’est une excellente méthode pour répondre aux questions et convaincre les sceptiques.
Une nouvelle concentration suivie d’une nouvelle manifestation offrira l’espace pour continuer à construire la lutte. Mais l’arme de la grève restera nécessaire dans un deuxième plan d’action. C’est ainsi que nous pouvons atteindre l’establishment là où il le sent : au portefeuille. Les jours de grève, pile au moment où les salaires ne sont pas payés pour les grévistes, les patrons ne se plaignent plus des coûts de la main-d’œuvre. Ils nous accusent alors de mettre à mal l’économie. C’est que pour les patrons, nous ne représentons pas un coût : c’est nous qui produisons les richesses. Sans notre travail, leur capital ne vaut rien. Si le premier plan ne livre pas de résultat, nous ne devons pas seulement d’élargir notre mouvement : nous devons également introduire des actions plus dures. Si une grève de 24 heures n’était pas suffisante : construisons une grève générale de 48 heures.
Quelle alternative ?
Toute faiblesse de notre côté sera instrumentalisée au maximum. Et l’absence d’une représentation politique suffisamment forte pour porter des revendication comme un impôt sur la fortune, l’arrêt des cadeaux fiscaux, la lutte contre la fraude fiscale, des emplois pour les jeunes, la protection de notre niveau de vie,… est effectivement un problème. Au cours de ces dernières décennies, en particulier depuis l’effondrement de la caricature stalinienne du socialisme en Europe de l’Est, l’idée de l’organisation politique du mouvement syndical a été sur la défensive. C’est cela qui explique que des mouvements de masse, il suffit de penser au mouvement anti-guerre, ont été infructueux.
Avec deux sièges à la Chambre pour le PTB-GO, nos revendications sont plus entendues, mais c’est insuffisant. 85% de la population est en faveur d’un impôt sur la fortune, mais le PTB-GO ne le traduit que de façon limitée dans les sondages, et PVDA+ quasiment pas du tout. Un vrai grand parti de lutte qui pourrait faire mieux. Beaucoup de gens ont voté pour PvdA + ou PTB-GO en partant de l’hypothèse que le parti continuerait ensuite sur cette lancée. Malheureusement, il semble plutôt que le PTB ait poussé sur le bouton “pause” de l’ouverture et de la diversité. Nous continuons à soutenir l’appel de la régionale FGTB de Charleroi & Sud Hainaut pour une union des forces à la gauche des sociaux-démocrates et des Verts. Le fait que le Congrès de la Centrale Générale de la FGTB ait adopté un amendement en ce sens indique que ce débat gagne en importance.
En Irlande, les trois députés du Socialist Party (parti-frère du PSL) défendent que le mouvement de masse contre la taxe sur l’eau doit développer son propre prolongement politique, en présentant des candidats du mouvement dans toutes les circonscriptions. Le gouvernement irlandais chancelle encore plus que le belge et des élections anticipées sont possibles. Peut-être que le Socialist Party pourra croître à de telles élections à cinq ou six sièges. Mais le défi du mouvement contre la taxe sur l’eau est supérieur à cela. Si le mouvement de lutte présente ses propres candidats et défend son programme – avec également la lutte contre la pénurie de logements abordables, l’emploi,… – il sera possible d’avoir un impact bien plus grand.
Une nouvelle représentation politique ne tombera pas du ciel. Nous ne devons pas rester inactif en attendant. Les syndicats regroupent conjointement 3,5 millions de membres, ils organisent les travailleurs sur leurs lieux de travail et dans la société. Les réunions, les actions et les discussions au sein de ces organisations fournissent un sol fertile sur base duquel un nouveau mouvement politique peut se développer. Les réunions du personnel destinées à évaluer le mouvement de grève et à préparer les prochaines étapes peut aussi être un forum idéal pour développer et affiner nos revendications et notre alternative. Des discussions entre militants par secteur et au-delà peuvent fournir un programme cohérent tenant compte de tous les aspects d’une alternative de société.
Le PSL continuera à jouer un rôle actif dans ce domaine. Notre audience augmente pour nos propositions et nos alternatives. Aux piquets de grève ce 15 décembre, des centaines de membres et de sympathisants du PSL ont bénéficié de bonnes réponses face à nos propositions. La nécessité d’une alternative de rupture anticapitaliste et socialiste trouve aujourd’hui un écho plus large. Nous voulons construire nos forces pour mener le combat pour cette alternative au cours des prochaines années. Face à un capitalisme qui mène à la croissance des inégalités, aux crises et à la misère, ce n’est pas un luxe mais une nécessité. Rejoignez vous aussi le PSL !
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Plan d’action syndical : comment l’idéologie de la classe dominante pèse sur le mouvement
La journée d’hier, premier point de chute du mouvement de résistance contre l’austérité, fera date dans l’histoire sociale de la Belgique. Les diverses actions que nous avons vécues seront un point de référence pour beaucoup de nouveaux militants de la classe des travailleurs. C’est aussi une journée qui rappelle les anciens combats de classe qu’ont vécus les plus anciens des militants. La classe dominante a conscience de cela et tente de le gommer de la mémoire collective au moyen de tous ses outils. Si elle n’arrive pas gommer les acquis de cette journée, il lui reste alors à ternir l’image de ce mouvement.Par Alain (Namur)
La bourgeoisie et le patronat en ordre de combat
La lutte des classes fait un retour en force en Belgique. Ce que craignait la bourgeoisie belge est en train de tout doucement se réaliser. La classe des travailleurs qui est massivement organisée dans les syndicats est en train de se mettre en mouvement. Toutes les couches du mouvement ne sont cependant pas encore en action. La bourgeoisie sait très bien que si l’ensemble de la classe se met en mouvement avec des objectifs audacieux, on pourra commencer à lancer le compte à rebours de sa domination.
Face à cela, la bourgeoisie utilise tout les outils à sa disposition pour diviser le mouvement, ternir son image ou encore amadouer ses actuels dirigeants. Il y a bien sur le gouvernement qui roule pour ses intérêts, mais avec 20% de soutien, la classe dominante a besoin d’autre instruments pour imposer sa politique. Les médias traditionnels, les nouveaux médias, les différentes institutions (FMI, OCDE, think thank,…), les experts,… tous sont utilisés pour limiter la portée du mouvement.
Le classique « diviser pour mieux régner »
En Belgique, la majorité des entreprises sont des PME. Pour beaucoup de travailleuses et de travailleurs, dans ces entreprises, leur droit à l’association, leur droit de s’organiser dans un syndicat, est nié. Il est donc beaucoup plus facile pour le patron d’effectuer une pression sur la ou le salarié(e). Dans ces entreprises, de manière générale, les conditions de travail sont moins bonnes. On y dénombre plus d’accidents de travail, les salaires sont en moyenne plus bas et la flexibilité exigée est souvent importante. Le mouvement des travailleurs a depuis longtemps cherché à pallier cela via les accords interprofessionnels qui s’imposent à toutes les entreprises. Mais ces dernières années, comme le rapport de force s’est dégradé au profit du patronat, les AIP n’ont pas pu jouer leur rôle. Il est temps que le mouvement des travailleurs réclame le droit des travailleurs de s’organiser en délégation y compris dans les entreprises de moins de 50 travailleurs.
De plus, le capitalisme dans son ensemble s’est réorganisé pour faire face à la combativité ouvrière. Face aux énormes concentrations des travailleurs dans les grandes entreprises qui établissait des équipes syndicales puissantes, le patronat a multiplié l’externalisation. D’une part pour se concentrer sur ce qui fait le cœur de métier de l’entreprise – c’est à dire aussi ce qui fait la valeur ajoutée – mais surtout pour briser ces équipes syndicales. Aujourd’hui, dans les grands centres de production sur un même site, plusieurs entreprises travaillent avec des commissions paritaires différentes et donc des réalités différentes pour les travailleurs.
La politique de la franchisation dans le commerce est un autre exemple de la manière dont le capitalisme s’est réorganisé pour détricoter les conditions de travail et diminuer l’influence de l’organisation ouvrière.
L’attitude du patronat et le poids de l’idéologie dominante
Le patronat joue aussi sur l’existence de divers niveaux de conscience au sein de notre classe. Leur but est d’isoler l’avant-garde pour l’empêcher qu’elle parvienne à entraîner les couches plus retardataires. Dans plusieurs entreprises, les DRH ont fait passer le message que quelque soit le niveau des blocages, aucune absence ne serait tolérée. Il faudrait prendre un jour de congé, prendre sur ses heures supplémentaires,… Pour les sous-traitants (souvent des indépendants), les contrats qui ne sont pas honorés seront sanctionnés par des amendes de retard.
Dans cette situation, celle ou celui qui a décidé de travailler en ce jour de grève parce qu’il n’a pas encore conscience du danger de l’austérité a été poussé dans le dos par le patronat pour tenter d’arriver au boulot par tous les moyens. Certains employés sont même arrivés à 3-4heures du matin au boulot pour éviter les blocages…
La conscience en retard et la pression des patrons contre la grève explique les dérapages et la violence qui ont été commis par ceux qui ont foncé sur les piquets, qui ont agressé des militants parfois même avec armes blanches.
Le rôle des médias doit aussi être souligné. Nous avons déjà traité du sujet des médias et du fait que ceux-ci appartiennent en Belgique à 7 grandes familles qui ont toutes intérêt à ce que le gouvernement applique son programme. Les médias publics sont dirigés par des administrateurs nommés par les politiciens qui appliquent l’austérité.
Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que les médias ne distinguent pas l’essentiel de l’accessoire. Nous avons vécu une journée historique dans tout le sens du terme. Le clivage social en Belgique et partout dans le monde s’approfondit à la faveur du développement de la crise du système de production capitaliste.
Au lieu de traiter de cela, les médias traitent de la manière de faire atterrir le mouvement pour la presse dite sérieuse et pour la presse de caniveau, elle traite des incidents causés par les manifestants. On banalise ainsi les agressions contre des manifestants à la barre à mine et les manifestants qui se font rouler dessus. Mais, par contre, on met en emphase des indépendants qui pleurent car empêchés de travailler. On joue sur l’émotionnel. On devrait jouer aussi sur l’émotionnel en allant interroger les 15% de gens qui vivent sous le seuil de pauvreté! En allant interroger le sixième des enfants qui vit sous le seuil de pauvreté en Belgique ! On verrait alors où est l’essentiel et où est l’accessoire.
Dans la presse, on a répété à l’envi le fait qu’à côté du droit de grève, il y avait le droit au travail, sans expliquer toutefois qu’en Belgique, près d’1 million de personnes sont en fait exclues au quotidien de ce prétendu droit et que la classe des travailleurs se battait d’ailleurs pour eux aussi. On n’a pas non plus expliqué que le droit au travail, c’est aussi de travailler dans de bonne conditions et que les grévistes se battaient pour ça aussi. Il est clair que vu comme cela, ceux qui défendent le ”droit au travail” sont bel et bien les travailleurs et leur organisations. Le patronat, lui, défend son droit d’exploiter et de s’enrichir. D’ailleurs, la manière avec laquelle les patrons s’accommodent des conditions de travail et de l’état démocratique de certains pays devrait inciter certains à réfléchir.
Comment faire face
Depuis le début du mouvement, le PSL met en avant la nécessite d’organiser partout où c’est possible des assemblées générales pour expliquer l’impact des mesures d’austérité. Nous lions cela au besoin d’une alternative sociétale et d’un outil politique pour porter un programme de rupture avec ce système en crise. Notre édition spéciale de grève mettait en avant la demande d’un plan d’action plus massif et plus dur. Marx disait que les idées peuvent avoir un poids matériel si elles sont reprises par les masses. Une présence massive dans les rues et sur les piquets liées à des revendications et des mots d’ordres audacieux peuvent faire évoluer la conscience des couches plus retardataires. Cela peut aussi assurer une sécurité plus grande pour les militants et avoir un effet de persuasion plus grand.
La volonté de combat, mais aussi d’alternative de gauche, s’est exprimée hier par l’accueil qu’à reçu notre tract et notre journal. Nous devons mettre à profit le temps de repos de fin d’année pour continuer la mobilisation et repartir encore plus forts, plus massivement et de façon plus déterminée dès la rentrée.
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Grève générale du 15 décembre : notre blog de la grève
Lors de ces dernières journées de grève, le site socialisme.be a livré de nombreux rapports des piquets de grève. Articles, interviews, photos,… n’ont pas manqué pour relayer au mieux l’atmosphère des grèves régionales et du mouvement contre le gouvernement Michel et contre l’austérité. C’est ce que nous allons à nouveau faire durant la grève générale du 15 décembre. Afin de rendre tout cela plus pratique d’accès, nous avons créé un blog spécifiquement consacré à la grève générale nationale : socialisme.be/15decembre (il vous est aussi possible de cliquer sur l’image ci-dessous).
Durant la journée, nous avons livré divers rapports et photos directement des piquets via facebook, avec le groupe Belgian strike live. Nous allons alimenter notre nouveau blog de matériel de ce lundi 15 décembre au 18-19 décembre.
Pour faire un succès de ce blog, nous avons bien entendu besoin d’apports. Les militants du PSL vont bien entendu s’en charger, mais nous ne voulons pas nous y limiter. N’hésitez pas à nous envoyer vos photos, courtes réactions, photos, via redaction@socialisme.be.
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(Futurs) travailleurs en lutte contre l’austérité !
Banderole du comité étudiant de l’ESAS (Liège)La jeunesse en action
Lors de la manifestation-monstre du 6 novembre – qui a lancé le plan d’action syndical vers la grève générale nationale du 15 décembre -, la tête du cortège était occupée par une imposante délégation de milliers de jeunes. Leur combattivité aura marqué les esprits de plus d’un ! Depuis lors, la jeunesse confirme de diverses manières avoir pris sa place dans le combat anti-austérité. Elle a fait connaissance avec la redoutable force du mouvement organisé des travailleurs, ainsi que de son arme la plus efficace contre la dictature des marchés : celle de la grève et du blocage de l’économie.
‘‘Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas!’’
Tout comme cela fut le cas dans le reste de la population, d’innombrables jeunes ont été fortement choqués par les mesures antisociales du gouvernement Michel. Ils l’étaient d’autant plus que celles-ci se rajoutent aux mesures très dures prises dans l’enseignement flamand (avec notamment l’augmentation du minerval) ainsi qu’aux profondes inquiétudes pour l’enseignement francophone (le corps enseignant avait ainsi observé un arrêt de travail en octobre dernier). Sur les piquets de grève, de nombreux grévistes avaient le sentiment diffus que la grève était en fait dirigée contre ‘‘tout’’ : contre une société qui s’enfonce dans l’appauvrissement collectif, contre la logique sauvage du chacun-pour-soi, contre l’absence de perspectives d’avenir, etc. Bien évidemment, la jeunesse n’est pas isolée de cette atmosphère et sa participation à la lutte est aussi compréhensible qu’elle est nécessaire.
Combien de (très) jeunes ont accompagné leurs parents aux piquets ? Combien se sont arrangés pour participer à la manifestation syndicale du 6 novembre avec leurs amis ? Lors des journées de grèves régionales, le nombre de jeunes travailleurs participant pour leur première fois à un piquet était remarquable. En plus de cela, diverses actions de solidarité ont également été menées par des groupes d’étudiants tant du secondaire que du supérieur. Cette solidarité active est à renforcer.
De Gand à Namur : la jeunesse est présente !
À Bruxelles, dès l’annonce du plan d’action, des élèves de l’Athéne Charles Janssens (ACJ) avaient écrit une lettre ouverte pour mobiliser vers la manifestation du 6 novembre en déclarant notamment : ‘‘nous sommes tous concernés. Notre enseignement, notre avenir, nos hôpitaux, notre protection sociale et notre société sont en jeux. (…) d’autres politiques sont possibles : une fiscalité plus juste et plus équitable, la nationalisation de secteurs stratégiques de l’économie (comme les banques, l’énergie, etc.) avec contrôle démocratique, le non-paiement de la dette publique, l’augmentation des salaires et des minimas sociaux… Alors que « les mesures d’économies », les « sacrifices », la « rigueur », l’austérité et les coupes, ça ne fonctionne pas. La lutte paie ! Si nous sommes nombreux à nous mobiliser, nous pourrons arracher ces victoires.’’
À Gand, environ 130 élèves du secondaire s’étaient déjà rassemblés pour participer à la manifestation du 6 novembre. Ils n’en sont pas restés là ! En dépit de l’arrivée de leurs examens, ils se sont montrés solidaires de la grève régionale qui a touché les provinces de Flandres Occidentale et Orientale le 1er décembre, comme à l’Athénée de Voskenslaan. Le même jour, des étudiants du supérieur ont effectué la tournée des piquets pour ensuite mener une action de solidarité avec micro ouvert sur le campus universitaire du Blandijn.
De l’autre côté du pays, à Namur, la FEF (Fédération des Etudiants Francophones), l’AGE (Assemblée Générale des Etudiants), les Jeunes CSC et Jeunes FGTB ont tenu une assemblée à l’université afin d’inciter les étudiants à participer à la grève générale du 15 décembre avec des travailleurs. À Liège, des étudiants se sont réunis en piquet à l’université comme cela est traditionnellement le cas. Parallèlement à cela, le comité étudiant de soutien à la grève de l’ESAS (École Supérieure d’Action Sociale) a organisé la visite des piquets. Ce comité était déjà à l’initiative de plusieurs réunions ou assemblées d’informations, certaines menées en commun avec le corps enseignant. Leur banderole : ‘‘(Futurs) travailleurs, luttons contre l’austérité’’ a pu compter sur d’excellents échos aux divers piquets de grève. Les jeunes se sont, par la suite, retrouvés à la tête de la manifestation appelée par l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité (AAA) et le réseau Stop Article 63§2. Le cortège réunissant plus de 300 personnes est parti du siège du PS afin de rappeler que ce dernier ne représente pas une alternative et est responsable de nombreuses mesures antisociales. La manifestation s’est achevée devant le siège du MR, pour des raisons évidentes.
Le 2 décembre, à l’Université Libre de Bruxelles, quelque 200 personnes ont participé à une assemblée générale travailleurs/étudiants à l’initiative des syndicats. Cette AG était destinée à organiser la grève régionale qui a touché Bruxelles ce 8 décembre et la grève générale nationale du 15 décembre. Là encore, les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, organisation de jeunesse du PSL) étaient présents. Ils y défendaient, comme ailleurs, l’instauration d’un comité de grève capable de réunir syndicats, organisations étudiantes et individus (étudiants ou membres du personnel) non organisés et désireux de résister ensemble à la politique d’austérité.
Des comités pour structurer la lutte
Les comités d’actions constituent un apport inestimable pour unir les étudiants et le personnel de façon démocratique et ainsi discuter de la meilleure manière de concrétiser la riposte face aux attaques antisociales. Après les fêtes, notre combat devra se poursuivre ! Les quelques comités d’action constitués avec la jeunesse auront déjà accumulé une expérience précieuse pour aider la lutte à aller de l’avant, tout comme cela aura été le cas dans les entreprises au sein desquelles des assemblées générales du personnel ont été convoquées.
En étant suffisamment offensif, le mouvement organisé des travailleurs peut attirer de larges couches derrière lui. Pour arracher la victoire, le mouvement de grève ne doit pas se limiter aux délégués et aux affiliés les plus convaincus. Il doit devenir un réel mouvement des travailleurs et de la jeunesse assisté par les syndicats. Pour ce faire, la distribution de tracts d’information et de mobilisation est bien entendu nécessaire. Mais l’organisation de comités de soutien à la grève dans les écoles, hautes-écoles, universités dans les quartiers,… sera d’une grande aide pour que chacun puisse véritablement être acteur de notre lutte (chômeurs, pensionnés, jeunes, travailleurs précaires,…). C’est également indispensable pour offrir un plus grand barrage à la propagande anti-grève du patronat et des médias dominants. À Liège, le succès de la campagne de l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité, avec ses assemblées générales et l’organisation d’actions – comme la manifestation de soutien à la grève du 1er décembre, jour de la grève régionale – a confirmé l’intérêt de cette approche.
En Flandre, le secteur culturel s’est organisé dans une campagne, Hart boven Hard (le cœur contre la rigueur). Cette dernière a été particulièrement visible à Bruxelles au sein de la manifestation du 6 novembre ou encore à Anvers dans le cadre de la première journée de grève régionale du 24 novembre. Son pendant francophone va être lancé sous le nom de ‘‘Tout Autre Chose’’.
Le combat syndical peut donc parvenir à intégrer en son sein de nouvelles couches. Il est capable de disposer de ramifications dans toutes les sphères de notre vie quotidienne touchées par l’austérité, et elles sont nombreuses. La jeunesse, avec son dynamisme, a en ce sens un rôle des plus cruciaux à jouer en se montrant solidaire, mais aussi en allant au-delà : en s’organisant et en prenant une place active dans le mouvement.
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Débats syndicaux à Bruxelles et Liège sur la suite à donner à la lutte
Ce sont les travailleurs qui produisent les richesses. Comment continuer la lutte après la grève générale du 15 décembre vers la chute de Michel 1er et de toute la politique d’austérité?
ll en faudrait beaucoup pour que la grève générale de 24 heures du 15 décembre ne soit pas la plus grande de l’histoire de Belgique. Mobiliser plus d’un million de participants ? Si tous les activistes, militants, délégués et secrétaires poursuivent sur leur lancée, cela ne peut échouer.
Notre plan d’action annoncé lors du meeting syndical du 23 septembre et qui a pris de la vitesse avec la marée humaine présente dans les rues de Bruxelles le 6 novembre, a, lors des trois grèves des trois derniers lundis, gagné en puissance. Il ne manque aujourd’hui au gouvernement qu’un coup de massue, le lundi 15 décembre. Si le gouvernement est toujours debout, nous le mettrons complètement KO lors du prochain round après le Nouvel An !
Après ce premier round, les sections du PSL / LSP de Bruxelles et de Liège, ainsi que les Etudiants de Gauche Actifs, invitent chacun à venir discuter du bilan des actions de novembre décembre et des perspectives pour la suite du plan d’action vers la chute du gouvernement et de toute l’austérité.
- Bruxelles : Débat syndical : Mercredi 17 décembre, 19h, Pianofabriek (Rue du Fort, 35, 1060 Saint-Gilles). Page facebook de l’événement.
- Liège : Café syndical : Jeudi 18 décembre, 19h, au café “L’Île aux trésors” (Place du XX Août, 28, Liège). Page facebook de l’événement.
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Un plan d’action illustratif de la force potentielle du mouvement des travailleurs!
Les partis ouvertement de droite et les patrons ont réveillé une chose considérée par beaucoup, mais à tort, comme désormais inexistante : la capacité du mouvement ouvrier à résister à l’exploitation et à la casse sociale. Ni la volonté de lutter, ni les travailleurs militants ayant une conscience de classe ne manquaient à l’appel. Non, ce qui faisait défaut, ce sont des mots d’ordre clairs et un plan d’action bien organisé. De Wever a raison, la ‘‘force du changement’’ (slogan N-VA) existe bel et bien, mais elle se ne se trouve pas là où il le pensait.
1/ Le coup d’envoi avec un rassemblement
Peu de monde avait correctement senti les choses. Nombreux sont ceux qui ont cru que les paroles ne seraient pas suivies d’actes. Cependant, du point de vue du mouvement ouvrier, le meeting syndical du 23 septembre a constitué un jalon nécessaire. En effet, la participation de 7.000 personnes, essentiellement des militants et des délégués, a permis de rassembler les troupes une première fois afin de se préparer au combat.À ce moment-là, le gouvernement devait encore être formé, mais le caractère qu’il allait prendre ne laissait planer aucun doute. Le PSL a, alors, lancé le slogan ‘Pas de Thatcher en Belgique’. Nous voulions attirer l’attention sur le danger d’un tel gouvernement des riches en défendant immédiatement la nécessité d’un plan d’action. Il veut suivre la voie symbolisée par Thatcher et Reagan : un néolibéralisme pur et dur accompagné d’une confrontation ouverte avec le monde du travail. La plus grande différence qui existe entre ce gouvernement et celui de Thatcher est peut-être que Michel 1er attaque simultanément tous les fronts, alors que Thatcher s’en est d’abord pris à un seul secteur, celui des mineurs, pour servir d’exemple.
2/ Manifestation de masse : la force de notre nombre
Le 6 novembre, nous avons connu la plus grande manifestation syndicale depuis celle du 31 mai 1986, lorsque le coup de grâce avait été donné au gouvernement ouvertement de droite Martens-Gol. Ce premier jeudi de novembre, les écoliers, le secteur culturel et même un certain nombre de petits indépendants ont rejoint le mouvement. Nous étions peut-être 150.000. Quelle illustration de la force du nombre ! Parvenir à balayer le gouvernement par la grève est alors devenu directement beaucoup plus réaliste. Mais pour le remplacer par quoi ? Le PSL défendait le slogan “Grève pour faire tomber Michel 1er, mais aussi toute l’austérité’’.
Les médias dominants et les politiciens ont tenté de noyer ce tour de force en accordant quasi-exclusivement leur attention aux violences à sa marge. Ces émeutes n’ont très certainement pas renforcé la lutte. Nos opposants les ont instrumentalisées dans le but de miner le soutien au mouvement ou, à tout le moins, pour semer le doute. Tout le monde n’est pas toujours correctement préparé pour une manifestation. Certains se laissent entraîner par des provocateurs de la police et des infiltrés de l’extrême-droite, d’autres estiment que la confrontation est essentiellement physique et non politique. Ils se trompent! Des délégations bien organisées, armées d’une stratégie audacieuse pour gagner peuvent éviter cette confusion.
3/ Tournée de grèves régionales : la construction du mouvement se poursuit
Le 6 novembre n’était encore qu’un début. L’idée derrière un plan d’action est que chaque action construit le mouvement pour le rendre sans cesse plus robuste. Le succès de la journée de grèves régionales du 24 novembre provenait de celui du 6 novembre. Si le port de Gand était totalement à l’arrêt le 1er décembre, pour la première fois de son histoire, c’était la conséquence de la fermeture complète du port d’Anvers la semaine précédente. Anvers, Hainaut, Flandres occidentale et orientale, Namur, Liège, Bruxelles et les Brabants,… tant le côté néerlandophone que le francophone ont fait grève avec enthousiasme.
En plus, les contacts noués assurent que des lieux de travail supplémentaires seront fermés le jour de la grève générale nationale. Des piquets communs permettant la fermeture complète de zonings industriels ont été préparés. Les grèves régionales ont renforcé notre organisation locale, cela nous offre la possibilité d’étendre l’ampleur de la protestation. Ces actions constituent aussi une excellente occasion de discuter et d’affiner nos revendications. Lors des grèves régionales, le PSL a mis en avant qu’il est possible de balayer la politique d’austérité par la grève et que, moyennant une bonne préparation via des assemblées générales, le 15 décembre peut devenir la plus grande grève générale de 24 heures de l’histoire de notre pays.
4/ Journée de grève générale nationale : point d’orgue provisoire
La grève du 15 décembre peut mettre tout le pays à l’arrêt. De même que beaucoup manifestaient pour la première fois le 6 novembre, beaucoup feront grève pour la première fois le 15 décembre. Les plus riches, pour qui travaillent les autorités de droite, sentiront notre mécontentement dans leur portefeuille. Nous avons aussi mis l’accent sur le fait que nous sommes ceux qui créent la richesse. “Tout l’engrenage peut être arrêté si votre bras puissant le veut” disait déjà le slogan de la grève du rail néerlandais en 1903.
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Interview d’un militant syndical lors de la grève du 8 décembre
La grève tournante du 08 qui s’est déroulée à Bruxelles et dans les deux Brabants fut un succès. De mémoire de syndicaliste, c’est une mobilisation d’une ampleur jamais vue depuis 20 ans. La CGSP-Namur a envoyé des militants pour soutenir l’action. Dans ce cadre, nous avons rencontré Jean-Claude, un militant syndical qui a travaillé pour la RTBF. Nous lui avons posé quelques questions sur le mouvement actuel.Par Alain (Namur)
Penses-tu que ce gouvernement va faire des concessions fondamentales. Sinon devons nous faire tomber ce gouvernement par la grève ? Comment pouvons-nous continuer à construire le mouvement et la lutte après la grève générale du 15 décembre ?
Ce gouvernement ne fera aucune concession majeure. Il va tenter de passer en force avant la fin de l’année. Seule la grève générale peut l’arrêter. Il faut se préparer à avoir un mouvement prolongé entre le 15 et le 30, et après ça en 2015.
Que penses-tu de l’argument de Bart de Wever selon lequel il n’y aurait pas d’alternative à l’austérité ? Si cela est faux, quel type d’alternative serait possible ?
La bourgeoisie n’a pas d’intérêt à une autre politique que l’austérité. La politique d’austérité correspond à son intérêt de classe.
Les sociaux-démocrates parlent de politique keynésienne ou de relance par la demande ; même certains libéraux comme Paul de Grauwe vont dans ce sens. C’est une illusion, car le patronat n’a pas intérêt à le faire maintenant. Seule une sortie progressive de l’économie de marché et du capitalisme peut répondre à la situation. L’œuvre majeure de Keynes « La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » est sortie en 1936. À cette période, il y avait le Front populaire en France et les Grandes Grèves ; la République espagnole et Hitler étaient au pouvoir depuis 3 ans. Le système était menacé sur ces bases de manière frontale. La politique keynésienne est la politique qu’applique la bourgeoisie quand elle est menacée.
Comment se sont passées la mobilisation,les discussions et l’organisation de la grève sur ton lieu de travail ?
À la RTBF, c’est la grève la mieux suivie par le personnel depuis 86-87. Pour exemple, à la RTBF Namur sur 94 personnes, il y a 50 grévistes et 20 personnes réquisitionnées. C’est exceptionnel ! Le mouvement est bien suivi, les militants ne sont pas isolés.
À côté du syndicat, le mouvement des travailleurs n’a-t-il pas également besoin d’une arme politique ? Un nouveau parti des travailleurs dans lequel chaque courant du mouvement ouvrier pourrait être représenté, dans le respect des spécificités de chacun ?
Le PS n’est pas en capacité, même s’il le voulait, de pratiquer une politique fondamentalement différente s’il revenait au pouvoir. La politique du PS au gouvernement régional et communautaire le prouve. Elle est juste plus prudente et mieux vendue, mais dans le fond cela reste la même politique.
Le problème d’un relais politique qui reflète l’intérêt du mouvement ouvrier est posé…



