Tag: Pas de Thatcher en Belgique!

  • Grève du 10/10: Je suis SOLIDAIRE

    Une action unifiée peut stopper le gouvernement

    Tant qu’il le peut, le gouvernement Michel, héritier de Thatcher, fera tomber l’un après l’autre chaque symbole du mouvement ouvrier. Il nous fait travailler jusqu’à 67 ans et limite de plus en plus l’accès à la prépension. Il y a eu le saut d’index. Les prix de l’électricité et de l’eau pèsent de plus en plus sur les ménages.

    Par Peter Delsing

    Les réductions d’impôts concernent surtout les plus riches et les grandes entreprises : l’accord d’été du gouvernement prévoit une baisse de l’impôt sur les sociétés, qui passera de 33,99% officiellement à 25% pour les grandes entreprises d’ici 2020. Ainsi le gouvernement organise-t-il un déficit permanent sur son budget.

    Tous ces cadeaux fiscaux néolibéraux et les coupes budgétaires contre les travailleurs menés au cours de ces 35 dernières années n’ont pas encore eu de résultat ! De décennie en décennie, la croissance économique diminue. Les grandes entreprises préfèrent planquer leurs profits dans des paradis fiscaux plutôt que de les investir dans la productivité. Seule la politique de ‘‘prêts bon marché’’ maintient le système debout depuis la crise de 2008 partout dans le monde. Et aux Etats-Unis, on veut y mettre un terme…

    Le droit de grève aussi est sous attaque néolibérale. Le gouvernement veut introduire un ‘‘service minimum’’ dans le chemin de fer. En s’attaquant à ce secteur à forte tradition combattive, le gouvernement essaye de faire un exemple pour tous les travailleurs. S’ils réussissent à briser notre résistance, les attaques générales contre notre niveau de vie s’accélèreront.

    Avec l’accord d’été, le gouvernement veut briser les services publics par l’introduction du travail intérim et, ce, alors que de nombreux contrats temporaires sont déjà en cours dans de nombreux services. Stop à l’insécurité de l’emploi et aux attaques sur contre le statut des fonctionnaires ! Stop à la casse du droit de grève par la généralisation des contrats précaires qui compromettent l’unité et la capacité de combat des travailleurs ! Il faut refinancer les services publics par une hausse des impôts sur les plus riches, avec un réel prélèvement des taxes sur les grandes entreprises et en allant chercher le capital qui dort dans les paradis fiscaux !

    La FGTB Liège-Huy-Waremme appelle l’ensemble de ses secteurs professionnels à rejoindre la grève de la CGSP le 10 octobre. Cette unité nous montre la voie. Le privé a suffisamment de raison de partir en action lui aussi ! Avec les attaques contre les pensions. Avec la loi Peeters et ‘‘l’annualisation du temps de travail’’ qui augmente le temps de travail lors des pics de production au détriment de la vie privée.

    Avec les tentatives visant à faire passer une sorte de ‘‘statut intérim permanent’’ dans les conventions collectives de travail. Cela menacerait les salaires et les conditions de travail de tous les travailleurs. Les directions syndicales doivent dire non à cela !

    C’est malheureusement souvent là où le bât blesse. Marc Leemans (CSC) trouve que ‘‘faire grève’’ n’est pas la bonne manière de réagir aujourd’hui. Mais comment allons-nous pouvoir stopper ce gouvernement thatchérien autrement que par la grève ? Ils n’écoutent rien d’autre. De nombreux militants sont scandalisés par ces dirigeants qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour élaborer un plan d’action de mobilisation et de grèves clair et unifié. Avec participation et droit de décision pour tous les membres actifs dans le mouvement. Début septembre, les syndicats auraient dû mobiliser leurs militants sur le plan régional ou par secteur pour discuter de la riposte à organiser contre l’accord d’été, avec éventuellement une concentration syndicale nationale. Une action de grève commune visant la chute du gouvernement devrait, selon nous, être un point de discussion central. A la suite de quoi nous devrions mobiliser nos collègues et l’opinion publique plus large avec un plan crescendo de manifestations et de grèves.

    Le PTB devrait, selon nous, ensemble avec d’autres militants combattifs, prendre la tête d’une large coalition sociale incitant à la participation de chaque courant et individu et ainsi soutenir et étendre le mouvement de résistance. Avec une discussion libre sur le programme, les revendications et la stratégie d’une telle coalition sociale, comme préparation pour l’obtention d’un vrai gouvernement pour et par les travailleurs et la jeunesse.

    Ce ne sont pas seulement les services publics, mais nos vies qui peuvent être transformées par la richesse que nous produisons, pour peu que nous les ayons en main. Le capitalisme doit faire place à une planification démocratique de l’économie. Dans les syndicats, dans les quartiers et parmi les jeunes, nous devons relier la lutte contre le gouvernement Michel à la lutte pour des instruments politiques et un programme de rupture. Le socialisme démocratique pourrait en finir avec l’incertitude, la pauvreté, le chômage et la dégradation sociale du capitalisme.

  • Nouvelle attraction à Walibi : le spectre du communisme

    Photo : Wikimedia

    Les ‘‘Estivales’’ du MR au parc d’attraction Walibi ont été de véritables réjouissances. Les dignitaires du parti ont pu s’y féliciter d’être arrivés au pouvoir dans un gouvernement régional, vanter la ‘‘gestion exceptionnelle du gouvernement fédéral’’ et promouvoir un accord d’été ‘‘équilibré’’ tout en se faisant prendre en photo avec une mascotte à laquelle ils n’auront pas manqué d’expliquer les vertus des flexijobs à 10 euros de l’heure… Cette atmosphère optimiste n’aura toutefois pas empêché Charles Michel de proférer une mise en garde : ‘‘Dans plusieurs pays, et en Belgique aussi, nous assistons au retour du communisme, qui écrase les libertés individuelles et a toujours entraîné plus de pauvreté et de régression sociale.’’ Cela n’a rien d’anodin.

    Par Clément (Liège)

    Un ‘‘printemps économique’’ très relatif

    L’optimisme dont font preuve Charles Michel et Cie se fonde principalement sur le fait que les indicateurs économiques s’améliorent : preuve selon eux que trois ans d’attaques frontales portent leurs fruits. Cela doit cependant être fortement nuancé. La croissance de 1,7% annoncée pour 2017 et 2018 par le bureau du plan reste en-deçà de la moyenne pour la zone euro et l’union européenne (2% et 1,8%) (L’Echo, 07/09/2017) alors que jusqu’il y a peu, la Belgique avait plutôt tendance à se trouver au-dessus de cette moyenne.

    A l’image de la politique du gouvernement, cette croissance conjoncturelle ne profite qu’au patronat et aux actionnaires, et n’inclut certainement pas les travailleurs. En 2016, les entreprises du Bel20 ont distribué 16,8 milliards de dividendes contre 14,2 milliards en 2015 : une augmentation de 18,3%(1). Dans le même temps, la part des salaires dans le PIB perdait 0,9%(2). Avec la baisse de l’impôt des sociétés d’une part ; l’extension de l’intérim et des flexijobs, et la casse du statut des travailleurs du service public d’autre part, l’accord d’été ne vise qu’à renforcer cette tendance.

    Le libéralisme thatchérien de Michel garanti très certainement la liberté de quelques-uns de vampiriser la valeur créée par le travail, il en va autrement de celle de travailler pour vivre décemment. A partir des chiffres de l’INAMI, la FGTB souligne que le nombre d’emplois crées, loin des 135.000 annoncés par Charles Michel, serait plus proche de 90.000 parmi lesquels seulement 19.200 temps plein. Le taux de chômage devrait d’ailleurs connaitre une augmentation en 2018(3). Dans le cas d’une nouvelle crise ou d’une récession, ces emplois instables seront rapidement balayés, et la destruction des mécanismes de solidarité sociale ouvrira la porte pour une régression sociale sans commune mesure avec celle – pourtant brutale – que nous connaissons déjà.

    Le gouvernement n’est pas si fort qu’il en a l’air

    Le MR a beau s’affirmer comme une ‘‘force tranquille’’, cette force est relative et proportionnelle à la faiblesse de l’opposition. Une occasion de taille a été manquée lors du plan d’action de 2014 contre ce qu’on désignait alors la ‘‘coalition kamikaze’’. La dangereuse illusion selon laquelle après un gouvernement de droite dure suivrait mécaniquement un gouvernement de centre gauche s’est transformée en désillusion avec la manœuvre du CDH pour se rapprocher du MR et tenter de former de nouveaux gouvernements régionaux et communautaires.

    Si le MR s’est trouvé un nouvel allié, ce dernier continue de baisser rapidement dans le sondage. Il n’est lui-même pas en si bonne forme puisqu’il s’y trouve en moyenne 4% en dessous de son résultat de 2014. La polarisation du paysage politique francophone doit d’ailleurs préoccuper Olivier Chastel lorsqu’il lance ses piques à ‘‘une gauche aux abois qui court vers les extrêmes en oubliant sa longue histoire sociale-démocrate’’.

    La soif d’alternative qui s’exprime à travers les bons sondages en faveur du PTB doit constituer un véritable sujet d’inquiétude pour ce gouvernement. Il est conscient que les raisons objectives pour que le mécontentement passif qui s’exprime à travers les sondages se transforme en mobilisation active ne manquent pas. Un mouvement de lutte inclusif serait d’ailleurs la meilleure manière d’assurer que les revendications progressistes et la manière de les gagner soient largement discutées, tout en diminuant l’impact de la propagande de droite. La grève du 10 octobre constitue un premier pas pour rompre avec le fatalisme, et il est crucial d’en faire un succès.

    Le PTB, première force de gauche en Wallonie, à un rôle important à jouer. La dynamique des nouvelles formations et figures de gauche à travers l’Europe a démontré l’importance des meetings de masse comme outil de discussion, d’échange et d’engagement. Une sorte ‘‘d’opération vérité’’ (qui riposterait aux mensonges du gouvernement en popularisant une alternative offensive) basée sur cette méthode aurait un impact énorme, non seulement pour dynamiser la lutte sociale, mais aussi pour clarifier le modèle de société dont nous avons besoin face au capitalisme et à ses crises. De la sorte, ‘‘le communisme’’ cesserait d’être un épouvantail agité par la droite, mais pourrait redevenir une idée mobilisatrice pour transformer la société.

    1. https://www.revuepolitique.be/le-bel-20-distribue-plus-de-dividendes-quil-ne-realise-de-benefices/
    2. http://ec.europa.eu/eurostat/tgm/refreshTableAction.do?tab=table&plugin=1&pcode=tec00013&language=fr
    3. http://www.lecho.be/economie-politique/belgique-economie/Sept-raisons-de-se-rejouir-pour-Charles-Michel/9930013

  • Manifestation de la CGSP à Namur. Défendre les services publics et préparer la grève du 10 octobre

    Plusieurs milliers de personnes ont participé ce mercredi 20 septembre à la manifestation «Grogne au grognon» organisée par la CGSP dans les rues de Namur. Cette action était organisée pour s’opposer aux politiques de destruction des services publics menées par le gouvernement fédéral et la nouvelle coalition gouvernementale wallonne : instauration d’un service minimum, précarisation de l’emploi statutaire et contractuel, augmentation de la flexibilité, recours aux intérimaires dans la Fonction publique, diminution des dotations aux provinces,… De nombreuses délégations de fonctionnaires venus de toute la Wallonie étaient présentes, et notamment beaucoup de travailleurs du FOREM et des TEC, ceux-ci provenant de dépôts de l’ensemble de la Région.

    L’appel à la grève du 10 octobre, lancé à l’origine par les cheminots s’opposant aux réformes qui visent à nouveau à briser les conditions de travail, les pensions et le droit de grève, y a été largement relayé par la direction syndicale. L’atmosphère combattive ainsi que la présence de milliers de personnes, largement plus de 2.000 sur une attente préalable de 1.000 à 1.500, exprime la volonté de relancer un processus de résistance, malgré le scepticisme bien compréhensible existant parmi certains quant à la suite à donner à cette mobilisation.

    Une équipe de militants du PSL y a notamment proposé l’autocollant « GRÈVE 10/10 – JE SUIS SOLIDAIRE » aux militants ; du matériel édité par ‘Libre Parcours’ – réseau de militants combattifs du transport public – pour stimuler la solidarité autour de cette grève et la lutte contre l’offensive antisociale des autorités et des médias dominants. Les manifestants en ont pris une dizaine à la fois pour pouvoir en distribuer à leurs collègues ; à ceux présents à la manif mais également à ceux qui ne pourraient éventuellement pas participer à la grève du 10 octobre.

    Manifestation de la CGSP à Namur. Défendre les services publics et préparer la grève du 10 octobre

  • Crise migratoire. Le gouvernement s’enfonce dans le racisme d’Etat

    Le 10 août dernier, le cabinet britannique de gestion de risques Verisk Maplecroft a publié un rapport préoccupant au sujet de l’augmentation du risque d’esclavage moderne. Aujourd’hui, 46 millions de personnes à travers le monde seraient touchées par la ‘‘traite des êtres humains et les formes d’exploitation inhérentes’’(1). Selon l’agence britannique, et sans surprise, le risque d’esclavage moderne aurait explosé dans les trois-quarts des pays de l’Union européenne. Notamment en Belgique.

    Par Cathy (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Pour Francken, chaque demandeur d’asile est suspect

    La refonte des droits des étrangers votée par la Commission de l’Intérieur de la Chambre en juillet dernier est-elle de nature à diminuer ce risque ? Bien au contraire. Comme le dénonce notamment le CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), la méthode utilisée par le gouvernement est scandaleuse (un vote intervenant 17 jours à peine après la présentation d’un texte de 400 pages préparé par les autorités durant 4 ans) et les modifications de fond font ‘‘froid dans le dos’’.

    Dans son communiqué de presse, le Ciré explique : ‘‘60 à 70% des demandeurs d’asile mentiraient au cours de leur procédure d’après le Secrétaire d’État… et c’est sur cette estimation ni vérifiée, ni vérifiable qu’est basé tout l’esprit du projet de loi : sanctionner la fraude, enfermer à tour de bras. Même s’il s’en défend, cela pourrait aboutir à un enfermement quasi-systématique des demandeurs d’asile (…). Cela reflète une connaissance très faible de la réalité du calvaire enduré par ceux qui atteignent la Belgique, ayant appris à se méfier, à ne pas tout dire, à cacher leurs documents tout au long du parcours migratoire, pour simplement survivre. Cela en dit long sur la volonté d’instrumentaliser le droit d’asile pour faire valoir une vision purement et simplement xénophobe (…).’’(2)

    Le nombre de morts ne cesse d’augmenter en Méditerranée (3800 en 2016 selon le Haut-Commissariat des Réfugiés de l’ONU) et l’année 2017 est en passe d’être la plus meurtrière. La route des Balkans est déjà bloquée, amenant hommes et familles à emprunter des trajets toujours plus dangereux. Le blocage de la route libyenne est considéré par Francken comme une solution face aux décès de la Méditerrannée. Mais il s’effectue par le biais de bandes de bandits et ne fait que déplacer le problème vers la Libye. Pendant ce temps, les différentes puissances impérialistes continuent d’entretenir conflits armés et exploitation partout dans le monde. La Belgique, elle, ‘‘emboite le pas des pays les plus répressifs en légiférant sur base de craintes, de stigmatisations et d’estimations’’.(3)

    La situation préoccupante des MENA

    Le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations Théo Francken (N-VA) a récemment proposé de doubler la capacité des Centres fermés (où sont détenus les personnes en situation irrégulière avant leur expulsion) afin de pouvoir à nouveau placer des familles, ce qui sous-entend d’y enfermer des enfants, un dramatique retour en arrière puisque cette pratique avait disparu depuis 2008. Le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe avait pourtant exhorté le gouvernement belge ‘‘à ne pas renouer avec la pratique consistant à détenir des familles avec enfants’’ lors d’une visite en 2015. Francken veut également tenter de faire passer une série de mesures en octobre-novembre 2017 afin de directement envoyer tout demandeur d’asile arrivant en Belgique en Centre fermé le temps de sa procédure.
    Les MENA (mineurs non accompagnés) n’échappent évidemment pas à la chasse aux sorcières, dont ils sont déjà les victimes depuis plusieurs mois. Myria, le Centre fédéral Migration, défend que ‘‘lorsqu’il existe un doute sur la minorité, le MENA devrait être traité comme s’il était mineur, jusqu’à preuve du contraire’’. La réalité est toute autre. Car l’âge du jeune est déterminé non pas par le discours de son vécu mais par un triple test osseux de la mâchoire, de la clavicule et du poignet, une méthode remise en question quant à sa fiabilité, la marge d’erreur étant de 2 à 5 ans…

    Les situations kafkaïennes vécues tant par les assistants sociaux que par les psychologues se multiplient.

    Une jeune fille de 16 ans a ainsi vu sa date de naissance reculée de 4 ans. Elle a ainsi non seulement été privée de ses droits à suivre une scolarité mais a aussi automatiquement été mise en échec dans les formations suivies au vu des évidentes carences de son apprentissage de base. La perte du statut de MENA signifie aussi perdre le droit de disposer d’un tuteur pour jouir d’un accompagnement dans les différentes démarches.

    Comme remède à la chasse aux sorcières, la solidarité !

    Théo Franken n’a jamais fait mystère de ses opinions réactionnaires dans ce domaine. Déjà en mars dernier , il écrivait des tweets acerbes contre Médecins sans Frontières en accusant l’organisation de contribuer à la traite des êtres humains et d’encourager l’immigration illégale avec ses actions de sauvetage en mer. ‘‘Par vos actions de sauvetage juste devant les côtes, vous créez un effet d’aspiration et donc plus de morts’’, avait-il écrit, ajoutant : ‘‘Ils font de la traite d’êtres humains. Cela n’a plus rien à voir avec les réfugiés. Migration illégale.’’

    Charles Michel a eu beau reprendre Francken sur certains propos, il n’en suit pas moins sa logique perverse. Ces derniers mois, les lieux d’occupations collectives d’organisations de sans-papiers à Bruxelles ont subi une répression systématique : les évacuations successives visant à rendre l’organisation du mouvement encore plus difficile. Divers dirigeants du mouvement ont été arrêtés, diverses arrestations s’effectuent par ailleurs hors balises légales et avec violation de domicile (la Police ne peut normalement pénétrer chez un individu qu’avec un mandat délivré par un juge). Les contrôles effectués par les forces de police ont été accrus dans les transports en commun, des convocations mensongères ont été envoyées à des fins d’arrestation. Etc.

    Si la politique migratoire du gouvernement Michel a pu se durcir dans des proportions aussi dramatiques, c’est parce que suffisamment d’espace lui a été laissé de poursuivre ses ravages. Le puissant mouvement de grèves contre le gouvernement de l’automne 2014, auquel avaient participé les organisations de sans-papiers, avait fait vaciller ce dernier. Mais l’absence de suite sérieuse a ouvert la voie à la poursuite d’une politique brutale d’austérité à laquelle s’est couplée une politique migratoire réactionnaire.

    Opposons la solidarité et la lutte collective à cette approche qui s’en prend aux victimes du système ! La défense de la régularisation des sans-papiers est dans l’intérêt de tous les travailleurs, car la répression qu’ils subissent les maintient dans des conditions d’exploitation extrême qui constituent une pression à la baisse sur les conditions de travail et de salaire de tous. Nous devons également nous opposer à ce système qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial, qui pousse tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

    (1) Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Walk Free
    (2) https://www.cire.be/presse/communiques-de-presse/refonte-du-droit-des-etrangers-de-la-democratie-a-la-theo-cratie-communique-de-presse-du-cire-12-juillet-2017
    (3) Ibidem

    [divider]

    Le parcours du combattant des demandeurs d’asile

    Lorsqu’une personne en situation irrégulière arrive sur le territoire belge, elle doit déclarer son existence à l’Office des Etrangers. On lui accorde alors une place dans un Centre Croix-Rouge ou un Centre Fédasil où elle vivra le temps de sa procédure (de 4 mois à deux ans) dans une chambre dans laquelle les conditions de logement sont extrêmement difficiles (6 à 8 personnes dans une chambre confinée) et auxquelles s’ajoutent encore la barrière de la langue et les chocs culturels.

    Les demandeurs d’asile ont droit à 7 euros par semaine, voire quelques euros supplémentaires pour des petits ‘‘contrats’’ pour effectuer le ménage ou des travaux dans le centre. Avec ce mince apport, ils doivent effectuer des démarches demandées par le CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides), telles qu’obtenir des preuves administratives de leur origine ou des preuves du calvaire qu’ils ont fréquemment vécu au pays, des démarches qu’ils ne peuvent donc souvent pas réaliser, faute d’argent ou compte tenu de la situation politique ou du niveau de développement du village duquel ils proviennent.

    Dans cet intervalle, ils sont convoqués au CGRA où ils passeront une audition de 3 à 6h en trois étapes : déterminer s’ils viennent bien du pays qu’ils déclarent, fournir les détails de leur famille proche et entourage communautaire et les raisons de leur départ ainsi que les conditions de leur voyage. Les conditions de l’interview sont extrêmement pénibles pour ces gens déracinés, traumatisés et anxieux de cet examen qui déterminera s’ils seront expulsés ou non vers les situations dramatiques qu’ils ont fui, quelles qu’en soient les raisons.

    Si la réponse est positive, le demandeur d’asile reçoit un accord de rester en Belgique, sinon, il peut introduire un recours devant le Tribunal des Contentieux, ce qui lui coûte 50 euros et, s’il a l’accord, repasser devant le CGRA. Si la réponse est négative, il reçoit un ordre de quitter le territoire et devra quitter le Centre dans les plus brefs délais. Une deuxième demande pourra être introduite mais il n’aura plus alors droit qu’à l’aide médicale urgente.

    Depuis 1988, il existe également en Belgique la détention administrative dans les Centres fermés. Lorsque la procédure aboutit à un avis négatif ou que les papiers accordés sont retirés car la personne perd son travail, que la femme arrivée par regroupement familial mais souffrant de violences conjugales se sépare de son mari (liste non-exhaustive), la personne peut alors être arrêtée et enfermée dans des conditions carcérales identiques à quelqu’un condamné pour avoir transgressé la Loi.

     

  • Accord d’été. Nouvelle offensive contre nos conditions de vie et notre protection sociale

    Photo : Socialisme.be

    Fin juillet, les travailleurs ont reçu une nouvelle pilule difficile à avaler. Ils payent à nouveau les conséquences de ne pas avoir poursuivi le mouvement de grèves larges et populaires de fin 2014. L’élite dirigeante, les patrons et le gouvernement veulent continuer sur leur voie. Le portefeuille des patrons a notamment déjà profité du saut d’index de 2%. Cette fois-ci, c’est le jackpot pour les grandes entreprises et les PME qui bénéficieront d’une baisse spectaculaire de l’impôt des sociétés, qui passera officiellement de 33,99% à 29% l’année prochaine, puis à 25% d’ici 2020. L’imposition des entreprises a par ailleurs déjà sérieusement été mise à mal, le gouvernement perd des milliards d’euros chaque année en raison du mécanisme de la déduction des intérêts notionnels et d’autres mesures.

    Un dossier de Peter Delsing issu de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Des cadeaux pour les riches

    Cela n’arrêtera pas l’arrogance des plus riches. Récemment, nous avons pu lire que les grandes entreprises ont placé l’équivalent de près de la moitié de la richesse produite annuellement en Belgique dans des paradis fiscaux. Selon le journal Le Soir, 853 entreprises ont planqué l’an dernier 221 milliards d’euros dans des pays connus pour leurs taxes très faibles ou inexistantes. La même année, le Produit intérieur brut (PIB) belge était de 466 milliards d’euros!

    Les 60 milliards d’euros qui partent en moyenne chaque année vers le Luxembourg ne devraient bientôt plus être déclarés (Le Soir, 14/8/17). L’Union européenne néolibérale considère que cette évasion fiscale effectuée par les grandes entreprises est ‘‘légale’’. Nous vous conseillons de ne pas faire la même chose avec votre salaire… Ces derniers ne bénéficient pas des mêmes avantages ou des largesses juridiques de Monaco & Co. Selon leur logique, nos salaires doivent diminuer, tout comme les pensions et les allocations de chômage.

    Nous en sommes presque arrivés au point où les entreprises pourraient elles-mêmes décider combien elles acceptent de payer d’impôts. Pendant ce temps, c’est à la classe des travailleurs de combler les trous. Après des décennies de modération salariale néolibérale, il n’est pas surprenant qu’ ‘‘un tiers des Belges’’ ne soit plus en mesure d’épargner (De Morgen, 27/3/17). L’article cite notamment le récent accord salarial convenu entre patrons et syndicats qui ne permet que des augmentations salariales allant jusqu’à 1,1%. Mais la stagnation reste de mise, de même que la tendance au déclin du pouvoir d’achat de la population.

    Budget : la sécurité d’emploi et les contrats de travail compromis, mesures honteuses favorables aux plus riches

    Cet accord budgétaire est une nouvelle illustration de l’offensive menée contre la classe des travailleurs. Le PSL a toujours prévenu qu’un gouvernement de type thatchérien tel que celui-ci n’arrêterait pas ses attaques antisociales sans être bloqué par le mouvement ouvrier.

    Le gouvernement veut s’en prendre au statut des fonctionnaires, qui deviendrait l’exception plutôt que la règle. Il s’agit d’une attaque frontale contre la sécurité d’emploi et les conditions de travail, y compris au niveau de la pension. Cela a entrainé des commentaires acerbes de la part de la vice-présidente de la CGSP Chris Reniers et du président de la CSC Marc Leemans. ‘‘Cela va conduire à un hiver difficile’’, a prévenu Leemans. Avec cette mesure, le gouvernement veut à nouveau s’en prendre aux services publics, et à des secteurs pilier de la résistance sociale tels que les cheminots. Un intérimaire ou un travailleur avec un contrat à durée déterminée devra y réfléchir à deux fois avant de partir en grève. C’est ce que veulent les fondamentalistes néolibéraux au gouvernement, y compris le CD&V, prétendument l’aile sociale de l’équipe Michel. Ils veulent un mouvement des travailleurs endommagé qui accepte leurs diktats de plus en plus tout droit sortis du 19ème siècle.

    Le nombre d’intérimaires en Belgique est passé de 20.000 à la fin des années 1970 à pas moins de 417.000 aujourd’hui, jobs étudiants non inclus (La Libre, 5/8/17). Les entreprises recrutent d’abord de nouveaux employés en tant qu’intérimaires. Mais de plus en plus d’entreprises disposent en permanence d’un grand nombre d’intérimaires. Les contrats intérimaires ne sont pas limités dans le temps alors que les contrats à durée déterminée ne peuvent être renouvelés qu’une fois. La fédération fédérale Federgon – qui représente, entre autres choses, les entreprises actives dans les ressources humaines – figure parmi les forces qui poussent le gouvernement à créer une sorte de ‘‘contrat intérimaire à durée indéterminée’’. C’est une façon de créer une couche de travailleur en précarité constante qui sera utilisée pour briser les salaires et les conditions de travail. Les syndicats doivent aller chercher ces travailleurs précaires et les organiser pour limiter autant que possible l’utilisation abusive des contrats d’intérim.

    Depuis les années ’80, la classe dirigeante n’a pas manqué d’imagination pour augmenter le taux d’exploitation et ses bénéfices : modération salariale, contrats de travail précaires, charge de travail accrue, plus de possibilités pour le travail de nuit et le week-end (également dans l’e-commerce grâce à cet accord d’été), réduction de l’imposition des entreprises et des contributions patronales à la sécurité sociale,… Marx expliquait que les profits viennent du ‘‘travail non rémunéré’’. Regardons la mesure visant à permettre de gagner un revenu complémentaire de 500 euros par mois non imposable et non soumis aux cotisations sociales dans certains secteurs. Pour certains, comme les pensionnés, c’est une manière de joindre les deux bouts ou d’avoir un peu d’argent de poche. Mais de cette façon, on crée toute une industrie qui ne contribue pas aux pensions, aux allocations de chômage,… Il en va de même pour l’extension des emplois flexibles de l’horeca vers le commerce et les pensionnés. Des emplois de 8 ou 10 euros nets, sans brut ! La sécurité sociale gémit, mais les patrons s’en mettent plein les poches.

    Pourtant, on entend certains patrons se plaindre de la taxe minimale sur les transactions boursières que prend le gouvernement ou de la taxe de 0,15% sur les comptes-titres au capital supérieur à 500.000 euros. On parle de 750 euros! Ce n’est pas vraiment un bain de sang quand on sait que 10% de la population belge possède la moitié de la richesse totale du pays. Ceux qui se plaignent ne veulent visiblement même pas dépenser de l’énergie pour répartir leurs actifs sur plusieurs banques afin de contourner la mesure. Ils ne se plaindront pas des jobs à 8 euros de l’heure chez nous! Ce gouvernement veut également réduire les pensions, déjà très basses en Belgique, en réduisant les allocations de chômage et les prépensions au minimum salarial après un an (et non à hauteur du dernier salaire).

    En raison de cette expansion néolibérale du taux d’exploitation (le ratio entre la main-d’œuvre payée et non rémunérée), la classe dirigeante a partiellement réussi à rétablir ses profits, mais au détriment d’une croissance économique stagnante, d’une faible croissance de l’investissement et de la productivité et d’un énorme fardeau de dettes. En tant que militants syndicaux, activistes et intellectuels critiques, nous devons développer notre argumentaire idéologique aussi efficacement que possible si nous voulons mener à bien la lutte contre la dégradation sociale. Les revendications qui visent à faire payer les plus riches, la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, le refinancement des budgets publics, l’opposition à la marchandisation des soins de santé, un enseignement gratuit et de qualité,… tout cela s’oppose aux diktats du ‘‘marché libre’’ et de l’Union européenne. Cela exige de rompre avec la logique du profit.

    Après un accord d’été glacial, vers un automne chaud ?

    À la naissance de ce gouvernement, les dirigeants syndicaux ont fait quelque chose qu’ils n’avaient plus fait de mémoire d’homme. Ils ont dévoilé un plan de mobilisations et de grèves crescendo qui a suscité un large enthousiasme auprès de larges couches de la population, non seulement parmi la base syndicale, mais aussi chez les jeunes, les artistes, les ASBL,… La droite peut bien dédaigner le mouvement ouvrier, il reste la seule force capable de réunir une masse aussi immense.

    C’est ce que nous avons vu avec la manifestation de 150.000 personnes de novembre 2014. Les grèves provinciales et la grève générale nationale qui ont suivi ont fait vaciller le gouvernement. Son isolement social s’approfondit lorsqu’il n’est plus en mesure de manipuler l’opinion publique avec le racisme et la division. Les sondages démontraient alors qu’une large majorité de la population voulait faire payer les riches, s’opposait à la pension à 67 ans, voulait défendre la sécurité sociale,… Le mouvement a-t-il été bien connu et suivi par toutes les couches de travailleurs? Non, mais les secteurs solides ayant une tradition d’information et de mobilisation montraient la voie aux autres lieux de travail qui n’étaient pas encore dans cette étape.

    Les dirigeants syndicaux ont pensé à une éventuelle chute du gouvernement, ont ressenti le pouvoir potentiel de la classe des travailleurs, mais ont fait marche arrière. Le soutien de couches larges de la population et des militants dans les entreprises ne peut pas être arbitrairement activé ou désactivé. Cela joue sur la loyauté des gens. Un délégué ne peut pas non plus se permettre d’agir de la sorte dans son travail quotidien. Cela soulève la méfiance envers les méthodes bureaucratiques et les décisions discutées et décidées au sommet.

    Ce sont les syndicalistes actifs qui sont les plus à même de décider et de voter des objectifs et de la durée d’un plan d’action. Ce gouvernement n’a pas le droit d’adopter des mesures qui n’ont même pas été discutées durant la période électorale. C’est de la fraude électorale. Vaincre ce gouvernement aurait été possible avec un large mouvement de grève visant à le renverser, de préférence reposant sur des assemblées démocratiques du personnel dans les entreprises pour stimuler et organiser l’implication de tous, combinées si possible à des comités reliant les militants de différentes entreprises. Cela aurait placé au centre du débat la nécessité d’une alternative politique qui intègre toutes les personnes impliquées dans le mouvement. Qu’importe le gouvernement qui aurait suivi, il aurait été dans une position bien plus difficile pour imposer sa politique après une telle victoire des grévistes. C’était l’approche défendue par le PSL au cours du mouvement.

    La vice-présidente de la CGSP Chris Reniers a déclaré au sujet des nouvelles mesures: ‘‘Nous allons réagir durement. Très durement. Cet accord d’été témoigne de tant de mépris pour les services publics que nous ne pouvons pas rester au balcon. Il y aura des grèves. Oui, ce sera dur.’’ Il s’agira de créer un mouvement unique entre secteurs public et privé. Ensemble, nous sommes les plus forts, comme cela a été montré fin 2014. Cela nécessite un plan d’action clair et bien planifié. Avec un calendrier qui ne s’y prend pas des semaines à l’avance, mais des mois. Les réunions régionales de militants et les réunions d’information sur les lieux de travail seront d’une grande importance. Non aux attaques contre notre statut, nos pensions et nos contrats de travail! Pour la pension à 67 ans! Non à la flexibilité, pour des emplois décents et bien rémunérés! Couplons ces revendications aux discussions sur un projet de société alternatif, une société socialiste démocratique et sur les instruments politiques dont nous avons besoin pour l’atteindre.

  • Les paradis fiscaux prospèrent… mais le gouvernement va dans nos poches!

    Après un accord d’été glacial, organiser un automne chaud

    “Tu ne peux dépenser plus que ce que tu as” est une des expressions préférées de Bart De Wever. Mais ça ne s’applique pas à tout le monde. Alors qu’on va chercher des milliards dans les soins de santé, la sécurité sociale, les pensions et les services publics, 853 entreprises belges ont parqué 221 milliards d’euros dans les paradis fiscaux en 2016 seulement !

    Par Michael Bouchez

    Le montant exact est ouvert à interprétation. La liste des paradis fiscaux est adaptée chaque année. On ne sait pas non plus très bien combien d’argent est déclaré au fisc et quelle partie est considérée comme frauduleuse. Mais nous savons depuis longtemps que la lutte contre la fraude fiscale manque de moyens et est tout sauf une priorité pour notre gouvernement. A titre de comparaison, la lutte contre la fraude sociale aurait rapporté 180 millions en 2016, c’est-à-dire 1200 fois moins que ce qui a été envoyé dans les paradis fiscaux la même année.

    Malgré cela, l’accord d’été de 2017 met de nouveau la priorité sur la chasse aux allocataires, tout particulièrement les invalides et les étudiants qui perçoivent une aide. Le gouvernement veut tout savoir des allocataires sociaux afin d’être sûr qu’ils ne touchent pas ‘‘trop’’ d’argent. De qui parle-t-on ? D’un invalide qui indique qu’il vit seul, alors qu’en réalité il vit avec d’autres personnes par exemple. Alors que nos politiciens cumulent les mandats et vont même jusqu’à toucher une pension alors qu’ils travaillent encore, ceux qui doivent lutter tous les jours pour nouer les deux bouts sont traités de profiteurs et rejetés.

    Ces mesures contre la fraude sociale devraient dégager 52,7 millions d’euros. Pour cela, des inspecteurs supplémentaires seront recrutés. A côté de ça, la ‘‘lutte’’ contre la fraude fiscale devrait rapporter 50 millions. Il est particulièrement choquant de voir qu’un montant quasiment identique doit être récolté dans la ‘‘fraude sociale’’ et la fraude fiscale. Avec la même énergie et les mêmes moyens qui sont déployés pour la fraude sociale, on pourrait récolter beaucoup plus en luttant contre la fraude fiscale.

    En un an, les 853 entreprises ont pu mettre de côté le montant d’austérité que nous avons dû avaler en 4 ans. 221 milliards, cela représente 245 fois les économies opérées dans les soins de santé (900 millions). La lutte contre la fraude sociale aurait rapporté 180 millions en 2016 : 1200 fois moins que ce qui se trouvait dans les paradis fiscaux cette année-là. C’est aussi 440 fois les nouvelles économies dans la sécurité sociale (502 millions) prévues dans l’accord d’été de 2017. Pour équilibrer le budget de 2019, il faudrait encore trouver 8 milliards. Nous savons déjà où le gouvernement n’ira pas les chercher …

    Les seuls qui gagnent deux fois sont les grandes entreprises. Elles verront encore grandir leur capital offshore, car les impôts des sociétés vont diminuer de 34% à 25% en 2020. De cette façon, les moyens deviendront encore plus rares. Ce que De Wever et son gouvernement veulent dire par “ne pas dépenser plus que ce que tu as” c’est faire contribuer les travailleurs encore davantage à l’engraissement des capitalistes.

    Un véritable gouvernement de gauche – qui déploierait autant d’efforts pour la population ordinaire que le gouvernement actuel pour les capitalistes – utiliserait ces milliards pour stimuler les infrastructures, l’enseignement, les logements sociaux et les énergies renouvelables par des investissements publics. De cette manière, la richesse produite ne profiterait pas uniquement à une petite minorité, mais à toute la société.

    Une politique contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux et un véritable impôt sur la fortune seraient des bons pas en avant. D’un autre côté, nous savons que cela ne se fera pas avec l’approbation des grands actionnaires. Ils menaceront de délocaliser et de fuir avec leurs capitaux. C’est pourquoi un gouvernement de gauche doit se baser sur l’organisation, la mobilisation et la participation de la population pour arrêter la fuite des capitaux par la nationalisation du secteur financier sous le contrôle et la gestion démocratique. On ne contrôle vraiment que ce que l’on possède.

    Rompre avec la politique d’austérité est nécessaire, mais cela nécessitera aussi une rupture avec le système. Organisons-nous afin de le rendre possible par notre lutte!

  • Non à la privatisation ! Les services publics sont à nous !

    “La privatisation de la SNCB n’est pas exclue’’, a déclaré Johan Van Overtveldt, ministre N-VA des Finances. Le gouvernement a décidé d’examiner toutes les participations de l’État fédéral dans les entreprises et Van Overtveldt a tenu à directement donner le ton.

    Charles Michel l’a rappelé à l’ordre: une privatisation de l’ensemble de la SNCB ne serait pas encore à l’ordre du jour. Peut-être le gouvernement envisage-t-il de tout d’abord diviser l’entreprise pour en vendre les parties rentables non endettées à prix d’ami… Pendant ce temps, le statut du personnel du secteur public est également progressivement éliminé pour faciliter les privatisations futures. Une privatisation immédiate de la SNCB n’est pas discutée, la vente complète de Bpost et Proximus, elle, oui !

    La privatisation revient à s’attaquer aux services publics, au personnel et aux usagers. L’argument de la réduction de la dette publique par la vente de sociétés publiques ne tient pas debout : les dividendes de Bpost, Proximus, Belfius et BNP Paribas ont rapporté 890 millions d’euros au gouvernement l’année dernière. Cependant, la diminution de la dette générée par leur vente ne permettrait d’économiser que 600 millions d’intérêts. L’édito du Soir des 26 et 27 août résumait : ‘‘Quel bon père de famille vendrait dès maintenant un appartement lui rapportant 900 euros par mois au seul motif d’en économiser 600 par ailleurs?’’ Il s’agit d’un choix politique conscient visant à en finir avec les participations d’État.

    Les entreprises publiques ont le potentiel de permettre à la collectivité de financer ‘‘les PME s’agissant de Belfius, les investissements dans les infrastructures s’agissant de Proximus ou le service au citoyen s’agissant de Bpost’’ (Le Soir, même édition). Mais le service aux travailleurs et à la collectivité en général n’est pas ce que le gouvernement a à cœur. Alexander De Croo (Open VLD) n’a que le mot ‘‘efficacité’’ à la bouche, dans l’esprit des libéraux c’est synonyme de rentabilité financière. Entre 2008 et 2015, 7.000 emplois sur 30.000 ont été perdus chez Bpost. Sur cette même période, la moitié des 1300 bureaux de poste a disparu. Le prix du timbre a augmenté de 0,46 à 0,79 euro depuis 2006. ‘‘Efficacité’’? Pour les actionnaires et leurs représentants politiques, certainement. Mais pas pour le personnel, les usagers et la collectivité.

    Lorsque la possible privatisation totale de Bpost et de Proximus a été discutée plus tôt cette année, De Croo proposait alors d’épargner la SNCB en raison des troubles sociaux que cela causerait. Pour la droite, s’en prendre au secteur public, c’est aussi un bon moyen de s’en prendre au mouvement organisé des travailleurs. En abandonnant les cheminots à leur sort lors des actions de grève spontanées du printemps 2016, seuls et divisés sur base communautaire, les dirigeants syndicaux ont perdu une bonne partie de la confiance de la base. La droite veut saisir l’occasion pour remettre sur table le service minimum et la privatisation.

    La résistance s’impose. Il faut entrer en action non seulement de manière défensive contre le manque d’investissement qui prépare la voie vers la privatisation, mais aussi de manière offensive. Les transports publics sont d’une importance cruciale contre les embouteillages et afin de disposer d’une politique de mobilité écologique. Au lieu de sacrifier tout cela pour satisfaire la soif de profits du secteur privé, il faut au contraire augmenter les moyens du secteur public. Cela exige de se battre et de défendre une alternative politique qui se base sur les intérêts de la majorité de la population et qui vise à changer de société.

  • Après un accord d’été glacial, vers un automne chaud ?

    Quelle réaction face aux menaces austéritaires du fédéral ?

    Fin juillet, Charles Michel et sa bande se sont entendus au sujet d’une batterie de mesures destinées à être votées en octobre et novembre. Plusieurs responsables syndicaux ont directement réagi en annonçant un ‘‘automne chaud’’. Peu de temps après, le ministre des Finances a évoqué dans une interview à L’Echo que ‘‘toutes les participations de l’Etat fédéral’’ allaient être examinées dans Proximus ou encore la SNCB. Au paquet de mesures antisociales de juillet s’ajoute donc la menace de la privatisation du rail ou des télécoms !

    Au CD&V, on espérait que l’accord gouvernemental de juillet serait de nature à attendrir les relations tendues entre le parti chrétien-démocrate flamand et Beweging.net (anciennement ACW, équivalent flamand du Mouvement Ouvrier Chrétien) à l’aide d’une taxation sur la fortune et d’une solution pour les coopérants du holding financier Arco dans lequel était impliqué l’ACW. L’optimisme du CD&V a subi une belle douche froide. Beweging.net et ses organisations, parmi lesquelles la CSC flamande, lui ont fait savoir qu’ils n’en pouvaient plus. Divers responsables du CD&V se sont plaints de ces critiques en faisant mine de ne pas comprendre pourquoi le Mouvement ouvrier chrétien s’accrochait tellement aux intérêts des travailleurs et des défavorisés.

    Dans son communiqué de presse au lendemain de la conclusion de l’accord d’été, la FGTB a dénoncé à juste titre que ‘‘les cadeaux fiscaux octroyés aux grosses fortunes et aux grandes entreprises sont toujours la priorité des priorités pour l’équipe Michel.’’ Jusqu’ici, la perspective partagée par une bonne partie des dirigeants syndicaux était d’attendre les prochaines élections en espérant l’arrivée d’une équipe gouvernementale moins à droite. Cette approche, irresponsable dès le début, a encore pris un coup dans l’aile depuis la constitution d’un gouvernement MR-cdH en Wallonie.

    Le mouvement de 2014 – Un plan d’action illustratif de la force potentielle du mouvement des travailleur

    La grève générale de 24 heures du 15 décembre 2014 fut elle la plus grande de l’histoire sociale du pays en termes de nombre de participants ? Les données précises sont inconnues, mais si ce n’est pas le cas, il s’en sera fallu de peu. Nous avons en tout cas encore tous en tête à quel point cette journée fut une éclatante démonstration de force. Cela n’est pas tombé du ciel.

    Le plan d’action qui a conduit à la grève générale nationale du 15 décembre fut annoncé lors du meeting syndical du 23 septembre. Les syndicalistes étaient retournés vers leurs collègues avec de quoi gonfler leur enthousiasme : une date de manifestation nationale le 6 novembre comme tremplin vers une tournée de grèves régionales trois lundis d’affilée fin novembre et début décembre, étapes servant d’appui vers la puissante grève générale nationale du 15 décembre.

    Peu de temps avant cette date, un sondage La Libre/RTBF/Dedicated dévoilait que seuls 20% des sondés avaient une opinion favorable du gouvernement Michel. Un score aussi pitoyable était une première dans les annales des sondages en Belgique. 42% des personnes interrogées estimaient mauvaise son action. En Flandre, le gouvernement recueillait à peine 26% d’opinions positives, pour 12% en Wallonie. Si un deuxième plan d’action aussi ambitieux avait suivi après le Nouvel An, le gouvernement n’aurait pas pu se relever. Mais les directions syndicales ont eu le vertige face au géant social qui s’était relevé et qui n’avait pourtant encore fait qu’étirer ses muscles.

    Une expérience sur laquelle s’appuyer

    A l’époque, les assemblées générales du personnel avaient refait surface et joué un rôle crucial en de nombreux endroits, rôle confirmé lors des grèves des agents pénitentiaires, des cheminots ou encore de la CGSP-Admi à Liège qui eurent lieu par la suite. Elles seront d’autant plus importantes aujourd’hui afin de de remobiliser les déçus du manque de suites sérieuses au plan d’action de l’automne 2014, de décider des actions à mener, de la manière de les mener,… Tout comme à l’époque, il est possible de totalement bouleverser l’opinion publique et de replacer au centre du débat les thèmes chers aux travailleurs et qui peuvent nous unir par-delà les langues et les origines.

  • Un dangereux précédent: 17 syndicalistes liégeois de la FGTB traduits en justice

    Le droit démocratique à l’action collective est encore une fois compromis. Le parquet de Liège veut traduire en justice 17 syndicalistes de la FGTB, parmi lesquels le secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB Thierry Bodson, pour un blocage routier effectué dans le cadre de la grève du 19 octobre 2015. A l’époque, les événements avaient donné lieu à une monumentale vague de propagande anti-grève dans les médias dominants.

    L’hôpital de Hermalle­sous­Argenteau (CHC, Centre Hospitalier Chrétien) avait déposé plainte pour homicide involontaire d’une touriste danoise qui n’avait pas survécu à une opération tardive, prétendument suite au blocage organisé par des militants de la FGTB. A l’époque, très peu de monde a attiré l’attention sur le fait que l’hôpital n’avait pas jugé utile de prendre des mesures à l’occasion de la grève, en s’appuyant sur le fait que la CSC ne faisait pas grève. Les médias n’ont bien entendu pas saisi cette occasion pour alimenter le débat sur la médecine par prestation, qui entrave pourtant ouvertement la collaboration entre divers hôpitaux et médecins spécialistes. N’y avait-il pas d’autre médecin disponible dans la région ? D’autre part, les embouteillages sont quotidiens, tout particulièrement à cet endroit à l’époque, mais personne n’a jugé bon de condamné les autorités et leur politique de mobilité catastrophique…

    Cette attaque menée contre des grévistes à titre individuel et contre des dirigeants syndicaux est une attaque menée contre les droits démocratiques de chacun. Le droit européen confirme le droit à l’action collective, ce qui comprend le droit d’instaurer des piquets de grève et même des barrages routiers.

    L’objectif suivi par cette action en justice est de limiter les possibilités des travailleurs de se défendre. Mais n’entretenons aucune illusion, même si la contestation ne s’exprimait plus que de manière à n’être plus visible par personne, cela n’empêcherait pas les médias de poursuivre leur campagne de propagande antisociale. Charles Michel et sa bande veulent brimer toute forme d’opposition à leur politique antisociale sous prétexte qu’ils disposent d’une majorité parlementaire. Comme si la démocratie pouvait être réduite à un bulletin de vote tous les quatre ans ! Ce n’est pas la première fois que des syndicalistes sont traînés devant les tribunaux de cette manière : ce fut aussi le cas d’un groupe de travailleurs des Forges de Clagbecq à la fin des années 1990. Ces derniers ont finalement été relaxés après une longue campagne (malheureusement sans le soutien de la direction de la FGTB).

    Cette poursuite judiciaire entamée contre 17 syndicalistes est un précédent dangereux auquel doit s’opposer l’ensemble du mouvement des travailleurs. Ce n’est pas seulement de ce cas précis dont il est question, il s’agit de la défense du droit à l’action collective de manière générale. Il nous faut une campagne nationale sérieuse contre ce procès politique qui vise à imposer le silence à la résistance sociale. De cette manière, il nous serait possible de repousser les arguments de la droite et de remettre à l’avant plan l’opposition à ce gouvernement raciste et austéritaire.

    Voici ci-dessous l’article que nous avions publié à l’époque des faits.

    L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical

    Avec 100.000 personnes, la manifestation du 7 octobre fut un succès. Pareil pour la grève lancée par la FGTB Liège-Huy-Waremme et la FGTB-Verviers le 19 octobre. Tout comme l’attention médiatique s’était concentrée sur les troubles en marge de la manifestation des 150.000 du 6 novembre 2014, le blocage spontané de l’autoroute E40 a reçu les qualificatifs ‘‘d’apocalypse’’ (Sudpresse) ou encore de ‘‘délinquance en vareuse rouge’’ (La Libre).

    Par Fabian et Nico (octobre 2015)

    La criminalisation du mouvement social est une pratique bien rodée pour discréditer la lutte. Ceux qui viennent manifester pour la première fois sont souvent marqués par la brutalité policière. Les manières de faire dégénérer une manifestation ne manquent pas en instrumentalisant la frustration de certains militants, si nécessaire avec l’aide de provocateurs. Il suffit de penser aux arrestations du 7 octobre, notamment commises par des agents portant foulards et autres insignes syndicaux.

    Avec la grève du 19 octobre à Liège, il était clair à l’avance que le moindre prétexte soit utilisé pour taper sur l’ensemble du mouvement des travailleurs et insister sur la division du front commun. Le blocage de l’autoroute E40 a ainsi été utilisé pour criminaliser les grévistes. Et les choses ont encore empiré lorsque l’on a appris le décès d’une patiente au CHC (Centre Hospitalier Chrétien) d’Hermalle. Le CHC a porté plainte contre X pour homicide involontaire, se basant sur le fait que le chirurgien qui devait l’opérer avait été bloqué un moment par le barrage. Qu’il n’y ait eu qu’un seul médecin disponible, cela montre la gravité des pénuries dans les soins de santé. Et cela clarifie aussi que la médecine par prestation entrave la collaboration entre les divers hôpitaux et les médecins spécialistes. Evidemment, ce n’est pas ce qui est retenu à droite. Le député libéral David Clarinval a même reproché aux élus du PTB d’avoir du sang sur leurs mains!

    Le syndicat des employés de la FGTB, le SETCa, a tenu à préciser divers points dans une lettre envoyée à ses affiliés. Premièrement, le CHC est justement le commanditaire d’un chantier où, tôt le matin du 19 octobre, les grévistes avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers. Les médias ont été quasiment muets sur ce point pourtant des plus scandaleux et l’attention a ensuite été déviée sur le blocage, à quelques centaines de mètres de là. La lettre rappelle aussi que ‘‘les coupes drastiques dans le financement des soins de santé de ces dernières années (…) poussent les différents acteurs à faire des économies constantes dans un univers de plus en plus concurrentiel. Combien de décès dus à ce sous-financement et à ses économies décidées par le politique ?’’ L’hôpital avait aussi refusé d’établir un service minimum, considérant qu’il ne subirait aucune perturbation, du fait que la CSC n’était pas en grève.

    Ensuite, le CHC a reconnu dans la presse ne pas prétendre qu’il y a eu un lien de cause à effet entre le blocage et la mort de la patiente mais qu’il voulait ‘‘ouvrir un débat sur les limites du droit de grève’’. Donc après avoir porté des accusations très graves envers les militants syndicaux, le CHC dévoile sa véritable intention… à savoir limiter le droit de grève. On peut difficilement être plus clair.

    Quelques jours plus tard, la députée N-VA Zuhal Demir a déclaré en ‘‘avoir soupé des syndicats’’ et a saisi l’occasion pour demander de ‘‘repréciser le droit de grève dans la loi’’ et… de soumettre les syndicats à ‘‘la responsabilité juridique’’! Cette revendication n’était défendue que par l’extrême droite par le passé, avec l’idée de briser les syndicats en les rendant juridiquement responsables des actes de chacun de leurs affiliés et en les obligeants à dévoiler leurs comptes et plus précisément les montants de leurs caisses de grève. Philippe Godfroid, président de l’Union des classes moyennes (UCM) a abondé dans le même sens.

    Ce blocage spontané s’explique car ‘‘les travailleurs sont exaspérés parce qu’ils ne sont pas entendus, ni par le gouvernement ni par le patronat’’, a déclaré Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB. C’est vrai. Mais bon nombre sont aussi exaspérés par le temps qui a été perdu après la grève générale nationale du 15 décembre. Nous avions l’occasion de faire chuter ce gouvernement des riches et l’occasion a été gâchée. Encore aujourd’hui, rien de précis n’émerge quant à la stratégie syndicale suivie pour balayer l’austérité. Si la colère justifiée des travailleurs ne peut s’exprimer dans un plan d’action sérieux et crescendo, avec des objectifs clairs, jusqu’à la chute du gouvernement, alors celle-ci s’exprimera autrement. A partir de maintenant, il ne faut pas faiblir face à l’offensive de la droite sur l’opinion publique, mais au contraire serrer les rangs et riposter de manière organisée et sérieuse.

     

     

     

  • Manifestation du non-marchand : il nous faut un refinancement public !

    Aujourd’hui, le secteur non marchand a à nouveau arpenté les rues de la capitale. Là aussi, les raisons d’être en colère ne manquent pas, la politique d’austérité menée ces dernières années au pas de charge a de profondes implications sur le personnel ainsi que sur les usagers et patients. Dans les soins de santé tout particulièrement, la qualité des soins et les conditions de travail et de salaire du personnel sont inextricablement liées.

    Les manifestants étaient on ne peut plus clairs concernant leurs exigences: plus de personnel, plus de pouvoir d’achat et de meilleures conditions de travail. Cela nécessite un refinancement public du secteur social dans son ensemble. Les manifestants entendaient également dénoncer la marchandisation des soins.

    Voici ci-dessous quelques photos de cette manifestation.

    Non profit betoging - Manif non marchand

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop