Your cart is currently empty!
Tag: Mons
-
A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
A noter dans votre agenda
- Ma. 8 nov. Gand. 19h30. Blandijn aud. C. Meeting de Rood!: présentation du livre d’Erik De Bruyn.
- Je. 10 nov. ULB (Bruxelles). Meeting sur les luttes étudiantes au Chili avec Lucas, militant actif au Chili
- Ve. 11 nov. Termonde. 19h Café Tijl (Grote Markt). Réunion EGA: Le capitalisme en crise, Marx is back
- Me. 16 nov. Anvers. 19h30. Rodestraat R0.10 (stadscampus). Débat. Le capitalisme en crise: Quelle réponse de la gauche? Avec pour orateurs: Meryem Almaci (Groen), Erik De Bruyn (Rood), Peter Mertens (PTB) et Bart Vandersteene (PSL). Un orateur est également demandé au SP.a.
- Ve. 25 nov. Namur. Concert de soutien aux grévistes du Kazakhstan
- Sa.-Di. 26-27 novembre. Congrès régionaux du PSL
- 3 décembre: Manifestation climat
- 8 mars 2012: Manifestation antifasciste contre le NSV
- 25 mars 2012: Protestation contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles.
Agenda de Rood!
Le PSL participe activement à la construction de Rood!. Voici ci-dessous quelques dates de l’agenda du mouvement.
- Je. 24 nov. Anvers. Réunion de Rood!-Anvers et discussion sur les élections communales. Uniquement pour les membres de Rood!
- Ma. 6 déc. Hasselt. Présentation du livre ‘De terugkeer van de dwarsliggers’ d’Erik De Bruyn. 20h. Au Vrijzinnig centrum, A. Rodenbachstraat 18, 3500 Hasselt.
- Ve. 9 déc. Boom. Présentation du livre ‘De terugkeer van de dwarsliggers’ d’Erik De Bruyn. 20h. Het feestpaleis, Colonel Silvertopstraat 13
[/box]
Protestations étudiantes au Chili – rapport d’un témoin
La semaine dernière, une première réunion a eu lieu à Anvers avec une discussion consacrée aux luttes au Chili. Cette après-midi était organisée par les Etudiants de gauche Actifs et le Collectivo Zudaka, et a réuni 34 participants. L’orateur d’EGA et du PSL était Lucas Gillis, qui est impliqué depuis plusieurs années dans la construction de notre Internationale, dans Hainaut tout d’abord et, depuis deux ans, au Chili. De retour en Belgique pour un mois, il va se rendre dans plusieurs sections du PSL pour y livrer un rapport des luttes qui se développent au Chili, principalement autour des étudiants, et pour aborder les leçons politiques de ce combat.
Des réunions sur ce sujet sont donc prévues avec Lucas à Liège, Mons et Bruxelles. Hier, une délégation du PSL a aussi participé à une action de la communauté chilienne à l’ambassade de Bruxelles, en solidarité avec les protestations étudiantes qui revendiquent la gratuité de l’enseignement, notamment grâce à la re-nationalisation du secteur du cuivre.
Riposte syndicale
Ces prochains jours, diverses réunions de militants syndicaux vont se tenir en préparation de la réunion du 15 novembre à Bruxelles, en opposition à l’austérité qui se prépare. Le 15 novembre, les syndicats attendent 5000 de leurs membres. Le PSL participera à cette action ainsi qu’à différentes réunions préparatoires, avec un tract spécifique.
Cette semaine encore, mercredi et jeudi, des actions de grève auront lieu dans les ateliers de la SNCB. Nous y distribuerons un tract de Libre Parcours. Des militants du PSL seront présents à divers ateliers et piquets de grève en solidarité.
Plus d’infos sur notre travail syndical: eric@socialisme.be
ULg: La campagne de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal se poursuit!
Ce jeudi, les Etudiants de Gauche Actifs et le PSL ont à nouveau tenu un stand à l’Université de Liège, autour de la question de la fermeture de la phase à chaud d’ArcelorMittal à Liège. Le tract diffusé lors de la manifestation du 26 octobre a été diffusé, engageant de nombreuses discussions sur ce que veut dire une nationalisation, quel type de nationalisation il nous faut, comment réaliser cet objectif,… Nous avons également vendu 25 exemplaires du mensuel du PSL, Lutte Socialiste, un nombre record en moins de deux heures, avec également de nombreuses et longues discussions très intéressantes.
Anvers: Cycle de discussion sur le marxisme
A Anvers, nous démarrons ce mercredi un cycle de formation consacré au marxisme. Nous commencerons avec une introduction générale sur le marxisme et, ensuite, deux groupes aborderons différents thèmes dans les semaines à venir: le matérialisme dialectique, le matérialisme historique, l’économie marxiste,,… Vous trouverez ici le matériel de base pour les discussions. Avec ces formations, nous voulons aider nos nouveaux membres et nos sympathisants à faire connaissance avec les bases du marxisme pour améliorer leur formation politique.
Pourquoi j’ai rejoint le PSL
”La première fois qu’il a été question pour moi d’aller voter, j’étais assez insatisfaite par les partis dits traditionnels. J’ai toujours eu des tendances de gauche, mais sans trop pouvoir les exprimer ou les concrétiser.
”Mon milieu familial m’aidant à garder l’esprit ouvert sur énormément de choses, j’ai été interpellée par l’autodestruction de notre monde, le saccage de notre pays, la condamnation de notre société à devenir de plus en plus pauvre, l’humain qui est voué à se transformer en marchandise, la rage de ne jamais rien choisir et de tout subir, de se retrouver dans une prison que le système lui-même a construit pour sa sécurité.
”Lorsque j’ai quitté ma campagne ardennaise et que je me suis installée à Liège, mes études de Philosophie m’ont permis de m’interroger d’autant plus sur l’humanité et sur son avenir. Le constat n’a pas été difficile : les peuples sont voués à la misère et le monde dans lequel nous vivons y adhère. Mais il ne nous correspond pas et nous livre des faux rêves pour masquer la réalité.
”J’estime avoir la chance que beaucoup n’ont toujours pas actuellement de pouvoir avoir toutes les cartes en main, de pouvoir dire ce que je pense et de forger mon propre avis. Je trouve donc que c’est un devoir pour moi de tirer un enseignement du passé, de ces combats qui n’auront jamais été menés en vain parce que l’espoir de rendre le monde meilleur et de défendre les droits humains ne seront jamais mutilés.
”Beaucoup pensent que tout cela est utopiste. Cependant, à tous ceux-là, je répondrai tout simplement que l’homme a été capable d’une très grande imagination pour contribuer au pire de l’histoire de notre humanité. Pourquoi n’en serait-il donc pas capable pour le meilleur? Pour cela, il faut reprendre le pouvoir à l’oligarchie de l’argent roi et changer la société. Mais pour la changer, il faut aussi savoir quoi faire.
”C’est pourquoi j’ai rejoint le PSL. Ce parti m’a tout simplement permis de concrétiser mes idées, d’extérioriser ce que je suis et de ne plus avoir peur ni du changement ni de la liberté.”
Stéphanie, étudiante, Liège
-
En bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
Impossible de vivre avec 3000 euros par mois…
Jean Michel Javaux, coprésident d’ECOLO et bourgmestre d’Amay notamment, a été légèrement attaqué au sujet du cumul, thème particulièrement cher à son parti. Il s’est défendu en disant sur Twitter : "c pas un cumul…Vous pouvez ergoter mais bourgmestre d’une commune de -de 15000 habitants (et aucun autre mandat electif) oblige tous les échevins et exécutifs à avoir un boulot." Ce qu’il faut savoir, c’est que le salaire brut des bourgmestres a été revalorisé en 2011. Actuellement, il s’agit de 3.000 euros bruts par mois. Pour une ville comme Mons, il s’agit de 6.000 euros. ce qu’affirme donc en substance Mr Javaux, c’est donc qu’il n’est pas possible de vivre avec 3.000 euros par mois. Sur quelle planète vit-il? Très nombreux sont les travailleurs qui ne disposent pas de cela, et de fort loin d’ailleurs… Peut-être que nous pourrons à l’avenir voir ECOLO participer activement aux luttes pour de meilleurs salaires avec l’objectif de permettre à chacun d’avoir plus de 3.000 euros ?
De gauche, ECOLO?
Ce n’est pas la semaine de Javaux… WikiLeaks a publié un document qui est un rapport d’une discussion “confidentielle” entre le chef de file des ‘‘verts’’ et l’ambassadeur des Etats-Unis. Ce texte est limpide quant aux efforts effectués par l’homme fort d’ECOLO pour plaire à l’establishment, une rhétorique tout autre que celle qu’il utilise vers ses électeurs ou la base du parti… Morceaux choisis : Javaux aurait précisé que son parti n’est pas de gauche (Ecolo ‘‘bousculant les frontières entre les classes.’’) et aurait aussi déclaré que des militants sont issus de riches familles notamment liées à RTL ou Umicore (‘‘Il a un nombre étonnant de supporters clés parmi les riches familles industrielles belges, a-t-il expliqué.’’ou encore ‘‘Il explique que certains des militants Ecolo les plus importants viennent des familles riches qui contrôlent de grandes compagnies en Belgique, notamment RTL (une chaîne de télévision privée) et Umicore (un groupe chimique)’’). Javaux aurait aussi positivement parlé de l’implication de la Belgique dans les opérations militaires en Afghanistan (tout en admettant que ce sujet est sensible, surtout parmi les immigrés qui votent pour ECOLO) et aurait déclaré qu’il est important de travailler avec l’OTAN et l’ONU. Les centrales nucléaires pourraient aussi rester ouvertes plus longtemps. L’ambassadeur fait aussi remarquer que Javaux slalome entre les partis traditionnels et qu’il ‘‘ est bien possible que les verts créent la surprise en Wallonie en poussant des réformes qui ne sont pas nécessairement appréciées à gauche ou au centre.’’
Ce système est littéralement malade
165 millions de personnes en Europe sont atteintes de troubles psychiatriques ou neurologiques plus ou moins graves. C’est le constat auquel est arrivé le Collège européen de neuropsychopharmacologie après une étude réalisée sur 500 millions de personnes issues des 27 pays de l’Union Européenne. Un expert en santé mentale due l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que ‘‘c’est bun indicateur du stress de notre société, pas forcément de troubles psychiatriques’’. L’Etat de la santé mentale dans notre pays est lui-aussi préoccupant. En 2009, 263 millions de doses journalières d’antidépresseurs ont été vendues. Cette année-là, on estime qu’un Belge sur dix a pris des antidépresseurs, soit 1,1 million de personnes. Environ 5% de la population du pays est aux prises avec une lourde dépression.
‘‘Le pire de la crise de l’euro est encore à venir’’
Wolfgang Munchau du journal Financial Times ne fait pas dans la dentelle. ‘‘Je m’attends de ce fait à ce que la récession frappe la zone euro de plein fouet, et sans défense. Lorsque cela arrivera, la crise de l’eurozone ne sera pas belle à voir.’’ Pourquoi ? Il explique que chaque pays de la zone euro oublie qu’il fait partie d’un ensemble, et que ses actions ont un impact sur cet ensemble. Il se comporte comme une petite économie ouverte. Or, les plans de sauvetage ont besoin de la croissance pour jouer à plein. Celui de la Grèce, qui était déjà problématique au moment de sa rédaction, est compromis par la récession du pays. La stratégie de recapitalisation des banques est en train de s’effondrer avec le ralentissement économique. Cet été, la croissance semble s’être figée dans les pays de l’eurozone. Cela fait deux mois que les prêts consentis au secteur privé sont en berne. Les prévisions pour l’activité manufacturière sont en recul. Il critique aussi sévèrement les plans d’austérité de la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Irlande, qui retentissent sur l’ensemble de la zone euro.
Les dirigeants britanniques du Parti travailliste veulent être bien clairs: ils n’aiment pas les grèves
Que faire en tant que dirigeant politique d’un parti d’opposition sensé être auprès des travailleurs lors d’une interview concernant une grève des fonctionnaires si quand on ne soutient pas du tout cette grève ? On répète la même chose à chaque question…
Entre amis
Fin juin 2011, Filip Dewinter, porte-parole du Vlaams Belang, a participé à une réunion de la Lega Nord à Pontida, près de Bergamo. Il y a notamment rencontré Francesco Speroni (à l’extrême droite de la photo). Un mois plus tard, ce même Speroni expliquait que Breivik n’avait fait que défendre la civilisation occidentale avec son massacre…
Rions un peu avec les riches (en anglais)
-
C’était il y a tout juste 50 ans : le 15 janvier 1961
Les FGTB de Gand et d’Anvers ont officiellement annoncé la reprise générale du travail dans tous les secteurs pour le lundi 16 janvier. Au bureau national de la FGTB, il est dit que cette décision de reprise du travail a été prise par l’Action Commune Socialiste de ces deux régions. Les représentants syndicaux du secteur des communaux de Gand et d’Anvers dénoncent qu’ils n’ont pas été consultés avant de recevoir l’ordre de reprise. Ils s’insurgent contre pareille procédure antidémocratique de l’Action Commune Socialiste.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
Certaines reprises sont également annoncées dans certains secteurs wallons. Par contre, à Charleroi et à Liège, les mots d’ordres de poursuite de la grève générale sont confirmés par les différentes assemblées générales des métallurgistes, des cheminots et des enseignants. Les verreries sont toujours à l’arrêt complet.
La FGTB de Mons décide, elle aussi, de poursuivre la grève. Des actes de sabotages sont encore signalés partout dans le pays durant le week-end, dont le déraillement d’un train de voyageurs qui a lieu à Landelies, dans la région de Charleroi. Ce train a sauté sur une mine et, sous la violence de la déflagration, la locomotive et trois voitures ont sauté des rails.
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
-
C’était il y a tout juste 50 ans : le 11 janvier 1961
La grève générale commence petit à petit à s’ essouffler. Des reprises ont lieu par ci par là. Bien entendu, dans les grands centres industriels, la grève est toujours bien effective, mais les grévistes ont compris que les mots d’ordre d’action autres que des manifestations dans le «calme, l’ ordre et la discipline» ne viendront pas. Les appareils syndicaux et politiques montrent des signes évidents de capitulation.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
– 10 janvier
[/box]A Liège et à Charleroi, malgré une légère reprise dans les grands magasins et dans les cinémas et malgré les quelques trams qui circulent sous la protection de la gendarmerie, les travailleurs des secteurs clefs de l’ économie sont toujours en grève totale, de même dans le Centre, le Borinage, à Gand, à Anvers, à Hoboken et à Louvain.
A Mons, une manifestation rassemble, selon le journal « Le Peuple » du 12 janvier, 25.000 manifestants. Le premier orateur est un parlementaire du PSB, hué par les grévistes, qui l’empêchent de parler. Il faut l’ intervention de Renard pour demander que le parlementaire, M. Busieu, puisse prononcer quelques mots, ce qu’il fait dans l’indifférence générale.
Dans la région flamande du pays malgré les pressions et les difficultés énormes, les piquets de grèves sont toujours très actifs. Des incidents graves éclatent à Hoboken entre gendarmes et piquets de grève : on apprend qu’il y a dix blessés parmi les ouvriers, dont un blessé grave. En effet, la fière monte à Hoboken entre gendarmes et grévistes. Alors que le piquet de grève ne fait que discuter avec des hommes qui veulent travailler, des bagarres éclatent. Un gréviste est blessé à mort, le crâne défoncé et la mâchoire démise, victime des gendarmes qui sont sur le pied de guerre, avec baïonnettes au fusil. Deux autres sont blessés à coups de crosse et un autre d’ un coup de baïonnette. Ils sont transportés à l’ hôpital.
A Ruppel, des barrages de pavés sont établis sur les routes. Des bagarres éclatent, les gendarmes tenant leur fusil par le canon et frappant de toutes leurs forces en hurlant : «ça doit finir!» Le commandant des gendarmes avait ordonné «Quittez immédiatement ce lieu, sinon vous avez le choix entre la prison ou l’hôpital.» Les gendarmes avaient bu pour se donner du courage, ils puent l’alcool. Après les bagarres, un bulldozer déblayeles routes.
Les journaux signalent encore des sabotages à Ath-Tournai. Une rupture de voie occasionne le déraillement d’ une micheline. Des arrestations arbitraires ont encore eu lieu. Les grévistes des ACEC manifestent à Charleroi. Ils réclament : «A Bruxelles», «Belgique, République».
Dans toute la Belgique, on signale que l’action des forces de répression se fait plus violente. Les piquets de grève sont attaqués par la gendarmerie, les membres des Comités de grève sont emprisonnés. La bourgeoisie commence dès maintenant à démanteler l’ embryon d’ ordre ouvrier qui s’ est créé spontanément au cours de la grève générale insurrectionnelle. Elle ne peut tolérer que la classe ouvrière organisée continue plus longtemps à imposer sa volonté en contrôlant la circulation, en réglant les approvisionnements, les heures d’ ouvertures des magasins, etc.
Face à la répression et aux directions syndicales qui avaient souvent donné l’ ordre de «ne pas insister devant la police», les travailleurs ont comme d’ habitude fait preuve de la plus grande imagination. Les gendarmes cherchent à faire circuler les piquets en les dispersant loin des portes des entreprises. Les grévistes organisent sur-le-champ des piquets tournants, qui défendent l’ entrée de l’usine sans donner à la police la possibilité de les disperser. Partout, les piquets se renforcent, se font plus mobiles. Le système de relève se perfectionne. Les communications entre piquets s’organisent. Chaque piquet dispose d’ automobiles et de motos. Les piquets de grève sont reliés à un centre local.
Les centres locaux se regroupent en centres régionaux. De même, la technique des manifestations s’ améliore. On apprend à se diviser devant les charges de gendarmerie et à se reformer dès que l’ alerte est passée. On apprend les bons itinéraires, les moyens de s’ armer d’ objets divers. On apprend à diviser les forces de police et à se défendre des photographes de presse qui la renseignent. Toute cette tactique de combat ouvrier est le résultat des actions spontanées de la classe ouvrière pendant la grève générale.
-
C’était il y a tout juste 50 ans : le 10 janvier 1961, les propos scandaleux du “socialiste” Van Acker
La grève générale se cantonne de plus en plus aux secteurs industriels importants de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre, toujours totalement paralysés. Plusieurs manifestations de masse ont encore lieu, surtout dans la partie flamande du pays. A Anvers la concentration rassemble encore plus de 20.000 manifestants.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
[/box]
Les discours des dirigeants de la FGTB sont très connus, ils reprennent toujours les thèmes traditionnels contre la Loi Unique. Ces discours ne retiennent plus grande attention. A un certain moment, l’orateur est interrompu par les grévistes qui, spontanément, scandent : «Renard à Anvers, Renard à Anvers !» A l’ issue du meeting, dès que les grévistes aperçoivent les gendarmes, des incidents violents éclatent aux abords de la gare Centrale.
En face de la gare, une rangée de gendarmes attendait. Elle est bousculée en quelques secondes et le flot de manifestants passe. Mais les matraques avaient été sorties, et trois manifestants s’affalent après avoir reçu des coups. Pendant une heure, des bagarres éclatent un petit peu partout au centre de la ville.
A Gand également, 12.000 manifestants renouvellent leur opposition à la « loi de malheur ». Quoique fort animée, cette manifestation se déroule sans incidents, les gendarmes restent très discrets. Les grévistes flamands ne désarment pas. Au contraire, dans ces journées de lutte, le niveau de maturité est tel que les grévistes en lutte renouent dans cette grève générale avec les plus nobles et les plus ardentes traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier.
A Bruxelles aussi se déroule une nouvelle manifestation de plus de 5.000 grévistes, qui défilent en scandant des slogans anti-gouvernementaux et réclament à nouveau la marche sur Bruxelles. Là aussi les gendarmes sont discrets, aucun incident n’ est à signaler. Les menaces du gouvernement se précisent de plus en plus sur les enseignants, qui sont toujours actifs. Il y a des reprises partielles, mais l’ensemble du corps enseignant résiste. Le gouvernement fait savoir que toutes les mesures nécessaires pour parer à un éventuel abandon de l’ outil par les travailleurs seront prises avec l’aide de l’armée.
Dans le Hainaut, l’ activité des piquets de grève est toujours très intense, ils sont à l’entrée des entreprises, ils contrôlent la circulation, ils sont partout à la fois et surgissent là où on ne les attend pas. Les actes de sabotages et de violence se multiplient pour empêcher les jaunes de reprendre le travail. De nouveau, cent arrestations ont lieu à Mons, trente à Charleroi.
Ce 10 décembre se tient à Liège un Congrès de la régionale FGTB de Huy-Waremme qui décide de mettre en application le principe de l’ abandon de l’ outil (le principe seulement). Le journal La Wallonie du mercredi 11 janvier relatera que : «peu d’intervenants ont demandé que l’ entretien de l’ outil soit poursuivi dans les entreprises.»
Sur le plan politique, ce qui retient l’ attention, c’ est la première tentative publique de compromis qui s’ esquisse ce mardi à la chambre. Louis Major, secrétaire général de la FGT B et Achille Van Acker, ancien Premier ministre socialiste, déposent deux amendements aux dispositions sur le chômage contenues dans la Loi Unique, amendements que le gouvernement retient. C’ est là de la part de Van Acker un désaveu formel du groupe socialiste de la Chambre. Rappelons que les dirigeants du PSB et de la FGTB avaient promis aux ouvriers que la Loi Unique ne pourrait jamais servir de base à un compromis. Déposer un amendement, si insignifiant soit-il, c’ est déjà admettre la loi. Dans son amendement à la Chambre A. Van Acker, du PSB, dit notamment: «Moi aussi je me suis trouvé devant un grave conflit social. Je comprends donc que le gouvernement fasse le nécessaire pour maintenir l’ ordre. A sa place j’ en aurais fait autant.» Paroles scandaleuses dans la bouche d’ un mandataire socialiste en période de grève générale. Le Premier Ministre G.Eyskens demande : «que l’ on réserve l’ amendement de l’ honorable M. Van Acker.» La plupart des journaux de droite ne manquent pas l’ occasion de surtout mettre l’accent sur le fait que Van Acker reconnait qu’ il aurait fait respecter l’ ordre comme le fait le gouvernement. Les paroles de Van Acker à la Chambre font l’ objet de commentaires très sévères du côté des travailleurs, inutile de dire qu’elles sont très mal accueillies, mais ce n’est pas la première fois que ce social-réformiste fait de semblables déclarations.
Le gouvernement et la bourgeoisie ne répondent pas à la demande de compromis formulée par les dirigeants réformistes. En effet, il n’ est pas question pour la bourgeoisie de céder un pouce sur le terrain de la lutte des classes. Au contraire, le ton est bien donné par La Libre Belgique du 13 janvier 1961 qui demandera : «Maintenant que les forces de l’ordre ont pu être concentrées d’ avantage dans les régions les plus touchées par la grève, ne faudrait-il pas se montrer plus ferme envers les fameux piquets de grève, afin de mettre fin à l’écoeurant scandale de cette constante violation de la liberté du travail.» Dans les journées qui suivent, les forces de l’ ordre vont accentuer la répression contre les grévistes avec de plus en plus de violence.
-
C’était il y a tout juste 50 ans : le 9 janvier 1961, la détermination reste entière
Le 9 janvier est un lundi, le début de la quatrième semaine de la guerre des classes qu’est cette grève générale. Celle-ci va-t-elle s’ essouffler ou prendre de l’ ampleur ? La réponse ne va pas tarder. Très tôt le matin, les piquets de grève sont en mouvement, ceux-ci sont plus virulents que les jours précédents. De nombreuses concentrations massives ont lieu : 40.000 manifestants à La Louvière, 15.000 à Huy, 25.000 à Charleroi. A Gand, la manifestation est toujours aussi nombreuse avec de nouveau 12.000 participants.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
– 8 janvier
[/box]On apprend que le gouvernement a convoqué, à 4h30 durant la nuit, le comité ministériel de sécurité pour prendre des mesures d’ urgence en vue de prévenir toute action insurrectionnelle. En effet, les rapports reçus dans la nuit par les services de police et qui signalaient une série de sabotages en Wallonie ont brusquement fait craindre au gouvernement que l’insurrection ne soit entrée dans une phase active. L’ Etat bourgeois est sur ses gardes. Bien qu’il soit apparemment maître de la situation, il craint toujours une offensive prolétarienne spontanée.
Dans les régions rouges, des arrestations ont lieu ; une centaine à Mons, une trentaine à Charleroi, dans le but d’ entraver toute action insurrectionnelle et de démanteler les piquets de grèves. 3.000 soldats sont ramenés d’ Allemagne pour garder les endroits stratégiques afin de libérer les gendarmes de cette tâche en vue de concentrer et de mobiliser toutes les forces de répression pour faire face à d’ éventuelles actions insurrectionnelles de masse.
A Mons, la manifestation se déroule très nerveusement devant les bureaux des PTT occupés par l’armée. Une petite délégation des JGS de Charleroi se rend sur place, ils portent des calicots avec «contrôle ouvriers – JGS» et «les usines aux ouvriers – JGS» Sur la façade du bâtiment, un calicot («occupation militaire défense d’entrer, sinon on tire») a le don d’exciter les grévistes pour qu’ils tentent d’ en prendre le contrôle. Des gendarmes tentent de disperser des grévistes à l’ aide de grenades lacrymogènes, sans succès. L’armée tire alors en l’air pour empêcher les manifestants d’ entrer. Dans les régions où des manifestations ont lieu, des incidents éclatent à la vue des gendarmes, les travailleurs n’oublient pas que du côté des grévistes, il y a eu des morts et de nombreux blessés à Liège.
A La Louvière, la foule des manifestants est évaluée à 40.000 grévistes. Deux délégations de grévistes flamands se trouvent au premier rang de la manifestation. La présence de ces camarades Anversois et Gantois venus confirmer leur solidarité avec leurs camarades wallons est très significative de la volonté de lutte des travailleurs flamands. Le meeting prévu par L’Action Commune Socialiste se déroule dans un tel enthousiasme et une telle ambiance de lutte que l’on se demande si l’on en était bien dans la quatrième semaine de grève générale.
André Renard prend la parole en disant : «Pas de compromis sur la Loi Unique» et envisage à nouveau, cela devient une rengaine, l’abandon de l’ outil. En terminant son discours, il pose une question à la foule de grévistes qui sont dans leur 21ième jour de grève : «Et si c’ était à refaire, le referiez-vous ?» Par un immense «oui», la foule répond comme un seul homme. Les grévistes scandent à nouveau : « A Bruxelles ! », « A Bruxelles ! » mais, là pas plus qu’ailleurs, ils ne reçoivent aucune réponse positive de leurs dirigeants.
C’est à Charleroi que le rassemblement est le plus mouvementé, 25.000 grévistes sont réunis ce 9 janvier au Stade du Sporting, où se tient le meeting. Arthur Gailly, président régional de la FGTB, se fait copieusement huer par la foule de grévistes, qui attend des mots d’ordre d’ action. Et qui scande avec insistance : « Renard, Renard ! » Le journal « Le Peuple » du mardi 10 janvier 1961 rapporte qu’ un grand calicot portant l’ inscription :«Nous voulons Renard à Charleroi» avait été déployé par des travailleurs.
Il faut rappeler que Charleroi est le seul arrondissement industriel wallon où André Renard n’ a pas été invité à venir prendre la parole pendant la grève générale, et ce malgré la volonté exprimée à plusieurs reprises par d’ importantes sections professionnelles comme le SETCA et la CGSP. L’opposition entre les dirigeants des deux tendances wallonnes, Arthur Gailly et André Renard, a vite pris un aspect spectaculaire lorsque la grève générale a éclaté. Il s’ agissait de part et d’ autre d’une question de prestige, ce qui a dicté à Arthur Gailly son opposition à la venue d’ André Renard à Charleroi.
Mais en fait, il ne s’ agissait pas que d’ une question de prestige personnel. En effet, il y a eu en Wallonie deux stratégies opposées : ceux qui, comme Arthur Gailly, voulaient préserver l’unité nationale dans le cadre de l’ Action Commune Socialiste en n’ allant pas au-delà du retrait de la Loi Unique et ceux qui, comme André Renard, se sont isolés au sein de la FGTB nationale. L’introduction du fédéralisme dans les objectifs de la grève générale a brusqué les évènements. Les représentants de la tendance d’ Arthur Gailly n’ y sont pas hostiles au départ, mais ils veulent éviter que cette revendication, mise en avant en pleine grève générale, ne donne l’ impression aux grévistes flamands qu’ils se séparent d’ eux.
Il y a aussi un autre aspect qu’il ne faut pas négliger, c’ est qu’à Charleroi on sait que A. Gailly et les représentants des métallurgistes ont plutôt freiné l’action des grévistes qu’ils ne l’ont stimulée. Gailly s’ est aussi toujours opposé à la venue de Renard. Beaucoup de grévistes attribuent sa modération pendant le conflit au fait qu’il cumulait les mandants politiques et syndicaux et qu’il était plus soumis à la discipline du PSB qu’à celle de la FGTB Wallonne.
Pour beaucoup de grévistes de la base, les divergences de stratégie entre l’aile gauche et l’aile droite au sein du mouvement syndical FGTB ne sont certainement pas perçues avec toutes les implications qu’elles comportent. Toute l’énergie de ceux-ci est alors surtout engagée dans une lutte difficile et pénible. Pour beaucoup de travailleurs, A. Renard symbolise l’ aile gauche de l’ appareil de la FGTB nationale, tandis que A. Gailly représente l’ aile droite. Dans un conflit aussi important et aussi dur, il est tout à fait naturel pour la grande masse de la classe ouvrière de s’ appuyer ou de s’accrocher sur ce qu’il y a de plus à gauche dans la lutte.
D’ailleurs, les grévistes sont pleinement conscients que certains réformistes de droite comme Louis Major, le président national de la FGTB, Smets et Gailly se contentent de canaliser le mouvement sans en favoriser l’extension. Ils attendent que le mouvement perde de sa force et de sa vitesse, ils freinent l’élan de lutte des grévistes autant qu’ils le peuvent. Mais il n’est pas seulement question de rivalités personnelles. Si André Renard est interdit à Anvers et à Charleroi, c’est surtout que sa venue risque de donner une nouvelle impulsion à la grève générale.
Au rassemblement, Gailly se fait à nouveau huer, siffler mais, imperturbable, il continue son exposé où il fait le procès de la Loi Unique. Il est encore interrompu, cette fois par un groupe de militants JGS qui scande avec conviction : « A Bruxelles, à Bruxelles ! », ce qui est repris énergiquement par la foule des grévistes, avec une puissance immense qui fait trembler tout le stade du pays noir. Ignorant complètement la volonté des grévistes et comme s’ il était devenu sourd, A. Gailly continue de parler. A un certain moment, les grévistes perdent patience, ils ne veulent plus écouter l’orateur et sa rengaine contre la Loi Unique, qu’ils connaissent d’ ailleurs par cœur ; ils veulent de l’ action tout de suite.
Devant les 25.000 grévistes réunis au sporting de Charleroi, Gailly affirme «jamais de ma carrière de militant syndical, je n’ ai connu une grève aussi complète et aussi réussie que celle-ci. C’est une bataille de classe qui s’ est engagée.» Mais ce n’ est pas parce qu’à la fin de son discours la foule réclame la marche sur Bruxelles qu’il va répondre à cette demande, qui pourtant fait l’ unanimité parmi les grévistes. A défaut de recevoir des dirigeants de la FGTB des mots d’ordre d’ action, ceux-ci, excédés, décident de quitter le stade en scandant à nouveau « A Bruxelles, à Bruxelles ! » et entonnent en sortant une vibrante Internationale. A la sortie, des travailleurs et le groupe des JGS discutent et manifestent leur mécontentement envers les bureaucrates syndicaux de la FGTB qui refusent le combat. Les JGS scandent : «Dussart avec nous, Dussart avec nous». Une fois sorti du stade, Dussart rejoint le groupe de militants JGS qui l’attendait. Ensemble, ils prennent la tête de la manifestation spontanée, suivis par au moins 10.000 travailleurs.
Celle-ci n’ avait pourtant pas été prévue par la FGTB régionale. C’est dans un climat de frustration et de colère que les grévistes défilent, brisant les vitres des journaux de « La Nouvelle Gazette » et du « Rappel » – ce dernier étant soupçonné d’ avoir fourni à la police des photos de grévistes en pleine action. Aux journaux catholique et libéral, à « Notre Maison », siège de la CSC, aux bureaux des Verreries, les vitres volent également en éclats. Le cortège se termine devant les portes de la prison de Charleroi, où les manifestants réclament la libération des grévistes en scandant : «Libérez les grévistes», «Libérez les grévistes». Les manifestants n’ obtiennent évidemment pas satisfaction et brisent les vitres de la prison. Selon « Le Drapeau Rouge », plus de deux mille grévistes sont alors emprisonnés dans l’ ensemble du pays.
Pendant que se déroulent de grandes manifestations, le gouvernement continue et accentue sa pression contre les grévistes des services publics. Les menaces du gouvernement sont très lourdes de conséquences. Dans une partie de la Flandre, dans les régions moins industrialisées et dans le Brabant, il y a une tendance à la reprise. Le gouvernement décide de prendre des mesures disciplinaires contre les enseignants en grève. Pourtant, la grève générale reste solide dans les bastions comme à Liège, Charleroi, dans le Centre, le Borinage, à Gand et à Anvers, ravivée par les impressionnantes et imposantes manifestations qui se sont déroulées ce lundi, signe que la classe ouvrière dans son ensemble ne faillit pas, mais au contraire reste largement mobilisée et prête au combat d’affrontement généralisé.
Pour la première fois, le PSB désavoue publiquement et catégoriquement les actes de violences qui ont surgi pendant les dernières manifestations, accédant ainsi à un désir de la droite réactionnaire qui voyait dans cette condamnation un préambule indispensable à toute reprise de négociations.
Les nouvelles mesures de répression policières prises par le gouvernement, l’ accentuation des arrestations, mettent virtuellement le pays en état de siège. La police en civil prête main forte à la gendarmerie. Autant le PSB est rapide pour désavouer publiquement les actes de violence qui ont surgi pendant les dernières manifestations, autant concernant les actes d’ agressions caractérisées contre les grévistes de la part de la gendarmerie et de la BSR, c’est le silence le plus total. Aucune protestation non plus de la part du PSB face aux 243 grévistes arrêtés à Mons et à Charleroi. Ces mesures répressives et d’ arrestations du gouvernement sont une machination, pour tenter de démanteler les piquets.
D’autres mesures gouvernementales sont prises d’ urgence contre la vague croissante d’actes de sabotages. Pour la manifestation de La Louvière et la venue d’ André Renard, plusieurs autopompes, plusieurs mitrailleuses et plusieurs bulldozers ainsi que plus de 600 gendarmes en tenue de combat sont sur les lieux.
A Huy, jamais on n’ avait connu une telle concentration de masse. L’ agence Belga annonce qu’il y a eu 113 arrestations uniquement à Liège. Dans la nuit de dimanche à lundi, à Gilly, plusieurs rues ont été dépavées et un arbre a été mis en travers de la route rue des Aises. Deux arrestations sont opérées par la BSR à l’ issue d’ une bagarre. A Mons, certains bâtiments publics occupés par l’armée sont pourvus de panneaux avertissant le public : «toute manifestation hostile provoquerait une sanglante répression – on va tirer»
-
C’était il y a tout juste 50 ans: le 3 janvier 1961, André Renard se prononce contre la Marche sur Bruxelles
Le journal de Charleroi titre ce 3 janvier 1961 : «La grève s’ est encore étendue dans certaines régions flamandes.» C’est un démenti concret face aux idées fédéralistes de Renard et du PSB. Ce mardi 3 janvier, la Chambre reprend ses travaux, les députés doivent continuer l’ examen de la Loi Unique. Pendant ce temps, d’importantes manifestations de masse ont lieu avec succès dans toutes les régions du pays.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
[/box]
Le quotidien Le Peuple titre : «200.000 manifestants sont descendus dans la rue.» Des manifestations sont organisées à Anvers où, une nouvelle fois, des incidents violents éclatent entre grévistes et gendarmes qui cherchent la provocation, à Gand, à Grammont, à Bruges, à Ninove, à Tournai, à Nivelle, à Namur, à Waremme, à Mons où les locaux d’ un journal chrétien sont mis à sac, à Bruxelles, à Charleroi et dans toute la région Liégeoise. Les incidents d’Anvers font une vingtaine de blessés.
Les journaux sont unanimes pour affirmer, comme le journal « Le Soir », que les : «manifestants sont nettement plus nombreux que les jours précédents.» Il est clair pour tout le monde que l’ampleur du mouvement ne laisse encore aucune possibilité aux dirigeants socialistes pour tenter un compromis. Lors de ces manifestations, des bagarres éclatent en plusieurs endroits, surtout entre des groupes de jeunes manifestants et les gendarmes à cheval qui chargent une nouvelle fois les grévistes sabre au clair, en faisant de nombreux blessés.
Pendant ce temps, les parlementaires socialistes et communistes n’ont aucune intention d’abandonner le Parlement. Celui-ci, y compris pour les députés wallons, doit se révéler une excellente planche de salut au cas où la situation s’ aggraverait encore davantage. Des rumeurs persistantes courent selon lesquelles Louis Major, le secrétaire général de la FGTB, aurait pris contact avec les dirigeants chrétiens pour tenter de trouver un terrain de négociations, rumeurs que Major dément.
Dans la région liégeoise, les grévistes répondent avec enthousiasme à l’ appel de leurs dirigeants, mais ceux-ci ont bien pris soin de les disperser. Ils sont 10.000 à Liège, 800 à Herstal, 15.000 à Yvoz–Ramet, 8.000 à Grivegnée, 3.000 à Fléron, 5.000 à Grâce-Berleur, 1.000 à Nessonvaux, 3.000 à Comblain, 5.000 à Waremme. Ils sont plus de 50.000 à manifester dans la région.
Ce jour-là, André Renard prend la parole à plusieurs endroits. Parlant aux grévistes d’Yvoz-Ramet, il se voit réclamer de toutes parts la marche sur Bruxelles. Brutalement, il s’ y oppose et met tout le poids de son crédit de réformiste de gauche dans la balance. Il déclare : «A Bruxelles, et après ? Il faut penser qu’il y a certains moyens qu’on n’ utilise pas deux fois.» A Grivegnée, Renard précise : «Nous n’ irons pas à Bruxelles. Nous ne voulons pas de morts sur les routes : la dernière fois nous étions 40.000 pour marcher sur Bruxelles. Cette fois, si nous n’ étions pas 50.000, ce serait un échec.»
C’ est à Yvoz-Ramet qu’André Renard prend très nettement position pour la revendication du fédéralisme, d’après l’édition du journal Le Soir du 4 janvier 1961, il déclare en introduction : «Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple. On veut punir les Wallons parce qu’ils sont socialistes.»
Et comme il faut bien soigner son image, comme il faut bien se montrer ferme pour ne pas décevoir complètement les grévistes, Renard radicalise alors son discours en disant (toujours selon « Le Soir ») : «Vous n’ avez jusqu’à présent donné aucun signe de lassitude, mais le moment est venu de faire plus encore. Nous avons pensé à utiliser l’ arme ultime et, pour ce faire, nous avons pris toutes nos responsabilités. Je vous annonce que le comité de grève a pris la décision de principe d’ abandonner l’ outil (vibrantes ovations). Nous sommes conscients de ce que cela représente, mais nous le voulons. L’ ordre en sera donné en temps voulu. Nous n’ accepterons pas de mettre un genou à terre. Notre cause est juste, nous voulons la gagner.» Et Renard s’ écrie : «Êtes-vous pour l’abandon de l’ outil ?» Un immense «oui» monte de la foule. «Le comité des grèves» dont Renard parle n’est autre chose que le comité de coordination des bureaucrates syndicaux wallons, sans qu’aucune représentation de la base ne soit présente en son sein.
Mais, dans la soirée de ce même mardi 3 janvier, une auto disposant d’un puissant haut-parleur de la FGTB de Liège diffuse dans les rues d’ Ougrée et de Seraing un appel aux ouvriers en vue de maintenir l’ entretien des hauts fourneaux. Renard menacera jusqu’au bout d’ abandonner l’ outil, mais il se gardera bien de mettre sa menace à exécution. Le fait que la FGTB de Liège, « fief » de Renard, ait lancé des directives en contradiction avec son discours démontre complètement la manoeuvre bureaucratique : aux ouvriers qui veulent marcher sur Bruxelles, Renard oppose l’abandon de l’outil ; aux patrons des hauts fourneaux, il assure qu’ il n’a nullement l’intention de passer aux actes.
La tendance fédéraliste s’affirme petit à petit au sein des organisations syndicales en grève ; des affiches et des drapeaux avec le coq wallon font leur apparition, mais l’immense majorité des travailleurs wallons, flamands et bruxellois ne sont évidemment pas d’accord avec cette orientation fédéraliste qui est l’oeuvre exclusive de la tendance Renard. Les travailleurs n’ ont d’ ailleurs pas été consultés sur cette nouvelle orientation et, en plus, ils n’ont donné aucun mandat en ce sens.
La lutte qui s’ était progressivement dirigée contre le régime capitaliste lui-même est remplacée, par les partisans du fédéralisme, par la lutte contre l’Etat unitaire mais sans toucher aux fondements du capitalisme afin de trouver une issue honorable. Le journal La Cité du 9 janvier 1961 ne s’ y trompera pas en disant : «Les leaders de la grève doivent renoncer à l’épreuve de force et chercher une porte de sortie honorable.» Il est certain que les leaders du mouvement de grève, bien qu’ayant cherché une sortie honorable, n’ont par contre jamais envisagé une seule minute la moindre épreuve de force.
Les travailleurs considèrent cette proposition de fédéralisme comme une déviation de la grève générale et comme une fuite en avant. Les travailleurs flamands et Bruxellois ne peuvent voir cette évolution que d’ un fort mauvais oeil. Cette confusion voulue par Renard et par la quasi totalité de l’ appareil de la FGTB wallonne met les grévistes mal à l’ aise ; ils voient dans cette orientation une démobilisation, une rupture de l’ unité de front entre les travailleurs flamands, bruxellois et wallons.
Quant au Parti Communiste, il manifeste également son désaccord en demandant aux travailleurs de «repousser toute tentative de fixer des objectifs autres que celui de la grève», c’ est à dire le retrait pur et simple de la Loi Unique. Le communiqué du PC «regrette que certains chefs syndicaux se soient tus quand aux formes que devait prendre le combat dans les prochains jours.» Mais le PC, en tant que parti politique, ne donnera pas non plus de mot d’ ordre de combat, restant sourd, tout comme les dirigeants socialistes, à la revendication très populaire de la Marche sur Bruxelles.
Comme consigne, ce 3 janvier, le journal du Parti Communiste, Le drapeau rouge, titre : «Les députés PSC et libéraux discréditent la démocratie en ne tenant pas compte de la volonté des travailleurs. Il faut organiser au plus tôt une journée de délégations ouvrières massives au parlement pour obtenir le retrait pur et simple de la loi unique». Pour les staliniens, il ne s’ agit pas de lancer le mot d’ ordre de la marche sur Bruxelles, mais simplement d’ envoyer des «délégations au Parlement» ce qui n’ est évidemment pas la même chose. Toujours et partout, les bureaucrates réformistes et staliniens expliquent aux masses ouvrières que la lutte révolutionnaire est impossible, avec des arguments semblables à ceux utilisés par Renard. Mais tous ces bureaucrates, y compris Renard et Major, sont effrayés par les implications révolutionnaires de la grève générale.
Lors des journées précédentes, les soldats et les gendarmes supplétifs avaient de la sympathie pour le mouvement de grève générale. Des soldats avaient d’ ailleurs fait savoir qu’ils n’ avaient pas de balles, certains gendarmes supplétifs avaient prêté leurs bons offices pour rétablir des liaisons entre les piquets de grève. Dans le conflit de 1950, il y avait eu une désagrégation de l’appareil répressif de l’ Etat bourgeois. Qu’aurait bien pu faire Eyskens dans pareille situation avec ses 18.000 gendarmes face à la montée de milliers et de milliers de grévistes sur Bruxelles ? Certes, il y aurait eu des affrontements mais, finalement, les travailleurs auraient certainement eu le dessus. Et alors aurait été posée la question du pouvoir. Si on considère que l’ armée et la gendarmerie se trouvera du côté de la bourgeoisie dans toutes les situations, alors il faut renoncer non seulement à la grève générale mais aussi au socialisme. Car, dans ces conditions, le régime capitaliste est éternel et il faut alors renoncer définitivement à toute lutte.
-
C’était il y a tout juste 50 ans: le 2 janvier 1961
De nombreuses et nerveuses manifestations se déroulent dans le pays. A Bruxelles, une manifesta-tion spontanée se déroule suite à la mort de François Van der Trappen. Sur certains murs de la capi-tale, on peut lire des chaulages qui disent : « Le 3 au Parlement. » Les manifestants se rendent face à la Sabena, les grévistes enfoncent le cordon de gendarmes et brisent les vitrines. Les autopompes actionnent leurs canons à eau. A Charleroi, après la manifestation, il y a 14 arrestations pour faits de grève. En Flandre, on assiste ce lundi matin à une nette extension de la grève générale, surtout dans le secteur privé et notamment à Malines, Rupel, Saint-Nicolas et Dixmude.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
[/box]
La droite de la FGT B nationale est impuissante à stopper le mouvement de grève spontanée en Flandre. Comme l’avait dit Louis Major le 22 décembre à la Chambre : «personne ne peut plus aujourd’hui arrêter le mouvement.»
Mais les travailleurs attendent toujours, sans succès, des mots d’ordre autres que ceux de battre le pavé à longueur de journée, des mots d’ordre qui ne viendront pas.
Les sociaux-démocrates du PSB en appellent au roi. Le quotidien social-démocrate Le Peuple publie aujourd’hui: «Les milieux syndicaux et patronaux, comme les partis politiques, devraient avoir des assurances qu’ils n’ont pas, au sujet de la manière dont le chef de l’Etat, tenu dans l’ignorance jusqu’ à son retour, a été informé de la situation réelle par des ministres qui font tout pour cacher au pays l’élémentaire vérité au sujet de la redoutable crise qu’il traverse.» Comme à son habitude, le PC suit son grand frère du PSB, et leur journal, le Drapeau Rouge commente : «Il serait temps, en effet, que le chef de l’Etat se rende exactement compte de la situation et qu’il mette fin, on ne peut plus rapidement, à l’activité désastreuse du gouvernement Eyskens.» Comme en réponse à ces appels désespérés au Roi, les travailleurs à Mons, à Charleroi, à Liège et ailleurs crient : « Vive la République ! »
Face aux dangers que représente le mouvement de grève générale, qui n’en finit plus de paralyser le pays et qui finalement risque d’échapper au contrôle des appareils réformistes, le PSB décide d’introduire dans le conflit une revendication réalisable à long terme. C’est ainsi que les fédérations wallonnes du PSB se réunissent à Namur et jettent dans le conflit une nouvelle revendication : le fédéralisme.
On constate ainsi que les objectifs de la grève générale évoluent. Du côté syndical, la FGTB est toujours opposée à la Loi Unique, mais elle ne donne pas de mot d’ordre autre que des manifesta-tions accompagnées de slogans portant sur le retrait de la Loi Unique mais, surtout, appelant au «calme, ordre, discipline.» Le mot d’ordre de marche sur Bruxelles, réclamé à plusieurs reprise avec force par les grévistes, est complètement ignoré par les appareils de la FGTB wallonne. On signale un peu partout des mouvements de troupes vers Bruxelles. Le gouvernement craint la marche.
Le Peuple informe aussi que les institutrices de la localité de Gilly se sont mises à la disposition du Comité de grève local. De tels faits sont fréquents depuis le début de la grève. Les professeurs et les intellectuels ne craignent pas de se mêler aux ouvriers et de contribuer aux tâches quotidiennes de l’organisation de la grève générale, comme tout le monde. D’une manière générale, ces faits mon-trent l’immense audience que la grève générale a sur l’ensemble de la population. Le constat le plus remarquable de ces journées est la façon dont les couches les plus politisées des classes moyennes soutiennent le mouvement de grève générale. La petite bourgeoisie comprend fort bien que la Loi Unique les touche également, on notera à ce sujet ce que dit L’Echo de la Bourse du 1ier janvier 1961 : «D’étranges dispositions financières que rien ne justifie, si ce n’ est – chez leurs inspira-teurs – le désir de poser le premier jalon pour l’ instauration d’une fiscalité atroce, propre à provo-quer en Belgique le laminage de la classe moyenne et la disparition des travailleurs indépen-dants.» Nombreux sont ceux dans la petite bourgeoisie qui comprennent qu’il leur faut, pour survivre, se ranger du côté du prolétariat qui se bat contre leur ennemi commun, et qui est seul ca-pable de leur résister. Petits commerçants, artisans, cafetiers, boulangers, petits rentiers, toutes ces catégories se sont montrées disciplinées et respectueuses des consignes données par les comités de grève, aux réunions desquels il arrive parfois que l’un de leurs représentants participe.
Cette situation d’appui de la petite bourgeoisie des villes est très importante pour le succès final du mouvement. Mais les organisations syndicales et politiques dissimulent la véritable nature de classe de cette alliance derrière la phraséologie démocratique. La grève générale, ce n’est pas pour elles l’alliance du prolétariat et de la petite bourgeoisie contre le grand capital, c’est le soulèvement du peuple contre la Loi Unique ainsi que contre le gouvernement Eyskens. Les espoirs des directions ouvrières réformistes vont alors tout naturellement vers une résolution du conflit par voies parle-mentaires d’alliance avec le PSC. Ces bureaucrates prétendent nier les dures nécessités de la lutte de classe. L’audience que la grève générale exerce sur le reste de la population est significative des possibilités offertes au prolétariat en lutte pour atteindre son objectif final.
L’objectif historique de la grève générale belge est de porter un coup mortel aux institutions bour-geoises et au système capitaliste, et de les détruire. Tel est le sens réel de la volonté, spontanément affirmée à plusieurs reprises par les travailleurs, de marcher sur Bruxelles. Le but des dirigeants ré-formistes et staliniens n’est pas d’attaquer la grande bourgeoisie des banques et des monopoles en la personne du premier ministre Eyskens mais, au contraire, d’attaquer personnellement Eyskens, accusé de s’entêter et de ne pas respecter la «démocratie» afin d’éviter que les coups des travailleurs ne se dirigent contre la bourgeoisie en tant que classe. Leur but, c’est le renversement d’Eyskens sur le plan parlementaire.
Cette tactique des directions ouvrières trouve une expression fidèle dans le numéro de janvier de la revue «Socialisme», revue théorique du PSB ou René Evalenko, analysant les raisons du succès de 1950 par rapport à celle de l’échec de 1960 écrit : «Un deuxième facteur est qu’en 1950, les so-cialistes avaient trouvé un appui dans la bourgeoisie libérale. (…). Il n’en était plus de même ici, car l’action des travailleurs avait nettement pris l’aspect de la lutte des classes.» Comme si ; en 1950, avec le début de l’organisation de la marche sur Bruxelles, ce n’était pas la lutte des classes !
Déjà à cette époque, le mouvement de grèves avait eu sur la petite bourgeoisie libérale une attraction importante et qui s’est confirmée dans la grève générale de 1960, comme nous venons de le voir avec l’appui de la petite bourgeoisie des villes. Avec ce genre d’écrits nous devons constater qu’il n’y a pas que les journaux de droite qui lancent des informations mensongères ; certains intellectuels de gauche veulent cacher et nier les alliances entre la petite bourgeoisie et le prolétariat.
-
C’était il y a tout juste 50 ans: le 30 décembre 1960
45.000 personnes manifestent à Charleroi dans une atmosphère enfiévrée, 10.000 à Mons, 10.000 à Verviers, 8.000 à Jemeppe et 8.000 à Bruxelles. Des incidents, des violences, des actes de sabotage sont signalés dans les régions où la grève générale est totale. A Bruxelles il y a des incidents sanglants. Un ouvrier chômeur qui pourtant ne manifestait pas, François Vandertrappen, est tué d’une balle de revolver tirée à bout portant par un jeune provocateur qui prétextera avoir voulu défendre un gendarme.
Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la ”Grève du Siècle”, sont basés sur le livre de Gustave Dache ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
– – Rubrique "60-61" de ce site
– 21 décembre
[/box]
La grande question reste posée aujourd’hui encore : pourquoi ce jeune passant était-il armé d’ un pistolet pour se rendre sur les lieux de la manifestation ? La Cour d’ Appel de Bruxelles l’ a par la suite acquitté.
Cette nouvelle dramatique accentue encore la colère et la révolte ouvrière. Avant cette manifestation, H.Brouhon, un député socialiste, avait pris la parole à la Maison du Peuple. Il s’est fait huer pour avoir annoncé la décision de l’ Action Commune de Bruxelles de ne plus organiser de manifestations avant le mercredi 4 janvier.
A Charleroi, les 45.000 grévistes chantent la Marseillaise. Pourquoi la Marseillaise? Parce que dans le refrain de ce chant révolutionnaire, il est dit : «Aux armes les citoyens, formez vos bataillons», ce qui est repris en cœur par toute la masse des grévistes, exprimant ainsi on ne peut plus clairement sa volonté d’ affronter, les armes à la main, l’ Etat bourgeois. Les travailleurs scandent aussi : «Vive la République» et l’ écrasante masse ouvrière réclame encore à plusieurs reprises la : «Marche sur Bruxelles.» Ce même slogan est repris et réclamé par les manifestants de Liège et de Verviers.
A Mons et dans le Borinage, la circulation est rendue difficile à cause des barricades établies sur les routes et des nombreux dépavages de rues. Partout, de nombreux accrochages sont signalés entre gendarmes et grévistes. Les forces de l’ordre sèment le désordre là où elles passent et sur les piquets de grève, c’ est la bagarre. La grève générale gagne encore du terrain, c’ est ainsi que les régionales FGTB de Renaix, Alost et Turnhout décrètent la grève générale. La répression s’ aggrave encore, l’action des gendarmes se fait plus violente, mais la pression des travailleurs sur leurs dirigeants est de plus en plus forte. Ceux-ci ne veulent plus et ont de plus en plus de mal à diriger des manifestations qui se déroulent avec plus de violence que les jours précédents.
Il faut signaler le rôle d’ avant-garde joué à Bruxelles, à Liège et à Charleroi par les jeunes travailleurs organisés politiquement dans les «Jeunes Gardes Socialistes», les JGS. Les Jeunes Gardes sont pratiquement la seule force qui ait tenté d’ avoir une action nationale coordonnée, qui ait compris le sens réel de la lutte qui se développait dans les journées de cette grève générale de l’ hiver 60/61’ et qui ait tenté d’ entraîner les jeunes travailleurs au-delà des bornes fixées par les directions ouvrières. Pour la plupart, les JGS se réunissaient chaque jour pour prendre des décisions concernant la marche à suivre.
Malheureusement, la faiblesse et l’ encadrement des Jeunes Gardes leur interdisaient de prendre la direction des manifestations. Toutefois, les JGS de Charleroi ont encore pris d’ autres initiatives d’action par la suite. Voici en quels termes Gilbert Clajot, secrétaire national JGS, relate l’activité de ces jeunes : «Ces jeunes étaient rarement organisés avant la grève. Syndiqués, oui. Au cours des grèves, ils éprouvèrent le besoin de se regrouper entre jeunes. D’ où, d’ une part, un certain regroupement autour des organisations de jeunesse combatives. Selon les régions, les moments : JGS, JC, Jeunesses Syndicales. D’ autre part, on vit des regroupements professionnels et locaux… On vit apparaitre, dans certaines régions, des Comités d’ actions des jeunes grévistes.»
De façon générale, les jeunes ont joué un rôle important. A Liège et à Bruxelles, à Charleroi et à Anvers, fréquemment, les gendarmes chargeant la masse se retrouvaient assaillis eux-même par des jeunes travailleurs armés de seaux et de bâtons, de pavés et de poteaux, contre une police super-armée.