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  • Vers une recomposition du paysage politique en 2019

    Photo de Liesbeth

    Les résultats du sondage Dedicated Research, réalisé du 23 au 27 juin, ont été accueillis avec enthousiasme par de nombreux travailleurs et jeunes, y compris au camp d’été d’EGA et du PSL début juillet. Selon ce sondage, le PTB deviendrait le plus grand parti de Wallonie, progresserait fortement à Bruxelles et franchirait le seuil électoral en Flandre. Le PTB/PVDA deviendrait le plus grand groupe au Parlement fédéral avec 26 sièges, à pied d’égalité avec la N-VA. Cette recomposition du paysage politique pourra enflammer le parlement, orienter les débats politiques dans une direction différente et faire entendre la voix du mouvement des travailleurs bien au-delà du parlement.

    Par Eric Byl, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Ce n’était pas l’intention du MR quand il a commandé ce sondage. Il voulait mesurer l’impact électoral des scandales autour de Publifin et Samusocial, en espérant qu’il serait particulièrement mauvais pour le PS. C’est le cas, il plonge à 16%, la moitié de son résultat déjà médiocre de 2014. Mais ce n’est ni le MR (-2,6%) ni le CDH (-4,2%), dans les scandales jusqu’au cou, qui en bénéficient. Ecolo (+ 3,1%) et Défi vont de l’avant, mais c’est surtout le PTB et ses parlementaires au salaire d’un travailleur qui confirme et renforce la percée observée dans les sondages antérieurs.

    La fin de la stabilité

    Nous voyons ici encore que la conscience est habituellement en retard sur la réalité, qui ne progresse pas de manière linéaire mais par chocs, que l’histoire n’est pas le produit de l’évolution mais de la révolution en d’autres termes. L’époque où il était possible de masquer les contradictions de classe sur base de la croissance d’après-guerre est déjà loin. À cette époque, le parti interclassiste CVP pouvait encore se présenter comme l’architecte de la reconstruction, mais c’est devenu intenable au début des crises économiques en 1974-75 et cela explique les divisions politiques en Flandre. A la même période, la social-démocratie revendiquait la paternité de l’État-providence.

    Pendant longtemps, le PS semblait immunisé à la crise internationale de la social-démocratie. Il pouvait compter sur un réservoir de travailleurs combatifs qui étaient envoyés vers le PS par les dirigeants syndicaux et, en même temps, se profiler dans les gouvernements de coalition comme une opposition interne à la majorité flamande de droite. Il n’a pas été puni pour le clientélisme et l’enrichissement personnel, jusqu’à ce que Di Rupo dirige un gouvernement austéritaire et que le PTB, avec ses premiers élus, fournisse une alternative électorale à gauche.

    Ce sondage gêne également l’illusion développée par les dirigeants syndicaux selon laquelle le gouvernement Michel I serait presque automatiquement électoralement punis en 2019, après quoi la situation se ‘‘normaliserait’’ avec un gouvernement de centre-gauche. Au lieu de s’appuyer sur la force du mouvement des travailleurs, ils ont placé tous leurs espoirs dans leurs partenaires politiques traditionnels. Mais la N-VA prospère justement sur les frustrations créées par sa casse sociale. La repousser exige une force qui repose sur le mouvement unifié des travailleurs. Avec sa percée électorale, le PTB peut jouer un rôle important dans les deux régions du pays.

    Que Lutgen attendait son moment pour envoyer le cdH vers la droite, ce n’était pas vraiment une surprise. Le PS lui a offert cette opportunité sur un plateau d’argent. Avec la formation d’une majorité alternative de centre-droit en Wallonie, la reconduction du centre-droite au niveau fédéral est également plus palpable. C’est en soi une petite révolution que Michel ne doit pas à ses propres forces, mais à la faiblesse de l’opposition politique et sociale.

    Percée du PTB

    Mais, avec la progression du PTB, cette révolution est immédiatement éclipsée par une plus grande encore. Michel peut s’imaginer être premier ministre, peut prétendre que lui et son gouvernement ont créé des emplois et peut parler d’un printemps économique, tout cela est très fragile. La grande majorité de la population ne remarque rien, ou si peu, et croit que le gouvernement sert les riches et les classes moyennes supérieures. Le gouvernement a reporté l’équilibre budgétaire, mais il nous fera encore subir des économies considérables et une ‘‘réforme fiscale’’ favorable aux entreprises. Si à cela s’ajoute une nouvelle crise financière internationale, le ralentissement de la croissance européenne et, par conséquent, la baisse des exportations, ou encore une augmentation des taux d’intérêt sur la dette publique, cela causera des problèmes et le PTB pourrait encore accroitre son score électoral.

    Que le PTB mette en garde contre des attentes excessives est compréhensible. Mais une chance telle que celle-ci se présente rarement et si le PTB ne fait aucun effort pour la maximiser, l’élan peut passer. Les formules les plus réussies à l’étranger sont celles qui ont reposé sur des actions concrètes : Podemos en Espagne avec les Indignados, Sanders avec Occupy, Corbyn et Mélenchon avec des manifestations et meetings de masse. Ils ont généralement dû lutter contre la résistance des dirigeants syndicaux conservateurs qui ont soutenu Clinton, le PSOE espagnol et les adversaire de droite de Corbyn. Ce ne sera pas différent en Belgique.

    Chacun d’entre eux a opté, non pas sans opposition, pour une approche inclusive. La France Insoumise de Mélenchon a mis en place des groupes de soutien dans tout le pays, Podemos a participé à des listes de convergence de gauche aux élections locales, etc. Une approche tout aussi axée sur l’action et inclusive aidera le PTB à maximiser le potentiel présent. Le PSL a d’ailleurs soumis par écrit une proposition au PTB pour voir comment nous pouvons y aider, y compris en offrant des candidats au PTB pour les élections communales de 2018.

    Vers des majorités progressistes ?

    Il est vrai que le PTB n’est pas encore en mesure de ‘‘former un gouvernement qui entrera en collision avec les principes actuels de concurrence et de déséquilibre’’ et qui ‘‘à cette fin demandera le soutien actif de la population’’, comme l’écrit Peter Mertens. Mais si le PTB confirme les résultats des sondages en octobre 2018, la question de majorités progressistes au niveau local peut être rapidement posée. Elles pourraient servir de levier en faveur de l’idée d’un gouvernement majoritaire de gauche, un gouvernement des travailleurs, d’abord au niveau régional.

    Cela exige que ces majorités locales précisent qu’elles ont l’ambition d’appliquer une politique fondamentalement différente. L’introduction immédiate d’une semaine de 30 heures sans perte de salaire pour tous les employés communaux avec embauches compensatoires, le remplacement des contrats précaires par des statuts de fonctionnaire ou au moins des contrats à durée indéterminée, un programme massif d’investissements publics pour plus de logements sociaux, de qualité et énergétiquement neutres, et entre-temps assurer l’accueil pour tous les sans-abris ou ceux qui vivent dans la pauvreté, etc. Cela et bien d’autres mesures concrètes pourraient poser les bases d’une mobilisation massive de la population.

    Le PTB et les majorités progressistes entreront en collision avec la crise financière dans laquelle les gouvernements régionaux et le fédéral maintiennent les communes. La mobilisation et l’organisation autour d’une lutte pour exiger plus de moyens seront nécessaires, ainsi qu’une préparation politique via des discussions ouvertes et démocratiques, mais aussi la défense et la popularisation d’un programme qui rend possible de parvenir à la victoire. Des propositions et mesures concrètes sont indispensables, mais également un projet pour ce qu’il conviendra de faire si l’establishment essaie de se nous étouffer, un projet qui ne peut être que celui du véritable socialisme démocratique car sinon ‘‘les marges pour changer la politique’’ n’existe pas.

  • France. Une première journée de mobilisation réussie qui en appelle d’autres

    Selon la CGT, ce n’est pas moins de 400.000 personnes qui ont manifesté hier en France contre la nouvelle “loi travail XXL” et la politique de Macron. Les mobilisations du 12 septembre ont dépassé celles de la première journée organisée contre la loi El Khomri de Valls-Hollande. Un beau tremplin pour la suite !

    Toujours aux dires de la CGT, plus de 200 manifestations ont été recensées, de même que plus de 4 000 appels a? l’action d’entreprises. A Paris, ce sont plus de 50.000 personnes qui ont défilé. Pour nos camarades de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière), c’était une “manifestation combative et déterminée à ne rien lâcher ! Le supplément spécial à l’Egalité que nous avions édité, avec comme slogan principal “IL FAUT UNE LUTTE DE MASSE DES JEUNES ET DES TRAVAILLEURS !” a été très bien reçu.”

    La CGT appelle à une nouvelle journée de mobilisation avec grèves le 21 septembre 2017, tandis que Mélenchon et la France insoumise (à laquelle la Gauche révolutionnaire participe) ont appelé à une manifestation nationale à Paris contre « le coup d’état social » de Macron le 23 septembre. En Belgique, c’est notamment le 10 octobre que s’exprimera la colère contre la nouvelle offensive antisociale de Michel et sa bande, autour de l’appel à la grève lancé par la CGSP. Ces luttes sociales pourront s’assister l’une l’autre par-delà la frontière.

    => En savoir plus “Contre la politique de Macron et sa nouvelle « loi travail »!”

    Quelques photos de la manifestation de Paris (Gauche Révolutionnaire)

    France. Première journée de mobilisation contre la "Loi travail XXL"

  • France. Tous en grève et manifestation le 12 septembre! Contre la politique de Macron et sa nouvelle « loi travail »!

    Contre la politique de Macron et sa nouvelle « loi travail »!

    Macron montre chaque jour qu’il est bien le président des riches. D’un côté, il décide la baisse des aides au logement (APL), l’augmentation des cotisations sur les salaires et les retraites (CSG), la suppression des aides pour les activités périscolaires et des contrats aidés,… les travailleurs, les pauvres et leurs familles n’ont qu’à se noyer dans la précarité. De l’autre côté, les plus riches vont profiter de la quasi-disparition de l’impôt sur la fortune : trois milliards d’euros de cadeau ! Cette politique là, on n’en veut pas, il faut la combattre tous ensemble !

    Tract de mobilisation de la Gauche révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    NE NOUS LAISSONS PAS FAIRE !

    Le 31 août, Macron et Pénicaud, la ministre-DRH, ont présenté la nouvelle loi « travail ». Facilitation des licenciements collectifs et individuels, limitations des indemnités de licenciement. Possibilité de modification du contrat de travail à tout moment et pas seulement sur la durée du travail, mais aussi désormais sur le salaire, la santé au travail, la « mobilité »… avec évidemment licenciement à la clef en cas de refus. Même la durée de la période d’essai ou le temps de pause pourront être modifiés… Dans le monde rêvé de Macron, on travaille 60 heures par semaine pour un Smic sans que les heures supp’ soient payées comme telles, et en CDD renouvelable infiniment, au bon vouloir du patron. Le seul but, c’est de permettre aux plus grands patrons de faire toujours plus de profits sur notre dos, et rien d’autre !

    C’est la même politique qui continue depuis des années et le résultat aujourd’hui c’est 6,6 millions de chômeurs. Le chômage ne baisse pas, puisque ceux qui ont un emploi travaillent plus tout en étant encore plus précarisés et appauvris. Cette deuxième loi « travail », que le gouvernement veut faire passer par ordonnances, sans vote au Parlement, est emblématique de toute une politique : c’est une régression sociale complète qui continue.

    TOUTES ET TOUS EN GRÈVE ET EN MANIFESTATION LE 12 SEPTEMBRE !

    Des syndicats – et notamment la CGT – ont appelé à une journée de grève mardi 12 septembre. Participons massivement à cette journée de lutte ! Partout où on peut, faire grève et appeler à la grève le plus massivement possible. Organisons des Assemblées générales où on pourra discuter et construire la mobilisation collectivement, pour que chacun et chacune puisse y prendre part. Partout on manque de personnel, c’est la dictature de minables petits chefs, le harcèlement, les salaires insuffisants : de tout cela, il y en a assez !

    Il faut une lutte réellement massive, où une majorité des travailleurs du public et du privé, des chômeurs, des jeunes, des retraités puisse être active. C’est cela qui va stopper Macron qui chute déjà dans les sondages.

    • Non à la loi « Travail » !
    • Un travail pour tous, pour la semaine de 32h !
    • Assez de précarité, aucun salaire sous 1500€ !
    • Des embauches en fonction des besoins !

    POUR UNE VRAIE GAUCHE DE LUTTE ET DE COMBAT

    La grève du 12 septembre doit être un début ! Il ne s’agit pas que de la loi « travail » mais bien de toute une politique : pendant que la majorité de la population subit la précarité et les inégalités, les plus grosses entreprises françaises ont fait plus de 51 milliards de bénéfices sur les six premiers mois de l’année (11 de plus que l’année dernière sur la même période). Le projet de Macron c’est de donner aux multinationales et aux super riches ce qu’il reste de services publics, de protection sociale. C’est cela le capitalisme, la dictature des super riches et des groupes d’actionnaires.

    Il faut une lutte massive et aussi une véritable opposition politique, une gauche de lutte et de résistance, les deux sont indispensables. Le samedi 23 septembre, Mélenchon et la France insoumise, à laquelle la Gauche révolutionnaire participe, ont appelé à une manifestation nationale à Paris contre « le coup d’état social » de Macron. Cette date doit servir autant à développer la lutte qu’à construire une nouvelle force politique des travailleurs et des jeunes. On doit tous et toutes s’en saisir !

    Nous agissons pour développer la lutte de masse contre Macron, pour construire une nouvelle force politique des travailleurs et de la jeunesse, pour renverser le capitalisme. Rejoignez-nous !

  • France. Construire la France Insoumise pour créer une vraie gauche de combat

    Rassemblement le 3 juillet contre la casse du code du travail.

    Les 7 millions de voix pour Mélenchon, les bons scores aux législatives pour la France insoumise et l’abstention consciente montrent un mouvement très profond de rejet de cette société et de sa fausse démocratie. C’est un potentiel réel pour changer réellement les choses. La France insoumise doit profiter de cet avantage, c’est le moment !

    Par Leïla Messaoudi, Gauche révolutionnaire (CIO-France)

    Ne mettons pas en attente la création d’une nouvelle force politique !

    Malgré le caractère particulièrement antidémocratique de la représentation à l’Assemblée Nationale, la France insoumise a un groupe parlementaire qui sera le porte voix face à Macron et ses sbires, et ce, aux côtés de celui du PCF qui a aussi profité électoralement de la locomotive FI.

    Ce serait un grave écueil que de penser que, de facto, la France insoumise sera l’alternative seulement grâce à ce groupe parlementaire. Donner l’impulsion à l’émergence d’une vraie gauche de combat ne se fera pas tout seul. En terme de voix, les FI et PCF additionnés représentent bien plus que le Front de gauche aux élections législatives de 2012 !

    Ouvrir le débat public pour une nouvelle force est crucial. Imaginons alors l’écho qu’aurait l’appel à la création une nouvelle force politique ! Pas un Front de gauche bis, mais un vrai mouvement de masse, construit et organisé par les militants eux-mêmes. Cela répondrait au besoin exprimé lors des élections par des centaines de milliers de travailleurs et des jeunes d’un outil pour réfléchir, discuter, et agir ensemble.

    De l’audace, passer à l’action maintenant !

    La France insoumise est née autour de campagnes électorales et a regroupé des insoumis venant de terrains différents, des « tout nouveau » en politique, des insoumis venant des mondes syndicaliste, associatif, politique,…. Cette richesse n’a pas disparu. Et parmi la France insoumise déjà la question de constituer une nouvelle force politique pérenne et de la construire est au cur des discussions.
    Nombre de groupes d’appui continuent après les campagnes électorales, des liens politiques ayant été tissés. Certains groupes tiennent des discussions organisées ou projettent des actions. Cest encore timide, mais ça va dans le sens de ce que pourrait faire une vraie gauche combative.

    Construisons une vraie gauche de lutte !

    Les structures actuelles et l’organisation de la France insoumise, calées sur les nécessités de la campagne présidentielle, organisées par un groupe restreint à Paris, ont montré leurs limites en terme d’efficacité militante et de liens avec les réalités locales pendant les législatives. Et elles ne sont clairement plus adaptées aujourd’hui. N’ayant pas de mouvement structuré à rejoindre, beaucoup des 500 000 « insoumis » se sont mis en retrait. Si la seule chose proposée c’est de bavarder, de ne se préoccuper que de militer dans leur coin, de laisser les députés agir et faire une ou deux manifestations nationales par an en attendant les élections municipales 2020, ça ne suffira pas et ça ne sera pas à la hauteur des enjeux.

    Les plans de Macron nécessitent une réponse globale maintenant. Les militants organisés et actifs dans une force assez combative et solide peuvent à la fois participer à la construction d’un plan d’action face à Macron et Cie. Ce sera nécessaire pour préparer et faire grandir la grève du 12 septembre, et en soutien aux autres luttes.

    Transformons l’essai !

    Il faut impulser une discussion large dans la France insoumise pour décider de comment utiliser le programme « l’avenir en commun » et l’adapter à la situation actuelle. Comment continuer à développer ce programme dans la lutte contre Macron, mais aussi pour que davantage de jeunes et de travailleurs se l’approprient et développent eux-mêmes des thèmes et des revendications ? Le programme a besoin d’être renforcé : contre le capitalisme, pour la mise en propriété publique des secteurs clefs de l’économie. On avancera en se transformant, en luttant et en étant conscient ! Chaque insoumis, chaque groupe local doit trouver sa place. Dans ce sens, nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre que des directives nationales tombent, en accord avec celles-ci ou pas. Nous devons organiser des Ag locales, d’agglomération pour discuter des suites et préparer une convention nationale avec des participants élus par la base.

    L’objectif : une nouvelle force politique de masse, démocratique et de lutte, un nouveau parti mais qui na rien à voir avec ces machines électorales au service des riches. Ce que craignent Macron et Cie, c’est ça : une véritable opposition de gauche.

    C’est ce que défendent les militants de la Gauche révolutionnaire dans la FI mais aussi auprès de tous les travailleurs, les jeunes qui veulent que cette société change. Les militants de la France insoumise peuvent jouer un grand rôle dans la création d’une nouvelle gauche de combat !

  • Mélenchon, Corbyn, Sanders, etc. Le retour du péril rouge ?

    Le mois de juin a connu deux élections aux résultats inédits, des deux côtés de la Manche. En France, aux élections législatives, le PS a confirmé la débâcle des présidentielles. De ses 287 élus obtenus en 2012 (302 avec ses alliés), il n’en reste plus aujourd’hui que 30 (46 avec ses alliés). ‘‘La déroute du Parti socialiste est sans appel’’, a déclaré le premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis. Quelques jours plus tôt, en Grande- Bretagne, le Parti travailliste dirigé par Jeremy Corbyn arrivait à briser la majorité conservatrice sans pour autant remporter les élections. Mais au-delà de l’arithmétique électorale, une bataille essentielle a été gagnée : celle des idées. Le socialisme est redevenu populaire. Et la panique s’est emparée de la classe dirigeante. En route vers un Octobre rouge ?

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Le pari perdu de Theresa May

    Lorsque la Première ministre conservatrice Theresa May a annoncé la tenue d’élections anticipées, elle entendait considérablement renforcer sa majorité parlementaire. Le Labour (parti travailliste) était 20 points derrière les conservateurs dans les sondages et son dirigeant Jeremy Corbyn était contesté en interne. Ce dernier, élu par les membres de base pour défendre un programme anti-austérité, est aux prises avec une véritable guerre civile que lui mène la droite du parti depuis 2015. Dans les faits, deux partis existent actuellement au sein du Labour: celui des partisans de Tony Blair qui soutiennent une politique favorable aux grandes entreprises et aux riches et celui des nouvelles couches qui entendent mettre un terme à la politique d’austérité autour de Jeremy Corbyn.

    Au mois de mai, le manifeste électoral travailliste a été rendu public. C’était un plaidoyer en faveur de l’enseignement supérieur gratuit, de l’augmentation des dépenses dans les soins de santé, de la renationalisation de la poste et du rail,… La dérision dominait dans la presse dominante du Royaume-Uni. “Le manifeste du Labour nous ramène dans les années ‘70’’, avait ainsi sarcastiquement titré le Daily Mail. Sauf que pour une bonne partie de la population, confrontée à une austérité sauvage depuis des années, cette idée était plutôt séduisante ! Le Labour a finalement terminé sa campagne avec 40 % des voix en l’ayant commencée à 25%, ce qui constitue son meilleur résultat depuis des années. Avec un gain de 30 députés par rapport à la précédente législature, le Labour est apparu vainqueur des élections puisque les conservateurs avaient quant à eux perdu 13 députés, tout en restant malgré tout en tête. Parmi la jeunesse, 71% des électeurs se sont rendus aux urnes pour se prononcer à 72% en faveur du parti de Jeremy Corbyn.

    ‘‘Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer’’ – Jean-Luc Mélenchon

    Quand François Hollande a été élu président en 2012, le PS disposait de la majorité à l’Assemblée et au Sénat, dans les deux tiers des départements ainsi que dans toutes les Régions, sauf une. Mais, à l’exception notable du mariage égalitaire (ouvrant ce droit aux couples de même sexe), sa politique fut synonyme de profond recul social, notamment en matière de législation du travail. Aujourd’hui, le parti a quasiment été balayé de la scène.

    A sa gauche, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon – lui-même élu – est parvenue à obtenir 16 sièges à l’Assemblée tandis que le Parti Communiste Français en obtenait 11. Même si un accord ne survient pas entre le PCF et la FI, cette dernière pourrait constituer un groupe parlementaire. Parmi ses élus figure notamment François Ruffin, rédacteur en chef du journal Fakir et auteur du documentaire césarisé Merci patron !. Il a fait une entrée en fonction fracassante en annonçant qu’il ne garderait de son salaire de parlementaire que l’équivalent du Smic (1480 euros bruts mensuels) et que son mandat serait révocable : ‘‘Si 25% des inscrits de ma circonscription souhaitent que je dégage, eh ben je m’en irai’’, a-t-il assuré.

    Le parti du président Macron peut se targuer de disposer d’une majorité parlementaire, sa légitimité est bien fine compte tenu de l’abstention record qui a marqué ces élections législatives (57% au second tour !), ce à quoi s’ajoutent encore les votes blancs ou nuls (9,9% au second tour) ou encore les électeurs non-inscrits. Jean-Luc Mélenchon décrit la situation comme une ‘‘grève générale civique’’ (en moyenne, les députés n’ont été élus que par 22,4 % des inscrits). Pour lui, cette abstention a une ‘‘signification politique offensive’’ qu’il faudrait transformer en ‘‘Front populaire social, politique et culturel’’ contre le ‘‘coup d’Etat social’’ que préparent Macron et ses alliés.

    Début juin, un baromètre Ifop pour Paris Match indiquait que, pour 39% des sondés, c’est la France Insoumise qui incarne le mieux l’opposition, loin devant Marine Le Pen et le FN, en dépit de leurs efforts visant à instrumentaliser la colère de la population.

    Vers un octobre rouge ?

    Comme constaté précédemment dans la campagne menée par Bernie Sanders aux Etats-Unis, l’enthousiasme et la dynamique que nous avons vus s’épanouir autour de Jeremy Corbyn et de Jean-Luc Mélenchon illustrent que l’audace et les mots d’ordre radicaux savent trouver l’oreille des classes populaires. Mais le plus important est très certainement que cela peut aussi donner confiance pour reprendre le chemin de la lutte.

    Au Royaume-Uni, l’atmosphère sociale a totalement été métamorphosée par la campagne dont la fin fin n’a pas pour autant sonné le glas de la mobilisation. Des manifestations spontanées ont eu lieu dès le lendemain des élections pour poursuivre la lutte contre les conservateurs et Theresa May dans la rue. 3 jours après la tenue des élections, 150.000 personnes avaient rejoint le Labour, qui atteignait donc les 800.000 membres ! John McDonnell, membre du ‘‘cabinet de l’ombre’’ de Corbyn (qui regroupe les principales figures de l’opposition au gouvernement), a directement appelé à ce qu’un million de personnes se mobilisent afin de forcer la tenue de nouvelles élections avec l’aide de ‘‘tous les syndicats’’ et en insistant sur la nécessité de ‘‘sortir dans les rues’’.

    Au moment d’écrire ces lignes, il était question d’une manifestation nationale le 1er juillet tandis que divers dirigeants et militants syndicaux (essentiellement du secteur des services publics) parlaient d’un ‘‘été de la colère’’ menant à un ‘‘octobre rouge’’ qui verrait Jeremy Corbyn devenir Premier ministre.

    Et tout ça, c’était avant le dramatique incendie de la Grenfell Tower de Londres, où plus de 80 personnes ont perdu la vie. Alors que Theresa May n’a pas osé se rendre auprès des sinistrés par crainte d’un accueil glacial, Jeremy Corbyn y a été très favorablement accueilli. Il a tout d’abord appelé à ce que les logements vides du quartier soient saisis pour aider les familles qui devaient survivre à la tragédie et, devant le refus des autorités, il a appelé ses partisans à ‘‘occuper’’ les bâtiments vides pour les victimes de la Grenfell Tower ! Rien de surprenant à ce que le journaliste du Guardian Paul Mason ait décrit l’establishment comme étant ‘‘en pleine panique’’.

    Un potentiel à organiser

    Nos camarades du Socialist Party ont activement soutenu la campagne de Corbyn, tout en soulignant que ces élections devaient être une première étape vers une lutte concrète pour dégager les conservateurs et barrer la route à la politique d’austérité. En France, nos camarades de la Gauche Révolutionnaire ont agi de même dans la campagne de la France Insoumise. Ce combat représente également une excellente opportunité de clarifier avec quel programme, quelles méthodes et quelle stratégie il est aujourd’hui possible de construire une alternative favorable aux travailleurs et aux pauvres.

    Au Royaume-Uni, il faut impérativement lancer une campagne pour transformer le Parti travailliste en un véritable parti démocratique et anti-austéritaire, un parti des travailleurs et de la jeunesse. De prochaines élections générales peuvent avoir lieu à tout moment. Une bonne mobilisation syndicale pourrait d’ailleurs en accélérer la venue. Et il serait intolérable que le Parti travailliste doive à nouveau se mettre à faire campagne alors que la majorité de ses propres candidats s’opposent à son dirigeant et défendent une approche droitière.

    En France, la France Insoumise peut poser les jalons de la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs et de la jeunesse. Dans les deux cas, la situation politique et dans la rue serait métamorphosée s’il existait un nouvel outil de lutte démocratique et fédérateur de masse regroupant différentes sensibilités de gauche tout en leur offrant le droit de participer au débat sur l’orientation politique à adopter.

    Lutter pour le socialisme

    Au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis, une nouvelle génération vient de faire son entrée sur la scène politique et s’élance à la recherche d’une alternative. Mais l’hostilité qu’ils ont subie de la part des médias et de l’establishment capitaliste dans son ensemble illustre à quel point le combat sera âpre pour parvenir au pouvoir. Et leur hargne ne fera que croître lorsque nous aurons réussi à gagner une partie du pouvoir.

    Pour empêcher les capitalistes de saper la transformation naissante de la société, des mesures socialistes radicales telles que la nationalisation des plus grandes entreprises et des banques qui dominent l’économie pour les réorganiser dans le cadre d’un plan de production démocratique socialiste. Un gouvernement véritablement socialiste pourrait alors commencer à gérer l’économie de manière planifiée, sous le contrôle et la supervision démocratiques des travailleurs.

  • Devant la victoire sans réel soutien pour Macron. Construisons une gauche de combat!

    Lors des élections législatives, la Gauche Révolutionnaire avait une candidate sur les listes de la France Insoumise.

    Le putsch électoral a été réussi pour Macron. Après avoir été élu président sans difficulté grâce à la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, Macron a donc réussi à faire de ces élections législatives une simple confirmation de sa tactique, sans recueillir plus de soutien pour sa politique que lors de la présidentielle.

    Déclaration de la Gauche révolutionnaire (CIO-France)

    Une grande majorité des électeurs se sent complètement méprisée, à juste titre, et seuls 48,7 % des inscrits ont été voter au 1er tour (42,6 % au second tour contre 55,4 % au 2nd tour de 2012), la plus basse participation jamais enregistrée pour ce qui est censé s’appeler la « représentation nationale ».

    Seuls 4 députés ont été élus dès le premier tour (contre 36 en 2012 et 110 en 2007), là encore le plus bas score enregistré. Très peu même dans les rangs du mouvement de Macron, La république en marche (LREM), atteignent les 50 %. Certes, LREM recule moins que les autres partis entre la présidentielle et les législatives et obtient 75 % des sièges au final. Mais c’est aussi parce que le seul intérêt annoncé du vote serait de confirmer la victoire de Macron. Et sous cet angle, la confirmation reste très faible et sans enthousiasme. Les autres partis reculent, mais pas à la même vitesse.

    De fait, Macron a déjà créé contre lui une vague de dégoût profond, qui rapidement se transformera en hostilité et certainement en luttes contre sa politique. Car il l’a annoncé, il fera comme Hollande, mais en pire : nouvelle loi « travail », pire que la loi El Khomri, nouveaux avantages fiscaux pour les gros actionnaires, hausse de la CSG pour les retraités… En projet également, des attaques contre la Sécurité sociale et contre les chômeurs.

    Le Pen, l’opposition en carton

    Le Front National et Marine Le Pen avaient prétendu être la première force d’opposition à Macron, sur un clivage entre « patriotes » et « mondialistes », c’est à dire en fait ne remettant surtout pas en cause le capitalisme ou la domination des riches et des multinationales de France. C’est connu, ce sont les migrants ou les musulmans qui ferment les usines et envoient des milliers de travailleurs au chômage. Après avoir été le pantin du 2ème tour, juste l’idiote utile pour l’élection de Macron, Le Pen a été incapable de fédérer plus longtemps les divers courants d’extrême droite qui peuplent le FN. La crise est en cours, avec une division de plus en plus affichée. La campagne de Mélenchon avait retiré à Le Pen le monopole qu’elle prétendait détenir sur les milieux populaires (travailleurs, chômeurs etc.). Dans les villes, notamment ouvrières, le recul du FN était net et il a été largement confirmé lors des législatives.

    En résultats globaux au 1er tour, le FN recule très fortement, passant à 2 millions 990 000 voix quand il en avait 7 millions 660 000 au premier tour de la présidentielle, et 3 millions 528 000 aux législatives de 2012. Il est éliminé dans de nombreuses circonscriptions où il terminait deuxième lors de tous les scrutins précédents, passant souvent 3ème ou 4ème. C’est dans les circonscriptions les plus rurales que le FN garde une deuxième place, mais il est éliminé dans la plupart d’entre elles. Il est en net recul dans le sud ; résiste un peu mieux dans le Nord et l’Est mais c’est largement moins qu’aux régionales de 2015 par exemple. Alors qu’il était annoncé 60 députés pour le FN, c’est au final 8 seulement, la plupart dans le bassin minier du Nord-Pas de Calais.

    Ce n’est pas la fin du danger FN, mais sa crise interne continue de s’amplifier, autant nourrie par les querelles liées aux ambitions personnelles que par les divergences politiques (entre un parti ultra conservateur prêt à s’allier avec des secteurs de la droite, et un parti souverainiste rejetant de telles alliances au nom d’une ligne irréalisable qui combinerait maintien du capitalisme et sortie de l’euro). Ce n’est pas non plus la fin du « problème » FN, tant sa propagande raciste continue de pourrir le débat politique.

    Écroulement total (mais malheureusement pas encore final) du PS

    Le PS subit le plus grand recul enregistré pour une telle élection, passant de 10 millions de voix en 2012 à 1,7 millions de voix en 2017. Dans de nombreux départements, le PS perd tous ses députés et n’en a aucun au second tour, comme en Seine Saint Denis (93) où il avait 9 députés et n’a aucun qualifié au second tour. Dans bien des endroits, le PS passe même sous la barre des 10 % même pour ses figures les plus connues tel son 1er secrétaire, Cambadélis. Parfois, comme pour Valls dans l’Essonne, ou El Khomri à Paris, le PS ne doit sa présence au second tour qu’à la bienveillance d’En Marche qui n’a pas présenté de candidat contre lui. Mais au bout du compte, les anciens ministres (El Khomri, Touraine, Vallaud-Belkacem, Urvoas, Fourneyron) sont éliminés. Le PS paye, enfin, ses trahisons mais également sa politique de l’année 2016 (loi « travail », 49-3 et gigantesque répression des mouvements sociaux), et plus généralement les politiques d’austérité qu’il a menées à tous les échelons (régions, départements, dont il dirigeait encore une majorité il y a 2 ou 3 ans). Et le plus pitoyable, c’est que même là, la plupart des dirigeants du PS ne remettent pas en cause la politique qu’ils ont menée, au contraire. Après avoir trahi leurs propres électeurs et le peu de militants qu’il leur reste, en effaçant complètement le programme de leur candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, et en se présentant à la fois comme PS et comme soutien de Macron, nombre de cadres du PS en accusent d’autres d’avoir causé la déroute en étant trop « critiques » vis-à-vis de Hollande. Le règlement de compte va continuer dans un parti qui s’effondre et est complètement pourri de l’intérieur. D’autant que sur le fond, si une partie des dirigeants remet en cause la politique de Hollande, ce n’est que sur certains points et jamais sur sa totalité. Quant à l’aile, majoritaire au sein des dirigeants, qui défend le bilan de Valls-Hollande, qui voulait la fondation d’un grand parti du centre (capitaliste évidemment), elle s’est fait doubler par l’apparition d’En Marche et ne va pouvoir que tenter d’accompagner la ligne Macron.

    Les Républicains ne sont pas en meilleure posture après leur désastreuse campagne de la présidentielle et la désignation du pire candidat possible en la personne de Fillon dont le programme ultralibéral (et les affaires, dans une moindre mesure) ne pouvaient que susciter le rejet d’une majorité de la population. La manœuvre En Marche visait à détacher une aile libérale (et prête à tout pour des postes), ce qui a fonctionné avec l’arrivée d’Édouard Philippe et de Bruno Lemaire au gouvernement. Désormais, la droite va servir de force d’appoint en cas de problème sur certains votes à l’Assemblée, voire même à rien du tout si Macron parvient à maintenir une cohérence parmi son assemblage de députés.

    L’avenir est à gauche

    Après un très bon score et une bonne campagne de Mélenchon à la présidentielle et les 7 millions de voix obtenues, la France Insoumise (FI) aurait pu confirmer la dynamique lors des législatives. Malheureusement, un accord n’a pas été trouvé avec le PCF malgré une proposition, certes limitée, de la FI (réserver 26 circonscriptions gagnables à chacune des deux formations). Le PCF souhaitait se présenter dans un maximum de circonscriptions et même, dans certaines, faire jouer les accords locaux avec le PS comme dans la Marne (51), ou avec EELV comme dans l’Aisne (02), les Hautes-Alpes (05), etc. Ailleurs, la FI aurait peut être pu montrer un peu plus de souplesse vis-à-vis du PCF mais dans la plupart des cas c’est ce dernier qui a refusé les propositions d’être suppléant sur une candidature FI. Dans des dizaines de circonscriptions, un tel choix, stupide, a vu le PCF loin derrière la FI, mais a aussi empêché que la FI soit 2ème et se qualifie pour le second tour. Ce qui est bien dommage puisque la FI et le PCF avaient comme candidat commun Mélenchon à la présidentielle et qu’il convient d’additionner leurs voix à ces législatives pour juger du potentiel d’une nouvelle force politique à gauche aujourd’hui.

    Quoiqu’il en soit, même si le recul entre la présidentielle et les législatives affecte aussi la FI (mais dans une proportion moindre que le FN et le PS), les voix PCF (615 000) et FI (2 500 000) représentent un net progrès par rapport aux législatives de 2012 (1 800 000 voix pour le Front de gauche). Tout le potentiel pour une nouvelle force politique, une gauche de combat contre la politique de Macron est visible dans ce score obtenu malgré l’ultra-domination médiatique de Macron et de son mouvement.

    Ce potentiel s’est révélé au second tour, grâce aussi à une forte implication des militants et au final 27 députés (17 pour la FI et 10 pour le PCF). En Seine Maritime, avec le soutien actif des insoumis, le PCF recueille trois sièges (Le Havre, Dieppe, et la banlieue sud de Rouen), tandis que la FI obtient une élue à Paris, 4 en Seine-Saint-Denis, et voit l’élection de J-L Mélenchon à Marseille. Dans l’Essonne, Farida Amrani (France insoumise) était face à Valls, mais n’a pas reçu le soutien officiel du PCF local. Le recomptage est encore en cours, Valls ayant proclamé lui-même les résultats alors que le scrutin a connu de nombreuses irrégularités, un recours sera déposé par Amrani. Quoiqu’il en soit, c’est déjà quasiment une défaite pour Valls qui avait l’habitude d’être élu sans souci dans cette circonscription.

    Les député-e-s FI ou PCF devront servir de relais pour les luttes des travailleurs, des jeunes, contre les sales coups que prépare Macron avec sa politique au service des super riches. Mais aussi, comme l’a dit Hubert Wulfranc, député de la 3ème circonscription de Seine Maritime (Saint-Étienne du Rouvray, Rouen rive gauche, Petit Quevilly, Oissel etc.) : « il va falloir continuer ensemble sinon cette victoire sera une victoire à la Pyrrhus » (une victoire qui cache une défaite sur le long terme).

    La Gauche Révolutionnaire (GR) participe à la FI dans bien des endroits. Nous avons soutenu les possibilités de campagne unie avec le PCF et d’autres, là où c’était possible, et aussi participé à l’animation de la campagne de la FI que ce soit en Côte d’Or, dans les Hautes Alpes, dans le Nord, la Seine Maritime, la région parisienne, etc. Dans la Drôme, Rachel Mahé de la GR, candidate pour la France insoumise, a obtenu plus de 10 %, plaçant la FI comme première force de gauche dans la circonscription dominée de longue date par les Républicains et minée par le FN. C’est un très bon score et un encouragement tant pour la FI que pour la Gauche Révolutionnaire, qui tout au long de ces campagnes électorales a défendu à la fois la nécessité d’une nouvelle force politique de masse et de lutte rassemblant les travailleurs, les jeunes, les retraités, etc. contre les politiques au service des super-riches, et la nécessité de s’organiser autour d’un programme permettant réellement d’en finir avec les horreurs de ce monde en renversant le capitalisme et en construisant une société nouvelle, fraternelle et démocratique, le véritable socialisme.

    Beaucoup n’ont pas voté par défiance contre la magouille électorale que représente le putsch électoral d’En Marche. Si un tel score de participation avait été enregistré à des élections de délégués syndicaux dans les entreprises, le scrutin aurait été invalidé et il aurait fallu le refaire. Mais Macron-Philippe n’auront pas de tels soucis démocratique. Le 1er ministre E. Philippe a même dit, sans rire évidemment, qu’il y avait ce dimanche 18 juin un « nouveau souffle pour la démocratie »… Il faut y comprendre que pour eux, seule comptait la formalité électorale des législatives, et que désormais ils vont déchaîner leur politique.

    Il n’y a pas de scrutin électoral pour mettre en minorité le gouvernement dans les deux prochaines années. L’absence de structuration réelle de la France insoumise a rendu plus difficile la mobilisation des électeurs de la présidentielle et cela va devenir le principal enjeu des prochains mois. On ne pourra pas combattre la politique de Macron et la propagande capitaliste qui ira avec en n’étant pas organisés collectivement, au sein d’une véritable force politique de masse, pour résister et contribuer aux luttes.

    Le combat va continuer, nous sommes des millions à ne plus vouloir de ce monde injuste et barbare. Il nous manque un véritable nouveau parti, réellement démocratique, pour lutter et réfléchir collectivement. Organisés tous ensemble, nous serions bien plus forts que les magouilles électorales de Macron qui n’a aucun soutien réel dans la population.

  • Des socialistes qui se remplissent les poches renforcent la droite

    De vrais socialistes luttent pour un autre système !

    La longue suite de scandales sur la cupidité des politiciens a durement frappé le PS. Rien d’étonnant : certains ont été jusqu’à arrondir leurs fins de mois au détriment des plus faibles comme les sans-abris ! Pire encore, les responsables se disent ‘‘socialistes’’. Si le PS subit une sévère punition électorale, ce n’est pas parce qu’il se réclame du socialisme, mais parce qu’il n’a plus rien à voir avec cela.

    La logique néolibérale de rentabilité et de salaires de haut vol a contaminé le secteur public. Rien d’étonnant non plus : tous les partis traditionnels – dont les sociaux-démocrates – ont adopté et appliqué le néo-libéralisme. Les services publics étaient des entreprises publiques: le service a cédé la place à la chasse aux profits. Les politiciens traditionnels se sont comparés aux managers du secteur privé pour qui le moindre souffle de vent est prétexte à une augmentation.

    La colère contre toutes ces rémunérations exagérées est d’autant plus grande qu’elles sont dévoilées à la suite d’années d’austérité qui ont vu fondre les conditions de vie des travailleurs et de nos services publiques. Alors que ces derniers ployaient sous le manque de moyens, des politiciens ont continué à se servir dans les caisses. La manœuvre est connue, c’est une étape vers la privatisation complète qui verra les profits et les salaires démesurés aller vers les grandes entreprises. Nous exagérons ? Pensons à la N-VA qui, à Anvers, souhaitait transférer la gestion des personnes sans-abri à la société G4S… La menace est pour l’instant écartée, mais l’accueil des personnes sans-abri en a néanmoins souffert (voir en page 5). Que cela soit au profit de politiciens du PS ou d’actionnaires, cet enrichissement au détriment des plus démunis nous semble tout aussi scandaleux.

    Les choses ne se résument pas à quelques personnalités aux mains sales. C’est tout le système qui est problématique, son fonctionnement garantit la croissance des inégalités et les excès de toutes sortes.
    Cette colère a soutenu l’envol de la popularité de ‘‘vieux socialistes’’ tels que Bernie Sanders, Jean-Luc Mélenchon et Jeremy Corbyn. Le PS et le SP.a peuvent bien théoriquement être ‘‘socialistes», ils ont cependant depuis longtemps vidé le terme de son contenu. Si Sanders, Corbyn et Mélenchon ont pu bénéficier d’un aussi formidable écho, c’est parce qu’ils ont très clairement pris les intérêts de la majorité de la population comme point de départ de leur approche politique. Il peut paraitre contradictoire au premier abord que le socialisme connaisse un renouveau au moment même où le PS s’effondre. Mais la social-démocratie ne sait plus depuis longtemps ce que signifie le socialisme.

    Pour leurs opposants, le programme de Corbyn, Sanders ou Mélenchon est ‘‘impayable’’ et ‘‘irréaliste’’. Cet ‘‘argument’’ est devenu le dernier rempart des partisans sociaux-démocrates du néolibéralisme. Ces derniers n’ont en revanche jamais considéré que les innombrables diminutions d’impôts pour les grandes sociétés ou les régimes fiscaux favorables aux plus riches fussent inestimables. Visiblement, disposer d’un enseignement de qualité et accessible, d’un bon logement, de transports en commun pleinement opérationnels, etc., tout cela est accessoire.

    Cela fait des décennies que l’on nous martèle que tout fonctionnerait tellement mieux une fois intégrée la logique de rentabilité et de profit. L’horrible réalité a été dévoilée lors du drame de l’incendie de la tour Grenfell à Londres : soumettre les logements sociaux à cette approche équivaut à considérer les mesures de sécurité comme des dépenses de trop. Cette catastrophe n’a pas été causée parce que des règles ont été violées ou que différentes normes de sécurité existent au Royaume-Uni, mais parce que les autorités néolibérales payent les régimes fiscaux favorables aux plus nantis (comme les promoteurs immobiliers) en allant puiser dans les fonds publics au détriment de la sécurité ou des investissements d’entretien nécessaires.

    Nous n’en sommes encore qu’au début du renouveau des idées socialistes. Toutes ces revendications ‘‘old school’’ tout au plus considérées jusqu’il y a peu comme pittoresques suscitent un grand enthousiasme. La (re)nationalisation d’industries ou de services, l’enseignement gratuit, etc. font appel à l’imagination. Mais tout cela reste conditionné à la stratégie à adopter pour en faire une réalité. Corbyn défend la renationalisation du rail, mais uniquement à mesure de l’expiration des licences d’exploitation accordées au privé. Son passage à l’énergie renouvelable passerait par une expansion progressive du contrôle public sur l’énergie au côté des géants du privé actuels. Mélenchon fait essentiellement reposer son projet sur l’argument selon lequel des salaires plus élevés pourraient parvenir à stimuler l’économie et sur des dispositions légales pour contrôler les entreprises.
    Ces revendications représentent un bon début, mais l’enthousiasme pour de tels programmes existe en raison de l’aperçu qu’il donne pour une rupture complète et immédiate avec la casse sociale et l’exploitation capitaliste. Faire face aux changements climatiques, pour ne prendre qu’un exemple, exige de ne pas s’en remettre au ‘‘marché libre’’ pour assurer une transition énergétique rapide. En effet, cela nécessite des investissements publics massifs.

    Riposter au chantage et au sabotage du capitalisme exige d’adopter une position ferme. Nous ne pourrons pas passer à côté de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Les gains de ces secteurs pourraient alors être utilisés pour réaliser les investissements cruciaux nécessaires dans les services publics et la recherche scientifique, tandis que le contrôle démocratique des travailleurs est essentiel pour protéger les secteurs nationalisés du sous-financement et de la corruption. Les véritables socialistes ne se remplissent pas les poches, ils luttent activement pour une société socialiste ! Rejoignez le PSL !

  • Législatives françaises: victoire sans soutien réel pour Macron au 1er tour

    C’est un putsch électoral réussi pour Macron. Après avoir été élu président sans difficulté grâce à la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, Macron a donc réussi à faire de ces élections législatives une simple confirmation de sa tactique, sans recueillir plus de soutien pour sa politique que lors de la présidentielle.

    Déclaration de la Gauche révolutionnaire (CIO-France)

    Une grande majorité des électeurs se sent complètement méprisée, à juste titre, et seuls 48,7% des inscrits ont été voter, la plus basse participation jamais enregistrée pour ce qui est censé s’appeler la « représentation nationale ».

    Seuls 4 députés ont été élus dès le premier tour (contre 36 en 2012 et 110 en 2007), là encore le plus bas score enregistré. Très peu même dans les rangs du mouvement de Macron, La république en marche (LREM), atteignent les 50 %. Certes, LREM recule moins que les autres partis entre la présidentielle et les législatives. Mais c’est aussi parce que le seul intérêt annoncé du vote serait de confirmer la victoire de Macron. Et sous cet angle, la confirmation reste très faible et sans enthousiasme. Les autres partis reculent, mais pas à la même vitesse.

    De fait, Macron a déjà créé contre lui une vague de dégoût profond, qui rapidement se transformera en hostilité et certainement en luttes contre sa politique. Car il l’a annoncé, il fera comme Hollande, mais en pire : nouvelle loi « travail », pire que la loi El Khomri, nouveaux avantages fiscaux pour les gros actionnaires, hausse de la CSG pour les retraités… En projet également, des attaques contre la Sécurité sociale et contre les chômeurs.

    Le Pen, l’opposition en carton

    Le Front National et Marine Le Pen avaient prétendu être la première force d’opposition à Macron, sur un clivage entre « patriotes » et « mondialistes », c’est à dire en fait ne remettant surtout pas en cause le capitalisme ou la domination des riches et des multinationales de France. ? C’est connu, ce sont les migrants ou les musulmans qui ferment les usines et envoient des milliers de travailleurs au chômage. Après avoir été le pantin du 2ème tour, juste l’idiote utile pour l’élection de Macron, Le Pen a été incapable de fédérer plus longtemps les divers courants d’extrême droite qui peuplent le FN. La crise est en cours, avec une division de plus en plus affichée. La campagne de Mélenchon avait retiré à Le Pen le monopole qu’elle prétendait détenir sur les milieux populaires (travailleurs, chômeurs etc.). Dans les villes, notamment ouvrières, le recul du FN était net et il a été largement confirmé lors des législatives.

    En résultats globaux, le FN recule très fortement, passant à 2 millions 990 000 voix quand il en avait 7 millions 660 000 au premier tour de la présidentielle, et 3 millions 528 000 aux législatives de 2012. Il est éliminé dans de nombreuses circonscriptions où il terminait deuxième lors de tous les scrutins précédents, passant souvent 3ème ou 4ème. C’est dans les circonscriptions les plus rurales que le FN garde une deuxième place, mais il est éliminé ou le sera dans la plupart d’entre elles. Il est en net recul dans le sud ; résiste un peu mieux dans le Nord et l’Est mais est largement en recul par rapport aux régionales de 2015 par exemple.

    Ce n’est pas la fin du danger FN, mais sa crise interne continue de s’amplifier, autant nourrie par les querelles liées aux ambitions personnelles que par les divergences politiques (entre un parti ultra conservateur prêt à s’allier avec des secteurs de la droite, et un parti souverainiste rejetant de telles alliance au nom d’une ligne irréalisable qui combinerait maintien du capitalisme et sortie de l’euro). Ce n’est pas non plus la fin du « problème » FN, tant sa propagande raciste continue de pourrir le débat politique.

    Écroulement total (mais malheureusement pas encore final) du PS

    Le PS subit le plus grand recul enregistré pour une telle élection, passant de 10 millions de voix en 2012 à 1,7 millions de voix en 2017. Dans de nombreux départements, le PS perd tous ses députés et n’en a aucun au second tour, comme en Seine Saint Denis (93) où il avait 9 députés et n’a aucun qualifié au second tour. Dans bien des endroits, le PS passe même sous la barre des 10% même pour ses figures les plus connues tel son 1er secrétaire, Cambadélis. Parfois, comme pour Valls dans l’Essonne, ou El Khomri à Paris, le PS ne doit sa présence au second tour qu’à la bienveillance d’En Marche qui n’a pas présenté de candidat contre lui. Le PS paye, enfin, ses trahisons mais également sa politique de l’année 2016 (loi « travail », 49-3 et gigantesque répression des mouvements sociaux), et plus généralement les politiques d’austérité qu’il a menées à tous les échelons (régions, départements, dont il dirigeait encore une majorité il y a 2 ou 3 ans). Et le plus pitoyable, c’est que même là, la plupart des dirigeants du PS ne remettent pas en cause la politique qu’ils ont menée, au contraire. Après avoir trahi leurs propres électeurs et le peu de militants qu’il leur reste, en effaçant complètement le programme de leur candidat à la présidentielle, Benoît Hamon, et en se présentant à la fois comme PS et comme soutien de Macron, nombre de cadres du PS en accusent d’autres d’avoir causé la déroute en étant trop « critiques » vis-à-vis de Hollande. Le règlement de compte va continuer dans un parti qui s’effondre et est complètement pourri de l’intérieur. D’autant que sur le fond, si une partie des dirigeants remet en cause la politique de Hollande, ce n’est que sur certains points et jamais sur sa totalité. Quant à l’aile, majoritaire au sein des dirigeants, qui défend le bilan de Valls-Hollande, qui voulait la fondation d’un grand parti du centre (capitaliste évidemment), elle s’est fait doubler par l’apparition d’En Marche et ne va pouvoir que tenter d’accompagner la ligne Macron.

    Les Républicains ne sont pas en meilleure posture après leur désastreuse campagne de la présidentielle et la désignation du pire candidat possible en la personne de Fillon dont le programme ultralibéral (et les affaires, dans une moindre mesure) ne pouvaient que susciter le rejet d’une majorité de la population. La manœuvre En Marche visait à détacher une aile libérale (et prête à tout pour des postes), ce qui a fonctionné avec l’arrivée d’Édouard Philippe et de Bruno Lemaire au gouvernement. Désormais, la droite va servir de force d’appoint en cas de problème sur certains votes à l’Assemblée, voire même à rien du tout si Macron parvient à maintenir une cohérence parmi son assemblage de députés.

    L’avenir est à gauche

    Rachel Mahé, candidate de la Gauche Révolutionnaire pour la France insoumise dans la deuxième circonscription de la Drôme

    Après un très bon score et une bonne campagne de Mélenchon à la présidentielle et les 7 millions de voix obtenues, la France Insoumise (FI) aurait pu confirmer la dynamique lors des législatives. Malheureusement, un accord n’a pas été trouvé avec le PCF malgré une proposition, certes limitée, de la FI (réserver 26 circonscriptions gagnables à chacune des deux formations). Le PCF souhaitait se présenter dans un maximum de circonscriptions et même, dans certaines, faire jouer les accords locaux avec le PS comme dans la Marne (51), ou avec EELV comme dans l’Aisne (02), les Hautes-Alpes (05), etc. Ailleurs, la FI aurait peut être pu montrer un peu plus de souplesse vis-à-vis du PCF mais dans la plupart des cas c’est ce dernier qui a refusé les propositions d’être suppléant sur une candidature FI. Dans l’écrasante majorité des circonscriptions, un tel choix, stupide, a vu le PCF loin derrière la FI, mais a aussi empêché que la FI soit 2ème et se qualifie pour le second tour. Ce qui est bien dommage puisque la FI et le PCF avaient comme candidat commun Mélenchon à la présidentielle et qu’il convient d’additionner leurs voix à ces législatives pour juger du potentiel d’une nouvelle force politique à gauche aujourd’hui.

    Quoiqu’il en soit, même si le recul entre la présidentielle et les législatives affecte aussi la FI (mais dans une proportion moindre que le FN et le PS), les voix PCF (615 000) et FI (2 500 000) représentent un net progrès par rapport aux législatives de 2012 (1 800 000 voix pour le Front de gauche). Tout le potentiel pour une nouvelle force politique, une gauche de combat contre la politique de Macron est visible dans ce score obtenu malgré l’ultra-domination médiatique de Macron et de son mouvement.

    Il faut essayer de faire élire le maximum de député-e-s d’une gauche de combat et de résistance le 18 juin prochain, que ce soit Mélenchon lui-même à Marseille ou Farida Amrani (France insoumise) face à Valls dans l’Essonne, ou les candidats du PCF comme Jean-Paul Lecoq au Havre et Hubert Wulfranc dans la 3ème circonscription de Seine-Maritime (banlieue de Rouen). Des député-e-s FI ou PCF qui devront servir de relais pour les luttes des travailleurs, des jeunes, contre les sales coups que prépare Macron avec sa politique au service des super riches.

    La Gauche Révolutionnaire (GR) participe à la FI dans bien des endroits. Nous avons soutenu les possibilités de campagne unie avec le PCF et d’autres, là où c’était possible, et aussi participé à l’animation de la campagne de la FI que ce soit en Côte d’Or, dans les Hautes Alpes, dans le Nord, la Seine Maritime, la région parisienne, etc. Dans la Drôme, Rachel Mahé de la GR, candidate pour la France insoumise, a obtenu plus de 10%, plaçant la FI comme première force de gauche dans la circonscription dominée de longue date par les Républicains et minée par le FN. Score d’autant plus important que les documents de propagande électorales n’ont jamais été envoyés aux électeurs, la préfecture ayant sous-traité à une entreprise privée qui s’est avérée incapable de faire parvenir ce matériel à des dizaines de milliers d’électeurs dans les département de la Drôme, du Gard, et d’autres. C’est donc un très bon score et un encouragement tant pour la FI que pour la Gauche Révolutionnaire, qui tout au long de ces campagnes électorales a défendu à la fois la nécessité d’une nouvelle force politique de masse et de lutte rassemblant les travailleurs, les jeunes, les retraités… contre les politiques au service des super-riches, et aussi la nécessité de s’organiser autour d’un programme permettant réellement d’en finir avec les horreurs de ce monde en renversant le capitalisme et en construisant une société nouvelle, fraternelle et démocratique, le véritable socialisme.

    Le combat va continuer, nous sommes des millions à ne plus vouloir de ce monde injuste et barbare. Il nous manque un véritable nouveau parti, réellement démocratique, pour lutter et réfléchir collectivement. Organisés tous ensemble, nous serions bien plus forts que les magouilles électorales de Macron qui n’a aucun soutien réel dans la population.

  • Organisons la résistance contre Macron, dans les urnes et dans la rue !

    Pour les Français de l’étranger, le premier tour des législatives prenait place plus tôt. Pour la circonscription du Benelux, la candidate de la France Insoumise Sophie Rauszer s’est hissée au second tour.[/caption]

    Les médias français et internationaux ont présenté la victoire de Macron comme un triomphe et une adhésion à ‘‘un projet politique novateur’’. Mais les scores de l’abstention (12 millions de personnes, soit 25,4%, un record depuis 1969) et des bulletins blancs et nuls (4 millions de personnes, soit 11,5%, record absolu) expriment le refus de cautionner ce que représente le nouveau président derrière son emballage : la continuation d’exactement la même chose. Le sondage consacré à la motivation de ses électeurs au second tour parlait de lui-même : 43% désiraient ‘‘s’opposer à Le Pen’’, 33% voulaient ‘‘un renouvellement politique’’, seuls 16% affirmaient rejoindre son programme et 8% se déclaraient en faveur de ‘‘sa personnalité’’. Tout sauf un vote d’adhésion.

    Par Stéphane Delcros, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Le Front National n’a pas gagné, mais nous n’en sommes pas encore débarrassés

    Même si Marine Le Pen n’a pas gagné, sa campagne et son résultat représentent un sérieux avertissement: 10 millions de voix, c’est un record absolu. Comment est-ce possible, 15 ans après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour ?

    C’est vrai, le FN de 2017 est plus ‘lissé’ et joue (un peu) moins sur la provocation xénophobe. Mais il reste ultraréactionnaire. S’il brandit davantage une rhétorique sociale, c’est pour mieux masquer sa politique foncièrement antisociale faite de coupes budgétaires et de haine, et surtout parce que même Le Pen sait que le core busines de son parti – le racisme et la xénophobie – ne dispose pas à lui seul d’un écho suffisamment important parmi les travailleurs et la jeunesse. La campagne menée par le FN visait bien plus à instrumentaliser le sentiment anti-élite.

    Le succès de Marine Le Pen repose avant tout sur la colère contre la dégradation des conditions de vie des décennies durant et sur le dégoût ressenti face à une élite économique et politique qui ne vit pas dans le même monde et cherche toujours à protéger ses seuls intérêts. 5,7 millions de chômeurs, 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, 4 millions de mal-logés, dont 150.000 SDF, etc. voilà ce qui a alimenté le succès du FN ces dernières années.

    Les partis pro-élites qui ont mené cette politique de destruction sociale en ont payé le prix aux présidentielles: le PS de Hollande-Valls est au bord de l’implosion et n’a recueilli que 6% des voix tandis que la formation les Républicains de Sarkozy-Fillon n’est arrivée qu’en troisième place dans une présidentielle qui leur était pourtant promise il y a encore 6 mois. Aucun des deux blocs électoraux traditionnels n’est parvenu au second tour !

    Rajeunir l’emballage pour tenter de continuer la même politique

    Macron, c’est ‘‘le mondialiste’’, ‘‘le candidat du système bancaire et de la misère sociale’’ disait Marine Le Pen dans l’entre-deux tours. Elle n’avait pas tort cette fois. Ex-banquier d’affaires chez Rothschild, ex-ministre de l’Économie du gouvernement Hollande-Valls, le nouveau président est celui qui a donné son nom à la Loi Macron – qui augmente notamment la flexibilité au travail – et qui est à la base de la détestable ‘Loi El Khomri’ – dite ‘Loi Travail’, qui détruit la législation du travail.

    Son programme ? Supprimer 120.000 postes dans la fonction publique, réduire la dépense publique de 60 milliards d’euros – exactement comme François Hollande ces 5 dernières années(1) -, avec les conséquences désastreuses sur le plan social que cela implique. À cela s’ajoute la stigmatisation des chômeurs avec le renforcement des contrôles et l’interdiction du refus de 2 offres d’emplois. Pas étonnant qu’il ait été ouvertement soutenu dans sa campagne par des personnalités du MEDEF (organisation représentant le grand patronat français) !

    Juste après son élection, Macron a déjà annoncé une réforme du Code du travail dès cet été, pour accroitre la flexibilité au travail et les facilités de licenciement. Il a également prévu son instauration par ordonnances, c’est-à-dire en incluant le Parlement au tout début et à la toute fin du processus, dans le but d’aller plus rapidement et de passer en force. Le ton est donné.

    Macron ne va pas probablement pas obtenir de majorité lors des élections législatives des 11 et 18 juin. Il pourra toutefois compter sur le soutien des PS et LR, de l’intérieur comme de l’extérieur à un gouvernement, pour assurer sa politique. C’est dans ce genre de situation que l’on reconnait ses vrais amis et, ainsi, son camp…

    ‘‘On n’éteint pas un incendie à l’aide du pyromane’’

    Le Pen battue ? Peut-être pas pour très longtemps. ‘‘On n’éteint pas un incendie à l’aide du pyromane !’’, disait Mélenchon dans l’entre-deux-tours. Et c’est le sentiment partagé par beaucoup : avoir voté contre Le Pen au deuxième tour en 2002, ‘ça n’a servi à rien’. On ne peut pas bloquer l’extrême droite avec des politiques qui lui permettent de croitre.

    Les conditions qui ont amené Le Pen à ce niveau sont toujours présentes et risquent de décupler avec le même type de politique que sous les mandats Sarkozy-Fillon et Hollande-Valls. C’est exactement ce que s’apprête à faire Macron, sous couvert de la ‘nouveauté’.

    Le message clair de la France Insoumise

    Plus de 7 millions de voix et 19,6%, voilà sur quoi construire une lame de fond contre la politique antisociale du président Macron. 1 jeune sur 3 qui a voté a glissé un bulletin ‘Mélenchon’ dans l’urne ; il l’a emporté loin devant les autres candidats concernant les 18-24 ans. La France Insoumise est aujourd’hui devenue la plus grande force de gauche du pays, tant en termes de votes qu’en termes d’adhérents : plus de 530.000 !

    Des centaines de milliers de militants, dont beaucoup participaient là à leur première expérience politique, ont su construire une campagne audacieuse basée sur un programme très détaillé ne cherchant pas les compromissions avec les élites. Une campagne armée d’un programme, ‘L’Avenir en commun’, basé sur un principe : ‘partir des besoins réels, et ensuite trouver le financement nécessaire’. Un programme avec lequel nous avons des désaccords, mais qui va très clairement dans le sens d’une rupture avec le néolibéralisme : le refus des traités d’austérité de l’Union européenne, un changement institutionnel avec le passage à la Sixième République, une hausse des dépenses publiques de 173 milliards d’euros, couplée à un plan d’investissements de 100 milliards pour des créations d’emplois massives, un relèvement du salaire minimum et des pensions, la garantie de revenus pour tous, une planification écologique pour notamment atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050, la construction de 200.000 logements sociaux par an, l’école 100% gratuite, le remboursement à 100% des soins de santé prescrits,…

    Construire une force politique de masse pour les élections et pour la lutte

    L’enjeu des législatives est énorme : mettre le plus de ‘députés insoumis’ au Parlement pour être capable de décider d’une partie de la politique à mener en cas de majorité – et de bloquer certaines politiques macronistes. C’est aussi porter la voix des travailleurs et des jeunes sur le plan national, être le relais des luttes locales et essayer de canaliser la colère en un outil puissant qui défende les intérêts de la majorité sociale. Car tant pour bloquer la croissance du FN que pour imposer un autre projet de société, il sera très important de construire la résistance sociale contre la politique de Macron.

    Après une situation où une opposition réelle de gauche a été quasi absente ces dernières années, surtout durant le mandat de François Hollande, l’énorme mouvement de masse contre la Loi El Khomri du printemps 2016 et la campagne de la FI illustrent le potentiel existant.

    Avec sa campagne et son résultat électoral, la FI n’a peut-être pas gagné, mais elle a marqué un essai précieux ; il s’agit maintenant de le transformer. Cela passera nécessairement par une structuration du mouvement pour le développer encore plus loin, tout en gardant ses points forts que sont le caractère inclusif et ouvert et la liberté de mener la campagne comme chacun l’entend, en utilisant le temps qu’il veut, les moyens qu’il veut et en utilisant ses propres talents et capacités. Et en avançant vers la construction d’un réel instrument de lutte électoral et sociétal, armé d’un programme combatif de gauche, une nouvelle force politique de masse, qui préserve les sensibilités internes.

    Note :
    (1) Libération, Programme économique de Macron : un peu de rupture, beaucoup de continuité, 27 février 2017.

  • Soirée électorale à Bruxelles. La France Insoumise, première force de gauche des Français du Bénélux !

    Ce dimanche, les Français de l’étranger étaient appelés à voter pour le premier tour des législatives. Face au candidat En Marche de la majorité austéritaire, c’est la candidate de la France Insoumise, Sophie Rauszer, qui passe au deuxième tour. FI confirme sa position à la fois de première force de gauche française mais aussi de première force d’opposition.

    Plusieurs dizaines de personnes étaient présentes ce soir-là au Dynamo Bar, à St-Gilles, pour soutenir la France Insoumise et sa candidate pour le Benelux, Sophie Rauszer. La confirmation d’un deuxième round La République En Marche vs France Insoumise n’arrivera que tard dans la soirée. Le Mélenchon bashing de ces derniers semaines n’a pas réussi à écraser les Insoumis.

    Après le deuxième tour, la majorité présidentielle annonce déjà qu’elle ira à l’offensive sur les questions sociales. La France Insoumise sera amenée à jouer un rôle moteur contre cela et nous continueront à les soutenir avec le Parti Socialiste de Lutte et Etudiants de Gauche Actifs. Prochaine échéance le 18 juin avec le deuxième tour. Utilisons les deux semaines à venir pour mobiliser tout ceux qui veulent s’opposer à l’austérité, préparons les forces et construisons l’alternative de gauche.

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