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  • Le manifeste travailliste de Corbyn, un pas important dans la bonne direction

    Mobilisons pour lutter en faveur d’un changement socialiste !

    Le dirigeant du Labour, le Parti travailliste, Jeremy Corbyn a présenté son manifeste de campagne vers les élections du 8 juin prochain en déclarant que le Labour était « un parti pour le plus grand nombre » (« party for the many ») alors que les Tories (les conservateurs) sont le « parti des riches ».

    Un projet préliminaire du manifeste avait fuité et les médias de droite avaient lancé d’impitoyables attaques contre Jeremy Corbyn, ce qui avait mis en pleine lumière les politiques défendues dans ce texte. Dans les médias sociaux, la discussion était enthousiaste. Le Labour a grimpé dans les sondages jusqu’à obtenir 32% selon Opinium et ORB, et 35% selon un sondage ComRes réalisé après la fuite.

    L’expérience des membres du Socialist Party (parti-frère du PSL) est qu’un nombre plus important de personnes sont désireuses de s’arrêter et de discuter en prenant un tract ou en achetant notre journal maintenant que le manifeste du Labour est arrivé dans la presse. Nous sommes confiants envers le fait que les grandes lignes politiques de ce texte peuvent être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes.

    Un million de personnes supplémentaires se sont inscrites sur les registres électoraux pour participer au vote depuis que la tenue de ces élections a été annoncée, dont 42% de jeunes. Une des raisons qui explique cela est qu’une nouvelle génération atteint l’âge d’être électeur. L’introduction de ce système où il faut soi-même effectuer les démarches pour figurer sur les listes d’électeurs avait entrainé la chute d’un quart du nombre de jeunes sortant de l’école sur ces listes. Au moins une partie de cette couche s’inscrit cette fois-ci. Il est également probable qu’ils s’inscrivent afin de voter pour le programme défendu par Jeremy Corbyn, le Labour étant nettement en avance sur les conservateurs parmi les moins de 40 ans.

    Les médias de droite ont immédiatement lancé leur offensive. Sans surprise, le quotidien The Daily Mail a crié que le Labour nous ramènerait aux années 1970, ce à quoi de nombreuses personnes ont répondu que c’était déjà mieux que les conservateurs, qui veulent nous renvoyer en 1870 ! Les grandes entreprises et leurs représentants politiques remueront ciel et terre pour empêcher que Corbyn soit victorieux. La Première-ministre conservatrice Theresa May avait qualifié les fuites du manifeste travailliste de « politiques socialistes désastreuses ». Selon elle, les travailleurs ordinaires allaient être « consternées » en en prenant connaissance.

    Des politiques populaires

    En réalité, les conservateurs et les riches qu’ils représentent sont terrifiés par la popularité de ces politiques. Les élections récentes en France et aux États-Unis de même que le référendum sur l’Union européenne ont été utilisés par les travailleurs et les jeunes pour exprimer leur révolte contre l’establishment capitaliste. Cette colère de classe basique va plus loin pour de nombreuses personnes qui sont à la recherche d’une alternative favorable à la classe ouvrière. C’est cela qu’a illustré le soutien monumental dont ont bénéficié Bernie Sanders aux USA et Jean Luc Mélenchon en France.

    Les sondages actuels montrent que si les gens soutiennent les politiques défendues dans le manifeste travailliste, ils sont sceptiques vis-à-vis de Jeremy Corbyn lui-même. Ce n’est guère surprenant, compte tenu de l’offensive dont il est victime à chaque minute. L’entourage de Corbyn se plaint des attaques des médias, mais ils ne réfutent pas suffisamment celles qui viennent de l’aile droite de leur propre parti.

    Malheureusement, le message anti-austérité de Jeremy Corbyn (qui l’a déjà porté à deux reprises à la tête du parti travailliste) n’a pas été suffisamment audible pour la majorité de la population au cours l’année écoulée. Les innombrables tentatives de trouver un compromis avec l’aile pro-capitaliste et blairiste du Parti travailliste ont étouffé sa voix. C’est un euphémisme. Ce scepticisme parmi la population provient également de la méfiance éprouvée envers les promesses de n’importe quel politicien.

    Une campagne audacieuse pourrait surmonter cela. Corbyn et ses soutiens syndicaux (au Royaume Uni, les syndicats choisissent le parti qu’ils soutiennent et lui versent une cotisation, NDT), comme le secrétaire général du syndicat UNITE (premier syndicat du pays)), Len McCluskey, doivent se présenter dans des rassemblements de masse et sur les lieux de travail en parlant de la riposte contre les riches et leur « système truqué », selon l’expression de Corbyn. S’ils défendent hardiment les emplois, les droits des travailleurs, le droit au logement et les services publics, ils pourraient défier les prétendus «experts» qui se prononcent contre le manifeste travailliste et l’emporter.

    Theresa May avait appelé à la tenue d’élections anticipées en pariant que, comme le laissaient entendre les sondages, elle serait en mesure de sérieusement accroître sa majorité parlementaire. Mais, comme le Socialist Party l’a expliqué dès le début, il s’agit d’une stratégie très risquée.

    La vidéo d’une femme issue d’un milieu ouvrier et affligée d’un handicap faisant face à Theresa May et critiquant les coupes budgétaires dans les allocations d’invalidité est devenue virale sur internet. Ces images en disaient beaucoup sur la vie réelle et l’atmosphère qui prévaut parmi la classe ouvrière.

    Theresa May reprend parfois à son compte des mesures politiques qu’elle a décrites précédemment comme « désastreuses », en version édulcorée, notamment au sujet des logements sociaux, des «droits des travailleurs» et des plafonds sur les prix de l’énergie. Concrètement, Corbyn a défini quel est l’ordre du jour politique. Le débat politique a été considérablement poussé vers la gauche.

    La presse conservatrice fait tout son possible pour discréditer Jeremy Corbyn au sujet de la défense. Mais lorsque ce dernier a parlé de l’échec de la stratégie du « bombarder d’abord, discuter ensuite » en expliquant qu’il s’agit d’une recette « pour augmenter, et non diminuer, les menaces et l’insécurité », il n’a pas seulement touché une corde sensible parmi la jeunesse, mais aussi auprès des millions de personnes qui s’étaient opposées à Tony Blair et à la guerre en Irak et qui avaient ensuite déserté le Labour. Corbyn a aussi déclaré s’opposer à toute nouvelle poignée de main avec Donald Trump, ce qui est à n’en pas douter également fort populaire auprès des centaines de milliers de personnes mobilisées contre le milliardaire raciste et sexiste.

    Malheureusement, ce manifeste illustre aussi que des concessions ont été faites à la droite du parti, dans l’espoir vain de parvenir à une unité. De nombreux partisans de Corbyn seront par exemple déçus que le manifeste s’engage à renouveler le programme de dissuasion nucléaire britannique Trident. Alors que la renationalisation des chemins de fer est très populaire, il est seulement question de renationaliser les sociétés ferroviaires au fur et à mesure que les franchises expirent. Bien que le manifeste spécifie qu’un certain nombre d’allocations sociales seraient revalorisées et que le système de sécurité sociale serait réformé, aucun engagement général n’existe quant au retour sur les précédentes réductions de budgets dans la sécurité sociale.

    Les militants du droit au logement sont déçus que le manifeste ne s’engage pas à abroger la Loi de 2016 sur le logement et l’aménagement du territoire (fortement critiquée notamment en raison de la réduction du nombre de logements sociaux que cette loi a impliqué, NDT). Corbyn avait initialement déclaré qu’un gouvernement travailliste construirait un million de nouveaux logements dont une moitié de logements sociaux dépendant des municipalités. La formulation du manifeste est beaucoup plus vague. Le Socialist Party affirme que nous avons besoin d’un million de logements sociaux ! De même, concernant le contrôle des loyers, le manifeste promet de contrôler les loyers à la place de fixer un plafond aux niveaux de loyer.

    Il s’agit de retraites concédées face à l’opposition blairiste. Mais la popularité d’autres mesures politiques et le virage de l’ensemble du débat politique vers la gauche en réponse à celles-ci, illustre qu’il n’a jamais été nécessaire d’accepter de pareils compromis avec la droite du Labour.

    Le Socialist Party soutient pleinement l’approche anti-austérité de Jeremy Corbyn. Depuis qu’il a été élu dirigeant du labour, nous avons fait tout notre possible pour soutenir le parti anti-austérité en formation dans sa lutte contre la droite du Parti travailliste.

    Les représentants de l’establishment capitaliste existent tant au sein du Parti travailliste qu’en dehors. Comme l’a montré le coup de l’été dernier tenté contre Corbyn, la grande majorité des députés travaillistes espèrent désespérément avoir l’occasion de l’abandonner. Contrairement à ce qu’ils clament, ces élus de droite n’agissent pas de la sorte parce que Corbyn serait «inéligible» mais précisément en raison de ses chances d’être élu.

    Nous avons défendu la démocratisation du Parti travailliste, la réadmission des socialistes expulsés et l’introduction d’une resélection obligatoire des députés (la possibilité par la base de mettre en cause la réinvestiture d’un député sortant, NDT). Si cela avait été effectivement appliqué, l’aile anti-austérité du Labour serait aujourd’hui dans une position bien plus favorable.

    L’aile droite ose prétendre représenter la clé d’un succès électoral alors qu’elle veut à nouveau appliquer les mêmes vieilles politiques d’austérité qui ont vu l’équivalent français du Labour, le PS, tomber à 6% des voix lors du premier tour des élections présidentielles. Après sept ans de misère conservatrice, les électeurs n’ont aucun intérêt à voter pour une version « light » de l’austérité et des politiques conservatrices dont les conséquences négatives rappellent le souvenir du temps où le New Labour était au pouvoir.

    Une personnalité de l’aile droite du parti a, sans honte, anonymement décrit le nouveau manifeste travailliste dans la presse comme ainsi : «tout cela se résume à une belle quantité de cadeaux pour tous les groupes spécifiques. Tout est concentré sur les «incapables pauvres» et rien ne s’adresse à la grande majorité qui travaille dur.»

    Le député bliriste Ben Bradshaw (Exeter) a déclaré qu’il n’avait rien à faire avec ce programme et qu’il produirait son propre manifeste, à l’image de ce grand nombre de députés de droite qui éditent des tracts locaux sans mentionner Jeremy Corbyn et les politiques qu’il défend. La députée de Walthamstow, Stella Creasy, affirme quant à elle sur ses tracts qu’elle a «combattu et remporté la bataille du domaine Butterfields», alors que c’est la lutte courageuse des locataires, soutenue par le Socialist Party, qui a mené à conduit à la victoire et a empêché leur expulsion. D’autres élus, tels que Wes Streeting et John Woodcock, déclarent ouvertement qu’ils ne vont pas soutenir l’accession de Jeremy Corbyn au poste de premier ministre.

    Jamais auparavant il n’a été plus clair que le Parti travailliste représente aujourd’hui deux partis en un: un parti pro-capitaliste blairiste et un nouveau parti anti-austérité en formation.

    En 2016, Tony Blair a déclaré que si Jeremy Corbyn devenait premier ministre, ce serait «une expérience très dangereuse» qu’il ne serait pas prêt à risquer. Il n’est pas surprenant qu’il fasse tout pour essayer d’empêcher cette victoire, en suggérant même que des électeurs travaillistes envisagent de soutenir les libéraux-démocrates ou les conservateurs s’ils sont favorables au maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne. L’aile pro-capitaliste n’abandonnera jamais son combat pour étrangler la formation d’un nouveau parti qui soit anti-austérité. Plus aucune concession ne doit lui être accordée ! Nous avons besoin d’un parti dévoué à la défense des intérêts de la classe ouvrière, pas à ceux des milliardaires!

    Le Brexit

    Un programme clairement anti-austérité – reposant sur les intérêts de la classe des travailleurs – devrait également préciser quelle est l’approche du Parti travailliste à l’égard du Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne). Les travailleurs qui ont voté pour le Brexit ont principalement agi de la sorte en raison de leur révolte contre toute la misère qu’ils ont subie au cours de cette dernière décennie. Le Socialist Party a soutenu que Jeremy devrait préciser qu’il se battait pour un Brexit dans l’intérêt de la majorité sociale, celle des travailleurs et de la classe moyenne.

    Le manifeste s’inscrit dans ce sens – en parlant de donner la priorité aux emplois et aux conditions de vie, de protéger les droits des travailleurs et de «toutes les communautés» – mais il fait encore des concessions à l’aile droite en ne précisant pas clairement le rôle de l’UE dans l’instauration de la politique d’austérité.

    Le manifeste contribue à défendre «les avantages du marché unique et de l’union douanière» sans expliquer le moindre rejet des règles néolibérales de l’Union européenne. Le manifeste parle beaucoup de la défense de la protection des travailleurs dans l’UE, mais il ne fait aucune mention de la législation européenne qui a conduit la course vers le bas en terme de conditions de salaire et de travail, à l’instar de la «directive des travailleurs détachés» ou des diverses directives de la privatisation des services publics. Le manifeste s’oppose par contre très clairement au racisme et défend les droits des migrants européens.

    Les politiques défendues dans ce manifeste pourraient transformer la vie de la majorité des gens (salaire décent, logement abordable, services publics décents et plus encore). Mais un parti anti-austérité socialiste doit aller plus loin pour résoudre tous les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et leurs familles.

    Par exemple, l’actuel plan concernant l’énergie consiste à assurer le contrôle du gouvernement sur les réseaux de distribution par étapes au fil du temps et à «soutenir la création» de sociétés d’énergie publiques dans chaque région, opérant avec des entreprises privées. Cependant, continuer à fonctionner au sein d’un marché privé où domine la soif de profits rendra impossible de contrôler ce qui arrive à l’approvisionnement en énergie, à ses prix et à son impact sur l’environnement. Pour assurer un accès authentique à l’énergie tout en investissant dans un plan visant à l’expansion rapide des énergies renouvelables, il faudrait une nationalisation démocratique de l’ensemble du secteur.

    Les plans économiques du manifeste de Corbyn sur l’investissement impliquent un rôle significativement plus important de l’État dans l’économie par rapport à ce qui a été défendu pendant des décennies. Ces propositions sont toutefois extrêmement modestes pour défier la propriété privée des secteurs clés de l’économie. Les manifestes travaillistes de 1945, 1972 et 1983 comprenaient des engagements de nationalisation beaucoup plus élargis. Mais la différence est telle en comparaison de ce qu’a défendu le Parti travailliste sous la direction de Tony Blair et les conservateurs que ce manifeste a le potentiel de secouer toute la société de haut en bas.
    Ce manifeste affirme que les choses n’ont pas à être ainsi et c’est cela que craignent tant les conservateurs et les blairistes. Ce manifeste ouvre la porte à la discussion sur la manière dont pourrait être différemment organisée la société.

    Mener campagne en faveur du manifeste de Jeremy Corbyn signifie de s’opposer non seulement aux conservateurs mais également aux représentants du capitalisme à l’intérieur du Parti travailliste. Cela signifie de continuer à se battre pour un parti en mesure de réaliser ce programme. Cela signifie de mener campagne pour des politiques de type socialistes.

    Lorsque les conservateurs et les médias capitalistes attaquent ces politiques comme étant inabordables, ils expriment en fait que ces mesures sont préjudiciables aux profits gargantuesques de l’élite capitaliste. L’argent ne manque pas au Royaume Uni. Les mille personnes les plus riches de Grande-Bretagne possèdent 658 milliards £ – 83 milliards £ de plus en un an! Les mesures fiscales de Corbyn et McDonnell visent à prélever £ 48,6 milliards supplémentaires dans leurs poches.

    Nous soutenons les projets de Jeremy Corbyn de taxer les grandes sociétés et les plus riches. Durant la plupart des années 1970, les grandes entreprises étaient imposées à 52%. Mais ce pourcentage a été réduit jusqu’à 20% aujourd’hui. Même avec les augmentations de taxe prévues par Corbyn et McDonnell, les grandes entreprises seraient encore moins imposées en Grande Bretagne que dans les autres pays du G7.

    Mais il faut reconnaitre que les « marchés » – c.à.d le capitalisme – n’accepteront jamais docilement de voir l’imposition et la régulation des grandes sociétés et des riches considérablement augmentés, ni même que des entreprises privées soient prises sous contrôle public.
    Un système truqué

    Le « système truqué » dont parle Jeremy Corbyn est géré par et pour un petit nombre de riches et d’entreprises. Aujourd’hui, un petit groupe de personnes en Grande-Bretagne et dans le monde entier possèdent et dirigent les industries, la science et la technique dans le seul but de maximiser leurs profits.

    Au niveau mondial huit personnes possèdent plus de richesses que la moitié la plus pauvre de l’Humanité. Nous connaissons le plus grand fossé entre riches et pauvres qui ait jamais existé dans l’histoire humaine. Environ 125 grandes entreprises dominent complètement l’économie. L’infime élite qui possède ces entreprises et ses laquais sont déterminés à stopper l’arrivée de Jeremy Corbyn au pouvoir.

    Les milliardaires qui tentent déjà de bloquer la diffusion des idées défendues par Jeremy Corbyn feront tout leur possible pour saboter leur mise en œuvre s’il est élu. Même les modestes objectifs de ce manifeste vont trop loin à leur goût. Ils sont surtout terrifiés par l’effet que cela pourrait avoir sur les attentes de la classe des travailleurs, qui pourraient être grandies et qui pourraient pousser Corbyn à aller bien plus loin que ce qu’il imagine actuellement.

    Il faudrait s’attendre à des tentatives visant à démettre Corbyn de ses fonctions de premier ministre. Ils utiliseraient aussi le sabotage, avec des mesures telles que la grève des investissements et le retrait de leur argent des banques. L’énorme pression qui a été en son temps instaurée sur le gouvernement dirigé par SYRIZA en Grèce est un avertissement pour tout gouvernement disposé à remettre en cause les intérêts des plus riches.

    Voilà pourquoi la lutte pour les politiques défendues par Corbyn et autres nécessitent la mobilisation active et massive du mouvement des travailleurs. Cela signifie d’être prêt à aller plus loin en adoptant des mesures de type socialistes.

    Cela impliquerait de nationaliser les grandes banques et sociétés financières, avec compensation uniquement sur base de besoins prouvés. Une étape cruciale pour résoudre la crise économique serait de placer sous propriété publique démocratique les quelque 125 grandes entreprises qui contrôlent environ 80% de l’économie britannique. À la différence des nationalisations du passé, il faudrait cette fois-ci les placer sous contrôle démocratique populaire en impliquant les travailleurs, les syndicats et la collectivité.

    Ce ouvrirait la voie à la possibilité de développer un plan démocratique et socialiste de production et d’échange qui pourrait très rapidement transformer la vie de millions de personnes.

  • Macron, candidat des banquiers et des gros actionnaires est élu. La résistance doit s’organiser partout !

    Les élections ont montré un rejet historique des partis traditionnels avec l’élimination dès le 1er tour du PS au pouvoir avec Hollande et du parti de Sarkozy (LR) avec son corrompu de candidat, Fillon. La colère sociale a pu s’exprimer de manière claire avec les 7 millions de voix pour Mélenchon, pour un programme de rupture avec l’austérité et la dégradation des conditions de vie et de travail. Mais ce vote n’a pas été suffisant pour barrer la route à Le Pen et au FN relooké par Marine Le Pen, qui a pu accéder au second tour face à Macron, le candidat désigné des classes dirigeantes.

    Par Leïla Messaoudi, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Finalement Macron a été élu avec 65,8 % des voix contre 34,2 % pour Le Pen. Les capitalistes ont donc leur marionnette pour poursuivre et amplifier leur politique d’austérité et de répression contre les travailleurs, les jeunes, les chômeurs et les étrangers. Mais la situation n’est pas aussi simple qu’il y paraît.

    Record historique du vote blanc.

    12% des votes sont des bulletins blancs ou nuls : c’est un record historique qui a obligé les médias à donner les chiffres des votes blancs, traditionnellement non comptabilisés. Si on y ajoute l’abstention, 34 % des électeurs soit 16 millions sur 47 millions d’inscrits (et environ 52 millions d’adultes) n’ont pas « choisi » entre Le Pen et Macron. Le signe clair que Macron a une base très faible pour gouverner et que les mois et années à venir vont être très instables. Derrière les pourcentages, la réalité est moins glorieuse : Macron reçoit 20, 4 millions voix et Le Pen 10,6 millions. En réalité, malgré la menace de Le Pen au pouvoir, Macron n’a regroupé que 43,6 % des inscrits. Et les enquêtes d’opinion à la sortie des urnes le montrent : 43% des électeurs qui ont voté Macron l’ont fait pour barrer la route à Le Pen, seul 16% d’entre eux ont voté par adhésion à son programme.

    Macron : une politique contre les travailleurs et les jeunes.

    Macron a une mission : poursuivre et intensifier les politiques menées depuis 15 ans par Sarkozy et Hollande contre les services publics, pour faciliter les licenciements et flexibiliser le marché du travail. Il l’a annoncé, il veut supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires sur 5 ans. Et il va utiliser l’arsenal antidémocratique de la Vè république, comme Valls en son temps, pour faire passer des lois centrales pour les capitalistes. Il veut gouverner par ordonnance, c’est à dire éviter le parlement et les discussions sur les projets de lois. La 1ère, pour juin, juillet, est dans ses cartons à peine défaits, c’est celle sur le travail. Puis viendraient celles sur l’assurance chômage, sur la sécurité sociale…

    Le refus de cette politique est très massif et a été sanctionné dans la période électorale. Mais cette colère et ce rejet doivent trouver une expression sociale et politique défendant réellement les intérêts des travailleurs, des jeunes et de la majorité de la population. Car le risque est là que le FN va chercher à s’accaparer davantage le rejet des capitalistes et le détourner avec le racisme et les discriminations en tout genre.

    L’instabilité est grande pour les classes dirigeantes. C’est maintenant qu’il faut descendre dans la rue, pour dire clairement qu’on rejette ces politiques antisociales. Les directions confédérales syndicales ne peuvent pas rester muettes alors qu’on annonce des Lois Travail x10, alors même que la loi Khomri avait mis un million de personnes dans la rue, il y a un an à peine. Il faut s’organiser et montrer notre force collective sans attendre fin juin.

    Le Pen veut être l’opposition à Macron. Pas question !

    Pour Le Pen et le FN, la campagne n’a pas été si simple que cela. Ils espéraient surfer sur le ras-le-bol et étaient donnés premier parti dès le 1er tour mais la campagne de Mélenchon lui a mangé de l’espace. Elle réussit à recevoir au second tour 10,6 millions de voix, soit 3,5 millions de voix en plus entre les deux tours, probablement parmi la droite la plus réactionnaire qui avait voté Fillon et les souverainistes de Dupont-Aignan (1,7 millions de voix au 1er tour). Il y a certainement eu aussi des votes parmi ceux qui voulaient à juste titre dégager Macron le banquier en votant (de manière erronée) pour Le Pen qui reste une candidate capitaliste et la pire des ennemis des classes populaires.

    Désormais, elle veut transformer l’essai et achever la mutation de son parti. Marine Le Pen dès dimanche a clairement annoncé son projet : la création d’un nouveau parti dans les mois à venir, qui permettrait de regrouper ceux et celles qui s’opposent à la politique de Macron. Mais ce n’est pas sans créer déjà des oppositions au sein même du FN, notamment parmi les partisans de Marion Maréchal-Le Pen, qui voient d’un mauvais œil le rapprochement avec certains secteurs de la droite classique. L’enjeu pour le FN, c’est de capitaliser sur la colère mais aussi de permettre à ses dirigeants de faire carrière. Les tensions vont être nombreuses surtout lorsque la véritable opposition à Macron, celle des travailleurs et des jeunes, se fera sur des revendications opposées au programme du FN…

    Législatives 2017.

    Les prochaines élections nationales sont dans un mois, les 11 et 18 juin 2017, pour élire les députés à l’assemblée nationale. Il est clair qu’il s’agira en réalité des 3ème et 4ème tours durant lesquels cette colère et la volonté d’en découdre vont chercher à s’exprimer.

    Plus que jamais, il est nécessaire que les travailleurs, les jeunes et les classes populaires aient une expression politique indépendante face aux partis gérant le capitalisme : En Marche, Les Républicains, FN, PS et EELV (qui cherchent déjà une alliance avec le parti de Macron). Dans le sens de la campagne de Mélenchon, il faut des candidats en rupture avec les politiques d’austérité. On ne peut plus accepter les accords avec les partis qui mènent des politiques d’austérité, comme le PS ou certains d’E.E.L.V. Il faut des candidats qui s’opposent aux licenciements comme à Whirlpool ou chez Tati, qui combattent le démantèlement des services publics, qui luttent contre la destruction de l’environnement, pour l’augmentation des salaires et des pensions, pour la baisse du temps de travail. Des candidats qui font la différence avec les corrompus et carriéristes d’en Marche, de LR, du PS ou du FN, en n’étant payés qu’au salaire moyen d’un travailleur qualifié.

    Nous sommes aussi pour des candidatures unitaires et uniques par circonscription autour de ce programme. Il devrait être possible de faire campagne pour un même candidat, qu’on soit du mouvement des Insoumis ou au Pcf, tout en gardant sa liberté d’ expression propre si on le souhaite. Il faudrait trouver un accord, si ce n’est pour une campagne commune, au moins de répartition des circonscriptions. C’est crucial. Mais si les exigences du PCF sont, comme cela semble être le cas, d’exiger d’être le candidat titulaire dans une écrasante majorité de circonscriptions et de ne laisser à la FI que les endroits où le score de Mélenchon a été plus faible, alors malheureusement aucun accord ne sera possible autre que celui que la France Insoumise a déjà proposé à savoir : 26 circonscriptions gagnables pour le PCF et 26 pour la FI dans lesquelles il n’y aura pas de confrontation entre les deux mouvements.

    Il ne faut plus attendre pour créer une gauche de combat !

    Face à la poursuite des politiques pour les capitalistes, la vraie gauche a une grande responsabilité et ne peut pas laisser le terrain au FN. Il faut poursuivre la dynamique enclenchée par la campagne autour de Mélenchon. Le vote Mélenchon a apporté de l’espoir aux classes populaires et un programme progressiste qui s’en prend aux vrais responsables de la crise : les super riches, les banques, les actionnaires… Il s’en est fallu de peu pour que Mélenchon double Le Pen, à la grande crainte des médias au service du capitalisme (9 milliardaires possèdent aujourd’hui 90% des médias en France). L’offensive déchaînée des journalistes et des classes dirigeantes contre Mélenchon, allant même jusqu’à l’assimiler à Staline, trahissait en fait leur peur que les masses se saisissent de son programme économique et social, et cherchent à l’imposer. Et hier soir après les résultats, certains se félicitaient d’avoir éviter un second tour Mélenchon Le Pen ou Mélenchon Macron qui aurait été très serré !

    Il faut créer une nouvelle force politique de masse capable d’organiser la colère et la résistance autour d’un programme économique et social qui désigne les vrais responsables : les capitalistes. Des centaines de milliers d’électeurs de Mélenchon ont envie de continuer. Ce qu’il a manqué dans les deux dernières semaines de la campagne, c’est que le mouvement des Insoumis soit plus structuré, plus capable de s’enraciner comme un mouvement militant et combatif face aux candidats pro-capitalistes. Il y a urgence à avancer dans ce sens, car les législatives vont demander une certaine organisation et surtout, la campagne électorale sera déjà un moyen d’empêcher Macron d’obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale et de construire la lutte de masse contre sa politique, ce qui passera par des manifestations et des journées de grève.

    Nous sommes pour une telle force politique de masse et de lutte, un nouveau parti réellement démocratique rassemblant les travailleurs, les jeunes, et tous ceux et toutes celles qui en ont assez du capitalisme. Pour cela il n’y a pas 36 solutions, il faut se battre pour mettre fin à la dictature capitaliste en retirant les moyens de nuire aux capitalistes en plaçant en propriété publique, sous le contrôle et la gestion de la population les grands secteurs de l’économie. Une nouvelle force peut se construire avec les mobilisations de masse et en discutant d’un programme anti-austérité, mais aussi en défendant le socialisme démocratique contre le capitalisme et sa dictature du profit.

    Avec le score de Mélenchon et la campagne France Insoumise, un grand pas a été fait dans ce sens et nous pouvons dire que désormais, les capitalistes ont une véritable opposition face à eux, et que celle-ci va grandir et se construire.

  • AUCUNE VOIX POUR LE PEN !

    Mais Macron n’est pas la solution.

    Les sondages avaient beau annoncer pareil deuxième tour depuis plusieurs mois, la réalité des faits n’en fut pas moins un choc terrifiant. Marine Le Pen est présente au second tour. Nous sommes des millions à avoir eu le sang glacé en voyant sur nos écrans sa silhouette s’afficher au côté de celle d’Emmanuel Macron.

    Par Nicolas Croes

    Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré !

    Depuis qu’elle est arrivée à la tête du Front National, Marine Le Pen n’a pas ménagé ses efforts pour donner une image plus ‘‘respectable’’ à son projet politique nauséabond. Mais le FN n’a pas changé de caractère. Toutes ses astuces n’ont été que de petites couches de vernis sur le même racisme, le même mépris, la même admiration des régimes forts et des dictatures. Un nouveau FN ? A d’autres ! Dans le beau costume de Jean-François Jalkh, qui a repris les rênes du parti dans l’entre-deux tours, on trouve un sombre personnage qui n’a jadis hésité ni à mettre en doute la réalité des chambres à gaz, ni à se rendre au 40e anniversaire de la mort du maréchal Pétain.

    Le FN reste cet outil de haine dont l’activité et le programme sont synonymes de danger pour tous ceux et celles qui, aujourd’hui déjà, sont les victimes de la crise et de l’austérité. Le FN, un parti populaire ? Souvenons-nous de Le Pontet, cette municipalité du Vaucluse (région Provence-Alpes-Côte d’Azur) contrôlée par le FN où la gratuité de la cantine scolaire pour les enfants des familles les plus pauvres a été supprimée. Pour quelle raison ? Pour une ‘‘gestion responsable’’ des finances publiques… alors que le maire frontiste s’était fait voter une augmentation de 44% de son salaire !

    Quand Marine Le Pen parle des problèmes du système de santé et de Sécurité sociale, elle ne voit comme solution qu’une offensive contre les ‘‘arrêts maladie abusifs’’ et les soins aux étrangers. Pas un mot par contre au sujet des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui creusent le trou de la sécurité sociale et de l’avidité des entreprises privées du secteur des soins. Son objectif est de dévier la colère contre les travailleurs et les étrangers.

    Quand Marine Le Pen se défend de vouloir protéger l’emploi, elle a en tête de pilonner les droits syndicaux en offrant gracieusement de nouveaux cadeaux aux patrons. Dès lors qu’elle s’adresse à eux, sans trop faire appel aux médias dans ce cas, elle n’hésite pas à dire que son projet politique ‘‘vise à leur accorder une priorité dans toutes les politiques publiques’’. Peut-on être plus clair ? Sa défense de la ‘‘préférence nationale’’ en matière d’emploi ne sert qu’à monter les travailleurs les uns contre les autres pour que ce projet pro-patronal puisse mieux s’imposer.

    Toute la pratique du Front National – des municipalités aux votes de ses députés européens – démontre l’étendue de la calamité qu’il représente non seulement pour les personnes d’origine immigrée mais aussi pour les femmes (notamment en matière de droit à l’avortement), les travailleurs, les personnes LGBTQI, les allocataires sociaux, les syndicalistes, les activistes des droits humains,…

    Les ravages que causeraient une victoire de Marine Le Pen au second tour dépasseraient très largement les frontières de l’Hexagone. Tout récemment, nous avons pu constater le regain de confiance que la victoire de Donal Trump a donné à tous les Geert Wilders et autres Théo Francken de la terre. Cette assurance malsaine – qui élargit également l’espace pour les agressions à caractère raciste, sexiste ou homophobes dans la société – sortirait encore renforcée.

    Emmanuel Macron, le ‘‘moindre mal’’ & la cause du pire

    Nombreux sont ceux qui ont fait le parallèle entre ces présidentielles et celles qui ont porté Trump au pouvoir, tant Emmanuel Macron semble habillé des mêmes habits qu’Hillary Clinton, celui de bien piètre concurrent face à une candidature instrumentalisant la colère largement ressentie contre l’establishment. Emmanuel Macron est régulièrement passé pour une girouette indécise, mais il dispose d’un projet politique limpide : celui d’assurer que le patronat soit transporté d’allégresse.

    Macron veut d’un côté supprimer 120.000 postes dans la fonction publique. De l’autre, il entend réduire l’impôt sur les sociétés de 33% à 25% durant son quinquennat. Pour cet ancien ministre de l’économie de François Hollande, l’impôt sur la fortune (ISF) ne devrait pas être payé par les actionnaires car ‘‘ceux-ci financent les entreprises’’. Mais le contrôle des chômeurs serait par contre renforcé. Quel hasard y-a-t-il si l’on trouve parmi ses soutiens des personnalités politiques aussi peu sociales qu’Alain Madelein ou Manuel Valls ? Même Laurence Parisot (l’ancienne présidente du MEDEF, la principale organisation patronale française) s’est empressée de lui proposer ses services, un peu trop vite toutefois aux yeux de Macron.

    Durant le premier tour, Marine Le Pen avait encore face à elle des candidats qui, comme Jean Luc Mélenchon, la repoussaient vers les thématiques sociales qu’elle tenait par-dessus-tout à éviter. Après le 24 avril, elle a eu beau jeu de se présenter comme la candidate anti-élite. Face aux ouvriers de l’usine menacée de fermeture Whirlpool d’Amiens, elle a déclaré, sans honte : ‘‘je suis ici à ma place, je suis au milieu des salariés qui résistent à cette mondialisation sauvage’’. Le FN a instrumentalisé ce drame pour alimenter le mythe d’une candidate ‘‘du peuple’’ face à celui d’élites déconnectées de la réalité. Un mensonge passe mieux en comprenant un élément de vérité.

    Beaucoup d’électeurs se rendront aux urnes et voteront en faveur de Macron dans l’espoir de repousser le cauchemar d’une victoire frontiste. C’est compréhensible. Mais, avec son programme profondément néolibéral et antisocial, que représente-t-il si ce n’est la recette d’une future véritable croissance du populisme ? En réfléchissant à plus long terme, imagine-t-on pouvoir bloquer Le Pen en renforçant sa dynamique ? La gauche doit éviter de tomber dans ce piège, cela lui ferait porter une part de responsabilité dans l’application d’un projet politique qui lui sera plus tard reproché avec insistance.

    La France Insoumise

    Il y a à peine plus d’un an, le FN était seul à tirer parti du mécontentement populaire. Tout semblait lui profiter. Entre temps s’est développée la campagne énergique de la France Insoumise et de Jean Luc Mélenchon. Sans cela, le score de Marine Le Pen n’aurait pas été de 21 % mais de bien plus, comme le laissaient présager les sondages à l’époque. La France Insoumise a redonné espoir et réalisé une impressionnante percée parmi les chômeurs, les ouvriers ou la jeunesse, où Mélenchon fut, avec 30%, le premier candidat, loin devant Marine Le Pen et Emmanuel Macron. A Marseille, une ville où le Front National a prospéré ces dernières années, Mélenchon est arrivé en tête.

    Cette puissance potentielle dans le camp des travailleurs et de la jeunesse de toutes origines ne doit pas être affaiblie par le débat portant sur la consigne de vote pour le second tour. Avec son appel à une consultation des 450.000 membres (!) de la France Insoumise, Mélenchon a accentué ce processus d’unité tout en pointant du doigt deux éléments cruciaux : la percée de la France Insoumise à confirmer lors des législatives et la résistance sociale nécessaire pour affronter les conséquences du second tour. Que l’on ne se trompe pas, c’est précisément cela qui est ciblé par la campagne médiatique et politique dénigrant l’image de la France Insoumise. Les hypocrites dirigeants LR, PS et même le président François Hollande ont d’ailleurs, en fin de campagne, bien plus averti du ‘‘danger’’ de Mélenchon que de celui représenté par le FN.

    Action contre le FN à Bruxelles ce 24 avril.

    La gauche n’a aucune leçon à recevoir de la part de ceux-là même qui n’ont jamais hésité à jouer la carte du racisme, jusque dans les rangs du PS. Où étaient-ils alors que Mélenchon ne cessait de combattre l’extrême droite, y compris à Hénin-Beaumont en 2012, sur des terres considérées comme inévitablement acquises à Marine Le Pen ? C’est la politique des Sarkozy, Valls, Hollande & Co qui a contribué à faire monter le FN. S’y associer pour freiner l’extrême droite n’a jamais eu de résultat, si ce n’est d’alimenter le sentiment d’une conspiration des élites contre ‘‘le peuple’’, au point que même des personnes d’origine immigrées sont aujourd’hui séduites par Marine Le Pen. Laisser cette dernière seule contre tous, ce serait lui faire le cadeau dont elle rêve : celui de pouvoir personnifier l’opposition au ‘‘système’’.

    Et pour la suite ?

    Pour notre part, en France et ailleurs, nous nous sommes toujours opposés à l’extrême droite. Nous continuerons à le faire, en défendant de s’organiser, de se réunir, de débattre, de manifester tous ensemble en construisant le rapport de force social dont nous avons besoin. Certains électeurs s’abstiendront ou voteront blanc, contre Le Pen mais aussi contre le faux choix qui imposé, il s’agit d’une approche qui serait certainement la nôtre.

    La seule façon de réellement combattre le Front national, c’est de lui opposer un programme et une approche qui répondent aux déshérités broyés par l’austérité. C’est de cela qu’est issu le succès de la France Insoumise, qui a totalisé près de 20% des voix en s’attirant 7 millions d’électeurs. La formation est maintenant l’un des quatre grands blocs politiques. Il lui faut être à la hauteur de la situation en consolidant le formidable élan de la campagne.

    Ces élections constituent une illustration supplémentaire de la crise durable et profonde que traverse l’autorité des instruments politiques traditionnels de la classe dominante en France et ailleurs. Des deux partis qui ont rythmé la vie politique française ces quarante dernières années, aucun n’est parvenu à se hisser au deuxième tour, le PS s’effondrant même jusqu’à atteindre les 6%. Une profonde recomposition du monde politique français est à l’œuvre, la France Insoumise doit y prendre place en se structurant en un parti de masse des travailleurs et de la jeunesse, en une gauche de combat capable d’accueillir et d’intégrer démocratiquement toutes celles et tous qui veulent lutter contre le capitalisme et ses conséquences.

  • Présidentielles : succès de Mélenchon, mais faux choix Macron – Le Pen

    Ça se confirme, après avoir dégagé les figures les plus visibles des politiques d’austérité, de soutien au grand patronat, comme Sarkozy et Valls-Hollande, ce sont leurs partis traditionnels qui prennent une claque magistrale !

    Contribution de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    De manière inédite, le second tour se fera sans candidat officiel du PS ou des Républicains. Fillon a reçu 19,9 % des voix, très loin des pronostics qui plaçaient la droite au-dessus des 30% à l’hiver dernier. Certes, les affaires d’emplois fictifs et de goûts de luxe (souvent au moyen d’argent public) ont largement entamé sa popularité. Mais il faut également se rappeler que c’est dès l’annonce de son plan de casse de la sécurité sociale et de hausse de la TVA en décembre dernier que Fillon avait commencé sa chute libre dans les sondages. Les candidats des deux grands partis responsables de toutes les politiques menées depuis plus de 30 ans ont donc bien été balayés, confirmant la vague de « dégagisme » dont parlait Mélenchon.

    Ce sont plus de 7 millions de voix, avec un jeune sur 3, qui se sont portées sur Mélenchon, il s’en est fallu de peu qu’il soit au deuxième tour. Au terme d’une campagne qui a rassemblé des dizaines de milliers de militants, organisant eux mêmes les choses, un véritable espoir a commencé à naître, une vague qui a déjà fait trembler tous les défenseurs du capitalisme, jusqu’au Washington Post qui titrait, paraphrasant la formule de Marx dans la manifeste communiste, « un nouveau spectre hante l’Europe, celui de Jean Luc Mélenchon ». Il s’en est fallu de peu pour que se qualifie au second tour un candidat rejetant les politiques d’austérité, refusant que la planète continue d’être saccagée par le capitalisme tandis que les travailleurs sont exploités pour les profits d’une poignée de capitalistes. Le mouvement des insoumis, auquel la Gauche révolutionnaire a participé, ne va pas s’arrêter là. Sept millions de voix c’est une force et un potentiel gigantesques pour affronter la politique au service des riches du probable vainqueur du second tour, le candidat des banquiers, Macron.

    Le PS fortement sanctionné

    De l’autre côté, Benoît Hamon a reçu le plus mauvais score pour un candidat du PS, avec 6,35% des voix. Alors qu’il avait, à la satisfaction générale, battu Valls et son bilan désastreux lors de la primaire du PS, Hamon a été incapable de prouver que le PS pouvait changer. Alors même que Valls rencontrait Fillon en disant qu’il était « prêt à des compromis » avec lui s’il était élu, Hamon n’en a tiré aucune conclusion. Ne désavouant jamais la politique de Valls-Hollande (simplement critiquant quelques points), il a prétendu vouloir faire alliance avec Mélenchon sans jamais discuter du programme et n’ayant en tête que les prochaines élections législatives. Soi-disant partisan de faire « gagner la gauche », il a refusé aussi de se retirer et de soutenir Mélenchon, montrant de fait que le PS restait égal à lui-même, uniquement capable de penser en termes de cuisine électorale pour les prochaines élections. Mise à part sa proposition de « revenu universel », Hamon était bien incapable de dire publiquement s’il approuvait les mesures phare de Mélenchon comme la hausse des salaires, la baisse du temps de travail ou encore la retraite à 60 ans. Accroché à un vieux schéma politique (une alliance au sommet avec les Verts et le PCF) mais qui n’a pas marché cette fois-ci, Hamon aura également joué le rôle négatif qui arrange tant Macron. En effet, le vote pour Hamon a directement permis le maintien de Mélenchon derrière Le Pen et Macron, même si c’est de peu.

    Hamon recevra évidemment le prix de son attitude : une mise à l’écart complète après un score aussi faible et l’équipe de Valls et autres qui vont reprendre la main sur le PS et tenter de le transformer en parti du centre, afin d’aboutir à un accord avec Macron et son mouvement. Déjà, de nombreux élus PS ont soit obtenu l’investiture du mouvement de Macron pour les législatives, soit sont entrés en discussion avec lui.

    Macron le candidat de la finance

    La candidature de Macron a un rôle précis : celui d’assurer une continuité dans les politiques menées ces dernières années : lois de casse du droit du travail, des services publics, et politiques en faveur des multinationales et des groupes financiers.

    C’est avec le soutien discret mais réel de Hollande et de nombreux grands patrons que Macron a été lancé, comme un produit marketing, combinant un discours démagogique (chacun aurait sa chance de devenir millionnaire, sans expliquer pourquoi ils sont une si infime minorité dans la société alors que le nombre de pauvres continue d’augmenter) à une déclaration de guerre aux travailleurs mais bien masquée (fin des 35 heures, suppression de dizaines de milliers d’emplois publics). Soi-disant nouveau (par rapport à des Fillon, il est vrai qu’il n’est pas dur de paraître nouveau), il a même annoncé que 50% des candidats de son mouvement, En Marche, seraient des gens jamais élus jusqu’à présent. Reste à savoir s’ils seront sur des circonscriptions permettant d’être élus, rien n’est moins sûr… Et avec 23,8% des voix, son soutien dans la population n’est pas si fort que cela. Beaucoup seront rapidement déçus, et le réveil sera certainement colérique parmi les nombreux jeunes qui découvriront que Macron ne fait que continuer la politique de ses prédécesseurs.

    Le Pen au second tour sans élan

    Face à lui, Le Pen peut jouer à plein le rôle, bien pratique pour les capitalistes, de repoussoir : sa présence au second tour va favoriser le candidat qui a le soutien des super-riches, des banques, des groupes d’actionnaires, etc. Seule la candidature de Mélenchon était un obstacle à ce scénario idéal pour la bourgeoisie et la caste politicienne. Lui, au moins, dénonçait réellement la politique menée au service des super riches sans trouver des coupables parmi celles et ceux qui en sont pourtant les principales victimes, notamment les migrants ou les musulmans.

    Le Pen a en fait été sauvée de peu, n’ayant que 600 000 voix d’avance sur Mélenchon. Les zones rurales ont voté en premier lieu pour Marine Le Pen, de même que de nombreuses zones sinistrées par les fermetures d’entreprises et les politiques de casse des services publics. Mais les grandes et moyennes villes, notamment les villes ouvrières et populaires, ont souvent porté Mélenchon devant Le Pen : Le Havre, la Seine-Saint-Denis, Roubaix, Marseille, etc.

    Si le score de Le Pen est réellement haut (mais dans des proportions bien moindres que ce qui était annoncé dans les sondages), sa progression n’est pas irrésistible. Elle a gagné 1,2 million de voix depuis 2012 (passant de 6,4 millions à 7,6 millions), elle a raté son objectif (être en tête) et elle distance Fillon et Mélenchon de peu.

    Pas une voix des travailleurs et des jeunes pour Marine Le Pen !

    Le discours de Le Pen a pu attirer des jeunes, des travailleurs, des retraités, des chômeurs, qui subissent depuis plus de 15 ans les politiques antisociales des différents gouvernements par colère. Cependant dans la dernière période, elle a clairement dit aux grands patrons, lors de sa rencontre avec le MEDEF, qu’elle ne toucherait à aucun de leurs privilèges, ni même qu’elle n’augmenterait réellement les salaires. Sa posture sociale, qu’elle va renforcer durant ce second tour du fait qu’elle ne subit plus la pression de Mélenchon et qu’elle est face aux candidats des banquiers, Macron, est une escroquerie.

    Poursuivie pour détournement d’argent public, elle ne s’est protégée que par son immunité parlementaire, elle qui se prétend anti-système. De même, son parti est rempli de politiciens carriéristes exactement de la même manière que le PS ou les Républicains.

    Face à Macron qui est le candidat des multinationales et des banques, Le Pen recevra peut-être des voix de gens qui en ont assez de ces politiques au service des riches. Mais elle ne propose pas une autre politique, elle défend autant le capitalisme que Macron. Elle ne remet pas en cause l’exploitation ni la dictature du profit, bien au contraire, venant d’une famille de millionnaires, elle est dans le camp des riches.

    Beaucoup sont à juste titre en colère contre ce faux choix. Il est crucial que partout où cela est possible, on s’organise et on multiplie les initiatives de masse contre Le Pen, contre le capitalisme et le racisme.

    Le Pen ne passera pas !

    C’est par la mobilisation de masse que l’extrême droite sera stoppée. Et par la construction d’un parti de lutte et de masse qui défend réellement les intérêts des travailleurs, des jeunes, et de la majorité de la population. Le Pen reçoit ses succès électoraux parce que beaucoup sont désespérés et en même temps en colère, mais aussi parce que les partis comme le PS ou les Républicains, et tous ceux qui vont avec, mènent des politiques qui aggravent la situation sociale d’une majorité de la population.

    On peut comprendre que beaucoup iront voter pour Macron pour faire barrage au cauchemar que représente Le Pen et son parti. Pour notre part, nous nous sommes toujours opposés à Le Pen, et nous pensons qu’il faut continuer en appelant à s’organiser, à se réunir, à débattre et à manifester. Mais nous ne voterons pas pour autant pour Macron, dont la politique sous Hollande a été d’attaquer les travailleurs et qui va la continuer quand il sera élu.

    Les premières mobilisations ont un double objectif : montrer à Le Pen qu’elle ne passera, et préparer les jeunes, les travailleurs, par dizaines de milliers, aux luttes qu’il faudra mener contre les attaques antisociales de Macron et sa politique au service du capitalisme.

    L’absence d’une véritable force politique de masse et de lutte, d’un nouveau parti démocratique regroupant des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de retraités… a facilité les mensonges de Macron et de Le Pen aidés par la propagande des médias au service du capitalisme. Il nous faut un tel nouveau parti pour discuter, réfléchir, et décider collectivement de nos luttes et de nos revendications. C’est cela que la Gauche révolutionnaire défend, en lien avec un programme pour le socialisme démocratique et contre le capitalisme.

  • S’inspirer de la dynamique de la France Insoumise pour les combats à venir

    Cette campagne présidentielle française a bouleversé tous les repères politiques traditionnels. Un président sortant, François Hollande, qui refuse d’être candidat (une première sous la 5e République instaurée en 1958) ; des primaires à droites organisées pour la première fois d’où émerge contre toute attente François Fillon ; ce même candidat de la droite officielle dont la campagne s’est vue directement plombée par divers scandales ; une figure encore peu connue il y a quelques temps, Emmanuel Macron, propulsée avec la complaisance des médias sur le devant de la scène ; etc. Quant à nous, à l’instar de nombreux jeunes et travailleurs, nous retiendrons surtout la candidature de Jean Luc Mélenchon et la dynamique qui fut celle de la France Insoumise.

    Par Nicolas Croes, article écrit à destination de l’édition de mai de Lutte Socialiste, avant la publication des résultats du premier tour

    Au côté des intentions de vote où Jean-Luc Mélenchon a progressivement dépassé Benoît Hamon, puis François Fillon pour finir dans les vainqueurs potentiels du premier tour, il y a également eu l’extraordinaire affluence aux meetings de la France Insoumise, dont voici quelques dates clés. Le samedi 18 mars, 130.000 personnes s’étaient réunies à Paris pour commémorer l’anniversaire de la Commune de 1871. Le dimanche 9 avril, ils étaient 70.000 à Marseille et à nouveau 70.000 à Toulouse le 16 avril. Deux jours plus tard, en pleine semaine, 35.000 personnes ont assisté aux meetings simultanés de Dijon, Grenoble, Nancy, Clermont-Ferrand, Nantes et au Port (La Réunion) grâce à des hologrammes, tandis que 65.000 autres regardaient en direct la retransmission du discours. Les autres candidats ne pouvaient que rêver susciter un tel enthousiasme !

    De l’audace, de l’audace, encore et toujours de l’audace

    Une des grandes leçons de la montée en flèche de la figure de Mélenchon, c’est d’avoir développé une image offensive, pugnace et audacieuse. L’image de quelqu’un qui rend coup sur coup. Qui ne cherche pas à être accommodant avec l’élite. Qui ne plie pas devant les médias. Qui a un objectif en tête et la ferme volonté d’y parvenir. Qui redonne confiance en une victoire possible contre le camp d’en face.
    La nécessité d’une telle approche avait déjà été démontrée de manière éclatante par la candidature de Bernie Sanders aux primaires du parti démocrate et son appel à la ‘‘révolution politique contre la classe des milliardaires’’, approche par ailleurs au service d’un programme politique résolument favorable au travailleurs et aux opprimés de toutes sortes.

    Tant Mélenchon que Sanders ont compris que les idées politiques ne doivent pas être limitées à ce qui semble raisonnable. Ils ont défendu des idées radicales (bien qu’ayant encore de nombreuses faiblesses) qui ont permis de bousculer le centre de gravité politique du débat global. Il fut un temps où Bernie Sanders aurait tout simplement été banni du débat politique national aux Etats-Unis. Aujourd’hui, il reste l’homme politique le plus populaire du pays en dépit de sa capitulation et de son ralliement à la candidature de Hillary “Wall street” Clinton. Mélenchon a, au contraire, gardé ses distances avec le Parti “Socialiste”, même lorsque que Benoît Hamon est sorti vainqueur des primaires de la “Belle alliance populaire”. Il a également défendu sans relâche la nécessité d’un projet de rupture avec les institutions actuelles de la Ve république. On peut déplorer que son projet de 6e république en reste au niveau de l’utopie d’un capitalisme domestiqué, mais l’on ne peut nier que la formule a l’immense mérite d’ évoquer un changement de régime et, peut-être, de société.

    L’utilisation des objectifs

    Un autre enseignement d’importance est celui de l’utilisation d’un plan de campagne soutenu. Il s’agissait d’abord de dépasser Benoit Hamon dans les sondages. Puis Fillon. Figurer enfin dans les sondages du second tour. Obtenir 300.000 abonnés à la chaine youtube de la France Insoumise pour le premier tour. Etc. Nous avons vu à l’œuvre sur le plan électoral une sorte de plan d’action crescendo à l’image du plan d’action syndical de l’automne 2014 contre le gouvernement Michel qui avait commencé par une manifestation de masse à Bruxelles pour finir après une tournée de grèves provinciales par la grande grève générale du 15 décembre 2014. C’était une manière de favoriser l’engagement actif dans la campagne, de répartir l’effort collectif en organisant la croissance de l’enthousiasme.

    Et pour la suite ?

    Il n’est d’ores et déjà plus seulement question de la désignation du chef de l’Etat. Divers commentateurs spéculent ouvertement sur la fin du PS. Quoi qu’il en soit, la France Insoumise est aujourd’hui dans une position de force pour prendre des initiatives hardies vers une recomposition radicale de la gauche. Selon nous, le mieux serait de s’orienter vers un nouveau parti de masse démocratique des travailleurs capable de rassembler pour organiser la lutte contre la classe capitaliste, dans la rue comme dans les urnes. Cela exigera d’approfondir le programme politique de la formation pour qu’il devienne un véritable programme de rupture anticapitaliste et socialiste.

  • La possibilité de dégager Le Pen, Fillon et Macron… Le 23 avril, VOTONS MÉLENCHON

    Mélenchon est la cible de tous les journalistes au service du système. Pourquoi ? parce qu’il propose de nous défendre : augmentation des salaires, des pensions de retraite, baisse du temps de travail pour embaucher, investissements publics pour créer des centaines de milliers d’emploi. Il défend que l’économie respecte la Nature et l’être humain, indispensable si on veut que le monde reste vivable.

    Tract de la Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    En face : Fillon et ses affaires, les emplois fictifs de sa famille payés avec de l’argent public, sa promesse de détruire 500 000 emplois dans les services publics, de baisser l’impôt pour les riches mais d’augmenter la TVA qui touche les travailleurs et les personnes les plus modestes.

    Macron, ex-ministre de l’économie de Hollande : + 1,5 millions de chômeurs en 5 ans, la fortune des plus riches qui a continué d’augmenter pendant que 9 millions de personnes vivent dans la pauvreté. Lui aussi promet des centaines de milliers de suppressions d’emploi dans les services publics. Tract distribué par la Gauche Révolutionnaire pour ces derniers jours de campagne

    Révoltons nous ! Ne subissons plus la dictature des super riches. Votons Mélenchon !

    Fillon et Macron parlent de «sacrifices», mais jamais pour les riches. C’est toujours pour les milieux populaires, tout en augmentant toujours les impôts des classes moyennes. Quant à Le Pen, ses slogans sont toujours contre les «migrants », ou contre les musulmans. Elle n’a évidemment aucun mot contre les super riches et les capitalistes, alors que ce sont eux qui ferment les usines et sur-exploitent les travailleurs pour augmenter leurs profits. Elle se dit contre le système mais tous les dirigeants de son parti, le Front National, cumulent deux postes d’élus ! Son racisme ne vise qu’à nous diviser pour affaiblir nos luttes contre ce système.

    Aucun de ces trois là ne veut toucher aux causes réelles des problèmes. Par exemple, les 75 milliards d’euros de bénéfices faits, en 2016 par les 40 premières entreprises françaises. Cet argent suffirait largement à donner des emplois, des services publics (Santé, Education…) gratuits et de qualité à tout le monde, il faudra aller le récupérer.

    Il faut les dégager, tous les trois !

    Des dizaines de milliers de personnes participent à la campagne de Mélenchon, aux meetings. Après toutes ces années à subir les attaques sur les retraites, sur l’Education, sur les services publics comme la Santé (22 000 suppressions d’emplois depuis 2015), à subir la loi El Khomri de casse du travail, à voir les salaires baisser tandis que les riches sont toujours plus riches, nous avons la possibilité de dire «stop !» ! Nous sommes déjà des millions, et cela peut permettre de tout changer.

    Après la lutte contre la loi «travail», avec les centaines de luttes et de grèves actuelles, c’est un vaste mouvement qui s’est mis en route : on ne se laissera pas piétiner ! Voter Mélenchon -et peut être permettre qu’il soit au second tour- cela montre que le camp des travailleurs, des
    jeunes, des couches populaires se rassemble pour stopper les politiques anti sociales.

    C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire mène campagne pour voter Mélenchon.

    Tant que ce système sera en place, avec sa dictature du profit, nous subirons le chômage, les bas salaires, et les politiciens corrompus à la Fillon qui continueront de venir exiger des sacrifices. Tout en soutenant Mélenchon, nous pensons qu’il faut s’attaquer aux racines mêmes du problème et lutter contre le capitalisme.

    Nous défendons la mise en propriété publique des multinationales, et de tous les groupes financiers (assurances, banques etc.) afin d’organiser l’économie démocratiquement, sous le contrôle des travailleurs et de la population, en fonction des besoins de tous et toutes. C’est cette lutte pour le socialisme démocratique que vous pouvez mener avec nous en nous rejoignant dès maintenant. Mélenchon au second tour ou pas, il faudra poursuivre le mouvement, se préparer à lutter, s’organiser.

    Nous avons besoin d’une force politique à nous, un nouveau parti, démocratique, capable de rassembler des dizaines de milliers de travailleurs, de jeunes, pour organiser la lutte contre les vrais parasites : la classe des capitalistes avec leurs banques, leurs super riches et leurs groupes d’actionnaires. La candidature de Mélenchon a permis de nous rassembler par millions, il faudra continuer !

    Le 23 avril c’est le choix : ou bien les politiques au service des riches et des grands capitalistes défendues par Fillon-Le Pen-Macron, ou bien une politique au service des jeunes, des travailleurs, et de la population comme le défend Mélenchon.

  • Bruxelles. Meeting “Mélenchon et la France Insoumise”

    Ce jeudi 20 avril, à 19h00, à l’ULB, local H2214

    Les Etudiants de Gauche Actifs ULB organisent un meeting/débat de soutien à la candidature de Jean Luc Mélenchon et la campagne de la France Insoumise.

    A l’occasion de la rentrée à l’ULB et pour cette dernière semaine de campagne avant le premier tour des présidentielles en France, nous vous invitons à venir débattre de la campagne et du programme de la France Insoumise.

    Orateurs:

    • Sophie Rauszer, candidate France Insoumise Benelux pour les législatives 2017
    • Nicolas Menoux pour le Parti Socialiste de Lutte
    • François D’Agostino du Parti Communiste Wallonie/Bruxelles
    • Dimitri Zurstrassen du mouvement VEGA

    => Evénement Facebook

  • Mélenchon et la France Insoumise. Comment réaliser ‘‘l’insurrection citoyenne contre la monarchie présidentielle’’?

    Photo : Parti de Gauche

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que la dynamique de la France Insoumise impressionne… Sur le net, Jean-Luc Mélenchon et son mouvement font un carton (plus de 240.000 abonnés à sa chaîne youtube !). Dans la ‘‘vraie vie’’, la mobilisation du 18 mars dernier a coupé le souffle à plus d’un commentateur : 130.000 personnes avaient répondu à l’appel et s’étaient retrouvées à Paris pour commémorer ensemble les débuts de la Commune de Paris (1871), la ‘‘première tentative de république sociale’’.

    Dossier de Stéphane Delcros et Nicolas Croes

    Les comités de la France Insoumise lancés en février 2016 organisent aujourd’hui près de 300.000 militants, qui ont par ce biais participé à l’élaboration du programme notamment via une grande Convention de la France Insoumise en octobre 2016. Le 1er décembre sortait le premier tirage du livre L’Avenir en Commun, disponible à 3 euros (mais également gratuitement en ligne sur www.laec.fr), qui détaille les 83 mesures proposées par le candidat. Les 50.000 premiers exemplaires ont fondu comme neige au soleil et le livre-programme est devenu un succès de libraire. Dès sa première semaine, il s’est placé à la neuvième place des meilleures ventes de livres en France… tous genres confondus ! Il a depuis largement dépassé les 100.000 exemplaires vendus.

    Ce succès n’a pas seulement été obtenu en librairie. Comme cela avait déjà été le cas lors de la candidature de Mélenchon en 2012, la France Insoumise invite ses partisans à être eux-mêmes actifs, à tenir des tables politiques en rue et sur les marchés (voire tout simplement à s’installer sur le pas de sa porte avec du café, une radio et une table de présentation), à s’adresser aux collègues et amis,… En 2012 déjà, chaque participant aux meetings de sa campagne recevait un ‘‘kit militant’’ comprenant quelques tracts, des affiches, etc. Mélenchon expliquait alors : ‘‘mon équipe préfère réparer les dégâts de l’action que ceux de l’inaction’’. Cette approche visant à transformer un soutien passif en implication active est un élément crucial pour que la gauche soit capable de redonner espoir et de contester la place tant du Front National que des partis traditionnels de l’establishment. Il n’est déjà pas impossible que la France Insoumise dépasse le PS au premier tour des présidentielles, ce qui donnerait un formidable élan aux discussions et initiatives pour une recomposition radicale du spectre de la gauche anti-austérité en France.

    La solidarité pour sortir de la peur ‘‘Il faut compter sur le peuple, sur son intelligence, son humour, sa dérision, sa finesse pour convaincre et entraîner. Car il faut convaincre et entraîner. Il faut sortir de la sinistrose, (…) il faut sortir de la peur qui est le seul nouveau lien social que la droite ait proposé au peuple pour se rassembler. (…) Autrefois, le grand lien social étaient la solidarité, la fraternité et personne ne trouvait à y redire quand bien même était-il de droite. La cupidité était considérée comme une tare ; aujourd’hui elle est considérée comme le premier moteur de l’activité. Chacun est amené à développer son égoïsme personnel comme une affirmation de soi.’’ -L’Avenir en Commun

    Notre soutien à la démarche de la France Insoumise n’est pas sans critique, loin de là. Mais les propositions programmatiques formulées représentent selon nous un pas dans la bonne direction. Elles participent à la nécessaire reconscientisation politique des travailleurs et de la jeunesse après des années de dégoût, de désillusion et de désespoir. Cet exercice est par ailleurs accentué par les divers canaux de diffusion des idées défendues par la France Insoumise : présence quasi permanente sur les différents réseaux sociaux, vidéos youtube,… Tout cela permet d’aller toucher des couches de la société qui se sont détournées de la politique depuis des années. Jean-Luc Mélenchon et son bras droit Alexis Corbière se sont même aventurés dans les milieux du jeu vidéo en critiquant Assassin’s Creed Unity et sa vision extrêmement tronquée de la révolution française, tout en reconnaissant cependant les prouesses graphiques du jeu.

    Un plan d’investissement pour répondre aux urgences sociales et écologiques

    Dans son introduction à L’Avenir en Commun, Jean-Luc Mélenchon explique : ‘‘À nos yeux, l’urgence écologique, le désastre social et le délabrement de la démocratie sont les trois visages d’une même réalité. Nous étouffons sous le règne de la finance. Elle gouverne le monde avec sa cupidité insatiable, sa certitude absurde que les intérêts particuliers sont seuls légitimes, que tout peut s’acheter et tout peut se vendre, que le libre-échange des marchandises et la circulation sans contrôle des capitaux sont les meilleurs organisateurs de toutes les activités humaines. Voilà bien ce qui détruit la planète et les êtres humains. Et pire que tout, le règne de la finance détruit cette formidable capacité des êtres humains à coopérer entre eux pour résoudre leurs problèmes, ce que nous nommons démocratie.’’

    Comment y faire face ? Il est question, pêle-mêle, de la ‘‘convocation d’une assemblée composée de gens qui n’ont jamais été élus au Parlement auparavant pour écrire une nouvelle Constitution’’, celle de la VIe République ; d’une ‘‘planification écologique’’ pour organiser ‘‘le changement global de notre façon de produire, d’échanger et de consommer, pour mener une vie en harmonie avec la nature dont nous sommes partie prenante’’ reposant sur l’agriculture paysanne, l’économie de la mer, la sortie du nucléaire et la transition vers 100?% d’énergie renouvelable ; le développement de l’enseignement ; la sortie de l’OTAN ; etc. Tout cela reposant sur une ‘‘profonde et méthodique réorganisation de l’usage et de la répartition des richesses produites. (…) contre les abus de l’obsolescence programmée, des incitations à un consumérisme irresponsable et à un mode d’alimenttion nocif. Une société plus égalitaire est nécessaire non seulement pour donner à chacun les moyens de développer son potentiel personnel, mais aussi pour en finir avec un modèle d’arrogance, d’accumulation et de consommation ostentatoires, aussi nuisibles et immorales que ridicules.’’

    Pour y parvenir, le programme détaille l’instauration d’un barème d’impôt progressif étalé sur quatorze tranches, une échelle des salaires limitant l’écart de un à vingt au maximum, le partage du temps de travail libéré par les progrès de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, réparti dans la semaine, le mois, l’année et dans la durée de la vie professionnelle, la limitation du droit du capital en fonction de la durée de son investissement, la définition d’une véritable citoyenneté dans l’entreprise, etc.

    Un programme de gauche ambitieux, mais insuffisant

    Tout ceci constitue un exercice extrêmement intéressant d’élaboration d’un programme de gauche disposant d’un ‘‘programme d’urgence’’ immédiat et de perspectives à plus long terme. Nous manquons hélas de place pour aborder les détails de ce projet et la manière dont il est chiffré.
    Le chiffrage du programme se base essentiellement sur l’idée d’un ‘‘multiplicateur keynésien’’ selon lequel de l’argent investi provoque, à terme, une augmentation de l’activité économique et donc des recettes publiques. Le FMI estime que pour 1 euro d’argent public investi dans l’économie réelle, il en résultera 2 à 3 euros d’activité et de recettes publiques. Les économistes de la France Insoumise s’appuient sur ‘‘l’hypothèse prudente’’ d’un multiplicateur de 1,4. Ils disent d’ailleurs avoir été très prudents en général et avoir même mis de côté plusieurs recettes ‘certaines’.

    Mais ce mode de calcul a tendance à nier la crise de surproduction du système capitaliste. Il réduit tout au fait que le problème essentiel serait la sous-consommation, elle-même causée par des salaires trop faibles. La crise du système capitaliste est toutefois plus globale, elle ne se limite pas à cette sous-consommation. Augmenter les salaires est très important, mais cela ne résoudra pas tout. C’est l’ensemble du système économique qui doit être balayé, pas juste certaines de ses conséquences corollaires parmi les plus visibles.

    L’économie n’est pas mathématique, elle résulte d’un rapport de force

    Comme autre élément de financement de son programme, la France Insoumise propose une ‘‘révolution fiscale’’. Nous partageons le constat selon lequel les plus nantis de cette société sont caressés dans le sens du poil et ne contribuent qu’à peine aux caisses de la collectivité. Mais chaque militant sait d’expérience qu’à la moindre menace d’augmenter l’imposition des plus riches et des grandes entreprises, c’est la fuite des capitaux vers d’autres cieux. Or, quand il est question de ‘‘mettre au pas la finance’’, beaucoup de choses sont abordées, sauf la nationalisation des banques sous contrôle et gestion démocratiques. Sans cela, comment contrôler effectivement les capitaux et empêcher qu’ils ne fuient vers des paradis fiscaux ?

    Il en va de même pour les mesures qui visent à renforcer le contrôle des travailleurs sur les entreprises et à empêcher les licenciements boursiers. Nous ne sommes pas contre ces propositions, mais la réaction des employeurs sera soit de délocaliser, soit d’organiser la grève des investissements, soit de saboter l’activité économique. L’exemple de la Grèce et du gouvernement SYRIZA a on ne peut plus clairement illustré que le camp du capital est capable de choisir le risque d’un désastre économique plutôt que d’assister à l’essor d’une alternative politique de gauche. Face à tout cela s’imposent l’arme de la nationalisation sous contrôle des travailleurs des entreprises qui menacent de licenciements collectifs ou de délocalisation de même que celles du contrôle des flux de capitaux et du monopole d’Etat sur le commerce extérieur.

    UE : un ‘Plan A’ impossible

    Nous estimons illusoire de vouloir changer cette institution qu’est l’Union Européenne. L’UE est, depuis le début, un instrument aux mains de la classe dominante pour défendre ses intérêts ; en plus d’être non démocratique, le néo-libéralisme est dans son ADN.

    Mélenchon va heureusement plus loin que la conception connue comme ‘‘l’européanisme de gauche’’ consistant à vouloir petit à petit changer l’Europe de l’intérieur, principalement grâce à des victoires de la gauche dans différents Etats. Mais même s’il promeut l’idée d’une coordination européenne avec d’autres forces anti-austéritaires, le ‘Plan B’ de sortie de l’UE ne va pas assez loin. Il faut non seulement rompre avec cette ‘Europe du Capital’, mais aussi avancer pour construire une Europe des travailleurs, à l’aide d’un programme socialiste basé sur la mobilisation par en bas pour s’attaquer au pouvoir de la classe dominante. Il est important d’expliquer dès maintenant cette nécessité, même si elle peut temporairement recevoir un écho plus limité.

    De la même manière, au sujet de la dette publique, proposer de ‘‘réaliser un audit citoyen de la dette publique pour déterminer la part illégitime et préparer un réaménagement négocié (échelonnement des remboursements, baisse des taux d’intérêt, annulation partielle…)’’ peut sembler tout à fait rationnel et raisonnable. Mais souvenons-nous de ce qu’il en a été en Grèce. Un audit ne peut avoir de sens que comme moyen d’aider à conscientiser et mobiliser les travailleurs vers le refus pur et simple de rembourser cette dette qui n’est pas la nôtre.

    Pour un plan de nationalisation des secteurs-clés

    Le programme de la France Insoumise remet en partie le concept de nationalisation à l’avant-scène. Mais seulement partiellement : il ne s’agit jamais d’un secteur en entier, seulement d’entreprises-clés ou d’un ‘‘pôle public’’. Nous avons pourtant besoin de la gestion et du contrôle démocratiques des travailleurs et de la communauté sur la production dans tous les secteurs-clés de l’économie. La nationalisation du secteur financier dans sa totalité et la création d’un organisme public unique de crédit est la seule solution pour assurer un contrôle des capitaux et empêcher les capitalistes de contrôler les investissements.

    Nous pensons que les secteurs-clés (banque, finance, télécoms, sidérurgie, pétrochimie,…) doivent être nationalisés dans leur entièreté, sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés. C’est la seule réponse efficace aux menaces de délocalisations qui viendront de la part de nombreux grands patrons. Sans cela, la ‘‘VIe république’’ à laquelle appelle Mélenchon pourrait subir un sort identique aux volontés anti-austérité affichées par SYRIZA avant son arrivée au pouvoir en Grèce.

    Pour un changement de système, pour une société socialiste démocratique

    Reconnaissons que le projet de VIe République visant à abolir le système actuel a le mérite de remettre en cause les institutions qui protègent la domination de la classe capitaliste dominante. Une série de mesures qui y sont attachées dans ce programme s’orientent vers une rupture avec le système, sans toutefois clairement oser pointer du doigt cette nécessité.

    Il faut aller plus loin. Pourquoi ne pas appliquer ce brillant projet de planification écologique défendu par la France Insoumise à l’échelle de l’économie elle-même ? Une planification économique démocratique permettrait d’orienter la production vers ce qui est nécessaire, vers les besoins réels de l’immense majorité de la population et ceux de notre planète.

    Il faut discuter et avancer vers un autre type de système économique, vers une société débarrassée de l’exploitation et de la loi du profit : une société socialiste démocratique. C’est la seule capable d’assurer qu’une poignée d’ultra-riches ne décide de tout en fonction de ses intérêts. C’est la seule capable d’assurer l’existence harmonieuse des hommes, des femmes et de leur environnement. Ce manque d’audace concernant l’alternative à opposer, non seulement à ‘‘l’oligarchie financière’’ mais au capitalisme lui-même permet de comprendre d’autres points faibles à nos yeux, tels que le repli sur la ‘‘nation souveraine’’ ou l’idée d’une ‘‘nouvelle alliance altermondialiste des peuples et peser de tout notre poids pour créer un monde ordonné autour de la communauté des nations qu’incarne l’ONU’’.
    Pour changer les choses, il faut s’organiser et se mobiliser !

    L’une des grandes forces de cette candidature, c’est la mobilisation et l’activation de larges couches de travailleurs et de jeunes autour d’un projet commun. En nous rendant en France à différentes reprises soutenir l’intervention de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, notamment à l’occasion du rassemblement du 18 mars, nous avons pu nous rendre compte par nous-mêmes de l’espace de discussion que représente la France Insoumise.

    Comme l’expliquent nos camarades de la Gauche révolutionnaire : ‘‘Des milliers de travailleurs et travailleuses sont en grève ou en action chaque jour. Ces luttes vont continuer même si elles seront absentes des médias : la colère est énorme, il n’y a pas de résignation !

    C’est pour cela aussi qu’il faut utiliser la campagne et le vote Mélenchon, pour encourager ces combats et leur donner une perspective politique. Nos votes peuvent vraiment rassembler notre camp avec un candidat qui défend des politiques radicalement différentes des pro-capitalistes. Être organisés, voilà ce qui va être indispensable pour construire une riposte efficace face aux politiques d’austérité et pour lutter contre ce système absurde et criminel qu’est le capitalisme. Ce qu’il nous manque, c’est une véritable force politique de lutte, un parti de masse, réellement démocratique, qui parle non seulement de changer cette Vème république injuste et antidémocratique mais défende également le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de la loi du profit, une société socialiste démocratique. C’est un tel parti de lutte qui sera un réel rempart au Front National.

    Pour stopper les plans des capitalistes ou mettre en œuvre les propositions de Mélenchon, il faudra une vaste lutte, peut-être une grève générale, des travailleurs et des jeunes tous ensemble. La campagne électorale doit permettre de s’y préparer.’’

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    Comment le programme a-t-il été élaboré ?

    L’Avenir en Commun a pris comme point de départ ‘‘L’Humain d’abord’’, le programme porté par Jean-Luc Mélenchon en 2012. Lorsque Jean-Luc Mélenchon a officiellement annoncé sa candidature pour les présidentielles de 2017, en février 2016, ce programme a été discuté et actualisé sous la direction de Charlotte Girard, juriste, et de Jacques Généreux, économiste.

    Entre février et août 2016, environ 3?000 contributions ont été déposées sur le site internet jlm2017.fr. Elles ont été lues et synthétisées par une équipe d’une vingtaine de rapporteurs répartis par thème. Ensuite, seize auditions programmatiques ont été organisées avec divers chercheurs, professionnels et militants. Dans un troisième temps, les forces politiques appuyant la candidature de Jean-Luc Mélenchon ont aussi apporté leurs contributions. Tout cela a été validé le 16 octobre 2016 lors de la Convention nationale de la France Insoumise.

    Au dire des animateurs nationaux de la France Insoumise, ce travail collaboratif ne doit pas s’arrêter là : ‘‘Ce texte ne clôt pas la réflexion, il lui donne un nouvel élan’’. De la même manière que le programme de 2017 représente une avancée sur certains points (nous pensons à l’écologie notamment), nous espérons que l’avenir permettra de clarifier les différentes notions dont il est question dans ce dossier.

  • Marche de la “France Insoumise” du 18 mars

    Une équipe de militants du PSL s’est rendu en France samedi dernier afin d’y retrouver nos camarades de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France) pour participer à la manifestation organisée par la France Insoumise dans le cadre de la candidature de Jean-Luc Mélenchon aux élections présidentielles françaises. Cette mobilisation a rassemblé pas moins de 130.000 personnes! Une intervention réussie avec près de 300 exemplaires de notre journal, l’Egalité, vendus. Vous trouverez ci-dessous le tract que nous avons distribué à cette occasion. 

    Contre Le Pen, la droite, Macron, le PS… Leurs affaires et leur politique qui ne sert que les riches VOTONS MÉLENCHON

    Le cirque que nous montrent les Fillon, Macron, Le Pen et leurs diverses affaires et scandales en rajoute encore alors qu’on est des millions à être dégoûtés… ou verts de rage ! Les grandes entreprises françaises ont fait 75,5 milliards d’euros de bénéfices nets en 2016 et pourtant il y a toujours plus de 5 millions de personnes au chômage ! L’argent de cette poignée de grands groupes pourrait résoudre l’ensemble des problèmes sociaux du pays. Alors, on va le chercher, ou on laisse empirer cette situation comme le proposent les Macron, Le Pen et Fillon ?

    Fillon, Macron, Le Pen,… Qu’ils dégagent !

    Avec ses costumes à 13 000 euros pièce, son million d’euros pour l’emploi fictif de sa femme, Fillon ne parle pourtant que des dépenses qui seraient trop importantes, et voilà qu’il veut encore réduire le nombre d’emplois de fonctionnaires dans les hôpitaux, l’Éducation…, rallonger le temps de travail et autres cadeaux aux plus riches. En fait, « faire des économies » ça veut dire faire payer plus encore aux travailleurs et aux plus modestes.

    Macron va exactement dans le même sens, en parlant de supprimer 60 milliards des budgets publics et 120 000 postes de fonctionnaires. Le banquier Macron, c’est une synthèse de Hollande et de Fillon. Beaucoup de dirigeants du PS se rallient à lui, ressortant au passage le coup du « vote utile » pour barrer la route à Marine Le Pen. Le Pen est assez haut dans les sondages, et régulièrement, elle déverse sa démagogie raciste pour faire oublier que son programme défend en fait les plus riches, vu qu’elle est elle même d’une famille de millionnaires. Et son soi-disant programme social ne s’attaque jamais aux grands patrons, au contraire : elle l’a dit elle même, son modèle, c’est le milliardaire américain Trump, le représentant d’un capitalisme sauvage et raciste.

    To vote or not to vote ?

    C’est vrai qu’il y a de quoi être écoeuré, et on comprend que certains pensent s’abstenir pour montrer leur rejet de cette parodie de démocratie. Mais en l’absence de manifestations de masse, ou de l’appel clair d’une force politique large des jeunes et des travailleurs, l’abstention reste surtout une protestation passive qui n’inquiète nullement les principaux dirigeants de la droite, du PS, ou du FN… Pourtant, on peut utiliser cette élection pour exprimer notre rejet de leurs magouilles et de leur politique ! On peut dire qu’il y en a assez de ces politiques dont on voit le résultat années après années : les salaires trop bas, les emplois précaires, surtout pour les jeunes, les services publics détruits… Tout cela avec un seul résultat : des riches toujours plus riches, et une majorité de la population qui vit dans la galère.

    C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire appelle à voter pour Mélenchon, pour commencer à rassembler tous ceux et toutes celles qui en ont assez du capitalisme et de sa loi du profit et de l’exploitation.

    Même si la défaite de Valls dans la primaire du PS était une bonne chose, le vainqueur, Hamon, n’a pas été plus loin. Refusant de profiter de cela pour rompre enfin avec l’appareil du PS (il l’a malheureusement montré, en investissant pour les législatives des candidats comme Valls ou El Khomri), il se retrouve à ne proposer en fait qu’une nouvelle version de ce que le PS a déjà fait : une campagne électorale plus à gauche mais avec des candidats qui défendent une politique libérale.

    Votons Mélenchon pour défendre les intérêts de la majorité de la population !

    Nous pouvons être des millions à voter pour Mélenchon au premier tour. Malgré des divergences, plus on sera nombreux, plus cela constituera un vote clair de rejet de la politique du PS, de LR (donc de Macron) et du FN.

    Mélenchon et la France insoumise sont pour l’augmentation de 175 € du salaire minimum, une vraie retraite à 60 ans, une sixième semaine de congés, des investissements massifs dans les services publics et la planification écologique de l’économie pour créer des millions d’emplois utiles… Ces mesures sont positives et sont un premier pas pour permettre de commencer à rassembler tous ceux et toutes celles qui en ont assez du capitalisme et de sa loi du profit et de l’exploitation.

    Préparer la bataille

    Des milliers de travailleurs et travailleuses sont en grève ou en action chaque jour. Ces luttes vont continuer même si elles seront absentes des médias : la colère est énorme, il n’y a pas de résignation !

    C’est pour cela aussi qu’il faut utiliser la campagne et le vote Mélenchon, pour encourager ces combats et leur donner une perspective politique. Nos votes peuvent vraiment rassembler notre camp avec un candidat qui défend des politiques radicalement différentes des pro-capitalistes. Être organisés, voilà ce qui va être indispensable pour construire une riposte efficace face aux politiques d’austérité et pour lutter contre ce système absurde et criminel qu’est le capitalisme. Ce qu’il nous manque, c’est une véritable force politique de lutte, un parti de masse, réellement démocratique, qui parle non seulement de changer cette Vème république injuste et antidémocratique mais défende également le projet d’une société débarrassée de l’exploitation et de la loi du profit, une société socialiste démocratique. C’est un tel parti de lutte qui sera un réel rempart au Front National.

    Pour stopper les plans des capitalistes ou mettre en oeuvre les propositions de Mélenchon, il faudra une vaste lutte, peut-être une grève générale, des travailleurs et des jeunes tous ensemble. La campagne électorale doit permettre de s’y préparer.

    Contre le capitalisme, pour le socialisme !

    Le vote pour Mélenchon et la France insoumise peuvent être un début, mais il va falloir aller plus loin. Il faut réorganiser toute la société sur des bases socialistes démocratiques, en plaçant l’ensemble des grands moyens de production en propriété publique, sociale, pour planifier démocratiquement l’économie en fonction des besoins, éradiquant ainsi le profit et l’exploitation. Voilà pour quoi la Gauche Révolutionnaire se bat en France et dans 45 autres pays dans le monde, grâce à notre organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière. Faites campagne avec nous, rejoignez-nous dans cette lutte !

  • Hamon et Mélenchon : un avenir en commun ?

    Photo: flickr/pierre-selim

    Le 29 janvier dernier avaient lieu en France les élections primaires de la ‘‘Belle alliance populaire’’ (du Parti ‘‘socialiste’’ et de ses alliés) afin de désigner son candidat aux élections présidentielles du 23 avril prochain. La victoire de l’aile gauche du PS à travers la candidature de Benoit Hamon exprime la recherche d’une alternative, mais aussi le rejet toujours grandissant des politiciens traditionnels.

    Par Simon (Hainaut), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Une enquête parue récemment indiquait que 80%(1) des Français n’ont plus confiance dans les institutions. Cette réalité s’est exprimée au travers des échecs consécutifs d’Alain Juppé et Nicolas Sarkozy aux primaires ‘‘de la droite et du centre’’ en novembre dernier, mais aussi dans la défection de l’élection présidentielle par François Hollande, une première pour un président sortant dans l’histoire de la Vème République. Peu après, ce fut au tour de son bras droit Manuel Valls, le plus fidèle représentant de l’appareil du PS, d’être mis au placard. Cette vague ‘‘dégagiste’’ comme l’appelle Jean-Luc Mélenchon est une illustration inédite de la crise des instruments traditionnels de domination de la classe capitaliste.

    Comme partout en Europe, les partis traditionnels, et plus particulièrement la social-démocratie, sont entrés dans une phase de crise très sévère. Des années de trahison par la mise en place des véritables saignées sociales à l’encontre des travailleurs sont aujourd’hui durement sanctionnées par la population. La victoire d’un Benoit Hamon ou encore la campagne et la candidature de Pedro Sanchez en Espagne qui défie la direction actuelle du PSOE apparaissent donc comme l’expression de la recherche de solutions à travers des candidats parfois marqués un peu plus à gauche que le reste de l’appareil de leurs partis. Acculer et face à une débâcle historique de leurs partis, tous deux veulent redorer le blason de leur parti en leur donner une image de gauche tout en restant dans le cadre de ce qui acceptable pour l’establishment.

    Il ne suffit pas de se dire de gauche, encore faut-il s’en donner les moyens

    Les propositions défendues par Benoit Hamon se situent à la gauche de celles de la majorité des dirigeants du PS (abrogation de la loi travail, maintien des 35h, embauche de 40.000 enseignants,…). L’une de ses revendications phares est l’instauration d’un revenu universel de 750€ par mois, revendication qui fait débat et qui semble progressiste à certains. Reste que ses modalités d’application sont obscures et que cela pourrait représenter un cheval de Troie pour des attaques libérales dévastatrices contre notre sécurité sociale (voir ci-dessous). Pourquoi ne pas plutôt défendre l’instauration d’une allocation de chômage inconditionnelle de 1200€ par mois ? Cela aurait d’ailleurs pour effet d’exercer aussi une pression à la hausse sur tous les salaires et conditions de travail.

    L’approche de Benoit Hamon a pour principal défaut de vouloir construire un rapport de force… en reposant sur un appareil politique qui a déjà servi de bélier contre les conquêtes des travailleurs ! Jean-Luc Mélenchon a raison d’affirmer que: ‘‘Benoit Hamon ne peut prétendre à la fois nous tendre la main et recycler dans sa campagne tout le PS dont nous avons combattu la politique ces dernières années.’’(2) Seul un nouveau parti de masse des travailleurs basé sur les luttes sociales serait de nature à défendre les revendications de gauche dont nous avons besoin. En ce sens la candidature de Jean-Luc Mélenchon au travers du mouvement ‘‘La France Insoumise’’ est un premier pas dans le processus de reconstruction d’un outil de lutte indépendant aux mains des travailleurs.

    Un pas en avant

    Le programme de la France insoumise est beaucoup plus offensif (gratuité des soins de santé, réduction collective du temps de travail à 32h/semaine, …). De plus, la mise à l’avant-plan de mots d’ordre tels que la planification écologique ou la nationalisation de Total renoue avec l’idée que les travailleurs doivent prendre le contrôle de l’économie. Par ailleurs, l’appel à une VIème république a le mérite de souligner la nécessité impérieuse de réorganiser la société de fond en comble.

    Cette idée d’une nouvelle constitution reste toutefois dans les carcans du capitalisme et n’exprime pas assez l’idée de la nécessaire prise du pouvoir par les travailleurs. Le programme politique défendu gagnerait en outre en clarté si un appel à la nationalisation sans rachats ni indemnités des principaux secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique des travailleurs était lancé.

    L’expérience nous démontre qu’il est impossible de ménager la chèvre et le chou. La ‘‘révolution bolivarienne’’ d’Hugo Chavez au Venezuela reposant sur la rente pétrolière, par exemple, a très vite été confrontée aux réalités du capitalisme. Nous ne nions pas le caractère progressiste qu’a eu ce régime ni celui de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, mais nous voulons toutefois prévenir du danger de certaines illusions. Un capitalisme ‘‘à visage humain’’ est impossible.

    La campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2012, avec son slogan ‘‘Prenons le pouvoir’’ portait en elle plus d’éléments révolutionnaires qu’en 2017. Il faut profiter de l’espace de discussion de la campagne de la France insoumise pour entrer en débat avec les dizaines de milliers de personnes impliquées concernant la manière de construire un bon rapport de force et sur base de quel programme. Le caractère massif des meetings de Jean-Luc Mélenchon démontre l’énorme potentiel présent. Cette énergie est de nature à donner un caractère massif au rassemblement du 18 mars à Paris – date anniversaire de la Commune de Paris. Ce sera l’occasion de discuter de la stratégie, du programme et des tactiques dont nous avons besoin pour un changement socialiste de société.

    (1) http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2016/03/08/25001-20160308ARTFIG00166-selon-un-sondage-80-des-francais-font-confiance-aux-citoyens-plutot-qu-aux-politiques.php
    (2) http://www.lci.fr/elections/presidentielle-2017-jean-luc-melenchon-ecarte-l-idee-d-une-alliance-composite-avec-benoit-hamon-et-yannick-jadot-2025685.html

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