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  • Êtes-vous, vous aussi, pollué par le néo-libéralisme? Réponse au Vif/L’Express

    Ce jeudi 30 mars, Le Vif/L’Express a sorti le grand jeu. Le magazine avait déjà l’habitude de flirter avec l’islamophobie. Avec la montée du PTB comme potentiel deuxième parti en Wallonie (1), le Vif laissera les musulmans tranquilles pour une semaine. La nouvelle cible : « l’extrême gauche ».

    Par Julien (Bruxelles)

    Avec son dossier « Êtes-vous, vous aussi, pollué par l’extrême gauche ? », Le Vif se montre encore une fois prêt à jouer avec le nauséabond. Le premier article part du constat, selon lui « inimaginable et […] indigeste » que le PTB dépasserait le PS en Wallonie en intention de vote. Mais tout n’est pas perdu ! La journaliste, Laurence Van Ruymbeke, nous a concocté un petit « test » pour évaluer votre « niveau d’adhésion » aux idées d’extrême gauche. Le questionnaire, élaboré avec Pascal Delwit, professeur à l’ULB et attaquant régulier de tout ce qui se trouve sur sa gauche. Les deux auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai : la première, Van Ruymbeke comparait, en juin dernier, Hedebouw à une sorte de « De Wever wallon » (2) et le deuxième, Delwit, a publié début 2014 le livre « PTB – Nouvelle gauche, vieille recette », une critique de droite du PTB.

    En tout, quatre intellectuels ont travaillé à ce test, pour quel résultat ? Et bien force est de constater que ça va vite pour faire partie de la gauche radicale. Vous êtes favorable à la fin de la guerre en Syrie, à l’égalité salariale, aux droits pour les minorités sexuelles, au droit à l’avortement ou à des services sociaux de qualité ? Cela signifie que vous êtes pollué par les idées d’extrême gauche.

    Alors que le test fait au moins sourire par son ridicule, le reste du dossier attaque plus frontalement le PTB et, plus largement, tous les partis qui s’opposent à l’austérité et au capitalisme. Le deuxième article, une interview de Delwit, se termine sur le constat que les nouvelles forces de gauche radicale ont connu un essor là où la sociale démocratie est arrivée au pouvoir comme en Grèce ou en Espagne. Pour être exact, c’est plutôt le type de politique menée par la sociale démocratie qui l’a enterrée, et pas qu’en Espagne ou en Grèce. En France, Hamon se situe maintenant derrière Mélenchon dans les sondages. La croissance du Front National, c’est au gouvernement Hollande-Valls (et Sarkozy-Fillon avant lui) qu’on la doit. En Belgique, l’affaire Publifin nous rappelle à quel point le PS est empêtré dans les magouilles, mais cela ne fait que se rajouter à la politique néolibérale appliquée avec enthousiasme par le parti.

    Enfin, le dossier nous livre aussi une « enquête » sur “qui gouverne vraiment” au PTB et sur un tour d’horizon des succès de différents partis de gauche en Europe. Les attaques de ce type vont augmenter en fréquence et en intensité contre n’importe quel parti véritablement à gauche, en particulier à l’approche des élections. Dans un précédent article “Le retour du danger rouge. La droite à l’offensive contre le PTB”, nous expliquions : “Nous avons des divergences avec le PTB, sur son programme, sa stratégie politique ainsi que beaucoup de question sur son fonctionnement interne. Nous aimerions des discussions franches et honnête, et débats de fond sur ces questions avec le PTB et ses membres. Ainsi qu’avec tout parti, association ou militant individuel qui veux combattre l’austérité et se lancer dans la bataille pour changer de société. Mais tout en étant lucide sur les divergences qui existent au sein de la gauche, face aux critiques de la droite, il faut faire front. Les attaques sont dirigées contre tous ceux qui remettent le système actuel en question.”

    Les grands groupes médiatiques ont dans leurs viseurs tous ceux qui remettent en cause la société, qu’ils soient réformistes ou révolutionnaires. La faute n’en revient pas aux journalistes mais aux actionnaires qui sont, au final, ceux qui décident des articles à mettre en avant ou non. Pour une presse indépendante, n’hésitez pas à soutenir notre journal en plaçant un message de vœu de mai !

    Notes

    (1) https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_barometre-rtbf-le-ps-s-effondre-le-ptb-triomphe?id=9563198
    (2) http://www.levif.be/actualite/belgique/hedebouw-le-de-wever-wallon/article-normal-513461.html

  • Placez un message de vœu de mai dans ‘Lutte Socialiste’ et sur socialisme.be!

    La crédibilité des médias traditionnels est aujourd’hui largement brisée, surtout parmi la jeunesse.
    Leur qualité est en chute libre (mensonges, manipulations, calomnies et autres distorsions de l’information) et, surtout, la période actuelle se caractérise par une puissante remise en question de l’idéologie capitaliste dominante et du discours néo-libéral. La confiance dans l’establishment, ses institutions et ses relais idéologiques, dont les médias, ne cesse de s’effriter. Une poignée de multinationales contrôle l’information et l’utilise pour défendre ses intérêts (de manière plus ou moins subtile). Les mouvements sociaux qui remettent en question ne serait-ce qu’une partie du système établi, comme les grèves et manifestations, sont la plupart du temps ignorés voire calomniés ou criminalisés.

    Suivre les médias établis uniquement revient à être matraqué de propagande gouvernementale et patronale quotidiennement. C’est clairement insuffisant pour ceux qui prennent une attitude critique et qui veulent se battre pour un monde sans guerre, sans exploitation, sans pauvreté et sans insécurité. ‘Lutte Socialiste’ et socialisme.be offrent une autre perspective, qui part du mouvement des travailleurs et de la révolte des jeunes contre la haine, le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie, le changement climatique ou la répression. Nos médias fourmillent d’arguments destinés non seulement à contrer la logique néolibérale dominante mais également à organiser et renforcer la solidarité internationale des luttes des travailleurs et de la jeunesse, et à promouvoir un syndicalisme de combat.

    Soutenez les médias socialistes !

    Pour être capables de publier un tel mensuel et d’alimenter nos sites web, nous avons besoin de vous et de votre solidarité. Nous ne comptons pas sur de riches sponsors, mais sur le soutien enthousiaste de nos lecteurs et sympathisants. En premier lieu, si ce n’est pas encore le cas, nous vous invitons à prendre un abonnement à Lutte Socialiste pour, chaque mois, lire votre ration d’analyses anticapitalistes et socialistes tout en soutenant notre travail politique.

    À l’occasion du premier mai, Fête internationale des travailleurs, nous demandons à nos lecteurs, à nos sympathisants, aux organisations syndicales, à nos amis,… de soutenir nos médias socialistes en plaçant un vœu de mai dans nos pages, un message combatif ou autre aux lecteurs de notre journal.

    ENVOI et PAIEMENT

    > Envoyez les informations ci-dessous (ainsi qu’un logo ou une image, si nécessaire)
    – par courier à PSL, 45 RUE DU JARDINIER, 1080 MOLENBEEK ou – par e-mail à REDACTION@SOCIALISME.BE (avant le 17 avril)

    > Vous pouvez payer la somme correspondante à la taille choisie sur le numéro de compte
    BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’, avec “voeu de mai” ou “abonnement” en communication.

    Tarifs des messages :

    • 1/128ème de page (environ 24 x 34 mm) // 15 €
    • 1/64ème de page (environ 34 x 48 mm) // 25 €
    • 1/32ème de page (environ 48 x 67 mm) // 50 €
    • 1/16ème de page (environ 67 x 95 mm) // 100 €
    • 1/8ème de page (environ 95 x 143 mm) // 200 €
  • Racisme et médias sociaux. Comment réagir?

    Photo: Flickr/rachel-johnson

    Le 10 janvier dernier, le groupe Roularta (Knack, Le Vif/L’Express, Trends et Trends/Tendances, Sport/Foot magasine, etc.), décidait de fermer les commentaires sur ses sites en raison du caractère ‘‘trop souvent virulent et irrespectueux des échanges’’ et des nombreux messages de haine. Au même moment, en Flandre, les réseaux sociaux étaient encore inondés de propos racistes à la suite du décès de Kerim Akyil, un jeune Belgo-turc tué dans l’attentat de la discothèque Reina à Istanbul. Tout cela est-il un exact reflet de ce qui vit dans la société ? Comment riposter ?

    Par Nicolas Croes

    ‘‘Les voix les plus hostiles (…) sont celles qui font le plus de bruit’’

    Tout d’abord jouer sur le racisme pour ensuite pour faire vendre et ensuite se plaindre de lecteurs peu subtils… Bienvenue au Vif/L’Express!

    Première chose à dire : les apparences sont souvent trompeuses. Le ‘‘miroir’’ de la société constitué par les réseaux sociaux et les commentaires des sites est extrêmement déformant. Dans son communiqué, le groupe Roularta expliquait : ‘‘les plus virulents [commentateurs] n’hésitant pas à polluer ces forums à l’aide de faux profils qu’il nous est difficile de détecter. Si dans la majorité des cas elle est souvent le fait des mêmes commentateurs, la multiplication des attaques anonymes donne l’impression que l’opinion publique se radicalise (…). Comme le premier commentaire posté à la suite d’un article donne souvent le ton de ce qui va suivre, les extrémistes des forums initient régulièrement un effet boule de neige nauséabond (…).’’ Roularta concluait ainsi : ‘‘par ce biais, une petite portion de la population donne à penser que ses valeurs sont représentatives de l’opinion publique, accentuant, par-là, le risque de décomplexer certains discours radicaux.’’ C’est bien vrai. Mais ça ne manque tout de même pas de sel au vu de l’acharnement du Vif/L’Express contre les musulmans par exemple…

    Les militants d’extrême droite sont devenus spécialistes de cette méthode, ce qu’un bref regard sur les profils Facebook de commentateurs parmi les plus enragés confirme aisément. En 2013, le quotidien régional Midi Libre avait publié l’interview d’un ancien membre actif du groupuscule Unité Radicale qui expliquait que leur activisme sur le net reposait essentiellement sur de faux pseudos, jusqu’à utiliser de faux profils ‘‘musulmans’’ afin d’insulter les gens ou de prôner l’arrivée d’une République islamiste à Paris. ‘‘Je sais qu’au Bloc identitaire et au FN ils ont des méthodes analogues, l’essentiel de celles que nous utilisions venait d’ailleurs de leurs fascicules de formation des militants’’, déclarait-il notamment.

    Une récente enquête d’Amnesty International réalisée dans 27 pays au sujet de l’accueil des réfugiés permet encore de nuancer les choses. Concernant la France, il en ressortait que 82% des sondés se disaient favorables à l’accueil des demandeurs d’asile et que 63% estimaient même que ‘‘le gouvernement devrait davantage les aider’’. Ces données sont à l’opposé de l’image généralement renvoyée par le pays où sévit la famille Le Pen. Pour Jean-François Dubost, responsable du programme protection des populations pour Amnesty France, cela s’explique ‘‘simplement parce que les voix les plus hostiles à l’accueil des réfugiés sont celles qui font le plus de bruit. La majorité accueillante, elle, est devenue silencieuse.’’ (Le Parisien, 19 mai 2017).

    A nous de faire du bruit !

    Il serait toutefois faux de conclure que toute cette haine ne représente aucun danger. Faute d’alternative reposant sur la solidarité et l’entraide, les graves inégalités et l’incertitude d’avenir inhérentes à ce système représentent du pain béni pour les populistes de droite et l’extrême droite. Ces derniers profitent de l’absence d’un puissant mouvement social destiné à combattre non des boucs émissaires (musulmans, réfugiés, chômeurs,…) mais les véritables responsables des maux de cette société : actionnaires, top-managers et leurs marionnettes politiciennes.

    Contre le racisme, nous n’avons rien de fondamental à attendre des politiciens établis : ils sont précisément responsables des politiques qui aggravent les problèmes sociaux et ouvrent un espace au racisme. Leur objectif ne sert que le monde des affaires. Comme le fait très justement remarquer le rapport 2017 d’Oxfam sur les inégalités (‘‘Une économie au service des 99 %’’, publié en amont du Sommet économique mondial de Davos) : ‘‘des entreprises de tous secteurs (finance, industrie extractive, confection, pharmaceutique et autre) utilisent leur pouvoir démesuré et leur influence pour s’assurer que les réglementations et politiques nationales et internationales sont formulées de manière à soutenir durablement leur rentabilité.’’ Quant au reste… et bien tant pis.

    Pour changer les choses, nous ne pouvons nous en remettre qu’à nous-même et à notre action collective, en étant organisés. Sans cela, c’est la menace de la frustration, du désespoir et du repli sur soi, ce qui s’exprime parfois par des messages où la colère se trompe de cible sur les médias sociaux, parfois par un ‘‘vote de protestation’’ en faveur de l’extrême droite aux élections.

    Chacun peut réagir sur Facebook ou sur les rubriques de commentaires sur les sites d’information. le journal Lutte Socialiste ou les sites et pages Facebook socialisme.be (PSL) et gauche.be (Etudiants de Gauche Actifs) fourmillent d’ailleurs d’arguments très utiles pour cela. Il vous est aussi possible de nous contacter directement à cette fin. Mais la meilleure manière de faire entendre une autre voix et de rompre la confiance des racistes, sexistes, homophobes et autres réactionnaires reste de défendre un message de solidarité et d’unité dans la lutte contre l’austérité et la misère, par l’action concrète et collective, dans la rue, en démontrant quel est notre nombre.

    Le Vlaams Belang, le FN et d’autres forces politiques tout aussi nauséabondes peuvent bien faire les fiers en profitant des largesses médiatiques et de l’absence, jusqu’ici, d’alternatives politiques anticapitalistes conséquentes. Mais la réalité est qu’ils restent incapables de convaincre leurs partisans de manifester en masse. Cela illustre sur quelle fine couche de glace ils se trouvent. A nous de la briser.

  • [Archives] Les médias bourgeois (ou : pourquoi la nécessité d’une presse ouvrière s’impose)

    « La presse bourgeoise tire un énorme profit des crimes et des empoisonnements, en misant sur la curiosité malsaine et sur les plus vils instincts de l’homme. » Léon Trotsky.

    Un dossier de Cédric Gérôme (2006)

    mediasMarx affirmait que l’idéologie dominante n’est rien d’autre que l’idéologie de la classe dominante. En effet, le rôle de la presse bourgeoise dans la société capitaliste ne peut être détaché du rôle qu’y joue la bourgeoisie elle-même. Sans tomber dans la caricature qui consiste à prétendre que les médias sont une sorte de « quatrième pouvoir », il est clair que les classes dirigeantes, historiquement, ont toujours tenter de contrôler le flux de l’information et de s’en servir comme moyen de relayer leur discours et de défendre leur idéologie.

    Historiquement, beaucoup d’exemples montrent à quel point la presse et les médias en général, sous le capitalisme, ont toujours servi à défendre servilement la politique et les intérêts de la bourgeoisie. Des chercheurs ont par exemple démontré qu’entre 1921 et 1968, les médias britanniques avaient pratiquement ignoré l’existence de l’Irlande du Nord !

    Mais il existe évidemment bon nombre d’exemples plus récents. Il est incontestable qu’avant même le début de la guerre en Irak, la presse américaine a servi à relayer les mensonges de la Maison-Blanche et fut par conséquent un excellent relais de propagande. Rien d’étonnant à cela lorsque l’on sait qu’entre 1993 et 2000, l’industrie des médias a versé 75 millions de dollars au financement des campagnes électorales des candidats des deux principaux partis américains. Ou quand on sait que la FCC (Federal Communications Commission), sensée fixer la réglementation des médias aux USA, était jusqu’en janvier 2005 dirigée par Michael Powell – le fils de Colin Powell. David Smith, le PDG du groupe Sinclair (le principal propriétaire de stations de télévisions aux USA) déclarait ouvertement : « Nos élus ont décidé que la guerre était dans notre intérêt. Une fois qu’ils ont pris cette décision, à tort ou à raison, je crois que nous avons l’obligation de soutenir nos troupes et qu’il faut que les Américains aillent se battre. » En avril 2004, le groupe a interdit à ses stations de programmer une émission spéciale appelée « Ceux qui sont tombés », au cours de laquelle un journaliste lisait un par un les noms des soldats américains morts en Irak.

    A l’inverse, quand il y a des informations qui peuvent s’avérer compromettantes ou tendancieuses, tout est fait pour empêcher qu’elles soient révélées. Le meilleur exemple à ce sujet est sans doute l’interdiction imposée aux médias américains de filmer les cercueils des soldats morts en Irak qui sont rapatriés vers les USA.

    Le rôle vicieux de la presse bourgeoisie a merveilleusement été illustré lors du débat autour du traité constitutionnel européen ; en gros, le message qui passait dans les médias était le suivant : tout ce qui va bien, on le doit à l’Europe, tout ce qui va mal, à l’absence de constitution. « Moi je suis pour le oui, je ne devrais pas le dire, mais je suis pour le oui. Mais je suis objectif ! » annonçait avec fierté un intervieweur d’Europe 1, le 8 février 2005. Pour la période comprise entre le 1er janvier et le 31 mars 2005, on a dénombré à la télévision 29% d’intervenants favorables au non toutes émissions confondues (journaux télévisés, débats politiques,…), et 71% de favorables au oui…

    Plus tôt, en France, lors des élections présidentielles de 2002, tout était fait pour pousser l’opinion à voter pour Jacques Chirac. « Abstention, piège à cons » était le titre de couverture du magazine Télérama. Sur tous les journaux français, sur 83 tribunes libres consacrées au scrutin présidentiel, 2 seulement remettait vaguement en question le vote pour Chirac. De même en France, pendant les mouvements de grève contre la réforme des retraites, les médias se sont acharnés pour dénoncer les nuisances des grèves. Le soir de la journée nationale d’action du 10 juin 2003, TF1 consacra 3 minutes et 47 secondes aux grévistes et manifestants contre 14 min et 5 sec à ceux qui les dénonçaient. Même topo sur France 2 : le journal télévisé du 14 mai octroyait une minute et demie aux grévistes, et 8 min 50 sec à ceux qui s’y opposaient. En réalité, dans chaque grève, les médias tentent d’amener une opposition entre les salariés en mettant en scène, d’un côté, les gêneurs (= les grévistes), de l’autre, les travailleurs « normaux » (= ceux qui ne font pas grève) qui sont « pris en otage » et essaient par tous les moyens de se rendre sur leur lieu de travail.

    Les médias peuvent donc être un allié plus qu’utile pour la bourgeoisie dans la défense de ses intérêts et de son idéologie. Le rédacteur en chef du « Time » affirmait : « Les événements ne doivent pas leur naissance à des forces historiques ou à des gouvernements ou à des classes sociales , mais à des individus » : on retrouve très clairement dans cette déclaration la vision bourgeoise de l’histoire, qui consiste à expliquer le monde à travers la vie des grands hommes. Effectivement, les médias tentent toujours de réduire les causes des événements à des personnalités, des ministres, des présidents,…Pour exemple, les deux guerres du Golfe se sont traduites en un duel entre Georges Bush et Saddam Hussein. Cette vision mène à une individualisation des luttes collectives. Un bon exemple est celui de la fameuse photo prise pendant les événements de Tien-Anmen en 1989, photo qui a fait le tour du monde : un homme seul stoppant la progression d’une colonne de chars ; les milliers de manifestants massés autour de lui ont été volontairement exclus du cadre de la photo.

    Tous les préjugés de l’idéologie bourgeoise trouvent un écho dans les médias. Les préjugés nationalistes et racistes : pendant la catastrophe du tsunami en Asie du Sud-Est, tout le monde a pu constater avec écoeurement le souci prioritaire manifesté envers les ressortissants étrangers (les touristes) et la relativisation des victimes locales (pourtant au moins cent fois plus nombreuses). Ce phénomène est particulièrement marqué dans les médias américains : avant le 11 septembre 2001, les articles consacrés à l’actualité internationale ne représentaient que 2% du total de la presse écrite américaine. Certains soirs, les journaux télévisés se concluaient sans jamais être sortis une seule fois des Etats-Unis. Après le 11 septembre, le reste du monde a tout à coup « resurgi » dans les médias américains. La presse américaine a consacré davantage de temps à l’Afghanistan entre septembre et décembre 2001 qu’elle ne l’avait fait pendant les quatre décennies précédentes !

    Naturellement, la crise économique du système capitaliste touche également le secteur des médias. On peut ainsi voir un phénomène de concentration extrême dans le secteur des médias depuis une vingtaine d’années, qui a entraîné la disparition d’une quantité innombrables de quotidiens. Un signe révélateur est le fait que le plus jeune quotidien belge francophone est le journal « Vers l’avenir »…qui date de 1918 ! Dans le Nord du pays, il s’agit de « Het nieuwsblad » (datant de 1932). L’évolution qui se manifeste a donc pour corollaire un taux de mortalité extrêmement élevé et un taux de natalité quasiment nul, à travers une concurrence de plus en plus sévère.

    En outre, la presse est de plus en plus sous le contrôle d’un petit nombre de groupe industriels et financiers. Traditionnellement, la presse écrite était la propriété d’éditeurs purs (souvent des entreprises familiales). Depuis quelques années, on voit une accentuation de la prise de contrôle de nombreux médias par des magnats de l’industrie et/ou des finances : aujourd’hui, une poignée de multinationales contrôlent l’information. En 2001, Clear Channel possédait aux USA 1202 radios. L’homme le plus riche de Belgique, Albert Frère, est actionnaire de RTL-TVI. En Flandre, « Het Laatste Nieuws » ou « De Standaard » appartenaient à des familles d’éditeurs ; à présent, ces journaux sont sous le contrôle de groupes financiers. A la fin de l’année dernière, le quotidien français « Libération » a subi une prise de contrôle de 37% de son capital par le banquier Edouard de Rotschild. Le groupe Socpresse (qui possède 70 titres dont « Le Figaro », « L’Express » ainsi que des dizaines de journaux régionaux) a été récemment racheté par un fabricant d’armes, Serge Dassault. Dès sa prise de fonctions, celui-ci déclarait aux rédacteurs : « Je souhaiterais dans la mesure du possible, que le journal mette plus en valeur nos entreprises. » Le groupe Hachette est quant à lui déjà détenu par un autre industriel de l’armement : Arnaud Lagardère. Sur les 15 premières fortunes françaises, 5 ont des intérêts dans les médias et tirent évidemment profit de cette situation pour consolider leur position. En Italie, « Il Corriere della Sera » et « La Stampa » sont désormais contrôlés par Fiat. Silvio Berlusconi a construit un véritable « empire télévisuel » et contrôle aujourd’hui 90% de l’audience et 87% des recettes publicitaires de la télévision italienne. Il n’a pas eu de scrupules à modifier la loi afin qu’à partir de janvier 2006, la RAI puisse être totalement privatisée.

    Et c’est sans compter la reconversion technologique (notamment l’informatisation) qui demande des investissements de plus en plus lourds ; cette logique fait en sorte qu’en définitive, seuls les plus gros groupes sont capables de supporter de tels coûts.

    Le revers de la médaille de cette tendance s’exprime à travers des compressions de personnel, des fermetures d’agences, l’emploi d’un groupe le plus restreint possible de reporters et de journalistes, des licenciements de masse, la disparition de nombreux points de vente. Pour exemple, en France, depuis 1990, 4500 kiosques à journaux ont été supprimés. Aux USA, entre 2000 et 2004, plus de 2000 postes ont été supprimés dans la presse écrite. L’agence de presse Reuters a procédé au début de l’année à une réduction de ses effectifs de 4500 salariés. Le groupe Sinclair (USA) a procédé à 229 suppressions d’emplois dans ses stations en une seule année : le fait de détenir plus de 60 stations locales permet de diffuser tel quel les mêmes programmes d’une région à une autre et d’ainsi réduire fortement les coûts salariaux. Le patron s’explique : « Ce n’est pas que nous n’aimons pas les monteurs ou les cameramen. Mais la technologie a tellement évolué que les réalisateurs estiment pouvoir réaliser un travail encore meilleur en automatisant certaines de ces tâches. On peut désormais assembler un studio d’informations, avec, disons, un producteur de moins, un journaliste de moins, pas de monteur, 2 cameramen qui disparaissent, et la liste ne fait que commencer… »

    Il importe également de casser un mythe largement répandu : les journalistes bien payés sont une exception. Mis à part les journalistes vedettes et les stars du show-business comme Patrick Poivre D’Arvor, les journalistes sont en général mal payés et travaillent dans des conditions déplorables. Aux USA, les entreprises qui détiennent différents médias (presse, radio, télévision, internet,…) dans une même ville recherchent des journalistes à tout faire capables de fournir un contenu immédiatement adapté aux différents supports. Selon un professeur de journalisme de la Columbia University, « ces journalistes travaillent de 16 à 20 heures par jour et deviennent complètement fous à force d’exercer plusieurs métiers de presse à la fois ». Les mauvaises conditions de travail dans ce métier ont encore été illustrées par la récente grève à la RTBF. On ne compte plus les intérimaires ou les faux stagiaires qui travaillent gratuitement, malléables et corvéables à merci. On voit ainsi un peu partout la multiplication des CDD (contrats à durée déterminée). Selon les syndicats de France 3, en moyenne 8 des 12 reportages du journal de 19h sont réalisés par des CDD. Voici le témoignage révélateur d’un jeune CDD : « Un précaire pose moins de question. Il est plus disponible, plus docile. Il ne conteste pas les choix éditoriaux. Il ne rechigne pas à travailler les jours fériés, à traverser la France en une nuit pour rejoindre une autre station de radio. »

    Sur le plan de la formation, la situation n’est pas plus rose. Dans les écoles de journalisme, on apprend aux étudiants à être le moins critique possible, à respecter la hiérarchie,…en d’autres termes, à fermer sa gueule et à accepter la logique du marché. Au CFJ (Centre de Formation des Journalistes- Paris), le responsable « presse écrite » dit à ces étudiants : «Dans la profession, il y a un certain nombre de journalistes qui ne sont pas dans la ligne. Ici, on vous demande de suivre la ligne, de rester dans la norme. Eh oui, il y a un moule CFJ, et il faudra bien vous y couler ».Une étudiante attaque : « Pour mercredi, avec la sortie du film sur les travailleurs de chez Michelin, on aurait voulu faire un retour sur la condition ouvrière ». Le rédacteur en chef réplique aussitôt : « Ca c’est pas de l’actu. Il faut espérer qu’on aura autre chose comme actu, de l’actu qui parle un peu plus. Mercredi, je vois qu’il y a PSG-OM. Ca, ça ne peut pas être moins d’une page. »

    Le seul souci dans la formation des journalistes est de répondre aux besoins du marché. Un enseignant de l’école le dit lui-même : «Ce que vous êtes naïfs ! Les médias, c’est une industrie. On vend du papier comme d’autres vendent des poireaux. Le seul critère, c’est le résultat : l’audience ou la vente». Dans un guide pour les étudiants de l’école appelé « Pour devenir journaliste », on peut lire que le CFJ « trouve une solution à l’inadéquation de l’offre et de la demande, sait répondre aux évolutions du marché, afin de livrer des étudiants immédiatement opérationnels. », etc. La directrice de l’école conclut en beauté: « on étudie en ce moment comment se tourner pleinement vers le management. »

    Les conditions de production de l’information sont bien sûr soumises aux lois de l’économie capitaliste : productivité, maximum de rendement, … L’information est une marchandise comme les autres : le but est de faire du profit avant toute autre considération. Il faut produire un maximum d’informations en un minimum de temps, et surtout, de produire de l’information qui se vend. Le critère premier n’est donc pas le souci de l’information objective, de la pertinence des sources, etc, mais bien le marketing. Le choix, la mise en valeur et l’importance accordée aux informations est donc complètement tronquée et disproportionnée par rapport à la réalité, voire complètement fausse. En juillet 2004, de jeunes Maghrébins et Africains sont accusés d’avoir fait une agression antisémite dans le RER, à Paris. Le lendemain, le journal « Libération » concluait : « Antisémitisme, antisionisme, anticapitalisme mêlés comme aux pires heures de l’histoire ». En fait, cette agression n’a jamais eu lieu et se révèlera être un pur mensonge inventée par la soi-disante victime.

    Mais quelques chiffres valent parfois mieux qu’un long discours : depuis l’affaire Dutroux en 1996, le nombre d’articles et de reportages consacrés aux affaires sexuelles touchant des enfants a explosé. Les mots « pédophile » et « pédophilie » apparaissent 4 fois dans le journal « Le Monde » en 1989, 8 fois en 1992. On passe à 122 fois en 1996, 199 fois en 1997, 191 en 2001, 181 fois en 2002 ! Du 5 mai au 5 juillet 2004, on dénombre, dans les quatre grands quotidiens nationaux français, 344 articles sur le procès d’Outreau (affaire de pédophilie en France). Pendant la même période, ces mêmes quotidiens consacrent 3 articles sur la sortie d’une étude de l’OMS établissant que la pollution tuait chaque année plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans. En 1998, les trois principaux journaux télévisés américains ont consacré plus de temps à l’affaire Monica Lewinsky qu’au total cumulé de plusieurs dossiers tels que la crise économique et financière en Russie, en Asie et en Amérique Latine, la situation au Proche-Orient et en Irak, la course au nucléaire dans le sous-continent indien !

    Dans ce contexte, il est clair que les journalistes ne peuvent pas dire ce qu’ils veulent, et doivent rester dans un cadre de pensée qui respecte le souci des actionnaires et des propriétaires du média en question. Le directeur de l’International Herald Tribune (qui appartient au groupe New York Times, coté à Wall Street) disait : « Souvent, ceux qui doivent prendre une décision journalistique se demandent si celle-ci fera baisser ou monter de quelques centimes la valeur boursière de l’action de l’entreprise éditrice. Ce genre de considérations est devenu capital, les directeurs de journaux reçoivent constamment des directives dans ce sens de la part des propriétaires financiers du journal. »

    De plus, le simple fait d’être journaliste et d’avoir sa carte de presse ne donne pas accès partout. Le journaliste doit se faire accréditer auprès de certains services de presse (UE, ministères,…). Les journalistes accrédités ne peuvent divulguer que les informations qu’on les autorise à divulguer : s’ils ne respectent pas les règles du jeu, on leur retire l’accréditation. Sans compter que la plupart du temps, les journalistes se font « acheter »: par des réceptions, des déjeuners en tête-à-tête, des voyages de presse pour accompagner le ministre ou l’homme d’affaires en déplacement à l’étranger, des voyages exotiques,…

    L’ancien journaliste du Guardian (rubrique Energie) nous donne un témoignage intéressant à ce sujet: « La compagnie de gaz britannique British Gas s’intéressa à mon travail. Chaque jour, elle dépêcha un nouvel attaché de presse avec la panoplie complète allant de la voiture tape-à-l’oeil au téléphone mobile. Le premier m’introduisit dans l’entreprise et calcula ce que mon article représenterait pour la compagnie en termes de gains ou de pertes potentiels. Le deuxième fit survoler la baie de Morecambe en hélicoptère pour me conduire sur la plateforme de forage que British Gas avait fait construire. Le troisième m’invita à un dîner arrosé de bon vin, au cours duquel il m’abreuva de considérations sur la stratégie de l’entreprise. Et le quatrième m’accompagna pour rencontrer le président de la compagnie. Après avoir été traité de la sorte, j’ai dû déployer des efforts considérables pour mordre la main qui m’avait nourri en me fournissant toutes ces informations. Et mordre signifiait dire au revoir à tout ce que British Gas pouvait m’offrir de bon ».

    On en arrive vite à ce qu’on peut appeler le « journalisme promotionnel », très bien résumé par cette phrase de Patrick Le Lay, patron de TF1 : « Le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. ». En Italie ou aux USA, il n’est désormais plus rare de voir des spots publicitaires insérés à plusieurs reprises en plein milieu du journal télévisé.

    Comme on l’a déjà vu, les politiques de privatisation n’on pas épargné le secteur des médias. Ce phénomène de désengagement public implique que les médias sont de plus en plus dépendants de leur budget publicitaire. Le média qui fait une appréciation négative sur un produit court le risque de se voir retirer le budget publicitaire du fabricant. En Belgique, le numéro un des investissements publicitaires dans les médias est le secteur automobile. Ce dernier élément explique les nombreux suppléments « auto » dans les quotidiens. Lors de l’ouverture du dernier salon de l’auto, « La Libre Belgique » a ainsi consacré 5 pages à ce grand événement…

    Pendant l’été 2005, la direction du groupe automobile Volkswagen lança à travers la presse la rumeur d’une fermeture du site de Forest. Cela fit naître un meilleur état d’esprit au sein de l’entreprise pour faire passer d’autres mesures moins « radicales », mais néanmoins tout aussi désavantageuses pour les travailleurs de l’usine. En janvier 2001, la multinationale Danone a fait la même chose grâce à la complicité des médias français. La presse annonçait le licenciement de 1700 travailleurs chez Danone ; il s’en suivit un large mouvement de contestation. Au coeur du mouvement, la direction annonça qu’il n’y aurait finalement « que » 500 pertes d’emplois. Conclusion : réaction de soulagement de la part d’une bonne partie du personnel et arrêt du mouvement. La presse sert ainsi souvent, pour le patronat et les politiciens bourgeois, de « ballon d’essai », de moyen destiné à tester un projet, une hypothèse de travail et mesurer quelles en seront les réactions. Il ne faut donc pas se leurrer : quand on parle de « fuite » dans la presse, il s’agit dans bien des cas de fuites volontaires.

    Ces dernières années, les chiffres montrent une baisse particulièrement significative de diffusion de la presse écrite. A l’échelle mondiale, la diffusion de journaux chute en moyenne, chaque année, de 2%. Le quotidien américain « International Herald Tribune » a vu ses ventes baisser en 2003 de 4,16% ; au Royaume-Uni, le « Financial Times » a chuté de 6,6 % ; en Allemagne, au cours des 5 dernières années, la diffusion a baissé de 7,7 %, au Danemark de 9,5%, en Autriche de 9,9%, en Belgique de 6,9%. Même au Japon (dont les habitants sont les plus gros acheteurs de journaux), on compte un recul de 2,2%. Au sein de l’UE, au cours des huit dernières années, le nombre de quotidiens vendus a diminué de 7 millions d’exemplaires. Il existe à cela certaines raisons externes tels que la montée d’internet, ou l’apparition des quotidiens gratuits (« Metro »,…). L’augmentation importante du prix des journaux cumulée à une baisse du pouvoir d’achat pour la majorité de la population n’y est sans doute pas pour rien non plus.

    Mais la raison première est sans aucun doute la perte de crédibilité de la presse écrite, tout comme des médias au sens large ; non seulement du fait que la qualité des journaux ne fait que se détériorer (les mensonges, les manipulations, et autres distorsions de l’information ne cessent d’augmenter), mais aussi parce la période dans laquelle on se trouve aujourd’hui se caractérise par une remise en question croissante de l’idéologie bourgeoise et du discours néo-libéral relayé par les médias. La confiance dans les institutions bourgeoises et dans ses relais idéologiques, dont les médias font partie, ne cesse de s’effriter. Cela renforce d’autant plus l’importance de diffuser une presse ouvrière, une presse de gauche qui défend les intérêts des travailleurs et des jeunes.

  • Services publics. Et la RTBF dans tout ça ?

    RTBF_wikipedia

    Nous sommes nombreux à enrager en voyant la manière dont nos luttes et nos inquiétudes sont traitées dans les médias traditionnels. Et, très souvent, la RTBF en prend pour son grade, elle qui ressemble de plus en plus à RTL… Cette situation, des travailleurs de l’entreprise publique la dénoncent eux aussi. Depuis le mois de février, ils se sont déjà réunis une dizaine de fois en assemblée générale du personnel à Bruxelles, en organisant le trajet des collègues des autres sites.

    Au piquet de l’antenne de Liège, les grévistes ne décolèrent pas. ”La Loi Peeters, on connait déjà ça nous! On peut même bosser jusqu’à 50 heures suite à un accord pourri.” La situation est de plus en plus intenable et elle a déjà fait parler d’elle (lire notamment cet article de nos archives: “RTBF & précarité organisée”).

    Aucun progrès social n’a vu le jour sans recourir à une forme de lutte pour le concrétiser

    Les grévistes avaient particulièrement soigné leur communication en préparant des tracts spécifiques. Celui préparé pour la journée d’actions et de grève du 31 mai dans les services publics et distribué ‘‘dans la perspective de la grève générale du 24 juin’’ était toujours disponible le 24 juin. Son texte aborde très justement ‘‘le désinvestissement massif dans les services publics devient un mode de fonctionnement du pouvoir politique partout en Europe, nous devons réagir. (…) Partout dans la fonction publique, on supprime, par le non-renouvellement des départs de 5 travailleurs sur 5, les effectifs nécessaires à offrir au citoyen des services publics à la mesure des impôts qu’il paie pour en bénéficier. De la culture aux prisons en passant par la sécurité, les soins de santé et la protection sociale, chaque secteur se vide des moyens qui lui revenaient pour assurer ses missions et du personnel nécessaire à faire fonctionner ses services.’’

    Mais il rajoute d’emblée les problèmes spécifiques à la RTBF : ‘‘moins de personnel stable puisque celui-ci restera limité à 1970 ETP, équivalents temps plein, (dont 59 ETP de personnes en Contrats à durée déterminée), moins d’activités, car nous ne pourrons pas relevé tous les défis de l’évolution numérique et médiatique avec si peu de personnel pour faire vivre 3 chaînes de TV, 5 chaînes de radio (avec de la radio filmée) en plus des médias sociaux, et enfin moins de diversité et moins de productions propres puisqu’il faudra bien sous-traiter des émissions et des services pour ceinturer de force le corset budgétaire qui nous donnera une apparence financière présentable…’’ Il se terminait enfin par ces mots: ‘‘aucun progrès social n’a vu le jour sans recourir à une forme de lutte pour le concrétiser’’.

    L’impact positif des assemblées générales pour impliquer le personnel

    Un autre tract spécifiquement préparé pour le 24 juin parle du climat difficile à la RTBF ‘‘qui résulte d’une bonne dizaine d’années d’économies et de réduction de moyens, dénoncées par la succession d’assemblées générales qui ont eu lieu au cours de ces derniers mois.’’ Il raconte aussi qu’en prévision du mouvement de grève CGSP du 24 juin, aucune réquisition de personnel ne serait pratiquée pour réaliser le programme convenu avec les organisations syndicales. ‘‘Le personnel de la RTBF, qui est censé pouvoir être partiellement réquisitionné dans le cadre des obligations de programme minimum du média public, pouvait donc se déclarer en grève sans qu’une partie des travailleurs soit obligée d’être présente. La direction a, sans doute, estimé que les organisations syndicales ne parviendraient pas à convaincre suffisamment de travailleurs de participer à cette grève. Elle s’est trompée !’’ La direction a donc dû unilatéralement revenir sur un accord passé en comité d’entreprise quelques jours plus tôt et limité d’autorité une grève qui lui a fait tellement peur pour ses conséquences.

    Les grévistes sont convaincus que cette participation plus importante au mouvement découle naturellement de la succession d’assemblées générales qui a pris place ces derniers mois. La confiance ébranlée de la direction face à la force potentielle d’une grève à la RTBF est un signal fort pour le personnel qui est de bon augure pour la suite du plan d’action à la rentrée, avec la manifestation nationale en front commun du 29 septembre et la grève générale nationale du 7 octobre.

    Au côté de leurs camarades, les syndicalistes de la RTBF défendront de ‘‘ramener le paquebot RTBF dans les eaux du service public de qualité. Avec des programmes de qualité, du personnel attaché à l’entreprise (la fin de la présence d’une agence d’intérim au sein de l’entreprise), la fin de l’externalisation et une diminution importante des postes hiérarchiques intermédiaires qui se sont multipliés ces dernières années.’’

    Arrêter notre lutte, ce serait accepter le retour aux conditions sociales du passé

    Enfin, un troisième tract était à disposition en abordant le thème plus vaste du droit de grève sous le titre : ‘‘Adapter le droit de grève au 21e siècle ? La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat.’’ Il déclare notamment : ‘‘Vous qui êtes confrontés aux désagréments de la grève générale, ou qui manifestez votre solidarité à nos côtés pour défendre ‘‘autre chose’’, ne pensez pas que ce conflit social soit d’un autre âge… ! Qui et quoi combattre, et comment le faire, sont des questions légitimes. (…) Il reste parfois difficile de se positionner, mais un petit rappel s’impose : le ‘‘droit au travail’’ n’existe pas de la façon dont l’entendent ceux qui veulent justifier l’interdiction des ‘‘piquets de grève’’. En effet, si un droit absolu au travail existait, le fait d’être sans emploi constituerait alors la violation d’un droit, puisque l’Etat aurait à garantir objectivement et individuellement le droit à chacun d’obtenir un emploi adapté à ses compétences.’’ Très correctement, l’argumentation développée se termine ainsi : ‘‘Arrêter notre lutte, ce serait accepter le retour des conditions sociales du passé !’’

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    Café syndical à Liège : “Comment renverser ce gouvernement de malheur?” Ce mercredi 29 juin, 18h30,
    au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse, 4000 Liège). Venez partager vos expériences et envisager la préparation d’un automne chaud contre Michel 1er avec des militants syndicaux et notamment GUSTAVE DACHE, vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.

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  • Voeux de mai 2016: soutenez les médias socialistes!

    VDM_2016 Contre les médias dominants et la propagande de l’establishment, placez votre message de voeu de mai dans ‘Lutte Socialiste’ et sur socialisme.be

    Pendant la grève des cheminots de ce début janvier, on aurait pu croire que les médias dominants étaient en compétition pour voir qui allait être le plus opposé à la grève. Lorsque les négociations concernant le nouvel ‘‘Gentlemen Agreement’’ sur le droit de grève ont échoué entre patrons et syndicats, les infractions patronales aux accords de 2002 – notamment sur les requêtes unilatérales et lesastreintes contre les grévistes – ont tout au plus été mentionnées comme des faits divers de troisième ordre. Lorsque l’on a su que les violences sexistes commises au Nouvel An à Cologne n’étaient pas lefait de réfugiés syriens, cela n’a donné lieu qu’à de petits articles bien loin des gros titres qui avaient accablés les réfugiés.

    Suivre les médias établis uniquement revient à être matraqué de propagande gouvernementale et patronale quotidiennement. Cela décourage et mène au fatalisme, ce qui rend plus difficile de lutter pour un monde sans guerre, sans exploitation, sans pauvreté et sans insécurité. ‘Lutte Socialiste’ et socialisme.be offrent une autre perspective, qui part du mouvement des travailleurs et de la révolte des jeunes contre le racisme, le sexisme, la haine, le changement climatique ou la répression. ‘Lutte Socialiste’ et socialisme.be fourmillent d’arguments destinés non seulement à contrer la logique néolibérale dominante mais également à organiser et renforcer la solidarité internationale des luttes des travailleurs et de la jeunesse, et à promouvoir un syndicalisme de combat.

    Soutenez les médias socialistes !

    Pour être capables de publier un tel mensuel et alimenter notre site web, nous avons besoin de vous et de votre solidarité. Nous ne comptons pas sur de riches sponsors, mais sur le soutien enthousiaste de nos lecteurs et sympathisants. En premier lieu, si ce n’est pas encore le cas, nous vous invitons à prendre un abonnement à Lutte Socialiste pour, chaque mois, lire votre ration d’analyses anticapitalistes et socialistes tout en soutenant notre travail politique.

    À l’occasion du premier mai, Fête internationale des travailleurs, nous demandons à nos lecteurs, à nos sympathisants, aux organisations syndicales, à nos amis,… de soutenir nos médias socialistes en plaçant un voeu de mai dans nos pages, un message combatif ou autre aux lecteurs de notre journal.

    Envoyez les informations ci-dessous (ainsi qu’un logo ou une image, si nécessaire)
    – par courier à PSL, 45 rue du Jardinier, 1080 Molenbeek ou
    – par e-mail à redaction@socialisme.be (avant le 18 avril)

    > Vous pouvez payer la somme correspondante à la taille choisie sur le numéro de compte BE 48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’, avec “voeu de mai” ou “abonnement” en communication.

    Tarifs des messages

    1/128ème de page (environ 24 x 34 mm) = 12 €
    1/64ème de page (environ 34 x 48 mm) = 25 €
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    1/32ème de page (environ 67 x 95 mm) = 100 €
    1/8ème de page (environ 95 x 143 mm) = 200 €

    > Faites attention à adapter la longueur du texte du message à la taille choisie.
    > N’hésitez pas à nous envoyer un logo ou une image, en plus ou à la place du texte (noir&blanc)

  • Grève des cheminots: des syndicats qui "déraillent" pour défendre des "privilèges"?

    berchem2Les médias dominants n’ont pas manqué de critiques contre la grève des cheminots de ces 6 et 7 janvier. «Une action caricaturale» (Le Soir), à l’initiative de véritables preneurs d’otage,… qui fait même le jeu de Bart De Wever et de la N-VA selon Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef du Soir ! Quant aux conquêtes sociales des cheminots, ce ne seraient que des privilèges à laisser tomber sur la voie de la «modernisation» du rail – un mot qui cache mal leurs intentions de privatisation.

    «Les travailleurs de la SNCB disposent de privilèges, comme la noblesse d’avant la Révolution Française de 1789!» (Bruno Wattenbergh, Bel RTL)

    Là, le chroniqueur économique de Bel RTL a fait très fort… Ceux qui font penser à la noblesse, ce sont les cadres supérieurs d’Infrabel et de la SNCB qui touchent à peu près 300 000 euros par an ! Officiellement, la semaine de travail est bien de 36 heures chez les cheminots, une mesure adoptée à la fin des années 90, avec une réduction des salaires, afin d’éviter plus de pertes d’emplois. Dans la pratique, les travailleurs prestent plus d’heures. C’est pour cela qu’il existe des jours de compensation. Sauf que le personnel a bien du mal à les prendre. En juin 2014, une grève a éclaté sur ce sujet : les travailleurs cumulaient ensemble plus d’un million de jours de compensation de retard!

    Dans la pratique, les cheminots travaillent donc plus que 36 heures, sans qu’il n’y ait eu d’augmentation de salaire. Se plaindre que le personnel dispose de beaucoup de congés alors que ce n’est le cas qu’en théorie pour de nombreux travailleurs, cela revient à les insulter.

    La productivité des cheminots a explosé ces dernières années. En 1990, ils étaient 45.000 pour transporter 130 millions de voyageurs annuellement. En 2014, ils n’étaient plus que 33.000 alors que le nombre de voyageurs est monté à 235 millions !

    Après avoir sauvagement coupé dans le niveau de vie de la population; les autorités, le patronat et leurs relais politiques et médiatiques montrent du doigt les travailleurs les mieux organisés en baptisant leurs droits «privilèges». Si nous les laissons faire, ils pourraient bien nous proposer d’abroger le CDI pour mettre fin aux «faveurs» dont disposent ses bénéficiaires par rapport au CDD! La recette est toujours la même: organiser le nivellement par le bas des droits sociaux en jouant sur les frustrations qu’ils ont eux-mêmes créés.

    Cette grève est une «action caricaturale» (Le Soir), «les syndicats déraillent» (Etienne Dujardin, juriste, dans une carte blanche sur LeVif.be)

    Le gouvernement veut économiser 3 milliards d’euros entre 2016 et 2019. Cela ferait disparaître plus de 6.000 emplois chez Infrabel, à la SNCB et chez HR Rail. Un train sur cinq devrait se passer d’accompagnateur et 600 guichets devraient très probablement fermer. La productivité devrait augmenter de 20%! Un personnel moindre devrait donc supporter plus de charge de travail. Cela implique une réduction des services et des normes de sécurité, des suppressions de petites lignes et encore plus de retards de trains (notamment à cause du sous-financement dans les infrastructures).

    A l’époque des bains de sang sociaux à Ford Genk ou ArcelorMittal, où des milliers d’emplois ont été perdus, la colère était grande chez les travailleurs et dans la population. Au point même que les autorités avaient condamné les pertes d’emplois. Aujourd’hui, c’est le gouvernement lui-même qui organise un bain de sang social de cette ampleur. Mais s’y opposer serait devenu scandaleux? Avec la suppression d’un cinquième du financement public, c’est le gouvernement qui déraille.

    «C’est le grand paradoxe de ce qui se déroule sous nos yeux : les nationalistes flamands ont obtenu une scission hautement symbolique» (Béatrice Delvaux, Le Soir)

    Le préavis de grève a toujours été national, et le personnel du nord du pays est tout autant protégé que celui du sud durant cette grève. Si la grève est moins suivie, c’est parce que les dirigeants de la CSC Transcom et de la CGSP cheminot flamands ont décidé de ne plus soutenir le mouvement, contrairement à ce qui avait été démocratiquement voté au sein de leur organisation. Malgré cela, une partie du personnel flamand est en grève. A Gand et à Ostende, des piquets ont été installé. A Anvers Berchem, des dizaines de cheminots se sont rassemblé dès mardi soir. Une assemblée générale avait eu lieu d’abord. Les plans du gouvernement ont été discutés brièvement, mais l’objet de la discussion était surtout de savoir que faire pour construire la résistance. Le manque d’implication de la base dans la prise de décision des directions syndicales de ne pas soutenir la grève y a été largement dénoncée. Il faut s’organiser afin de renforcer la solidarité et de clarifier à partir de la base syndicale que le mécontentement parmi le personnel ne connaît ni division communautaire, ni frontière de couleur syndicale.

    Ce type de réunion est une excellente façon d’introduire la discussion entre collègues et de veiller à ce que la base décide elle-même de l’action à mener. En fait, toutes les actions doivent être préparées avec des réunions et assemblées du personnel. Il serait ainsi plus difficile de bloquer des actions du sommet en passant outre de la participation de la base.

    «Les journaux, les radios, les télévisions sont submergés de témoignages de citoyens qui ne supportent plus les mouvements de grève.» (LaLibre)

    Disposer de bons transports en commun au service des usagers, cela signifie d’investir pour de meilleurs services, pour plus de personnel et pour de meilleurs conditions de travail. Voilà d’où proviennent les grèves.

    La campagne de propagande contre les cheminots a sans doute assuré que de nombreux navetteurs se sont rangé du côté du gouvernement. Mais ils sont aussi nombreux ceux qui, sur base de leur propre expérience des effets de l’austérité, ont rejoint le côté du personnel. Combien de navetteurs estiment gagner trop et pensent donc que l’on doit économiser sur leurs salaires avec un saut d’index, par exemple?

    Avec la sensibilité qui s’est développée autour de la mobilité, des embouteillages et du climat d’une part et avec des revendications offensives pour l’amélioration des transports publics d’autre part, il est possible d’organiser un large front entre le personnel et la population.

    Voyager en train émet en moyenne 7 fois moins de CO2 dans l’atmosphère. C’est ce qui a fait dire à l’activiste Naomi Klein que «Les cheminots en grève sont les activistes du climat du 21e siècle». Les études indiquent que la part du rail dans les transports va continuer à augmenter dans les prochaines années. Correctement géré et financé, le train est le service public par excellente : démocratique, efficace et écologique.

    «La direction a déjà annoncé qu’elle ne veut pas parvenir à un accord social à n’importe quel prix. Le soutien pour cette approche dans l’opinion publique a sans aucun doute été renforcé. Et l’arme de la grève est émoussée. Le dialogue social et le rôle des syndicats est compromis bien au-delà de la SNCB.» (De Standaard)

    La direction a effectivement annoncé qu’elle ne désirait pas négocier. La médiation prévue par le gouvernement devait être limitée au cadre de ce qui avait déjà été décidé. Le personnel n’avait donc pas le choix, il avait été laissé à l’abandon.

    Le mécontentement croissant parmi les voyageurs concernant les insuffisances du service souligne également que l’opinion publique n’est pas exactement prête à accueillir favorablement les réformes entreprises par la direction et que cette dernière veut maintenant approfondir. En ne laissant aucune place au dialogue social, le gouvernement et la direction ont choisi un modèle de confrontation. Qui est donc responsable de la grève? Mais selon De Standaard, le refus unilatéral de la négociation collective par la direction compromet les syndicats.

    Au final…

    Les médias confondent trop souvent leurs propres points de vue avec «l’opinion publique». Si les médias voulaient vraiment renforcer leur analyse de la direction du soutien de l’opinion, ils devraient peut-être sonder la population pour savoir combien sont ceux qui désirent un service limité et plus cher dans le contexte d’une privatisation du rail… Face à eux, combien sont ceux qui seraient favorables à un investissement public massif pour des transports en commun gratuits et de qualité avec un personnel motivé et souriant ainsi qu’avec de bons équipements de même que la garantie du confort et de la ponctualité ?

    Cette dernière option n’est clairement pas celle du gouvernement et de ses amis politiques. C’est celle des cheminots et de tous ceux qui soutiennent leurs actions de grève.


     

    Il nous faut nos propres médias!

    Les médias traditionnels font tout pour présenter nos actions sous un mauvais jour. Ils se présentent en fait comme des porte-parole du gouvernement et donc de la direction. Nous avons besoin de nos propres médias. Avec le site socialisme.be et le mensuel “Lutte Socialiste” nous voulons jouer un rôle dans ce cadre, avec des rapports et analyses issus du mouvement lui-même, des proposons pour aller de l’avant, des propositions alternatives aux politiques d’austérité,…
    Ne faites pas confiance aux médias établis comme seule source d’information! Prenez un abonnement au mensuel “Lutte Socialiste” afin d’y retrouver des positions et propositions qui proviennent du personnel ! Ce mois-ci, nous disposions entre autres d’un dossier concernant le droit de grève. L’édition prochaine comprendra un dossier sur la situation des cheminots. Vous ne voulez pas manquer ce numéro ? Prenez un abonnement : 20 euros pour 12 numéro ou ordre permanent bancaire mensuel de 2 euros par mois (plus nous permet de renforcer nos publications!). N° de compte : BE 48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’.

  • Grève des travailleurs de TéléMB

    teleMB02À l’annonce de ce qui ressemble très fort à une restructuration du personnel, les travailleurs de l’ASBL TéléMB (chaîne locale de la région Mons Borinage) sont entrés en grève le mercredi 9 décembre car ils refusent catégoriquement les propositions du Conseil d’Administration qui réclame la suppression de 6 à 7 postes. Cela représente entre un cinquième et un quart du personnel. Les raisons évoquées par la direction pour légitimer les licenciements sont inscrites dans une volonté de “refinancement sous conditions.”

    Par Max (Mons)

    D’après un délégué syndical, les conflits liés aux fonctionnement de la télé locale, son financement et son déficit ne datent pas d’hier. Des consensus pour voir perdurer dans la pérennité la chaine boraine ont déjà été trouvés par le passé. Il nous a exprimé sa volonté de voir se répéter ce résultat. C’est dans ce cadre que les employés se sont mis en arrêt de travail temporaire avec le soutien du SETCa.

    La lutte qui s’est engagée dans la boîte décrite par les travailleurs comme une entreprise familiale, où tous se connaissent très bien, trouve ses solides fondements dans la volonté de ne pas laisser 6 ou 7 d’entre eux sur le carreau. De plus, il est clair pour tous qu’une restructuration du personnel aura des effets on ne peut plus néfastes sur la qualité du service rendu à la collectivité du fait du durcissement des conditions et de la charge supplémentaire de travail.

    Le changement de politique à l’égard de gestion de TéléMB fait suite à la mise en place d’un nouveau bureau comptable qui maintenant met en avant un déficit, qui existe pourtant depuis longtemps, lié à une ”mauvaise gestion”. Mais une mauvaise gestion de le part de qui ?

    Il ne s’agit pas ici de la première attaque austéritaire sur des petites chaines de télés locales qui bénéficient d’une certaine indépendance médiatique. No télé, Canal C et d’autres télévisions régionales ont déjà fait l’objet de tentatives de restructuration. À chaque fois ce sont les subsides en eux-mêmes ou les sources subsidiaires qui sont mis en cause.

    Le Conseil d’Administration et son nouveau bureau comptable renvoie la balle de la mauvaise de gestion dans le camp des travailleurs déjà précarisés, qui travaillent par passion bien plus que pour la carotte. Ces derniers ne comprennent pas les décisions de la direction. En outre, la télé de proximité reste un avantage pour rendre compte de ce qu’il se passe à deux pas de chez nous.

    Les travailleurs directement percutés par ces attaques antisociales ne sont en rien responsables de la ”mauvaise gestion” de l’entreprise où l’on se tue à la tâche et où la solidarité, illustrée par l’arrêt collectif de travail, prédomine.

    Ce 16 décembre, le personnel a symboliquement bloqué les portes d’une salle de réunion pour forcer la direction à trouver une solution concernant ces licenciements. Les travailleurs ont finalement repris le travail aujourd’hui, la direction s’étant engagée à limiter les licenciements. Mais que veut dire “limiter”?

    Nous, travailleurs, voyons les richesses que nous produisons augmentées de manière exponentielle tandis que nos salaires stagnent ou pire, diminuent. Les crises à répétition d’un système à l’agonie qui balayent d’un revers d’austérité nos conditions de travail, nos entreprises publiques et dans ce cas-ci, le secteur culturel et médiatique, ne sont qu’un prétexte pour privatiser les secteurs publics et détruire nos acquis sociaux. Nous devons réagir de manière unitaire en soutenant les grèves des travailleurs de notre région ou de plus loin. La dynamique qui se crée automatiquement sur chaque arrêt de travail collectif ouvre les portes aux élans de solidarité qui sont heureusement encore monnaie courante dans le camp des travailleurs. La misère consécutive au laisser-aller en matière de sauvegarde de l’emploi dans la région qu’a engendré le manque de moyens et les attaques contre nos acquis sociaux pousse de plus en plus de personnes à remettre le système en question. Il ne saurait être autrement que d’utiliser cette frustration légitime pour aller chercher le soutient spontané des riverains envers les travailleurs de TéléMB. Il n’y a pas 1000 façons de se faire entendre. L’Histoire nous prouve que lorsque les travailleurs revendiquent collectivement, ils peuvent obtenir bien des choses.

    A ceux qui disent que la réaction est trop brutale pour une ”petite grève” dans une ”petite entreprise”, il faut répondre que celle-ci, plus celle-là et plus encore d’autres petites actions de contestation bien légitimes, forment un tout bien conséquent et marquent une volonté de plus en plus grande de sortir la tête de l’eau pour défendre nos conditions de travail sans cesse attaquées par la politique néolibérale. Cette volonté a d’ailleurs été illustrée par le succès des actions syndicales menées contre le gouvernement Michel. Organisons notre lutte contre les coupes budgétaires et pour le défense du services à la collectivité, à tous les niveaux de pouvoir!

     

  • Blocages routiers: deux poids deux mesures

    E40_guetapenAu milieu de la déferlante médiatique visant à criminaliser l’action syndicale, la RTBF s’est distinguée en nous offrant «le minimum syndical» d’objectivité, à savoir un bref rappel des nombreuses actions de blocage de la circulation autoroutière dans le cadre d’actions syndicales : routier, agriculteurs, et même… policiers.

    Par Jean (Luxembourg)

    La veille, RTL-TVI avait comme on pouvait s’y attendre fait preuve d’une parfaite dévotion à la cause patronale, allant jusqu’à nous offrir un lapsus révélateur dans ses titres incrustés qui annonçaient les «suites juridiques» des actions de la FGTB. On y parlait évidemment des suites judiciaires, mais on sentait à quel point les journalistes trépignaient d’impatience de pouvoir participer à de véritables suites juridiques, en rédigeant de nouvelles lois pour museler les syndicats.

    Or donc, grâce à ce trop bref aperçu des antécédents, on a appris 2 ou 3 choses :

    1. Le blocage des routes et autoroutes est en principe interdit par la loi
    2. Cela n’a pas empêché que des blocages se produisent à différentes occasion, sans entraîner de poursuites judiciaires.
    3. Visiblement, si l’on est agriculteur, chauffeur routier ou policier, il n’y a aucun problème pour bloquer les routes.
    4. Si on est militant FGTB, c’est plus compliqué :
      – Soit on demande préalablement l’autorisation à la police, comme l’avait fait la délégation des forges de Clabecq en 1997. Malgré, ou à cause de cette précaution, les ouvriers de Clabecq se sont engouffrés dans un guet-apens sur la bretelle de l’autoroute, avec des dizaines de policiers et d’autopompes qui ont surgit de leur cachette en quelques secondes, provoquant un chaos généralisé et 25 blessés.
      – Soit on ne la demande pas, et on doit faire face à d’autres problèmes.

    Au final, on ne sait pas très bien comment s’y prendre. Si on écoute les partis au pouvoir et la presse, mieux vaut oublier toute forme de résistance, et se jeter tout de suite dans le canal. Mais attention à ne pas obstruer les voies navigables… A vrai dire, on préfèrerait une autre solution. Du genre : appuyer résolument sur l’accélérateur de la lutte pour pousser le gouvernement vers la 1ère sortie!

    => A lire également : L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical

  • L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical

    p6blokkadeAvec 100.000 personnes, la manifestation du 7 octobre fut un succès. Pareil pour la grève lancée par la FGTB Liège-Huy-Waremme et la FGTB-Verviers le 19 octobre. Tout comme l’attention médiatique s’était concentrée sur les troubles en marge de la manifestation des 150.000 du 6 novembre 2014, le blocage spontané de l’autoroute E40 a reçu les qualificatifs ‘‘d’apocalypse’’ (Sudpresse) ou encore de ‘‘délinquance en vareuse rouge’’ (La Libre).

    Par Fabian et Nico, article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    La criminalisation du mouvement social est une pratique bien rodée pour discréditer la lutte. Ceux qui viennent manifester pour la première fois sont souvent marqués par la brutalité policière. Les manières de faire dégénérer une manifestation ne manquent pas en instrumentalisant la frustration de certains militants, si nécessaire avec l’aide de provocateurs. Il suffit de penser aux arrestations du 7 octobre, notamment commises par des agents portant foulards et autres insignes syndicaux.

    Avec la grève du 19 octobre à Liège, il était clair à l’avance que le moindre prétexte soit utilisé pour taper sur l’ensemble du mouvement des travailleurs et insister sur la division du front commun. Le blocage de l’autoroute E40 a ainsi été utilisé pour criminaliser les grévistes. Et les choses ont encore empiré lorsque l’on a appris le décès d’une patiente au CHC (Centre Hospitalier Chrétien) d’Hermalle. Le CHC a porté plainte contre X pour homicide involontaire, se basant sur le fait que le chirurgien qui devait l’opérer avait été bloqué un moment par le barrage. Qu’il n’y ait eu qu’un seul médecin disponible, cela montre la gravité des pénuries dans les soins de santé. Et cela clarifie aussi que la médecine par prestation entrave la collaboration entre les divers hôpitaux et les médecins spécialistes. Evidemment, ce n’est pas ce qui est retenu à droite. Le député libéral David Clarinval a même reproché aux élus du PTB d’avoir du sang sur leurs mains!

    Le syndicat des employés de la FGTB, le SETCa, a tenu à préciser divers points dans une lettre envoyée à ses affiliés. Premièrement, le CHC est justement le commanditaire d’un chantier où, tôt le matin du 19 octobre, les grévistes avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers. Les médias ont été quasiment muets sur ce point pourtant des plus scandaleux et l’attention a ensuite été déviée sur le blocage, à quelques centaines de mètres de là. La lettre rappelle aussi que ‘‘les coupes drastiques dans le financement des soins de santé de ces dernières années (…) poussent les différents acteurs à faire des économies constantes dans un univers de plus en plus concurrentiel. Combien de décès dus à ce sous-financement et à ses économies décidées par le politique ?’’ L’hôpital avait aussi refusé d’établir un service minimum, considérant qu’il ne subirait aucune perturbation, du fait que la CSC n’était pas en grève.

    Ensuite, le CHC a reconnu dans la presse ne pas prétendre qu’il y a eu un lien de cause à effet entre le blocage et la mort de la patiente mais qu’il voulait ‘‘ouvrir un débat sur les limites du droit de grève’’. Donc après avoir porté des accusations très graves envers les militants syndicaux, le CHC dévoile sa véritable intention… à savoir limiter le droit de grève. On peut difficilement être plus clair.

    Quelques jours plus tard, la députée N-VA Zuhal Demir a déclaré en ‘‘avoir soupé des syndicats’’ et a saisi l’occasion pour demander de ‘‘repréciser le droit de grève dans la loi’’ et… de soumettre les syndicats à ‘‘la responsabilité juridique’’! Cette revendication n’était défendue que par l’extrême droite par le passé, avec l’idée de briser les syndicats en les rendant juridiquement responsables des actes de chacun de leurs affiliés et en les obligeants à dévoiler leurs comptes et plus précisément les montants de leurs caisses de grève. Philippe Godfroid, président de l’Union des classes moyennes (UCM) a abondé dans le même sens.

    Ce blocage spontané s’explique car ‘‘les travailleurs sont exaspérés parce qu’ils ne sont pas entendus, ni par le gouvernement ni par le patronat’’, a déclaré Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB. C’est vrai. Mais bon nombre sont aussi exaspérés par le temps qui a été perdu après la grève générale nationale du 15 décembre. Nous avions l’occasion de faire chuter ce gouvernement des riches et l’occasion a été gâchée. Encore aujourd’hui, rien de précis n’émerge quant à la stratégie syndicale suivie pour balayer l’austérité. Si la colère justifiée des travailleurs ne peut s’exprimer dans un plan d’action sérieux et crescendo, avec des objectifs clairs, jusqu’à la chute du gouvernement, alors celle-ci s’exprimera autrement. A partir de maintenant, il ne faut pas faiblir face à l’offensive de la droite sur l’opinion publique, mais au contraire serrer les rangs et riposter de manière organisée et sérieuse.

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