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Liège. Il nous faut un réseau de villes et communes rebelles !

Liège vue de la Citadelle. Photo : Wikimedia Que l’on parle de logements sociaux, de services publics, d’emplois locaux, d’assistance aux démunis, de crèches, d’enseignement, etc., le constat est identique : Liège, tout comme les autres villes et communes du pays, est victime de la tyrannie néolibérale. Les listes d’attente s’allongent partout. Comme ailleurs, la priorité a été donnée aux coûteux projets de prestige. A Liège, les choses ont encore été empirées par la disparition de l’industrie traditionnelle. Le taux de chômage y figure parmi les plus élevés de Wallonie.
Tract du PSL // Plus d’infos sur l’approche du PSL en relation avec les prochaines élections communales
Le tissu économique et social a été sans cesse plus désintégré pour faire place à la jungle capitaliste, jusque dans les intercommunales. Le petit monde bien tranquille des politiciens établis est aujourd’hui visible pour ce qu’il est : un microcosme qui repose sur la cupidité et la soif de pouvoir.
Le scandale Publifin éclate après des années où la population a dû se serrer la ceinture et avaler les mesures d’austérité les plus ignobles sous le prétexte que les caisses de la collectivité sont vides. Quand un travailleur commet une faute qualifiée de ‘‘grave’’, il peut être licencié et perdre ses droits aux allocations de chômage. Et tous ceux-là qui se sont servis sur notre dos ? Pour beaucoup d’électeurs, le mois d’octobre offrira une occasion de sanctionner ce système où l’avidité caractéristique des grandes entreprises privées a envahi la gestion des biens et services publics.
Un programme audacieux
Cette campagne est l’occasion de défendre un programme de claire rupture avec le néolibéralisme. Ce que le PSL défend, c’est un programme comprenant la nomination des travailleurs communaux, l’application immédiate de la réduction collective du temps de travail à 30 heures/semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, un plan radical d’investissements publics pour les crèches, les logements sociaux, les écoles,… Un programme qui s’en prenne sérieusement à la pénurie de logements sociaux, non seulement par la rénovation et la construction, mais aussi en recourant à la Loi Onkelinx qui permet la réquisition de logements vides pour y loger des sans-abris.
Il faut saisir la colère qui gronde parmi la population pour la mobiliser en défense de nos services publics, de même que pour imposer une véritable transparence via l’implication centrale des travailleurs et de leurs organisations dans la gestion et le contrôle des services publics. Qui mieux que ces derniers peuvent mettre un terme au gaspillage et à la gestion toxique importés du privé tout en assurant la primauté des intérêts des usagers et du personnel ?
Pour satisfaire un tel programme, il est notamment nécessaire de remettre en question le remboursement de la dette historique de la Ville et de refuser de la payer, sauf sur base de besoins prouvés. C’est le pillage néolibéral qui en est responsable ! Une camisole de force financière a été érigée pour les autorités locales, à l’image de l’attitude de l’Union européenne sur les États membres. Pour que les intérêts de la population soient prioritaires, une administration locale doit briser le carcan budgétaire. Il nous faut des élus qui soient prêts à casser le dogme de l’austérité et à déclarer Liège « ville rebelle » en créant un front de communes rebelles refusant de sabrer dans les budgets sociaux, où les représentants élus agiraient en tant que représentants loyaux de la population. Tout serait possible, notamment mener campagne à l’échelle nationale pour arracher la nationalisation du secteur financier et jeter aux orties la dette des communes en la déclarant illégitime.
Cela signifierait-il d’en revenir à la mise sous tutelle de la ville ?
A Liège comme ailleurs, la dette publique et la réduction des déficits budgétaires sont utilisés pour justifier la mise en œuvre de mesures qui détériorent les conditions de vie de la population. Mais ce n’est pas une fatalité !
Cela a été illustré en 1982 quand la ville de Liège, comme celle d’Anvers, s’est retrouvée au bord de la faillite en raison d’une crise liée à sa dette et s’est déclarée un temps en cessation de payement. Les salaires des travailleurs communaux n’étaient versés que partiellement ou avec retard. La ville fut alors contrainte par le gouvernement à appliquer un plan d’austérité drastique comprenant un gel des salaires et des promotions, la suppression de primes et indemnités ainsi que le non-remplacement des travailleurs partants a la pension.
Au lieu de mener la lutte pour arracher les moyens nécessaires aux autorités régionales et nationales, la majorité communale d’alors – PS-Ecolo – s’est docilement couchée après des protestations de pure forme. Pourtant, l’énergie et la volonté de combattre ne manquait pas ! De nombreuses grèves des travailleurs communaux ont eu lieu d’avril 1982 à juillet 1983, les pompiers ont initié une grève de la faim et ont été rejoints par d’autres services, des actions de blocage ont entravé les principales entrées de la ville, l’Hôtel de Ville a été encerclé par des immondices, des groupes de femmes allaient se présenter de manière organisée avec leurs courses aux grands magasins en déclarant ne pas pouvoir ni ne vouloir payer,…
Malheureusement les directions syndicales ont privilégié une forme de front commun avec les autorités communales et ont refusé de lier leur lutte avec les travailleurs communaux anversois ! La crise venait à peine de commencer, nombreux étaient ceux qui estimaient qu’elle n’était que temporaire et qu’il suffisait suffit de tenir le coup jusqu’à l’arrivée de jours meilleurs. Le résultat est visible aujourd’hui : des services publics communaux asphyxiés, aux travailleurs surchargés et qui comblent bien mal les besoins sociaux de la population. Mais la situation politique est également différente à l’heure actuelle et la chape de plomb que pouvait encore imposer la direction du PS sur le mouvement social n’est plus qu’une fine couche de glace.
Un séisme politique à Liège ?
En octobre 2017, la presse titrait ‘‘séisme à Liège’’ : un sondage plaçait le PTB à 28,3%, comme première formation politique de la Cité Ardente. Mouillés jusqu’au cou dans l’affaire Publifin, le PS, le MR et le CDH buvaient la tasse. Imaginons ce qu’il en aurait été si le PTB avait saisi l’occasion pour partir à l’offensive sous un slogan du type de celui de Mélenchon en 2012 : ‘‘Prenez le pouvoir !’’ Hélas, Raoul Hedebouw a commenté à l’époque ‘‘Ce n’est pas mon ambition d’être bourgmestre de Liège’’.
L’occasion était pourtant belle de démontrer dans la pratique ce que pourrait faire une ville ou une commune rebelle en refusant de rembourser sa dette sauf sur base de besoins prouvés, en investissant massivement dans les secteurs publics, en réduisant le temps de travail du personnel sans diminuer son salaire, etc. Liège aurait pu être la première d’un futur réseau de villes et communes à se soulever contre la camisole de force néolibérale qui étouffe nos villes ! A Seraing, d’ailleurs, certains sondages beaucoup plus récents placent le PTB devant le PS, qui perdrait ainsi sa majorité absolue historique.
Nombreux sont ceux qui ressentent l’urgence de mettre fin à la casse sociale et aspirent à un changement fondamental de politique. C’est ce que Thierry Bodson (secrétaire régional de la FGTB) a exprimé en appelant à la constitution de futures majorités de gauche. Le PTB pourrait prendre la tête de ce processus et, en reposant sur la mobilisation active des travailleurs, imposer un programme réellement socialiste.
Nous espérons que le PTB remportera des dizaines de conseillers communaux, mais aussi qu’il saisira cette opportunité pour construire un véritable front de la résistance sociale, en invitant toutes les personnes désireuses de lutter contre l’austérité à le rejoindre.
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L’exemple de Liverpool : mieux vaut briser la loi que s’en prendre aux pauvres
Entre 1983 et 1987, la ville de Liverpool a été gouvernée par les travaillistes, sous une direction de gauche. En 1983, 47% des électeurs ont voté pour le Labour et 57% en 1987. Liverpool est un exemple vivant de ce qui est permis par la lutte de classe dès lors qu’elle est sérieusement menée. A cette époque déjà, les autorités locales étouffaient dans une camisole de force budgétaire imposée par les autorités supérieures, économies budgétaires et privatisations à la clé. Le néolibéralisme avant l’heure.
A Liverpool, les choses étaient différentes. Le programme, la stratégie et les tactiques qui ont prévalu au cours de la lutte avaient été largement déterminées par la position du groupe Militant (le précurseur de notre parti-frère) au conseil municipal et plus généralement à l’intérieur du labour, dont il constituait l’aile marxiste.
Les 2.000 licenciements de personnel municipal de l’ancienne administration libérale ont été annulés. Un plan ambitieux a été élaboré pour construire 5.000 logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool à cette époque que dans toutes les autres municipalités du pays réunies. Il y a eu six nouvelles crèches, cinq nouveaux centres sportifs et 17 nouvelles écoles primaires. Cela a créé 12.000 emplois dans le secteur de la construction, développement bienvenu face à un taux de chômage de 25% chez les hommes. Les loyers ont été gelés durant cinq ans. Le salaire minimum du personnel municipal a été augmenté, ce qui a touché 4.000 travailleurs. Le temps de travail a été réduit de 39 à 35 heures, sans perte de salaire.
Depuis 1979, les économies imposées par Thatcher avaient coûté 34 millions de livres sterling à la ville. Les dirigeants syndicaux nationaux s’y étaient opposés en paroles, sans rien faire. A Liverpool, ce fut différent. Le conseil municipal a fait l’objet d’une campagne rageuse, le gouvernement a même menacé d’envoyer l’armée. Le soutien de la classe ouvrière de Liverpool était solide.
La bataille s’est aussi déroulée dans la rue, sur les lieux de travail et dans les quartiers. Ce n’est qu’en mobilisant la classe ouvrière que Thatcher a pu être contrainte à faire des concessions. Une grève générale locale de 24 heures a eu lieu le 29 mars 1984, le jour du vote du budget, l’une des plus imposantes à l’échelle d’une ville. 50.000 manifestants ont soutenu le conseil communal. Le 9 juin, Thatcher a cédé : 16 millions de livres supplémentaires ont été libérés pour Liverpool !

Photo : Philip Gordon -
Liverpool 1983-87: ‘‘Nous avons traduit le socialisme dans la langue des emplois, des logements et des services’’

Manifestation en soutien au conseil municipal de Liverpool. Entre 1983 et 1987, la ville de Liverpool a été gouvernée par les travaillistes, sous une direction de gauche. En 1983, 47% des électeurs ont voté pour le Labour et 57% en 1987. Liverpool est un exemple vivant de ce qui est permis par la lutte de classe dès lors qu’elle est sérieusement menée. A cette époque déjà, les autorités locales étouffaient dans une camisole de force budgétaire imposée par les autorités supérieures, économies budgétaires et privatisations à la clé. Le néolibéralisme avant l’heure.
Par Bart Vandersteene
A Liverpool, les choses étaient différentes. Le programme, la stratégie et les tactiques qui ont prévalu au cours de la lutte avaient été largement déterminées par la position du groupe Militant au conseil municipal et plus généralement à l’intérieur du labour, dont il constituait l’aile marxiste. Militant était le précurseur du Socialist Party, notre parti-frère. Le conseil municipal a refusé les économies exigées par le gouvernement. Ces élus tenaient leurs promesses électorales.
Les 2.000 licenciements de personnel municipal de l’ancienne administration libérale ont été annulés. Un plan ambitieux a été élaboré pour construire 5.000 logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool à cette époque que dans toutes les autres municipalités du pays réunies. Il y a eu six nouvelles crèches, cinq nouveaux centres sportifs et 17 nouvelles écoles primaires. Cela a créé 12.000 emplois dans le secteur de la construction, développement bienvenu face à un taux de chômage de 25% chez les hommes. Les loyers ont été gelés durant cinq ans. Le salaire minimum du personnel municipal a été augmenté, ce qui a touché 4.000 travailleurs. Le temps de travail a été réduit de 39 à 35 heures, sans perte de salaire.
Depuis 1979, les économies imposées par Thatcher avaient coûté 34 millions de livres sterling à la ville. Les dirigeants syndicaux nationaux s’y étaient opposés en paroles, sans rien faire. A Liverpool, ce fut différent. Le conseil municipal a fait l’objet d’une campagne rageuse, le gouvernement a même menacé d’envoyer l’armée. Le soutien de la classe ouvrière de Liverpool était solide. La campagne d’intimidation qui dépeignait les élus locaux comme de dangereux extrémistes fut sans effet. Un habitant a témoigné dans la presse : ‘‘Je ne sais pas qui était ce Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de maisons en construction à Liverpool, ce devait être un sacré maçon’’.
La bataille s’est aussi déroulée dans la rue, sur les lieux de travail et dans les quartiers. Ce n’est qu’en mobilisant la classe ouvrière que Thatcher a pu être contrainte à faire des concessions. Une grève générale locale de 24 heures a eu lieu le 29 mars 1984, le jour du vote du budget, l’une des plus imposantes à l’échelle d’une ville. 50.000 manifestants ont soutenu le conseil communal. Le 9 juin, Thatcher a cédé : 16 millions de livres supplémentaires ont été libérés pour Liverpool.
Il était impossible à Thatcher de battre le conseil municipal démocratiquement. À chaque élection, le Parti travailliste obtenait plus de voix. Finalement, les 47 conseillers municipaux travaillistes ont été destitués à l’aide d’une procédure judiciaire de la Chambre des Lords, un organe féodal non-élu, ce qui n’a été possible qu’avec le soutien de la direction nationale du Labour. Les structures locales du parti ont été dissoutes à Liverpool pour n’être rétablies que sous un lourd contrôle national. Les conseillers municipaux ont été expulsés du parti et condamnés à une amende de plus d’un demi-million de livres par la Chambre des Lords. Leur crime ? S’être révoltés en défense des emplois et des services publics.
Cette offensive contre Militant a marqué le début d’une contre-révolution politique qui a ouvert la voie à Tony Blair. Les ‘‘47 de Liverpool’’ restent une exemple impressionnant et inspirant de la façon dont la lutte de masse peut imposer des concessions, y compris à Margaret Thatcher, la ‘‘Dame de fer’’.
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La Tendance Militant : ‘‘Better break the law than break the poors"
Des idées considérées comme dépassées ont faire leur retour dans les médias britanniques. On a pu lire des articles et assister à des débats au sujet des nationalisations, du socialisme,… mais aussi du trotskysme, en référence aux partisans du révolutionnaire Léon Trotsky. Il a notamment beaucoup été question de la Tendance Militant, le groupe autour duquel s’est constitué en 1974 le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) et qui se nomme aujourd’hui le Socialist Party.Ce courant politique fut fondé en 1964 autour du journal ‘‘Militant’’. Pendant des années, ce groupe représenta l’aile marxiste du Labour, à un moment où l’implication d’une base ouvrière pouvait mettre pression sur la direction du parti. Il devint la principale force révolutionnaire du pays à la fin des années ’70. Dans les années ’80, la Tendance Militant disposait de trois élus travaillistes au Parlement et d’une influence de masse auprès des jeunesses travaillistes, parmi certains syndicats et dans certaines localités, parmi lesquelles Liverpool.
La Tendance Militant a joué un rôle central dans la rébellion de la ville de Liverpool, qui est parvenue à arracher 60 millions £ du gouvernement de Thatcher pour construire 5.000 logements sociaux, ouvrir six nouvelles crèches, quatre collèges, six centres de loisirs et bien plus encore grâce à une approche audacieuse à l’intérieur du conseil municipal combinée à des manifestations massives, au secteur public en grève générale et à la grève des mineurs qui se déroulait en même temps. Margaret Thatcher a réagi avec brutalité, a engagé un bras de fer de cinq ans avec le conseil municipal, ponctué de grèves générales dirigées par la Tendance Militant et impliquant plus de 30 000 salariés de la ville. Thatcher a même un temps pensé envoyer l’armée. Finalement, c’est la trahison du Labour qui a été décisive. Mais c’est une campagne de boycott de masse d’un nouvel impôt (la Poll Tax) initiée par la Tendance Militant qui l’a poussée vers la sortie. 18 millions de Britanniques avaient suivi l’appel au boycott de la Poll Tax et le Parti conservateur décida alors de la laisser tomber. Comme le disait le slogan de nos camarades : ‘‘Plutôt briser la loi que briser les pauvres.’’Suite au virage à droite de la social-démocratie consécutif à la chute du Mur de Berlin et à une véritable chasse aux sorcières engagée dans le Labour, le Tendance Militant en est sortie pour constituer par la suite le Socialist Party qui, tout en défendant un programme basé sur la révolution socialiste, n’a jamais arrêté de défendre la construction d’un outil politique large pour les travailleurs et la jeunesse.
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[MEETINGS] Révolte en Grande Bretagne – Le Parti Travailliste & Jeremy Corbyn
La lutte pour un parti de la classe des travailleurs – Quelle pertinence pour la résistance sociale en Belgique ?Meetings avec
– Roger Bannister. Militant du syndicat Unison et du Socialist Party (successeur de Militant) à Liverpool.
– Nicolas Croes. Rédacteur en chef de Lutte Socialiste- Ven. 14/10 Bruxelles – 19h, Pianofabrief, 35 rue du Fort, Saint Gilles (sur Facebook)
- Sa. 15/10 Liège – 19h, Fédé, 24 place du XX Août (sur Facebook)
- Di. 16/10 Mons – 14h, Etage du café Le Central, Grand Place (sur Facebook)
Une initiative du Parti Socialiste de Lutte & des Etudiants de Gauche Actifs – Entrée: Donation libre
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Espagne : après la percée de la gauche aux élections locales, vers un nouveau front de résistance contre l’austérité ?
C’est une réalité: Barcelone, Madrid et d’autres importantes villes d’Espagne disposent de nouvelles mairies constituées autour de listes de confluence de gauche. Le cycle des mobilisations sociales et des travailleurs de ces dernières années – initié par le mouvement des Indignés en 2011et par les 3 grèves générales de 24h de 2012 et 2013 – s’est reflété pour la première fois dans les résultats électoraux le 24 mai dernier. La crise politique du capitalisme espagnol s’approfondit, l’establishment aura beaucoup de difficultés à garder la situation sous contrôle pour poursuivre sa politique d’austérité et de reculs sociaux. De nouvelles possibilités s’ouvrent pour les travailleurs et la jeunesse, une nouvelle période s’ouvre pour la lutte des classes.Par Marisa (Bruxelles)
Depuis la fin de la dictature, le système politique espagnol était dominé par les deux grands partis, le PP (droite) et le PSOE (social-démocratie). Aucun des deux n’a hésité à appliquer des coupes budgétaires (notamment dans l’éducation et la santé) ainsi que des contre-réformes de la législation du travail et du système des pensions, ce qui a fortement diminué le niveau de vie de la majorité de la population. Après les élections de mai dernier, la représentation de ces deux partis est tombée à 52% des voix, alors que leurs résultats combinés atteignaient auparavant les 80%. Le coup a été spécialement rude pour le PP qui a perdu le pouvoir dans nombre de ses fiefs. Il a également perdu sa majorité absolue dans toutes les régions. Le PSOE continue lui aussi à reculer.
Aux régionales, Podemos a engrangé de bons résultats en se hissant généralement à la troisième place. Izquierda Unida (Gauche Unie) a par contre perdu sa représentation dans 4 des 8 parlements régionaux. Le soutien à des options alternatives de gauche a nettement augmenté aux élections municipales qui se déroulaient en même temps. Barcelone, Madrid, La Corogne, Cadrix, Saragosse et d’autres villes importantes disposent maintenant d’autorités municipales constituées à partir des candidatures dites “d’unité populaire”.
Les listes d’ “unité populaire”
Ces listes étaient des alliances de partis de gauche et d’activistes des mouvements sociaux. Il s’agissait de fronts unis sur base d’organisations de gauche (Podemos, Izquierda Unida ou son aile gauche, écologistes de gauche et, parfois, des formations de gauche indépendantiste comme la CUP en Catalogne et Anova en Galice), de syndicalistes, d’activistes contre les expulsions de maisons, de militants antiracistes, etc. Même si ces listes sont parfois associées à Podemos, elles avaient un profil indépendant. Ces listes étaient clairement considérées comme les émanations de la résistance de gauche contre l’austérité.
Elles sont parvenues à occuper un vide politique qui n’était pas rempli par les organisations traditionnelles des travailleurs tout en attirant de nouvelles couches d’activistes issues des mouvements sociaux. En général, leurs programmes reposaient sur une opposition aux coupes budgétaires, sur la défense d’un audit démocratique de la dette publique municipale et de l’accès à l’eau ainsi qu’à l’énergie pour les plus démunis, sur le rejet des expulsions des maisons et sur d’autres exigences actuelles des mouvements sociaux et des travailleurs.
Ce qui est clair, c’est que les listes de confluence de gauche ont obtenu de meilleurs résultats au niveau local que ceux obtenus par Podemos, qui s’est présenté seul aux régionales. Le cas le plus visible de cette tendance est à Madrid. La liste de confluence de gauche “Ahora Madrid” (31,85%) a remporté 230.000 voix de plus aux élections locales que la liste de Podemos (17,73%) aux élections régionales pour la même circonscription.
Coalitions ou gouvernements de gauche minoritaires ?
Malgré ces magnifiques victoires, aucune de ces listes de confluence de gauche n’a gagné de majorité absolue, élément qui ajoute une dose d’instabilité sur une carte politique très fragmentée. La question qui se pose maintenant pour ces nouveaux gouvernements de gauche locaux est la manière d’instaurer une politique favorable aux intérêts de la majorité en tenant compte de sa position minoritaire. Dans plusieurs endroits se pose donc la question de constituer des coalitions avec d’autres partis, y compris le PSOE social-démocrate. Pour Socialismo Revolucionario (SR, section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol et organisation-sœur du PSL) cette discussion doit démarrer du programme et de la nécessité d’appliquer une politique de rupture avec l’austérité.
L’expérience la plus récente d’une coalition unissant Izquierda Unida et le PSOE, en Andalousie, a abouti à un gouvernement régional qui a lui aussi appliqué l’austérité, à un rythme plus lent il est vrai. Izquierda Unida a reçu une sévère correction lors des dernières élections andalouses pour s’être compromis dans cette politique antisociale. La loyauté du PSOE dans l’application de la politique austéritaire exigée par la classe dominante rend impossible de conclure un accord de gouvernement avec lui pour instaurer des mesures sociales. Socialismo Revolucionario appelle à la formation de gouvernements locaux minoritaires (ne disposant pas de majorité au conseil municipal) avec les forces réellement engagées dans la défense d’un programme anti-austérité et qui se basent sur la mobilisation sociale pour le défendre.
Que faire avec une mairie de gauche ?
La liste de confluence de gauche “Barcelona en Comú” a soutenu la grève illimitée des techniciens de Movistar pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Cet exemple est très significatif et illustre le potentiel d’un gouvernement de gauche pour renforcer la visibilité des luttes des travailleurs et de la jeunesse. Tant à Madrid qu’à Barcelone, les listes d’unité populaire ont pour priorité des mesures destinées à paralyser les expulsions des maisons, en admettant que celles-ci ne pourront pas toutes respecter le cadre légal.
Il est vrai qu’il y a des limites pour stopper les expulsions à partir des autorités municipales. C’est pourquoi un gouvernement de gauche, même en position minoritaire, devrait mobiliser et chercher à s’attirer un soutien actif dans la société pour créer un rapport des forces favorable. Il pourrait par exemple déclarer sa ville “zone libre d’expulsions”, boycotter les banques responsables et mobiliser un soutien massif de la population (par une combinaison de manifestations, d’actions, d’assemblées,…). Cela pourrait forcer les autorités et la police locale à rejeter indéfiniment l’application des expulsions. La pression publique et la désobéissance civile de masse ainsi générées permettraient à un gouvernement de gauche de faire face à toute contestation juridique.
Le problème ne se limite toutefois pas à la paralysie des expulsions, il faut aussi créer des logements abordables. Un plan d’investissement massif de construction de logements sociaux publics pourrait résoudre le manque de logements tout en instaurant une pression à la baisse sur les loyers. Cela rentrerait évidemment en confrontation avec les coupes budgétaires imposées par le gouvernement du PP et par la “loi de stabilité budgétaire” qui empêche tout déficit au niveau local. Pour pouvoir investir dans la création d’emplois et améliorer le niveau de vie de la majorité, des mesures comme la désobéissance budgétaire et le refus du paiement de la dette municipale sont nécessaires. L’organisation et la mobilisation sociale pourraient forcer les partis pro-austérité à reculer.
La répétition du même exemple dans plusieurs villes et villages pourrait poser les bases pour un front de résistance qui désobéirait aux obligations légales et aux coupes budgétaires imposées par les gouvernements central et régionaux, de la même façon que 19 mairies en Grèce avaient refusé d’appliquer une loi qui imposait le licenciement de milliers de travailleurs municipaux. Un réseau national de villes rebelles pourrait servir de préparation à la création d’un front uni à la base, incluant entre autres Podemos et Izquierda Unida, pour lutter en faveur d’un gouvernement central de gauche anti-austéritaire pour les prochaines élections générales qui auront lieu à la fin de cette année.
Une politique basée sur les travailleurs : l’exemple de Liverpool 1983-1987
Rompre avec la logique austéritaire dans une municipalité, c’est possible! A Liverpool, dans les années ‘80, la majorité du parti travailliste était sous l’influence du groupe “Militant”, qui deviendra ensuite le Socialist Party. Les travaillistes avaient remporté les élections en promettant d’en finir avec la politique de Thatcher, qui voulait imposer une austérité sauvage dans les localités, et de répondre aux aspirations de la majorité sociale. Ce fut respecté, notamment via de grandes mobilisations organisées par le conseil et le mouvement des travailleurs. En mars 1984, une grève de 24 heures a été menée par les 30.000 employés municipaux avec une manifestation qui a réuni 50.000 participants… pour soutenir le vote du budget des autorités municipales ! Le conseil de Liverpool a lancé la construction de milliers de logements sociaux, ce qui a conduit à la création de 6.500 emplois dans le secteur du bâtiment, a réengagé du personnel communal,… En raison de son isolement et de l’absence de tout soutien de la part de la direction du parti travailliste, le conseil municipal socialiste de Liverpool est tombé et le gouvernement de droite de Thatcher a pu lancer sa contre-offensive de manière totalement antidémocratique. -
Comment les marxistes utilisent-ils leurs positions élues pour construire un rapport de forces vers un changement réel ?
Ce 25 mai, des élus de gauche radicale ont été envoyés aux parlements régionaux de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’à la Chambre, pour la première fois depuis 30 ans. Cette percée remarquable du PTB assure que, désormais, une voix différente se fera entendre tant aux Parlements que dans le débat public.
Les élus du PTB ont annoncé vouloir être le mégaphone de leurs électeurs. Certains ont rétorqué qu’avec seulement deux députés à la Chambre, quatre au Parlement bruxellois et deux au Parlement wallon, le PTB ne parviendra à rien concrétiser, que figurer dans l’opposition ne permet pas de ‘‘peser’’ sur la politique. Comment la gauche radicale peut-elle utiliser sa position pour, avec la classe des travailleurs, renforcer la lutte anti-austérité ? Comment quelques élus peuvent-ils déterminer le ton de l’agenda politique ? En guise de contribution à cet important débat, nous avons voulu aborder quelques exemples de la manière dont le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) a utilisé et utilise ses positions élues.
À Seattle, aux Etats-Unis, Kshama Sawant a frappé fort l’an dernier en recueillant 95.000 voix et en faisant son entrée au conseil de la ville, où ne siègent que neuf élus au rôle comparable à celui d’un échevin en Belgique. Notre camarade Bart Vandersteene a plusieurs mois à Seattle et livre ici un rapport de la manière dont la position de Kshama a été utilisée dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure.
En Irlande, nos camarades du Socialist Party n’ont pas su répéter leur succès des élections européennes de 2009, lorsqu’ils étaient parvenus à prendre l’un des sièges en lice à Dublin. Ces cinq dernières années ont toutefois clairement illustré ce qu’un élu de gauche radicale peut faire comme différence au Parlement européen. Notre parti frère irlandais possède une vaste expérience dans ce domaine. Lors des dernières élections législatives partielles de mai, Ruth Coppinger est d’ailleurs venue rejoindre Joe Higgins au Parlement irlandais. Ces cinq dernières années, Finghin Kelly était collaborateur au Parlement européen pour le Socialist Party, il nous parle ici de cette expérience.
Enfin, nous tenons à revenir sur un cas plus historique, celui de la lutte de Liverpool où, entre 1983 et 1987, un conseil municipal de gauche radicale était au pouvoir. Que peuvent réaliser les marxistes lorsqu’ils disposent d’une majorité dans une grande ville ? Le contraste est frappant avec, par exemple, ce que fait actuellement le SP aux Pays-Bas, devenu partenaire de coalition des libéraux à Amsterdam.
Ces contributions peuvent être d’une grande utilité afin de voir comment utiliser de la façon la plus optimale les positions que le PTB a obtenues aux Parlements.
Seattle: Comment une élue socialiste a-t-elle pu faire la différence dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum ?
Par Bart Vandersteene
“La guerre du salaire”Pour la première fois depuis des décennies, un élu de gauche radicale se réclamant du socialisme est arrivé au Conseil d’une ville américaine majeure. L’élection de Kshama Sawant à Seattle en novembre dernier est loin d’être passée inaperçue… Depuis lors, le plus haut salaire minimum de tout le pays y a été instauré. Nul doute que l’élection de Kshama Sawant et le rôle joué par Socialist Alternative ont été décisifs dans ce domaine.
Les lecteurs réguliers de Lutte Socialiste ou de socialisme.be ont déjà pu à de nombreuses reprises prendre connaissance de la situation particulière qui s’est développée à Seattle. Deux permanents du PSL s’y sont d’ailleurs rendus afin de profiter de cette expérience et d’aider à construire notre organisation-sœur, Socialist Alternative, qui connaît actuellement une croissance impressionnante.Sans exagérer le moins du monde, nous pouvons affirmer que l’élection de Kshama Sawant a constitué un véritable tournant pour la gauche américaine. Un intense débat a éclaté concernant les initiatives que la gauche devrait prendre aux Etats-Unis pour enfin être un réel joueur sur le terrain politique.
L’élection d’une militante se réclamant du socialisme n’est pas passée inaperçue, c’est certain, mais ce qui a véritablement frappé les esprits, c’est que six mois plus tard à peine, la ville avait déjà accepté de relever le salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure, même si ce n’est pas d’un seul coup. Avec cette victoire, Kshama Sawant et Socialist Alternative sont devenus un repère pour des dizaines de milliers de militants actuellement à la recherche d’une stratégie destinée à défendre une alternative au capitalisme. Même les médias internationaux ont couvert l’événement, qui a figuré dans les pages du Guardian, de l’Indian Times de même que dans des journaux allemand, français, danois, israéliens,…
Mais avant le vote du Conseil sur les 15 $, seuls les journalistes locaux reconnaissaient l’importance de ce qui était en train de se passer. Le Seattle Times, journal difficilement soupçonnable de sympathies de gauche, écrivait déjà en avril : ‘‘Si le conseil décide d’établir le salaire minimum à 15 $ au cours de ces prochains mois, alors Sawant pourra à juste titre en prendre le crédit et commencer à déterminer l’agenda politique de la ville.’’
Kshama n’a pas marqué de son empreinte l’agenda politique en convainquant les huit autres conseillers à l’aide de bons arguments ; elle a forcé l’establishment politique à accorder des concessions en mobilisant l’opinion publique et en construisant un mouvement par en bas. Sa campagne électorale avait pour revendication centrale l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ et l’approche offensive de Socialist Alternative a forcé les deux candidats à la mairie à se prononcer sur la question. Le vainqueur, Murray, a été contraint de la soutenir du bout des lèvres.Une semaine après sa prestation de serment au Conseil, une réunion a rassemblé 250 participants et a lancé la campagne ‘‘15 NOW’’ (15 maintenant). Ces derniers mois, des dizaines d’activités et de réunions ont eu lieu en vue de consolider et de renforcer le large soutien à la revendication des 15 $, soutenue à 68% selon un sondage réalisé en janvier. En mars, il s’agissait de 72%.
Tout en continuant à mener campagne, Sawant et ‘‘15 NOW’’ avaient averti le maire qu’il avait jusqu’au mois d’avril pour trouver une proposition concluante, faute de quoi ‘‘15 NOW’’ allait lancer une campagne de récolte de signatures pour obtenir l’organisation d’un référendum contraignant en novembre, sur base d’une proposition de ‘‘15 NOW’’.
Le 1er mai, le maire a annoncé qu’il avait conclu un compromis avec les représentants des entreprises, des syndicats et une majorité des conseillers. Les 15 $ de l’heure seront bien introduits, mais sur une période de 2 à 6 ans en fonction de la taille de l’entreprise. Après deux ans, le montant sera ajusté pour tenir compte l’inflation. Pour 2025, le salaire minimum devrait être de 18 $ de l’heure (actuellement, le salaire minimum fédéral est de 7,25 $).
Plusieurs conseillers ont, en concertation avec le patronat, tenté d’affaiblir la proposition initiale de ‘‘15 NOW’’. La seule raison pour laquelle ils n’ont pas osé y aller plus franchement est la menace des prochaines élections, où ils craignaient d’être trop largement considérés comme de vulgaires hommes de paille des 1% les plus riches.
La proposition finalement retenue n’est pas conforme à 100% à celle défendue par Kshama, mais elle reste une avancée majeure ainsi qu’une grande victoire qui indique comment une position élue peut être utilisée pour renforcer la lutte et arracher des conquêtes sociales. Le journaliste indépendant Arun Gupta avait ainsi décrit la dynamique à l’œuvre : ‘‘C’était impressionnant de voir comment Socialist Alternative combinait efficacement ses tactiques à l’intérieur et à l’extérieur du Conseil. C’était un jeu d’échecs, chaque mouvement de la mairie et des entreprises recevait une réponse de ‘‘15 NOW’’. La position de Sawant à la table des négociations a été renforcée par des manifestations et des actions.’’
Al-Jazeera América a écrit : ‘‘La victoire de Sawant a démontré qu’être socialiste n’est plus un inconvénient pour les élections. La campagne pour les 15 $ de l’heure a en outre fourni un modèle de démocratie par la base qui va à l’encontre du processus politique contrôlé par les entreprises. Les observateurs s’attendent à ce que la loi puisse passer fin mai. Si cela se produit, la victoire – même sans être complète – confirmera la méthode de Socialist Alternative, renforcera cette organisation et créera plus d’espace pour la politique socialiste aux États-Unis’’ (21 mai 2014).
Lors du vote final au Conseil, le 2 juin, Kshama Sawant a clôturé son discours comme suit : ‘‘Le message d’aujourd’hui est clair : si nous nous organisons en tant que travailleurs avec une stratégie socialiste, nous pouvons combler le fossé des inégalités de revenus et nous attaquer à l’injustice sociale. Les 15 $ à Seattle ne sont qu’un début. Nous avons tout un monde à gagner.’’
Plus d’infos sur le rôle joué par Kshama Sawant et Socialist Alternative à Seattle.
Irlande. Des élus pour renforcer la résistance de terrain contre la politique antisociale
Par Finghin Kelly
Joe HigginsLe parti-frère irlandais du PSL a remporté son premier siège au Dáil (parlement) en 1997. En 2011, le parti a gagné deux sièges aux élections législatives et, récemment, en a obtenu un de plus lors d’une élection partielle. Le Socialist Party irlandais a également eu un député européen de 2009 aux récentes élections de mai.
Le Socialist Party est également représenté dans des conseils locaux depuis 1991. Il est à la base de l’Alliance Anti Austérité (AAA) qui vient de remporter 14 conseillers municipaux (9 d’entre eux étant membres du Socialist Party) siégeant désormais dans les trois principales villes de la république irlandaise.
Durant toute cette période, le Socialist Party a été confronté à de nombreux défis dans l’utilisation de ses élus. Les années ’90 et le début des années 2000 furent une période marquée par un dramatique tournant vers la droite au sein du Parti Travailliste irlandais (de même que dans le reste de la social-démocratie, comme le PS en Belgique), qui s’est transformé en un parti entièrement pro-capitaliste et appliquant le néolibéralisme. Un processus similaire avait également pris place dans la majorité des directions syndicales, qui ont abandonné l’idée de mener une lutte conséquente pour défendre les intérêts de la classe des travailleurs tout autant que celle qu’une alternative au capitalisme était possible.
Ces dernières années, le capitalisme irlandais a connu une crise profonde. Les banques irlandaises ont été renflouées par le contribuable à hauteur de 64 milliards € et un vicieux plan d’austérité a été mis en place par l’ensemble des partis traditionnels. Les conditions de vie des travailleurs se sont effondrées tandis que l’émigration et le chômage ont atteint un niveau record.
Dans ce contexte, les principales tâches qui nous faisaient face avec nos représentants élus étaient de défendre et de populariser les idées du socialisme en tant qu’alternative à la crise, d’entrer en confrontation avec l’establishment politique capitaliste et de s’en prendre aux conséquences de leurs politiques en organisant à la rage et l’opposition des travailleurs.
L’histoire nous a démontré que toutes les conquêtes sociales acquises par la classe des travailleurs ont été obtenues grâce à l’organisation et à la pression exercée sur la classe capitaliste et ses partis. Chaque victoire obtenue au Parlement n’a été possible que grâce à ce genre de mouvement. Nous avons donc toujours visé à utiliser nos représentants comme bras politiques du mouvement à l’extérieur de la Chambre. C’est ce qui a constitué notre force : faire d’une part entendre la voix des travailleurs et défendre les idées du socialisme à l’intérieur du Parlement et, d’autre part, avant tout utiliser ces élus afin d’aider à organiser la lutte à l’extérieur du Parlement.
Paul MurphyDans le cadre du mémorandum de la troïka, le gouvernement irlandais a instauré une taxe injuste sur chaque maison, sans tenir compte des moyens de ses occupants. Une campagne de boycott de masse a suivi, soutenue et construite par le Socialist Party. Nos élus ont été une sorte de mégaphone pour la campagne. Notre député européen, Paul Murphy, a même déchiré son formulaire de taxe au Parlement européen au cours d’un débat avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Nos élus ont été d’une grande assistance pour la campagne. Nos ressources (bureaux, capacités d’impression, etc.) ont été utilisées pour construire une campagne nationale de masse. Le bureau de Paul Murphy à Dublin a par exemple été occupé par des volontaires de la campagne afin d’y organiser des réunions et des actions dans tout le pays, tout en servant de centrale téléphonique pour de la campagne.
Nos élus n’ont jamais cessé leur activité dans le mouvement. En 2003, dans une campagne du même type, notre député Joe Higgins a même été emprisonné un mois après avoir défié une décision judiciaire interdisant les manifestations.
Pour le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), il est normal que les représentants des travailleurs n’aient pas un style de vie plus aisé que celui des travailleurs. Ses représentants vivent donc avec le salaire moyen d’un travailleur. Le député européen Paul Murphy a ainsi vécu comme un jeune travailleur irlandais; en gardant 1.800 euros par mois de son salaire de parlementaire de 6.300 euros. Le reste a été donné à des travailleurs en grève, des campagnes anti-austérité, etc.
Beaucoup d’exemples peuvent encore illustrer comment des élus peuvent efficacement aider les travailleurs en lutte. En 2005, par exemple, Joe Higgins a fait entrer au Dáil la question de l’exploitation des travailleurs turcs et kurdes chez Gama Construction. En plein boom du secteur immobilier, ils ne recevaient qu’un salaire de 2 ou 3 € de l’heure ! Ces travailleurs se sont mis en grève, et notre travail au Dáil a permis d’exercer une pression politique sur le gouvernement irlandais et de faire débarquer la thématique dans les médias, jusque-là réticents. Ce fut un point tournant pour leur lutte.
Plus d’infos.
Liverpool : La ville qui a défié Thatcher
Dès le printemps 1984, la ville de Liverpool a connu un mouvement de masse dirigé par les membres de notre parti-frère anglais, alors organisés au sein du Parti Travailliste autour du journal “Militant”. À Liverpool, leur tendance était même la force dirigeante du parti travailliste.
À ce moment-là, les administrations locales se voyaient contraintes par le gouvernement central d’exécuter d’importantes coupes budgétaires. Mais il n’en a pas été ainsi à Liverpool grâce à un conseil communal dont la direction, le programme et les tactiques avaient été élaborés par l’organisation trotskyste ‘‘Militant’’. Même si les membres de Militant étaient en minorité au conseil, ce sont leurs propositions d’actions et idées qui étaient acceptées. Ils ont défendu la nécessité d’un budget basé sur la satisfaction des besoins des habitants. Les rentrées étaient insuffisantes face aux dépenses prévues, mais une large campagne a été initiée pour contraindre le gouvernement à accorder plus de ressources aux localités.
La majorité travailliste à Liverpool, élue en mai 1983, est revenue sur les 2.000 licenciements de travailleurs municipaux effectués par la précédente administration travailliste. Elle a aussi décidé de lancer un plan de construction de 5.000 nouveaux logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool sur cette période que dans toutes les autres communes du pays ! 12.000 emplois ont ainsi été créés dans le secteur du bâtiment à un moment où le taux de chômage était à plus de 25 % à Liverpool, voire même à 90 % parmi la jeunesse de certains quartiers. Le salaire minimum des employés communaux a été relevé de 100 livres par semaine, et le temps de travail est passé de 39 à 35 heures par semaine, sans perte de salaire.
“Better break the law than break the poors” – “Mieux vaut briser la loi au lieu de briser les pauvres”Avec ses 30.000 travailleurs, la ville était le plus grand employeur de la région. Mais si Liverpool avait avalé la logique d’austérité que voulait lui imposer le gouvernement, le budget pour 1984 aurait dû être de 11 % inférieur à celui de 1980-81. 6.000 emplois auraient dû disparaitre pour que le budget soit à l’équilibre.
Le gouvernement a lancé une campagne complètement massive contre Liverpool dans les médias, campagne plus tard suivie par la direction nationale du Parti Travailliste. Plus d’une fois, Thatcher a menacé d’envoyer l’armée pour expulser les élus locaux. Dans un courrier des lecteurs dans les pages d’un journal local, un homme avait réagi en disant : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de maisons qui ont été construites à Liverpool, ce devait être un fameux maçon !’’
Le 29 mars 1984, jour où devait être voté le budget d’austérité du gouvernement, une grève générale locale de 24 heures, une des plus grandes grèves jamais vues à l’échelle d’une ville, et 50.000 personnes ont manifesté en direction de l’hôtel de ville afin d’exprimer leur soutien au conseil ! Le 9 juin 1984, le gouvernement a fait toute une série de concessions d’une valeur totale de 16 millions de livres, entre autres parce que les mineurs étaient eux aussi partis en grève. Thatcher savait qu’elle ne pouvait obtenir aucune victoire en se battant sur deux fronts à la fois, et a décidé de tout d’abord se concentrer sur les mineurs.
Finalement, les “47” de Liverpool (les 47 conseillers travaillistes qui ont mené la lutte jusqu’au bout) ont été démis de leurs fonctions par un tour de passe-passe juridique suite à une alliance conclue entre Thatcher et la direction nationale travailliste, horrifiée par le soutien que commençaient à gagner la ‘‘Tendance Militant’’. La section locale du parti à Liverpool a été dissoute puis placée sous un contrôle hiérarchique très strict. Ce n’était que le début d’une sorte de contre-révolution politique au sein du Parti Travailliste arrivée à sa conclusion logique sous Tony Blair, le parti devenant totalement pro-capitaliste.
Version raccourcie d’un précédent article.
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Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (5)
Les finances des communes et des régions sont dans un état catastrophique. A Bruxelles, de nombreux niveaux d’autorité sont représentés, mais ils ont tous en commun de mener une politique d’assainissements et d’austérité. A ces sévères économies antisociales, il convient de répondre par une résistance sociale conséquente. Cela nécessite un programme reposant, au-delà de l’opposition à la politique actuelle, sur une alternative claire. Cet article est la dernière partie de notre dossier sur Bruxelles, avec les conclusions qui s’imposent selon nous.
Les finances communales boivent la tasse, aux travailleurs et à leur famille de payer la note…
Selon l’analyse des budgets communaux réalisée par Belfius, 13 des 19 communes bruxelloises sont en déficit pour 2013. Ces chiffres sont de loin plus mauvais que pour les autres régions de Belgique. Après une législature 2000-2006 marquée par une dégradation des finances communales, Charles Picqué, également Ministre de tutelle des pouvoirs locaux à la région, annonçait pourtant une « stabilisation financière » des communes « grâce à l’action de la région et une gestion parcimonieuse des communes » pour 2006-2012.
Par « action de la région », Picqué réfère surtout à l’injection chaque année depuis 2007 de 30 millions € supplémentaires pour l’équilibre budgétaire des communes. Sans cette aide, une seule commune ne serait pas en déficit chaque année. Picqué a conditionné cela à la présentation et au respect d’un plan financier trisannuel par les communes, devançant ainsi les nouvelles directives européennes contenues dans le Six-Pack et traduisant la volonté du bon plombier institutionnel qu’il est de développer la gestion de l’austérité et des pénuries au niveau des communes. Par « gestion parcimonieuse », Picqué réfère à la politique d’assainissement des autorités locales, par laquelle la croissance des dépenses par habitant a été inférieure à l’inflation, aggravant les pénuries. Et cela malgré une croissance annuelle des dotations aux zones de police de 5% et des dotations aux CPAS de 5,5%.
Comme nous l’avons déjà vu, le rendement du PRI varie fortement d’une commune à l’autre. De son côté, la part de l’IPP dans les recettes des communes tend à diminuer (de 15% en 2006 à 11% en 2012) du fait de l’appauvrissement de la population. Les recettes dues à l’intervention régionale croissent quant à elles annuellement de 5% et représentent aujourd’hui 22,5% des revenus des communes. Les subsides du fédéral, des communautés et de la Cocof correspondent pour leur part à 13,5% des revenus.
Les recettes sur les produits financiers ont quant à elles enregistré un important recul depuis 2005 suite à la libéralisation du secteur de l’énergie (pertes des dividendes des intercommunales) et depuis 2009 avec la liquidation du Holding Communal (suppression des dividendes via Dexia). Les recettes de dette (à la fois sur les intérêts créditeurs et sur les dividendes des participations aux intercommunales dont Sibelga, HydroBru et Brutélé) ne représentent plus que 3,7% des sources de revenus des communes en 2012 contre 8,5% dix an plus tôt.
Dans le secteur de l’énergie, qui générait autrefois d’importants dividendes, les communes se concentrent désormais sur l’activité du gestionnaire de réseau. Les pertes liées à la fourniture a été compensé à Bruxelles par une redevance voirie (électricité et gaz) qui atteint un rendement budgétaire actuellement de 30 millions €. Les dividendes sur le gaz et l’électricité sont passé de 70 millions € par an en 2002 à 55 millions € à partir de 2005 et à 50 millions € depuis 2011. Interfin (bras financier des communes dans Sibelga) a toutefois versé un dividende exceptionnel de 32 millions € aux communes en 2010, qui provient du surcoût de la distribution tarifé aux consommateurs. Les communes ont décidé ces dernières années d’obtenir de plus en plus de revenus de Sibelga. Alors que le bénéfice de 2012 de Sibelga a encore augmenté à 87,3 millions € par rapport à 66,5 millions € en 2011, les dividendes versés s’élèvent à 79,6 millions € (à 75% pour les communes et à 25% pour Electrabel).
Les mesures du gouvernement fédéral pour limiter les prix excessifs des fournisseurs sont arrivées trop tard et sont trop limitées. De plus, la CREG (la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) avait sonné l’alarme dans son rapport de janvier 2012, expliquant que les tarifs de distribution pratiqués par les communes sont beaucoup trop élevés par rapport aux pays voisins. De fait, sur l’ensemble de la facture d’énergie, ce sont surtout les coûts de la distribution qui ont le plus augmenté depuis 2008 : ils correspondent à environ 40% de la facture de gaz et d’électricité soit en moyenne 600 € pour un ménage ! Paradoxalement, le coût de la distribution à Bruxelles est le plus élevés qu’en Flandre et en Wallonie alors que le territoire et donc le réseau est pourtant nettement moins vaste.
Entre 2008 et 2012, la commune de Saint-Gilles a doublé ses revenus annuels sur le gaz et l’électricité de 2,6 millions € à 5,3 millions €. Ces augmentations de revenus (redevance voirie, obligation service public, dividendes et la « revente exceptionnelle » en 2011 de patrimoine communal à Sibelga) sont à leur tour transférés sur la note des usagers. En moyenne, cela représente 110 € de taxe cachée chaque année pour chaque Saint-Gillois. Ce qui équivaut au coût de la perte de Dexia.
A travers le Holding Communal, les communes belges détenaient 14% des parts de Dexia. Avec la faillite de la banque, les dividendes (25 millions € en 2008) ont été réduits à néant en 2009. Tous les partis traditionnels ont participé à cette orgie spéculative. Le conseil d’administration de Dexia était bourré de politiciens alors que la banque maximisait les risques pour obtenir des rendements les plus élevés possibles.
En 2008, il a été demandé aux communes de mettre de l’argent sur la table pour sauver la banque en difficulté. Saint-Gilles augmente alors sa participation au capital de 4 millions €. Aux côtés de Saint-Gilles, Anderlecht, Bruxelles, Ixelles, et Schaerbeek participeront également un maximum. Ensuite Saint-Josse, Molenbeek, Etterbeek, Uccle et Jette augmenteront aussi fortement leur part. Picqué écrit alors, dans son rapport financier 2002-2011, que « grâce à la recapitalisation du groupe, les communes limitent la casse avec environ 8 millions € de recettes par an ». Peu de temps après, tout cet argent a disparu car la recapitalisation n’a pas empêché la débâcle. Au final, la perte annuelle se chiffre à 2 millions € pour Saint-Gilles et 4 millions € pour Ixelles. Les communes ont même contractés des prêts chez Dexia pour cela ! Par exemple, Saint-Gilles repaye encore chaque année jusqu’en 2019 500.000 € de remboursement du prêt pour la recapitalisation. Désormais, l’austérité passe également par les communes
Pour combler les déficits communaux, les différentes majorités communales appliquent à leur niveau l’austérité notamment en augmentant diverses taxes. Cette augmentation est en moyenne de 8,7% en région bruxelloise par rapport à 2012, ce qui équivaut à un montant de 130 € par habitant en plus. Ces taxes portent principalement sur les bureaux et les chambres d’hôtels mais les plus fortes augmentations sont sur la mobilité et le stationnement. Pour les budgets 2013 des 19 communes, Belfius estime que les taxes sur le stationnement représentent une recette d’un peu plus de 51 millions €, soit 9,2 millions € de plus qu’il y a 3 ans (+ 25 %). Cela devrait encore augmenter en 2014, avec la mise en place du nouveau plan de stationnement régional dès le 1er janvier. Cette réforme du plan de stationnement régional s’accompagne de la réforme, par le fédéral cette fois, de la loi sur les sanctions administratives communales. Cette réforme prévoit notamment l’élargissement de la fonction d’agents constatateurs et l’augmentation du plafond des amendes à 350 €.
Pour la bourgeoisie belge, les régions et les communautés sont des outils très utiles pour réaliser différents assainissements. Ses politiciens traditionnels en maîtrisent l’art. Un niveau de pouvoir n’est pas encore suffisamment utilisé à leur goût pour réaliser l’austérité : la commune. Un des objectifs du gouvernement régional est de disséminer des coupes dans les services communaux et en même temps d’utiliser ces services pour traire encore plus la population et les travailleurs.
Ixelles a ouvert le bal de l’austérité communale 2013 en publiant en février son budget. La nouvelle majorité Ixelloise (PS-MR-Sp.a) prévoit 18 mesures, parmi lesquelles : diminution du nombre de fonctionnaires communaux (non remplacement d’un tiers des départs), fermeture de deux restaurants sociaux, suppression de la moitié des subsides aux associations, fermeture de la déchetterie communale, augmentation de 15% en moyenne des frais des services communaux et des taxes supplémentaires… Comme Picqué à la région, la commune d’Ixelles veut faire payer la crise au personnel communal et aux habitants.
La situation de la commune de Saint-Gilles semble de son côté assez paradoxale. Près d’un an après les élections communales, la majorité n’a toujours pas publié de déclaration de politique générale. De plus, si le budget 2013 a été voté en avril (avec un déficit d’environ 3 millions €), la majorité n’a même pas soumis le plan triennal rendue à la région à l’ensemble du conseil communal, alors que ce plan est censé cadrer l’orientation des budgets communaux pour les trois prochaines années. C’est la seule commune de la région bruxelloise dans ce cas. Serait-ce lié au retour de Charles au maïorat ? Une région marquée par les pénuries et les inégalités signée Picqué
Lors de son départ de la région, le journal « Le Soir » rendait hommage à Picqué comme le meilleur garant des intérêts de la région bruxelloise contre la Flandre. D’autant que lors de la 6e réforme de l’Etat, le « créateur » de la région a pu obtenir un refinancement à hauteur de 461 millions €. La région va-t-elle pouvoir à présent garantir les droits et besoins des différentes communautés qui vivent à Bruxelles ?
Rien n’est moins sûr. En juillet dernier, le gouvernement bruxellois a présenté les grandes lignes du budget régional pour 2014. Au menu : 120 millions € d’assainissements, soit 4% du budget de la région. Ces premiers assainissements budgétaires signés Vervoort sont de loin supérieurs à ceux de 2013 qui étaient de 83 millions €. Le détail des réductions de budget et des augmentations de taxes n’est pas encore connu, le conclave étant planifié pour fin septembre. Il est fort probable que le traditionnel salami sera de mise pour réaliser les assainissements, en utilisant également l’échelon communal pour appliquer l’austérité.
La 6e réforme de l’Etat prévoit parallèlement au refinancement le transfert de toute une série de nouvelles compétences aux régions relatives à l’emploi, aux soins de santé, aux allocations familiales… Ces nouvelles compétences représentent près de 25% de l’ensemble de la sécurité sociale. Il est probable que ces services rencontrent un sous-financement du même ordre que ce qui se fait déjà dans la région aujourd’hui. En outre, ces nouvelles thématiques risquent fort d’intensifier les complications communautaires et les passages par la commission communautaire commune (cocom).
Faudra-t-il simplifier les administrations publiques à Bruxelles ? Si une telle simplification se faisait au détriment des moyens, ça ne serait pas mieux, les pénuries augmentant les conflits et discriminations. La seule véritable solution est celle qui s’attaque à la racine du problème : organiser les services et infrastructures en fonction des besoins plutôt qu’utiliser différents niveaux de pouvoir pour aménager les différentes pénuries.
C’est pourtant cette dernière logique qui est derrière la réforme d’Etat fédéral et la réforme interne de la région. En 2010, Verdonck, Taymans et Ector, trois professeurs de centre d’études régionales bruxelloises des facultés universitaires de Saint-Louis, ont sorti une étude qui calculait un besoin de financement complémentaire à 720 millions €, basé sur les surcoûts et les manques à gagner subis par la région par rapport aux autres régions. Cependant, la somme prévue par l’accord institutionnel n’est que 461 millions €.
Selon l’étude, la différence entre ces besoins et le refinancement obtenu dans les différents budgets est la suivante : 56 millions € nécessaires en matière de sécurité contre 30 obtenus, pour les coûts liés au bilinguisme et les structures politiques administratives c’est un besoin de 89 millions € pour 68 obtenus, dont 40 à travers les commissions communautaires. Le manque à gagner du fait de l’absence de solidarité de l’hinterland bruxellois est estimé à 430 millions €, alors que la loi de financement n’apporterait qu’au maximum 44 millions € à partir de 2015 sur base de l’importance des navetteurs. L’étude calcule un surcoût pour les CPAS dû à l’attraction de la capitale vis-à-vis des populations défavorisées à 89 millions €, or rien n’est prévu sur ce plan-là.
Concernant la mobilité et le manque à gagner dû aux exonérations fiscales octroyées aux institutions et fonctionnaires internationaux, les moyens nécessaires sont calculés par l’étude à respectivement 122 et 127 millions €. Dans ces cas-ci, le refinancement rencontre ces montants. Mais il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une étude faite par des socialistes et basée sur les vrais besoins. Il s’agit d’une comparaison de Bruxelles avec le reste du pays (toute politique restant le même) et sur cette base-là de calculer les désavantages de la vielle et de la nouvelle loi de financement pour la région de Bruxelles. Cette étude se place dans le cadre d’une redistribution des pénuries plus « équitablement » sur tout le pays et non de résoudre les pénuries. Les besoins réels, partant de la défense du droit d’une vie décente pour chacun, demandent évidemment beaucoup plus de moyens.
Le caractère forfaitaire des dotations complémentaires risque à terme de nécessiter une nouvelle négociation si les besoins objectifs augmentent substantiellement (ce qui est la perspective la plus probable). En plus, la moitié des dotations prévues ne peuvent pas être librement utilisées, mais sont prévues pour des matières spécifiques (« pas de chèque en blanc », comme disaient les partis flamands). L’absence de financement pour combler le manque à gagner pour la région lié au fait que les gens qui travaillent à Bruxelles payent leurs impôts dans une autre région et pour combler le surcoût dû à la forte attraction de la capitale pour des populations va pousser le gouvernement bruxellois encore plus dans sa logique d’attirer des couches plus aisés en repoussant les couches pauvres.
A Bruxelles, la bourgeoisie belge a pu compter sur un énième plombier institutionnel à son service. Récemment, Picqué déclarait encore : « On n’a pas pu anticiper le boom démographique, c’est un facteur sur lequel nous n’avons pas de prise ». Si la croissance démographique apparaît comme étant « Le » problème de Bruxelles générant des pénuries, c’est bien parce qu’il met en évidence des décennies de sous-investissement dans les services et infrastructures collectifs, conséquence des politiques néolibérales des gouvernements Picqué. Pour faire face à ces pénuries, les « solutions » alternent entre des plans de bricolage temporaires, des taxes en augmentation, voire des sanctions. Dans tous les cas, ce sont la population bruxelloise et les travailleurs qui en payent les frais. Ces 20 années de gouvernements Picqué sont finalement très illustratives du processus de bourgeoisification de la social-démocratie.
En même temps, une configuration de gouvernement « Olivier » a permis de faire jouer les liens privilégiés des directions syndicales avec les partis traditionnels au gouvernement, afin d’éviter un mouvement généralisé malgré la pression de la base. La rhétorique des dirigeants syndicaux qui était de conditionner toute revendication à l’obtention du refinancement de la région bruxelloise a été une expression de ce lien. Comme cela a été expliqué dans le cadre des conditions de travail des ALR, cette rhétorique était une supercherie, le refinancement n’ayant en rien été utilisé pour améliorer les acquis et inverser la tendance qui est l’accroissement des pénuries. Une rupture des liens avec ces partis traditionnels et un nouveau parti de masse défendant les intérêts des travailleurs est nécessaire.
Les inégalités croissantes qui découlent des pénuries sont illustrées par l’évolution des revenus des 10% les plus riches à Bruxelles comparativement à l’évolution des revenus des 10% les plus pauvres, et ce de 1985 à 2007. Alors que les 10% les plus aisés ont vu leurs revenus doublés par rapport à 1985, pour les 10% les plus pauvres ces revenus sont deux fois plus faibles. Ce graphe ne tient même pas compte de la crise et de ses effets ces 5 dernières années. Cette « fracture sociale » est une illustration du résultat de 20 années de gouvernements Picqué.
Conclusion
Comme l’ont illustré les récents mouvements de masse en Turquie autour de la place Taksim et au Brésil lors de la coupe des confédérations, les politiques de la ville qui combinent le prestige pour une minorité et les pénuries pour une majorité peuvent avoir un effet d’étincelle sur la colère et être un point de départ pour la remise en question de tout un système. Le type de lutte comme celle des travailleurs communaux d’Ath et plus récemment ceux de Saint-Nicolas, qui ont mobilisé le soutien de la population contre l’externalisation de la récolte des déchets, se développeront également à terme dans les communes bruxelloises.
Les travailleurs de Bruxelles-Propreté ou ceux du site Horta ont déjà illustré leur capacité à entrer en action. Les travailleurs communaux de Saint-Gilles ont recommencé à mener des actions dans la commune comme lors du 14 novembre dernier. Ils expliquaient alors qu’ils voulaient renouer avec des traditions syndicales plus combatives. Avec le PSL et les campagnes « Reprenons nos communes ! », nous voulons accompagner les syndicalistes et les habitants à Bruxelles et dans les communes où nous sommes implantés à travers ce processus.
Le point de départ pour les budgets doivent être les besoins de la population et non les moyens limités imposés, car les richesses existent dans la société, il faut aller les prendre là où elles se trouvent, y compris au niveau communal ou régional. Un plan radical d’investissements publics massifs est nécessaire pour créer massivement des logements sociaux, des écoles, de crèches, du transport public, des soins de qualité, des emplois décents et du pouvoir d’achat.
Cela nécessiterait d’élaborer un budget en déficit. Une majorité socialiste devrait alors mener une campagne massive dans la commune ou la ville, notamment avec les travailleurs des ALR, pour construire un plan de mobilisation large visant à soutenir ces mesures nécessaires et imposer un tel budget. Cela ouvrirait un front contre le gouvernement d’austérité Di Rupo et son successeur comme l’a illustré l’exemple de la majorité socialiste de la ville de Liverpool et ses habitants face à Thatcher dans les années ‘80.
Ce plan radical ne peut pas être cantonné au niveau communal ou régional, mais doit être couplé à l’abolition de la dette et à la nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs des banques, du secteur de l’énergie et des autres secteurs clés de l’économie et à la transformation socialiste de la société.
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Fermeture de l’usine Opel à Bochum – pas de riposte ?
Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, une usine automobile (celle d’Opel à Bochum, qui appartient à General Motors) est sur le point de fermer en Allemagne. Afin de sauver l’emploi, nous défendons la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs, sous le contrôle des travailleurs, avec par exemple l’instauration d’une semaine de travail de 30 heures sans perte de salaire.
Stephan Kimmerle, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)
- Industrie. Ne jamais gâcher une bonne crise ?
- General Motors / Opel annonce la fin de la production de voitures à Bochum d’ici 2016
- Industrie automobile européenne : Une autre crise est en cours…
Au cours de la nuit du 9 au 10 septembre dernier, 150 travailleurs d’Opel, écœurés par les plans de restructuration, sont entrés en grève spontanée après un meeting de 17 heures organisé par leur comité d’entreprise. Durant le meeting, la colère bouillonnante de ces travailleurs qui réclament la garantie de l’avenir de leurs postes, de leurs familles et de leur région était très visible. Cette grève a toutefois subi d’énormes pressions patronales, sans recevoir le soutien du syndicat. C’est ce qui a permis à la direction de parvenir à mettre fin à la grève et d’empêcher son extension aux travailleurs qui arrivaient le matin.
La région de la Ruhr, déjà appauvrie, souffrira des énormes conséquences de la fermeture d’Opel. Mais la résistance est des plus limitées, en net contraste avec les traditions militantes de cette usine qui a connu nombre de grèves. Parmi elles, une grève spontanée et non-reconnue par le sommet syndical avait éclaté en 2004 et avait duré 6 jours pour protester contre le licenciement de milliers de travailleurs. Une autre, en 2000, avait résisté à la délocalisation et la division des travailleurs.
Mais cette fois, aucune résistance n’aura été opposée au coup de grâce contre ces 5000 travailleurs (3200 dans l’usine et environ 2000 chez les fournisseurs directs et les sous-traitants sur le site), malgré des traditions combatives.
En mars 2013, plus de trois quarts des travailleurs de Bochum avaient rejeté un accord proposé par la direction au syndicat IG Metall et au comité d’entreprise. En échange de vagues promesses, les travailleurs devaient accepter de mettre un terme à la production de voitures en 2016, d’être moins bien payés, et d’abandonner les conventions collectives et toute possibilité de promotion. Alors que toutes les usines d’Opel en Allemagne ont été contraintes par le syndicat et le comité d’entreprise à accepter ce plan, les travailleurs de Bochum ont refusé de financer leurs propres funérailles avec des réductions salariales.
En riposte, la direction de General Motors a annoncé en avril 2013 la fermeture définitive de l’usine pour fin 2014. 5 mois plus tard, rien n’a changé, et aucune piste n’a été avancée pour contre-attaquer.
Une attaque de la direction en accord avec les syndicats
Il y a en Europe un surplus de 7 millions de voitures (Financial Times, 1er août 2013). Sur un marché en déclin généralisé, Opel se porte particulièrement mal. Ses parts de marché en Europe de l’Ouest sont passées de 11% en 2011 à 6,8% au premier semestre 2013. Le syndicat allemand IG Metall a déclaré que les usines Opel en Europe fonctionnent à 50% de leurs capacités.
General Motors a mis fin à la production à Anvers en décembre 2010. Les travailleurs des autres usines ont été menacés et forcés à accepter des conditions de travail et des salaires inférieurs.
Au centre du problème, la soumission des syndicats et des comités d’entreprise à la ‘‘course vers le fond’’ : un plan de chantage visant à diviser les travailleurs pour assurer la logique de compétitivité et de profits des patrons.
En mai 2012, le syndicat britannique Unite a accepté des horaires plus lourds, une perte de salaire, plus de flexibilité, et même un relais des équipes le week-end pour faire gagner à la direction le conflit interne sur les futurs modèles et la production. Pour ‘‘sauvegarder’’ les postes à Ellesmere Port près de Liverpool, Unite a même insisté pour qu’en échange de réductions de salaires, la direction promette de ne plus produire le modèle Astra dans plus d’une usine, alors que la production était encore en cours dans deux autres.
Certains délégués syndicaux d’Ellesmere Port étaient véritablement convaincus qu’il n’existait pas d’alternative à ces concessions. Mais le rôle des représentants syndicaux devrait être d’expliquer clairement la situation et de préparer les travailleurs à de futures batailles. Mais à la place, ils ont causé un effet démoralisateur et démobilisant en faisant de ces concessions une stratégie pour ‘‘sauver’’ l’emploi. En pratique, une couche de dirigeants d’Unite a accepté cette prétendue ‘‘perte inévitable’’ d’emplois et d’usines dans le cadre de la crise capitaliste de la production automobile en Europe.
En juin 2012, le syndicat IG Metall a accepté de ne pas accorder l’augmentation de 4,3% à laquelle les travailleurs d’Opel avaient droit selon leur contrat. Cela faisait partie du “Deutschland-Plan” (plan pour l’Allemagne) visant à augmenter la compétitivité de l’entreprise face à d’autres entreprises appartenant à General Motors. Ce plan comprenait déjà la fermeture de l’usine de Bochum en 2016. La production de l’Astra, le modèle le plus important pour Opel, sera délocalisé hors d’Allemagne.
Cependant, la stratégie des concessions ne paie pas. Le ‘‘vainqueur’’ principal (à long terme, il s’agit de toute façon des patrons) semble ne pas être Ellesmere Port, mais bien l’usine polonaise de General Motors à Gliwice. L’année dernière, Ellesmere Port a vu sa production baisser. Les travailleurs ont été contraints à une semaine de 4 jours et la production a cessé durant une semaine.
Le soutien des dirigeants des comités d’entreprise de Rüsselsheim près de Francfort contre l’usine de Bochum a entraîné l’arrêt de la production de l’Astra et n’a été compensé que par le transfert de la production du modèle Zafira de Bochum à Rüsselsheim. Leur propre avenir est incertain.
Dans ce jeu du patronat, tous les travailleurs sont perdants, seul leur degré de souffrance change. Les décisions de la direction ont déjà été approuvées de facto par les comités d’entreprise et les syndicats européens.
Une stratégie pour sauver l’emploi
Le directeur des comités d’entreprise d’Opel en Allemagne, Wolfgang Schäfer-Klug, a défendu le “Deutschland-Plan’’ et toutes ses concessions pour ‘‘défendre’’ les emplois en Allemagne, tout en critiquant de manière hypocrite le syndicat britannique pour ses concessions.
Le dirigeant d’IG Metall a même indiqué que les traditions combatives de Bochum ont mené à la fermeture de l’usine. Dans une interview, il a déclaré que ‘‘le radicalisme excessif peut au final remettre le futur d’un site en question.’’ Les patrons de General Motors ont peut-être bien choisi de punir Bochum à cause de son passé rebelle. L’entreprise pense d’ailleurs cesser sa production en Corée du Sud à cause de la force des syndicats et de l’effet des récentes grèves là-bas. Cependant, sans la résistance combative des travailleurs de Bochum, l’usine aurait déjà fermé il y a longtemps ! Il est du devoir des syndicats et des dirigeants comme Wolfgang Schäfer-Klug de défendre ses traditions, pas de les jeter à la poubelle.
Malgré son argumentaire contre le “Deutschland-Plan’’ et ses encouragements aux travailleurs de Bochum pour qu’ils votent contre, le dirigeant du comité d’entreprise de Bochum, Rainer Einenkel, n’a proposé aucune alternative de lutte. Au contraire, il a appelé à la ‘‘prudence’’, sans faire quoi que ce soit d’autre. Sa stratégie semble être d’espérer renégocier les termes du contrat avec General Motors. Il les appelle à ne pas endommager davantage l’image d’Opel en fermant l’usine de la Ruhr. Il a aussi symboliquement attaqué Opel en justice pour que l’usine ne soit pas fermée.
Pour une semaine de 30 heures chez General Motors sans perte de salaire!
Nous avons besoin d’une réelle stratégie pour mettre fin aux plans de la direction et défendre tous les emplois et toutes les usines. Le premier pas, c’est de mobiliser et de contre-attaquer immédiatement. Il faut décréter la grève.
IG Metall en Allemagne, Unite en Grande-Bretagne, et d’autres syndicats ont le pouvoir d’organiser la résistance. Il faut pousser leur direction vers l’avant. Cependant, les travailleurs de Bochum ne peuvent pas attendre le réveil ou le remplacement de la direction. Il faut un mouvement de la base, qui démarrerait avec une grève et l’envoi de délégués dans d’autres usines pour ouvrir le débat sur la manière de défendre les emplois et les usines. Cela pourrait trouver un écho favorable dans la région de la Ruhr.
Un tel mouvement a besoin d’une solution pour gagner. A Bochum, les travailleurs peuvent lier leur lutte pour la défense de tous les emplois à la demande du gouvernement fédéral et de l’Etat régional de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie de nationaliser l’usine et d’en arrêter le déclin. Sous le contrôle des travailleurs, une stratégie peut être développée afin d’utiliser l’usine et sa main d’œuvre qualifiée pour produire des bien socialement nécessaires, et pas seulement des voitures.
Comme General Motors ne désire pas continuer à faire tourner ses usines sans licenciements ou attaques sur les droits des travailleurs, elles devraient être nationalisées sous le contrôle des travailleurs. Un plan d’urgence de production pourrait être décidé pour utiliser les ressources de ces travailleurs talentueux et celles des usines. Là où c’est nécessaire, on pourrait remplacer la production de voitures par la production d’autres biens socialement nécessaires. Ces usines ne seraient alors plus sources de chômage, mais d’apprentissage et d’emplois pour les jeunes.
General Motors a annoncé de nouveaux profits tout en attaquant les emplois et les conditions de travail des travailleurs. Que General Motors rendent ses comptes publics, et pas que eux d’Opel et Vauxhall ! Que les travailleurs sachent où sont allés les gigantesques profits, les baisses d’impôts et les subsides !
Pour répandre la lutte, il faut aussi une stratégie pour mettre fin à la politique de division. L’argument principal de la direction, et aussi malheureusement celui des syndicats de droite, c’est la crise de surproduction qui touche l’industrie automobile. C’est la base de la stratégie visant à diviser les travailleurs des différentes usines. En ce moment, les travailleurs de Rüsselsheim, Ellesmere Port ou Gliwice espèrent bénéficier d’une certaine manière de la fermeture de Bochum.
Un premier pas pour mettre fin à cet argument serait une campagne immédiate pour la réduction des heures de travail : pour une semaine de 30 heures sans perte de salaire dans les usines de General Motors (Opel, Vauxhell) en Europe et ailleurs. Cela donnerait un exemple aux travailleurs de l’automobile d’autres entreprises, qui les pousserait à ne pas accepter la surproduction comme un problème, mais à partager la charge de travail et à faire payer les patrons.
Encore une fois, cela serait bien plus efficace si les directions syndicales faisaient leur travail… Mais sans avoir à les attendre, des visites de délégations de la base dans d’autres usines pourraient élargir le mouvement de protestation. Les militants syndicaux devraient faire campagne pour exiger la fin de la division des travailleurs au sein des syndicats, et défendre les emplois, les conditions de travail et les salaires.
Cela aidera aussi les travailleurs de Bochum, qui se sentent abandonnés par les collègues des autres usines à cause de la politique des syndicats. Cela mettrait fin à l’isolement et créerait un mouvement de lutte généralisé capable de mobiliser l’énergie nécessaire pour une riposte efficace.
Il faut une direction combative pour organiser cette lutte unifiée. Cela créerait la base pour mobiliser les travailleurs pour sauvegarder toutes les usines. Les syndicats doivent être transformés en outils combatifs, basés sur la démocratie interne. Ils doivent nouer des liens étroits entre les travailleurs partout en Europe et dans le monde. Un mouvement militant des travailleurs et des syndicats est essentiel afin de lutter pour ces changements, développer de nouveaux liens entre les représentants des travailleurs de différentes usines et de différents pays pour faire tomber les barrières et unir la résistance.
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Communes : Il existe une alternative à l’avalanche d’austérité!
En raison des prochaines élections communales, les autorités communales tentent désespérément de combler leur budget sans trop ouvertement devoir recourir à des mesures d’austérité. Les Sanctions Administratives Communales (SAC) servent de revenus additionnels, tout comme les impôts cachés sur l’énergie, l’eau et la télédistribution ou encore la vente du patrimoine communal. Toute une série d’autorités communales seront ‘‘soudainement’’ exposées à de nouveaux déficits dès le 14 octobre prochain, et nous serons confrontés à une avalanche de coupes budgétaires et de nouvelles taxes.
Par Tim (Bruxelles)
La situation financière des autorités communales est problématique, c’est un fait bien connu. Tant ‘‘l’Union des Villes et Communes de Wallonie’’ (UCVW) que sa contrepartie flamande le ‘‘Vereniging van Vlaamse Steden en Gemeenten’’ (VVSG) ont récemment tiré la sonnette d’alarme. Le VVSG a dénoncé que 53% des bourgmestres flamands prévoient d’augmenter les impôts au cours de la prochaine législature et que 64% veulent économiser dans les dépenses communales. 70% des communes flamandes ont clôturé l’année 2011 avec un déficit tandis que l’UCVW a calculé que 39% des communes wallonnes sont confrontées à un déficit structurel (chiffre que ne prend pas encore compte des conséquences de la chute de Dexia et du Holding Communal). L’UCVW prévoit que la législature 2013- 2018 sera dominée par la ‘‘stricte rigueur budgétaire’’, description qui a l’avantage de ne pas parler ‘‘d’austérité’’.
A Bruxelles, la moitié des communes a terminé l’année 2011 dans le rouge, un chiffre qui n’a pu être obtenu qu’avec la dotation spéciale de 30 millions d’euros octroyés chaque année aux communes par la Région Bruxelles Capitale. Sans cette prime, seule la commune d’Uccle aurait terminé en boni !
Les élections communales passées, les communes devront faire le bilan de la débâcle de Dexia et des dividendes du Holding Communal qu’elles ne recevront plus. Il y aura aussi l’explosion des dépenses des CPAS en conséquences des exclusions des allocations de chômage, ou encore le dossier des pensions du personnel communal statutaire. Ces dernières décennies, les communes ont systématiquement remplacé les statutaires par des contractuels, des faux statuts ou de l’intérim. Le résultat est que de moins en moins de fonctionnaires statutaires contribuent aux pensions de leurs anciens collègues et les coûts supplémentaires pour les communes sont très importants. ‘‘En ce monde rien n’est certain, à part la mort et les impôts’’ disait déjà Daniel Defoe dans son ‘‘Histoire politique du Diable’’. Après les élections, nous devons nous attendre à de nouveaux impôts et à une vaste opération d’austérité communale.
Beaucoup d’autorités communales affirment laconiquement qu’il n’existe pas d’alternative. Prisonniers de la logique capitaliste, ils partent de l’idée d’un budget fixe, à partir duquel il faut absolument économiser ou désespérément rechercher de nouveaux revenus, bien souvent parmi la travailleurs, les jeunes et les allocataires sociaux. En tant que marxistes, nous refusons d’accepter cette logique : nous partons toujours des besoins réels pour y répondre en cherchant l’argent là où il se trouve. Le PSL participera aux élections d’octobre dans plusieurs communes, généralement dans le cadre de coalitions anti-austérité plus larges. Nous aurons ainsi des candidats sur les listes de Rood ! en Flandre, de Gauches Communes à Bruxelles, du Front de Gauche à Charleroi et La Louvière. A chaque fois, nos candidats défendent un programme identique : un projet ambitieux de construction de logements sociaux, de crèches publiques, d’écoles et de parcs, avec une augmentation des moyens alloués à la jeunesse et à la culture. Nous revendiquons aussi de meilleurs statuts et salaires pour le personnel communal, la généralisation de la fonction statutaire, l’instauration de la semaine de travail des 32 heures avec embauches compensatoires et sans perte de salaire afin d’assurer le meilleur fonctionnement des services à la population.
Nous nous opposons aux coûteux projets de prestige et appelons les communes à lancer une campagne pour pousser les autorités à aller chercher l’argent chez les spéculateurs et les multinationales. Nous basons notre approche sur les diverses expériences de nos camarades britanniques qui, au début des années ’80, avaient gagné une majorité politique au conseil communal de Liverpool et qui se sont mis à la tête d’une campagne nationale contre les mesures d’austérité du gouvernement Thatcher contre les communes. Une telle campagne est également possible chez nous : après le 14 octobre, les autorités communales devraient introduire des budgets déficitaires afin de répondre aux besoins réels précédemment évoqués. Une coalition de communes refusant de participer à la politique d’austérité et appelant la population à exiger des moyens des autorités fédérales et régionales pourraient récupérer les sommes que les communes ont perdues suite aux décennies de politique néolibérales. Nous pensons ici au coût de la privatisation du secteur énergétique ou aux cadeaux fiscaux pour les grandes entreprises et les super-riches, qui n’utilisent leurs profits que pour spéculer.
Une telle campagne devrait être portée par des comités d’action dans tous les quartiers et les entreprises des communes, et mener campagne pour que d’autres communes rejoignent ce combat. Ainsi, les politiciens bourgeois ne pourraient plus se cacher derrière leurs palabres sur les divers niveaux de compétence.
A Liverpool, cette campagne a rencontré le succès : 4800 nouvelles maisons sociales ont été construites (7.000 autres ont été rénovées) de même que 6 nouvelles crèches, 17 écoles primaires, 5 centres sportifs. La ville a embauché 2.000 travailleurs de plus. Si une telle chose était possible à l’époque de Margaret ‘‘Dame de Fer’’ Thatcher, quelle peut bien être l’excuse de nos politiciens pour ne pas faire de même aujourd’hui ? Votez pour les candidats du PSL dans votre ville ou votre commune, et construisez avec nous au cours des années à venir une coalition anti-austérité dans chaque ville et commune !
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A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
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A noter dans votre agenda
- Jeu. 5 juillet. Anvers. Assemblée générale de Rood!
- 7-13 jullet. Gand. Ecole d’été du CIO
- Me. 18 juillet. Anvers. 19h30 Assemblée générale du PSL : rapport de l’école d’été internationale du CIO : Construction du CIO
- Ve. 20 juillet : BBQ de soutien organisé par la section liégeoise du PSL
- Ve. 20 juillet. Keerbergen. Meeting sur l’environnement et l’énergie
- 27, 28, 29 juillet : Week-end de formation marxiste à Liège
- Sa. 4 août. Keerbergen, BBQ électoral
- Me. 8 août. Anvers. Assemblée générale du PSL : rapport de l’école d’été du CIO : comment faire face à la crise et saisir les opportunités qui se présentent à gauche
- Sa-Di 11-12 août. Anvers. Week-end de formation marxiste
- Jeu. 30 août. Bruxelles. Assemblée générale de Gauches Communes. 19h30 Garcia Lorca
- Ve. 7 septembre. Keerbergen. Meeting électoral
- Ve. 14 septembre. Bruxelles. Manifestation nationale contre les attaques sur les chômeurs
- 7-9 décembre: Congrès National du PSL
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L’été, sur socialisme.be et au PSL
Durant les mois de juillet et août, nous allons maintenir le rythme d’alimentation quotidien de notre site internet, même si le nombre d’articles sera plus limité. Nous allons laisser plus d’espace durant l’été pour des articles de fond. Ce n’est que durant la période de l’école d’été internationale du CIO (du 7 au 13 juillet) que la rédaction ne sera pas disponible par e-mail.
Le secrétariat national du PSL fonctionnera lui-aussi à un moindre rythme. A l’exception de la période de l’école d’été, il sera ouvert tous les jours ouvrables de 9h à 17h, mais pas le week-end, et la permanence ne sera pas assurée tous les jours jusque 20h.
Un week-end de formation réussi à Floreffe
Les sections de Liège, Namur et Charleroi ont tenu la semaine dernière un week-end de formation marxiste. Pour de nombreux étudiants, la date était un peu trop proche des examens, mais une vingtaine de participants étaient tout de même présents. L’évènement a débuté par un meeting où Tony Mulhearn a pu parler de l’expérience des marxistes sur le plan communal, à partir de la riche expérience de Liverpool dans les années ’80.
Les premiers exemplaires de "La conception matérialiste de la question juive" (par Abraham Léon) et du "Programme de transition" (par Trotsky) y ont été présentés et vendus.
Le succès de ce week-end est à la base d’un nouveau week-end de formation marxiste qui se déroulera à Liège du 27 au 29 juillet, notamment sur base des lectures collectives organisées autour des publications de Marxisme.be.
Lecture d’été
Marxisme.be n’est pas seulement le site théorique du PSL, c’est aussi le nom des éditions du PSL. Voici quelques idées intéressantes pour politiquement agrémenter votre été.
La conception matérialiste de la question juive
Le trotskiste belge Abraham Léon était actif dans une organisation sioniste de gauche durant les années ’30. Il a toutefois rompu avec le sionisme sur base de l’analyse marxiste. Afin d’étayer cette rupture politique, il a réalisé une étude impressionnante de l’histoire du judaïsme : La conception matérialiste de la question juive.
Ce livre est une application du matérialisme historique à l’histoire intéressante du judaïsme. Il répond à des questions telles que pourquoi les Juifs ont tellement été persécuté par les nazis et argumente efficacement contre le racisme. Abraham Léon a écrit ce livre en 1942, deux ans avant de périr dans un camp de concentration. Ce livre est disponible en français et, pour la toute première fois, également en néerlandais.
‘La conception matérialiste de la question juive’, 188 pages, 10 euros. Passez commande en répondant à ce mail ou en téléphonant au 0485/05.86.39.
Le Programme de transition
Avec quel programme pouvons nous renforcer la lutter pour le renversement du système capitaliste? Ce n’est pas une question neuve dans le mouvement ouvrier.
Dans le ‘‘Programme de transition’’, le révolutionnaire russe Léon Trotsky a développé différentes positions qui sont toujours d’une grande actualité. Trotsky y explique comment les revendications les plus basiques des travailleurs peuvent être liées à la lutte pour le socialisme. Le lecteur sera surpris de voir à quel point cet ouvrage reste pertinent malgré son âge.
Avec ses 95 pages, ce n’est pas un livre épais, mais son contenu est extrêmement lourd. Il s’agit d’une lecture essentielle, particulièrement en cette période de campagne électorale pour les communales et dans ce contexte d’augmentation des luttes.
‘Le programme de transition’, 95 pages, 6 euros. Passez commande en répondant à ce mail ou en téléphonant au 0485/05.86.39.
Ma Vie
Ce n’est aucunement un hasard si les éditions marxisme.be ont choisi de rééditer cette autobiographie en ce moment, en pleine crise du système capitaliste, au beau milieu d’effroyables turbulences économiques et sociales.
C’est dans cette optique que se déroule une lutte qui a pour champ de bataille le passé et l’héritage des luttes du mouvement des travailleurs. Ainsi présente-t-on le plus souvent la sanglante caricature de socialisme qu’est le stalinisme comme découlant directement du marxisme, ou en tout cas du bolchévisme. Ce mythe qui associe étroitement l’image de Lénine à celle de Staline réduit Trotsky au niveau d’un simple apprenti dictateur, un triste personnage jaloux d’avoir perdu une lutte personnelle pour succéder à Lénine. Cette fable s’effondre cependant très facilement à l’étude des faits historiques, et c’est pourquoi il importe pour les partisans du capitalisme – débridés ou ‘‘domestiqués’’ – de les passer sous silence ou de les déformer. La présente autobiographie de Trotsky est donc avant tout à considérer comme une des armes destinée à restaurer la vérité.
Ma vie, 658 pages, 20 euros. Passez commande en répondant à ce mail ou en téléphonant au 0485/05.86.39.
"La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61 – Témoignage ouvrier sur la grève du siècle"
Par sa durée, sa dureté et son ampleur, la grève générale de l’hiver 60-61 a constitué un moment de lutte historique pour les travailleurs belges. Le pays entier était à l’arrêt et les grévistes tenaient le haut du pavé, ils commençaient même à poser les jalons d’une autre organisation de la société. L’occasion était véritablement présente de mettre à bas le régime capitaliste.
Hélas, malgré l’héroïsme extraordinaire dont les travailleurs ont fait preuve dans leur combat, cette grève insurrectionnelle et révolutionnaire n’a pas abouti à sa conclusion logique. Le PSL a édité ce livre écrit par Gustave Dache, qui a participé à ces évènements en toute première ligne, afin que les leçons de cette lutte hitorique puissent être tirées pour les combats à venir.
”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61", 388 pages, 15 euros. Passez commande en répondant à ce mail ou en téléphonant au 0485/05.86.39