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  • Liège : Pas de pelleteuse à la chartreuse !

    A Liège, on ne présente plus le domaine de la Chartreuse, un ancien monastère devenu fort, aujourd’hui abandonné et devenu terrain de jeux, de promenades et de vie sauvage. Les pouvoirs publics ont vendu une partie de ce poumon vert au promoteur immobilier Matexi, qui veut y construire des dizaines de logements de “standing”. Hier, une manifestation (la “parade des oiseaux”, puisque les oiseaux construisent leurs nids dans cette période) a réuni quelques centaines de manifestants qui s’opposent à ce projet. Le texte qui suit est le tract diffusé par le PSL à cette occasion.

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    Luttons pour du logement abordable ET la préservation des espaces verts

    Fin du monde, fin du mois : même combat

    Les espaces verts sont notre bien commun : préservons-les

    La politique communale du logement met les espaces verts sous pression comme en témoigne la vente d’une parcelle appartenant à la ville à la société Matexi pour la construction de 51 logements sur le site du parc de la Chartreuse. Notre passé récent et notre futur proche nous montrent pourtant l’importance de préserver des espaces verts au cœur de nos villes. Les espaces verts urbains sont les jardins de ceux qui n’en ont pas et, comme l’ont démontré les périodes de confinement, disposer d’un coin de nature où se ressourcer est loin d’être un caprice.

    La présence d’îlots de verdure est également indispensable pour lutter contre les vagues de chaleur ou pour diminuer l’impact des fortes pluies : nos espaces verts joueront à l’avenir un rôle régulateur de plus en plus important pour conserver la qualité de la vie en ville. C’est leur protection et leur extension qui est urgente, pas leur destruction !

    Du logement pour qui ? Du logement comment ?

    La majorité communale PS-MR justifie ses choix de politique du logement en mettant en avant à la fois la nécessité de loger les Liégeois actuels mais surtout d’attirer les ménages à hauts-revenus en ville. L’objectif avoué est de disposer ainsi d’une population mieux nantie et mieux à même de contribuer à des finances communales exsangues. Logiquement, les projets immobiliers de standing sont priorisés et des concessions importantes sont faites aux grosses entreprises de la construction. Les « clauses sociales » négociées en contrepartie pour établir une minorité de logements sociaux dans les projets immobiliers (généralement 10%) ne peuvent cacher cette réalité : la ville se bâtit au détriment des classes populaires en rognant sur l’espace public.

    Loger tout le monde sans empiéter sur les espaces verts ? C’est possible

    Les autorités communales mettent en avant cette politique comme la seule possible en raison du manque de surface à bâtir mais des alternatives existent pour retrouver des espaces de logement : la réquisition du logement vacant (plus de 3000 sur le territoire communal) notamment les étages des grandes enseignes commerciales en centre-ville, la construction sur les friches industrielles après dépollution des sols ou la reconversion des immeubles de bureaux inoccupés.

    Cela ne pourrait se faire qu’en mettant en place un véritable service public de rénovation et de construction de bâtiments travaillant sous le contrôle et au bénéfice de la population. Cela ouvrirait également la voie à l’instauration d’un vaste programme public de rénovation et d’isolation des bâtiments, quartier par quartier. Pour cela, il nous faut un plan massif d’investissement public.

    Une telle politique exigerait évidemment des moyens qui font actuellement défaut au niveau local notamment en raison du service de la dette historique de Liège. Cette dette n’a pas été contractée au bénéfice de la population : nous ne devons pas accepter qu’elle hypothèque notre avenir. Au contraire, nous devons la dénoncer et construire une dynamique et un rapport de forces capables de faire de Liège une commune rebelle qui refuse de faire passer les intérêts des banques avant ceux de sa propre population.

    Des exemples historiques montrent qu’il est possible de faire reculer des créanciers et d’investir dans les besoins locaux grâce à la mobilisation de masse et à la solidarité : une campagne massive mettant à l’ordre du jour de telles revendications trouverait à n’en pas douter un échos dans les autres grandes villes du pays de manière à former un réseau de communes rebelles capable d’imposer l’annulation des dettes des communes.

    Soutenir l’occupation par la mobilisation de masse et la convergence des luttes

    L’occupation du site de la Chartreuse est un élément clef de la résistance contre la bétonisation du site. Mais les occupants ne tiendront pas face aux tentatives d’expulsion sans une solidarité massive des riverains et des autres collectifs similaires dans et autour de Liège. En cela, les premiers échanges qui ont eu lieu entre les occupants du site et le collectif Un air de Chatreuse ou la coordination Occupons le terrain nous apparaissent très encourageants dans cette nouvelle phase de la lutte contre le projet Matexi. Des liens restent à construire avec les collectifs de précaires, de mals-logés et avec le reste du mouvement social. Afin que ni Matexi ni la majorité communale ne puisse nous diviser en opposant fin du monde et fin du mois, revendiquons en plus de la préservation des espaces verts urbains :

    > Un plan d’investissement public massif dans la construction et la rénovation d’un parc immobilier public soutenable du point de vue environnemental pour répondre au besoin de logement.
    > La réquisition des espaces de logement vacants sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés.
    > Le refus du paiement de la dette de la ville, sans sur base de besoins prouvés.
    > La nationalisation des grandes entreprises du secteur de la construction sous contrôle de la population.

  • Liège. Plus de 3000 manifestant.e.s mobilisé.e.s par la FGTB : “Les prix nous étouffent !”

    Face à l’envolée des prix, il n’y a pas 36 solutions : il faut entrer en action pour défendre notre pouvoir d’achat ! Comme cela a été précisé de la tribune place Saint Paul à Liège ce matin : “Quant on nous a interdit de sortir après 22h ou quand on a fermé la culture, le gouvernement a pris sa décision en 40 minutes. Mais ici, il n’y a aucune volonté politique.”

    Un plan d’action a été annoncé pour l’égalité salariale entre hommes et femmes, pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure (l’inflation exige de passer au moins à 15 euros dorénavant), pour la fin de la loi de 1996 sur les salaires (cette “loi-prison”) et un blocage des prix de l’énergie par les pouvoirs publics.

    Ce plan d’action vise à “augmenter en force et en puissance” avec des actions en régionales couvertes par 24h de grève (il est prévu à Liège de se concentrer sur les activités pétrolières et une visites aux sièges de partis politiques), un Congrès statutaire de la FGTB le 27 avril “qui sera également un congrès de mobilisation” et une action à la mi-mai à Liège, tout ça pour assister la mobilisation vers une manifestation du Front commun syndical contre la loi de 1996 sur les salaires durant le mois de juin.

    Ce plan d’action est une très bonne initiative, elle ne saurait être que renforcée par l’organisation régulière d’assemblées générales en entreprises afin de discuter démocratiquement de la manière de rendre les actions les plus réussies possibles et de débattre du cahier de revendications qui s’impose pour le mouvement. A ce titre, il nous semble essentiel de défendre la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie afin de pouvoir disposer des moyens non seulement de contrôler effectivement les prix, mais aussi d’assurer une transition verte rapide de l’énergie. On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas !

  • Les 17 syndicalistes FGTB condamnés en appel avec augmentation des amendes financières !

    Des assemblées du personnel seront convoquées dès demain pour préparer une journée d’action couverte par un préavis de grève

    Environ 200 personnes se sont réunies aujourd’hui à l’appel de la FGTB place Saint Lambert à Liège pour un rassemblement de solidarité dans le cadre de l’affaire dite « du pont de Cheratte ». 17 syndicalistes, dont l’actuel président de la FGTB Thierry Bodson, avaient précédemment été condamnés par le tribunal correctionnel à des peines de prison avec sursis (allant de 15 jours à un mois) et des amendes de plusieurs centaines d’euros pour leur présence sur un barrage routier lors d’une grève tenue le 19 octobre 2015. La cour d’appel de Liège a décidé de confirmer ce jugement scandaleux.

    C’est l’entrave méchante à la circulation qui est invoquée (art. 406 du code pénal) pour ce jugement, tout comme ce fut le cas pour le procès qui a condamné le Président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, en 2019. Dans les deux cas, ce sont les dirigeants syndicaux qui ont été victimes des peines les plus sévères. L’objectif est évident : désorganiser la capacité de résistance syndicale. La FGTB constituera un recours en cassation et ira faire valoir ses droits à Strasbourg devant la Cour européenne des droits de l’homme.

    Lors de sa prise de parole durant le rassemblement, Thierry Bodson a rappelé très justement que c’est la mobilisation de la rue qui est essentielle pour parvenir à des changements, et qu’il n’en ira pas autrement pour que ce fameux article 406 soit modifié de même que pour protéger nos droits syndicaux.

    Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous !

    Thierry Bodson a également annoncé que le comité fédéral de la FGTB, réuni en matinée à Liège, appelle à l’organisation d’assemblées du personnel dès demain dans toutes les entreprises avec pour objectifs l’information et la sensibilisation des travailleurs et travailleuses aux enjeux démocratiques et syndicaux de la décision de justice qui vient de tomber ainsi que la préparation d’une journée d’action couverte par un préavis de grève de 24 heures dont la date et les modalités devraient être communiquées rapidement. Comme le souligne la FGTB : tous les mouvements sociaux doivent s’inquiéter de la décision qui vient de tomber.

    Il s’agit d’une excellente initiative qui doit être considérée comme le début d’une sérieuse campagne nationale en défense du droit à mener des actions collectives et en défense des libertés syndicales, comme cela a été dit de la tribune. Il faut assurer que cela soit bien le cas. Imaginons où nous en serions aujourd’hui si une campagne avec assemblée du personnel avait été menée dès la condamnation des camarades d’Anvers en 2019, voire même dès la condamnation des 17 syndicalistes liégeois en décembre 2020 !

    Pour finir, laissons la parole à Silvio Marra, ancien délégué FGTB aux Forges de Clabecq, ex-accusé, avec 12 autres camarades, par le procureur de Nivelles, pour des faits qui s’étaient déroulés lors de la lutte contre la fermeture des Forges de Clabecq (1997). Pour rappel, tous les inculpés de ce procès important avaient été acquittés en 2002. Il nous expliquait l’an dernier à la suite de la condamnation des 17 syndicalistes :

    « Tout d’abord on ne peut admettre que les forces de police, les procureurs et les tribunaux interviennent dans les conflits sociaux. Ce procès est l’occasion de relancer le débat sur le droit des travailleurs de ne pas être d’accord avec le patronat qui n’a qu’une chose en tête : accroître l’exploitation des travailleurs pour faire plus du profit. Le droit de faire grève n’est pas un droit qui serait écrit dans un bouquin qu’on appellerait « code civil » ou « code de je ne sais quoi » . Le droit de grève existe parce qu’il existe des classes sociales avec des intérêts antagonistes. Ce droit est celui de contester l’exploitation capitaliste. Il ne peut vivre dans le cœur de centaines de milliers de militants syndicaux élus dans les entreprises et les 3 millions d’affiliés qu’en élevant sans cesse leur niveau de conscience, à travers le débat et l’expérience des luttes sociales. Quand le monde du travail aura découvert sa force véritable, tribunaux, procureurs et forces de répression ne pèseront pas bien lourd. »

  • Nouvelles du PSL/LSP, un parti pour changer de société

    Retrouvailles à Liège

    A Liège, le week-end dernier a connu le retour de “Retrouvailles”, l’événement de rentrée des associations liégeoises au Parc de la Boverie. La campagne ROSA était présente avec les Etudiants de Gauche Actifs et le PSL. Quinze membres ont participé à la campagne, qui a finalement abouti à la vente de 110 exemplaires de notre mensuel et à 8 abonnements.

    C’était un excellent début pour cette nouvelle année de travail. C’était d’autant plus le cas après les mois de restrictions dues à la pandémie. La réunion de lancement de la Campagne ROSA à Liège a eu lieu ce vendredi.

    Un BBQ réussi à Gand et à Anvers

    Le week-end dernier était magnifique au niveau du temps. À Gand et à Anvers, des barbecues ont été organisés afin de récolter des fonds pour mener nos campagnes. 150 personnes ont participé au BBQ de Gand. Trois intervenants ont pris la parole : Mai au nom du PSL, Boris pour la campagne Pride is a Protest et David de la Centrale Générale (FGTB). La nourriture était délicieuse et l’ambiance était géniale. Avec environ 1500 euros récoltés, l’événement a également apporté une belle contribution à notre fonds de lutte. A Anvers, 30 personnes ont participé à un barbecue dans le quartier sud de Hoboken. Cela a permis de réaliser un joli bénéfice de 260 euros.

    Rejoignez-nous à la manifestation sur le climat à Glasgow.

    Du 1er au 12 novembre, la COP26 se déroulera à Glasgow, en Écosse. Il s’agit du sommet sur le climat des Nations unies. Les précédents sommets sur le climat ont abouti au protocole de Kyoto (1997) et à l’accord de Paris sur le climat (2015). À chaque fois, des promesses importantes, mais toujours insuffisantes, ont été faites. Beaucoup de blabla, peu de concret.

    Le sommet sur le climat en Écosse menace de devenir un nouvel exercice de relations publiques au lieu d’une réunion visant à planifier une véritable action pour le climat. Les chefs de gouvernement et les politiciens établis défendront une fois de plus les intérêts de leurs maîtres : les grandes entreprises et les capitalistes. La planification démocratique rationnelle de la production et de la manière de riposter face à la crise climatique se heurte toujours à leurs intérêts.

    Après les actions de masse pour le climat de ces dernières années, il est important que nos revendications soient renforcées par d’autres actions, y compris en Écosse lors de la COP26. Alternative Socialiste Internationale sera présente avec des militants de différents pays pour défendre une alternative socialiste au chaos capitaliste.

    Depuis notre pays, nous nous rendrons en bus en Écosse du 4 au 7 novembre. Nous avons réservé des infrastructures pour l’hébergement et la restauration. Le prix indicatif pour les frais de voyage et d’hébergement est de 180 euros par personne. Une campagne de collecte de fonds est en préparation, car nous voulons que tout le monde vienne.

    Inscrivez-vous sur https://tinyurl.com/naarglasgow

    Pourquoi j’ai rejoint le PSL/LSP

    « Mon activisme politique a commencé en tant qu’élève lors des mobilisations pour le climat de 2019. J’ai fait quasiment toutes les manifestations. Au départ, il me semblait que la solution résidait dans des réformes écologiques au sein du système. Mais les mesures écologiques ne sont toujours que de petites solutions à l’impact minime, comme les nouvelles lignes de train internationales et la taxation des entreprises qui émettent trop. Très vite, je me suis rendu compte que le système actuel est incapable de fournir des solutions systémiques qui ont réellement un effet à grande échelle et qui profitent à tous.

    « J’étais de plus en plus frustré parce que les gens ne réagissaient qu’aux conséquences des problèmes, et non à leurs causes. Lorsqu’une personne tousse en raison d’une maladie pulmonaire, ce n’est pas seulement la toux qui est traitée : il faut s’attaquer à la maladie à l’origine !

    « Le même principe s’applique à des phénomènes tels que la pauvreté, le racisme, le sexisme et le changement climatique. C’est ainsi que j’ai commencé à penser de plus en plus à m’attaquer aux problèmes de la société. Cela m’a conduit au socialisme comme une alternative plus juste et plus décisive à la société actuelle, où il peut y avoir une participation directe de tous, ce qui permet que leurs intérêts soient centraux. J’en ai également appris davantage sur le capitalisme qui, par sa logique interne d’accumulation de profits par quelques élites, est la cause centrale de la plupart des problèmes auxquels nous sommes confrontés chaque jour. Cependant, j’ai eu du mal à comprendre le décalage entre le marxisme et le socialisme tels qu’ils étaient décrits à l’origine, d’une part, et l’histoire de la Chine sous Mao et de l’Union soviétique bureaucratique, d’autre part.

    « Après une nouvelle recherche d’une interprétation démocratique du socialisme, je suis arrivé chez les Etudiants de Gauche Actifs. Leur programme correspondait exactement à mes idées sur la société et ses problèmes. Après être devenu membre et avoir participé aux discussions internes, j’ai décidé d’adhérer également au Parti Socialiste de Lutte, afin de m’engager pleinement en faveur d’un système alternatif dans lequel le bien-être de toutes les personnes et de leur environnement est la priorité, et non la recherche du profit de quelques-uns ! »

    Louis, étudiant, Anvers

  • 17 syndicalistes condamnés à Liège. Il faut une grande campagne pour défendre le droit de grève !

    Ce 1er décembre, la FGTB avait organisé des arrêts de travail consacrés à la condamnation de 17 syndicalistes pour “entrave méchante à la circulation”. Il s’agit très d’une atteinte sans équivoque aux libertés syndicales et d’un dangereux précédent pour tous les mouvements sociaux.

    Retour sur les événements

    La condamnation survenue ce 23 novembre constitue une attaque contre le droit démocratique à l’action collective. Le tribunal de Liège a condamné 17 syndicalistes de la FGTB – parmi lesquels Thierry Bodson, aujourd’hui président de la FGTB et à l’époque secrétaire général de son Interrégionale wallonne – pour avoir participé à un blocage routier effectué dans le cadre de la grève du 19 octobre 2015. A l’époque, les événements avaient donné lieu à une monumentale vague de propagande anti-grève dans les médias dominants. Les militants ont été condamnés à des périodes allant de 15 jours à un mois de prison (avec sursis) et des amendes relativement sévères pour action de grève. Toutes les autres charges ont été abandonnées.

    La clinique CHC Hermalle avait notamment déposé plainte pour l’homicide involontaire d’une touriste danoise qui n’avait pas survécu à une opération tardive, prétendument suite au blocage organisé par des militants de la FGTB. A l’époque, très peu de monde avait attiré l’attention sur le fait que l’hôpital n’avait pas jugé utile de prendre des mesures à l’occasion de la grève, en s’appuyant sur le fait que la CSC n’y participait pas. Les médias n’avaient bien entendu pas saisi cette occasion pour alimenter le débat sur la médecine par prestation, qui entrave pourtant ouvertement la collaboration entre divers hôpitaux et médecins spécialistes. D’autre part, les embouteillages étaient quotidiens à cet endroit, qu’il y ait grève ou non, en raison du chantier du CHC. Ce 19 octobre 2015, d’ailleurs, les grévistes y avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers.

    Finalement, la responsabilité de ce décès a débouché sur un non-lieu. On avait encore accusé les syndicalistes de dégradations de la voie publique et sur ce point également ils ont été disculpés. C’est finalement leur seule présence sur les lieux du barrage routier bien après que ce dernier ait été érigé, qui a conduit aux condamnations en se servant de la notion « d’entrave méchante à la circulation ». C’est en instrumentalisant cette même notion que le tribunal correctionnel d’Anvers a condamné en 2018 le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, dans le cadre d’une grève 2016. Force est de constater que la justice de classe ne connaît pas de frontière linguistique…

    Une évolution inquiétante

    En 1997, les syndicalistes des Forges de Clabecq avaient eux aussi bloqué une autoroute, des images devenues depuis lors symboles d’un syndicalisme de lutte. Le tribunal de Nivelles avait décidé des non-lieux et des suspensions du prononcé puisqu’il considérait cette manifestation comme relevant de l’exercice du droit de grève.

    Mais il y a eu une très nette évolution de la jurisprudence depuis lors, tout particulièrement depuis l’extraordinaire mouvement de l’automne 2014. Le mouvement ouvrier avait alors démontré quelle est encore l’étendue de sa force en Belgique, avec une succession de dates annoncées ensemble. Ce plan d’action de 3 phases avait connu la plus grande manifestation syndicale depuis 1986, une série de grèves provinciales qui avait rencontré le succès tant au Sud qu’au Nord du pays et enfin une grève générale national le 15 décembre qui avait bloqué le pays avec toute la force de l’élan que ce plan audacieux lui avait donnée. Le camp patronal avait été autant effrayé que les travailleurs avaient été enthousiasmés. Ce n’est qu’en raison des hésitations dans les sommets syndicaux que ce gouvernement à la botte du patronat était resté en place.

    Parmi les grands patrons et leurs employés politiques, la leçon a été comprise. Depuis lors, les recours aux actions judiciaires dans le but de pénaliser le droit de grève sont devenus beaucoup plus nombreux. Et la DH vient de révéler que le MR travaille actuellement sur une loi visant à « encadrer le droit de grève » afin de ne plus permettre la mise en place de piquets bloquants. Il serait également question d’exiger que les syndicats aient une personnalité juridique, une vieille revendication de la droite et de l’extrême droite qui vise à pouvoir noyer les syndicats sous une pluie de plaintes pour chaque trouble causé par une grève.

    Une réaction à la hauteur des enjeux !

    Les arrêts de travail lancé par la FGTB ce 1er décembre constituent le premier mot d’ordre d’ensemble depuis le début de la pandémie. Il y aurait pourtant largement eu matière à procéder de la sorte pour discuter des mesures sanitaires à adopter sur le lieux de travail et pour rassembler les diverses luttes qui ont eu lieu contre l’inaction du patronat. Pensons qu’il a fallu une dizaine de journées de grèves à AB-Inbev pour arracher de nouvelles mesures sanitaires après qu’une dizaine de travailleurs aient été contaminés ! De la même manière, les directions syndicales ont décidé de passer à côté de la manifestation nationale du groupe d’action militant La Santé en Lutte le 13 septembre dernier, alors que la pertinence des revendication du personnel soignant n’est plus à démontrer aujourd’hui.

    Cette nouvelle attaque sur le droit de grève ne peut pas passer tout simplement. Il ne s’agit pas seulement de cette seule série de condamnation, il s’agit du droit à l’action collective de chacun d’entre nous. Une campagne nationale sérieuse contre cette condamnation politique est nécessaire. Nous ne préserverons pas le droit à l’action collective simplement en en parlant ou en l’écrivant sur les réseaux sociaux : nous devons faire usage de nos droits pour les préserver. Afin d’impliquer des couches plus larges de travailleurs dans l’action, les actions à venir doivent être bien préparées et bien construites. Une véritable campagne d’information visant à mobiliser, y compris pour des grèves, ne peut plus attendre.

    Une nouvelle journée d’action est prévue le 10 décembre, Journée internationale des droits humains. Ce jour-là, la FGTB fera appel de la condamnation et il y aura plusieurs actions contre l’atteinte au droit de grève. Cela pourrait être un bon point de départ pour une campagne d’information qui repose sur des actions avec le large soutien de l’ensemble du mouvement ouvrier.

    Nous vivons des temps incertains, mais nous savons déjà une chose : les patrons et leurs marionnettes politiques vont essayer de nous faire supporter les coûts de la crise sanitaire et de la crise économique. La défense de notre droit de grève est une priorité absolue et cela ne se fera pas uniquement par des actions symboliques.

  • Liège “La Santé A Du Sens”

    Ce mardi 2 juin, le SETCa – Groupe Santé CHC- délégation hôpitaux avait appelé à un rassemblement à Clinique CHC MontLégia. Plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des membres du personnel, avaient répondu à l’appel.

    Ce rassemblement défendait l’engagement de plus de personnel, l’amélioration des salaires, la garantie d’équipement de protection pour toutes et tous, que plus de temps soit accordé pour être au chevet des patients, qu’il y ait moins de stress pour les soignants,… en bref : “rendre du sens à ces métiers qui ont du sens”. Ce rassemblement était bien entendu très utile pour mener campagne autour de ces revendications légitimes mais qui ne tomberont pas du ciel.

    Quelques militants du PSL étaient présents et ont souligné l’importance de la Grande manifestation de la santé organisée à l’initiative du groupe d’action militant La Santé en Lutte.

     

  • Liège. Un collectif de femmes sans-papiers confectionne des ‘‘Masques solidaires’’

    Face au manque de masques chirurgicaux un collectif de femmes sans-papiers en confectionne de manière artisanale depuis dimanche dernier. Nous avons discuté de cette initiative avec Rosario Marmol Perez, militante à l’ASBL La Cible, également impliquée dans ce projet.

    Propos recueillis par Clément

    D’où vient cette idée de confectionner des masques de protections solidaires ?

    L’idée a émergé chez des mères sans-papiers participant à l’atelier couture de la Voix des Sans-Papiers ainsi qu’à l’Ecole des Solidarités.

    Elles se sont dit qu’elles avaient des compétences pour jouer un rôle utile et solidaire dans cette crise que nous traversons, et notamment cette possibilité de coudre des masques solidaires. Solidaires parce qu’il faut savoir que ces masques sont donnés. Pour qui le souhaite, il est possible de faire un don pour le fond de solidarité. Grâce à ce fond de solidarité, nous pouvons acheter les fournitures nécessaires à la production de nouveaux masques, mais aussi soutenir les mamans qui n’ont aucun revenu.

    Quel est le sens de cette démarche ?

    Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que pour les personnes qui confectionnent ces masques, la solidarité est très importante. Il s’agit de personne qui n’ont pour ainsi dire aucune reconnaissance : de leur droits, de leur niveau d’étude, etc. Bien souvent, elles n’ont pas la possibilité de travailler faute de permis de travail. Dans ces conditions, autant dire que la solidarité revêt un aspect très concret.

    Cette initiative a été très bien reçue. Nous avons à ce jour reçu plus de 2500 demandes. Il s’agit de particuliers, mais aussi d’associations, et même d’institutions d’aide aux personnes. Il faut prendre conscience d’à quel point la situation est catastrophique. Il y a des pénuries dans les hôpitaux, mais aussi dans les maisons de retraites, là où des travailleurs et travailleuses des soins travaillent au contact des plus vulnérables au virus et sont obligés de travailler sans protections, ce qui les mets en danger, mais aussi bien entendu leurs patients. Il y a également des pénuries chez les aidants aux personnes handicapées, etc…

    Parmi ces mamans, plusieurs travaillaient dans le secteur des soins de santé comme infirmières ou aides-soignantes, et elles comprennent parfaitement que si ceux qui prennent soin des malades au jour le jour tombent eux-mêmes malades, alors on courra à la catastrophe.

    On voit aussi l’extrême droite qui tente de profiter de cette crise… S’agit-il d’une sorte de réponse ?

    Nous sommes évidemment convaincus que les travailleurs sans-papiers sont des travailleurs comme les autres. L’extrême droite tente de manipuler l’opinion en laissant entendre que les questions migratoires seraient un facteur de la crise actuelle. Il faut résister à ça parce que c’est faux : les personnes migrantes font -comme l’ensemble des travailleurs de Belgique- partie de la solution. La régularisation des personnes sans-papiers est d’ailleurs d’une importance cruciale. Ces mères sans-papiers, elles considèrent la Belgique comme leur pays d’accueil, ni plus ni moins. Et puise genre d’initiative, ça montre aussi que la réalité concrète donne tort à la propagande d’extrême droite : les migrant.es ont toujours été et sont encore actuellement un apport essentiel pour le pays d’accueil.

    Enfin, quelles sont pour toi les manières de répondre au type de crise que nous traversons ?

    Nous avons absolument besoin d’attitudes collectives de solidarité. Aujourd’hui, il y a de nombreuses personnes qui félicitent -à juste titre- les soignantes et soignants pour le travail et les sacrifices qu’ils fournissent.

    Et en même temps, les chiffres des économies réalisées par Maggie De Block et les précédents gouvernements, et ce que ça implique comme dégradation de notre système de soins, deviennent pour beaucoup des réalités concrètes, et plus seulement des chiffres.

    Il est primordial que toutes ces personnes qui applaudissent aux fenêtres à 20h pour soutenir le personnel soignant, dès que la crise de coronavirus arrivera à son terme, descendent dans la rue aux côtés de ces travailleurs et travailleuses, des syndicats, des citoyens pour exiger du gouvernement un refinancement du système de soins de santé, mais aussi une revalorisation de l’ensemble du service public.

    Nous devons également faire sortir ces sans-papiers de l’ombre, et revendiquer des critères clairs et permanents de régularisation.

    SOUTENEZ CE PROJET

    Pour soutenir le collectif « Masques solidaires », vous pouvez faire un don au n° de compte BE48 8777 9900 0127.

    L’argent versé sur ce compte servira à l’achat de fournitures pour leur confection ainsi qu’en soutien aux femmes et mamans qui n’ont droit à aucun revenu.

    Les masques sont offerts aux personnes et chacun est libre de faire un don sur ce compte s’il/elle le souhaite.

    Pour les institutions et/ou associations, si elles le peuvent, les masques sont vendus à 3€ pièce afin de permettre aux femmes de rentrer dans leurs frais. Nous sommes bien en-dessous du coup réel, le travail est bien fait et prend du temps.

    COORDONNÉES

    0487 20 62 86 // eds.liege@gmail.com

  • Liège. Grève chez Deliveroo : entretien avec un coursier

    Ce vendredi 6 mars, à Liège, sous une pluie battante, les travailleurs de Deliveroo se sont rassemblés rue Pont d’Avroy en protestation contre le nouveau système “free login” imposé par leur employeur.

    Des membres de la section de Liège du PSL étaient présents en soutien, l’occasion de revenir sur ce nouveau système, mais aussi de soutenir cette lutte contre cette diminution des revenus de ces travailleurs. Nous en avons discuté avec l’un d’eux.

    Entretien réalisé par Jeremiah (Liège)

    Peux-tu nous expliquer ce qui va changer avec ce système de Free login ?

    D’abord, c’est un système qui est mis en place depuis déjà 2 semaines, donc on a déjà pu constater la diminution de nos revenus.

    L’ancien système était bien meilleur, car il nous garantissait un revenu horaire de 15 à 20 € de l’heure dans les bons jours, car il y avait un nombre limité de coursier par créneau horaire. En limitant le nombre de coursiers par créneau, cela permettrait d’être presque sûr d’avoir des commandes durant ce laps de temps.

    Avec le système de Free login, n’importe qui peut aller à n’importe quel créneau, ce qui augmente la concurrence entre les livreurs. La conséquence concrète est que l’on peut attendre plusieurs minutes, voire 1h, pour obtenir une commande, ce qui diminue notre salaire horaire. Il peut même atteindre 5 €/h quand il y a trop de livreurs sur un créneau. Le temps d’attente n’étant pas payé, notre salaire est divisé par 3 à cause de ce nouveau système.

    Ils ont utilisé une réunion de “concertation” organisée par la plateforme avec les indépendants, le but étant de mettre en avant plus de flexibilité, mais cela se fait au prix d’un salaire inférieur à 10 €/heure et donc ne vaut pas la peine pour nous. En vérité, Deliveroo a imposé ce système sans concertation avec les livreurs.

    Deliveroo permet des revenus plus élevés que les autres plateformes grâce à son système de paye à la course. Le système de Free login va donc attirer également les coursiers des autres plateformes, augmentant encore la concurrence entre les coursiers.

    Au niveau de votre statut, est-ce que quelque chose a changé depuis cette interpellation du tribunal du travail envers Deliveroo sur le statut de faux indépendants ?

    Moi je suis toujours sur le statut d’indépendant, donc je dois payer toutes mes lois sociales tandis que Deliveroo ne paye rien. Mais aujourd’hui je suis une exception, car la majorité des travailleurs sont sous statut P2P (pour peer to peer): il permet un régime fiscal avantageux pour Deliveroo, mais comporte un vrai risque pour les livreurs. En effet, avec ce statut le “biker” ne peut pas gagner plus de 6130 € par an, ce qui est pourtant le cas de nombreux livreurs. Ils pourraient donc se faire pointer du doigt par le SPF Finances, alors qu’en réalité c’est bien Deliveroo qui profite de ce statut.

    Quelles sont tes conditions de travail au quotidien?

    Je suis coursier scooter, donc c’est moi qui paye mon assurance, mon essence, je fais ça de manière professionnelle. Le problème c’est en cas d’accident, même si je me blesse durant une course, Deliveroo n’est pas obligé de m’aider pendant ma période de remise en forme.

    De plus, l’entreprise fournit du matériel : support pour smartphone, pantalon, sac qui ont un coût (entre 5 € et 20 €) et surtout une qualité qui est plus que contestable. Rien que le mois précédent j’ai dû acheter 2 ou 3 supports smartphone pour mon scooter. Avec le nouveau système de Free login, il va y avoir plus de tensions entre les livreurs et ils le savent.

    Comment s’est passée la mobilisation ?

    Très bien, cet après-midi on peut dire qu’il y a un retard de 6 à 7h concernant l’ensemble des commandes à Liège sur la plateforme Deliveroo. Cela veut dire que ça a été bien suivi.

    Alors que les conditions de grève sont vraiment compliquées à cause de l’application et du système de tracking mis en place par l’entreprise. Tous les livreurs sont traqués en permanence à l’aide de l’application, même quand celle-ci n’est pas ouverte elle prend les coordonnées GPS. Lors de grèves en France, cela a déjà donné des licenciements, car l’entreprise savait exactement qui faisait grève grâce à cette application. Donc aujourd’hui, nous prenons nos précautions avec une messagerie cryptée et on désinstalle l’application lorsqu’on réalise des actions.

    Nous comptons poursuivre le mouvement ce weekend, mais aussi le weekend prochain, pour continuer de mettre la pression sur Deliveroo qui refuse toujours de nous rencontrer.

    On a fait aussi appel aux syndicats, FGTB et CSC pour nous soutenir dans notre action, mais aussi nous protéger en cas de répression contre les grévistes.

    Comme à son habitude Deliveroo dit que si un jour, à cause du tribunal de travail ou à cause d’une grève, ils sont obligés de mettre les travailleurs au statut de salarié avec un salaire décent, l’entreprise sera obligée de fermer en Belgique, donc c’est une menace réelle.

    Plus tard dans la soirée, les grévistes ont été former des piquets devant les grands fastfoods qui proposent la livraison à domicile. De cette manière, ils pouvaient empêcher l’accès des autres travailleurs de Deliveroo, mais aussi entrer en discussion avec les travailleurs des autres plateformes.

  • ‘‘L’antifascisme à Liège, esquisse d’une lutte jamais abandonnée’’

    Julien Dohet n’est pas seulement un historien, c’est avant tout un militant. Et c’est tout l’intérêt de lire la brochure éditée par l’Institut d’histoire ouvrière économique et sociale (IHOES) de Seraing dont il est l’auteur : ‘‘L’antifascisme à Liège, esquisse d’une lutte jamais abandonnée’’. Au-delà d’un travail de documentation sérieux qui brosse à grands traits l’histoire du mouvement antifasciste liégeois depuis les années ‘20 jusqu’à nos jours, la brochure met en lumière les formes d’action des militants contre le fascisme et l’extrême-droite. Elle décrit le positionnement politique des militants qui ont organisé cette lutte et les rapports qu’entretenaient entre elles les organisations qui les soutenaient.

    Par Simon (Liège)

    Ce travail montre clairement le rôle prépondérant du mouvement ouvrier organisé dans la lutte contre le fascisme, spécifiquement celui des organisations syndicales mais également celui des organisations et militants de la gauche radicale. Singulièrement, il met en évidence comment, au cœur des années ‘30, la classe des travailleurs peut être envisagée, y compris du point de vue de la bourgeoisie progressiste, comme l’épicentre de la lutte contre l’extrême-droite. Il explique également comment s’est organisée la solidarité avec les travailleurs immigrés et les militants italiens, espagnols ou chiliens victimes de la répression dans leur propre pays mais aussi comment ces mêmes militants ont contribué à renforcer la lutte antifasciste à Liège.

    La brochure s’arrête sur les principales organisations antifascistes des cent dernières années. Des militants antifascistes italiens manifestants dans les cortèges de 1er mai des années ‘20 en passant par la Jeunes Garde Socialiste Unifiée jusqu’aux différentes déclinaisons d’un Front Antifasciste toujours prêt à renaître de ses cendres, l’histoire de la mobilisation antifasciste est avant tout une histoire de convergences où les militants de différentes tendances de la gauche se mobilisent ensembles par-delà leurs clivages pour faire face à un adversaire commun.

    Presse, meetings, collectes et aide aux victimes du fascisme, manifestations et contre-manifestations jusqu’aux milices d’autodéfense : le panel des actions montre la capacité de mobilisation, la réactivité et l’inventivité des militants liégeois contre le fascisme. C’est l’image de ce qu’un réseau militant profondément inscrit dans une ville marquée par les conflits sociaux peut faire lorsqu’il s’approprie les méthodes de lutte du mouvement des travailleurs.

    L’histoire détaillée de ce mouvement reste à faire. Par exemple, on gagnerait à connaître la teneur des débats qui se sont fait jour au sein du mouvement, la façon dont les militants, à différentes époques, ont pu ou non mettre de côté leurs divergences pour faire front.
    Il reste que cette belle esquisse fourmille d’informations pour qui veut se faire une idée de l’histoire de la lutte antifasciste à un niveau local, des méthodes d’actions et des interactions possibles.

    Par les temps qui courent, une lecture qui invite à l’action et qui démontre la profonde conscience antifasciste d’une ville de tradition ouvrière parmi tant d’autres.

    Cette brochure est disponible en format PDF sur le site de l’IHOES, elle peut également être commandée en format papier pour la somme de 5 euros en contactant l’IHOES par téléphone au 04/224.60.72 ou via info@ihoes.be.

  • CPAS : une charge de travail insoutenable. Entretien avec le président de la délégation CGSP du CPAS de Liège

    Ce jeudi 12 septembre, plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées devant les locaux du CPAS de Liège afin d’exiger des mesures permettant une diminution de la charge de travail. Nous en avons discuté avec Simon Hupkens, le président de la délégation CGSP. Entretien tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste.

    C’était une belle mobilisation de rentrée ! Qu’est-ce qui explique cette participation ?

    La coupe est pleine. Au CPAS de Liège, comme dans l’ensemble des CPAS du pays, le nombre de dossiers a explosé en 2015 suite à la limitation des allocations de chômage dites d’insertion. Cette année-là, selon la FGTB, 70.000 personnes ont été exclues de leur droit aux allocations de chômage ! Dans les faits, la charge des allocataires sociaux s’est déplacée en partie du fédéral vers les communes. Pour y faire face, les ressources supplémentaires allouées aux CPAS ont été très limitées. Elles ne couvrent absolument pas les besoins.

    Les assistants sociaux croulent sous les dossiers à traiter, jusqu’à 120 pour certains ! Dans une situation pareille, on ne peut faire que le minimum, c’est-à-dire assurer que l’usager reçoive son allocation d’insertion. Mais aider ces gens à sortir de leur situation, on oublie !

    D’autant plus que les dossiers sont plus complexes. Nous vivons dans une société de plus en plus violente, où la vie se fait plus dure et tout le monde ne dispose pas des mêmes ressources pour y faire face. Quand on émarge au CPAS, c’est précisément que l’on est arrivé au bout de ses ressources (famille, amis,). Quand tout est épuisé, on arrive au CPAS. Et en plus, les services d’aide sociale qui dépendent d’autres institutions sont également sous pression, dispensant de moins en moins d’aide. Ça aussi, ça pèse sur le fonctionnement des CPAS.

    Les travailleurs sociaux plus anciens affirment que les situations sociales sont plus complexes qu’il y a 20 ou 30 ans. Ils parlent de ‘‘couches de lasagnes’’ : à un problème de logement s’ajoutent un problème de santé mentale, un autre de violence familiale, etc., etc. Et quand les services publics sont démunis ou absents, les problèmes sont détectés plus tard et il est plus difficile de les traiter.

    Pourquoi réagir maintenant ?

    La première chose, c’est que nous sommes dans un processus de remobilisation de l’ensemble des collègues autour de la délégation syndicale, de manière très participative, avec une assemblée générale plénière correctement mobilisée tous les ans depuis 3 années comme événement central de l’action syndicale. Cette année, on a été un pas plus loin avec des Assemblées générales décentralisées. Dans tout ce processus, la question essentielle soulevée par les collègues était la charge de travail, qui ne permet pas d’aider correctement des gens en situation de détresse dramatique. La principale maladie professionnelle au CPAS, c’est le burnout, faute de pouvoir donner des réponses à des gens qui viennent expliquer qu’ils n’ont pas d’argent pour leurs enfants, pour des vêtements,… Donc les agents tombent en dépression ou démissionnent.

    La seconde chose, c’est que cette question de la charge de travail est reconnue comme problématique par le collège communal et mentionnée explicitement dans la déclaration de politique communale. Dans ce cadre, le CPAS de Liège devait rendre son PST (Plan stratégique transversal) censé reprendre les grandes orientations du CPAS pour la législature. Du coup, on s’est dit que le moment était opportun pour mettre la pression, pour demander des engagements, pour revendiquer une simplification administrative et une limitation des mesures de contrôle chronophages sur le personnel.

    Ce PST est maintenant disponible. Nous allons l’analyser, convoquer une nouvelle Assemblée générale, soumettre ce PST à nos critiques et remobiliser pour d’autres actions si nous n’y trouvons pas ce qu’on souhaite y trouver, c’est-à-dire prioritairement un renforcement des équipes.

    Nous savons que les caisses du CPAS ne sont pas extensibles. Mais un CPAS n’est pas isolé du reste de la société. Il y a des moyens à aller chercher. Si la direction souhaite entrer en lutte avec nous pour obtenir un refinancement des CPAS au fédéral, on sera très heureux de les accueillir dans ce combat. Sinon, on maintiendra notre position et nous lutterons pour obtenir de nouveaux moyens et, pourquoi pas, travailler à une coordination des différents CPAS pour exiger leur refinancement. Aujourd’hui, un revenu d’insertion est remboursé à 85% maximum par le fédéral (souvent c’est 70% à peine), le reste étant à charge des communes. Le remboursement intégral est le minimum à exiger par les CPAS, spécifiquement dans les grandes villes où se concentre la majorité de la pauvreté.

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