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  • Après le mouvement contre le pacte des generations. Un réseau pour un syndicalisme combatif et démocratique est nécessaire!

    Après le mouvement contre le pacte des generations.

    Le mouvement contre le Pacte des Générations a montré qu’existait une énorme combativité chez les travailleurs et qu’un mécontentement plus large existait contre les attaques néolibérales continuelles sur nos conditions de vie et de travail. Malgré cela, le mouvement s’est éteint sans victoire. Pourquoi?

    Geert Cool

    Allemagne: VW achète la direction syndicale

    En Allemagne, un scandale a éclaté à l’occasion des voyages luxueux de la direction de VW. Les dirigeants se sont rendus au Brésil et y ont plongé dans les plaisirs du champagne, de la prostitution,…

    Parmi les dirigeants de VW figuraient également Peter Hartz, un conseiller de l’ex chancelier Schröder (SPD, les «socialistes» allemands). Il a reçu pas moins de 300 euros chaque jour, ce qui équivaut à une allocation de chômage par mois en Allemagne, garantie par une des réformes incluse dans le programme d’austérité de Hartz 4. Le manager du personnel de VW a dépensé 780.000 euros en deux ans sans faire de déclaration sur ce à quoi l’argent allait servir.

    Parmi les voyageurs figurait Volkert, président du Conseil d’entreprises, qui recevait 360.000 euros par an. Volkert était le chef de IG Metal, le syndicat du métal. Evidemment, Volkert n’était pas critique et combatif envers l’entreprise qui lui fournissait le paradis sur terre. Mais pour les salariés, le temps de travail a été augmenté et une série de détériorations des conditions de travail et de salaire ont été imposées.

    Centrale des métallos FGTB: Danger de scission communautaire

    Dans la Centrale des Métallurgistes de la FGTB se discute la scission entre les ailes néerlandophone et francophone. La discussion s’est enflammée après que le périodique énonomique Trends/Tendances ait révélé le passé au VMO (organisation flamande d’extrême-droite) du président de la centrale, Herwig Jorissen. Nous avons beaucoup de critiques à l’égard de Jorissen, mais nous sommes d’avis que le passé de Jorissen est utilisé à mauvais escient contre l’unité du syndicat. Face à ces divisions communautaires, il faut l’unité! Nous nous opposons donc à cette scission.

    La direction syndicale a fait atterrir le mouvement

    Le fil rouge à travers tout le mouvement a été l’attitude de freinage des directions syndicales (ou au moins d’une bonne partie d’entre elles). La FGTB fut isolée lors de la grève du 7 octobre, après laquelle on a beaucoup tardé à planifier la journée d’action suivante, le 28 octobre seulement. Lors de cette manifestation importante de la FGTB et de la CSC, aucun plan d’action n’a été formulé, mais que ce plan verrait le jour après les négociations avec le gouvernement. Evidemment, ce fut en novembre, et il était limité aux actions dans la distribution et dans le non-marchand.

    Ce n’était visiblement pas un plan d’action, mais plutôt un scénario d’atterrissage. Afin de le justifier, il a été mis en avant que pas mal de concessions ont été conquises durant les négociations, et aussi que la FGTB était prête à continuer, mais pas la CSC. A Liège, on même pu entendre que si cette volonté de continuer la lutte existait en région liégeoise, ce n’était pas le cas en Flandre. La faiblesse du plan d’action a mené directement à une attitude agressive de la part du gouvernement et du patronat, et a aussi laissé l’espace pour insister sur ce qui divise les travailleurs.

    La force du mouvement contre le Pacte résidait justement dans le fait que l’unité à la base face aux attaques visant notamment les prépensions a permis de surmonter les dvisions.Voilà pourquoi Cortebeeck, président de la CSC, a été rappelé à l’ordre à deux occasions par sa propre base qui exigeait un changement d’attitude du syndicat.

    Cela s’est avéré également lors des réunions d’information organisées sur les fins de carrière. Le 5 septembre, Xavier Verboven a présenté de manière “neutre” les réformes proposées. Cela a provoqué pas mal d’interventions depuis la salle mettant en avant la nécessité d’actions. Ailleurs aussi se sont déroulées des réunions similaires qui ont contraint la FGTB à entrer en action.

    Du côté de la CSC la direction était déjà bien décidée, avant le 7 octobre, à défendre le Pacte d’une manière ou d’une autre. Après cette date, chaque concession du gouvernement a été accueillie de manière positive par la direction du syndicat chrétien. La base a pourtant fait entendre une opinion totalement différente, et a continuellement appelé à un plan d’action sérieux. La direction de la CSC a dû adapter sa position d’une façon foncièrement étrangère à ses habitudes.

    Une victoire était-elle possible?

    Malgré l’énorme pression de la base, donc, aucun plan d’action conséquent pour en finir avec ce Pacte des Générations n’a été élaboré. La question que se posent les militants combatifs est de savoir comment renforcer cette pression de la base. Dans le mouvement contre le Pacte des Générations, les réunions interprofessionnelles des militants ont joué un rôle important. Lieux privilégiés pour les échanges d’expériences, à chaque fois le poids de la base a été renforcé. Lors d’une de ces réunions d’information, le 5 septembre à Anvers, il a été demandé à juste titre d’organiser de telles réunions interprofesionnelles pour prendre les décisions, attente demeurée sans réponse.

    Le manque de démocratie interne et d’implication de la base lors de la prise de décision provoque de plus en plus de mécontentement et fait apparaître une méfiance croissante envers la direction.

    Un autre facteur qui a freiné le mouvement contre le Pacte était le lien entre les syndicats et leurs «partenaires privilégiés» au niveau politique. Tous les partis traditionnels sans exception ont défendu la logique d’austérité du Pacte qui a provoqué tant d’actions de protestation.

    Un Plan d’action à long terme, rédigé sur base d’une implication large des syndicalistes, aurait pu mettre le gouvernement à genoux. C’est ce que nous apprend l’expérience de la Colère Blanche du secteur non-marchand. Celui-ci a mené des actions 14 mois durant après qu’une plateforme de revendications ait été établie en décembre 2003 avec la participation active de 15.000 salariés du secteur. Les actions qui ont suivi ont permis d’obtenir 100 millions d’euros. On aurait pu obtenir encore plus, mais pour la première fois, des droits précédemment acquis n’ont pas simplement été maintenus, mais élargis! L’implication directe des salariés a eu une importance cruciale.

    Un réseau de syndicalistes combatifs

    Les syndicalistes combatifs se trouvent souvent isolés. Il n’existe pas de structures nationales et souvent même pas de liens avec d’autres syndicalistes combatifs. En outre, il existe souvent un manque criant d’informations et d’arguments. Nous ne pouvons pas compter sur les médias traditionnels et les publications syndicales ne sont pas des instruments attractifs avec lesquels travailler.

    Afin de renforcer la position de ces syndicalistes combatifs, il sera nécessaire d’échanger les expériences. Un instrument intéressant en ce sens est, entre autre, le site web en néerlandais pour syndicalistes créé à l’initiative d’un secrétaire de l’alimentation d’Anvers. Il serait bien que les deux syndicats intègrent ce site sur le plan national afin de créer une source d’information large et forte où les points de vue des délégations et des centrales peuvent être diffusés plus largement.

    Mais un contact plus direct s’impose aussi au niveau régional et national. Au niveau régional, nous sommes en faveur de réunions fréquentes, avec des discussions sur l’actualité et les développements syndicaux. Cela peut renforcer la position des syndicalistes sur les lieux de travail ou dans les centrales. Une attention particulière doit être prêtée à la nouvelle génération de militants syndicaux fortement impliquée dans le mouvement ces derniers mois. Une structure nationale de syndicalistes combatifs se développera au moment où les réseaux régionaux auront suffisamment pris de corps.

    Le MAS veut collaborer à un tel réseau pour un syndicalisme démocratique et de combat. Nous le faisons en ce moment en intervenant au sein des syndicats et sur les lieux de travail. Nous y avançons des points de vue sur la lutte syndicale et la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. Avec nos forces restreintes, nous répandons les informations et nous essayons de mettre en contact les syndicalistes entre eux. Des campagnes comme la pétition pour un nouveau parti des travailleurs offrent un instrument supplémentaire afin de travailler plus largement.

  • Leçons de la lutte contre le pacte des generations. Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire et possible!

    Leçons de la lutte contre le pacte des generations.

    FGTB et CSC ont rejeté la dernière version du pacte des génération, reflétant ainsi le mécontentement de la base. Si cela ne dépendait que de celle-ci, la grève aurait certainement duré jusqu’à la chute du pacte, si nécessaire celle du gouvernement, voire de tout l’establishment politique. Mais le mouvement n’est pas allé jusque là. Pourquoi? Les directions syndicales ont tout fait pour freiner la contestation. Avec ces directions, les syndicats ne disposent ni d’un programme pour sortir de la crise, ni d’un instrument – indépendant du patronat et de la bourgeoisie – pour traduire politiquement leurs revendications. La lutte contre le pacte des générations a dévoilé les grandes faiblesses du mouvement. Le MAS offre quelques propositions pour les surmonter.

    Eric Byl

    Les partis gouvernementaux, dont le PS et le SP.a, tiennent à leur pacte. Quant aux partis d’opposition, tous trouvent que le pacte n’est pas assez violent. C’est le cas du CD&V qui plaide pour une réduction des charges sociales de 3 milliards d’euros tandis que le Vlaams Belang va jusqu’à proposer 6 milliards d’euros. Aucun parti représenté au parlement, pas même un parlementaire ou un sénateur n’était prêt à défendre les positions syndicales. Voilà la «démocratie représentative». Deux syndicats organisant ensemble 2,8 millions de personnes, environs 70% des travailleurs et presque 50% des électeurs, ne trouvent aucun parlementaire prêt à considérer leurs points de vue. La Démocratie? Certainement pas pour nous!

    La social-démocratie ou de nouvelles formations?

    PS et SP.a sont au pouvoir depuis 18 ans. Durant cette période, le nombre officiel de pauvres a doublé jusqu’à 1,5 millions! L’index à été miné, les allocations réduites au minimum, la sécurité sociale pillée, les contrats de travail vidés, les entreprises publiques et les bâtiments vendus à bon compte aux investisseurs privés et/ou aux spéculateurs. Beaucoup de travailleurs continuent à voter pour ces partis, certains ayant toujours leur carte, mais ils les considèrent au mieux comme le moindre mal, et pas comme des instruments pour défendre leurs intérêts. Le personnel politique ne se sélectionne pas sur base de l’engagement ou du mérite, mais sur base de naissance (Fréderic Daerden, Alain Mathot, Philippe Van Cau…) ou de loyauté envers l’appareil.

    Mais la théorie du moindre mal a ses limites. De plus en plus de travailleurs décrochent. Certains deviennent fatalistes, d’autres, par manque d’alternative à gauche, tombent finalement dans la toile de l’extrême-droite. Ces 15 dernières années ont démontré que «le moindre mal» peut au mieux ralentir la croissance de l’extrême-droite, mais certainement l’arrêter. Ceci n’est possible que si la gauche offre une alternative conséquente et crédible à la politique de casse néo-libérale. Celui qui place ses espoirs dans le PS ou le SP.a, ou dans SPa-Rood, vit dans une époque révolue. Dans le cas hypothétique où le PS et le SP.a pourraient refaire un tournant à gauche, ce ne sera plus sous pression de l’intérieur, mais justement sous celle de l’extérieur.

    L’apparition de nouvelles formations comblant, au moins partiellement, le vide laissé par la capitulation totale de la social-démocratie est un phénomène mondial. Dans certains cas, de tels partis se créent à partir de scissions de la social-démocratie et/ou d’anciens partis communistes (IU en Espagne, RC en Italie, WASG en Allemagne, PSOL au Brésil). En général, ils attirent des couches précédemment inorganisées, et parfois la gauche radicale y joue un rôle dynamisant. Leur succès se base principalement sur des expériences de lutte, comme contre l’Agenda 2010 en Allemagne.

    Certains pensent que la balle est dans le camp de la gauche radicale, qui doit abandonner les débats et polémiques, rassembler ses forces et initier une formation de gauche massive. Le MAS n’est pas insensible à cette volonté d’unité. En ’99 nous avons invité toute la gauche radicale à faire une alliance. Cette dernière décennie, nous avons invité 3 fois le POS et une fois le PTB à se présenter avec nous. Nous avons déposé des listes communes avec le PC, le POS et Leef et aussi participé à Debout! Mais nous n’avons jamais eu l’illusion que de telles initiatives pourraient remplacer une nouvelle formation. La gauche radicale consiste principalement en des gens qui sont arrivés à des idées socialistes à travers un processus de pensée abstraite. La masse des travailleurs et des jeunes apprend sur base d’expériences concrètes. Ceci explique pourquoi des partis de masse se forment à travers des évènements de masse et pas uniquement en regroupant la gauche radicale.

    La phrase «Celui qui regarde à gauche du PS et du SP.a voit le PTB» n’est que du verbiage. Comme si les travailleurs tiraient massivement des conclusions révolutionnaires de la lutte contre le pacte de générations, ou encore suivaient le stalinisme! Bien des travailleurs ont compris que le PS et le SP.a sont des freins pour leur lutte. Certains recherchent une formation qui n’est plus un frein. Une petite minorité adhère au MAS trotskiste ou au PTB stalinien, mais la grande majorité de ces travailleurs n’est pas encore prête à choisir un courant spécifique.

    Le MAS le comprend et veut aider à réaliser une nouvelle formation, mais insiste parallèlement sur la nécessité de pouvoir garder son identité. Nous pensons que cela sert au mieux les travailleurs.

    Les possibilités de création d’une nouvelle formation

    La capitulation de la social-démocratie et le tournant encore plus à droite de la démocratie chrétienne ne sont évidemment pas des nouveautés. Les liens de la CSC/ACV avec le CD&V et de la FGTB/ABVV avec le PS et le SP.a expliquent pourquoi patronat et gouvernement sont capables d’appliquer leur politique anti-sociale. Un gouvernement de droite, sans rapports privilégiés avec les syndicats, serait tombé depuis longtemps. Casser les liens avec la social-démocratie est devenu aujourd’hui une condition pour sauvegarder nos acquis et vaincre la démoralisation.

    Depuis ’95, le MAS plaide pour un nouveau parti des travailleurs. Cela était à ce moment déjà une nécessité objective. Mais la conscience des travailleurs suit en général la réalité avec un certain retard et se développe par bonds sous la pression des évènements concrets. Pendant la lutte contre le pacte des générations, le fossé entre la base syndicale et le PS, le SP.a et le CD&V est devenu palpable. Nos militants sont tous revenus des piquets du 7 octobre avec des rapports semblables. En conséquence, le MAS a décidé de lancer une pétition (www.partidestravailleurs.be), de concentrer son intervention le 28 octobre autour de trois stands avec à chaque fois une cinquantaine de militants, surmontés de calicots qui appelaient la FGTB/ABVV à casser avec le PS et le SPa et la CSC/ACV à casser avec le CD&V (et pour autant que cela ne soit pas encore fait, avec le cdH) et de mena une campagne pour un nouveau parti des travailleurs.

    Evidemment, la création d’une telle formation et la cassure avec la social-démocratie ne se fera pas du jour au lendemain. Le ton dénigrant utilisé par la presse lors de l’action syndicale au congrès du SP.a à Hasselt était frappant. Les journaleux se sont réjouis de l’arrogance de Vande Lanotte lorsqu’il a déclaré que celui qui tourne le dos au SP.a regarde vers la droite, et ont tourné au ridicule l’action syndicale aux portes du congrès. SPa-Rood par contre, une initiative pourtant très limitée, a été gonflée jusqu’à des proportions incroyables afin de ramener les militants syndicaux dans le giron du SPa.

    Mais, à la base, monte la grogne. La délégation FGTB d’Agfa Gevaert a fait un communiqué de presse appelant explicitement le sommet syndical à se retirer du bureau du SPa. A la CMB de Liège la discussion sur la rupture avec le PS dure depuis plusieurs semaines.

    Des secrétaires et des délégations ont signé la pétition. Dans le Limbourg, des délégués, entre autres de Ford et de Sappi, se sont réunis avec l’ancien parlementaire SP.a, Jef Sleeckx afin de tâter le terrain pour une nouvelle initiative et il en a été de même à Gand. A Anvers, les délégués de la Chimie se sont réunis avec Sleeckx. Ils veulent organiser un grand débat sur les liens entre les syndicats et le SP.a et le CD&V. Si cela s’avère un succès, il faudra organiser des débats semblables à Liège, Bruxelles, Gand et Charleroi.

    Selon Sleeckx, et le MAS le rejoint sur ce point, une nouvelle formation devra être organisée au niveau national et non pas sur base communautaire. Toujours selon Sleeckx, elle devra s’ouvrir tant aux travailleurs de la CSC qu’à ceux de la FGTB, tant aux Belges qu’aux immigrés, aux anciens et qu’aux plus jeunes,… Les travailleurs de la chimie d’Anvers ont décidé à juste titre de tenir leur débat en terrain neutre. Ainsi espèrent-ils ne pas effrayer les syndicalistes de la CSC.

    Selon le MAS, une nouvelle formation aura besoin dans un premier temps d’une structure fédérative, dans laquelle divers courants pourront collaborer sur base de consensus. Ceci est nécessaire afin de créer une relation de confiance et d’éviter qu’un ou l’autre courant se sente limité dans ses droits. C’est un message aux travailleurs chrétiens, la garantie qu’ils seront écoutés.

    Un programme de gauche conséquent qui rompe avec la politique néo-libérale

    Jef Sleeckx veut un mouvement où la base décide. Le MAS est complètement d’accord. Les débats politiques ne peuvent, comme c’est le cas dans les partis classiques, être limités à un petit groupe de patrons de parti, mais chaque travailleur doit avoir la possibilité de contribuer aux discussions. Nous pensons qu’il faut partir des besoins concrets des travailleurs et de leurs familles. Pour résorber le chômage, les partis traditionnels ne plaident que pour des baisses de charges sociales et une flexibilité extrême. Nous pensons par contre qu’il vaut mieux répartir le travail disponible entre tous, évidemment sans perte de salaire sans quoi le pouvoir d’achat et donc l’économie seraient minés.

    La libéralisation et la privatisation n’ont rien apporté aux travailleurs. Ce sont les patrons qui se sont enrichis. A la Poste et à la SNCB, la libéralisation revient à fournir moins de services à un prix plus élevé, avec moins de personnel. Le statut de fonctionnaire public se dégrade. Le succès de Belgacom s’est fait au détriment de 10.000 emplois et ave un rythme de travail destructeur pour ceux et celles qui ont eu la chance de rester. Les profits sont énormes puisque nous, contribuables, avons pris en charge le coût social. Le MAS veut mettre fin aux libéralisations et aux privatisations et renationaliser tous nos anciens services publics, mais cette fois sous contrôle des travailleurs et plus sous celui des managers qui ne font que du sabotage dans l’intérêt du secteur privé.

    Le MAS s’oppose à la régionalisation de la sécurité sociale puisque celle-ci conduira à une compétition entre les régions, dans laquelle celle qui assainira le plus obtiendra les investissements. Cela mènera, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, à la casse de nos acquis sociaux. Nous sommes par contre en faveur d’un programme massif de construction de logements sociaux afin de combattre l’augmentation étouffante des loyers et des prix d’achat des habitations.

    Le MAS pense que ces mesures, ou toutes autres semblables, se heurteront à la résistance du patronat et de son appareil politique, juridique et médiatique. Seule une société où les travailleurs et leurs familles détiennent ces leviers de commande, une société socialiste, peut répondre à leurs justes besoins. Le MAS veut apporter ces points de programme et d’autres dans une nouvelle formation, non pas en tant qu’ultimatum, mais comme contribution avec celles d’autres courants et individus.

  • FN, Nation,… Où va l’extrême droite francophone?

    Il y a quelques mois, nous écrivions un article sur une énième implosion du FN dont la mainmise absolue de Daniel Féret sur le parti était la cause. Jusqu’ici, le Dr Féret s’est toujours débarrassé aisément de tous ceux dont l’ambition dépassait la construction d’un parti d’escrocs prêts à se remplir les poches par tous les moyens.

    Karim Brikci

    Malgré l’incapacité de l’extrême droite francophone à s’unifier dans une force politique sérieuse telle que le Vlaams Belang en Flandre, les derniers résultats électoraux du FN sont loin d’être négligeables dans une Wallonie socialement sinistrée. Cela n’a pas échappé à certains dissidents du FN. C’est pourquoi nous ne devons pas sousestimer la capacité de certains d’entre eux ou d’autres formations à faire ce dont Féret n’a jamais été capable.

    Un mouvement comme NATION qui se dit " national-révolutionnaire " (c-à-d. qu’il cache son programme violemment antiouvrier derrière une rhétorique anticapitaliste) a bien compris l’enjeu. Dans un article récent titré " Nettoyons devant nos portes ", Nation évoque les derniers scandales de détournements de fonds au FN et brocarde Féret comme le principal obstacle à la construction d’une force politique crédible. Ce groupuscule, qui se targue d’avoir construit ces dernières années un cadre sérieux, a fait état d’une hausse significative de ses activités et de ses interventions politiques.

    Nation déclare être en train de nouer des liens internationaux avec le MRS espagnol ou le NPD allemand, mais il développe aussi une approche pour construire l’unité dans l’extrême droite francophone, ce qui implique tout d’abord l’éviction de Féret.

    Beaucoup d’inconnues subsistent sur la capacité de l’extrême droite francophone à se construire sérieusement. Quoi qu’il en soit, une lutte efficace contre le racisme et les partis d’extrême droite devra s’appuyer sur la construction d’une véritable opposition de gauche à la politique antisociale des partis traditionnels. Le MAS pense en effet qu’il est urgent de remplir le vide à gauche et de mener la discussion sur la nécessité d’un nouveau parti de masse qui soit un instrument de lutte pour les travailleurs et les jeunes. Seul un tel parti sera capable de donner des perspectives à la population pour l’amélioration de ses conditions de vie et contre la casse de ses acquis.

  • Contre les nouvelles attaques une stratégie résolue va être nécessaire

    La Banque Nationale veut la modération salariale, le FMI veut en finir avec l’index, le gouvernement veut un deuxième Pacte des Générations,…

    La direction syndicale utilise les actions du 8 décembre pour faire atterrir le mouvement. La FGTB déclare qu’il n’y a pas de place pour des actions à grande échelle à cause de l’attitude de la CSC. De plus, continue la FGTB, la CSC flamande freine la FGTB flamande. Toutes les vielles divisions remontent: FGTB contre CSC, Flamands contre Wallons. Résultat ? Le potentiel de l’énorme combativité à la base est bloqué alors que de nouvelles attaques contre les travailleurs se préparent.

    Tract du MAS

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    Le patronat récolte des cadeaux

    Il était initialement prévu dans le texte original du Pacte des Générations que le patronat reçoive – entre autre – 960 millions d’EUR de diminutions de charges. Pour faire accepter les timides adaptations au Pacte, le gouvernement a offert un nouveau cadeau aux patrons en ramenant le taux moyen d’impôts pour les entreprises de 34% à 26% !

    La faiblesse provoque l’agression

    La direction syndicale clame que des concessions aux travailleurs ont été faites durant les négociations pour le Pacte des Générations. Ces concessions sont utilisées pour arrêter toute action. Après quoi, le 15 décembre, le Parlement pourra approuver le Pacte des Générations.

    Mais les attaques que les travailleurs doivent subir sur leurs salaires, leurs conditions de travail, les prépensions,… ne seront pas finies pour autant! Maintenant que la direction syndicale bat en retraite, gouvernement et patronat vont être plus confiants pour leurs prochains projets d’austérité.

    Au récent congrès du VLD, un deuxième Pacte des Générations a été annoncé, une rumeur déjà entendue dans les milieux proches du SP.a. Le Fond Monétaire International a écrit dans son rapport sur la Belgique que le Pacte des Générations, bien qu’allant dans le bon sens, ne va pas assez loin. Le FMI propose, par exemple, de s’attaquer à l’index, ce que la Banque Nationale approuve au point d’en avoir averti la presse cette semaine. Le gouverneur de la BN propose de conclure pour cela un «Pacte de Compétitivité». Gouvernement et patronat préparent ainsi dès maintenant les prochains pactes contre les travailleurs et leurs familles.

    Ils sont aidés en cela par le refus des directions syndicales de transformer l’énorme combativité à la base en un plan d’action sérieux pour en finir avec le Pacte des Générations. En lieu et place d’un tel plan, ce sont des actions régionales et sectorielles qui sont mises en avant, pour que le mouvement aille vers la défaite en ordre dispersé. C’est un scénario d’atterrissage, pas un plan d’action. L’enthousiasme pour les actions du 8 décembre est donc assez limité dans bien des secteurs. Néanmoins, cette occasion peut être utilisée pour faire entendre plus largement la nécessité d’un plan d’action sérieux.

    6,4% des travailleurs sont pauvres

    Récemment, l’Université d’Anvers a publié une étude (Annuaire sur la Pauvreté et l’Exclusion Sociale) selon laquelle 15,2% des Belges étaient pauvres en 2003, chiffre allant jusqu’à 22,6% pour les plus de 65 ans. Même parmi les gens qui travaillent, 6,4% sont pauvres.

    C’est la conséquence de la flexibilité accrue et des boulots à bas salaire. Si le gouvernement parle aujourd’hui de création d’emplois pour les jeunes, ce n’est que pour offrir de nouveaux cadeaux au patronat sous forme d’attaques sur les salaires directs et indirects.

    Selon cette étude, l’augmentation de la pauvreté est renforcée, entre autres, par le manque de logements sociaux, mais aussi par la libéralisation du marché de l’énergie.

    Le désespoir mène à des solutions individuelles

    Face à l’échec du rejet collectif des attaques sur les fins de carrières, un nombre croissant de travailleurs se tournent vers des solutions individuelles. Selon Fortis et Delta Lloyd, il y a actuellement trois fois plus de plans d’épargne-pension qu’il y a un an. On peut comprendre l’inquiétude de ces travailleurs, mais le meilleur moyen de s’assurer un avenir reste de lutter tous ensemble pour défendre la sécurité sociale et les pensions.

    De l’autre coté, certains travailleurs peuvent passer à des actions isolées comme lors du rassemblement du 2 décembre à Liège, où les sièges du PS et du MR ont été saccagés. Nous comprenons la rage envers les partis traditionnels, mais nous pensons qu’il est plutôt nécessaire de mener des actions collectives à grande échelle.

    Le gouvernement et le patronat ne vont pas arrêter le mouvement, malgré la direction syndicale Les attaques du gouvernement et du patronat réclamaient un plan d’action sérieux et pas les actions dispersées actuelles. Mais les tentatives de faire atterrir le mouvement ne suffiront pas à le briser durablement. Les grèves du 7 et 28 octobre ont démontré la force des travailleurs. Une unité combative à la base a répondu à la division dans les sommets syndicaux. Le président de la CSC Cortebeeck a été à deux reprises rappelé à l’ordre par sa base.

    Beaucoup de travailleurs et leurs familles en ont assez des attaques néolibérales ininterrompues. Les nouvelles attaques annoncées vont mener de nouveau à la résistance et les leçons à tirer des grèves contre le Pacte des Générations vont jouer un rôle crucial dans celle-ci. Après les mobilisations contre l’accord interprofessionnel (culminant en une manifestation de 50.000 travailleurs en décembre 2004), on ne tient de nouveau pas compte des positions des travailleurs. Le MAS pense qu’il est nécessaire de construire un réseau de syndicalistes combatifs pour éviter que la direction syndicale ne puisse encore freiner la lutte.

    Bloquer le scénario d’atterrissage par une initiative à la base

    La seule manière d’enterrer ce Pacte des Générations est d’intensifier la pression à la base. Le scénario que veut la direction, celui d’une mort lente de la grève, peut encore être évité.

    Les rassemblements du 2 décembre et la «manif de jeunes visible et originale» du 6 décembre annoncée par Cortebeek n’ont été que des manœuvres destinées à détourner l’attention. Pour beaucoup de militants, il est temps d’envoyer balader les directions syndicales et leurs actions hypocrites.

    Les grèves sectorielles d’aujourd’hui sont primordiales. A cette occasion, il faut répondre à Cortebeek, au gouvernement et au patronat par des grèves massives et une mise sous pression de la direction syndicale pour que les actions se poursuivent après le week-end.

    Le gouvernement, le patronat et Cortebeeck espèrent nous démotiver et nous faire reculer, pour que nous abandonnions tout espoir. Ils peuvent toujours se brosser ! Et même si, cette fois-ci encore, le gouvernement s’en sort, de nouvelles attaques nous attendent dans les semaines et les mois à venir, auxquelles il faudra réagir. C’est pourquoi le MAS invite à construire un réseau des syndicalistes combatifs.

    FGTB/ABVV et CSC/ACV: rompre avec les « partenaires privilégiés »

    IL FAUT UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS !

    Tous les partis traditionnels approuvent la politique actuelle d’austérité. Dans l’opposition, le CD&V et le Vlaams Belang veulent des diminutions de charges supplémentaires pour le patronat et trouvent que le Pacte des Générations ne va pas assez loin.

    Un gouvernement avec d’autres partis traditionnels va de nouveau imposer des assainissements, contre lesquelles de nouvelles actions seront nécessaires. C’est avec de telles actions que les dockers ont stoppé depuis déjà des années la libéralisation du travail dans les ports. Chaque nouvelle tentative européenne de libéralisation se heurte à leur farouche résistance. Le résultat en est que la libéralisation prévue n’est toujours pas imposée!

    Contre ces attaques à répétition, il faut un programme syndical offensif. Dans les années 1950, la FGTB mettait en avant l’idée de «réformes de structures». Pourquoi ne pas passer à l’attaque avec des revendications comme les 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires comme réponse au chômage, un impôt sur les grosses fortunes,…

    Le journal flamand De Morgen a écrit récemment que «ce gouvernement est confronté à une opposition extraparlementaire très forte, mais ce mouvement ‘de la rue et des usines’ ne reçoit pas d’écho parlementaire». Les partis au gouvernement soutiennent le Pacte des Générations, les partis d’opposition officiels trouvent qu’il faut aller plus loin. En somme, tous défendent une politique néo-libérale dont les ouvriers et leurs familles sont les victimes.

    Le MAS pense qu’il faut présenter des travailleurs aux élections. Des travailleurs qui, de par leur participation active dans les luttes contre le Pacte des Générations, soient un relais politique aux revendications du mouvement. Des réflexions à ce sujet pourraient être lancées par une conférence sur la construction d’une liste de gauche des travailleurs. Celle-ci devrait se baser sur une structure fédératrice ouverte, permettant la participation de travailleurs et de militants tant FGTB/ABVV que CSC/ACV ainsi que de forces de gauche.

    Le MAS veut populariser cette discussion et y travaille notamment avec une pétition pour un nouveau parti des travailleurs (voir : www.partidestravaileurs.be). Cette pétition est un instrument pour mener la discussion sur les lieux de travail et dans le mouvement syndical. Nous voulons ainsi proposer une orientation claire à tous ceux qui commencent à chercher un prolongement politique aux actions.

  • POUR UNE GREVE GENERALE DE 48 HEURES!

    Pas de « scénario d’extension », Mais un plan d’action …

    UN PROGRAMME OFFENSIF CONTRE LES ATTAQUES DU GOUVERNEMENT ET DES PATRONS EST NECESSAIRE

    Aussi bien la FGTB que la CSC ont rejeté le Pacte des Générations «adapté». Ils traduisent ainsi le mécontentement énorme qui vit parmi la base. Car elle est consciente que, malgré les (super)profits des entreprises, ce Pacte des générations est le premier d’une longue série. La base était désireuse d’actions dures, principalement une grève générale de 24 heures, pour retirer ce pacte. Pourtant, le soi-disant ‘plan d’action’ que les directions syndicales ont proposé est une claque dans le visage de ceux qui ont fait grève et manifesté les 7 et 28 octobre. CECI N’EST PAS UN PLAN D’ACTION, MAIS UN « SCENARIO D’EXTENSION » !

    A toutes les réunions syndicales, tant de la FGTB que de la CSC, auxquelles les militants du MAS ont participé, la volonté d’action était grande. Là où des votes ont eu lieu pour une nouvelle grève, une grande majorité était pour. Cela fut confirmé pendant la « journée d’information » du 25 novembre. L’usine Duferco avait déjà commencé à faire grève deux jours avant. La FN et quelques entreprises Liégeoises ont elles aussi débrayé spontanément à la journée d’informations. La grève ‘light’ de la FGTB chez VW-Foret fut suivie par 90% des travailleurs. Les votes sur la grève chez Beckaert et Picanol confirment cet image.

    Quand le président de l’ACV-CSC Cortebeeck déclare que la majorité n’est plus prête à faire grève, c’est carrément un mensonge !

    NEGOCIER D’ABORD…

    Selon Cortebeek, la grève du 7 octobre de la FGTB était elle aussi déjà précipitée. «Négocier d’abord, puis faire grève» était sa «stratégie». Il a mené une très chère campagne publicitaire pour casser la grève. On a pu voir ce que rapportent les «négociations». Le gouvernement a utilisé l’opportunité des négociations pour diviser et mieux régner. On a tenté de faire atterrir le mouvement par des propositions valant uniquement pour le secteur du métal, pour qui le maintien des CCT existantes jusqu’à 2010 ne se résume qu’à la garantie de la pré pension à 55 ans. Pour la chimie et la construction, les concessions avaient un impact moins réel. La soi-disant marge pour négocier sur les durées de carrière et la liste des métiers lourds s’est révélée être une boîte vide. Un contenu concret n’est jamais arrivé.

    En échange de ces concessions limitées, le patronat a reçu la soi-disant taxe nationale. Le taux d’impôts moyens pour les entreprises baisse ainsi de 34% à 26%. Ce cadeau suit les baisses de charges prévues et la diminution des contributions patronales pour les jeunes salariés (le ministre Van Velthoven a reconnu que c’était bien un cadeau pour le patronat).

    Les concessions au secteur du métal ne suffisent pas. Ce secteur a aussi intérêt à ce que le règlement sur les restructurations prévus dans le Pacte des Générations soit retiré. En plus, les secteurs moins touchés aujourd’hui seront attaqués plus fortement ensuite. Maintenant déjà, une suite au Pacte des Générations est annoncée.

    FACE A LA DIVISION AU SOMMET: L’UNITE A LA BASE

    Aux tentatives du gouvernement et du patronat pour affaiblir le mouvement en le divisant doit être répondu une unité syndicale à la base aussi grande que possible. L’enjeu est de taille. Il ne s’agit plus seulement de quelques éléments techniques dans le Pacte des Générations, mais des attaques néo-libérales continuelles sur les travailleurs et leurs familles. De plus, la position des syndicats est mise en jeu.

    … PUIS L’INFORMATION

    Cortebeek prétend qu’après les «négociations, la base doit être d’abord informée». Comme si les ouvriers ne pouvaient pas lire entre les lignes! La base sait que ce Pacte n’est qu’une première ébauche, de même que la pré pension à 58 ans doit être dégagée le plus vite possible de la vue du patronat et du gouvernement. Personne ne va choisir la pré pension en sachant qu’il/elle doit commencer ailleurs dans les 6 mois suivant. Le dernier arrivé sera par la suite le premier à être mis à la porte. Quels cadeaux du gouvernement au patronat! Avec le Pacte des Générations, le chômage des jeunes ne va cesser d’augmenter.

    LA FAIBLESSE ENTRAINE L’AGRESSION

    Les hésitations de Cortebeek n’ont pas échappé au gouvernement et au patronat. Au plus il bloque le mouvement, au plus leurs revendications sont dures. La suppression de l’index est déjà sur leur liste pendant que les licenciements se suivent et se ressemblent, Imbev en témoigne à son tour.

    LA FGTB SEULE ?

    Verboven, le patron de la FGTB, pourrait s’engager vers une grève générale. La plupart des centrales de la FGTB et certainement la base, tout comme celle de la CSC, y est favorable. L’appareil de la FGTB avertit pourtant que le syndicat n’est pas capable de refaire la grève du 7 octobre. Quand le front commun syndical se brisera à nouveau, le gouvernement fera tout pour que les blocages routiers ne puissent plus jamais se faire. On peut également faire confiance aux patrons pour qu’ils utilisent tous les moyens judiciaires mis à leur disposition…

    Par ailleurs, il est peu probable aujourd’hui que la base de la CSC suive avec autant de confiance la stratégie de démolition de sa direction. De plus, si la base de la CSC rejoint le mouvement, les blocages routiers ne sont plus nécessaires.

    SEULE UNE INITIATIVE DE LA BASE POURRA EMPECHER LA GREVE DE POURRIR

    La seule manière d’enterrer ce Pacte des Générations est d’intensifier la pression à la base. Le scénario d’une mort lente de la grève que veut la direction peut encore être évité.

    Les deux manifestations du 2 décembre et la «manif de jeunes visible et originale» du 6 décembre annoncée par Cortebeek ne sont que des manœuvres qui visent à détourner l’attention. Beaucoup de militants de base veulent envoyer balader la direction et leurs actions hypocrites. Il est néanmoins important de participer massivement à ces actions et d’y faire entendre l’appel à une grève générale de longue durée dès le 13 décembre.

    Actuellement, l’enjeu crucial est dans les grèves sectorielles du 8 décembre. A cette occasion, il faut répondre à Cortebeek, au gouvernement et au patronat par des grèves massives et une mise sous pression de la direction syndicale pour que les actions se poursuivent après le week-end.

    Le gouvernement, le patronat et Cortebeeck espèrent nous démotiver et nous faire reculer, pour que nous abandonnions tout espoir. Ils peuvent toujours se brosser ! Même si, cette fois-ci encore, le gouvernement s’en sort, de nouvelles attaques nous attendent dans les semaines et les mois à venir.

    C’est pourquoi le MAS invite à construire un réseau des syndicalistes combatifs.

    FGTB/ABVV et CSC/ACV: rompre avec les « partenaires privilégiés »

    IL FAUT UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS !

    Et si le gouvernement tombe ?

    Si après la chute du gouvernement arrive un nouveau gouvernement qui veut mener les même attaques, il faut répondre par de nouvelles actions. C’est ainsi que les dockers empêchent, depuis des années déjà, la libéralisation du travail du port. Chaque nouvelle tentative européenne de libéralisation rencontre une dure résistance. Et la libéralisation n’est toujours pas imposée!

    Face aux attaques continuelles, il faut un programme syndical offensif. Dans les années 50, les syndicats avançaient l’idée de «réformes de structures». Pourquoi n’y a-t-il pas de revendications offensives maintenant: une semaine de 32 heures sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires, une réponse au chômage des jeunes, un impôt sur la fortune…

    LA REPRESENTATION POLITIQUE?

    Le Morgen écrit : «ce gouvernement est confronté à une position extraparlementaire très forte, mais ce mouvement ‘de la rue et des usines’ ne reçoit pas d’écho parlementaire.» Les partis au gouvernement soutiennent le Pacte des Générations, les partis d’opposition officiels trouvent qu’il faut aller plus loin. En somme, tous défendent une politique néo-libérale dont les ouvriers et leurs familles sont les victimes.

    Le MAS pense qu’il faut mettre des travailleurs sur les listes des élections politiques. Des travailleurs qui, de par leur participation active dans les luttes contre le Pacte des Générations, soient un relais politique aux revendications de ce mouvement.

    Des réflexions à ce sujet peuvent être lancées via une conférence sur la construction d’une liste de gauche des travailleurs, et ce, sur base d’une structure fédératrice flexible, qui laisse assez d’espace pour des travailleurs des différents contextes (aussi bien FGTB/ABVV que CSC/ACV)

    Le MAS veut populariser cette discussion et y travaille avec une pétition pour un nouveau parti des travailleurs (voir : www.partidestravaileurs.be). Cette pétition est un instrument pour mener la discussion sur les lieux de travail et dans le mouvement syndical. Nous voulons ainsi donner une direction à la recherche d’un prolongement politique qui a commencé.

  • Face aux mensonges des médias bourgeois, les travailleurs ont besoin de leurs propres médias!

    «L’approche du papy-boom rend la réforme des pensions inéluctables» déclarait Bénédicte Vaes dans Le Soir le lendemain de la grève de la FGTB. Le même jour, La Libre Belgique titrait «La FGTB a eu tout faux.» Une semaine avant la manifestation syndicale du 28 octobre contre le soi-disant Pacte des Générations, La Libre Belgique publia un éditorial ayant pour titre: «Carrières: un rejet suicidaire».

    Tina De Greef

    Dans une tentative rageuse de soutenir la campagne du gouvernement, les médias bourgeois ont lancé une véritable offensive pour faire taire toute voix critique.

    Il est clair que les médias étaient totalement en porte-à-faux par rapport à la masse des travailleurs qui s’insurgeaient contre les projets du gouvernement. C’est le mécontentement généralisé parmi les travailleurs et leurs familles qui a forcé les directions syndicales à surmonter leur division et à organiser de nouvelles actions. L’unité à la base des syndicats a stupéfié les rédactions des télévisions, radios et quotidiens.

    En passant en revue la presse de ces derniers mois, on ne peut que constater le fossé séparant les médias des travailleurs. Après la manifestation du 28 octobre, organisations patronales et médias ont unanimement remercié les travailleurs pour n’avoir pas bloqué les routes. Si les médias ouvrent largement leurs colonnes aux points de vue des employeurs, ceux des travailleurs retiennent à peine leur attention.

    Les médias traditionnels ne défendront jamais les intérêts des travailleurs et des jeunes, ils sont un des instruments de la bourgeoisie pour convaincre «l’homme de la rue» d’idées bien précises. Ils assènent la rhétorique de la classe dominante à l’aide de statistiques soi-disant scientifiques.

    Le phénomène de concentration capitaliste des moyens de production n’a pas épargné la presse. Aujourd’hui, la majorité des titres francophones appartiennent à 3 grands groupes de presse. Il s’agit de Rossel (Le Soir, La Lanterne, La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Province), de SIPM (La Libre Belgique, La Dernière Heure) et de Vers l’Avenir (L’Avenir du Luxembourg, Le Jour, Le Courrier de l’Escaut, Le Rappel). Si le phénomène de concentration est moins prononcé qu’en Flandre, il faut signaler que chacun des groupes ci-dessus jouit d’un quasi-monopole régional.

    Le MAS veut offrir aux travailleurs et aux jeunes un média qui leur soit propre et qui rende compte de ce qui vit dans la société. Nous le faisons via notre site sur internet (www.socialisme.be) et ce mensuel (Alternative socialiste). De cette manière, on avance un programme qui peut aider les mouvements sociaux à aller de l’avant.

  • La base le demande: un plan d’action contre le pacte des générations!

    La mobilisation de ce 28 octobre a confirmé ce que la grève du 7 octobre laissait déjà penser: les travailleurs en ont assez de la politique du moindre mal qui les a obligé à avaler durant douze ans des plans d’austérité. L’arrogance du patronat, des politiciens et des journalistes sur le pacte des générations a toutefois obligé les appareils syndicaux à se mettre en branle. La base a prit cette opportunité pour pousser à aller encore plus de l’avant.

    Eric Byl

    Quelle surprise pour Verhofstadt et Co. Qui le pensait encore possible? En 1993 les travailleurs ont pris l’initiative eux-même contre le Plan Global. Mais cela se déroula dans le cadre de la chute de la monstrueuse caricature de socialisme à l’Est, le stalinisme, allant de pair avec une énorme offensive idéologique contre tout ce qui avait trait au socialisme et la lutte des classes. Cette période est maintenant derrière nous. La fable selon laquelle les efforts d’aujourd’hui vont assurer un meilleur avenir est décrédibilisée.

    Le gouvernement veut néanmoins appliquer son pacte des générations, pour " préparer le pays au vieillissement ". Sur ce phénomène circulent d’innombrables données. Apparemment le coût s’élèverait à 9 milliards d’euros vers 2030. Le gouvernement peut bien penser qu’on est tous des idiots, qu’on n’a rien compris à cause d’une mauvaise communication, que les syndicats ont menti,… mais on sait compter. Depuis 2000, les patrons ont reçu 23,3 milliards d’euros de diminutions de charges (voir le rapport n° 66 du Conseil National du Travail sur le financement de la sécurité sociale du 12 juillet 2005). Si le gouvernement, plutôt que de donner cet argent aux patrons, l’avait utilisé pour créer des emplois publics stables, les salaires de 155.000 travailleurs supplémentaires pendant 6 ans auraient été payés, et le problème du vieillissement pour la sécurité sociale aurait également été réglé.

    Tous les politiciens, au moins ceux qui sont représentés au parlement, sont bloqués dans une logique d’austérité néolibérale. Il n’est pas totalement exclu que le gouvernement fasse quelques concessions afin de sauver son pacte, mais cela ne peut servir qu’à diviser et à affaiblir le mouvement. Les syndicats ne peuvent pas se laisser prendre au piège. La base est claire: retrait du pacte des générations. Pour cela, il faut un plan d’actions de grèves régionales et provinciales, avec à une grève générale nationale de 48 heures, à commencer le 23 novembre quand le gouvernement va traduire son pacte en loi.

    Les syndicats vont devoir se confronter à leurs partenaires politiques "privilégiés", CD&V et CDh pour l’ACV-CSC et PS et SP.a pour la FGTB-ABVV. Le Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde a déjà appelé la FGTB à retirer ses représentants de la direction du PS et du SP.a. La délégation FGTB de Agfa appelle la FGTB à couper les liens avec le SP.a. Dans bien d’autres endroits cette même discussion est relayée. Cela supprimera un énorme frein à l’action, mais ne suffira pas. Les syndicats doivent proposer leur propre alternative au pacte des générations. En 1954 et 1956, la FGTB proposa des réformes de structure irréversibles comme alternative à la politique du patronat. C’est d’une telle alternative qu’il faut discuter aussi aujourd’hui.

    De toute façon, les travailleurs ont besoin d’un parti qui traduit leurs revendications sur le plan politique. Certains mènent un combat d’arrière-garde dans l’espoir de faire changer d’esprit le PS et le SP.a. C’est l’énième tentative honorable, mais ils se trompent. Le MAS n’est pas seul à regarder au dehors des frontières de la Belgique, et tous peuvent voir comment de nouvelles formations politiques commencent à remplir le vide à gauche. Selon nous, il faut marcher sur ce chemin ici aussi.

    Si la FGTB et la CSC lançaient une telle initiative en commun, cela aurait immédiatement un énorme impact. Pour stimuler ce débat, le MAS a lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, à coté de la construction d’un réseau syndical. Un tel parti serait évidemment un reflet de la conscience générale du mouvement ouvrier. Un programme socialiste révolutionnaire comme celui du MAS ne pourrait en ce moment qu’en toucher une minorité. Un tel parti serait toutefois un forum pour l’action et le débat politique, et vu que la conscience politique est formée d’actions, cela pourrait élargir considérablement l’intérêt envers notre programme. Un nouveau parti des travailleurs répond aux besoins actuels des travailleurs et de leurs familles. Contrairement à ce que colportent certains, ce n’est pas un concurrent pour les organisations socialistes révolutionnaires existantes, mais justement un instrument qui peut nous offrir l’audience qui nous a manqué durant des années.

  • La France s’embrase, et la révolte ne s’éteint pas

    Tout commença le 28 octobre, quand deux jeunes de Clichy sont morts électrocutés après s’être réfugiés près d’un générateur électrique. Les circonstances de la mort de ces jeunes restent encore floues. Selon la famille et les amis de Bouna T., 15 ans, et Zyed B., 17 ans, ceux-ci revenaient tranquillement d’une partie de foot… Ils ont eu droit à un contrôle de police et ont prit la fuite. Les contrôles d’identité sous forme de descente de polices sont les privilèges des habitants d’une cité! Les familles ont donc porté plainte pour «non assistance à personne en danger», la justice doit maintenant trancher….

    Karim Brikci

    Quelle que soit la décision de la justice, ce drame révèle au grand jour la situation réelle dans les cités et la réponse donnée par le gouvernement français. En effet, depuis la mort de ces 2 jeunes, Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, multiplie les insultes contre les jeunes de quartier. Ceux-ci sont pour lui des "voyous", des "racailles". Les cités sont à "nettoyer au Kärcher", dixit M. Sarkozy…

    Même les syndicats de police se sont opposés aux propos de Sarkozy. Celui-ci ne fait que renforcer sa politique répressive dans les cités, envenimant la situation de jour en jour. Dans les quartiers les plus difficiles, il a d’ailleurs décidé d’installer 17 compagnies de CRS et 7 escadrons de gendarmerie de manière permanente.

    Après cette montée de violence dans certains quartiers, il est clair que chaque provocation de la police, chaque propos de Sarkozy va mettre de l’huile sur le feu. Des CRS ont récemment lancé une grenade lacrymogène dans une mosquée tandis que plusieurs jeunes ont été mis en prison pour «dégradations de biens publics». Cela n’aura certainement pas pour effet de calmer la jeunesse des cités.

    Entre le jeudi 3 et le vendredi 4 novembre, alors que le nombre de voitures et de bâtiments incendiés ne cessait d’augmenter, le département de Seine-Saint-Denis restait le territoire le plus touché alors que des incidents sérieux avaient éclaté pour la première fois en dehors de l’Ile-de-France. Outre les véhicules privés, les émeutiers s’en prennent aux réseaux de transports, à des bâtiments publics (écoles, hôpitaux, magasins…) et à des établissements privés.

    Nous comprenons les causes qui poussent ces jeunes à saccager tout ce qui se présente à eux. Nous n’acceptons pas pour autant ces méthodes d’action. Les travailleurs et les habitants des quartiers ne doivent pas être les cibles de ces violences. Ce sont eux aussi les premières victimes du système et de la politique du gouvernement. Nous ne pouvons pas lutter efficacement contre la politique néolibérale en brûlant des voitures et des bâtiments.

    Nous pensons qu’il faut s’opposer massivement, tous unis dans la rue, à la politique antisociale et répressive du gouvernement Villepin-Sarkozy.

    Face à eux, il nous faut une réponse collective et organisée.

    C’est aux habitants des quartiers de s’organiser pour faire revenir le calme, en organisant des réunions de quartier où tous pourraient s’exprimer, en organisant des manifestations contre la provocation policière,…

    Ce n’est pas un hasard si l’ensemble des évènements se situe dans des quartiers défavorisés (Seine-Saint-Denis, Yvelines,…). Sarkozy et Villepin ont consciemment laissé les quartiers dans la misère et l’abandon. Ce sont eux les responsables du fort taux de chômage, du manque de logements décents, de la fermeture de bureaux de poste ou de lignes de bus, de l’augmentation du coût de la vie… La colère des habitants de ces quartiers est normale et justifiée. C’est une colère contre un système qui crée la misère, l’exclusion et la violence.

    Un sondage récent de «Libération» montre que 3 français sur 4 se disent anticapitalistes. Une alternative au capitalisme est clairement et largement recherchée dans la population. Nous pensons que nous avons aujourd’hui besoin d’un parti de combat des travailleurs et des jeunes qui unifiera nos revendications, organisera notre lutte contre le capitalisme et contre la misère, le racisme et l’exclusion qu’il entraîne. Le MAS ainsi que la Gauche Révolutionnaire (section sœur du MAS en France) lutte pour un tel parti. Rejoins nous !

  • Pour un nouveau parti des travailleurs

    Pour une FGTB indépendante du PS/SP.a Pour une CSC indépendante du CDH/CD&V

    La grève du 7 octobre de la FGTB visait clairement les partis sociaux-démocrates et la ministre Freya Van den Bossche, à la base de l’attaque sur les prépensions. Mais la CSC va vite comprendre que les programmes socio-économiques du CD&V et du CDH approuvent les attaques actuelles et considèrent même quelles ne vont pas assez loin. En fait, à quelques nuances près, tous les partis présents au Parlement ont le même agenda néolibéral.

    Geert Cool

    Les dirigeants syndicaux doi-vent considérer le fait qu’aucun parti traditionnel ne défend leurs revendications. Un sondage démontre que 75% des Flamands sont contre la position du gouver-nement dans le débat sur les fins de carrière, alors que l’opposition officielle rejoins Verhofstadt sur ce point. Aucun parti traditionnel ne prend en compte les 75% qui s’opposent aux points de vue de Verhofstadt & Cie.

    Les actions contre les proposi-tions du gouvernement ont besoin dès maintenant d’un prolon-gement politique. Il est possible de foutre le gouvernement dehors grâce à des grèves, mais alors se pose la question de savoir quelle alternative mettre en avant!

    Les appareils syndicaux sont aujourd’hui pieds et poings liés aux sociaux-démocrates (FGTB) et aux sociaux-chrétiens (CSC), qui sont de loyaux exécuteurs du programme du patronat. Les mili-tants syndicaux ont besoin d’un parti complètement indépendant du patronat qui défend leurs intérêts.

    Sur toute une série de piquets de grève, les liens entre la FGTB et le PS étaient clairement remis en cause. A un meeting de la FGTB dans le Sud de la Flandre orien-tale, le secrétaire régional a même déclaré que les liens entre le syndi-cat et le parti devaient être redis-cutés.

    En Allemagne, des responsa-bles syndicaux ont pris l’initiative de créer le WASG (Alternative électorale pour l’Emploi et la Jus-tice sociale) qui a réalisé un très bon score aux récentes élections sur les listes du Linkspartei (Parti de Gauche) dont le succès (8,7%) démontre qu’un program-me d’opposition au néolibéralis-me jouit d’un large soutien.

    Nous pensons que ce potentiel existe aussi en Belgique. Le MAS appelle à la création d’une telle alternative. Mais en même temps, le MAS lutte pour un programme de transformation socialiste de la société, pour une production orientée vers les besoins de tous et non pour les bénéfices de quelques-uns.

    Fin octobre – début novembre, nous organisons des meetings dans différentes villes sur le po-tentiel qui existe pour la création d’un nouveau parti des tra-vailleurs, avec la participation entre autres d’un conseiller communal de notre organisation-sœur en Allemagne. Vous trouverez toutes les informations à ce sujet sur notre site internet.

    Rejoignez le MAS

    Le MAS a participé à la grève du 7 octobre et distribua un tract de mobilisation la semaine précédant les actions ainsi qu’un autre le jour même. Les réactions à propos de notre matériel étaient chaque fois très positives. Le 7 octobre, 120 de nos militants ont soutenus les piquets et nous avons vendus 200 exemplaires de notre mensuel. Les nombreuses discussions qui ont eu lieu sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs montrent que cette question vit clairement parmi les travailleurs. En attendant le développement d’un nouveau parti, ne restez pas les bras croisés à regarder. Rejoignez le Mouvement pour une Alternative Socialiste!

  • Flambée des prix du pétrole. Précarité pour les uns, juteux bénéfices pour les autres

    Il y a un an, ceux qui osaient miser sur un baril à 70 dollars pour l’année 2005 étaient presque considérés comme des fous. Maintenant, même les économistes bourgeois n’hésitent plus à évoquer un « troisième choc pétrolier » et parlent d’un baril à 80 dollars – l’équivalent en dollar d’aujourd’hui du record établi lors du deuxième choc, en 1979- comme une perspective à court terme relativement probable. Depuis l’intervention impérialiste en Irak, les pics historiques n’ont fait que se succéder à un rythme presque ininterrompu : en deux ans, le prix du baril a été multiplié par 2,5. Les travailleurs trinquent, les multinationales pétrolières comptent leurs sous.

    Cédric Gérôme

    Anarchie capitaliste ou planification socialiste?

    Sous le capitalisme, la recherche du profit à tout prix et l’absence d’une planification ordonnée de la production entraînent inévitablement un manque total de stratégie à long terme. Depuis 1950, l’utilisation du pétrole brut est en augmentation de 57%. Certains experts estiment qu’une augmentation similaire est à prévoir pour les 25 prochaines années, et pourrait atteindre les 121 millions de barils par jour (contre 77 aujourd’hui) à l’ombre de 2030. Cette énergie fossile est certes indispensable, mais la manière dont elle utilisée relève de l’anarchie la plus aberrante.

    Un simple exemple: le manque d’investissements publics dans les transports en commun et les politiques d’aménagement du territoire poussent les gens à privilégier la voiture comme mode de transport ; or, une même dépense d’énergie permet à un voyageur de parcourir une distance 11 fois plus grande en tram qu’en voiture… De même, les bilans des marées noires de l’Erika et du Prestige ont encore démontré à quel point, dans une logique capitaliste, la gestion des matières premières et des ressources énergétiques est totalement irresponsable.

    Un cocktail explosif

    Aujourd’hui, l’instabilité politique mondiale fait peser de lourdes craintes quant aux possibilités d’approvisionnement, d’autant que le manque d’investissements dans le raffinage ces 25 dernières années ne saurait faire face à une demande qui ne fléchit pas. Depuis plusieurs années en effet, les compagnies extraient davantage de pétrole qu’elles n’en raffinent. Ce coktail crée une envolée vertigineuse des prix du pétrole. La seule “issue” à cette situation nous semble être…une profonde récession entraînant une chute de la demande de pétrole. Car une augmentation sensible de l’offre, qui rétablirait l’équilibre des prix, est hautement improbable, les producteurs d’or noir n’ayant pas de réserves inemployées, toutes leurs capacités tournant pratiquement à plein régime.

    En dépit des nombreuses déclarations de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui fournit 40% des réserves de pétrole brut mondial) concernant un relèvement de ses quotas de production, ses capacités excédentaires sont limitées. Elle produit déjà à son niveau le plus haut depuis 26 ans, et ce ne sont pas ses maigres offres supplémentaires qui vont significativement inverser la tendance. La découverte de nouveaux gisements est quant à elle de plus en plus rare. Au point qu’une véritable course aux réserves est en train de s’engager; plus globalement, les approvisionnements en énergie deviennent un nouveau terrain de confrontation entre les grandes puissances. Cela est notamment illustré par la véritable guerre que se mène la Chine et le Japon pour le contrôle du pétrole russe.

    L’Irak : la quête d’un nouvel eldorado

    Selon les plans de l’administration Bush, le pillage et le contrôle des ressources pétrolières de l’Irak était sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas. Mauvais calcul. Avant l’entrée des troupes américaines dans le pays, l’Irak exportait plus de deux millions de barils par jour. En comparaison, les exportations étaient déjà réduites à une moyenne de 1,5 millions de barils par jour pour l’année 2004. Aujourd’hui, le niveau de la production est toujours plus bas que celui d’avant-guerre, pour cause du chaos qui règne dans le pays et des attaques régulières sur les infrastructures pétrolières.

    Cet effondrement des exportations pétrolières de l’Irak, cumulé à l’accroissement de l’instabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient – région qui regorge deux tiers des ressources pétrolières mondiales- semble être la cause première de la flambée des prix du brut. A cela se rajoutent d’autres facteurs, qui s’influencent mutuellement : forte demande de la Chine et de l’Inde, spéculation intense sur les marchés financiers, tensions politiques dans d’autres pays producteurs (Nigéria, Vénéuela…). En ce sens, le récent cyclone Katrina n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu. Environ 91,7 % de la production quotidienne de la région, soit 1,38 million de barils par jour, a été interrompue. L’arrivée de Katrina a contraint à la fermeture un grand nombre d’installations du Golfe du Mexique, où se concentrent un quart des infrastructures pétrolières des États-Unis.

    Des bénéfices affolants

    Mais tous ces phénomènes ne doivent pas nous faire oublier la toile de fond sur laquelle ils s’opèrent : la crise mondiale du capitalisme, à travers laquelle se meut une poignée de multinationales qui profitent de leur mainmise sur cette ressource énergétique de première importance pour imposer leurs conditions et surtout leurs prix à l’ensemble de la planète. “Le Soir” du 8 septembre titrait: “Des bénéfices affolants”. C’est le moins que l’on puisse dire: les 5 plus grosses multinationales pétrolières ont réalisé un bénéfice net cumulé de 43,47 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2005, une augmentation de 30% par rapport à l’année dernière. “En tant qu’actionnaire, cela ne me dérange pas, mais je plains bien entendu les ménages modestes qui doivent encaisser la facture du mazout cher”, commentait Albert Frère, actionnaire chez Total. On le remerciera au passage pour cette belle démonstration de compassion.

    Les travailleurs paient la note

    Au-delà de l’augmentation du prix à la pompe et du mazout de chauffage, les prix élevés du pétrole entraîne une augmentation des coûts de production, qui mine la rentabilité des entreprises. Cela fournit de nouveaux prétextes aux entreprises pour licencier et stimule de surcroît une augmentation générale des prix, qui frappe les travailleurs de plein fouet.

    Le MAS exige:

    > la réaffectation des recettes pétrolières dans les secteurs prioritaires tel que l’enseignement, les soins de santé, le logement.

    > l’abolition de la TVA sur le mazout et sur les autres sources de chauffage, le gel immédiat des prix

    > le retour du carburant dans l’index

    > la nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle ouvrier, ce qui permettrait aussi de mettre la main sur tout les brevets d’énergies alternative accaparés par les multinationales.

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