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  • 1-3 décembre: Congrès national du MAS/LSP

    Du 1er au 3 décembre, le Congrès bisannuel du MAS/LSP aura lieu à la côte belge. Ce Congrès se déroulera au beau milieu du lancement d’une alternative politique face à la politique de casse sociale des partis traditionnels.

    Karel Mortier

    Il y a maintenant 12 ans, notre organisation a entammé la lutte pour un nouveau parti des travailleurs. Avec le CAP (Comité pour une Autre Politique), cette nécéssité se concrétise peu à peu.

    Le but d’un Congrès est, sur base de discussions sur la situation politique et sur le bilan du travail de notre parti, de déterminer les perspectives et priorités pour la période à venir.

    Le Congrès devra se préparer à ce défi fait de dangers à éviter et d’occasions à saisir. Deux textes serviront de point de base à la discussion: un texte sur les perspectives politiques et un texte sur le travail du MAS/LSP, textes qui seront en premier lieu discutés en sections. Nos sections se réunissent chaque semaine et sont ouvertes pour tous les membres, c’est le coeur de notre parti, celui duquel partiront les amendements aux textes de discussion. En outre, les sections éliront leurs délégué(s) pour le Congrès. Bien que celui-ci est ouvert à tous les membres, seuls les représentants des sections y ont le droit de vote sur les textes et les amendements.

    Lors du Congrès National, une nouvelle direction sera également élue: le Comité National (CN). Le CN est responsable de la direction politique ainsi que du développement de l’organisation entre deux Congrès. Au sein du CN, une direction quotidienne sera élue : le Bureau Exécutif (BE).

    Notre organisation fonctionne selon le principe du centralisme démocratique. Cela signifie le plus d’espace possible pour la discussion interne sur les positions politiques et activités du parti, mais avec une discipline stricte sur l’exécution de ceux-ci une fois adoptés. Bien évidemment, la possibilité de revenir sur ces décisions est toujours présente.

    Un Congrès National est un événement politique très important pour notre organisation. Contrairement aux autres partis, la présence de nos membres est importante. Ils ne sont pas mobilisés pour servir de machine à applaudissements pour quelques têtes médiatiques. Nos membres sont activement impliqués dans l’élaboration de nos points de vue et perspectives.

    L’engagement de nos membres et les discussions dans les sections ainsi qu’au Congrès constituent la base afin d’arriver à une bonne évaluation pour mettre en avant de correctes perspectives pour la période à venir.

    Le MAS/LSP juge dès lors qu’il est primordial que les sections prêtent le plus d’attention possible aux discussions pour se préparer au Congrès.

    Les présidents de sections fournissent les textes aux membres. Après le Congrès, le texte de perspectives politique sera publié.

  • Un pas important a été posé vers un nouveau parti des travailleurs

    2810: entre 500 et 600 participants

    La conférence du mouvement des anciens parlementaires SP.a Jef Sleeckx et Lode Van Outrive ce 28 octobre est donc derrière nous. Ainsi un cap important est dépassé dans la construction d’un futur nouveau parti de gauche qui respecte la diversité du mouvement ouvrier et puisse parallèlement servir d’organe de lutte dans lequel s’uniront nos forces. La conférence a, à notre avis, illustré le potentiel d’une telle formation, mais nous a également forcé à regarder la réalité en face. Le 28 octobre a été une impulsion importante et prometteuse, mais rien n’est certainement encore gagné.

    Eric Byl

    Quelle réponse à l’absence d’une représentation politique?

    L’Alternative Socialiste n’a pas pour habitude de tromper le lecteur avec des rapports euphoriques, incorrects où unilatéraux. Il n’y a pas de place ici pour un journalisme de complaisance, pour des rapports « diplomatiques » où tous les dangers et problèmes sont enlevés chirurgicalement afin de n’effrayer personne. Nous invitons au contraire le lecteur à regarder avec nous les coulisses pour juger par lui-même.

    Depuis que la social-démocratie a abandonné son approbation du socialisme du bout des lèvres pour embrasser publiquement les principes du Marché « libre » et est ainsi devenue le principal acteur de la politique néo-libérale, une polémique fait rage dans la gauche sur la manière dont le mouvement ouvrier peut être représenté. L’absence d’une telle représentation permet d’ailleurs de comprendre pourquoi les syndicats n’ont pas de réponse à la « libéralisation » du marché, à la privatisation des anciens services publics, aux fermetures d’entreprises et restructurations,… Cela explique également pourquoi des travailleurs se prononcent parfois en faveur de privatisations (des prisons par exemple), ou se laissent entraîner dans la logique de division du racisme. En bref, et donc caricaturalement, mais le plus correctement possible cependant: le MAS, dans cette discussion, plaide pour un nouveau parti des travailleurs, le POS pour un regroupement de la gauche basé sur les “nouveaux mouvements sociaux”, le PTB estime être lui-même le nouveau parti des travailleurs et le Vonk (qui n’existe qu’en Flandre) trouve qu’il vaut mieux s’enterrer dans le SP.a en attendant que les travailleurs le rejoignent massivement.

    La lutte contre le Pacte des Générations a transformé cette discussion entre “spécialistes” en débat public. Le Vonk a dès lors lancé son front SP.a-Rood, le PTB s’en tient – dans l’idée que le nouveau parti des travailleurs existe depuis longtemps – au Mouvement du 15 décembre, un “courant d’opposition” dans l’appareil syndical, le MAS et le POS font partie du mouvement autour de Sleeckx et y défendent leurs positions respectives, très différentes en général. Les trois initiatives – SP.a-Rood, le Mouvement du 15 décembre et le Comité pour une Autre Politique (CAP)– sont toutes l’expression de l’absence d’une représentation politique des travailleurs, et ont chacune leurs petits succès timides, comme une série de listes de gauche au dernier scrutin. Le MAS pense que le CAP a de loin le plus grand potentiel pour remplir ce vide.

    Un grand succès!

    En ce sens, la conférence était un succès. Nos militants ont compté 500 participants dans la salle ; selon le comité organisateur ils étaient 600, bar, stands, couloirs et entrées inclus. Un nombre suffisant donc, et surtout un bon mélange de jeunes et de délégués syndicaux. La mobilisation n’avait pourtant pas été facile. Des mois ont été perdus faute d’arriver à un accord avec Une Autre Gauche (UAG) sur le contenu et la date de la conférence. Nous n’avons ainsi pas su pleinement profiter début août de l’attention de la presse. Le matériel de mobilisation, le site et surtout les réponses aux centaines d’e-mail ont aussi bien trop tardé.

    Heureusement, le MAS a repris une partie du travail et a mené sa campagne électorale dans le cadre du 28 octobre, à tel point qu’un journaliste a écrit à notre propos « il semble que pour le MAS le 28 octobre est plus important que le 8 octobre” (date des élections communales). Nous déplorons que d’autres courants au sein du CAP et d’UAG n’ont pas eu la même approche, surtout pour prendre après une attitude condescendante au vu de notre modeste résultat électoral. Résultat: 200 membres et environ 150 sympathisants et collègues de membres du MAS ont participé à la conférence. C’était aisément remarquable aux stands, au bar, aux sandwiches, à l’équipe de préparation et de nettoyage, mais malheureusement pas au nombre d’orateurs.

    Deux tendances

    Il est apparu toute la journée que deux tendances menaient un dialogue de sourds. D’une part, des expériences concrètes au sein des lieux de travail et des syndicats et des propositions de travail envers les jeunes, d’autre part des considérations académiques et techniques, des rêveries intellectuelles, de la confusion et du radotage. Ici et là, des speechs combatifs mais un peu sur le mode “écoute mes paroles, ne regarde pas mes actes”.

    C’est évidemment inévitable à ce stade du mouvement. Le nouveau mouvement attirera au début toutes sortes de gens qui n’ont nulle part d’autre où aller. Nous espérons qu’au fur et à mesure que le mouvement s’agrandira, leur impact diminuera. Résultat: dans la plupart des groupes de travail, la discussion sur les lignes de force programmatiques a été noyée par une quantité inutile de considérations techniques et académiques.

    La discussion n’a d’ailleurs pas été facilitée par la manière rigide dont toute controverse a été évitée. Le défi était grand, personne ne voulait faire éclater la conférence, et certainement pas le MAS/LSP. Mais s’il fallait pour cela éliminer toute discussion sur le programme et les structures, nous osons remettre le déroulement de la conférence en question.

    Evidemment, nous ne voulions pas d’une guerre ouverte et nous savions qu’il fallait mettre de l’eau dans notre vin. Nous ne voulions pas voter contre où même nous abstenir avec un bloc pouvant aller de 200 à 350 participants, cela aurait probablement signifié la fin du mouvement. D’où notre accord sur une résolution de compromis.

    Participation aux élections de 2007

    Le MAS-LSP voulait discuter d’un slogan central par groupe de travail et le soumettre ensuite au vote à la conférence pour élaborer un squelette de programme. Nous n’avons pas réussi à convaincre les autres et ce sont finalement des formules générales pouvant partir dans tout les sens qui sont issues des groupes de travail. Heureusement l’ambition de participer aux élections fédérales a été retenue malgré l’opposition d’individus d’UAG et du CAP. Finalement, nous avons dû accepter qu’UAG et le CAP se prononcent pour continuer à collaborer ensemble.

    Nos lecteurs savent que le MAS/LSP ne veut plus participer en Belgique francophone à UAG et veut y construire le CAP. Les divergences avec UAG concernent l’orientation de celle-ci, ses structures et sa vision de la collaboration avec le CAP. La résolution nous laisse néanmoins suffisamment d’espace pour construire le CAP dans la partie francophone du pays. Nous sommes convaincus que si UAG ne change pas ses méthodes de travail, la mort guette ce groupe. Pour l’instant, rien n’indique qu’UAG soit préparée à un tel changement.

    La concession la plus importante faite par le MAS/LSP a été d’accepter que le 28 octobre ne marque pas la fin du CAP et d’UAG et le début d’un nouveau mouvement qui élirait à la conférence une direction représentative, comme convenu à l’origine au sein du CAP. Le secrétariat d’UAG continue donc à exister, tout comme la direction « provisoire » du CAP. Ce 6 novembre, une direction ouverte commune doit évaluer la conférence et “former” une nouvelle direction. Une occasion a été ratée de donner une réelle capacité de participer aux personnes présentes.

    Mais cette conférence a finalement été un succès: le potentiel existe, le mouvement se construira, participera normalement aux élections et se dirige en principe vers un congrès démocratique, sans qu’hélas une date ne soit retenue. Jusque là, nous n’aurons ni structure démocratique, ni programme, ni même de lignes directrices ni de direction.

    Globalement c’était un rassemblement intéressant, inspirant confiance, mais la participation de travailleurs, pourtant présents en nombre, a malheureusement été fortement limitée, ce qui a fait dominer les discours intellectuels.

  • Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij a 5 ans

    Il y a 5 ans, le Militant / Militant Links a changé son nom en Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij. L’orientation en Flandre essentiellement, voulait répondre au vide politique dû au virage à droite du SP.a, qui défendait ouvertement les intérêts du patronat. Du côté francophone ce vide existait aussi, mais dans une moindre mesure. Etant donné que nos forces du côté francophone étaient moins grandes, le nom de Mouvement pour une Alternative Socialiste a été choisi.

    Els Deschoemacker

    La volonté était de dépasser l’image d’un “groupe d’action” liée au nom ‘Militant’. Ce nom était adapté à la période suivant la chute du Mur de Berlin, alors que les idées socialistes étaient en position défensive. Toutes les organisations de gauche ont dû durant cette période essayer de préserver leurs forces et de trouver un soutien parmi la petite minorité de ceux qui s’opposaient encore au système.

    Nous voulions nous donner un profil clairement socialiste. Durant ces 5 dernières années, notre organisation a bien renforcé ses rangs: nous avons doublé le nombre de nos membres et triplé celui de nos sections et la balance entre néerlandophones et francophones est plus équilibrée avec un tiers des membres qui sont francophones. Le MAS/LSP a des sections dans 18 villes en Flandres, ainsi qu’à Bruxelles et en Wallonie (avec parfois plusieurs sections par ville).

    Mais cette évolution n’est pas uniquement quantitative, elle est également qualitative : ces 5 dernières années, notre organisation est devenue plus active sur le terrain syndical. Avec notre intervention dans le mouvement contre le Pacte des Générations et le lancement du Comité pour Une Autre Politique, il devient désormais difficile de continuer à dire que le MAS/LSP est un groupe d’étudiants…

    Les contradictions entre riches et pauvres comme conséquence de la globalisation néolibérale devraient mener à une remontée des luttes et au développement d’une conscience de classe liée à celles-ci. La nécessité d’un programme socialiste et d’un parti des travailleurs apparaîtra plus clairement dans les actions.

    Nous allons faire de notre mieux pour construire un nouveau parti des travailleurs en Belgique. Nous n’avons pas l’intention de nous taire sur la nécessité d’un changement socialiste de la société. Nous allons continuer à faire le lien entre des revendications concernant la vie quotidienne et la nécessité d’une alternative socialiste.

    Nous sommes d’avis qu’il n’existe pas d’autres alternatives. Le socialisme n’est pas une utopie ou une théorie sans conséquences pratiques. C’est une réponse concrète aux problèmes avec lesquels les travailleurs et leurs familles sont confrontés dans la vie de tout les jours.

  • Pour un nouveau parti des travailleurs. Mais… Quel type de parti et avec quel programme?

    Pour un nouveau parti des travailleurs. Mais…

    Le 28 octobre se déroulera la conférence nationale du Comité pour une Autre Politique, première occasion sérieuse en Belgique pour préparer le lancement d’un nouvelle formation large qui peut et doit avoir pour ambition de réunir des milliers, et peut-être des dizaines de milliers, de salariés, de chômeurs, de jeunes et de seniors, belges ou immigrés afin d’engager la lutte contre la politique néolibérale.

    Peter Delsing

    Qu’est-ce qu’un nouveau parti des travailleurs?

    Dans le passé, une couche importante de salariés a longtemps considéré les partis socialistes comme des instruments capables d’améliorer leurs conditions de vie. Le système de sécurité sociale, avec le droit à l’allocation de chômage, les pensions, les soins de santé,… a été considéré comme le résultat de l’action de ces partis, même si c’était principalement les luttes des salariés qui avaient obligé les patrons à faire ces concessions.

    La direction des partis socialistes est bien sûr depuis longtemps principalement dans les mains des carriéristes – un siège bien payé au parlement : oui ; une lutte active pour une autre société : non – mais des dizaines de milliers de salariés partout en Belgique, et des centaines dans chaque ville ou commune, continuaient à s’engager pour une politique favorable aux travailleurs à travers ces partis.

    Voilà pourquoi le groupe qui a donné naissance au MAS était jusqu’au début des années ‘90 actif au sein du SP.a et du PS. Nous ne voulions pas nous mettre en dehors du mouvement et des organisations traditionnelles de masse. Nous voulions entrer en dialogue avec des couches plus larges de salariés sur ce que signifie concrètement une société socialiste et sur les moyens à employer pour transformer la société.

    Depuis la participation du SP.a et du PS aux gouvernements de casse sociale, à partir de 1987, cette situation a complètement changé. Et, depuis le début des années ’90, après l’effondrement des régimes staliniens en URSS et en Europe de l’Est, les dirigeants des PS se sont totalement ralliés au marché et au néolibéralisme triomphants.

    Les salariés ont donc pris leurs distances avec ces partis. lls ont été remplacés par de plus en plus de hauts diplômés et d’‘intellectuels’, pour qui, faire carrière était le premier souci et qui ont complètement pris en main l’appareil du parti. Et le Vlaams Belang, puis le Front National, des partis pourtant dirigés contre les travailleurs et qui soutiennent entièrement le capitalisme, ont commencé à obtenir des scores électoraux de plus en plus élevés dans les anciens ‘bastions rouges’.

    Aujourd’hui, il n’existe plus de grand parti pour les travailleurs et la jeunesse. Il n’y a plus que des machines électorales. Il y a un an, lors les grèves contre le Pacte des Générations, le clivage s’est encore approfondi entre la base syndicale et les partis qui relayaient traditionnellement une partie des revendications syndicales. C’est particulièrement net en Flandre où le SP.a a évolué très vite et très loin vers le libéralisme tandis que le CD&V est tout aussi à droite que les libéraux et presqu’aussi nationaliste que le VB. Du côté francophone, même si le PS et le CDH ne vont pas aussi loin dans cette direction, la tendance générale est pourtant la même.

    Le MAS a répété depuis 1995 que les remous dans la base syndicale mettraient inévitablement la question d’un nouveau parti à l’ordre du jour. Car nous – syndicalistes, travailleurs, locataires, étudiants,… – avons tous besoin d’un endroit où nous pouvons discuter des luttes, échanger les expériences, élaborer nos stratégies d’action, préparer notre programme,… en toute indépendance face aux patrons, à leurs partis et à leur presse.

    Sans organisation pour nous défendre et sans parti pour nous représenter, nous sommes simplement du matériel pour l’exploitation capitaliste. De la même manière que les travailleurs au 19e siècle ont compris que les syndicats n’étaient pas suffisants pour se défendre contre la classe dominante, les travailleurs et leurs familles doivent comprendre aujourd’hui qu’ils ont à nouveau besoin de leur propre parti.

    S’orienter vers des couches plus larges

    Le MAS pense qu’un tel parti ne peut pas être la simple addition des organisations existantes de l’extrême-gauche et que son programme ne doit être ni à tout prix ‘anticapitaliste’ dès sa naissance ni imposé d’en haut, sans avoir pris le temps de mener des discussions suffisantes avec des couches plus larges de salariés et de jeunes.

    La base pour un nouveau parti est, aujourd’hui, la résistance contre la politique néolibérale. Etre contre la casse de la sécurité sociale, de nos salaires et de nos contrats, contre la casse des services publics et les privatisations, contre les divisions sur base de la langue, de la région, de la nationalité ou du sexe est une base suffisante pour rassembler les organisations de gauche et des couches plus larges de travailleurs et de jeunes. Un programme minimum peut alors être élaboré sur lequel tout le monde peut se retrouver.

    Une élaboration plus complète du programme devra être le résultat de discussions avec ces couches nouvelles de travailleurs et de jeunes qui peuvent devenir actifs dans cette nouvelle formation.

    Pourquoi un programme est-il si important?

    Cette nouvelle initiative servira donc d’abord à exprimer haut et fort ce que nous refusons. Mais ce n’est pas suffisant. Nous devrons aussi élaborer une alternative positive, un programme réel avec des revendications concrètes. Cela ne sera possible que si Une Autre Politique se base sur la démocratie interne la plus large en respectant les différentes identités politiques présentes.

    Dans les nouvelles couches qui entrent en action et qui ont peu d’expérience avec des organisations syndicales et politiques, la crainte que surgissent des ‘divisions’ dans un nouveau parti peut se développer très vite. Mais les travailleurs et les jeunes peuvent comprendre qu’un programme minimum n’est pas suffisant et qu’en chaque lutte – même pour nos intérêts les plus directs – se pose la nécessité d’une analyse plus élaborée de la société. Pourquoi le capitalisme est-il en crise ? Quelle est l’alternative ? Comment la faire triompher ?

    Un programme élaboré ne peut se réaliser que sur base d’expériences communes et de nombreuses discussions démocratiques. Ceci ne peut se faire si l’identité politique des individus et des groupes qui participent n’est pas respectée. Selon nous, cela implique le droit pour ces divers groupes de présenter leurs idées et de travailler avec leurs propres outils (journaux, sites,…) en toute liberté à l’intérieur du nouveau parti. Sans démocratie interne, sans libre expression pour les groupes et les indépendants, un nouveau parti ne peut pas devenir un parti de masse avec des membres activement impliqués.

    La question du programme est aussi importante pour une autre raison. Dès le début, une nouvelle formation se trouvera devant le choix d’accepter de travailler à l’intérieur des limites du capitalisme ou de lutter pour en finir avec ce système. L’expérience nous montre que des “nouveaux partis des travailleurs” – le Linkspartei en Allemagne, le SP aux Pays Bas, refondation Communiste en Italie – peuvent perdre très vite leur attraction ou leurs membres actifs, s’ils s’adaptent à la politique néolibérale, s’ils ne choisissent pas un vrai programme socialiste.

    Qu’est-ce qu’un programme socialiste?

    Le MAS ne veut pas imposer son programme complet comme condition pour collaborer à l’intérieur d’un nouveau parti des travailleurs. Mais nous pensons que, sur toutes les questions politiques brûlantes – l’insécurité de l’emploi, le chômage, la sécurité sociale, le racisme et la guerre -, seul un programme socialiste peut vraiment offrir une solution. La société doit être fondamentalement changée.

    Prenons le chômage. Depuis les années ’70, ce problème n’a fait que s’aggraver. Les périodes de croissance n’ont pas réussi à réduire fondamentalement le chômage. Une politique socialiste défendrait une solution collective – une diminution du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire – plutôt que la répression et la culpabilisation des chômeurs. Mais, devant chacune de nos tentatives pour conserver ou améliorer notre niveau de vie, se dresse le mur du profit et de la propriété privée capitaliste. Il est nécessaire que la communauté dispose de la richesse, ce qui ne peut s’effectuer que par l’intermédiaire de la construction d’un mouvement de masse visant à collectiviser les entreprises, les machines, les administrations,… et à les mettre sous le contrôle direct des travailleurs et des usagers.

    L’économie de marché a dépassé depuis longtemps sa date de péremption. Seule une économie collectivisée et planifiée sur base des besoins et de la volonté démocratique des travailleurs peut donner à l’humanité la chance de faire un pas décisif en avant. C’est donc à ce programme-là que nous essayerons de gagner le nouveau parti.

  • Les préparatifs de la réforme de l'Etat de 2007

    Les préparatifs de la réforme de l’Etat de 2007

    Les Flamands ont jadis mené un juste combat contre leur oppression au sein de la Belgique francophone. Le mouvement ouvrier socialiste n’y ayant accordé que peu d’attention, la voie était ouverte au mouvement ouvrier chrétien. Cette faute historique a aussi poussé le sommet du Mouvement flamand à rallier les rangs de la droite et, finalement, de l’extrême droite.

    Anja Deschoemacker

    La Flandre est aujourd’hui la région la plus riche du pays. Le mouvement flamand ne lutte plus pour une quelconque libération. Bien au contraire, il prône la manière forte pour imposer aux autres sa propre culture. Les socialistes – ceux dignes de ce nom! – ne peuvent en aucun cas soutenir ce revanchisme flamand; ils doivent aussi lutter contre ce chantage flamand qui vise à contraindre la Wallonie à mener une politique encore plus antisociale.

    Ce que les Flamands font eux-mêmes, le font-ils mieux?

    Le budget flamand se porte bien: il ne cesse d’engranger des surplus d’année en année, ce qui n’est possible qu’en imposant un taux de productivité élevé aux travailleurs flamands d’une part, en limitant drastiquement les dépenses sociales d’autre part. Dans cette Flandre qu’on décrit volontiers comme "riche" de part et d’autre de la frontière linguistique – pour s’en vanter au nord, pour la blâmer et la jalouser en même temps au sud – une maison de repos sur cinq n’a pas d’attestation de sécurité d’incendie, des centaines de bâtiments scolaires attendent depuis des années des travaux de restauration indispensables, les handicapés se morfondent sur des listes d’attente interminables pour avoir accès à des structures adaptées, …

    Dans cette Flandre "riche", le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s’élargir. Sur le site officiel de la Communauté flamande, on peut lire que quelque 13% des Flamands sont confrontés à un risque de pauvreté et que 7% végètent dans une situation de pauvreté de longue durée.

    Wallonie: des réformes de structures au Plan Marshall

    La régionalisation n’a pas davantage apporté quelque chose de bon aux travailleurs et à leurs familles en Wallonie. Du couple fédéralisme /réformes de structures (le programme de la FGTB en 1956) que défendait le mouvement wallon lorsqu’il était à son apogée sous la direction d’André Renard, il n’est vite resté que le seul fédéralisme. Depuis lors, le PS n’a cessé d’en faire son cheval de bataille. La régionalisation n’a pas pu contrer la désindustrialisation, ni le chômage et la pauvreté qui l’accompagnent.

    Aujourd’hui, le Plan Marshall néolibéral est sur les rails. Certains en Wallonie proposent même de faire baisser les salaires plus fortement qu’en Flandre. Si le PS y fait encore obstacle, il ne propose lui-même comme solution que la " modernisation " du marché du travail.

    Par "modernisation" il faut entendre dégraissage de l’emploi dans les services publics et flexibilité accrue du marché du travail par la multiplication d’emplois précaires (à temps partiel, à durée déterminée) et à bas salaires.

    Fin 2005, 8.700 personnes avaient été engagées en Wallonie via les chèques-services et ce chiffre ne cesse d’augmenter.

    Bruxelles: capitale de l’Europe et de la pauvreté

    Avec 21% de chômage (35% chez les jeunes), Bruxelles est comparable à certaines régions d’Europe de l’Est. Près des deux-tiers des chômeurs complets indemnisés sont sous-qualifiés. En septembre 2005, 69% des chômeurs étaient au chômage depuis au moins un an et 48% depuis au moins deux ans. Près de 30% des enfants bruxellois grandissent dans une famille privée de tout revenu du travail. Et tout ça n’empêche pas la politique bruxelloise d’être dominée par le rififi communautaire.

    Il faut l’unité du mouvement ouvrier en Belgique

    Le MAS/LSP ne veut pas maintenir à tout prix l’unité de la Belgique, mais l’unité des travailleurs est une nécessité absolue pour maintenir et étendre les acquis du passé.

    Les secteurs où la fédéralisation a déjà mené à l’éclatement de l’action syndicale, comme l’enseignement, ont vu se succéder les régressions et les défaites. La scission de la Centrale des Métallos de la FGTB ne présage rien de bon pour les travailleurs du secteur. Cette scission a été imposée sans tenir compte – ou si peu – de l’opinion des militants de base.Nous exigeons la fin de toutes les vexations et de toutes les mesures qui éloignent les communautés l’une de l’autre.

    • Stop aux vexations et aux mesquineries – des Francophones comme des Flamands – envers l’autre communauté à Bruxelles et dans la périphérie, mais également en Wallonie envers les Germanophones.
    • Nous exigeons l’accès de tous les services dans les diverses langues nationales là où les différentes communautés vivent ensemble et où le besoin s’en fait sentir. Nous dénonçons aussi bien les tentatives d’affaiblir le bilinguisme des services à Bruxelles au détriment des Flamands que les innombrables atteintes aux droits des francophones (et des Flamands du fait de certaines majorités francophones) dans la périphérie. Nous revendiquons des facilités pour les germanophones dans l’enseignement supérieur de la Province de Liège, mais aussi que les Francophones vivant en Communauté germanophone puissent suivre l’enseignement en français dans les infrastructures scolaires existantes.
    • Les employeurs n’ont pas à imposer des exigences linguistiques s’ils ne mettent pas la main au portefeuille. Il faut rémunérer le bilinguisme, voire le plurilinguisme, dans l’entreprise par des hausses de salaire. Si les employeurs veulent du personnel bilingue ou plurilingue, ils doivent organiser à leurs frais des cours de langue pendant les heures de travail. Les pouvoirs publics doivent organiser des cours de langue gratuits pour les chômeurs qui le souhaitent et leur accorder un salaire d’étude qui couvre le surcroît de dépenses (transport, crêche,…) que ces cours entraînent.
    • A Bruxelles, il faut mettre en oeuvre, en concertation étroite avec les habitants, un programme d’ampleur de construction de logements sociaux et de rénovation urbaine pour donner la possibilité à tous ceux qui le souhaitent de continuer à habiter dans la Région.
    • Pas de scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, pas d’élargissement des limites de Bruxelles sans garantie d’accès au travail et aux services pour tous dans sa propre langue.
    • Pour mettre en oeuvre un tel programme, il faudra dégager beaucoup plus de moyens, ce qu’aucun parti n’est prêt à faire ni d’un côté ni de l’autre. Lutter pour plus de moyens, cela signifie s’en prendre aux bénéfices de l’élite pour augmenter les salaires, les dépenses sociales, l’offre de services publics et, en fin de compte, nationaliser les secteurs clés de l’économie pour que toutes les richesses reviennent entre les mains de ceux qui les ont produites.
    • Pour y arriver, les travailleurs et leurs familles doivent construire leur propre parti, soucieux des intérêts de tous les travailleurs, indépendant de la classe dominante qui se livre au petit jeu de diviser pour mieux régner et en rupture avec tous ces partis montés sur leurs ergots communautaires.
  • Tirlemont: 200 manifestants contre la violence raciste

    Le 2 septembre, environ 200 personnes manifestaient à Tirlemont à la suite d’une nouvelle attaque raciste contre un tzigane, Peter Danyi. D’origine slovaque, il avait été attaqué par une bande de skinheads néo-nazis.

    Ken Von der Crone

    La manifestation avait été organisée dans de très brefs délais tant la colère était grande après l’agression, mais elle a été d’une ampleur relativement grande pour une petite ville comme Tirlemont.

    Après la manifestation, les orateurs clamaient qu’il faut également s’opposer au climat raciste renforcé par la politique anti-sociale. La politique locale de la coalition CD&V-VLD et la propagande du Vlaams Belang ont une grande responsabilité dans la violence. Le maire Eddy Poffé (VLD) a fait plusieurs remarques négatives sur la communauté gitane à Tirlemont et a essayé de minimaliser la violence. Les tziganes, discriminés dans leur propre pays, sont aussi en Belgique victimes du racisme.

    Le MAS/LSP n’a pas une attitude moraliste envers le racisme, mais veut combattre ses racines en s’opposant à la politique antisociale qui sème misère et division.

    Le MAS/LSP était présent à la manif pour défendre la nécessité d’une alternative politique.

  • Combien de "dimanches noirs" sont encore à venir?

    > Combattre le racisme avec une politique sociale

    > Seul un nouveau parti des travailleurs peut affaiblir le soutien à l’extrême-droite

    A la rédaction de cet article, les résultats des élections communales ne sont pas encore connus. Malgré les manœuvres techniques contre le FN, il est clair que le soutien pour des partis comme le FN ou le Vlaams Belang en Flandre et à Bruxelles augmente. Leurs scores provoqueront certainement un nouveau "dimanche noir".

    Emiel Nachtegael

    Blood&Honour Le danger des néo-nazis

    Dans le passé, le MAS et notre campagne antifasciste Blokbuster du côté flamand ont, à plusieurs reprises, averti du danger des groupes néo-nazis comme Blood&Honour. Déjà en 2004 nous avons publié une photo de Thomas Boutens de Blood&Honour, qui, dans la caserne de Leopoldsburg utilisait des armes (voir photo). Boutens est maintenant arrêté par la police après une recherche qui a mené à l’arrestation de 17 néo-nazis flamands notamment pour possession d’armes illégales.

    Beaucoup de jeunes et de travailleurs veulent s’opposer activement au racisme et à l’extrême-droite. La question est: comment s’y opposer ?

    Jusqu’ici, 2006 a été l’année de la croissance de la violence raciste. Après des années d’une politique néolibérale, la pauvreté n’a cessé d’augmenter. Une couche grandissante de la population n’a plus de liens ou de responsabilités envers cette société. Ce qui entraîne une diminution du seuil de violence, notamment raciste, perpétuée quelquefois par des groupes organisés comme Blood&Honour.

    Dans la lutte contre le racisme et l’extrême-droite, le MAS s’oppose à l’idée que les électeurs de l’extrême-droite sont responsables. Après l’attentat raciste à Anvers le 11 mai, des politiciens comme Karel De Gucht (VLD) disaient que les électeurs du Vlaams Belang étaient coresponsables de cet acte qui avait causé deux décès et un blessé après qu’un jeune fasciste ait tiré sur des immigrés dans le centre-ville.

    Incontestablement, le Vlaams Belang a ses responsabilités dans la croissance de la violence raciste du côté flamand. Mais il n’est pas seul: c’est la politique anti-sociale des partis traditionnels qui renforce le soutien à l’extrême-droite et les divisions entre Belges et immigrés. Le manque de logements sociaux, par exemple, renforce la polémique sur la question de l’accès au logement social.

    La résistance à la politique néolibérale manque d’instruments. L’extrême-droite, sans une grande base active de militants, peut se présenter comme "alternative" ou de toute façon comme "différente". Mais de quelle façon l’extrême-droite est-elle différente ? Dans les actions contre le Pacte des Générations, l’extrême-droite était absente. Au Parlement, le VB s’est abstenu lors du vote du Pacte des Générations parce qu’il ne le trouvait pas assez offenssif.

    Après le 8 octobre il est possible que dans quelques petites villes ou villages, le Vlaams Belang puisse entrer dans des coalitions. Il ne suffira pas de se plaindre ou de le reprocher aux électeurs du VB. Il nous faudra une résistance active contre la politique répressive et antisociale qui sera menée par le VB.

    Le MAS s’oppose à la politique néolibérale amenant pauvreté, chômage et misère pour la majorité de la population. L’extrême-droite n’a pas de solutions pour les victimes de ce système. Au contraire, elle se limite à la criminalisation des immigrés, ou des francophones en ce qui concerne le VB, pour ne pas s’opposer aux vrais responsables des problèmes: les patrons.

    Nous allons protester avec nos campagnes anti-fascistes, Résistance Internationale (RI) et Blokbuster, contre toute possibilité de participation au pouvoir du Vlaams Belang. Début décembre nous allons aussi manifester contre les étudiants du VB à Anvers.

    Lors de ces actions, nous aborderons la discussion sur la nécessité d’une alternative politique en réponse à la croissance du soutien à l’extrême-droite. Les néo-fascistes du NPD, en Allemagne, ont pu gagner des parlementaires à Mecklenburg-Vorpommern, mais pas à Berlin où le WASG a gagné 3% aux élections. En Suède le parti d’extrême-droite SD (Sverige-demokraterna) a gagné aux élections communales, mais pas à Haninge (Stockholm) où notre organisation-sœur suédoise a gagné deux conseillers communaux. Cela démontre l’utilité d’une opposition de gauche crédible.

    Contre le racisme et d’autres réponses individuelles, il nous faut des solutions collectives pour rediviser la richesse et non plus propager la pauvreté. Aidez-nous à construire une alternative politique pour assurer qu’il n’y ait plus jamais de dimanches noirs.

  • Le rôle d’un parti révolutionnaire, à la veille de la création d’un nouveau parti des travailleurs en Belgique

    Trotsky expliquait dans son ‘Programme de transition’ en 1938 : « La crise historique de l’humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire ». Cette phrase est tout aussi valide aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a 70 ans. Les 150 années qui nous précèdent sont jalonnées de luttes gigantesques et héroiques menées par le mouvement ouvrier et, ponctuellement, d’explosions révolutionnaires qui ont fait trembler sur ses bases le régime bourgeois.

    Dossier par Cédric Gérôme

    Quelques exemples…

    En Espagne en 1936, au lendemain du coup d’Etat des généraux franquistes, il s’est présenté une situation révolutionnaire exceptionnellement favorable, durant laquelle les travailleurs et les paysans ont contrôlé pendant un moment les ¾ du territoire espagnol.

    Durant l’immense mouvement de masse qui a traversé l’Italie en 1969 (= ‘l’automne chaud’), un banquier originaire de Milan expliquait qu’il avait testé à plusieurs reprises le meilleur moyen de s’enfuir à pied par la frontière suisse à travers les montagnes, paniqué qu’il était à l’idée que la classe ouvrière puisse prendre le pouvoir dans son pays !

    Au Portugal en 1974, le mouvement révolutionnaire était tel que le journal anglais « The Times » avait déclaré que le capitalisme était mort au Portugal…

    De nombreux autres exemples peuvent encore être cités ; cependant, malgré les nombreuses tentatives que le mouvement ouvrier a initiées durant l’histoire pour renverser le capitalisme et établir une société socialiste, cette tâche est toujours devant nous, et non derrière nous. Les raisons expliquant la capacité de la bourgeoisie à avoir pu systématiquement rétablir son autorité ne sont pas à chercher dans une faible conscience de la classe ouvrière ou dans une invincibilité des forces du capitalisme, mais bien plutôt dans la trahison, l’incapacité ou l’impréparation de la direction du mouvement ouvrier à mener à bien la tâche que lui posait l’histoire : diriger les travailleurs jusqu’à la prise du pouvoir.

    L’exemple des Bolchéviks

    A la question de savoir comment la société doit être transformée dans un sens socialiste, Lénine et les révolutionnaires russes nous ont procuré la réponse en construisant le Parti Bolshévik, qui a fourni à la classe ouvrière l’outil nécessaire pour prendre le pouvoir, et établir pour la première fois dans l’histoire un Etat ouvrier basé sur une économie planifiée. Les Bolchéviks ont fait passer la question de la révolution socialiste du domaine de l’abstraction au domaine de la réalité vivante, et ont démontré l’importance vitale d’un parti révolutionnaire pour réaliser cette tâche.

    La révolution d’octobre 1917 fut suivie d’une tempête révolutionnaire dans toute l’Europe. Mais Trostky expliquait que « Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatilise comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. » Par l’absence précisément de cylindres à piston suffisamment solides, toutes ces révolutions vont se terminer en défaites sanglantes. Ces échecs successifs vont contribuer à isoler la Russie soviétique sur le plan international, et créer les conditions pour l’avènement d’une bureaucratie totalitaire qui sera elle-même le facteur de nouvelles défaites et entachera le drapeau du socialisme pendant des décennies.

    La chute du stalinisme

    Le poids parasitaire que représentait la bureaucratie sur le développement de l’économie planifiée dans les régimes staliniens finira par précipiter leurs chutes, à la fin des années ’80-début des années ’90. En ce sens, la chute du stalinisme fut un point tournant : la période qui suivit directement le retour à l’économie de marché dans les pays de l’ex-bloc de l’Est fut marquée par un recul des luttes des travailleurs sur le plan mondial et, parallèlement, par un recul de la conscience ouvrière. Beaucoup de militants et d’organisations de gauche ont succombé à l’atsmosphère ambiante d’attaques idéologiques contre les idées socialistes, se sont mis à penser que le développement du capitalisme était relancé pour une longue période, à remettre en question la possibilité même d’une transformation socialiste de la société, ou à repousser cette tâche à un avenir lointain et indéfini.

    Au lendemain de la chute du mur de Berlin, le journal bourgeois ‘The Wall Street Journal’, reflétant au mieux l’état d’esprit des milieux d’affaires, avait en première page le titre : « We won ! » (=nous avons gagné !). Le MAS-LSP, ainsi que son organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont toujours considéré que ce triomphalisme de la part de la bourgeoisie serait de courte durée, que le capitalisme n’avait pas pour autant effacé ses contradictions et que pour cette raison, il donnerait lieu à de nouvelles explosions de luttes massives au sein de la classe ouvrière et remettrait les idées socialistes à l’ordre du jour. Pour résumé, alors que certains pensaient que la lutte des classes était définitivement mise à la poubelle, nous pensions simplement qu’elle avait temporairement été mise au frigo.

    Les développements de ces dernières années nous ont indéniablement donné raison. Dans ce cadre, des luttes telles que la grève générale contre le pacte des générations en Belgique au mois d’octobre dernier, ou la lutte contre le CPE en France ne sont qu’un léger avant-goût des explosions sociales qui nous attendent dans les 5, 10, 15 années à venir. C’est pourquoi nous pensons que la discussion sur la nécessité et le rôle d’un parti révolutionnaire n’est pas une discussion du passé mais une discussion qui reste d’une brûlante actualité.

    « Les révolutions sont les locomotives de l’histoire » (Karl Marx)

    La révolution n’est pas une création « artificielle », préparée dans un bureau et apportée de l’extérieur par une poignée de fanatiques de la révolution. Un mouvement révolutionnaire est un processus objectif, qui naît périodiquement et spontanément des contradictions de classes présentes dans la société capitaliste. C’est pourquoi, bien entendu, la révolution n’attendra pas les révolutionnaires. Marx disait que « les révolutions sont les locomotives de l’histoire ». Mais celui qui rate la locomotive le paie généralement très cher…

    Le développement d’une conscience socialiste révolutionnaire et la compréhension de la nécessité d’un parti révolutionnaire au sein de larges couches de travailleurs n’est pas quelque chose d’automatique, qui se développe de manière linéaire en un seul mouvement dans une seule direction. Dans le même sens, le processus qui part de l’élaboration d’un programme révolutionnaire et de l’accumulation des premiers cadres jusqu’à la construction de partis révolutionnaires de masse est un processus long et complexe, qui s’accomplit à travers divers stades d’évolution et de développement. En dernière instance, ce n’est que lorsque les contradictions du système atteignent leur point culminant et apparaissent au grand jour que l’espace et les conditions se créént pour une large pénétration des idées révolutionnaires au sein des masses.

    De nombreux exemples dans l’histoire illustrent comment un tout petit parti peut rapidement se développer en une force de masse lorsque les événements sont avec lui. Le Parti Bolshévik est ainsi passé d’un parti de 8000 membres à la veille du mois de février 1917 jusqu’à un parti d’un quart de millions de membres en octobre de la même année. Pendant la révolution espagnole, le POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste) a quadruplé ses effectifs en six semaines.

    Pourquoi un « Nouveau Parti des Travailleurs » ?

    Bien sûr, nous sommes encore loin d’une situation révolutionnaire en Belgique aujourd’hui. Le réveil de la classe ouvrière n’en est encore qu’à ses balbutiements, et à l’heure actuelle, peu de travailleurs sont déjà enclins à tirer des conclusions révolutionnaires de leur situation. Un long chemin à travers l’école de la pratique, long chemin parsemé de luttes -dont beaucoup encore se solderont par des défaites-, sera nécessaire avant que les idées révolutionnaires d’un parti comme le MAS-LSP puissent gagner une audience de masse. Et pour cela, il ne suffira pas simplement de crier sur tous les toits que la révolution socialiste est nécessaire et que nous devons construire un parti révolutionnaire. Si tel était le cas, nous vivrions sous une société socialiste depuis longtemps déjà.

    Nous devons être capables, à chaque étape de la lutte, de construire une sorte de pont qui puisse permettre de rendre notre programme révolutionnaire accessible aux larges couches de travailleurs. C’est de l’incompréhension de cette tâche que découle l’accusation que certains nous portent en nous qualifiant de « réformistes » du fait que nous appelons à construire un nouveau parti pour les travailleurs et que nous collaborons au projet « Pour une Autre Politique » lancé par l’ex-parlementaire du SP.a, Jef Sleeckx. Ces gens ne font en réalité que camoufler derrière un discours ultra-radical une incapacité à orienter celui-ci vers des couches larges de travailleurs. C’est ce que Lénine appelait le « gauchisme ». Ce dernier expliquait que le gauchisme n’est rien d’autre que « traduire sa propre impatience révolutionnaire en une doctrine politique » ou encore « prendre son propre niveau de conscience pour celui de l’ensemble de la classe ouvrière ».

    Un proverbe dit : « c’est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins ». En effet, pour nous, être révolutionnaires n’est pas une simple question de termes et ne se résume pas à greffer mécaniquement les formules du passé à la situation actuelle, car cela tout le monde est évidemment capable de le faire. L’histoire porte plusieurs exemples de partis qui portaient l’étiquette « révolutionnaires » sur le front, mais qui ont fini par plier les genoux devant la bourgeoisie au moment fatidique. La force d’un parti révolutionnaire se mesure notamment à sa capacité à pouvoir appliquer les leçons absorbées du passé dans des circonstances radicalement différentes, c’est-à-dire à pouvoir s’adapter aux changements qui ont lieu dans la situation objective et dans la conscience des travailleurs et à traduire son programme différemment en fonction de ces changements.

    C’est dans cette mesure que nous pensons qu’aujourd’hui, le mouvement ouvrier a besoin d’un outil intermédiaire à travers lequel chaque travailleur puisse faire sa propre expérience sur le terrain politique. La bourgeoisification accélérée de la social-démocratie (PS et SP.a) dans les années ’90 implique qu’à l’heure d’aujourd’hui, les travailleurs ne disposent même plus d’un tel instrument. Dans une période où le patronat multiplie ses attaques sur tous les terrains, la situation des travailleurs qui ne disposent pas d’un tel parti est un peu comparable à quelqu’un qui se fait gifler mais qui est incapable de riposter car il a les deux mains ligotées derrière le dos. C’est dans le but de délier les mains des travailleurs et de leur donner cet outil, qui leur permettent de riposter et de repartir à l’assaut contre les attaques de la bourgeoisie, que nous défendons depuis 1995 la nécessité d’un nouveau parti de masse pour les travailleurs.

    Cependant, nous avons toujours dit que l’émergence du potentiel politique nécessaire afin de lancer de telles formations allait dépendre des événements, des luttes concrètes qui allaient se manifester dans la société. Aujourd’hui, l’intensification de la lutte des classes est un processus perceptible à l’échelle de la planète entière. La naissance de nouvelles formations larges dans différents pays est l’expression politique de ce processus, la première réponse à la recherche parmi des couches plus importantes de travailleurs et de jeunes d’une alternative, d’un relais politique à leurs luttes. La grève générale contre le pacte des générations ainsi que la naissance de l’initiative « Pour une Autre Politique » ne sont en fait que la contribution belge à ce processus.

    Le MAS ne veut pas se contenter de saluer du balcon la naissance de ces partis, mais veut y jouer un rôle actif. Nous comprenons que ces partis peuvent servir de point de rassemblement pour tous les jeunes, les travailleurs et les militants syndicaux qui veulent se battre contre la politique néo-libérale. Cependant, nous sommes tout aussi conscients du fait que s’opposer à la politique néo-libérale n’est pas en soi une condition suffisante pour régler tous les problèmes posés par la société capitaliste aujourd’hui. En effet, l’histoire a très bien démontré que dans le cadre du système capitaliste, la bourgeoisie finit toujours par reprendre de la main droite ce qu’elle a pu donner ou lâcher comme concession de la main gauche. C’est pourquoi la question de l’orientation d’un tel parti large est une question de la plus haute importance.

    Le parti révolutionnaire et le Nouveau Parti des Travailleurs : deux tâches contradictoires ?

    Un parti ne se développe évidemment pas dans le vide : il ne peut donc pas échapper à l’influence et à la pression sociale exercée par l’environnement dans lequel il évolue ; cet environnement, c’est le système capitaliste : cela signifie que pour un parti sensé défendre les travailleurs, il s’agit d’un environnement hostile. Si cela est déjà vrai pour un parti révolutionnaire, c’est encore plus vrai pour une formation large rassemblant différents courants et individus, et qui, de par ses structures et son caractère, est nécessairement plus « perméable » à l’entrée d’éléments qui peuvent s’avérer étrangers à la défense de la cause des travailleurs. C’est une des raisons pour laquelle nous défendons l’idée que les représentants élus d’un tel parti ne peuvent percevoir un salaire mensuel dépassant ce que gagne un travailleur moyen. Le cas échéant, c’est laisser la porte grande ouverte aux politiciens carriéristes et à la course aux postes.

    Au sein d’une telle formation, les révolutionnaires devront inévitablement faire face à des pressions de toutes sortes d’individus et de courants qui tenteront de pousser cette formation dans une direction réformiste. Autrement dit, de gens qui se baseront sur les illusions réformistes encore présentes parmi les travailleurs pour se construire une position au sein du parti et qui par la suite, se serviront de cette position pour dévier le parti de ses objectifs. Cette éventualité sert d’ailleurs d’argument à certains pour tourner le dos à une telle initiative. Pour nous, c’est un argument supplémentaire pour y construire en son sein une fraction marxiste révolutionnaire avec ses propres structures, assez solide que pour être capable de constituer un contrepoids par rapport à ce type d’éléments et d’orienter cette nouvelle formation dans un sens révolutionnaire. Cela non pas en imposant notre programme comme un ultimatum à tous ceux qui rejoignent ce parti, mais bien à travers un travail patient d’actions et de discussions orientées vers la base de ce parti.

    Des expériences enrichissantes

    En ce sens, l’expérience apportée par l’évolution de partis larges dans d’autres pays doit nous servir de leçon et de mise en garde. Même si le processus de création et d’évolution de ces partis a pris des chemins différents et des spécificités dans chacun des pays concerné, nous pouvons malgré tout en tirer certaines conclusions générales. Nous ne pouvons pas ici aborder dans les détails chacune de ces expériences. Pour en savoir plus, nous vous conseillons de vous référer aux nombreux articles et documents qui ont déjà été écrits sur le sujet.

    Quoiqu’il en soit, ces expériences nous montrent que de telles formations sont très rapidement confrontés à un choix crucial : le choix entre l’inféodation progressive aux limites imposées par le système capitaliste ou celui de la défense d’un programme socialiste conséquent. L’absence ou la faiblesse du facteur révolutionnaire à l’intérieur de ces formations a à chaque fois signifié le choix de la première option.

    En Italie, le « Partito della Rifondazione Comunista » avait, au moment de sa création, non seulement attiré la majorité des anciens membres de l’ex-Parti Communiste Italien, mais également toute une nouvelle couche d’activistes au point qu’au milieu des années ’90, il comptait dans ses rangs plus de 130.000 adhérents. Ce parti avait obtenu en 1996 jusqu’à 8,6% des voix aux élections, et beaucoup de travailleurs et de jeunes avaient placé leurs espoirs en lui. Après avoir participé à plusieurs reprises à des plans d’austérité sur le plan local, la direction de ce parti a finalement décidé d’entrer en avril de cette année, au nom de l’unité anti-Berlusconi, dans la coalition néo-libérale de Romano Prodi. Cette coalition s’apprête à la rentrée à lancer un plan d’attaques néo-libérales sans précédent, comprenant une nouvelle restructuration du système des pensions ainsi que des coupes sombres dans l’éducation, les soins de santé et la fonction publique.

    pour plus d’infos :

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2005/12/28/italie.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2006/03/19/rome.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2006/03/26/italie.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2006/04/21/italie.html

    En Ecosse, la majorité de la direction du Scottish Socialist Party, après avoir orienté au fil des années ce parti vers une ligne de plus en plus droitière, a mené, sur base de fausses rumeurs parue dans la presse bourgeoise sur la vie sexuelle de Tommy Sheridan (=ancien membre du CIO qui était devenu le principal dirigeant et la figure publique du SSP) une campagne de diffamation digne des pires méthodes staliniennes, et a contribué ainsi à traîner le nom du SSP dans la boue. Cette crise et les méthodes de sabotage utilisés par la direction du SSP ont fini par convaincre notre section écossaise d’arrêter de faire un travail désespéré au sein du SSP. Nos camarades ont estimé sur cette base que le mieux qu’ils avaient à faire était de mettre leur énergie dans la construction d’une nouvelle formation. Cependant, la crise qu’a traversé le SSP est pour nous une crise politique qui trouve ses racines dans l’abandon, par la majorité de notre ancienne section écossaise, de la construction du parti révolutionnaire et de la dissolution de celui-ci au sein du SSP au moment de sa création.

    pour plus d’infos :

    > http://www.cwiscotland.org/ (en anglais)

    > http://www.marxist.net/scotland/index.html (en anglais)

    En Allemagne, sur base des mobilisations massives menées contre l’agenda 2010 néo-libéral du gouvernement de Schröder, une nouvelle formation de gauche lancée à l’initiative de militants et de délégués syndicaux (le WASG : Wahlalternative – Arbeit und soziale Gerechtigkeit; Alternative électorale pour l’Emploi et Justice Sociale) avait ouvert une brèche sur la scène politique allemande. Cette formation avait obtenu, ensemble avec le PDS (=héritier de l’ancien parti communiste dirigeant de l’Allemagne de l’Est) le score significatif de 8,7% des voix aux élections régionales l’année dernière. Notre organisation soeur joue un rôle déterminant dans la bataille acharnée qui se mène actuellement contre la direction nationale du WASG pour préserver les principes fondateurs qui ont été à la base de sa création, dans le but entre autres de contrecarrer les manoeuvres auxquelles ont recours les éléments droitiers du WASG pour fusionner celui-ci avec le PDS, ce dernier étant mouillé depuis plusieurs années dans la politique d’austérité. Nos camarades expliquent très justement qu’ils ne sont pas opposés à l’unité, mais que celle-ci est impossible avec le PDS tant qu’il se rend coresponsable des attaques anti-sociales contre lesquelles le WASG a été mis sur pied.

    pour plus d’infos :

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2005/09/09/allemagne.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2005/10/01/allemagne.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2005/10/20/allemagne.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2005/11/12/wasg.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2006/07/04/allemagne.html

    > http://www.lsp-mas.be/mas/archives/2006/08/25/lucy.html

    Conclusion

    Tous ces exemples montrent que si la naissance de nouveaux partis des travailleurs peut être un pas gigantesque en avant, cela ne nous offre en rien une garantie sur leur évolution future. Le rôle des révolutionnaires marxistes ne doit donc pas se limiter à aider à construire ces partis et à se laisser « emporter par le courant », mais bien à construire, renforcer et défendre consciemment leur programme révolutionnaire au sein de telles formations.

    Le fait que nous plaidions pour une approche large à travers notre participation à la construction d’un nouveau parti des travailleurs ne nous décharge en aucun cas de la nécessité de défendre de manière ouverte notre programme socialiste révolutionnaire à l’intérieur de ce parti, bien au contraire. Pour nous, cela n’a aucun sens de s’atteler à la tâche de construire un nouveau parti des travailleurs, qui puisse servir de tremplin pour permettre à des couches larges de travailleurs et de jeunes de se lancer dans la lutte politique, si c’est pour abandonner en même temps la tâche de poursuivre la bataille pour la plus grande clareté politique – et donc pour la défense des idées révolutionnaires- au sein même de cette formation. En réalité, nous voyons ces deux tâches comme inséparablement liées.

    Notre travail au sein d’un tel parti sera une combinaison de deux éléments, qui ne sont qu’une adptation aux conditions actuelles des principes du Front Unique Ouvrier élaborés par le Troisième Congrès de l’Internationale Communiste en 1921, et très bien résumés dans la fameuse phrase : ‘Marcher séparément, frapper ensemble’ : d’une part, systématiquement veiller à adapter notre approche, notre orientation et notre discours vers des couches larges et être prêts à s’engager dans des campagnes et des actions communes ; d’autre part, maintenir une clareté programmatique dans la discussion en déployant en toute circonstance notre drapeau du marxisme révolutionnaire.

    La situation d’un révolutionnaire qui rentre dans une formation large sans un parti révolutionnaire solidement structuré et préparé à cette tâche est comparable à celle d’un joueur de tennis qui vient sans sa raquette sur le terrain ou à celle d’un soldat qui débarque sur le champ de bataille sans ses munitions : autrement dit, il est désarmé et a déjà perdu la bataille d’avance…

    Tout cela n’a pour nous rien à voir avec l’idée d’établir quelque chose comme une « pureté idéologique » au sein de la nouvelle formation ; c’est tout simplement une question vitale pour son évolution future.

  • Une Autre Politique. Un nouveau mouvement politique va naître

    La création d’une nouvelle formation politique en automne a le potentiel de planter une petite bombe dans la situation politique en Belgique. Le fait que tous les partis flamands ont jugé nécessaire de réagir à l’annonce de la conférence du 28 octobre montre la peur qui existe chez certains devant l’apparition d’une voix nouvelle, fraîche et clairement de gauche.

    Bart Vandersteene

    28 OCTOBRE

    Tu viens aussi?

    Quel est le programme de la journée? Elle sera divisée en trois grandes parties. Une première session plénaire traitera du contexte politique dans lequel a été lancée l’initiative, de l’actualité politique et des défis auxquels nous allons être confrontés. Ensuite, nous aurons dix groupes de travail thématiques où seront discutés les thémes les plus importants pour la nouvelle formation politique. La journée se concluera avec une pléniaire où seront prises les décisions sur le type d’organisation, les structures et la composition de la direction qui devra traduire les décisions de cette journée dans la pratique.

    Où? A l’ULB, avenue Franklin Roosevelt, Bâtiments H & J

    Quand? le 28 octobre dès 13h.

    Comment s’Inscrire? Vous pouvez vous inscrire via le MAS ou directement sur le site www.anderepolitiek.be

    Depuis des années, les différents partis traditionnels racontent la même histoire et répètent qu’on ne peut pas échapper à la logique néolibérale de réduction des salaires et de démantèlement des services publics. De plus en plus de gens ne sont pas d’accord avec cette idée mais ne trouvent pas de traduction politique à leur résistance. C’est là qu’est la base sociale pour la création d’un nouveau mouvement politique.

    De quel genre de mouvement avons-nous besoin?

    Un nouveau mouvement politique doit d’abord faire la différence en défendant de manière systématique les intérêts des travailleurs et des chômeurs. Mais il doit aussi se différencier du monde politique traditionnel en faisant de la politique d’une autre manière. Un nouveau mouvement doit devenir le lieu de rassemblement pour tous ceux qui veulent s’organiser pour mener la lutte dans les entreprises, les écoles et les quartiers en unissant travailleurs et chômeurs, jeunes et vieux, hommes et femmes, Belges et immigrés. Il doit avant tout être un instrument pour renforcer et organiser les luttes et non une simple machine électorale.

    Que faire le 28 octobre?

    Les attentes seront grandes le 28 octobre. Suite aux articles annonçant la conférence parus dans les médias flamands, le nombre de réactions positives, de demandes d’informations et surtout d’adhésions a été impressionnant. Cela montre aussi une idée claire combien les gens attendent une alternative intéressante et crédible de gauche.

    Au cours des derniers mois, des discussions intenses ont eu lieu entre les différents groupes impliqués dans cette intiative. L’initiative francophone Une Autre Gauche va aussi s’impliquer dans l’organisation de la journée. Cela n’a pas été facile. Certains dans UAG disaient encore en juillet qu’ "ils ne voulaient pas être entraînés dans une dynamique précipitée imposée par les Flamands" ou qu’"ils voulaient avoir le temps de construire d’abord UAG avant de s’engager dans une intiative nationale". Aujourd’hui les esprits se sont calmés et tout le monde semble avoir compris qu’il n’existe pas d’autre possibilité que de construire un nouveau mouvement ensemble. Ce sont ces deux éléments qui forment la base d’un nouveau mouvement.

    Selon nous, il faut suivre un schéma clair dans la construction du projet. Nous avons tous appris depuis la toute petite enfance qu’il ne faut pas essayer de courrir avant d’avoir appris à marcher. Le mouvement ne doit pas faire face immédiatement au défi de developper un programme élaboré. Une initiative qui s’oppose au néolibéralisme et tire la conclusion de ne jamais participer à des coalitions qui mèneraient une politique néolibérale est une base suffisante pour lancer ce mouvement.

    La decision de participer aux élections de 2007 signifie que le mouvement devra élaborer progressivement un programme après le 28 octobre. Sur base de l’experience accumulée, du résultat de la participation aux élections et de l’avancement dans la construction du mouvement, on pourra commencer la discussion sur le lancement du nouveau parti à l’automne 2007.

    Un potentiel énorme

    Noël Slangen, l’ancien responsable des relations publiques de Verhofstadt, voit un bel avenir pour un nouveau parti de gauche ayant un caractère anti-establishment. "Un tel parti peut atteindre les 10 % , à condition que ce nouveau parti ne se laisse absolument pas tenter par une participation au gouvernement". Nous ne pouvons qu’être d’accord avec cette remarque de Monsieur Slangen de même qu’avec l’idée que "seul un parti de gauche anti-establishment pourra reprendre des voix au Vlaams Belang". Le MAS plaide déjà depuis des années pour un nouveau parti de ce type où tous ceux qui veulent résister au néolibéralisme peuvent trouver une place.

    Mais nous n’en sommes pas encore là. Le 28 octobre doit d’abord être un succès. Un nouveau mouvement politique doit surtout être porté par une couche importante de militants, de syndicalistes de gauche, de jeunes et de plus âgés. C’est pour cela qu’a été fixé l’objectif de rassembler 500 personnes afin de pouvoir ensemble mener la discussion et prendre la décision de lancer ce mouvement. Nous appellons chaque lecteur de notre journal, chaque sympathisant et bien sûr chaque membre du MAS à être présent le 28 octobre à Bruxelles et à mobiliser ses amis, ses collègues et ses connaissances.

    28/10/2006, une date dans l’Histoire?

    Le 28 octovre 2006 peut devenir une journée trés importante dans l’histoire politique de la Belgique du 21e siecle. Il y a exactement 130 ans, en 1886, le Parti Ouvrier Belge faisait ses premiers pas et lançait sa première campagne de masse. Sur base de la lutte pour le suffrage universel, un parti de masse est né et a grandi. Dans les années qui viennent, les luttes des travailleurs seront de plus en plus présentes dans l’actualité sociale. C’est dans cette période qu’une nouvelle formation pourra et devra s’affirmer et qu’elle devra saisir la chance de construire un nouveau "parti des travailleurs".

  • Votez pour une alternative socialiste – Votez MAS!

    Le 8 octobre, le Mouvement pour une Alternative Socialiste se présente dans un nombre limité de communes. Nous voulons en effet prendre suffisamment de temps et de moyens pour préparer la Conférence pour Une Autre Politique du 28 octobre. Notre campagne sera avant tout centrée sur la nécessité de véritables emplois pour tous, de logements décents à des prix accessibles et de services publics de qualité. Le MAS/LSP présentera des listes à St Gilles, Schaerbeek, Ixelles, Wavre, Liège, Mons, Gand, Anvers, Keerbergen et Malines.

    De véritables emplois pour tous = assez de statuts bidon, d’ALE et d’interim

    Au cours des 25 dernières années, des dizaines de milliers d’emplois stables ont été perdus à cause du démantèlement des services publics et de la ruine des secteurs industriels. Les nouveaux emplois créés sont de plus en plus des emplois qui n’offrent pas un salaire décent et presque aucune sécurité. Selon le Conseil National du Travail, 80% des emplois créés en 2001 étaient des emplois à bas salaire, temporaires ou à temps partiel.

    En outre, la pression sur les chômeurs augmente à cause de la multiplication des contrôles et de la relance par les partis flamands de la discussion sur la limitation des allocations de chômage dans le temps. Le but est de contraindre les chômeurs à accepter des emplois précaires à bas salaire.

    De cette manière, les partis traditionnels rejettent la responsabilité du chômage sur les chômeurs eux-mêmes. Sur cette base, les chômeurs deviennent une cible pour les attaques bien que nos allocations soient parmi les plus basses en Europe et que, pendant ce temps, les profits des entreprises belges battent des records.

    Le MAS se bat pour le droit pour tous à un emploi décent, à temps plein et bien rémunéré. Cela est possible à travers la repartition du travail. Un conseil communal réellement socialiste pourrait montrer l’exemple en appliquant une baisse radicale du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire pour le personnel communal.

    Des logements à prix accessible, arrêt des projets de prestige, non à l’arnaque privée dans le logement social

    Le manque de logements décents et à prix accessible est la cause la plus importante de pauvreté après le chômage. A Bruxelles, la moitié des citoyens dépense plus de 40% de son revenu pour le logement. Partout, les prix du logement sont en hausse par rapport aux salaires et aux allocations. Ce sont les couches les plus pauvres et les plus vulnérables qui paient la note.

    Il y a beaucoup trop peu d’investissements pour améliorer cette situation. Par contre, les autorités sont prêtes à dépenser des dizaines de millions d’euros pour des projets de prestige – créer une esplanade monstrueuse devant la nouvelle gare TGV de Liège, construire une fontaine sophistiquée sur la grand’place de Mons ou supprimer le revêtement routier d’une rivière à Gand – destinés à attirer des touristes et des couches plus aisées vers les centres des villes. Des projets de prestige qui partout sont évidemment financés par nos impôts.

    Pour nous, il n’y a qu’une solution : un programme massif de construction de logement sociaux, qui provoque une pression à la baisse sur les prix de l’immobilier privé. Cette tâche devrait revenir au secteur public car le secteur privé n’investit que si l’affaire est rentable. Réaliser des profits signifie des loyers plus élevés et moins de moyens pour la construction et l’entretien des bâtiments.

    Le MAS se bat pour de véritables logements sociaux de bonne qualité et avec des loyers qui représentent au maximum 20% du revenu familial, construits par les autorités communales et financés par des moyens publics. Ce n’est pas l’argent qui manque, les projets de prestige le montrent.

    Pour des services collectifs. Non au ‘chacun pour soi’. Sécurité = services publics de qualité avec suffisamment de personnel

    Cette année, on a beaucoup parlé de la ”violence inutile” avec les assassinats de Joe, de Stacy et de Nathalie. Les cas qui ont fait la une des médias ne sont que le sommet de l’iceberg. Les drames familiaux se succèdent, la violence domestique augmente de jour en jour, les agressions dans le trafic sont devenus monnaie courante.

    La cause principale du durcissement de la société réside dans le durcissement du marché de travail: la peur de perdre son travail, la pauvreté croissante, un taux de chômage élevé qui est devenu structurel,… tout cela fait que des couches plus importantes sont marginalisées et retombent dans l’isolement social sous l’effet du manque de perspectives dans l’avenir. Les vagues d’assainissement des 25 dernières années ont fait des trous énormes dans le tissu social. Les classes sont bourrées, les enseignants sont surchargés, le postier n’a plus de temps de discuter avec les gens, pas plus que l’infirmière à l’hôpital. L’augmentation de l”’efficacité” et de la productivité qui est exigée des salariés des services publics fait aussi que leur rôle social a été assassiné.

    Outre le manque de personnel dans les services existants, un tas de services qui pourraient soutenir le tissu social font défaut. Il n’y a pas assez de capacités d’accueil pour les enfants et de détente pour les jeunes, pas assez de possibilités de soins et d’accompagnement à domicile pour les personnes malades, handicapées ou âgées, pas assez de lieux de rencontre où les voisins puissent faire connaissance,…

    Une société où existent tant de pénuries est une société qui devient de plus en plus dure. Et où des rivalités et des conflits grandissent pour s’attribuer le peu de moyens disponibles: entre jeunes et plus âgés, entre hommes et femmes, entre Belges et immigrés et même au sein des communautés immigrées entre les nouveaux venus et ceux qui sont là depuis plus longtemps…

    Il n’y a pas de solution tant qu’une élite riche accapare toutes les richesses

    Mais les véritables profiteurs ne se trouvent pas parmi les salariés ou les allocataires – quelle que soit leur origine – mais parmi les actionnaires des grandes entreprises et des banques qui entassent de plus en plus de richesses. Avec les profits annuels des 97 entreprises cotées en Bourse en 2005 (18 milliards d’euros), on pourrait créer 700.000 emplois par an. Beaucoup de jeunes, Belges ou immigrés, qui aujourd’hui semblent être destinés à devenir des petits voyous ou des chômeurs marginalisés, pourraient se voir offrir une place dans la société à travers un programme d’emplois dans les nouveaux services publics à mettre sur pied.

    Le MAS pense que la richesse qui est créée par les salariés doit revenir à la société entière et non pas dans les poches des actionnaires. La nationalisation des secteurs-clés de l’économie est un premier pas nécessaire. Le MAS se bat pour un socialisme démocratique, qui est pour nous la seule façon de garantir que la production soit organisée en fonction des besoins de la majorité de la population et non en fonction des profits de quelques-uns.

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