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Tag: Kurdistan
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Kurdistan : La bataille de Kobanê à la croisée des chemins
Que signifie l’ « assistance » militaire américaine pour la lutte kurde ?
La situation à Kobanê a mis la question kurde au centre de l’attention dans le monde entier. Le canton de Kobanê, qui fait partie de Rojava (ou Kurdistan Occidental), est assiégée depuis la mi-septembre par criminels de « l’État Islamique » (EI) et est devenu l’un des centres de la résistance contre le déchaînement djihadiste.
Serge Jordan, Comité pour une Internationale Ouvrière
Alors que le majeure partie de la Syrie a sombré dans la guerre sectaire, les 3 enclaves à majorité kurde de Rojava ont été désertées par les forces du régime d’Assad en 2012. Depuis au Rojava, « l’auto-administration » et l’autonomie territoriale ont été proclamées par les forces qui ont saisi le pouvoir politique, dominées par le PYD (Parti de l’Union Démocratique – la version Syrienne du Parti des Travailleurs Kurdes, ou PKK), et un équilibre ethnique et religieux fragile a été maintenu. L’identité et la langue kurdes longtemps niés et ont été reconnus ainsi que les droits formels pour les groupes religieux et les minorités ethniques.
L’État Islamique a attaqué Kobanê, le canton le plus vulnérable et exposé de Rojava, de presque tous les côtés avec des armes lourdes, des tanks et des missiles, en essayant pendant plus de 5 semaines d’écraser la résistance de la ville. Rojava et son modèle explicitement laïc représentaient un défi direct au programme théocratique réactionnaire de EI. Les femmes combattantes armées d’AK-47 en première ligne contre un groupe totalement misogyne ont stimulé l’imagination de beaucoup de gens dans le monde entier.
Contrairement aux atrocités qui ont lieu dans beaucoup d’endroits d’Irak et de Syrie, les cantons de Rojava ont été un symbole de résistance pour des millions de Kurdes, de travailleurs et de jeunes de la région. Des manifestations, des occupations et des actions ont eu lieu dans toute l’Europe en soutien à la lutte à Kobanê, auxquelles les membres du CIO ont pris part.
Les acquis de Rojava et la résistance à Kobanê ont offert un pont potentiel sur la route des Kurdes pour l’auto-détermination et, plus généralement, un possible point de référence pour raviver la lutte des travailleurs et des pauvres contre les horreurs de EI et les régimes dictatoriaux au Moyen-Orient. Cependant, toutes les complications politiques et les dangers de ce qui s’est récemment développé dans cette régions doivent être abordés, car une défaite dans cette lutte, au contraire, lâcherait encore plus de souffrances sur les personnes de la région.
Kobanê tient bon
Beaucoup de commentateurs prédisaient que Kobanê tomberait en quelques jours mais son destin est encore sur la balance, bien que certaines parties de la ville soient sous contrôle des djihadistes. L’une des raisons pour cela est que le PYD et ses unités armées, le YPG (Unités de Protection du Peuple) et le YPJ (Unités de Protection des Femmes) se sont battus héroïquement. En fait, ils ont été jusqu’ici les seuls combattants efficaces contre l’avancée d’EI. Ils se distinguent des faibles performances de l’armée irakienne complètement corrompue et des forces Peshmerga (les forces armées du gouvernement semi-autonome Kurde du Nord de l’Irak qui ont cédé les montagnes Sinjar et d’autres territoires à EI presque sans combattre. Cela montre que lorsque le peuple a un but sérieux pour lequel se battre, leur moral et leur détermination peut même surmonter, dans une certaine mesure, leur infériorité technique et militaire.
Cela a mis l’impérialisme américain et sa croisade militaire contre EI – jusqu’ici, qui n’est pas du tout couronnée de succès – sous une pression de plus en plus forte. Initialement, les stratèges américains étaient prêts à voir Kobanê capturée par les troupes de EI. « Aussi horrible que ce soit de voir en temps réel ce qui se passe à Kobanê… vous devez vous retirer et comprendre l’objectif stratégique », commentait John Kerry fin septembre. Mais il y a deux semaines, les USA sont passé de quelques frappes aériennes parcimonieuses et réticentes contre EI à Kobanê à des efforts plus déterminés d’assistance aux combattants de YPG, y-compris en parachutant des armes, des munitions et du matériel médical, disant que ce serait « moralement difficile et irresponsable de ne pas aider ceux qui combattent EI à Kobanê ». Pour illustrer ce retournement, un représentant de YPG occupe maintenant une position dans le centre des opérations jointes de la coalition à Erbil, la capitale du Nord de l’Irak, pour coordonner les frappes aériennes à Kobanê avec l’armée américaine.
La motivation de ce changement de politique était qu’ils réalisaient de plus en plus que la prise de la ville par EI serait un coup humiliant au prestige et à la crédibilité américaines : Obama ne pouvait pas se permettre qu’EI remporte une nouvelle victoire militaire. Et permettre à un groupe affilié à ce que les USA et l’UE listent encore comme organisation terroriste (le PKK) faire le gros des combats de terrain contre les combattants d’EI n’améliorait pas non plus l’image des puissances occidentales. L’impérialisme américain avait donc besoin de reprendre l’initiative.
Les politiques turques en lambeaux
Il n’est pas un secret que l’armée turque laisse sa frontière ouverte pour permettre aux militants Djihadistes d’entrer dans le territoire Syrien, permettant même aux combattants de EI de retraverser vers la Turquie pour recevoir des soins médicaux comme pour vendre du pétrole au marché noir. Ces manœuvres étaient motivées, en partie, par les illusions « néo-Ottomanes » du président Turc Erdo?an et son Parti de la Justice et du Développement (AKP). Cela a laissé croire au dirigeant Turc, pendant les premières étapes de la guerre civile Syrienne, que le régime d’Assad serait rapidement renversé et que la Turquie deviendrait un élément dirigeant de l’axe régional dominé par les Sunnites. Mais cette politique a été explosée par les événements du terrain.
Similairement, le gouvernement Turc a clairement voulu voir Kobanê vaincu par EI, pour donner une leçon brutale au mouvement Kurde en Turquie. Beaucoup de gens ont vu à la télé des images de dizaines de tanks Turcs alignés à la frontière turque-syrienne, alors que les combats faisaient rages à quelques kilomètres de là. Bien sur, la plupart des Kurdes ont raison de rejeter toute intervention de l’armée Turque dans la région, car cela ne serait que pour satisfaire la soif de pouvoir et l’hégémonie de l’élite dirigeante turque, certainement pas pour les droits des habitants locaux. La principale revendication était d’ouvrir la frontière pour permettre aux renforts et aux équipements d’entrer, mais l’armée turque a bloqué l’aide envoyée aux combattants Kurdes, empêchant des milliers de gens de traverser la frontière et de rejoindre la défense de la ville assiégée.
La perception internationale que le régime Turc passe des accords sous la table avec EI contre les Kurdes Syriens gagne du terrain. Enflammées par la politique d’Erdo?an à Kobanê, les manifestations et émeutes récentes des Kurdes de Turquie (affrontements entre des militants Kurdes et les forces de l’État turc, mais aussi avec des fondamentalistes islamistes Kurdes, ainsi qu’avec des nationalistes Turques d’extrème-droite), ont fait 44 morts. Ces événements ont rappelé au régime qu’entretenir une guerre détournée contre les Kurdes de Syrie était difficile à faire sans raviver le conflit avec les Kurdes de Turquie.
Le processus de paix au bord du gouffre
Dans un message du 28 octobre, Abdullah Öcalan, le dirigeant emprisonné du PKK, a dit que le processus de paix engagé début 2013 entre le PKK et l’État Turc était « passé à une autre étape », ajoutant qu’il était maintenant « plus optimiste ». Cette déclaration a été faite juste après que la colère de la population Kurde de Turquie ait explosé, montrant que les masses Kurdes ne semblent pas partager ces vues optimistes. Pendant ce temps, de violents incidents impliquant les forces de l’État Turc et les militants Kurdes se sont multipliés ces dernières semaines.
La grande majorité du peuple de Turquie, d’origine Turque comme Kurde, ne veulent pas retourner à l’état de guerre. Pour empêcher ce scénario sanglant, la gauche Kurde et Turque comme le mouvement syndical, ont la première responsabilité dans la reconstruction d’une lutte de masse pour les droits du peuple Kurde, et pour lier cette lutte à la lutte nécessaire d’organiser tous les travailleurs, les jeunes et les pauvres de toute ethnies et régions contre le régime capitaliste de l’AKP.
Ce dernier a annoncé récemment un plan extensif de privatisations – dont les conséquences humaines ont été démontrées par un autre accident minier dans le Sud du pays mardi dernier – qui montre, une fois encore, que le gouvernement AKP n’est pas seulement un ennemi des Kurdes mais aussi un ennemi de la classe ouvrière et des pauvres vicieusement au service du big-business.
Le demi-tour d’Erdo?an
Erdo?an et son cercle dirigeant qualifient officiellement le PYD et EI d’organisations « terroristes ». En vérité, Erdo?an a clairement favorisé le poison djihadiste. Cela ne sera pas sans conséquences pour le peuple de Turquie. EI a développé des réseaux de recrutement et des cellules d’opération en Turquie, et ses rangs comportent des centaines de jeunes Turcs. Le danger d’un retour de feu terroriste en Turquie est réel.
La tension monte aussi entre les USA et le régime d’Erdo?an. La classe dirigeante américaine est de plus en plus mécontente de la Turquie, qui est membre de l’OTAN. Washington pense que la Turquie a appuyé les forces même que les USA bombardent depuis quelques semaines, ce qui montre le manque de volonté de certains des partenaires des USA dans la mal-nommée « Coalition des Volontaires ».
Étant donnés ces facteurs, le gouvernement Turc a finalement été forcé de faire demi-tour en ce qui concerne Kobanê. Insatisfaits de la décision unilatérale des USA d’assister le PYD, Erdo?an a essayé de trouver une alternative sans perdre la face, en permettant à 150 combattants Peshmerga, liés au Gouvernement Régional du Kurdistan (KRG) de l’Irak du Nord, d’aller à Kobanê via la Turquie.
Le régime d’Erdo?an a développé des relations très étroites avec les dirigeants notoirement corrompus et pro-capitalistes du KRG. Le président du KRG, Masoud Barzani, et son parti, le KDP (Parti Démocratique du Kurdistan), qui jusque récemment étaient eux-même apparemment contents de voir le YPG se faire écraser à Kobanê, ont un historique de collaboration directe avec l’armée Turque pour essayer d’éliminer les combattants du PKK sur le territoire dirigé par le KDP.
Ces Peshmerga doivent rester à l’écart du front de Kobanê. En fait, la signification politique de ce coup est bien plus pertinent que sa justification militaire. Par cette manœuvre, les dirigeants Kurdes essaient de diluer et de contre-balancer l’influence de PYD, et de mettre un pied dans le Kurdistan Syrien en faisant entrer en jeu leurs partenaires de droite. Le fait même que les Peshmerga soient encore autorisés à aller et venir en franchissant la frontière alors que beaucoup de manifestants Kurdes de Turquie et de réfugiés de Kobanê sont systématiquement empêchés de le faire, montre les machinations cyniques d’Erdo?an.
Les socialistes et la bataille pour Kobanê
Bien avant que la bataille pour Kobanê soit sous les projecteurs des médias, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) avait souligné le besoin de construire partout dans la région des organes non-sectaires et démocratiques comme base pour organiser une défense populaire de masse non seulement contre EI, mais aussi contre tout autre groupe extrémiste religieux, contre les forces brutales et sectaires des régimes Syrien et Irakien, et contre l’intervention impérialiste – ces dernière ayant une grande responsabilité dans la croissance des bandes djihadistes qui attaquent maintenant Kobanê.
Pour cimenter l’unité au travers des lignes nationales, ethniques et religieuses, une telle lutte demande d’être équipée d’un programme qui soit sans compromis en faveur des droits égaux pour tous les peuples et communautés opprimés de la région, leur droit à l’auto-détermination inclut.
Face à la menace de génocide ethnique par les meurtriers d’EI, les défenseurs de Kobanê et beaucoup de Kurdes dans le monde entier ont demandé à la « communauté internationale » de les assister contre les unités de EI, bien mieux équipées. C’est une demande compréhensible étant donné les circonstances, cependant c’est une approche erronée dont les masses de Kobanê et d’autres endroits de Rojava peuvent payer un lourd prix. Si les gouvernements occidentaux étaient vraiment intéressées au bien-être de la population de Kobanê, ou même à vaincre EI sans arrières-pensées, il y a longtemps qu’ils auraient procuré des armes aux défenseurs de la ville, sans demander de concessions politiques en contre-partie. Cependant, ce qui se passe maintenant est toute une autre histoire.
L’assistance américaine en termes d’armement est, en effet, utilisée pour faire du chantage et pousser les combattants de Kobanê à la soumission politique, et le PYD à s’aligner de plus en plus sur la politique américaine. Washington a essayé de donner du pouvoir au Conseil National Kurde (KNC), une coalition de droite des partis Kurdes Syriens qui sont appuyés par Barzani, comme contre-poids aux PYD à Rojava. Mais le 22 octobre, le PYD a officiellement signé un accord de partage du pouvoir avec les pro-capitalistes du KNC pour administrer conjointement les régions Kurdes de la Syrie.
3 jours plus tôt, le commandement général de l’YPG a publié une déclaration : « Nous allons travailler à consolider le concept d’un véritable partenariat pour l’administration de ce pays en rapport avec les aspirations du peuple syrien avec toutes ses classes ethniques, religieuses et sociales ». C’est un précédent dangereux. Alors que la Constitution du Rojava mentionne la protection du droit du travail, le développement durable et le bien-être général, ces buts ne peuvent être obtenus en plaidant l’harmonie entre toutes les classe sociales.
Ces développements marquent une tentative claire de l’impérialisme américain et ses partenaires d’installer une direction Kurde plus complaisante à Rojava. Le CIO avait averti de ces développements : « toute solution à la lutte Kurde reposant sur l’appui politique de l’impérialisme occidental devrait être rejetée, et les livraisons d’armes ne peuvent être acceptées que sur base du rejet des « conditions » imposées par les puissances extérieures qui vont contre les intérêts des masses du peuple Kurde. » (‘The battle for Kobanê’, 02/10/2014) .
Aussi épouvantables et menaçantes que soit l’action de EI, ce n’est pas le seul danger qui pèse sur Kobanê et Rojava. Les accord secrets avec l’impérialisme doivent être rejetés, car ils font courir le risque de créer un changement qualitatif dans le caractère des combats sur le terrain.
Même le régime syrien de Bashar al-Assad et le gouvernement russe ont bien accueilli le déploiement des forces Peshmerga à Kobanê. Tous les vautours survolent la région pour y imposer leur influence, avec l’intention de restaurer « l’ordre » seulement sur base de leurs intérêts de classe. Kobanê et les autres cantons de Rojava pourraient être réduits à des pions dans les manœuvres des puissances extérieures et leurs mandataires locaux, mettant sur le côté les éléments authentiques de la résistance des peuples, et poignardant dans le dos la lutte que des milliers de personnes ont déjà paye de leur vie.
Lutte pour la démocratie socialiste
Le CIO pense que la force et la survie de le lutte à Rojava sont directement liés à l’implication active des masses de la population locale. Alors que des pas ont été faits dans cette direction, les manœuvres mentionnées ci-dessus montrent le manque de transparence démocratique dans la façon dont la lutte est menée et comment les décisions sont prises.
Sans contrôle démocratique et auto-organisation authentique des masses, il y a un danger réel que ces caractéristiques démocratiques prennent le dessus. La lutte dans toutes les enclaves de Rojava, sous ses aspects militaires et politiques, devrait être organisée aussi largement et démocratiquement que possible, sur base de transparence des décisions à tous les niveaux. Les assemblées populaires rapportées devraient être élargies et démocratisées avec des représentants révocables. Les partis politiques devraient exercer le pouvoir seulement sur base de leur poids réel dans la société, et non sur base des accords secrets imposés par en haut par des pouvoirs extérieurs. A Kobanê, malgré leur bravoure indiscutable, les quelques milliers qui sont restés défendre la ville se sont battus tous seuls. Le gros de la population locale a fui la ville. Mais plus tôt, le PYD aurait pu appeler à l’initiative de tous les travailleurs, paysans et jeunes, en encourageant à s’unir, à mettre en place des comités de défense, à monter des barricades, et à jouer ainsi un rôle actif dans la protection et la fortification de leur ville – sur le modèle de la résistance anti-fasciste à Barcelone en 1936, bien que dans des circonstances différentes. Ceux qui n’étaient pas en position d’être directement impliqués dans la lutte aurait pu être impliqués dans l’assistance à la résistance de d’autres façons (logistique, infirmerie etc).
Malheureusement, les méthodes de guérilla du PKK/PYD, basées sur l’idée d’une minorité vaillante combattant au nom de la masse de la population, a été un obstacle à l’organisation des dizaines de milliers de personnes qui pouvaient jouer un rôle crucial dans le reversement des flux et reflux du siège de EI.
Face à la menace continuelle d’EI, la masse de la population de chaque ville et village de tout Rojava a besoin d’être énergiquement encouragée à effectuer un entraînement militaire basique et à organiser des organes de défense, sur des bases non-sectaires. Cela permettrait de forger une force et une unité maximum et de préparer la résistance à l’ennemi djihadiste assiégeant.
Les combattants restant à Kobanê ne seront pas capables de maintenir leur combat indéfiniment dans l’isolation si leur lutte n’est pas activement reprise par un plus grand nombre dans les régions environnantes. Cela aiderait à rompre le siège de Kobanê par les djihadistes dans l’Ouest, l’Est et le Sud de la ville et aussi par l’armée turque dans le Nord.
Les premiers alliés de la résistance Kurde ne devraient pas être la super-puissance impérialiste américaine ni aucune force capitaliste, mais la mobilisation active et indépendante de la classe ouvrière et des pauvres dans cette région du monde et au niveau mondial. Le sabotage des acquis de Rojava par les forces pro-capitalistes et pro-impérialistes serait, au contraire, un retour en arrière et compliquerait la lutte durable des Kurdes pour leurs droits, ainsi que la lutte unifiée dont tous les pauvres et les opprimés de la région pour une vie meilleure ont besoin. C’est pourquoi il et nécessaire d’approfondir la lutte Kurde, et d’essayer de l’étendre géographiquement en atteignant les masses ouvrières et pauvres de toute la région avec un programme audacieux pour le changement social.
Le magazine allemand Der Spiegel a rapporté qu’une centaine d’usines et d’ateliers de la ville syrienne Alep ont récemment été déménagées dans le canton occidental de Rojava, Efrîn. L’attitude du gouvernement régional d’Efrîn, cherchant activement à attirer des entreprises privées dans la région souligne la contradiction interne de tenter de construire un nouveau modèle basé sur la justice sociale tout en fonctionnant dans le cadre du capitalisme. Le développement de ce que le PYD et le PKK appellent « con-fédéralisme démocratique », sans se débarrasser de la nature profiteuse et exploiteuse de la propriété capitaliste, et sans implanter une réforme terrienne en profondeur, va mener à la compétition entre localités pour l’investissement des capitaux et son inévitable corollaire : un nouveau « nivellement par en-bas » des droits des travailleurs et des conditions de vie.
Cela montre le besoin pour les masses de Rojava d’élever leur lutte sur le terrain économique, en prenant les usines et en collectivisant les terres, et d’établie les conditions d’un plan de production socialiste démocratique. Cela et la garantie des pleins droits démocratiques pour tous, donnerait un exemple aux masses de toute la région sur la façon de construire une voie pour sortir de la pauvreté, de la guerre, du sectarisme religieux et de l’oppression nationale.
• Solidarité avec le peuple de Kobanê et de Rojava – Stop au massacre djihadiste
• Rupture du siège de Kobanê – pour l’ouverture immédiate de la frontière turco-syrienne à tous ceux qui veulent aider la défens de la ville. Pour l’envoi à Kobanê de colonnes de volontaires organisés en commun par la gauche kurde et turque, les organisations communautaires et les syndicats
• Pour le renforcement de comités de défense non-sectaires de masse pour sécuriser toutes les parties de Rojava sur la base de l’organisation démocratique et implantée des travailleurs, des jeune et des paysans pauvres
• Aucune confiance en l’impérialisme – non aux accord secrets avec les puissances étrangères et autres forces pro-capitalistes
• Pour la construction d’une lutte unifiée de tous les travailleurs et les pauvres de Turquie contre les politiques capitalistes et le règne autoritaire de l’AKP
• Non aux lois patriotiques sécuritaires et à toutes les lois répressives en Turquie
• Retrait de l’interdiction des organisations kurdes en Europe et aux USA
• Pleins droits démocratiques pour le peuple kurde – pour le droit à l’auto-détermination des Kurdes dans toutes les régions du Kurdistan, ainsi que de toutes les communautés opprimées de la région
•Pour une Rojava socialiste et démocratique au sein d’une confédération socialiste et volontaire du Moyen-Orient -
Solidarité avec Kobané. Manifestation à Bruxelles contre la barbarie de l’EI
Environ 5.000 personnes, essentiellement kurdes, ont manifesté hier à Bruxelles contre la barbarie de l’Etat Islamique et en solidarité avec Kobané. Cette manifestation avait été organisée dans le cadre d’une journée d’action internationale qui a vu des cortèges similaires défiler dans de nombreuses villes européennes.
La bataille de Kobané est actuellement à un carrefour. Des semaines durant, le canton a fait face avec bravoure à la supériorité militaire de l’Etat Islamique. L’impérialisme américain est intervenu pour éviter que l’EI ne remporte la victoire à Kobané, mais la porte est maintenant ouverte pour que des forces kurdes de droite jouent un rôle plus important. Le fait que l’allié turc ait plus tôt apporté son soutien à l’EI renforce le manque de crédibilité de l’impérialisme.
Il est plus que nécessaire que la majorité de la population soit impliquée dans la résistance, des milices de volontaires et des comités organisés démocratiquement doivent être construits et renforcés là où ils existent, afin d’impliquer l’essentiel de la population et de construire la résistance la plus puissante contre l’offensive menaçante de l’EI. La lutte contre la barbarie exige aussi contre les causes du développement de ces groupes réactionnaires : le capitalisme et l’impérialisme. Un Kurdistan socialiste dans le cadre d’une confédération socialiste du Moyen-Orient est nécessaire pour mettre fin à la guerre, à la pauvreté, à la violence sectaire,…
L’atmosphère était particulièrement accueillante durant cette manifestation. Il a ainsi été explicitement demandé aux organisations de gauche présentes en Belgique de se mettre à l’avant du cortège et ces organisations ont toutes eu la possibilité d’exprimer leur solidarité du podium. C’est ce qui s’est produit pour le PSL/LSP, la LCR/SAP, Rood, Vega, V-SB et des militants d’origine berbère, marocaine et cachemiri. Nos militants vendus 144 exemplaires de la nouvelle édition de novembre de Lutte Socialiste, avec un dossier sur Kobané.
Photos de Liesbeth (Anvers)
Photos de MediActivista
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Kurdistan : défendre Kobané et tous ceux qui sont menacés par Daesh, l’AKP et l’impérialisme
Le canton de Kobané, qui fait partie de Rojava, est assiégé depuis le 16 septembre et est devenu un des points centraux de la résistance contre l’Etat Islamique (Daesh). Beaucoup d’informations font états des défenseurs de Kobanê qui stoppent l’avancée de Daesh, alors que beaucoup pensaient que Kobané était sur le point de tomber. Mais le danger n’est toujours pas écarté et des milliers de personnes font face à la menace d’un massacre.Traduction d’un tract de Sosyalist alternatif (Alternative Socialiste, CIO -Turquie)
L’organisation barbare de l’Etat Islamique attaque Kobanê avec des tanks et des missiles, une force militaire semblable à celle d’un Etat de taille moyenne. L’Etat turc et son gouvernement AKP (Parti pour la justice et le développement, au pouvoir depuis 2002) ont offert un énorme soutien à l’Etat Islamique et tentent de bloquer tout soutient en direction de l’YPG (Unité de protection du peuple, branche armée du parti kurde de l’union démocratique – PYD), les forces armées qui combattent à Kobané. Ils ont aussi terrorisé la population qui manifeste en solidarité à Kobané, mettant des obstacles à la lutte contre l’Etat Islamique, y compris par le renforcement d’une législation répressive en Turquie.
Les habitants de Rojava se sont mobilisés pour prendre le contrôle de la région qu’ils habitent – un processus qui a débuté à Kobané en 2012. Ils ont essayé d’établir une région autonome basée sur le modèle de laïcité et d’auto-détermination, au delà des divisions ethniques et religieuses. Cette situation a constitué une avancée considérable pour la plus grande nation apatride du monde, les Kurdes, mais elle s’oppose aussi au sombre agenda de groupes réactionnaires comme l’Etat Islamique et d’autres présents au Moyen-Orient.
L’Etat Islamique recourt aux méthodes les plus brutales pour créer une atmosphère de peur et essaie d’instaurer un Etat théocratique basé sur des lois des plus réactionnaires. Parmi ses nombreuses cibles, Daesh veut anéantir le PKK (Parti des Travailleurs Kurdes) et le PYD (le Parti de l’union démocratique) de cette région parce qu’avec leur idéologie laïque, ils prônent des politiques contraires à l’Etat Islamique et représentent une menace face à ses objectifs. À côté de ça, Daesh veut élargir son ‘‘Etat islamique’’, son califat autoproclamé, en prenant la ville stratégique de Kobané et en augmentant son emprise dans la région.
Le régime turc, de son côté, veut réduire en miettes les accomplissements des Kurdes, et veut assurer son statut de puissance impérialiste régionale en lançant une intervention militaire contre le régime d’Assad en Syrie avec, ils l’espèrent, le soutien des grandes puissances impérialistes occidentales. Ces puissances impérialistes occidentales perdent graduellement du terrain dans cette région, elles souhaitent donc également restaurer leur mainmise en se faisant passer comme les sauveurs des peuples de la région.
Les impérialistes sont-ils ou non des sauveurs ?
C’est surtout après l’attaque de l’Etat Islamique sur Shingal que de nombreuses personnes se sont mises à demander une intervention miliaire et des livraisons d’armes de la part des puissances impérialistes. Pareilles demandes sont apparues dès le début du siège de Kobané. Mais l’idée de stabilité des impérialistes et des gouvernements de Turquie et des autres pays de la région n’a rien à voir avec le véritable désir de stabilité des masses de la classe ouvrière.
Pour ces régimes, la stabilité signifie le pillage continu du pétrole et des ressources de la région ainsi que le maintien de leur rapport de force ; cela ne signifie pas la fin des bombardements, des morts, de l’oppression ou de l’exploitation. Les organisations ou Etats favorables au capitalisme veulent détourner les revendications concernant l’aide humanitaire et militaire des populations qui risquent de se faire massacrer dans le but de poursuivre leurs propres intérêts.
Il est facile de comprendre pourquoi la population, qui est sous la menace d’un massacre, demande le bombardement des positions de l’Etat Islamique autour de Kobané ou l’ouverture d’un corridor humanitaire à partir de la Turquie pour venir en aide à la résistance de Kobané. Mais les récents évènements ont montré comment les différentes puissances agissent afin de défendre leurs intérêts et maîtriser le mouvement de masses. Les USA ont commencé à fournir un armement limité aux défenseurs de Kobané mais demandent déjà une compensation politique au mouvement de résistance qui ne devra pas menacer les intérêts américains dans la région !
Bien que toujours dissimulées sous des objectifs humanitaires, toutes les interventions militaires dans la région soutenues par les impérialistes se sont transformées en bains de sang (Irak, Lybie) et, de plus, sont en grande partie à l’origine même du cauchemar actuel que vivent les Kurdes ainsi que d’autres populations de la région.
La décision du gouvernement AKP de permettre à sont allié corrompu, le régime de Barzani (président du gouvernement régional du Kurdistan du sud, région semi-autonome du Nord de l’Irak), d’envoyer ses propres forces à Kobané a pour double but de repousser Daesh et de tenter de contrôler le mouvement à Rojava en essayant d’écarter les combattants les plus à gauche du PKK et du PYD.
C’est pourquoi le combat contre Daesh doit faire partie d’une guerre révolutionnaire qui ferait appel à tous les travailleurs et les opprimés dans le but de les unir contre l’oppression et pour une réelle alternative à tous les gouvernement pro-capitalistes corrompus et répressifs d’un bout à l’autre de la région. C’est aussi la meilleure façon d’ébranler le soutien dont dispose l’Etat Islamique en unissant tous les travailleurs, qu’ils soient kurdes, turcs, arabes, sunnites, chiites, chrétiens ou autres.
Défendre Rojava
Défendre Rojava est important à bien des égards. La chute de Kobané signifierait non seulement le probable massacre de nombreuses personnes, mais aussi l’écrasement d’une lutte qui a inspiré nombre de kurdes, de jeunes et de travailleurs à travers le monde. Cela renforcerait aussi l’Etat Islamique géographiquement et logistiquement.
Auparavant, les régimes staliniens de l’ancienne URSS et d’Europe de l’Est, malgré leurs monstrueuses dérives dictatoriales, exerçaient un contrepoids international aux politiques capitalistes et impérialistes. Après leur effondrement dans les années ‘90, le mouvement des travailleurs a essuyé d’énormes revers internationalement à cause du désenchantement des travailleurs dans une alternative au capitalisme. Les organisations socialistes du Moyen Orient se sont dispersées ou ont viré à droite. La masse des travailleurs et des paysans du Moyen Orient ont souffert encore plus de l’oppression à travers la pauvreté, les interventions impérialistes et les régimes dictatoriaux. Ces masses ont commencé à chercher une alternative et une couche s’est tournée vers des islamistes de droite voire même vers des organisations djihadistes. Cela ne règle pas les problèmes des gens ordinaires ; au contraire la situation a empiré et est devenue plus compliquée.
Cependant, l’ère du triomphalisme capitaliste est terminée. Le capitalisme se trouve actuellement dans une crise historique. Des révoltes de travailleurs, de pauvres et de jeunes contre le capitalisme ont également secoué le monde. Les masses égyptiennes et tunisiennes ont renversé des dictateurs il y a bientôt quatre ans. La défense, et enfin le succès, de la lutte à Rojava pourraient définitivement influencer ces luttes et aider à les faire progresser. Mais ces mouvements de masse ont aussi montré à quel point il est vital de maintenir une évolution indépendante de toute force pro-capitaliste afin de construire la lutte la plus efficace.
Le modèle de gestion de Rojava ne peut pas être prospère s’il est basé sur le capitalisme et confiné à ses petits cantons. Rojava a une structure industrielle très limitée, ces zones isolées ne peuvent être viables si elles ne deviennent pas des pôles d’attraction pour les travailleurs et les pauvres paysans qui vivent dans la région aux alentours.
Pour que cela arrive, il est plus que nécessaire que la majorité de la population soit impliquée dans la résistance et la défense de Rojava. Prenant ses inspirations des meilleurs exemples de résistance militaire de la classe ouvrière, comme la lutte des travailleurs de Barcelone contre le coup d’Etat fasciste de 1936 en Espagne, des milices de volontaires et des comités organisés démocratiquement doivent être construit, et renforcés là où ils existent, afin d’impliquer l’essentiel de la population et construire la résistance la plus puissante contre l’offensive menaçante de l’EIIL.
Cela devrait être fait avec l’objectif conscient de construire une lutte massive et internationale pour renverser la course au profit du système économique qu’est le capitalisme au Moyen Orient par les masses, l’action et l’organisation indépendante et non sectaire de la classe des travailleurs et des pauvres de toute la région. C’est pourquoi Alternative Socialiste lutte pour le développement d’une Rojava socialiste dans le cadre d’une confédération volontaire socialiste du Moyen Orient et d’un monde socialiste.
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Irak : Une journée de protestations de masse prévue pour ce vendredi
Ce vendredi 25 février verra très certainement les plus grandes manifestations de l’histoire récente du pays. Au Kurdistan, les protestations de masse se poursuivent malgré la répression du gouvernement PDK (Parti Démocratique du Kurdistan) qui a fait tirer sur els manifestants, entraînant ainsi la mort de quatre personnes.
Abbas Sdiq, CIO-Suède
==> Rubrique de ce site consacrée au Moyen-Orient et au Maghreb
Ce lundi 21 février, environ 2.000 personnes ont participé à des manifestations à Sulaymaniya, avec également la participation du personnel hospitalier et universitaire. Un jeune home de 17 ans, Sherko Mohammed, a été tué sous les balles de la police et un autre, Surkiu, est décédé à l’hôpital des suites d’une blessure par balle reçue la semaine dernière. 47 personnes auraient été blessées.
Les protestations se sont étendues à plus de villes du Kurdistan irakien. A Kalar, Dervendishan et Halabja, des manifestations se sont aussi déroulées le lundi et d’autres villes vont rejoindre le mouvement. Les manifestations de Karal et de Dervendishan ont chacune impliqué 200 personnes, dont une bonne partie a fini arrêtée.
Les partis dirigeants du Kurdistan irakien, le PDK et l’UPK (Union Patriotique du Kurdistan), disent qu’ils veulent négocier avec les dirigeants de l’opposition. Mais même le dirigeant du parti d’opposition établis, Gorran (Changement), refuse et réclame la démission du gouvernement. Gorran a adopté une approche prudente, et n’a pas particié aux protestations. L’initiative est venue des jeunes.
Le PDK a, comme d’autres régimes de la région, menacé d’utiliser une plus forte violence. Fazel Mirani, le dirigeant du parti, a declaré que si quelqu’un attaquait le centre du PDK, "[nous] lui couperons les mains." Les manifestants ont répliqué qu’ils lui couperont ses bras!
Une coopération étroite avec l’impérialisme américain
Le PDK et l’UPK contrôle conjointement le Kurdistan en Irak en tant que région autonome depuis la première Guerre du Golfe en 1991, à l’exception d’une guerre civile entre les deux partis en 1994-96. Leur coopération très étroite avec l‘impérialisme américain et la situation relativement calme en surface dans la société du Kurdistan irakien n’ont eu aucune répercussion fondamentale pour la vie de la population, qui connaît une vie similaire au reste de la population irakienne. Chaque jour, il n’y a de l’électricité que pour 10 heures, et pas d’eau potable. La pauvreté et le chômage s’accroissent. Souvent, il ne reste comme emploi vacant que des emplois dans l’armée ou la police, ce qui signifie que le PDK et l’UPK ont construit un immense appareil de sécurité.
La colère se concentre actuellement sur le président du PDK, Barzani, et sur le niveau de corruption, mais les manifestants ont aussi beaucoup de revendications sociales, particulièrement face au chômage massif.
Le mouvement de protestation à travers l’Irak, qui puise ses forces dans le mouvement révolutionnaire de la région, doit assurer que les grèves et la participation de la classe ouvrière aux protestations soit une force organisée. L’Egypte et la Tunisie ont démontré que les dictateurs peuvent être renversés, mais aussi que la lutte doit être dirigée contre le système capitaliste lui-même.
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Iran : Grève générale au Kurdistan iranien et nouvelles protestations
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Téhéran, la capitale de la République Islamique d’Iran, ainsi que plusieurs autres villes ce 20 février. Au Kurdistan, une grève générale a également eu lieu tandis que la plus grande raffinerie du pays est en grève depuis lundi dernier pour réclamer des salaires impayés depuis des mois. Même la brutale répression d’Etat n’a pas pu stopper le mouvement.
Malgré le fait que le régime ait mobilisé 100.000 miliciens, policiers et membres des forces de sécurité dans la capitale, arrêtant plus de 2.000 manifestants après les protestations du 14 février, et mettant aux arrêts à domicile les leaders de l’opposition, Moussavi et Karroubi, les nouvelles protestations de masse n’ont pu être stoppées. Les manifestants criaient "Pour la fin de la dictature, Moubarak, Ben Ali – c’est ton tour Sayyed Ali [Khamenei]!"
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==> Rubrique de ce site consacrée au Moyen-Orient et au Maghreb
Sur l’Iran
- Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière
- Iran: Pour la fin de la dictature! (février 2010)
- Iran: Répression mortelle contre les protestations (décembre 2009)
- A nouveau des actions en Iran (novembre 2009)
- IRAN: Comment poursuivre le mouvement ?> (octobre 2009)
- Crise révolutionnaire en Iran: La classe ouvrière doit jouer un rôle central! (juillet 2009)
- Crise révolutionnaire en Iran : Les divisions au sein de la classe dirigeante s’approfondissent (26 juin 2009)
- Révolution iranienne : vers où aller ? (24 juin 2009)
- Protestations de masse en Iran – Il s’ouvre une nouvelle période de lutte (18 juin 2009)
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Dimanche dernier, un étudiant, Hamed Nour Mohammmadi, a été tué à Shiraz, et un autre encore à Téhéran. De nombreux autres ont été blesses et des centaines de manifestants ont été arrêtés.
Le Kurdistan iranien a connu une grève générale qui a touché de nombreuses villes – Sanandaj, Mahabad, Bukan, Marivan, Kamyaran et Saqez – et de nombreux secteurs, jusqu’aux magasins et bazars. A Bukan, la grève aurait touché 90% de la population, malgré les menaces militaires. A Mahabad, plus d’un millier de personnes ont pris part à une manifestation. A Kamyaran, l’armée a encerclé la maison de Farzad Kamanger, un enseignant arrêté par le régime en mai.
D’importants pas en avant
Les manifestations contre le régime le 20 décembre ont connu d’importants développements, très clairement sous l’inspiration des mouvements qui se développent dans d’autres pays de la région. Les slogans et revendications abordent frontalement la chute du régime, il n’y a plus de revendications demandant simplement des réformes. La perspective existe aussi que le mouvement de la semaine passée s’étende rapidement à la quasi-entièreté du pays. La violence désespérée du régime montre à quel point il est ébranlé, très particulièrement après les révolutions en Egypte et en Tunisie.
La grève générale du Kurdistan montre la voie à suivre, avec la classe ouvrière engage en tant que telle dans la lutte contre le régime. Au fur-et-à-mesure du développement de la lutte deviendra plus claire l’urgente nécessité pour les travailleurs de s’organiser avec un programme politique indépendant qui s’oppose au régime, mais aussi au capitalisme.
Moussavi et Karroubi, deux des quelques candidats autorisés aux dernières élections, n’offrent aucune réelle alternative. Quand Moussavi était premier ministre, lors de la présidence de Rafsandshani dans les années ‘80, s’est alors déroulé le plus grand nombre d’exécutions de prisonniers de l’opposition de l’histoire d’Iran. De son côté, Karroubi déclare lui-même être ‘‘membre du système [islamique], enfant du système et mon destin est attaché à ce système.’’ Le mouvement doit agir indépendamment des capitalistes et de l’élite dirigeante. Il doit aussi tirer des leçons de l’amère déception de 1979/80, quand une nouvelle élite a utilisé une rhétorique «révolutionnaire» et religieuse pour prendre le pouvoir et le consolider. Seul un gouvernement des travailleurs et des pauvres peut garantir les droits démocratiques et commencer la transformation du pays en retirant le pays de la poigne de l’élite dirigeante et du capitalisme.
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L’impérialisme américain : affaibli et impopulaire, mais quelle est l’alternative ?
L’impérialisme américain s’embourbe dans les problèmes. La guerre contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak a provoqué plus d’instabilité et de terrorisme. D’autres alliés, comme le Pakistan, sont également touchés par ces convulsions. Aux USA, le moteur économique commence à capoter et on parle de récession. Ce dossier se propose de brosser l’état des lieux de l’impérialisme américain.
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Vers une récession dure? Quelques citations
“Si, en plus, le protectionnisme freine l’arrivage de marchandises bon marché venant d’Asie, nous entrerons bientôt dans une situation de récession économique combinée à une inflation galopante de 5 à 8 % (voire plus), bref à une stagflation. Une telle situation est à l’ordre du jour, mais le calendrier exact est difficile a estimer. Cela peut se produire à tout moment comme cela peut également être reporté. Mais plus ce sera postposé, plus la crise frappera durement, tout comme la désintoxication est plus dure si l’intoxication a été longue. L’effet sur la lutte de classe est difficile à juger. La période précédente de stagflation a provoqué une vague révolutionnaire qui a menacé l’existence du système. Les réserves construites pendant la période d’après- guerre et l’autorité qu’avaient les partis sociaux-démocrates et « communistes » (là où ils avaient une base de masse) ont finalement pu freiner ce mouvement. Mais il suffit de se rappeler les acquis de Mai ’68 – le mouvement de démocratisation de l’enseignement qui n’est toujours pas entièrement détruit – ou la Révolution des Oeillets au Portugal et les diverses révolutions dans les anciennes colonies pour en mesurer l’impact.” (“Stagflation: syndrôme d’une maladie chronique” Alternative Socialiste no 126, novembre 2007, à relire sur les sites socialisme.be ou marxisme.org)
“Les USA n’ont connu que deux récessions ces 25 dernières années qui étaient l’une et l’autre une récession brève et douce. Il y a lieu de penser que la prochaine crise, lorsqu’elle viendra, sera plus grave.” (Wall Street Journal)
“Le marché immobilier américain a connu la crise la plus grave depuis les années septante, avec des baisses de prix de 8% en moyenne depuis le pic de 2005, mais de 40% dans les régions les plus touchées. Le marché part de l’idée que la baisse pourrait continuer jusqu’à 30%. Cela augure de la direction que l’économie américaine pourrait prendre. Avec un taux de chômage record depuis deux ans (5% en décembre) et qui pourrait atteindre les 7% selon certaines estimations, le consommateur américain (qui a longtemps été considéré comme le moteur de la croissance mondiale) pourrait jeter le gant. La consommation des ménages a chuté de 0,4% en décembre. Les ‘experts’ en discutent encore, mais six Américains sur dix jugent que le pays est déjà en récession.” (The Economist du 12 janvier 2008)
[/box]La guerre contre le terrorisme n’est pas une grande réussite. Dès le début de la guerre en Irak en 2003, nous avons publié une brochure écrite par Peter Delsing qui expliquait les tenants et les aboutissants de cette “guerre pour le pétrole”. Cinq ans après, nous avons interrogé Peter sur la situation actuelle de la guerre.
Trente mille soldats supplémentaires ont été envoyés sur place, l’impérialisme américain a-t-il réussi à stabiliser l’Irak après cette augmentation des troupes? Quelle est la situation en Irak même?
“L’invasion en 2003 faisait partie des projets de l’aile néoconservatrice des Républicains. Ces projets existaient depuis longtemps et visaient au remodelage du Moyen-Orient. Les attentats du 11/09 ont fourni le prétexte rêvé à leur mise en oeuvre. Cette guerre devait permettre à Bush et Cie de rétablir leur emprise sur cette région vitale et pétrolifère et aussi de soutenir leur allié local : Israël. Les régimes en Irak et en Iran étaient une cause permanente d’exaspération pour les Etats-Unis. Bush n’aurait jamais envahi l’Irak s’il n’y avait pas eu de pétrole sous son sol. Mais Bush s’est fourvoyé sur la possibilité d’y établir un régime à sa botte.”
“Le gouvernement de Maliki en Irak est assis sur un cimetière social. Chaque jour, des centaines d’adultes et d’enfants meurent des conséquences de l’occupation : le terrorisme, la violence, la misère, le grand banditisme, etc. En réalité, une guerre civile intercommunautaire y fait rage, entre chiites et sunnites ou entre Arabes et Kurdes. L’eau potable, l’électricité et même l’essence font défaut. L’augmentation des troupes a eu pour effet de militariser quasi complètement la ville de Bagdad et n’a fait que déplacer la violence ailleurs. Par exemple, les attentats terroristes se sont récemment multipliés au Kurdistan.
“Ces divisions communautaires que les Américains ont institutionnalisées ne peuvent mener qu’à des conflits de plus en plus aïgus pour la répartition des maigres ressources encore disponibles. La seule alternative viable serait une lutte commune des masses laborieuses et pauvres pour assurer leur propre sécurité et la défense des besoins de base. Cette lutte devrait être liée au respect du droit à l’autodétermination des différentes composantes de l’Irak et enfin à la lutte pour la transformation socialiste de la société.”
Quels sont les effets de cette politique impérialiste sur le reste du Moyen-Orient?
“Parlons d’abord de l’autre aventure impérialiste, celle d’Afghanistan. Un politicien britannique a récemment déclaré qu’on sous-estimait la position délicate du gouvernement de Karzaï. Fin janvier, les USA ont déplacé 2.200 marines vers l’Afghanistan, car la menace d’une offensive des Talibans se précisait dans le sud du pays. Lors du Forum Economique Mondial à Davos, Karzaï a même mis en garde contre “un embrasement du terrorisme” dans la région. Une telle instabilité – que renforcerait encore un possible effondrement de la société au Pakistan – montre bien l’impossibilité de développer ces pays dans le cadre du capitalisme et de l’impérialisme. Les conditions sociales y sont déjà telles qu’une récession mondiale pourrait donner le coup de grâce à plusieurs régimes instables.”
“Au Moyen-Orient, comme dans les pays du Golfe, il existe une élite riche qui nage littéralement dans les profits pétroliers. De l’autre côté, il y a une population souvent jeune, mais désorientée par la décadence capitaliste. La politique de Bush et de ses marionnettes locales a joué en faveur du fondamentalisme islamique, au Liban avec l’ascension du Hezbollah, à Gaza avec celle du Hamas. La soi-disant initiative de paix de Bush à Annapolis, en novembre de l’année passée, a donné plus de moyens au Fatah en Cisjordanie. Mais Israël continue à y construire des logements pour les colons.”
“En janvier, Bush a aussi fait une tournée dans sept pays arabes. Pour contrecarrer l’influence de l’Iran, il a vendu à l’Arabie Saoudite des bombes à guidage pour une valeur de 123 millions de dollars. Il en a aussi livré gratuitement 10.000 à Israël. D’autres contrats sont prévus pour une valeur totale de 20 milliards de dollars. La région devient une poudrière et l’exemple pakistanais n’a pas servi de leçon.”
Quels seront les effets d’une récession aux USA sur la position de l’impérialisme?
“Le prix du baril de pétrole a chuté légèrement depuis son pic de 10 dollars, mais il oscille toujours à un niveau élevé, entre 85 et 90 dollars. La crise financière actuelle – qui se traduira bientôt par des licenciements de masse, par des fermetures d’entreprises et par de nouvelles attaques sur les salaires et la sécurité sociale – se caractérise par l’éclatement des bulles artificielles qui maintenaient à flot le capitalisme en crise.
“Dans les années 80, dans le sillage de Reagan et de Thatcher, les gouvernements ont relancer les profits en sapant le pouvoir d’achat des salariés et des allocataires sociaux. Ils ont cependant préféré recourir provisoirement à l’emprunt public plutôt que de lancer une offensive encore plus dure contre la classe ouvrière. Dans le cas de Reagan, il s’agissait d’investir dans l’appareil militaire.”
“Au cours des dix dernières années, et surtout depuis la récession en 2001 aux USA, les dirigeants capitalistes ont essayé de différer une crise encore plus profonde en laissant enfler une bulle de crédits à bon marché. C’était le seul moyen pour que la population continue à consommer malgré des revenus qui ne progressaient plus ou même baissaient. C’est ainsi que les salariés se sont mis à dépenser leurs revenus futurs.”
“La bulle du marché immobilier est en train d’éclater aux USA. A l’heure actuelle, les prix n’y ont diminué “que” de 8%. Mais avec quelles conséquences ! Cela a cependant suffi pour que la Bourse américaine recule sérieusement, entraînant derrière elle toutes les Bourses à travers le monde. En Inde, la bourse a chuté de 11% en une journée. Les analystes n’en estiment pas moins que la chute des prix pourrait atteindre les 30%. La bulle d’autres formes de crédits aux USA pourrait produire des effets comparables.
“La bulle du ‘dollar fort’ est déjà en train d’éclater depuis un moment. Si elle devait éclater pour de bon, les exportations européennes auraient du mal à se maintenir et l’économie mondiale pourrait encaisser des chocs plus importants encore. “En outre, on ignore encore l’ampleur de la diffusion des ‘créances douteuses’ qui ont été converties en paquets d’actions. Un géant bancaire américain comme Citigroup a fait ses plus grosses pertes depuis 196 ans ! Un sentiment d’inquiétude, et même de panique, commence à s’installer parmi les dirigeants capitalistes. Il suffit de voir l’intervention énergique de la Federal Reserve (Banque Centrale Américaine) qui a réduit d’un coup ses taux de 0,75%. Les Américains sont endettés jusqu’au cou, mais Bernanke (le président de la FED) les incite à continuer dans cette voie.
“Les remèdes des rebouteux néolibéraux fonctionnent de moins en moins. La classe ouvrière américaine sera appelée à jouer un rôle important dans la construction de nouveaux partis pour les pauvres, les salariés et leurs familles, dans le feu de la lutte pour une autre société, une société socialiste.”
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Emeutes à Schaerbeek et Saint-Josse
La semaine dernière, les communes de Schaerbeek et de Saint-Josse ont été témoins d’émeutes de la part de quelques centaines de jeunes d’origine turque. Dans la nuit de dimanche à lundi dernier déjà, de premiers heurts avaient été constatés, le café d’un Arménien ayant été saccagé par une dizaine d’individus armés de bâtons et de pierres, alors qu’à l’extérieur se trouvait un cortège d’au moins 300 personnes brandissant drapeaux turcs et étendards des Loups-Gris (formation d’extrême-droite ultranationaliste turque)
Cédric Gérôme
Mercredi soir, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Schaerbeek et Saint-Josse ; brandissant des drapeaux turcs, des jeunes lançaient des slogans hostiles au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le feu vert récemment donné par le Parlement turc à une invasion militaire dans le Nord de l’Irak pour aller déloger les militants du PKK, ainsi que l’attaque meurtrière récente par des combattants du PKK contre l’armée turque, qui a tué douze soldats dans le Sud-Est du pays, a servi de toile de fond à ces rassemblements.
Les droits de la minorité kurde sont allègrement bafoués en Turquie (voir précédent article). Pourtant, les militants du PKK n’ont jamais recherché le soutien des travailleurs turcs dans leur lutte, irrémédiablement acquis, selon eux, au nationalisme turc. Nous condamnons fermement les méthodes (attentats, actions terroristes diverses) pratiquées depuis des années par le PKK, qui ont largement contribué à son propre isolement pami la population turque, et ont pour effet qu’aujourd’hui, une frange significative de celle-ci approuve les autorités et l’armée turques dans leur opération militaire sur le sol irakien. Des organisations réactionnaires comme les Loups-Gris exploitent ces sentiments pour gagner une certaine audience parmi la communauté turque. Les marxistes ont toujours expliqué que les attentats et les actes de terrorisme individuel et de violence aveugle ont tendance à pousser la population dans les bras des réactionnaires et des classes possédantes.
Cette dernière conclusion est aussi vraie ici que là-bas : saccager des cafés, incendier des voitures et briser les portes de logements sociaux sont des actes qui ne peuvent servir qu’à alimenter les discours racistes, attiser les tensions entre les différentes communautés, et donner du crédit à tous ceux qui revendiquent corps et âme davantage de répression et de policiers dans nos rues. Le gouvernement régional bruxellois, par la bouche de son ministre-président Charles Picqué (PS) a dit regretter ces agissements "qui mettent à mal les efforts visant à assurer une coexistence harmonieuse entre les différentes communautés sur le territoire de la Région de Bruxelles-capitale". De quels efforts parle-t-il ? Tous les rapports récents pointent du doigt une extension fulgurante de la pauvreté dans les communes de la capitale. Dans ces rapports, la commune de Saint-Josse n’est pas en reste : elle figure en effet parmi les entités les plus pauvres de l’ensemble du Royaume, avec un taux de chômage officiel de…40%. Faut-il dès lors s’étonner que la frustration sociale récurrente mène à de telles explosions ?
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La menace d’invasion augmente l’instabilité régionale
Le combat sanglant entre les troupes turques et les guérilleros séparatistes kurdes du PKK sur la frontière Turquie/Irak a énormément attisé les tensions entre les deux pays. Le Parlement turc a décidé par 509 votes contre 19 d’accepter les exigences des chefs militaires du pays pour envahir la région Kurde au nord de l’Irak. Ils veulent débusquer des unités du séparatiste et interdit Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Kevin Parslow, Socalist Party (section anglaise du Comité pour une Internationale Ouvrière).
Une invasion pourrait être lancée d’un moment à l’autre, avec de graves conséquences sur la population principalement Kurde de la région. Elle saperait aussi les puissances impérialistes occupant l’Irak, alors que Bush plaide actuellement pour un retrait des troupes. Economiquement, les marchés mondiaux ont déjà réagi avec inquiétude, le prix du pétrole a ainsi récemment atteint $90 le barril.
La minorité kurde de Turquie établie dans le sud-est du pays a, comme leurs compatriotes de Syrie, d’Iran et d’Irak, jusqu’à récemment, peu ou pas du tout de droits depuis que l’impérialisme a partagé l’ancien Empire Ottoman suite à sa chute durant la Première Guerre Mondiale.
Les Kurdes forment la plus grande nationalité sans Etat au monde. Historiquement, en Turquie, ils n’ont eu aucune reconnaissance jusqu’à tout récemment : ils ont maintenant des droits linguistiques et d’éducation limités. Leurs droits politiques ont été sévèrement réduits et les partis politiques kurdes sont souvent exclus des élections ou sont enfermés s’ils soutiennent publiquement l’indépendance ou même l’autonomie.
Le PKK, formé en 1978, a mené une campagne contre l’armée turque et des cibles économiques depuis 1984, mélangeant des combats de guerilla et des attaques ciblées – 17 soldats turques sont ainsi décédés dans une embuscade la semaine dernière. Mais l’incapacité du PKK à battre la puissance militaire turque a mené à des doutes sur ces tactiques et a conduit à un cessez-le-feu effectif entre 2000 et 2004.
Mais avec des réformes limitées et aucun mouvement vers l’autonomie (le PKK a laissé tomber la revendication d’indépendance), le PKK a repris ses activités militaires. Son dirigeant, Abdullah Öcalan, est arreté depuis 1999 et est emprisonné dans une prison turque d’où il aurait apparemment appelé a un cessez-le-feu.
Pourtant, durant ces derniers mois, le PKK a repris ses attaques sur des cibles en Turquie. L’armée turque croit qu’elles sont lancée depuis des bases au Kurdistan irakien. Les chefs militaires veulent entrer dans cette zone et tenter de battre le PKK avec le soutien du Parlement. A cause des méthodes du PKK, il y a parmi la population turque une légère approbation pour les propositions de l’armée et une grande hostilité contre les revendications nationales des Kurdes.
La Turquie est la seconde puissance armée de l’OTAN, derrière les USA et l’armée se considère comme la gardienne de la constitution laïque turque. Elle a mené quatre coups contre des gouvernements élus depuis 1960 à des moments où l’instabilité politique et économique menaçait leur position dominante dans la société.
Mais les militaires ont reçu un camouflet en juillet 2007 quand ils ont appelés à une élection générale après s’être opposés à la proposition de l’AKP – Parti de la Justice et du Développement, parti à l’origine islamiste avant que ses dirigeants ne prennent leurs distances avec cette idéologie – qui voulait qu’un de ses membres, Abdullah Gul, soit nommé au poste de président. L’AKP a facilement gagné ces élections principalement sur base de la croissance économique du pays et a donc pu nommer son candidat.
La volonté de s’attaquer au PKK provient assurément en partie de la nécessité de reconstituer le prestige de l’armée dans la société. De plus, tant l’armée que le gouvernement craignent la création d’un Etat kurde indépendant dans le nord de l’Irak. Une étape importante vers ce nouvel Etat vient d’être franchie avec la signature de contrats pétroliers directements passés entre le gouvernement régional kurde irakien et les multinationales pétrolières.
Une bonne partie de l’irak a déjà été dévastée par l’invasion américano-britannique et ses conséquences. Si la Turquie envahit elle aussi le pays, la partie de l’Irak a pour l’instant le moins souffert subira davantage de dévastations.
Certains dirigeants kurdes irakiens veulent d’ailleurs que le PKK se retire vers la Turquie pour empêcher la catastrophe, mais d’autres veulent que le gouvernement irakien empêche physiquement l’armée turque d’envahir la région tandis que les chefs arabes estiment que c’est aux forces kurdes de défendre leur région.
Le peuple kurde est descendu dans les rues de villes irakiennes telles qu’Irbil pour protester contre la décision prise par le Parlement turc. La plupart des Kurdes n’accepteraient pas une attaque de la part de l’armée turque. Nombreux sont ceux qui sont persuadés que l’armée turque interviendrait dans le nord de l’Irak pour des intérêts politiques et économiques sur le dos des ethnies de la région.
Les intérêts américains
Les relations entretenues entre les Etats-Unis et la Turquie étaient par le passé très amicales, mais se sont refroidies ces dernières années. Bien que les USA soutiennent l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, l’hostilité du peuple turc envers l’impérialisme américain a empêché le gouvernement de permettre à Bush et Blair d’employer le territoire turc pour envahir le nord de l’Irak en 2003.
Les tentatives actuelles des USA pour empêcher toute incursion turque en Irak n’ont pas été aidées par une note déposée devant le Congrès américain selon laquelle la mort de jusqu’à un million et demi d’Arméniens turcs entre les mains de l’Empire Ottoman entre 1915 et 1917 était un « génocide ».
Aucun doute n’existe sur l’existence de ce massacre, mais c’est une offense criminelle de soulever ce fait en Turquie. Un nationaliste de droite turc a ainsi récemment assassiné le principal journaliste arménien turc Arat Dink. Le fils de ce dernier a d’ailleurs aussi été, avec un autre journaliste arménien, condamné à un an de prison avec surcis pour provocations contre l’histoire officielle turque.
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“Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs"
Interview de Jef Sleeckx, ex-parlementaire du SP.a
Le jeudi 13 mars, j’ai discuté avec Jef Sleeckx dans son bastion de Mol. Entre les nombreux projets, histoires et anecdotes, je lui ai posé les questions suivantes.
Propos recueillis par Bart Vandersteene
Qui est Jef Sleeckx?
> Jef Sleeckx a été membre du SP pendant plus de 40 ans. Il a été parlementaire pendant 21 ans et a siégé pendant 17 ans au bureau du parti.
> Jef a été vu pendant toutes ces années comme une figure de gauche proche des travailleurs.
> Jef a voté contre Steve Stevaert pour la présidence du parti: “Steve se préoccupe trop de techniques de vente et de shows télévisés et trop peu des vrais principes socialistes.”
> Yves Desmet (journaliste à De Morgen) : “Ce qu’un ouvrier ne veut surtout pas, c’est de voir cette idole de la vieille gauche qu’est Jef Sleeckx apparaître à la porte de son usine, car il sait alors qu’il est grand temps de trouver un autre travail”
Jef, tu as quitté le Parlement en 1999. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, tu reviens sur la scène politique. Quels sont les raisons qui t’y ont poussé?
Il y a deux événements qui m’ont poussé à donner de la voix. D’une part, il y a eu la Constitution européenne qui a été rejetée en France et aux Pays-Bas. En soi, je trouve que l’UE a besoin d’une constitution pour faire collaborer 25 pays et 450 millions de gens. Mais cette Constitution ne porte pas là-dessus. Elle ne contient pas les règles du jeu, mais le jeu lui-même. La partie 3 de la Constitution dit que l’UE doit être néo-libérale. On ne laisse aucun espace pour le débat politique.
Une initiative avec Debunne et Vanoutrive
Georges Debunne m’a contacté l’année passée pour que je me joigne à lui et à Lode Vanoutrive afin de soumettre ensemble une pétition au Parlement flamand et de lancer ainsi le débat sur cette Constitution en Belgique.
Pour ce faire, nous avons dû récolter quelque 15.000 signatures dans des manifestations, des fêtes de quartier, aux portes des entreprises, et j’en oublie. En même temps, j’ai aussi étudié cette Constitution. Jamais je n’avais étudié avec un tel acharnement. Après la récolte des signatures, nous avons pu faire un exposé au Parlement flamand. Quelle ne fut pas ma stupéfaction lorsqu’il apparut que les parlementaires ignoraient presque tout de la Constitution. Cela transparaissait clairement dans les questions qu’ils me posaient. Ils n’en ont pas moins tous voté ensuite pour la Constitution…
Une deuxième affaire qui m’a énormément touché, c’est la lute contre le Pacte des Générations. A un certain moment, quelques délégués sont venus me trouver pour demander de mener une action et de diffuser un appel au fameux congrès du SP.a à Hasselt. J’ai été tout de suite d’accord et j’ai diffusé avec eux l’appel « nous vous tournons le dos ».
La collectivité paye, les patrons reçoivent des cadeaux
J’étais en total désaccord avec le Pacte des Générations. Le gouvernement et le SP.a faisaient tout pour effrayer les gens alors que ce n’était pas nécessaire. La Commission sur le Vieillissement a calculé qu’il faudrait de 3% à 4% du PNB en plus d’ici 2030 pour pouvoir payer les pensions. Cela équivaut à 9 ou 10 milliards d’euros (un peu plus d’après certains).
Si l’économie belge actuelle, qui vaut un bon 250 milliards d’euros, croît chaque année de 1,5% d’ici 2030, elle vaudra alors 112 milliards d’euros en plus. Utilisons-en 10% pour les pensions. Ce n’est quand même pas exagéré ?
Dans une interview à Knack, j’ai dit à ce moment qu’il fallait quelque chose de nouveau en dehors du SP.a, un nouveau parti des travailleurs. Je ne m’attendais pas à ce que mes paroles aient autant de conséquences à l’intérieur comme en dehors du SP.a.
Vande Lanotte a prétendu qu’il irait vers les entreprises avec ses militants. Nous ne les avons pas vus. Ils ont par contre organisé des réunions provinciales. J’y étais à Anvers où j’ai pris le micro et expliqué mon point de vue. J’ai demandé pourquoi on ne parle plus jamais d’un impôt sur la fortune, pourquoi on ne s’en prend pas plus énergiquement à la fraude, pourquoi les impôts ne rentrent pas mieux. Bref, j’y ai dit clairement que les moyens d’une politique existent, mais qu’il faut une autre politique.
Johan a encore essayé de monopoliser la parole, mais ça n’a pas marché. Il y a eu aussi une discussion sur ce que le Pacte des Générations reconnaîtrait comme métiers lourds. Après moi, quelqu’un dans la salle a pris le micro et a invité Johan à venir travailler 14 jours avec lui. Il saurait tout de suite ce qu’est un travail lourd. L’atmosphère dans la salle a tourné à travers la discussion et j’ai reçu beaucoup d’applaudissements et de marques de soutien. A la fin, j’ai dit que Vande Lanotte faisait prendre à la population des vessies pour des lanternes. C’est toujours la collectivité qui doit payer et les patrons qui reçoivent des cadeaux.
Si on menait une autre politique il n’y aurait aucun problème pour la population et, par exemple, pour le 1,5 million de Belges qui s’enfoncent aujourd’hui dans la pauvreté. Mais Stevaert a dit que le SP.a ne se préoccuperait plus en premier lieu des miséreux. Je me demande alors ce que doit faire un parti socialiste. Et aujourd’hui il n’y a pas que les allocataires sociaux qui ont du mal à s’en sortir. Vous pouvez toujours essayer d’entretenir une famille avec un salaire net de 1200 euros, surtout avec le coût actuel du logement.
Voilà pourquoi je dis qu’ils ont contribué à grossir les rangs du VB. Les mandataires socialistes ne sont plus physiquement présents dans les quartiers à problèmes. C’est comme s’ils avaient pris peur de leur public naturel. Mais pour pouvoir, par exemple, discuter du travail avec des chômeurs dans les quartiers à problèmes, on ne peut évidemment pas cumuler soi-même deux ou plusieurs boulots. Ce que fait Patrick Janssens est scandaleux : être parlementaire et bourgmestre d’une ville comme Anvers qui n’est pourtant pas si simple à gérer. Ce n’est tout de même pas sérieux. L’un des deux jobs devient forcément un job d’appoint, ce n’est pas possible autrement… Personne n’est capable de faire convenablement plusieurs jobs. Il en va de même avec le logement, vous pouvez toujours essayer de parler du travail au café avec un chômeur dans un quartier à problèmes si vous avez plusieurs jobs, ou avec un SDF si vous vivez dans une villa huppée, vous remarquerez tout de suite à quel point on vous prend au sérieux…
J’aurais pu devenir bourgmestre de Mol en 1994, mais je ne l’ai pas fait. J’ai laissé la base du SP.a décider quel mandat je devais assurer et le choix s’est porté sur mon mandat de parlementaire. Je ne voulais pas cumuler, c’est une question de principe. Si vous dites qu’il faut du travail pour tous, vous ne faites qu’un seul job. En tant que parlementaire, on a une fonction d’exemple. Les paroles ont été tellement vidées de leur sens que plus personne n’y croit, il faut agir tout simplement.
Comment vois-tu les développements des 10 dernières années au sein du SP.a?
J’ai été fortement frappé par le fait que le SP.a virait de plus en plus vers le centre, ce qui me tracassait au plus haut point. J’ai appelé pendant 17 ans au sein du bureau du parti à mener une autre politique. En tant que socialiste, on doit être droit dans ses bottes et adopter un profil clair. C’est ce qui a fait défaut et qui fait qu’aujourd’hui tant de gens votent pour le VB.
Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs. Ils n’appellent plus jamais à lutter. Alors que c’est justement plus nécessaire que jamais. Nous ne pouvons pas oublier que la Sécurité sociale n’est pas tombée du ciel. C’est le résultat de la lutte. Et pour être honnête, surtout de la lutte des travailleurs wallons. D’où mon opposition résolue à ceux qui veulent scinder la Sécurité sociale. Les travailleurs flamands, bruxellois et wallons ont les mêmes intérêts. Nous oublions parfois que nous devons beaucoup aux Wallons.
Quelque chose qui m’est resté longtemps en travers de la gorge, c’est l’attitude du SP.a envers les réfugiés. Lorsque je siégeais encore au Parlement flamand, j’ai pris en main l’affaire de grévistes de la faim kurdes. Je suis même allé au Kurdistan et je sais qu’on ne peut pas renvoyer les réfugiés kurdes. Ces gens se retrouvent en prison, voire disparaissent tout simplement. J’ai clairement dit au bureau du parti que je voterais « selon ma conscience ». Grâce à la pression que j’ai pu mettre à l’époque, ces gens ont pu rester en Belgique. La grève de la faim avait lieu à Hasselt à l’époque où Stevaert était encore bourgmestre. Mais je ne l’y ai jamais vu et il n’est jamais intervenu en faveur de ces grévistes de la faim.
As-tu un message à transmettre le 1er mai aux militants du SP.a et de la FGTB ?
Aux militants du SP.a, je demanderais qu’ils insistent au sein du parti pour qu’il recommence à se préoccuper beaucoup plus des travailleurs. Je suis content que SP.a Rood existe, j’ai beaucoup de respect pour ces camarades, mais je n’y crois pas. Le sommet du parti ne va pas les prendre au sérieux, il va les faire lanterner. SP.a Rood peut jouer un rôle pour démontrer qu’il y a soi-disant une aile gauche, mais en même temps SP.a Rood n’a rien à dire et n’aura jamais rien à dire dans le parti.
Aux militants de la FGTB, je demande de porter haut le drapeau de la solidarité. Il y aura beaucoup de luttes qui nécessiteront l’unité des travailleurs flamands, wallons et bruxellois. Les politiciens veulent briser la solidarité en disant qu’il y a d’autres intérêts en jeu. Mais nous ne pouvons pas oublier que c’est grâce à la combativité wallonne que la Sécurité sociale a pris forme.
Aux uns et aux autres, je veux aussi dire qu’une alternative politique est nécessaire. Une alternative politique qui place les intérêts de la population laborieuse et des allocataires sociaux tout en haut de l’agenda.
Où que tu parles, tu mets l’accent sur la nécessité d’une meilleure protection des délégués syndicaux. Pourquoi ce point en particulier?
Parce que les délégués sont le moteur des syndicats. Ils sentent ce qui vit à la base. Hélas, les patrons font tout aujourd’hui pour mettre à la porte les bons délégués qui défendent leur base. Ils n’épargnent pas leur peine et sont même prêts à payer le prix fort, comme par exemple chez Stora à Zelzate, pour se débarrasser de délégués. Nous devons y apporter une réponse.
Les jeunes seront importants dans une nouvelle initiative, quel message adresses-tu à la jeunesse ?
Les jeunes doivent affiner leur conscience politique. Nombre d’entre eux sont en quête de valeurs qui proposent davantage que les valeurs purement matérielles. Parce que celles-ci ne garantissent pas le bonheur. C’est pourquoi la solidarité est importante, y compris entre les jeunes et les aînés.
J’ai été surpris dans un premier temps de lire que le VB fait maintenant de bons scores parmi les jeunes. L’avantage qu’a le VB, c’est qu’il n’y va pas par quatre chemins. Même si nous ne sommes pas du tout d’accord avec leur démagogie abjecte. Les partis traditionnels créent des attentes qu’ils ne concrétisent pas. D’où la perte de crédit de ces partis. Avec toutes les conséquences qui s’ensuivent ! Les gens doivent savoir clairement qui défend quoi sur qui ils peuvent vraiment compter.
L’initiative pour une autre politique diffusera un tract national le 1 mai. Quelle sera l’étape suivante ?
C’est un pas important que nous faisons en diffusant un tract commun dans tout le pays. Des gens d’horizons divers, des militants syndicaux, des militants politiques collaborent à une alternative politique.
Il y aura une réunion nationale en automne pour décider ce que nous ferons, quelles suites nous allons donner à notre appel à une alternative politique. Je ne peux pas encore anticiper cette étape, mais je la trouve importante. Si un nouveau parti voit le jour, ce sont les travailleurs qui en détermineront le programme. J’espère que nous seront prêts pour les élections législatives de 2007.
D’après toi, quel rôle les militants du MAS/LSP ont-ils à jouer dans cette nouvelle initiative ?
Les militants du MAS/LSP s’implique énormément dans le mouvement ouvrier. C’est positif et très important que le MAS/LSP ait pris position sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. J’ai beaucoup de respect pour vos militants, comme pour tous les militants de gauche. Une nouvelle initiative pourra compter sur beaucoup de bons militants pour approfondir certains points du programme et aider à les diffuser et à les défendre au-dehors. A mes yeux, tous les militants de gauche sans la moindre exception joueront un rôle important.
Un dernier mot pour nos lecteurs?
J’espère que le 1er Mai de cette année préfigure un nouveau printemps et un nouveau cri. Un nouveau cri qui réaffirme la solidarité entre tous les travailleurs où qu’ils habitent. Une autre politique signifie aussi que tous les gens de gauche devront, sans renier pour autant leur identité, mettre de côté les grandes certitudes de leur propre groupe pour aider à façonner une autre politique avec tous ceux qui veulent une autre politique, solidaires autour d’un programme commun, ainsi que pour combattre efficacement l’extrême droite.
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Journée internationale de soutien aux chauffeurs de bus. "Osanlou doit être libéré" – Stockholm
Journée internationale de soutien aux chauffeurs de bus
Elias Blomm, Stockholm, de notre organisation soeur
”Osanlou, Osanlou, azad bayad gardad” (Osanlou doit être libéré). C’était le slogan scandé lors des protestations du 15 février organisées devant les ambassades d’Iran du monde entier. Plus tard dans la même journée, de nombreux leaders syndicaux des chauffeurs de bus étaient relâchés à Téhéran. Cependant, le leader du syndicat des chauffeurs de bus, Mansour Osanlou, qui a été arrêté le 22 décembre, est toujours en prison avec d’autres militants syndicaux.
La fédération internationale des travailleurs du transport a annoncé une journée de protestation internationale. A Stockholm, près de 60 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade d’Iran mercredi midi. Des orateurs de différentes organisations et partis en exil se sont exprimés à cette occasion. En Iran, les manifestations ont eu lieu à Téhéran devant le parlement et dans de nombreuses villes du Kurdistan.
« Mansour Osanlou est devenu, en peu de temps, un des leaders ouvrier les plus connus internationalement. Les chauffeurs de bus ont donné l’exemple aux travailleurs en général. Mais les journaux, les radios et les TV, qui couvrent beaucoup l’Iran, sont silencieux sur les grèves et les luttes des travailleurs. », a déclaré Per-Åke Westerlund, du Rättvisepartiet Socialisterna (CIO, Suède) dans son discours de solidarité. Il a appelé les syndicats suédois à soutenir les chauffeurs de bus en lutte.
Un grand nombre de partis iranniens a participé à la manifestation du 18 février pour soutenir Per Johansson, le dirigeant du syndicat des chauffeurs de métro, viré par Connex (multinationale du transport).
Le syndicat des chauffeurs de bus a joué un rôle important dans le renversement du Shah en 1978-79, mais a rapidement été déclaré illégal par le régime au début des années 80. En 2003, des activités en sous-marin ont repris. Durant l’augmentation des grèves de l’an dernier, les forces du régime ont attaqué les chauffeurs de bus à de nombreuses reprises.
Quand Mansour Osanlou a été arrêté, lors d’un raid policier nocturne le 22 décembre à son domicile, des milliers de travailleurs ont répondu par des grèves et des meetings de masse. Le régime a réprimé violemment pour stopper une grève de masse planifiée pour le 29 janvier. 1300 travailleurs ont été arrêtés. Leurs familles ont également été attaquées, 5 enfants ont été arrêtés et un bébé de deux ans a été blessé par la police. Pendant la journée de grève, les soldats, les policiers et autres briseurs de grèves ont dû conduire les bus.
Le gouvernement irannien n’est pas en position de force. Les revenus croissants du régime venant de l’augmentation des prix du pétrole ne se sont pas reflétés dans de meilleures conditions de vie pour les travailleurs. Les grèves sont une menace pour ce régime qui essaye d’augmenter son soutien en se posant en « anti-impérialiste » dans le dossier nucléaire.
Dans sa campagne contre le gouvernement irannien, l’administration Bush a soutenu de manière hypocrite les chauffeurs de bus de Téhéran. La classe ouvrière en Iran est en train de défier le régime et les meilleurs militants comprendront que Bush ne fait pas partie de leurs amis : les capitalistes occidentaux ne sont intéressés que par les réserves de pétrole, les nouveaux marchés et les opportunités d’exploiter les travailleurs. Les protestations devant l’ambassade à Stockholm peuvent être vues à : www.radio-international.org
