Tag: Kurdistan

  • Action de sensibilisation en solidarité avec Afrin au Parlement européen

    La Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin lance une tente d’information devant le Parlement Européen à Bruxelles, afin de fournir des informations détaillées sur les crimes de guerre de la Turquie à Afrin ainsi que sur la crise humanitaire causée par les attaques turques dans l’enclave. L’action prendra place chaque jour du lundi 19 au vendredi 23 mars entre 11 et 15h.

    Par la Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin

    L’inauguration de la tente aura lieu à l’occasion d’une conférence de presse le lundi 19 mars à 13h, avec la participation des députés européens qui votèrent le jeudi 15 mars une résolution sur la Syrie appelant l’État turc à retirer ses forces du Nord de la Syrie.

    Les représentants de la Fédération Démocratique du Nord de la Syrie, de même que divers groupes politiques de Turquie et du Kurdistan ainsi que des organisations kurdes, assisteront à la conférence de presse.

    Tout au long des cinq jours durant lesquels la tente sera ouverte, les politiciens kurdes et les membres de notre plateforme fourniront des informations complètes et délivreront des fichiers concernant les crimes de guerre de la Turquie à Afrin de même que la crise humanitaire causée par le siège de la ville par la Turquie. Les membres de la plateforme rendront également visite au Parlement Belge et aux partis politiques, de même qu’à la société civile et aux organisations pour les droits humains.

    La situation à Afrin a atteint une étape critique alors que des centaines de milliers de civils se retrouvent sous les intenses bombardements des avions turcs, pendant que le centre d’Afrin fut privé d’eau et d’électricité une semaine durant à la suite du siège de la ville par la Turquie.

    La Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin, qui rassemble 94 organisations provenant de toute l’Europe, exhorte la communauté internationale, les Nations Unies et l’Union Européenne à briser leur silence vis-à-vis de l’agression turque sur Afrin, de même qu’à prendre des mesures urgentes pour arrêter cette attaque.

    Nous demandons également :

    • Nous appelons le Conseil de Sécurité des Nations Unies à se lever fermement en défense de la Résolution 2401, et à ne pas laisser le régime turc échapper à sa responsabilité concernant ses actions dans la région d’Afrin, en Syrie.
    • Nous exhortons la communauté internationale à imposer le cessez-le-feu du CSNU et à garantir la livraison d’une aide médicale et humanitaire aux civils qui en ont désespérément besoin, tant à Afrin que dans la Ghouta.
    • Nous insistons sur le besoin urgent d’implémenter une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la région d’Afrin dans le but de préserver les vies civiles et les zones résidentielles, l’infrastructure civile, les monuments importants et les artefacts culturels. Nous invitons la communauté internationale à aider à la mise en place de cette zone d’exclusion aérienne avec les troupes de maintien de la paix ou les délégations observatrices.
  • Solidarité avec Afrin ! Résistance populaire contre l’occupation turque !

    Action de solidarité à Bruxelles ce 3 mars. Photo : Mario

    La fin de l’Etat islamique ne signifie pas celle de l’instabilité – la seule issue est l’action indépendante des masses

    Des centaines de milliers de personnes (combattants ou civils) ont perdu la vie au cours de la guerre contre le ‘‘califat’’ de l’Etat islamique (Daesh) en Irak et en Syrie. Sans compter toutes les victimes d’attentats au Yémen et ailleurs dans le Moyen-Orient et dans le monde. Sans compter les milliers de femmes yazidies enlevées et forcées à devenir des esclaves sexuelles. Sans compter les centaines de milliers de personnes dont la vie a été plongée dans l’horreur et le chaos. Ce chaos, hélas, ne disparaitra pas avec le prétendu ‘‘califat’’.

    Par Nicolas Croes

    S’il y a bien un terme adéquat pour correspondre à l’état actuel du monde capitaliste, c’est celui ‘‘d’explosif’’. Depuis l’éclatement de la crise économique, l’instabilité politique et sociale a gagné en intensité, de même que la concurrence – voire les conflits – entre les diverses grandes puissances et leurs alliés. A l’aube du 21e siècle, les Etats-Unis régnaient en véritables ‘‘gendarmes du monde’’ à l’autorité incontestée. Il n’a pas fallu 20 ans pour que cette situation vole en éclats.

    Casse-tête et migraines dans les Etats-majors

    Ce 20 mars, cela fera 15 ans que l’Irak a été envahie par la coalition dirigée par les Etats Unis. A l’époque nous avions activement participé au mouvement anti-guerre – sans pour autant accorder le moindre soutien à la dicta ture de Saddam Hussein – en expliquant notamment que l’occupation ouvrait la voie à ‘‘plusieurs Saddam’’. Les évènements qui suivirent nous ont tragiquement donné raison.

    Aujourd’hui se profilent les premières élections législatives post-Daesh, le 12 mai, dans un pays dévasté. Au Nord du pays, dans le Kurdistan irakien, les aéroports sont fermés et les fonctionnaires kurdes ne reçoivent plus de salaire de la part des autorités irakiennes en punition du référendum d’indépendance de septembre 2017 (92,7% des Kurdes irakiens ont voté en faveur de l’indépendance avec une participation de plus de 72%).

    Ailleurs dans le pays, ‘‘Si le processus de stabilisation ne commence pas vite, les germes sont là pour que ressurgissent d’autres formes de terrorisme’’, a déclaré le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, venu à Bagdad soutenir le Premier ministre irakien Haïder Al-Abadi. La reconduction de ce dernier pour un second mandat est loin d’être acquise après le 12 mai. Pour lui, la reconstruction du pays nécessite 88 milliards de dollars (71 milliards d’euros). Les alliés de l’Irak ont, le 14 février, promis de mobiliser 30 milliards de dollars seulement. Que restera-t-il de ces maigres promesses ? Mystère. Ce qui est certain, c’est que les nouveaux marchés qui s’ouvrent aux entreprises font l’objet d’une attention bien plus soutenue de la part de la France, des Etats-Unis, de la Turquie, de l’Arabie saoudite, du Qatar, du Koweït…

    Après des décennies de chaos activement provoqué et entretenu par les puissances occidentales, toutes les forces en présence recherchent une certaine stabilité. Mais leurs intérêts divergent profondément. En mai 2017 a pris place le sommet de Riyad durant lequel Trump, le souverain saoudien Salmane, le président égyptien al-Sissi et d’autres dirigeants arabes se sont engagés à ‘‘combattre le terrorisme’’ de concert. Le 23 novembre, un sommet tripartite a réuni les présidents russe, iranien et turc. L’Iran et la Turquie se sont rapprochés, notamment du fait de leur opposition commune au référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien.

    La France, tout d’abord, puis les Etats-Unis ont fait une volte-face concernant le régime de Bachar al-Assad, considéré comme faisant partie de la solution post-Daesh tandis que ce dernier et ses alliés, la Russie, le Hezbollah, les milices chiites irakiennes pro-iraniennes et l’Iran ont tenté d’occuper le plus de terrain possible pour l’après-Daesh, y compris à la frontière irakienne, pour pouvoir exiger une certaine légitimité sur tout le pays. Les Etats-Unis ont tenté d’amener le Premier ministre irakien à se rapprocher des Saoudiens mais, lors de la réunion de la Ligue arabe de la mi-novembre, le gouvernement irakien a refusé de condamner le Hezbollah et l’Iran. Une des clés de compréhension de cette attitude réside dans l’incorporation de milices chiites soutenues par l’Iran dans les forces de sécurité irakienne.

    La lutte indirecte entre l’Iran et l’Arabie saoudite qui prend actuellement place au Yémen pourrait s’étendre en Irak. Les régimes sunnites sont de plus divisés quant à l’impatience inconsidérée de Trump. Les Etats du golfe, surtout l’Arabie saoudite et l’Egypte, reprochent au Qatar son soutien aux Frères Musulmans, à Al Jazeera et à l’Iran.

    L’épine kurde dans le pied des différentes puissances

    L’équilibre des forces est précaire dans toute la région. Pacifier les parties en lutte et instaurer un partage du pouvoir stable en Syrie, en Irak et, par extension, dans tout le Moyen Orient, est aujourd’hui plus éloigné que jamais.

    Jadis, l’Occident espérait que le régime d’Erdogan pourrait servir d’exemple d’une démocratie musulmane moderne et modérée qui réussirait également à repousser l’influence du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et deviendrait un modèle pour toute la région. Ces illusions ont été balayées par les victoires militaires des Kurdes syriens, la victoire électorale du parti HDP (Parti démocratique des peuples, pro-kurde) en 2015, l’arrêt de la croissance économique, puis le coup d’Etat manqué de juillet 2016 suivi d’une énorme répression et de l’installation d’un état d’urgence permanent et enfin d’un référendum sur une dictature présidentielle dans l’Etat turc.

    Depuis le 20 janvier, l’Etat turc a lancé une offensive sanglante contre les Kurdes à Afrin, dans le nord de la Syrie, dans le prolongement de l’offensive dévastatrice menée en 2016 contre les régions kurdes de Turquie. Ce n’est qu’en 2016 que des avions turcs ont bombardé pour la première fois les bases de Daesh en Syrie. Mais le prétexte de la prétendue ‘‘guerre contre le terrorisme’’ des forces occidentales a été saisi par le régime d’Erdogan pour couvrir le bombardement des forces kurdes qui combattaient Daesh sur le terrain ! Plutôt qu’une victoire kurde, l’Etat turc préférait très clairement que Daesh l’emporte.

    Les Kurdes composent une nation sans Etat, divisée entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie depuis l’accord conclu après la Première guerre mondiale entre puissances impérialistes pour découper la région. Dans l’instabilité créée par la guerre en Irak de 2003, ils ont développé des zones autonomes en Irak et en Syrie. Le régime turc craint ce que cela pourrait signifier pour la Turquie elle-même.

    Les combattants kurdes ont fait preuve d’héroïsme dans leur lutte contre Daesh. Mais bon nombre de leurs gains ont été réalisés aux côtés d’attaques aériennes des forces russes et américaines. Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont à plusieurs reprises averti que les États-Unis et la Russie n’étaient pas des amis du peuple kurde. Ils utilisent les combattants kurdes quand cela leur convient pour les abandonner ensuite tout aussi facilement. C’est ce que nous avons brutalement vu se produire en 1991, lorsque George H. W. Bush a encouragé un soulèvement contre Saddam Hussein pour ensuite laisser les Kurdes être massacrés. La même chose menace maintenant de se produire à Afrin: une fois Daesh vaincu, les Etats-Unis et la Russie ont permis à la Turquie de faire déferler sa machine de guerre.

    Pour une résistance de masse !

    Les Kurdes ont bien entendu le droit de se défendre. Le plus efficace serait au moyen de comités de défense démocratiques, non sectaires et multiethniques, capables de donner un rôle actif à la population. Les territoires actuellement sous contrôle kurde sont peuplés d’Arabes, de Turkmènes et de Kurdes. Il est vital de faire appel à ces masses pour qu’elles s’organisent ensemble. En défendant le droit à l’autodétermination des peuples, il serait possible de construire un mouvement qui résisterait aux attaques turques et s’adresserait aux travailleurs et aux pauvres de toute la région.

    Il est également important de lancer un appel à la classe ouvrière en Turquie. Dans une situation aussi terrible, cela peut sembler éloigné. Un tel appel doit reposer sur un programme de défense des droits démocratiques, pour de bons emplois et des logements décents mais aussi pour que les vastes ressources de la région soient détenues et contrôlées démocratiquement par la collectivité, au bénéfice de tous. Les travailleurs et les pauvres en Turquie n’ont rien à gagner de l’oppression des Kurdes, qui ne fait que renforcer le gouvernement et les patrons qui les exploitent et les oppriment également.

    La plus grande crainte des riches, des grands patrons et des propriétaires terriens ainsi que de leurs représentants politiques serait le rassemblement des travailleurs kurdes, irakiens, turcs, syriens et iraniens dans un mouvement qui pourrait défier les gouvernements locaux, les impérialistes et le capitalisme lui-même.

    Nous soutenons le droit démocratique du peuple kurde à l’autodétermination, y compris, s’il le souhaite, jusqu’à la pleine autonomie et à l’établissement d’États indépendants ou d’un État commun à tous les Kurdes. Une confédération socialiste sur base volontaire au Moyen-Orient permettrait à tous les peuples de décider librement et démocratiquement de leur destin.

    Sur Twitter, un jeune syrien réagissait ainsi aux bombardements du régime syrien sur la Ghouta (à l’est de Damas) : ‘‘Qu’est-ce que cette humanité qui envoie des navettes sur Mars et qui ne peut rien faire pour sauver des vies qu’on assassine ?’’ C’est sur ce type de contradictions que repose le système capitaliste. Il sera plus facile de renverser ce système que d’obtenir la paix et le respect des peuples en restant dans ses étroites limites.

  • Bruxelles. Action de solidarité contre l’intervention turque à Afrin

    Un rassemblement a eu lieu ce samedi à Bruxelles pour dénoncer l’invasion turque à Afrin, en Syrie. Ce n’est pas la première action qu’il y a eu sur ce sujet, mais la guerre se poursuit et a passé le cap des 40 jours. L’intervention de l’Etat turc vise à le positionner pour la situation post-Daesh et à empêcher que les régions autonomes kurdes de Syrie ne puissent servir d’exemple au peuple kurde de Turqui. Avec cette guerre, le président-dictateur turc Erdogan essaye également de favoriser les sentiments nationalistes pour renforcer son assise sur la société.

    Photos de Mario (Bruxelles)

    Protest tegen Turkse inval in Afrin // Foto's door Mario

  • Rassemblement de solidarité avec Afrin à Bruxelles

    Samedi 27 janvier, plusieurs centaines de personnes se sont réunies à la gare de Bruxelles central pour dénoncer l’invasion turque d’Afrin. Après la défaite de Daesh en Syrie, plusieurs puissances tentent de renforcer leur position et de saper celle des autres acteurs. Le régime turc veut renforcer son influence régionale et, en même temps, saper la possibilité d’une autonomie kurde dans le nord de la Syrie. Les États-Unis et la Russie regardent et ne veulent rien mettre en travers du chemin de leur allié turc. Les principales victimes sont encore une fois les gens ordinaires, d’abord et avant tout la population d’Afrin.

    Ce rassemblement n’était pas un événement isolé. Dans de nombreux pays, les Kurdes sont descendus dans la rue par solidarité avec le peuple d’Afrin et contre la guerre du régime d’Erdogan. A Bruxelles, les manifestants kurdes ont reçu la solidarité de VZW Peace et d’autres organisations, y compris le PSL. Comme d’habitude, toutes les organisations présentes ont eu la possibilité d’expliquer leur position dans un micro ouvert. Nous avons distribué le tract disponible ici.

    #SolidarityWithAfrin // Liesbeth

  • STOP à la guerre contre les Kurdes! #SolidaritéAvecAfrin

    Manifestation à Londres, cette semaine. Photo : Amaliah (Socialist Party)

    Pour une résistance de masse !

    L’État turc s’en prend aux Kurdes à Afrin au moyen de bombardements et d’une invasion terrestre. Ceci survient à la suite de l’offensive dévastatrice menée en 2016 contre les régions kurdes en Turquie. Le président Erdogan avait mis fin au “processus de paix” et déclenché une guerre, provoquant une vague de nationalisme anti-kurde en Turquie.

    Ce n’est qu’en 2016 que des avions turcs ont bombardé pour la première fois les bases de Daesh en Syrie. Mais le prétexte de la prétendue “guerre contre le terrorisme” des forces occidentales a été saisi par le régime d’Erdogan pour couvrir le bombardement des régions kurdes.

    Ces forces kurdes étaient celles qui combattaient Daesh sur le terrain ! Plutôt qu’une victoire kurde, l’Etat turc préférait que Daesh l’emporte.

    Les Kurdes composent une nation sans Etat, divisée entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie depuis l’accord conclu après la Première guerre mondiale entre puissances impérialistes pour découper la région.

    Dans l’instabilité créée par la guerre en Irak de 2003, ils ont développé des zones autonomes en Irak et en Syrie. La lutte contre Daesh a soulevé la possibilité de faire tomber les frontières de l’impérialisme. Grâce aux progrès réalisés par les Unités de protection du peuple (YPG, branche armée du Parti de l’union démocratique, PYD, organisation de gauche syrienne) kurdes, une grande zone conjointe dans le Nord de la Syrie et en Irak est sous contrôle kurde. Le régime turc craint ce que cela pourrait signifier pour la Turquie elle-même.

    Les Kurdes trahis

    Les combattants kurdes ont fait preuve d’héroïsme dans leur lutte contre Daesh. Mais bon nombre de leurs gains ont été réalisés au côté d’attaques aériennes des forces russes et américaines.

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont à plusieurs reprises averti que les États-Unis et la Russie n’étaient pas des amis du peuple kurde. Ils utilisent les combattants kurdes quand cela leur convient pour ensuite les abandonner tout aussi facilement.

    Dès que Daesh a été repoussé, les Etats-Unis et la Russie ont permis à la Turquie de déchainer sa machine de guerre dans l’espoir de stabiliser leurs relations avec le régime turc.

    Les différentes puissances impérialistes, parmi lesquelles les États-Unis et la Russie, n’ont jamais eu les intérêts des Kurdes à cœur. Ils ne s’intéressent qu’à leurs propres intérêts et ne soutiennent les forces kurdes que dans la mesure où ces derniers n’entrent pas en conflit avec eux.

    C’est ce que nous avons brutalement vu se produire en 1991, lorsque George H. W. Bush a encouragé un soulèvement contre Saddam Hussein pour ensuite laisser les Kurdes être massacrés.

    Ni les puissances occidentales, ni les régimes répressifs de la région ne veulent que la détermination des Kurdes à lutter pour l’indépendance dans d’autres régions ne s’accentue davantage, en raison de l’instabilité profonde qui en résulterait, dont l’éclatement potentiel de la Turquie.

    Les puissances capitalistes régionales sont toutes prêtes à favoriser les divisions ethniques et nationales et à dresser les peuples les uns contre les autres – les Arabes contre les Kurdes par exemple – pour servir leurs intérêts.

    Pour une résistance de masse !

    Les Kurdes ont bien entendu le droit de se défendre. Le PSL défend la création de comités de défense démocratiques, non sectaires et multiethniques, capables de donner un rôle actif à la population.

    Les territoires actuellement sous contrôle kurde sont peuplés d’Arabes, de Turkmènes et de Kurdes. Il est vital de faire appel à ces masses pour qu’elles s’organisent ensemble.

    En défendant le droit à l’autodétermination des peuples, il serait possible de construire un mouvement qui résisterait aux attaques turques et s’adresserait aux travailleurs et aux pauvres de toute la région.

    Il est également important de lancer un appel à la classe ouvrière en Turquie. Dans une situation aussi terrible, cela peut sembler éloigné. Un tel appel doit reposer sur un programme de défense des droits démocratiques, pour de bons emplois et des logements décents ainsi que pour que les vastes ressources de la région soient détenues et contrôlées démocratiquement au bénéfice de tous. Cela serait de nature à briser la peur et la haine. Les travailleurs et les pauvres en Turquie n’ont rien à gagner de l’oppression des Kurdes, qui ne fait que renforcer le gouvernement et les patrons qui les exploitent et les oppriment également.

    La plus grande crainte des riches, des grands patrons et des propriétaires terriens ainsi que de leurs représentants politiques serait le rassemblement des travailleurs kurdes, irakiens, turcs, syriens et iraniens dans un mouvement qui pourrait défier les gouvernements locaux, les impérialistes et le capitalisme lui-même.

    Nous soutenons le droit démocratique du peuple kurde à l’autodétermination, y compris, s’il le souhaite, jusqu’à la pleine autonomie et à l’établissement d’États indépendants ou d’un État commun à tous les Kurdes.

    Une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient permettrait à tous les peuples de décider librement et démocratiquement de leur destin.

    Les socialistes et les organisations des travailleurs doivent construire des mouvements opposés à la guerre contre les Kurdes et contre l’intervention impérialiste, et exiger des droits et des conditions décentes pour les réfugiés.

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    Déclaration conjointe de SOSYALIST ALTERNATIF (CIO-Turquie) & de PATRONSUZ DUNYA

    Le régime d’Erdogan a lancé une opération militaire à Afrin, une ville kurde du nord-ouest de la Syrie, avec le soutien sans réserve du parti d’opposition social-démocrate, le CHP. Les acquis et la lutte de libération du peuple kurde – peuple réparti sur un territoire partagé entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie – sont visés par un accord commun entre les régimes de ces quatre pays ainsi que les forces impérialistes telles que la Russie et les Etats-Unis.

    Le nom même de l’opération, ‘‘Rameau d’olivier’’, exprime le commun accord contre toutes sortes de revendications fondées sur le droit à l’autodétermination des Kurdes, même si ces puissances sont en conflit les unes avec les autres. Ce nom revient à voir un dictateur offrir un rameau d’olivier à un autre alors que tous deux qualifient l’autre de ‘‘dictateur aux mains pleines de sang’’. En tant que socialistes et marxistes révolutionnaires, nous appelons tous les travailleurs et les syndicats à s’opposer à cette attaque.

    Il s’agit d’une guerre contre les Kurdes. Le mobile qui la sous-tend est simple : le peuple kurde est géographiquement divisé et opprimé par quatre pays, usurpé de ses droits démocratiques nationaux les plus élémentaires. Toute conquête éventuelle que les Kurdes pourraient obtenir dans l’un de ces pays impliquera des revendications nationales en matière de droit démocratique et, par conséquent, accélérera le processus de sensibilisation pour le peuple kurde dans les trois autres pays. C’est précisément ce qui inquiète les autres pays et leurs régimes oppresseurs. Ils n’hésitent donc pas à recourir à toutes sortes de moyens, y compris la guerre et les massacres, pour éliminer ces conquêtes.

    Les médias, qui agissent tel un ministère de la propagande pour le palais d’Erdogan, injectent le racisme dans la conscience des masses en présentant cette campagne d’occupation comme une opération ‘‘contre le terrorisme’’. Il s’agit d’un énorme mensonge. Le régime d’Erdogan a alimenté la guerre civile syrienne, a soutenu les organisations djihadistes-terroristes et a causé des effusions de sang non seulement en Syrie mais aussi dans d’autres pays du monde. Il a utilisé ces organisations djihadistes-terroristes pour servir sa stratégie politique. Le régime d’Erdogan a ouvertement transporté en bus des djihadistes de Turquie à Afrin pour cette campagne d’occupation, sans même essayer de le cacher. Le régime d’Erdogan était assis à la table de négociation avec les régimes russe et syrien, pour Alep et Idlib, en tant que ‘‘représentant’’ des organisations terroristes djihadistes. Cela révèle quelle est la nature des relations entre le régime d’Erdogan et les djihadistes.

    D’autre part, le régime fait taire toutes les voix de l’opposition par le biais de l’état d’urgence et des décrets d’urgence. Avec cette guerre, le régime d’Erdogan tente de se renforcer. Il ajoutera ‘‘l’état de guerre’’ à ‘‘l’état d’urgence’’. Cette guerre favorisera en outre l’atmosphère nationaliste dans le pays, ce qui diminuera la marge de manœuvre de l’opposition. Le CHP (le parti kémaliste prétendument social-démocrate) est en concurrence avec la ‘‘coalition AKP-MHP’’ (l’AKP est le parti d’Erdogan, le MHP le parti d’extrême droite) dans une ‘‘course au patriotisme’’.

    Le véritable ennemi n’est pas le peuple d’Afrin, c’est le régime d’Erdogan. Ce régime réprime toute revendication démocratique en utilisant toute la force de l’appareil d’Etat. Les conditions de vie de la classe des travailleurs, dont les enfants sont envoyés à la guerre, sont grandissantes. Le régime d’Erdogan utilisera la guerre contre les Kurdes pour empêcher que le mécontentement des travailleurs ne vienne menacer le régime. De cette façon, il lui sera beaucoup plus facile de stigmatiser ceux qui revendiquent leurs droits en les qualifiant de ‘‘partisans des terroristes’’.

    Il est presque certain qu’il sera interdit aux travailleurs du secteur métallurgique de faire grève dans ces prochains jours. Lors d’un meeting public à Kütahya, Erdogan a élevé la voix contre les travailleurs précaires exigeants des emplois permanents en leur disant : ‘‘Vous n’écoutez pas les explications, vous ne suivez pas les choses, vous ne savez pas (…) nous l’avons déjà dit au Parlement (…) vous insistez encore pour ne pas comprendre…’’ tout cela alors qu’il annonçait le début de la campagne d’occupation. Cela illustre l’apparente confiance en lui d’Erdogan, confiance créée par son pouvoir absolu sur le pays. Nous aurons à faire face à plus encore en raison de la guerre et des divisions au sein de la classe ouvrière à cause du racisme, du nationalisme, du sectarisme et du chauvinisme.

    Tous les partis d’opposition et les médias, qui sont tout à fait d’accord avec le régime d’Erdogan sur ce sujet, accordent une attention extrême à la ‘‘lutte contre le terrorisme’’ comme raison de l’opération. Ils évitent autant que possible d’utiliser le mot ‘‘kurde’’ (y compris certains groupes qui se définissent comme ‘‘socialistes’’). C’est la raison pour laquelle le nom de Rojava a été rapidement changé, passant du terme de ‘‘corridor kurde’’ jusqu’à la Méditerranée à celui de ‘‘corridor de terreur’’. Même le MHP ultra-nationaliste et raciste affirme : ‘‘On ne peut pas prétendre que le MHP est contre les Kurdes’’. Leur véritable préoccupation est la conscience nationale formée autour des Kurdes.

    Comme tous les autres peuples, les Kurdes devraient avoir le droit de vivre et de déterminer leur destin, que ce soit en Syrie, en Irak, en Iran ou en Turquie. La formation de la conscience nationale des Kurdes et leurs revendications démocratiques doit devenir une préoccupation pour toute la classe ouvrière exploitée. Il s’agit d’une condition préalable au succès en tant que force unifiée des travailleurs en Turquie. Il est nécessaire que la classe ouvrière turque défende collectivement les droits des Kurdes. Ce n’est que de cette manière qu’il sera possible de gagner la confiance puis le soutien du peuple kurde et de combiner la lutte pour les droits démocratiques nationaux à la lutte des classes.

    Ni le peuple kurde, ni le peuple syrien ne sont nos ennemis. Le véritable ennemi, c’est la dictature d’Erdogan, qui protège les patrons, les voleurs, la corruption, les tueurs et les organisations terroristes djihadistes qui n’ont rien donné aux travailleurs et aux opprimés si ce n’est le chômage, la pauvreté, l’exploitation, du sang, des larmes, la guerre et la mort. Une dictature ne peut être détruite que par ses victimes. Les victimes de ce régime sont les Turcs ordinaires, les Kurdes, les Alevites, les Sunnites, c’est-à-dire la classe ouvrière et tous les peuples opprimés.

    L’AKP, le CHP, le MHP et le ?Y? sont tous des partis nationalistes et chauvinistes. Ils tentent de démontrer que les travailleurs et les capitalistes ont les mêmes intérêts sous le toit d’une ‘‘nation unique’’. Ces intérêts ne se chevauchent toutefois pas, quelle que soit la nationalité, l’origine ethnique ou la religion à laquelle ils appartiennent. Ils sont plutôt opposés. C’est pourquoi il nous faut un parti des travailleurs capable d’organiser notre propre classe contre les partis nationalistes capitalistes.

    Seule l’unité de la classe ouvrière peut stopper les guerres, les impérialistes et leurs collaborateurs. Par conséquent, nous appelons toutes les organisations de la classe des travailleurs, en particulier les syndicats, à s’opposer à cette guerre que l’Etat turc a déclarée contre les Kurdes, avec l’aide de des impérialismes américain et russe.

    • Stop à l’occupation !
    • Ne participez pas à l’occupation, dites non à l’offensive contre Afrin !
    • Que les syndicats s’opposent à la guerre: grève générale !
    • Unissons la lutte des métallos avec la lutte contre la guerre !
    • Pour l’unité de classe contre le nationalisme et le sectarisme !
    • Contre la guerre, l’exploitation, l’oppression et la pauvreté, pour une confédération socialiste volontaire du Moyen Orient !
  • Samedi : Manifestation contre l’invasion turque d’Afrin

    Samedi prochain, il y aura une action à Bruxelles contre l’invasion turque de d’Afrin, une enclave du Nord de la Syrie. Ce raid vise le peuple kurde, tant à Afrin qu’à l’étranger. Le régime turc veut de plus se positionner en Syrie après la chute du “califat” de Daesh. Nous reviendrons sous peu sur la situation à Afrin avec un article de notre organisation sœur turque. Voici l’appel pour la manifestation de samedi. Le PSL soutient cet appel et sera présent.

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    Le régime turc de l’AKP et ses milices ont entamé le 20 janvier une guerre contre Afrin, une enclave du nord de la Syrie dotée d’un gouvernement démocratique, multiculturel et égalitaire. Afrin n’a jamais représenté une menace pour la Turquie. À la suite de cette agression, des dizaines de civils ont déjà été tués et blessés. Afrin était l’un des endroits les plus calmes du nord de la Syrie et un endroit sûr pour des centaines de milliers de réfugiés venant d’autres parties de l’Etat syrien.

    La population d’Afrin et ses nombreux réfugiés sont à la merci de l’Etat turc et des puissances internationales et régionales qui jouent un jeu géopolitique pervers. Et pourtant, c’est à cause des forces démocratiques syriennes et des unités d’autoprotection kurdes, avec le soutien international, que État islamique a été vaincu dans le nord de la Syrie. Maintenant, ils sont laissés à leur sort.

    Nous demandons à la Belgique, à l’UE et à la communauté internationale de :
    – condamner la guerre menée par le régime turc
    – arrêter le commerce d’armes avec la Turquie
    – prendre de toute urgence des mesures menant à la fin des hostilités et au retrait des troupes turques
    – lancer des initiatives diplomatiques qui aboutiront à une trêve durable et à des négociations politiques
    – aider à garantir la liberté d’expression et d’association dans l’Etat turc

    > Événement Facebook

  • Des électeurs kurdes victimes de violences à l’ambassade turque

    Photo: NavBel

    Des affrontements ont eu lieu hier à l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Actuellement, toutes les personnes de nationalité turque présentes en Belgique sont appelées à s’y rendre pour prendre part au référendum concernant les pouvoirs présidentiels. Le président turc Erdogan (AKP) veut renforcer son emprise sur la société mais, au vu des sondages, il a besoin du vote des Turcs européens pour y parvenir.

    Aux dernières élections, 63% des Turcs belges ont choisi l’AKP d’Erdogan. En Flandre, il s’agissait même de 68%. Etant donné le plus grand soutien dont bénéficie Erdogan parmi les migrants d’origine turque en Belgique et aux Pays-Bas, ces derniers ont reçu l’attention du gouvernement turc pour cette campagne. D’autre part, des activistes ont également fait campagne en faveur du « non » à l’extension des pouvoirs présidentiels. Cette campagne a particulièrement été active à Bruxelles.

    Les choses en sont venues jusqu’à l’affrontement hier au bureau de vote de l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Des Kurdes qui se rendaient participer au vote ont été violemment agressés par des membres de l’extrême droite turque venus tenter d’intimider les électeurs favorables au « non ». Lors de cette attaque, une dame âgée d’une soixantaine d’années a reçu plusieurs coups de couteau. Elle a été emmenée d’urgence à l’hôpital pour y être soignée.

    L’association kurde Navbel a déclaré dans un communiqué de presse: « Nous estimons que cette agression n’est en aucun cas un «incident» entre partisans et adversaires [d’Erdogan] comme les médias belges tentent de nous le faire croire. Il s’agit d’une provocation délibérée. Depuis quelques jours, il était dans l’air que « quelque chose » allait se produire. Depuis quelques jours, des personnes suspectes trainaient autour de l’ambassade. (…) Le président de NavBel, Mustafa Kumral, qui est également représentant du HDP et à ce titre autorisé à participer au processus de vote afin d’en vérifier le déroulement, a eu des contacts répétés avec la police de Bruxelles ces derniers jours pour les prévenir. Le jeudi matin, ces personnes étaient à nouveau présentes et le Président du NavBel a directement mis en garde l’ambassadeur. Il a réagi de manière laconique et s’est mis à rire de la menace. Ensuite, Mustafa a été en contact avec les représentants des autres partis politiques turcs, y compris l’AKP. Mais personne n’a rien fait.”

    Il n’est pas question d’un « incident » ou d’un « conflit importé », comme essayent de la faire paraître les médias et le gouvernement. Les électeurs kurdes ont été délibérément attaqués et intimidés dans le cadre de la campagne du régime turc visant à accroître son pouvoir. Il est de notoriété publique que les militants kurdes sont impliqués dans la campagne du « non ». Aux dernières élections législatives, le parti de gauche pro-kurde HDP a été le deuxième choix des électeurs en Belgique.

    NavBel appelle à ne pas céder à l’intimidation et à participer dans la paix et la dignité au référendum pour voter « non » à l’instauration d’un régime présidentiel. Dans son communiqué de presse, le NavBel souligne : « La lutte des Kurdes est une lutte pour la démocratie, les droits de l’homme, les droits nationaux et le socialisme. C’est une lutte pour l’émancipation des opprimés, un combat qui doit être mené ensemble et au niveau international. Nous ne pouvons pas regarder passivement la Turquie glisser vers une théocratie dictatoriale. Nous continuerons notre combat politique pour une société alternative, démocratique, féministe et socialiste radicale.”

    Comme nous le faisons remarquer dans l’édition d’avril de notre mensuel Lutte Socialiste : “L’opposition turco-kurde doit (…) pouvoir faire appel au mouvement ouvrier et à tous les progressistes. La solidarité avec les représentants du HDP emprisonnés, le mouvement féministe et les grèves de protestation en faveur des droits démocratiques sont cruciaux pour contrer la division nationale et religieuse de la population dans l’Etat turc. De grandes mobilisations communes des Turcs, Kurdes, de la gauche européenne et des syndicats ainsi qu’une campagne commune dans les quartiers et les entreprises pour un ‘‘non’’ au referendum sont les réponses qu’il faut donner aux meetings organisés par le régime dans l’Etat turc et en dehors.” Cela est encore plus le cas aujourd’hui.

  • La Turquie glisse vers la dictature

    Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la police turque arrêtait Selahattin Demirta? et Figen Yüksekda?, les deux codirigeants du parti d’opposition de gauche pro-kurde HDP. À côté d’eux, 10 autres parlementaires du HDP ont été arrêtés. Ces arrestations furent un nouvel exemple de la manière dont le président Erdogan essaie d’écraser chaque opposition à sa politique autoritaire.

    Par Tim (Gand), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Aux élections de juin 2015, il était devenu clair que l’hégémonie indiscutable du parti d’Erdogan, l’AKP, était désormais chose du passé. Pour la première fois depuis 2002, le parti perdait sa majorité absolue. Après plus d’une décennie d’attaques néolibérales de la part d’un régime autoritaire de plus en plus répressif à l’encontre du mouvement ouvrier et des autres forces d’opposition, et alors que les promesses d’amélioration des conditions de vie des couches plus larges de la population en restaient toujours au stade de paroles, l’autorité d’Erdogan c’est vue de plus en plus contestée dans l’État turc.

    La défaite électorale a servi d’avertissement. Erdogan a donc instrumentalisé les attentats commis dans son pays pour y limiter encore plus fortement les libertés démocratiques. Ce fut le cas après les attentats de juillet 2015 contre un groupe de jeunes socialistes à Suruç, mais aussi après les attentats d’Ankara et contre l’aéroport d’Istanbul en juin 2016. À l’aide d’un discours nationaliste, l’AKP a su récupérer une partie de ses pertes de voix aux élections de novembre 2015 et est parvenu à regagner une majorité absolue au parlement.

    Après le coup d’État raté de juillet 2016, la répression contre l’opposition s’est encore accélérée : des milliers de journalistes, d’académiciens et d’autres figures de l’opposition ont été emprisonnés. L’AKP a utilisé l’occasion pour reprendre en mains toute une série d’entreprises et de petits commerces qui étaient précédemment propriété du mouvement Gülen, accusé d’avoir organisé le coup d’État. Ces entreprises ont par la suite été vendues au rabais à des hommes d’affaires liés à l’AKP, une manœuvre visant à partiellement restaurer la base sociale fissurée du parti.

    La guerre qu’Erdogan mène contre la population kurde et ses organisations politiques constitue un élément spécifique de cette répression. Les dirigeants arrêtés du HDP sont accusés de ne pas suffisamment collaborer avec la police dans l’enquête contre les éléments terroristes du mouvement nationaliste kurde. Même si certains individus et organisations au sein du large mouvement nationaliste kurde recourent toujours aux méthodes de terrorisme individuel contre l’armée et la police turque, il n’y a aucun lien formel entre ceux-là et le HDP. Bien en contraire : le HDP a été créé comme une force de gauche dont l’objectif est de regrouper au-delà du mouvement national kurde.

    Si ce parti est très fort dans les régions kurdes, il obtient aussi beaucoup de soutien dans d’autres parties du pays, d’où son succès dans les élections de juin 2015.

    Les tentatives d’Erdogan de lier le HDP au terrorisme visent essentiellement à diminuer le soutien pour le parti, surtout dans les parties non-kurdes de l’État turc. Au Kurdistan, la répression a entretemps été intensifiée jusqu’à devenir une guerre civile directe contre la population kurde.
    L’AKP et Erdogan ne ménagent pas leurs efforts pour rester au pouvoir suivant la maxime de Tywin Lanniser : ‘‘Un lion n’est pas intéressé par l’opinion d’un mouton’’. Mais en dépit de tous ces efforts, le régime turc parvient de moins en moins à dépasser ses faiblesses intrinsèques : de moins en moins de gens se laissent diriger comme des moutons.

    Erdogan s’est montré très méritant par rapport aux dirigeants européens dans la crise de réfugiés. En échange de quelques milliards d’euros, il a transformé de larges parties de son pays en d’énormes ghettos pour réfugiés où son armée viole les droits humains à grande échelle des réfugiés syriens et iraquiens. Même si les dirigeants européens sont contents de son application à stopper l’afflux de réfugiés vers l’Union européenne et qu’ils ne condamnent pas son approche inhumaine et scandaleuse, l’attitude prudente des pays occidentaux durant le coup d’État de 2016 démontre que leurs relations avec le régime d’Erdogan ne sont pas au beau fixe.

    Malgré la répression, l’armée turque ne parvient pas contrôler les territoires kurdes au sud-est de l’État turc, et encore moins à avoir un pied à terre dans la guerre civile syrienne. L’armée turque est affaiblie. Elle ne parvient pas à remporter des victoires et le danger des nouveaux coups d’État n’est pas loin.

    Au même moment, l’économie turque continue à s’embourber dans une mauvaise passe. Les protestations sont quotidiennes contre la politique néolibérale et la répression. Le mouvement du parc Gezi et de la place Taksim de 2013 démontre le potentiel pour un mouvement de masse en Turquie. L’organisation sœur turque et kurde du PSL, Sosyalist Alternatif, défend la nécessité d’une telle action de masse contre la politique asociale et contre la répression d’Erdogan. Elle intervient dans ce mouvement avec un programme basé sur l’unité de classe entre les différentes populations dans la région et sur la nécessité du socialisme, seule manière d’utiliser les richesses de la région en fonction des besoins de la population entière, indépendamment de son origine ethnique ou religieuse. Ce n’est qu’ainsi qu’une paix durable et stable existera au Moyen-Orient.

  • La Turquie glisse vers la dictature

    Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la police turque arrêtait Selahattin Demirta? et Figen Yüksekda?, les deux codirigeants du parti d’opposition de gauche pro-kurde HDP. À côté d’eux, 10 autres parlementaires du HDP ont été arrêtés. Ces arrestations furent un nouvel exemple de la manière dont le président Erdogan essaie d’écraser chaque opposition à sa politique autoritaire.

    Par Tim (Gand)

    Aux élections de juin 2015, il était devenu clair que l’hégémonie indiscutable du parti d’Erdogan, l’AKP, était désormais chose du passé. Pour la première fois depuis 2002, le parti perdait sa majorité absolue. Après plus d’une décennie d’attaques néolibérales de la part d’un régime autoritaire de plus en plus répressif à l’encontre du mouvement ouvrier et des autres forces d’opposition, et alors que les promesses d’amélioration des conditions de vie des couches plus larges de la population en restaient toujours au stade de paroles, l’autorité d’Erdogan c’est vue de plus en plus contestée dans l’État turc.

    La défaite électorale a servi d’avertissement. Erdogan a donc instrumentalisé les attentats commis dans son pays pour y limiter encore plus fortement les libertés démocratiques. Ce fut le cas après les attentats de juillet 2015 contre un groupe de jeunes socialistes à Suruç, mais aussi après les attentats d’Ankara et contre l’aéroport d’Istanbul en juin 2016. À l’aide d’un discours nationaliste, l’AKP a su récupérer une partie de ses pertes de voix aux élections de novembre 2015 et est parvenu à regagner une majorité absolue au parlement.

    Après le coup d’État raté de juillet 2016, la répression contre l’opposition s’est encore accélérée : des milliers de journalistes, d’académiciens et d’autres figures de l’opposition ont été emprisonnés. L’AKP a utilisé l’occasion pour reprendre en mains toute une série d’entreprises et de petits commerces qui étaient précédemment propriété du mouvement Gülen, accusé d’avoir organisé le coup d’État. Ces entreprises ont par la suite été vendues au rabais à des hommes d’affaires liés à l’AKP, une manœuvre visant à partiellement restaurer la base sociale fissurée du parti.

    La guerre qu’Erdogan mène contre la population kurde et ses organisations politiques constitue un élément spécifique de cette répression. Les dirigeants arrêtés du HDP sont accusés de ne pas suffisamment collaborer avec la police dans l’enquête contre les éléments terroristes du mouvement nationaliste kurde. Même si certains individus et organisations au sein du large mouvement nationaliste kurde recourent toujours aux méthodes de terrorisme individuel contre l’armée et la police turque, il n’y a aucun lien formel entre ceux-là et le HDP. Bien en contraire : le HDP a été créé comme une force de gauche dont l’objectif est de regrouper au-delà du mouvement national kurde. Si ce parti est très fort dans les régions kurdes, il obtient aussi beaucoup de soutien dans d’autres parties du pays, d’où son succès dans les élections de juin 2015.

    Les tentatives d’Erdogan de lier le HDP au terrorisme visent essentiellement à diminuer le soutien pour le parti, surtout dans les parties non-kurdes de l’État turc. Au Kurdistan, la répression a entretemps été intensifiée jusqu’à devenir une guerre civile directe contre la population kurde.

    L’AKP et Erdogan ne ménagent pas leurs efforts pour rester au pouvoir suivant la maxime de Tywin Lanniser : ‘‘Un lion n’est pas intéressé par l’opinion d’un mouton’’. Mais en dépit de tous ces efforts, le régime turc parvient de moins en moins à dépasser ses faiblesses intrinsèques : de moins en moins de gens se laissent diriger comme des moutons.

    Erdogan s’est montré très méritant par rapport aux dirigeants européens dans la crise de réfugiés. En échange de quelques milliards d’euros, il a transformé de larges parties de son pays en d’énormes ghettos pour réfugiés où son armée viole les droits humains à grande échelle des réfugiés syriens et iraquiens. Même si les dirigeants européens sont contents de son application à stopper l’afflux de réfugiés vers l’Union européenne et qu’ils ne condamnent pas son approche inhumaine et scandaleuse, l’attitude prudente des pays occidentaux durant le coup d’État de 2016 démontre que leurs relations avec le régime d’Erdogan ne sont pas au beau fixe.

    Malgré la répression, l’armée turque ne parvient pas contrôler les territoires kurdes au sud-est de l’État turc, et encore moins à avoir un pied à terre dans la guerre civile syrienne. L’armée turque est affaiblie. Elle ne parvient pas à remporter des victoires et le danger des nouveaux coups d’État n’est pas loin.

    Au même moment, l’économie turque continue à s’embourber dans une mauvaise passe. Les protestations sont quotidiennes contre la politique néolibérale et la répression. Le mouvement du parc Gezi et de la place Taksim de 2013 démontre le potentiel pour un mouvement de masse en Turquie. L’organisation sœur turque et kurde du PSL, Sosyalist Alternatif, défend la nécessité d’une telle action de masse contre la politique asociale et contre la répression d’Erdogan. Elle intervient dans ce mouvement avec un programme basé sur l’unité de classe entre les différentes populations dans la région et sur la nécessité du socialisme, seule manière d’utiliser les richesses de la région en fonction des besoins de la population entière, indépendamment de son origine ethnique ou religieuse. Ce n’est qu’ainsi qu’une paix durable et stable existera au Moyen-Orient.

  • Manifestation européenne contre Erdogan et le régime de l'AKP dans l'Etat turc

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    Des milliers de personnes sont venues aujourd’hui à Bruxelles à partir de divers pays d’Europe dans le but de participer à une manifestation européenne appelée par HDP (Parti Démocratique des Peuples, pro-kurde). Cette mobilisation fait suite à l’arrestation de plusieurs dirigeants du HDP dans l’Etat turc tandis que la répression continue de s’abattre sur les organisations de défense des droits humains, sur les journalistes et la presse, etc. et que plusieurs villes et villages du Kurdistan sont occupés par l’armée turque.

    Comme l’expliquent nos camarades turcs et kurdes de Sosyalist Alternatif : “Le HDP est dans la ligne de mire car il s’agit de la principale force d’opposition du pays qui ne s’est pas alignée sur le soi-disant ‘‘consensus national’’ qui a fait suite à la tentative de coup d’Etat militaire du 15 juillet dernier. Le HDP est perçu par Erdogan comme le principal obstacle politique sur la voie de la sécurisation des conditions nécessaires à l’instauration d’une dictature présidentielle. Après la tentative de coup d’État de cet été, un important contre-coup a eu lieu. Les attaques contre les droits démocratiques se sont intensifiées. Toutes les authentiques voix d’opposition sont ciblées : des universitaires, des journalistes et des militants politiques ont été arrêtés, des milliers de fonctionnaires ont perdu leur emploi et des médias critiques ont été arbitrairement fermés. (…) Parallèlement, la guerre prend de nouvelles proportions pour améliorer le prestige et les ambitions régionales d’Erdogan. Cela augmente le risque d’effusions de sang et d’insécurité pour tous les habitants de la Turquie, du Kurdistan et de la région en général.”

    Cette manifestation était soutenue par diverses organisations kurdes mais aussi par le PSL qui y a distribué la déclaration de Sosyalist Alternatif en français, néerlandais, allemand et anglais. La très faible présence de la gauche belge (Vrede, Solidarity for all et le Comité Rojava en plus du PSL) dans ce mouvement laisse hélas plus d’espace pour une organisation telle que la N-VA. Plusieurs de ses représentants figuraient dans le cortège. Le “soutien” de la N-VA pour cette mobilisation contre la répression que subit la gauche en Turquie signifie-t-il que ce parti de droite populiste changera d’approche vis-à-vis des grévistes en Belgique ? Ou De Wever et ses amis continueront-ils d’envoyer la police forcer les piquets de grève à Anvers ou ailleurs ? Rappelons d’autre part que la N-VA soutient totalement l’accord conclu entre l’Union européenne et le régime turc concernant les réfugiés.

    Il semble que la N-VA n’ait participé à cette manifestation que pour des raisons qui lui sont propres, comme le mécontentement de sa base nationaliste flamande au sujet des accords avec Erdogan. Mais la politique gouvernementale de la N-VA reste bel et bien de soutenir ce type d’accords. Les protestations de ce parti se limitent aux belles paroles. Il n’en a d’ailleurs pas été autrement concernant l’attitude de la N-VA vis-à-vis de la Palestine. Ceux qui luttent pour un avenir débarrassé de l’oppression sociale ou nationale ne trouveront pas d’allié chez la droite réactionnaire. Plus que jamais, ce qui est nécessaire, c’est l’unité et la solidarité des travailleurs et de la jeunesse contre la répression, la terreur et la guerre.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP

    Photos: Emily

    Manifestation européenne contre Erdogan (1)

    Photos : Nico

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