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Tag: Kazakhstan
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Kazakhstan. Le mouvement de masse des travailleurs et de la jeunesse noyé dans le sang !

Solidarité internationale contre la dictature et l’impérialisme !
Comme les précédentes, l’année 2022 a commencé sur les chapeaux de roue. Au Kazakhstan, l’un des régimes autoritaires les plus stables d’Asie centrale a été ébranlé par un soulèvement de masse. La répression a tué au moins 225 personnes, assistée par l’intervention militaire des forces de « maintien de la paix » de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie. Alors que la situation dans la rue commençait à se calmer, le régime mis en place par Nursultan Nazarbayev reste confronté à la crise politique et sociale la plus profonde de l’histoire indépendante du pays.
Par Eugenio (Bruxelles), article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
Le contexte du soulèvement
Les manifestations ont éclaté le 1er janvier dans la grande région pétrolière de Mangystau, avec pour point central la ville de Zhanaozen, un centre clé de l’organisation syndicale dans la zone post-soviétique, mais elles se sont rapidement étendues à tout le pays. Elles ont été déclenchées par le doublement soudain du prix du gaz de pétrole liquéfié, principale source d’énergie pour les travailleurs et les pauvres du pays.
Cependant, elles s’inscrivent dans une tendance croissante d’activisme syndical et de mécontentement généralisé à l’égard des élites dirigeantes au Kazakhstan et dans tout l’espace post-soviétique. Le président Tokayev a rapidement été contraint de faire des concessions, notamment en forçant la démission du gouvernement, mais cela n’a pas suffi à faire taire les protestations.
Celles-ci ont continué à prendre de l’ampleur et ont rapidement commencé à inclure des revendications politiques. Cela montre à quel point la crédibilité de la classe dirigeante a été ruinée par la dégradation des conditions sociales et économiques auxquelles sont confrontés les travailleurs et les communautés rurales pauvres, encore amplifiée par la mauvaise gestion de la pandémie de Covid-19. Alors que les hommes d’affaires et les politiciens festoient dans la tour d’ivoire de leur capitale fraîchement construite, la majorité de la population est laissée dans la misère et doit survire avec des salaires dérisoires et le commerce informel.La situation est particulièrement grave pour les jeunes, contraints d’envahir les villes à la recherche de perspectives économiques ou d’émigrer à l’étranger pour occuper les rangs les moins bien payés de la classe ouvrière en Russie ou en Chine. Ces jeunes travailleurs privés de leurs droits ont joué un rôle clé dans les manifestations, comme l’ont montré les slogans qui visaient les dirigeants vieillissants du pays et leurs copains.
Parasitisme capitaliste et intervention impérialiste
L’élite dirigeante du Kazakhstan est un parfait exemple de la nature parasitaire de l’économie capitaliste. Issue de l’appareil bureaucratique du Kazakhstan soviétique, cette classe dirigeante a ancré son pouvoir dans le pillage des richesses naturelles du pays, notamment ses abondantes réserves de gaz et de pétrole.
Cependant, contrairement à d’autres élites post-soviétiques dans les pays baltes ou en Géorgie, elle ne pouvait pas s’appuyer sur un fort sentiment national pour justifier la restauration de la propriété privée et l’érosion des droits socio-économiques. Au lieu de cela, elle a été contrainte de s’appuyer sur une figure bonapartiste, le président de la République socialiste soviétique du Kazakhstan de l’époque, Nursultan Nazarbayev, pour agir au-dessus des contraintes formelles de l’État et établir un cadre favorable aux intérêts du capital interne et externe.
Ce modèle a réussi à faire du Kazakhstan un acteur régional de premier plan, attirant les investissements de tous les grands blocs économiques eurasiatiques, tout en augmentant de manière exponentielle la richesse de l’oligarchie dirigeante, en particulier la famille et les proches collaborateurs de Nazarbayev.
Mais derrière cette façade de stabilité s’est toujours cachée une vérité indéniable : la classe dirigeante est faible. Elle ne peut compter sur les structures de la démocratie bourgeoise ou sur le soutien d’une classe moyenne enrichie pour justifier son pouvoir. Elle est donc obligée de s’appuyer sur la puissance pure de l’appareil d’État et sur le soutien de ses mécènes impérialistes. C’est pourquoi, dès que Tokayev a senti qu’il perdait le soutien des membres de bas et de haut rang de ses forces de sécurité, il a été contraint de fabriquer une campagne “anti-terroriste” pour discréditer le mouvement et justifier l’implication de l’armée russe.
« Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps »
Alors que la poussière et la cendre s’installent dans les rues du Kazakhstan, l’avenir du pays n’a jamais semblé aussi incertain. Le système politique du pays subit une purge sans précédent alors que le fossé entre les différentes couches de l’élite se creuse, autour des figures de Nazarbayev et Tokayev. Ce dernier fait tout ce qui est en son pouvoir pour consolider son emprise au détriment de l’ancien président, ce qui contribuera indéniablement à accroître l’instabilité dans le pays.
Cette tension est également symbolisée par la présence croissante de bandes organisées de provocateurs dans les dernières phases du mouvement, ce qui ouvre la possibilité d’une violente lutte pour le pouvoir qui n’est pas sans rappeler celle à laquelle nous avons assisté à plusieurs reprises au Kirghizstan voisin.
Parallèlement, le régime n’a jamais été aussi dépendant politiquement des puissances étrangères, en particulier de la Russie et de la Chine, ce qui le rend encore plus vulnérable aux tensions qui se préparent dans toute l’Eurasie. Ses deux principaux mécènes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour stabiliser la situation dans le pays, de peur que les troubles ne s’étendent aux voisins du Kazakhstan, en particulier à la colonie de Xingjian de Pékin et aux possessions sibériennes riches en gaz de Moscou.
Mais les conditions qui ont conduit les travailleurs et les jeunes à se mobiliser ne feront que persister et s’aggraver alors que le capitalisme mondial entre dans une nouvelle ère de désordre. Même toute la puissance des impérialismes russe et chinois ne peut contrer l’avalanche de l’histoire. Tout comme la répression de la classe ouvrière russe par la milice tsariste en 1905 a ouvert la voie au soulèvement de 1917, les leçons de la lutte de janvier 2022 inspireront des enseignements clés à cette nouvelle génération de combattants contre la dictature et l’exploitation capitalistes. Il est crucial que les travailleurs et les jeunes du monde entier se solidarisent avec leur lutte et les soutiennent alors qu’ils s’efforcent de parvenir à des conclusions de grande portée sur la nécessité d’une transformation révolutionnaire de la société.
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Kazakhstan : Événements révolutionnaires et intervention militaire

La statue de Nazarbayev renversée. Les événements révolutionnaires tels que ceux qui ont eu lieu au Kazakhstan ces derniers jours ont leur propre dynamique : une fois commencés, ils sont difficiles à arrêter. Aujourd’hui, des dizaines de personnes ont été tuées et des milliers d’autres arrêtées alors que les troupes étrangères arrivent.
Par des correspondants de Sotsialisticheskaya Alternativa (section russe d’ASI). Cet article a initialement été publié en anglais le 6 janvier et a depuis lors été mis à jour.
Mardi soir, le président Tokayev a lancé un appel au calme et au dialogue à la télévision. En quelques heures, il a limogé le gouvernement et nommé un nouveau premier ministre. Un vice-premier ministre et un secrétaire d’État, deux officiers supérieurs du KNB, autrefois appelé KGB, ont également été annoncés. Mercredi après-midi, des manifestants ont mis à sac le bâtiment du KGB à Almaty. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les combats se sont poursuivis dans le centre-ville d’Almaty. Selon certaines informations, des tireurs d’élite installés sur les toits ont tiré sur les voitures qui passaient, tandis que, selon les rapports officiels, des dizaines de manifestants ont été tués.

Almaty Tard dans la soirée de mercredi, on a appris que Tokayev avait fait appel à l’”Organisation du traité de sécurité collective” (OTSC) pour qu’elle envoie des forces militaires afin de contribuer à la répression de ce qu’il a appelé des “groupes terroristes” qui avaient “reçu un entraînement intensif à l’étranger”. L’OTSC comprend l’Arménie, le Belarus, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et, bien sûr, la Russie. Jeudi matin, il a été rapporté que l’OTSC envoyait “des forces collectives de maintien de la paix (…) pour une période limitée afin de stabiliser et de normaliser la situation” causée, selon elle, par une “ingérence extérieure”.
Ces propos ont été tenus par Nikol Pashinyan, président arménien qui, il y a tout juste un an, se plaignait que l’OTSC n’avait pas soutenu l’Arménie dans son conflit avec l’Azerbaïdjan. Il prétend être le plus fervent défenseur de la démocratie dans la région. Pourtant, il ne voit rien de mal à envoyer des troupes chez un dictateur voisin pour écraser la classe ouvrière.
Aujourd’hui, trois mille soldats russes, appuyés par des chars et de l’artillerie lourde, sont en route “pour aider à préserver les bâtiments de l’État”, avec l’appui d’autres soldats du Belarus. Le Tadjikistan et l’Arménie ont également accepté d’envoyer des troupes, mais le Kirghizstan semble refuser et les déclarations officielles indiquent que même s’ils envoient des troupes, elles ne seront pas autorisées à agir contre les manifestants. L’Organisation des États turciques a déclaré qu’elle était prête à aider le gouvernement kazakh.
Des manifestations dans un pays de la taille de l’Europe occidentale
Il n’y a pratiquement pas eu de grande ville épargnée par les troubles. Ce qui a commencé par des manifestations de travailleurs du pétrole et leurs partisans à Mangystau, dans l’ouest du Kazakhstan, s’est étendu en quelques heures à l’ensemble du pays, large de 3500 km. Dans certaines villes, des véhicules et des bâtiments de la police ont été attaqués. Des travailleurs ont bloqué les principales lignes de chemin de fer pour empêcher les mouvements de la police et des troupes, tandis qu’à Taldygordan, la foule a tendu des cordes autour de la statue du très détesté Nursultan Nazarbayev pour la faire chuter.
Dans des scènes qui rappellent celles du soulèvement égyptien au début du processus de révolution et de contre-révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient en 2011, dans plusieurs villes, des bâtiments administratifs ont été occupés ou incendiés. À Almaty, la plus grande ville, le bureau du maire (il n’y a pas si longtemps le Parlement national), le siège du KNB et le siège du parti ont été envahis et incendiés. Quelques dizaines de manifestants ont investi l’aéroport international de la ville après le départ des troupes qui le protégeaient.
À Atyrau, les manifestants ont applaudi tandis que la police anti-émeute est sortie de son bâtiment et s’est jointe aux manifestants. Ailleurs, on trouve des vidéos montrant des troupes fraternisant avec les manifestants, ou des troupes désarmées, parfois en masse, par la foule.
“Nous ne sommes pas des terroristes”
Dans une telle situation, il n’a pas fallu longtemps au régime pour rendre les manifestants responsables des violences. Les discours de Tokayev sont désormais truffés de mots tels que “terroristes”, “pillards”, “émeutiers”, “groupes criminels” et, bien sûr, “agents étrangers”. Dans les derniers rapports, on commence à parler d’”extrémistes islamiques”. Tokayev affirme maintenant qu’Almaty est assiégée par des groupes terroristes.
En effet, les médias d’État russes, qui couvrent l’envoi de troupes, montrent des images à glacer le sang en provenance du Kazakhstan, imputant tout aux “extrémistes islamiques” et à l’”intervention étrangère”. Sans mentionner la mort de dizaines de manifestants pacifiques, le journal rapporte que treize policiers sont morts, dont deux décapités !
Même certains sites de gauche se sont laissés prendre à la propagande. Un site a rapporté : “Un groupe de manifestants [sic] a ouvert le feu sur les forces de la Garde nationale devant le bâtiment administratif d’Almaty. Il y a quelques blessés parmi les forces de sécurité….. Les manifestants ont pillé… Les opposants détiennent de nombreuses armes…”. Cet article poursuit en répétant les statistiques du régime sur les dommages matériels, mais ne mentionne pas une seule fois les dizaines de manifestants tués, ni la façon dont les provocateurs sont utilisés.
La situation réelle est décrite par un correspondant d’Almaty : “Aux abords de la place, les manifestants ramassaient des ordures, faisant le ménage après le pogrom de la nuit (…) tout était calme, à part quelques provocateurs qui tentaient de créer un conflit (…) dans un coin, un coordinateur rassemblait à la hâte une équipe d’activistes pour définir les revendications – contre l’intervention de l’OTSC, contre la fermeture d’Internet, pas de tirs sur les civils, démission du gouvernement et formation d’un gouvernement provisoire, libération des prisonniers politiques, mise en place d’une escouade pour assurer la discipline et combattre les pillards…”.
Vingt minutes plus tard, sans avertissement, la police a ouvert le feu, tuant au moins un jeune de vingt ans. C’est pourquoi certains manifestants portent désormais des pancartes disant “Nous sommes des gens ordinaires, nous ne sommes pas des terroristes”.

“Nous ne sommes pas des terroristes.” Les organisations internationales mettent elles aussi en garde contre la violence, comme si les coupables se trouvaient des deux côtés. L’Union européenne appelle “toutes les parties concernées à agir avec responsabilité et retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait conduire à une nouvelle escalade de la violence”, tandis que les médias pro-capitalistes utilisent des phrases telles que “les affrontements violents se poursuivent entre les manifestants et la police et l’armée” – toutes ces phrases mettant, au mieux, à égalité les deux camps, et plaçant généralement les manifestants en tête de liste. Pourtant, comme le montre une vidéo produite par Sotsialisticheskaya Alternativa, la violence est imputable de manière unilatérale à l’État kazakh (disponible ici, le texte en français se trouve ci-dessous).
Qui se trouve derrière les “pillages” ?
Tokayev a affirmé que des “terroristes” s’emparent de bâtiments et d’infrastructures et de “locaux où se trouvent des armes légères”. Ce qu’il n’a pas dit, c’est que la principale source d’armes était le siège du KNB et que, juste avant le raid sur le bâtiment, les personnes qui s’y trouvaient avaient été priées de rentrer chez elles pour la nuit – un ordre étrange en plein soulèvement. Ce n’est là qu’un exemple de ce qui semble être le travail d’agents provocateurs. Dans d’autres villes, on rapporte que des manifestations se sont déroulées pacifiquement avant que des groupes d’inconnus ne les rejoignent à la fin pour lancer des attaques.
À Almaty même, des articles de presse laissent entendre que les manifestants scandaient des slogans pendant la journée, mais qu’à leur départ, ils étaient remplacés par des hommes vêtus de costumes de sport et que, pour une raison étrange, la police s’est retirée pendant qu’ils attaquaient les magasins. Les photographies de presse des locaux prétendument pillés montrent que les fenêtres ont été brisées, mais que rien n’a été volé. C’est une tactique qui a été utilisée à maintes reprises dans cette partie du monde, que ce soit lors de la révolution de couleur kirghize, de l’intervention russe en Ukraine ou des événements révolutionnaires au Belarus. La violence utilisée par ces provocateurs sert ensuite d’excuse pour attaquer les manifestants.
Qu’est-ce qui se cache derrière les protestations ?
En apparence, la cause immédiate des protestations était l’augmentation du prix du gaz, une décision que le gouvernement a rapidement retirée. En réalité, ce qui a explosé maintenant, c’est le mécontentement qui s’est accumulé pendant des décennies, mais qui a été porté à son comble par la pandémie.
Les mesures de quarantaine sévères ont considérablement affecté les revenus de la population. La classe ouvrière subit depuis longtemps les attaques néolibérales brutales contre ses conditions de vie et, à Mangystau, à la fin de l’année dernière, des dizaines de milliers de travailleurs du pétrole ont été licenciés. Ils ont été rejoints par d’importantes sections de la classe moyenne dont les revenus se sont avérés moins stables et dont les conditions de crédit se sont détériorées. La proportion de la population qui croit que la situation économique va s’améliorer est passée de 50 % en 2019 à 30 % aujourd’hui. Le mécontentement est de plus multiplié par la corruption généralisée et la répression étatique.
En dépit des apparences extérieures, le régime repose sur des fondations très instables et limitées, à l’instar de ceux de Russie et du Bélarus. Toute force d’opposition susceptible de canaliser le mécontentement a été réprimée et ces régimes ont concentré tout le pouvoir et les ressources entre les mains d’une élite dirigeante très restreinte. Des personnalités qui pourraient potentiellement diriger les forces d’opposition bourgeoises, comme l’ancien premier ministre Akezhan Kazhegeldin ou l’oligarque Mukhtar Ablyazov, qui font l’objet de poursuites pénales, ont été contraintes d’émigrer. Toute tentative de former des syndicats indépendants a été réprimée par la force.

Réunion des travailleurs du pétrole de Zhanaozen 6 janvier. Le rôle de Nazarbayev
Nursultan Nazarbayev, ancien dirigeant des communistes kazakhs à l’époque soviétique, puis président de la République du Kazakhstan, a quitté son poste en 2019. Mais il n’a en aucun cas renoncé aux leviers du pouvoir. Bien que Tokayev soit devenu président, Nazarbayev est resté président du Conseil de sécurité et a gardé le contrôle d’importantes participations, notamment dans les compagnies pétrolières et gazières. La plupart de ceux qui occupent des postes élevés dans les structures de l’État lui font toujours allégeance.
S’il y a un conflit au sein du régime, c’est parce que Tokayev n’a pas été capable de construire sa propre base de soutien. L’agence de presse russe RBK commente : “L’appareil d’État a été déstabilisé, en particulier au plus haut niveau, avec les manœuvres de haut rang entre l’Akorda [résidence du président] et la Bibleoteka [bureau de Nazarbaïev], ce qui a eu un effet négatif sur toutes les sphères d’activité de l’État et de la société kazakhes. Cela est devenu particulièrement clair en 2020, au plus fort de la pandémie.”
Mercredi, l’annonce par Tokayev qu’il prenait désormais la présidence du Conseil de sécurité dans ce contexte a porté un coup sérieux au pouvoir de Nazarbayev. Elle n’a cependant pas apaisé la masse des manifestants qui, bien qu’ils aient scandé “Shal, ket !” (“Grand-père, va-t’en !”, slogan qui a aussi été entendu au pluriel pour dire qu’ils doivent tous dégager). C’est sur cette base que certains ont suggéré que les “pillards” actifs à Almaty étaient des membres de clubs sportifs contrôlés par Nazarbayev, afin d’avertir Tokayev de ne pas aller trop loin.
Cela ne serait pas possible, bien sûr, si les protestations avaient une direction et des revendications claires. Différentes forces politiques tentent de se présenter comme les chefs de file du mouvement, des nationalistes kazakhs de droite aux oligarques en exil, comme Ablyazov, qui a affirmé qu’il préparait cela depuis des années ! Divers partisans du régime affirment avoir trouvé le centre organisateur des manifestations à Kiev, ou quelque part en Europe, ou encore au département d’État américain.
Le chef des “communistes” russes, Guennadi Ziouganov, affirme qu’il s’agit de l’œuvre des “forces qui ont déclaré une guerre hybride contre la Russie”, tandis que le député communiste Renat Suleimanov justifie l’utilisation des troupes russes pour réprimer les manifestations parce que si “la situation dans ce pays [le Kazakhstan] est déstabilisée, la Russie sera confrontée à une grave menace”.
Le rôle de la classe ouvrière
Il n’en reste pas moins que les appels les mieux organisés et les plus clairs proviennent du mouvement ouvrier de Mangystau, et de Zhanaozen en particulier. Même l’Akim [maire] de la ville a dû remercier aujourd’hui les Zhanaozentsi pour leurs manifestations pacifiques devant un rassemblement de 7 à 10.000 travailleurs du pétrole et leurs sympathisants. Il a toutefois admis que des policiers en civil étaient présents dans la foule “pour assurer la sécurité”.
Les travailleurs ont dressé une liste de cinq revendications :
– Un changement de régime avec la démission du président et de tous les fonctionnaires de l’État ;
– Le rétablissement d’élections libres pour les Akims régionaux et municipaux ;
– Le rétablissement de la constitution [démocratique bourgeoise] de 1993, et de toutes les libertés associées ;
– La fin de la répression des activistes civils ;
– Le transfert du pouvoir à une personne qui reconnaît la révolution et ne fait pas partie du système actuel ou des cercles gouvernementaux.Ils ont également élu un “Soviet des anciens” pour coordonner les actions.
Bien sûr, ces revendications présentent une certaine confusion et sont loin d’être aussi claires que celles formulées par les travailleurs du pétrole de Zhanaozen il y a dix ans. Mais elles indiquent clairement qu’ils veulent la fin de l’ancien régime et une société démocratique. Au minimum, nous dirions qu’au lieu d’un abstrait “transfert du pouvoir à une personne indépendante de…”, il faudrait appeler à la création d’un véritable parti démocratique des travailleurs et des pauvres pour prendre le pouvoir. Il faudrait également développer des revendications liées à la situation économique. Un “Soviet des anciens” est une revendication traditionnelle, mais cela devrait être remplacé par un comité de représentants élus des travailleurs, des pauvres, des retraités, etc.
Néanmoins, par rapport à l’action indépendante très spontanée et éphémère des travailleurs lors du soulèvement bélarusse, la classe ouvrière kazakhe est mieux organisée, comme en témoigne une vague de grèves, non seulement dans les champs pétroliers et gaziers, mais aussi dans des entreprises géantes telles que KazakhMys et Arselor-Mittal.
Les tentatives de division raciste
Il y a dix ans, les grévistes de Zhanaozen ont adopté une position de principe contre ceux qui tentaient de les diviser en fonction de leur nationalité. À des moments clés de la grève, des voix se sont élevées au parlement du Kazakhstan pour réduire les droits des russophones. À d’autres moments, les grévistes ont été accusés d’être des “Oralmen”, c’est-à-dire des Kazakhs ethniques qui avaient séjourné dans d’autres républiques ou pays à l’époque soviétique et qui n’étaient revenus qu’après l’effondrement de l’Union soviétique. Si l’écrasante majorité des grévistes étaient alors kazakhs et parlaient le kazakh, ils ont refusé d’accepter toute division.
Aujourd’hui, les opposants aux protestations utilisent la même tactique. Dans les milieux libéraux, et parfois aussi dans les milieux supposés de gauche, on explique que les manifestations sont l’œuvre de “mambets”. Il s’agit d’un terme insultant pour désigner les jeunes kazakhs non russophones des zones rurales – qui, selon ce mot, sont des ploucs incultes et sans éducation. Au cours des deux dernières décennies, de nombreux russophones, qui constituaient la majorité des ouvriers d’usine, sont rentrés en Russie. Leur place a été prise par de jeunes Kazakhs, dont beaucoup ont été poussés vers les villes par l’effondrement de l’économie rurale. Ils constituent désormais l’épine dorsale de la main-d’œuvre organisée et militante du Kazakhstan.
Bien sûr, dans les cercles nationalistes russes, on voit là une occasion d’étendre l’influence du Kremlin en Asie centrale. Un député du parti de Poutine a même suggéré qu’un référendum soit organisé au Kazakhstan pour fusionner avec la Russie. D’autres spéculent que Poutine pourrait profiter de l’occasion pour intervenir sous le prétexte de défendre les russophones vivant dans le pays. Mais ce soulèvement a été un mauvais choc pour le Kremlin. Il a déjà dû faire face aux événements du Bélarus et à une épreuve de force au sujet de l’Ukraine.
S’il devait intervenir “pour défendre les russophones”, il serait limité à quelques régions le long des frontières nord et est. Cela le couperait de 80 à 90 % des régions dans lesquelles ne vit qu’un très faible pourcentage de Russes, y compris les principaux champs pétroliers et gaziers. Si cela devait se produire, l’hostilité des Kazakhs à l’égard de la Russie serait encore plus forte et le pays risquerait davantage de tomber sous la coupe de la Chine.
Par crainte que le mécontentement ne se propage en Russie, le Kremlin a déjà été contraint d’intervenir pour soutenir le gouvernement central. Comme au Belarus, celui qui restera au pouvoir sera plus redevable au Kremlin. En même temps, en prenant le parti de ce régime impopulaire, la Russie constatera que la majorité des Kazakhs deviendront encore plus hostiles au Kremlin qu’ils ne le sont actuellement. Si les troupes russes de “maintien de la paix” ne sont pas retirées rapidement, les Kazakhs commenceront à les considérer comme des occupants.
Quelle voie suivre ?
À un certain stade, il faudra que l’un ou l’autre camp fasse une percée dans ce mouvement. Le pire résultat, bien sûr, serait que le mouvement recule et que la police et l’armée, soutenues par les forces de l’OTSC, rétablissent l’ordre et le statu quo. Il y a déjà eu de nombreux tués, en grande majorité par les forces de l’État. Si cela devait se produire, les concessions mineures qui ont été promises seraient remises en cause et la répression se généraliserait.
Si le mouvement est au contraire capable de se développer davantage, il pourrait obtenir plus de concessions. Pour ce faire, il doit être plus organisé, avec des structures démocratiquement élues pour coordonner et diriger les activités, avec des revendications clairement définies.
Au Kazakhstan, un rôle clé pourrait être joué par l’extension des grèves qui ont déjà lieu, dans une grève générale nationale appelée peut-être conjointement par les travailleurs du pétrole et ceux de KazakhMys et d’Arcelor-Mittal. Au niveau international, l’exemple de ceux qui ont protesté en Kirghizie contre la participation aux actions de l’OTSC, s’il est suivi, pourrait forcer la fin de l’intervention militaire en soutien au gouvernement.
Si le mouvement parvient à forcer Tokayev et Nazarbayev à quitter le pouvoir, la question se pose de savoir ce qui doit les remplacer. Un autre groupe de travailleurs a présenté des revendications qui comprennent, outre la démission du gouvernement et la libération de tous les prisonniers politiques, une réduction du prix des biens de première nécessité et des services publics ; une réduction de l’âge de la retraite à 58/60 ans ; une augmentation générale des salaires ; l’abolition de toutes les entreprises externalisées des sociétés nationalisées ; une augmentation des pensions minimales et de la garde d’enfants.
Nous soutenons toutes ces revendications, mais comment vont-elles être réalisées ? Tout d’abord, aucun des leaders actuels de l’opposition, comme Ablyazov ou Kazhegeldin, ne peut les garantir. Ce sont des partisans du système capitaliste. Ils ont déjà démontré que leurs pratiques n’étaient pas différentes lorsqu’ils étaient au pouvoir. Ils s’occupent de l’élite au détriment des gens ordinaires. Deuxièmement, si un nouveau gouvernement arrivait au pouvoir et voulait mettre en œuvre ces revendications, il devrait être prêt à exproprier les richesses de l’élite, à nationaliser le pétrole, le gaz, les entreprises clés et d’autres ressources précieuses et à planifier l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs.
Quelle que soit l’issue des prochains jours, deux questions se posent. Est-il possible maintenant de renforcer l’organisation manifestée à Zhanaozen sur une base démocratique et permanente, et d’étendre le mouvement ouvrier au niveau national ? Est-il possible maintenant de politiser le mouvement ouvrier avec un programme socialiste, qui nécessite comme première étape la formation d’une organisation socialiste révolutionnaire solide au Kazakhstan ? Alternative Socialiste Internationale (ASI) estime que la réponse à ces deux questions est que oui, c’est non seulement possible, mais absolument essentiel. Si vous êtes d’accord avec nous, rejoignez-nous.

Texte de la vidéo tik-tok
Dans tout le Kazakhstan, des tentatives de prise de contrôle des bâtiments gouvernementaux – les “Akimats” – ont lieu.
La police répond par des grenades flashbang et des gaz lacrymogènes.
À Zhanaozen, où les protestations ont commencé et où les revendications ont été soulevées pour la première fois, des appels à la création de conseils de coordination sont lancés.
Les affrontements les plus graves avec les forces armées ont lieu à Almaty.
L’armée a été amenée dans la ville.
Le bureau du parti au pouvoir “Nur Otan” à Almaty est saccagé.
Tentant de résister à la pression, les manifestants ont brûlé des voitures et tenté d’intimider la police.
Un incendie s’est déclaré lors de la prise de l’Akimat d’Almaty.
Les manifestants ont désarmé la police à mains nues.
À Almaty, les militaires n’ont eu d’autre choix que de se déplacer en convois.
À Aktobe, les manifestants ont également tenté de prendre l’Akimat.
Il y avait plus de dix mille personnes sur la place.
Mais la police a répondu par des mesures sévères.
Le conflit est maintenant dans une impasse. Le régime est dans une impasse.
Parallèlement, les gens sont solidaires. La vidéo provient du marché d’Aktobe, où les vendeurs préparent des repas pour les manifestants.
À Aktau, les manifestants ont désarmé un camion rempli de militaires.
Les métallurgistes de Balkhashe qui se sont mis en grève sont accueillis en héros.
À Taldykorgan, les manifestants ont passé plusieurs heures à démonter la statue de Nazarbayev, qui est tombée au son de l’hymne national.
Finalement, ils l’ont fait tomber. Victoire aux manifestants !
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Des manifestations et des grèves de masse forcent la démission du gouvernement du Kazakhstan

2022 ne fait que commencer et des manifestations de masse ont déjà forcé la démission d’un gouvernement !
Des protestations contre les hausses des prix ont commencé le 1er janvier à Mangystau, dans l’ouest du Kazakhstan. Elles se sont rapidement propagées dans tout le pays. Des manifestations ont été rapportées à Zhanaozen, Aktau, Aktobe, Taraz, Chimkent, Karaganda, Ouralsk et la capitale Astana, aujourd’hui rebaptisée Noursoultan.
Par Sotsialisticheskaya Alternativa (section russe d’Alternative Socialiste Internationale)
Du jour au lendemain, après une manifestation de milliers de personnes sur la place centrale du «Carré de la République» d’Almaty (la plus grande ville du pays), a retenti une cacophonie de grenades assourdissantes et de véhicules de police militarisés. Il y a des rapports de tirs contre des manifestants, peut-être avec des balles en caoutchouc, dans au moins deux villes. Une vidéo d’Almaty montre des transporteurs de troupes blindés faisant marche arrière face aux manifestants. À Aktau, des comptes-rendus affirment que des policiers antiémeute se sont joints aux manifestants.
Pas plus tard que le 4 janvier, le président du Kazakhstan, M. Kasym-Zhomart Tokaev, s’est adressé au pays en appelant à la «raison» et en avertissant les gens de ne pas soutenir les «provocateurs» ou les «extrémistes». À l’aube du 5 janvier, il a annoncé qu’il a ordonné la démission de tout le gouvernement. Il a nommé l’ancien vice-premier ministre Alikhan Smailov au poste de premier ministre par intérim ainsi que deux dirigeants du Comité pour la sécurité nationale (KNB) au poste de vice-premier ministre et de secrétaire d’État. Au même moment, il a déclaré un état d’urgence de deux semaines dans de grandes parties du pays, y compris Almaty et les régions pétrolières et gazières de Mangystau. Internet, Telegram (application de messagerie instantanée sécurisée) et les réseaux sociaux ont été fermés dans tout le pays.
Cela fait des mois que la région de Mangystau est le théâtre de grèves de différents groupes de travailleurs du pétrole. Cette région a peut-être la plus forte tradition militante du mouvement ouvrier dans l’ensemble de l’ex-Union soviétique. Il y a dix ans, une grève de sept mois des travailleurs du pétrole avait été brutalement réprimée.
La dernière goutte ayant conduit à une protestation généralisée à Mangystau a été l’annonce, à l’aube du Nouvel An, du doublement des prix de l’essence qui passeraient de 60 à 120 tenges le litre (de 11 à 22 eurocents). Cela a plus que fâché les habitants et habitantes de la région, puisque ce sont ces personnes qui pompent le pétrole hors du sol. Comme le gouvernement régional restait initialement sourd aux revendications du mouvement, les manifestants ont commencé à exiger un doublement des salaires en soulignant que les prix de tous les biens essentiels, des services publics et des taxes augmentent rapidement, tandis que l’élite dirigeante s’en met plein les poches.
Lorsqu’il est devenu évident que les autorités n’allaient satisfaire aucune revendication, les manifestations ont pris de l’ampleur et se sont étendues à travers la région, puis au pays. La principale ligne ferroviaire vers l’ouest a été bloquée, et les vols de l’aéroport d’Almaty annulés.
Selon de nombreux rapports, les jeunes protestataires se sont particulièrement radicalisés et crient maintenant « Shal, ket! » (Grand-père, dégage !). Cette revendication s’attaque au pouvoir de Nursultan Nazarbaïev. Bien qu’il a démissionné de son poste de Président l’année dernière, il a conservé tout le pouvoir réel entre ses mains en tant que «Chef de la Nation». Voilà une des causes principales de la crise politique actuelle.
Au moment d’écrire cet article, le président Tokaev a ordonné que le prix de l’essence soit réduit à 60 tenges le litre pendant six mois, avec une réglementation des prix de l’essence et d’autres produits socialement nécessaires. Il dit vouloir aussi subventionner les loyers des familles pauvres et imposer un moratoire sur la hausse des prix des services publics. Il promet de créer un fonds spécial pour lutter contre la pauvreté et les problèmes de santé chez les enfants. Il prévient toutefois que la réduction du prix du pétrole doit être temporaire, car le prix sur le marché mondial est beaucoup plus élevé.
Il faut voir si cela suffira à calmer les mobilisations sociales. Compte tenu du passé de l’élite dirigeante, ces promesses ne sont probablement rien de plus que des paroles en l’air. La colère est très forte et ne concerne pas seulement les prix. En décembre, 30.000 travailleurs du pétrole de la région de Mangystau ont été licenciés. Il y a beaucoup de ressentiment au sujet de l’emprisonnement continu des opposants et opposantes politiques, y compris de nombreux syndicalistes. Les grèves se sont répandues dans la région, et on rapporte qu’elles ont atteint l’échelle d’une grève générale régionale.
Naturellement, le régime lui-même, ses partisans au Kremlin et le régime bélarusse affirment qu’il s’agit d’une autre «révolution de couleur» provoquée par l’Occident. Le porte-voix du régime russe Life News affirme que les manifestations ont été complotées et planifiées de cette manière en désignant l’oligarque en exil Mukhtar Ablyazov comme responsable, suggérant que les manifestations ont été organisées pour saper les négociations prévues la semaine prochaine entre la Russie et l’OTAN concernant l’Ukraine. Il ne s’agit évidemment que d’une autre théorie du complot propagée par le régime destinée à saper le soutien aux manifestations.
Ces événements soulèvent une question importante : si «Grand-père s’en va», qui le remplacera, lui et le système qu’il a mis en place pour défendre non seulement ses intérêts, mais également ceux des entreprises qui le soutiennent ? Les grévistes impliqués il y a dix ans dans la grève à Zhanaozen avaient tiré des conclusions politiques de grande portée en appelant à la nationalisation des compagnies pétrolières sous contrôle ouvrier. En novembre 2011, les grévistes avaient mis en place un comité ouvrier unitaire sur toute la région. Ce comité a appelé au boycott des élections parlementaires en raison du manque de confiance envers les partis politiques d’alors et a proposé la mise en place d’une union nationale des syndicats combattifs pour créer un parti politique des travailleurs.
La répression brutale qui a suivi le massacre de Zhanaozen a engendré une période de recul pour le mouvement ouvrier. Mais maintenant que les mobilisations ont atteint une échelle nationale, le temps est venu de remettre ces questions à l’ordre du jour.
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Ce que nous disions du "Kazakhgate" en 2012
Le Soir et le site d’information français Mediapart sont parvenus à se procurer divers éléments des procédures judiciaires belge et française concernant une affaire de corruption où est cité le nom d’Armand De Decker (MR). Voici ci-dessous ce que nous en disions en 2012 à l’occasion d’une action de solidarité que nous avions tenue devant l’ambassade du Kazakhstan. La police était bien vite arrivée sur les lieux. Il faut dire que le bourgmestre local et chef de la police n’était autre qu’Armand De Decker (MR)…
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Le bourgmestre d’Uccle réprime les protestations qui visent ses amis kazakhs
Le 16 décembre 2011, journée de commémoration de l’indépendance du Kazakhstan, un véritable massacre a été perpétré à Zhanaozen. Ce jour-là, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation de travailleurs du secteur du pétrole en grève. Des dizaines de personnes ont ainsi été assassinées. Un an plus tard, ce massacre n’a pas été oublié et, dans ce pays comme ailleurs dans le monde, la lutte contre la répression et la dictature se poursuit. C’est dans ce cadre qu’une délégation du PSL s’est rendue aujourd’hui devant les bâtiments de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, en compagnie du député européen Paul Murphy. Mais des policiers de la commune sont rapidement venus nous menacer afin que nous stoppions notre protestation. Hasard ? Le bourgmestre local et chef de la police, Armand De Decker (MR), a récemment été dans l’actualité pour un rôle de médiation très douteux qu’il aurait joué entre les autorités kazakhes et Nicolas Sarkozy, président français au moment des faits.À l’ambassade, nous n’avons trouvé personne à qui parler. Ils étaient visiblement au courant de l’action qui devait se tenir à leurs portes. Mais si personne n’est venu écouter ce que nous avions à dire, l’ambassade a par contre utilisé ses contacts avec le bourgmestre de la commune pour envoyer la police menacer les manifestants d’amendes de 250 euros par personne. Nous avons donc vu débarquer une dizaine d’agents de police, dont le responsable de la police communale.
Protester contre un régime dictatorial n’est possible à Uccle qu’après avoir préalablement quémandé l’approbation du bourgmestre. Ainsi, au silence de la presse belge sur ce qui se déroule au Kazakhstan s’ajoute la répression des protestations. Une action est bien possible, mais uniquement avec une permission venue du haut. Dans le cas contraire, c’est la menace de lourdes amendes. Le chef de la police a bien essayé de se défendre en disant : ‘‘Les enfants aussi doivent demander avant de faire quelque chose.’’ Les autorités considèrent-elles la population comme une masse d’enfants à encadrer ? Voilà qui est très indicatif de la manière dont nos droits démocratiques sont considérés dans certains cercles…La décision d’interrompre notre action de solidarité avec les luttes au Kazakhstan est venue du bourgmestre Armand De Decker (MR) qui a, sans aucun doute, agi sur la demande de ses amis de l’ambassade. D’ailleurs, la presse a récemment fait écho des relations étroites entretenues entre Monsieur De Decker et le régime dictatorial du Kazakhstan. Le célèbre journal français “Le Canard enchaîné” avait dévoilé un scandale, un Kazakhgate, où Armand De Decker a joué un rôle central.
Le président kazakh, Noursoultan Nazarbayev, devait conclure un contrat lucratif avec la société aéronautique française EADS concernant la vente de plusieurs hélicoptères. Mais le président-dictateur a posé ses conditions, au président français Nicolas Sarkozy, notamment d’aider trois de ses amis dans le cadre de leurs ennuis judiciaires en Belgique. Le milliardaire Patokh Chodiev ainsi que deux autres hommes d’affaires kazakhs étaient impliqués dans un dossier de corruption autour de l’entreprise belge Tractebel (où il est question de liens avec le crime organisé et de pots de vin pour obtenir un contrat à Tractebel au Kazakhstan). Les pressions exercées sur le tribunal belge n’auraient pas été suffisantes et il ne restait donc qu’une solution législative pour les tirer d’affaire.
Le journal satirique et d’investigation ‘‘Le Canard Enchaîné’’ suggère que les conseillers de Sarkozy ont été en contact avec Armand De Decker, qui était alors vice-président du Sénat, afin d’assurer le vote rapide de la loi sur l’extension de la transaction pénale à toute une série de délits, y compris financiers, seule manière de sauver les amis de Nazarbayev. Ce projet de loi a rapidement été éliminé des parlements : déposé à la Chambre le 11 février 2011, il a été adopté le 17 mars avant d’être envoyé au Sénat le 18 mars. La loi a été promulguée le 14 avril et est entrée en vigueur le 16 mai. De Decker nie être intervenu dans cette affaire, mais la rapidité du processus d’adoption de cette loi est frappante. Détail piquant: De Decker, en tant qu’avocat, a également participé à la défense de Chodiev. Fin juin 2011, Patokh Chodiev et les deux autres ont été les premiers à bénéficier de cette nouvelle version de la transaction pénale. Le parquet de Bruxelles a ainsi abandonné ses poursuites contre la somme de 23 millions d’euros, payée en août 2011. Quelques jours plus tard, Nazarbayev a signé un contrat de commande de 45 hélicoptères auprès d’EADS. Sarkozy était rayonnant lors de la signature du contrat.
Aujourd’hui, c’est ce même Armand De Decker qui est intervenu pour stopper une action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, très certainement après avoir été invité par l’ambassade à réagir. Alors que les riches fraudeurs viennent se réfugier à Uccle sous la protection de De Decker, toute forme de protestation contre les éléments les plus dictatoriaux de ce club de fraudeurs hyper-riches est réprimée.
Par la même occasion, nous avons pu vérifier que les Sanctions Administratives Communales (SAC) ne sont pas là pour faire face aux incivilités et petites nuisances, mais pour réprimer les protestations et les limiter au cadre autorisé par le sommet de la société. Nos droits démocratiques sont ainsi limités alors que les fraudeurs super-riches bénéficient de nouvelles mesures très complaisantes pour leurs crimes.
Le président-dictateur corrompu du Kazakhstan et ses amis peuvent compter sur la solidarité de l’establishment politique européen. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair est devenu conseiller de Nazarbayev, le président Sarkozy a joué le coursier pour Nazarbayev pour, grâce à De Decker, accélérer le changement de la législation belge. La solidarité de classe n’est pas un vain mot pour l’establishment. Mais il en va de même du côté du mouvement ouvrier. Un an après le massacre de Zhanaozen, nous n’oublions pas, et nous continuons le combat contre la répression et l’oppression. L’hostilité que nous rencontrons de la part des amis locaux de Nazarbayev ne nous arrêtera pas.
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Un Kazakh n’est pas l’autre…
Lors de la manifestation des sans-papiers du 3 mai, nous avons rencontré Yalkun (nom d’emprunt), un jeune homme aux pieds bien sur terre. Son père était politiquement actif dans la région frontalière entre le Kazakhstan et le Xinjiang. Étant poursuivis, lui et sa famille ont dû fuir. Alors qu’il est un fait établi que les membres de la minorité ouïghoure à laquelle Yalkun et sa famille appartiennent sont persécutés, le gouvernement belge a refusé de leur donner asile.
Par Liesbeth et Geert, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
À contrario, un autre Kazakh, le milliardaire Patokh Chodiev, est, lui, devenu belge en un rien de temps en 1997, notamment grâce à son ami libéral Serge Kubla. Alors que Yalkun et sa famille ont été persécutés par un régime corrompu et répressif, Chodiev a par contre été poursuivi dans notre pays pour corruption. Mais Chodiev a racheté ce procès en Belgique, il a été le premier à faire usage de la loi permettant de payer une indemnité pour se libérer de poursuites judiciaires. Le président du Sénat Armand De Decker (MR), étant l’un de ses avocats, aucun problème ne s’est posé. La famille ouïghoure est, par contre, menacée d’expulsion. Il leur a même été signifié que les preuves apportées à leur dossier sont discutables en raison de la corruption généralisée au Kazakhstan…
Les Ouïghours constituent un peuple opprimé essentiellement issu de la région chinoise du Xinjiang. Leur oppression a fait irruption sur l’arène internationale suite au soulèvement qui a pris place au Xinjiang en 2009 et à la répression brutale du régime chinois. De nombreux Ouïghours ont depuis fui, entre autres au Kazakhstan, ce qui a notamment eu pour conséquence d’y renforcer la discrimination déjà existante à leur encontre. La dictature kazakhe partage avec la Chine l’idée selon laquelle les Ouïghours en lutte pour leurs droits ne sont qu’un ramassis de djihadistes et de terroristes fondamentalistes. Les liens économiques entretenus avec la Chine pèsent lourd dans cette approche commune.
Les Ouïghours n’ont aucune chance de gravir l’échelle sociale au Kazakhstan. En 2001 déjà, l’expulsion de 33 Ouïghours kazakhs de notre pays avait déclenché des actions de protestations. Depuis lors, la situation n’a fait qu’empirer, surtout après le soulèvement de 2009, dans un contexte de dictature où la liberté d’expression ou d’organisation est inexistante. Des militants pour les Droits de l’Homme tels que Vadim Kurashim – un membre du Mouvement Socialiste au Kazakhstan – sont persécutés sans pitié. Le régime du président Nazarbaïev est dénoncé de toutes parts. Tout cela ajouté aux preuves de persécution apportées par la famille de Yalkun a simplement été balayé par l’Office des étrangers.
Contrairement aux Ouïghours de Chine, ceux du Kazakhstan ont peu de chances de recevoir l’asile dans notre pays. Les problèmes sont pourtant identiques et tout retour éventuel comporte de nombreux dangers. Mais si les autorités belges déroulent le tapis rouge pour de riches fraudeurs, des Ouïghours persécutés et issus du même pays sont menacés d’expulsion et condamnés à l’angoisse et l’incertitude.
Nous soutenons la régularisation généralisée de tous les sans-papiers. Dans ce cas précis, avec des enfants en âge d’être scolarisés, il s’agit d’une nécessité particulièrement urgente.
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Pour en finir avec la crise, les guerres, l’austérité, le chômage, la destruction de l’environnement… dégageons le capitalisme, construisons un monde socialiste!
Combien de temps encore devra-t-on croire au refrain tant répété comme quoi le pire de la crise économique serait « derrière nous »? Les faits parlent d’eux-mêmes : partout, la classe des super-riches et les politiciens qui la servent redoublent d’efforts pour nous faire avaler sans cesse de nouvelles attaques sur nos droits et nos conditions de vie. Et partout, la colère des “99%” gronde : de Sidi Bouzid à Athènes, de Port Saïd à Sofia, de Pretoria à Moscou, de Montréal à New Delhi, la résistance de la jeunesse, des travailleurs et des masses pauvres ne faiblit pas, face aux conséquences dévastatrices de la crise historique que traverse le système capitaliste mondial.
Tract général du Comité pour une Internationale Ouvrière distribué au Forum Social Mondial de Tunis
«L’accumulation de richesse à un pôle signifie en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère» (Marx)
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Socialisme 2013. Dimanche prochain, à l’occasion du week-end "Socialisme 2013", un rapport de la situation actuelle en Tunisie sera livré par Nicolas Croes, rédacteur de socialisme.be et de notre mensuel, de retour de Tunisie.
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Le destin tragique du jeune qui s’est immolé par le feu en plein coeur de Tunis est le cri de désespoir de toute une jeunesse qui n’en peut plus, condamnée au chômage de masse et à la misère quotidienne. La crise actuelle expose comme jamais la totale incapacité du capitalisme -un système basé sur la recherche incessante de profits pour l’infime minorité qui contrôlent les moyens de production et les décisions d’investissements- à offrir un avenir à la majorité d’entre nous.
Selon une étude récente de ‘Futures Company’, 86% de la population mondiale estime que le monde des affaires « maximise les profits aux dépens de la communauté et des consommateurs ». Pendant que des pays entiers sont mis en coupe réglée, que le chômage atteint des records mondiaux, et que plus d’un sixième de l’humanité souffre de la faim, la concentration des richesses est devenue telle que le revenu gagné par les 100 plus grands milliardaires au monde rien qu’au cours de l’an dernier représente quatre fois la somme nécessaire pour abolir la pauvreté sur toute la planète!
Comme d’habitude, le prix de la crise, tout le monde le paie, sauf ceux qui en sont responsables. Pour l’élite capitaliste en effet, l’année 2012 fut un “grand cru”: malgré la crise, les multinationales et les grandes banques qui contrôlent l’économie mondiale (BMW, JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Samsung, Adidas, Ryanair,…) ont réalisé des bénéfices record.
Comme dans un gigantesque casino, une poignée d’acteurs financiers se font des juteux profits en spéculant sur le prix des biens de première nécessité, pendant que dans l’ensemble du Maghreb, du Moyen-Orient et ailleurs, la hausse vertigineuse de ces prix, aggravée par les mesures antisociales imposées par le FMI, poussent des pans entiers de la population dans une pauvreté encore plus grande.
Aux Etats-Unis, alors que les grandes banques annoncent toutes des nouveaux profits spectaculaires, le pouvoir d’Obama prépare l’opinion à une nouvelle cure d’austérité massive.
Sur l’ensemble du continent européen aussi, les travailleurs sont priés de payer la note du sauvetage des banques et des spéculateurs, subissant pour cela une offensive d’austérité sans précédent, faite de centaines de milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques, tandis que les taux de chômage en Europe du Sud atteignent des chiffres dignes de la Grande Dépression des années ’30. En parallèle, la trésorerie accumulée par les 265 grandes sociétés européennes ayant publié leurs résultats 2012 atteint…364 milliards d’euros ; une immense montagne de liquidités que les capitalistes refusent d’investir dans l’économie, et un exemple de plus du caractère absurde, parasitaire et complètement pourri du système en place.
Ce système craque de toutes parts. Car pour maintenir la richesse opulente d’une poignée de patrons, de banquiers et d’actionnaires, il n’a d’autre choix que de renforcer la répression contre ceux qui résistent, d’encourager la division des opprimés pour affaiblir leurs luttes, d’imposer de nouvelles souffrances, de nouveaux drames sociaux, humains et écologiques aux quatre coins du monde.
Début mars, à l’occasion du tragique anniversaire de la catastrophe de Fukushima, des dizaines de milliers de Japonais et de Taïwanais sont descendus dans les rues pour dénoncer la politique pro-nucléaire de leurs gouvernements : encore une fois, c’est la course au profit, à travers l’avidité de la multinationale énergétique TEPCO, qui avait conduit à une des plus grosse catastrophe environnementale et humanitaire de tous les temps. Dans le contexte de crise, la compétition accrue entre grandes puissances pour les zones d’influence et le contrôle des marchés est aussi à l’origine d’un accroissement des conflits armés, dont l’intervention impérialiste au Mali n’est que le dernier exemple en date. Derrière le discours d’une France « libératrice » au Mali se cachent en effet des ambitions stratégiques dans une région riche en ressources, mais aussi un juteux business de guerre pour l’industrie militaire française.
La lutte de masse à l’ordre du jour
En contrepartie, ces dernières années ont vu des millions de travailleurs et de jeunes à travers le globe s’engager sur le chemin de la lutte de masse, des grèves, des manifestations, des sit-in, des occupations…
- Le 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal, sous le slogan “Que la Troïka aille se faire voir” : la plus importante mobilisation de l’histoire du pays.
- Les 20 et 21 février, l’Inde a connu la plus grande grève de son histoire, plus de 100 millions de travailleurs paralysant l’économie du pays pour protester contre la hausse des prix, la précarité et les privatisations.
- L’Afrique du Sud a été submergée par une déferlante de grèves sans précédent dans le secteur minier, chez les ouvriers agricoles, et dans d’autres secteurs encore, pour protester contre les bas salaires, contre les conditions de travail épouvantables, et contre le régime corrompu, anti-démocratique et pro-capitaliste de l’ANC.
- La récente révolte dans le village de Shangpu dans le Sud de la Chine, où des paysans protestant contre la saisie de leurs terres ont tenu tête pendant plus de deux semaine aux autorités, est symptomatique de la colère et de l’agitation sociale de plus en plus audible contre la dictature du Parti “Communiste” Chinois.
Les trois derniers exemples illustrent aussi que les pays du “BRICS” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) n’offrent clairement pas une alternative viable pour la population de ces pays. Au contraire, là aussi, les masses se lèvent pour demander leur part d’une croissance ayant essentiellement profité aux riches.
Une époque de révolutions et de contre-révolutions
Tous les symptômes de bouleversements révolutionnaires majeurs sont en gestation, et cela dans quasiment toutes les parties du monde. Le seul élément manquant est une alternative politique de masse qui puisse organiser la classe ouvrière, la jeunesse et les pauvres autour d’un programme cohérent de transformation sociale. Cela est illustré par ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie et en Egypte.
Le renversement de Ben Ali et de Mubarak avait démontré la puissance du mouvement des travailleurs lorsque celui-ci se met en action de manière unie et décidée. C’est en effet la menace de paralysie de l’économie, l’entrée en scène des travailleurs salariés dans de puissants mouvements de grève, mettant directement en péril les intérêts des capitalistes et des grands propriétaires, qui avait poussé ces dictateurs vers la porte de sortie. C’est d’ailleurs aussi en grande partie la faiblesse d’un tel mouvement s’appuyant sur la force collective et unifiée de la classe ouvrière qui est à l’origine de l’impasse croissante du conflit en Syrie.
Cependant, les nouveaux régimes arrivés au pouvoir au Caire et à Tunis ont rapidement dévoilé leurs vrais visages: celui de la contre-révolution. Sous leur règne, la pauvreté et le chômage ont franchi de nouveaux records. La montée de l’intégrisme religieux, l’exploitation économique, le mépris des élites et la violente répression contre tous ceux et toutes celles qui aspirent à un réel changement continuent plus que jamais.
Après les premières victoires initiales, la suite des événements a mis en évidence le fait que l’esprit de sacrifice et toute la détermination du monde ne sont pas, en soi, des ingrédients suffisants pour aboutir à une victoire décisive pour la révolution. Si dans les deux pays, le potentiel pour une nouvelle vague révolutionnaire est bien présent, encore faut-il que celle-ci soit armée d’un programme et d’une stratégie clairs, visant à en finir pour de bon avec la vieille société, et à concrétiser les aspirations de la population à une vie meilleure.
La Grèce, devenue un symbole de la résistance héroïque des travailleurs et des jeunes face à la thérapie de choc des politiques capitalistes, a connu dans les trois dernières années pas moins de 21 grèves générales de 24h, ainsi que trois de 48h. Pourtant, l’austérité continue plus que jamais : la répétition de grèves générales fort étalées dans le temps, sans objectifs bien précis, ne s’inscrivant pas dans un plan d’action à long terme visant à renforcer les mobilisations jusqu’à renverser le système en place, contribue à semer l’épuisement et le découragement plus qu’autre chose. La stratégie timorée des directions syndicales bureaucratiques a clairement montré ses limites: à l’heure d’un offensif tout azimut de la part des capitalistes, de telles demi-mesures ont autant d’efficacité que de jeter des verres d’eau sur un bâtiment en flammes. C’est pourquoi la reconstruction de syndicats de combat, organisés démocratiquement et dont les dirigeants sont responsables devant leurs membres, est une partie essentielle du processus nécessaire pour mener une lutte efficace contre l’offensive capitaliste.
Quelle alternative ?
La classe des travailleurs, alliée aux masses pauvres, aux petits paysans, et au dynamisme vital de la jeunesse, a clairement le pouvoir de transformer la société. Seule les travailleurs possèdent la puissance économique (au travers des mobilisations de masse, des grèves, des occupations d’entreprise) pour bloquer tous les canaux vitaux sur lesquels reposent la puissance et les instruments de violence des possédants.
Mais « bloquer » la société ne suffit pas : il faut que les masses laborieuses se réapproprient les leviers stratégiques de l’économie, pour la reconstruire sur des bases nouvelles. Aboutir à un tel changement nécessite la construction d’une organisation capable d’unifier les diverses couches des masses en lutte, afin de les mener résolument à l’offensive et d’arracher le pouvoir des mains des capitalistes. Au travers de comités organisés sur les lieux de travail, les universités, dans les écoles et les quartiers, coordonnés à chaque niveau, et composés de représentants démocratiquement élus, les bases pourraient être posées pour une reprise en mains collective de la société au service de ceux qui la font véritablement tourner, et non des exploiteurs actuels. Le potentiel pour un tel changement, une révolution socialiste, n’est pas une utopie: il est contenu en germes dans les luttes et les aspirations des masses qui se mettent en mouvement aux quatre coins du monde contre les horreurs du système en place.
Le socialisme signifie une société gérée démocratiquement par les travailleurs, où la production et ses fruits sont mis sous propriété publique et planifiés rationnellement et démocratiquement, en vue de satisfaire les besoins de chacun. Toutes les techniques, cultures, sciences et capacités productives modernes seraient ainsi mises ainsi au service de l’ensemble de la population, au lieu d’être monopolisées par une minorité qui s’enrichit toujours plus sur le dos de l’immense majorité des habitants de la planète.
- A bas la dictature des marchés!
- L’impérialisme hors du monde néocolonial ! A bas le FMI et tous ses plans de misère ! Répudiation du paiement de toutes les dettes, sans conditions !
- Non aux privatisations ! Non aux coupes dans les services publics, non à l’austérité !
- Pour le partage du temps de travail entre tous et toutes!
- Pour une éducation et une santé gratuite et de qualité, pour un revenu minimum vital pour tous et toutes!
- Stop au racisme, au sexisme, à la discrimination religieuse, à l’homophobie…Pour une lutte unifiée des travailleurs, des jeunes et des masses pauvres contre le capitalisme et l’impérialisme!
- Pour la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population
- Pour un plan de production socialiste, déterminé démocratiquement en fonction des besoins sociaux, et respectueux de l’environnement !
- Pour une société socialiste, débarrassé de l’exploitation, des guerres et de la misère !
Qu’est-ce que le CIO ?
Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) est une organisation internationale socialiste, qui lutte sans relâche pour les intérêts des travailleurs, des jeunes et des peuples opprimés à travers le monde. Nous disposons de partis, de groupes et de militants dans une cinquantaine de pays sur tous les continents, du Sri Lanka au Québec, du Kazakhstan au Chili. Le capitalisme est un système mondial; par conséquent, les travailleurs, les jeunes et les opprimés du monde entier ont besoin de s’unir à la même échelle pour le mettre à bas.
Si vous voulez nous rejoindre ou disposer de plus d’infos: contactez nous via cwi@worldsoc.co.uk – 0021622837971 ou visitez notre site web: www.socialistworld.net – (www.socialisme.be ou www.gr-socialisme.org en francais)
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Tunisie : Non au gouvernement Larayedh! Grève générale, jusqu’à la chute du régime! Le pouvoir aux travailleurs, aux masses pauvres et à la jeunesse !
Le nouveau gouvernement d’Ali ‘Chevrotine’ n’est qu’une version légèrement édulcorée du précédent. Les Nahdaouis, bien qu’affaiblis, ne s’en iront pas sans une lutte d’arrache-pied imposée par la rue. La crise actuelle du pouvoir est le résultat de la résistance à laquelle la politique de la Troïka est confrontée depuis des mois et des mois par les travailleurs, la jeunesse, les femmes, les masses pauvres des villes, les paysans, les chômeurs, etc. Cette politique n’a contribué qu’à rendre les problèmes quotidiens du plus grand nombre chaque jour pire encore.
Tract du Comité pour une Internationale Ouvrière consacré à la situation en Tunisie et distribué lors du Forum Social Mondial
“Honte au gouvernement, la jeunesse brûle ”
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Socialisme 2013. Dimanche prochain, à l’occasion du week-end "Socialisme 2013", un rapport de la situation actuelle en Tunisie sera livré par Nicolas Croes, rédacteur de socialisme.be et de notre mensuel, de retour de Tunisie.
L’explosion du chômage et le désespoir social poussent les suicides et les dépressions à des niveaux record. Les régions du Sud et du Centre-Ouest continuent de s’enfoncer dans une spirale de misère extrême. Et la clique au pouvoir augmente le prix des carburants, du tabac et de l’électricité, alors que les maigres augmentations de salaires arrachées par les grèves sont déjà rognées par une explosion continue des prix des produits de première nécessité, poussant la survie quotidienne à des niveaux plus que critiques pour de nombreuses familles pauvres.
Pendant ce temps, les nombreux avantages fiscaux et la corruption des grosses fortunes prolifèrent, le pouvoir poursuivant les politiques néolibérales désastreuses de l’ancien régime. La signature d’un accord de “partenariat privilégié” avec l’UE ne va que renforcer la dépendance de l’économie tunisienne aux desiderata des gros groupes capitalistes internationaux. Ennahda, tout comme Nidaa Tounes -repère de partisans de l’ancien régime- sont les deux revers de la même médaille: celle des grands patrons, des multinationales occidentales et des institutions créancières internationales, lesquels poussent tous à reproduire les “normes” qui ont permis à une clique de parasites de s’enrichir en saignant à blanc les travailleurs et le peuple tunisien.
Les créanciers de la Tunisie ont prêté des montagnes d’argent à Ben Ali &Co pour soutenir la dictature, et demandent aujourd’hui au peuple de payer la facture. Le FMI poursuit ses “négociations” avec les autorités tunisiennes afin d’octroyer un prêt d’une valeur de 1,78 milliard de dollars. Celui-ci sera bien sûr conditionné à des mesures drastiques de casse sociale: coupes salariales dans la fonction publique, privatisations à la volée, diminution des subventions sur les produits de base,…
Quelques chiffres
- 85% des entreprises tunisiennes évoluent en flagrant délit de fraude du fisc. Un chiffre d’affaires non imposable de 115 milliards de dollars, soit 6 fois et demi le budget de l’Etat 2013
- Les milliardaires tunisiens expatrient jusqu’à 45% de leur fortune à l’étranger
- La Tunisie a perdu 39 milliards de dollars US entre 1970-2010 par la fuite illicite de capitaux
- L’INS a chiffré à 400.000 le nombre de personnes qui basculerait dans la pauvreté dans le cas d’une suppression des subventions alimentaires…
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Il est temps de faire payer les vrais responsables de notre misère !
Les droits des femmes sont dans la ligne de mire des réactionnaires au pouvoir, comme encore illustrées par les récents propos d’Habib Ellouze sur “l’esthétisme” de l’excision. Pendant que des rappeurs sont arrêtés pour leurs propos dénonçant les abus de la police, de nombreux parents demeurent dans l’ignorance des responsables de la mort de leurs enfants, et des dizaines de blessés continuent de souffrir en attendant désespérément des traitements médicaux appropriés. Des lois répressives datant de Ben Ali sont resservies pour étouffer la liberté d’expression, et l’état d’urgence est prolongé sans fin au mépris des libertés publiques.
L’assaut engagé par les milices nahdaouies contre l’UGTT en décembre dernier avait abouti à la création d’une commission d’enquête. Mais comme celle sur la répression policière sauvage du 9 avril dernier à Tunis, cette commission n’a rien fait pour traduire leurs auteurs en justice; elle a au contraire été essentiellement utilisée pour couvrir leurs exactions.
Briser la résistance de ces milices ne proviendra pas de mesures administratives de bonté venues d’en-haut. Autant demander à un tigre d’être végétarien ! Seule la coordination de groupes d’auto-défense, composés de syndicalistes, de jeunes révolutionnaires, de tout ce que la révolution compte de forces vives, peut faire efficacement face à la violence croissante de la contre-révolution, qu’elle provienne de ces milices ou des forces de l’Etat.
Il faut rapidement un plan d’action pour organiser la riposte, en remettant les questions sociales au cœur de la lutte!
Les mobilisations de rue juste après la mort de Chokri ont clairement démontré de quel côté pèse encore le rapport de forces. La grève générale du 8 février et l’avalanche humaine descendue dans les rues ce jour-là ont poussé le gouvernement et le parti dirigeant dans ses retranchements. La marche qu’Ennahda a organisée une semaine après n’a fait que confirmer l’érosion vertigineuse de la base sociale de ce parti. Même les funérailles du jeune vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu il y a deux semaines se sont transformées en manifestation contre le parti au pouvoir.
La grève générale de février a donné une bonne indication de ce qu’il est possible d’accomplir par la mobilisation de masse. Mais celle-ci doit demeurer soutenue, et s’inscrire dans une stratégie mettant à profit l’immense pouvoir potentiel de la rue, et surtout le poids du mouvement ouvrier organisé et de l’UGTT, pour en finir pour de bon avec le pouvoir actuel et avec le système de violence et de misère qu’il entretient.
Il faut préparer sans plus attendre les prochaines étapes du mouvement. Un encouragement rapide à une nouvelle grève générale, si celle-ci s’adresse à toute la masse avec des revendications sociales claires et audacieuses, permettrait de redonner une perspective de lutte à tous ceux et toutes celles qui veulent en finir avec le pouvoir actuel. Une telle grève pourrait être préparée par une tournante de grèves régionales et sectorielles dans les jours qui précèdent, avec une grande campagne de mobilisation et d’agitation tournée vers l’ensemble du peuple tunisien. Pour maximiser son impact, une nouvelle grève générale ne peut se limiter à des mots d’ordre de refus de la violence et de dissolution des milices islamistes. Toutes les questions fondamentales de la révolution sont en jeu ! Fournir des emplois à tous les chômeurs, en finir avec les inégalités régionales, rendre justice aux martyrs, déraciner le vieil appareil d’Etat toujours en place…
Si après une telle grève, Larayedh et son gouvernement n’ont toujours pas compris qu’ils doivent dégager, on pourrait prolonger les actions de grève et les manifs dans les jours suivants, peut-être couplées à l’occupation des lieux de travail, des places publiques, des lycées et des facs, jusqu’à faire plier le pouvoir en place.
Les dirigeants de l’UGTT auraient déjà dû offrir un plan d’action pour poursuivre les mobilisations à la suite du succès de la grève générale, s’appuyant sur le rapport de force ainsi créé pour aller de l’avant et porter le coup de grâce à la Troika. Chercher à éviter la confrontation entre les masses révolutionnaires et le pouvoir n’arrêtera pas le conflit, mais le rendra seulement plus défavorable pour notre camp!
C’est pourquoi il faut s’assurer que le mouvement soit démocratiquement construit par la base. La discussion sur les initiatives à entreprendre et les suites à donner aux actions doit être contrôlée par ceux qui sont en lutte! Encourager la convocation d’assemblées générales partout où c’est possible (dans les entreprises, dans les facs, les écoles, les villages, les quartiers populaires,…) serait un bon appui dans ce sens. De telles assemblées pourraient élire des comités de grève et d’action en leur sein pour prendre la lutte en main à chaque niveau, afin de structurer et coordonner partout le mouvement selon la volonté des masses en lutte. On pourrait ainsi déterminer partout collectivement quelles devraient être les prochaines étapes du mouvement, comment s’organiser contre la contre-révolution,…cela aiderait à construire le rapport de force et le soutien le plus massif possible en prévision des futures batailles.
Ne laissons pas la contre-révolution confisquer nos conquêtes! Ne lâchons pas la rue !
Le danger de la contre-révolution (qu’elle se présente sous une forme islamiste ou qu’elle se cache, comme Essebsi et ses alliés, derrière un visage “laïque”) est loin d’avoir été mise hors-jeu. Sans un programme d’action clair pour poursuivre la révolution jusqu’au bout, la contre-révolution peut user du répit ainsi offert pour relever la tête et contre-attaquer. Le meurtre de Chokri Belaïd, les violences répétées contre les bâtiments et les syndicalistes de l’UGTT, et les “listes noires” qui circulent montrent que certains groupes de nervis réactionnaires ne reculeront devant aucune méthode pour briser le coup de la révolution.
“Vous craignez de descendre dans la rue ? si vous saviez ce qui vous attend si vous restez chez vous…” Chokri Belaïd
La misère grandissante dans les quartiers pauvres nourrit le terreau à partir duquel les salafistes et jihadistes embrigadent, surtout parmi des jeunes qui n’ont plus rien à perdre. Les couches de la population pauvre les plus désespérées, si elles ne voient pas d’issue du côté du mouvement syndical et de la gauche, pourraient devenir la proie de ces démagogues réactionnaires. La seule façon dont la classe ouvrière et la jeunesse révolutionnaire peuvent gagner à elles la masse des laissés-pour-compte est de créer un mouvement national puissant capable de lutter pour les revendications de tous les opprimés. Cela implique de lier la nécessaire lutte pour la défense et l’élargissement de tous les droits démocratiques avec le combat sur des problèmes tels que l’emploi, le logement, la vie chère,…Dans le cas contraire, l’érosion du pouvoir nahdaoui pourrait partiellement profiter aux salafistes et à leur surenchère, lesquels pourraient gagner de nouveaux secteurs de la population pauvre, des exclus et des marginalisés à leur cause et les mobiliser contre la révolution. Le pays pourrait glisser dans une spirale de violence dont les masses paieraient le premier prix.
Luttons pour un gouvernement issu de la révolution !
Beaucoup de travailleurs et de jeunes ont leurs yeux tournés vers le Front Populaire, dont les militants jouent un rôle courageux et de premier plan dans beaucoup des luttes en cours. La dynamique enclenchée autour du Front Populaire est porteuse d’un grand potentiel pour construire une expression politique aux intérêts des travailleurs et des couches populaires et à leurs luttes.
Cependant, les appels à “l’unité nationale” ou à un “gouvernement de compétences” sont des formules qui manquent de lisibilité et ne donne pas une idée claire sur la marche à suivre pour poursuivre et approfondir la révolution. Elles peuvent entretenir l’illusion qu’un compromis est possible pour parachever la soi-disant “transition démocratique” sans renverser le système en place. Mais un développement social digne de ce nom ainsi qu’une vraie démocratie ne viendront pas tant que les capitalistes, nationaux et étrangers, continuent de piller l’économie du pays. Il n’y a pas d’unité possible avec ces gens-là. L’unique voie possible pour arracher des mesures durables en faveur des masses populaires est de donner le maximum de vigueur et de structuration aux luttes actuelles, pour les coordonner en une vaste offensive révolutionnaire vigoureuse, menant la classe ouvrière, les jeunes et tous les opprimés à prendre le pouvoir et à renverser le système en place. Le succès de la révolution tunisienne est à ce prix!
Dans ce sens, l’appel à un “ Congrès national de Salut” avancé par le Front prendrait tout son sens s’il s’adressait, sans équivoque, aux masses révolutionnaires elles-mêmes: la convocation d’assemblées et l’élection de comités locaux, issus directement des forces militantes de la révolution, des activistes du Front, des couches combatives de l’UGTT et de l’UGET, des jeunes, des chômeurs et militants de l’UDC, etc, dans chaque localité et gouvernorat de la Tunisie, pourraient fournir un contenu concret et révolutionnaire à un tel appel. Le Front Populaire et ses nombreux militants influents aux quatre coins du pays pourraient servir de colonne vertébrale pour mener une campagne énergique dans ce sens.
Remettre la lutte pour le socialisme à l’ordre du jour
Certains n’hésitent plus à en appeler à l’institution militaire pour mettre fin à l’état de crise que connait le pays. Beaucoup de soldats du rang, ainsi que certains policiers, se rendent compte qu’ils ne servent que de pions pour les grandes manoeuvres ayant cours dans les états-majors et les hautes sphères du pouvoir. Il faut défendre ouvertement leurs droits à l’insoumission, à refuser d’être utilisés pour réprimer la révolution, et à élire des comités au sein même des forces armées, pour en chasser les individus et les supérieurs indésirables. Issus du peuple et gagnant bien souvent une misère, les soldats et les policiers n’ont rien à gagner en servant les classes possédantes et leurs politiciens dans leurs sièges dorés.
Créant les bases embryonnaires d’une nouvelle société libre et démocratique, l’expérience des nombreux comités de quartier et conseils populaires qui avaient surgi sous différentes formes lors du soulèvement contre Ben Ali avait montré que les meilleures “compétences” pour diriger le pays dans l’intérêt du plus grand nombre sont les masses tunisiennes elles-mêmes.
La coordination à l’échelle locale, régionale puis nationale de comités d’action révolutionnaires, composés de représentants élus et révocables, émergeant directement du mouvement révolutionnaire et disposant de la confiance du peuple en lutte, pourraient fournir l’armature d’un nouveau pouvoir, directement issu de la révolution, capable d’affronter le régime en place et à terme, de se substituer à lui. Ainsi, les décisions politiques, au lieu d’être monopolisées dans un circuit fermé entre Carthage, La Kasbah, Le Bardot et Montplaisir, seraient réappropriées par tous ceux et toutes celles qui ont fait la révolution.
Pour ne pas retomber dans les mêmes impasses que les gouvernements précédents, un tel pouvoir révolutionnaire userait de l’élan ainsi créé pour s’attaquer sans tarder au système économique actuel, en expropriant la poignée de familles capitalistes et de groupes multinationaux qui contrôlent l’économie du pays, et en les mettant sous la gestion et le contrôle de la collectivité: banques, compagnies d’assurance, industries textiles et mécaniques, grandes chaînes touristiques, mines de phosphate, transports, grande distribution,…Sur les bases d’une planification publique des investissements gérée démocratiquement par les travailleurs et la population, les intérêts de l’écrasante majorité du peuple tunisien pourraient enfin être mis au centre des priorités.
Les salariés du transport de carburant ont obtenu récemment une réduction de leurs horaires de travail de 48h hebdomadaires à 40 heures. En généralisant ce type de mesures, en partageant le temps de travail entre tous, avec maintien des salaires, et en engageant un vaste programme d’investissement public répondant aux immenses besoins sociaux, des centaines de milliers d’emplois utiles à la collectivité pourraient ainsi être créés. Mais tout cela entre en conflit avec la logique de profit qui régit le système actuel. Seule la construction d’une société démocratique et socialiste, fondée sur la coopération, la solidarité et la planification des ressources et des techniques, peut libérer les ressources humaines et matérielles nécessaires pour résoudre les problèmes urgents des masses tunisiennes et commencer à concrétiser les objectifs de la révolution. Mise en place, une telle politique serait une source d’inspiration gigantesque pour les travailleurs et les pauvres aux quatres coins du monde. C’est pourquoi tisser de puissants liens avec le mouvement révolutionnaire égyptien, et plus généralement, avec les luttes des travailleurs et des jeunes à l’échelle internationale, sera d’un apport vital dans la perspective de “dégager” le capitalisme et l’impérialisme une bonne fois pour toutes dans les poubelles de l’histoire.
- Ennahda dégage! Pour l’organisation rapide d’une nouvelle grève générale de 24h, à renouveler jusqu’à la chute du régime!
- Pour la formation de comités de défense par les travailleurs, les jeunes et les masses pauvres, afin d’organiser la protection contre les attaques de la contre-révolution!
- Stop à l’état d’urgence et à la répression des mouvements sociaux! Pour la défense résolue de toutes les libertés démocratiques!
- Non aux attaques contre les droits des femmes! Pour l’égalité de traitement à tous les niveaux!
- Un revenu et un logement décents pour tous et toutes! A bas la vie chère! Pour l’indexation automatique des revenus au coût de la vie!
- Non aux plans antisociaux du FMI, aux privatisations et à l’austérité! Non au paiement de la dette de Ben Ali!
- Pour un gouvernement des travailleurs, de la jeunesse et des masses pauvres, appuyée par les organisations de gauche, syndicales et populaires (UGTT, UDC, Front Populaire…)
- Pour la lutte internationale des jeunes et des travailleurs – contre le capitalisme et l’impérialisme
Qu’est-ce que le CIO ?
Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) est une organisation internationale socialiste, qui lutte sans relâche pour les intérêts des travailleurs, des jeunes et des peuples opprimés à travers le monde. Nous disposons de partis, de groupes et de militants dans une cinquantaine de pays sur tous les continents, du Sri Lanka au Québec, du Kazakhstan au Chili. Le capitalisme est un système mondial; par conséquent, les travailleurs, les jeunes et les opprimés du monde entier ont besoin de s’unir à la même échelle pour le mettre à bas.
Si vous voulez nous rejoindre ou disposer de plus d’infos: contactez nous au 0021622837971 (Tunisie) ou via cwi@worldsoc.co.uk ou visitez notre site web: www.socialistworld.net – www.socialisme.be ou www.gr-socialisme.org en français
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10 ans après le début de la guerre en Irak
La moisson impérialiste de la mort et la destruction
Il y a dix ans de cela, sous la dénomination, la coalition dirigée par les États-Unis attaquait l’Irak. Malgré une énorme opposition publique, symbolisée par dix millions de manifestants anti-guerre à travers le monde le 15 et 16 février 2003, la campagne ‘‘choc et effroi’’ de bombardement débuta le 20 mars suivie, quelques heures plus tard, de l’invasion territoriale.
Par Niall Mulholland, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)
L’énorme force militaire envahissait une population qui avait souffert de 35 ans de dictature sous Saddam Hussein, de la guerre du Golfe de 1991, et de 13 ans de sanctions cruelles des Nations Unies, qui ont détruit l’économie irakienne, réduit des millions de gens à la pauvreté et couté de un demi-million à un million de vies irakiennes.
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‘‘Ravager, massacrer, usurper sous de faux noms, ils appellent cela l’empire ; et, où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont donné la paix.’’ Caius Cornelius Tacitus (Tacite, 56-117), historien romain.
La fiction des armes de destruction massive
La guerre de 2003 fut « justifiée » par un torrent de propagande et de mensonges émanant de Washington et de Downing Street, relayé par la complicité de l’appareil médiatique de droite.
Le président Bush accusait alors le dictateur irakien, Saddam Hussein, de tenter d’acquérir de l’uranium pour développer des « armes de destruction massive ». Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, annonça aux Nations Unies que l’Irak se munissait de capacité d’armes biologiques. Tony Blair, le premier ministre anglais du Labour Party, proclama que les armes de destruction massive irakiennes pouvaient être prêtes à être utilisées « dans les 45 minutes ». Saddam fut aussi accusé de soutien à Al-Qaida.
Tout ceci n’était que mensonges. Très vite après l’invasion, les forces occupantes ne purent apporter les preuves d’existence des armes de destruction massive de Saddam ou des liens entre l’ancien régime de Saddam et le « terrorisme ». En fait, ce fut l’occupation qui causa le ressentiment qui permit à la terreur d’Al-Qaida de s’installer en Irak.
A la veille du 10ème anniversaire de la guerre, l’ancien premier ministre déclarait encore à la BBC : « Quand vous me demandez si je pense aux pertes de vie depuis 2003, bien sûr. Je serais inhumain de ne pas le faire, mais pensez à ce qui serait arrivé si on avait laissé Saddam en place. »
Les commentaires habituels de Blair ne s’attachent pas à l’énorme coût humain de la guerre. Selon plusieurs études ; de 2003 à 2011, de 150.000 à 400.000 irakiens ont violemment perdu la vie. The Lancet, journal médical réputé, a estimé un chiffre encore plus gros de 600.000 morts violentes entre 2003 et 2006 seulement. Ajouté à cela, il y a des milliers d’irakiens qui sont toujours portés disparus et des milliers d’américains, d’anglais et d’autres soldats de la coalition militaire qui ont péris ou ont été sévèrement blessés.
La moisson de la mort en Irak a laissé 2 millions de veuves qui doivent, seules, rapporter le pain dans leur foyer et 4 à 5 millions d’orphelins (dont 600.000 qui vivent dans les rues). La guerre a poussé 4 millions de personnes à fuir, dont 1 million vers la Syrie. 1,3 millions d’irakiens ont dû fuir ailleurs en Irak. Depuis 2008, de ceux-ci, seule 1 personne sur 8 de a pu rentrer chez elle.
L’aventure irakienne de Bush et Blair a également eu un énorme coût pour l’économie américaine. Selon l’économiste Joseph Stiglitz, ancien chef de la Banque Mondiale, cela a prélevé 3 trillions de dollars hors de l’économie américaine. Alors qu’il y a toujours des fonds pour mener des guerres à l’étranger pour le compte des profits et des intérêts commerciaux, les travailleurs anglais et américains voient leur niveau de vie tomber dramatiquement.
Les justifications de Blair continuent
Les interviews de Blair n’arrivent pas à lui faire avouer les véritables raisons de l’invasion. A la place de la guerre d’agression impérialiste, c’est « l’intervention humaniste » et les tentatives de Blair et de Bush d’exporter la démocratie libérale de type occidentale au Moyen Orient qui est présentée.
Les classes dirigeantes internationales étaient divisées quant à l’Irak. Les pouvoirs mondiaux et régionaux étaient craintifs quant aux conséquences de l’invasion et aux gains que les États-Unis allaient se faire sur leur dos. Les néo-conservateurs de Bush ont tout de même poussé à la guerre.
Les impérialismes américain et britannique, qui avaient précédemment soutenu Saddam, ne sont pas partis en guerre pour arrêter l’oppression, introduire des droits démocratiques ou améliorer les niveaux de vie.
Pendant des décennies, le régime sadique de Saddam a tué et terrorisé les irakiens tout en profitant du soutien occidental. Après le renversement d’un autre despote favori des occidentaux, le Shah d’Iran, l’occident encouragea Saddam à envahir son voisin. Des millions de personnes périrent ou souffrirent de terribles blessures à la suite de cette guerre qui dura 8 années.
Mais Saddam, en envahissant le Koweït voisin en 1991, est allé à l’encontre des intérêts des impérialistes occidentaux. Le potentiel qu’avait Saddam de contrôler l’approvisionnement vital en pétrole a terrifié les pouvoirs occidentaux qui ont très rapidement constitué une force militaire massive.
Lors de la première guerre du Golfe, la coalition menée par les États-Unis a vite repris le petit État riche en pétrole mais fut arrêtée aux frontières irakiennes. Peu d’intérêt fut porté à l’opposition à Saddam en 1991. Les forces militaires occidentales croisèrent les bras alors qu’un soulèvement des chiites et des kurdes fut brutalement réprimé par le dictateur.
Exploitant cyniquement l’attaque terroriste atroce d’Al-Qaida du 11 septembre 2001, la Maison Blanche et Downing Street ont avidement sauté sur l’opportunité d’une intervention militaire directe pour renverser Saddam et pour imposer un régime docile pro-occidental.
S’emparer du contrôle des réserves abondantes de pétrole irakien, estimé à 9% du total mondial, était un objectif clé pour l’impérialisme américain, en tant qu’intérêts géostratégiques vitaux dans le Moyen-Orient.
Peut-être était-ce pour éviter que ces véritables intentions ne deviennent de notoriété publique que le Cabinet a insisté pour que le rapport Chilcot publié tardivement ne contienne aucune preuve évidente qui pourrait révéler de quoi discutaient Bush et Blair avant l’invasion.
Appui aux dictateurs
Avant la première guerre du Golfe et les années de sanction, le taux d’alphabétisation en Irak dépassait les 90%. 92% des irakiens avaient accès à l’eau potable et 93% bénéficiaient de soins de santé gratuits.
En 2011, après l’occupation impérialiste, 78% des adultes sont instruits et 50% de la population vit dans des bidonvilles (17% en 2000).
Plus d’un million d’irakiens sont exilés à travers l’Irak. Près de la moitié des 400.000 réfugiés dans la capitale (personnes déplacées victimes de la terreur sectaire) vivent dans la misère des bidonvilles.
Selon la Banque Mondiale, un quart des familles irakiennes vit sous le seuil de pauvreté. Moins de 40% des adultes disposent d’un emploi. Des millions de personnes manquent d’électricité, d’eau potable et d’autres services essentiels.
[/box]Bush et Blair n’ont pas été confrontés à la justice pour leurs crimes de guerre irakiens. La Cour pénale internationale, tout comme les Nations Unies, est dominée par les intérêts des Etats-Nations les plus puissants. Seuls les anciens despotes et les seigneurs de guerre des Balkans et d’Afrique, qui s’étaient confrontés à l’impérialisme, ont été poussés devant la Cour à La Haye.
Parmi toutes ses justifications pour ses massacres de guerre, Blair a demandé « Si nous n’avions pas retiré Saddam du pouvoir, pensez juste, par exemple, ce qui serait arrivé si les révolutions arabes s’étaient poursuivies à l’heure actuelle et que Saddam, qui est probablement 20 fois pire qu’Assad en Syrie, essayait d’écraser un soulèvement en Irak ?
Il est incontestable que Saddam était un tyran brutal et que son régime a massacré de nombreuses personnes dont des communistes et des syndicalistes. Mais l’ancien premier ministre n’a aucun problème avec les dictateurs en-soi. Les associés de Tony Blair conseillent aujourd’hui le despote du Kazakhstan, Nazarbayev, le boucher des travailleurs du pétrole en grève. Et l’Irak « libérée » de Blair est actuellement dirigée par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, que même le journal de droite The Economist accuse de « tendances dictatoriales ».
L’invasion de 2003 a considérablement augmenté parmi les arabes le sentiment d’humiliation et d’injustice vis-à-vis de l’impérialisme. Cela a été un facteur important qui a conduit aux révolutions de 2011 contre les dictateurs soutenus par l’occident dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Tout comme cela a semé la colère contre l’absence de droits démocratiques, le chômage de masse et la pauvreté dans ces sociétés.
Le « Printemps arabe » ne justifie pas du tout l’aventure néocoloniale de Blair mais confirme en fait nos positions dans le déroulement de la guerre en Irak : que le renversement du tyrannique Saddam était la tâche de la classe ouvrière irakienne par un mouvement de masse unifié.
Fin 2010 et début 2011, le renversement des proches alliés de l’occident, Ben Ali et Moubarak – qui étaient des dictateurs soi-disant « imprenables » tout comme Saddam – a montré que c’est aussi une voie d’action possible pour les masses irakiennes.
« Résoudre le conflit israélo-palestinien ? »
John Prescott, Vice-Premier ministre du Royaume-Uni (Labour) en 2003, aujourd’hui Lord Prescott, a admis récemment à la BBC que l’invasion de l’Irak en 2003 « ne pouvait être justifiée ». Il a déclaré avoir soutenu l’invasion parce qu’il croyait que George Bush avait un plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Bush et Blair ont proclamé que la défaite de Saddam Hussein pouvait être une impulsion pour un nouveau plan pour la paix en Israël et en Palestine. Mais comme nous l’avions prévu en 2003, l’oppression des palestiniens allait continuer sans relâche après l’invasion irakienne. Pour ses propres intérêts impérialistes géostratégiques, les États-Unis continuent de soutenir Israël, son plus proche allié dans la région, pendant que l’indépendance et l’auto-détermination palestiniennes sont plus éloignées que jamais.
Dans une interview accordée à l’édition nocturne de la BBC, Blair a consenti que « la vie quotidienne en Irak aujourd’hui n’est pas ce qu’il souhaitait qu’elle soit » quand il a mené son invasion dix ans plus tôt. Il poursuivait en disant qu’il y avait des « améliorations significatives » mais que « c’était loin d’être ce que ça devait être ».
C’est un euphémisme ! Nous nous sommes résolument opposé à l’intervention impérialiste en 2003 et prédisions très justement que cela mènerait à l’oppression et au chaos – ouvrant les portes à une conflit sectaire – et que l’impérialisme serait englué dans un long conflit.
La politique impérialiste de dé-Baasification du régime de Saddam largement basé sur les sunnites et la dislocation de l’armée irakienne, a entraîné des purges sectaires des sunnites. Cela a enflammé la résistance de ceux-ci.
L’occupation coloniale brutale, incluant la torture et l’abus systématique des civils dans les prisons comme celle d’Abu Ghraib, le siège de la ville de Falloujah et le massacre de combattants de la résistance et de beaucoup de civils dans des villes comme Haditha et Balad, ont provoqué une opposition de masse croissante – non exclusivement sunnite – contre l’occupation menée par les États-Unis. Le sentiment anti-guerre a grandi aux États-Unis, en Angleterre et partout dans le monde.
En dépit de son impressionnante machine militaire et de son trésor de guerre, la coalition fut incapable d’écraser la résistance et a recouru à la technique de « diviser pour mieux régner ». Ils ont soutenu les chiites contre les sunnites, créant une orgie de sang.
Conséquences
En 2004, selon des enquêtes du Guardian et de la section arabe de la BBC, l’administration Bush s’est tournée vers « l’option salvadorienne » – nommée ainsi suite au rôle joué par les États-Unis dans la gestion des escadrons de la mort d’extrême droite au Salvador dans les années ‘80. Les milices chiites ont été armées et financées par les États-Unis. Des centaines de milliers d’irakiens ont été tués et des millions exilés par la suite. Les sunnites furent les grands perdants de la guerre civile sectaire.
Une constitution imposée par les États-Unis a institutionnalisé les divisions sectaires et ethniques. Les élections en 2005 ont vu les partis chiites remporter la majorité au parlement et le poste de premier ministre.
Une classe dirigeante corrompue et réactionnaire et des partis politiques sectaires se battent pour les ressources naturelles irakiennes pendant que la majorité de la population vit dans la pauvreté. Bien que l’Irak dispose de 100 milliards de dollars annuels en revenus pétroliers, très peu de cet argent est alloué à la population. L’Irak est le 8ème pays le plus corrompu au monde selon Transparency International.
La Capitale Bagdad, qui héberge un cinquième des 33 millions d’irakiens, est toujours une ville en guerre, divisée par les postes de contrôle militaires et en proie aux attentats sectaires. Bagdad et le centre du pays souffrent quotidiennement de bombardements, d’assassinats et d’enlèvements.
L’héritage de Bush et de Blair comprend un quintuplement des malformations congénitales et une multiplication par quatre du taux de cancer dans et autour de Falloujah. Ce sont des conséquences de l’utilisation par les forces de la coalition de munitions radioactives appauvries en uranium.
Les politiciens occidentaux aiment différencier Bagdad à la paix relative qui règne dans la région kurde riche en pétrole et dans les provinces majoritairement chiites. Mais ce n’est qu’illusion.
Les chiites dans le sud sont relativement protégés car une communauté domine largement. Le chômage y est cependant élevé et la plupart des chiites vivent encore dans une pauvreté effroyable.
Les Kurdes
Des tensions entre les Kurdes, les Arabes et d’autres minorités sont toujours présentes dans le gouvernement régional kurde semi-indépendant. Au grand dam du gouvernement central de Bagdad, le régime kurde a conclu 50 accords pétroliers et gaziers avec des compagnies étrangères et exporte directement du pétrole en Turquie.
Après des décennies d’oppression brutale, beaucoup de Kurdes espèrent pouvoir obtenir une véritable auto-détermination. Mais le gouvernement régional kurde est entouré d’états qui ont une longue histoire dans l’oppression kurde. Les dirigeants réactionnaires kurdes se sont alliés aux États-Unis et à la Turquie, qui fut l’un des pires auteurs de leur oppression.
Un élément indicateur du conflit grandissant autour du pétrole et des territoires entre le gouvernement régional turc et le régime central irakien est l’affrontement entre les combattants peshmerga kurdes et les troupes irakiennes.
Le retrait de Saddam n’a pas transformé le monde en « un lieu sûr » comme l’avaient promis Bush et Blair. Dans les faits, le monde est devenu encore plus violent et instable. Saddam ne possédait pas d’armes de destruction massive mais, après l’invasion de 2003, les « Etats voyous », comme la Corée du Nord, ont conclu que le seul moyen d’arrêter les attaques menées par les États-Unis contre eux était d’acquérir ces armes.
Malgré la déroute de l’impérialisme en Irak, les États-Unis et la Grande-Bretagne continuent de mener des conflits partout dans le monde pour servir leurs intérêts vitaux. Tentant de maintenir une distance avec la guerre de Blair, Ed Miliband a déclaré que la guerre en Irak avait été une erreur mais il continue à soutenir les troupes britanniques en Afghanistan et ne plaide pas pour la fin des frappes de drones américains.
La guerre de 2003 et l’occupation ont eu des conséquences à long terme pour la région. Installer des forces occidentales en Irak visait à isoler et à encercler davantage l’Iran. Mais Téhéran a compris qu’elle avait une influence sur le gouvernement irakien dominé par les chiites et « l’arc chiites » a été renforcé.
En partie pour contrer l’Iran, les États réactionnaires du Golf et l’impérialisme occidental sont intervenu en Syrie, exploitant l’opposition sunnite à Assad. Le conflit syrien se répercute au Liban et en Irak, ou un « Printemps sunnite » a vu des manifestions d’opposition de masse dans les zones sunnites.
Révolution
La majorité des irakiens ne veulent pas être replongés dans les horreurs de la guerre civile. Mais pour empêcher d’autres conflits, pour en finir avec l’interférence impérialiste et pour se débarrasser des élites dirigeantes réactionnaires et corrompues, les travailleurs ont besoin d’une alternative.
L’Irak avait une gauche forte jusqu’à ce qu’elle soit écrasée par la CIA dans les années ‘60 et par le régime de Saddam par la suite.
La plus importante leçon de cette tragédie et des horreurs de la dernière décennie est la nécessité pour les travailleurs d’avoir un parti de classe indépendant pour lutter pour leurs intérêts. Un tel parti revendiquerait la nationalisation des richesses pétrolières, sous la propriété publique démocratique au bénéfice de la population.
Comme les révolutions de 2011 en Égypte et en Tunisie l’ont montré, des luttes de masse peuvent se développer contre les tyrans et, malgré les limites du mouvement, peuvent les démettre du pouvoir. Mais pour parvenir à un véritablement changement de société, les travailleurs ont besoin d’un programme socialiste dans chaque pays, régionalement et internationalement.
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Russie : Nouvelles attaques contre la communauté LGBT
Solidarité contre l’homophobie – les droits de la communauté LGBT et les droits des travailleurs sont menacés
Igor Yashin, membre du CIO et militant pour les droits LGBT, a été arrêté et mis en prison ainsi que d’autres manifestants alors qu’ils protestaient contre les lois anti-LGBT adoptées par le parlement russe en novembre dernier. Igor, libéré depuis lors, décrit dans le texte ci-dessous ce que lui et d’autres manifestants ont vécu ce 19 novembre, et aborde également les questions plus larges autour de cette nouvelle législation répressive.
Par Igor Yashin, CIO-Moscou
Une quinzaine de personnes avaient été arrêtées à l’extérieur de la Douma d’Etat (le parlement russe) à Moscou le 19 novembre 2012, le jour où le parlement tenait la première lecture d’une loi qui vise à interdire la prétendue ‘‘propagande homosexuelle parmi les mineurs d’âge.’’ Cette loi, en réalité, restreindra les droits et libertés de la communauté LGBT, conduira à la menace de la croissance des préjugés homophobes et créera des difficultés réelles pour les adolescents LGBT.
La Russie détient un des plus hauts niveaux de violence domestique et de suicides d’adolescents au monde. Il est déjà connu que, dans les pays occidentaux, le taux de suicide parmi les adolescents LGBT est de 3 à 4 fois supérieur à celui des jeunes hétéros. Mais en Russie, aucune étude n’a été lancée pour disposer de cette information. Sous couvert du prétexte de la ‘‘moralité’’, la Douma frauduleusement élue essaye d’exploiter les préjugés répandus dans la société afin de servir ses propres intérêts politiques. En agissant ainsi, elle ignore complètement le bien-être des enfants et des adolescents.
Au moment même de l’adoption de cette nouvelle loi, la Douma vote une autre loi interdisant l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines. En Russie, les orphelins souffrent d’un sort peu enviable, mais les législateurs trouvent nécessaire de prendre une ‘‘revanche’’ contre les USA qui ont promulgué la ‘‘loi Magnistkii’’ qui sanctionne les bureaucrates russes impliqués dans des affaires de corruption. Ces orphelins sont donc utilisés comme des pions dans le conflit entre Poutine et l’Occident. Les ‘‘patriotes’’ du Parti Communiste russe ont presque tous voté pour ces nouvelles lois !
Le régime de Poutine fait passer cette nouvelle loi homophobe en même temps que d’autres lois antidémocratiques et antisociales. L’élite dirigeante tente de maintenir sa position au pouvoir face aux protestations de masse.
Au niveau régional, de telles lois ont été votées avant les élections parlementaires de décembre 2011 et avant le début des protestations de masse. Sentant que sa position dans la société s’affaiblit, le parti au pouvoir, Russie Unie, a décidé d’exploiter ces préjugés pour ses propres objectifs politiques.
Il n’est pas anodin que la loi homophobe ait été discutée par le pouvoir législatif régional à Saint-Pétersbourg en même temps que d’autres lois concernant la ‘‘protection’’ des enfants. Mais après les élections, le gouvernement régional a rejeté toutes ces lois sauf celle limitant les droits des LGBT.
Des attaques réactionnaires
Les autorités n’arrêtent pas leurs attaques réactionnaires. Les membres du groupe rock Pussy Riot ont été condamnés à 2 ans de prison pour une manifestation pacifique dans une cathédrale ; le gouvernement réfléchit actuellement à une nouvelle loi qui protégerait ‘‘les droits des croyants’’. Les autorités politiques mette en place une censure sur le net pendant que les scandales de corruption dans le gouvernement et au sommet de la hiérarchie de l’église continuent.
Les effets négatifs de ces nouvelles lois se font déjà sentir dans de nombreuses régions. Les lois elles-mêmes ont tellement été mal écrites qu’elles sont pratiquement impossibles à exécuter, mais leur existence même crée des difficultés énormes pour les organisations LGBT. Les gens ont tout simplement peur de soutenir des actions LGBT ou de parler ouvertement des droits LGBT par crainte de représailles. Il y a eu aussi ouvertement des attaques physiques contre des militants LGBT et contre différents évènements culturels et sociaux sur des thématiques LGBT.
Même à Moscou, où, jusqu’à ce jour, aucune loi anti-LGBT concrète n’a été votée, les autorités refusent aux militants LGBT l’autorisation d’organiser des protestations contre la nouvelle loi en discussion. Pour se justifier, elles déclarent que les manifestations ‘‘causeront une réaction négative dans la société’’ et qu’elles ‘‘sont provocantes, nuisent aux enfants et aux adolescents, offensent les sensibilités religieuses et morales et font du tort à la sensibilité humaine des citoyens.’’
Le mercredi 19 décembre 2012, des militants du CIO ont rejoins des activistes LGBT dans une ‘‘manifestation individuelle’’ devant la Douma d’Etat (une ‘‘manifestation individuelle’’ est la seule forme de protestation qui ne demande pas d’autorisation de l’Etat, cela consiste à une seule personne tenant une pancarte). On pouvait lire sur nos pancartes ‘‘On n’a pas besoin de lois homophobes, mais des crèches, écoles et hôpitaux gratuits’’ et ‘‘L’homophobie est l’ennemi des travailleurs – unité contre la division, pour des droits démocratiques et sociaux.’’ Nous sommes restés là pendant une heure et demie dans le froid glacial en tentant de transformer cette manifestation individuelle en manifestation collective.
Vers midi, une trentaine d’activistes et de sympathisants de la cause LGBT se sont rassemblés et, pour exprimer leur protestation, ils ont décidé d’organiser un flash-mob en s’embrassant sur les marches de la Douma d’Etat. Cependant, au même moment, les ‘‘activistes russes orthodoxes’’ pro-gouvernementaux ont commencé à lancer des œufs pourris sur les manifestants. Au début, les policiers n’ont pas réagi et puis ils se sont avancés vers nous. J’ai été arrêté par la police juste parce que je me suis plaint auprès d’eux qu’ils ne faisaient rien contre les agresseurs. Cela s’est terminé par l’arrestation – pendant plusieurs heures – de 10 militants LGBT et de 5 agresseurs.
‘‘Hooliganisme’’
Nous avons été détenus 30 heures dans les cellules de la police. Malgré une puissante campagne de protestation contre notre arrestation, peu de personnes seulement ont été relâchées après quelques heures. Ils nous ont dit que nous étions accusés de ‘‘hooliganisme’’ et menacés de 15 jours de prisons. Ce n’est que le soir suivant notre arrestation que nous avons été autorisés à voir le document relatant notre arrestation, qui stipulait que nous nous étions battus en hurlant !
Les policiers eux-mêmes étaient mal à l’aise avec cette situation et ont ouvertement admis qu’ils ne voulaient pas nous garder en détention. Un coup de téléphone ‘‘d’en-haut’’ leur a toutefois fait changé d’avis. Ce n’est qu’à l’aube que la police a relâché l’une d’entre nous, la journaliste Elena Kostyuchenko, notamment connue pour son courage et son reportage concernant le massacre de Jhanaozen, au Kazakhstan. Le 16 décembre 2012, cette journaliste russe a pris la parole lors de la manifestation moscovite de commémoration des victimes de ce massacre.
Le jour après notre arrestation, ils nous ont attaqués en justice mais nos avocats et nous mêmes avions réussi à rassembler plus de 10 témoins oculaires ainsi qu’une vidéo pour assurer notre défense. La Juge Borovkova, célèbre pour son enthousiasme à envoyer des opposants en prison, a simplement refusé d’entendre notre cas parce que la police avait commis des erreurs dans la feuille de charge. Nous avons été renvoyés vers le commissariat de police. Finalement, nos avocats sont parvenus à un accord avec la police qui a bien voulu nous relâcher. Nous avons dû payer chacun une amende de 500 roubles (12 euros) pour ‘‘hooliganisme’’ et, après 30 heures, nous avons enfin été libérés.
Le 22 janvier prochain, la première lecture du projet de loi se poursuivra. Des militants LGBT et leurs sympathisants seront encore une fois dans l’opposition. Pour beaucoup de militants LGBT, il est devenu clair que la politique homophobe des autorités est complètement liée à la crise politique et économique du pays. Il est donc nécessaire de chercher la solidarité avec d’autres groupes qui luttent en ce moment.
Maintenant, plus de militants LGBT se tournent vers diverses protestations sociales et de défenses d’autres droits démocratiques. Cette année, lors du défilé du 1er Mai, des douzaines d’activistes LGBT et féministes ont rejoint la délégation du Comité pour une Internationale Ouvrière qui portait des banderoles avec des slogans sociaux et des revendications pour l’égalité des droits.
Nikolai Kavkazskii – plusieurs mois dans les geôles de la police
La répression contre l’opposition frappe les militants LGBT. Un des militants les plus connus des droits LGBT, Nikolai Kavkazskii, a déjà passé plusieurs mois dans les geôles de la police suite à des arrestations liées à la manifestation de masse du 6 mai, laquelle a été brutalement attaquée par la police. Il a été arrêté juste après son retour de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière. Un autre activiste LGBT a été forcé de fuir en Europe après qu’il soit devenu clair que son arrestation était imminente.
Malheureusement, les préjugés anti-LGBT sont répandus parmi la Gauche russe et dans les mouvements de protestations. Cela freine leur développement. Le 7 novembre (le Jour de la révolution) un nombre de ‘‘militants de gauche’’ ont attaqué un des militants qui portait un drapeau arc-en-ciel, criant que ‘‘le mouvement LGBT est bourgeois’’. Ironiquement, l’activiste qui a été attaqué, un sympathisant du CIO, était un jeune ouvrier électricien qui avait tout juste quitté l’extrême-est de la Russie pour Moscou à la recherche de travail. Mais alors que ces ‘‘militants de gauche’’ s’inquiètent de la présence de militants LGBT, ils ne se plaignent pas de la présence d’un grand nombre de nationalistes d’extrême-droite dans les mêmes défilés !
Cet incident a néanmoins provoqué une discussion à large échelle sur les préjugés homophobes et nationalistes sans les partis de gauches traditionnels. Des représentants des syndicats indépendants ont approchés les LGBT pour proposer une lutte commune pour l’égalité des droits.
Aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les droits des LGBT qui sont menacés mais les droits et libertés de la majorité – les travailleurs, les étudiants et les retraités. Aujourd’hui, comme jamais auparavant, nous devons dépasser les vieux préjugés pour être unis dans une lutte commune afin d’obtenir nos droits.
Nous appelons donc toutes les organisations LGBT, les militants et les sympathisants à manifester des actes de solidarité le 22 janvier en soutien de la lutte en Russie.
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A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
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A Noter dans votre agenda
- 31 décembre. Bruxelles. Fête de Nouvel An du PSL
- 13-14 avril 2013: Week-end Socialisme 2013
[/box]Soutenez le travail de solidarité internationale du PSL!
Ces dernières semaines, les activités de solidarité internationale n’ont pas manqué. Trois section de notre internationale ont particulièrement bénéficié de cet effort; en Afrique du Sud, au Sri Lanka et au Kazakhstan. Ce lundi encore, nous étions présents face à l’ambassade du Kazakhstan pour protester contre l’arrestation de deux de nos camarades ainsi que pour commémorer le triste premier anniversaire du massacre de Jhanaozen, où des dizaines de manifestants ont été assassinés par la police. La semaine d’avant, trois meetings publics ont notamment permis de récolter un millier d’euros afin d’aider nos camarades d’Afrique du Sud à poursuivre leur travail dans ce contexte de réveil de la classe ouvrière sud africaine.
Soutenez ce travail de solidarité et effectuez une donation sur le compte n°001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "solidarité internationale".
NON aux attaques contre les chômeurs, NON à l’austérité!
Ce vendredi, une manifestation avait été organisée par le collectif de chômeurs "Riposte cte" pour protester contre l’austérité en général, et plus particulièrement contre les mesures visant les chômeurs. Une délégation du PSl était présente. Là tout comme lors de la journée de grève régionale de la FGTB à Namur, nous avons accentué la nécessité d’un plan d’action contre l’austérité et pour l’emploi.
Nous avons animé une partie de la manifestation avec des slogans tels que ”qui c’est qui va payer les pots cassés? C’est pas nous, c’est pas nous, ce sont les banquiers" ou encore "les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société là, on n’en veut pas".
Liège : un concert de soutien d’enfer !
Samedi dernier, la section de Liège du PSL avait organisé un concert de soutien afin de récolter la solidarité financière à la poursuite du travail militant du PSL en termes d’édition de tracts, d’affiches,… Cette soirée fut un beau succès puisque, malgré un temps maussade et une concurrence assez rude au niveau de la nuit liégeoise, nos camarades ont pu comptabiliser une centaine d’entrées, et ainsi disposer d’environ 250 euros de fonds de lutte. Un grand merci à tous ceux qui ont fait de cette soirée une réussite, dont l’équipe du café "Les fous d’en face”, les groupes Evening Call et Jaywell Kawil ainsi que DJ ALONE (alias Terrence) et Fred pour les platines.

