Tag: Joe Higgins

  • La Lituanie prête à museler les associations gays, intervention de Joe Higgins au Parlement Européen

    Le Parlement lituanien envisage d’infliger de lourdes amendes (allant de 580 à 2.900 euros) aux organisations faisant la «  promotion publique des relations homosexuelles », déjà interdite dans les écoles. Cette loi interdirait toute discussion publique de l’homosexualité ainsi que toute information à ce sujet en matière de prévention ciblée contre le VIH notamment. Il va s’en dire que les Gay Pride seraient également interdites. Cette loi proposée par le parti d’extrême droite Ordre et Justice pourrait entrer en vigueur au printemps prochain et n’est rien d’autre qu’une nouvelle excuse pour opprimer les droits des LGBT.

    L’année passée, les autorités lituaniennes avaient tenté par tous les moyens d’interdire la tenue de la Baltic Pride. En fin de compte, la marche a bien eu lieu, mais près de 1.000 néo-nazis ou intégristes armés de bouteilles de verre et de pierres avaient fait le déplacement avec la volonté d’en découdre avec les gays et les lesbiennes.

    «J’ai beaucoup d’admiration pour les milliers de gays et leurs supporters qui ont bravé les campagnes de haine et osé participer à cette Baltic Pride l’an dernier», entonnait l’eurodéputé Joe Higgins en pleine séance plénière du Parlement Européen. «La Lituanie, qui s’est débarrassée de la dictature stalinienne il y a tout juste 20 ans, envisage maintenant de supprimer le droit de vivre librement conformément à son orientation sexuelle. Le capitalisme et l’économie de marché ont fait des ravages dans ce pays où le chômage atteint 18%, et même 35% chez les jeunes. Ce projet de loi, comme celui récemment déposé en Ouganda, est une façon de détourner l’attention des problèmes importants », glissait-il au sein de l’hémicycle…

    Nous avons encore du chemin à faire affin d’obtenir l’égalité des droits pour les LGBT en Europe. Les droits des gays lituaniens nous concernent tous, car si les homosexuels sont persécutés au sein de l’Union, c’est peut être aussi nos droits difficilement acquis en Belgique qui seront remis en questions. An injury to one is an injury to all.

  • Tunisie : Les étudiants et les avocats rejoignent le mouvement de protestation contre le régime

    Message de solidarité de Joe Higgins, député européen, aux syndicalistes, socialistes et militants démocratiques de Tunisie

    On rapporte que des conflits entre police et manifestants contre le chômage, le cout élevé de la vie et le régime répressif du Président Zine al-Abidine Ben Ali sont en train de se répandre à travers toute la Tunisie, les dernières actions s’étant déroulées dans la ville de Thala. Malgré les tentatives maladroites de la part du régime d’arrêter les communications, y compris en bloquant Facebook et les blogs, on annonce que des manifestations ont eu lieu dans les lycées après la rentrée scolaire qui a suivi les vacances de Nouvel An. Les manifestations prévues pour le 3 janvier par les étudiants à Tunis ont été bloquées par la police.

    Socialistworld.net

    La semaine passée, les avocats se sont joints aux manifestations mais ont été attaqués par la police. Les avocats ont à nouveau protesté le lundi au principal tribunal de Tunis. L’Association du Barreau tunisien a annoncé une “grève générale” en guise de protestation contre les attaques policières.

    Le mouvement a démarré de la ville de Sidi Bouzid en décembre dernier, après qu’un jeune diplômé du nom de Mohamed Bouazizi se soit immolé par le feu lorsque la police a tenté de lui interdire de tenir son petit stand de vendeur de rue. C’est cet acte qui a été le déclencheur de manifestations dans tout le pays contre la misère, le chômage et le manque de droits démocratiques.

    Nous publions ci-dessous un message de solidarité envoyé la semaine passée par Joe Higgins, député européen du Socialist Party irlandais (CIO – Irlande), adressé aux syndicalistes, socialistes et militants démocratiques tunisiens.

    Socialistworld.net


    Chers camarades, chers amis,

    C’est avec grand intérêt que j’ai suivi le déroulement des actions de masse en Tunisie au cours de la semaine passée. J’applaudis cette action courageuse de la jeunesse, des syndicalistes, des socialistes et de milliers de travailleurs qui sont descendus dans les rues pour protester contre le chômage, la baisse de leur niveau de vie et le manque de droits démocratiques de base. Votre révolte de masse contre un régime aussi répressif est un exemple éclatant pour les travailleurs et les jeunes du monde entier.

    Les conditions dans lesquelles le peuple de Tunisie est forcé de vivre sont déplorables ; la grande majorité des Tunisiens est confrontée à l’inflation en hausse et à un taux de chômage fort élevé, tandis que l’élite dirigeante corrompue se vautre dans la richesse. Même les États-Unis, qui soutiennent la dictature en Tunisie, ont dans un cable divulgué par WikiLeaks, décrit la famille du Président Zine el-Abindine Ben Alias comme étant une “quasi mafia”, et le régime tunisien comme un “État policier”.

    Un chômeur diplômé, Mohammad Bouazizi, s’est immolé après que la police ait confisqué les fruits et légumes qu’il tentait de vendre dans la ville de Sidi Bouzid – déclenchant la révolte récente – et un autre jeune homme s’est suicidé en se jetant sur des cables à haute tension en guise de protestation contre le chômage —  ce fait en dit très long sur le profond sentiment de frustration et même de désespoir qui est ressenti par beaucoup de Tunisiens. À partir d’autres exemples dans l’Histoire, nous pouvons voir qu’une explosion sociale est inhérente à la situation et peut très rapidement devenir un mouvement de masse contre ce régime qui n’a que trop duré.

    Je salue votre courage face à la répression étatique systématique, qui s’assure que toute dissidence soit réprimée, et qui utilise la torture de manière routinière. Malgré les tentatives du régime d’empêcher les journalistes de couvrir les dernières journées de protestation, on rapporte en Europe que la répression policière a mené à la mort de deux manifestants, au moins. Je condamne fermement ce meurtre, de même que toute autre tentative du régime d’écraser l’opposition croissante, y compris les attaques contre les milliers de travailleurs devant les bureaux de l’Union générale des travailleurs tunisiens à Tunis, et les tentatives de la police d’arrêter la manifestation de l’Union générale tunisienne du Travail à Gafsa.

    Les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs sont liés aux problèmes présents sur le plan mondial : la chute dramatique des revenus touristiques en Tunisie est liée à la crise économique et sociale en Europe et aux tentatives des gouvernements de faire payer les travailleurs pour la crise du système capitaliste au moyen de plans d’austérités sauvages. Cela cause à présent une véritable chute du niveau de vie et des pertes d’emploi à grande échelle à travers toute l’Europe – l’Irlande étant d’ailleurs une des premières touchées – et donc un effondrement du tourisme. Une solution aux problèmes graves auxquels est confrontée la population laborieuse d’Europe, de Tunisie, d’Afrique du Nord et du monde entier, requiert une solidarité et une action unie des travailleurs par-delà toutes les frontières.

    Appel à la manifestation de masse du 26 janvier

    J’ai appris de la part de mes camarades du CIO au Liban qu’un appel a été fait pour une immense manifestation de protestation à Tunis le 26 janvier 2011, et pour des actions de solidarité et des actions devant les ambassades de Tunisie dans la période de préparation à cet important événement. Je soutiens pleinement cet appel et le CIO et moi-même feront tout notre possible pour mettre en valeur votre combat pour les droits démocratiques, y compris le droit d’organisation, d’assemblée et de protestation, et de former des syndicats indépendants. Je soutiens vos luttes pour des emplois et contre le programme de privatisation désastreux du régime et la fin des subsides d’État sur les denrées alimentaires.

    Malgré la réputation d’inflexibilité du Président Zine el-Abindine Ben Alias, je suis persuadé que l’action de masse que vous et des milliers d’autres personnes ont entreprise a jusqu’ici déjà ébranlé le régime, menant à des “promesses” de la part du gouvernement de créer de nouveaux emplois et de virer certains Ministres. Je soutiens pleinement vos efforts continus pour employer les méthodes traditionnelles de la lutte de masse du mouvement ouvrier, y compris les manifestations de masse, les grèves et la grève générale. Je suis confiant dans le fait que de telles luttes de masse vont aussi mettre en avant la nécessité pour les travailleurs et les jeunes de Tunisie d’avoir un parti qui représente leurs intérêts de classe, et non pas ceux de l’élite dirigeante corrompue, et qui se batte pour une démocratie authentique – un gouvernement basé sur les besoins de la classe ouvrière et des pauvres, de la masse de la société.

    Veuillez me faire savoir quelle action le CIO et moi-même pourrions entreprendre afin de vous venir en aide en cette période cruciale.

    Avec vous dans la lutte, Joe Higgins, député européen, Socialist Party (CIO – Irlande)

  • Irlande: “Faisons de 2011 l’année de la percée de la vraie gauche!”

    Vœux de Nouvel An de Joe Higgins

    Des élections générales anticipées vont se dérouler en Irlande, dans un contexte très particulier. Les travailleurs irlandais en sont déjà à leur troisième budget d’austérité, plus de 100.000 suppressions d’emplois sont prévus dans les services publics, entre autres attaques antisociales. C’est dans ce cadre que notre euro-parlementaire Joe Higgins présente ses vœux pour l’année à venir.

    Joe Higgins, eurodéputé du Socialist Party (CIO-Irlande)

    A West Kerry, ce Noël, le temps a changé à une vitesse stupéfiante. Le jour de Noël, nous avons dû déverser du sel devant la vieille ferme familiale afin de faciliter la venue des amis et de la famille, en brisant l’épaisse couche de neige compacte et de glace laissée là suite aux semaines précédentes, quand le temps avait été littéralement arctique. Moins de vingt heures plus tard, le vent du sud ouest venu de l’Atlantique avait reconquis ses routes familières, amenant dans son sillage des températures plus chaudes et une forte pluie. En l’espace de quelques heures, seuls les sommets des montagnes environnantes de Slieve Mish gardaient encore des traces de neige, disparaissant rapidement.

    Cela aurait pu être une métaphore pour illustrer la vitesse ahurissante à laquelle se sont produits les changements économiques et politiques survenus dans cet Etat en quelques semaines. Il est vrai que les gros titres faisant état de la perte ‘‘soudaine’’ de notre souveraineté étaient exagérés au regard du fait que l’establishment politique a déjà, et depuis longtemps, remis une grande part de la destinée de notre peuple aux mains d’une infime cabale de pirates de la propriété et de financiers sans visage, uniquement guidés par l’avarice privée et sans aucun égard pour le ravage social qu’ils causent. Il est toutefois clair à l’esprit de chacun que nous quittons cette année 2010 en tant qu’Etat vassal du capital européen et international, avec la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International comme autorités – aux prises avec ces mêmes forces qui ont dévasté la vie économique.

    Et donc une nouvelle année commence et, avec elle, vont arriver de grands changements, plus particulièrement dans la vie politique. Cela se verra tout d’abord dans le résultat des élections générales de mars. Un mot au sujet de cette date, toutefois, car personne ne doit être dupe de la posture adoptée par les Verts en novembre, quand ils ont précipité la tenue d’un scrutin. Le dirigeant du parti John Gormley a été forcé d’effectuer cette demande par les pressions désespérées de membres du parti Vert qui entretiennent toujours l’illusion que leur part défend quelque chose. Mais la vérité est que les ministres “écologistes” auraient préféré joyeusement poursuivre leur besogne avec le Fianna Fail jusque l’échéance prévue en mai 2013 s’ils l’avaient pu.

    En fin d’année, même les membres les plus calmes de la communauté s’imprègnent avec zèle de l’atmosphère de festivités. Les boissons se mêlent à la musique pour mettre temporairement de côté les problèmes de l’année, juste pour quelques heures de joie.

    Cette année, cependant, rien n’a pu masquer les plaies dont le pays est affligé. De nombreux jeunes gens, après avoir célébré Noël avec leurs proches, se préparent à partir au loin dans l’espoir de d’y trouver de quoi se construire la vie qui leur est refusée en Irlande.

    Ils espèrent, tout comme leurs parents, que cela ne sera que provisoire, en attendant que passe le pire de la tempête. Mais cela dépend d’un changement révolutionnaire de politique, à l’opposé des diktats de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International qui veulent sauver les establishments politiques et économiques sur le dos du contribuable, du pensionné et du pauvre, qui doivent payer des milliards au bénéfice des spéculateurs et de la finance internationale.

    Nous faisons face à des élections parlementaires où le choix réel est limité. Les deux principaux partis d’opposition, le Fine Gael et le Labour, sont favorable à la poursuite d’une politique identique à celle du Fianna Fail et des Verts, avec tout au plus quelques changements cosmétiques. On fera beaucoup pour montrer des différences politiques entre ces partis, mais la réalité est que qu’ils prévoient pour un milliard et demi d’euros de taxes et de coupes dans les budgets publics.

    Le Sinn Fein va se présenter aux élections en adoptant une posture de forte opposition à la politique de l’establishment. Il faut cependant se demander si l’on doit prendre ces déclarations comme argent comptant au regard de la politique menée par ce parti dans le Nord, dictée par le gouvernement libéral-conservateur de Westminster. Dans cette république, ils étaient encore prêts, il y a à peine deux ans et demi, à considérer de former une coalition gouvernementale avec le Fianna Fail.

    A l’approche des élections générales, c’est l’United Left Alliance (Alliance de la gauche unie), composée de plusieurs groupes de gauche, qui posera les questions les plus judicieuses et défendra une alternative de principe et de gauche contre le consensus capitaliste. Il est crucial que cette alliance parvienne à obtenir une représentation significative au Parlement pour être une opposition vibrante tant à une coalition Fine Gael/ Labour qu’à chaque reste de l’équipe dirigeante actuelle. Une bonne année, de la Gauche Alternative !

  • Irlande: La complicité du Labour Party et du Fine Gael

    Le Fianna Fáil et le Green Party, les partis au poiuvoir, ne sont pas seuls à prendre position pour l’austérité. Les deux plus grands partis de l’opposition n’ont eux non plus rien d’autre à offrir.

    Joe Higgins, Eurodéputé du Socialist Party (CIO – Irlande)

    Une intense attention est actuellement accordée au budget d’austérité sauvage qu’on a balancé à la figure du peuple irlandais, sur ordre de la Commission de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne – toutes ces institutions jouant le rôle d’huissiers au service des plus grands spéculateurs financiers et bancaires européens.

    La population de cet État se retrouve maintenant prise dans une situation pour le moins bizarre, et qui ne devrait tout bonnement pas être tolérée. Le gouvernement est composé de partis politiques qui ne sont soutenus que par un électeur sur cinq, et il est maintenant en train d’imposer des mesures économiques et fiscales désastreuses, censées être prolongées non pas sur un an, ce qui serait déjà assez mauvais en soi, mais sur quatre ans.

    La question qui se pose alors est la suivante: comment est-il possible qu’un tel gouvernement puisse se permettre de ne fût-ce qu’envisager pareille idée ? La réponse à cette question se trouve confortablement assise sur les fauteuils de l’opposition au Dáil Éireann (le Parlement), car c’est la complicité du Fine Gael et du Labour Party qui permet cet état de fait.

    Envisageons l’hypothèse où ces partis se seraient déclarés absolument opposés aux mesures draconiennes qui sont proposées en ce moment, et auraient refusé tout net de les mettre en œuvre s’ils venaient à prendre le pouvoir. C’en serait fini de ce gouvernement, et des élections générales seraient immédiatement convoquées. Cependant, en acceptant le programme de coupes budgétaires et de nouvelles taxes du gouvernement pour les quatre prochaines années, le Fine Gael et le Labour approuvent de manière implicite le concept fondamental de ce plan, et donnent la possibilité politique à ce gouvernement entièrement discrédité de continuer à aller de l’avant.

    C’est maintenant un véritable dilemme qui se pose à la population, et qui se posera encore plus à elle lorsqu’elle ira voter lors des élections générales. Les deux grands partis d’opposition offrent exactement le même menu que le Fianna Fail et le Green Party : l’austérité.

    Le Fine Gael a très clairement annoncé son plan de coupes et de hausses de taxes pour un montant de 6 milliards d’euros pour l’an prochain, c’est à dire exactement le même que celui du gouvernement. Le Labour Party, quant à lui, tente désespérément de cacher le fait que lui aussi est prêt à tailler à la hache dans les revenus et les services publics.

    Le document du Labour appelé “Propositions pour le budget 2011”, n’est qu’une tentative de masquer le véritable rôle qu’il jouerait au cas où il entrerait au gouvernement avec le Fine Gael, quelle que soit la répartition et le nombre de postes. Le mots “coupes” n’y est à aucun moment utilisé. On préfère y parler d’“ajustement budgétaire”, pour un montant de 4,5 milliards d’euros en 2011, qui combine en réalité des coupes et des hausses de taxes. C’est 1,5 milliards en moins que le plan du Fine Gael, mais le Labour est d’accord sur le fait que ces 1,5 milliards vont devoir être trouvés, mais à un peu plus long terme.

    En d’autres termes, le Labour Party, tout comme le Fianna Fáil, le Fine Gael et le Green Party, accepte les dictats des marchés financiers, selon lesquels c’est aux travailleurs, aux chômeurs, aux pensionnés et aux pauvres de payer pour la crise économique et fiscale monumentale qui a été causée par la rapacité sans fin des spéculateurs fonciers et des banquiers qui les ont financés. Le dirigeant du Labour, Eamon Gilmore, a en réalité accepté la responsabilité des idées fondamentales du gouvernement Fianna Fáil/Green Party lorsqu’il a déclaré que le Labour, une fois au gouvernement, n’annulerait pas les coupes budgétaires qui ont été votées au budget.

    Le prochain gouvernement sera très certainement composé du Fine Gael et du Labour Party. Dans quelques journaux, on a mentionné une éventuelle coalition de la “gauche” qui serait composée du Labour, du Sinn Fein (le parti nationaliste officiellement “de gauche”) et de la United Left Alliance (Alliance de gauche unie – la toute nouvelle coalition de la gauche radicale irlandaise, dans laquelle sont impliqués nos camarades du Socialist Party). Mais ceci n’est que pure spéculation, car il y a un désaccord fondamental entre la vraie gauche et les autres partis de la pseudo-“gauche”, un désaccord qui porte sur la solution à apporter face au désastre économique actuel.

    La Gauche insiste sur le rejet immédiat de la charte des vassalité qui a été imposée par le FMI et la Commission européenne et qui, si elle est mise en application, fera du peuple irlandais un peuple d’esclaves, transfusant à jamais son sang économique dans les coffre-forts des marchés financiers mondiaux, laissant derrière elle un véritable sillon d’effondrement social qui parcourra l’ensemble du paysage irlandais. La Gauche insiste donc sur le fait que PAS UN CENT ne sera payé aux spéculateurs financiers qui ont joué et qui ont perdu dans ce casino détraqué qu’était le marché immobilier irlandais.

    La position de la Gauche est que toutes les plus importantes institutions financières doivent être placées sous le contrôle public, mais restructurées afin d’être soumises au contrôle populaire, et gérées d’une manière entièrement différente. Ceci rendrait possible non seulement le fait de pouvoir fournir des prêts à de bonnes conditions pour tous les indépendants et les petites entreprises, mais également l’investissement dans des projets d’infrastructure majeurs et dans les services publics, et par là même, créer les dizaines de milliers d’emplois nécessaires.

    Le lancement de la United Left Alliance a généré énormément d’intérêt. Ceci est justifié, car elle va figurer en première ligne des changements d’une ampleur sismique qui vont se faire jour dans la politique irlandaise au cours des mois qui viennent, et elle va amener à l’avant-plan la réalisation qu’il existe bel et bien une alternative socialiste et démocratique au système brisé qui prévaut en ce moment.


    Interview de Joe Higgins : ”Le peuple irlandais n’a aucun compte à rendre aux banques et aux milliardaires”

    ‘L’Irlande est confrontée aux plus importantes coupes budgétaires et hausses de taxes de toute son histoire – c’est là le tribut qu’elle doit payer pour avoir reçu un renflouement international. Mais l’eurodéputé socialiste Joe Higgins croit que le système financier irlandais est déjà complètement démoli et ne pourra pas être réparé.

    ”La réalité pour l’économie irlandaise et pour le capitalisme irlandais est que, qu’elle se trouve dans l’euro ou en-dehors de l’euro, elle est confrontée à un désastre parce qu’elle est tellement faible qu’elle est incapable de développer la société. Mais je prédis par contre que le niveau de la dette à présent est tout simplement impossible à rembourser, il ne fait absolument aucun doute que l’on va devoir déclarer le non-payement d’ici les prochaines années, alors nous disons : pourquoi attendre ce moment-là, et soumettre notre peuple à une immense peine et à une énorme souffrance, pour rien !

    ”Nous devrions refuser de payer les débiteurs maintenant immédiatement, c’est là le point central ; et il faut développer un plan afin de relancer notre économie. Ce pour quoi nous allons faire un sacrifice en réalité, c’est pour les banques internationales et pour des spéculateurs milliardaires, qui parcourent les marchés financiers à la recherche d’un bénéfice rapide. Nous ne leur devons absolument rien en ce qui concerne le peuple irlandais. Ces spéculations autour de la dette ont été effectuées par des banques privées, lors de contrats privés. Nous disons : on ne peut pas réparer ce système, il est complètement démoli ; il cause des souffrances sans fin à des dizaines de millions de gens partout en Europe ; les spéculateurs sont déjà en train de se tourner vers leur prochaine cible qui sera soit le Portugal, soit l’Espagne, maintenant qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient en Irlande.”

  • 10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Relations mondiales : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’

    Rapport de la discussion sur les relations mondiales au 10ème Congrès mondal du CIO

    Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) a commencé la semaine dernière en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela. Malheureusement, les délégués de Bolivie et du Pakistan n’ont pas pu venir, à cause du refus de leur visa.

    Sarah Sachs-Eldridge, délégation du Socialist Party (CIO – Angleterre et pays de Galles)

    Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.

    Les principales discussions lors du Congrès ont porté sur les relations mondiales, sur l’économie mondiale, sur l’Europe, l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique, et sur la construction du CIO.

    Le CIO est une organisation internationale socialiste et démocratique. Au cours du Congrès, les documents et les résolutions ont été discutés, amendés, puis soumis au vote. Un nouveau Comité Exécutif International a également été élu.

    Nous publierons les versions finales des principaux textes du Congrès. Notre site international (www.socialistworld.net) a déjà publié le projet initial de document de Congrès concernant les relations mondiales. Une version mise à jour de ce document sera publiée par la suite, avec les documents concernant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, la Russie et l’Europe de l’Est, de même qu’un document sur la situation en Afrique.

    Ci-dessous, nous publions un rapport de la première discussion du Congrès, celle sur les relations mondiales, rédigé par Sarah Sachs-Eldridge, de la délégation d’Angleterre et Pays de Galles (Socialist Party). D’autres rapports des principales discussions qui ont eu lieu tout au long du 10e Congrès suivront au cours des prochains jours.


    Des millions de personnes ont participé aux manifestations et aux grèves en France. Il y a eu des grèves générales en Grèce, au Portugal – la plus grande depuis la révolution de 1974 -, en Espagne et en Inde où une grève générale a impliqué 100 millions de travailleurs. Un immense mouvement partiellement victorieux s’est développé en Afrique du Sud et de nombreuses autres expressions de colère ont éclaté face à la crise la plus dévastatrice depuis les années ’30.

    Dans son introduction à la discussion, Peter Taaffe du Secrétariat international (SI) du CIO a cité William Butler Yeats, un célèbre poète nationaliste irlandais, qui avait dit : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’ à propos des évènements d’Irlande. Pour décrire les événements de ces derniers mois, cette phrase reste d’actualité. Les contributions au débat portant sur les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Europe de l’Est ont bien démontré que pas un pays au monde n’a été épargné par la crise économique mondiale.

    Une crise prolongée

    Les gouvernements de plusieurs pays et régions peuvent bien clamer haut et fort que leurs économies sont à l’abri de tout danger et sur la voie de la reprise, il existe un potentiel pour une nouvelle chute de l’économie mondiale, ou en tous cas pour une stagnation prolongée avec une croissance faible. En fait, il n’y a aucun “remède” clair à appliquer pour la bourgeoisie, et des divisions existent entre et à l’intérieur des différentes classes dirigeantes quant à savoir quelles mesures devraient être prises.

    En cette époque de changements rapides, les gouvernements peuvent être enclins à des revirements soudains. La situation est lourde de troubles sociaux et politiques d’une ampleur tragique.

    Les relations mondiales sont dans un état d’instabilité croissante. Nous ne vivons plus dans un monde “unipolaire” où le pouvoir ultime des États-Unis, en tant que plus grande économie au monde, est accepté. Ceci peut mener à une hausse des frictions et des conflits.

    L’impression prédominante est que nous sommes dans une période de flux. Des luttes de la classe ouvrière ont lieu ou sont à l’ordre du jour dans chaque région du monde. Les socialistes doivent être prêts à ajuster leur tactique et leurs méthodes organisationnelles au fur et à mesure que la lutte de classe se développe et que les conditions objectives changent. De nouveaux mots d’ordre et revendications seront lancés lorsque cela sera requis.

    Des changements soudains

    Dans son introduction, Peter Taaffe a décrit comment, au cours d’un intervalle relativement court, l’économie irlandaise a été noyée, passant d’une des économies les plus prospères au monde à, non pas la récession, mais la dépression. Dans un sondage effectué il y a six ans auprès de 100 pays, on avait révélé que le peuple irlandais était le plus heureux au monde, sur base de la hausse des salaires et d’une phase de croissance apparemment sans fin. Mais ce 27 novembre, 100.000 manifestants sont descendus à Dublin malgré le froid polaire pour y exprimer leur rage, leur dégout et leur amertume face à la situation complètement différente, dans laquelle la majorité de la population est maintenant confrontée à des coupes sévères dans leur niveau de vie.

    La classe ouvrière irlandaise a montré qu’elle était capable de trouver par elle-même le chemin de la lutte, même lorsque les dirigeants syndicaux ont abandonné de la manière la plus poltronne qu’il soit leur responsabilité qui était de mener celle-ci. La survie du gouvernement, élu il y a moins de deux ans, ne tient plus qu’à un fil.

    La présence en Irlande du CIO et de Joe Higgins, l’eurodéputé socialiste de Dublin, signifie qu’il existe une voix qui est présente afin d’articuler l’opposition à la politique pro-marché, et qu’il existe le potentiel pour défier cette politique lors des élections générales de 2011, autour de l’Alliance de la Gauche Unie (United Left Alliance) récemment établie.

    L’ampleur de la crise économique mondiale, qui a commencé avec la crise des subprimes aux États-Unis en 2007, s’est largement fait ressentie lors de la crise bancaire de 2008. Le CIO a averti du fait que les patrons, dont la rapacité et le système du “tout pour le profit” sont responsables de la crise, ne seraient pas capables de trouver une issue facile pour sortir de cette crise, et qu’ils chercheraient à en faire payer le cout par les travailleurs.

    Cette crise a été si grave que, au départ, il n’était pas évident de voir comment une dépression de l’ampleur de celle des années ′30 pouvait être évitée. Toutefois, de nombreux gouvernements, après avoir jeté un œil par-dessus le gouffre et ayant aperçu le danger de la répétition d’une dépression qui durerait une décennie entière, ont pris peur et ont mis en place de grands plans d’urgence de relance de l’économie afin d’amortir les pires effets de la crise.

    Les travailleurs payent la facture

    De nombreuses contributions ont illustré à quel point les dirigeants ne sont pas parvenus à protéger les travailleurs et les pauvres. Par exemple, depuis le début de la crise, les plans de relance aux États-Unis ont empêché un million de pertes d’emplois, mais huit millions d’autres emplois ont été perdus depuis 2007. Dans les pays de l’OCDE, c’est 17 millions de travailleurs qui ont été virés des usines. On ne tient pas compte ici des travailleurs qui subissent le travail temporaire et/ou précaire, ce qu’on a commencé à appeler aux États-Unis des “jobs de survie”.

    À la grand’ messe du G20 à Toronto, il y a eu un accord général pour cesser l’intervention politique et financière et les plans de relance, et pour passer à des plans d’austérité, destinés à satisfaire les marchés. Il n’y a pas une confiance totale dans cette politique, qui a eu pour conséquence des coupes énormes dans de nombreux pays, suscitant déjà la colère et l’action de la classe ouvrière.

    Mais la colère, la frustration et l’opposition n’ont pas encore trouvé une expression dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière. Ce facteur représente un grand obstacle dans la lutte. Comme le document sur les relations mondiales l’a fait remarquer : ‘‘S’il existait des partis de masse de la classe ouvrière – même à l’image des partis ouvrier-bourgeois du passé – alors, en toute probabilité, les idées réformistes de gauche, centristes et révolutionnaires seraient en ce moment en train d’être largement discutées dans la société, et en particulier dans les rangs du mouvement ouvrier organisé.’’

    La Chine

    Un aspect important de la discussion a été le rôle de l’énorme plan de relance en Chine. Celui-ci a été combiné à une expansion massive du crédit, principalement de la part des banques d’État. L’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’autres projets d’infrastructure a été une tentative de focaliser les mesures d’incitation sur la hausse de la demande intérieure.

    Un impact très important de ce plan a été de donner aux travailleurs la confiance de lutter. L’année 2010 a vu une nouvelle vague de grèves balayer la Chine, d’une nature en grande partie offensive, dans le but d’obtenir de meilleurs salaires. Les travailleurs ont vu l’économie s’accroitre, et en ont réclamé leur part. La croissance de ce mouvement et son développement va être crucial dans le développement de la lutte des travailleurs partout dans le monde.

    Dans sa réponse lors de la discussion, Robert, du Secrétariat International du CIO, a souligné les questions importantes qui sont posées : quel est l’attitude de ces travailleurs par rapport à la lutte pour les droits démocratiques, et syndicaux, par rapport aux syndicats officiels, à l’État et au gouvernement ?

    Toutefois, la discussion a bien clarifié le fait que les conséquences du plan de relance en Chine se sont fait ressentir dans de nombreux domaines. La croissance économique dans toute une série de pays, tel qu’en Allemagne, est liée au plan de relance chinois.

    Anthony, d’Australie, a expliqué le fait qu’une des raisons pour lesquelles l’économie australienne est jusqu’à présent parvenue à éviter les pires effets de la crise qui a touché les autres pays est la force du secteur minier et l’exportation massive de matières premières vers la Chine. Tout ralentissement de la croissance de l’économie chinoise aurait des répercussions désastreuses.

    Après être sortis de 30 ans de guerre civile, la classe ouvrière et les pauvres du Sri Lanka sont confrontés aux conditions les plus difficiles. Siritunga, du Sri Lanka, qui a passé la moitié de sa vie dans cette guerre, a décrit comment les “retombées de la paix” tant promises ne se sont absolument pas concrétisées. Au lieu de cela, le budget de 2010 a vu une hausse des dépenses militaires, qui constituent maintenant près du quart des dépenses de l’État, ce qui illustre la montée de la répression employée par le régime Rajapakse.

    Les puissances régionales, telles que l’Inde et la Chine qui ont soutenu l’effort de guerre, continuent à intervenir au Sri Lanka dans leur propres intérêts économiques et stratégiques, sans que cela ne profite le moins du monde aux populations laborieuses de la région.

    Toute une série de personnes ont pris la parole au sujet de la lutte d’influence entre les États-Unis et la Chine, en particulier dans certaines régions comme l’Asie-Pacifique.

    Derrière les statistiques qui montrent une croissance économique, la Chine est en train d’exporter son modèle de production basé sur la surexploitation de la main d’œuvre, avec des bas salaires et sans aucun droit syndical ou autre pour le personnel.

    André du Brésil et Patricio du Chili ont tous les deux expliqué comment l’exportation de matières premières vers la Chine a eu un effet d’amortir la crise économique mondiale dans toute une série de pays d’Amérique latine. Au Brésil, un processus de “reprimairisation” de l’économie est en cours (un développement du rôle de la place de l’extraction de matières premières), avec une désindustrialisation de plus en plus grande. Si cette tendance venait à se confirmer, elle sera accompagnée d’attaques sur les droits des travailleurs, d’une dégradation de l’environnement, et de traitements horribles pour les peuples indigènes.

    Des mouvements de masse

    Lors des précédents Congrès du CIO, au début des années ′2000, c’était le processus révolutionnaire en cours en Amérique latine qui se trouvait à l’avant-plan de la lutte. Tandis que ce processus s’est pour le moment temporairement ralenti, c’est la classe ouvrière européenne qui est aujourd’hui entrée en action.

    Là, même en l’absence de leurs propres partis de masse ou même semi-de masse, les travailleurs ont entrepris une action extrêmement audacieuse, et développent d’instinct leurs propres revendications. Andros de Grèce a expliqué comment l’expérience du mouvement de masse en Grèce a mené à ce qu’aujourd’hui, un Grec sur deux est en faveur de la nationalisation des banques, et un sur trois est pour le non-payement de la dette de l’État, pour laquelle on demande à la classe ouvrière de payer la facture. De telles idées ont été capables de se développer même sans que la plupart des partis d’une certaine taille ne les aient mises en avant, à l’exception de la section grecque du CIO, Xekinima.

    Rob de Russie a décrit le massacre affligeant des services publics, des salaires et des pensions qui s’est produit à travers toute l’Europe de l’Est. Dans toute une série de pays, les mouvements de protestation ont été énormes, avec par exemple le mouvement de masse dans les rues de la Lettonie qui a fait tomber le gouvernement. Mais en l’absence de tout parti ouvrier capable de prendre le pouvoir, c’est tout simplement une autre version de l’ancien gouvernement qui a été mise en place.

    La présence du CIO au Kazakhstan signifie qu’il existe le potentiel pour construire un nouveau parti des travailleurs de masse. La campagne ‘Kazakhstan 2012’, dans laquelle sont actifs les membres du CIO, a lancé plusieurs campagnes visant à défendre la population contre les expulsions de domicile, et à construire des syndicats indépendants. Elle se déclare en faveur de la ‘‘renationalisation de tout ce qui a été privatisé, sous le contrôle des travailleurs.’’ 2012 sera la date des prochaines élections présidentielles, où l’on espère que le régime répressif au pouvoir en ce moment sera remplacé. Un nouveau centre syndical y a aussi été récemment fondé.

    Le Moyen-Orient

    Les dernières fuites organisées par Wikileaks ont brutalement mis au grand jour les frictions qui existent entre les différents régimes du Moyen-Orient, comme le CIO l’avait fait remarquer auparavant.

    Yasha d’Israël a expliqué que les derniers documents suggèrent le fait que le régime israélien est sérieusement en train de se préparer à une attaque contre l’Iran, même si ce scénario est improbable. Robert a décrit comment l’intervention américaine en Irak a mené au renforcement du rôle régional de l’Iran. Mais le régime iranien n’est pas stable, comme l’a bien montré le mouvement de 2009.

    La classe ouvrière égyptienne a trouvé sa force dans le nombre de luttes qui se sont déroulées au cours des dernières années. Le taux de participation de 15% à peine lors des dernières élections montre à quel point aucun des partis politiques ne parvient à susciter le moindre enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Mais comme l’a fait remarquer Igor de Russie, une fois qu’un mouvement va commencer à se développer contre le régime détesté de Moubarak, la classe ouvrière pourrait jouer un rôle très important.

    Avec la “contagion” de la crise économique qui s’étend à partir de la Grèce jusqu’en Irlande, et maintenant potentiellement à l’Espagne, au Portugal, à la Belgique et au Royaume-Uni, c’est la question de la survie même de l’euro qui est posée.

    Illustrant les tours de passe-passe financiers qui ont conduit à la crise économique, Robin d’Angleterre a décrit comment la valeur notionnelle de tous les “dérivatifs” est équivalente à onze fois la valeur de production annuelle mondiale ! Il a expliqué que la crise économique mondiale en cours en ce moment n’est pas juste une crise cyclique faisant partie du cycle normal de croissance et décroissance du système capitaliste, mais que c’est une crise basée sur l’absence de demande. Les plans d’austérité massifs ont réduit le pouvoir d’achat des travailleurs.

    Aron d’Allemagne a fait une contribution au sujet de la tendance vers des mesures protectionnistes, dans la lutte pour une plus grande part du marché mondial. C’est là la trame de fond derrière la “guerre des devises” qui se déroule en ce moment. Les États-Unis ont lancé un autre tour massif de “facilitation quantitative” (c’est à dire, la création d’argent à partir de rien) et tentent d’inonder le monde de dollars afin d’améliorer leurs opportunités d’exportation. Paraphrasant un politicien américain, Aron a résumé ainsi l’attitude de l’administration américaine : ‘‘C’est notre monnaie, mais c’est votre problème’’.

    Cependant, les États-Unis ne peuvent pas simplement claquer des doigts et s’attendre à ce que le reste du monde accoure se mettre en rang. Peter a expliqué que l’État chinois est loin de se porter volontaire pour prendre les coups, et a exprimé la menace comme quoi si la Chine devait réévaluer sa monnaie, le monde assisterait à la fermeture de 40 millions d’usines chinoises, ce qui pourrait entrainer un mouvement de masse de la classe ouvrière chinoise, une perspective qui suscite des sueurs froides chez les gouvernements de tous les pays.

    Les conflits

    Mais la guerre des monnaies n’est pas le seul conflit qui menace le monde. La friction entre les Corées du Nord et du Sud pourrait se développer. L’Irak est une plaie béante et Judy d’Angleterre a montré que la guerre d’Afghanistan, qui est maintenant perçu comme la guerre d’Obama, est impossible à remporter pour l’impérialisme.

    Ceci sape le soutien en faveur d’Obama mais, comme Philip des États-Unis l’a dit, ce n’est pas le seul facteur de mécontentement : il y a aussi la colère croissante de la classe ouvrière et de la classe moyenne face au chômage, aux expulsions de domicile, et à d’autres effets de la crise sur leur vie de tous les jours.

    Sur base de cette expérience, c’est un sentiment anti-establishment qui a dominé les élections de novembre aux États-Unis. Le Tea Party, qui cherche à se faire passer comme l’alternative au statut quo tout en étant en réalité lié à des personnes telles que les dirigeants de la chaine Fox News, chaine droitière et pro-capitaliste, pourrait bien tirer profit de ce sentiment et de l’absence d’une alternative ouvrière de gauche. Toutefois, un sondage a révélé la nécessité urgente et le potentiel pour un tel parti, puisque plus de la moitié des personnes qui y ont répondu déclaraient avoir une mauvaise image du Parti démocrate tout comme du Parti républicain. En fait, le Tea Party a lui-même provoqué deux contre-manifestations à Washington.

    La riposte de la jeunesse

    Ty, des États-Unis, a décrit les batailles héroïques qui se sont déroulées dans le secteur de l’éducation. Des étudiants, des enseignants et des parents se sont organisés contre les coupes budgétaires et contre les attaques brutales contenues dans le programme scolaire Charter.

    Même alors qu’ils sont en train de mettre en place des plans de relance pour les grandes boites, les gouvernements vont tenter de forcer leur agenda néolibéral qui consiste à reprendre l’ensemble des précédents acquis de la classe ouvrière, tels que l’éducation, la santé et les pensions.

    Mais l’action estudiantine aux États-Unis n’est qu’un exemple parmi une nouvelle vague de mouvements de la jeunesse qui est en train de se développer. Vincent de Hong Kong a raconté comment 2.000 étudiants chinois ont démoli la cafétéria privatisée de leur campus lors d’une bataille autour de l’augmentation du prix des bouteilles d’eau. Au Royaume-Uni, les étudiants et les lycéens sont en marche en ce moment-même. En Grèce, en Malaisie, en Italie et en Irlande, les étudiants se battent pour leur avenir.

    Au Nigéria, où l’âge moyen est de 19 ans, la lutte pour l’avenir fait partie de la vie de tous les jours. Segun du Nigéria a dépeint l’horreur de la vie des travailleurs sous le capitalisme dans le monde néocolonial. Toutes les promesses rompues en terme de route, d’écoles, etc. a mené certains vieux travailleurs à commencer à penser que la vie était peut-être meilleure du temps de la colonie. Il a décrit à quel point la privatisation et la soif de profit peuvent devenir extrêmes, avec l’exemple d’une route privatisée de 6 km mais qui compte trois péages !

    Cependant, la classe ouvrière a montré sa force potentielle dans les huit fantastiques grèves générales de la dernière décennie. Le défi est maintenant de mobiliser ce potentiel dans une lutte pour changer la société.

    La crise environnementale

    La crise du changement climatique et la destruction de l’environnement ne sont qu’une des nombreuses preuves qui toutes démontrent à quel point l’idée du capitalisme en tant que système progressiste a été discréditée. Bart de Belgique a proposé des mots d’ordre qui puissent trancher à travers le scepticisme qui peut se développer face à des mesures soi-disant “vertes” telles que les taxes environnementales. Les socialistes doivent lier ce problème à celui de la crise générale, en remettant en question le droit à la propriété privée de la recherche scientifique, et avec des revendications telles que des emplois écologiques et la reconversion des usines.

    La discussion a bien confirmé que le sentiment et la compréhension de la classe ouvrière, de la jeunesse et de certaines couches de la classe moyenne est en train de changer et d’évoluer à travers l’expérience de la crise économique, politique et sociale, et surtout l’expérience des luttes émergentes.

    Le sentiment parmi les travailleurs et la jeunesse

    Les sentiments anti-banquiers, anti-establishment et anti-politiciens sont très vivaces. Sascha d’Allemagne a expliqué qu’il y a un potentiel pour un développement très rapide de ce sentiment, et que parmi certaines couches, il a acquis un caractère anticapitaliste plus prononcé. Au fur et à mesure que s’accentue l’expérience de la pire crise depuis les années ′30 et que pleuvent les coupes budgétaires qui s’abattent sur la classe ouvrière, il va y avoir une mise en question de plus en plus grande de la manière dont ces coupes peuvent être combattues et de quelle est l’alternative.

    Mais cela ne veut pas dire que les attaques violentes sur le niveau de vie vont automatiquement conduire à une plus grande volonté de se battre et une plus grande ouverture aux idées socialistes. Il peut y avoir un effet d’hébétement sous le choc de la crise, comme on l’a vu en Grèce au début de la crise. La question de la direction de la classe ouvrière va également jouer un rôle dans l’évolution d’une conscience combative et socialiste.

    Ce qui est propre à cette situation, c’est le potentiel qu’a la classe ouvrière d’infliger des défaites aux gouvernements, divisés et hésitants. Des revirements soudains de tactique de la part de la bourgeoisie peuvent se produire. Tout en essayant de forcer la mise en œuvre de leur agenda néolibéral, ils peuvent passer en un tour de main de la hache de l’austérité à la planche à billets virtuelle afin de se lancer dans de nouveaux plans de relance. Lynn a souligné le fait que toute une série d’économistes qui naguère prêchaient le monétarisme sont maintenant en train d’appeler à de nouvelles mesures de relance.

    Kevin d’Irlande a décrit la situation du sud de l’Irlande comme étant “en gestation d’une révolte”, et la discussion a amené à la conclusion que, en ce qui concerne l’Irlande comme en ce qui concerne les relations mondiales, nous sommes véritablement entrés dans une période différente.

  • [PHOTOS] Action au Parlement Européen suite à la visite de Nazarbajev

    Ce mardi matin a eu lieu une action de protestation au Parlement Européen, suite à la visite du dictateur du Kazakhstan, Nazarbajev. Lundi, une audition au Parlement a également eu lieu, où des critiques se sont fait entendre, notamment à l’initiative de notre camarade l’eurodéputé Joe Higgins, qui s’était rendu au Kazakhstan en septembre. Cette action de protestation a été organisée par Joe Higgins et le PSL.

  • Quelques interventions de Joe Higgins au Parlement européen

    La semaine dernière s’est déroulée une session du Parlement européen. Notre camarade irlandais Joe Higgins est intervenu sur différents sujets. Voici quelques vidées (en anglais) de ses prises de parole.

    Au sujet de la régulation du secteur financier

    Au sujet de l’exploitation des travailleurs chinois

    Contre l’expulsion de réfugiés pakistanais hors de l’UE

  • [DOSSIER] Face aux programmes d’austérité: Unité des travailleurs et résistance européenne!

    On trouve le mot ‘‘austérité’’ dans la bouche de tous les politiciens traditionnels en Europe, et nous en entendrons parler dès qu’un gouvernement sera formé chez nous. Ce n’est pas neuf, mais c’est aujourd’hui un véritable leitmotiv politique. D’ailleurs, ils nous expliquent qu’il n’y a pas d’autre solution : ‘‘C’est ça ou la faillite de l’Etat.’’ N’y a-t-il vraiment aucune alternative ?

    Par Baptiste (Wavre)

    C’est le gouvernement grec qui a ouvert le bal : 30 milliards d’euros à ‘‘trouver’’ d’ici 3 ans. Traduisez: prendre 30 milliard des poches des travailleurs sur les 3 années à venir. Car c’est de cela qu’il s’agit : diminution des investissements publics et privatisations, baisse des primes accordées aux fonctionnaires, baisse des pensions, recul de cinq ans (de 60 à 65 ans) de l’âge légal de départ à la retraite, augmentation de deux points de la TVA et facilités de licenciement pour les patrons. A peine élu, le gouvernement social-démocrate (Pasok) de Papandréou a franchement écourté sa lune de miel post-électorale. Enfin, il se défend en disant qu’il ne voulait pas réaliser ces attaques contre les conditions de vie et de travail, mais qu’il a été forcé par ‘‘les marchés’’ et l’Union Européenne. Cette dernière assurait pourtant quelques mois plus tôt avoir ‘‘sauvé l’économie’’ grâce aux plans de relance. Comment peut-on expliquer un tel tournant ?

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    D’où qu’ils soient, les capitalistes n’ont aucun avenir décent à proposer aux jeunes et aux travailleurs. D’où qu’ils soient, les jeunes et les travailleurs eux ont les mêmes intérêts à défendre. L’unité des travailleurs ne concerne pas seulement les travailleurs des différents secteurs dans un pays, mais concerne aussi l’ensemble des travailleurs des différentes communautés, pays etc.

    Un plan d’action est nécessaire

    Les explosions spontanées et l’absence d’une direction claire avec un plan d’action et un programme combatif ont caractérisé les protestations de masse de ces derniers mois. Cela reflète l’incapacité des directions syndicales nationales à assumer leur rôle de direction de la colère du mouvement ouvrier, en Grèce comme ailleurs en Europe. Il est à ce titre remarquable qu’un grand nombre des dernières protestations de masse et des différentes actions sont le résultat d’une grande pression de la base, sans initiative des dirigeants syndicaux nationaux. Ces derniers ne semblent ainsi vouloir que des actions "symboliques", au lieu de préparer une lutte sérieuse pour défendre nos intérêts. Une telle logique est néfaste et tend à faire baisser la pression et à freiner le développement d’un mouvement ouvrier combatif.

    Pourtant nous avons vu dans la dernière période plusieurs exemples qui démontrent clairement qu’une lutte menée avec une direction combative peut apporter la victoire. En Belgique, il suffit de penser aux luttes à Bayer et à InBev notamment, où sans même recourir à la grève, un syndicalisme de lutte a permis de faire reculer complètement la direction sur ses plans d’assainissements ; contrairement à une logique de concertation qui ne permet au mieux qu’un aménagement de ces assainissements. Néanmoins, lutter entreprise par entreprise comporte également des limites pour la défense des acquis sociaux à une échelle plus large ; il est évident que ça ne peut suffire à mettre en échec les politiques d’austérité des gouvernements. Pour le réaliser, c’est d’un plan d’action national dont nous avons besoin. C’est-à-dire un plan où par exemple une grève générale de 24h ne serait pas une simple démonstration de force sans suite mais une étape dans l’organisation des travailleurs sur leur lieu de travail autour d’un programme, d’un plan qui vise à construire un rapport de force sur base de la colère présente, avec une alternative claire et combative aux politiques d’austérité.

    Le mouvement ouvrier doit prendre sa lutte en main !

    Les directions syndicales ne semblent pas aller dans le sens d’un tel plan d’action. Si ces dirigeants sont pour le moins passifs à cet égard, c’est en conséquence de leur acceptation de la logique du système, ils ne voient pas d’alternative à opposer au capitalisme. C’est là aussi le résultat de décennies de néolibéralisme, et les liens entretenus avec les partis traditionnels (FGTB/ABVV-PS/SPa, CSC/LBC-CDH/CD&V) illustrent d’ailleurs cette acceptation. La solution ne réside dès lors pas (seulement) dans la dénonciation des directions syndicales actuelles et/ou leur remplacement. Pour ne pas tomber dans le même travers, il faut assurer un relais politique au syndicalisme de lutte, qui mette clairement en avant une alternative socialiste au capitalisme. Avec un tel prolongement politique indépendant des partis traditionnels, nous pouvons faire des pas en avant et faire pression dans la mise en place d’un plan d’action, et non plus continuer à attendre que le sommet syndical veuille bien le comprendre.

    Des victoires ne peuvent être obtenues que par la lutte, mais ces victoires resteront toujours partielles sous le capitalisme. L’actualité démontre que ce système cherchera toujours à revenir sur les acquis sociaux car son fonctionnement même (la recherche de la rentabilité maximale, la compétitivité, la soif de profits à n’importe quel prix) est en contradiction avec ce dont ont besoin les travailleurs et leur famille : des conditions de vie et de travail décentes. C’est pourquoi le PSL (et l’internationale dont nous faisons partie, le Comité pour une Internationale Ouvrière – CIO) lutte pour le socialisme, un système où les richesses sont produites et réparties en fonction des besoins (et non des profits) à travers une économie démocratiquement planifiée.

    Ce tournant n’en est en fait pas réellement un, tout comme ils n’ont ni mis fin à la crise et ni sauvé le capitalisme avec les plans de relance. Certes, ces plans ont eu un effet : certaines faillites ont pu être évitées, certains secteurs économiques ont été quelque peu stimulés, etc. Mais de la même manière que casser un thermomètre ne fait pas baisser la fièvre d’un malade, injecter de l’argent dans un système économique en crise profonde ne résout pas ses problèmes. Cela marque juste une pause, et ajoute un élément compliquant : qui va payer pour tous ces plans de relance ? Que ce soit des gouvernements de droite (Angleterre, France, Italie), chrétiens-démocrates (Allemagne) ou soi-disant ‘socialistes’ (Grèce, Espagne, Portugal), tous sont d’accord: ce sera aux travailleurs et à leur famille de raquer une deuxième fois pour la crise. Car fondamentalement, tous ces politiciens sont gagnés au capitalisme et leur programme n’a pour but que de « satisfaire les demandes du marché », c’est à dire les demandes des traders, spéculateurs, et capitalistes qui n’ont pas d’autre intérêt que d’accroître leurs parts de profits. Si la Grèce a ouvert le bal, ce n’est que parce qu’il s’agissait du maillon faible de la zone euro, et il est clair que les travailleurs des autres pays ne seront pas épargnés par les attaques. Ainsi, Angela Merkel veut assainir 80 milliards d’euros d’ici 2014, tandis que la coalition ConDem en Grande-Bretagne compte assainir 7 milliards en un an. Dans des pays comme la Roumanie, les mesures prennent une ampleur hallucinante avec notamment une baisse des pensions de 15% et une baisse des salaires dans le public de 25%. Ainsi, chaque pays a son plan quinquennal de l’austérité, tous accueillis sur un tapis rouge par les fameux ‘‘marchés’’. Le fait même que les différents gouvernements européens appliquent l’austérité démontre à quel point leur campagne idéologique sur le thème ‘‘les grecs sont des paresseux’’ était un concentré d’hypocrisie et n’avait pour but que de diviser les travailleurs entre eux pour mieux régner et mieux tous les traiter de fainéants par la suite.

    Durant les derniers mois, lors des divergences entre les gouvernements européens sur le sort à réserver à la Grèce, il ressortait de leur part la crainte d’une contagion d’une faillite grecque à d’autres maillons faibles de la zone euro, comme le Portugal et l’Espagne. En réalité, une autre crainte était très présente parmi les classes dirigeantes: celle de la contagion de la colère et de la lutte contre l’austérité. N’ayant explicitement aucune confiance en une réelle relance de l’économie et aucune perspective d’avenir à proposer aux jeunes et aux travailleurs, le recours à la tactique de diviser pour mieux régner est une nécessité pour elles.

    Résistance et riposte !

    Ceux qui nous gouvernent ont raison de craindre la colère des masses contre l’austérité. Après 30 années de néolibéralisme et son lot quotidien de précarisation des conditions de vie et de travail, la colère était déjà latente dans la société. Que la politique de ces 30 dernières années aboutisse à une crise avec des millions de pertes d’emplois et une austérité généralisée, c’est largement plus qu’une goutte d’eau dans un vase déjà plein. La Grèce a montré la voie, avec des protestations massives contre les assainissements, suivies par des manifestations importantes notamment au Portugal et en Espagne. Quelques sondages indiquent la température présente parmi les travailleurs en Grèce: à la question ‘‘comment vous sentez-vous ?’’, 91% de la population sondée a répondu ‘‘en colère’’. En outre, il ressort que 81% d’entre eux s’attendent à une explosion sociale dans la prochaine période et 50% ont déclaré qu’ils allaient prendre part à une révolte dans la période à venir. Enfin, 48% de la population est favorable aux nationalisations, et un tiers refuse de payer la dette du pays. Si la période estivale marque une certaine pause sociale après les 6 grèves générales des derniers mois, la détermination de lutter contre les mesures d’austérité reste bien présente, et s’est d’ailleurs illustrée lors de la grève des camionneurs de 6 jours en juillet. Pour le reste, le message est sans équivoque : ‘‘on revient en septembre!’’

    Comment est-il possible qu’avec une telle colère et de telles protestations de masses, il n’y ait pas eu une victoire à la clef ? Si de la vapeur peut entraîner un moteur en présence d’un piston, cette vapeur ne sert strictement à rien si elle relâchée dans l’air par une soupape. De la même manière, la colère ne peut amener des victoires que si elle est canalisée et dirigée de manière adéquate, c’est-à-dire si elle a une direction politique combative : c’est exactement ce qui manque dans les protestations de masses contre l’austérité, que ce soit en Grèce ou ailleurs. Des explosions de colère spontanées, non coordonnées, ne permettent pas d’aboutir à une victoire. Ces explosions comportent même le danger d’incidents contre-productifs car cela permettrait au gouvernement d’instrumentaliser ces derniers pour briser la confiance des travailleurs dans leur capacité à obtenir des victoires. Faute d’un véritable plan d’action et d’un programme combatif, la colère ne peut conduire à une victoire réelle, tout au plus à un aménagement de l’austérité avec le danger d’une démoralisation des travailleurs.

    29 septembre: Pour une grève générale européenne de 24heures!

    L’internationalisme et le CIO

    Ci dessus: Joe Higgins, député européen du CIO

    Cette force que représente une telle unité des travailleurs, le patronat l’a comprise depuis bien longtemps et s’en méfie terriblement. Ainsi, lors de chaque confrontation sociale, les capitalistes recourent au ‘‘diviser pour mieux régner.’’ Qu’il s’agisse de monter des travailleurs d’une telle entreprise contre une des travailleurs d’une autre, de monter les uns contre les autres les travailleurs de différents secteurs, de différents pays : peu importe, les capitalistes ont un besoin quasi vicéral de casser notre unité.

    Si cette politique perdure, c’est hélas parce qu’elle a déjà porté ses fruits, avec le développement par exemple des discriminations dans la société. Aujourd’hui, les classes dirigeantes comptent remettre le couvert en mettant notamment en scène des ‘‘travailleurs grecs fainéants’’ et des ‘‘travailleurs allemands égoïstes.’’ La seule manière pour contrer cette rhétorique et les germes de nationalisme qu’elle comporte, c’est que le mouvement ouvrier occupe le terrain et démontre son unité. Les travailleurs partout en Europe ont les mêmes besoins et ces intérêts ne doivent pas les opposer à d’autres travailleurs mais aux capitalistes et à leurs profits.

    Dans ce sens, nous pensons que si un parti révolutionnaire est nécessaire pour la transformation socialiste de la société, ce parti révolutionnaire doit être construit mondialement, au sein d’une internationale : c’est à cette tâche que s’attelle le PSL/LSP au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière. Au mois de juin, nous avons notamment pris part à l’initiative d’une semaine d’action partout en Europe en soutien aux travailleurs grecs, afin de répondre par la solidarité entre travailleurs au ‘‘diviser pour mieux régner’’ des capitalistes.

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    Nous devons nous opposer à la dictature des marchés et à leur chaos, en défendant une transformation socialiste de la société. Dans ce cadre, le CIO défend la nécessité d’un plan d’action au niveau européen afin de construire un rapport de force vers une journée de grève générale européenne de 24h, dans un premier temps. Nous devons lutter ensemble avec des revendications telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs afin d’aboutir à une planification socialiste de la production dans une fédération européenne socialiste démocratique. En Belgique, faute de gouvernement, il n’y a pas encore d’agenda d’austérité. Mais si il y a bien quelque chose sur lequel tous les partis autour de la table des négociations sont d’accord, c’est qu’il y aura des économies à réaliser (on a d’abord parlé de 22 milliards d’euros sur 4 ans, maintenant de 25 milliards) et que celles-ci seront ‘‘impopulaires’’. C’est pourquoi nous devons nous préparer à faire de la manifestation européenne du 29 septembre un succès sur le plan de la mobilisation et de saisir cette occasion pour mettre en avant la nécessité d’un plan d’action.

    Aujourd’hui, la grève générale est de retour à l’agenda quasi partout en Europe, 6 de ces grèves ont notamment eu lieu en Grèce au cours des derniers mois. Cette ré-émergence marque la nouvelle période de lutte dans laquelle nous rentrons : face à l’ampleur de l’offensive des capitalistes européens, une action décisive pour les mettre en échec pose quasi instinctivement la question d’une grève générale, à l’échelle européenne. De fait, c’est toute la classe ouvrière qui est touchée et qui doit répondre.

    Sans forcément que les travailleurs en aient conscience au début, une grève générale illimitée tend à poser la question du pouvoir dans la société : des comités de grèves se mettent en place, des comités de quartier,… les travailleurs se retrouvent à gérer démocratiquement les tâches qui incombent au fonctionnement de la société, le patronat et les capitalistes se retrouvant dans leur plus simple apparat : celui de parasites. S’il n’y a pas forcément la conscience qu’un tel développement est possible au début d’une grève, l’Histoire prouve que la lutte est la meilleure école pour la compréhension du fonctionnement de la société et permet de tirer des conclusions révolutionnaires.

    Cette situation est ce que les marxistes appellent une ‘‘situation de double pouvoir’’ car elle met clairement en confrontation les capitalistes et les travailleurs. C’est dans ce sens que Trotsky considère la grève générale comme une des méthodes de lutte les plus révolutionnaires.

    Néanmoins, l’Histoire démontre également qu’il n’y a pas d’automatisme entre grève générale et situation de double pouvoir. Une grève générale n’est potentiellement une arme révolutionnaire que si elle est préparée politiquement parmi les travailleurs : c’est le plan d’action basé sur un programme défendant une alternative au capitalisme qui manque à l’heure actuelle. Une des tâches aujourd’hui est ainsi de poser la question de comment organiser la grève générale sur les lieux de travail, à travers des comités démocratiques et avec un programme combatif offrant une alternative au capitalisme.

    Enfin, il n’y a pas non plus d’automatisme entre double pouvoir et révolution socialiste. Une grève générale illimitée n’est en elle-même pas suffisante pour les travailleurs pour prendre le pouvoir, c’est là le rôle d’une organisation capable de donner la direction politique et la stratégie la plus juste pour donner l’assaut final contre le capitalisme. Cette organisation, le parti révolutionnaire, c’est ce que nous voulons construire avec le PSL/LSP.

  • Manifestation antiguerre à Gand : Reportage photos (2)

    Hier soir, à Gand, environ 2.000 manifestants ont protesté à l’occasion du sommet européen des ministres de la Défense, dirigé par le ministre belge De Crem. Samedi dernier, les Etudiants de gauche Actifs – Secondaire avaient manifesté à Aalter, dans sa ville, dans la cadre de la manifestation de ce jeudi soir, où nous étions présents avec une forte délégation. Le PSL avait pris l’initiative de lancer la mobilisation pour cette manifestation, et la participation au cortège a clairement démontré que le sentiment antiguerre est encore bien présent. Nous allons poursuivre la discussion sur le mouvement antiguerre ce mardi, avec un meeting à Gand en présence de Sabine Lösing, eurodéputée de Die Linke (Allemagne), de Joe Higgins, eurodéputé de notre parti frère irlandais le Socialist Party, de Ludo De Brabander (de Vrede VZW, une organisation antiguerre) et de bart Vandersteene, porte-parole du PSL (plus d’infos).

    Par Soo-Ra

  • Manifestation antiguerre à Gand : Reportage photos (1)

    Hier soir, à Gand, environ 2.000 manifestants ont protesté à l’occasion du sommet européen des ministres de la Défense, dirigé par le ministre belge De Crem. Samedi dernier, les Etudiants de gauche Actifs – Secondaire avaient manifesté à Aalter, dans sa ville, dans la cadre de la manifestation de ce jeudi soir, où nous étions présents avec une forte délégation. Le PSL avait pris l’initiative de lancer la mobilisation pour cette manifestation, et la participation au cortège a clairement démontré que le sentiment antiguerre est encore bien présent. Nous allons poursuivre la discussion sur le mouvement antiguerre ce mardi, avec un meeting à Gand en présence de Sabine Lösing, eurodéputée de Die Linke (Allemagne), de Joe Higgins, eurodéputé de notre parti frère irlandais le Socialist Party, de Ludo De Brabander (de Vrede VZW, une organisation antiguerre) et de bart Vandersteene, porte-parole du PSL (plus d’infos).

    Par Jean-Marie

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