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  • Berlusconi expulsé du trône, mais pas sa politique…

    Jamais dans toute son histoire l’Italie n’aura connu de telles élections. Deux grosses coalitions s’affrontaient dans une campagne électorale ultra agressive, surmédiatisée mais surtout dénuée de tout programme politique concret, d’un côté comme de l’autre. Cette campagne a une fois de plus mis en évidence l’absence cruelle d’une alternative politique conséquente pour les travailleurs et les jeunes.

    Christel Dicembre

    La coalition de "centre-droite", regroupant les ultra-libéraux de Forza Italia (le parti de Berlusconi) et de l’UDC, les séparatistes de la Lega Nord, l’Alleanza Nazionale ainsi que le parti néo-fasciste Alternativa Sociale ont centré toute leur campagne sur la personnalité de Berlusconi et sur la menace de voir l’Italie dirigée "par des communistes adorateurs de Mao, Staline et Pol Pot"… La coalition de centre-gauche, l’Unione, emmenée par Prodi et composée des socio-démocrates, des démocrates chrétiens, des ex-communistes, des Verts et de la Rifondazione Comunista, avait à peu près comme seul point d’attache la volonté de se débarasser du "Cavaliere", l’homme le plus riche d’italie mouillé dans des affaires de corruptions et malversations.

    L’affluence aux urnes fut massive: 83,6% des italiens sont allés voter (contre 81,4% en 2001). Cela s’explique principalement par deux facteurs: d’une part les nombreuses campagnes publicitaires menées par Berlusconi incitant les indécis et les abstentionnistes traditionnels à voter en sa faveur-vu qu’il détient un quasi monopole des médias italiens, on peut s’imaginer l’abus d’influence. Et d’autre part le haut niveau de conscience politique qui règne en Italie. Plus que jamais en effet, les travailleurs et certainement les jeunes voulaient faire entendre leur volonté de détrôner leur chef de gouvernement ainsi que leur désir de changement, après des années d’attaques perpétuelles sur leur niveau de vie.

    Après des heures de suspens, la victoire de l’Unione fut annoncée. Cette "victoire" est cependant plus que relative: ce n’est qu’avec l’ajoût des bulletins des électeurs italiens vivant à l’étranger (qui avaient la possibilité de voter pour la première fois) et la nouvelle loi électorale mise en place par Berlusconi que la coalition de Prodi remporte la majorité tant à la chambre qu’au sénat (342 sièges contre 281 pour Berlusconi à la chambre et 158 sièges contre 156 au sénat).

    Comment expliquer une si faible victoire de la gauche?

    Ces dernières années, l’Italie vit une forte remontée des luttes. En 5 ans, elle connu 6 grèves générales et c’est par millions que les jeunes et les travailleurs ont manifesté contre les attaques sur leurs conditions de travail, leurs pensions, les lois sur l’immigration et la guerre en Iraq. Mais aucune force de gauche n’a été capable de canaliser ce mécontentement et cette combativité en un prolongement politique. Même la Rifondazione Comunista s’est contentée de servir d’aile gauche à la nouvelle coalition en surfant sur l’anti-Berlusconisme ambiant. Poutrant très active lors des mouvements antimondialistion et antiguerre, elle ne s’est jamais profilée, lors de la campagne, comme anticapitaliste et n’a mis en avant aucune perspective capable de mettre fin aux privatisations et de faire payer aux patrons le prix de la crise de leur propre système. Alors que tant de travailleurs et de jeunes plaçaient leurs espoirs en ce parti, il n’a jamais adopté une position de classe claire en proposant un programme socialiste ou communiste afin de se démarquer distinctement du programme néo-libéral de Prodi.

    Bien que la victoire du centre gauche peut apporter certaines illusions, les italiens se souviennent surtout de Prodi comme du libéral qui a fait entrer l’Italie dans l’euro entrainant une augmentation sauvage du coût de la vie. Bien des jeunes et des travailleurs sont conscients qu’il s’avère être le meilleur atoût de la bourgeoisie pour continuer les plans d’austérité. Des discussions avec la Confindustria (principale confédération patronale) ont d’ailleurs déjà été menée sur les futures baisses des charges patronales et un nouveau "contrat social" visant à freiner l’augmentation salariale et restreindre les possibilités de mouvements de grèves.

    Très vite, cette coalition du moindre mal sera confrontée à l’énorme pression de sa base. Un parti large avec un vrai programe de défense des travailleurs, unissant ceux-ci et les jeunes dans des mouvements de luttes massifs, est indispensable pour se débarasser définitivement de Berlusconi et défendre nos acquis.

  • Pour un nouveau parti des travailleurs! Mais pourquoi alors construire aussi un parti révolutionnaire?

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste/Linkse Socialistische Partij appelle depuis longtemps déjà à la création d’un nouveau parti qui puisse reprendre la bannière de la défense des travailleurs des mains des partis "socialistes", bien plus habitués à tenir des stylos de luxe pour signer des accords honteux avec le patronat qu’à revêtir les gants de la lutte.

    Nicolas Croes

    Mais un parti révolutionnaire, tel que celui que nous construisons depuis des années en Belgique et au niveau international, ne pourrait-il pas porter ces gants?

    Les révolutionnaires ont presque toujours été minoritaires dans la société. Faut-il voir là une preuve de la faillite des idées révolutionnaires? Non, il s’agit plutôt de l’expression de la puissance de l’idéologie dominante dans une société, c’est-à-dire celle de la classe dominante, celle de la bourgeoisie. Ce n’est que lorsque les contradictions du système d’exploitation capitaliste apparaissent au grand jour que l’espace se créé pour une large pénétration des idées révolutionnaires au sein des masses.

    Le révolutionnaire italien Antonio Gramsci comparait ainsi le capitalisme des pays développés à une forteresse protégée par un champ composé de mines aussi diverses que l’influence néfaste de la presse bourgeoise, la mainmise de la religion sur les esprits ou l’intégration des directions syndicales ou des partis ouvriers dans la gestion du capitalisme.

    Mais quand on parle de partis ouvriers, on ne peut que constater avec quel enthousiasme PS et SPa ont emprunté le chemin du néo-libéralisme, délaissant les travailleurs et les chômeurs pour se tourner de plus en plus vers les classes moyennes aisées et remplaçant l’activité régulière de leurs militants par les « coups de pub » des bureaux de communication.

    Abandonnés, laissés pour compte, attaqués par ceux-là même qui hier encore prétendaient les défendre (à défaut de l’avoir fait), les travailleurs se sentent désorientés. Cependant, peu d’entre eux sont déjà prêts à tirer des conclusions révolutionnaires de leur situation. Ils ont besoin d’un échelon intermédiaire, d’un moyen par lequel chaque travailleur pourra faire son expérience sur un terrain politique cadenassé aujourd’hui par les défenseurs du patronat. Et cet outil indispensable pour repartir à l’assaut face aux attaques qui ne cessent d’arriver, c’est un nouveau parti de masse des travailleurs.

    Des partis allant dans ce sens peuvent rapidement obtenir des succès en terme de nombre de membres, de soutien de syndicalistes ou même de percée électorale (ce qui est déjà le cas dans plusieurs pays, voir l’article qui parle des cas allemands et hollandais).

    Mais le rôle des révolutionnaires ne se limite pas à aider à construire de tels partis. Car il ne suffit pas de s’opposer à la politique néo-libérale pour résoudre les problèmes qui se posent aux masses des travailleurs chaque jour forcés de courber l’échine. Des problèmes d’orientation peuvent apparaître rapidement. Ainsi, le SP hollandais participe à des coalitions locales qui ont pris des mesures de privatisation et c’est également le cas du PDS en Allemagne. En Italie, la direction du Parti de la Refondation Communiste (PRC), sous la pression de la volonté de vaincre Berlusconi, est entrée dans la coalition sociale-libérale de Romano Prodi et s’affirme prête à rentrer dans un gouvernement « de gauche ». Mais en lieu et place d’une politique de gauche, les partis dominants de cette coalition veulent opter pour une politique libérale modérée.

    L’acceptation de la logique du système capitaliste ne peut mener qu’à plus encore d’oppression pour les travailleurs. Une orientation socialiste conséquente, et donc révolutionnaire, est à terme le seul moyen d’éviter de brûler sa crédibilité.. Cela exige un parti démocratique, mais également efficace, donc réellement collectif où l’ambition personnel est transformé en ambition collective. Un nouveau parti des travailleurs se doit d’organiser la lutte sur le terrain, car c’est là, dans les entreprises, les écoles, les quartiers, que se trouve la véritable majorité et pas dans les petites manoeuvres au parlement.

    Pour que cette orientation puisse démontrer la gigantesque étendue de son potentiel, les forces révolutionnaires doivent non seulement rester organisées au sein de ces nouveaux partis, elles doivent aussi s’y renforcer et peser de tout leur poids dans le travail pratique. « Une once de pratique vaut mieux qu’une tonne de théorie », disait Lénine, et après un siècle, cette réflexion n’a rien perdu de sa justesse. Les discussions et débats sur le socialisme ne sont pas des palabres sur un futur hypothétique, mais un moyen indispensable d’orienter les luttes d’aujourd’hui!

  • ITALIE: Pour barrer la route à la politique de Berlusconi, il faut un programme socialiste!

    ITALIE

    Ce week-end des 18 et 19 mars fut marqué par des manifestations dans le monde entier pour protester contre la guerre et l’occupation impérialiste de l’Irak, celle-ci entrant à présent dans sa quatrième année. C’est à Rome que le nombre de personnes descendues dans les rues fut le plus massif: on évoque des chiffres allant jusqu’à 150.000 manifestants. Il Tempo, le principal journal contrôlé par Berlusconi, parlait quant à lui de moins de 10.000 manifestants!

    Cédric Gérôme

    L’approche des élections législatives italiennes (qui auront lieu les 9 et 10 avril 2006) n’y est pas pour rien dans ce genre de distorsion de l’information: en effet, dans le cadre de la campagne électorale, la coalition concurrente à celle de Berlusconi, L’Unione (coalition dite de « centre-gauche » autour de Romano Prodi, ancien président de la Commission Européenne) fait du retrait des troupes italiennes un de ces chevaux de bataille.

    Il est clair cependant que le discours pacifiste des partis qui forment la coalition de centre-gauche a ses limites: pour preuve, le DS (Democratici di Sinistra, principal parti de la coalition) a refusé de participer à la manifestation de samedi sous prétexte que la plate-forme ne condamnait pas assez explicitement le terrorisme ; pour les mêmes raisons, la direction de la CGIL (le plus gros syndicat italien, qui compte dans ses rangs plus de 5 millions d’adhérents et joue habituellement un rôle-moteur dans le mouvement anti-guerre) a elle aussi boycotté la manifestation. Cela n’a pas empêché nombre de militants de la base d’assister au défilé, mais les mots d’ordre absentéistes du sommet ont tout de même contribué à déforcer grandement le cortège.

    De plus, la plupart des dirigeants parlent d’un retrait des troupes « conditionné à l’approbation des Nations Unies ». Quoiqu’il en soit, il est clair que l’évocation du retrait des troupes, même si elle est mise en pratique sous un futur gouvernement Prodi, sera surtout un moyen de gagner des points sur la politique étrangère en jouant sur le fort sentiment anti-guerre présent parmi la population italienne dans le but de détourner l’attention de la politique interne, qui risque de ne pas se distinguer fondamentalement de la politique anti-sociale appliquée pendant 5 ans par le gouvernement de Berlusconi.

    L’Unione semble en effet se profiler comme la formule gagnante du patronat pour poursuivre ses attaques. Pendant que des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs descendaient dans la rue contre la guerre, Prodi s’entretenait avec le grand patronat pour lui présenter le programme de son futur gouvernement: un programme de recettes néo-libérales (réduction des charges patronales et autres cadeaux fiscaux aux entreprises, nouvelles privatisations, augmentation de la flexibilité sur le marché du travail,…). Le titre révélateur du Giornale d’Italia en dit long sur ce qu’en pense les patrons: « Les oligarques veulent un gouvernement de gauche » (!) D’ailleurs, un sondage paru dans La Repubblica – «Les pronostics des industriels»- fournit des chiffres révélateurs quant à l’état d’esprit de la bourgeoisie: à la question « Qui gagnera les élections ? », 44% des patrons de la Confindustria- la principale confédération patronale du pays, équivalent de la FEB en Belgique- répondent Prodi, et seulement 12% affirment qu’il s’agira de Berlusconi.

    Les intentions de vote des électeurs semblent confirmer cette tendance: dans les derniers sondages, L’Unione jouit de presque 5 points d’avance sur son adversaire. Il est clair que la majorité des travailleurs et des jeunes veulent en finir avec ce bandit milliardaire qu’est Berlusconi, ainsi qu’avec La casa delle libertà – La Maison des Libertés, sa coalition dite de « centre-droit », abritant en réalité nombre de néo-fascistes notoires.

    A ce titre, Berlusconi vient tout récemment de conclure une alliance avec Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce, et ouvertement nostalgique du régime de son grand-père. Son parti, Alternativa Sociale, s’ajoute ainsi à l’Alleanza Nazionale de Gianfranco Fini (n°2 du gouvernement, considérant le Duce comme « le plus grand homme d’Etat du 20ème siècle ») et du ministre Gasparri (ancien président du Front de la Jeunesse, mouvement d’extrême-droite). Berlusconi n’avait-il pas lui-même déclaré, en septembre 2003: « Mussolini n’a jamais tué personne, tout au plus envoyait-il les gens en vacances aux abords des frontières » ?

    La haine des travailleurs à l’égard d’«Il Cavaliere » et les scandales à répétition qui l’ont éclaboussé (collusions avec la mafia, faux bilans, banqueroute frauduleuse, mise en accusation pour être soupçonné d’avoir versé 600.000 $ à l’avocat anglais David Mills en remerciement d’un faux témoignage, publication de faux sondages le profilant en tête pour les prochaines élections, démission de son ministre des réformes institutionnelles Calderoli –de la Ligue du Nord- après que celui-ci eut fièrement exhibé sur un plateau de télévision un T-shirt à l’effigie des caricatures danoises de Mahomet,… pour ne citer que quelques exemples récents) ont fait de Berlusconi un pion gênant pour la bourgeoisie italienne. Les relations entre celle-ci et le premier ministre ne sont plus au beau fixe ; bien au contraire, elles se sont envenimées au point de se transformer en une véritable foire d’empoigne dont la presse italienne fait quotidiennement ses choux gras. Ainsi, La Repubblica du lundi 20 mars avait pour titre à la une: « La Confindustria contre Berlusconi »…

    Toutefois, la mainmise de ce dernier sur les médias du pays (Berlusconi possède et contrôle directement ou indirectement les médias audiovisuels et la presque entièreté de la presse écrite) lui assurent encore, d’ici au 9 avril, la possibilité de convaincre les quelques 24% d’électeurs indécis et de faire ainsi basculer les urnes en sa faveur. La possibilité que Berlusconi reste au pouvoir n’est donc pas totalement exclue: un tel scénario pourrait constituer l’élément déclencheur de nouvelles luttes de masse en Italie.

    L’Unione, copie conforme de L’Olivier… avec le PRC en plus

    A la différence des précédents gouvernements de centre-gauche (L’Ulivo), un éventuel gouvernement de L’Unione incluerait directement le PRC (Partito della Rifondazione Comunista), lequel prendrait alors sur ses épaules la responsabilité de la politique gouvernementale. De la part de Prodi, cette alliance avec le PRC n’est évidemment pas anodine: grâce au soutien dont dispose encore ce parti parmi de larges couches de travailleurs et de jeunes, celui-ci s’assure une bonne couverture sur la gauche. L’autorité dont bénéficie le PRC parmi les couches les plus combatives des travailleurs de la CGIL et de COBAS (= deuxième syndicat le plus important d’Italie) d’une part, et la ligne de plus en plus opportuniste suivie par la majorité des dirigeants du PRC d’autre part, ouvrent l’espace à Prodi pour former un gouvernement de collaboration de classes amortissant les luttes ouvrières et liant ainsi les mains des travailleurs au grand capital grâce à la complicité de la bureaucratie syndicale.

    Le 13 mars, Bertinotti, secrétaire général du PRC, affirmait, en réponse à une question qui lui était posée par un internaute: « Une alliance plurielle entre plusieurs partis, dont Rifondazione, s’est constituée sur un programme partagé et très engagé: un programme de réforme. Nous soutenons celui-ci avec conviction. » On comprend un peu mieux la nature de ce programme lorsque l’on sait qu’il est soutenu –avec tout autant de conviction- par la Confindustria: Luca di Montezemolo, le patron des patrons, s’est en effet dit « très satisfait » par l’entrevue qu’il avait eu avec Prodi, entrevue portant précisément sur ce fameux programme de gouvernement que Bertinotti défend de vive voix…

    « Battre Berlusconi et le gouvernement de droite est nécessaire », affirme le PRC. Il s’agit bien entendu d’un souhait partagé par des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs italiens ; cependant, ceux-ci ne veulent pas se débarasser de Berlusconi et de la droite pour les voir revenir au pouvoir quelques années plus tard. Or, le soutien à la politique néo-libérale de Prodi ne peut que creuser le lit pour une telle perspective. Au nom d’une unité sacrée contre Berlusconi et ses sbires, les dirigeants du PRC semblent avoir mis sous le tapis les leçons du passé: c’est précisément la politique du précédent gouvernement de centre-gauche, arrosée d’attaques sur les acquis sociaux et de privatisations en tout genre, qui avait ouvert la voie au second gouvernement de Berlusconi en 2001.

    La Rifondazione conserve toujours le support de nombre de travailleurs et de jeunes qui veulent en finir avec la politique néo-libérale. Il était pourtant clair lors de la manifestation de samedi que beaucoup d’entre eux réalisent que le parti prend une mauvaise orientation. Car l’objectif poursuivi par la direction du parti n’est pas seulement de se présenter sur une liste pour contribuer à la défaite de Berlusconi, mais bien d’être une composante directe d’un gouvernement qui fera inévitablement payer la crise sur le dos de la classe ouvrière et de la jeunesse.

    Les dirigeants du PRC, tel Bertinotti, bercent leur base de phrases creuses et de slogans apolitiques – « Pour que l’Italie change vraiment » est ainsi le slogan principal de leur campagne – au lieu de mettre en avant une position de classe claire et indépendante et un programme de revendications qui soit dans la lignée de ce que le nom de leur parti laisse suggérer.

    L’Italie est en proie à une crise économique profonde, le pouvoir d’achat en chute libre. Le FMI estime que le déficit du PIB italien atteindra en 2006 les 4,1% et que la croissance demeurera nulle. La propension des familles italiennes à l’endettement a pratiquement doublé en 10 ans, et, selon la Banque d’Italie, la moitié des jeunes entre 15 et 29 ans travaillent sous contrat à durée déterminée. Un jeune travailleur italien sur quatre est en outre considéré comme travailleur précaire.

    Toutefois, il est clair que les craintes d’une dégradation de cette situation ne sont en rien balayées par la perspective d’un nouveau gouvernement de centre-gauche. Le seul moyen d’en finir avec cette politique est de rompre avec les politiciens bourgeois responsables d’attaques vicieuses sur les travailleurs et les jeunes et de construire la lutte et les instruments pour une politique vraiment socialiste. Ceci devrait être l’ABC pour ceux qui se proclament communistes et représentants des intérêts du mouvement ouvrier.

  • SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril. WEEKEND DE DÉBATS ET DE DISCUSSIONS

    SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril

    > Tract en PDF

    LUTTONS POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALISTE!

    Même l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré à l’occasion du licenciement de dizaines de personnes suite à la délocalisation de l’entreprise brassicole – et surtout “bénéficole” – Inbev-Jupille: “Si la logique fi nancière cause tant de souffrances, si les lois économiques font fi de l’homme, elles sont inhumaines et il faut les changer”.

    Si leurs propos sont évidemment empreints de charité chrétienne – alors que nous sommes partisans d’une approche structurelle des problèmes sociaux – ils n’en sont pas moins signifi catifs. Ils expriment le sentiment général de milliers de travailleurs: laissés sur le bas-côté et sans alternative. Les banques et les entreprises engrangent des profi ts records, les managers empochent des salaires exorbitants, mais on nous bassine sans cesse les oreilles avec la modération salariale, la flexibilité et la casse des pensions et de la Sécurité sociale.

    Socialisme 2006 a pour enjeu la lutte contre le système qui génère de telles situations. Des jeunes et des travailleurs s’y réuniront pour échanger les expériences de lutte. Vous y aurez l’occasion de découvrir en quoi consiste le marxisme. Par-dessus tout, nous pourrons y discuter en long et en large d’une alternative au capitalisme.

    CONCERT DE PROTESTATIONS MONDIAL CONTRE LE NÉO-LIBÉRALISME

    Voici un aperçu du programme de Socialisme 2006 sur la situation internationale avec des informations et des analyses de première main. MAS/LSP fait en effet partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui a des sections dans 35 pays.

    AMÉRIQUE LATINE

    La résistance au néo-libéralisme y est la plus avancée. La politique de privatisation et de libéralisation a condamné un tiers des 400 millions de Latino-Américains à l’extrême pauvreté. Des luttes d’ampleur et des mouvements révolutionnaires pour une autre politique, une politique plus sociale, ont balayé des présidents et/ou des gouvernements de droite, et leur ont substitué des dirigeants de gauche. A Socialisme 2006, on se penchera sur le “Socialisme du 21ème siècle” de Chavez au Venezuela ainsi que sur la politique de “nationalisation du gaz” de Morales en Bolivie.

    La vie de millions de gens s’en trouvera-t-elle améliorée substantiellement ou faudra-t-il une rupture fondamentale avec le capitalisme? Quel est le rôle dévolu à la classe ouvrière et aux paysans pauvres dans la réalisation d’une société socialiste?

    ISRAËL/PALESTINE

    La politique de “diviser-pour-mieux-régner” du capital y a dressé deux groupes nationaux l’un contre l’autre jusqu’à en faire des ennemis farouches. Seul l’establishment y trouve son compte. Les séismes politiques qui ont ébranlé les deux camps ces derniers mois sont l’expression d’un désir ardent de changement de la part des populations de la région. Mais l’absence d’une alternative socialiste aux partis nationalistes et religieux se fait cruellement sentir. Quelle issue le MAS/LSP, le CIO et ses sections entrevoient-ils à l’impasse dans cette région?

    PAKISTAN

    Les témoignages occulaires du Forum social mondial au Pakistan de membres du MAS/LSP et du CIO constitueront sans aucun doute le point d’orgue du week-end. Là plus qu’ailleurs, le capitalisme a mené à une société brutale où la pauvreté et la misère sont le lot quotidien du plus grand nombre. Le CIO a des sections au Pakistan, au Cachemire, en Inde et à Sri-Lanka.

    Ils ont observé caméra à l’épaule les conditions dans lesquelles les travailleurs et les jeunes doivent vivre et travailler ainsi que les campagnes que nos membres ont menées contre la privatisation du secteur des télécommunications au Pakistan et lors du tremblement de terre qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de sans-abris il y a quelques mois. Ils en donneront un rapport vivant à Socialisme 2006. Il y aura des ateliers sur la Chine, la guerre en Irak ainsi que sur la situation en France. Notre organisation soeur française y donnera de plus amples informations sur le mouvement de protestation des étudiants contre les contrats à statut précaire pour les jeunes.

    EUROPE: MOUVEMENTS D’AMPLEUR ET GRÈVES GÉNÉRALES

    Depuis le NON franc et massif à la Constitution européenne néo-libérale exprimé lors des référendums en France et aux Pays-Bas, l’appel à une politique plus sociale se fait de plus en plus pressant. Le mouvement de grève dans le secteur public en Allemagne, le plus grand depuis 14 ans, et le succès du WASG et du Parti de Gauche en sont des expressions on ne peut plus claires. On a voté clairement à gauche lors des dernières élections communales aux Pays-Bas. Tous les partis gouvernementaux ont perdu au profit du PVDA social-démocrate et du SP de gauche. Après une explosion de colère justifi ée bien qu’aveugle dans les banlieues, un mouvement contre les atteintes à la sécurité d’emploi des jeunes prend de l’ampleur en France; la politique antisociale de Berlusconi s’est de nouveau heurtée à une grève d’ampleur en Italie.

    La combativité y est, mais quelle est l’alternative? De nouveaux partis de gauche ont vu le jour dans différents pays. Quelles sont leurs possibilités? Quelles leçons pouvons-nous d’ores et déjà en tirer?

    A Socialisme 2006, des membres de nos sections en Allemagne, aux Pays-Bas et en France témoigneront ainsi que des membres du MAS/LSP qui ont participé aux dernières manifestations contre la guerre en Italie.

    LA RÉSISTANCE EN BELGIQUE: CONTRE LE PACTE DES GÉNÉRATIONS ET DEMAIN CONTRE LE PACTE DE COMPÉTITIVITÉ

    La fin de l’année passée a été émaillée de mouvements d’ampleur en Belgique également. La manifestation syndicale en décembre 2004 n’avait été que le prélude à un mouvement de tout autre ampleur avec les grèves générales contre le Pacte des Générations.

    SAMEDI SOIR: UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS EN BELGIQUE, MEETING AVEC LE WASG, JEF SLEECKX, …

    De ce mouvement a jailli l’idée de démarrer ici aussi un mouvement pour un parti résolument opposé au néo-libéralisme, un parti créé par et pour les travailleurs. Ce projet est en même temps le thème du débat principal du samedi soir avec notamment Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP, aujourd’hui figure de proue du mouvement pour un nouveau parti des travailleurs; Eric Byl, secrétaire général du MAS/LSP; un orateur du WASG allemand; …

    LE TRAVAIL JEUNES DU MAS/LSP

    Venez nombreux à nos ateliers sur les campagnes contre:

    LES ÉCONOMIES DANS L’ENSEIGNEMENT:

    Le nouveau décret de financement du Ministre de l’Enseignement flamand Frank Vandenbroucke prévoit des coupes sombres dans l’enseignement supérieur, avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les étudiants. Il essaye de dresser les différents instituts d’enseignement les uns contre les autres. Les droits d’inscription pourraient atteindre les 25.000 euros tandis que l’offre d’enseignement serait considérablement réduite. Etudiants de Gauche actifs, en collaboration avec la délégation CGSP de la VUB, a démarré une campagne pour unifier dans la lutte les étudiants et le personnel de tous les instituts et établissements d’enseignement.

    LA GUERRE: 3 ANS DE GUERRE EN IRAK

    La guerre “pour la démocratie et contre le terrorisme” n’a été qu’une guerre coloniale brutale pour le contrôle d’une des principales réserves de pétrole au monde. Résultat: mort et misère pour des millions d’Irakiens, un pays au bord de la guerre civile, des économies sur le dos des travailleurs américains et de leurs familles pour financer cette aventure guerrière. Résistance Internationale continue d’organiser la résistance contre cette occupation brutale et exige le retrait de toutes les troupes. Seule une politique socialiste est à même d’unifi er les différents groupes nationaux et confessionnels dans la lutte pour une société où les richesses sont entre les mains de la collectivité. Les troupes et les multinationales n’y ont pas leur place!

    LE RACISME ET TOUTE FORME DE DISCRIMINATION

    Les économies mènent à toujours plus de misère sociale. Le chômage par manque d’emplois, les marchands de sommeil par manque de logements sociaux, les atteintes à nos salaires et à notre sécurité sociale pour étancher la soif de profi ts du patronat… sont les véritables causes du racisme, de l’homophobie et du sexisme. Les politiciens et le patronat essayent d’éluder leurs responsabilités en faisant de grands discours sur la société multiculturelle et les droits égaux. Blokbuster, notre campagne anti-raciste, et la commission femmes du MAS/LSP ont accumulé des années d’expérience dans le domaine de l’anti-racisme et de l’antisexisme qu’ils veulent partager avec vous pour pouvoir mener avec succès la lutte contre toute forme de discrimination et de politique de “diviser-pour-mieuxrégner”.

    PRATIQUE ET THÉORIE DU MARXISME

    LE SOCIALISME: SCIENCE OU UTOPIE?

    Le MAS/LSP et l’organisation internationale à laquelle nous appartenons, loin d’être des spectateurs au balcon, participent activement aux mouvements réels. Nous ne nous contentons pas de rêver d’une société meilleure, nous mettons tout en oeuvre pour qu’elle devienne réalité.

    Pour nous, le socialisme n’est pas qu’ »une bonne idée », mais la seule réponse à la contradiction entre ce système archaïque, le capitalisme, et le développement de la science et de la technique qui a déjà depuis longtemps dépassé les limites de ce système. N’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire, nous constatons chaque jour la montée de la lutte des classes.

    Le MAS/LSP intervient consciemment dans ce processus pour aider cette lutte à aboutir à sa conclusion logique: une société où la production est au service de l’homme en lieu et place de cette société-ci où l’homme n’est qu’un prolongement de la production.

    RÉFORMISME OU RÉVOLUTION?

    Ou comment la lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail et de vie débouche sur une lutte pour une autre société. Cette discussion n’est pas nouvelle dans le mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a écrit à la fin du 19ème siècle sa brochure: “réforme sociale ou révolution?”. Les réformes importantes, imposées par la lutte, ont renforcé pendant toute une période l’illusion qu’on pouvait réformer le capitalisme. Aujourd’hui nous connaissons un retour de balancier. Les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus nombreux à remettre en cause le capitalisme en tant que tel. L’offensive généralisée contre nos salaires, les services publics et les conditions de travail n’y est pas étrangère. Nombre de gens voient leur vie régresser au lieu de progresser. Et ce malgré l’énorme développement de la technologie, de la science et de la richesse. D’autres introductions plus théoriques au marxisme porteront sur la théorie de la révolution permanente de Trotsky et sur l’économie planifi ée face à l’économie de marché.

    Infos

    DATE: samedi 22 et dimanche 23 avril 2006 | LIEU: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, 3000 Louvain | INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81 ou e-mail socialisme2006@socialisme.be / site Internet: www.socialisme.be | PRIX D’ENTRÉE: 25 euros pour les lycéens/étudiants/sans-emplois, 35 euros pour les actifs / participation, repas chauds, logement sont compris dans le prix / crèche sur demande | PROGRAMME DU SAMEDI: Meeting d’ouverture de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 16.30 à 19.00 – Débat principal à 20.00: “Pour un nouveau parti des travailleurs!” – Tout de suite après: Bar & fête à partir de 22.00 | DIMANCHE: Meeting de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 13.30 à 16.00 – Meeting de clôture | POUR LE PROGRAMME COMPLET: téléphoner au 02/345.61.81 ou consulter notre site Internet

  • Rome: manif anti-guerre

    Comme dans tant de villes à travers le monde, Rome a vu défiler ce samedi 18 mars des milliers de manifestants contre l’occupation impérialiste de l’Irak. Le nombre de personnes présentes à la manifestation n’est pas encore connu avec exactitude, la plupart des médias italiens étant en grève ce week-end.

    Cédric Gérôme

    Seul le principal journal contrôlé par Berlusconi, “Il Tempo”, a osé avancer des chiffres : celui-ci parle de moins de 10.000 Manifestants, chiffre absolument ridicule destiné sans aucun doute à minimiser l’ampleur de la manifestation et du sentiment anti-guerre existant parmi de larges couches de la population en Italie. Outre la guerre en Irak et la participation effective du gouvernement Berlusconi à ce conflit, c’est l’ensemble de la politique néo-libérale du gouvernement qui était clairement pointée du doigt par la majorité des manifestants. Parmi les importantes délégations présentes dans le cortège, on pourra noter celle du syndicat COBAS – une des principales unions de la base. Les autres directions syndicales avaient tout simplement refusé d’appeler à manifester.

    Pendant que des milliers de jeunes et de travailleurs descendaient dans la rue, Romano Prodi, figure de proue de l’alliance de centre-gauche –“L’Unione”- négociait les futurs accords avec Cofindustria, principale confédération patronale du pays. Cela donne un avant-goût assez illustratif de la politique qu’il est prêt à mener dans le cas probable où il serait élu : une politique au service du grand patronat. D’ailleurs, le DS (le principal parti de l’alliance) a boycotté la manifestation anti-guerre, nouvel exemple du fait que sa « réthorique de gauche » et ses discours contre la guerre ne sont que des appâts électoraux destinés à s’attirer la sympathie des travailleurs et des jeunes. Il est à déplorer qu’au nom de l’unité contre la droite, la majorité des dirigeants de la Rifondazione Comunista entre dans ce jeu et se cachent sous le manteau de Prodi et sa clique.

    Pendant La manifestation, nous sommes intervenus avec trois camarades du CIO, et avons vendu près de 150 exemplaires de notre journal “Lotta per il socialismo” (càd. La lutte pour le socialisme); nous fumes en général bien accueillis malgré notre force numérique limitée.

  • Le monde comme ils le veulent.

    Jean-Claude Paye, sociologue, a écrit et publié en 2004 aux éditions la dispute* le résultats de ses recherches et de ses analyses des changements intervenus dans le droit et la procédure pénale ces dix dernières années dans le monde, et plus particulièrement en Occident.

    François Barzin

    Ce que cet auteur annonce dans son livre est l’avènement d’une dictature mondiale, emmenée par les Etats-Unis sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’auteur y décrit la recomposition progressive des Etats nationaux autour d’appareils policiers auxquels les divers gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir et de prérogatives. Ces recompositions faites à l’heure de la lutte contre le terrorisme, s’intégreraient plus largement dans une structure impériale dont les Etats-Unis auraient l’exclusivité de la direction politique.

    Si la perpective d’une superpuissance américaine doit être légèrement revue à la baisse, au vu de ses échecs en Irak et en Afghanistan, les lois liberticides inspirées et recommandées par les Etats -Unis aux pays européens n’en sont pas moins devenues une réalité.

    Le danger actuel de cette évolution, continuation d’une justice de classe, est la constitutionnalisation de cette justice de classe. Auparavant, la subjectivité de la justice reposait sur un rapport de force instauré dans le cadre d’un Etat de droit et d’une démocratie. Aujourd’hui ce qui nous est promis est l’impossibilité de modifier ces rapports de force, et donc la subjectivité politique et judiciaire, au nom de la lutte contre le terrorisme. Vouloir influencer le fonctionnement des institutions démocratiques pourra être considéré comme terroriste en soi, alors que cela est bien sûr l’enjeu même de la vie démocratique. Le droit à la défense devient impossible puisque c’est aux accusés de prouver qu’ils sont innocents sur base d’intentions qui leurs sont attribuées, leurs faits et gestes témoignant contre eux et non pas pour eux. Il n’y a pas de partie tierce, telles des victimes réelles d’un véritable attentat par exemple, mais seulement des accusés et un Etat juge et partie, inconcilablement opposés dans la défense de leurs intérêts respectifs.

    Il ne peut plus y avoir de liberté individuelle dès lors que l’Etat peut-traîner quiconque en justice sur base de ses intentions politiques.

    Qu’en est-il donc de ces lois, décisions – cadre, accords et négociations passés entre pays de l’Union, entre l’Union européenne et les Etats-Unis ? Quelle est la philosophie, la méthode et les objectifs avoués de ces lois ou de ces accords ?

    Une inversion du sens de la procédure pénale

    De manière générale la tendance est à la subordination du pouvoir judiciaire à celui de la police – et plus l’inverse comme précédemment – au renforcement du parquet sur le juge d’instruction, à la régression du droit de la défense devant des enquêtes policières secrètes et proactives sur lesquelles elle n’a plus aucun contrôle, les forces de police devenant généralement intouchables judiciairement, leur méthode de production de la preuve n’étant plus elle-même soumise à l’examen contraignant du pouvoir judiciaire. Cette redéfinition des pouvoirs respectifs de la police et de la justice va de pair avec la redéfinition des infractions incriminées et des personnes ou des groupes visés : les critères définissant une action terroriste ou une action criminelle sont élargies par des définitions purement subjectives ou spéculatives comme dit plus haut, telle la volonté d’intimider ou l’intimidation des populations, ou parties de celles-ci, la volonté d’influencer le fonctionnement d’autorités publiques, la « capture » d’infrastructures publiques ou privées, la simple intention de commettre un acte dit terroriste… A remarquer la notion de capture d’infrastructures publiques ou privées qui vise directement les organisations syndicales et altermondialistes dont ces « captures » sont les principaux moyens d’actions. Il faut savoir également que le conseil de l’Europe a instauré les accords Shengen 2 qui visent explicitement à l’échange d’informations sur des activistes politiques qui se rendent à des sommets internationaux pour permettre leur arrestations et leur emprisonnement éventuel dans tous les pays de l’Union.

    La simple appartenance à une organisation terroriste, c’est à dire politique ou syndicale notamment, ou la participation à ses activités, même légales, en connaissance ou en méconnaissance de cause peut valoir à quiconque d’être assimilé à un terroriste. D’une inculpation ou d’une suspicion à partir d’éléments objectifs, l’on va vers une inculpation à partir d’une interprétation subjective et politique du droit de chacun.

    Comme on peut le constater, le caractère vague des incriminations et leur caractère foncièrement subjectif permet de s’attaquer à n’importe qui et à n’importe quoi dès lors qu’il gène le pouvoir en place, les activistes politiques et syndicaux étant visés de façon privilégiée. Le traitement des insoumis renommés terroristes peut aller jusqu’aux gels des avoirs ou de toute les sources de revenus, sans parler de la suspension des droits civiques, des peines de prisons, amendes et autres … Les gardes à vue sont doublées, généralement, ce qui augmente les possibilités de pression de la part de la police, pour arracher des aveux, par exemple.

    La collaboration automatique

    Pour rendre effective ces différentes dispositions légales visant la répression du « terrorisme », les différentes autorités publiques des pays européens ont conclu des accords de collaborations automatiques et obligatoires entre leurs appareils policiers et judiciaires respectifs. Ainsi en est-il du Mandat d’Arrêt Européen. Ce contrat de collaboration impose l’extradition automatique de n’importe quel individu accusé de terrorisme par tout Etat requis par un autre Etat. Ce qui paraît être un gage d’efficacité contre le crime organisé, est en fait une remise en cause du droit d’asile. Le Mandat d’Arrêt Européen est basé sur le principe de reconnaissance mutuelle des législations pénales de chaque Etat par tout les autres, chacun étant supposé démocratique et respectueux des droits et libertés fondamentales de leurs concitoyens. Les problèmes à l’extradition entre Etats Membre ne se posant donc pas. Mais la France du massacre de Charonne n’était-elle pas démocratique, pas moins que la Belgique des tueries du Brabant wallon, ou que l’Italie anticommuniste et maffieuse de Berlusconi ? Que nous réserve l’avenir ? Peut-être verrons nous en France éclore les fleurs nauséabondes du Front national ?

    Mais de toute façon, en Europe, la révision générale à la baisse des critères qui donnent droit à être accusé de terrorisme, est susceptible de remettre en cause le droit d’asile de beaucoup de personnes et d’organisations militantes dans un avenir plus ou moins proche.

    L’hégémonie coulée dans le droit

    L’élaboration de toute ces lois, ainsi que la philosophie sécuritaire sont impulsées par les Etats -Unis, qui ont été les premiers à remettre en cause le régime du droit international fondé sur le respect mutuel de la souveraineté de chaque Etat, mais aussi sur le principe du respect des droits humains, dont celui du droit à la défense et à la représentation juridique. Le refus de donner aux prisonniers de Guantanamo le statut juridique de prisonniers de guerre permet à la première puissance mondiale de les détenir de façon indéfinie sans inculpation et surtout dans le secret, sans droit à la défense, sans la publicité et l’objectivité des débats. La sécurité de ces personnes ne peut être assurée par aucun moyen, sinon de loin, par le biais de la pression internationale, comme au temps de Pinochet, quand amnesty international faisait campagne pour la libération des prisonniers politiques. Cette action du gouvernement américain vis à vis des « combattants illégaux » par la procédure d’exception aboutit à la suspension du droit international – de fait – par les Etats-Unis.

    Malgré leurs hypocrites critiques de l’unilatéralisme américain, les pays européens, Conseil de l’Europe en tête, se sont empressés de répondre aux exigences antiterroristes des Etats-Unis, puisque ensuite la rhétorique sécuritaire a justifié la mise sous surveillance politique de leur propres populations.

    Ainsi, le Conseil de l’Europe concluait des accords autorisant l’extradition quasi automatique vers les Etats-Unis de tout citoyen européen suspecté de terrorisme dans un même temps qu’il travaillait au mandat d’arrêt européen et autres dispositions liberticides, dans des conditions politiques tout à fait répugnantes et suspectes (Certaines décisions cadre trop clairement liberticides ont été prises au Conseil de l’Europe en annexe de négociations portant sur le droit de la pêche par exemple, ni vu, ni connu).

    Dans le même ordre d’idées, les Etats-Unis ont imposés à L’Europe l’échange des informations personnelles sur les passagers ayant réservés auprès de compagnies aériennes pour les Etats-Unis, ceux-ci pouvant à leur guise déterminer qui peut ou non entrer sur leur territoire ( L’ Europe a par après pris les même dispositions pour son propre compte par rapport aux réservations transeuropéennes).

    A ce stade nous devons avoir conscience que le Patriot act s’applique aussi à nous, comme à tous les citoyens de la planête et dès lors que nous posons le pied sur le sol américain, nous pouvons être détenu de façon indéfinie et sans inculpation. Dans ces conditions, comment imaginer une rencontre altermondialiste aux Etats-Unis, comme à Seattle en 1998 ? Les ébauches d’une démocratie planétaire, les citoyens américains, européens, les démocrates des pays du Tiers monde et l’ensemble des populations sont véritablement devenus les otages du reflux réactionnaire américain.

    Il faut quand même préciser que si tout le monde peut être enlevé, extradé et emprisonné indéfiniment par les autorités américaines, a contrario, aucun citoyen américain ne peut-être traduit devant un tribunal international pour crime de guerre ou pour crime contre l’humanité, ce qui concernerait pas mal de monde dans les services de renseignements et dans les administrations américaines

    La suspension du droit et du principe de légalité lui-même iront en s’aggravant, laissant de plus en plus de monde dans une anomie juridique autorisant tous les arbitraires. Le droit, comme ensemble hiérarchisé de garanties constitutionnelles, fait aujourd’hui de la procédure d’exception l’acte constituant d’un nouveau type de régime politique, celui ou le pouvoir politique décide directement de la norme à appliquer, de comment l’appliquer, et à qui l’appliquer. Pourtant l’égalité de tous devant la loi, suppose la reconnaissance de l’objectivité des actes incriminés, la constitution de parties tierces et le droit à la défense dans le temps long et posé de la procédure judiciaire. Il faut d’ailleurs dénoncer ici les appels à la rentabilité des parquets par Madame Onckelinks, qui est une façon insupportable d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire à des fins politiques, électoralistes.

    Toute organisation politique progressiste devrait se mobiliser contre toutes ces régressions, car c’est véritablement l’exercice de nos droits constitutionnels qui est menacé. Si nous jouons le rôle des victimes indolentes, il se pourrait bien que le crocodile vienne nous manger.


    * La fin de l’Etat de droit, Lutte antiterroriste, de l’état d’exception à la dictature, Jean-Claude Paye, éd. La Dispute, 2004.

  • Leçons de la lutte contre le pacte des generations. Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire et possible!

    Leçons de la lutte contre le pacte des generations.

    FGTB et CSC ont rejeté la dernière version du pacte des génération, reflétant ainsi le mécontentement de la base. Si cela ne dépendait que de celle-ci, la grève aurait certainement duré jusqu’à la chute du pacte, si nécessaire celle du gouvernement, voire de tout l’establishment politique. Mais le mouvement n’est pas allé jusque là. Pourquoi? Les directions syndicales ont tout fait pour freiner la contestation. Avec ces directions, les syndicats ne disposent ni d’un programme pour sortir de la crise, ni d’un instrument – indépendant du patronat et de la bourgeoisie – pour traduire politiquement leurs revendications. La lutte contre le pacte des générations a dévoilé les grandes faiblesses du mouvement. Le MAS offre quelques propositions pour les surmonter.

    Eric Byl

    Les partis gouvernementaux, dont le PS et le SP.a, tiennent à leur pacte. Quant aux partis d’opposition, tous trouvent que le pacte n’est pas assez violent. C’est le cas du CD&V qui plaide pour une réduction des charges sociales de 3 milliards d’euros tandis que le Vlaams Belang va jusqu’à proposer 6 milliards d’euros. Aucun parti représenté au parlement, pas même un parlementaire ou un sénateur n’était prêt à défendre les positions syndicales. Voilà la «démocratie représentative». Deux syndicats organisant ensemble 2,8 millions de personnes, environs 70% des travailleurs et presque 50% des électeurs, ne trouvent aucun parlementaire prêt à considérer leurs points de vue. La Démocratie? Certainement pas pour nous!

    La social-démocratie ou de nouvelles formations?

    PS et SP.a sont au pouvoir depuis 18 ans. Durant cette période, le nombre officiel de pauvres a doublé jusqu’à 1,5 millions! L’index à été miné, les allocations réduites au minimum, la sécurité sociale pillée, les contrats de travail vidés, les entreprises publiques et les bâtiments vendus à bon compte aux investisseurs privés et/ou aux spéculateurs. Beaucoup de travailleurs continuent à voter pour ces partis, certains ayant toujours leur carte, mais ils les considèrent au mieux comme le moindre mal, et pas comme des instruments pour défendre leurs intérêts. Le personnel politique ne se sélectionne pas sur base de l’engagement ou du mérite, mais sur base de naissance (Fréderic Daerden, Alain Mathot, Philippe Van Cau…) ou de loyauté envers l’appareil.

    Mais la théorie du moindre mal a ses limites. De plus en plus de travailleurs décrochent. Certains deviennent fatalistes, d’autres, par manque d’alternative à gauche, tombent finalement dans la toile de l’extrême-droite. Ces 15 dernières années ont démontré que «le moindre mal» peut au mieux ralentir la croissance de l’extrême-droite, mais certainement l’arrêter. Ceci n’est possible que si la gauche offre une alternative conséquente et crédible à la politique de casse néo-libérale. Celui qui place ses espoirs dans le PS ou le SP.a, ou dans SPa-Rood, vit dans une époque révolue. Dans le cas hypothétique où le PS et le SP.a pourraient refaire un tournant à gauche, ce ne sera plus sous pression de l’intérieur, mais justement sous celle de l’extérieur.

    L’apparition de nouvelles formations comblant, au moins partiellement, le vide laissé par la capitulation totale de la social-démocratie est un phénomène mondial. Dans certains cas, de tels partis se créent à partir de scissions de la social-démocratie et/ou d’anciens partis communistes (IU en Espagne, RC en Italie, WASG en Allemagne, PSOL au Brésil). En général, ils attirent des couches précédemment inorganisées, et parfois la gauche radicale y joue un rôle dynamisant. Leur succès se base principalement sur des expériences de lutte, comme contre l’Agenda 2010 en Allemagne.

    Certains pensent que la balle est dans le camp de la gauche radicale, qui doit abandonner les débats et polémiques, rassembler ses forces et initier une formation de gauche massive. Le MAS n’est pas insensible à cette volonté d’unité. En ’99 nous avons invité toute la gauche radicale à faire une alliance. Cette dernière décennie, nous avons invité 3 fois le POS et une fois le PTB à se présenter avec nous. Nous avons déposé des listes communes avec le PC, le POS et Leef et aussi participé à Debout! Mais nous n’avons jamais eu l’illusion que de telles initiatives pourraient remplacer une nouvelle formation. La gauche radicale consiste principalement en des gens qui sont arrivés à des idées socialistes à travers un processus de pensée abstraite. La masse des travailleurs et des jeunes apprend sur base d’expériences concrètes. Ceci explique pourquoi des partis de masse se forment à travers des évènements de masse et pas uniquement en regroupant la gauche radicale.

    La phrase «Celui qui regarde à gauche du PS et du SP.a voit le PTB» n’est que du verbiage. Comme si les travailleurs tiraient massivement des conclusions révolutionnaires de la lutte contre le pacte de générations, ou encore suivaient le stalinisme! Bien des travailleurs ont compris que le PS et le SP.a sont des freins pour leur lutte. Certains recherchent une formation qui n’est plus un frein. Une petite minorité adhère au MAS trotskiste ou au PTB stalinien, mais la grande majorité de ces travailleurs n’est pas encore prête à choisir un courant spécifique.

    Le MAS le comprend et veut aider à réaliser une nouvelle formation, mais insiste parallèlement sur la nécessité de pouvoir garder son identité. Nous pensons que cela sert au mieux les travailleurs.

    Les possibilités de création d’une nouvelle formation

    La capitulation de la social-démocratie et le tournant encore plus à droite de la démocratie chrétienne ne sont évidemment pas des nouveautés. Les liens de la CSC/ACV avec le CD&V et de la FGTB/ABVV avec le PS et le SP.a expliquent pourquoi patronat et gouvernement sont capables d’appliquer leur politique anti-sociale. Un gouvernement de droite, sans rapports privilégiés avec les syndicats, serait tombé depuis longtemps. Casser les liens avec la social-démocratie est devenu aujourd’hui une condition pour sauvegarder nos acquis et vaincre la démoralisation.

    Depuis ’95, le MAS plaide pour un nouveau parti des travailleurs. Cela était à ce moment déjà une nécessité objective. Mais la conscience des travailleurs suit en général la réalité avec un certain retard et se développe par bonds sous la pression des évènements concrets. Pendant la lutte contre le pacte des générations, le fossé entre la base syndicale et le PS, le SP.a et le CD&V est devenu palpable. Nos militants sont tous revenus des piquets du 7 octobre avec des rapports semblables. En conséquence, le MAS a décidé de lancer une pétition (www.partidestravailleurs.be), de concentrer son intervention le 28 octobre autour de trois stands avec à chaque fois une cinquantaine de militants, surmontés de calicots qui appelaient la FGTB/ABVV à casser avec le PS et le SPa et la CSC/ACV à casser avec le CD&V (et pour autant que cela ne soit pas encore fait, avec le cdH) et de mena une campagne pour un nouveau parti des travailleurs.

    Evidemment, la création d’une telle formation et la cassure avec la social-démocratie ne se fera pas du jour au lendemain. Le ton dénigrant utilisé par la presse lors de l’action syndicale au congrès du SP.a à Hasselt était frappant. Les journaleux se sont réjouis de l’arrogance de Vande Lanotte lorsqu’il a déclaré que celui qui tourne le dos au SP.a regarde vers la droite, et ont tourné au ridicule l’action syndicale aux portes du congrès. SPa-Rood par contre, une initiative pourtant très limitée, a été gonflée jusqu’à des proportions incroyables afin de ramener les militants syndicaux dans le giron du SPa.

    Mais, à la base, monte la grogne. La délégation FGTB d’Agfa Gevaert a fait un communiqué de presse appelant explicitement le sommet syndical à se retirer du bureau du SPa. A la CMB de Liège la discussion sur la rupture avec le PS dure depuis plusieurs semaines.

    Des secrétaires et des délégations ont signé la pétition. Dans le Limbourg, des délégués, entre autres de Ford et de Sappi, se sont réunis avec l’ancien parlementaire SP.a, Jef Sleeckx afin de tâter le terrain pour une nouvelle initiative et il en a été de même à Gand. A Anvers, les délégués de la Chimie se sont réunis avec Sleeckx. Ils veulent organiser un grand débat sur les liens entre les syndicats et le SP.a et le CD&V. Si cela s’avère un succès, il faudra organiser des débats semblables à Liège, Bruxelles, Gand et Charleroi.

    Selon Sleeckx, et le MAS le rejoint sur ce point, une nouvelle formation devra être organisée au niveau national et non pas sur base communautaire. Toujours selon Sleeckx, elle devra s’ouvrir tant aux travailleurs de la CSC qu’à ceux de la FGTB, tant aux Belges qu’aux immigrés, aux anciens et qu’aux plus jeunes,… Les travailleurs de la chimie d’Anvers ont décidé à juste titre de tenir leur débat en terrain neutre. Ainsi espèrent-ils ne pas effrayer les syndicalistes de la CSC.

    Selon le MAS, une nouvelle formation aura besoin dans un premier temps d’une structure fédérative, dans laquelle divers courants pourront collaborer sur base de consensus. Ceci est nécessaire afin de créer une relation de confiance et d’éviter qu’un ou l’autre courant se sente limité dans ses droits. C’est un message aux travailleurs chrétiens, la garantie qu’ils seront écoutés.

    Un programme de gauche conséquent qui rompe avec la politique néo-libérale

    Jef Sleeckx veut un mouvement où la base décide. Le MAS est complètement d’accord. Les débats politiques ne peuvent, comme c’est le cas dans les partis classiques, être limités à un petit groupe de patrons de parti, mais chaque travailleur doit avoir la possibilité de contribuer aux discussions. Nous pensons qu’il faut partir des besoins concrets des travailleurs et de leurs familles. Pour résorber le chômage, les partis traditionnels ne plaident que pour des baisses de charges sociales et une flexibilité extrême. Nous pensons par contre qu’il vaut mieux répartir le travail disponible entre tous, évidemment sans perte de salaire sans quoi le pouvoir d’achat et donc l’économie seraient minés.

    La libéralisation et la privatisation n’ont rien apporté aux travailleurs. Ce sont les patrons qui se sont enrichis. A la Poste et à la SNCB, la libéralisation revient à fournir moins de services à un prix plus élevé, avec moins de personnel. Le statut de fonctionnaire public se dégrade. Le succès de Belgacom s’est fait au détriment de 10.000 emplois et ave un rythme de travail destructeur pour ceux et celles qui ont eu la chance de rester. Les profits sont énormes puisque nous, contribuables, avons pris en charge le coût social. Le MAS veut mettre fin aux libéralisations et aux privatisations et renationaliser tous nos anciens services publics, mais cette fois sous contrôle des travailleurs et plus sous celui des managers qui ne font que du sabotage dans l’intérêt du secteur privé.

    Le MAS s’oppose à la régionalisation de la sécurité sociale puisque celle-ci conduira à une compétition entre les régions, dans laquelle celle qui assainira le plus obtiendra les investissements. Cela mènera, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, à la casse de nos acquis sociaux. Nous sommes par contre en faveur d’un programme massif de construction de logements sociaux afin de combattre l’augmentation étouffante des loyers et des prix d’achat des habitations.

    Le MAS pense que ces mesures, ou toutes autres semblables, se heurteront à la résistance du patronat et de son appareil politique, juridique et médiatique. Seule une société où les travailleurs et leurs familles détiennent ces leviers de commande, une société socialiste, peut répondre à leurs justes besoins. Le MAS veut apporter ces points de programme et d’autres dans une nouvelle formation, non pas en tant qu’ultimatum, mais comme contribution avec celles d’autres courants et individus.

  • Italie: plus de 10 millions de travailleurs en lutte

    Le 25 novembre, à l’appel des trois principales fédérations syndicales, l’Italie a connu sa sixième grève générale depuis que Berlusconi est revenu au pouvoir en mai 2001. C’est la troisième année consécutive qu’une grève générale suit directement l’annonce du projet budgétaire annuel du gouvernement.

    Cédric Gérôme

    La proposition de budget pour 2006 prévoit d’accélérer les privatisations et de tronçonner 16,5 milliards d’euros des dépenses publiques. Malgré la volonté de la bureaucratie syndicale de limiter l’ampleur du mouvement, la grève a été massivement suivie. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de dizaines de villes; usines, banques, administrations et postes étaient paralysées tandis que les hôpitaux n’assuraient que les services d’urgence et que les transports tournaient au ralenti. « Cette grève est absolument inutile » a déclaré Berlusconi. Cette arrogance reflète le manque criant d’un parti pour relayer la combativité de la classe ouvrière italienne sur le plan politique.

    L’Italie, « le malade de l’Europe »

    Récemment, l’hebdomadaire britannique The Economist a publié un rapport sur la situation économique en Italie. L’article explique que durant la dernière décennie, la part du revenu national revenant aux salariés a fondu de 10%. Quelques 40% des Italiens âgés de 30 à 34 ans vivent encore chez leurs parents, du fait qu’ils ne trouvent pas d’emploi ou ne gagnent simplement pas assez pour s’offrir un logement. L’Italie a le taux de natalité le plus bas de toute l’Europe et figure au bas des classements de l’OCDE établissant des études comparatives sur la qualité de l’enseignement. Ces 15 dernières années, la croissance économique moyenne du pays a été la plus faible de toute l’Europe tandis que sa part dans le commerce mondial est passé en 10 ans de 4,5 à 2,9%. L’Italie a la troisième plus grosse dette publique au monde et son déficit public s’envole à 4,3%, bien au-delà de la limite autorisée par le pacte de stabilité.

    « L’Union », remake de « l’Olivier »

    A l’approche des législatives d’avril 2006, les sondages créditent Berlusconi de 25%, alors que l’alliance de centre-gauche autour de Romano Prodi («L’Union») bénéficie d’une confiance de 54%. Une frange importante de la bourgeoisie italienne veut se débarrasser de Berlusconi et verrait d’un bon œil l’arrivée au pouvoir de Prodi, meilleur emballage politique pour poursuivre le démantèlement des acquis sociaux des travailleurs. Si Prodi joue sur une réthorique de gauche pour s’attirer la sympathie du mouvement ouvrier, le ton de sa future politique a déjà été donné. The Economist exprimait des doutes sur les capacités d’une coalition de centre-gauche à mener «les réformes radicales et douloureuses dont le pays a besoin». Et Prodi de les rassurer : «J’ai l’habitude des ces critiques, mais nous les démentirons dans les faits.» Il est clair que l’Union n’est qu’une nouvelle version de «l’Olivier» qui avait gouverné dans la deuxième moitié des années’ 90 et qui, par sa politique anti-sociale, avait ouvert la voie à Berlusconi et lui avait pemis de revenir au pouvoir.

    Il faut une alternative à la “loi du pendule” !

    En Italie, la “loi du pendule” exprime l’alternance de gouvernement de centre-gauche et de centre-droite se relayant au pouvoir depuis des années pour appliquer la politique néo-libérale. Si beaucoup de travailleurs et de jeunes comptaient sur le PRC (Partito della Rifondazione Comunista), il est à déplorer que sa direction poursuive la voie d’une droitisation forcenée et ne trouve aujourd’hui rien de mieux, au nom de « l’unité contre Berlusconi », que de se mettre à la remorque de Prodi, au point que la presse italienne surnomme Bertinotti, le secrétaire général du PRC, «Prodinotti»! Si le PRC participe au prochain gouvernement et que celui-ci entre en collision avec le mouvement ouvrier, il est à prévoir que cela déclenche une nouvelle crise au sein de ce parti.

  • Le mouvement ouvrier orphelin d’un prolongement politique. Pour un nouveau parti des travailleurs!

    Patronat et actionnaires ont soif de profits, et disposent d’un large choix pour relayer leurs désirs au gouvernement et au parlement afin de l’imposer aux travailleurs et leurs familles. S’il subsiste encore quelques différences entre les divers partis traditionnels, ce ne sont cependant que des nuances sur la méthode et la manière d’appliquer la volonté de la bourgeoisie. Pour les travailleurs par contre, de choix il ne reste guère, et s’il est nécessaire de trouver un relais politique aux luttes de la population, ce dernier est encore à construire. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij appelle à la formation d’un tel parti.

    Nicolas Croes

    Les grèves des 7 et 28 octobre ont démontré l’ampleur du mécontentement face au néolibéralisme. Bien loin d’être uniquement basées sur la thématique des fins de carrière, les discussions aux piquets de grève, lors de la manifestation du 28 à Bruxelles, ou encore durant les assemblées générales des syndicats ont clairement exprimé le ras-le-bol qui existe chez les travailleurs.

    C’est le résultat de vingt-cinq années où se sont accumulées les mesures de récession sociale mises en œuvre par des gouvernements de différentes coalitions mais dans lesquels les partis socialistes ont été présents pendant 17 ans! La même situation se retrouve dans les autres pays européens où les socialistes au pouvoir ont mené une politique d’austérité qui ne diffère guère de celle des partis de droite. Un peu partout ces dernières années, les travailleurs ont montré leur opposition à ces politiques au travers de manifestations et de grèves massives, et les PS ont perdu une grande partie de leur crédit.

    Un vide à gauche loin d’être unique à la Belgique

    Que se soit en Belgique, en Europe ou dans le reste du monde, la question de l’alternative politique face à l’impressionnant virage à droite des partis traditionnels de gauche est présente.

    Ainsi, en France, le désaveu du gouvernement PS-PC de Jospin s’est traduit aux élections présidentielles de 2002 par un vote de plus de 10% pour les candidats d’extrême-gauche (LO-Lutte Ouvrière et LCR-Ligue Communiste Révolutionnaire). Cette année, la victoire du NON au référendum sur le projet de Constitution européenne est largement dû à la campagne commune du Parti Communiste, de la LCR, de la gauche du PS, de syndicalistes et d’altermondialistes tandis que la direction et la majorité du PS appellaient à voter pour ce projet.

    Plus récement, ce 4 octobre, il y eu en France également une journée de grève générale, troisième journée d’actions nationales depuis janvier. Plus d’un million de travailleurs sont à cette occasion descendus dans les rues, chiffre impressionnant, mais qui n’a pas réussi à faire reculer le gouvernement. Comment expliquer cela si ce n’est en remarquant que si la revendication de la chute du gouvernement actuel ne pose aucun problème, celle de l’alternative à mettre en avant reste elle sans réponse. La combativité du Parti Socialiste est là aussi depuis longtemps un sujet de plaisanterie, dont on rirait de bon cœur s’il n’y avait autant de conséquences catastrophiques. Et l’absence d’une force politique unie à gauche du PS ne permet pas d’offrir une alternative à ceux qui veulent lutter, mais sont dégoûtés du PS.

    Lutte, solidarité et socialisme!

    Durant des décennies, les partis sociaux-démocrates, bien qu’ayant une direction clairement ralliée à la sauvegarde du système capitaliste, restaient tout de même autant de pôles d’attraction pour la majorité des travailleurs combatifs. Ceux-ci voyaient dans les PS, malgré leurs limites, l’outil pour gagner de nouvelles réformes et de nouveaux acquis. L’offensive néo-libérale entamée dès le début des années ’80 et accélérée par l’effondrement des régimes staliniens d’Europe de l’Est changea la donne, et ce fut de manière constamment plus ouverte que les partis socialistes se mirent à défendre les différents programmes d’austérité de la bourgeoisie « au nom de la raison ». Ce processus a pris évidemment des rythmes et des formes variables en fonction des différentes situations rencontrées dans chaque pays, voire même à l’intérieur de ceux-ci. Il est clair, par exemple, que le PS francophone n’a pas encore été aussi loin dans cette direction que le SP.a en Flandres.

    L’impact de cette orientation se fit sentir dans la composition des adhérents à la social démocratie. Alors que pour des travailleurs en lutte et cherchant un relais politique pour défendre leurs positions, il était jadis assez naturel de se diriger vers la social-démocratie, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Pour ces travailleurs, seule reste la solution de créer eux même un nouveau prolongement politique.

    Pour les révolutionnaires, cette question de l’endroit vers où les travailleurs les plus conscients vont se diriger revêt une importance primordiale. Ainsi, nous avons longtemps travaillé au niveau international à l’intérieur des partis socialistes, jusqu’au début des années ‘90, dans le but non pas de redresser ces partis que nous savions irrécupérables mais dans celui de gagner à un programme marxiste révolutionnaire les représentants les plus avancés du mouvement ouvrier.

    Aujourd’hui, les militants syndicaux et les jeunes les plus combatifs se détournent de plus en plus du PS, mais nous ne pouvons espérer les gagner directement à nos idées socialistes révolutionnaires. L’offensive néolibérale initiée au début des années ‘80 continue, plus difficilement cependant, et a laissé de fortes traces. Est ainsi voilé actuellement et mieux que jamais ce qui fait la force du mouvement ouvrier: son nombre et son potentiel une fois uni. Bien au-delà de l’alternative socialiste à la société d’exploitation dans laquelle nous sommes, ce sont des notions élémentaires de solidarité qui sont maintenant considérées comme dépassées. Les travailleurs sans emploi sont isolés comme jamais auparavant, même à l’intérieur des syndicats, l’idée “chômeur= profiteur” est largement répandue, et le sexisme ainsi que le racisme continuent à diviser les travailleurs.

    Pour repopulariser ces notions de lutte, de solidarité et de socialisme, nous ne pouvons compter sur les médias bourgeois, plus que jamais omniprésents dans la vie de tous. Les révolutionnaires ne sont bien évidemment pas subventionnés par de grosses entreprises ou de riches exploiteurs comme le sont les partis traditionnels, et ce n’est pas par des campagnes de sensibilisation et de publicité que nous auront les moyens d’inverser la vapeur.

    Par quels moyens?

    Lors des mobilisations dans lesquelles les couches larges de la population sont investies, il est aisé de remarquer à quel point la réflexion sur cette société qui nous oppresse peut aller loin, et résister aux assauts des médias et des patrons, comme l’ont montré les campagnes contre la constitution européenne en France ou aux Pays-Bas. Alors que l’ensemble du patronat, des directions des partis traditionnels et de l’establishment étaient unis sous la bannière de l’Europe néolibérale, ils n’ont pas pu, malgré leur contrôle des médias, endiguer la contestation, et la constitution européenne a été rejetée. La différence s’est faite grâce aux mobilisations continues qui ont pris place en cette période, mais qui, hélas, sont retombées ensuite faute d’avoir un projet politique cohérent.

    C’est par ce biais que les travailleurs, en reprenant confiance en eux, peuvent le plus aboutir à la conclusion de la nécessité de renverser la société capitaliste. Les révolutionnaires ont un rôle essentiel à jouer, pour transmettre l’expérience des luttes passées, à travers leur analyse des erreurs et réussites commises auparavant, et ce que l’on peut en tirer pour les luttes du moment. Un parti révolutionnaire n’est en ce sens qu’un outil à prendre en main pour bâtir un monde débarassé de l’exploitation. Si un mouvement ouvrier en lutte se reconnaît ainsi dans un programme clairement socialiste, il devient alors une formidable force capable de recevoir enfin son dû.

    C’est pour cela que nous sommes présent sur le terrain des luttes, et pour cela aussi que nous voulons être partie intégrante des nouveaux partis des travailleurs qui émergent. Nous y défendons notre programme afin qu’il devienne celui de ces formations, qui, pour réellement défendre les intérêts des exploités, ne peuvent que changer de société.

    Un processus déjà en marche

    Dans plusieurs pays déjà, ce problème a été pris à bras le corps, parfois de manière fort différentes.

    Aux Pays-Bas, c’est sous la forme d’un ancien parti maoïste que cette initiative est née. Fin des années 80’, le SP abandonna ses thèses erronées sur Mao et Staline, et devint peu à peu un petit parti de masse, à l’intérieur duquel commençèrent à affluer une bonne partie des travailleurs les plus combatifs, et également d’autres organisations politiques défendant leurs positions respectives au sein de cette structure large. Hélas, la direction du SP a jeté le bébé avec l’eau du bain, et le socialisme et l’idéal révolutionnaire ont été progressivement abandonnés. Mais le SP reste un point de ralliement à gauche de la gauche traditionnelle hollandaise.

    Pour rester dans nos pays voisins, on peut encore parler de l’Allemagne, où le Linkspartei est issu des mouvements de protestation contre les plans d’austérités de Schröder. Ce nouveau parti a reçu plus de 4 millions de votes (8,7%) aux dernières élections de septembre pour sa première participation. Et ce dans un pays où la social-démocratie semblait plus forte que partout ailleurs.

    En Ecosse, le Scottish Socialist Party a attiré des milliers de jeunes et de syndicalistes tandis qu’en Angleterre également se développent discussions et initiatives pour créer quelque chose de semblable. Et l’on pourrait encore parler de Refondation Communiste en Italie, du Bloc de Gauche au Portugal, ou encore de l’Amérique Latine! Mais la création d’un nouveau parti des travailleurs n’est pas la garantie de son succès futur, et le travail de nos camarades allemands, hollandais, anglais ou brésilien est âpre, et se mène bien souvent contre les tentatives bureaucratiques de limiter le droit d’expression à l’intérieur de ces formations.

    Et en Belgique?

    Finalement, la seule chose qui explique encore le retard de la Belgique dans ce processus est son taux élevé de syndicalisation (de 69,2% en 2000) et concentré dans les deux principaux syndicats CSC et FGTB. S’en prendre aux travailleurs est donc potentiellement beaucoup plus dangereux, ce qui explique les difficultés qu’éprouve la bourgeoisie belge à appliquer son programme d’austérité à la rapidité et avec la violence que lui dictent les bourgeoisies étrangères. Dans ces conditions, le manque d’un relais politique pour le mouvement ouvrier commence à peine à se faire sentir chez les travailleurs.

    Mais les liens étroits qu’entretiennent les directions syndicales avec les partis sociaux-démocrates et sociaux-chrétiens ne peuvent être qu’un gigantesque frein pour l’avancée des luttes et la défense des intérêts des travailleurs.

    C’est pourquoi nous appelons les syndicalistes combatifs et tous ceux qui rejettent la politique du PS à s’unir pour exiger que les syndicats rompent avec ces représentants à peine déguisés du patronat et pour, ensemble, avancer vers la création d’un nouveau parti de gauche pour que celui-ci ne soit pas pris en main par des bureaucrates et des carriéristes mais qu’il soit démocratiquement construit par les travailleurs et les jeunes.

    Signez la pétition pour un nouveau parti des travailleurs

    www.partidestravailleurs.be

  • Le fascisme dans les années ’20 et ‘30

    Quelle galère ! Voilà qu’on me demande d’écrire un article sur “qu’est-ce que le fascisme “ ! Quelle question, j’vous jure…-Un système totalitaire où toutes les libertés de défense et de parole sont bafouées-… ah vous saviez déjà ça, flûte! Bon ben tant pis j’écris quand même!!

    Trahison de la direction

    La venue du fascisme en Europe est, en fait, le fruit de trahison à répétition qu’a subit le mouvement ouvrier. Tout part d’Italie en 1920 où, suite aux acquis de la révolution d’octobre en Russie, la classe ouvrière Italienne se lance dans la lutte pour leurs droits fondamentaux.

    C’est donc en septembre 1920 que les ouvriers Italiens prennent possession des usines et des fabriques! Seulement, le parti socialiste de l’époque eut peur que le mouvement leur échappe et il préférèra freiner le mouvement pour pouvoir continuer à le contrôler. La trahison de la direction et le manque d’alternative a été la base pour le développement du mouvement fascsistes.

    Le coup d’état

    En novembre, les fascistes purent prendre Bologne. Cette trahison a permis la montée en flèche des groupes fascistes à travaers toute l’Italie, car il n’y avait pas de parti de travailleurs qui organise la lutte et construit une réelle opposition face à ces groupes. De plus, les ouvriers ayant été trahi, la plupart n’accordaient plus de crédit aux directions de gauche et certains préfèraient aller écouter les discours, très démagogues, des fascistes, qui se profilent comme un parti d’opposition qui résoudrait les problèmes sociaux!!

    Ce n’est que lorsqu’il s’est rendu compte de la force que les fascistes représentaient (c’est à dire bien trop tard) que le parti socialiste a réagit : il a fait un appel à la grève générale. Malheureusement, il avait tellement mouillé la poudre, craignant qu’elle ne s’enflamme, que la poudre ne prit pas feu. Mussolini a donc pu tranquillement prendre les rennes du pouvoir, car, en plus d’avoir été indirectement aidé par le parti socialiste, il a largement été aidé par les grands capitalistes de l’époque !

    Les consequences

    Ben oui imaginez ce qu’apporte une dictature fasciste : fin des syndicats, anéantissement des organisations ouvrières, défense du grand capital,… Les capitalistes ont utilisés les fascistes pourcasser le mouvement ouvrier organisé. A travers les milices fascistes, des actions de grèves, des réunions syndicales, … étaient impossibles à organiser. Pour ce qui est de l’Allemagne, c’est presque le même déroulement sauf que là, toutes les directions de gauche sont impardonnable car eux ils avaient déjà l’exemple de l’Italie. Mais je rassure tout ceux qui craignent que ça se reproduise, la situation en Allemagne et en Italie était totalement différente qu’aujourd’hui : la misère était énorme et on sortait d’une guerre horrible!!

    Est ce que le fascisme est possible aujourd’hui?

    Et c’est principalement sur la misère que les fascistes se construisent ; évidemment, si les gens ne vivaient pas dans des conditions excecrables, ils ne chercheraient pas une échapatoire politique et ne tomberaient pas dans le piège des discours démagogues fascistes. De plus, à l’époque les fascistes ont échappé en partie au contrôle des capitalistes. Ils mesureraient plus les conséquences avant de faire les mêmes erreurs!

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