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  • Sport et dopage. Un vieux couple infernal

    Depuis l’affaire Festina en 1998, le cyclisme promet chaque année de laver plus blanc. Pourtant, cette année, le Tour de France a été le théâtre d’épisodes pitoyables. Quand les uns étaient pris la main dans le sac, les autres se prenaient les pieds dans le tapis. Tout cela sur fond de guéguerre entre l’UCI (Union Cycliste Internationale) et la Société du Tour. Comment en est-on arrivé là ?

    J. Larock

    Officiellement, l’histoire du dopage a débuté en 1967, lorsque Tom Simpson s’est écroulé sur les pentes du Ventoux, sous un soleil de plomb. Dans les faits, le dopage est aussi ancien que le Tour de France. Et l’on pourrait faire le même constat pour d’autres sports. À cette époque héroïque, chacun y allait de son petit remède miracle pour être plus fort et oublier la douleur. Le journaliste Albert Londres en a notamment décrit l’usage au moment du Tour de France de 1924: «Les coureurs enduisaient le fond de leur cuissarde. La cocaïne pénétrait progressivement par voie cutanée et permettait d’améliorer les conditions de course.» Après la seconde Guerre, des produits plus sophistiqués ont fait leur apparition, à commencer par les amphétamines.

    À ses débuts, la lutte antidopage a rencontré une forte résistance de la part des cyclistes, qui y voyaient une atteinte insupportable à leur liberté. Aujourd’hui, la donne a changé, et l’on entend quelques professionnels réclamer un Tour de France à l’eau claire. Mais si l’on sonde le peloton, chacun sera certainement d’accord de rouler « propre » s’il est certain que tout le monde observera le même code de conduite. Et c’est là que le bât blesse. Car l’innovation en matière de produits dopants et masquants a souvent une longueur d’avance sur l’efficacité des contrôles. Résultat des courses : la plupart des contrôles sont négatifs alors que les valises des soigneurs et autres accompagnateurs sont pleines.

    Mais comment en est-on arrivé là ? Si l’on compare le Tour d’aujourd’hui à celui des débuts, il n’y a aucun doute, c’était beaucoup plus dur avant. Aujourd’hui, les distances sont plus courtes, les vélos deux fois plus légers, les méthodes d’entraînement nettement plus performantes et les possibilités de se soigner « légalement » beaucoup plus étendues. On pourra toujours objecter que certaines étapes de montagne sont inutilement corsées et entament sérieusement la résistance des organismes. C’est sûr. Mais avec un bon entraînement, ça passe sans dopage.

    Les raisons du dopage ne doivent donc pas être recherchées dans les épreuves en elles-mêmes, mais dans la compétition mercantile, telle qu’elle est organisée et donnée en spectacle. Alors que de nombreux travailleurs « normaux » ont recours à toutes sortes de substances nocives pour « tenir » au bureau, les sportifs sont confrontés à des injonctions totalement contradictoires : rester clean et gagner. Car sous le feu des projecteurs et des sponsors, l’important n’est pas de participer, mais de gagner. Il n’y a pas de place pour le deuxième. Or, le cyclisme est un des sports qui exige le plus de sacrifices. Ne pas gagner devient alors une épreuve psychologique très difficile à surmonter pour les sportifs.

    Ce visage du sport n’est pas du au hasard ni à la fatalité. Il résulte à la fois de la pression financière (le sport est devenu un secteur économique gonflé aux anabolisants médiatiques) et la pression du vedettariat qui s’attache à transformer les sportifs en icônes d’une société hypercompétitive. Cette pression a envahi le sport à tous les niveaux. Rentrez dans un magasin de sport et vous y trouverez toutes sortes de compléments alimentaires, d’acides aminés et autres substances miracles. Une variété impressionnante de moyens est à la disposition des sportifs du dimanche, dans un seul but : la performance. Pourquoi s’étonner dès lors que les « pros » aillent un peu plus loin ?

    Dans ce système, dopage et lutte antidopage sont les deux faces d’une même pièce : le dopage est le passage obligé de nombreux sportifs qui veulent atteindre la gloire ou simplement satisfaire leurs sponsors. La lutte antidopage menée par les instances officielles ressemblent plus une complainte hypocrite qu’à une volonté réelle de rendre le sport plus propre. Le but des autorités semble plutôt d’essayer de maintenir un cache-sexe devant le sport professionnel pour qu’il puisse continuer à passionner les foules et à diffuser l’idée d’une « saine compétition » dans l’opinion. Car si l’on est prêt à accepter que c’est forcément le meilleur qui gagne et qu’il y a toujours un arbitre pour punir les tricheurs, on peut aussi accepter ce principe dans la vie. Or, chacun ne naît pas avec les mêmes chances, tout comme le sprinter de 80 kg n’a aucune chance face au grimpeur, dans la montagne.

    Ce n’est pas un hasard si la droite nous parle souvent de la valeur du travail, du goût de l’effort cher à la « France qui se lève tôt ». Ce sont autant de bobards qui nous font croire que si on le veut vraiment, si on se bat pour y arriver, on peut sortir de la misère et même devenir riche ou célèbre. Comme dans le sport… Sauf qu’au départ, tout le monde n’est pas égal. Que ce soit dans le sport ou dans la société capitaliste « libérale », il y a des chasses gardées et des barrières invisibles.

    L’entraînement acharné ne suffit pas toujours pour arriver au sommet. Tout comme le travail acharné ne permet pas de devenir un grand patron d’industrie. Ceux qui veulent nous le faire croire sont des menteurs. Quand la réalité du dopage éclate à la figure des autorités morales du sport, ils nous ressortent chaque fois la même litanie : « Cette fois, on a compris, ça n’arrivera plus jamais. On va prendre des mesures draconiennes ! ». On entend à peu près le même discours à chaque crise boursière… Le capitalisme financier serait-il dopé lui aussi ?

    Pour sortir de ce cycle infernal, il faut changer radicalement de direction. C’est-à-dire mettre un terme au système économique qui régit le sport et qui en a fait un modèle idéologique. Dans une société où la Justice sociale aurait remplacé la compétition de tous contre tous, le sport pourrait avoir un autre visage : celui d’une activité de loisirs avant toute chose. La compétition et le spectacle ne disparaîtraient pas pour autant, mais ils seraient pratiqués dans un esprit fraternel, débarrassé de toute idolâtrie et de tout mercantilisme. Dans une telle société, un vrai débat pourrait avoir lieu sur la place du sport dans notre vie, en tant qu’acteurs ou spectateurs, sur son rôle pour la santé… Autant de questions bien plus importantes que celle de savoir si Rasmussen était en Italie ou au Mexique pour se « préparer ».

  • Ecole d’été du CIO: Une alternative au capitalisme est nécessaire et possible !

    Plus de 300 membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, l’organisation internationale dont le MAS/LSP fait partie) venus essentiellement d’Europe mais aussi d’Amérique, d’Asie et d’Afrique se sont rassemblés début août pour une semaine de discussions et d’analyses politiques.

    Els Deschoemacker

    Un grand thème de discussion cette année a été la possibilité d’une nouvelle crise économique dans la foulée de la crise boursière de cet été et les conséquences qu’une telle crise aurait pour le capitalisme mondial. L’autre fait marquant a été la radicalisation de la lutte pour le socialisme en Amérique Latine qui peut jouer un rôle d’exemple pour les travailleurs partout dans le monde.

    Cette lutte se développe à un moment où capitalisme connaît des problèmes grandissants, sur le plan économique et politique. Les interventions impérialistes en Irak ou en Afghanistan ont mené à la misère et à l’instabilité sans apporter de victoires pour l’impérialisme. Parallèlement, des alliés-clés pour l’impérialisme américain connaissent des problèmes aigus et une instabilité croissante. C’est notamment le cas pour la Turquie et le Pakistan.

    En Europe, le mécontentement envers la politique néolibérale augmente. Là où des formations crédibles de gauche existent, elles ont obtenu des scores électoraux parfois très importants comme aux Pays-Bas ou en Allemagne. Là où il n’y a pas de telles forces crédibles, la droite a gagné du terrain dans les élections et les gouvernements. Cela peut mener à des confrontations sociales et politiques plus dures dans lesquelles la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs apparaitra plus clairement et prendra une grande importante.

    Pendant cette école d’été, nous avons eu des discussions plénières avec tous les participants mais également des commissions plus réduites permettant d’’avoir des discussions moins formelles. Ces commissions ont porté entre autres sur le rôle de la religion, notre travail jeune, le racisme et l’immigration, la position des femmes dans la société, notre travail en Afrique, la situation dans les pays de l’Europe de l’Est,…

    L’école d’été s’est clôturée avec des rapports vivants des activités des sections du CIO partout dans le monde. L’année dernière, nous avons consolidé les premières bases de la construction d’une nouvelle section au Venezuela, nous commençons également à construire en Bolivie ou en Italie ert nous avons une série d’opportunités dans d’autres pays.

    Dans la construction de nos sections nationales, nous sommes souvent confrontés à l’absence de partis politiques qui soient préparés à répondre au mécontentement existant dans la société et à lui offrir une réponse politique claire de rupture avec le capitalisme. La confusion idéologique qui a suivi la chute du stalinisme n’a certainement pas totalement disparu, malgré la croissance de la résistance active contre le néolibéralisme.

    Le manque de clarté sur les possibilités d’une alternative au système peut freiner le développement d’une résistance active et des mouvements de lutte contre les attaques auxquelles nous sommes confrontés.

    La croissance économique des dernières années était surtout basée sur une super-exploitation des travailleurs et sur une croissance du fossé entre riches et pauvres. Cette croissance économique a laissé un peu de marge de manoeuvre aux gouvernements.

    Mais une crise peut mettre fin à ces marges de manoeuvre et amener patronat et gouvernement à lancer des attaques beaucoup plus dures. Cellesci pourront mener à une résistance, pour autant qu’il y ait des perspectives pour la construction des mouvements de lutte collective. Sinon la méfiance passive et la débrouille individuelle continueront à dominer.

    Le CIO a construit des points de support partout dans le monde. Nous avons gagné une certaine autorité et du respect avec nos campagnes et nos interventions. Les possibilités pour la construction d’une alternative socialiste peuvent croître dans la prochaine période avec une ouverture plus grande pour des critiques anticapitalistes.

    Nous devons nous préparer à des changements rapides et fondamentaux dans la conscience de larges couches de la population. En même temps nous devons continuer à mener des actions et à diffuser nos idées parmi ceux qui sont déjà maintenant ouverts à la discussion sur une alternative socialiste.

    N’hésitez pas à rejoindre le MAS et donc aussi notre organisation internationale, le CIO. Ensemble avec vous, nous voulons lutter pour un monde plus juste, un monde socialiste !

  • Ecole d’été. Meeting : 90 ans après la révolution russe, quelle est son actualité ?

    Si nous avons tenu un tel meeting durant notre école d’été, c’est parce que nous basons nos méthodes sur l’expérience passée du mouvement ouvrier. A travers celle-ci, nous pouvons acquérir une meilleure vision de la manière dont un mouvement se développe. D’une façon générale, cette expérience passée nous a démontré l’importance de la classe ouvrière et de la construction de ses instruments de lutte. Quant à la révolution russe, elle nous a montré qu’il était possible de briser les chaînes du capitalisme.

    Durant ce meeting, quatre orateurs ont pris la parole : Lucy Redler, de notre organisation-sœur en Allemagne, Sandi Martinez, de notre organisation-sœur au Venezuela, Denis Youkovitch, de notre organisation-sœur en Russie et enfin Peter Taaffe, de notre Secrétariat International.

    Lucy Redler : « La révolution russe ne fut pas seulement un événement russe : l’exemple de l’Allemagne »

    « John Reed a eu bien raison d’appeler son livre-reportage sur la révolution russe « Les 10 jours qui ébranlèrent le monde » : l’enthousiasme créé par cet événement unique a été gigantesque. D’emblée, la révolution russe est devenue un point de référence crucial pour tous ceux qui voulaient en finir avec le capitalisme et la guerre.

    L’écho formidable de la Révolution russe en Allemagne

    En Allemagne, comme dans d’autres pays, ce n’est pas seulement le front qui a été touché par l’onde de choc de la révolution, l’arrière également en a subit l’influence. Mais dès avant 1917 existait déjà une couche de militants radicaux qui n’avaient pas accepté la trahison direction du SPD, le parti social-démocrate allemand qui s’était aligné sur sa bourgeoisie dans la guerre. Ces militants radicaux sortirent peu à peu de l’isolement et l’on a vu, par exemple, une grève se développer en avril 1916 contre les souffrances et les privations imposées par la guerre. Les principales figures parmi ces militants radicaux étaient Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, les fondateurs du groupe Spartakus qui a rassemblé les révolutionnaires.

    La révolution russe eut pour effet de radicaliser la classe ouvrière allemande, ce qui entraîna une vague de grèves et de protestations diverses. L’aile gauche du SPD scissionna et créa un nouveau parti, l’USPD, centriste et pacifiste. Tant parmi les masses que parmi les révolutionnaires, le slogan bolchévique de « paix sans annexions » avait un gigantesque échos. Deux mois à peine après l’Octobre Rouge russe, une grève réclamant la fin de la guerre fut menée par les deux tiers des travailleurs allemands. Des travailleurs allaient jusqu’à saboter dans les usines les tanks qui étaient destinés à être envoyés en Russie pour soutenir les contre-révolutionnaires durant la guerre civile.

    Le développement des idées révolutionnaires en Allemagne revêtait une importance particulière pour les bolcheviks. Quand, en septembre 1917, Lénine déclara que l’on se dirigeait vers une chaîne de révolutions, il ne faisait qu’exprimer une certitude répandue chez tous les révolutionnaires : ils ne croyaient pas au « socialisme dans un seul pays ». Dans la Pravda, le journal des bolcheviks, Lénine salua les révolutionnaires russes qui avaient enclenché la révolution mondiale. A ce moment, l’Allemagne avait la classe ouvrière la plus organisée au monde. Nadeja Kroupskaïa, la femme de Lénine, raconta que les premiers jours de la révolution allemande furent les plus beaux de la vie de Lénine.

    Très rapidement, Karl Liebknecht proclama la naissance de la république socialiste allemande du balcon du palais du Kaiser Guillaume II en tendant la main aux révolutionnaires du monde entier pour qu’ils continuent la révolution.

    Hélas, la vieille machine d’Etat était encore sur pied et grâce à l’aide de l’armée et à la trahison de la direction des sociaux-démocrates, la révolution a été noyée dans le sang. Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ont été exécutés, ce qui a laissé la classe ouvrière allemande et le tout jeune Parti Communiste allemand sans direction.

    En fin de compte, lors de la révolution allemande, les soviets et conseils ouvriers n’étaient pas assez organisés, il n’y avait pas une direction révolutionnaire reconnue par la classe ouvrière et l’influence du groupe Spartakus le jour où éclata la révolution était hélas trop faible.

    La défaite de la révolution allemande et ses monstrueuses conséquences

    Malgré tout, le processus révolutionnaire dura jusqu’en 1923. Cette défaite de la révolution allemande a eu des répercussions énormes au niveau international et pour l’Allemagne même. Si la révolution avait triomphé, l’histoire aurait été totalement différente. Le nazisme n’aurait jamais vu le jour, la Deuxième Guerre Mondiale non plus. D’autre part, l’isolement des révolutionnaires russes dans un pays arriéré a ouvert la voie à la réaction et à la dictature bureaucratique. En 1924, Staline mit en avant le « socialisme dans un seul pays », à la fois pour se débarrasser de la tâche de la construction de la révolution mondiale ainsi que pour protéger les intérêts de la bureaucratie et ses privilèges, y compris en empêchant le développement d’une autre révolution qui aurait remis tout cela en cause.

    Ainsi, quand le nazisme gagna en importance et en influence, les directions du Parti Communiste stalinisé et du Parti Social-Démocrate ont refusé le front unique ouvrier pour empêcher la prise du pouvoir par le fascisme, comme l’avait préconisé Léon Trotsky.

    Après la Deuxième Guerre Mondiale, une économie planifiée a été instaurée en RDA, mais sans contrôle démocratique de la classe ouvrière.

    Malgré tout ça, les Allemands croient encore dans une certaine mesure au socialisme. Malgré le stalinisme et la propagande actuelle contre le socialisme, 48% des anciens Allemands de l’Est pensent que le socialisme et la démocratie sont possibles. »

    Sandi Martinez : « Au Venezuela : le Socialisme ou la mort ! »

    « Notre révolution doit être internationale. A ce titre, deux points sont particulièrement importants pour la révolution russe.

    • La conscience des travailleurs. En Russie, l’évolution de cette conscience entre 1905 et 1917 a été fort grande.
    • Le rôle de Lénine et Trotsky dans le cadre du développement de cette conscience pour que les travailleurs prennent le pouvoir pour construire une société socialiste.

    Il y a un parallèle à faire avec le Venezuela. Aujourd’hui, la conscience que les travailleurs doivent prendre le pouvoir par eux-même n’existe pas. Une des tâches les plus importantes de notre organisation au Venezuela est de faire prendre conscience de cette nécessité aux travailleurs vénézuéliens. Les conditions existent pour effectuer cette prise de pouvoir, mais il manque encore un instrument – une organisation – et une direction. Construire cet outil de lutte est une tâche cruciale.

    Nous pensons que le parti révolutionnaire de masse dont les masses vénézuéliennes ont besoin n’a rien à voir avec le nouveau parti de Chavez qui ne se construit pas à partir du bas de la société. Ce que nous voulons est un véritable parti révolutionnaire, pas un mélange des anciennes organisations plutôt réformistes qui ont récemment fusionné. Il est absolument nécessaire d’avoir une idéologie claire.

    Quoi qu’il puisse arriver à l’avenir, nous devons nous assurer que le thème du parti des travailleurs ne tombe pas à l’eau.

    Le socialisme ou la mort ! »

    Denis Youkovitch : « Les acquis de la révolution ont été dégénérés par Staline et la bureaucratie »

    La révolution russe a été le tournant le plus fondamental dans l’histoire humaine. Pour la première fois de l’Histoire, ce sont les travailleurs qui ont pris le pouvoir entre leurs mains en montrant qu’un autre monde était possible.

    Malheureusement, cette expérience n’a pas été aussi loin que ce que nous voulions.

    Le premier des acquis obtenus par la révolution russe, l’économie planifiée, a permis à la Russie arriérée de faire des bonds gigantesques en avant. Il faut ajouter à cela bien d’autres acquis dont l’un des plus importants a été le droit laissé aux minorités à disposer d’elles-mêmes.

    Mais tout cela a été dégénéré par Staline et la bureaucratie. Aujourd’hui, la bourgeoisie russe, qui descend de la bureaucratie, tente de récupérer l’Histoire à son avantage. Mais le capitalisme créé lui-même ses fossoyeurs.

    Jeunes et travailleurs remettent actuellement de plus en plus en cause le système d’exploitation capitaliste.

    Pour en finir avec la pauvreté : en avant vers la révolution socialiste mondiale ! »

    Peter Taaffe : « Faisons du 21e siècle celui de la révolution socialiste ! »

    « Durant cette semaine d’école d’été, nous avons déjà beaucoup discuté, mais il est absolument correct de prendre le temps de regarder cet événement qui a été le plus grand de l’histoire.

    Comment les capitalistes voyaient-ils la révolution russe ?

    Un général russe s’étonnait, et s’indignait, de voir par exemple un concierge devenir ministre, de voir des travailleurs prendre en main leur destinée. Mais sur le coup, la classe capitaliste n’a cependant pas accordé beaucoup d’importance à l’événement. L’ambassadeur de France déclara même qu’un régiment de cosaques suffirait à faire revenir l’ordre. Même l’écrivain Maxime Gorki, pourtant compagnon des bolcheviks, estimait que la révolution russe ne durerait pas deux semaines.

    Ce n’est que par après que s’est enclenchée la plus grande campagne réactionnaire de tout les temps.

    Le grand quotidien bourgeois anglais The Times titrait régulièrement « Lénine assassiné par Trotsky », « Trotsky assassiné par Lénine »,… et même une fois en première page « Trotsky a assassiné Lénine au cours d’une bagarre d’ivrognes ». Mais cette campagne est restée sans effet !

    Pour les masses, la révolution russe n’était pas vue comme un désastre, mais comme une porte ouverte vers un avenir meilleur. Suite au manque d’effet de cette propagande, c’est la pression militaire qui s’est exercée sur la Russie, à tel point qu’à un moment, il ne restait presque plus que Moscou et Petrograd sous le contrôle des soviets. Si ces derniers ont réussi à aller jusqu’à la victoire, ce ne fut pas grâce à la puissance militaire, mais bien grâce au fait que les révolutionnaire surent gagner à eux les masses exploitées de Russie. Car la guerre civile fut en premier lieu politique.

    Après la guerre civile, la campagne menée par les capitalistes fut une campagne de distorsion de l’histoire. Jusqu’à la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’Union Soviétique, c’était assez logique. Mais pourquoi continuer après ?

    C’est que les capitalistes du monde entier craignent que cela se reproduise un jour.

    Tirons les leçons de la révolution russe !

    Nous ne vivons pas du passé, nous apprenons de lui. Marx et Engels avaient ainsi analysé la révolution française pour comprendre le flux et le reflux révolutionnaire. Lénine et Trotsky ont quant à eux regardé la Commune de Paris en 1871 ou encore la première révolution russe de 1905. De la même manière que les généraux regardent les batailles passées pour améliorer leur technique, nous devons apprendre de l’expérience de la classe ouvrière.

    Les bourgeois ne comprennent pas que la révolution est un processus qui englobe de larges masses et dans lequel les révolutionnaires agissent par la propagande et l’agitation. La révolution ne se fait pas sous l’action de « grands hommes ».

    C’est la guerre impérialiste de 14-18 qui a accéléré le rythme de la révolution. Mais il n’y eut que deux hommes qui ont compris ce qui se passait en Russie dès le mois de février 1917, l’un à Zurich, l’autre à New-York : Lénine et Trotsky. A l’opposé des autres Bolcheviks, y compris Staline, ils ne voulaient accorder aucun soutien au Gouvernement Provisoire qui succéda au Tsarisme et qui défendait en dernière instance les intérêts de la bourgeoisie. Il y a là un parallèle à faire avec Bertinotti et Refondacione Comunista actuellement en Italie, qui sont entrés dans le gouvernement de Prodi. Quand Lénine est arrivé à la gare de Saint Petersbourg et qu’un jeune lui déclara son désir de le voir intégrer le Gouvernement Provisoire, il l’écarta et s’adressa à la foule en saluant les travailleurs russes pour avoir commencé la révolution mondiale.

    Les Bolcheviks n’avaient au début que peu d’influence mais, malgré cela, les pressions qu’ils eurent à subir de toutes parts furent gigantesques. Mais ils sont allés vers les masses en ignorant les querelles parlementaires. Aujourd’hui, agissons de même : ignorons les bureaucrates syndicaux et allons nous adresser à la base !

    Mais Lénine ne disait pourtant pas directement qu’il fallait renverser le Gouvernement Provisoire : il fallait que la classe ouvrière apprenne peu à peu sous la propagande bolchévique dont les slogans étaient : « Tout le pouvoir aux soviets » et « A bas les 10 ministres capitalistes ».

    Nous ne pourrons pas ici entrer dans tous les détails et tous les niveaux de la révolution russe mais cet événement doit être étudié avec la plus grande attention.

    En juillet 1917, à Petrograd, la classe ouvrière est descendue dans la rue : après avoir fait la révolution, les travailleurs se sont aperçu qu’on leur volait les fruits de leurs luttes. Et cette question reste d’actualité : comment faire pour aller jusqu’à la victoire ? Il ne faut pas s’arrêter, on ne peut pas faire la révolution aux trois-quarts.

    Faire la révolution jusqu’au bout

    Quand en 1936, suite à la tentative de coup d’Etat fasciste, les travailleurs espagnols sont passés à l’offensive dans les rues, les capitalistes sont partis, il ne restait plus que leurs ombres. Les 4/5 de l’Espagne étaient aux mains des travailleurs. Hélas, cela se termina pourtant par un échec car le processus révolutionnaire n’est pas allé jusqu’au bout et avait été freiné sous le mot d’ordre de « lutter d’abord contre le fascisme ». En définitive, ce sont les fascistes qui remportèrent donc la victoire.

    Le 20e siècle a été un siècle de révolutions : en Russie en 1905 et 1917, en Chine en 1926-27, en Allemagne en 1918-23, en Espagne en 1936, mai ’68 en France,…

    En 1968, De Gaule avait même quitté le pays et imaginait marcher sur la France avec le général Massu. Pourquoi cet événement fut-il un échec pour les travailleurs ? Il n’y avait pas de parti révolutionnaire de masse, le Parti Communiste stalinisé jouant le jeu de la réaction.

    Les historiens bourgeois disent que le stalinisme découle du léninisme. L’objectif est de détruire le bolchévisme. Mais Staline représentait la réaction totalitaire de la bureaucratie contre l’émancipation libératrice du socialisme. Trotsky a passé le reste de sa vie à lutter contre Staline et l’a payé de sa vie.

    Rendons hommage à la révolution russe : Organisons-nous pour la prochaine révolution !

    Dans la période où nous entrons, l’expérience de la révolution russe ressurgira. Il s’agissait d’une révolution dans un pays arriéré et, dans un certain sens, il était peut-être plus facile de prendre le pouvoir dans un tel pays où la bourgeoisie était très faible que dans un pays capitaliste développé. Mais ce pouvoir était par contre plus difficile à garder. Aujourd’hui, les conséquences d’une révolution dans un pays comme l’Inde ou le Brésil seraient beaucoup plus grandes qu’à l’époque.

    Quand la Deuxième Internationale s’est effondrée suite au vote des crédits de guerre, Lénine et Trotsky ont dit qu’il fallait une autre Internationale. C’est pour réaliser cet objectif que se déroula en 1915 la conférence de Zimmerwald. Trotsky a dit à cette occasion que les internationalistes tenaient en deux voitures. Nous avons aujourd’hui un peu plus de voitures. Mais, deux années plus tard, il y avait la révolution russe. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il y aura une révolution dans deux ans !

    Notre objectif est de créer une Internationale révolutionnaire de masse. Le Comité pour une Internationale Ouvrière pourrait en être l’embryon. Nous ne proclamons pas ce que nous ne sommes pas mais, en comparant nos idées à celles des autres, nous pouvons être marqués par le potentiel et l’accumulation de cadres que nous avons déjà réalisés.

    Cela ne fait aucun doute que le capitalisme ne peut pas dépasser ses limites. Ce n’est pas du dogmatisme, c’est de l’analyse. La question est de savoir si nous allons être capables de ne pas reproduire les erreurs du passé.

    A l’occasion de l’anniversaire de la révolution russe, pensons aussi à ces milliers et milliers d’anonymes qui ont fait cette révolution. Mais saluons aussi, entre autres, Karl Marx, Friedrich Engels et Rosa Luxembourg, la plus grande femme révolutionnaire de tous les temps. Faisons du 21e siècle celui de la révolution socialiste ! »

  • France. La Sarkolande s’installe

    Sarkozy est donc devenu Président et les élections législatives de juin devraient normalement lui donner une majorité parlementaire confortable. Le “peuple de gauche” est sonné, le PS est dans les cordes, le PC et les Verts sont laminés. La France va-t-elle donc devenir durablement la Sarkolande?

    Par Jean Peltier, Dernier sur la liste pour la Chambre à Liège

    Comment expliquer qu’un type qui a été ministre pendant cinq ans dans les gouvernements de droite de Raffarin et Villepin et qui se présente comme candidat avec un programme encore plus libéral et autoritaire que ceux-ci réussisse à se faire élire dans un pays où des millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté et fait grève contre des mesures de ces gouvernements (attaques contre les pensions en 2004, CPE en 2006) et rejeté le projet de constitution européenne en 2005 ?

    Néo-conservateur

    Sarkozy est certainement un tacticien particulièrement doué, un politicien capable de tous les coups bas et un démagogue qui ne recule devant rien. Il a aussi bénéficié d’un soutien total – et généreux – de tout le patronat et, en particulier, des magnats de la presse (Bouygues, Lagardère) dont les journaux lui ont déroulé le tapis rouge pendant toute la campagne. Mais les raisons de son succès sont plus profondes et plus dangereuses. Mieux que tous ses prédécesseurs, il a réussi à exploiter les divisions (“Des millions de travailleurs bossent courageusement pour un petit salaire pendant que beaucoup de chômeurs touchent des allocations pour glander”) et les peurs (“Les honnêtes gens n’osent plus sortir le soir parce que les jeunes délinquants immigrés font la loi dans les cités et rêvent de mettre à feu les centre-villes”) pour vendre un programme de flexibilisation à outrance du travail, d’“américanisation” de la société et de répression accrue qui accentuera encore ces problèmes.

    En face, la réponse de la gauche a été pathétique. Pour pouvoir contrer Sarkozy, le PS aurait dû mettre en avant un programme permettant de réunifier les travailleurs en montrant que les vrais responsables de la situation ne sont pas les jeunes immigrés et les chômeurs mais le grand patronat dont les profits explosent et les impôts chutent. Ce que le PS ne pouvait évidemment pas faire puisqu’il lui aurait fallu pour cela remettre en cause toute la politique qu’il a, lui aussi, menée au pouvoir sous Mitterrand et Jospin.

    Royal a donc choisi d’accentuer au contraire le virage libéral du PS, au nom de la “modernisation” du parti. Là où Sarkozy faisait dans le néo-libéralisme “pur et dur”, Royal a donc fait dans le néo-libéralisme “social” tout en glissant à la suite de Sarko sur le terrain du patriotisme retrouvé (la Marseillaise dans les meetings et le drapeau français aux fenêtres) et des réponses répressives (l’encadrement militaire des jeunes délinquants). Cette stratégie n’avait rien de convaincant et de mobilisant à proposer aux couches populaires – sauf la peur de Sarkozy – et Royal est restée sur le carreau.

    Eté décisif

    Sarkozy veut aller vite. Les premières attaques – vraisemblablement contre le droit de grève (par l’obligation d’assurer un service minimum dans les services publics en cas de grève) et l’autonomisation accrue des universités (pour mieux les mettre en concurrence financière et ouvrir la voie à leur privatisation) tomberont avant et pendant l’été. Elles seront un test crucial. Si elles rencontrent une résistance massive et déterminée, Sarkozy devra mettre le pied sur le frein. Si ce n’est pas le cas, la démoralisation amorcée par les élections pourrait entraîner une vraie démobilisation.

    Deux grands enjeux vont dominer la gauche dans les prochains mois. Le PS va-t-il conserver son unité (et à quel prix, si ce n’est celui de l’inertie ?) ou les dirigeants de son aile droite (Royal, Strauss-Kahn) vont-ils se rapprocher du centriste Bayrou – abandonnant les dernières références au socialisme et les derniers liens avec le mouvement ouvrier – dans la perspective de créer ensemble un nouveau parti ouvertement pro-capitaliste sur le modèle du Parti Démocrate américain, comme c’est aussi en train de se passer en Italie ?

    Et, plus important sans doute pour l’avenir, l’intérêt pour la campagne de Besancenot, l’afflux dans ses meetings (le double de participants comparé à 2002) et son bon score montrent clairement le potentiel qui existe, bien au-delà de la LCR et de la gauche radicale, pour la création d’un nouveau parti avec un programme combatif et anticapitaliste.

    Il est véritablement crucial que des initiatives soient prises rapidement pour avancer dans cette direction afin que les centaines de milliers de travailleurs et de jeunes qui sont prêts à engager la lutte contre Sarkozy aient un outil efficace pour discuter collectivement d’une stratégie pour les luttes, de leurs revendications et plus généralement d’une alternative au système.

  • La Russie de Poutine fait couler du sang homosexuel

    "Pédés, pervers!" "Renvoyez les tapettes dans les camps de concentration"… Voilà les cris qui ont déchaîné Moscou lors du 14ème anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité en Russie. Rien (ou presque) ne laissait présager que ce dimanche d’apparence ordinaire serait marqué par des violences homophobes dans la capitale ni que les visages en sang des rescapés homosexuels allaient horrifier l’Europe toute entière à la veille du sommet du G8 en Allemagne.

    Tout remonte à l’année dernière, au moment où des centaines de militants LGBT (lesbiennes, gays, bi’s, trans-genres ou hétéros) se sont rassemblés à Moscou pour la première Gay Pride russe. Cette manifestation avait été interdite. Devant la ténacité des homos à faire valoir leurs droits, celle-ci a quand même eu lieu, mais fût violement réprimée (un article de notre Internationale publié sur ce site relate ces évènements).

    Aujourd’hui, les plaies ayant cicatrisé, les homos ont décidé de revenir à la charge. Au programme cette année, manifester devant le bureau du maire de la ville et lui remettre une pétition pour protester contre l’interdiction de la Moscow Pride 2007.

    Evidemment, les déclarations des politiciens et des religieux ne se sont pas faites attendre. Le mufti suprême de la région de Talgat Tajuddin a également déclaré: "S’ils vont dans la rue, il faudra les frapper. Tous les gens normaux le feront, qu’ils soient musulmans ou orthodoxes." Il a ajouté que le Prophète Mahomet a ordonné de tuer les homosexuels, car "leur comportement conduirait à la fin de l’espèce humaine". Selon l’évêque orthodoxe Daniel Yuzhno-Sakhalinsk, cette marche n’est qu’une "plaisanterie cynique", il a comparé l’homosexualité à la lèpre et a mis en garde la population contre "la propagande du vice".

    Lors de la première Gay Pride, un député nationaliste criait fièrement: "J’ai une solution pour les homos: la Sibérie!". Depuis l’an dernier déjà, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, affirme que toute tentative pour organiser une Gay Pride (qu’il qualifie d’"acte satanique" sic!) serait "résolument écrasée". Issu de la droite dure, Igor Artioumov a tenté de légitimer sa récente attaque contre une boîte homo de Moscou en déclarant: "Je proteste contre ces sodomites qui rampent comme des cafards!". Le président russe a lui même sous-entendu lors de sa conférence de presse annuelle que "les homosexuels nuisent à la cause nationale en ne participant pas au renouvellement des générations" etc.

    Les organisateurs de la Gay Pride avaient quant à eux invité les journalistes internationaux, des VIP’s et plusieurs députés d’Angleterre, de Belgique, de France, des Pays-Bas, d’Italie, du Brésil et du Parlement européen, croyant naïvement que leur présence empêcherait que le mouvement soit à nouveau réprimé.

    Mais rien à faire, la Russie de Poutine se la joue dure. Comme en 2006, la disproportion entre le dispositif policier et le petit nombre de manifestants était évidente.

    La presse de droite colporta si bien les menaces homophobes que le rassemblement dégénéra en une véritable chasse aux homosexuels. Des néo-fascistes ont rué de coups les manifestants aux cris de "morts aux homosexuels". A chaque fois, les policiers ont tardé à intervenir. Le député européen Marco Cappato a été agressé par un groupe de néo-nazis alors qu’il parlait à des journalistes. "Que fait la police? Pourquoi ne nous protégez-vous pas?", a-t-il lancé aux policiers qui l’ont ensuite arreté malgrè son immunité parlementaire puis placé dans le même camion que plusieurs militants d’extrême droite.

    En Russie, le climat anti-gay a en effet donné confiance aux fascistes pour entrer en jeu et laisser sortir toute leur haine, sans scrupule. Un groupe de jeunes hommes solidement bâtis se sont présentés équipés de masques chirurgicaux, destinés selon leurs termes à les protéger de la "maladie homosexuelle". D’autres, brandissant fièrement des photos d’Hitler, faisaient le salut nazi en beuglant "nous sommes pour un véritable amour (sic!)". Un homme muni d’un crucifix "venu aider les policiers" a menacé de s’en servir pour frapper tout homosexuel qui croiserait son chemin.

    En plus de recevoir des coups, les homosexuels qui défendaient leurs droits ont été arreté manu militari, jetés dans un camion de la police et emmené sous les yeux de dizaines de journalistes. Plusieurs fachos ont également été interpellés (puis immédiatement relachés) pour avoir frappés des homos ou des députés. La lenteur de l’intervention des policiers leur laissait cependant tout l’espace pour asséner plusieurs coups rapportent les témoins. Selon Scott Long, un militant de Human Rights Watch, ONG de défense des droits de l’homme: "La police n’a pas vraiment essayé de séparer les deux camps et, par conséquent, des gens ont été passés à tabac. Je conseillerais aux autorités russes de protéger la liberté de rassemblement et la liberté d’expression, et de protéger les manifestants."

    "Nous défendons simplement nos droits" a déclaré un jeune homosexuel qui saignait du nez après avoir reçu un puissant coup de poing au visage par un homme hurlant "les homos sont des pervers". "C’est atroce, mais cela ne me fait pas peur. C’est un endroit assez effrayant, un pays assez effrayant pour les homosexuels. Mais nous persisterons jusqu’à ce qu’ils nous permettent d’exercer nos droits", a-t-il ajouté.

    "Il faut que nous nous battions pour faire valoir nos droits!" insistait Lena, toute jeune lesbienne qui avec un groupe de copines aura tenu plusieurs minutes face à des néo-nazis qui les couvraient d’insultes. "Vous êtes des animaux!", "Sales putes!" leur lançaient les crânes rasés, bavant de rage. "C’est plutôt vous les animaux!" répondaient bravement les filles. Cette scène-là s’est achevée par des crachats et quelques coups de pieds dans le dos quand elles ont finalement battu en retraite. "Mais nous reviendrons l’année prochaine, et jusqu’à ce qu’on puisse enfin s’affirmer homo en Russie !" assuraient-elles au journal français LIBERATION.

    Les deux chanteuses russes du groupe TATU qui ont bâti leur célébrité en s’affichant lesbiennes étaient également présentes à la manifestation, assaillies tant par les néofascistes que par les journalistes, celles-ci ont rapidement dû fuir la mêlée. Quelque secondes après son arrivée, le leader du mouvement gay, Nikolaï Alexeïev, a été "emmené sans explication" dans un poste de police du centre de Moscou.

    Un député Vert allemand, Volker Beck, déjà roué de coups lors de la première Gay Pride l’an dernier, a de nouveau été battu par des néo-nazis puis interpellé par la police. Une fois libéré, il a déclaré à la presse avoir été ensuite roué de coups par les policiers. Le député allemand a ajouté que lui et ses compagnons d’infortune s’étaient fait confisquer leur passeport au cours de leur détention. La présidente de son parti a exigé que la chancelière Angela Merkel évoque la question des droits de l’homme avec le président russe lors du sommet du G8 prévu le mois prochain en Allemagne.

    Un célèbre défenseur britanique des homosexuels, Peter Tatchell, à été jeté au sol et frappé à deux reprises. Quand il s’est relevé, couvert de sang, il a été frappé une nouvelle fois à l’oeil et embarqué par deux policiers anti-émeutes qui n’étaient visiblement pas génés par les caméras filmant la scène.

    Des nationalistes ont lancé des oeufs sur une député transexuelle de Rifondazione Comunista, Vladimir Luxuria, qui, tremblante, déclarait après coup: "Dès mon retour, je vais faire pression sur notre parlement pour que le président italien évoque ce grave incident avec Vladimir Poutine lors de sa prochaine visite. Malheureusement Nikolaï Alexeïev (le leader du mouvement) restera cette nuit au poste de police et il y aura un procès lundi car il est accusé d’avoir résisté à la police".

    Cependant, ces réactions homophobes ne reflètent pas forcément l’opinion publique car, selon un sondage récent, 51% des russes pensent que les gays et les lesbiennes devraient avoir les même droits que les autres. Mais il est clair que les déclarations politiques ou autres propagent la haine et la violence dans le pays tout entier. Poutine est d’ailleurs arrivé au pouvoir en attisant la haine et les divisions dans son pays (Tchétchénie, terreur, assassinats politiques, magouilles financières…). Le sommet du G8 nous a montré que sa doctrine était: "diviser pour mieux régner". Tenter de faire pression sur la Russie à cette occasion n’est pas sérieux.

    Que faire, alors?

    Nous devons bien sûr nous organiser pour combattre le racisme sous toutes ses formes. Pour changer la donne, nous devons dépasser le chacun pour soi et rester unis: homos et hétéros, hommes et femmes, travailleurs et chômeurs, flamands et francophones, belges et immigrés… mais ce n’est qu’un début.

    Aucun changement radical n’est possible tant que nos vies seront dirigées par des puissances économiques, comme le G8. Notre rôle en tant que socialistes est de prouver que c’est seulement en combattant le système capitaliste, ainsi que toutes les pourritures toxiques qui émannent de lui et en mettant sur pied une nouvelle société basée cette fois sur la solidarité et l’égalité -une société socialiste-, que ces problèmes seront réglés une fois pour toutes.

  • Changements climatiques : Les prix vont suivre la température

    La question de l’écologie et de la préservation de notre environnement est vue parfois comme un problème secondaire, comme une préocupation réservée à ceux qui n’ont que cela à faire. Le cynisme n’est pas étranger au regard que certains portent sur les modifications du climat : « plus de soleil, plus de bronzage ! ». Pourtant, il s’agit d’un problème crucial et pour notre avenir immédiat également.

    Souvent, les militants écologistes ont été vus comme des farfelus. Mais bon, il est vrai que pour un travailleur aux prises avec l’exploitation qu’il subit sur son lieu de travail – avant de replonger dans la vie familliale et les problèmes des enfants, des factures à payer,… – il n’est pas toujours évident d’être sensible au drame que représente la disparition d’un petit mammifère en Asie. D’autant plus que les solutions proposées par les Verts – « officiels » et autres – n’ont régulièrement été que des délires utopistes ou des taxes supplémentaires (évidemment, uniquement pour les consommateurs afin de ne pas effrayer les principaux pollueurs que sont les entreprises).

    Depuis quelques temps, les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), d’autres organismes similaires ou encore ceux de l’ONU ont fait la une de l’actualité. Il est maintenant devenu complètement absurde de nier les effets de l’activité humaine sur la terre. Mais pour beaucoup de gens, les chiffres donnés restent abstraits ou lointains. Pourtant, 50 millions de « réfugiés écologiques » en 2010 à cause des sécheresses et innondations croissantes, ce n’est pas rien. Le culte de l’individualisme qui a déferlé sur la société ces dernières années n’est pas pour rien dans le désintérêt surprenant à l’égard des enjeux du problème.

    Un article paru dans le « Wall Street Journal » et relayé dans le « Courrier International » du 10 au 15 mai donne des données beaucoup plus concrètes sur l’impact du réchauffement climatique sur notre quotidien immédiat. Tout l’article est centré autour de la flambée des prix (l’inflation) alimentaires qui va découler des mauvaises récoltes dues aux températures anormalement élevées et à l’absence de pluie.

    Par exemple, dans le Land de Saxe, dans l’est de l’Allemagne, les prix des denrées alimentaires ont augmenté quatre fois plus que les autres produits de consommation durant le mois de mars de cette année. Et dans l’ensemble du pays, le volume des pluies a été 90% inférieur à la normale durant le mois d’avril. « C’est le mois d’avril le plus sec, le plus chaud et le plus ensoleillé jamais enregistré » déclare le service national de météorologie allemand.

    En France, les températures durant ce mois ont été globalement 10% supérieures aux moyennes saisonnières tandis qu’en Espagne, les bassins de rétention d’eau ne sont remplis qu’à 40% de leur niveau normal. De fait, le mois d’avril 2007 a été le plus sec depuis au moins un siècle en Europe ; jamais en Belgique nous n’avons connu de pareilles chaleurs en avril depuis au moins 1830.

    En Italie, l’organisation patronale redoute les fermetures d’usines durant l’été et le gouvernement est sur le point de décréter l’Etat d’urgence.

    La Banque d’Angleterre a, quant à elle, expliqué que si le Royaume-Uni a eu une inflation de plus de 3% c’était en raison « d’une hausse des prix alimentaires provoquée par une réduction mondiale de l’offre en raison des conditions climatiques ». Et si l’inflation annuelle a atteint 3,1% en mars, les prix de la production agricole ont connu une inflation deux fois supérieure.

    Le tableau est similaire partout en Europe. « L’augmentation des prix est imminente » déclare le patron de Pinguin (conditionneur belge de légumes surgelés). Les prix se situent à « un niveau trompeusement bas depuis des années» dit-il encore.

    Il y a d’ailleurs encore quelques mois, les organisations agricoles misaient sur des récoltes exceptionnelles en raison de l’hiver particulièrement doux que nous avons connu. L’Union Européenne avait même commencé à vendre ses stocks de blé, ce qui avait en conséquence fait diminuer (un peu) les prix.

    Le problème ne se situera pas seulement au niveau de l’alimentation, mais également au niveau de l’électricité car la pénurie d’eau aura aussi des effets sur les centrales électriques.

    A cela, on peut encore ajouter que la canicule de 2003 avait causé plus de 70.000 décès à travers l’Europe et que les services de soins de santé publics se sont dégradés depuis lors…

    Tout ces éléments démontrent que les questions environnementales nous concernent réellement tous. Il est urgent de réfléchir aux solutions à mettre en oeuvre face à la dégradation de l’environnement et ses conséquences, comme par exemple la montée des prix de l’alimentation.

    Conscientiser… ou culpabiliser ?

    De nombreuses campagnes sont mises en oeuvre pour « conscientiser le citoyen ». Il est certain que le gaspillage d’eau et la pollution sont l’oeuvre de toutes les couches de la société, mais en définitive, les véritables responsables ne sont pas les personnes visées par ces campagnes. Culpabiliser le « citoyen » est un moyen commode pour masquer les premiers pollueurs.

    Dans un système basé sur la compétition entre entreprises, il est logique de voir leurs propriétaires faire ce qu’ils peuvent pour éviter de couler. La course aux profits est une nécéssité si un entrpreneur ne veut pas finir dans les poubelles de l’économie. Alors, avec une logique pareille, l’environnement, on s’en préoccupe peu. Pas assez rentable. Frein à la liberté d’entreprendre.

    Alors, comme l’ensemble des politiciens tiennent pour acquis que ce sont les entreprises qui créent l’emploi et qu’il faut les séduire et non les effrayer, on ne fait rien à leur niveau. Et si des lois passent, leur respect est encore tout théorique, sans parler des entreprises qui préfèrent payer des amendes qui reviennent de toute façon moins chères que le respect des normes.

    Donc… on s’attaque au « citoyen ». Mais les taxes touchent tout le monde de la même manière : le patron de Fortis paie la même taxe sur sa cannette de Coca que le livreur intérimaire de Pizza Hut. Il en va de même avec les incitants pour produits écologiquement meilleurs, comme par exemple les voitures moins polluantes. Mais, dans les faits, ce n’est même pas le cas. Car quand on a les moyens, ce n’est pas un problème de changer de voiture, d’installer une série de panneaux solaires ou de consommer des produits plus respectueux de l’environnement, mais aussi plus chers. En définitive, quand on « conscientise le citoyen », on attaque en réalité les travailleurs, les chômeurs, les femmes au foyer, les jeunes,… La majorité de la population ne pourra pas adapter son comportement puisqu’elle n’en a pas les moyens, et en a d’ailleurs de moins en moins.

    De toute façon, les nouveaux impôts ne servent bien souvent même pas à augmenter le budget pour la protection de l’environnement.

    Que faire donc ? L’écologie et le capitalisme sont opposés. Lutter pour préserver l’un, c’est détruire l’autre. Le capitalisme est basé sur le gaspillage. La loi du marché et de la concurrence signifie que personne ne sait ce qui est produit avant que cela le soit. Un peu comme si un étudiant allait à son examen de math pour voir ce qu’il doit étudier. Dans ces conditions, on produit trop et sans que cette production ne soit même nécessaire puisque la base est de rapporter aux actionnaires et aux chefs d’entreprises et non de satisfaire les besoins de la population.

    Le système qui préserverait le mieux l’environnement est une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire où les moyens de produire sont aux mains des travailleurs – et non pas d’une minorité de profiteurs – qui décideraient eux-même de ce qu’ils doivent produire en fonction de leurs besoins. Et parmi ces besoins figure la protection de la planète. L’écologie et le marxisme révolutionnaire sont étroitement liés, contrairement à l’image qu’à pu en donner la caricature productiviste stalinienne des ex-pays « socialistes ». A la lutte pour nos emplois, contre la cherté de la vie, contre le racisme,… doit être liée la lutte pour la préservation de notre éco-système.

  • Les propos scandaleux de Leonard font réagir le mouvement

    Le mouvement gay est un mouvement politique et revendicatif !

    Ces derniers jours, beaucoup d’encre a coulé suite aux nouvelles déclarations de l’évêque de Namur à propos de l’homosexualité et du mariage des couples gays et lesbiens notamment. La RTBF et RTL en ont même fait la Une de leurs JT pendant près d’une semaine.

    Le scandale s’est propagé au moment où Monseigneur Léonard déclarait dans une interview au Télémoustique que «Les homosexuels ont rencontré un blocage dans leur développement psychologique normal, ce qui les rend anormaux. (L’homosexualité) est un stade imparfaitement développé de la sexualité humaine qui contredit sa logique intérieure.»

    Ensuite, sûr de lui, il compare l’homosexualité à l’inceste. Et il termine par une bonne vieille définition du mariage sortie tout droit des évangiles: «c’est une union STABLE entre un homme ET une femme». Il préconise donc, pour les unions homosexuelles, de recourir à une autre appellation: «un pics, un pacs, un pucs [sic!]… tout ce que vous voulez mais pas de mariage», s’exclame-t-il.

    C’est vrai que Léonard n’en est pas à son premier coup d’essai. Cet homme n’a pas été nominé pour rien pour le prix Homophobie il y a deux ans, nous rappelle la Holebi Federatie (regroupant la majorité des association gay en Flandre) qui réaffirme aujourd’hui encore que «ce n’est pas parce que les hétérosexuels sont en majorité que la minorité est anormale! Il n’y a aucune raison de penser cela.» Mais cela ne semble pas gêner Monseigneur Léonard qui, en dépit des mises en garde de la Fédération, a récidivé.

    Pourquoi un tel effroi au sein du milieu LGBT (lesbienne, gay, bisexuel et transgenre) à la lecture de tels propos ?

    Ce sont des propos tels que ceux tenus par Monseigneur, qui légitiment la violence homophobe. Même si la Belgique se trouve sur le plan mondial à l’avant-garde des avancés législatives (droit au mariage et à l’adoption), on voit que celles-ci ne signifient pas pour autant un arrêt des discriminations, préjugés et actes homophobes, que se soit dans la famille, à l’école, sur les lieux de travail ou en matière de logement.

    La vie au quotidien des LGBT reste difficile!

    L’oppression, la répression et les discriminations envers les LGBT restent une réalité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 12,4 % des jeunes gays tentent de se suicider (en rapport avec 5,9 % des garçons hétéros) et 25 % des jeunes lesbiennes (contre 5,4 % des jeunes filles hétéros). Selon une enquête financée par la Commission européenne en Irlande, Finlande, Belgique et Italie, 80 % des gays et lesbiennes de moins de 25 ans déclarent avoir été victime de violences verbales et souvent physiques durant leur scolarité du fait de leur orientation sexuelle différente (ou de leur identité de genre). Ces chiffres éclairent le parcours du combattant qui attend en général tout LGBT.

    Pour permettre aux LGBT d’avoir une vie meilleure, nous devons lutter contre chaque propos homophobe parce que ceux-ci instaurent insidieusement un climat anti-gay dans notre société.

    Devant les propos ignobles de cet évêque, notre mouvement n’a pu rester insensible.

    Nous sommes tous concernés parce que cet évêque ne se contente pas d’attaquer les LGBT, il s’en prend dans la foulée aux préservatifs, à l’avortement et à l’euthanasie (plus d’info sur le site telemoustique.be).

    Avec ceux qui ont été choqués, blessés ou scandalisés par les propos ouvertement racistes et homophobes de Monseigneur Léonard nous avons protesté ce samedi 07 avril 2007 devant la cathédrale de Namur. Une délégation des associations a rendu visite au Seigneur Léonard. Réactions? Celui-ci, sans complexe, a réitéré ses propos scandaleux et a même ajouté devant les journalistes que «la sexualité entre deux personnes du même sexe n’existe pas, elle n’a lieu qu’entre un homme et une femme, par définition!» (enfin, la définition qu’un masturbateur en puissance peut donner au mot sexualité!). Il nie avoir qualifié les homosexuels d’anormaux, mais plutôt l’homosexualité d’anormalité, ce qui constituerait selon lui une forte différence sémantique. Mais qu’est-ce que l’homosexualité si ce n’est les homosexuels qui la constituent ? En tout cas, cela n’empêchera pas l’évêque de dormir sur ses deux oreilles: sa hiérarchie soutient haut et fort ses propos homophobe.

    Son patron, le cardinal Danneels s’est senti obligé de soutenir largement les propos de l’évêque homophobe. On s’en doutait… «Cette position suit simplement la doctrine de l’Eglise», a indiqué son porte-parole Hans Geybels. «Il faut par exemple aussi différencier le péché commis de la personne elle-même. L’Eglise condamne uniquement le péché», a-t-il poursuivi. Devant les regards ahuris de l’assistance, il ajouta aussitôt que son intention n’est pas de présenter l’homosexualité comme un péché… soit. Quant au prêtre de la cathédrale Michel Dangoisse, il s’est insurgé face à l’impossibilité de pratiquer la messe dans son église habituelle…

    Quant à la contre-manifestation de soutien à Léonard lancée par les intégristes religieux et les groupuscules néo-nazis (comme Nation) n’a pu dénicher en tout et pour tout qu’une quarantaine de racistes venus à Namur uniquement pour… prier! Prier pour ces «malades» que sont les homosexuels (voir le JT de la RTBF du soir même). En tout cas, cet attroupement fut pathétique. C’est évident, les proportions parlent d’elles mêmes: «il y avait 1 nazi pour 7 pédés».

    En effet, la manifestation contre l’homophobie a été d’une réussite inespérée, en ce week-end pastoral et de départ en vacances, 350 personnes ont crié leur colère face à de tels propos. Homos et hétéros, main dans la main, scandant «Homos du monde entier, rassemblez-vous!» ou encore «Léonard, connard, les anormaux sont là!» mais aussi «Syndicats, ouvriers et tous les opprimés, on va pouvoir changer toute notre société!». Ce discours ouvert unissant tous les opprimés est la marque de fabrique des LGBT. La solidarité, oui c’est sûr, les homos savent ce que c’est… Notre manif s’est déroulée dans une ambiance bonne enfant avec toute la gaîté qui nous caractérise. Au point que quelques familles et habitants du quartier se sont joints aux militants LGBT pour apporter leur soutien à la manifestation.

    Comment combattre l’homophobie ?

    On a pu noter la présence de certains Partis parlementaires (PS et Ecolo). Malheureusement pour eux, les pédés ont bien compris qu’en cette période électorale il est de bon ton de se montrer GAY-FRIENDLY («tolérant vis-à-vis des homosexuels») pour tout parti politique. Mais les manifestants n’étaient pas dupes!

    En effet, quelle hypocrisie quand on sait que derrière des slogans progressistes pour les droits homosexuels, ces partis contribuent à la propagation des préjugés racistes, sexistes et homophobes.

    Il est clair que ce n’est pas en menant une politique néo-libérale (qu’ils défendent depuis 25 ans) que l’on viendra à bout de ces préjugés. Au contraire, ce genre d’idées véhiculées par l’extrême droite ne peuvent qu’être banalisées avec une politique qui précarise les conditions de vie et de travail, qui détruit les acquis sociaux, qui met en concurrence les travailleurs entre eux, qui divise les gens et les monte les uns contre les autres dans le but avoué de maximiser les profits des entreprises belges (dont les superprofits atteignent 27 milliards pour le BEL-20 en 2006) et des plus riches.

    On voit que dans une société avec de nombreux problèmes sociaux, les bouc émissaires sont vite trouvés et arrangent un peu les partis au pouvoir: «diviser pour mieux régner».

    C’est pourquoi, avec le MAS (Mouvement pour une Alternative Socialiste), nous luttons contre toutes formes de discriminations et avançons la nécessité d’avoir un parti qui unisse les jeunes et les travailleurs, sans distinctions d’origine, de genre ou de sexualité. Il nous faut un outil dans lequel tous ensemble nous pouvons nous organiser et lutter contre leur politique et ces effets. Le CAP (Comité pour une Autre Politique, autrepolitique.be) semble pour nous incarner un tel parti. D’ailleurs, sa présence à la manif était plutôt bien accueillie. Tout simplement parce que les personnes discriminées sont souvent les premières à se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond dans le monde d’aujourd’hui et qu’après les 25 dernières années de chacun pour soi, il est grand temps pour une autre politique, une politique plus solidaire.

    Mais ce n’est qu’un premier pas. Avec le MAS, nous défendons la nécessité de changer ce système pour le remplacer par une alternative crédible, une société où serait mise en place une économie démocratique, basée sur les besoins de tous et non pas les profits d’une élite, où les services publics seraient bien plus développés, l’enseignement réellement gratuit, le temps de travail distribué et rémunéré de manière égale, où tous seraient considérés de la même façon et pourraient réellement s’émanciper, c’est-à-dire, une société socialiste. Y en a assez de la de compétition à outrance entre les gens! Y en a marre de la dure loi de survie dictée par le marché! Justice sociale tout de suite, pas de domination d’un groupe par un autre!

    Si toi aussi tu veux résister aux casseurs de pédés et à toutes les discriminations, si tu veux te battre contre ce système, ne reste pas seul, rejoins le MAS et participe à sa commission LGBT.

  • Participez aux discussions lors de Socialisme 2007 !

    Il est temps pour une alternative socialiste !

    « Après la pluie vient le beau temps » dit le proverbe populaire. Et c’est aussi le discours de nos dirigeants : « certes, nous connaissons une série de problèmes aujourd’hui mais faites-nous confiance, serrez-vous un peu la ceinture, ouvrez un peu plus votre portefeuille et demain tout ira mieux. »

    Nicolas Croes

    Mais le beau temps ne veut rien dire pour les dizaines de milliers de personnes qui décèdent chaque jour dans le monde faute d’un accès à l’eau potable ou à des soins de base. Et, chez nous, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il tarde à venir (malgré le réchauffement climatique).

    Les bénéfices de la croissance, tout comme les sacrifices de la crise, sont loin d’être répartis équitablement. Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises belges cotées en Bourse ont augmenté de 41%… Un record ! Et votre salaire, il a atteint des records ? La banque ING a terminé l’année 2006 avec un bénéfice de 7,7 milliards d’euros. Pourtant, on nous rabâche encore qu’il faut faire plus de sacrifices : travailler plus longtemps, pour moins cher, mais dépenser plus pour acheter n’importe quoi.

    « Après la pluie, le beau temps »… un bien bel argument pour ne pas se rebeller contre quelque chose qui paraît « naturel ». Mais ce ne sont pas les tendances climatiques qui poussent des millions d’êtres humains à vivre dans la pauvreté et la misère mais bien la politique de ceux qui contrôlent la société.

    Après la deuxième guerre mondiale, tout le monde a crié « plus jamais ça ». Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Plus de guerre ? Inutile d’en parler, l’idéal de paix est écrasé sous les bottes et les bombes tous les jours en Irak, en Palestine, en Afghanistan, au Sri Lanka, …Plus de fascisme ? En Europe de l’Est, en France, en Belgique,… les nostalgiques du IIIe Reich profitent du désaroi des victimes du système pour relever la tête.

    Pour un véritable avenir, il nous faut lutter ! Mais si la colère explose souvent, elle se dissipe souvent avant de pouvoir être canalisée en une véritable force. C’est de cela qu’il sera question à la journée de discussion « Socialisme 2007 » : comment, en profitant de l’expérience des luttes passées et présentes, offrir une véritable alternative à cette société d’exploitation et comment avancer aujourd’hui dans cette direction.

    Venez discuter avec nous, avec des syndicalistes et d’autres participants aux luttes, de Belgique, mais aussi de Pologne, d’Italie, de France,… Et rejoignez la lutte pour un monde dénué d’exploitation. Pour qu’enfin l’on voit le beau temps après la pluie…

    Socialisme 2007 à Bruxelles le samedi 31 mars. Pour tous les renseignements, voir le tract ou notre site: www.socialisme.be.

  • Aujourd’hui comme hier : L’extrême-droite contre les travailleurs

    Nous avons assisté ces derniers temps à une montée des violences racistes en Europe. Quels enseignements peut-on retenir de la lutte contre le fascisme classique dans les années ‘20 et ’30 ?

    Emiel Nachtegael

    Le fascisme englobe bien plus que la violence ou des opinions racistes. Le racisme n’est d’ailleurs pas le monopole de forces néofascistes comme le Vlaams Blok/Belang, le Front National ou Nation. Un important dirigeant local du PS français, Georges Frêche, vient d’être exclu de son parti pour avoir déclaré que les Harkis algériens étaient des « sous-hommes » et que l’équipe de France comptait trop de Noirs…

    Le fascisme dans les années 1920 – 1940

    Les organisations fascistes sont arrivées au pouvoir dans des périodes de crise politique et économique extrême.

    En Italie, le Parti Socialiste Italien n’a pas saisi les occasions créées par une situation révolutionnaire unique en 1919 et 1920 lorsque des milliers d’occupations d’usine ont eu lieu et Mussolini a pu arriver au pouvoir en 1922 après l ‘échec de ce mouvement et la retombée de l’espoir parmi les travailleurs.

    L’Allemagne a connu elle aussi une période révolutionnaire (de 1918 à 1923) durant laquelle les travailleurs ont tenté d’édifier une démocratie ouvrière selon le modèle des travailleurs russes. Mais le jeune Parti Communiste a commis quelques erreurs aventuristes et, surtout, la direction de la social-démocratie allemande a préféré sauver le capitalisme en participant au gouvernement et en couvrant même l’exécution de dirigeants ouvriers.

    Par la suite, l’économie s’est complètement effondrée : au début des années ’30, 97% de la population ne disposait plus d’épargne et 25% de la population active se retrouvait sans emploi et sans allocations.

    La crise économique et l’absence d’une réponse du mouvement ouvrier ont créé un vide politique, plus particulièrement parmi les couches sans lien avec le mouvement ouvrier organisé – classes moyennes (artisans, professions libérales, petits paysans,…) , vétérans de guerre, chômeurs,… – qui étaient les principales victimes de l’inflation galopante. Elles ont commencé à chercher une force qui serait capable de rétablir l’ordre et la stabilité. C’est parmi ces couches-là que les partis fascistes ont trouvé leur base sociale.

    Comme l’a dit Trotsky, dirigeant de la Révolution Russe avec Lénine, « la menace fasciste est l’expression du désespoir contre-révolutionnaire après l’échec de l’espoir révolutionnaire ». Ce qu’a bien compris aussi la communiste allemande Clara Zetkin qui a déclaré en 1923 que le fascisme serait à l’ordre du jour si la Révolution Russe ne connaissait pas de prolongement dans le reste de l’Europe.

    Avec l’appui d’une partie de la grande bourgeoisie (principalement celle issue de l’industrie lourde) et une structure militaire, les milices fascistes sont parties à l’attaque contre le mouvement ouvrier. Elles ont souvent utilisé une rhétorique anticapitaliste mais en la déviant vers le racisme et le nationalisme. Ce n’est que de cette cette façon-là qu’ils ont pu faire une distinction entre le banquier Rotschild, d’orgine juive, et le patron de l’acier Krupp, invité régulier des congrès nazis.

    Les nazis ont puisé dans les diverses couches ruinées par la crise leurs briseurs de grève. Lorsque les nazis sont arrivés au pouvoir en 1933, ils ont dissous le parlement et interdit toutes les organisations ouvrières (partis, syndicats, mutuelles,…). L’atomisation du mouvement ouvrier a ouvert une période dorée de bas salaires et de travail d’esclave pour le grand capital allemand. De grands travaux d’infrastructure et la préparation à la guerre devaient sauver l’économie. Les conséquences en sont connues…

    Le VB et le FN : entre rêve et passage à l’acte

    Le Vlaams Blok/Belang, le Front National ou Nation possèdent un programme similaire aux fascistes des années ‘20 et ‘30. Les musulmans ont juste pris la place des Juifs comme boucs émissaires principaux.

    Le VB dispose aussi de troupes qu’il peut engager si nécessaire dans des confrontations physiques. Quelqu’un est même payé pour diriger ces troupes de choc : Luc Vermeulen, à la tête du groupe d’action Voorpost. Ce sont ces troupes-là qui ont été envoyées contre les organisateurs du pèlerinage de l’Yser en ’96 et contre la manifestation anti-NSV en décembre 2004.

    Le danger émanant des groupes néo-fascistes ne peut donc pas être négligé. Dans les années ’20 et ‘30, nous avons vu à quoi une telle attitude peut mener. Le Parti Socialiste Italien a longtemps jugé que le danger de Mussolini était insignifiant tandis que, quelques années plus tard, le Parti Communiste Allemand (passé entièrement sous le contrôle de Staline) déclarait que le parti social-démocrate était un parti « social-fasciste » et qu’aucune alliance n’était donc possible avec lui contre les nazis !

    La situation aujourd’hui n’est évidemment pas la même que dans ces années-là. Des forces comme le Vlaams Belang ou le Front National en France (et encore plus en Belgique !) ne disposent pas d’une base active importante prête à utiliser la violence et le mouvement ouvrier est en outre aujourd’hui beaucoup plus fort que dans les années ‘30. Des petits groupes ouvertement nazis sont certainement prêts à tout mais ils ne jouissent pas du soutien des couches plus larges de la population (ni même de l’ensemble des électeurs d’extrême-droite). Cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons rester tranquilles.

    La leçon principale que nous devons tirer des luttes antifascistes des années ‘20 ou ‘30 est la nécessité d’une réaction immédiate face au danger fasciste et le rôle primordial du mouvement ouvrier.

    En s’opposant systématiquement à chaque montée de groupes néofascistes, nous pouvons éviter qu’augmente la confiance qu’ils ont en eux pour passer à l’action et à la violence. C’est pourquoi nous mobilisons contre la marche du NSV (les étudiants du VB) à Anvers le 8 mars.

    Nous pensons également qu’une montée des luttes des travailleurs peut aboutir à une situation où l’extrême-droite se retrouve en position défensive. Cela a encore pu se vérifier récemment en France lors du mouvement contre le CPE et, chez nous, lors du mouvement contre le Pacte de Solidarité. Le VB avait alors déclaré que les mesures gouvernementales n’allaient pas assez loin et sa fraction au conseil communal à Gand avait réclamé une répression policière plus féroce contre les piquets de grève, tandis que la majorité des électeurs du VB soutenaient les actions syndicales.

    L’absence d’alternative politique pour le mouvement ouvrier permet à des partis comme le VB ou le FN de mettre en avant pendant un temps des opinions contradictoires afin de séduire différents publics.

    La meilleure manière d’infliger une défaite permanente aux partis néofascistes est de lutter pour un programme anticapitaliste et de construire une formation politique qui défende réellement les intérêts des travailleurs. No Pasaran!

  • Italie: Chute du gouvernement Prodi

    Italie: Chute du gouvernement Prodi

    Le gouvernement de Romano Prodi n’a vécu que 281 jours. L’augmentation du budget destiné à prolonger la présence des troupes italiennes en Afghanistan et le permis accordé pour l’élargissement de la base militaire américaine à Vicenza ont été les gouttes qui ont fait déborder le vase.

    Les élections d’avril 2006 ont porté la gauche au pouvoir. L’aversion envers Berlusconi et la politique de son gouvernement de droite était grande. Beaucoup d’électeurs ont voté avec l’espoir d’un vrai changement.

    Mais, face aux grands problèmes que connaît l’économie italienne, la bourgeoisie a exigé de nouvelles attaques contre les travailleurs. Le gouvernement de Romano Prodi a un peu changé les formes mais a choisi de continuer la même politique : le budget présenté par le gouvernement Prodi aurait tout aussi bien pu être celui du gouvernement précédent.

    Le PRC (Partito di Rifondazione Comunista) – qui apparaissait comme la principale opposition combative à Berlusconi au cours des dernières années – a participé au gouvernement et ne s’est presque pas opposé aux mesures antisociales de Prodi. Il s’est par contre divisé sur la question de l’agrandissement de la base militaire de Vicenza ; plusieurs parlementaires et même un ministre ont participé à la grande manifestation du 17 février qui a réuni 200.000 participants.

    La campagne pour la manif de Vicenza a été portée par la population locale, des militants antiguerre de tout le pays, des membres des petits syndicats de base et du syndicat métallo FIOM et surtout par beaucoup de jeunes inorganisés politiquement. Elle a provoqué de grosses tensions au sein du PRC qui ont amené des parlementaires du parti à ne pas voter la confiance au gouvernement.

    La participation à l’équipe Prodi a ouvert une crise interne très sérieuse au sein du PRC. Un parti des travailleurs doit choisir le côté des travailleurs et ne doit pas participer à une politique néolibérale. Le fait que la gauche mène une politique de droite ouvre la porte à une nouvelle victoire électorale de la droite.

    Le PRC devrait rompre avec cette politique et aider à développer les luttes et les mouvements contre la guerre, les privatisations, les attaques contre la sécurité sociale,… Malheureusement, la direction du parti semble choisir de continuer son tournant à droite en soutenant probablement un nouveau gouvernement Prodi.

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