Tag: Iraq

  • Trop de familles heurtées par l’endettement

    Economie capitaliste: vers une nouvelle crise?

    En 2004, 51.100 nouvelles maisons ont été construites en Belgique, record inégalé depuis 1994. Depuis la crise économique de 2001 aux USA, les pays développés essaient de stimuler la croissance en rendant l’emprunt plus accessible : les taux d’intérêt sont aujourd’hui historiquement bas.

    Peter Delsing

    Construire une maison n’est sans doute pas à la portée de tous. Pour des familles ouvrières où un partenaire ne travaille pas, ou pour ceux qui habitent seuls, c’est irréalisable. Des chiffres de l’ONEm pour 2004 montrent que 17% de la population active est complètement ou partiellement touchée par le chômage. Avec 1,17 millions de personnes, c’est un record. Pour ces familles, construire une maison est pratiquement exclu.

    Les familles dans lesquelles les deux partenaires travaillent, lorsqu’elles n’appartiennent pas à une catégorie aisée, craignent de ne plus pouvoir continuer à rembourser leurs emprunt si l’un des deux venait à perdre son emploi. Vu l’instabilité actuelle du capitalisme ce n’est pas une crainte irréelle.

    L’emprunt bon marché ne durera pas

    Le gouvernement a mentionné une plus grande consommation pour expliquer la croissance de 2,7% en 2004. Bien que supérieure aux pays voisins, cette croissance ne suffisait déjà pas à faire baisser le chômage, et elle sera encore moindre cette année. On peut s’imaginer les drames qui vont naître du nombre grandissant des pertes d’emplois…

    La croissance de la consommation allait de paire avec l’amnistie fiscale pour l’argent noir placé à l’étranger. De toute manière, emprunter à bon marché ou acheter à crédit ne peut pas se poursuivre éternellement. Le nombre de mauvais payeurs pour des lignes de crédits est passé en Belgique de 99.530 jusqu’à 190.226 entre 1997 et 2003. Aux Etats-Unis, le taux d’intérêt a déjà commencé à croître, afin surtout de ne plus élargir la bulle des dettes et les prix des maisons. Or, 85% de tous les emprunts effectués l’an passé dans notre pays peuvent être adaptés chaque année sur base des changements de taux d’intérêt. Quand le taux d’intérêt augmente, beaucoup de familles subissent une gifle financière.

    Economie mondiale instable

    Nous connaissons actuellement la relance économique la plus faible depuis la seconde guerre mondiale. Beaucoup de pays ont eu une croissance insuffisante pour maintenir l’emploi. En général, l’exploitation aggravée des travailleurs a élargi le fossé entre riches et pauvres. Depuis la crise de 2001, les entreprises américaines ont augmenté la productivité moyenne par travailleur grâce à l’introduction de nouvelles technologies et de nouvelles techniques de management. Durant les 3 derniers mois de 2004, la croissance de la productivité a ralenti, ce qui démontre que ces avantages pour les patrons commencent à être épuisés.

    Un autre élément est l’endettement. Après le 11 septembre, Bush a emprunté chaque année pour mener ses guerres en Irak et en Afghanistan. L’industrie de guerre a été bien servie, au détriment des projets sociaux dans lesquels Bush épargne pour limiter le déficit.

    Le taux d’intérêt peu élevé a stimulé les dettes. Pour chaque dollar de nouvelle croissance entre le début de 2001 et la fin de 2003 aux USA, 3,14 dollars de nouvelles dettes ont été faites par les familles, les entreprises et le gouvernement. Pour la première fois dans l’histoire, les dettes aux Etats-Unis représentent plus du double de la production annuelle (PIB). Ceci a contribué au rôle des Etats-Unis comme "marché de la dernière chance". Cela a aussi provoqué un flux de dollars vers d’autres pays, avec pour effet que la demande de dollars a diminué et donc également sa valeur.

    En Asie, les banques centrales ont massivement acheté des dollars ces dernières années, sous forme d’obligations d’états, afin de faire baisser leur monnaie avec le dollar et ainsi garder leur position d’exportation. S’il y avait une correction du dollar vers le bas, ils pouvaient se diriger vers d’autres monnaies. Une nouvelle forte baisse du dollar secouerait la stabilité internationale financière. L’exportation des pays de l’Europe, avec un euro encore plus cher, serait étouffée. Cela pousserait les pays de la zone euro dans une crise profonde.

    Il y a aussi les prix du pétrole qui grimpent et qui, fin mars, s’approchaient des 60 dollars par baril. Le "contrôle" de l’Irak, sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas, est un rêve qui pour Bush est devenu cauchemar. Le prix du pétrole plus élevé mine la rentabilité des entreprises et stimule une augmentation générale des prix.

    Encore des pertes d’emplois

    En Europe, la croissance ne suffit pas à créer des emplois. L’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ont connu lors du dernier trimestre 2004 une contraction de l’économie, en comparaison avec le trimestre précédent. La moitié de la production dans la zone euro va donc dans la direction d’une récession. En Allemagne le chômage est au niveau le plus élevé depuis les années ’30 : 5,2 millions de sans emplois. La crainte d’une lutte de classe plus intense chez les politiciens bourgeois, entre autre en France et en Allemagne, les pousse à enfreindre les règles budgétaires de la zone euro (le Pacte de Stabilité).

    On ne peut prédire le rythme d’une crise économique. Avec une croissance ralentie ou une récession, les pertes d’emplois vont continuer. Les capitalistes et leurs partisans ont fait leurs temps, il est désormais urgent que le mouvement ouvrier et les jeunes forment leurs instruments syndicaux et politiques pour défendre leurs intérêts dans la très instable période à venir.

  • Une bombe à retardement sort des urnes irakiennes

    Les élections du 30 janvier peuvent apparaître à première vue comme un succès pour l’Administration Bush avec un taux de participation honnête (59%) et un nombre limité d’attentats. Pourtant, à y regarder de plus près, le verdict des urnes irakiennes est lourd de menaces pour la stabilité de l’Irak et du Moyen-Orient.

    Thierry Pierret

    Les Arabes sunnites ont largement boycotté le scrutin et leur représentation dans l’Assemblée nationale sera quasiment anecdotique. Le haut taux de participation des Arabes chiites et des Kurdes est tout aussi lourd de menaces. En effet, les uns et les autres ont toujours été minorisés politiquement, non seulement dans l’Irak moderne, mais même depuis des siècles. Les premiers n’ont pas voulu manquer l’occasion de traduire leur majorité numérique en majorité politique dans l’Assemblée nationale. Les seconds se sont mobilisés pour donner un maximum de poids à leurs revendications autonomistes. Les Kurdes organisaient d’ailleurs un référendum parallèle sur l’indépendance de leur région…

    Le résultat des élections confirme ces tendances lourdes. L’Alliance irakienne unifiée, qui regroupe plusieurs partis chiites et qui est parrainée par le Grand Ayatollah Ali Sistani, obtient 48,01% des voix et la majorité absolue dans l’Assemblée nationale. Le cartel des deux grandes formations kurdes, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), arrive en seconde position avec 25,7% des voix. La liste du Premier ministre sortant Iyad Allaoui essuie un échec cuisant avec seulement 13,8% des voix. Le gouvernement intérimaire est donc désavoué et ne pourra être reconduit. Le poste de Premier ministre devrait échoir à l’Alliance irakienne unifiée dont les représentants seront moins dociles envers les Etats-Unis. Il n’est pas exclu qu’ils prônent un rapprochement avec la Syrie et l’Iran que les Etats-Unis viennent pourtant de classer parmi les « avants-postes de la tyrannie ».

    Le résultat des élections provinciales, qui avaient lieu simultanément, n’annonce rien de bon pour la stabilité du pays. Le cartel kurde du PDK et de l’UPK a obtenu 58,4% dans la province de Taamim dont Kirkouk est le chef-lieu. Si on sait que Kirkouk fait l’objet d’une lutte intense entre Kurdes, Arabes et Turcomans (minorité turcophone d’Irak) pour son contrôle, on mesure mieux le caractère explosif de ce résultat. Les Kurdes vont invoquer ce résultat pour exiger le rattachement de Kirkouk à leur région autonome. En effet, un tiers du pétrole irakien est produit dans les régions de Kirkouk et Mossoul (que les Kurdes revendiquent également).

    Le rattachement de Kirkouk et de Mossoul à la région autonome kurde fournirait la base économique à un futur Kurdistan indépendant. Les velléités indépendantistes kurdes se heurteront à la volonté des Arabes irakiens de maintenir l’intégrité territoriale du pays, mais aussi aux minorités non-kurdes du Kurdistan qui craignent pour leurs droits dans un Kurdistan indépendant. La Turquie, qui redoute plus que tout un tel scénario et qui convoite les richesses pétrolières du Kurdistan irakien, pourrait prendre prétexte de la défense des Turcomans pour intervenir militairement.

    Le Parti communiste irakien n’obtient que trois sièges dans l’Assemblée nationale. C’est largement dû à des décennies de répression sanglante de la part du régime baasiste qui ont démantelé ce qui fut le plus puissant parti communiste du Moyen-Orient dans les années cinquante et soixante.

    Mais c’est aussi dû à sa stratégie réformiste qui l’a amené à participer aux institutions intérimaires mises en place par les Etats-Unis. Le PC y a perdu ce qui lui restait de crédit parmi les travailleurs et les paysans. Faute d’alternative de gauche crédible, l’Alliance irakienne unifiée a vu s’ouvrir à elle un boulevard dans ce Sud irakien qui était jadis un bastion du PC.

  • BUSH A BRUXELLES. QUELLE REPONSE AUX NEO-CONSERVATEURS?

    BUSH A BRUXELLES

    La visite du président américain Bush à Bruxelles a provoqué un tas d’actions de protestation. Bush demeure la personnalité la plus haïe du monde parce qu’il symbolise la politique guerrière en Irak et les valeurs des néo-conservateurs aux Etats-Unis. Par contre, il ne suffit pas de dire que Bush n’est pas le bienvenue, il faut examiner de quelle façon une réponse crédible peut être offerte pour battre cette politique néo-libérale et impérialiste.

    Position du MAS-LSP

    Malgré l’énorme polarisation dans la société américaine, les scandales autour de la guerre en Irak, les énormes baisses d’impôts pour les riches et les grandes entreprises (plus de 2.000 milliards de dollars), le clivage croissant entre les riches et les pauvres, le mouvement antiguerre historique, etc., Bush a été réélu président des Etats-Unis.

    C’est surtout le résultat d’un manque d’une véritable alternative politique. Les Démocrates n’ont pas réussi à expliquer comment ils pourraient faire la différence et apporter des solutions aux problèmes que vit la majorité de la population américaine et mondiale. Ils portent sans nul doute la responsabilité de la réélection de Bush. Non seulement Kerry est le sénateur le plus riche, mais il a systématiquement voté du côté des intérêts du patronat. En gros, les élections présidentielles de novembre se sont limitées à un choix entre Coca Cola ou Pepsi Cola.

    La plupart du temps, on a tendance à choisir la version originale et non la copie. Nader, le candidat populiste de gauche, l’a posé ainsi : « Il n’existe pas d’élections libres dans ce pays. Nous avons un parti des grandes entreprises à deux têtes, l’une et l’autre portant un ‘maquillage’ différent, qui vendent nos élections à la surenchère. »

    Malgré cela, il existe bien aux Etats-Unis l’espace pour une nouvelle alternative politique. Les manifestations antiguerre étaient d’une ampleur énorme et la résistance contre la politique antisociale dans le pays même croît à vue d’oeil. Fin août, 500.000 personnes ont manifesté à New York contre Bush !Dans une période de crise économique, le capitalisme tentera toujours soit d’exporter les crises à l’étranger, soit de les repousser dans le temps.

    Voilà la base de la politique économique de Bush. Il a fait baisser les taux d’intérêts à un niveau historiquement bas (1 pc) pour inciter les consommateurs américains à continuer à consommer, entre autre en s’engageant dans des emprunts.

    Mais chaque dollar qui est emprunté aujourd’hui devra être remboursé un jour. Pour chaque dollar de croissance économique entre 2001 et 2003, 3,19 dollars de dettes ont été accumulées (par les entreprises, par le gouvernement et par les consommateurs). .et cette bulle de dette devra éclater un jour.

    Il faut une alternative politique des jeunes et des travailleurs

    Bush projette un programme historique de coups d’austérité dans les services sociaux, avec toutes les conséquences que cela implique. Sous Bush, le nombre de pauvres officiels a augmenté de 40 à 45 millions de personnes. Pour la plupart des Américains, qui disposent d’un état-providence plus que douteux, la crise imminente frappera fort. Pour eux, il s’avérera que le pays du Rêve Américain et de « la liberté et la démocratie » ne sera plus capable de leur offrir un avenir. L’idée d’une transformation de la société ne fera pas uniquement l’objet d’une discussion parmi une couche restreinte, mais s’élargira pour faire l’objet d’un débat sociétal. Des bouleversements spectaculaires dans la façon de réfléchir et d’agir des Américains seront alors envisageables.

    Le cycle des présidences successives des Républicains et des Démocrates qui défendent tous les deux fermement les intérêts des grandes entreprises, devra être rompu. Afin de résister à la politique de l’establishment, il faudra un instrument politique pour les travailleurs, les jeunes, etc. qui défende bien leurs intérêts et qui renforce la lutte contre la politique antisociale.

    Voilà une des luttes que mènent nos camarades américains de Socialist Alternative. Pour les actions de protestations en Belgique, nous ne partons pas d’un point de vue ‘anti-américain’et nous ne mettons pas la responsabilité sur les épaules des Américains ordinaires. Nous partons d’un point de vue de classe et nous exprimons donc notre solidarité avec les victimes de la politique de Bush: tant en Irak qu’aux Etats-Unis même. En se jetant dans la gueule du lion pour y mener la lutte contre la guerre, l’exploitation et la pauvreté, on y peut construire une alternative politique.

  • “AEGIS hors d’Irak!”

    Lors du week-end des élections anti-démocratiques en Irak qui étaient censées légaliser l’occupation du pays, Résistance Internationale (ISR) et les Socialist Students ont organisé une action à Londres devant le siège d’ Aegis Defence Services.

    Suzanne Beishon, ISR et Socialist Party, Londres

    Aegis, une compagnie de sécurité privée, a reçu un contrat de $293 millions par le Pentagone pour coordonner des opérations de sécurité de milliers d’entreprises privées anonymes en Irak. Aegis fait donc des profits énormes pendant que plus de 100.000 Irakiens sont morts depuis le début de la guerre. Notre action à Piccadilly était enthousiaste et attrayante pour ceux qui passaient près de nous, et nous avons pu discuter avec beaucoup de jeunes qui étaient très mécontents de la situation en Irak.

    Quand je lui ai demandé ce qu’elle pensait des élections ayant lieu en Irak, Rosemary Lew d’Amérique, qui est devenue active dans le mouvement contre la guerre quand Dick Cheney a visité son campus au Wyoming, m’a dit :"Il est difficile d’avoir une élection dans un pays où les gens ne peuvent pas voter à cause de la peur et du manque de lieu de vote sécurisés, ce qui entraîne que les élections sont une énorme farce!" Jack Nakama, aussi d’Amérique, a répondu à cette question en disant, "je pense que c’est juste une tentative de légitimiser le pourquoi nous sommes intervenus militairement là, et je pense que nous devons laisser les Irakiens décider de leur propre destin, ce qui n est actuellement pas le cas. C’est juste une stratégie du haut vers le bas. La seule démocratie peut venir de la base,des personnes, pas des grandes multinationales ou des présidents des USA." Et finalement Florian Koosbauer a indiqué : "je pense que ce n’est pas une vraie élection, c’est bien davantage une dictature." Ces avis montrent vraiment la conscience croissante des jeunes aujourd’hui et de la colère qui existe envers l’occupation de l’Irak. L’action était vraiment animée et notre capacité de chanter et scander des slogans a impressionné tout le monde, y compris les policiers.

  • 22 février: visite de Bush. 19 mars: Marche des Jeunes. MOBILISE AVEC NOUS!

    22 février: visite de Bush. 19 mars: Marche des Jeunes.

    CE 22 FÉVRIER, Bush vient en Belgique. Il vient pour une réunion de l’OTAN. Il essaiera aussi d’apaiser les relations avec le gouvernement belge, suite à la guerre et l’occupation en Iraq, qui est encore d’actualité! Il ne contrôle cependant pas du tout la situation en Irak.

    Benjamin Vervondel

    Chacun connait bien les images des étrangers pris en otage, les actions de terreur et les soldats américains qui torturent leurs prisonniers dans la prison d’Abu-Graib. La visite de Bush ne passe pas inaperçue. Partout où Bush va, il est “accueilli” par des manifestations massives. En Belgique, ce sera la même chose. Cela fait presque deux ans que Bush a envahi l’Irak. Résistance International avait alors organisé des actions massives chez les lycéens en Belgique (le Jour X). Nous voulons continuer cette tradition. Résistance International participera aux manifestations et en organisera aussi. Il est important que les jeunes restent mobilisés activement dans les écoles.

    CE 19 MARS, Résistance Internationale organise, en collaboration avec les jeunes syndicats, une Marche des Jeunes pour l’Emploi et contre le racisme. Nous manifestons pour les 32h/semanie. Nous exigeons aussi les 200 000 emplois que Verhoofstadt nous a promis. Nous dénonçons les petits boulots, mais réclamons des jobs réellement payés avec un contrat à durée indéterminée et l’augmentation des allocations dramatiquement basses. Nous exigeons également un enseignement gratuit et de qualité. Nous réclamons aussi que les écoles soient refi nancées ce qui permettra de racheter du bon matériel. Nous voulons aussi qu’il y ait plus d’égalité, par exemple entre les femmes et les hommes, qui méritent la même chose. Le but est de sortir dans les rue sur une base massive et de manifester pour l’emploi. Nous voulons lier cela à l’anti-racisme parce que nous pensons qu’il est important d’avoir un mouvement de lutte uni. La division nous affaiblirait inutilement.

    Qu’est ce que tu peux faire?

    Nous pensons que la résistance doit également s’organiser chez les lycéens. Nous faisons des propositions concrètes aux écoliers, comme par exemple la construction d’un comité dans ton école pour mobiliser pour les manifs contre Bush, entre autre avec des affi ches, en distribuant des tracts, en utilisant une pétition, et en organisant des réunions pour faire des actions concrètes. N’hésite pas à nous contacter pour qu’on te soutienne et faire de ces manifestations des succès.

  • La paix et la démocratie en Irak?

    Le 30 janvier, les Irakiens doivent normalement élire un nouveau parlement. Nombre d’Irakiens ont fuit entre-temps dans la Jordanie voisine et regardent avec des sentiments mélangés ces élections et, plus généralement, l’avenir de l’Irak. Dans le pays même, il n’y a pas non plus de confiance dans les élections.

    Katrijn Zaman

    A l’approche du 30 janvier, les attentats et la violence sont devenus une réalité quotidienne. Beaucoup d’Irakiens ne pourront ou n’oseront aller voter à cause de la situation chaotique. En tout cas, les élections ne mèneront pas à une sortie de crise. Le seul but est d’avoir un résultat conforme aux vœux des occupants américains et de leur gouvernement fantoche.

    Celui qui ira quand-même voter aura de bonnes raisons de douter de l’honnêteté du scrutin. Un porte-parole de la Maison-Blanche a déjà expliqué « qu’il y a la volonté d’être flexible avec les résultats ». Un certain nombre de sièges seraient réservés à des candidats sunnites, quand bien même les élections seraient boycottées dans les régions sunnites.

    L’envoi de troupes britanniques supplémentaires démontre que les forces d’occupation ont de plus en plus de mal à maintenir « l’ordre » en Irak. Les nombreuses victimes irakiennes ou américaines et les enlèvements indiquent une situation très instable qui ne permet pas d’organiser des élections sûres et honnêtes. Les quatre derniers mois de 2004 ont vu 1300 policiers irakiens tomber sous les coups de la résistance. Les forces de sécurité locales ne sont pas capables de contenir la violence alors qu’elles sont justement chargées de la protection des bureaux de vote !

    Un certain nombre d’attaques ont été revendiquées par les radicaux sunnites qui veulent perturber le déroulement des élections et qui sèment la division entre les différents groupes ethniques ou confessionnels. Le fait que Rumsfeld ait envoyé un général américain en Irak pour faire une évaluation des opérations militaires trahit l’inquiétude de l’Administration Bush. La situation est d’autant moins réjouissante que certaines estimations évaluent maintenant le nombre de rebelles à 200.000, ce qui est plus que les forces d’occupation.

    Les élections risquent d’être un fiasco. Des responsables irakiens ont dit que la situation était trop instable dans 4 provinces (sur 18) pour pouvoir y tenir des élections. Même si elles devaient y avoir lieu, les électeurs devront faire face à la violence et à l’intimidation. Les deux plus grands partis sunnites ont appelé à boycotter les élections pour protester contre la prise de Fallujah par les troupes américaines.

    Le fait que nombre d’électeurs soient empêchés de participer aux élections et que beaucoup d’autres refusent d’y participer sera évidemment dommageable à la légitimité et à la stabilité du gouvernement. Les Chiites, qui constituent la majorité de la population, vont devenir la force dominante. D’après Scowcroft, un conseiller à la sécurité de Bush, les élections pourraient aggraver le conflit interne et mener à une guerre civile. L’impérialisme américain est prêt à s’appuyer sur les forces chiites et kurdes pour battre la résistance sunnite et maintenir leur propre domination. Le ministère américain de la Défense envisage d’utiliser des escadrons de la mort contre les rebelles, ce qui ne ferait que jeter de l’huile sur le feu.

    L’opposition en Irak va continuer à croître après le 30 janvier. Certaines sources américaines évoquent une occupation de 10 à 15 ans pour mettre fin au chaos qu’ils ont créé.

    Seule l’unité dans la lutte permettra à la population irakienne de se débarrasser des forces d’occupation et de décider elle-même de son avenir. Il faut une alternative indépendante, par-delà les divisions ethniques et confessionnelles, qui lutte pour les intérêts des travailleurs et des jeunes d’Irak. Cela pourrait être le début d’un vrai mouvement pour l’édification d’un Irak socialiste et d’une fédération socialiste du Moyen-Orient.

  • Tsunami en Asie du Sud-Est. Comment pouvons-nous éviter une telle catastrophe?

    Tsunami en Asie du Sud-Est

    Le tremblement de terre dans l’Océan Indien et les inondations destructrices provoquées par celui-ci ont conduit à des visions d’horreur. Dans le monde entier, les travailleurs se sont demandés comment ils réagiraient dans une telle situation. Des enfants, des parents, des proches,… morts ou disparus. Tout ce que vous possédiez, emporté par l’eau. En Indonésie, qui est la zone la plus proche de l’épicentre, la violence du tsunami a balayé des villages côtiers entiers. Là où, un instant auparavant, il y avait encore la vie, ne restait que mort et désarroi.

    A l’heure actuelle, le nombre de morts est estimé à 150.000. Cependant, si on tient compte des risques d’épidémies comme le typhus et le choléra, ce chiffre peut encore doubler. La survie de 1,8 millions de personnes dépend de l’aide alimentaire.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) partage la tristesse des populations touchées et des familles des victimes et tient à leur exprimer toute sa solidarité face à cette terrible catastrophe. En tant que militants d’une organisation socialiste internationale, nous avons aussi suivi avec une angoisse particulière, pendant les premiers jours qui ont suivi la catastrophe, les nouvelles concernant de possibles morts et blessés parmi les membres de nos organisations-soeurs dans la région. Parmi les 30.000 morts estimés au Sri Lanka, il y a des proches et des amis de membres de l’United Socialist Party (USP). Heureusement la nouvelle nous est parvenue qu’aucun de nos membres n’a été emporté par le raz-de-marée. Mais plusieurs camarades ont perdu leur maison dans la catastrophe. Notre soutien va aussi aux membres de l’organisation Dudiyora Horaata en Inde et aux camarades que nous avons dans le Parti Socialiste en Malaisie. Nous pensons que c’est ce genre d’organisations – qui aspirent à mettre fin à la misère et à l’absence de perspectives d’avenir sous le capitalisme – qui pourront à terme améliorer fondamentalement la vie des populations dans la région.

    Sur qui pouvons-nous compter pour des changements ?

    Nous pensons également qu’il est clair que Bush et les autres dirigeants capitalistes dans le monde ne sont pas en mesure d’apporter ces changements. Aujourd’hui ceux qui détiennent le pouvoir dans les pays les plus riches se bousculent pour témoigner leur soutien aux régions sinistrées. Mais il a fallu pour cela qu’ils soient fortement poussés dans le dos par leur propre population. Celle-ci s’est montrée tout de suite beaucoup plus touchée par la souffrance des populations d’Asie et beaucoup plus généreuse que l’élite fortunée des politiciens occidentaux.

    Aux USA, Bush a commencé par promettre une aide gouvernementale de 15 millions de dollars, puis de 35 millions et ensuite de 350 millions de dollars – quand il s’est avéré clair que la population américaine avait fait des dons pour un montant à peu près équivalent à ce dernier chiffre. Autrement dit, quand il a remarqué à quel point son aide était limitée face à celle des Américains ordinaires, le riche Texan Bush a vite rajouté un petit zéro à la fin ! En comparaison, les USA dépensent chaque semaine entre 1 et 4 milliards de dollars (le montant varie) pour l’occupation militaire de Irak.

    L’ex-ministre des Affaires Etrangères, Colin Powell, a déclaré en Indonésie, le plus grand pays musulman, qu’il faut voir dans cette aide " les valeurs américaines et la générosité américaine en action". Apparemment, il y a de grandes différences entre les valeurs et la générosité de l’élite dominante et celles du reste de la population ! En outre, l’argent donné par le gouvernement provient des impôts qui sont essentiellement payés par la population laborieuse. Ce sont les travailleurs qui apportent, directement ou indirectement, la plus grande partie de l’aide financière et pas l’élite politique qui craint comme la peste tous les signes évidents de solidarité de classe entre les travailleurs.

    Nous devons exiger que cette aide – ici et là-bas – soit contrôlée par des organisations du mouvement ouvrier ou des comités démocratiquement élus de la population concernée. On ne peut accepter que des politiciens locaux corrompus en Inde, en Indonésie, au Sri Lanka,… répartissent l’aide de manière discriminatoire sur une base ethnique, politique ou religieuse. Nous devons également empêcher que des politiciens bourgeois ne canalisent l’aide vers les zones intéressantes pour le tourisme et pour les investisseurs capitalistes.

  • Une solidarité qui en dit long…

    En Belgique également, les organisations humanitaires ont vu une forte croissance des dons. Au 4 janvier, un montant record de 7,2 millions d’euros avait été récolté. Beaucoup de jeunes et d’adultes prennent des initiatives pour aider la population en Asie. Cette solidarité massive réfute bien des préjugés, et notamment l’idée que le Flamand est un "égoïste raciste". Pour certains commentateurs, ce serait là la raison principale de la croissance du Vlaams Belang. Ils "oublient" la politique antisociale d’attaques notre pouvoir d’achat, les conditions de travail et les services publics et qui crée le terreau favorable à la montée de l’extrême-droite. Cette politique est imposée par le gouvernement et le patronat et pas par les immigrés qui sont utilisés comme boucs émissaires par le Vlaams Belang.

    Cette solidarité est également une gifle pour le Vlaams Belang lui-même. Ce parti est opposé à toute aide qui n’est pas destinée à "notre propre peuple d’abord". Le VB a parodié la campagne 11.11.11 en la nommant Zelf.Zelf.Zelf (jeux de mot cynique : en néerlandais, 11 se dit elf tandis que zelf signifie soi-même). Une semaine après la catastrophe humanitaire en Asie qui a fait 150.000 victimes et qui domine l’actualité mondiale depuis des jours, le Vlaams Belang n’a pas encore fait le moindre commentaire sur son site web qui est pourtant mis à jour quotidiennement. Il méprise la solidarité entre les travailleurs du monde et espère juste qu’elle se dissipera rapidement.

    Crise économique : l’autre tsunami

    Le MAS pense que les organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières, 11.11.11,… peuvent apporter une aide directe à court terme mais que nous devons chercher plus loin. Comment pouvons-nous apporter une solution définitive aux conflits, aux guerres, à la misère,…. au niveau mondial ? Quel sens cela a-t-il de colmater une brèche quelque part si deux ou trois nouvelles brèches s’ouvrent quelques kilomètres plus loin à cause de la crise et de l’instabilité du capitalisme ?

    Selon les chiffres des Nations-Unies, la moitié de la population mondiale vit officiellement dans la pauvreté. Une partie importante de cette population pauvre vivait dans la région touchée par le raz-de-marée. Chaque jour dans le monde, 30.000 enfants meurent de faim et de maladies guérissables. Ceci n’est possible que parce que des richesses d’une importance jamais vue auparavant sur cette planète ne sont pas utilisées pour satisfaire les besoins de tous. Le système capitaliste et les politiciens qui le servent sont responsables chaque semaine d’un tsunami silencieux à l‘égard des enfants de la planète. Avec une petite partie des fortunes accumulées par les plus riches – ou avec ce que Bush dépense en un mois pour l’occupation de l’Irak – ces enfants ne devraient plus mourir et leurs parents pourraient mener une vie décente.

    C’est ce bas niveau de vie qui est responsable de l’instabilité, des conflits et des guerres. De plus, ces pays à bas salaires sont utilisés comme arguments auprès des travailleurs d’ici sous la forme de menace de "délocalisation" des entreprises. Le capitalisme exploite plus durement la classe ouvrière et les opprimés tant en Occident que dans les pays sous-développés. Les problèmes là-bas sont liés aux problèmes ici.

    Il est écoeurant de voir aujourd’hui les dirigeants du monde occidental se gargariser d’un "moratoire" du remboursement de la dette de ces pays. Cela fait des années que ces pays sont contraints par des institutions capitalistes comme le FMI de casser leur production locale et d’ouvrir leur économie pour satisfaire la soif de profit des multinationales. Ce n’est qu’à ces conditions que ces pays se sont vus octroyer des prêts… qui les ont fait crouler sous le poids de montagnes de dette. La somme que l’Indonésie doit payer aux institutions financières occidentales pour les intérêts de sa dette pour cette seule année – 3 milliards de dollars – dépasse de loin toute l’aide qui a été récoltée jusqu’à présent dans le monde pour l’Asie du Sud-Est (2 milliards de dollars).

    Il existe un danger qu’un report temporaire du payement de la dette conduise à une plus grande soumission au FMI et aux grandes puissances occidentales. Ce qui est nécessaire c’est une suppression totale et inconditionnelle de cette dette. Au lieu de payer des intérêts aux riches régimes occidentaux, on pourrait libérer cet argent pour les besoins de la majorité de la population. La question de la suppression des dettes doit être liée à la question du contrôle de l’utilisation de ces moyens.

    Il faut mettre un terme au pillage des richesses des pays sous-développés dont sont responsables les élites capitalistes aussi bien d’ici que de là-bas. Ces richesses doivent être utilisées pour pourvoir les populations en logements corrects, en salaires décents, en soins de santé, mais également en système d’alarme face à des catastrophes naturelles comme le tsunami que l’on vient de connaître. Cela n’est cependant pas possible sous un système qui fait passer les profits de quelques-uns avant les besoins de la majorité.

  • Comité Exécutif international du CIO. APRES LA VICTOIRE DE BUSH: VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL?

    Comité Exécutif international du CIO

    LE COMITÉ POUR UNE INTERNATIONALE OUVRIÈRE (CIO), qui possède des sections dans 36 pays et sur tous les continents et dont fait partie le MAS/LSP, a tenu en Belgique son exécutif durant la 3ième semaine du mois de novembre. Les délégués – venus de tous les continents – ont brossé l’état de la situation politique et économique internationale et avancé des perspectives de développement.

    Vincent Devaux

    C’est reparti pour un tour

    L’actualité a partout été dominée par la question des élections américaines. Bush a été réélu alors qu’il est certainement le président US le plus haï depuis longtemps. Mais s’il a remporté les élections, son soutien s’est érodé et il est loin des 90% qu’il avait dans les sondages peu après le 11 septembre.

    Kerry ne représentait pas une alternative à la politique de Bush. Le slogan «Tout sauf Bush» appelant à voter démocrate a érodé le résultat de Ralph Nader (moins de 1%), seul candidat qui présentait un programme défendant les couches opprimées. Une grande partie des votes engrangés ne le sont pas sur base de la politique étrangère (Irak), ni même de sa politique intérieure, mais plutôt sur base des valeurs morales traditionnelles avancées par Bush dans sa campagne avec l’appui des évangélistes.

    L’incertitude sur la ligne politique pour son second mandat est tombée. On constate qu’il va poursuivre sa politique agressive. Il a déjà déclaré qu’il voulait un budget de 2.200 milliards de $ pour le budget de la défense jusqu’en 2008 et une diminution de l’impôt sur les plus-values.

    L’économie mondiale tirée par les Etats-Unis et la Chine est en porte-à-faux

    Bush va devoir tenir compte de deux déficits jumeaux colossaux: le déficit public et celui de la balance des paiements. Le financement de sa dette se fait au travers de l’émis-sion de bons du trésor, les 3/4 des investissements dans des bons d’états par les banques étrangères sont le fait de l’Asie, principalement la Chine et le Japon. Si la croissance US en 2004 a été de 4.4 %, elle est due partiellement à la baisse continuelle du taux d’intérêt passant de 6.25% à 1.25% en quelques années provoquant une surconsommation et la naissance d’une bulle immobilière. La baisse d’impôt – pour les plus riches- au début de la première législature de Bush et la guerre en Irak, remplissant les poches des marchands de canons par une politique de «keynésianisme négatif», a également permis de soutenir la croissance.

    La baisse du dollar permet de réduire artificiellement la dette US et permet d’écouler ses produits plus facilement sur le marché mondial et donc d’exporter la crise. Mais cette dépréciation du dollar mine la confiance des investisseurs qui choisissent de se tourner vers d’autres devises comme l’euro. L’importante croissance économique de la Chine ces dernières années (+/-9%) ne doit pas cacher son caractère inégalitaire entre les différentes provinces ; l’intérieur du pays principalement rural restant très pauvre. Le pouvoir central tente de contrôler l’ouverture de l’économie chinoise au capitalisme afin d’éviter l’implosion de cet énorme pays comme en URSS. L’économie chinoise, basée sur l’exportation de biens et l’importation d’énergie et de matières premières est très sensible à l’économie américaine et aux variations de ses taux d’intérêts. Une élévation des taux d’intérêts aurait un impact sur la croissance chinoise.Bien que les achats massifs de bons d’états US permettent de soutenir artificiellement la croissance des Etats-Unis et donc l’exportation de produits chinois, la Chine ralentit ses investissements dans la dette US car elle doit également diversifier ses investissements dans le secteur énergétique pour garantir son approvisionnement. Les deux économies sont très liées et sont actuellement la locomotive de l’économie mondiale, mais elles se soutiennent artificiellement et pourraient s’écrouler tel un château de carte.

    On a vu ces derniers mois une augmentation du prix du pétrole dépassant les 45 dollars le baril, due à la combinaison d’une croissance de la consommation d’une part et à l’instabilité de certains pays producteurs d’autre part: l’Irak qui ne peut rétablir son ancienne production, instabilité politique au Vénézuela, grèves à répétition au Nigéria, affaire Ioukos,… d’autre part il y a eu peu de découvertes de nouvelles ressources pétrolières ces dernières années et les installations n’ont pas été suffisamment développées, certains économistes pensent qu’il faudra 15 ans pour rétablir la situation. La production de l’acier au niveau mondial est également sous pression de la demande chinoise. Cette montée du cours du brut a des conséquences directes sur les prix des biens à la consommation et réduit le pouvoir d’achat des populations et cela même dans des pays comme l’Iran ou le Nigéria, exportateurs de brut mais qui doivent importer des produits raffinés.

    Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte en elle l’orage. (Jaurès)

    Les Américains n’ont pas les moyens de leur ambition: jouer les gendarmes du monde. S’ils ont annoncé la prise de Falluja en Irak comme une victoire, provoquant le déplacement dans des conditions précaires de 200.000 personnes, il est clair que c’est plutôt une défaite et que la résistance devient plus expérimentée. De plus le risque d’une guerre civile n’est pas exclu si les Sunnites ne sont pas représentés au parlement.

    La politique guerrière de Bush est partiellement responsable de la reprise de la course à l’armement. La Corée du Nord et l’Iran, qui développent un arsenal nucléaire, sont sous pression de l’Occident. Une intervention militaire en Iran n’est pas exclue mais beaucoup d’obstacles sont présents; accords gaziers avec la Chine et autres fournitures pétrolières avec autres pays, comme la Russie,… le pays est en pleine croissance ce qui n’était pas le cas de l’Irak après une guerre et une décennie d’embargo.

    De plus, avec une population trois fois plus nombreuse et un pays quatre fois plus grand que l’Irak il va être plus difficile d’y intervenir. Enfin, l’administration doit compter avec le mécontentement croissant parmi la population et l’armée américaine. Une intervention en Corée du Nord pourrait dégénérer en guerre régionale avec la proximité de la Corée du Sud et de la Chine.

    Une montée de la lutte des classes

    Le Nigeria a déjà vu 7 grèves générales contre l’augmentation du prix de l’essence depuis qu’Obasanjo est au pouvoir et qu’il mène une politique dure de privatisation des services publics. En Chine des mouvements à caractère insurrectionnels se multiplient.

    Une manif a rassemblé‚ 40 à 50.000 personnes à Wanzhou pour protester contre la bastonnade d’un travailleur par un fonctionnaire. Une grève de sept semaines a eu lieu dans une usine textile qui était privatisée, 7.000 personnes protestant contre leurs nouvelles conditions de travail et les licenciements, ce qui est une première depuis 1949. On doit également citer une occupation d’un barrage par des paysans qui est passée de 40.000 à 100.000 personnes après la mort d’un manifestant et qui a finalement obligé la police à se retirer. En Amérique Latine, la plupart des gouvernements – au Pérou, Brésil, Venezuela, Argentine,…- tiennent un discours anti-libéral. La Colombie a vu l’élection d’un président social-démocrate après 100 ans de pouvoir aux mains des conservateurs, signe de l’élévation de la conscience de la population. On voit néanmoins actuellement les limites de tous ces gouvernements qui ne cassent pas avec le capitalisme.

    L’Europe entre en marche Les attaques sur les conditions de vie des ouvriers entraînent la réaction de la classe ouvrière par des manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes (grèves générales en Italie…).

    En Angleterre, le syndicat des pompiers a consciemment brisé ses liens avec le Labour Party qui mène les attaques sur le niveau de vie des gens. L’Allemagne qui a certainement vu les pires attaques, a vu se développer les Journées du Lundi (contre le plan Hartz IV) ainsi qu’une nouvelle formation électorale qui pourrait être le point de départ d’un nouveau parti des travailleurs. Aux Pays-Bas, le modèle « Polders », basé sur la paix sociale a montré ses limites, la manif du 9 octobre dernier contre la politique de Balkenende a rassemblé entre 200.000 et 300.000 manifestants. En Pologne, avec un taux de chômage moyen de 20-30 %la population n’a plus d’illusions sur les soi-disant bénéfices de l’intégration au sein de l’U.E.

    Partout dans le monde nous voyons une montée de l’instabilité politique des tensions entre les grands blocs économiques, un pourrissement de la société dans les pays où intervient l’impérialisme et une escalade militaire. Seul un changement de société, porté par le développement de la lutte des classes peut éviter une explosion de barbarie.

  • Encore quatre ans avec Bush!

    ÉTATS-UNIS

    LES RÉSULTATS des élections américaines représentent une grosse déception pour beaucoup. Tant aux Etats-Unis que sur le plan mondial, on cultivait l’espoir d’une Ldéfaite du règne haï de Bush. Beaucoup ne pouvaient pas comprendre, ne voulaient pas le croire. Comment peut-on élire à nouveau un président qui est responsable de guerres effroyables et d’une politique asociale sans précédent?

    Katrijn Zaman

    Dans son discours, Bush a indiqué qu’il se servira de sa majorité républicaine confortée à la Chambre et au Sénat pour mettre en oeuvre son programme qui va encore davantage profiter aux riches et qui approfondira le projet impérialiste.

    Pourquoi Bush a-t-il remporté les élections?

    L’actualité des derniers mois n’a pas été favorable au président: le bourbier irakien, le pillage d’un dépôt de munitions, le déficit budgétaire démesuré, les pertes d’emplois. Selon les sondages, 52% des électeurs trouvent que l’économie est mal gérée. 55% jugent que la politique de Bush favorise plus les grandes entreprises que l’Américain moyen.

    Malgré cela Bush a été réélu. Bush a même reçu 34% des voix de ceux et celles qui ont perdu leur emploi ces dernières années. Beaucoup de jeunes et 88 pc des Afro- Américains ont voté pour Kerry. Leurs voix n’ont pas suffi pour battre les millions d’autres, surtout d’inspiration évangéliste chrétienne, qui ont vu en Bush le gardien des valeurs traditionnelles américaines.

    Beaucoup de ceux qui ont donné leur voix à Bush ont dans les faits donné leur voix à leur oppresseur (c’est-àdire les capitalistes qui soutiennent et financent Bush) contre les intérêts de la majorité de la population américaine. C’est le grand paradoxe de ces élections, qui résulte de nombreuses raisons historiques et culturelles. Parmi celles-ci, la volonté de s’accrocher à certaines certitudes (l’Église, la famille), d’autant plus que le monde est devenu plus instable et que la période dans laquelle nous vivons est dominée par la peur, le doute et l’incertitude.

    Kerry était-il une alternative?

    La victoire de Bush résulte surtout de l’échec de Kerry dans ses efforts d’avancer une alternative claire. Les similitudes entre les deux candidats étaient évidentes. Kerry ressort du même milieu élitiste que Bush et défend les mêmes intérêts de cette élite. Seul 40% de l’électorat a voté pour Kerry par conviction. Tous les autres ont voté pour lui dans le but de s’opposer à la politique de Bush.

    Tant Bush que Kerry défendent la politique néo-libérale d’austérité qui enrichit la minorité nantie tandis que les travailleurs et leurs familles paient la note pour la crise du système. Ils défendent tous deux la même politique belliciste. Si Kerry avait gagné, le massacre en Irak n’aurait pas pour autant disparu. Aucun des deux partis n’offre d’issue au bourbier irakien. La seule différence que les Américains ont pu remarquer, c’est que Kerry n’est pas Bush.

    Briser le système bipartite

    Ralph Nader, le candidat indépendant, a connu lors de sa campagne électorale une vague d’opposition de la part des Républicains, des Démocrates et de beaucoup de progressistes. Les Démocrates l’ont empêché de se présenter, notamment par des manoeuvres juridiques. Le coût de cette campagne anti-Nader s’est élevé à 70 millions de dollars.

    Finalement, Nader a récolté moins de 1% des voix. Cela est en partie dû à l’atmosphère «Tout sauf Bush». Ce résultat modique s’explique aussi par le refus de Nader de traduire sa campagne électorale (il a eu de très bons résultats lors des élections de 2000) par un organe politique, sous la forme d’un nouveau parti…

    Après 2000, Nader a disparu de la scène pour ne revenir que lors des élections présidentielles de cette année-ci. Une telle stratégie, purement électorale, ne suffit pas.

    L’opposition écartée?

    La victoire de Bush ne signifie pas que la résistance est brisée. L’opposition va revenir à l’avant-plan. Rien ne change au fait que Bush est un président rejeté par la majorité de la population. Un quart des électeurs est en colère contre le président. Ses mesures antisociales iront de pair avec un mouvement de protestation des travailleurs et de leurs familles aux Etats-Unis et dans le monde.

    Afin de s’opposer aux attaques à venir, il faudra un instrument politique aux travailleurs. Une nouvelle conscience est née des mouvements anticapitalistes, contre la mondialisation et contre la guerre. Le candidat indépendant Nader doit se déplacer du terrain électoral vers la construction d’une organisation politique active sur une base quotidienne. Une telle démarche représenterait un bon point de départ pour la création d’un instrument politique pour les travailleurs américains. Nous craignons cependant que cela ne se produise pas.

    Une telle initiative est pourtant la seule méthode pour éviter que les prochaines élections soient à nouveau dominées par le débat entre deux clones qui défendent la même politique asociale, néo-libérale et impérialiste. Face à cette perspective, il nous faut un parti des travailleurs, un parti indépendant des grandes entreprises et des banques.

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