Tag: Iraq

  • L’Irak au cœur des élections américaines

    La situation en Irak aujourd’hui évoque de plus en plus celle qui existait au Vietnam au début des années 70: une population massivement opposée à la présence d’une armée US, un pouvoir local incapable de faire face aux escarmouches et aux attaques de la guérilla, une armée américaine incapable de former une relève locale et forcée de rester en première ligne, un gouvernement fantoche qui, jour après jour, annonce des victoires partielles devant mener à une victoire totale proche… qui s’éloigne pourtant de jour en jour! La principale différence, c’est que l’intervention américaine au Vietnam a duré dix ans, avec un effectif qui a atteint 500.000 soldats, et que la déroute risque d’arriver beaucoup plus vite en Irak.

    Jean Peltier

    La situation n’a en effet pas cessé de se dégrader pour les USA et leurs marionnettes au cours des derniers mois. Les actions de commando s’intensifient dans la plupart des villes, l’armée US a perdu le contrôle de très nombreuses régions du pays, le gouvernement installé par les Américains n’a aucune autorité, la coordination grandit entre les diverses fractions engagées dans la résistance armée, les bombardements massifs de l’aviation US en riposte aux attentats frappent durement la population civile et augmentent la haine envers les Américains et le soutien à la résistance armée.

    Il est certain qu’une fois n’est pas coutume, les questions internationales, et en particulier le terrorisme et l’Irak, joueront un rôle important dans la campagne électorale américaine. Mais il n’est pas encore clair dans quel sens elles feront pencher la balance. Car les Américains semblent très partagés sur le sujet. La domination des chaînes radio et télévision conservatrices – la grande majorité des chaînes radio et de télévision sont propriétés de quelques groupes financiers hyper puissants, dont les dirigeants sont étroitement liés aux cercles conservateurs à la tête du parti républicain – fait que la moitié au moins des Américains sont toujours persuadés qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak, que Saddam Hussein était lié à Al Qaïda et que l’armée américaine est en train de gagner la partie en Irak.

    Bush joue à fond la carte de la peur, se présentant comme le seul dirigeant capable d’en finir avec le "terrorisme international". Kerry, par contre, peine à trouver une ligne claire. Il n’est évidemment pas simple pour lui d’avoir soutenu Bush dans son escalade contre Saddam, voté pour la guerre l’an dernier et dire aujourd’hui que cette guerre était une erreur et qu’il avait été "trompé" par les informations trafiquées données par Bush ce qui ne fait pas très sérieux pour un candidat à la présidence de la première puissance mondiale.

    Mais, au delà de ses petits problèmes personnels, les difficultés de Kerry viennent de ce qu’il est pris dans le dilemme qui étreint toute la classe dirigeante US. Bush est intervenu en Irak, avec le soutien de toute la bourgeoisie américaine, pour restaurer le prestige des USA ébranlé par le 11 septembre et pour prendre le contrôle des richesses pétrolières de l’Irak. Mais, un an et demi après, passée l’euphorie de la chute de Saddam, gagner la guerre apparaît de plus en plus impossible. Mais devoir quitter ce pays en l’abandonnant au chaos ou, pire encore, à un nouveau régime ennemi est une option encore plus impossible à envisager pour les dirigeants américains. D’où les propositions avancées par Kerry pour "internationaliser" le conflit et impliquer l’ONU dans la gestion de la crise, ce qui ouvrirait peut être une porte de sortie honorable aux Etats Unis. Mais les pays qui ont soutenu Bush rechignent à en faire plus et ceux qui s’opposaient à la guerre: France, Allemagne, Russie, Chine, Brésil, Inde,… n’ont aucune envie d’aller s’embourber dans les sables irakiens et de devenir des cibles ouvertes pour la ré&sistance irakienne.

    Bush et la victoire rapide impossible. Kerry et le désengagement progressif tout aussi impossible. Nuits blanches et avenir noir sont au programme des futurs stratèges de la Maison Blanche.

  • Kerry contre Bush: La peste ou le choléra!

    Un mois avant les élections présidentielles américaines qui se tiendront le 2 novembre, beaucoup de sondages donnent un léger avantage à Bush. Malgré la polarisation importante dans la société, un soutien faible pour Bush (entre 40 et 45%), les scandales liés à la guerre en Irak, les gigantesques baisses d’impôts pour les riches et le big business (plus de 2 milliards de dollars), le clivage croissant entre les riches et les pauvres, les manifestations de masses, les Démocrates de Kerry n’arrivent pas à infliger une cuisante défaite à Bush.

    Bart Vandersteene

    Pourquoi les Démocrates n’arrivent-ils pas à battre Bush?

    Lors des élections présidentielles précédentes, seulement la moitié des Américains ont jugé utile se rendre aux urnes. Les Démocrates ne réussissent pas à expliquer à la population pourquoi et comment un président démocrate mènerait une politique radicalement différente pour les Américains moyens et pour la population mondiale. Les causes de ce manque d’enthousiasme sont uniquement dues à eux-mêmes.

    Dans un magazine d’opinion destiné aux patrons, Kerry est décrit comme «l’équivalent politique du valium». Kerry bénéficie d’une auréole due à sa réputation de héros de guerre (conflit du Vietnam) et plus tard dans le mouvement contre la guerre au Vietnam. Dans les faits il compte parmi les riches Démocrates qui aspirent au pouvoir et qui sont à la solde du big business. Il est non seulement le sénateur le plus riche. A ce poste il a systématiquement voté selon les intérêts patronaux.

    A propos de la guerre en Irak il emploie un discours vaguement anti-guerre. Mais au parlement il a voté en faveur de la guerre en Irak et des fonds destinés aux efforts militaires. Lors d’une de ses conférences de presse, il a même déclaré que sa première décision après son élection serait d’envoyer 40.000 de soldats en plus en Irak. De temps en temps, il essaie de profiter du sentiment anti-guerre répandu aux Etats-Unis. Mais d’autre part, face aux élites dominantes, il s’efforce de faire preuve d’être un gérant meilleur et plus fiable que l’équipe en place.

    Les élections primaires et le tournant à droite des Démocrates

    Lors des élections primaires, où l’on désigne un candidat démocrate pour les élections présidentielles, divers candidats se sont profilés comme le pôle antagoniste de Bush. Howard Dean, qui pendant longtemps a devancé les autres candidats dans les sondages, avait l’intelligence de ressentir le sentiment anti-Bush profond dans la société. Il a mené une campagne anti-guerre qui a connu un accueil enthousiaste parmi certaines couches de la population. Kerry a été obligé de l’imiter en lançant des slogans radicaux. La direction du Parti démocrate a été très angoissée par cette campagne, susceptible de susciter des espoirs parmi la population, espoirs que les Démocrates sont incapables de combler. C’est pourquoi la direction du Parti démocrate a choisi d’écarter Dean au profit de Kerry. En revanche depuis sa désignation officielle il a fait une courbe rentrante à droite. Si des illusions pouvaient encore subsister quant à l’aptitude du Parti démocrate d’être un instrument de transformation de la société, elles sont maintenant définitivement dissipées.

    Le crédit: une bombe à retardement

    Dans une période de crise économique structurelle, le capitalisme tente de repousser la crise devant lui, soit en l’exportant vers d’autres pays, soit en la repoussant dans le temps. Voilà la profession de foi de la politique économique de Bush. Il est responsable du taux d’intérêts de 1% (le plus bas historiquement) afin d’inciter les consommateurs américains à continuer à consommer à crédit. Mais chaque dollar emprunté devra être remboursé à un moment donné. Pour chaque dollar de croissance économique entre 2001 et 2003, 3,19 dollars de dettes ont été accumulés (par les entreprises, le gouvernement ou le consommateur). Les niveaux de dette des entreprises, du gouvernement et du consommateur, ont atteint des sommets historiques. Cette bulle boursière devra éclater à un moment donné. Tant Kerry que Bush devront procéder à une politique d’austérité dans les dépenses sociales, avec les conséquences à prévoir. Sous la présidence de Bush, le nombre de pauvres a officiellement augmenté de 40 millions à 45 millions de personnes. Pour la plupart des habitants, bénéficiant d’une faible couverture sociale, la crise imminente frappera fort. Ils se rendront compte que la nation du Rêve américain, de la liberté et de la démocratie, n’est plus capable de leur offrir un avenir. L’idée d’une alternative ne sera pas uniquement un sujet de discussion des jeunes et des travailleurs radicalisés, mais imprègnera toute la société. Alors à ce moment-là, un bouleversement dans la réflexion et l’action quotidiennes des Américains est envisageable.

    La nécessité d’en finir avec le bipartisme

    Il faut rompre avec le bipartisme pour arriver à un changement aux USA. La candidature de Ralph Nader montre la faiblesse de ce système. C’est pourquoi Socialist Alternative, la section soeur du MAS aux USA, mène une campagne énergique en soutien à la campagne de Nader, qui en 2000, avec le soutien des Verts, a récolté 2,7 millions de voix. Ils ont leur propre postulant qui se présente uniquement dans ces états où le résultat du vote est connu d’avance et qui est donc dépourvu d’importance. Dans les états où Bush et Kerry se battent coude-à-coude, les Verts appellent à voter Kerry.

    Ralph Nader est un populiste de gauche, qui mène une campagne audacieuse contre le big business et le bipartisme. Son programme est un pôle d’attraction parce qu’il combine des revendications radicales: contre la guerre en Irak et l’occupation, l’abolition du Patriot Act (la restriction des droits démocratiques après le 11/9), la création de millions d’emplois suite à des investissements publics, un salaire minimum de 10 $ l’heure, l’extension des droits des travailleurs, l’abolition de la législation antisyndicale (Taft-Hartley Act), l’égalité des droits pour des homosexuels, lesbiennes et bisexuels, le droit de vote à partir de 16 ans, etc.

    Contrairement au programme des Démocrates, celui de Nader offre la base autour de laquelle des dizaines de milliers d’activistes peuvent être regroupés. Malheureusement, certains souffrent du syndrome Anyone But Bush (Tout sauf Bush), dont Michael Moore. Pour eux, tous les problèmes du monde et aux USA sont l’oeuvre d’une seule personne et non le résultat de la volonté et de la politique d’une force dans la société (la bourgeoisie) qu’elle souhaite imposer à la population mondiale. Chose qu’elle a faite sur base du sentiment d’effroi après le 11 septembre. Bush n’est que l’interprète de cette politique. La chimère de Tout Sauf Bush ignore la question de qui ou en quoi doit consister le Tout.

    Pour les Américains, les élections signifient un choix entre Pepsi-Cola of Coca-Cola. Souvent on choisit pour l’original et non pour la mauvaise copie. Nader l’a posé ainsi: «Dans ce pays, il n’y a pas d’élections libres. Nous avons un parti du Big Business à deux têtes qui sont toutes les deux maquillées à leur façon, qui vendent nos élections et nos gouvernement à celui qui offre le plus».

    Malgré cela Nader refuse toujours jusqu’à présent de mettre sur pied la structure nécessaire, c’est-à-dire un parti, qui encadre la résistance de beaucoup d’Américains. S’il continue à suivre cette politique, on ne pourra pasconstruire un mouvement de contestation que tous les quatre ans. Socialist Alternative, par contre, a lancé un appel à Nader pour convoquer une conférence qui réunisse des militants anti-guerre, des syndicalistes, des minorités ethniques opprimées, des électeurs démocrates désillusionnés et autres pour préparer le lancement d’un nouveau parti. Tel parti pourra faire en sorte que chaque mouvement contre Bush ou Kerry ait une expression politique sur le plan local, régional et national. C’est d’une importance extrême pour toute la population mondiale. Car aux USA une lutte décisive devra être menée si l’on veut construire une autre société, une société socialiste.

    Comment acheter un président

    Pour leur campagne électorale, Bush et Kerry disposent ensemble de plus d’un milliard de dollars. Nader, par contre, tout en refusant des fonds des entreprises, a récolté cet été plus d’un million de dollars. Une paille dans un pays comme les Etats-Unis. Malgré l’avantage financier énorme de Bush et de Kerry, le programme de Nader trouve des échos beaucoup plus positifs parmi ces couches de la population qui ont l’occasion de faire la connaissance avec la version originale, et non via les déformations de ce programme qu’ont fabriquées les Démocrates et les Républicains. Selon les sondages de cet été, pour chaque dollar dont Nader aurait besoin pour gagner une voix, Bush en dépenserait 15,43 et Kerry 11,29. Imaginez ce qui aurait été possible si chaque candidat avait eu les mêmes chances.

  • Irak: une résistance ouvrière s’organise

    L’AFFRONTEMENT DANS la ville sainte de Najaf entre le nouveau gouvernement intérimaire installé par les Américains et l’Armée du Mahdi, le mouvement du chef chiite intégriste Moqtadr Al Sadr, a fini par déboucher sur un accord provisoire qui soulage le gouvernement. Mais la situation de celui-ci reste toujours aussi délicate.

    Jean Peltier

    Les forces d’occupation ne contrôlent que de petites enclaves fortifiées et des points de passage stratégiques. Les attaques quotidiennes contre les pipelines perturbent gravement les exportations de pétrole. La reconstruction annoncée est un fiasco: le Congrès US a voté un crédit de 18 milliards de $ pour reconstruire l’Irak mais jusqu’ici seuls 600 millions ont été débloqués et ils ont essentiellement servis à tenter d’accroître la sécurité.

    La grande majorité des Irakiens veulent la fin de l’occupation américaine et n’accordent aucun crédit au nouveau premier ministre Allawi. Mais, face au pouvoir, la résistance est loin d’être homogène. Une première branche, établie dans la zone à dominante sunnite, est dirigée par d’anciens dignitaires et militaires du régime baathiste de Saddam Hussein. Une partie d’entre eux ne seraient sans doute pas opposés à chercher un accord avec Allawi. Ce qui inquiète fortement les dirigeants religieux de la majorité chiite qui craignent de se retrouver demain exclus du pouvoir comme ils l’étaient sous Saddam. Toutefois, si Moqtadr El Sadr jouit d’un grand prestige parmi la population des quartiers pauvres, il reste assez isolé parmi les responsables chiites dans sa stratégie d’affrontement ouverte avec les Américains. Mais d’autres chefs religieux pourraient basculer eux aussi dans l’opposition ouverte si Allawi tente de reconstruire un pouvoir autoritaire basé sur les sunnites.

    Loin de l’attention des médias se développe pourtant depuis un an une autre résistance qui a, elle, pour objectif premier de défendre les intérêts des travailleurs, des chômeurs et des femmes. Après deux guerres et dix ans d’embargo, l’industrie tourne au ralenti, les salaires sont très bas et souvent impayés, le chômage est massif, la sécurité sociale réduite à néant.

    Les autorités d’occupation n’ont rien fait pour améliorer cette situation et encore moins pour permettre aux travailleurs de s’organiser. Au contraire, elles ont commencé par durcir les lois antisyndicales instaurées en 1987 par le régime de Saddam Hussein! En septembre dernier, elles ont réduit les salaires payées aux travailleurs des services publics et supprimé les aides pour l’alimentation et le logement. Lorsqu’en octobre, elles ont tenté d’étendre ces mesures aux travailleurs du pétrole, ceux-ci ont créé un nouveau syndicat et sont partis en grève. Sous la menace de bloquer la production et de rejoindre la résistance armée, les travailleurs de la Southern Oil Company ont obtenu le retrait des mesures. Depuis lors, des grèves ont éclaté dans les ports et les stations électriques où, là aussi, les autorités ont dû faire marche arrière.

    Des dizaines de syndicats indépendants se sont formés non seulement dans le sud du pays mais aussi à Bagdad et les villes du centre et même au Kurdistan et une partie s’est regroupée récemment dans une Fédération des Syndicats et des Conseils Ouvriers d’Irak. Parallèlement, d’autres mouvements se sont formés. L’Union des Chômeurs a organisé des manifestations et des occupations de bâtiments publics pour exiger le paiement d’allocations et la création d’emplois et affirme organiser plus de 100.000 chômeurs. L’Union des Familles sans Toit réclame un programme de reconstruction rapide de logements. L’Organisation pour la Liberté des Femmes lutte contre la sharia (la loi islamique qui impose notamment un statut de soumission à la femme) que les religieux appliquent brutalement dans les zones qu’ils contrôlent mais que le gouvernement veut aussi généraliser.

    Toutes ces organisations, qui luttent à la fois contre l’occupation américaine et son gouvernement fantoche et pour défendre les droits des travailleurs et des femmes et refusent de s’aligner derrière les diverses milices saddamistes et intégristes, représentent le meilleur espoir pour le peuple irakien. C’est à elles que doit aller notre solidarité active.

  • Crise et révolte en Amérique latine

    FIN JUILLET, près de 350 camarades provenant de 14 pays se sont retrouvés lors de l’école d’été du CIO, parmi lesquels des camarades du Brésil et du Venezuela. La discussion sur l’Amérique latine, qui a pris toute une journée, était une des discussions les plus importantes.

    Tina De Greef

    Regimes en crise

    Tout le continent est en mouvement et en crise. La profondeur de celle-ci diffère selon les pays. L’industrie textile est presque intégralement délocalisée vers l’Inde et la Chine. Les Etats doivent rembourser des dettes colossales. Actuellement au Pérou, 35% du budget sert au remboursement de la dette. Les richesses naturelles de l’Amérique latine sont en grandes parties tombées entre les mains des capitalistes.

    Presque partout nous voyons les symptômes d’un régime en crise, parfois même avec des composantes pré révolutionnaires. Le Chili et le Pérou sont en ce moment les régimes les plus stables d’Amérique latine. Il y a cependant eu récemment deux grèves générales au Chili. Le gouvernement Fox au Mexique est sur une pente glissante. En Bolivie le président Sanchez de Losada a été chassé car il voulait vendre le gaz aux Etats-Unis. Carlos Mesa, son successeur, essaie quand même d’organiser cette vente, malgré la résistance des masses.

    A Haïti, le revenu moyen par personne de l’ensemble de la population est inférieur à un dollar par jour. Aristide – qui a une approche anti-impérialiste seulement en paroles – a dû s’exiler. Au Pérou, Toledo est pour le moment le dirigeant le moins populaire de toute l’Amérique latine. Il a dû faire face il y a quelques semaines à une manifestation de masse, malheureusement dirigée par Garcia le leader de l’opposition bourgeoise.

    La révolte au Venezuela reflète le refus de la politique néo-libérale menée au cours de la dernière décennie dans toute l’Amérique latine. Le chômage officiel est passé de 12% à 17%. La population pauvre se radicalise et place le populiste de gauche Hugo Chavez au pouvoir en 1998. Celui-ci va décider – sous la pression des masses – d’envoyer 3.500 médecins vers les gens qui n’en avaient encore jamais vus. La Constitution changea de sorte que les propriétaires terriens perdirent leurs terres et que le pétrole soit placé sous le contrôle des autorités publiques.

    Les supermarchés itinérants avec de la nourriture bon marché et une nouvelle entreprise nationale de télé-communications sont les récentes initiatives de Chavez. Pour faire ces concessions, Chavez dépend des prix élevés du pétrole. Pour le moment le Venezuela est le cinquième producteur de pétrole du monde avec 3,1 millions de barils par jour. Cette réforme politique n’est cependant pas tenable à long terme dans un cadre capitaliste. La bourgeoisie, qui a perdu partiellement le contrôle de l’appareil d’état, déteste Chavez car il est a prêt à céder sur de nombreux terrains sous la pression des masses. C’est une situation dangereuse pour l’impérialisme.

    Pour rencontrer fondamentalement les revendications des masses et pour élever leur niveau de vie il faut rompre avec le capitalisme. Contrairement au Chili et à d’autre pays du continent, le Venezuela n’a jamais connu de tradition socialiste ou communiste. Même Chavez ne saisit pas la chance pour mobiliser une véritable révolution socialiste: il veut installer un «capitalisme plus humain».

    Pas de réconciliation avec l’opposition de droite

    Chavez voudrait réconcilier la révolution et la contre-révolution. Il louvoie entre les deux: d’une part entre la pression des masses vénézuéliennes et d’autre part la bourgeoisie et l’impérialisme. Les tentatives pour une réconciliation avec l’opposition de droite vont démoraliser les masses. Seul un parti révolutionnaire – condition décisive pour une victoire révolutionnaire: le facteur subjectif – sera capable de mener les masses vers la révolution. Seul un changement total de la société, rompant avec le capitalisme, pourra mettre un terme à la crise et en finir avec le chômage et la pauvreté.

    Les masses expérimentent aujourd’hui un processus important d’auto-organisation: les comités populaires, et les Cercles bolivariens initiés par Chavez. Ces organes doivent s’élargir vers toutes les couches des opprimés, et se transformer en organes réels de la lutte des travailleurs.

    Des comités populaires dans les entreprises et les quartiers doivent se baser sur les principes de la démocratie ouvrière: éligibilité, révocabilité des élus, un salaire pour les élus qui ne dépasse pas le salaire moyen d’un ouvrier qualifié,…

    La population doit s’armer au travers de cette forme d’auto-organisation, pour se protéger contre de nouvelles tentatives de coup d’état ou de contre-révolution violente. L’armement en soi n’est cependant pas une garantie pour une victoire: il faut aussi un véritable programme socialiste. L’appel de Chavez pour «armer la population» sont des paroles en l’air. De ce fait et si aucun véritable parti révolutionnaire ne se développe, une contre-révolution ne peut être battue.

    L’armée au Venezuela est essentiellement composée de travailleurs qui reflètent clairement la pression de la société. Cette situation est quelque peu comparable avec celle de l’armée durant la révolution des oeillets au Portugal. Au Portugal, le Mouvement des Forces Armées trouvait dans son programme des éléments socialistes qui allaient beaucoup plus loin que le mouvement d’aujourd’hui au Venezuela.

    Un tel parti révolutionnaire pour amener les masses à la victoire, fait défaut aujourd’hui au Venezuela.Toutes les mesures positives entreprises par Chavez jusque maintenant ont été essentiellement mises en avant par le sommet du régime. Les Cercles bolivariens forment le point d’appui dans la société pour Chavez et son gouvernement, mais il y a souvent des tentatives pour les contrôler par le haut.

    Récemment il fallait élire un responsable dans un Cercle bolivarien. Le gouvernement a essayé de mettre en avant son candidat, ce qui a provoqué la protestations des travailleurs qui avaient leur propre candidat. Il y a une grande pression du bas pour une démocratisation de ces organes, où maintenant déjà une couche de la population est représentée.

    L’opposition perd le référendum

    La réaction de Chavez après le référendum de la mi-août – qui portait sur sa révocation – montre qu’il ne cesse de vouloir concilier le processus de révolution et la contre-révolution. Le résultat, après une participation massive, est maintenant connu: Chavez l’a emporté avec 58.25 % des voix (contre 41.74% des voix en faveur de sa révocation). L’opposition ne reconnaît pas sa défaite. Elle a lancé une enquête sur d’éventuelles fraudes électorales.

    Dès l’annonce du résultat, le prix du baril de pétrole à la bourse de New-York a baissé. En fait Bush ne peut intervenir dans l’immédiat. Le prix élevé du cours du pétrole et l’importance du Venezuela comme pays producteur de pétrole, couplé à la guerre en Irak oblige l’administration américaine à remettre à plus tard une intervention dans les affaires intérieures au Venezuela.

    Nouveau parti au Brésil

    Au Brésil le PT social-démocrate, dirigé par Lula, est au pouvoir. Lula, un ancien métallo devenu dirigeant syndical, est arrivé au pouvoir en promettant de donner de la terre aux paysans sans-terres. Juste après avoir été élu, il a fait vote-face. Il a notamment annoncé que les fonctionnaires devaient travailler 12 ans de plus pour toucher leur maigre pension. Le chômage a pris des proportions énormes et plus de gens ont faim qu’autrefois. Quatre parlementaires restés fidèles au programme originel de Lula ont été exclu du PT. Le gouvernement Lula marche sur les traces du précédent gouvernement, qui suivait la politique du FMI.

    Les 200.000 emplois pour les jeunes que Lula avait promis n’ont pas vu le jour. En outre Lula joue localement un rôle impérialiste. Il aide à mener la guerre en Irak pour se procurer une petite place au conseil des Nations-Unies.

    Récemment, en réaction à la politique droitière du PT, un nouveau parti a vu le jour: le PSoL (Parti pour le Socialisme et la Liberté). Notre section au Brésil participe à la construction du PSoL dont les perspectives de croissance sont indubitables. Seul le programme est sur pied. Il comprend de fort accents révolutionnaires mais aussi des éléments de politique de réformisme keynésien. Mais ce n’est pas suffisant: l’action est nécessaire. Le débat interne porte aussi sur les statuts: il y a des propositions pour qu’ils soient très démocratiques. L’impact potentiel d’un parti de masse des travailleurs comme le Psol est important pour toute l’Amérique Latine. A ce jour, 20.000 militants ont pris part aux assemblées locales pour la fondation de ce nouveau parti.

    Le combat entre révolution et contre-révolution aujourd’hui à l’oeuvre en Amérique latine est d’une importance capitale à l’échelle du monde.

  • Contre la guerre, le racisme et le capitalisme

    Résistance Internationale

    LE 1ER SEPTEMBRE n’annonce pas seulement une nouvelle année scolaire, mais aussi une nouvelle année de travail politique pour Résistance Internationale. Résistance Internationale poursuit son activité dans les écoles sur base de trois piliers : antiguerre, antiracisme et anticapitalisme.

    Jasper Rommel

    ANTIGUERRE

    Les conditions de vie en Irak se détériorent chaque jour. La croissance de la résistance a contraint Bush à donner la «souveraineté» irakienne au gouvernement transitoire d’Allawi. Mais ce dernier n’est qu’une façade. Le gouvernement irakien n’est ni plus ni moins un gouvernement fantoche de l’impérialisme américain. La résistance contre l’occupation s’intensifie; à présent, les installations pétrolières sont également visées par les attentats.

    C’est pourquoi la popularité de Bush baisse à vue d’oeil dans son propre pays. Il lui reste deux choix: soit conserver le gouvernement fantoche, ce qui signifierait que davantage de troupes devraient être envoyées en Irak, soit se retirer et abandonner l’Irak à son sort. Cela ferait vraiment perdre la face aux Etats-Unis et plongerait le pays dans un chaos encore plus profond.

    Quoi qu’il advienne, une chose est sûre: les Etats-Unis ne sont pas invincibles. Ils peuvent vaincre un régime dictatorial avec leur supériorité militaire, mais ne peuvent pas imposer leur volonté contre la résistance massive d’une population.

    Résistance Internationale a toujours joué un rôle important dans les mouvements antiguerre. Par la constitution de comités antiguerre dans les écoles et nos mobilisations massives pour le Jour X, nous sommes parvenus à attirer des milliers de jeunes dans la rue.

    Pour le moment, le mouvement antiguerre en Europe ne sait pas bien sur quelle base il peut agir. Nous pensons qu’il est toujours nécessaire de continuer la discussion sur une alternative anti-capitaliste. Le capitalisme sans guerre est d’ailleurs une utopie. Ceci a été clairement démontré au Vietnam, en Irak, au Kosovo et en Afghanistan.

    ANTIRACISME

    Avec les derniers résultats électoraux, le mouvement antiraciste reçoit un nouveau coup. Cela, nous l’avons bien ressenti avec Blokbuster et Résistance Internationale. Nous pensons que la progression du FN et du Vlaams Blok ne peut pas être stoppée avec de simples campagnes moralistes contre le racisme.

    La raison pour laquelle beaucoup de travailleurs et de jeunes votent pour le FN est qu’ils sont confrontés à toute sorte de problèmes sociaux: chômage, jobs intérim mal rémunérés, pénurie de logements… Il est clair qu’aucun parti traditionnel n’offre de solution à cela. Mais le FN n’en a pas non plus: il se propose de faire travailler les gens plus longtemps, de supprimer les prépensions et de s’attaquer aux syndicats. Nous opposons à cela le slogan: “Du travail, pas de racisme!”

    ANTICAPITALISME

    Malcolm X disait: «On ne peut avoir de capitalisme sans racisme.» Jaurès, socialiste français, expliquait: «Le capitalisme porte en lui la guerre, tout comme la nuée porte en elle l’orage.»

    Avec Résistance Internationale, nous voulons intervenir dans les mouvements antiguerre et antiracistes pour apporter une alternative socialiste au chaos capitaliste. Pour nous, c’est le capitalisme qui engendre la militarisation, le racisme, la pauvreté, etc. Il est vain de s’attaquer aux conséquences du capitalisme si on ne lutte pas contre le capitalisme lui-même. Nous vous appelons à lutter ensemble contre le racisme et la guerre sur base d’une perspective anticapitaliste et socialiste. Rejoignez-nous!

  • Les consommateurs paient le prix de la politique de Bush

    Augmentation du prix des produits pétroliers

    LE PRIX du pétrole a commencé cet été à grimper à un rythme effréné. Ceci reflète la politique instable et la situation économique dans le monde. L’État belge percevra 60 à 65 millions d’euros de rentrées supplémentaires via les taxes sur les produits pétroliers.

    Bart Vandersteene

    Entre-temps, les multinationales pétrolières maximalisent leurs bénéfices: comparé à l’année 2003, ceux-ci ont augmenté de 35% pendant les six premiers mois de cette année. Exxon Mobile prévoit un bénéfice annuel de 25 milliards de dollars, ce qui équivaut aux bénéfices de toutes les entreprises belges mis en commun. Les cinq plus grosses multinationales pétrolières pourraient finir l’année 2004 avec un bénéfice total de 100 milliards de dollars. Quand on examine les prix de l’essence à la pompe et du mazout de chauffage, qui ont déjà grimpé de plus de 34% depuis le début de cette année (chiffres au 20/08), on se rend compte que c’est une fois de plus le consommateur qui paie la facture.

    On attribue souvent la montée du prix du pétrole à la forte croissance économique en Chine et aux USA mais, dernièrement, celle ci a commencé à ralentir. Cet explication pourrait conduire à une menace de déficit. En fait, la montée du prix du pétrole est surtout l’expression de la peur que la situation politique internationale ne mène à une rupture dans l’approvisionnement de pétrole.

    La production pétrolière est très fragile au Moyen Orient et surtout en Irak. L’intervention militaire dans ce pays avait pour but de placer à long terme l’approvisionnement pétrolier sous le contrôle direct des Etats Unis. La force de l’OPEP devait ainsi diminuer. Cependant, la production pétrolière en Irak est encore plus basse un an et demi après le début de la guerre qu’avant celle ci. Dans le nord du pays, l’exportation de pétrole est paralysée depuis des mois déjà et, dans le sud, les installations pétrolières sont de plus en plus fréquemment la cible d’attentats.

    En Arabie Saoudite aussi, la crainte d’attentats contre la production pétrolière est grande. En outre, il faut prendre en compte les problèmes liés au groupe pétrolier russe Youkos et l’instabilité politique au Nigéria et au Venezuela (ce dernier exporte chaque jour 3,1 millions de barils vers les USA, soit plus que l’Arabie Saoudite).

    La chaîne se brise toujours dans son maillon le plus faible. Concernant l’économie mondiale, ce maillon pourrait être en ce moment l’approvisionnement pétrolier. La montée du prix du pétrole pourrait freiner la consommation aux Etats Unis. Hors, une consommation privée était fondamentale ces dernières années pour reporter la crise. Un retard de la croissance aux Etats Unis pourrait entraîner le monde entier dans une longue dépression, une dépression qui démontrera la fragilité des arguments allant en faveur de la dernière reprise économique.

  • IRAK: Le fantôme du Vietnam revient hanter Bush

    Le 30 juin est la date retenue pour le passage symbolique du pouvoir en Irak à une nouvelle autorité. Ce changement sera évidemment de pure façade: une autorité non élue et choisie par l’occupant américain sera remplacé par une nouvelle autorité… non élue et choisie par l’occupant américain. Mais, demain comme hier , le pouvoir réel appartiendra toujours à l’armée américaine.

    Jean Peltier

    Car le fait le plus marquant de ces dernières semaines est la montée du nombre d’attaques contre l’armée US et surtout contre ceux qui collaborent avec elle. Les postes de recrutement pour la police et l’armée sont devenues les cibles quotidiennes des groupes de résistants, tandis que l’organisation liée à Al-Qaïda multiplie les enlèvements de militaires et de civils étrangers, de manière à faire monter la pression sur les gouvernements de ces pays pour qu’ils se retirent du pays.

    Quinze mois après le début de la guerre, le bilan est désastreux pour Bush. L’Irak devait devenir un « modèle » pour l’instauration de la démocratie « à l’américaine » au Moyen-Orient ; aujourd’hui, le pays est dans un état chaotique et le nouveau régime installé par l’armée américaine ne dispose d’aucune base populaire en dehors du Kurdistan. La chute de Saddam Hussein devait représenter un coup fatal au terrorisme ; l’Irak est devenu une base d’accueil pour les militants des mouvements intégristes radicaux de tout le monde musulman. La mainmise sur l’Irak devait assurer aux compagnies américaines le contrôle de l’appareil de production pétrolier et surtout des énormes réserves enfouies dans le sol du pays .

    Aujourd’hui, la production reprend à grand peine, les actes de sabotages dans les raffineries et les pipelines se multiplient et le cours du pétrole s’envole sur les marchés internationaux. Et, cerise sur le gâteau, la guerre devait assurer à Bush une réélection dans un fauteuil. Au lieu de quoi sa cote de popularité baisse avec régularité.

    Bush est maintenant confronté à un dilemme extrêmement douloureux. Soit il opte pour un gouvernement fantoche et une administration reconstruite et soumise aux USA. Mais, pour cela, vu l’impopularité énorme de l’occupation parmi la population et la multiplication des attentats, l’administration américaine sera obligée d’envoyer de plus en plus de troupes en Irak. Soit le gouvernement US essaie d’échapper à l’enlisement et retire peu à peu ses troupes d’Irak, laissant ses partisans se débrouiller sur place. Mais cela paraîtrait aux yeux du monde entier comme l’aveu d’un échec colossal…. avec le risque, en plus, de voir l’Irak basculer dans un chaos complet.

    Trente ans après, le fantôme du Vietnam revient hanter le pensionnaire de la Maison Blanche : soit l’enlisement pendant des années, soit le retrait sans gloire et lourd de conséquences, soit l’un puis l’autre !

    Mais, quoiqu’il arrive en Irak, un mythe s’est déjà effondré : celui de la superpuissance américaine que, depuis la chute du mur de Berlin et l’accélération de la mondialisation, rien ne pourrait plus arrêter. La résistance de la population irakienne, comme auparavant celle du Vietnam, montre les limites de la puissance US : elle peut, grâce à son énorme potentiel technologique et militaire, gagner sans trop de difficultés une guerre conventionnelle – surtout contre un régime dictatorial du Tiers- Monde. Mais elle ne peut imposer sa volonté face à la résistance massive d’un peuple.

    « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès)

    Le vingtième siècle a été un siècle de guerres d’une ampleur jamais égalée jusque là : 10 millions de morts lors de la Première Guerre Mondiale, 55 millions lors de la Deuxième, 2 millions dans les guerres successives d’Indochine et du Vietnam et des dizaines de millions d’autres au cours de la centaine d’autres guerres locales ou régionales qui ont ravagé un grand nombre de pays depuis 1945.

    Certes, les guerres font partie de l’histoire de l’humanité depuis des millénaires mais le passage au capitalisme a donné une nouvelle ampleur à cellesci. Dès le 16e siècle, les premières bourgeoisies marchandes ont largement assis leur fortune sur la conquête du continent américain, qui a entraîné l’extermination d’une grande partie des populations indiennes d’Amérique, et sur la colonisation de l’Afrique, où le pillage des richesses s’est accompagné de la déportation de millions d’Africains vers les Amériques. Dans ce monde colonial, les grandes puissances européennes, l’Espagne, puis la France et la Grande-Bretagne, ont utilisé continuellement la guerre pour accroître leurs richesses et leur empire.

    Ces guerres de rapines et de pillages menées par les Etats ne diffèraient encore des anciennes guerres féodales que par leur ampleur. Mais il est un autre type de guerre plus propre au capitalisme qui va ensuite se développer : celle qui prolonge directement la concurrence économique entre les entreprises.

    Au cours des cent cinquante dernières années se sont constituées dans les pays économiquement les plus avancés de grandes entreprises ne visant plus seulement un marché national devenu trop étroit mais aussi une expansion internationale qui les pousse à l’affrontement avec leurs concurrents d’autres pays. Dans ce jeu, chaque Etat national exerce toute la pression dont il est capable – y compris au plan militaire – pour aider ses propres capitalistes à prendre l’avantage sur leurs rivaux étrangers. Aussi longtemps que l’économie est en expansion, la plupart des multinationales peuvent espérer réaliser des profits suffisants pour continuer à se développer. Mais quand une crise économique survient et s’approfondit, la concurrence économique devient une véritable guerre économique et la lutte pour la vie des capitalistes peut devenir une lutte pour la vie entre Etats, chacun disposant de moyens de destruction grandissants.

    Les deux grandes guerres mondiales ont été des guerres impérialistes, c’està- dire des conflits entre des alliances d’Etats capitalistes pour le contrôle des ressources et des marchés et pour la domination du monde. Par la suite, la grande majorité des guerres ont eu comme toile de fond les luttes entre les multinationales et leurs Etats pour s’emparer du contrôle de positions économiques et stratégiques décisives.

    Les deux guerres du Golfe avaient évidemment pour enjeu le contrôle du pétrole. Mais des guerres beaucoup plus locales n’échappent pas à cette logique. Ainsi, dans les multiples conflits qui ensanglantent l’Afrique, derrière les luttes entre chefs locaux pour le pouvoir se dessinent les manoeuvres des USA pour élargir leur emprise au détriment des anciennes puissances coloniales anglaises et françaises.

    La concurrence et la guerre sont inséparables et elles sont toutes deux au coeur même de l’existence du capitalisme. Ce n’est qu’en renversant ce système barbare et en construisant un système réellement socialiste – remplaçant la concurrence et la course effrénée au profit par une planification démocratique permettant d’orienter la production vers la satisfaction des besoins de la majorité de la population – que nous pourrons instaurer une véritable paix mondiale.

  • Élections européennes: une défaite pour l’establishment

    LES ELECTIONS européennes de juin ont gravement sanctionné Blair, Schröder, Berlusconi, Chirac , Verhofstadt et Co. La faible participation de l’électorat (en moyenne 42%) et le succès des formations résistant contre le projet de l’Union Européenne (UE) ou ayant un discours populiste en disent long sur l’engouement pour l’UE.

    Geert Cool

    Les résultats de nos camarades ailleurs en Europe

    Le MAS n’avait pas seulement des candidats en Belgique, ses organisations soeurs étaient présentes aux élections dans plusieurs pays : en Irlande, le Socialist Party a obtenu 5,5% des voix à Dublin pour les élections européennes. Ses forces était surtout mobilisées pour les communales où le nombre d’élus du Socialist Party a doublé de 2 à 4. Nous avons maintenant des conseillers communaux à Dublin et Cork.

    A Coventry St. Michaels, les marxistes ne devaient pas nécessairement se contenter d’un beau pourcentage après la virgule: le Socialist Party a obtenu 4,2% et a décroché deux élus. De bons résultats ont aussi été enregistrés ailleurs en Angleterre et au Pays de Galles.

    Enfin, 2,5% dans la ville Rostock a permis à notre organisation soeur allemande d’obtenir sa première élue communale. C’est un résultat significatif car Rostock fut, au début des années 90, le théâtre du spectaculaire incendie d’un centre d’asile provoqué par des groupements néo-nazis. Aujourd’hui, une véritable opposition est présente dans le conseil communal de Rostock.

    La quasi totalité des partis au gouvernement ont perdu des plumes : les sociaux-démocrates de Schröder récoltaient 21,5% des votes (jamais il n’ont fait si peu depuis 1932), le Labour Party de Blair n’était que le troisième parti (après les Tories et les Liberal- Democrats) aux élections communales et n’obtenait que 22% aux européennes (leur score le plus bas depuis 1918), l’UMP de Chirac faisait juste 17%…

    Pour une couche croissante de la population, il devient évident que l’UE est un instrument du capital, responsable des attaques sur les acquis sociaux et les conditions de travail: l’UE fait pression sur les états-membres pour progressivement supprimer les allocations de chômage, pour augmenter l’âge de la retraite, L’UE propose de libéraliser les services (via la directive Bolkestein, par exemple), ce qui va exercer ici une pression énorme sur les salaires et les conditions de travail. Rien d’étonnant à ce que l’enthousiasme pour l’UE soit si limité. Remarquons aussi que dans les nouveaux états-membres, la participation électorale était de 28%.

    La défaite de l’establishment ne peut être expliquée que partiellement par la politique de l’UE. L’élément le plus important est le dégoût général envers ces gouvernements sur le plan intérieur et/ou vis-à-vis du soutien pour la guerre en Irak : Blair et Berlusconi payent cher ce soutien à l’encontre de l’opinion publique ; les privatisations et les assainissements dégradant le niveau de vie sont aussi des éléments majeurs à la perte de confiance envers les instruments politiques de la bourgeoisie. Le plus grand problème lors des élections européennes était l’absence générale d’alternatives claires. Des formations populistes pouvaient donc facilement gagner du terrain. L’UK Independance Party (UKIP) d’un politicien raté Labour Kilroy-Silk (ayant échoué contre les socialistes de gauche dans le Labour Party à Liverpool et qui est ensuite devenu présentateur TV) obtenait un score spectaculaire de 16,7% pour les élections européennes. Faut-il le souligner ? L’UKIP n’a pas de membre et manque cruellement de sections dans des grandes parties de la Grande-Bretagne.

    D’autres scores remarquables ont été enregistrés pour des figures vues comme incorruptibles, comme Paul Van Buitenen (fonctionnaire de l’UE s’étant fait connaître en résistant à la corruption) avec sa liste "Europe Transparent" aux Pays-Bas qui a obtenu 7%. En Autriche, il existait une liste comparable. La montée rapide de telles formations est surtout l’expression d’un manque total de confiance envers les partis traditionnels. La défaite de ces derniers était d’ailleurs le message central des européennes.

    Ceci rend très concrète la question d’une alternative politique. Que va faire la gauche pour répondre aux couches de la population toujours plus larges qui se détournent de l’establishment politique ? Qu’il ne s’agisse pas d’une question facile est devenu clair en France, où l’alliance LO/LCR (deux formations avec lesquelles nous avons des divergences fondamentales) est retombée à 3,3%, perdant ainsi ses cinq parlementaires européens. Deux ans auparavant, lors des élections présidentielles LO et LCR obtenait ensemble 10,4%. N’ayant pas saisi les opportunités pour construire un puissant nouveau parti des travailleurs, LO/LCR s’est vu dans l’incapacité de créer une dynamique pour maintenir et améliorer son score.

    C’est un avertissement aux autres partis de gauches qui ont obtenu de bons résultats comme le Bloc de Gauche au Portugal, la Rifondazione Comunista en Italie et le SP aux Pays- Bas. La méfiance envers les partis traditionnels est flagrante. C’est positif en soi, mais il faut aller plus loin en développant une phase dans laquelle des parties importantes de la classe ouvrière s’engagent activement dans des mouvements de lutte pour défendre leur acquis sociaux.

  • Les Irakiens découvrent la “démocratie”

    TORTURES ET HUMILIATIONS

    Nous étions des millions l’an dernier à faire entendre notre voix contre cette guerre impérialiste, des millions à clamer haut et fort que les raisons qui ont poussé les armées de la coalition en Irak étaient toutes autres que la défense des droits de l’homme et l’instauration de la démocratie. Mais, malgré Guantanamo, il restait des sceptiques.

    Nicolas Croes

    Si tous n’allèrent pas jusqu’à cautionner entièrement l’intervention, la plupart admettaient volontiers que le peuple irakien allait enfin être libéré, et que le mal, somme toute, ne serait que passager.

    Beaucoup enchaînèrent en se moquant des extrémistes qui liaient la guerre au capitalisme. L’absence des fameuses armes de destruction massive avait cependant diminué leur nombre. Puis, l’on s’aperçut que les infrastructures pétrolières bénéficiaient de privilèges honteux compte tenu des conditions de vie de la population. Ils furent encore plus isolés quand il devint évident que la population ne voulait pas des marines US, ni d’une autre armée étrangère. En reste t-il encore aujourd’hui après la publication des photos de détenus ?

    Devant la résistance qui s’organise, à Bagdad comme ailleurs, les Américains crurent bon d’utiliser une vieille pratique de la CIA : la torture, tant physique que psychologique. C’est en effet avec l’approbation du secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld que les prisonniers ont dû subir de tels sévices. Histoire de les préparer aux interrogatoires, l’avancée du processus de démocratisation étant à ce prix… La coalition s’est enfoncée dans un bourbier sans nom, c’est maintenant clair pour tout le monde et les Etats-Unis sont de plus en plus isolés pour y faire face.

    L’Irak plonge de jour en jour dans le chaos, et les exportations de pétrole s’en ressentent: elles s’élèvent approximativement à 2 millions de barils par jour, contre 3 millions avant le conflit. Tout cela tombe à un très mauvais moment puisque la Chine est de plus en plus demandeuse et que l’OPEP a décidé d’augmenter les prix. De plus, la reprise de l’économie américaine est fragile, et le soutient à Baby Bush diminue sans cesse, or les élections sont proches.

    Il ne faut cependant pas espérer une autre situation avec John Kerry. Il reste, lui aussi, à la botte des multinationales américaines, et a d’ores et déjà annoncé son refus de retirer les troupes d’Irak. Que cela soit en Irak où aux USA, il n’y a aucun espoir de mieux-être pour la majorité de la population sous le capitalisme.Ensemble, nous devons lutter contre ce système pourri qui n’engendre, à quelques riches exceptions près, que la misère et la guerre.

  • Irak: Les troupes d’occupation sous le feu de la résistance

    LES DERNIERES prises d’otages d’étrangers en Irak marquent une phase cruciale dans la lutte contre l’occupation. Il y avait déjà depuis longtemps une résistance armée contre les troupes US dans ce qu’on ppelle le «triangle sunnite», entre les villes de Tikrit, Fallujah et Bagdad. Les attaques de l’armée américaine contre les milices du leader chiite radical Muqtada al-Sadr ont ouvert un second front. Les Américains et leurs alliés doivent maintenant combattre non seulement les Sunnites dans le Nord de l’Irak, mais aussi les Chiites dans le Sud.

    Karel Mortier

    Les Chiites étaient cruellement opprimés par Saddam. Dès lors les troupes d’occupation ne s’attendaient pas à devoir f aire f ace à une telle résistance de leur part. Maintenant que c’est le cas, surgit pour les Américains le spectre d’une lutte unifiée des sunnites et des Chiites contre l’occupation. Le gouvernement Bush essaie de tout faire pour minimaliser les problèmes en Irak, refuse les comparaisons qui sont faites avec le Vietnam. Pour tant, le nombre total de soldats américains morts en Irak s’élève à plus de 700. Durant les 6 premières années de la guerre du Vietnam les Américains ont perdu 500 soldats…

    Le président Bush expliquait solennellement le 2 mars 2003, depuis le porte-avion "USS Abraham Lincoln", que «les combats principaux en Irak sont terminées». A ce moment-là, il y avait 135.000 soldats américains en Irak. Les experts estiment actuellement que les Américains auraient besoin de 225.000 soldats pour pouvoir occuper effectivement tout le pays. Les américains ne les ont pourtant pas et en ce moment, aucun autre pays n’est disposé à envoyer des troupes supplémentaires, bien au contraire.

    Les attaques contre les troupes de la coalition sont, d’après Bush et Blair, le travail d’un petit groupe fanatique, extrémiste et terroriste, alors que la grande majorité de la population irakienne voudrait la paix. Les méthodes musclées avec lesquelles la coalition a abordé la question des «extrémistes» a pourtant renforcé la position d’al-Sadr.

    Et cela a soudé les rangs de la population irakienne. La nouvelle armée mise en place par les Américains depuis la chute de Saddam refuse de lutter contre les Irakiens. Les membres du gouvernement transitoire menacent de s’en aller par protestation contre les exactions des Américains à Fallujah, où des centaines de citoyens irakiens ont péri. En attendant, aux Etats-Unis, le mécontentement gronde contre la politique de Bush; il est évident que celui-ci a menti sur ces motivations pour envahir l’Irak. Chaque jour des avions atterrissent aux USA, ramenant des cadavres de soldats américains. Pendant ce temps le président est tranquillement dans son ranch au Texas.

    La manière dont les Américains vont tenter de régler les problèmes colossaux en Irak n’est pas claire non plus. Malgré la violence croissante, les Américains continuent d’affirmer que le transfert du pouvoir aura lieu le 30 juin. D’après Bush, les Nations Unies pourraient jouer un plus grand rôle en Irak. Il est pourtant clair que l’ONU est vue par la majorité de la population irakienne comme un instrument de l’impérialisme US. Dans les années 90, plus d’un million d’Irakiens sont morts à cause des sanctions imposées par les Nations Unies. L’attentat contre leur quartier général en Irak atteste que c’est une institution en laquelle les Irakiens n’ont pas confiance.

    Beaucoup de gens redoutent qu’un retrait des troupes de la coalition mène à un plus grand chaos, et même à une guerre civile. Des politiciens comme Blair se servent de cette crainte pour justifier l’occupation. Dans le cadre du capitalisme en effet, le danger d’un éclatement de l’Irak est bien présent. Si l’ennemi commun des sunnites et des chiites se retire, les conflits ethniques peuvent s’aggraver. C’est pourquoi seule une solution socialiste basée sur les intérêts des travailleurs, des paysans et des Irakiens pauvres,… peut résoudre les problèmes à long terme.

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