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Tag: Inégalités
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Panama Papers. Le capitalisme ne peut pas être réglé, il doit être renversé!
“C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.” (Victor Hugo)La ‘‘plus grande fuite de l’histoire’’ 2,6 téraoctets d’information, 11,5 millions de documents. La base de données du cabinet d’avocats Mossack Fonseca au Panama est parvenue aux mains du Consortium international pour le journalisme d’investigation. Des entreprises comme Mossack Fonseca offrent diverses possibilités aux riches de la planète (parmi lesquels plus de 700 de Belgique dans ce cas précis) pour planquer leur argent. Concrètement, il s’agit de vol des moyens de la collectivité par le biais de l’évasion fiscale ; d’argent noir ; de fonds illégaux obtenus par les drogues, le trafic d’armes, la traite des êtres humains ;…
Ce scandale enfonce le clou sur différents sujets. Tout d’abord : ce ne sont pas les richesses qui manquent. Chaque fois que les gouvernements lancent une nouvelle opération d’austérité, c’est toujours aux jeunes, aux travailleurs et aux allocataires sociaux de payer. Les super-riches sont systématiquement protégés. Ce n’est pas la crise pour tous le monde… En Belgique, la coalition de droite au fédéral a même osé poursuivre son offensive antisociale après la publication des documents de Panama sous l’argument qu’il ne resterait plus que la sécurité sociale comme source de moyens à dégager !
Il convient en second lieu de noter que l’utilisation des paradis fiscaux est connue depuis très longtemps déjà, sans que rien n’ait été fait à leur encontre. Les Panama Papers ne constituent pas le premier scandale de ce type. Récemment, le Swiss-Leaks et le Lux-Leaks avaient déjà démontré que Panama et les îles Vierges étaient des paradis fiscaux. Mais rien n’a été entrepris.
Troisièmement, il est frappant de constater à quel point «l’impuissance» des gouvernements face à de telles fraudes contraste avec la manière dont les attaques sont lancées par les autorités contre les jeunes, les travailleurs ou encore les réfugiés. Pour surveiller les textos envoyés par des jeunes de gauche lors d’une action à la Bourse, pas de problème ! Mais pour les fraudeurs qui cachent des milliards d’euros aux contributions, par contre… Pour stopper les réfugiés, les frontières sont renforcées et des accords internationaux tels que ceux de Schengen peuvent être mis de côté sans soucis. Mais pour la fraude fiscale, c’est une autre histoire.
Ces documents de Panama ne représentent qu’une infime partie émergée de l’énorme iceberg des milliards de dollars cachés dans les paradis fiscaux. Pourquoi des gens doivent-ils encore mourir de faim aujourd’hui ? Pourquoi les salaires doivent-ils diminuer ? Pourquoi nos conquêtes sociales doivent-elles être réduites ou supprimées ? Pourquoi devons-nous payer pour une crise dont nous ne sommes pas responsables alors que les spéculateurs et les super-riches deviennent toujours plus riches?
En 2105, nous avons connu un saut d’index en Belgique. Cette année-là, les patrons du Bel 20 ont gagné 20% de plus qu’en 2014. La moyenne de leurs revenus annuels avoisine les 2 millions d’euros. La logique que l’establishment capitaliste voudrait nous faire avaler – qu’il faudrait «tous» nous serrer la ceinture en raison de la crise – a une nouvelle fois reçu une belle claque. Cet argument ne suit d’ailleurs aucune logique, il s’agit d’un mensonge idéologique qui constitue le cœur de l’austérité néolibérale.
Au regard des personnalités impliquées dans ce scandale, il est clair que c’est l’ensemble de l’establishment qui est impliqué. Il ne s’agit pas d’excès, mais de la nature-même du système et de l’état «normal» du milieu des affaires sous le système capitaliste. Mais pour la majorité de la population, tout cela est fort loin d’être normal. En Islande, les mobilisations ont été si massives que le Premier ministre a dû présenter sa démission peu après que le scandale ait été divulgué. D’autres noms seront encore dévoilés à n’en pas douter au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Les conséquences politiques peuvent être lourdes dans différents pays comme en France, où le FN est éclaboussé, ou aux Etats-Unis dans le cadre des élections présidentielles.
C’est le système qu’il faut changer!
Peut-être que d’autres têtes rouleront à la suite de celle du Premier ministre islandais. Mais il faudra bien plus que cela pour obtenir de véritables changements.
Six ans après le déclenchement de la crise, tous les appels et toutes les propositions visant à réglementer le secteur financier sont restés lettres mortes. Chaque tentative visant à faire contribuer les super-riches s’est heurtée à la logique de concurrence inhérente au système. “C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches”, disait avec justesse Victor Hugo. L’énorme richesse qui est parfois cachée dans les paradis fiscaux résulte de la misère sociale de la grande majorité de la population. C’est l’opulence de l’élite qui est à la base de la démolition de nos conditions de vie mais aussi des tensions sociales et internationales croissantes, jusqu’aux guerres.
La clameur qui s’élève pour exiger un meilleur contrôle du secteur financier est justifiée. Mais soyons clairs : la collectivité ne peut pas contrôler ce qu’elle ne possède pas. Il faut arrêter de donner à l’élite financière la possibilité de nous faire payer leur folie avec nos salaires, nos services publics, nos pensions,… Les réformes ne suffiront pas. Il faut les combiner à la lutte pour un contrôle public et démocratique du secteur financier dans sa totalité, de même que des secteurs clés de l’économie.
Ce secteur financier sous propriété publique démocratique devrait fonctionner dans le cadre d’une économie socialiste démocratiquement planifiée, basée sur la satisfaction des besoins sociaux et du respect de l’environnement, dans lequel s’articuleraient également d’autres secteurs clés de l’économie collectivisés tels que l’énergie, les soins de santé,… Nous ne pouvons plus accepter le règne corrompu et criminel de l’élite capitaliste. Nous ne pouvons plus supporter la crise économique, humaine et écologique du capitalisme. Ce système est pourri jusqu’à la moelle. Il est grand temps de se battre pour un autre système économique, pour une transformation socialiste de la société!
- Stop à l’austérité et aux attaques antisociales contre les travailleurs et leurs familles !
- Allons chercher l’argent là où il est: chez les super-riches et dans les paradis fiscaux !
- Nationalisation des banques et des grandes entreprises sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des usagers, sans rachat ni indemnité sauf sur base de besoins prouvés !
- Avec le contrôle et la gestion publiques des postes de commande de l’économie, une planification socialiste de l’industrie et des services sera possible afin de consacrer les moyens nécessaires à la satisfactions des besoins de la majorité de la population.
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Où est passé l'argent? Assez de cadeaux aux patrons et aux riches!
Utilisons les richesses dans l’intérêt de la collectivité !
Étonnement et inquiétude chez l’establishment politique et économique belge en mars : il manque plusieurs milliards d’euros dans le budget fédéral. C’est le bulletin de ce gouvernement ouvertement de droite. Celui qui chantait l’incompétence de ses prédécesseurs et la nécessité de gouverner avec des comptables ‘sérieux’. Celui qui allait appliquer une austérité dure ; faire les réformes ‘nécessaires’. Au final : des milliards envolés. L’opposition refile la patate de l’incompétence au ministre des finances N-VA Johan Van Overtveld. Mais il ne s’agit pas tant d’incompétence, mais d’approche politique. C’est tous leurs choix politiques qu’il faut changer !Par Stéphane Delcros
De quelle profondeur, ce trou budgétaire ? Tous les montants y sont passés, et jusqu’à 4 milliards d’euros d’effort budgétaire à réaliser pour atteindre le fameux équilibre en 2018, en intégrant les dépenses supplémentaires pour les politiques de sécurité et la crise des réfugiés. Le gouvernement fédéral, pour tenter de justifier ses mensonges, nous a encore ressorti le fait que certaines politiques décidées n’ont pas encore donné leurs effets, comme le tax shift. Et, à grand renfort de bidouilleries comptables et de ‘trucs’ budgétaires, il a finalement réussi à réduire la somme à 1,5 milliards d’euros ‘maximum’ (du moins, à l’heure d’écrire ces lignes). Mais ce sont clairement des manœuvres, qui ont pour but de tenter de cacher la réalité : la politique d’austérité et de cadeaux aux patrons ne permet pas de remettre l’économie sur les rails de la croissance, au contraire. Une étude récente de l’Université de Gand montrait d’ailleurs qu’à politique inchangée, la croissance moyenne par habitant resterait sous les 1% jusqu’après 2070… C’est la politique d’austérité qui mine l’économie !
Le 5 mars dernier, dans le journal De Tijd : ‘‘Peu à peu, il devient clair que le gouvernement a effectivement dépensé l’argent par milliards en réductions d’impôts pour les entreprises et les travailleurs, argent qu’ils n’ont pas. Avec un déficit de plus de 10 milliards d’euros et une dette de 107 pourcents du produit intérieur brut, il n’y a vraiment pas de place pour dépenser de l’argent supplémentaire. C’est seulement lorsque le budget est sous contrôle que le pays peut se permettre une telle chose. Le gouvernement attend les réductions d’impôts pour stimuler la croissance économique et donc apporter plus de recettes fiscales dans les coffres mais, en ce moment, on n’en remarque rien.’’ Un bel effort d’analyse. Mais si des cadeaux ont bien été massivement donnés aux entreprises, la grande majorité de la population n’a rien reçu, que du contraire : saut d’index, hausse de la TVA, attaques sur les malades de longue durée… Cette politique antisociale ne va d’ailleurs que continuer si nous ne redémarrons pas la riposte massive et organisée.
Les discussions sont en cours au sein du gouvernement concernant la réponse à apporter au(x) milliard(s) à aller chercher. Trouver de nouvelles recettes ? De nouvelles économies de dépenses ? Toucher à la sécurité sociale ? L’establishment politique veut encore essayer de s’en sortir avec une nouvelle régularisation fiscale, la réduction des dépenses publiques par la ‘modernisation’ de l’appareil d’Etat, l’extension des flexijobs… Les tensions et conflits ouverts dans le gouvernement s’accélèrent et continueront, surtout entre le CD&V et la NVA. S’il est clair qu’aucun des partis de la coalition n’en sortira complètement indemne, rappelons-nous qu’ils sont tous d’accord sur le fait que la facture sera à nouveau présentée aux travailleurs et à leurs familles.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un budget centré sur les intérêts de la majorité de la population, en rassemblant les richesses disponibles et croissantes et en les utilisant efficacement : pour assurer l’infrastructure nécessaire ; pour garantir le meilleur fonctionnement de tous les services à la collectivité ; pour fournir à chacun un accès à un emploi décent avec un salaire permettant réellement de vivre, à un logement à prix abordables et à un enseignement de qualité, gratuit et accessible à tous ; pour assurer que les nouvelles technologies soient mises au service de la défense de notre environnement, de l’amélioration de notre qualité de vie et de l’élargissement de nos temps libres, plutôt que de grossir les rangs du chômage ou des personnes dépendantes du CPAS.
Organisons-nous pour mettre un terme à ce gouvernement des riches et à toute la politique d’austérité ! Construisons ensemble une autre société, dans l’intérêt de la collectivité !
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“À Molenbeek”, présentation d’une commune bruxelloise dont on parle beaucoup
Le livre “À Molenbeek” est une sorte de carnet de voyage dans lequel les problèmes ne sont pas esquivés, mais sont présentés dans leur contexte social et humain. Même si ce livre n’est pas encore publié en français, il nous a semblé utile d’en relever ici les éléments essentiels.Par Geert Cool
Le livre commence par une esquisse historique. Au 19ème siècle, le canal Bruxelles-Charleroi a connu un développement industriel d’une rapidité fulgurante essentiellement du fait de petites usines de divers secteurs. Molenbeek est alors passé de 1.380 habitants en 1800 à plus de 72.000 à la veille de la Première Guerre mondiale. L’industrialisation à plus grande échelle d’après la Seconde Guerre mondiale s’est développée principalement à la périphérie de la ville, et non dans les centres densément peuplés où les petites usines allaient progressivement sombrer face à la concurrence. N’est resté qu’un désert industriel, la population a déserté autant que possible et fait place aux nouveaux arrivants attirés par les loyers modestes. La désindustrialisation croissante et le passage à une économie de service à Bruxelles depuis les années ‘70 a créé un taux de chômage élevé parmi les migrants.
C’est dans ce contexte que la détérioration et la décrépitude ont marqué Molenbeek. L’auteur affirme que ce fut surtout le cas dans les années 1970 et 1980. Concernant la politique du bourgmestre Philippe Moureaux (PS) à partir de 1992, Vandecandelaere est remarquablement positif. Il doit cependant reconnaître que les problèmes structurels ont persisté et se sont aggravés. ‘‘L’échec de l’élimination fondamentale des processus qui engendrent un milieu social défavorisé a été, après avoir voyagé deux ans, l’expérience la plus difficile pour moi.’’
Près de 56 % des maisons du Vieux-Molenbeek datent d’avant 1945 et, en 2001, près de la moitié des logements faisaient moins de 55 m². Dans 15 % des foyers, il n’existe ni salle de bains, ni eau courante, ni toilettes à l’intérieur. Mais un confort de base fait aussi défaut dans de nombreuses autres habitations. Des marchands de sommeil louent des taudis à prix forts. La pauvreté est omniprésente à Molenbeek. Au cours de la dernière décennie, le revenu moyen par habitant a chuté de 5 %. Le nombre d’allocataires sociaux a augmenté de 3.600 en 2003 (pour une population de 66.000 habitants) à 7.200 pour 94.000 habitants que comptait déjà Molenbeek en 2014. Dans le Vieux-Molenbeek, le taux de chômage est de 42 %, dont les deux tiers sont des chômeurs de longue durée. Parmi les jeunes, le taux de chômage s’élève à 54 %.
Depuis les années ‘70, le chômage structurel a également conduit à une influence accrue des conceptions réactionnaires dans les domaines de la religion, de la famille et des conditions de vie. ‘‘Qui, par le biais du marché du travail, n’est pas inclus dans l’ensemble du système, se replie sur des identités alternatives. Car tout le monde a besoin d’être quelqu’un’’, a déclaré le prêtre Daniel Alliët. Une bonne dose d’expériences avec la discrimination et le racisme complète le tout. ‘‘La société ne veut pas de nous’’, est une remarque fréquente d’après une éducatrice. ‘‘La discrimination joue un rôle ici, tout comme leur perception de la discrimination.’’
Vandecandelaere ne manque pas d’images de rêve de ce à quoi pourrait ressembler Molenbeek. Ce qui manque par contre, c’est une proposition concernant la manière de financer un tel changement. Un plan massif d’investissements publics dans les infrastructures, l’enseignement et le logement créerait des emplois et permettrait à Molenbeek d’aller de l’avant. Cela nécessite un mouvement qui défendrait l’idée que les ressources disponibles dans la société doivent servir les intérêts de la majorité de la population.
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Allons chercher l'argent dans la poche des riches!
De Wever et le gouvernement Michel ont la sécurité sociale dans le collimateur
- 62 personnes aussi riches que la moitié de la population mondiale
- 7600 milliards de dollars dans les paradis fiscaux
- 700 millions d’euros d’avantages fiscaux injustifiés pour les grandes entreprises
Le capitalisme en 2016 et en chiffres: les 62 personnes les plus riches au monde possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’Humanité; 7.600 milliards de dollars sont planqués par les entreprises sur des comptes à l’étranger; parmi les 201 plus grandes entreprises, 188 sont actives dans des paradis fiscaux; leur existence entraine une perte de revenus de 170 milliards de dollars chaque année pour les pays sous-développés. Voilà l’état lamentable dans lequel le monde se trouve aujourd’hui, selon un nouveau rapport d’Oxfam. Et que propose donc Bart De Wever, le premier ministre de l’ombre du gouvernement fédéral belge? De saigner encore plus les budgets de la sécurité sociale.Par Jarmo (Anvers)
La Belgique ne fait aucunement exception à la règle, nous le savons depuis longtemps déjà. Les plus grandes entreprises du pays apprécient les comptes en banque à l’étranger et sont très actives dans les paradis fiscaux. Au cours des dernières décennies, aucun gouvernement belge n’a pris de mesures pour éviter cette hémorragie de rentrées financières. Au contraire, à l’aide de la Déduction des intérêts notionnels et d’autres cadeaux fiscaux aux patrons, la Belgique a créé un ‘‘climat d’investissement’’ où les plus riches ne paient presque pas de taxes. C’est nous, la classe des travailleurs, qui supportons le prix de tous ces profits gigantesques par la perte de notre pouvoir d’achat et avec les attaques sur la sécurité sociale et sur nos services publiques, de l’enseignement aux piscines publiques.
Récemment encore, le gouvernement belge a établi des accords d’excess profit rulings – des mesures allégeant la fiscalité sur des bénéfices anormalement élevés – avec 35 multinationale déjà extrêmement riches. Ce gouvernement, qui ne cesse pourtant de parler d’austérité et qui n’hésite pas à s’en prendre à nos besoins les plus élémentaires, néglige volontairement d’importantes sources de revenus en faveur d’une élite qui nage dans l’argent. Même pour la Commission européenne, qu’on ne peut pas franchement qualifier comme étant ‘‘de gauche’’, ces accords représentent un pas trop loin. Elle les a déclarés illégaux et exige que le gouvernement récupère les sommes concernées. Quand un travailleur ou un petit indépendant doit repayer des taxes, il n’a qu’une option: payer aussi vite possible. Pour les multinationales, les règles sont différentes. Le ministre des Finances Van Overtveldt veut contester la décision de la Commission européenne devant les tribunaux.
Le gouvernement poursuit sa lutte, faisons-en de même !
Bart De Wever, président de la N-VA, n’a pas laissé planer le moindre doute dès le début de l’année : la guerre contre les travailleurs et les chômeurs sera totale. Il appelle à tous les partis de la majorité à prendre leurs responsabilités. Ces partis néolibéraux veulent encore plus amputer notre pouvoir d’achat. Le rapport d’Oxfam et l’illégalité des accords d’excess profit ruligns ne les convaincront pas de procéder autrement. Pour De Wever, la seule source de rentrées financières qui s’offre encore au gouvernement, c’est le budget de la sécurité sociale.
Croire que ce gouvernement sert les intérêts des petits commerçants ou des petits patrons ne tient pas la route. Souvent, ces couches sont – à l’instar de la classe des travailleurs – écrasées par la chasse aux profits des grands capitalistes. Le gouvernement veut tout faire pour satisfaire les désirs des multinationales et défendre leurs intérêts. Le droit de grève – la seule arme que les travailleurs possèdent pour réellement défendre leurs intérêts – doit par exemple être démoli par des restrictions au point d’être graduellement anéanti. Pourquoi donc ? Même des chercheurs du FMI avouent que des syndicats forts freinent le développement de l’inégalité. Dans le monde de De Wever, c’est inacceptable. Il fustige ses partenaires de coalition qui ne lui emboitent pas le pas avec suffisamment d’enthousiasme: ‘‘j’espère pour 2016 que tout le monde va démarrer et que personne ne va essayer de se mettre sur le porte-bagage.’’
Défendre nos conditions de vie, cela exige de renverser ce gouvernement et tout autre qui s’accrochant à la politique d’austérité. Organisons-nous autour d’un plan d’action à l’image de celui de l’automne 2014. Faire face à des années d’austérité dure sans réagir ne peut pas être une option. Combattez avec nous la barbarie du capitalisme et pour la construction d’une alternative socialiste.
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Molenbeek : les conséquences d’un système en faillite
Un jeune homme saute d’un building. A chaque étage, il se dit ‘‘Jusqu’ici tout va bien, Jusqu’ici tout va bien’’ et termine par ces mots : ‘‘Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage’’. L’attitude adoptée ces dernières décennies par les politiciens établis concernant les problèmes sociaux de quartiers tels que Molenbeek rappelle de manière frappante cette scène d’ouverture du film ‘‘La Haine’’ (1995) qui parlait déjà du désespoir, de la haine et des frustrations d’un groupe croissant de jeunes des banlieues. Qu’un groupe de jeunes de Molenbeek participent maintenant à d’odieux attentats terroristes a tout à voir avec cet atterrissage brutal à la suite d’une longue chute.
Par Mathias, enseignant à Bruxelles, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Depuis le 13 novembre, Molenbeek est devenue la plaque tournante du djihadisme européen, aux dires de la presse internationale, une ‘‘aire de jeux pour le terrorisme’’ et un ‘‘ghetto de misère’’ au coeur de la capitale d’un État défaillant. Le terrorisme n’est pas génétique et certainement pas non plus un phénomène culturel. C’est le triste résultat d’un système qui pousse des millions de jeunes dans la guerre, la pauvreté, la frustration et la colère. Quand cette colère n’est pas canalisée dans la lutte collective pour une alternative sociale, elle peut devenir un terreau fertile pour les fondamentalistes réactionnaires. Ces derniers ne représentent qu’une petite minorité, 0,3% à peine des jeunes hommes de Molenbeek estiment qu’ils ont un avenir en Syrie.
Cette situation ne provient pas de nulle part. Mais plutôt que de parler d’un Etat défaillant, nous parlons d’un système défaillant. La chaîne flamande VRT a récemment rediffusé un documentaire sur Molenbeek datant de 1987. De jeunes travailleurs y avertissaient de la future croissance de la radicalisation et de la criminalité parmi une couche d’immigrés de la deuxième ou de la troisième génération si aucune solution n’était fournie face au manque de travail, à la pénurie de logements décents, à la qualité de l’enseignement,… Trente ans plus tard, le chômage y est de 30%, de 50% à 60% chez les jeunes. Avec un revenu moyen de 9844 euros par an, Molenbeek est également la deuxième commune la plus pauvre de Belgique. Les revenus y sont inférieurs 40% à la moyenne belge. Le footballeur Vincent Kompany a déclaré après les attaques que cela était prévisible et que le fondamentalisme doit être compris comme une ‘‘colère contre l’échec de notre système d’intégration’’.
Mais c’est à peine si les politiciens capitalistes abordent cette question. Le Ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA) a été assez hypocrite que pour dire qu’il fallait ‘‘Nettoyer Molenbeek’’ mais aussi ‘‘livrer des améliorations dans les domaines de l’enseignement et de l’égalité des chances.’’ C’est pourtant la N-VA qui a organisé une vaste opération d’austérité dans l’enseignement néerlandophone il y a un an ! C’est le gouvernement actuel, avec la N-VA, qui a durci les règles d’exclusion des allocations de chômage dites d’insertion, qui assurent que de nombreux jeunes se retrouvent sans le moindre revenu au lendemain de leurs études !
Les discours et mesures sécuritaires lancés à la mi-novembre ne fourniront aucune réponse aux causes sous-jacentes de l’exclusion sociale et de la radicalisation salafiste. La répression ne fera que renforcer la distance entre la société et un groupe de jeunes aliénés. Assurer la sécurité de la population est important, mais on ne peut pas échapper au sentiment que le gouvernement instrumentalise délibérément la situation et fausse complètement la réalité. Soldats, véhicules blindés, mitrailleuses et écoles fermées visent à retirer la discussion du cadre des relations sociales, à éviter d’aborder les défauts structurels du système capitaliste à tous prix. Cela fut aussi démontré par l’interdiction des manifestations à Paris et en Belgique dans le cadre de la COP21, la Conférence de l’ONU sur le climat.
Pourquoi le gouvernement ne montre pas une détermination similaire dans la lutte contre le chômage des jeunes, le manque de budgets de l’enseignement, les listes d’attente interminables pour un logement social, etc. ? Renforcer la répression et jouer sur l’anxiété de la population ne pourront que temporairement mettre le couvercle sur ces questions. Le gouvernement se trompe s’il pense que les problèmes sociaux seront noyés sous le sécuritaire. Les révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord nous ont récemment appris que lorsque la lutte de classe est de retour, aucune interdiction ne peut étouffer la résistance dans l’oeuf.
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Près de 2000 manifestants à Namur contre la pauvreté
A l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la pauvreté, une manifestation a pris place à Namur pour refuser la misère croissante en raison des mesures d'austérité mises en place par les différents gouvernements à tous les niveaux de pouvoir. Cette initiative était l'oeuvre du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP), de la CSC, de la FGTB et d'autres associations.
La pauvreté gagne du terrain en Belgique, aujourd'hui, un Belge sur 4 ne sait plus faire face à des dépenses imprévues. Dans notre pays, le taux de pauvreté se situe entre 14,2% et 16,8% de la population (en 2014), en fonction des estimations. Mais ces données ont été récemment contestées par Philippe Defeyt et Anne-Catherine Guio, chercheurs à l'Institut pour un Développement durable (IDD), lors d'une conférence de presse tenue en commun avec le Rassemblement wallon pour la lutte contre la Pauvreté.
Selon eux, le seuil de pauvreté et le taux de pauvreté sont sous-estimés en Belgique. Le seuil de pauvreté probable belge serait de 1.200 euros par mois au lieu de 1.095 euros, chiffre issu de la dernière actualisation de l'enquête européenne SILC (Statistiques sur les conditions de vie et revenus). Ils dénoncent également les “coupes budgétaires réalisées dans les statistiques sociales, empêchant de voir la manière dont la crise touche les gens et les gens les plus pauvres avec précision”.
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A propos de l’allocation universelle – Comment garantir un revenu décent à tous ?
Près de 15% des Belges vivent sous le seuil de pauvreté, de très nombreux jeunes sont condamnés à des McJobs précaires,… Et pourtant, il n’y a jamais eu autant de millionnaires dans le pays. L’idée d’une redistribution des richesses rencontre un écho croissant, avec son lot de propositions pour la concrétiser. Dans le tas, il y a le ‘‘revenu de base inconditionnel’’ ou ‘‘allocation universelle’’.
Le principe semble séduisant au prime abord: une somme forfaitaire est versée à chaque personne, qu’elle travaille ou non. Pour peu qu’on parle d’un revenu supérieur au seuil de pauvreté (1.047 euros par mois pour une personne isolée), ce serait une avancée significative pour nombre de pensionnés, de parents célibataires, de travailleurs intérimaires ou encore de chômeurs. Mais il y a anguille sous roche.
Il faut d’abord se demander de quel montant on parle et qui en décide. Aujourd’hui, toutes les décisions politiques sont prises par le prisme des intérêts des grandes entreprises. C’est pourquoi les inégalités augmentent si fortement. L’ancien premier ministre de l’Etat allemand de la Thuringe est par exemple favorable au revenu de base, mais il propose une allocation de 420 euros par mois. On ne peut pas exactement parler de revenu décent… Même un montant plus élevé serait rapidement compromis par la hausse des prix. D’autre part, lier le salaire des travailleurs à un autre revenu déforce la lutte pour des augmentations de salaire (c’est-à-dire de revendiquer la juste part de ce que nous produisons). Le mythe néolibéral du ‘‘coût du travail’’ retentit plus fort que jamais.
Cela nous conduit à la question du financement de cette proposition. Quand le politicien VLD et riche entrepreneur Roland Duchâtelet défendait l’allocation universelle, particulièrement à l’époque de son éphémère parti ‘‘Vivant’’, il était question d’un financement via augmentation de la TVA. Il existe bien entendu des propositions qui reposent sur une taxation des grosses fortunes. Cela exige un rapport de forces. À première vue, un revenu de base pourrait être de nature à renforcer l’unité entre travailleurs et chômeurs puisque, après tout, chacun commencerait à partir d’une base identique. Mais cela ne dit encore rien sur la pénurie d’emplois et le chômage et cela conforte même l’idée du chômage en tant que ‘‘choix personnel’’. La réalité est tout autre : tandis que certains se tuent à la tâche à des horaires et cadences infernales, d’autres cherchent désespérément un travail.
Un troisième problème est dû au salaire des travailleurs. Un revenu de base pourrait être utilisé pour gommer les disparités de conditions de travail et de salaires de tous les travailleurs. Rendre une partie du revenu indépendante du salaire versé par le patron revient à accorder une énorme subvention à l’employeur dont le financement sera toujours sujet à une bataille sous le capitalisme. Les patrons essayeront toujours de réduire au maximum le salaire versé au-delà du revenu de base, tout comme ils essayent aujourd’hui de s’en prendre à nos salaires avec le saut d’index, la liaison du salaire à la flexibilité et à la productivité, etc. Le revenu de base sera de ce fait invoqué comme argument contre les augmentations de salaire, alors que le montant du revenu de base lui-même ferait partie de la lutte entre les travailleurs et leurs familles d’une part et les capitalistes de l’autre. Cela masque le point de départ de la production capitaliste, à savoir que toute valeur est le résultat de notre travail.
L’idée d’un revenu de base a le mérite d’ouvrir la discussion sur la nécessité d’accorder à chacun un revenu décent. La petite élite de super-riches au sommet de la société n’a strictement aucun intérêt à accorder un revenu viable à la majorité de la population. L’inégalité est intégrée dans le code génétique de ce système et on ne peut pas y faire face avec des mesures cosmétiques. Sans exiger la propriété publique des moyens de production, la collectivité ne pourra pas contrôler l’utilisation des ressources et richesses existantes.
Cela signifie-t-il pour autant que nous devons attendre l’arrivée d’un autre système pour obtenir un salaire décent? Certainement pas. Nous nous battons, avec d’autres, pour une semaine de travail plus courte, pour une redistribution du travail disponible à 30 heures par semaine, sans perte de salaire et avec réduction des cadences. Nous défendons les augmentations de salaire et appelons à un salaire minimum général de 15 euros par heure. La pension minimum devrait s’élever à 1.500 euros par mois, les allocations de chômage au moins 1200 euros par mois.
Ces revendications sont de nature à accorder à chacun un revenu décent, sans masquer les causes des inégalités. Notre programme est basé sur la position des travailleurs dans le processus de production, ce qui est nécessaire en raison du fait que c’est le mouvement des travailleurs qui constitue la force fondamentale pour parvenir à un changement de société, par la lutte de masse contre ces rapaces capitalistes qui condamnent un groupe croissant de personnes à la misère et à la pauvreté.
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D’où proviennent les inégalités ? (2e partie)
L’inégalité prend des formes phénoménales. A l’échelle mondiale, le 1% des plus riches possède à lui seul presque la moitié des richesses. En 2016, ce sera plus de la moitié. La large majorité de la population mondiale, 80%, doit se contenter d’à peine 5,5% des richesses. Le fossé entre riches et pauvres n’est pas un phénomène limité à ce qu’on appelle le “Tiers Monde”. Chez nous aussi, les inégalités s’accroissent. Le 1% des plus riches poursuit sa marche et détient aujourd’hui 17% de toutes les richesses.Par Mathias (Anvers). Article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste. La première partie de ce dossier est disponible ici.
Face à ces inégalités croissantes, l’indignation et la colère sont grandes. Mais s’opposer efficacement à l’inégalité nécessite de comprendre d’où elle est issue. La première partie de ce dossier s’était intéressée à la base : les travailleurs vendent leur force de travail contre un salaire, mais ce dernier ne représente pas la totalité de la valeur produite. La différence est la ‘‘plus-value’’, c’est ce qui constitue la base des bénéfices des capitalistes sans cesse plus assoiffés de profits. C’est la raison pour laquelle ils veulent tirer les salaires vers le bas et accroître la productivité. Poursuivons le raisonnement avec cette seconde partie.
L’exploitation s’accentue
La lutte pour la plus-value est à la base de la lutte entre les classes sociales. Le capitaliste veut rendre la plus-value aussi grande que possible. Il veut donc accroître le degré d’exploitation. Les travailleurs, en revanche, veulent que la plus-value reste aussi réduite que possible. Ces deux groupes ont des intérêts fondamentalement opposés.
On peut accroître la plus-value de plusieurs manières différentes. La plus évidente est d’allonger la journée de travail et de geler voire de diminuer le salaire. De telles mesures sont des attaques ouvertes contre le niveau de vie des travailleurs, elles se heurtent généralement à une vive opposition. C’est pourquoi la classe dirigeante et ses représentants agissent souvent de manière sournoise.
Elle s’en prend ainsi régulièrement au salaire socialisé, c’est-à-dire la part de nos salaires servant à payer nos pensions, les allocations de chômage, les soins de santé,… au travers de la sécurité sociale. Concrètement, cela se traduit par des allocations réduites, des soins de santé plus chers, le relèvement de l’âge de la pension et ainsi de suite. L’establishment capitaliste veut nous convaincre qu’économiser sur notre salaire socialisé vise à protéger la partie individualisée de notre salaire, mais la vérité est que la classe bourgeoise empoche de cette façon plus de plus-value en accentuant le degré d’exploitation. Parallèlement, de telles mesures entraînent une pression à la baisse sur les conditions de salaire et de travail de tous, des allocations plus faibles et moins de protection sociale nous obligeant, entre autres, à accepter n’importe quelles conditions.
La productivité des travailleurs est simultanément augmentée. L’entreprise spécialisée en ‘‘gestion des ressources humaines’’ Securex a réalisé une étude dont il ressort que 64% des travailleurs subissent un stress excessif au travail, une augmentation de 18,5% par rapport à 2010. L’étude montrait que presque 80% des employeurs ont reconnu que l’augmentation du nombre d’épuisements professionnels est due à une augmentation de la pression au travail (1). Au cours de la dernière moitié du 20e siècle, la productivité des travailleurs belges a augmenté de 650 %. Le nombre d’heures de travail annuellement prestées a diminué et les salaires bruts ont augmenté de 250%. Mais pour recevoir à la fin de cette période une part de la valeur produite égale à celle perçue au début, les salaires bruts réels auraient dû augmenter de 433% !
Le néolibéralisme met fin à l’Etat providence
Le salaire ou la valeur de la force de travail est, tout comme les autres biens, égal(e) au temps de travail nécessaire pour produire ces biens. Autrement dit, le salaire est égal à la valeur des produits nécessaires à maintenir en vie un travailleur et sa famille. Certains ont fait le postulat que cela signifiait que Marx défendait la ‘‘loi d’airain des salaires’’, qui implique que le salaire ne grimperait jamais au-dessus du minimum d’existence absolu et que les travailleurs seraient donc voués à une vie de famine sous le capitalisme. Il n’en est toutefois rien. C’est principalement le rapport de force entre travail et capital qui est déterminant pour déterminer le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles.Selon Marx, il existe bel et bien une tendance sous le capitalisme à créer une couche toujours plus large qui soit complètement ou partiellement exclue. Ce groupe a de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts et mène une existence précaire. C’est ce qu’il appelle le ‘‘lumpenprolétariat’’ (‘‘prolétariat en haillons’’ ou sous-prolétariat).
Dans les pays capitalistes développés, cette tendance semblait appartenir au passé étant donné la croissance des années 1950, 1960 et 1970. Cette croissance inédite s’est développée sur les cendres des ravages de la deuxième guerre mondiale. La période était aussi marquée par un rapport de forces favorable aux travailleurs en raison de leurs organisations puissantes et de l’existence du bloc de l’Est qui alors, et malgré ses limites, exerçait un pouvoir d’attraction sur les travailleurs et était sorti renforcé du conflit mondial. Les salaires ont fortement augmenté et l’Etat-providence a été bâti. Il s’agit de l’une des rares périodes de l’Histoire au cours de laquelle les inégalités ont diminué dans ces pays.
Mais depuis l’émergence du néolibéralisme dans la seconde moitié des années ’70 s’est développée une plus large couche marginalisée parmi la population, à un rythme différent selon le pays. Le processus a connu une nouvelle accélération profonde avec la nouvelle crise économique de 2008. Aujourd’hui, nous n’utilisons plus le terme de sous-prolétariat. Nous parlons de travailleurs pauvres, ceux qui sont coincés dans des emplois intérimaires précaires et mal payés ou qui sont tout simplement touchés par le chômage et doivent vivre d’une allocation sous le seuil de pauvreté. C’est ce groupe de la population qui est le plus directement touché par l’austérité. Dans des pays comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal, cette couche a connu une croissance explosive en un temps record.
Concurrence et monopole
Les inégalités ont constitué un des thèmes centraux à l’origine du mouvement de protestation Occupy aux USA, illustrée par le slogan des ‘‘99% contre le 1%’’. Il ressort cependant de rapports comme ceux d’Oxfam que, même au sein de ce groupe, la richesse est très inéquitablement répartie et concentrée dans une très petite fraction. Cette énorme concentration des richesses découle de la logique interne du capitalisme.
Qui dit capitalisme dit concurrence. Le fait que les capitalistes rivalisent directement entre eux crée une pression supplémentaire pour accroître le degré d’exploitation. Mais cela a aussi pour effet que le capitalisme soit un système très dynamique avec renouvellement technologique et augmentation de la productivité. Paradoxalement, cela entraîne aussi sa contradiction. Les nouvelles technologies et nouvelles machines exigent toujours plus d’investissements de capitaux. Les petites entreprises sont absorbées par les grandes. Un secteur constitué d’une multitude de petites entreprises est, à terme, dominé par quelques grandes entreprises qui dominent le marché. Il est ici question de concentration et de centralisation du capital. Presque tous les secteurs sont aujourd’hui dominés par une poignée de multinationales.
Cela ne signifie pas pour autant la fin de la concurrence ou que le capitalisme arrive en eaux moins turbulentes, au contraire. Les contradictions inhérentes et la concurrence prennent seulement de nouvelles dimensions. Les multinationales sont en concurrence au niveau mondial de toutes sortes de manières.
Avec l’arrivée de nouvelles techniques et de nouveaux produits, d’anciens secteurs et monopoles disparaissent et d’autres naissent. La production devient plus rapide au point de dépasser ce que les consommateurs peuvent absorber. La capacité de surproduction augmente, ce qui renforce auprès des capitalistes la recherche d’autres méthodes destinées à arracher des bénéfices rapides, entre autres via la spéculation et l’entretien de bulles financières.
De par leur énorme poids économique, cette concentration de capital mène à la poursuite de la concentration des richesses. Les multinationales peuvent imposer des prix plus bas à leurs fournisseurs et faire payer des prix plus élevés aux consommateurs. De plus, elles ne paient qu’à peine des impôts grâce à leur travail de lobbying et aux technologies fiscales de pointe. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas d’une irrégularité du capitalisme, cela est fondamentalement inhérent au système.
Quelle alternative ?
Les énormes inégalités suscitent indignation et révolte. De larges couches de la population estiment qu’il faut faire quelque chose. Un impôt sur la fortune, par exemple, pourrait être une réponse. Mais ceux qui touchent aux intérêts des super riches et à leurs entreprises sont vite confrontés au chantage sous la forme de la fuite des capitaux, des menaces de délocalisations, etc.
Ce n’est guère étonnant. L’inégalité est inhérente au capitalisme. Ce n’est pas une erreur du système mais c’est le système qui est une erreur. Finalement, les intérêts d’une infime élite seront toujours centraux dans ce système grâce au fait qu’elle détient les secteurs clés de l’économie et le pouvoir politique qui va de pair.
Répondre à cela nécessite de sortir des limites de la société actuelle. Ce n’est qu’en organisant l’économie dans l’intérêt de la majorité de la population et sous son contrôle démocratique que la production pourra être démocratiquement planifiée et ainsi permettre d’offrir à chacun un niveau de vie décent. Les inégalités toucheront dès lors à leur fin.
(1) http://www.securex.be/nl/detail-pagina/Werkgevers-erkennen-verantwoordelijkheid-bij-burn-out-00001/
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[DOSSIER] D’où proviennent les inégalités? (1ère partie)
En janvier 2014, l’ONG Oxfam publiait un rapport controversé exposant l’incroyable inégalité économique mondiale. Les données révélées étaient ahurissantes. En 2010, les 388 personnes les plus riches au monde détenaient autant que la moitié la plus pauvre de l’Humanité, soit autant que 3,5 milliards de personnes. En 2014, seuls 85 super riches suffisaient. Un an plus tard, Oxfam a livré un nouveau rapport actualisé. La croissance de la fortune des riches augmente si rapidement que, désormais, 80 personnes détiennent autant de richesses que la moitié de la population mondiale. Pour les très riches, la crise semble n’être rien de plus qu’une perverse course à l’élimination pour appartenir à cette couche infime au sommet de la société.Par Mathias (Anvers). La seconde partie de ce dossier sera publiée durant le mois d’avril
De vastes inégalités
Dans son rapport de janvier dernier, basé notamment sur les données du Credit Suisse, Oxfam dévoile qu’en 2014, les 1% les plus riches détenaient 48% de la fortune mondiale. En 2016, la barre symbolique de la moitié sera dépassée. Les 99% de la population restante devraient donc se partager les 52% restants mais, là aussi, la richesse est très inégalement répartie puisque les 80% les plus pauvres de l’Humanité doivent se débrouiller avec seulement 5,5% de la richesse mondiale. Une concentration étourdissante de richesse fait face à la misère la plus noire.
Et encore ce constat est-il très certainement une lourde sous-estimation. Récemment, L’Institut allemand pour la recherche économique (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung, DIW) a découvert que la majeure partie de la richesse des 0,1% des Allemands les plus riches avait été mésestimée en raison d’erreurs statistiques. Ce 0,1% ne possède pas 3.000 milliards d’euros mais bien… 9.300 milliards! Plus de trois fois plus! Et des montagnes de milliards se planquent encore dans les paradis fiscaux. Les riches font tout pour éviter de montrer au grand jour l’étendue de leurs possessions.
Des ONG telles qu’Oxfam ne sont pas les seules à se préoccuper de cette évolution. De larges sections de la population sont proprement scandalisées au vu des inégalités croissantes et des économistes comme Pikketty éditent des livres très populaires consacrés au sujet. L’élite capitaliste est gagnée d’inquiétude. Même Warren Buffet, une des plus grosses fortunes mondiales, critique sévèrement l’ampleur des inégalités. Lors du dernier Forum économique mondial de Davos, en Suisse, la thématique était bien plus centrale qu’auparavant. Ce n’est en rien une soudaine prise de conscience morale, mais plutôt la compréhension que ces inégalités commencent à représenter une sérieuse menace pour leur position dominante. Les révolutions au Moyen-Orient et Afrique du Nord ne sont pas survenues par hasard, elles étaient la conséquence du refus d’une situation où une couche sans cesse plus large de la population se voit plongée dans la misère.
Rien de nouveau sous le soleil
On pourrait avoir l’impression que ces inégalités constituent un phénomène neuf. Ce n’est pas le cas. La répartition inégale des richesses est le fil rouge de l’histoire du capitalisme. A l’exception de quelques rares périodes historiques, ces inégalités n’ont d’ailleurs fait que s’accroître.
Au 19ème siècle, en pleine révolution industrielle, le contraste était évident. Dans les nouvelles fabriques qui se répandaient rapidement, des biens étaient produits à un rythme inédit, ce qui détonnait grandement avec la misère presque sans précédent des travailleurs qui y étaient exploités. La situation n’a commencé à s’améliorer que lorsque ceux-ci se sont organisés en syndicats et en partis.
Les socialistes de l’époque ont tenté de trouver une explication. La plupart en sont restés au stade de demi-théories ou d’illusions totales. Certains ont été plus loin que d’autres, mais il a fallu attendre l’arrivée de Marx et de son analyse pour disposer d’une théorie véritablement scientifique. Le lecteur actuel du ‘‘Capital’’ de Marx remarque bien vite qu’il est toujours bel et bien d’actualité en dépit du fait qu’il date du 19e siècle.
La base : la théorie de la plus-value
Marx explique au début du ‘‘Capital’’ que la plupart des biens produits sous le capitalisme sont destinés au marché. Cela semble évident aujourd’hui, mais au cours de la majeure partie de l’Histoire, la production n’était pas destinée à être vendue mais à être consommée. Les produits spécialement destinés à la commercialisation sont appelés par Marx des marchandises. Selon lui, elles avaient un certain nombre de caractéristiques notables.
Une première caractéristique est qu’elles ont visiblement deux types de valeurs différentes. Il y a tout d’abord la valeur d’usage, c’est-à-dire qu’elles doivent correspondre à un besoin donné (ce qui est logique, des objets insignifiants peuvent difficilement être vendus). Mais elles doivent être échangées en diverses proportions avec d’autres. Elles ont donc une valeur d’échange, ou tout simplement une valeur. Mais qu’est ce qui définit véritablement la valeur d’une marchandise?
Il existe presque autant de réponses sur ce point qu’il existe de tendances économiques. Pour certains, il s’agit simplement de l’effet de l’offre et de la demande. Pour d’autres, différents facteurs de production sont cruciaux comme le capital, le travail, l’environnement,… La conclusion de Marx est qu’en dernière instance, la valeur est déterminée par le travail humain, plus précisément par le temps de travail nécessaire dépensé dans un bien. Ce que tous les produits ont en commun, c’est d’être en dernière instance le fruit du travail de l’Homme.
Marx ne réduisait cependant pas tout à ça. Dans le cas contraire, on pourrait rapidement déboucher sur des conclusions absurdes. Quelqu’un qui effectue très lentement un travail inefficace ne produit pas plus de valeur que son homologue très productif et rapide et ne demande donc pas de prix considérablement plus élevés.
Marx n’entendait pas par là le travail individuel effectivement dépensé par un producteur donné à la production d’une marchandise donnée, mais la quantité de travail nécessaire en moyenne pour produire cette marchandise, à un niveau donné de développement des forces productives. De nouvelles machines productives qui raccourcissent le temps de travail diminuent la valeur. Même ainsi, la valeur peut augmenter parce que, par exemple, une matière première est rare et exige donc plus de travail pour la développer. La main-d’œuvre qualifiée crée aussi une plus grande valeur que la main-d’œuvre non-qualifiée.
Pour Marx, prix et valeur sont deux choses différentes, mais pas indépendante l’une de l’autre. Le prix est ce qu’il définissait sous le terme ‘‘d’expression monétaire de la valeur d’une marchandise’’. Il s’agit donc de la valeur traduite en masse monétaire. On assume communément que le prix et la valeur d’un bien sont égaux, mais ce n’est pas le cas. Les fluctuations de l’offre et de la demande ont pour conséquence que le prix est parfois au-dessus de la valeur d’une marchandise, parfois en-dessous. La spéculation peut aussi très fortement faire varier un prix.
Il suffit de penser à la manière dont le prix du baril de pétrole a chuté ces derniers mois pour ensuite regrimper relativement vite. Pareille fluctuation ne peut être expliquée par un changement de la valeur d’un baril de pétrole (sa production n’est soudainement pas devenue plus efficiente) et pas non plus par une modification de l’offre et de la demande. Ces données sont demeurées relativement stables. La véritable raison de cette variation réside dans la spéculation. La demande spéculative de pétrole est 20 fois plus grande que la demande physique. Les spéculateurs ont un effet énormément perturbateur sur le prix réel.
Dans un marché où aucune entreprise n’exerce de monopole, à long terme, le prix moyen correspondra à la valeur.
Travail, force de travail et exploitation
‘‘Mais qu’est-ce que tout ça peut donc bien avoir à faire avec les inégalités ?’’ pouvez-vous penser. Là réside la première véritable innovation de Marx dans la théorie économique. La théorie de la valeur-travail n’est pas sa découverte, mais un énorme problème restait à régler. Cela n’expliquait pas fermement d’où provenaient les profits des capitalistes.
Le raisonnement est le suivant: un travailleur au service d’un employeur est payé pour le travail qu’il produit, il reçoit un salaire. Selon la théorie de la valeur-travail, le salaire doit être égal au travail fourni. Mais si l’employeur doit vendre le produit qu’il a en mains à sa valeur, il ne lui est pas possible de réaliser un profit. On pourrait affirmer qu’il vend ce produit au-dessus de sa valeur (c’est d’ailleurs ce qui se passe parfois dans la réalité), mais cela suggère implicitement que la théorie de la valeur-travail n’est pas véritablement applicable. Les prix seraient à la merci de l’arbitraire de l’employeur.
Selon Marx, le problème n’était pas issu de théorie de la valeur-travail en elle-même, mais de l’idée que l’échange entre employé et employeur était un échange égal. Même si cet échange a toutes les apparences de l’être, ce n’est absolument pas le cas. Marx expliquait qu’un travailleur ne vend pas son travail, mais sa force de travail, c’est-à-dire sa capacité à exécuter un travail et non pas sa production concrète de biens dans une entreprise. C’est le capitaliste qui s’approprie cette dernière.
Les marxistes appellent ‘‘plus-value’’ la différence entre la valeur de la force de travail (ou le salaire) et le travail sous forme de produits bénéficiant aux capitalistes. Cela constitue la base du profit du capitaliste. En réalité, le profit ne correspond pas à la plus-value. Une partie est en fait utilisée pour le marketing, la comptabilité,… Pour plus de commodité, nous partons du principe que c’est ainsi. Le rapport entre la plus-value et le salaire est le taux d’exploitation. Au plus la plus-value est grande relativement au salaire, au plus est élevé le taux d’exploitation. -
En Grèce, en Belgique et ailleurs – Contre l'austérité: Restons mobilisés!
Le scandale du Swiss Leaks a une fois de plus mis en lumière que si nous vivons tous sur la même planète, nous ne sommes décidément pas du même monde… Alors que l’austérité continue de ravager nos conquêtes sociales et que le monde patronal remet en question des droits essentiels tels que celui de faire grève, la fête n’en finit plus pour les riches. Une seule donnée suffit à illustrer la nocivité du système capitaliste : en 2014, 80 personnes possédaient autant que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres au monde. Leur patrimoine a doublé entre 2009 et 2014. La crise ? Quelle crise ?Par Nicolas Croes
En 2009, les 1% les plus riches au monde possédaient 44% du patrimoine mondial. En 2014, ils en possédaient 48% et selon Oxfam, à l’origine de ces données, les 50% seront dépassés en 2016. Cela signifie donc que le 1% le plus riche possèdera plus que le reste de l’Humanité. L’inégalité est telle que les 80% les plus pauvres de la population mondiale ne possèdent que… 5,5% des richesses !
Lux Leaks, Swiss Leaks,… et ensuite ?
A l’automne dernier des journalistes avaient publié qu’un bon millier d’entreprises parmi les plus importantes de la planète avaient secrètement négocié avec l’État luxembourgeois l’obtention d’accords fiscaux très avantageux pour elles. Le Swiss Leaks ravale le scandale de cet évitement fiscal au rang d’arnaque de collégiens : on parle ici de pas moins de 180 milliards d’euros qui ont su échapper à l’impôt grâce à un très complexe mécanisme de comptes numérotés en Suisse, avec la complicité active de la banque britannique HSBC. La clientèle de ce système d’évasion fiscale est composée d’un large panel d’illustres représentants de ce 1% de parasites juchés sur une montagne d’argent au sommet de la société.
Combien de montages similaires existent-ils encore à travers le monde? Quelles sommes sont-elles ainsi cachées à la collectivité tandis que cette dernière est pressée comme un citron? Soyons clairs, il ne s’agit aucunement de dérives. Les États et institutions internationales encouragent ces pratiques en estropiant tout à fait sciemment les organismes de lutte contre la fraude fiscale. En Belgique, par exemple, l’austérité s’est également abattue sur le SPF Finances qui a perdu 2375 fonctionnaires uniquement entre fin 2008 et début 2012 (9,1% de personnel en moins…). Les autorités auraient tout aussi bien pu crier ‘‘Fraudez les gars, vous ne risquez rien !’’
Et il ne faut même pas nécessairement aller jusque-là. Les riches et les grandes entreprises, en Belgique ou ailleurs, peuvent parfaitement éviter l’impôt en toute légalité grâce à la déduction des intérêts notionnels, à l’absence d’impôts sur les plus-values, etc. Aux Pays-Bas, les autorités ont conclu divers convention pour éviter la double imposition entre ce pays et d’autres, les royalties ne sont pas imposables,…
On lâche rien !
Le contrôle budgétaire de mars s’annonce ardu. Les mesures antisociales supplémentaires que décideront les autorités viendront s’ajouter à toute la batterie de mesures d’austérité déjà annoncée. Ne laissons rien passer !
L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement grec dirigé par le parti de gauche radicale Syriza a parlé à l’imagination d’innombrables jeunes et travailleurs en Europe et au-delà. Une grande frayeur a gagné les élites européennes et leur riposte ne s’est pas fait attendre. C’était comme si le sort du monde se jouait dans ce pays qui ne représente que 2% de l’économie de la zone euro… Comme l’expliquait le dirigeant syndical irlandais James Larkin : ‘‘Les grands de ce monde n’ont l’air grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous!’’ Voilà ce qui fait trembler l’establishment capitaliste : que les masses réalisent la puissance de leur nombre face à celle toute relative des comptes en banque.
En Grèce, les travailleurs et les jeunes doivent continuer à se mobiliser pour assurer que les nouvelles autorités grecques ne cèdent pas à l’ignoble chantage des institutions européennes. Les masses doivent les pousser à aller plus loin, vers une claire rupture anticapitaliste.Nous n’avons pas à rester spectateurs. En Belgique, le potentiel pour balayer le gouvernement par la grève reste entier. La concentration syndicale du 11 mars ne doit être qu’un premier pas dans le cadre d’un deuxième plan d’action allant crescendo jusqu’à une grève générale de 48 heures, reconductible si besoin est.
Le monde entier est secoué par les troubles politiques, sociaux et économiques à un rythme sans cesse croissant. La classe dirigeante capitaliste est dépourvue de toute solution à long terme. Cela place de colossales responsabilités sur les épaules de la classe des travailleurs, seule capable de construire un monde débarrassé de l’austérité et de l’exploitation. Notre classe a la capacité de bloquer l’économie par la grève pour ensuite la faire tourner à l’avantage de la collectivité, débarrassée des vermines qui vivent de notre travail.
