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Tag: Inégalités
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Rapport sur les inégalités mondiales : nous devons renverser les milliardaires

Le rapport sur les inégalités mondiales 2022 (produit par le World Inequality Lab) est le fruit d’un travail mené durant 4 ans par 100 chercheurs. Il souligne les incroyables disparités de revenus existantes ainsi que les incroyables richesses présentes au niveau mondial. Le rapport révèle qu’au cours des 20 dernières années, « l’écart entre les revenus moyens des 10 % d’individus les plus riches et des 50 % d’individus les plus pauvres au sein des pays a presque doublé. »
Par Eddie McCabe, Socialist Party (ISA-Irlande)
- [DOSSIER] D’où proviennent les inégalités? (1ère partie)
- D’où proviennent les inégalités ? (2e partie)
Le système capitaliste est un casino vicieux. Ses contradictions inhérentes (y compris l’extrême inégalité) produisent des crises récurrentes dont les classes capitalistes sont en fin de compte responsables, mais qui se traduisent systématiquement par une plus grande richesse pour elles-mêmes au détriment de la classe ouvrière et de la majorité pauvre. La crise sanitaire en est un parfait exemple, illustré une fois de plus par les données du Rapport sur les inégalités mondiales 2022.
Prenons l’exemple d’Elon Musk, actuellement l’homme le plus riche du monde, qui a vu sa richesse décuplée pendant la pandémie. De 28 milliards de dollars au début de 2020, celle-ci est passée à plus de 278 milliards de dollars à la fin de cette année 2021. Il représente l’exemple le plus obscène, mais la crise fut une aubaine pour les super-riches dans leur ensemble. La richesse collective des 3.000 milliardaires du monde a augmenté de 3.600 milliards de dollars rien qu’en 2020, ce qui, selon l’OIT (Organisation internationale du travail), contraste avec les 3.700 milliards de dollars de revenus perdus par les travailleurs du monde entier au cours de la même période. Et à mesure que la pandémie se poursuit, avec le variant Omicron qui annonce une nouvelle vague, cette tendance à l’inégalité en matière de santé et de richesse se confirme.
L’extrême inégalité des richesses
Si l’inégalité a augmenté plus ou moins partout à travers le globe, elle n’a pas été uniforme, ce qui, selon le rapport, « confirme que l’inégalité n’est pas inévitable, c’est un choix politique. »
Dans l’ensemble, les 10 % les plus riches de la population adulte mondiale reçoivent aujourd’hui 52 % du revenu mondial, tandis que les 50 % les plus pauvres – qui représentent aujourd’hui près de 3 milliards de personnes – n’en reçoivent que 8 %. En ce qui concerne la richesse, les disparités sont encore plus marquées : les 10 % les plus riches possèdent 76 % de toutes les richesses, ce qui signifie que 90 % du monde se partagent moins d’un quart. Les 50 % les plus pauvres n’ont pratiquement aucune richesse, puisqu’ils ne possèdent que 2 % du total.
Le rapport souligne un fait particulièrement accablant : « Les inégalités mondiales semblent être à peu près aussi importantes aujourd’hui qu’elles l’étaient à l’apogée de l’impérialisme occidental au début du XXe siècle. En effet, la part du revenu actuellement captée par la moitié la plus pauvre de la population mondiale est environ la moitié de ce qu’elle était en 1820. »
En d’autres termes, 200 ans de capitalisme ont laissé à la moitié la plus pauvre du monde une part de revenu inférieure de 50 %. Un échec abyssal, quel que soit le critère retenu.Des décennies de néolibéralisme
Quatre décennies d’idéologie néolibérale dominant la politique économique mondiale ont clairement laissé des traces. Les privatisations et les coupes budgétaires dans les services et les biens publics, ainsi que les crises périodiques au cours desquelles l’État emprunte pour renflouer les banques et les entreprises jugées “trop grosses pour faire faillite”, ont eu pour conséquence que : « Au cours des 40 dernières années, les pays se sont considérablement enrichis, mais leurs gouvernements se sont considérablement appauvris. La part de la richesse détenue par les acteurs publics est proche de zéro ou négative dans les pays riches, ce qui signifie que la totalité de la richesse est entre les mains de particuliers. Cette tendance a été amplifiée par la crise de Covid, pendant laquelle les gouvernements ont emprunté l’équivalent de 10 à 20 % du PIB, essentiellement auprès du secteur privé. »
Le rôle vital de l’intervention de l’État a été mis en évidence par la pandémie, au cours de laquelle des milliers de milliards ont été dépensés par les gouvernements (l’État irlandais a dépensé 24,6 milliards d’euros en 2020) pour des mesures liées à la crise Covid, notamment pour le soutien au revenu. Face à une autre urgence de cette ampleur – et de nombreuses autres potentielles se profilent – la capacité des États à réagir de la même manière sera inhibée par ces tendances, surtout avec des gouvernements au pouvoir qui refusent de reprendre les richesses aux milliardaires et aux grandes entreprises.
L’impact sur le climat
Les inégalités dans le monde sont extrêmes et dommageables. Par exemple, plus d’un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles, 690 millions souffrent de la faim et 25.000 personnes meurent chaque jour de la faim ou de maladies liées à la faim.
Mais cette inégalité est à l’origine d’autres problèmes, peut-être moins évidents, comme le réchauffement de la planète par la libération de CO2, dont les plus riches sont les principaux responsables. Le rapport constate que les 10 % les plus riches sont responsables de près de 50 % de l’ensemble des émissions, les 50 % les plus pauvres étant responsables de 12 %.Et ces disparités se retrouvent non seulement entre les pays riches et les pays pauvres, mais aussi entre les riches et les pauvres au sein de ces pays. En Europe, les 50 % de la population les plus pauvres émettent environ cinq tonnes par an et par personne, tandis que les 10 % les plus riches en émettent 29 ; les 50 % les plus pauvres en Asie de l’Est émettent environ trois tonnes, tandis que les 10 % les plus riches en émettent 39 ; et les 50 % les plus pauvres en Amérique du Nord émettent environ 10 tonnes, tandis que les 10 % les plus riches en émettent 73 tonnes !
Comme le fait remarquer le rapport : « Les grandes inégalités en matière d’émissions suggèrent que les politiques climatiques devraient cibler davantage les pollueurs riches. Jusqu’à présent, les politiques climatiques telles que les taxes sur le carbone ont souvent eu un impact disproportionné sur les groupes à faibles et moyens revenus, tout en laissant inchangées les habitudes de consommation des groupes les plus riches. »
S’emparer de la richesse
Le rapport conclut de toute son analyse que ce qu’il faut, c’est une redistribution des richesses par le biais de « modestes impôts progressifs (…) afin de relever les défis du XXIe siècle », notamment « en matière d’éducation, de santé et de transition écologique. » Concrètement, il suggère un impôt sur la fortune de 1% sur les millionnaires (qui sont 62 millions), ce qui générerait 1,7 trillion de dollars. Il suggère également l’idée d’un impôt unique sur la richesse excédentaire réalisée par les milliardaires en 2020, les 3.600 milliards de dollars mentionnés ci-dessus, qui, s’ils étaient consacrés aux soins de santé, « doubleraient presque les dépenses mondiales de santé en un an. »
Ce sont effectivement des propositions modestes, mais si elles sont réellement mises en œuvre, elles pourraient avoir un effet profond sur la vie de la classe ouvrière et des pauvres dans le monde. Le problème, cependant, c’est que même ces propositions modestes ne seront tout simplement pas mises en œuvre par les gouvernements et institutions capitalistes du monde entier. Ceux-ci représentent les intérêts des milliardaires et des grandes entreprises et les protègent précisément de ces politiques. Seul un mouvement organisé et massif de la classe ouvrière dans chaque pays et au niveau international, pourrait forcer une telle redistribution des richesses.
Mais le problème ne réside pas seulement là. Il nous faut des mesures bien plus radicales : il s’agit d’une question de propriété et de contrôle. Cinq mille milliards de dollars supplémentaires entre les mains des régimes capitalistes du monde entier, même s’ils devaient être utilisés pour les services publics, finiraient par revenir aux capitalistes d’une manière ou d’une autre. C’est à cela que servent les États capitalistes.
Ce n’est qu’en prenant le contrôle des richesses par la classe ouvrière et en planifiant démocratiquement leur utilisation pour répondre aux besoins de tous et de la planète que l’on pourra réellement mettre fin aux inégalités. Une telle alternative socialiste n’est pas seulement possible, elle est nécessaire et urgente – pour le bien de tous les peuples et de la planète. Sur cette question, le rapport n’est pas à la hauteur, mais ses conclusions sont utiles, même si elles ne sont pas particulièrement révélatrices.
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La Taxe Amazon passe à Seattle, la classe des milliardaires contre-attaque

Comment aller chercher l’argent où il est ?
En novembre 2013, Kshama Sawant, première conseillère communale socialiste depuis plus d’un siècle dans une ville majeure des USA, était élue conseil de Seattle. Depuis lors, plusieurs victoires furent obtenues par les travailleurs de Seattle, dont la plus emblématique fut le salaire minimum à 15$ de l’heure. Un des défis majeurs à Seattle est l’accès au logement : les loyers y augmentent de manière vertigineuse et le nombre de SDF y atteint des sommets. La mobilisation constante sur ce sujet a finalement aboutit à la revendication d’une taxe sur les grandes entreprises de Seattle afin de financer un programme de construction de logements abordables et d’aide aux SDF. Le 14 mai dernier, sous la pression de longs mois de campagne intense, le conseil communal vota une telle taxe. Avant de la révoquer sous la pression du big business.
Par Clément (Liège)
Une crise profonde, un mouvement qui vient de loin
Pour des couches de plus en plus large à Seattle, se loger est devenu inabordable financièrement. Au cours des 6 dernières années, le loyer des appartements a augmenté de 635$ par mois (+57%). Plus de 41% des locataires sont en situation de ‘rent burdened’ (loyer excessivement élevé). Pour un appartement une chambre (2000$ en moyenne), un travailleur au salaire minimum devrait travailler 87h par semaine, pour éviter de tomber dans la pauvreté. Quand à devenir propriétaire, c’est tout simplement hors de portée : le prix moyen d’une maison unifamiliale a plus que doublé en 5 ans pour atteindre les 820.000$.
Début 2017, on comptait plus de 11.000 SDF à Seattle, soit une augmentation de 31% par rapport à l’année précédente (qui représentait déjà une augmentation de 19% par rapport à la précédente). Seattle se place ainsi en 3e position des villes américaines où il y a le plus de SDF (après New-York et Los Angeles). De vastes campements se développent sur les terrains vagues, sous les ponts d’autoroutes,…
Malgré ‘‘l’Etat d’urgence’’ sur le sans-abrisme décrété par la ville de Seattle, ces camps sont expulsés de manière brutale (600 expulsions en 2016). Les ‘‘solutions’’ proposées à la crise du logement reposent sur la logique de marché. La maire Jenny Durkan a ainsi négocié avec les gros promoteurs immobiliers de la ville la construction de 10.000 nouveaux logements en 2017. Un record qui ne changera rien à la crise des loyers, puisque ces projets visent avant tout la rentabilité maximum et seront donc destinés aux tranches de revenus élevés.
Les dernières années ont connu de nombreux mouvements et quelques victoires, dont un contrôle sur les loyers des logements insalubres, l’affectation d’un budget de 29 millions $ pour la construction de logements à loyer abordable, des aides pour les personnes poussées au déménagement par l’augmentation des loyers,… Dans toutes ces mobilisations, Socialist Alternative a joué un rôle crucial, y compris en utilisant le siège de Kshama pour faire entendre la voix des travailleurs au conseil communal (souvent littéralement), mais aussi pour mettre en avant des mots d’ordre audacieux et organiser le mouvement.
Il ne faut pas douter que cette série de victoire a permis de construire la confiance et de préparer l’étape suivante : faire contribuer les mastodontes économiques à Seattle.
Une campagne pour taxer les riches et répondre aux besoins des travailleurs
Plusieurs entreprises extrêmement prospères comme Starbucks, Boeing, Google et bien entendu Amazon sont largement implantées à Seattle, développant aussi bien des emplois précaires et sous-payés qu’un grand nombre d’emplois de cadres hautement rémunérés. Dans une économie basée sur le marché et le profit, il en résulte une contradiction aigüe : les chantiers pour des bureaux ou des appartements de haut standing se multiplient, alors que la plupart des travailleurs ordinaires peinent à se loger.
Comment se fait-il que des entreprises qui dégagent des milliards de profits ne contribuent pas à répondre aux besoins élémentaires des habitants de Seattle ? L’exemple le plus frappant est celui d’Amazon, qui emploie plus de 50.000 personnes dans son quartier général à Seattle. Son dirigeant Jeff Bezos est devenu l’homme le plus riche du monde avec une fortune de 130 milliards de dollars et gagne plus en une minute qu’un manutentionnaire d’Amazon en un an. Sur ses 5,6 milliards de bénéfices réalisés aux USA en 2017, Amazon aura payé… 0$ de taxes. Et l’année 2018 s’annonce encore meilleure avec une diminution de taxe de 789 millions $ consécutivement aux baisses de taxes décidées par l’administration Trump.
Le 1er novembre 2017, lors de la présentation du budget 2018 de la ville de Seattle, plus de 500 activistes se sont rassemblés au conseil municipal à l’appel de Socialist Alternative et du mouvement ‘‘Housing for all’’. Leurs revendications : l’arrêt des expulsions des campements de SDF et l’instauration d’une taxe sur les grandes entreprises afin de financer la construction de logements sociaux et de centres d’hébergement pour les sans-abris.
L’aile conservatrice du conseil communal a plusieurs fois tenté de réduire l’aide aux SDF et rencontra une forte mobilisation de la population pour la défense des budgets existants et la nécessité d’aller chercher les moyens nécessaires dans les poches des grandes entreprises. Ces actions impliquaient des activistes du droit au logement mais également des syndicats et divers groupes progressistes et organisations politiques. D’autres mobilisations furent organisées devant le siège d’Amazon. Les réunions du Comité pour les droits humains, le développement équitable et le droit au logement, présidées par Kshama Sawant, furent déplacées en dehors des heures de travail pour garantir que les travailleurs puissent y intervenir. On imprima les affiches des manifestations sur les imprimantes du conseil communal. Un Guide citoyen sur Amazon dénonçant la manière dont la société évite les taxes, mais aussi la pénibilité des conditions de travail et les bas salaires, fut produit et distribué.
La pression du mouvement finit par contraindre le conseil communal à mettre l’idée d’une taxe annuelle de 150 million sur les plus grosses entreprises de Seattle à l’agenda du conseil communal. Outre les habituels cris d’orfraie des médias et experts de tous poils sur la nocivité d’une telle taxe, une véritable campagne de chantage fut lancée avec notamment la suspension par Amazon de ses projets de construction, menaçant ainsi 7000 emplois dans le secteur. Enfin, le personnel politique de la classe capitaliste a tenté de vider la proposition de son contenu. Jenny Durkan, maire de Seattle dont la campagne électorale fut financée à hauteur de 350.000 $ par Amazon, a introduit une contre-proposition pour diminuer de moitié le montant de la taxe, la limiter à 5 années et réduire la proportion de cette nouvelle source de financement affectée au logement social.
La mobilisation fut cependant plus forte et le 14 mai, le conseil communal fut contraint de voter une version de la taxe qui rapporterait 75 millions par an. Il s’agissait certes d’une version allégée de la proposition d’origine, mais comme les activistes du mouvement et Socialist Alternative l’avaient souligné, il s’agissait d’un premier pas positif vers de nouveaux acquis. A peine cette taxe était-elle passée qu’elle commençait à faire des émules dans d’autres villes du pays.
L’empire contre-attaque
Dans un régime basé sur la recherche du profit, la moindre avancée pour les travailleurs sera combattue par la classe capitaliste. Dans le cas présent, la Taxe Amazon n’aurait représenté que 0,26% des bénéfices des entreprises concernées ; pour Amazon, cela aurait correspondu à 28 millions par an, autant dire une bagatelle.
Aussitôt la taxe votée, différentes entreprises touchées par la taxe ont levé plus de 375.000$ afin de lancer une campagne appelée NoToHeadTax : récolter les signatures nécessaires pour organiser un referendum sur la taxe. Différentes vidéos disponibles sur internet illustrent que le mensonge est probablement la méthode favorite de cette campagne : on peut y voir des démarcheurs expliquer avec aplomb et insistance qu’il s’agit d’une taxe annuelle de 275$ sur le salaire des travailleurs de Seattle. Avec de telles méthodes, ils furent capables de récolter plus de 300.000 signatures. Suffisamment pour pousser 7 des 9 conseillers communaux à révoquer la taxe qu’ils avaient votés à l’unanimité un mois plus tôt.
Les leçons de ce combat sont importantes. D’une part il est clair de nouveau que c’est la lutte qui paie et qui permet aux 99% de remporter des victoires, de faire plier l’establishment politique et économique. D’autre part, chaque avancée sociale n’est malheureusement que temporaire si on laisse les leviers économiques et politiques aux mains des mêmes. Les mouvements sociaux doivent prendre l’espace nécessaire de discuter cela et de s’armer politiquement en défendant l’expropriation de ces entreprises et les mesures socialistes pour remplacer un système capitaliste incapable de fournir une vie décente à la majorité.
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Combattre les inégalités ? En luttant pour le socialisme !

En décembre, un rapport publié par le think thank World Wealth and Income Database (WID) a détaillé en long et en large les inégalités de revenus et de richesses à travers le monde selon un grand nombre de critères. En particulier, il met en avant qu’entre 1980 et 2016, le pourcent des ménages les plus riches a capté 27% de la croissance des revenus. Traduction : depuis plus de 35 ans, les plus riches captent l’essentiel de la croissance économique.
Par Baptiste (Hainaut)
Tout va bien pour les ultra-riches. Jeff Bezos (Amazon) est passé devant Bill Gates pour devenir la personne la plus fortunée de la planète. En 2017, ses actifs sont passés de 72,8 milliards de dollars à 108,2 milliards. Il a donc gagné 65.000 dollars par minute! Selon Oxfam, cette année-là, les huit personnes les plus riches au monde possédaient plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. En 2017, leurs avoirs sont passés de 509,9 milliards de dollars à 637,9 milliards de dollars (voir cadre). Une progression de 25 %.
En Belgique, les grands dirigeants d’entreprises n’ont pas non plus eu à se plaindre. Leurs revenus ont augmenté de 26 % en un an. On peut toujours rêver pour recevoir autant… En 2016 (les données de 2017 ne sont pas encore disponibles), le salaire moyen d’un travailleur s’élevait à 43.097 euros, selon l’OCDE. Un an plus tôt (en euros de la valeur en 2016), il s’élevait à 43.541 euros. Nous avons perdu 1%.
Les inégalités sont intrinsèques au capitalisme
Mais tiens, pourtant, le monde n’a-t-il pas été ébranlé par la crise il y a 10 ans ? Pour les travailleurs, les jeunes et les allocataires sociaux, le coût de la vie augmente, les revenus n’évoluent pas de manière substantielle quand ils ne diminuent pas, les acquis sociaux sont détricotés sur fond de politiques d’austérité… Non seulement il n’y a pas d’augmentation de revenus ni de richesses, mais en plus il y a un risque croissant de sombrer dans la pauvreté. Nous devons nous serrer la ceinture parce que c’est la crise, nous dit-on. Visiblement, cela ne s’applique pas aux ultra-riches.
Mais si les politiques d’austérité accentuent les inégalités, il ne suffit pas pour autant de les stopper pour mettre fin aux inégalités. Ces dernières trouvent leur source dans le fonctionnement même de l’économie capitaliste. Comment sont créées les richesses ? Quelle partie est redistribuée sous forme de salaires ? D’où sortent les profits ? Ces questions existentielles pour les économistes sont fondamentales pour comprendre comment fonctionne le capitalisme, et comment les inégalités sont créées.
D’où viennent les inégalités ?
Lorsqu’un objet ou un bien est élaboré, sa caractéristique première est de répondre à un besoin, d’avoir une finalité, un usage. Mais ce n’est pas cet usage qui détermine sa valeur. Un bien n’aura pas forcément plus de valeur s’il est de bonne qualité, s’il a une utilité commune et non individuelle, s’il est plus durable etc. Sous le capitalisme, la valeur d’un bien est déterminée par la quantité de travail qu’il représente, par le temps de travail qui est nécessaire à sa confection. Il va de soi que si une personne met deux fois plus de temps qu’une autre à produire un objet, celui-ci n’aura pas plus de valeur pour autant. C’est pourquoi on considère le temps de travail socialement nécessaire, qui tient compte du temps nécessaire en moyenne en fonction du niveau de développement des forces de production.
Cette détermination de la valeur d’un bien offre aux capitalistes un dénominateur commun entre des objets de natures très différentes, ce qui permet d’établir des échanges. Car l’objectif d’un capitaliste n’est pas de répondre aux besoins de la société, mais d’utiliser ces besoins comme un marché pour vendre un maximum de ses biens. La valeur d’usage d’un bien est ainsi supplantée par sa valeur d’échange dans un processus de marchandisation généralisée.
Une fois que les travailleurs ont créé des richesses en produisant des biens à travers leur travail, en quoi consiste le paiement des salaires ? Dans le capitalisme, le travailleur est lui-même ramené à une marchandise particulière, où le salaire est payé de sorte à ce que le travailleur ait le minimum vital pour assurer une reproduction quotidienne de sa main d’œuvre. La valeur du salaire ne correspond donc pas aux richesses que le travailleur a produites, mais correspond à sa capacité à travailler.
Cette caractérisation de la valeur d’une marchandise a été théorisée par Marx et représente un des socles sur lequel l’analyse marxiste de l’économie est basée. C’est ainsi qu’il explique qu’à la fin de chaque journée normale de travail, lorsque les marchandises produites sont vendues et que les salaires sont payés, il reste un solde appelé plus-value. Cette plus-value correspond donc à du temps de travail non rémunéré, appropriée par le patron et grâce à laquelle il accroît l’ampleur de l’entreprise mais aussi sa propre fortune.
Un système malade
Ce fondement économique fait la distinction entre les deux classes sociales principales dans le capitalisme : les travailleurs, qui vivent de leur travail, et les capitalistes, qui vivent de leur propriété des moyens de production et de l’exploitation des travailleurs. Les intérêts sont antagonistes, et l’importance relative entre salaires et plus-value résulte du rapport de force entre les capitalistes et les travailleurs. Tandis que l’immense majorité de la population cherche à vivre dignement, une infime minorité s’organise pour augmenter le taux d’exploitation pour phagocyter le concurrent et améliorer ses profits. Il ne peut résulter d’un tel système qu’une inégalité croissante, dont l’ampleur ne peut être freinée que par la lutte des classes.
Mais il faut également noter que le fonctionnement du capitalisme n’entraine pas uniquement des inégalités mais aussi des contradictions et des crises, à commencer par la surproduction. Les travailleurs ne gagnant pas de quoi consommer ce qu’ils produisent, il en résulte inévitablement des surplus qui entraînent faillites et plus largement une crise économique lorsque l’ensemble d’un secteur est concerné ou que le système financier est également contaminé. De telles crises sont évidemment plus violentes pour les travailleurs, qui perdent leur emploi, que pour les capitalistes, qui en général se contentent de se réorienter.
Comment en finir avec les inégalités ?
Les inégalités ne résultent pas d’un manque de sensibilité politique, ou même d’une dérive financière de l’économie. Le fonctionnement naturel du capitalisme systématise inévitablement les inégalités, la pauvreté, l’instabilité et le chaos. Une sécurité sociale forte et des contraintes fiscales peuvent atténuer ces inégalités, mais cela ne sera jamais suffisant tant que le pouvoir économique sera laissé aux mains de la classe capitaliste. De fait, elles gardent toujours l’initiative de contourner ces contraintes, et peuvent toujours profiter d’un momentum favorable pour détricoter les acquis.
Nous avons besoin d’une alternative à ce système. Ce besoin s’est exprimé lors de plusieurs élections récentes, avec la popularité de figures comme Sanders, Mélenchon ou Corbyn. Cette popularité illustre la recherche croissante d’une alternative à gauche au néolibéralisme, et un regain d’attention pour les idées du socialisme.
Le marxisme fournit non seulement une grille d’analyse permettant une compréhension de la société capitaliste, mais donne également les bases pour un changement révolutionnaire de la société. Car l’organisation même des travailleurs au sein du capitalisme a façonné une force sociale capable de changer le cours de l’Histoire à travers l’élaboration d’une économie planifiée et gérée démocratiquement. Un tel système, que nous appelons une société socialiste, permettrait d’orienter l’économie et la production non plus selon les profits d’une minorité mais en fonction des besoins sociaux, environnementaux… de la majorité de la population. C’est seulement de cette manière que les inégalités peuvent disparaître et que tout un chacun pourra vivre dignement.
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Scandale Oxfam: Pour une aide humanitaire démocratique et la solidarité des travailleurs

Haiti 2010, photo RIBI Image Library/CC En janvier 2010, lorsque le tremblement de terre a frappé Haïti, nous avons écrit: “Une fois de plus, la population pauvre d’Haïti a été très durement touchée par une catastrophe.” (Accéder à cet article) Des centaines de milliers de personnes avaient perdu la vie tandis que des millions d’autres se sont retrouvées sans abri, blessées, privées de médicaments et affamées.
Par Sarah Sachs-Eldridge, organisatrice nationale du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)
Le pays ne comptait que deux casernes de pompiers et aucun logement “antisismique”. Avant même le désastre du tremblement de terre, 80 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté et les trois quarts des gens étaient sans emploi. Les Haïtiens étaient donc extrêmement vulnérables. Notre titre proclamait : “Une catastrophe qui porte la marque du capitalisme”.
Nous constatons maintenant que la souffrance des Haïtiens a encore été aggravée. Les révélations selon lesquelles des cadres supérieurs d’Oxfam ont eu recourt à la prostitution en Haïti montrent que ces personnes vulnérables ont également été victimes d’une exploitation flagrante de la part de ceux qui prétendaient être là pour les aider. Le journal britannique The Guardian affirme que certaines personnes impliquées auraient été mineures d’âge.
Ce n’est malheureusement pas neuf. En 2015, un document du Bureau des services de contrôle interne de l’ONU a déclaré que des centaines de femmes en Haïti ont été forcées à se prostituer en raison de la faim et de la pauvreté. Certains articles signalaient la crainte que des pédophiles et d’autres agresseurs sexuels ne ciblent activement les emplois du secteur de l’aide humanitaire. Les organismes de bienfaisance britanniques ont enregistré au moins 120 cas d’abus et de harcèlement sexuels impliquant leur personnel entre 2016 et 2017.
Une grande partie de la discussion a porté sur la dissimulation du scandale. Il semble qu’un cadre supérieur ait été accusé d’avoir payé pour des rapports sexuels en Afrique et qu’il ait été envoyé en Haïti par la suite. Oxfam n’a pas signalé les cas à la police et n’a pas entièrement divulgué ce qui avait été découvert en son sein. A l’époque, certains hommes impliqués ont pu démissionner discrètement. Oxfam nie l’existence d’une opération de dissimulation, mais c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. Et cela a permis de passer sous silence la maltraitance de femmes et de jeunes filles.
Penny Lawrence a démissionné de son poste de directrice générale adjointe d’Oxfam. Mais comment ceux qui ont souffert aux mains du personnel d’Oxfam peuvent-ils obtenir justice ? Il devrait déjà y avoir une amnistie pour les femmes en Haïti et au Tchad afin qu’elles puissent témoigner contre les accusés sans se voir menacées de charges criminelles.
Le sexisme et l’oppression des femmes sont inhérents au capitalisme et à la société de classe en général. Elles se manifestent partout où les rapports de force sont inégaux. Celles qui se sont manifestées dans le cadre de #MeToo ont montré à quel point le sexisme et les abus sexuels touchent des situations où les hommes ont le pouvoir de licencier, d’employer et de promouvoir des femmes.
Dans quelle mesure est-ce encore le cas lorsqu’ils ont le pouvoir de fournir de la nourriture, des médicaments et un abri dans une zone sinistrée ? Mettre fin à des abus comme ceux qui ont eu lieu en Haïti signifie de mettre fin à l’inégalité entre ceux qui administrent l’aide et ceux qui en bénéficient.
Les généreux donateurs aux organismes de bienfaisance, en grande majorité la classe ouvrière et les couches les plus pauvres de la société, ne veulent pas voir cet argent et le pouvoir qui en découle entre les mains de telles personnes, ni que les sommes soient dépensées pour des campagnes de publicité onéreuses, les salaires des cadres et les frais d’administration.
Le Socialist Party défend le contrôle démocratique de toute l’aide humanitaire – de l’aide d’urgence et les secours à la réhabilitation des victimes, jusqu’aux programmes de reconstruction. Ce contrôle démocratique devrait être exercé par l’intermédiaire de comités élus de travailleurs, d’ouvriers agricoles et de pauvres, dans tous les domaines.
C’est ce modèle que la section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Sri Lanka (l’United Socialist Party) a défendu après le tsunami de 2004. Cette approche doit être liée à la lutte pour développer des syndicats et une voix politique indépendante pour la classe ouvrière et les pauvres, en faveur de la défense de politiques de type socialistes.
Les conservateurs ont sauté sur l’occasion de ces révélations. Jacob Rees-Mogg (membre du parti conservateur, avocat des coupes budgétaires, adversaire du mariage égalitaire entre personnes de même sexe, climatosceptique, opposé à l’avortement, etc.) a lancé une pétition – “l’œuvre de charité commence à la maison” – pour exiger que le gouvernement sabre dans son projet de loi sur l’aide humanitaire. Il voudrait saper la solidarité que les gens ressentent pour ceux qui souffrent dans d’autres parties du monde. Il s’agit d’une autre version de la politique de « diviser pour mieux régner ».
La politique étrangère n’est qu’un reflet de la politique intérieure. La politique du gouvernement May repose sur l’austérité, ici et ailleurs. Parallèlement aux coupes budgétaires, le gouvernement vote en faveur de réductions d’impôt pour les sociétés, qui pratiquent la fraude fiscale et l’évitement d’impôts, en affamant les services publics. Sans encore parler de la dette des pays du monde néo-colonial, dont le remboursement dépasser de loin le montant initial.
Les conservateurs et la presse pro-capitaliste étaient particulièrement prêts à attaquer Oxfam parce que cette ONG a régulièrement attiré l’attention sur les inégalités flagrantes qui existent dans cette société. Oxfam a par exemple souligné que huit personnes au monde possèdent plus de richesses que la moitié la plus pauvre de la population et qu’en Grande-Bretagne, cinq familles à peine possèdent plus de richesses que les 12 millions de personnes les plus pauvres.
Le Socialist Party et ses organisations-soeurs à travers le monde ne se contentent pas de dénoncer la pourriture du système capitaliste. Nous défendons la solidarité de la classe ouvrière et soutenons les populations des régions dévastées par la guerre afin qu’elles planifient et organisent démocratiquement la reconstruction de leur vie – en toute liberté.
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Croissance économique? Exigeons notre part!
La faim touche la Belgique
‘‘La Belgique pauvre a faim’’ titrait le quotidien flamand De Standaard le 19 janvier. Jamais les Banques Alimentaires n’ont eu à nourrir autant de personnes démunies qu’en 2017. Pas moins de 16.488 tonnes de nourriture ont ainsi été délivrées à 157.151 personnes !En Belgique, un habitant sur sept est exposé au risque de pauvreté. Le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration des CPAS a augmenté de 9,3% en 2016 (baromètre interfédéral de la pauvreté). Les Banques Alimentaires expliquent que le nombre de personnes qu’elles sont susceptibles d’aider a augmenté de 30% en 5 ans et de 45% en 10 ans.
Un cinquième de la population belge a du mal à boucler les fins de mois et un quart seulement a les moyens de partir en vacances une semaine pendant l’année (Statbel).
Dans le camp d’en face, les dirigeants des entreprises du Bel-20 ont vu leurs revenus augmenter de 26% en 2017. La fortune des ultra-riches augmente partout.
Bientôt tous pauvres ?
Depuis dix ans maintenant, les multiples mesures antisociales ont été justifiées par la crise. Et malgré une forte productivité, nos salaires restent en berne, pour ‘‘préserver la position concurrentielle’’ des entreprises.
Laisser faire ce gouvernement revient à sombrer tous dans la pauvreté. Le salaire moyen est aujourd’hui inférieur à celui de 2013 (selon les chiffres de l’OCDE). La fédération syndicale britannique TUC s’attend à une croissance des salaires réels de 0,1% en Belgique en 2018, derrière les Pays-Bas (+1,1%), l’Allemagne (+0,9%) et la France (+0,8%).
Un pensionné sur quatre vit sous le seuil de pauvreté et le gouvernement entend ‘‘réformer’’ le système des pensions (comprenez : le détruire). C’est grâce aux combats du passé, notamment pour la sécurité sociale, que la pauvreté n’est pas plus répandue aujourd’hui. Et c’est grâce à la lutte que nous stopperons la casse de nos conquêtes sociales.
Nous connaissons aujourd’hui une certaine reprise économique. Aux Pays-Bas, cela a redonné confiance aux travailleurs et la colère secoue les directions syndicales restées trop passives. En Allemagne, le puissant syndical IG-Metall vient de lancer une campagne d’actions et de grève pour la réduction du temps de travail.
Misère, misère, misère
Au Parlement, Charles Michel a tenté de faire oublier les frasques de Theo Francken en défendant la fait que l’activité du gouvernement avait permis de créer 176.000 emplois. Le calcul est fantaisiste et les emplois créés sont largement précaires et sous-payés.
Pour Elio Di Rupo, le slogan ‘‘jobs, jobs, jobs’’ du gouvernement est en réalité ‘‘misère, misère, misère’’. Charles Michel a rétorqué – peut-être un peu trop vite – que ‘‘sous le gouvernement Di Rupo, ce sont 25.000 emplois privés qui ont disparu, misère, misère, misère, c’était vos choix’’. Au fait, le MR n’était-il pas membre du ‘‘gouvernement papillon’’ ?
La politique profondément antisociale de Michel donne envie de vomir. Mais il ne faut pas oublier la ‘‘rigueur’’ de Di Rupo & Co. L’indéboulonnable président du PS a beau répété que ‘‘son cœur saigne’’ quand il pense à la limitation dans le temps des allocations de chômage d’insertion, cela ne change rien pour toutes les personnes qui se sont vues exclues et plongées dans une misère encore plus noire. Les Banques Alimentaires affirment qu’elles aident de plus en plus de jeunes exclus de leur droit aux allocations.
Avec une telle opposition dont le projet n’est en définitive qu’une version allégée de la même politique et qui patauge dans les scandales à répétition, la reconduction du gouvernement Michel n’est pas exclue. Les sondages favorables au PTB sont une bonne nouvelle, non seulement en Wallonie et à Bruxelles mais aussi maintenant en Flandre, comme l’a révélé un sondage de la Gazet van Antwerpen fin janvier.
Il nous faut une gauche conséquente et combative. Le potentiel à saisir pour de futures actions syndicales reste entier, malgré les hésitations au sommet. Tout cela peut lancer une nouvelle dynamique qui remettrait à l’agenda la lutte et la solidarité pour le socialisme.
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[DOSSIER] Quelle riposte de la gauche à l’ère du populisme?

Si les mots étaient côtés en bourse, celui de ‘‘populisme’’ serait sans nul doute une des valeurs sûres actuelles. A la suite d’une année 2016 marquée par les ‘‘coups de boutoir de la protestation populiste’’ – le Brexit et l’élection de Trump n’ayant été que les plus marquants d’entre eux – les phénomènes du rejet de l’establishment et du populisme se sont profondément ancrés dans la vie politique. Cela frise souvent l’absurde, comme en France où tous les candidats semblent s’être donnés le mot, jusqu’à Macron, ancien ministre et ancien cadre de la banque d’affaires Rothschild, qualifié de ‘‘candidat anti-establishment positif’’ par Le Vif (Belgique) et de ‘‘populiste du centre’’ par La Tribune (France)…Dossier de Nicolas Croes paru dans l’édition de mars de Lutte Socialiste
Et ça continue encore et encore…
Il n’y avait pas besoin d’être installé dans les salles cossues de la dernière réunion annuelle du Forum Economique Mondial (FEM) de Davos fin janvier pour ressentir la panique manifeste qui planait sur cette réunion de haut vol. Le ton de ce rendez-vous obligé des plus grands dirigeants d’entreprises et des chefs d’Etat a, une fois de plus, été donné par le rapport d’Oxfam sur les inégalités publié à la veille de la rencontre. Ce dernier, intitulé ‘‘une économie au service des 99%’’, expliquait notamment ‘‘comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires’’, autour d’un chiffre-choc: aujourd’hui, les 8 personnes les plus riches au monde possèdent (429 milliards de dollars) plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité (409 milliards de dollars)!
‘‘L’égalité est sur toutes les lèvres ici à Davos, et peut-être que l’égalité est en train de devenir le nouveau mot à la mode’’, a déclaré pleine d’optimisme Magdalena Andersson, ministre suédoise des Finances. Légèrement plus angoissé, le secrétaire général de l’OCDE(1) Angel Gurria s’est adressé aux participants en ces termes : ‘‘Vous devez payer les taxes, là où vous générez les bénéfices. (…) Aujourd’hui, le niveau de tolérance (vis-à-vis de l’évasion fiscale) a baissé de manière spectaculaire. A cause de la crise, mais aussi parce que les Etats ont besoin d’argent.’’ Plus volontaire, le commissaire européen Pierre Moscovici (PS) a proclamé que ‘‘le temps où les multinationales faisaient ce qu’elles voulaient est révolu’’ (on a hâte de voir ça…).
Les réactions divergent, mais le constat reste identique : la perte d’autorité des instruments traditionnels de la classe dominante est tout bonnement gigantesque. Depuis le début de la crise économique, toutes les méthodes employées par l’establishment capitaliste ont été vouées à l’échec. Ses meilleurs instruments politiques ont été brûlés, de nouveaux joueurs sont arrivés sur le terrain et l’instabilité politique est devenue la règle plutôt que l’exception. Le climat de désillusion vis-à-vis de la politique traditionnelle est général. La seule certitude, c’est qu’il n’existe plus de certitude.
Certains participants au FEM de Davos illustraient leurs craintes pour l’avenir en ces termes : lors de la réunion de janvier 2016, personne n’envisageait la victoire du ‘‘non’’ au référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, et encore moins qu’Hillary Clinton ne devienne pas le 45e président des USA. Juste avant l’ouverture de la rencontre de Davos, le FEM expliquait que, pour sa part, c’est le fossé entre riches et pauvres qui se trouvait derrière le Brexit et la victoire de Donald Trump.
… c’est que le début, d’accord, d’accord.
Aucun commentateur sérieux n’ose s’avancer à dire que les choses sont amenées à changer dans le futur. En janvier, un rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) expliquait que ses mesures des activités de contestation à travers le monde avaient enregistré une sérieuse augmentation au cours de l’an dernier dans ce contexte d’incertitudes économiques et politiques(2). En revenant sur une année marquée par les ‘‘protestations anti-austérité au Brésil, les manifestations contre l’élection de Donald Trump aux USA et les actions industrielles [les grèves] au Royaume-Uni’’, l’OIT a expliqué que son étude des événements démontrait que le risque d’agitation sociale avait augmenté dans ‘‘presque toutes les régions du monde’’. Pour l’OIT encore, l’inégalité croissante est clairement derrière les résultats électoraux inédits qui se succèdent un peu partout. Sa conclusion est la suivante: le mécontentement parmi les travailleurs sera encore plus grand cette année.
Comme pour illustrer leur compréhension de cela, les gouvernements français et allemand n’avaient envoyé comme seul émissaire de poids au FEM, leur ministre des Finances (Michel Sapin et Wolfgang Schäuble). Des deux côtés, on craignait les répercussions négatives sur l’opinion publique de la présence de François Hollande et d’Angela Merkel. Leur participation à ce temple de l’élite capitaliste était dangereuse au regard des prochaines élections prévues dans les deux pays.
La trahison de la social-démocratie
Il n’y a pas encore si longtemps, l’équilibre des forces politiques était relativement stable. En Amérique du Nord et en Europe, les partis du statuquo s’échangeaient régulièrement le pouvoir, mais la politique menée restait essentiellement la même. Entre la ‘‘gauche’’ de gouvernement et la droite, il y avait bien des différences (sur des sujets éthiques tels que l’euthanasie ou le mariage égalitaire, par exemple), mais le dogme néolibéral de libéralisation et de privatisation ne souffrait d’aucune remise en question. Tout juste était-il à la rigueur question du rythme des mesures, sans plus.
A ‘‘gauche’’, les années ’90 ont été marquées par la ‘‘troisième voie’’ social-démocrate, personnifiée par le virage à droite opéré par Tony Blair dans le Parti travailliste (le Labour) britannique. Selon Margaret Thatcher, la Dame de fer elle-même, cette transformation du Labour en New labour était sa plus belle réalisation. Cette mutation social-libérale avait été rendue possible par la période ouverte grâce à l’effondrement du bloc soviétique. Le capitalisme semblait tout puissant, l’horizon indépassable de l’humanité. Même en usine, certains ouvriers discutaient durant leur pause de la manière dont ils pouvaient, eux aussi, investir en bourse et devenir actionnaires.
Fin des années ’90, la social-démocratie était au pouvoir, seule ou en coalition, dans quinze des dix-sept pays que comptait alors l’Union européenne. Elle avait fait sienne le dogme de la croissance économique et de l’argent-roi qui bénéficierait à tous. Au pouvoir, les PS, SPD, New labour & Co ont lancé la dynamique des contre-réformes concernant la législation du travail (initiée en Allemagne sous Gerhard Schröder, SPD), la chasse aux chômeurs, etc. Parmi les électeurs, l’espoir a cédé place à la désillusion, à la frustration et à la colère.
Quand on lui demande comment la social-démocratie (le ‘‘centre-gauche’’) a-t-elle pu perdre sa base électorale dans de telles proportions, Ania Skrzypek, politologue à la Fondation européenne des études progressistes identifie plusieurs causes: ‘‘une obsession de la compétitivité, une Europe à qui on n’a pas donné de dimension sociale, des dirigeants qui se réfugient derrière un langage technocratique et qui manquent de courage politique. Aujourd’hui, quand on demande aux citoyens qui est responsable de la crise post-2008, ils répondent: le système dont les sociaux-démocrates étaient coresponsables et qu’ils ont contribué à sauver.’’
Les partis et formations de droite populiste ou d’extrême droite capitalisent sur ces angoisses. Comme le souligne le chercheur français Luc Rouban (Sciences-Po et CNRS) : ‘‘ils attirent un électorat traditionnellement à gauche, habité par un sentiment d’abandon, de déclassement, de perte de contrôle.’’
Un repli populiste et nationaliste inévitable ?
A la mi-décembre, la télévision publique allemande diffusait un reportage sur la région de la Ruhr, berceau de l’industrialisation, du mouvement ouvrier et de la social-démocratie. Il s’agit aujourd’hui d’un des endroits parmi les plus défavorisés d’Europe : un cinquième des habitants y vit d’allocations. Aux prochaines élections régionales de mai 2017, les sondages annoncent une percée du parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Aux mains de l’establishment, ce genre de donnée devient un outil au service de l’arrogance et de la condescendance. Regardez – s’écrient les technocrates, éditorialistes, politiciens et autres défenseurs du statu quo politique – où conduisent les critiques de la politique de l’Union européenne! Regardez à quoi conduit de se plaindre des hausses d’impôts et des dernières mesures d’austérité budgétaire! A leurs yeux, se détourner de la politique traditionnelle signifierait automatiquement de céder aux sirènes du nationalisme le plus étroit. Du même coup, on amalgame Donald Trump, Jean-Luc Mélenchon, Podemos, le Brexit, le M5S italien, Marine Le Pen, etc. en défendant, plus ou moins ouvertement, que les masses sont incapables de gouverner et que face à la tyrannie du nombre, le seul rempart est constitué des élites libérales et modernes. Critiquer ces dernières, ce serait faire le jeu des démagogues. N’est-ce pas ainsi que Donald Trump s’est retrouvé élu à la place d’Hillary Clinton? Ce discours mélange haine de la démocratie et mépris de classe.
Regarder les choses plus en profondeur permet de donner une toute autre image. Le rejet des élites et du monde politique traditionnel profite aussi à la gauche radicale. Aux Etats-Unis, il y a eu la campagne de gauche de Bernie Sanders contre Clinton (la plupart des sondages affirment qu’il aurait gagné haut la main si sa campagne n’avait pas été court-circuitée par l’appareil du Parti démocrate). En Grèce, le Pasok social-démocrate a disparu de la scène politique en 2015 au profit de Syriza. En Espagne, le Parti socialiste (PSOE) a été sérieusement concurrencé – et dépassé – par Podemos. En Irlande, les sondages placent aujourd’hui la coalition People Before Profit – Anti-Austerity Alliance devant le Parti travailliste. En Grande-Bretagne, le Parti travailliste est plongé dans une véritable guerre civile entre l’appareil du parti et ses élus d’un côté et le dirigeant anti-austérité du parti Jeremy Corbyn et des dizaines de milliers de nouveaux adhérents de l’autre. En France, la dynamique à l’œuvre derrière la campagne de Jean Luc Mélenchon parle également à l’imagination de nombreux jeunes et travailleurs.
Et si l’on se plonge dans l’histoire politique de ces 20 dernières années, force est de constater que la gauche radicale n’a pas manqué de saisir les occasions nées du dégoût suscité par le monde politique acquis au néolibéralisme. Mais, souvent, ce fut un gâchis, une opportunité manquée qui a ouvert la voie à d’autres forces se proclamant anti-establishment.
Le danger du moindre mal
Une des premières formations à avoir significativement émergé à la ‘‘gauche de la gauche’’ fut le Parti de la refondation communiste italien. A la naissance de ce siècle, cette formation pouvait compter sur des dizaines de milliers d’adhérents et une grande autorité parmi les syndicalistes les plus combattifs et la jeunesse la plus radicalisée. Lors des manifestations altermondialistes ou contre la guerre en Irak, ses cortèges impressionnaient. C’est alors que s’est présenté le danger du ‘‘moindre mal’’ contre Berlusconi. Plutôt que de maintenir une ligne d’indépendance de classe en refusant de se ranger derrière un camp ou l’autre des forces capitalistes, le PRC est rentré dans ‘‘l’Union’’, une coalition autour de Romano Prodi au pouvoir entre 2006 et 2008. Ces deux années de participation à la politique de casse sociale (vote des crédits de guerre pour l’Afghanistan, attaques contre les pensions,…) ont suffi à détruire l’autorité du PRC. Il n’est pas possible de comprendre l’émergence du Mouvement 5 Etoiles italien sans revenir sur cette erreur politique majeure et ses conséquences.
Cette histoire a été répétée dans plusieurs pays. En Allemagne, par exemple, s’est formé en 2007- bien avant l’Alternative pour l’Allemagne – le parti Die Linke (La Gauche). Mais la formation de gauche s’est compromise dans des alliances locales avec la social-démocratie et a, en certains endroits comme à Berlin, elle-même appliqué l’austérité. Aux Pays-Bas, les élections du 15 mars prochain seront, selon toute vraisemblance, marquées par la victoire du parti de Geert Wilders. Il y eut un temps où le vent soufflait plutôt dans les voiles du SP, à la gauche du Parti travailliste. Mais, là aussi, sa crédibilité a souffert de sa participation à diverses coalitions locales avec des partis capitalistes.
Le danger de l’activisme pur
Si le racisme et d’autres idées réactionnaires s’expriment aujourd’hui plus ouvertement, cela s’explique notamment par l’absence d’une riposte conséquente et résolue de la part des syndicats et des organisations de gauche, sur ce terrain comme sur les autres. Le meilleur antidote au cynisme et au repli sur soi, c’est une atmosphère de lutte généralisée et la confiance envers nos capacités collectives d’arracher des victoires.
Aux Etats-Unis, divers rapports démontrent que les organisations de gauche radicale suscitent un large intérêt sous le ‘‘fouet de la contre-révolution’’ de la victoire de Trump. Comme l’a expliqué notre camarade de Seattle Kshama Sawant (Socialist Alternative) dans une récente interview pour Al Jazeera, les Démocrates se sont aliénés une large couche de progressistes en appelant à coopérer avec Donald Trump. Juste après les élections, Hillary Clinton a offert de travailler avec Trump et a encouragé ses partisans à ‘‘garder l’esprit ouvert’’. Une semaine après les élections, Barack Obama a déclaré qu’il fallait laisser sa chance à Trump. Mais, explique Kshama, les gens qui s’orientent vers les organisations socialistes anticapitalistes aux Etats-Unis sont fermement opposés à cette approche. ‘‘On ne trouve pas de volonté de négocier’’, explique-t-elle, ‘‘on trouve la volonté de riposter’’.(3)
Une atmosphère de mobilisations permanentes se développe aux USA, ce qui aura obligatoirement ses répercussions sur la scène internationale. La droite populiste se sent renforcée en Europe par la victoire de Trump, elle a gagné en assurance. Si elle part à l’offensive, les réactions ne manqueront pas. Si Marine Le Pen passe le premier tour des élections présidentielles en France, comme ce sera très certainement le cas, les mobilisations spontanées ne seront pas cantonnées à la France. Son élection au parlement européen en 2014 avait d’ailleurs rapidement donné lieu à un rassemblement de plus de 2.500 jeunes à Bruxelles face aux institutions européennes.
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, une période tumultueuse faite de changements brusques et d’apparitions soudaines d’opportunités comme de dangers. Il sera facile de se noyer dans cette tempête d’événements et de s’essouffler dans une succession d’actions. Nous avons besoin de perspectives, d’un cap à maintenir et des moyens pour y parvenir: un programme capable de réunir tous les opprimés dans la défense de leurs intérêts et une stratégie reposant sur le rôle crucial que peut jouer la classe des travailleurs par ses méthodes de lutte de masse et de blocage de l’économie par l’arme de la grève. C’est grâce à cette approche qu’il sera également possible d’intervenir dans des mobilisations au caractère plus flou et mixte, comme en Roumanie où les mobilisations de masse contre la corruption comprennent également des éléments de droite populiste.
Il ne suffira pas d’opposer un populisme de gauche à celui de la droite. Ce que nous vivons est une nouvelle étape de la vieille lutte entre les classes sociales, cela doit être expliqué tel quel. Nous ne pouvons abattre la dictature des marchés qu’en saisissant les moyens de production et d’échange des mains de la classe capitaliste, les grands patrons et actionnaires, pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. Tout compromis visant à rester dans le cadre du système capitaliste en l’aménageant peut paraitre plus facile dans un premier temps, mais cela conduit irrémédiablement à l’impasse dans laquelle se trouvent Alexis Tsipras et Syriza en Grèce, Maduro au Venezuela ou encore Morales en Bolivie.
Les échecs et victoires passées du mouvement des travailleurs sont autant de leçons sur lesquels s’appuyer pour aller plus loin. La période explosive actuelle partage des caractéristiques avec celle des années 1960 et 1970 qui ont vu un grand essor des idées socialistes et révolutionnaires. Le socialisme est une idée qui s’est déjà emparée de l’imagination de la nouvelle génération de travailleurs et de jeunes aux Etats-Unis. Préparons-nous à cette contagion.
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Une méfiance généraliséeUne récente étude réalisée par l’institut de sondage Ipsos et dont les résultats ont été publiés le 30 janvier dernier a fait écho à l’étude ‘‘Noir, jaune, blues’’ dont nous avons largement parlé dans notre édition de février. Parmi les sondés, 73% des Italiens estimaient que leur pays est en déclin, 69% en Espagne, 67% en France, 57% au Royaume-Uni. Une majorité de Français (61%), d’Italiens (60%) et d’Espagnols (56%) est convaincue que leur génération ‘‘a une vie moins bonne que celle de ses parents’’. Enfin, concernant la défiance envers les institutions officielles: 89% des Espagnols font peu ou pas confiance en leur gouvernement, tout comme 80% des Italiens, 77% des Français, 70% des Allemands et 66% des Britanniques. La défiance envers les institutions internationales, comme l’Union européenne, est de 77% en Espagne, 65% en France, 64% en Italie, 59% en Allemagne et au Royaume-Uni.
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NOTES:
1) L’Organisation de coopération et de développement économiques regroupe 35 pays capitalistes développés.
2) ‘‘ILO warns of rise in social unrest and migration as inequality widens’’, 12 januari 2017 https://www.theguardian.com/business/2017/jan/12/ilo-warns-of-rise-in-social-unrest-and-migration-as-inequality-widens
3) ‘‘More Americans joining socialist groups under Trump’’ – Socialist groups see huge spike in membership as they join protests against US President Donald Trump. -
Il est temps de changer de système !
8 riches possèdent plus que les 3,6 milliards les plus pauvres !L’année dernière, il fallait encore un autobus pour embarquer les 62 multimilliardaires qui possédaient autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Leurs rangs se sont bien éclaircis depuis lors. Deux taxis suffisent aujourd’hui pour transporter ces 8 personnes. Ne croyez pas que quelques super-riches sont soudainement devenus beaucoup plus pauvres. Ce résultat, c’est celui d’une plus grande concentration des richesses alors que les dettes des plus pauvres avaient été précédemment sous-estimées dans cette étude annuelle de l’ONG Oxfam. En Belgique, les inégalités sont également très fortes : l’un des Belges les plus riches, Albert Frère, possède à lui seul plus que les 2,2 millions de Belges les plus pauvres ensemble !
Par Geert Cool // Cet article est tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste, abonnez-vous !
Oxfam est particulièrement virulent: ‘‘Les grandes entreprises, en particulier celles qui prennent part à la réunion au sommet qui a lieu cette semaine à Davos, jouent un rôle majeur dans le fossé qui se creuse. Les ultra riches utilisent un réseau de paradis fiscaux pour éviter de contribuer, ils tirent les salaires de leurs employés et les prix qu’ils paient aux producteurs vers le bas, et diminuent les investissements dans leurs entreprises. Ils utilisent leurs relations pour veiller à ce que la politique gouvernementale soit en leur faveur’’. Pourquoi donc s’en prendre partout à nos conditions de vie alors que 8 super-riches à peine pèsent, réunis, quelques 426 milliards de dollars? Précisément pour les enrichir encore plus…
Ces inégalités ont des conséquences politiques. Oxfam explique : ‘‘Du Brexit à l’élection de Donald Trump, en passant par la montée préoccupante du racisme ou la défiance vis-à-vis des partis traditionnels et de la politique, il apparaît de plus en plus clairement qu’un nombre croissant de personnes dans les pays riches n’acceptent plus ce statu quo. Pourquoi en serait-il autrement, alors même que, d’expérience, cela n’aboutit qu’à une stagnation des salaires, des emplois précaires et un fossé croissant entre les riches et les plus démunis? Le défi consiste à proposer une alternative positive qui n’exacerbe pas les divisions.’’
Selon un sondage réalisé par le journal Le Soir (9 janvier), 74% des Belges ont l’impression que l’élite les laisse tomber, 62% estiment que le système va droit dans le mur et 49% pensent que l’Etat abandonne les gens comme eux à leur sort. La confiance dans le Parlement a diminué de 26% à 12% en 20 ans. Les médias ne font pas beaucoup mieux en passant d’un taux de confiance de 42% à 21%. Selon cette étude, en l’absence de résistance collective, les gens se replient sur eux-mêmes, ce qui a pour conséquence qu’ils sont de plus en plus négatifs à l’égard, notamment, des immigrés et des réfugiés. ‘‘C’est une guerre entre pauvres’’, résume ainsi un médecin prépensionné dans les pages du Soir.
A la base de tout ce mécontentement, on ne trouve pas l’arrivée de réfugié syriens ou afghans mais plutôt la faillite de ce système à pouvoir offrir de bonnes perspectives d’avenir à de larges couches de la population. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2015, pas moins de 138.000 personnes avaient dû faire appel aux banques alimentaires dans ce pays, 1 enfant sur 5 vivait dans la pauvreté. Rien qu’en Flandre, ce sont plus de 10.000 familles qui sont expulsées de leur foyer chaque année… Le gouvernement s’acharne à appliquer une politique qui frappe plus durement les plus démunis. L’année 2017 avait à peine commencé qu’un saut d’index pour les allocations familiales et pour les moyens alloués à l’enseignement primaire et secondaire avait été annoncé en Flandre.
Les critiques d’Oxfam sont accablantes pour le capitalisme. L’inégalité est inhérente à ce système. Il ne s’agit pas d’une petite erreur ou de quelques excès, le système entier repose sur la défense des intérêts d’une infime élite. Ces intérêts sont sauvegardés grâce à la propriété privée des secteurs-clés de l’économie et au pouvoir politique qui y est lié. Ils ont l’argent et le pouvoir, c’est vrai, mais nous avons la force du nombre, et c’est colossal.
S’il n’est pas organisé dans une lutte collective pour le changement et le progrès social, le mécontentement conduit à la frustration. Nous avons besoin de dirigeants syndicaux qui organisent la lutte et d’une gauche qui non seulement dénonce les inégalités du capitalisme et la misère qui en découle, mais qui ose également proposer des solutions socialistes. Si nous ne nous engageons pas dans la lutte collective pour une rupture avec le gouvernement de droite et les politiques d’austérité en général, nous laissons alors le débat politique à ceux qui n’ont que la détresse à offrir.
L’étude d’Oxfam confirme que nous disposons d’assez de moyens pour que chacun puisse bénéficier d’une vie décente. Pensons seulement aux milliers de milliards d’euros cachés dans les paradis fiscaux. Pourquoi attendre ? Pourquoi ne pas commencer dès maintenant à nous battre pour un système différent? L’élite capitaliste ne renoncera pas volontairement à son pouvoir. Nous devons nous organiser et nous confronter à l’élite. Comme l’étude d’Oxfam le confirme également, nous avons la force de notre nombre. Rejoignez le PSL!
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8 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l’Humanité. Il nous faut un autre système!
L’année dernière, il fallait encore 62 multimilliardaires pour obtenir ce résultat. Leurs rangs se sont bien éclaircis depuis lors. Ce n’est pas que quelques super-riches sont soudainement devenus beaucoup plus pauvres, cela s’explique par la plus grande concentration de richesses tandis que les dettes des plus pauvres avaient été précédemment sous-estimées. Les nouvelles données publiées par Oxfam dans le cadre du Forum économique mondial de Davos choquent.
Ce rapport, intitulé “Une économie au service des 99%”, dévoile “comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires”. Le texte souligne encore que “les entreprises optimisent leurs bénéfices, notamment en allégeant le plus possible leur charge fiscale, privant ainsi les Etats des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire les inégalités.” Oxfam dénonce encore la politique des divers gouvernement, orientée en faveur de ce monde de multimilliardaires.
L’étude indique que les 8 hommes les plus riches disposent de plus de richesses (actifs financiers et biens immobiliers) que les 3,6 milliards de personnes les plus pauvres : 426 milliards de dollars contre 409 milliards de dollars. La concentration de richesses est telle qu’Oxfam estime que le premier “super-milliardaire” du monde “pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards de dollars dans 25 ans à peine”. Pour dépenser cette somme, il faudrait “débourser un million de dollars par jour pendant 2.738 ans”. Pourquoi donc s’en prendre à nos conditions de vie alors que 8 super riches représentent ensemble 426 milliards de dollars? A droite, on veut justement les rendre encore plus riches…
Quelques chiffres remarquables: aux États-Unis, le revenu des 50% les plus pauvres n’a pas augmenté au cours des 30 dernières années, mais celui du pour-cent le plus riche a augmenté de 300%. Les dix plus grands groupes internationaux ont généré l’année passée plus de revenus que 180 Etats. En 1970, en Grande-Bretagne, 10% des gains étaient reversés aux actionnaires, alors qu’aujourd’hui, le chiffre est de 70%. En Belgique, Albert Frère, l’un des plus Belges les plus fortunés, possède plus que les 2 millions de Belges les plus pauvres.
Oxfam indique immédiatement que l’énorme inégalité conduit à l’instabilité politique et les tensions sociales. “Du Brexit à l’élection de Donald Trump, en passant par la montée préoccupante du racisme ou la défiance vis-à-vis des partis traditionnels et de la politique, il apparaît de plus en plus clairement qu’un nombre croissant de personnes dans les pays riches ne souhaitent plus accepter ce statu quo. Pourquoi en serait-il autrement, alors même que ce système semble n’avoir produit qu’une stagnation des salaires, des emplois précaires et un fossé croissant entre les riches et les plus démunis?Le défi consiste à proposer une alternative positive qui n’exacerbe pas les divisions.” Oxfam défend une économie humaine opposée aux dogmes néolibéraux.
L’étude d’Oxfam réfute également le mythe selon lequel les super-riches le deviennent par un travail acharné: “Les 1810 milliardaires en dollars de la liste Forbes pour 2016, dont 89% d’hommes, détiennent 6500 milliards de dollars, soit autant que les 70% les plus pauvres de l’humanité. Tandis que certains milliardaires doivent surtout leur fortune à leur talent et à leur travail acharné, l’analyse d’Oxfam sur ce groupe révèle qu’un tiers de la fortune des milliardaires dans le monde provient d’héritages” et 43% de copinage.
Les critiques d’Oxfam sont destructrices pour le capitalisme. L’inégalité est inhérente à ce système. Il ne s’agit pas d’une erreur, le système entier repose la défense des intérêts d’une infime élite. . Ces intérêts sont sauvegardés par la propriété privée des secteurs clés de l’économie et par le pouvoir politique qui y est lié. De notre côté, nous défendons un système à l’exact opposé, une société socialiste.
Nous nous battons pour une alternative socialiste: un système où la majorité de la population déciderait démocratiquement de l’orientation de la production économique. Cela nécessite que les secteurs clés de l’économie soient collectivisés et placés dans les mains de la communauté. L’étude d’Oxfam confirme que nous disposons d’assez de moyen pour que chacun puisse bénéficier d’une vie décente, pensons seulement aux milliers de milliards de dollars cachés dans les paradis fiscaux. Pourquoi attendre et ne pas se battre pour un système différent ? L’élite capitaliste ne renoncera pas volontairement au pouvoir, nous devons nous organiser et lutter. Comme l’étude d’Oxfam le confirme également, nous avons le pouvoir de notre nombre. Rejoignez le PSL pour participer à ce combat !
=> Accéder au rapport d’Oxfam
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Manifestation contre la pauvreté à Namur
Hier, près de 2000 personnes ont manifesté à Namur dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre la pauvreté. Au côté des travailleurs sans-emploi, le monde associatif et le non-marchand étaient comme chaque année au rendez-vous, tout comme des écoliers de Marches et de nombreux étudiants assistants sociaux venus de différentes villes accompagnés de leurs profs. Avec les nouvelles mesures d’austérité, les exclusions, la volonté de transformer les assistants sociaux en flics et les emplois précaires : la mobilisation est plus que jamais nécessaire !
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L'Allocation universelle en débat : Philippe Defeyt propose un «fine tuning»(1) social
La crise structurelle du capitalisme dans les années ‘80 a bouleversé la donne idéologique. L’Etat providence – la sécurité sociale, citadelle de protection de la classe ouvrière et résultat de la lutte du mouvement ouvrier organisé et conscient – était devenu un obstacle à la restauration du taux de profit pour les détenteurs de capitaux. Les capitalistes sont donc repartis à l’assaut des conquêtes du mouvement ouvrier. L’explosion du chômage de masse, la précarisation d’une partie importante du salariat, l’affaiblissement du service public ont été le contexte dans lequel des intellectuels comme Philippe Defeyt et Van Parijs ont mûri leur conception d’allocation universelle.Par Alain (Namur)
«J’aimerais habiter en Théorie…» : tout y est toujours si simple
Philippe Defeyt (2) est un intellectuel qui compte dans le paysage belge francophone. Depuis maintenant 30 ans il défend l’allocation universelle. Aujourd’hui, à la veille de sa retraite, il sort un projet concret qui permet d’enrichir le débat sur cette question en particulier et sur l’alternative qu’il défend face à la crise du système capitaliste de manière générale. C’est dans cet esprit de débat contradictoire que nous voulons opposer quelques arguments.
Dans son préambule, il dit ceci : «Imaginez quelques instants que l’on puisse reconstruire une protection sociale à partir d’une feuille blanche. Cette posture intellectuelle ne signifie en rien que notre système social est mauvais ou dépassé. Il s’agit tout simplement de faire cet exercice pour voir ce qui doit être consolidé et ce qui peut évoluer. Voici comment je propose de remplir cette page blanche pour écrire un autre avenir. »
Murray Rothbar dans son «Éthique de la liberté» a utilisé un processus analogue pour poser sa philosophie du droit naturel : «Pourtant, comme j’ai tenté de le démontrer ailleurs, ce modèle apparemment “irréaliste” a des applications importantes, voire indispensables. Il permet d’isoler la situation de l’homme face à la nature et de la voir plus clairement en commençant par faire abstraction des relations entre les personnes. On est ensuite en mesure d’élargir cette analyse homme/nature et de l’appliquer au “monde réel”. Faire apparaître vendredi, ou une ou plusieurs autres personnes.»
Le problème de ce genre de postulat c’est justement de se placer en-dehors de la société réelle. Nous pensons au PSL que la société est divisée en classes sociales. Nous pensons aussi que cette division structure l’ensemble de la société. Tous les observateurs attentifs de la vie politique – même ceux ne percevant pas la division en classes – peuvent constater que l’ensemble des salariés n’ont pas le pouvoir de définir la politique économique d’une entreprise et encore moins celle de toute de la société. En dernière analyse, ces décisions qui déterminent la vie de l’ensemble de l’humanité reposent sur une petite couche de personnes, les capitalistes.
Penser que l’on peut mener une politique favorable à la majorité en faisant abstraction des rapports de classes est illusoire. Nous évoluons dans un contexte où chaque mesure politique attaque un peu plus les acquis que l’on a pu conquérir depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est à cela que les travailleurs et leurs organisations font face et ce contre quoi ils luttent à l’heure actuelle.
Ce procédé – s’il n’est pas naïf – permet de masquer l’exploitation capitaliste, c’est-à-dire le fait qu’une infime minorité de la société vit du travail non payé de la majorité sociale. En cela, c’est une vision néolibérale de la société.
Les bonnes intentions du plan Defeyt
La conception que présente Philippe Defeyt comporte plusieurs aspects progressistes qui le distinguent clairement des néolibéraux conservateurs :
• Une volonté de mettre fin au contrôle social. L’effet pervers des allocations quelles qu’elles soient, c’est qu’elles permettent aux dirigeants de contrôler le mode de vie de ceux qui en sont les bénéficiaires. Cela permet donc de contrôler, de juger ou de soumettre au jugement public l’ensemble des choix des pauvres.
• Une volonté d’aller vers l’individualisation des droits et de coller aux nouveaux modes de vie des jeunes générations (collocations, partage du temps entre travail salarié et activité personnelle, etc).
• Une volonté de trouver une solution dans le cadre actuel pour les plus pauvres. C’est de ce fait la continuité de son travail comme président du CPAS de Namur.Malgré ces aspects évidemment positifs, nous pensons que dans le cadre actuel, ce projet ne tiendra pas. Le système capitaliste ne peut sortir de la crise dans lequel il est enlisé que par la destruction de nos conditions de vie et de travail. L’exemple de la Grèce est à ce titre édifiant. Et ce ne sont certainement pas 600 euros par mois compensés par une augmentation d’impôts qui pourront les sortir de la misère.
Le Tax Shift a une nouvelle fois démontré qu’une mesure théoriquement en faveur de l’ensemble de la société se transforme vite en une mesure ne bénéficiant qu’aux plus riches, mais payée par tous. Nous ne sommes pas parvenus – dans le rapport de force actuel – à orienter vers la majorité sociale les 9 milliards d’euros issus du Tax Shift. Comment croire alors qu’avec ce même rapport de force nous pourrions orienter de manière juste les 102 milliards d’euros (soit ¼ du PIB) nécessaires à l’allocation universelle, face à une classe capitaliste toujours plus vorace et, jusqu’ici, toujours au poste de commande ?
Une vision thatchérienne, une approche individualisante des problèmes sociaux
Margareth Thatcher disait : “Il n’existe pas de Société. Il n’y a que des hommes et des femmes et leurs familles” (3). De manière analogue, face à une série de problèmes posés à l’ensemble de la société par le mode de production et les relations sociales capitalistes, Phillipe Defeyt opte pour une voie de sortie individuelle :
• Face au chômage de masse : une réduction personnelle du temps de travail qui sera compensée en partie par l’allocation universelle,
• Face au sexisme : alors que 80 % des tâches ménagères sont encore effectuées par les femmes – ce qui les poussent bien souvent à réduire leur temps de travail rémunéré – à aucun moment Philippe Defeyt ne propose de créer ou de développer les services publics (nouvelles places et investissements dans les crèches, les écoles, les garderies, …) pour pallier à cette surcharge de travail domestique.
• Face à la question environnementale : l’allocation universelle serait un tremplin pour les entrepreneurs qui veulent se lancer dans la transition écologique. Les règles du libre marché seraient-elles donc compatibles avec une production écologiquement responsable ? Comment mettre fin aux gigantesques gaspillages du système capitaliste sans abolir la loi du profit ? Nous pensons qu’une planification démocratique de la production est nécessaire.
• Pour libérer la créativité des individus dans la société : l’allocation universelle permettrait de financer ceux qui sont déjà créatifs. Mais pour que chaque individu dans la société puisse libérer son plein potentiel, il faudra refuser la division du travail poussée à l’extrême. Nous aurons aussi besoin d’une réduction collective du temps de travail et d’un réinvestissement massif dans l’enseignement et la culture afin de rendre l’art réellement accessible à tous.Selon nous, l’ensemble des problèmes auxquels nous faisons face doivent être traités en apportant une réponse collective. C’est en changeant le système de production et les rapports sociaux que l’on peut réellement affronter ces problèmes. Avec la révolution russe de 1917, les thèmes abordés par Defeyt ont été traités par l’ensemble de la société. S’en est suivie une augmentation drastique du taux d’alphabétisation, de meilleurs droits pour les femmes et les victimes de discriminations, une élévation du niveau culturel dans toute la société. Le processus de bureaucratisation a freiné puis stoppé cette dynamique, mais cela reste un modèle vers la résolution des problèmes qui entachent l’humanité.
La vérité est toujours concrète
Philippe Defeyt met sa proposition en débat par cette question : « est-ce une proposition de droite ou de gauche ? » Il tranche lui-même sans vraiment se positionner sur cet axe : « […] Ceci précisé, je pense que le modèle de revenu de base proposé ici peut constituer le cœur d’un nouveau pacte social et politique, dans l’esprit de celui qui est né de la guerre. ».
Le projet est ambitieux. Mais Monsieur Defeyt oublie un élément majeur déjà évoqué plus haut. Après-guerre, le modèle de concertation sociale n’est pas sorti de nulle part, il a été le fruit d’une lutte de classes bien réelle. Cela n’étant pas l’objet de cet article, nous n’en donnerons ici qu’un seul élément : en 1946, le Parti Communiste Belge devançait les libéraux pour devenir le troisième parti de Belgique avec environ 21 % des suffrages et 100.000 militants. Dans plusieurs pays d’Europe le Parti Communiste est d’ailleurs monté au pouvoir au côté d’autres partis, la classe dirigeante y voyant une manière d’intégrer le parti au système par peur d’une révolution téléguidée par l’URSS.
Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte et un rapport de force totalement différent. Thomas Picketty a sorti un livre intitulé « Le Capital au XXIe siècle ». Celui-ci nous donne une idée de la manière dont le rapport de force est redevenu favorable aux riches. Dans les tableaux qu’il présente, on observe que dans l’ensemble des pays capitalistes avancés les inégalités ont eu tendance à diminuer au fil de la lutte des classes au 20e siècle. Puis elles ont effectué une hausse drastique à partir des années 70’-80’. C’est à partir du moment où la classe des travailleurs a vu son rapport de force se dégrader que des intellectuels comme Van Parijs et Defeyt ont avancé cette idée qui consiste à faire payer par les travailleurs la pauvreté d’autres travailleurs.
Dans ce sens, ces intellectuels « néo-thatchériens de gauche » se placent en-dessous du débat « réforme ou révolution ? » pour se placer au niveau du « fine tuning » social.
Dans les chiffres, cette mesure coûterait environ 102 milliards d’euros. 74 milliards proviendraient «juste» d’une ré-allocation des différentes prestations sociales. 15 milliards seraient ponctionnés via une augmentation d’impôts. Pour les 10 milliards restant, ce n’est pas détaillé. Juste des allusions à une taxation sur les revenus peu ou pas taxés. Cela peut vouloir dire un impôt sur la fortune ou un nouveau Tax Shift à charge de la population… Ce serait donc, une nouvelle fois, une question de rapport de force.
Il n’est pas de sauveur suprême
Nous avons examiné ici la proposition d’allocation universelle de Philippe Defeyt, mais ce n’est pas la seule proposition. Il existe des propositions néo-thatchérienne de droite comme celle de Roland Duchatelet, ou encore celle de l’UNIZO (petit patronat flamand).
Au-delà de l’allocation universelle, le débat est également fourni au sujet du salaire socialisé, des monnaies complémentaires, etc.
Nous pensons au PSL que ce n’est que lorsque l’ensemble des travailleurs organisés se mettent en marche que l’on peut changer le rapport de force dans la société, et donc changer celle-ci. Nous devons discuter collectivement de quel type de société nous voulons et comment nous pouvons y parvenir. À ce titre, la contribution de Philippe Defeyt est importante pour le débat.
(1) Fine tuning : Terme qui réfère à un ajustement fin au sein d’une situation donnée.
(2) Philippe Defeyt : économiste, membre d’Ecolo (ancien secrétaire fédéral d’Ecolo durant leur participation gouvernementale), président du CPAS de Namur depuis 10 ans et pour encore quelques jours.
(3) “There’s no such thing as society. There are individual men and women and there are families “

