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  • Hong Kong : Quelle voie le mouvement de masse doit-il suivre ?

    Ce dimanche 21 juillet, une autre grande manifestation a été organisée par le Front des droits humains civils dans le cadre de la lutte de masse qui se poursuit contre le gouvernement de Carrie Lam. Socialist Action (CIO – Hong Kong) a diffusé ce tract durant cette manifestation.

    • Non aux interdictions de manifestation ! Luttons contre la “loi martiale” rampante !
    • Intensifions la lutte de masse et étendons-là à la Chine !
    • Non à la dictature du PCC (Parti soi-disant communiste) et aux riches !

    Le gouvernement de Carrie Lam est plus “mort” que son projet de loi d’extradition. Mais le PCC ne permettra pas au gouvernement de tomber parce qu’il craint que cela soit perçu comme une défaite pour l’empereur Xi Jinping et que cela puisse permettre à la lutte de masse de s’étendre en Chine. Le choix d’un nouveau chef de l’exécutif ouvrirait les vannes des revendications de masse en faveur d’une véritable démocratie à Hong Kong contre le système autoritaire dominé par les milliardaires.

    Le sol sous notre lutte de masse s’est donc déplacé. Ce n’est pas seulement une lutte contre le “fantôme” de Carrie Lam. Il s’agit maintenant principalement d’une lutte directe contre la dictature du PCC – le vice-premier ministre Han Zheng serait assis à Shenzhen pour diriger les actions quotidiennes du gouvernement et de la police de Hong Kong, qui sont maintenant le principal outil de la politique du PCC à Hong Kong.

    La police et le camp de l’establishment pro-Pékin s’efforcent de provoquer des “émeutes” comme prétexte à une répression. La folle et dangereuse violence policière au Sha Tin New Town Plaza Mall (le dimanche 14 juillet, plus de 20 personnes ont été hospitalisées et deux sont dans un état critique) a montré la nouvelle “stratégie” de la police qui consiste à piéger et provoquer les jeunes dans des batailles. Cette stratégie policière est si imprudente qu’elle pourrait entraîner des morts !

    Ils veulent se servir de cette excuse pour interdire les manifestations. Le gouvernement teste actuellement la possibilité d’une éventuelle “loi martiale” de facto dans certains districts. Si cela réussit, ils essaieront de l’étendre à l’ensemble de Hong Kong. Notre mouvement doit refuser d’accepter toute interdiction – si la police refuse la permission, nous manifesterons quand même ! Nous défendrons notre liberté de réunion comme un droit sacré !

    Pour gagner contre cette stratégie de la police du PCC et de Hong Kong, le mouvement de masse doit s’intensifier. Cette escalade comporte trois volets, qui sont tous essentiels au succès.

    1) Nous devons étendre la révolution à la Chine. Pour une lutte de masse unie des peuples de Hong Kong et de Chine contre la dictature du PCC ! La Chine et Hong Kong sont toutes deux confrontées à un régime autoritaire, à la répression policière, à des inégalités anciennes et de plus en plus graves, au manque de logements abordables, aux emplois sans avenir pour les jeunes et à la dictature des magnats.

    2) Nous devons élever la lutte au-delà des “5 revendications “* immédiates pour appeler à la fin du système capitaliste autoritaire à Hong Kong, à l’instauration d’un véritable suffrage universel pour tous à partir de 16 ans, au remplacement du Legco (conseil législatif de Hong Kong) truqué par une Assemblée populaire pleinement démocratique et à l’extension du contrôle démocratique sur l’économie afin de briser l’emprise des magnats sur le secteur immobilier, les banques et les grandes entreprises, ce qui est source de pauvreté, d’heures de travail excessives et de crise immobilière.

    3) Nous devons sérieusement organiser une grève générale d’une journée pour faire tomber le gouvernement – cela signifie que nous devons commencer dès maintenant à créer des comités de grève et des organisations syndicales dans tous les lieux de travail et dans les établissements scolaires.

    Notre mouvement a déjà ébranlé la dictature de Xi et donné au PCC sa crise la plus grave depuis trente ans. Mais bien sûr, cela signifie qu’ils se préparent sérieusement à riposter. La lutte de masse a besoin d’une organisation de masse – par le biais de comités démocratiques de base dans tous les domaines – pour unir la lutte, prévenir la fragmentation et décider démocratiquement quelles sont les prochaines actions à entreprendre.

    L’extension de la lutte de masse à la Chine sera une question de vie ou de mort – si nous restons un mouvement de masse à Hong Kong seulement alors, comme en 2014, le régime peut attendre et vaincre le mouvement. Une lutte aussi avancée, transfrontalière, impliquant de nombreux secteurs, ne peut se faire sans une véritable organisation et des structures démocratiques. Des réseaux lâches et des actions “spontanées” ne suffisent pas ! C’est pourquoi Socialist Action est favorable à la création d’un nouveau parti de masse des travailleurs et pour des syndicats combattifs, qui seraient les véhicules d’une lutte organisée capable de vaincre la dictature et la classe capitaliste dont elle protège le pouvoir économique.

    Si Hong Kong parvient à organiser une véritable grève politique d’une journée, cela exercera directement une pression sans précédent sur le gouvernement de Hong Kong et le PCC. En même temps, cela attirera une attention massive et augmentera l’importance de notre lutte aux yeux des masses en Chine et dans le monde, augmentant ainsi la confiance et la volonté de lutter de Hong Kong et du peuple chinois.

    Socialist action revendique :

    • Nous voulons une démocratie entière et immédiate à Hong Kong et en Chine !
    • Pour l’organisation d’une grève générale d’une journée à Hong Kong comme prochaine action majeure du mouvement de masse ; établissement de comités de grève et création de syndicats de lutte puissants pour empêcher les employeurs de persécuter et licencier les grévistes.
    • Non à la dictature du PCC et des riches. Virez les magnats capitalistes !
    • Pour la construction d’un nouveau parti de la classe ouvrière qui lie la lutte pour une véritable démocratie aux conditions de vie misérables des travailleurs. Nous sommes opposés au système actuel contrôlé par les capitalistes, qui comptent sur le gouvernement autoritaire violent pour protéger leurs milliards. Par conséquent, nous prônons le socialisme et un contrôle démocratique total sur le gouvernement et l’économie !

    *Les 5 revendications du mouvement de la loi contre l’extradition sont le retrait formel du projet de loi, la démission de Carrie Lam en tant que directrice générale, le retrait de l’accusation d’”émeute” contre les manifestants arrêtés, la libération de tous les manifestants arrêtés et une enquête publique indépendante sur les violences policières contre des manifestants non armés.

  • Combien de temps Carrie Lam, cheffe “zombie” de Hong Kong, peut-elle encore s’accrocher au pouvoir ?

    Après qu’un quart de la population de Hong Kong ait participé à une méga manifestation, jusqu’où le mouvement peut-il aller ? Le 16 juin, deux millions de personnes ont manifesté, l’incroyable mouvement de masse secoue désormais toute la région. L’entretien suivant a été réalisé le 18 juin avec Vincent Kolo de chinaworker.info : “C’est un mouvement sans précédent à Hong Kong qui a mobilisé les plus grandes manifestations de l’histoire du territoire. Le 9 juin, un million de personnes ont envahi les rues de Hong Kong, puis le 16 juin, deux millions, soit plus du quart de la population de Hong Kong. Il est difficile d’exagérer l’importance de ce mouvement non seulement pour Hong Kong mais aussi pour la Chine.”

    Propos recueillis par Robert Bielecki (CIO-Suède) pour Offensiv (hebdomadaire du CIO en Suède)

    Que signifie cette crise du gouvernement de Hong Kong ?

    “Le New York Times a qualifié la suspension par le gouvernement de son projet de loi sur l’extradition, annoncée le 15 juin, de plus grand recul sur une question politique de la Chine depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. Xi était considéré comme un “homme fort” invincible, donc c’est un tournant.

    “Il ne doit pas y avoir de malentendu, malgré l’insistance de la dictature chinoise pour dire que la loi sur l’extradition était l’idée du gouvernement et de la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, ce qui est peut-être vrai, le feu vert venait de Beijing. S’il ne l’avait pas fait, le gouvernement de Hong Kong n’aurait jamais osé aller aussi loin. L’ordre de faire des concessions (la suspension de la loi) est également venu de Pékin.

    ” Le 14 juin, de hauts responsables chinois, dont Han Zheng, membre du Comité permanent du Bureau politique et vice-Premier ministre, se sont rendus à Shenzhen, à la frontière avec Hong Kong, pour des entretiens de crise. Carrie Lam et les ministres de Hong Kong les ont rencontrés et ont reçu l’ordre de reculer.”

    Comment les masses ont-elles réagi ?

    “L’atmosphère qui règne à Hong Kong, c’est que ce n’est pas suffisant. La concession est trop petite, trop tard. Les masses détestent le gouvernement de Lam et ne croient pas un seul mot de ce qu’elle dit. Ils veulent que la loi sur l’extradition soit abolie complètement et ils ont peur des sales tours du gouvernement. Le gouvernement a menti, intimidé et tenté de se tirer une balle dans la tête en ordonnant à la police de recourir à une violence extrême, surtout le 12 juin. C’est alors que 70.000 étudiants et jeunes ont manifesté devant Legco (le Conseil législatif, le faux parlement de Hong Kong) dans une mobilisation qui a totalement surpris la police.

    “Les jeunes sont arrivés en masse déjà à six heures du matin et avant que la police ne sache ce qui s’était passé, ils avaient occupé toutes les routes autour de Legco. La police a totalement mal estimé la situation. Cette mobilisation s’est faite principalement via les médias sociaux et les applications de messagerie cryptées comme Telegram, qui a été la cible d’une attaque de piratage informatique majeure en provenance de Chine ce jour-là. Des dizaines de milliers de jeunes se connectent via ces applications de messagerie pour organiser des actions de protestation.

    “L’esprit combatif de la jeunesse, c’est ce qu’il y a de plus choquant pour l’élite dirigeante. Le rédacteur en chef du South China Morning Post a écrit un article intitulé : ” Nos jeunes n’ont pas peur des matraques et des balles – c’est effrayant”.

    Comment le mouvement d’aujourd’hui se compare-t-il à la ‘Révolution des Parapluies’ ?

    “Le mouvement a beaucoup appris de la Révolution des Parapluies de 2014, qui s’est terminée dans une impasse. S’en sont suivies quatre années de répression brutale et de contrôle accru de la dictature chinoise sur le système politique de Hong Kong.

    “L’après-midi du 12 juin, le gouvernement et le chef de la police ont décidé de recourir à la répression, craignant une nouvelle occupation de type ‘Parapluie’, de sorte qu’ils ont tiré plus de gaz lacrymogène en une journée que pendant les 79 jours de la Révolution des Parapluies.

    “Et pour la première fois, ils ont tiré sur la foule avec des balles en caoutchouc. Deux personnes ont reçu une balle dans la tête et deux sont hospitalisés pour des blessures qui mettent leur vie en danger. Ils ont aussi pour la première fois utilisé des projectiles ‘en sachets’ (‘bean bag rounds’). Ce sont les nouveaux investissements que la police a acheté après 2014 – et ça n’a pas marché ! Ils pensaient que la démonstration de force disperserait les jeunes et briserait l’élan du mouvement, mais les jeunes sont restés et leur résistance a terrifié l’élite, surtout dans une situation où un million de personnes venaient de manifester. C’est pourquoi Pékin s’est refroidi.

    “La dictature chinoise estime qu’elle ne peut pas avoir un tel mouvement de masse à Hong Kong en même temps que la situation de confrontation difficile dans laquelle elle se trouve avec les Etats-Unis et Trump, alors elle a essayé de le désamorcer rapidement, mais cela a échoué.

    “La suspension de la loi sur l’extradition par Carrie Lam le 15 juin n’a pas apaisé les masses et, au contraire, son refus de retirer la loi et sa défense de la violence policière ont rendu les gens furieux. C’est pourquoi deux millions sont sortis dans la rue le lendemain.”

    Que se passe-t-il ensuite ?

    “Les masses discutent des prochaines étapes. Le gouvernement doit abolir complètement la loi proposée. A la suite du 15 juin, Lam s’est plusieurs fois excusée publiquement. Mais les excuses ne contiennent pas de nouvelles concessions, juste des mots vides. C’est un peu comme aller à l’église pour confesser ses péchés. Dieu lui pardonnera peut-être, mais pas le peuple.

    “Ses discours ne contiennent pas les mots-clés pour dire que la loi sera complètement abolie et qu’elle démissionne. Le fait est que le régime chinois l’empêche de le faire, quoi qu’elle veuille faire. C’est leur otage.

    “La suspension de la loi n’était pas suffisante, alors maintenant Pékin et le gouvernement de Hong Kong essaient d’attendre la fin du mouvement et de s’en sortir sans faire de concessions encore plus grandes.

    “Il s’agit déjà d’un prix politique très élevé pour l’autorité de la dictature de Xi Jinping et si la loi devait être abolie et que Lam tombe, ce serait une défaite massive pour eux. Il faut craindre la dictature. Reculer devant un mouvement de masse est la chose la plus dangereuse qu’il puisse faire. Il ne s’agit pas seulement de Hong Kong, mais de ce qui peut arriver en Chine.

    “Par conséquent, le mouvement va probablement grandir et devenir encore plus intense, parce que la majorité n’est pas satisfaite. Lors d’un rassemblement, un orateur pro-démocratie a comparé la nouvelle situation à celle d’une équipe de football qui a gagné “5-0″ contre le gouvernement – cet orateur s’est fait huer par les manifestants. L’atmosphère qui règne, c’est que se contenter des concessions d’aujourd’hui ne serait pas une victoire, ce serait inacceptable.”

    Pourquoi Lam ne démissionne-t-elle pas ? La dictature du Parti Communiste (PCC) ne peut-elle pas trouver une autre marionnette prête à mettre en œuvre sa politique à Hong Kong ?

    “Lam est une cheffe ‘zombie’, une morte ambulante, mais le PCC essaie de tenir la ligne et de la défendre parce que ce serait un désastre pour eux si elle tombait par ce mouvement. Hong Kong n’est pas une démocratie : s’il y a une nouvelle élection, c’est dans le système du petit cercle truqué dans lequel seulement 1.200 électeurs, milliardaires plus quelques millionnaires, obtiennent le droit de vote.

    “Ces électeurs d’élite se font dire par Pékin pour qui voter, ce qui est un système que les capitalistes de Hong Kong adoptent. En échange de la perte d’un peu d’influence politique directe, ils obtiennent toutes sortes de privilèges et de gros contrats commerciaux en Chine et à Hong Kong – leurs intérêts financiers sont bien pris en charge par la dictature.

    “Plus important encore, la dictature empêche la classe ouvrière et les masses en Chine d’organiser et de défier le pouvoir des capitalistes. C’est pourquoi les socialistes lient la lutte pour les droits démocratiques et contre le système autoritaire actuel à la nécessité de briser le pouvoir des capitalistes. On doit faire les deux.

    “Le PCC ne veut pas qu’une telle prétendue élection ait lieu à Hong Kong dans le feu d’un mouvement de masse aussi important que celui-ci. S’ils sont forcés d’organiser une telle farce grotesque “d’élections” dans cette situation, où l’on peut voir certaines caractéristiques prérévolutionnaires bien que la conscience de la manière de changer les choses ne soit pas encore élevée, ils pourraient être confrontés à la colère du mouvement de masse qui s’orienterait contre le simulacre d’élections et exigerait des élections réelles. Cela relancerait la lutte de masse pour un vote individuel et ouvrirait la boîte de Pandore pour le régime chinois.

    “Il n’y a aucun signe de plus de concessions pour le moment et les masses ne sont pas satisfaites, donc la logique de la lutte est vers une nouvelle escalade.”

    Comment Socialist Action (CIO – Hong Kong) participe-t-il au mouvement ?

    “Socialist Action est pleinement impliqué dans le mouvement et a été la seule force politique jusqu’à la manifestation d’un million de personnes le 9 juin qui exigeait une grève politique pour se débarrasser de la loi sur l’extradition et du gouvernement fantoche de Carrie Lam. Nous appelons à une grève politique d’une journée, ce que nous soulignons dans les 25.000 tracts que nous avons distribués, sur nos bannières, nos journaux et nos discours le long du parcours des manifestations. L’écho s’est fait de plus en plus vif.

    “Il n’y a pas de tradition, pas depuis les années 1920, de ce type de grève à Hong Kong. Il s’agit donc de rétablir des traditions très anciennes et oubliées et il y a urgence parce que la situation ne peut rester indéfiniment sans changer. Le temps presse pour ce mouvement de masse impressionnant de trouver les méthodes et le programme nécessaires pour remporter une victoire décisive sur la dictature. Si l’occasion est ratée, la dictature reviendra pour se venger.

  • Plus d’1 million de manifestants à Hong Kong contre la loi d’extradition !

    La manifestation de ce dimanche est la plus grande de l’histoire de Hong Kong ! Plus d’un million de personnes y ont participé, soit un habitant sur sept ! Ils entendaient ainsi protester contre la loi qui vise à autoriser les extraditions vers la Chine continentale, ce qui placerait de fait la population de Hong Kong à la merci du système judiciaire de la dictature du Parti « communiste » chinois.

    Cette mobilisation historique représente un désaveu massif de la politique désastreuse de la cheffe de l’exécutif de la Région administrative spéciale de Hong Kong Carrie Lam et de son Conseil législatif. A la suite de quatre années de répression sans précédent, de procès-spectacles, d’arrestations politiques et d’atteintes diverses à la liberté d’expression, les masses sont descendues dans la rue pour crier NON !

    Le texte ci-dessous est basé sur le tract de Socialist Action (CIO – Hong Kong) distribué à cette occasion.

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    Hong Kong : Mettre fin à la loi sur l’extradition exige une grève politique

    La lutte contre la loi maléfique de Carrie Lam sur l’extradition entre maintenant dans une phase critique. Même après qu’un million de personnes aient manifesté leur colère en remplissant les rues pendant huit heures dimanche dernier, le gouvernement affirme qu’il ne reculera pas. Le mercredi 12 juin, les amendements sont soumis au Conseil législatif (Legco) pour débat. Nombreux sont ceux qui, tout comme nous, iront à nouveau manifester.

    Ce dont a peur Xi Jinping

    Aujourd’hui, la dictature chinoise du PCC sous le régime de Xi Jinping est plus autoritaire qu’en 2003, lorsque des manifestations de masse ont fait reculer le gouvernement et bloqué la législation sur la sécurité nationale de l’article 23. Le PCC craint qu’une victoire remportée par le mouvement démocratique à Hong Kong ne devienne un exemple pour les masses chinoises.

    De plus, l’escalade du conflit sino-américain rend l’enjeu encore plus important pour Xi Jinping. La loi sur l’extradition est devenue le symbole du pouvoir exercé par le PCC à Hong Kong et du rejet de “l’ingérence étrangère”. La population de Hong Kong a déjà pu constater qu’une marche de protestation, même gigantesque, ne suffit pas à forcer le gouvernement à faire des concessions. Quelle est donc la prochaine étape à franchir ? Aujourd’hui, les grèves spontanées et le débat à ce sujet se propagent à la base du mouvement. Voilà qui peut conduire la lutte à un autre niveau.

    La grève politique

    Beaucoup de gens, parmi lesquels des enseignants, des travailleurs sociaux, des chauffeurs de bus ou des étudiants, discutent de la nécessité d’une grève. C’est peut-être le plus grand changement que la politique de Hong Kong ait connu. L’une des raisons pour lesquelles le Mouvement des Parapluies n’a pas réussi à imposer des concessions au gouvernement en 2014 est que l’action de grève n’a jamais été discutée. Ce fut une faiblesse fatale au mouvement. Le gouvernement peut “ignorer” même les plus grandes manifestations, même l’occupation. Mais lorsque l’économie s’arrête et que les travailleurs montrent qu’ils représentent le véritable pouvoir dans la société, le défi est beaucoup plus grand pour le pouvoir en place.

    Dès le début de cette lutte, Socialist Action a mené campagne en faveur d’une grève politique à l’échelle de Hong Kong. Nous étions la seule organisation à exiger une grève pour la manifestation du 9 juin. Heureusement, Cette idée d’une grève gagne en popularité.

    Cela peut être l’équivalent de l’éclatement d’un barrage. Dans le passé, nombreux ont été ceux à estimer qu’une grève politique contre la politique du gouvernement était “trop difficile”. Ce point de vue est en train de changer. L’écho des grèves actuelles ouvre la possibilité de faire monter la lutte en puissance, ce qui pourrait déclencher une nouvelle vague d’actions.
    La grève exige l’organisation

    Mais les grèves ne peuvent pas reposer uniquement sur la spontanéité, elles doivent être organisées. Le mouvement spontané de grèves qui se produit aujourd’hui constitue un début essentiel mais, pour être vraiment efficace, il faut de plus en plus d’organisation, de préparation et de coordination.

    Les dirigeants de la Confédération des syndicats (HKCTU) doivent assumer pleinement leurs responsabilités et donner une impulsion à ce processus. Mais, dans de grands secteurs de l’économie de Hong Kong, il n’existe aucun syndicat ou alors la présence syndicale est traditionnellement faible. Il est donc urgent de créer immédiatement des comités sur les lieux de travail, de convoquer des réunions et de soumettre la question de la grève au vote, en utilisant des pétitions, des affiches et les médias sociaux pour réunir le personnel et les organiser. La grève n’est pas une action individuelle mais une action collective.

    Sur les médias sociaux, des messages circulent au sujet de la grève générale au Soudan organisée par les travailleurs dans leur lutte pour faire tomber la dictature militaire. La lutte de masse de Hong Kong est en train d’apprendre et de rattraper son retard en s’inspirant des exemples internationaux de lutte de masse. Il s’agit également d’un changement positif par rapport aux espoirs aveugles nourris par les gouvernements “démocratiques” occidentaux. Ces gouvernements accordent trop d’importance à leurs relations économiques avec la dictature chinoise pour offrir plus que des critiques verbales.

    Socialist Action estime que la prochaine étape de la lutte devrait être la convocation d’une grève politique d’une journée dans le but de bloquer totalement l’économie locale, ou au moins une partie significative de celle-ci. Prévoir une grève politique d’une journée commence par fixer une date afin de donner aux travailleurs et aux étudiants un délai suffisant pour s’organiser sur leurs lieux de travail et dans leurs classes. Un grand rassemblement et une grande manifestation devraient être organisés le même jour que la grève pour rassembler tout le monde dans une puissante démonstration de force et afin de décider de la prochaine étape.

    Ce serait un avertissement pour le gouvernement de Lam qu’une grève encore plus grande et plus longue suivra à moins que la loi sur l’extradition ne soit abandonnée. Une grève politique à l’échelle de Hong Kong fera écho partout dans le monde et en Chine, ce qui secouera ce régime brutal.

  • Mobilisation de masse à Hong Kong: 130.000 manifestants contre la répression

    130.000 personnes ont manifesté le dimanche 28 avril.

    Après la manifestation de masse du 28 avril, il faut une grève générale politique de 24h !

    La participation massive de 130 000 personnes à la manifestation de ce dimanche 28 avril contre l’agenda répressif du gouvernement a changé la situation politique à Hong Kong. Il s’agissait de la plus grande manifestation depuis la ‘‘Révolution des parapluies’’ de 2014, la plus longue occupation d’une grande ville qui avait duré 79 jours.

    Rapport de Dikang, Socialist Action (CIO Hongkong)

    Cette mobilisation contre les amendements apportés par le gouvernement à la loi d’extradition de Hong Kong a été lancée en 11 jours à peine. Elle est devenue une véritable manifestation de colère contre l’administration non élue de Carrie Lam (cheffe de l’exécutif de Hong Kong). Les nouvelles lois permettront aux résidents de Hong Kong et même aux étrangers transitant par l’aéroport d’être extradés vers la Chine, où 99 % des condamnations judiciaires sont fondées sur des “aveux” régulièrement extorqués par la torture et la coercition ; En Chine, les droits juridiques fondamentaux – comme de choisir soi-même son avocat – n’existent pas. Ces modifications auraient pour effet de légaliser l’enlèvement de dissidents politiques à Hong Kong par l’Etat chinois.

    L’Article 23

    Le Front des droits civiques, une coalition de groupes pro-démocratie qui a appelé avec succès à participer à cette marche, est une illustration de la manière dont la pression de masse s’est accumulée sur les différents partis et groupes pan-démocratiques pour “faire quelque chose”. Une manifestation précédente, le 31 mars, avait attiré environ 12.000 personnes. Les groupes pan-démocratiques de droite plus modérés – largement aux abonnés absents au cours des trois dernières années d’escalade de la répression étatique – étaient sceptiques quant à l’idée d’une nouvelle manifestation. Ils craignaient qu’elle ne soit “petite” et ne soit une “preuve de faiblesse”.

    Au cours des trois décennies de lutte pour la démocratie à Hong Kong, ces soi-disant dirigeants n’ont jamais été les initiateurs de mouvements de masse pour les droits démocratiques. Ils ont plutôt été obligés de courir après les événements en craignant d’être mis de côté par la dynamique de celles-ci. Ce fut une fois de plus le cas.

    Le pilier de l’establishment Regina Ip a comparé cette gigantesque manifestation à la marche historique du 1er juillet 2003, forte de 500.000 personnes. Elle fut à l’époque forcée de quitter son poste de ministre de la Sécurité suite à ce mouvement et son ‘‘article 23’’ concernant la sécurité nationale a été abandonné. Le gouvernement de Carrie Lam subit de plus en plus de pressions de la part de la dictature chinoise pour qu’il reprenne le flambeau et introduise l’article 23 dans un proche avenir, ce que Lam et Cie ont hésité à faire précisément parce que cela peut relancer la lutte de masse pour la démocratie. Le lendemain de la manifestation du 28 avril, Ip a déclaré que le gouvernement ne pouvait pas se permettre de reculer cette fois-ci, avertissant que cela “affecterait la gouvernance”.

    Les commentaires d’Ip, repris par les ministres du gouvernement et la cheffe de l’exécutif Carrie Lam elle-même, démontrent que la classe dirigeante réalise – et craint – que la lutte actuelle dispose d’un potentiel similaire. 2003 a représenté une défaite historique pour l’establishment capitaliste pro-chinois de la ville et un revers pour la dictature chinoise. Celle-ci s’est vue contrainte de faire preuve de prudence dans sa gestion de Hong Kong les années qui ont suivi. Mais la bataille d’aujourd’hui s’inscrit dans un contexte différent, après trois années de répression politique sans précédent, de procès-spectacles et d’interdictions imposées aux partis politiques. Les enjeux sont plus élevés.

    Le siège du Legco (le Conseil législatif de Hong Kong)

    Comme nous l’ont déclaré d’innombrables manifestants, en particulier les jeunes présents en nombre, “manifester ne suffit pas”. Les orateurs de Socialist Action ont été applaudis à maintes reprises lorsqu’ils ont appelé à l’escalade de la lutte en soulignant que le gouvernement n’avait jusqu’à présent pas l’intention de battre en retraite, même avec 130.000 personnes dans les rues.?Comme nous l’avons dit, le mouvement doit riposter avec une détermination similaire : nous ne reculerons pas ! Mais de quoi a-t-on besoin pour faire progresser la lutte ?

    Nous disons oui à la proposition de “siège” – une occupation – face au Legco comme l’ont défendu les dirigeants de la mobilisation (ce qui reflète l’énorme pression exercée sur eux par les manifestants) : il doit commencer dès que possible. Mais même cela ne suffira pas. Pour faire échec à la loi sur l’extradition, obtenir la libération des prisonniers politiques, faire tomber le régime autoritaire de Lam et obtenir des droits démocratiques authentiques et complets, la lutte de Hong Kong doit se transformer en action de grève.

    Si 1 000 écoliers ont pu le faire le 15 mars dernier dans le cadre de la grève mondiale pour le climat, imaginez quelle serait la réponse si les dirigeants de la manifestation appelaient – immédiatement, afin de ne pas gâcher l’élan – à une première journée de grève politique de tous les travailleurs et étudiants sur le territoire ! C’est un pas que la Révolution des parapluies de 2014 n’a malheureusement jamais aspiré à franchir et c’est l’une des principales raisons qui explique pourquoi ce mouvement s’est terminé dans la frustration et sans obtenir la moindre concession.

    Il faut s’inspirer des révolutions actuelles en Algérie et au Soudan, où les masses ont chassé les dictateurs du pouvoir. Les grèves des travailleurs représentent quelque chose de tout à fait différent des manifestations de rue du passé, aussi importantes soient-elles, parce qu’elles touchent directement les profits des sociétés milliardaires et remettent en cause le contrôle des capitalistes sur l’économie.

    Le gouvernement s’entête, même après la gigantesque manifestation du 28 avril. “Nous ne battrons pas en retraite”, clame Carrie Lam. La même réponse, soutenue par une véritable organisation, doit être donnée par le mouvement démocratique – nous ne reculerons pas, nous irons de plus en plus loin jusqu’à ce que les politiques autoritaires de Lam et leurs auteurs soient complètement vaincus !

    Le magazine “Socialist” – Notre appel à une grève politique de 24 heures a suscité les applaudissements.
  • 8 mars. Hong Kong – Les travailleuses migrantes en lutte contre l’esclavage moderne


    ‘‘Ma première expérience en tant que travailleuse domestique à Hong Kong a été très mauvaise, je n’ai pas eu de jours de congé et l’employeur m’a même confisqué mon téléphone portable’’, raconte Mica, une travailleuse domestique migrante de 27 ans originaire d’Indonésie. La bataille que Mica a dû mener pour se sortir d’un contrat de travail cauchemardesque et éviter d’être expulsée de Hong Kong l’a poussée à s’organiser.

    Par Socialist Action (CIO-Hong Kong)

    Elle a rejoint le groupe indonésien de militantes migrantes KOBUMI, qui coopère étroitement avec Socialist Action dans diverses campagnes, et organise avec nous une manifestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes pour défendre des revendications propres aux migrants mais aussi en solidarité avec les luttes féministes mondiales.

    Notre manifestation aura lieu à Hong Kong le dimanche 10 mars, le seul jour de congé pour les travailleurs domestiques migrants. Et certains n’ont même pas ça. Selon une nouvelle étude, environ six pour cent d’entre eux se voient refuser le moindre jour de congé, en toute illégalité.

    ‘‘L’employeur a refusé de me donner des congés, j’ai travaillé pendant trois mois sans prendre un seul jour de congé’’, nous explique Mica. ‘‘Le travail était très dur. Le patron avait fait une liste de mes tâches et du nombre de minutes que je pouvais y consacrer. On m’a accordé 15 minutes pour emmener l’enfant à l’école et ensuite revenir à la maison. Me rendre à l’école et au supermarché étaient les seules occasions où j’avais le droit de sortir. Ils avaient pris mon téléphone pour le placer sous vidéosurveillance afin de voir si je l’avais utilisé pendant la journée en leur absence. Une fois rentrés, ils vérifiaient ce que j’avais fait en leur absence grâce aux caméras.’’

    Aussi mauvais que ça puisse paraître, il y a des histoires encore pires que celle de Mica. 380.000 travailleurs domestiques migrants représentent 10 % de la main-d’œuvre de Hong Kong. La plupart sont issus d’Indonésie et des Philippines et travaillent ici pendant des années, voire des décennies, en ne voyant leurs propres enfants et leurs familles qu’une fois par an. Amnesty International qualifie cela de ‘‘sorte d’esclavage des temps modernes’’. Les conditions de vie des femmes migrantes sont souvent bien pires en Arabie saoudite et dans les États du Golfe – Hong Kong est généralement considérée comme un “paradis” en comparaison.

    Beaucoup de travailleuses domestiques ont vécu des expériences terribles. Les heures de travail sont longues pour des salaires de misère, mais il y a aussi des violations telles que la confiscation de passeports, de cartes bancaires et de téléphones. Les abus physiques et sexuels constituent de graves problèmes qui ne sont souvent pas signalés par les victimes de peur d’être licenciées et de devoir quitter Hong Kong.

    En février, une employée de maison philippine, Baby Jane Allas, a été diagnostiquée d’un cancer du col de l’utérus. Son médecin lui a prescrit un congé de maladie mais, peu de temps après, ses employeurs ont mis fin à son contrat, ce qui l’obligeait à quitter Hong Kong dans les deux semaines, selon ce qui est prévu par la loi. De cette façon, elle serait tout simplement privée de soins. Allas est une mère célibataire qui subvient aux besoins de cinq enfants aux Philippines. Des sympathisants et des amis l’aident aujourd’hui à porter l’affaire devant les tribunaux locaux et à demander une prolongation de visa.

    Pour le gouvernement de Hong Kong, les migrantes sont un moyen bon marché pour combler le vide créé par son refus d’investir dans les services publics tels que la garde d’enfants et les soins aux personnes âgées. Ces secteurs sont affamés alors que l’argent coule à flots vers les magnats capitalistes.

    Un gouvernement des riches et une exploitation infâme 

    C’est l’une des rares économies où les déficits budgétaires et le ‘‘socialisme’’ sont interdits en vertu de la mini constitution de Hong Kong, la Loi fondamentale. Le gouvernement ne consacre qu’environ la moitié de la moyenne de l’OCDE aux soins de santé et à la protection sociale en pourcentage du PIB (OCDE : les 36 pays les plus riches au monde). Les maisons de repos pour personnes âgées sont en nombre insuffisant en raison du sous-financement. Plus de 30.000 personnes sont sur liste d’attente pour une place dans un centre de soins et, chaque année, environ 4.000 d’entre eux décèdent avant d’en obtenir une.

    Le gouvernement de Hong Kong est l’un des plus riches au monde : ses réserves dépassent les mille milliards de dollars de Hong Kong (soit 127 milliards de dollars US). Ce gouvernement non élu, nommé par la dictature chinoise, consacre des sommes gigantesques pour des contrats d’infrastructure alors que Hong Kong possède déjà une infrastructure de classe mondiale, cela afin de transférer des moyens publics aux grands propriétaires et aux magnats de l’immobilier milliardaires qui dominent l’économie.

    Les travailleurs domestiques sont exportés à Hong Kong par les gouvernements capitalistes d’Asie du Sud-Est, des gouvernements qui appliquent des politiques capitalistes similaires et qui considèrent cette traite des êtres humains comme un bon moyen d’attirer au pays des devises fortes puisque les fonds envoyés par les travailleurs à l’étranger représentent une part importante du PIB de l’Indonésie et des Philippines. Cela atténue également la pression sur le marché intérieur du travail. Cette activité est gérée par des ‘‘agences de recrutement’’ sans scrupules, malhonnêtes et parasitaires qui perçoivent des honoraires illégaux et forcent les femmes migrantes à s’endetter.

    Une étude réalisée en 2017 par des étudiants de l’Université de Hong Kong a révélé que plus de 70% des agences de recrutement facturent des frais excessifs. La limite légale est de 431$HK, mais des frais de 15.000 $HK à 20.000 $HK – équivalent à presque cinq mois de salaire – ne sont pas rares. Cela pousse les femmes à s’endetter et elles sont obligées de tolérer toutes sortes de traitements – du déraisonnable au violent – afin de rembourser ces dettes.

    Une enquête réalisée en 2019 par l’Université chinoise révèle que plus de 70 % des travailleurs domestiques migrants travaillent plus de 13 heures par jour, tandis que près de 9 % d’entre eux déclarent travailler plus de 16 heures par jour et 5,9 % déclarent ne pas avoir droit à leur jour de congé légal une fois par semaine.

    La règle de résidence, qui oblige les travailleurs domestiques migrants à être logés chez leur employeur, est la cause principale de cette surcharge de travail et du refus d’accorder un temps de repos suffisant. Les heures ne peuvent pas être réglementées lorsqu’un travailleur vit aussi à la maison et qu’on lui demande d’accomplir des tâches ménagères, de nettoyer ou de s’occuper d’enfants, à toute heure du jour ou de la nuit. Seulement 43 pour cent des travailleuses domestiques de l’enquête disposaient de leur propre chambre. Les autres sont obligées de dormir dans les couloirs, les salles de bains, les réserves ou même de partager un lit avec les enfants.

    Voici la réalité telle qu’elle se présente dans une ville aux appartements notoirement trop petits, sauf pour les riches. Plus de 120 travailleurs migrants sont décédés à Hong Kong en 2016, principalement de maladies liées au stress comme l’hypertension.

    La riposte est vitale !

    Les organisations de migrants militent depuis des années pour l’abolition de la règle de résidence. Cette mesure a été introduite en 2003 en tant que mécanisme de contrôle social afin d’empêcher les migrants de s’implanter davantage dans l’économie locale et de limiter leur pouvoir de négociation. Ne pas respecter cette règle peut entraîner diverses sanctions allant de l’annulation d’un permis de travail à des poursuites pénales et à 14 ans d’emprisonnement.

    Le résultat peut-être le plus choquant de ces enquêtes concerne les niveaux de rémunération moyens qui, en 2017, étaient de 4.277 $HK (soit 545 $US) par mois, soit en dessous du salaire minimum des migrants qui était de 4.310 HK$ à l’époque (il a depuis été augmenté de 100 $HK par mois).

    Il y a des douzaines de raisons pour lesquelles les travailleuses migrantes et les travailleuses locales doivent s’unir et combattre ce système injuste, en s’assurant d’utiliser la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes comme prochain point de ralliement pour cette lutte. L’écart de rémunération à Hong Kong s’est creusé, les femmes gagnant en moyenne 22 % de moins que les hommes, contre 19 % il y a dix ans. A 60 ans, l’écart de rémunération entre hommes et femmes est encore plus important : les travailleuses ne perçoivent en moyenne que la moitié du salaire de leurs homologues masculins ! Les syndicats locaux, historiquement faibles à Hong Kong, n’ont pas fait assez pour défendre les droits des femmes ou pour assister l’organisation des migrants. Nous exigeons que cela change !

    Notre manifestation ce 10 mars comprendra des danses et des chants de femmes migrantes indonésiennes et des discours de Socialist Action, de KOBUMI et d’autres groupes de militants migrants. L’événement sera donc très international. Socialist Action diffusera des tracts en trois langues (anglais, chinois et indonésien). Nous marcherons également jusqu’au consulat indonésien. Des militants pour la démocratie et le député empâché Leung ‘‘cheveux longs’’ Kwok-hung, seront parmi les orateurs.

    • #MeToo : de la rue vers les lieux de travail ! Non aux abus sexuels et à la violence – pour le droit à “vivre dehors” pour les travailleurs domestiques migrants !
    • Non au racisme et au sexisme ! A travail égal, salaire égal !
    • Non à la “règle des 2 semaines” pour trouver un nouveau contrat : égalité des droits pour les travailleurs domestiques migrants pour changer de contrat de travail !
    • 8 heures de travail par jour pour tous !
    • Non aux agences de recrutement pour migrants : droits égaux pour l’engagement des travailleurs domestiques migrants !
    • Libérez les féministes et militantes ouvrières emprisonnées en Chine !
    • Pour un système de retraite universel à Hong Kong – Taxez les riches au lieu de favoriser les projets immobiliers !
    • Des investissements massifs dans les services publics – pour la gratuité des soins de santé, des écoles, des soins aux personnes âgées et des services de garde d’enfants afin d’alléger le fardeau des femmes de la classe ouvrière !
    • Pour le socialisme et un nouveau parti des travailleurs : brisons le règne antidémocratique des magnats milliardaires !
  • Campagne internationale contre la répression à Hong Kong

    Le gouvernement de Hong Kong intensifie la répression. Sous l’influence de la dictature du Parti soi-disant communiste de Pékin, il a décidé d’interdire un parti politique. Le 17 juillet, les forces de sécurité ont annoncé l’interdiction du Parti national de Hong Kong (HKNP) au motif qu’il constitue une menace pour la sécurité de l’État et l’intégrité territoriale de la Chine. Cette décision repose sur une loi datant de l’époque de la domination britannique ! Il est à craindre que le HKNP ne soit pas le dernier à être interdit.

    Par Stef (Anvers)

    Après la fin de la domination britannique sur Hong Kong, en 1997, les droits démocratiques ont encore été réduits, contexte qui a alimenté un combat en faveur de la démocratie. Cette lutte se trouve actuellement dans une situation très difficile : les dirigeants chinois veulent y imposer un régime similaire à la dictature en vigueur sur le continent.

    Les groupes politiques qui luttent pour la démocratie affrontent un establishment favorable à la domination de Pékin. En 2003, un premier projet de loi anti-subversion à verser dans la Loi fondamentale hongkongaise afin de prévenir toute émancipation de la Région administrative spéciale (RAS) vis-à-vis de Pékin a été balayé à la suite de protestations massives. Mais, depuis lors, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir ne sont pas restés les bras croisés. La répression a franchi plus d’un cap ces derniers mois. Des parlementaires du camp pro-démocratie ont été évincés et interdit de participer aux prochaines élections. Des activistes étudiants ont été emprisonnés pour avoir participé à des manifestations pacifiques.

    Le HKNP a été interdit en raison de ses positions en faveur d’un Hong Kong indépendant. Ce petit parti extrêmement raciste se situe dans la tendance politique hongkongaise du «localisme», une sorte de nationalisme anti-chinois. Il revendique la déportation de tous les habitants chinois vers le continent. Ne disposant que de quelques membres, le parti n’est pas très actif. Le HKNP a déjà été exclu des élections, il ne joue aucun rôle dans l’opposition aux autorités et ses positions racistes alimentent les divisions à Hong Kong, ce qui convient très bien à Pékin. Pourquoi cette interdiction alors ? La cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, a suggéré que les partis prônant la fin du régime chinois pourraient également être interdits. Cette interdiction vise donc à constituer un précédent. La mesure pourrait par la suite être étendue pour sanctionner la lutte pour la démocratie. Le HKNP était une cible de premier choix pour lancer le processus. D’autres suivront. Cela peut également frapper l’organisation-sœur du PSL, Socialist Action, qui s’oppose au régime dictatorial chinois.

    Le pouvoir de la dictature chinoise peut sembler insurmontable. Le pays dépense aujourd’hui 19% de plus pour sa sécurité intérieure que pour sa défense. L’appareil répressif s’est encore développé après l’entrée en fonction du président Xi Jinping. Les minorités sont opprimées au point que, dans la province du Xianjiang, 10% de la population musulmane ouïghoure locale vit dans un camp de rééducation. Les syndicats sont réprimés et les grèves illégales. Néanmoins, certains éléments éclaircissent la situation. L’an dernier, des grèves ont eu lieu simultanément dans 12 provinces, puis dans 13 provinces, de la part respectivement des grutiers et des camionneurs. Ces grèves ont touché des agglomérations d’une taille équivalente à Londres et Madrid ensemble. De telles grèves menées simultanément dans plusieurs provinces sont inédites en Chine. Le plus impressionnant est qu’elles ont été organisées via des groupes de discussion privés sur internet. Récemment, à Shenzen, au Sud de la Chine, les travailleurs de la société Jasic Technology sont entrés en grève pour exiger le droit de constituer leur propre syndicat.

    D’autres campagnes remarquables ont vu le jour, notamment concernant les droits des LGBTQI+ . La campagne #Iamgay (je suis gay) lancée contre l’interdiction de tout «contenu homosexuel» sur la plus grande plateforme de blogs chinoise a ainsi engagé 500 millions de Chinois dans la contestation de cette censure, campagne couronnée de victoire. Même si la répression en ligne est particulièrement forte en Chine, elle n’a pas été capable d’enrayer le flot de protestations.

    Ces mouvements sont d’une importance capitale pour la lutte démocratique à Hong Kong. Les dirigeants actuels du mouvement pro-démocratie, ceux de l’establishment, avalent défaite après défaite et la répression n’est pas le seul élément responsable de cet état de fait. Les partis de la classe capitaliste bloquent délibérément les mouvements. La ‘‘révolution des parapluies’’ de 2014 a par exemple partiellement échoué parce que les partis pro-démocratie craignaient de ne pas pouvoir garder sous contrôle des mouvements sociaux de masse. D’autre part, les capitalistes conservateurs qui ont une emprise ferme sur Hong Kong savent que la dictature est de leur côté. Les forces capitalistes du camp démocratique ont peur d’un mouvement social qui non seulement réclame des droits démocratiques, mais remette aussi en question leur position privilégiée. Le seul mouvement démocratique efficace repose donc inévitablement sur un programme socialiste combinant la lutte pour la démocratie à Hong Kong aux mouvements sociaux en Chine et à la fin de la dictature.

    Vous désirez soutenir la lutte contre la répression à Hong Kong ? Signez la pétition sur : https://www.stophkrepression.net/

  • Hong Kong : interdiction d’un parti politique et escalade de la répression

    Socialist Action (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong)

    Le gouvernement de Hong Kong a, pour la première fois, décidé d’interdire un parti politique. La répression politique menée par Pékin sur le territoire s’aggrave. Le 17 juillet, le Bureau de la sécurité a fait savoir qu’il utilisera l’Ordonnance sur les sociétés – une relique de la domination coloniale britannique – pour interdire le Parti national de Hong Kong (HKNP), pro-indépendance.

    Le HKNP est un groupe raciste très petit et largement sans importance qui a été clairement choisi par le gouvernement en tant que test approprié afin d’imposer de nouvelles restrictions sérieuses à la liberté d’expression et à la liberté d’association à Hong Kong. Cela fait suite à deux années de restrictions successives des droits politiques, de nouvelles lois répressives, d’interdiction des candidats aux élections et de lourdes peines de prison pour les jeunes militants pro-démocratie qui se sont engagés dans des manifestations contre la dictature “communiste” chinoise (du PCC, le Parti «communiste» chinois) et son gouvernement local fantoche à Hong Kong.

    C’est la première fois que l’Ordonnance sur les sociétés est utilisée pour réprimer les organisations politiques depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine et la fin de la domination britannique en 1997. Cela marque une intensification indubitable des attaques du gouvernement contre les droits démocratiques. Une fois que le Bureau de la sécurité émet une ordonnance pour des raisons de “sécurité nationale”, il est illégal de participer aux activités ou de faire un don à l’organisation. La peine maximale est une amende de 100.000 $HK (11.000 euros) et une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.

    Le HKNP dispose de 21 jours pour faire appel contre l’interdiction, mais dans l’environnement ultra-répressif actuel de Hong Kong, il ne fait guère de doute que l’appel sera rejeté. Ainsi, une fois de plus, les lois tant vantées par les capitalistes et les libéraux comme des garanties de certains droits démocratiques sont devenues des outils pour la suppression des droits démocratiques.

    Socialist Action (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) s’oppose totalement à la politique et aux méthodes du HKNP, en particulier son racisme envers le peuple chinois continental et son soutien à l’impérialisme européen et américain. L’appel de ce groupe à l’expulsion de tous les Chinois continentaux de Hong Kong est un exemple de racisme totalement réactionnaire similaire à celui de Trump. Cela ne peut qu’aider l’État-PCC tout aussi raciste à utiliser des tactiques de division pour dévier et affaiblir les luttes de masse à Hong Kong et en Chine selon des lignes ethniques. Les socialistes défendent la lutte unie de tous les travailleurs, où qu’ils soient nés, contre l’ennemi réel, qui est un régime autoritaire milliardaire.

    La véritable cible du gouvernement n’est guère le HKNP, mais il est évident qu’il s’agit là d’un précédent pour ensuite élargir l’attaque et interdire d’autres organisations qui s’opposent au gouvernement et à son programme autoritaire. Le HKNP est un groupe qui n’a pratiquement aucun soutien, même au sein de la tendance de la jeunesse du localisme de Hong Kong (un nationalisme anti-Chine). Il est surnommé le “Parti des déclarations” par d’autres partisans de l’indépendance de Hong Kong parce qu’en dehors des déclarations, il ne fait rien.

    L’objectif du gouvernement en faisant du HKNP, qui ne représente aucune menace politique réelle pour le régime, sa première cible est limpide. Il veut établir un précédent et se prépare à répéter cette méthode pour interdire à l’avenir d’autres organisations d’opposition plus importantes et plus authentiques. Il commence par cibler ceux qui prônent l’”indépendance” qui, pour le PCC et le gouvernement de Hong Kong, est un sujet qui ne peut même pas être discuté.

    “Mettre fin au règne du parti unique”

    Mais le gouvernement inclut d’autres positions politiques comme sujets interdits. L’exigence des masses de “mettre fin au règne du parti unique”, fondamentale pour la lutte pour la démocratie, est aussi maintenant une cible de la répression du gouvernement. La chef de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam Cheng Cheng Yuet-ngor, a récemment refusé d’exclure que ceux qui soutiennent cette demande puissent faire face à des conséquences juridiques, alors que les candidats qui ont exprimé leur soutien à cette revendication (c’est-à-dire presque tous les partis d’opposition pro-démocratie) courent le risque d’être empêchés de se présenter aux futures élections.

    Le gouvernement utilise une “tactique du salami” similaire à celle qu’il a utilisée en 2016, après les élections du Conseil législatif de Hong Kong, pour disqualifier deux législateurs locaux nouvellement élus, Baggio Leung Chung-hang et Yau Wai-ching, pour ne pas avoir prêté serment d’office de la manière requise. La mesure a ensuite été élargie à quatre autres législateurs, non locaux, qui représentent l’aile radicale de la lutte pour la démocratie et qui étaient la véritable cible de la purge du gouvernement.

    Le Bureau de la sécurité a produit un dossier de 700 pages sur le HKNP pour justifier l’interdiction, couvrant ses discours, sa présence sur les médias sociaux et les événements auxquels a assisté le leader du groupe, Chan Ho-tin. Comme à toutes les étapes précédentes de la répression du gouvernement de Hong Kong, cela se déroule dans le cadre d’un plan synchronisé visant à entraver l’opposition politique et à vaincre la lutte pour la démocratie. Le gouvernement s’empare de certaines déclarations de ce groupe pour le dépeindre comme une “menace violente” pour la sécurité de l’État, alors qu’il s’agit en fait d’un minuscule groupe spécialisé dans la recherche d’attention et qui ne se consacre qu’à bien peu d’autres choses.

    Le parti étudiant Demosisto, qui prône “l’autodétermination démocratique” et dont les membres n’ont pas le droit de se présenter aux élections, pourrait être la prochaine cible après l’interdiction du HKNP. De cette façon, nous pouvons voir que le gouvernement a déjà mis en œuvre “l’article 23” – une loi répressive en matière de sécurité – de manière déguisée.

    La dictature mène une “guerre” contre les droits politiques des jeunes. L’interdiction du HKNP, qui ouvre la porte à d’autres interdictions, à la persécution des partis pro-démocratie radicaux, à la manipulation des élections et à l’introduction imminente d’une loi sur l’hymne national et d’autres lois oppressives, vise à imposer le silence aux jeunes de Hong Kong qui s’opposent en masse à la dictature du PCC.

    Mais, comme en Chine continentale, la politique ultra-répressive ne peut pas éliminer la résistance de masse et la lutte pour la démocratie. À long terme, elle aura l’effet contraire. Elle augmentera la radicalisation et la politisation des jeunes et des travailleurs de tous âges, puis déclenchera de plus grandes vagues de résistance.

    Les localistes, une tendance politique lâche, très confuse et très hargneuse, ne peuvent offrir une voie vers l’avenir. Au contraire, la position nationaliste et raciste étroite des différents groupes localistes et leur idéologie de droite pro-capitaliste représente une impasse pour toute forme de lutte politique des jeunes.

    Cette dernière attaque autoritaire souligne la nécessité de reconstruire un mouvement démocratique de masse. Il est nécessaire de protester contre toute attaque antidémocratique et de comprendre que le système actuel prépare de plus en plus de répression. Les attaques ne s’arrêteront pas d’elles-mêmes, mais seulement en rencontrant un mur de résistance de masse, qui doit être organisé démocratiquement, avec des porte-parole élus et des comités de base pour décider de la stratégie à adopter et des revendications à défendre.

    La lutte pour la démocratie doit être liée à la lutte contre le capitalisme. Il est nécessaire d’établir des liens avec les travailleurs de Chine continentale et ceux du monde entier qui s’organisent et résistent aux réductions salariales et à l’austérité, aux politiques pro-riches et aux coupes budgétaires dans l’enseignement et le logement. Relier ces luttes entre elles ainsi qu’à une alternative socialiste est le moyen de faire de la lutte pour la démocratie un véritable mouvement de masse capable d’ébranler n’importe quel gouvernement, y compris la dictature chinoise.

    De nouveaux scandales politiques à Hong Kong, impliquant des transactions foncières lucratives et des constructions illégales concernant de nouveaux projets de métro, illustrent à quel point les capitalistes considèrent le système politique antidémocratique comme un “parapluie” pour les protéger de la pression de masse et fuir leurs responsabilités. Pour sauvegarder leurs profits, ils feront tout leur possible pour résister et repousser les exigences démocratiques de la classe ouvrière. Par conséquent, pour réaliser un véritable changement, le mouvement démocratique doit avoir un programme anticapitaliste et disposer d’un parti socialiste de masse. C’est la façon de vaincre la dictature du PCC et les super-riches.

  • Hong Kong : Seule la lutte de masse peut vaincre la répression

    Pas une semaine ne passe sans que la dictature chinoise n’intensifie sa pression sur Hong Kong

    Pékin entend accroître son contrôle politique et réprimer la culture de manifestations de masse en faveur de la démocratie à Hong Kong. Plus récemment, il a encore forcé le ton en appelant à l’application de l’article 23, une loi de sécurité nationale qui permettrait de criminaliser l’opposition au régime du Parti communiste (PCC).

    Article issu du site de la campagne “Stop repression in Hong Kong and China” – Signez la pétition !

    L’indépendance

    Ce 12 octobre, des actions de protestations ont eu lieu dans 23 villes à travers le monde afin de dénoncer la répression politique croissante à l’oeuvre à Hong Kong. Cette campagne est l’oeuvre de Global Solidarity – Stop Repression in Hong Kong & China, dans laquelle des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) jouent un rôle clé. A Bruxelles, une délégation de membres du PSL s’est rendue au Hong Kong Economic and Trade Office (qui est directement géré par le Gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine).

    Le sentiment croissant pour l’indépendance parmi la jeunesse de Hong Kong a ébranlé le régime. La répression crée inévitablement un contrecoup, mais la dictature n’apprend pas et croit que la force et l’intimidation sont des solutions pour ses problèmes.

    Le soutien pour l’indépendance de Hong Kong n’a gagné un soutien massif qu’au cours de ces trois dernières années, en conséquence directe de la poigne qu’exerce Pékin, de l’énorme frustration qui a suivi l’échec des manifestations de 2014 (la « révolution des parapluies », en raison des parapluies utilisés pour se protéger des gaz lacrymogènes, un mouvement de masse qui a duré plusieurs semaine à l’automne 2014) et de l’autoritarisme de l’ancien chef de l’exécutif de Hong Kong Leung Chun-ying. Ce n’est pas pour rien que Leung est devenu connu sous le sobriquet de «père de l’indépendance de Hong Kong».

    On dit que la définition de la folie est de faire la même chose encore et encore en attendant un résultat différent. La réponse de la dictature est de réprimer encore plus fortement. Ses hommes de main à Hong Kong, comme Leung et son successeur Carrie Lam, ont éjecté les élus indépendantistes du Legco (le Conseil législatif de Hong Kong) et ont persécuté de nombreux militants, certains ayant été contraints à l’exil. Une attaque plus large a ensuite été lancée contre le mouvement démocratique.

    Les localistes (favorables à l’autonomie de Hong Kong) n’ayant aucune idée de la manière de mobiliser et d’organiser une lutte politique sérieuse et étant handicapés par une idéologie de droite raciste, ils se sont révélés constituer une cible très facile à réprimer pour Pékin. L’effondrement organisationnel du localisme n’a toutefois pas été synonyme de fin des idées indépendantistes. Au contraire, le sentiment anti-Chine se renforce, tout particulièrement parmi la jeunesse. Qui cela surprendra-t-il ?

    La loi sur le respect de l’hymne national

    La riposte du gouvernement a été d’accroitre la répression et d’accentuer les menaces. Le 1er octobre, le pseudo-parlement chinois, l’Assemblée nationale populaire, a adopté une nouvelle loi sur l’hymne national imposant des peines sévères pour tout ‘‘acte d’outrage’’ pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. La loi sera copiée dans les statuts de Hong Kong dès que l’ANP pourra modifier sa Loi fondamentale (qui sert de constitution à Hong Kong).

    L’establishment de droite pro-Pékin – des politiciens qui ont ouvertement appelé à ce que les défenseurs de l’indépendance soient «tués comme des cochons et des chiens» – veut que la loi soit appliquée rétroactivement. Cela frapperait de vieilles «infractions», puisque la plupart des cas de supporters de football hongkongais huant l’hymne chinois lors de matches ont été filmés. Cela permettrait à la police et aux procureurs d’engager des poursuites en vertu de la nouvelle loi. Davantage de policiers et d’agents de police infiltrés sont envoyés aux matches de l’équipe de Hong Kong pour y enregistrer les actes « criminels ».

    Il s’agit d’un gaspillage monstrueux de l’argent public et de ressources policières. Au même moment, le crime réel du vol de milliards et de la manipulation de contrats des autorités dans le but d’enrichir une élite corrompue aux frais du public reste impuni.

    Un terrain d’essai

    Le contrôle de Xi Jinping sur le régime chinois étant maintenant apparemment cimenté, Pékin a l’humeur triomphante jusqu’à l’excès. L’économie, nous dit-on, s’est «stabilisée» et l’influence politique mondiale de la Chine s’étend. Hong Kong est donc devenu un terrain d’essai pour le régime de Xi, qui représente l’élite milliardaire chinoise, pour démontrer l’étendue de son pouvoir.

    L’actuel série de mesures antidémocratiques vise à briser le mouvement démocratique à Hong Kong en attaquant ses sections les plus radicales et orientées vers la lutte comme Long Hair (de son vrai nom Leung Kwok-Hung) et la Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD) tout en faisant pression sur les démocrates modérés pour qu’ils se prosternent, acceptent que la démocratie totale n’est «pas négociable» et se distancient davantage des manifestations de masse.

    Les dirigeants pro-démocratie ont joué un rôle de frein majeur sur la lutte pour la démocratie en insistant aveuglément sur l’obtention d’un compromis avec un régime intransigeant. Ils redoutent la lutte de masse et participent aux manifestations démocratiques pour freiner le mouvement et empêcher les «radicaux» de prendre l’avantage.

    Mais même ceux qui veulent en finir avec la lutte et accepter les conditions de Pékin comprennent bien que cela leur ferait perdre tout soutien parmi les masses. Ces pressions peuvent prendre de l’ampleur au cours de la prochaine période avec le regain de vigueur du régime pour l’article 23.

    L’article 23

    Toute une série de personnages officiels chinois et de politiciens pro-Pékin ont appelé le gouvernement de Carrie Lam à relancer l’article 23, spectaculairement vaincu en 2003 en raison d’une opposition publique massive. Rao Geping (considéré en Chine comme un expert de Hong Kong, membre du Comité chinois de la Loi fondamentale) a récemment déclaré que le recours à cette législation était « affaire d’urgence ».

    Les commentaires publics de Carrie Lam montrent qu’elle est moins enthousiaste. Elle insiste sur le fait qu’elle se chargera du retour de l’article 23 lorsqu’il y aura une «atmosphère sociale convenable». Elle est bien consciente de l’histoire de Hong Kong et du mouvement explosif de 2003, même si Pékin dédaigne de tels «détails». Ce mouvement a mis fin à la carrière de son prédécesseur Tung Chee-hwa.
    En commentant les hésitations de Lam, le chroniqueur du South China Morning Post, Alex Lo, a déclaré que l’article 23 pourrait déclencher « une conflagration politique qui ferait ressembler les manifestations [de 2014] Occupy à un jeu d’enfant ».

    Pékin pousse à l’adoption de plus de mesures répressives à Hong Kong. Les dirigeants officiels du mouvement pour la démocratie se voient contraints de s’y opposer verbalement, sans offrir aucune piste, aucune stratégie et aucun programme pour riposter et vaincre ces attaques sans précédent contre les droits démocratiques.

    Le 20 août dernier, alors que 140.000 personnes manifestaient pour protester contre l’emprisonnement de 16 jeunes militants, les démocrates modérés ont été contraints de se joindre à la marche – mais ils ne l’avaient pas appelée. Cette marche gigantesque a été initiée par quatre groupes plus petits et plus radicaux, parmi lesquels le LSD et des activistes de la circonscription des Nouveaux territoires du Nord-Est. Cet exemple illustre la manière dont un mouvement de masse peut rapidement se doter de nouvelles organisations et d’une nouvelle direction dans le feu de l’action. Le plus important est de disposer d’une idée claire de ce qu’il convient de faire.

    Les choses n’étaient pas différentes en 2014, lorsque les occupations de masse du mouvement des parapluies ont éclaté d’en bas, initiées par des jeunes et des étudiants ignorant les «leaders» tels que ceux de la campagne Occupy Central, qui désiraient limiter la lutte. Occupy Central a été créé par des modérés et des intellectuels libéraux proches des leaders pan-démocratiques pour leur donner le contrôle du mouvement et couper la voie aux alternatives plus radicales. Les dirigeants d’Occupy Central ont refusé de soutenir les grèves et les manifestations des étudiants qui ont pourtant déclenché le mouvement des parapluies.

    Pour que le mouvement démocratique se réorganise et résiste efficacement aux attaques de Pékin, il doit tenir compte de ces leçons. La combativité ne manque pas parmi les Hongkongais. Mais une direction combattive est nécessaire pour offrir une stratégie claire au lieu de démobiliser et de continuellement refroidir les espoirs.

    Les dirigeants pan-démocratiques, avec leur attachement au capitalisme, un système qui a besoin de la dictature chinoise et qui bloque toute tentative de déstabilisation de son pouvoir, rejettent une telle approche combative. Ils optent toujours pour le «compromis» par opposition à la lutte.

    Un nouveau mouvement démocratiquement contrôlé par la base est nécessaire, en reposant sur la classe ouvrière et en faisant appel aux masses en Chine – dont le mécontentement grandit – pour faire cause commune contre la dictature.

    Un parti de masse des travailleurs qui attirerait à lui les couches les plus combatives du mouvement pour la démocratie pourrait relier ce combat à celui visant à en finir aux salaires de misère, à accorder à chacun un logement décent et à augmenter les investissements publics dans les soins de santé et l’éducation.

    C’est la même élite anti-démocratique – les magnats capitalistes et les fonctionnaires du PCC – qui bloque toute solution face à ces  problèmes. L’instauration de politiques socialistes, liées à la démocratie immédiate et complète, sont le seul moyen de gagner.

  • Stop à la répression à Hong Kong! Libération des prisonniers politiques!

    Ce 12 octobre, des actions de protestations ont eu lieu dans 23 villes à travers le monde afin de dénoncer la répression politique croissante à l’oeuvre à Hong Kong. Cette campagne est l’oeuvre de Global Solidarity – Stop Repression in Hong Kong, dans laquelle des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) jouent un rôle clé. A Bruxelles, une délégation de membres du PSL s’est rendue au Hong Kong Economic and Trade Office (qui est directement géré par le Gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine).

    La plongée de Hong Kong dans la répression et l’autoritarisme a choqué à travers le monde. L’année dernière, et surtout depuis que Carrie Lam est devenue Chef de l’exécutif en juillet 2017, Hong Kong subit un tsunami de répression, avec l’emprisonnement de 16 jeunes militants du mouvement pro-démocratie, dont des dirigeants reconnus du ‘‘Mouvement des parapluies’’ de 2014, et l’évincement de six parlementaires élus. Il est possible que plus de procès aient lieu et que des sentences encore plus lourdes tombent.

    Ainsi, les droits démocratiques hongkongais, durement acquis, sont en train d’être mis en pièce pour les intérêts de la dictature chinoise, qui par ailleurs est en train de mener l’opération de répression la plus grave et la plus violente depuis l’écrasement du mouvement de masse de 1989.

    Le gouvernement, qui clame ‘‘maintenir l’État de droit’’, se discrédite lui-même en utilisant les tribunaux à des fins de répression politique. Cela fait partie d’un plan qui vise à détruire les libertés politiques et démocratiques dont jouit spécifiquement Hong Kong. Le régime chinois se sent évidemment menacé par la lutte de masse pour la démocratie à Hong Kong. Il a peur qu’elle s’étende à la Chine continentale et serve d’inspiration pour exiger plus de droits démocratiques tels que la liberté d’expression, la tenue d’élections libres, de vrais droits syndicaux ou encore la liberté d’association.

    Participez vous aussi, signez la pétition !

    Exprimez votre pleine solidarité avec la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong, en Chine et à travers le monde !

    Avec la pétition suivante, les signataires appellent à la libération des prisonniers politiques et à la fin de la répression gouvernementale. Ils s’opposons à l’évincement des parlementaires – d’après des prétextes fallacieux (prestation de serment « hypocrite ») – dont l’objectif est clairement de tenter de compenser les pertes électorales suite aux élections législatives de 2016 et d’éliminer plus de parlementaires radicaux.

    Il est habituel pour les gouvernements chinois et hong-kongais de rejeter les critiques internationales sous prétexte qu’elles seraient de « l’ingérence » de « forces étrangères ». Notons que les signataires de cette pétition ne sont pas des représentants des gouvernements ou des privilégiés. Ils représentent le peuple : des mouvements civiques, sociaux et ouvriers qui se battent pour les opprimés et les laissés pour compte. C’est donc avec la voix des gens ordinaires, qui transcende les frontières nationales, que nous appelons à la fin de la répression politique à Hong Kong.

    Des centaines de militants à travers le monde ont déjà signé cette pétition. Vous aussi, signez-là et faites de même avec votre organisation, votre syndicat, votre association,…

    Stop à la répression à Hong Kong – libérez les prisonniers politiques !

  • 16 prisonniers politiques à Hong Kong – Quelle riposte contre la dictature ?

    Joshua Wong, Nathan Law et Alex Chow, figures de premier plan du ”mouvement des parapluies”, juste avant qu’ils ne soient condamnés ce 17 août.

    Seule l’organisation d’une lutte de masse peut stopper cette sombre période de répression ! Une grève d’une journée contre la tyrannie peut en constituer la première étape !

    Tract qui sera distribué ce dimanche par Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) et Youth Against Repression lors de la manifestation de solidarité avec les jeunes activistes détenus par le régime.

    En 2017, Hong Kong a choqué le monde entier en devenant la plus récente dictature du monde! La répression politique de Carrie Lam (élue chef de l’exécutif de Hong Kong en mars 2017 et entrée en fonction en juillet) est encore pire que celle de son prédécesseur Leung Chun-ying. Sa rhétorique de ‘‘grande réconciliation’’ ne vise qu’à duper l’opinion publique. Les attaques du gouvernement sont planifiées et coordonnées: le droit de protestation est menacé. Le Legco (Conseil Législatif de Hong Kong) et les tribunaux suivent la même voie que sur le continent. Les futures élections législatives du Legco et autres élections prendront place alors que des combattants radicaux de la démocratie seront interdits d’y participer pour cause d’emprisonnement. Les partis radicaux favorables à la démocratie sont menacés par la faillite financière et les emprisonnements.

    Une riposte urgente est nécessaire. La manifestation de ce dimanche est un début, mais uniquement un début. Il nous faut plus que ça. La frustration est profonde parmi beaucoup de gens et de jeunes – pourquoi donc les réactions sont-elles si limitées ? Pour reconstruire une révolte massive, il est absolument crucial d’offrir aux gens un plan clair basé sur une désobéissance civile de masse allant crescendo.

    Pour une journée de grève contre la tyrannie !

    Face à la tyrannie du gouvernement, manifester est insuffisant. Les actions doivent aller plus loin, faute de quoi l’avenir sera faite de répression et un plus grand nombre de personnes seront emprisonnées. Nous défendons l’idée d’une grève d’une journée à Hong Kong et appelons tous les groupes politiques démocratiques, les syndicats étudiants, les syndicalistes et d’autres à ouvertement se prononcer en faveur d’une grève.

    La jeunesse peut jouer un rôle pionnier dans ce mouvement en organisant une grève étudiante et scolaire d’une journée à l’échelle de la ville en solidarité avec les anciens dirigeants étudiants et les autres prisonniers politiques emprisonnés. Ce serait un avertissement pour le gouvernement : qu’il recule ou des manifestations de masse encore plus importantes prendront lieu.

    Le troisième anniversaire du ‘‘mouvement des parapluies’’ (‘‘928’’, pour la date du 28 septembre) constitue un moment idéal pour une telle initiative. Cela pourrait devenir une journée de lutte massive à Hong Kong afin d’exiger la liberté des 16 prisonniers politiques et de s’opposer à la purge du Legco (plusieurs élus ont récemment été exclus), à l’installation du train à grande vitesse ou encore au lavage de cerveau dans l’enseignement (qualifiée ‘‘d’éducation nationale’’). Cette date permet de disposer d’un mois de préparation pour se rendre dans les quartiers, les écoles et les lieux de travail, pour créer des comités d’action visant à mobiliser pour cette journée de lutte et à l’organiser. Il est essentiel que cela soit démocratiquement contrôlé par la base.

    Une journée de lutte massive devrait comporter une grande manifestation centrale, des meetings de rue dans les divers districts de la ville, sur les lieux de travail et dans les écoles ou encore des distributions de tracts massives aux stations de métro. Une grève menée à l’échelle de la ville, même si elle n’est le fait que des étudiants et des jeunes, ferait des protestations démocratiques un avertissement lancé au gouvernement. Notre mouvement peut développer de nouvelles manières de résister à la tyrannie. Voilà qui redonnerait une confiance renouvelée dans la lutte et qui engagerait des milliers de nouveaux militants.

    • Pour la libération immédiate des 16 et de tous les prisonniers politiques ! Pour le retrait de toutes les charges retenues contre eux !
    • Stop à la répression politique !
    • Pour la réintégration des 6 membres du Legco exclus !
    • Pour le boycott de la ligne de train à grande vitesse et le retrait du plan de relocation des habitants ! Pour que les forces de sécurité chinoises quittent Hong Kong !

    Si vous êtes d’accord avec les points développés dans ce tract, rejoignez notre campagne: rejoignez Socialist Action, si vous êtes étudiant, rejoignez Youth Against Repression.

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