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Tag: Hong Kong
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2019 : Un tournant décisif dans un processus de révolution et de contre-révolution

Manifestation de masse au Chili. Photo : Wikimedia Commons 2019 marque un tournant politique certain à l’échelle mondiale. Ces derniers mois, nous avons assisté au développement de luttes de masse et de grèves générales aux caractéristiques révolutionnaires dans le monde entier. Cette explosion massive provient de la colère accumulée à l’égard des dirigeants, de leur néolibéralisme et de l’absence de démocratie. Ces manifestations ont également mis en évidence certains éléments fondamentaux d’une lutte socialiste, notamment la force de la classe ouvrière et la nécessité de l’internationalisme.
Par Per-Ake Westerlund
Parallèlement, les gouvernements, les dictateurs et les généraux ont prouvé que la classe dirigeante ne se retirera pas volontairement du pouvoir. Dans plusieurs pays, les manifestants pacifiques et les jeunes militants ont été confrontés à la contre-révolution armée et à la répression brutale.
A travers le monde, la plupart des gouvernements restent silencieux quant à cette violence de la contre-révolution, ou appellent simplement au “calme”. Les médias parlent d’”affrontements violents” entre les forces de l’Etat et les manifestants. Le fait est que cette “violence” provient partout des attaques lancées par les forces étatiques contre-révolutionnaires lourdement armées, alors que les manifestants ne cherchent qu’à se défendre. En Bolivie, plus de 30 personnes ont été tuées par les forces de l’État au cours des deux dernières semaines, dont huit lors d’un massacre à El Alto le 19 novembre.
Pour l’impérialisme et les gouvernements, ces événements représentent une vive mise en garde contre les faiblesses de leur système mondial, le capitalisme. Cette vague de protestations de masse prend place dans un contexte de forte croissance des conflits inter-impérialistes et de ralentissement probable de l’économie mondiale, tandis que la crise climatique s’aggrave.
Les mobilisations de masse continuent de se répandre, l’Iran et la Colombie étant les lieux les plus récents où elles ont éclaté, la semaine dernière. En Iran, à la suite d’une nouvelle hausse drastique des prix du carburant, des manifestations ont eu lieu dans plus d’une centaine de villes. Le fardeau économique que supportent les travailleurs et les pauvres a immédiatement été lié à la dictature théocratique. Le chef suprême, Khamenei, est apparu à la télévision pour condamner les manifestations et défendre que les revenus supplémentaires provenant du carburant étaient destinés aux plus pauvres. La manœuvre n’a fait qu’augmenter la colère et nous avons pu voir des photos de Khamenei être brûlées par les manifestants. En Colombie, la grève générale du 21 novembre, avec 250.000 manifestants, a été suivie par d’autres manifestations dans les jours qui ont suivi pour s’opposer aux privatisations et aux coupes budgétaires dans les pensions. L’État a répondu par un couvre-feu à Bogota et une forte présence policière.
Les comparaisons avec 2011
Divers commentateurs ont fait des comparaisons historiques avec les années 1848 et 1968, des années de luttes révolutionnaires et pré-révolutionnaires qui se sont étendues à de nombreux pays. Des comparaisons ont également été faites avec l’année 2011, lorsque le processus de révolution et de contre révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient a renversé Moubarak en Egypte et Ben Ali en Tunisie. Aujourd’hui, près de neuf 9 ans plus tard, la vague de protestations de masse a un caractère beaucoup plus mondial et comporte des revendications sociales plus explicites concernant l’emploi, l’eau, l’électricité, etc.
Sur le plan politique, les masses ont également tiré la conclusion qu’un changement de régime ne suffit pas à lui seul. Au Soudan, les leçons de l’Egypte, où une nouvelle dictature a été instaurée avec Al-Sisi à sa tête, ont conduit les masses à poursuivre leurs mobilisations après qu’Al-Bashir ait été renversé.
Par rapport à l’année 2011 et aux autres manifestations de ces dernières années, les luttes de 2019 durent beaucoup plus longtemps. Les manifestations en Haïti ont commencé en février et à Hong Kong en juin. La “révolution d’octobre” au Liban a forcé le Premier ministre Hariri à démissionner après deux semaines, mais elle se poursuit toujours. A la mi-novembre, les employés des banques étaient en grève pour une durée indéterminée, des routes étaient bloquées dans tout le pays et les bâtiments de l’Etat étaient assiégés par des manifestations. L’Algérie a connu des manifestations de masse tous les vendredis, même après que Bouteflika ait été contraint de démissionner, avec notamment pour slogan “Nouvelle Révolution”.
Les jeunes et les femmes ont joué un rôle de premier plan dans de nombreux cas, sans aucun doute sous l’inspiration des grèves pour le climat de la jeunesse et du mouvement mondial pour l’émancipation des femmes. 7,6 millions de personnes ont participé aux grèves pour le climat en septembre dernier. La prise de conscience sur ce thème est croissante, de même qu’au sujet de la nécessité de construire un mouvement pour obtenir un changement radical de société. Les grèves et les mouvements féministes ont également un caractère international et recourent à l’arme de la grève.
Là où la classe ouvrière est entrée en action de manière décisive avec des grèves générales et des vagues de grèves, le rapport de force a été très clair : la petite élite s’est retrouvée isolée face à la majorité des travailleurs et des pauvres. Cela a également souligné le rôle économique et collectif de la classe ouvrière, la seule force capable de réaliser une transformation socialiste de la société.
De nombreuses questions s’entrecroisent dans ces mouvements ; les difficultés économiques et le manque de démocratie, l’oppression sexiste ou encore l’environnement. C’est ce qu’a très bien illustré le mouvement en Indonésie à la fin du mois de septembre. Des protestations étudiantes dans plus de 300 lieux d’études supérieures ont été déclenchées par une loi interdisant les rapports sexuels hors mariage, une loi dirigée contre les personnes LGBTQ+. Mais, immédiatement, les thèmes de la corruption et de la destruction des forêts tropicales ont été intégrés dans les mobilisations.
“Amusantes et excitantes”
Les “experts” bourgeois ont de grandes difficultés à expliquer ces mouvements. L’agence de presse Bloomberg souligne qu’il ne s’agit pas de protestations de la classe ouvrière, mais plutôt de “consommateurs” réagissant contre une hausse du coût du carburant, des taxes ou des frais de déplacement. Cela sous-estime totalement les fortes revendications politiques des mouvements. Il est toutefois à noter que, dans la plupart des pays, un mouvement des travailleurs fort, organisé et unifié reste encore à construire.
La revue The Economist rejette l’idée que ces mobilisations puissent être liées au néolibéralisme et aux politiques appliquées par les gouvernements. Il défend qu’il est “inutile de rechercher un thème commun”, affirme que ces mobilisations sociales peuvent être “plus excitantes et encore plus amusantes que la vie quotidienne épuisante” et avertit que “la solidarité devient une mode”. Cela n’explique rien bien entendu. Pourquoi donc ces protestations de masse prennent-elles place précisément aujourd’hui ? Pourquoi ce genre de “plaisir” n’a-t-il pas toujours été si apprécié ?
En tant que marxistes, nous devons considérer et analyser à la fois les dénominateurs communs, les forces et les faiblesses de ces mouvements ainsi que les différentes forces de la contre-révolution. Des particularités nationales sont bien entendu à l’oeuvre, mais il existe également de nombreuses caractéristiques communes.
Que trouve-t-on derrière cette explosion de colère ?
Il s’agit d’un tournant mondial créé par les profondes crises politiques et économiques que subit le capitalisme, par les impasses et le déclin auxquels ce système est confronté. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (majoritaire) a déjà la question dans de nombreux débats et documents. La classe dirigeante s’appuie politiquement sur le populisme et le nationalisme de droite, dans un système économique de plus en plus parasitaire. La classe capitaliste ne dispose d’aucune issue.
Contre qui ces manifestations de masse sont-elles dirigées ? Qu’est-ce qui se cache derrière la colère explosive ?
1) On constate une haine extrême des gouvernements et des partis. Au Liban, le slogan dominant est “tout doit partir”. Contrairement au grand mouvement de 2005, cette revendication s’adresse désormais aussi au Hezbollah et à son leader, Nasrallah. En Irak, le mouvement veut interdire à tous les partis existants de se présenter aux prochaines élections, y compris le mouvement de Muqtada al-Sadr qui a su instrumentaliser les précédentes mobilisations sociales. Les étudiants de Bagdad ont arboré une banderole intitulée “Pas de politique, pas de partis, ceci est un réveil étudiant”. Au Chili, les gens crient dans la rue “Que tous les voleurs s’en aillent”. L’opposition aux gouvernements s’est également manifestée en République tchèque le week-end dernier, 300.000 personnes manifestant contre le président milliardaire.
2) Cette haine repose sur des décennies de néolibéralisme et de baisse des conditions de vie ainsi que sur l’absence de perspectives d’avenir. Le Fonds monétaire international (FMI) conseille de continuer à appliquer les recettes néolibérales en réduisant les subventions publiques, ce qui fut précisément à l’origine des révoltes au Soudan et en Équateur. Au Liban, 50 % des dépenses de l’État sont consacrées au remboursement de la dette. De nouvelles mesures d’austérité ont également constitué l’élément déclencheur en Haïti, au Chili, en Iran, en Ouganda et dans d’autres pays. Ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’atteigne d’autres pays, le Nigeria par exemple. Tout cela est lié à l’extrême augmentation des inégalités, Hong Kong et le Chili en étant des exemples clés.
Les grèves et les manifestations
Les luttes présentent de nombreuses caractéristiques communes et importantes.
1) Dans de nombreux pays, tout a commencé avec d’énormes manifestations pacifiques. Deux millions de personnes ont manifesté à Hong Kong en juin (sur une population totale de 7,3 millions d’habitants), de même que plus d’un million au Chili et au Liban ou encore plusieurs centaines de milliers sur la place Tahrir à Bagdad. Dans la plupart des cas, ces protestations ne se sont pas limitées aux capitales ou aux grandes villes, mais se sont étendues à des pays entiers.
2) Les grèves générales ont été décisives pour renverser des régimes ou les faire vaciller. L’année 2019 a débuté avec une grande grève générale en Inde (150 millions) et s’est poursuivie en Tunisie, au Brésil et en Argentine. Cet automne, des grèves générales ont eu lieu en Équateur, au Chili (par deux fois), au Liban, en Catalogne et en Colombie. Des grèves à l’échelle d’une ville ont également eu lieu à Rome et à Milan. L’Irak a connu de grandes grèves des enseignants, des dockers, des médecins, etc. Les bâtiments du gouvernement ont été occupés (à l’instar de la banque centrale du Liban à Beyrouth) ou incendiés dans de nombreuses villes irakiennes. Des routes ont été bloquées en Irak et au Liban, comme au Pérou, où les populations autochtones luttent pour stopper les projets miniers qui menacent l’environnement. La méthode des barrages routiers a également été utilisée par les Gilets Jaunes en France.
3) De nouvelles méthodes sont nées de la lutte tandis que les traits d’une nouvelle société étaient esquissés. A Bagdad, la place Tahrir a repris la tradition née de l’occupation de la place du même nom en Egypte en 2011. Une grande tente y sert d’hôpital, des transports gratuits sont organisés autour de l’occupation et un journal est même édité quotidiennement. Des assemblées populaires ont vu le jour en Équateur et des assemblées locales ont également émergé au Chili. Au Liban, les étudiants ont quitté les universités pour aller enseigner dans les villes. A Hong Kong, les jeunes ont inventé un certain nombre de méthodes à utiliser dans les affrontements de rue, pour faire face aux gaz lacrymogènes et à la répression.
4) La division sectaire a été surmontée par la lutte menée en commun, une caractéristique typique des luttes révolutionnaires. Au Liban, les musulmans chiites et sunnites luttent aux côtés des chrétiens. En Irak, les chiites et les sunnites se battent également ensemble, même si les mobilisations concernent encore surtout les régions chiites du pays. En Amérique latine, les organisations indigènes jouent un rôle de premier plan en Équateur, au Pérou et au Chili de même que dans la résistance au coup d’État en Bolivie.
5) L’internationalisme est présent de manière évidente dans ces mouvements. Des déclarations de solidarité ont été envoyées d’Irak vers les manifestations en Iran. En Argentine, une grande manifestation a eu lieu à Buenos Aires contre le coup d’Etat en Bolivie.
De premières victoires
Les mouvements ont remporté des victoires conséquentes et obtenus des concessions sérieuses. Des dictateurs de longue date ont été renversés au Soudan et en Algérie, le gouvernement équatorien a fui la capitale, des ministres ont démissionné au Liban, au Chili et en Irak. Au Chili, le président Pinera a d’abord affirmé que le pays était “en guerre” contre les protestations, puis a dû “s’excuser” et retirer toutes les mesures qui ont déclenché le mouvement. De même, en France, Macron a été contraint de revenir sur le prix du carburant et d’augmenter le salaire minimum en réponse aux protestations des Gilets jaunes. Dans la plupart des cas, ces reculs de la part des autorités n’ont pas empêché les protestations de se poursuivre.
Hong Kong
La lutte à Hong Kong se distingue des autres à bien des égards. Nous disposons de camarades sur le terrain qui peuvent nous livrer des analyses et des informations de première main. Cette lutte a été marquée par l’incroyable détermination et le courage de la jeunesse. Le fait que Hong Kong soit gouverné depuis Pékin signifie que les reculs et concessions que les gouvernements d’autres pays ont effectués ne sont pas à l’ordre du jour à Pékin.
En août, les camarades du CIO (majoritaire) ont averti de l’instauration d’un “état d’urgence rampant”. À la mi-novembre, cela a changé lorsque Xi Jinping a donné de nouvelles directives : les protestations devaient cesser. Le régime espérait épuiser le mouvement et recourir ensuite à la répression (comme cela avait été le cas avec le mouvement des Parapluies en 2014). Mais, au lieu de cela, le mouvement de protestation a créé une nouvelle crise majeure pour le pouvoir de Xi.
La répression a atteint un nouveau niveau, avec des scènes de guerre les lundi 18 et mardi 19 novembre lorsque les policiers menaçaient de tirer à balles réelles et que les étudiants retranchés dans les campus universitaires tentaient de se défendre avec des cocktails Molotov et des arcs à flèches. Mardi matin, une offensive de la police a utilisé plus de 1.500 bombes lacrymogènes. Les étudiants de l’université PolyTech ont été contraints de se rendre à la police. Plus d’un millier de jeunes ont été arrêtés. Ils risquent dix ans de prison.
Le soutien populaire impressionnant qui existe pour la lutte de la jeunesse a pris la forme de manifestations de solidarité mais il a également été illustré par la cuisante défaite subie par les partis pro-gouvernementaux lors des élections locales des districts de Hong Kong le dimanche 24 novembre.
La lutte impressionnante menée à Hong Kong doit se poursuivre. Les tâches auxquelles le mouvement fait face sont l’organisation démocratique du mouvement, l’organisation d’une véritable grève générale et, chose décisive, l’extension du combat à la Chine continentale. La tactique des étudiants ” Sois comme l’eau” – sans forme et sans dirigeants – a donné quelques avantages dans les luttes de rue et a permis aux jeunes de contrecarrer le rôle de blocage des libéraux pan-démocrates. Mais cette approche s’est révélée incapable de porter la lutte au nouveau stade aujourd’hui nécessaire. La faiblesse des syndicats et l’absence de grève sur une longue période représentent des éléments compliquant. Politiquement, cela peut donner lieu à des illusions dans la “communauté internationale” et en particulier dans l’impérialisme américain et Trump. Cela permet également de continuer à croire en une “solution propre à Hong Kong” distincte du reste de la Chine.
Les complications de cette période
Au cours des débats et de la scission qui ont eu lieu au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière cette année, la discussion sur la conscience des masses a joué un rôle important. La direction de notre ancienne section espagnole, qui a quitté notre internationale en avril, a sous-estimé les problèmes du faible niveau de conscience socialiste tandis que le groupe qui est parti en juillet a surestimé ce problème. Ce dernier groupe a donc préféré se réfugier dans l’attente d’un mouvement “authentique” au lieu de vouloir intervenir dans les mouvements actuels. Comprendre le rôle décisif que joue la classe ouvrière organisée ne signifie pas d’ignorer d’autres mouvements sociaux importants.
La conscience peut progresser par bonds à partir de l’expérience acquise dans les luttes. C’est un processus qui a déjà commencé. Mais, dans l’ensemble, il manque aux luttes de masse d’aujourd’hui l’organisation et la direction nécessaires pour élaborer une stratégie de transformation socialiste de la société. Aucun parti des travailleurs ou de gauche capable de remplir cette tâche ne s’est développé jusqu’à présent. Les nouvelles formations de gauche ont été volatiles et politiquement faibles, comme l’illustre encore le récent exemple de Podemos qui a rejoint le gouvernement dirigé par le PSOE (social-démocrate) dans l’Etat espagnol.
Comparer la situation actuelle avec l’année 1968 souligne à quel point le mouvement des travailleurs – partis ouvriers et syndicats – a reculé en termes de base militante active. Cela signifie cependant également que les partis communistes staliniens et la social-démocratie disposent de moins de possibilités de bloquer et de dévier les luttes qu’à l’époque.
La contre-révolution
Il a également été démontré cet automne que la classe capitaliste n’hésite pas à recourir à la répression contre-révolutionnaire la plus brutale pour se maintenir au pouvoir. Elle préfère opérer via d’autres moyens, plus pacifiques, mais elle est prête à recourir à la violence si nécessaire.
- En Bolivie, un coup d’État militaire a eu lieu avec le soutien de l’impérialisme américain et du gouvernement brésilien dirigé par Bolsonaro. La nouvelle “présidente” Anez a été “élue” par moins d’un tiers du Parlement. Les gouvernements européens ont exprimé leur “compréhension” vis-à-vis de ce coup d’Etat.
- Plus de 300 personnes ont été tuées et 15.000 blessées en Irak au cours du mois dernier.
- 285 personnes ont reçu une balle dans les yeux au Chili. En France, au printemps, 40 personnes ont été éborgnées de la sorte.
- En Guinée, en Afrique de l’Ouest, 5 personnes ont été tuées et 38 autres blessées lors de manifestations contre le président Alpha Conde qui se présente pour un troisième mandat. Les mobilisations se poursuivent.
Le risque d’une répression majeure par une intervention de l’armée chinoise à Hong Kong demeure, même si le danger d’un massacre similaire à celui de la place Tiananmen en 1989 ne s’est pas encore concrétisé. Par ailleurs, le risque d’un retour du sectarisme communautaire au Liban ou en Irak constitue un réel danger.
La classe dirigeante veut aussi désarmer les mobilisations et les faire dérailler en abusant des élections ou des négociations. En Argentine, ce fut clairement le cas récemment. Les candidats péronistes, Fernandez et Fernandez-Kirchner, ont remporté les élections. L’objectif principal des masses était d’évincer Macri, l’ancien grand espoir du capitalisme en Amérique latine dont la présidence a été marquée par l’arrivée d’une nouvelle crise financière profonde. Le nouveau gouvernement péroniste ne bénéficiera cependant pas de répit puisqu’il continuera à mettre en œuvre les politiques du FMI.
Au Soudan, les dirigeants officiels des mobilisations ont signé un accord sur le partage du pouvoir avec l’armée en passant par dessus la tête des masses. Le pouvoir réel a été laissé au général Hemeti. Aujourd’hui, les mobilisations se développent contre cet accord et contre le pouvoir des généraux.
Au Chili, l’une des principales revendications du mouvement était l’adoption d’une nouvelle constitution, puisque l’actuelle date de 1980 et de la dictature de Pinochet. Mais la revendication d’une assemblée constituante révolutionnaire de représentants démocratiquement élus sur les lieux de travail et dans les quartiers ouvriers est tout le contraire d’une assemblée comprenant le président Pinera et les partis de droite.
La classe dirigeante dispose de mille et une manières de bloquer le développement d’une révolution. En 2011, le CIO avait mis en garde contre les illusions selon lesquelles un simple “changement de régime” pouvait mettre fin aux luttes. L’Etat, les capitalistes et l’impérialisme ont été sauvegardés et ont ouvert la voie à la contre-révolution.
Cependant, les défaites ne durent pas aussi longtemps que dans les années 1930 ou 1970. Les manifestations de masse en Iran ont été écrasées en 2009 et de nouveau en 2017, mais elles sont à nouveau de retour. La même chose s’est produite en Irak, au Zimbabwe et au Soudan. De récentes nouvelles protestations sociales démontrent également que la situation n’est pas stable en Egypte.
Défier le pouvoir
Les grèves générales indéfinies et les mouvements de masse à caractère révolutionnaire soulèvent la question du pouvoir. Quelle classe sociale devrait diriger la société ?
Pendant longtemps, dans de nombreux pays, nous appelions à une grève de 24 ou 48 heures au lieu d’une grève générale. L’idée était de préparer la classe ouvrière de cette manière, de lui permettre de sentir sa force et sa supériorité, de commencer à s’organiser et à prendre conscience de ses ennemis, de choisir des dirigeants adéquats.
La plupart des luttes actuelles sont des luttes globales qui défient immédiatement le pouvoir de la classe capitaliste. La contre-révolution se prépare elle-même pour de telles luttes. Mais, jusqu’à présent, recourir à ses méthodes habituelles ne s’est pas fait sans problèmes.
Comparer la situation actuelle avec la première révolution russe en 1905 est également important. La classe ouvrière avait alors démontré quelle était sa force force tandis que le pouvoir de l’Etat tsariste était suspendu dans les airs. Une confrontation finale était inévitable.
Les libéraux et les menchéviks ont accusé les soviets (conseils, en russe) et en particulier les bolchéviks de trop parler d’insurrection armée. Lénine répondit : “La guerre civile est imposée à la population par le gouvernement lui-même”. Trotsky, dans sa défense devant le tribunal qui l’a inculpé après la révolution de 1905, a déclaré quant à lui : “préparer l’inévitable insurrection (…) signifiait pour nous d’abord et avant tout, d’éclairer le peuple, de lui expliquer que le conflit ouvert était inévitable, que tout ce qui lui avait été donné lui serait repris, que seule la force pouvait défendre ses droits, que des organisations puissantes de la classe ouvrière étaient nécessaires, que l’ennemi devait être combattu, qu’il fallait continuer jusqu’au bout, que la lutte ne pouvait se faire autrement”.
En 1905, la contre-révolution a pu prendre le dessus en raison du manque d’organisation et d’expérience des masses en dépit de la constitution de conseils ouvriers, les soviets, ainsi qu’à cause de la faiblesse de la lutte dans les campagnes. En décembre, après une grève générale de 150.000 personnes à Moscou, la contre-révolution l’a emporté.
L’expérience acquise durant les événements de 1905 ont toutefois posé les bases de la victoire de la révolution en 1917. La situation actuelle ne laisse pas de place à de longues périodes de réaction sans lutte. La Bolivie d’aujourd’hui ne connaîtra pas le genre de période de contre-révolution qui a suivi la défaite de 1905. L’avenir y est toujours en jeu et, dans le passé, la contre-révolution a déjà été vaincue en Bolivie.
Nous verrons sans aucun doute d’autres pays et régions s’intégrer dans cette tendance aux mouvements de masse. Son impact sur la conscience globale des masses sera une meilleure compréhension que la lutte est la seule manière d’obtenir des changements. La recherche d’une alternative au capitalisme et à la répression sera le terreau du développement des idées anticapitalistes et socialistes. La faiblesse de la gauche et de l’organisation des travailleurs signifie toutefois que ce processus sera long, avec des bonds en avant et des reculs.
La leçon générale, cependant, est la même qu’en 1905 ou en 1968 : il s’agit toujours de la nécessité pour la classe ouvrière de prendre le pouvoir afin de soutenir les concessions qu’un mouvement de masse peut arracher et pour parvenir à un changement fondamental de société.
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Hong Kong : Défaite écrasante du camp pro-gouvernemental aux élections de district

La lutte de masse doit maximiser l’effet de ces résultats électoraux historiques, faire de l’implication des travailleurs l’axe central du combat et se tourner vers les masses continentales.Déclaration de Socialist Action (CIO – Hong Kong)
Les élections des conseils de district qui se sont tenues le dimanche 24 novembre ont été une grande victoire pour le mouvement de protestation anti-autoritaire qui a commencé en juin dernier. Sans les manifestations de masse, qui font rage depuis près de six mois, il est clair que ce tremblement de terre n’aurait pas eu lieu.
5.000 manifestants ont été arrêtés jusqu’à présent, dont environ un tiers de moins de 18 ans. La brutalité policière a été l’un des principaux moteurs des manifestations. Des milliers de personnes ont été hospitalisées et trois jeunes, dont un de 14 ans, ont été abattus à balles réelles. La violence policière n’a fait que croître ces dernières semaines.
Le décompte final aux élections des conseils de district est de 388 sièges (contre 126 auparavant) pour l’opposition pro-démocratique et 59 (contre 298 auparavant) pour le camp pro-Pékin. Cela signifie que les candidats pan-démocrates et les autres candidats de l’opposition ont remporté près de 90 % des sièges grâce au système majoritaire uninominal à un tour. Leur part des votes était de 60% contre 40% pour le camp pro-gouvernemental.
Des élections historiquesLe taux de participation a atteint un record de 71,2 %, ce qui éclipse le taux de 58 % enregistré lors des dernières élections au Conseil législatif (Legco) en 2016, qui constituait déjà un record. Par rapport aux dernières élections des conseils de district en 2015, où le taux de participation était de 47%, presque deux fois plus de personnes se sont rendu voter, soit 2,94 millions de personnes (en 2019) contre 1,47 million (en 2015). La plupart des bureaux de votes ont connu des files d’attente qui ont été jusqu’aux trottoirs une heure avant leur ouverture. Parmi ces électeurs de la première heure se trouvaient de nombreux jeunes, un revirement complet par rapport aux années précédentes.
Hong Kong n’est pas une démocratie. Son système politique permet d’élire les conseils de district, qui sont le niveau de gouvernement le plus bas, et la moitié des sièges du Conseil législatif (Legco) où les partisans du gouvernement disposent d’une majorité intégrée grâce à des circonscriptions dites fonctionnelles qui sont truquées et réservées principalement aux grandes entreprises. Le gouvernement, dirigé par un chef de l’exécutif approuvé par Pékin, ne peut être élu.
Les dirigeants pan-démocratiques bourgeois sont probablement aussi surpris que n’importe qui par les résultats actuels. Ils ne contrôlaient aucun district et en contrôlent maintenant 17 sur 18. Seule l’île de Lantau (comprenant onze sièges non élus) est encore contrôlée par le camp pro-gouvernemental. Trois conseils de district sont passés d’un contrôle pro-Pékin à un conseil où aucun conseiller pro-Pékin n’a été élu : Sai Kung, Tai Po et Wong Tai Sin. Ce dernier est un quartier ouvrier où les habitants se sont heurtés à plusieurs reprises à la police et ont manifesté contre la brutalité policière et la forte utilisation de gaz lacrymogène au cours des derniers mois.
Les conseils de district ne sont pas des organes très importants, ils sont relativement impuissants. Ces élections ont été confrontées à une forte tradition conservatrice visant à dépolitiser les élections pour se concentrer uniquement sur des “questions locales”. Cela a toujours favorisé le camp pro-gouvernemental qui dispose d’énormes ressources financières et qui peut également mobiliser des “votes en bloc” grâce à divers mécanismes de favoritisme et de pots-de-vin et grâce à leur domination des réseaux traditionnels tels que les sociétés culturelles ayant des liens avec la Chine continentale.
Mais cette année, la tradition “non politique” de ces élections a été balayée par un climat de militantisme sans précédent. Ces élections sont devenues un référendum de facto sur le soutien aux manifestations antigouvernementales ou à la répression de plus en plus brutale du gouvernement. Les résultats ne laissent planer aucun doute quant à la position de la majorité des Hongkongais. Pour le gouvernement, l’establishment capitaliste pro-Pékinois et le régime dictatorial de Xi Jinping, il s’agit d’un revers humiliant.
De nouvelles complications pour le PCC
Cela soulève également de nouvelles complications pour le gouvernement et le PCC qui tentent de mettre un terme à la crise politique. A la suite de la quatrième réunion plénière du PCC à la fin du mois d’octobre, il était clair que Pékin exerçait des pressions sur le gouvernement et la police de Hong Kong pour qu’ils traitent plus impitoyablement les manifestants et principalement les jeunes parmi eux. Une variante locale du “4 juin” – le massacre de Tienanmen de 1989 – était prévue, peut-être avec des méthodes moins meurtrières, mais en tout cas avec l’objectif clair de mettre fin aux manifestations avec autant de force. Ce plan n’est plus possible à court terme.
Le PCC est maintenant confronté à un nouveau problème. Dans le cadre du système électoral truqué de Hong Kong, où seulement 1.194 électeurs choisissent le chef de l’exécutif, les conseils de district disposent de près de 10 % des voix. Auparavant, ces 117 votes étaient contrôlés par le camp pro-Pékin. Maintenant, les pan-démocrates contrôlent les 117 votes. Cela peut être source de nouvelles complications pour Pékin pour la prochaine “élection” d’un chef de l’exécutif. Selon certaines rumeurs, cela pourrait être en 2020 afin de remplacer Carrie Lam pour un “nouveau” visage moins détesté.
Au cours des six derniers mois de lutte de masse, le gouvernement a fait de multiples erreurs de calcul, à commencer par le retrait de la loi sur l’extradition. Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif qui est une véritable catastrophe ambulante, a avoué que ses “erreurs” ont causé “d’énormes ravages”. Après la débâcle des élections du conseil de district, Carrie Lam a affirmé qu’elle va “réfléchir sérieusement” au message des électeurs. Personne ne doit se faire d’illusion ! La dictature chinoise interdit toute retraite politique significative, c’est pour cela que le gouvernement de Lam est devenu un “grand déstabilisateur” qui a enragé la population avec sa brutalité et son arrogance.
Le régime de Xi craint que toute faiblesse ou disposition à faire des concessions à Hong Kong n’incite les masses continentales à s’organiser et à se soulever en faveur de leurs propres revendications. Les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et les jeunes chinois sont similaires à ceux propres à Hong Kong : bas salaires, emplois précaires, horaires de travail inhumains, logements inabordables, pollution suffocante et régime dictatorial qui persécute toute opposition.
Carrie Lam
Le maintien des élections pour les conseils de district est une autre erreur de calcul monstrueuse de la part du gouvernement de Carrie Lam et de ses partisans. Ils ont débattu jusqu’au tout dernier moment de l’opportunité d’annulation les élections (un coup d’Etat de facto) mais ont craint que cette manœuvre ne suscite une sympathie renouvelée pour le mouvement de protestation tout en augmentant la pression internationale. Ils se doutaient bien qu’ils auraient un mauvais résultat, sans imaginer que le désastre puisse avoir cette ampleur. Aujourd’hui, comme on pouvait s’y attendre, une file de “perdants” pro-gouvernementaux condamnent Carrie Lam pour leur avoir fait perdre leurs positions politiques et avoir créé la plus grande crise dans le camp pro-Pékin depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.
Le principal parti pro-Pékin, la DAB (Democratic Alliance for the Betterment and Progress of Hong Kong), a été décimé, ne remportant que 21 sièges contre 119 lors de l’élection précédente. Son dirigeant, Starry Lee, a proposé de démissionner, mais il a été persuadé de rester en place puisque personne ne veut le poste. La FTU (Fédération des syndicats) n’a remporté que 4 sièges, contre 27 en 2015, ce qui signifie qu’elle n’est plus le deuxième plus grand parti du camp pro-Pékin, étant même dépassée de 5 sièges par le petit Parti libéral.
Ce résultat est un coup dur pour le gouvernement et un sérieux revers pour le régime du PCC. Cela aura des répercussions jusqu’à l’intérieur de la Chine, tant sur le terrain que dans la lutte pour le pouvoir au sein du régime lui-même. La propagande nationaliste antidémocratique anti-Hong Kong chauvine de Pékin a toujours prétendu que les manifestations anti-gouvernementales n’étaient soutenues que par une minorité de la population. La meilleure censure d’Internet au monde n’empêchera pas les résultats électoraux de pénétrer et de se faire connaître en Chine, ce qui peut miner considérablement la propagande de l’État contre le mouvement.
D’autres facteurs pourraient encore jouer en faveur du régime pour tenter de reprendre le contrôle de la situation. Une partie des dirigeants pan-démocratiques sera sensible aux pressions du régime et des capitalistes pour désamorcer le mouvement de protestation. Le plus grand vainqueur des élections au sein du bloc pan-démocratique est le Parti démocrate, avec 91 sièges (contre 43 la dernière fois). Ce parti a l’habitude de conclure des accords en coulisse avec les représentants du PCC et de freiner la lutte pour les droits démocratiques.
Le président de ce parti, Wu Chi-wai, a d’ailleurs déclaré : “La division de la société doit être gérée avec prudence”. Il y a un réel danger que les politiciens du compromis pan-démocratique – largement marginalisés par la lutte de masse jusqu’à présent – tentent d’utiliser leurs positions renforcées lors des élections pour revendiquer une plus grande influence et réclamer un passage de l’action de masse à la “négociation”. Cela signifierait un retour à l’approche et à la stratégie ratées des luttes précédentes. Le mouvement peut repousser cette menace avec une organisation démocratique de la lutte au niveau local, comme nous l’expliquons ci-dessous.
Construire la lutte
Le mouvement de masse de Hong Kong doit s’intensifier et faire valoir l’avantage politique que ces élections ont procuré – une injection géante d’énergie nouvelle. Pour vaincre la dictature chinoise, qui est le seul moyen de remporter les cinq revendications du mouvement et de mettre fin à l’autoritarisme à Hong Kong, un mouvement exclusivement basé sur Hong Kong ne suffit pas.
La lutte doit s’étendre à la Chine continentale en établissant des liens avec les travailleurs et les jeunes opprimés – une force que le PCC craint plus que tout – et en faisant appel à la solidarité dans le monde entier. Cela signifie la solidarité des travailleurs ordinaires et en particulier de ceux qui luttent héroïquement contre une oppression similaire du Chili à l’Iran en passant par la Catalogne. Nous ne devons entretenir aucune illusion envers Trump ou dans d’autres politiciens capitalistes aux États-Unis ou en Europe. Leur attitude envers la Chine et Hong Kong est dictée par des accords commerciaux plutôt que par des droits démocratiques. Ils représentent la voie rapide vers la trahison et la défaite.
L’étonnant tsunami électoral de Hong Kong est l’occasion de relancer la lutte de masse, qui a grand besoin d’un changement de direction pour gagner. La lutte doit être basée sur la classe des travailleurs, la force sociale la plus efficace pour paralyser et renverser un régime autoritaire. La mise en place de comités démocratiques – sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les communautés locales – pour organiser le mouvement de manière plus solide et efficace est également une priorité absolue.
Il est donc nécessaire d’adopter une nouvelle approche politique pour lier la lutte démocratique à la lutte pour les droits des travailleurs et des pauvres, car l’un ne peut gagner sans l’autre. Il s’agit d’élargir les cinq revendications pour y intégrer les besoins des travailleurs et de la jeune génération : un programme d’urgence pour la construction de 100.000 logements sociaux par an, une augmentation spectaculaire des salaires, un système de retraite universel et une journée de travail de huit heures.
Briser le pouvoir des milliardaires
Les magnats capitalistes, dont le gouvernement autoritaire sert les intérêts, ont toujours résisté à ces exigences. Nous voulons le droit d’élire un gouvernement, au suffrage universel à partir de 16 ans, mais nous devons aussi prendre le contrôle démocratique des grandes entreprises et des banques, qui bloquent tout progrès social et concentrent la richesse de la société dans les mains d’une élite minuscule, dans une plus large mesure encore que presque toute autre économie au monde. Une étude récente montre que les 50 milliardaires les plus riches de Hong Kong ont une richesse combinée de 300 milliards de dollars US (le PIB de Hong Kong est de 362 milliards de dollars US). Les superprofits des magnats de Hong Kong sont possibles grâce au système autoritaire de Hong Kong et de la Chine.
Ceux qui sont d’accord avec ces propositions pour renforcer la lutte anti-autoritaire devraient rejoindre Socialist Action, le CIO à Hong Kong. Nous faisons campagne pour la formation d’un nouveau parti de la classe ouvrière, unissant toutes les couches opprimées dans la lutte contre le capitalisme et la dictature, à Hong Kong, en Chine et dans le monde.
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A Hong Kong, le régime de Xi Jinping prépare un nouveau Tiananmen

Les travailleurs doivent s’organiser d’urgence pour résister à la répression. Construisons une véritable grève générale !
Le gouvernement de Carrie Lam à Hong Kong a fait exploser le niveau de violence policière contre le mouvement de protestation pro-démocratique. Cette escalade, évidente depuis le début du mois de novembre, a été clairement ordonnée par la dictature chinoise. C’est l’un des résultats de la Quatrième session plénière du Comité central du Parti “communiste” (PCC) qui s’est tenue fin octobre. Xi Jinping a tenu une rare réunion avec Carrie Lam à Shanghai peu après pour signifier au monde le soutien du régime à des mesures plus brutales contre les manifestations de masse qui font rage depuis presque six mois.
Par Dikang, Socialist Action (Hong Kong)
Le PCC craint les conséquences économiques, politiques et géopolitiques du lancement d’une opération de répression à Hong Kong par l’Armée populaire de libération (APL). Il ne voit là qu’une “solution finale” à éviter dans la mesure du possible et préfère donc utiliser les outils “internes” de Hong Kong, en élevant à des niveaux extrêmes la violence policière dirigée contre les manifestants, qu’il s’agisse des “radicaux” qui ont riposté aux attaques de la police avec des briques et des bombes à pétrole, ou encore des dizaines de milliers de manifestants pacifiques. Ces dernières ont à nouveau été mobilisées ces derniers jours par le biais d’appels urgents en ligne pour descendre dans la rue.
Les occupations d’université
Au cours de la semaine dernière, la lutte s’est concentrée sur les universités, dont six ont été occupées à un moment donné. Ces occupations étaient des actions défensives des étudiants visant à empêcher la police d’entrer sur les campus pour y procéder à des arrestations massives. La mort d’un étudiant de 22 ans, Chow Tsz-lok, le 8 novembre, a été le déclencheur de ce qui est devenu l’un des affrontements les plus graves de la lutte à ce jour. Chow est décédé des suites de blessures subies lors d’une opération de police dans un garage. Les circonstances de l’incident sont suspectes.
Alors que la colère des jeunes explosait, des appels ont été lancés en ligne sur les plateformes de messagerie – le principal centre d’organisation de la lutte – pour une “grève générale”. En réalité, il ne s’agissait pas d’une grève des travailleurs, mais d’une série d’actions directes de jeunes manifestants visant à saboter et à fermer des artères de circulation centrales, comme les tunnels et les ponts. Une grande partie de Hong Kong a été paralysée la semaine dernière, ce qui a causé la plus grave perturbation économique de la lutte jusqu’à présent. La bourse de Hong Kong a chuté de 5 % au cours de la semaine. Les écoles et les universités ont été fermées et elles le sont toujours.
De nombreuses universités sont situées à proximité des grands axes routiers ou ferroviaires et l’objectif des manifestants était de sécuriser les universités tout en perturbant au maximum les voies de transport à proximité. La réponse de la police a été de lancer des attaques inédites et lourdement armées avec des canons à eau, des véhicules blindés et “plus de tout”, c’est-à-dire plus de gaz lacrymogènes, plus de balles en caoutchouc, etc. sur les universités occupées afin d’éliminer les “sources” de la lutte.
L’action du gouvernement n’est pas de “rétablir l’État de droit” comme il le prétend, mais d’utiliser la terreur d’État pour réprimer les étudiants et les jeunes qui ont été l’épine dorsale de la lutte. Les autorités suivent le manuel de Tiananmen, avec une méthode moins mortelle jusqu’à présent, mais avec exactement le même objectif. Comme en juin 1989, l’objectif est de rétablir l’autorité de la dictature avec une démonstration écrasante de violence d’Etat pour dissuader ceux qui voudraient défier son pouvoir.
En une seule journée, dimanche dernier (17 novembre), alors que la police assiégeait l’Université polytechnique (Poly U), mille grenades lacrymogènes ont été tirées sur le campus. La police a également utilisé des grenades assourdissantes et certains officiers portaient pour la première fois des fusils d’assaut. Une déclaration de la police a averti que les munitions réelles pouvaient être utilisées à moins que les occupants ne se rendent. Les jeunes occupants ont affiché leurs dernières volontés sur les médias sociaux, car beaucoup s’attendent à un massacre, ce qui est toujours une terrible possibilité.
Les arrestations de masse
Le siège et l’occupation de la Poly U se poursuivent au moment de la rédaction du présent rapport, bien qu’il y ait encore beaucoup moins de manifestants à l’intérieur. Plus de 1.100 étudiants et leurs partisans ont été arrêtés sur une période de 24 heures. Des centaines de mineurs d’âge ont été libérés après avoir été enregistrés mais ils risquent de faire l’objet de graves accusations par la suite. Tous les jeunes de plus de 18 ans qui ont été arrêtés sont maintenant détenus dans le cadre de la plus grande arrestation massive du mouvement à ce jour. Plusieurs centaines de ces jeunes font face à des accusations d’émeutes.
Des images vidéo montrent des policiers en train de battre des étudiants arrêtés. De nombreux occupants ont subi des blessures graves, notamment une hyperthermie et des fractures osseuses, et 280 d’entre eux ont été hospitalisés. Pourtant, la police a refusé aux volontaires médicaux l’accès aux étudiants blessés, les menaçant de les traiter de la même manière que les “émeutiers”. Ce n’est que sous la pression croissante de l’opinion publique que la police a été forcée d’autoriser une équipe de la Croix-Rouge à entrer sur le campus de l’Université polytechnique.
Un noyau dur d’une centaine de jeunes refuse d’abandonner. La police a clairement indiqué que tous ceux qui sont arrêtés seront poursuivis pour émeute, ce qui entraîne une peine de 10 ans de prison. D’autres sont parvenus à s’échapper au cours d’évasions audacieuses et désespérées, en utilisant parfois des cordes pour descendre en rappel des ponts jusqu’à l’endroit où des “parents” (citoyens volontaires) les ont emmenés en voiture et en moto pour échapper à la police. Des dizaines de personnes se sont échappées par d’étroits tuyaux de drainage souterrains, à peine assez larges pour s’y faufiler, avant que la police ne découvre la pratique et bloque cette voie d’évacuation.
Des groupes de défense des droits humains et même des gouvernements étrangers (qui restent normalement silencieux) ont condamné la violence policière. Beaucoup de gens ont été stupéfaits et émus par ces scènes. Parents, politiciens et travailleurs sociaux, souvent en larmes, sont venus plaider et faire pression sur la police pour qu’elle lève le siège et permette aux jeunes de sortir indemnes.
Les tactiques de la jeunesse
‘‘Avant, je me demandais si les manifestants, ou ceux qui semblaient être des protestataires, avaient franchi une ligne rouge d’une quelconque manière. Mais maintenant, je comprends mieux pourquoi ils ont dû utiliser ces tactiques’’, a déclaré un père qui essayait de sauver sa fille de 17 ans de l’université Poly U. “Les cocktails Molotov qu’ils lancent visent principalement à créer une distance entre eux et la police”, a-t-il déclaré au New York Times.
“Je ne comprends pas pourquoi la police doit réprimer les étudiants de cette façon”, a déclaré à un journaliste du South China Morning Post une mère en larmes dont les deux filles sont coincées dans le campus. “Ça ne me dérange pas de mourir. Pourquoi devrions-nous rester à Hong Kong alors que nos enfants n’ont pas peur de la mort ?”
Le gouvernement estime – à tort selon nous – que les manifestants de première ligne ont perdu le soutien massif dont ils disposaient, ce qui leur donne l’occasion d’intensifier la répression et d’écraser le mouvement de protestation dès que possible. La stratégie du régime du PCC a consisté à créer délibérément le chaos par des mesures policières brutales – en interdisant les manifestations pacifiques, en provoquant une réaction violente chez les jeunes, en infiltrant les manifestations – pour tenter d’épuiser et de désintégrer le mouvement.
Mais la violence débridée de l’État a eu un grand retentissement dans l’opinion publique. A l’heure du déjeuner tous les jours pendant plus d’une semaine, des milliers de personnes ont participé à des barrages routiers et des manifestations dans le quartier central des affaires, pour la plupart des cols blancs et des employés du secteur financier. Beaucoup d’entre eux portaient des masques, ce qui était illégal jusqu’à hier en vertu d’une loi d’urgence qui a maintenant été rejetée par la Haute Cour.
Il y a une semaine, l’Université chinoise de Hong Kong a été le théâtre des affrontements les plus violents avec la police. Une bataille pour le contrôle d’un pont sur une grande autoroute a fait rage sans interruption pendant 30 heures. À ce moment-là, des milliers de personnes sont venues sur les lieux pour soutenir les manifestants. Lorsque, quelques jours plus tard, Poly U a été encerclée, des dizaines de milliers de personnes ont répondu aux appels en ligne pour “sauver les étudiants”, se précipitant vers les lignes de police près du campus et dans la zone voisine de Yau Tsim Mong pour essayer de distraire la police. Ces manifestations de solidarité se sont heurtées exactement à la même violence frénétique de la part de la police, qui a notamment lancé des bus à grande vitesse vers les manifestants. Ce sont des méthodes terroristes employées contre la population.
Depuis trois jours, des unités spéciales de police d’élite, connues sous le nom de “Raptors”, encerclent la Poly U, en permettant aux manifestants de ne sortir que par une issue pour se rendre, toutes les autres sorties étant soumises à de lourds bombardements de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Dans l’Université chinoise et l’Université polytechnique, une fois les occupations commencées, les manifestants ont commencé à organiser des cantines autogérées surnommées “Café Resistance”, des barricades de sécurité, la production en série de bombes à essence et de projectiles.
Le soutien aux manifestants parmi les couches importantes de la société et l’atmosphère pour “défendre” les étudiants repose sur la peur généralisée que le gouvernement et la police se préparent à une répression sanglante : une “version de Hong Kong du 4 juin” (date du massacre de 1989 à Pékin). Les rapports de première ligne de l’Université chinoise la semaine dernière, et maintenant de Poly U, confirment ces craintes. Un policier à l’extérieur de Poly U a dit à la mère en pleurs d’une jeune fille de 16 ans enfermée à l’intérieur : “Il n’y a aucune chance que cela se termine pacifiquement”.
Face à une force armée aussi extrême et écrasante, les étudiants ont utilisé des armes simples comme des bombes à essence, des catapultes et même des arcs pour tenter d’empêcher la police d’avancer, de prendre d’assaut les campus et de procéder à une arrestation massive.
L’auto-défense du mouvement
Alors que la police et certains médias font beaucoup de bruit au sujet de la violence des manifestants, le fait est qu’il s’agit de luttes défensives avec la police qui, dans tous les cas, est à l’origine de la violence. Il s’agit d’une lutte incroyablement unilatérale et, en tant que telle, malgré un niveau inspirant d’héroïsme et de sacrifice, ce n’est pas le fondement sur lequel une lutte réussie peut finalement être construite. La lutte a le droit de se défendre contre la brutalité policière. Mais pour qu’elle soit couronnée de succès, cette autodéfense doit être sous contrôle démocratique. Malheureusement, la lutte de masse jusqu’à présent n’a pas produit d’organisations de masse capables d’exercer un tel contrôle démocratique. Plutôt que d’être au centre de la lutte, toutes les questions de tactique “militaire” devraient être subordonnées à la question principale de la mobilisation et de la construction d’un mouvement organisé.
La police et certains médias accusent les jeunes d’être à l’origine de la violence. Ce n’est pas vrai. Les premières semaines du mouvement – avec des millions de manifestants en juin et en août – ont été largement pacifiques. Même le vandalisme de la chambre du Conseil législatif (Legco) en juillet n’a pas causé de blessures graves. C’était en grande partie le cas jusqu’à ces dernières semaines. Les bombes à pétrole n’ont été lancées qu’en août, lorsque le régime avait déjà commencé à interdire toutes les manifestations appelées par l’”aile pacifique” du mouvement : les politiciens pan-démocratiques et leurs alliés des ONG.
C’est l’État – la police de Hong Kong sous les ordres du PCC – qui, à chaque étape, a élevé le niveau de violence pour terroriser les masses et ainsi les soumettre. C’est la stratégie que l’Etat a choisie comme politique calculée pour provoquer d’abord une destruction massive et ensuite l’utiliser pour discréditer et isoler les jeunes.
La seule façon de déplacer l’accent de la lutte hors des affrontements physiques et du vandalisme – qui ne s’avéreront en fin de compte pas des méthodes efficaces contre une force de police militarisée bien entraînée – c’est une stratégie de mobilisation des masses et, surtout, de la classe ouvrière de Hong Kong afin qu’elle construise ses propres organisations. Ce sera le “ciment” politique qui permettra d’assurer le succès d’une lutte de masse.
La classe ouvrière est la clé
Les socialistes ne sont pas les seuls à comprendre que la classe ouvrière est la force décisive dans les grandes luttes politiques contre les régimes autoritaires. C’est la conclusion sans équivoque d’une étude récente d’universitaires norvégiens publiée dans le Washington Post (24 octobre 2019), qui portait sur les mouvements démocratiques de masse au cours des cent dernières années : “Dans une nouvelle étude, nous examinons systématiquement comment les citoyens ont cherché à promouvoir la démocratie dans environ 150 pays. Voilà ce que nous avons trouvé : Les travailleurs de l’industrie ont été des agents clés de la démocratisation et sont même plus importants que les classes moyennes urbaines. Quand les travailleurs de l’industrie mobilisent une opposition de masse contre une dictature, la démocratisation a de grandes chances de suivre.”
C’est la leçon que le mouvement de Hong Kong doit tirer s’il veut gagner.
La situation après les occupations universitaires est compliquée. Beaucoup d’étudiants ont l’impression d’avoir été vendus et abandonnés, ce qui cause de graves divisions parmi les jeunes militants. Cela souligne le fait que plus la lutte arrive à un moment critique – comme aujourd’hui – plus elle a besoin d’une organisation démocratique.
L’opposition de nombreux jeunes à un mouvement plus organisé et traditionnel découle du rôle passé de politiciens pan-démocratiques qui ont utilisé leur contrôle de la “scène politique” pour monopoliser la direction des manifestations. Les dirigeants pan-démocratiques ne voulaient pas que ces luttes se développent et se radicalisent, c’est pourquoi, dans la plupart des cas, ils ont stoppé les luttes avant qu’elles n’obtiennent des gains concrets. Mais rejeter les structures formelles et organisées au profit d’une lutte totalement décentralisée et informe ne protège pas contre le “hi-jacking” de quelques dirigeants autoproclamés, bien que cela ait aussi produit de nombreuses méthodes de protestation innovantes et ingénieuses.
Il faut une organisation de masse
La stratégie pour vaincre une dictature puissante et cruelle doit être formulée consciemment, par les représentants élus des masses et à travers le débat et la discussion sur les objectifs politiques. Les tactiques devraient toujours découler d’une ligne politique claire. Pour cette raison, le mouvement de Hong Kong a un besoin urgent de construire des structures démocratiques et une organisation réelle de masse. C’est pourquoi des comités démocratiques devraient être mis en place dans les écoles, les lieux de travail et les communautés locales.
Le PCC et le gouvernement de Carrie Lam préparent des attaques encore plus graves contre les droits démocratiques. L’Assemblée populaire nationale de Chine a déclaré la guerre à la Haute Cour de Hong Kong après sa décision cette semaine d’annuler la loi anti-masque de Carrie Lam. Si l’APN fait respecter sa position, elle émasculera complètement le système judiciaire indépendant de Hong Kong, qui est l’un des derniers éléments du principe “un pays, deux systèmes” qui existe encore. La loi anti-masque a été imposée en octobre parce que le gouvernement voulait tester le terrain pour une utilisation plus large de l’Emergency Regulations Ordnance de l’époque britannique. Il s’agit d’une “arme nucléaire” juridique ancienne et draconienne, utilisée pour la première fois en 1922 contre la grève historique des marins de Hong Kong, qui paralysa le territoire pendant plus d’un an et joua un rôle important dans l’émergence des organisations ouvrières en Chine dans les années 1920.
La dernière attaque de l’APN vise à davantage entraver le pouvoir judiciaire à Hong Kong. Les élections des conseils de district prévues pour dimanche (24 novembre) peuvent encore être annulées, sous prétexte des derniers affrontements. Ces élections à des conseils locaux plutôt insignifiants et impuissants sont considérées comme un référendum sur la lutte antigouvernementale et pourraient entraîner des pertes historiques pour les partis pro-Pékin.
En outre, sept législateurs pan-démocratiques risquent à présent d’être arrêtés à la suite d’une manifestation qui a eu lieu au siège du conseil législatif Legco il y a six mois. Cela ressemble au début d’une nouvelle tentative de transformer le Legco semi-élu en une forteresse du camp pro-PCC.
Il n’y a pas de retour en arrière possible pour la lutte initiée en juin. Mais pour aller de l’avant, il faut une nouvelle stratégie et surtout un appel organisé aux masses chinoises. Un appel aux masses chinoises exige une approche différente, amicale et politique. Nous voulons une lutte unie contre le règne brutal de Xi Jinping. Si la moitié de l’énergie investie par certaines sections du mouvement de protestation pour faire appel au Congrès américain (qui, nous le prédisons, n’apportera pas grand-chose) est investie dans des manifestations et des actions coordonnées pour appeler les travailleurs et les jeunes du continent à rejoindre notre lutte, cela pourrait représenter une renaissance explosive du mouvement de masse dans une direction qui terrifiera le PCC.
Des divisions dans la classe dirigeante
La cohésion interne de l’establishment capitaliste pro-Pékin a été sérieusement ébranlée. Récemment, l’ancien président du Conseil législatif Jasper Tsang Tsang Yok-sing a accordé une interview remarquablement franche à un sinologue français. Tsang a déclaré que le principal parti pro-gouvernemental, la DAB (Democratic Alliance for the Betterment and Progress of Hong Kong) avait déjà demandé à Carrie Lam d’accepter une commission indépendante pour enquêter sur la police – une des cinq demandes du mouvement. Bien que cela ait été favorablement accueilli par la majorité des dirigeants de l’establishment pro-Pékin, Carrie Lam a rejeté la proposition en invoquant le moral “fragile” des forces de police. La véritable raison est l’intransigeance du PCC et sa Quatrième réunion plénière pour intensifier la répression et préparer une répression brutale.
Les politiciens de l’establishment comme Tsang portent l’entière responsabilité de la crise actuelle. Ils ont appuyé la loi sur l’extradition et les purges, les arrestations et la répression contre le mouvement démocratique qui ont eu lieu au cours des trois dernières années. Mais maintenant, le camp de l’establishment est profondément divisé, beaucoup exhortant le gouvernement à faire des concessions pour désamorcer la colère générale. Ils craignent une instabilité permanente à Hong Kong, qui pourrait paralyser son statut de centre financier mondial autrefois très rentable.
Le PCC ordonne à Carrie Lam d’ignorer toutes ces idées de concessions. Son point de départ n’est pas ce qui se passe à Hong Kong, mais leur crainte que toute faiblesse à l’égard de Hong Kong ne provoque une instabilité encore plus grande en Chine continentale.
Construisons une véritable grève générale !
Il est plus important que jamais de se tourner vers la grève comme meilleur moyen d’organiser la résistance. Pour une véritable grève, nous devons nous baser sur les travailleurs, leur organisation et la construction de syndicats plus forts. Les manifestants de Hong Kong ont depuis longtemps en tête l’idée d’une grève, mais parce que la classe ouvrière ne dispose pas de syndicats de masse, elle n’a jusqu’à présent pas effectivement lancé une grève collective. Une grève doit être organisée, elle ne peut pas simplement “se produire”. Elle doit être enracinée dans les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers et pas seulement sur internet. Les applications de messagerie et les forums peuvent être un outil puissant, mais ils ne sont qu’un outil. L’organisation des travailleurs doit devenir une réalité physique en incitant tous les travailleurs à adhérer à un syndicat ou à en créer un.
Les congés de maladie et les jours de vacance ne remplacent pas l’action collective lancée par un syndicat contre la terreur blanche des patrons. Malheureusement, au cours des derniers mois, les dirigeants syndicaux officiels sont restés largement silencieux.
Pour organiser et diriger un tel mouvement, il faut créer des structures adéquates : des comités démocratiques où toutes les questions peuvent être débattues et votées. Il est beaucoup plus difficile pour la police et les agents du gouvernement d’infiltrer des réunions publiques et des comités démocratiquement élus que de s’insérer dans des forums en ligne et des foules anonymes afin de semer le chaos. Des structures organisées et ouvertes signifient que toutes les idées peuvent être remises en question et contrées par d’autres propositions et chacun déclare qui il est et quel groupe il représente.
Le Front civique des droits humains (le réseau pan-démocratique qui a lancé l’appel pour les manifestations historiques des 9 et 16 juin) a été mis de côté à la suite de l’interdiction des manifestations par la police. Il doit cependant montrer la voie dans cette situation et devrait annoncer une assemblée de masse d’une journée ouverte aux représentants des lieux de travail, des écoles et des groupes locaux pour discuter de la voie à suivre pour la lutte de masse et de la manière de résister aux projets des autorités pour une répression “du 4 juin” à Hong Kong.
Après plus de cinq mois de lutte de masse, de plus en plus de manifestants reconnaissent l’importance des organisations ouvrières. Dans de nombreuses industries, il est possible de commencer à organiser des syndicats, qui devraient ensuite se coordonner et assumer le rôle principal dans la lutte de masse.
– Organisons les syndicats et les comités de grève ! Préparons une véritable grève générale !
– Changeons le mode de lutte et faisons de la lutte ouvrière l’épine dorsale du mouvement !
– Cinq revendications et pas une de moins, mais ces revendications doivent aussi être élargies pour intégrer les besoins urgents de la classe ouvrière !
– Exportons la révolution en Chine pour une lutte de masse unie des travailleurs du continent et de Hong Kong pour vaincre la dictature du PCC !
– Démantelons le régime capitaliste antidémocratique de Hong Kong ! Remplaçons le Legco antidémocratique par une véritable Assemblée du peuple, basée sur le suffrage universel à l’âge de 16 ans, pour mettre en œuvre immédiatement des politiques en faveur de la classe ouvrière et briser le pouvoir économique des capitalistes ! -
Hong Kong : les locaux de Socialist Action cambriolés

Appel urgent à la solidarité !
Socialist Action, l’organisation qui regroupe les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong, a été victime d’un cambriolage. Aux petites heures du 17 octobre, six ordinateurs, des téléphones portables, trois cartes de crédit et divers objets personnels appartenant à des membres ont été volés. Au total, plus de 20.000 dollars de Hong Kong (environ 2.300 euros) ont été volés en espèces et par cartes de crédit. Deux camarades dormaient dans le bureau alors que le cambriolage prenait place vers 3 heures du matin. Les choses auraient encore pu être bien pire s’ils s’étaient réveillés et avaient dérangé les voleurs.
Par des correspondants de chinaworker.info
Les voleurs ont accédé au bureau du sixième étage par une fenêtre, ce qui a été rendu possible par les échafaudages temporaires actuellement posés à l’extérieur du bâtiment. Des précautions avaient pourtant été prises, nos camarades ayant rajouté des barreaux métalliques à toutes les fenêtres, ainsi que des caméras de sécurité à la porte d’entrée et à l’intérieur. Mais celles qui n’ont pas été désactivées par les voleurs couvraient la porte qui n’a pas été utilisée lors de l’effraction. Les voleurs ont pu pénétrer dans les lieux en enlevant un barreau de la fenêtre d’un débarras.
Ce cambriolage est un coup dur pour Socialist Action au moment d’un mouvement de masse historique contre le régime autoritaire qui dure déjà depuis quatre mois et demi. Dire que la pression sur les militants socialistes est élevée en ce moment serait un euphémisme. Hong Kong est à la merci d’un déchaînement effréné de violence policière et de répression. Les attaques au gaz lacrymogène et les passages à tabac sont quotidiens. Plus de 2.500 arrestations ont été effectuées depuis juin. Un état d’urgence a été de facto imposé par le gouvernement non élu de Carrie Lam, qui a qualifié les manifestants “d’émeutiers” et de “terroristes”. Depuis le mois d’août, la plupart des manifestations ont été interdites et sont violemment attaquées. Les membres de Socialist Action, tout comme beaucoup d’autres groupes et partis d’opposition, font face à une menace quotidienne de répression et d’arrestation ainsi qu’à d’éventuelles poursuites judiciaires pour avoir soutenu des “rassemblements illégaux” ou pour d’autres accusations politiques. L’utilisation croissante des « pouvoirs spéciaux » de l’époque britannique par le gouvernement pourrait bientôt entraîner la fermeture partielle d’Internet à Hong Kong, la censure de la presse et l’interdiction de publications, de nouvelles arrestations et des parodies de tribunaux.
La nature compliquée de cette lutte dans une société sans organisations de masse, sans partis politiques de la classe ouvrière et avec un mouvement syndical faible ou très timide et face à la dictature policière la plus puissante et la plus high-tech du monde a inévitablement produit un mouvement de masse aux caractéristiques contradictoires.
Ce mouvement combine une résistance de masse héroïque, une spontanéité inspiratrice et des méthodes d’action directe, côte à côte avec un manque de stratégie claire, un manque d’organisation et de nombreuses idées confuses. Le relatif changement de conscience pro-américain au sein d’une couche des masses en action constitue un exemple de cette confusion. Cela exprime une recherche de salut auprès de politiciens américains qui, pour la plupart, s’intéressent à leurs votes aux Etats-Unis plus qu’au soutien sincère à la lutte pour la démocratie. Ironiquement, la dictature chinoise encourage en partie ce changement pro-américain, car cela lui sert à « justifier » sa propre propagande sur les « forces étrangères hostiles » et parce qu’elle sait que cette voie ne représente aucune issue pour la lutte des masses.
Socialist Action – pour une alternative des travailleurs !
Socialist Action joue un rôle unique en militant constamment pour que le mouvement de masse change de direction, s’oriente vers l’organisation et les méthodes des travailleurs comme les grèves et les comités de grève démocratiques, s’oppose à l’impérialisme américain et chinois et cherche à étendre consciemment le mouvement de masse à la Chine continentale.
Socialist Action explique que cela ne peut se faire qu’en élargissant les “cinq revendications” du mouvement pour que le cahier de revendications intègre les besoins de la classe ouvrière et de la jeunesse (qui sont exigés avec la même force à Hong Kong et en Chine) pour un logement abordable, des emplois décents, la fin du travail d’esclave et des investissements publics massifs dans les services publics au lieu des projets d’infrastructure de prestige obscènes aux profits des magnats de l’immobilier capitalistes.
Nous appelons à une solidarité financière urgente de la part des militants pour la démocratie, des socialistes et des syndicalistes du monde entier. Pour récupérer les pertes dues à ce cambriolage et améliorer la sécurité des bureaux, Socialist Action doit collecter 70.000 dollars de Hong Kong (environ 8.000 euros). Nous devons le faire le plus rapidement possible pour éviter de perdre du temps au milieu de ce combat crucial qui constitue la lutte la plus importante que nous ayons jamais connue.
Sans le remplacement des six ordinateurs que nous avons perdus, nous ne sommes plus en mesure de continuer à produire les quatre éditions de notre magazine bimensuel (à Hong Kong, en Chine continentale, à Taiwan et en édition anglaise). Notre organisation quotidienne risque d’être fortement perturbée non seulement à Hong Kong, mais également dans l’important travail de solidarité que nous essayons de développer – dans des conditions clandestines – en Chine continentale.
Ce cambriolage souligne les problèmes et les pressions auxquels sont confrontés les militants socialistes à Hong Kong et en Chine alors qu’ils défendent une activité inlassable dans la lutte anti-autoritaire. Socialist Action est obligé de louer des locaux dans un quartier ouvrier pauvre où le taux de criminalité est élevé. Cela s’explique par les loyers extrêmement élevés qui sévissent à Hong Kong, la ville la plus chère du monde. Nous ne pouvons pas réclamer d’assurance pour ce vol parce que cela implique de porter plainte à la police, ce qui permettrait à cette dernière (qui terrorise toute l’opposition à Hong Kong) d’enquêter sur nos locaux et d’interroger notre personnel, en mettant ainsi davantage leur sécurité en danger. Par conséquent, nous ne pouvons nous tourner que vers nos camarades et sympathisants à travers le monde et au sein du mouvement ouvrier et pro-démocratique à Hong Kong, en Chine et ailleurs.
Voici les informations nécessaires pour nous envoyer un don. Chaque somme, petite ou grande, sera d’une grande aide pour permettre à Socialist Action de reprendre rapidement sa pleine vitesse.
Vous pouvez effectuer une donation directe via Go Fund Me.
Si vous êtes membre du CIO, discutez de cela lors de votre reunion de section. Les donations devraient être effectuées via les structures du CIO avec pour mention “Hong Kong Socialist Action”.
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Hong Kong: Actions de solidarité à travers le monde contre le licenciement des activistes
Le mercredi 2 octobre, des actions de solidarité ont eu lieu dans le monde entier pour exiger la réintégration de Nathan Leung, un membre du CIO licencié par le géant bancaire HSBC à Hong Kong en raison de son soutien au mouvement pro-démocratie et de son appel aux travailleurs des banques à se syndiquer dans un nouveau et véritable syndicat. Ces actions ont bien entendu également dénoncé la répression exercée par le gouvernement de Hong Kong et le régime chinois. Les grandes entreprises opérant à Hong Kong ont rejoint les autorités pour attaquer, intimider et licencier des militants comme Nathan.
Ce jour-là, des piquets de grève ont eu lieu devant les sièges et locaux de HSBC dans 16 pays sur tous les continents. De nombreuses photos de solidarité ont été prises et des messages de soutien ont été envoyés de différents pays. Parmi les temps forts de cette journée internationale d’action coordonnée par le CIO et par la campagne “Stop Repression in Hong Kong”, on peut citer une vidéo de représentants des travailleurs de Harland et Wolff, qui viennent de remporter leur lutte pour défendre leur emploi au chantier naval de Belfast (voir la vidéo ici) de même que les photos prises par des syndicalistes à Sana’a, au Yémen, en dépit des conditions extrêmement difficiles dans ce pays déchiré par la guerre, la faim et la pauvreté.
Le député irlandais Mick Barry a également enregistré cette vidéo de solidarité (cliquez ici).
Vous trouverez ci-dessous une courte sélection de photos de quelques rassemblements de solidarité à travers le monde.
Le CIO continuera de se tenir aux côtés de tous les travailleurs victimes de la répression des entreprises et de l’État, à Hong Kong comme ailleurs, et continuera de donner un plus large écho aux développements politiques historiques en cours à Hong Kong.
Galerie de photos (de haut en bas) : Thessalonique, Grèce ; Dublin, Irlande ; New York, États-Unis ; Le Cap, Afrique du Sud ; Limerick, Irlande ; Sanaa, Yémen ; Montréal, Québec ; Moscou, Russie ; Londres, Royaume-Uni ; Leicester, Royaume-Uni ; Gand, Belgique ; Krakow, Pologne.












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Une loi d’urgence répressive adoptée à Hong Kong

La nouvelle loi anti-masques représente une attaque fondamentale contre le droit démocratique de manifester. Une nouvelle étape dramatique a été franchie par l’État autoritaire de Hong Kong. Le gouvernement de Carrie Lam s’engage dans la tactique visant à peu à peu imposer diverses lois d’urgence (en vertu de lois datant de l’époque coloniale britannique) dans l’espoir de “faire lentement bouillir la grenouille”. Il est clair que des lois plus répressives se préparent et que la loi anti-masque a valeur de test.
Déclaration de Socialist Action (CIO-Hong Kong)
- La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).
La plupart des manifestants portent des masques pour se défendre contre la machine d’État qui possède la technologie de reconnaissance faciale la plus avancée au monde. Ces masques ne seraient pas nécessaires si la société n’était pas gouvernée par une dictature maléfique. Mais nous sommes à Hong Kong en 2019. Des travailleurs et des syndicalistes sont licenciés pour avoir participé à des grèves ou simplement pour avoir critiqué le gouvernement. Notre droit de nous défendre contre un tel Etat et un tel système est donc incontestable.
Pourquoi le gouvernement n’interdit-il pas les gaz lacrymogènes s’il veut que les gens cessent de porter des masques ? Pourquoi ne freine-t-il pas la police ? Parce que la dictature du PCC exige de la police qu’elle recourt à une violence toujours plus dangereuse comme démonstration de force du régime chinois. Elle exige que la police ne soit jamais démasquée, ne fasse jamais l’objet d’une enquête et ne soit tenue responsable d’aucun de ses crimes. La brutalité policière sans cesse plus grave représente la vengeance de la dictature face à l’humiliation qu’elle a subie. Elle s’est révélée incapable de maîtriser des manifestations de masse qui durent maintenant depuis quatre mois.
Le gouvernement justifie son interdiction en se servant de pays “démocratiques” comme la France où le port de masques est également interdit. Et bien honte aussi à ces gouvernements ! À Hong Kong, il est évident que cette politique vise à davantage renforcer le caractère policier d’un État hors de contrôle qui n’hésite pas à tirer à balles réelles de même qu’à affaiblir davantage le droit de manifester. Mais cette mesure n’est pas destinée à être couronnée de succès.
Les masses doivent défier cette loi autoritaire, tout comme nous devons défier l’interdiction des manifestations par la police. La défense de nos droits démocratiques exige une action collective de masse et non des actes individuels qui dissipent la résistance. La réponse populaire devrait être : “que tout le monde se masque” !
Le but de l’interdiction des masques est clairement de tenter de diviser le mouvement en isolant la jeunesse combattive. Pour y répondre, il faut collectivement décider d’une riposte qui soit un défi de masse. Cela démontre la nécessité d’une plus grande organisation des manifestations de masse, par le biais de comités d’action démocratiques. L’approche décentralisée et spontanée qui caractérise les protestations depuis 4 mois est compréhensible au regard de la méfiance vis-à-vis de la faiblesse des dirigeants pan-démocratiques, mais cela atteint l’impasse.
La clé pour la victoire réside dans une meilleure organisation reposant sur une orientation envers les lieux de travail et les écoles, sur la création de comités de grève et sur la préparation d’une véritable grève générale visant à paralyser l’économie. Parallèlement, il faut lancer un appel aux masses chinoises continentales pour mener une lutte commune contre la dictature.
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Journée internationale d’action et de solidarité avec un gréviste licencié à Hong Kong

Action de protestation à la Chambre de commerce de Hong Kong à Bruxelles. Nathan Leung Lai Pong, membre de Socialist Action (notre organisation sœur à Hong Kong), a travaillé en tant que collaborateur externe pour HSBC, une des plus grandes banques au monde. Il a récemment été renvoyé en raison de sa participation à la grève générale du 3 septembre et de son appel à la création d’un syndicat démocratique dans le secteur bancaire.
- La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).
Le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière, organisation internationale à laquelle le PSL est affiliée) exige que la banque HSBC revienne sur ce licenciement scandaleux qui s’inscrit clairement dans le cadre d’une campagne de persécution des travailleurs à Hong Kong. Les autorités de Hong Kong et les grandes entreprises cherchent à s’en prendre au mouvement de masse pour la démocratie actuellement en cours.
Les grandes entreprises profitent de la répression du mouvement de protestation par le gouvernement local et le régime chinois pour saper les droits des travailleurs sur leur lieu de travail. Elles craignent que cette lutte de masse n’inspire les travailleurs à se radicaliser et à s’organiser plus efficacement pour se défendre contre leurs patrons.
Le cas de Nathan est symptomatique de la politique des grandes entreprises à Hong Kong. Nous devons riposter par la solidarité des travailleurs, des activistes, des syndicalistes et des défenseurs des droits humains. « Maintenant que la dictature chinoise contrôle directement Hong Kong, non seulement la liberté d’expression et les droits syndicaux du personnel de HSBC, mais aussi ceux de tous les travailleurs de Hong Kong seront encore plus menacés », a déclaré Nathan. « Nous devons nous organiser ensemble et nous opposer à la répression combinée de l’Etat chinois et des grandes entreprises. »
En collaboration avec la campagne “Stop Repression in Hong Kong”, le CIO organisait hier des actions aux sièges de HSBC et d’autres endroits. Il y a ainsi eu des actions de solidarité à New York, Vancouver, Montréal, Londres, Manchester, Berlin, Bruxelles, Gand, Vienne, Athènes, Thessalonique, Sana’a, Cracovie, Dublin, Stockholm, Taipei,… Nous exprimons notre solidarité pleine et entière avec Nathan et toutes les victimes de la persécution politique à Hong Kong. Nous nous opposons bien entendu à l’attitude antisyndicale de HSBC et du régime chinois. Nous soutenons la lutte des travailleurs et des jeunes en défense de leurs droits démocratiques et de leur droit à un meilleur à Hong Kong et en Chine.
Celui qui s’attaque à l’un de nous, s’attaque à nous tous ! Vive la solidarité internationale !
- En savoir plus : Hong Kong. Un syndicaliste du géant bancaire HSBC licencié après une grève
Ci-dessous : photos de solidarité prises à Liège (au dessus) et à Gand (en dessous) à l’occasion de réunions des Etudiants de Gauche Actifs (EGA)


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Mobilisation inédite contre la dictature chinoise à Hong Kong : entretien avec un activiste socialiste

Le mouvement de protestation à Hong Kong dure depuis des mois. Jamais un mouvement social n’y a eu une telle ampleur. Les manifestations ont atteint jusque 2 millions de personnes et 350.000 travailleurs ont participé à deux grèves générales de 24 heures. Cette colère affronte la destruction des droits démocratiques à Hong Kong, la dictature du Parti ‘‘communiste’’ chinois et la répression policière. Les manifestants réclament des élections démocratiques au lieu du système actuel qui permet à 1.200 millionnaires et dignitaires de choisir le gouvernement. Les concessions limitées accordées par Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, n’ont pas suffi à arrêter le mouvement. Nous en avons parlé avec Simon, de Socialist Action, notre organisation-sœur à Hong Kong activement impliquée dans ces protestations.
Propos recueillis par Sander (Termonde)
- La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).
Quelle est la composition sociale du mouvement pro-démocratie à Hong Kong ? Y a-t-il beaucoup de travailleurs impliqués ? Sont-ils représentés par leurs syndicats ?
‘‘Le noyau actif du mouvement se compose principalement de jeunes issus de la classe ouvrière et de la classe moyenne, y compris des écoliers et des étudiants. On trouve aussi beaucoup de travailleurs âgés dans les rues pour protéger les jeunes et protester contre la répression policière brutale.
‘‘Malheureusement, la classe ouvrière ne participe pas au mouvement en tant que classe consciente d’elle-même. Elle n’est pas organisée sous la forme de syndicats et de partis. Le mouvement se caractérise, entre autres, par l’absence de dirigeants ou d’organisations ; en partie parce que le syndicat pro-démocratie (HKCTU) refuse d’organiser les travailleurs au sein de ce mouvement. Il y a eu deux grèves générales contre le régime autoritaire et la répression policière, mais toutes deux ont été lancées à partir des réseaux sociaux. L’ampleur du mouvement a forcé le HKCTU à finalement soutenir les grèves générales, mais la fédération syndicale n’a pas organisé la grève sur les lieux de travail. La direction syndicale n’a fait aucune distinction entre cette grève et les manifestations ordinaires. La plupart des grévistes n’étaient pas organisés en syndicat.
‘‘La HKCTU compte 190.000 membres, soit environ 5% de la population active. Le nombre de syndicalistes est extrêmement faible, surtout si l’on exclut la HKFTU, le «faux» syndicat pro-gouvernemental. La direction de ce dernier suit principalement la ligne politique basée sur le compromis des partis bourgeois du camp démocratique, les ‘‘pan-démocrates’’. Les ‘‘dirigeants’’ pan-démocrates craignent qu’un mouvement de masse militant ne les empêche de conclure des accords avec le régime chinois. Nous pensons que négocier des réformes démocratiques avec un régime dictatorial est inutile.’’
La pauvreté est impressionnante à Hong Kong. Beaucoup de jeunes n’ont pas les moyens d’acheter leur propre logement, même s’il ne fait que quatre mètres carrés. Le célèbre économiste néolibéral Milton Friedman qualifiait Hong Kong ‘‘d’expérience néolibérale parfaite’’. Pourquoi donc cette économie ne peut-elle offrir aux gens un logement et des salaires décents ?
‘‘C’est précisément parce que Hong Kong est ‘‘parfaitement néolibéral’’ que le malaise économique est si important. Cela joue un rôle crucial dans le mouvement de masse actuel. Une petite élite d’oligarques domine l’économie de la ville. Le régime autoritaire protège et maximise les profits des grandes entreprises sur le dos de la population active, dont les conditions de travail et de vie sont de plus en plus mauvaises, comme en Chine.
‘‘Les prix des logements ont explosés, surtout depuis 1997, année où Hong Kong a été rétrocédée du Royaume-Uni à la Chine. L’inégalité est particulièrement grande. Le ‘‘coefficient de Gini’’ (qui mesure l’inégalité) de Hong Kong est de 0,539, au neuvième rang après les pays d’Afrique subsaharienne ou de petits pays insulaires. Le malaise à Hong Kong est bien résumé par de jeunes militants qui utilisent le slogan ‘‘pas d’argent, pas d’appartement, pas de démocratie’’.
‘‘L’inégalité sociale résulte d’une politique qui sert uniquement les intérêts des grandes entreprises. Ces dernières dominent le Legco, le ‘‘parlement’’ antidémocratique de Hong Kong. Malheureusement, les principaux partis d’opposition, les partis pan-démocrates, ne sont pas prêts s’opposer au capitalisme. A cela s’ajoute encore la faiblesse historique du mouvement ouvrier à Hong Kong.’’
Les manifestations se poursuivent depuis plus de cinq ans maintenant. Des comparaisons sont régulièrement faites avec le Mouvement des parapluies de 2014. Les circonstances actuelles sont-elles différentes de celles à l’époque ? Il semble qu’il y ait une plus grande prise de conscience de la nature antidémocratique du gouvernement de Hong Kong et du fait que Pékin est le réel maître. Parallèlement, les militants ne semblent pas disposés à mieux organiser et structurer la mobilisation. Pourquoi donc ?
‘‘Les différences sont nombreuses entre les manifestations actuelles et le Mouvement des parapluies de 2014. L’aversion des militants envers toute forme d’organisation joue désormais un rôle encore plus important. Les expériences de 2014 et les précédentes jouent un rôle à cet égard. Les activistes s’opposent à l’utilisation de la ‘‘méthode du podium central’’, qui fait référence à la manière dont les pan-démocrates tentent de contrôler les mouvements de masse. Les pan-démocrates organisent des étapes lors des grandes journées d’action où seuls leurs porte-paroles prennent la parole. Il est normal qu’il y ait une méfiance à l’égard de ces méthodes bureaucratiques.
‘‘Les pan-démocrates ont largement été mis à l’écart par les activistes, ce qui explique pourquoi ce mouvement dure depuis si longtemps et est tellement massif. L’aversion à l’égard des ‘‘dirigeants’’ et des organisations ne vise pas seulement l’absence de direction, mais aussi l’organisation du mouvement lui-même. Cela crée des obstacles pour de nouveaux progrès.
‘‘Les révolutionnaires socialistes sont les seuls à défendre l’organisation démocratique du mouvement avec la classe ouvrière comme épine dorsale. Une direction démocratiquement élue peut donner au mouvement une orientation et un programme clairs pour arracher des victoires. La spontanéité qui a fait avancer le mouvement dans une première phase a épuisé son potentiel.
‘‘Contrairement à il y a cinq ans, les travailleurs ont utilisé l’arme de la grève politique. Une première en cent ans ! Et nous y avons contribué : Socialist Action a été la première organisation à défendre l’idée d’une grève politique. Ces grèves constituent un jalon dans la lutte pour la démocratie à Hong Kong, mais des difficultés restent bien entendu présentes. Les pan-démocrates, y compris la fédération syndicale HKCTU, ne sont pas parvenu à diriger le mouvement de grèves. Mais malheureusement, Socialist Action a été la seule organisation à défendre la création de comités de grève et la création de syndicats là où ils ne sont pas encore présents. De cette façon, nous pourrions construire de nouvelles grèves générales.
‘‘Il y a eu une répression contre les travailleurs impliqué dans ce mouvement. Par exemple, Nathan Leung, un employé de la banque HSBC, a été licencié pour avoir tenté de créer un syndicat. Une campagne internationale est actuellement en cours contre le licenciement de Nathan, par ailleurs également membre de Socialist Action, dans le cadre d’une campagne plus large contre la répression exercée contre les travailleurs impliqués dans le mouvement. Cette répression est une tactique consciente du gouvernement pour affaiblir le mouvement et, en particulier, pour empêcher le développement des syndicats.’’
Si les mobilisations restent isolées de la Chine, la défaite menace. Qu’en est-il des tentatives d’entrer en contact avec les travailleurs chinois par le biais des médias sociaux ou d’autres canaux ?
‘‘Le mouvement ne peut gagner que s’il entretient des liens avec les travailleurs et les jeunes en Chine. C’est là-dessus que nous concentrons notre propagande, dans nos campagnes sur les médias sociaux et dans la rue. Début juillet, une manifestation a eu lieu dans le but d’informer les touristes chinois qui, chez eux, n’entendent que les mensonges du Parti «communiste» chinois (PCC). C’était un bon point de départ, mais malheureusement l’initiative n’a pas été prise au sérieux par de nombreux militants. C’est compréhensible : c’était la première fois que le mouvement essayait cela et la plupart des jeunes ne savent pas comment obtenir un soutien en Chine.
‘‘Notre organisation, Socialist Action, est active dans trois pays (Chine, Hong Kong et Taïwan). Nous comprenons l’importance de relier les luttes de masse à Hong Kong et en Chine. L’une de nos tâches principales est de sensibiliser les travailleurs et les jeunes à la manière et aux raisons pour lesquelles nous pouvons construire cette unité.’’
• Tenez-vous au courant de la lutte de Hongkong via chinaworker.info
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Hong Kong. Un syndicaliste du géant bancaire HSBC licencié après une grève
Nathan Leung, membre du CIO à Hong Kong, victime du géant bancaire HSBC – Un licenciement pour avoir participé à la grève générale de septembreSocialist Action, CIO Hong Kong
Hong Kong fait face à une vague de “terreur blanche” des entreprises – licenciements, espionnage et intimidation – contre les travailleurs et les syndicalistes qui expriment leur soutien au mouvement de protestation de masse actuellement en cours. Nathan Leung Lai Pong, membre de Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) et employé de HSBC, a été licencié le 5 septembre après avoir participé à la grève générale contre le gouvernement deux jours auparavant et avoir accordé différentes interviews aux médias au sujet de la nécessité de créer un syndicat des employés de banque.
HSBC est la plus grande banque d’Europe et la cinquième au monde, bien que les quatre cinquièmes de son activité soient réalisés en Chine et en Asie. L’entreprise s’est étroitement intégrée à la dictature chinoise, l’assureur public Ping An étant désormais le plus grand actionnaire individuel de HSBC.
Ces dernières semaines, les entreprises de Hong Kong ont été encouragées par le régime chinois à s’en prendre aux syndicats et aux travailleurs qui ont participé aux manifestations, aux grèves générales (deux depuis le 5 août) et même pour avoir exprimé leur soutien au mouvement sur les médias sociaux. Cela montre les liens étroits qui existent entre les grandes entreprises de Hong Kong et le régime autoritaire. HSBC et de nombreuses autres grandes entreprises ont publié des annonces dans des journaux pour condamner les manifestations. Cela reflète les craintes des capitalistes que les syndicats, traditionnellement faibles de Hong Kong, puissent être renforcés et radicalisés à la suite des manifestations de masse actuelles.
Un ralentissement économique mondial s’annonce, ce qui ouvre la perspective de licenciements, de réductions de salaires et d’une plus grande austérité. En août, HSBC a annoncé 4.000 suppressions d’emplois dans son effectif mondial. Les entreprises de Hong Kong profitent de la répression actuelle du régime contre le mouvement de protestation de masse pour attaquer et affaiblir les syndicats. Cela se voit clairement dans l’industrie du transport aérien où au moins 20 travailleurs ont été licenciés au cours des dernières semaines, dont le dirigeant de l’un des plus grands syndicats d’agents de bord.
Le CIO et la campagne Stop Repression in Hong Kong lancent un appel aux protestations internationales contre HSBC le 2 octobre en solidarité avec Nathan Leung. Nous exhortons les syndicats, les organisations de gauche et les mouvements sociaux à se joindre aux manifestations et à contacter HSBC ainsi que les médias locaux afin de protester fermement contre les attaques envers les droits syndicaux et démocratiques à Hong Kong.
Nous vous invitons à prendre des photos de solidarité avec les affiches suivantes et à nous le envoyer à redaction@socialisme.be
Non à la répression de HSBC contre un syndicaliste de Hong Kong !
Réintégrez immédiatement Nathan Leung Lai Pong ! Non aux attaques antisyndicales !
“Je m’appelle Nathan Leung et je travaille en sous-traitance au sein de l’équipe du service clients de HSBC à Hong Kong. J’ai été licencié parce que j’ai participé à la grève générale du 3 septembre, dans le cadre des manifestations de masse contre le régime autoritaire et la brutalité policière à Hong Kong. Je participe activement à une campagne pour la création d’un syndicat dans le secteur bancaire et j’ai reçu le soutien et l’attention des médias lors de la grève.
“Les grandes entreprises de Hong Kong tentent de priver les travailleurs du droit de grève et de participer aux manifestations de masse historiques, des cas de licenciements similaires existent chez Cathay Pacific et d’autres compagnies aériennes.
“Deux jours après la grève générale, la société d’externalisation de la main-d’œuvre au service de HSBC m’a dit que HSBC avait décidé de me licencier au motif qu’elle ne permettait pas à son personnel de révéler qu’il travaille pour HSBC lorsqu’il participait à des activités politiques. C’est une pratique absurde et antidémocratique pour plusieurs raisons. HSBC est l’une des plus grandes entreprises et l’un des plus grands employeurs du secteur financier à Hong Kong ; ses relations avec le régime chinois et le gouvernement local de Hong Kong sont donc d’intérêt public dans les manifestations de masse actuelles.
“Il est également impossible de ne pas mentionner l’entreprise pour laquelle on travaille dans le cadre du processus de création d’un syndicat. Il est clair que, dans le contexte du mouvement de protestation actuel, mon licenciement s’inscrit dans le cadre d’une répression plus large contre les syndicats ainsi que contre la liberté d’expression et la liberté d’association inscrites dans les lois de Hong Kong.
“La société d’externalisation de la main-d’œuvre m’a proposé un autre poste à condition que je ne proteste pas contre cette décision de HSBC et que je ne fasse pas davantage mention de HSBC et de ses actions envers moi. C’était inacceptable, car il s’agissait d’un ordre signifiant mon consentement face à cette violation antidémocratique de mon droit de créer un syndicat et de participer à des manifestations légales et pacifiques. Je refuse de l’accepter et j’ai plutôt l’intention de continuer à travailler à la création d’un syndicat démocratique des travailleurs du secteur bancaire et financier à Hong Kong pour défendre nos droits, y compris le droit à la liberté d’expression.
“HSBC, comme d’autres grandes entreprises de Hong Kong, s’est soumise à maintes reprises à la dictature chinoise sous sa pression économique et politique. Par exemple, sous la pression du Bureau de liaison chinois à Hong Kong, la banque a décidé de cesser de placer des publicités auprès d’un groupe de médias allié à l’opposition démocratique. Depuis le début du mouvement de masse pro-démocratie en juin, le régime chinois a renforcé ses liens avec HSBC. En août, l’entreprise publique chinoise Ping An Insurance est devenue le principal actionnaire de HSBC. Peu de temps après, trois cadres supérieurs ont démissionné et HSBC a publié des annonces pro-gouvernementales dans les journaux, accusant les manifestants de Hong Kong d’être responsable de “violence et de nuire à l’ordre social”. HSBC s’est complètement engagé contre le mouvement démocratique de Hong Kong. Aujourd’hui, surtout depuis le mois d’août, nous assistons à une vague de terreur blanche de la part de plusieurs grandes entreprises à Hong Kong. Des travailleurs et des syndicalistes sont espionnés, menacés et sanctionnés. Il y a eu des dizaines de licenciements pour avoir soutenu les manifestations anti-gouvernementales.
“Avec la dictature chinoise contrôlant directement Hong Kong, la liberté d’expression et les droits syndicaux non seulement des travailleurs de HSBC mais de tous les travailleurs de Hong Kong seront encore plus menacés. Nous devons nous organiser et résister ensemble contre la répression combinée de l’État chinois et des grandes entreprises.
“Je continuerai à m’organiser pour créer un syndicat du secteur financier et bancaire et à protester contre le rôle antisyndical de HSBC. J’espère obtenir le soutien d’autres militants syndicaux et travailleurs à Hong Kong et dans le monde, y compris par des manifestations de solidarité internationale pour soutenir la lutte en faveur de syndicats démocratiques à Hong Kong et en Chine”.
Tous les travailleurs du secteur financier et bancaire sont les bienvenus pour nous aider à construire le syndicat. Veuillez contacter Nathan :
Telegram: @@Na_un_str
Téléphone : 62268474Voici un modèle de résolution pour les sections syndicales :
A envoyer à (traduction ci-dessous) :
- sustainable.finance@hsbc.com
- hsbchk.social@hsbc.com.hk
- financebankingunion@gmail.com
“We wish to protest at the victimisation of Hong Kong bank worker and activist Nathan Leung Lai Pong by HSBC in Hong Kong. Nathan Leung is one of dozens of Hong Kong workers and trade unionists who have been targeted in a campaign of repression and victimisation since the first, 5 August, general strike against the government as part of Hong Kong’s summer-long mass protest movement.
“This movement demands democratic rights, an investigation of unprecedented police brutality, and democratic elections to replace the current system in which only 1,200 millionaires and VIPs ‘elect’ the government. It is natural that trade unions and labour organisations around the world, which have always stood to the fore in winning democratic rights and resisting tyranny, should support and show full solidarity with this struggle. These are the biggest protests ever in Hong Kong, with up to two million joining marches and over 350,000 workers taking part in two one-day general strikes.
“We call for the immediate reinstatement of Nathan Leung Lai Pong and all other workers and union activists who have been dismissed for political reasons, and for companies like HSBC to immediately stop their anti-union and anti-democratic practises in Hong Kong.”
“Nous souhaitons protester contre la victimisation de Nathan Leung Lai Pong, employé de banque et activiste de Hong Kong, par HSBC à Hong Kong. Nathan Leung fait partie des dizaines de travailleurs et de syndicalistes de Hong Kong qui ont été la cible d’une campagne de répression et de victimisation depuis la première grève générale contre le gouvernement, le 5 août, dans le cadre du mouvement de protestation de masse de cet été à Hong Kong.
“Ce mouvement exige des droits démocratiques, une enquête sur une brutalité policière sans précédent et des élections démocratiques pour remplacer le système actuel, dans lequel seulement 1.200 millionnaires et VIP “élisent” le gouvernement. Il est naturel que les syndicats et les organisations syndicales du monde entier, qui ont toujours été à l’avant-garde dans la conquête des droits démocratiques et la résistance à la tyrannie, soutiennent cette lutte et fassent preuve d’une solidarité totale. Il s’agit des plus grandes manifestations jamais organisées à Hong Kong, avec jusqu’à deux millions de manifestants et plus de 350.000 travailleurs qui ont participé à deux grèves générales d’une journée.
“Nous exigeons la réintégration immédiate de Nathan Leung Lai Pong et de tous les autres travailleurs et militants syndicaux qui ont été licenciés pour des raisons politiques, ainsi que l’arrêt immédiat des pratiques antisyndicales et antidémocratiques de sociétés comme HSBC à Hong Kong.
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Hong Kong : Appel à la solidarité syndicale !

Rebecca Sy On-na, responsable syndicale de 2.000 agents de bord de la compagnie aérienne Cathay Dragon a été congédiée sans explication. 14 employés de compagnies aériennes ont été licenciés ou ont démissionné à mesure que la purge lancée par les autorités s’élargit. Ces dernières veulent imposer le silence à un groupe crucial et puissant de travailleurs qui – comme nous tous – sympathisent avec les manifestations anti-autoritaires de masse à Hong Kong.
Par chinaworker.info
Il s’agit du début d’une offensive visant à se venger de la grève générale du 5 août et de l’occupation – brève mais réussie – de l’aéroport (une action menée en indépendance des syndicats). Cela avait permis d’imposer des coûts énormes aux entreprises qui soutiennent la ligne gouvernementale.
La direction de Cathay, qui fait partie du groupe milliardaire Swire, a démontré qu’elle est un outil politique de la dictature chinoise du PCC pour réprimer les manifestations de masse. Elle s’attaque désormais directement aux syndicats pour détruire l’un des plus organisés et potentiellement puissants de Hong Kong. La confédération des syndicats de Hong Kong HKCTU doit réagir dès maintenant en lançant un appel clair à la grève et aux grèves de solidarité des autres secteurs. Contester judiciairement ces attaques ne représente qu’une arme limitée pour les organisations de travailleurs. La plus grande erreur serait de laisser cette offensive se poursuivre, sans réponse, jusqu’à ce que la situation se soit calmée. Le meilleur moment pour agir est MAINTENANT alors que toute la population est déjà mobilisée.
A l’étranger, lançons un appel pour le plus de messages de solidarité syndicale possible : dirigeants syndicaux, membres d’exécutif, délégués, en particulier des compagnies aériennes et du secteur des transports.
Les syndicats peuvent envoyer leurs messages de solidarité à :
- HK Confederation of Trade Unions : hkctu@hkctu.org.hk
- Cathay Dragon Flight Attendants Union : info@kafaa.org.hk
- Avec copie à cwi.china@protonmail.com
Vous pouvez poster vos rapports d’action de solidarité sur la page facebook de Socialist Action
- Article du South China Morning Post : Sacked Cathay Dragon union leader says company asked about Facebook posts before firing her