Your cart is currently empty!
Tag: Hong Kong
-
Hong Kong. Les bureaux de Socialist Action cambriolés
Une motivation politique n’est pas à exclure
Ce mardi 6 décembre, les bureaux de Socialist Action et de l’organisation du CIO en Chine, chinaworker.info, situés à Mong Kok (Hong Kong) ont été victimes d’une effraction.
Par des correspondants de Socialist Action, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) à Honk Kong.
Les ordinateurs ont été volés de même que de l’argent, pour une valeur de plus de 50.000 HK $ (soit environ 6.000 euros). Les voleurs sont entrés en brisant une porte, un crime extrêmement rare dans ce quartier où vivent en majorité des familles très pauvres dans de petites unités subdivisées. Le crime a eu lieu en pleine journée alors que les locaux, qui servent également de logement, étaient exceptionnellement vides. Les voleurs ont également renversés diverses caisses et piles de documents avant d’inonder le sol.
“Nous pensons qu’il ne s’agit pas seulement d’un vol criminel, mais peut-être bien de quelque chose de plus sinistre encore”, a déclaré Sally Tang Mei-ching, présidente de Socialist Action à Hong Kong. “Nous ne pouvons pas exclure que ce soit une attaque politique – l’activité clandestine des forces de sécurité chinoises a augmenté cette année à Hong Kong. Nous avons perdu plusieurs dossiers dont d’importantes archives politiques de nos articles et publications. Ceux-ci ont été endommagés lorsque les cambrioleurs ont ouvert tous les robinets afin de délibérément provoquer l’inondation des lieux avant de partir.”

Sally Tang Mei-ching, présidente de Socialist Action à Hong Kong “Il semble très probable qu’il s’agisse d’une attaque motivée par des mobiles politiques, peut-être perpétrée par les forces de sécurité de Chine continentale ou commanditées par elles. Pourquoi les voleurs ont-ils emporté tous les ordinateurs qui sont ensemble assez lourds à transporter alors qu’ils ne valent pas beaucoup s’ils sont revendus? Un ordinateur était vraiment daté, mais il a tout de même été dérobé. Il ne pouvait avoir de valeur que si l’on voulait vérifier les informations qu’il stockait. L’acte d’inondation est également très suspect – il ne semble pas être le fait de criminels ordinaires seulement motivés par l’argent. Il semble que les cambrioleurs aient voulu nous faire autant de dégâts que possible », explique Sally Tang Mei-ching.
L’endroit est utilisé par les camarades de Socialist Action, mais aussi à l’occasion par des dissidents de Chine continentale. Il est également utilisé comme salle de réunion et centre de ressources pour des activistes réfugiés. Le CIO est une organisation juridique à Hong Kong (Socialist Action) mais elle est interdite en Chine continentale puisqu’elle appelle au renversement de la dictature. Ses membres sont donc victimes de persécutions et d’arrestations. La répression a nettement augmenté en 2016.
Mong Kok est un quartier populaire de Hong Kong et le bâtiment est très vieux. Les voisins affirment qu’il n’y a pas eu de cambriolage dans cette maison depuis vingt ans.
«Les compagnies d’assurance ont refusé de nous assurer parce que le bâtiment est très vieux, les biens et l’argent volés n’étaient donc pas assurés», explique Sally Tang Mei-ching. «Certains ordinateurs appartenaient aux bénévoles qui contribuent à la production de notre magazine et de notre site Web.»
Un appel financier a été lancé par crowd-funding intitulé «Defend Hong Kong and China Socialists». Il nous faut réunir au moins 6,500 dollars américains (environ 6.100 euros) pour récupérer les pertes liées à cette effraction. Le remplacement des ordinateurs et des équipements électroniques représente à lui seul au moins 3.900 dollars. D’autres mesures sont nécessaires telles qu’installer des portes et des serrures plus puissantes ainsi que mettre à niveau les caméras de sécurité. Les dégâts causés par les inondations s’élèvent également à plusieurs milliers de dollars.«Nous voulons que nos bureaux soient à nouveau fonctionnels le plus rapidement possible», explique Sally. «C’est très important pour la lutte contre le gouvernement non démocratique de Hong Kong, qui est entré dans une phase critique avec l’instauration d’une large purge visant à disqualifier des législateurs élus, parmi lesquels l’élu de gauche ‘Long Hair’ Leung Kwok-hung. Nous devons également réagir face aux nouvelles mesures répressives du régime chinois. Nous ne voulons pas perdre de temps, mais malheureusement, nous ne pouvons actuellement même pas payer notre loyer.
Nous lançons donc un appel aux donations de la part de socialistes, de militants de la démocratie et de sympathisants à Hong Kong, en Chine et à l’étranger. Envoyez votre don à travers notre page ‘Defend Hong Kong and China Socialists’.
Socialist Action
Socialist Action a été fondée à Hong Kong en 2010. L’organisation lutte pour la démocratie immédiate et complète à Hong Kong et en Chine ainsi que pour une alternative socialiste contre le règne antidémocratique des magnats capitalistes. Socialist Action est une force active dans la lutte contre le racisme et le sexisme, pour les droits des travailleurs et des personnes âgées ainsi que contre le traitement inhumain des réfugiés par le gouvernement de Hong Kong.
-
Hong Kong: Émeutes du nouvel an à Mong Kok
La violence policière doit être condamnée – Témoignage d’Action Socialiste (CIO-Hong Kong)
Le 8 février, lors de la première nuit du nouvel an chinois, la brutalité policière a provoqué une émeute dans le district de Mong Kok, au centre de Hong Kong. Les manifestants s’étaient rassemblés pour défendre les marchands de nourriture ambulants d’un coup de filet très médiatisé des forces de l’ordre. La police a arrêté au moins 54 personnes pendant les affrontements et un de ses porte-parole a déclaré que davantage d’arrestations étaient prévues. D’après les rapports des médias, le nombre de blessés pourrait être de plus de 120.Ces événements ont été surnommés « la révolution des boulettes de poisson » – en référence à la « révolution des parapluies » de masse pour la démocratie en 2014 (la rue principale de Mong Kok était l’un des 3 sites occupés pendant près de 3 mois). Les marchands ambulants (qui vendent des en-cas, comme les boulettes de poissons) font partie des traditions des célébrations du nouvel an chinois à Hong Kong, et le gouvernement les a toujours tolérés par le passé. Cependant, l’année dernière, le gouvernement a commencé à s’attaquer à ces « marchands à la sauvette », ce qui a provoqué un mécontentement massif. Cette année, le gouvernement a mené des coups de filet encore plus durs contre les marchands de rue, et les masses en colère se sont mobilisées en soutien de ceux-ci. Une action aussi retentissante montre que la police était désireuse de faire une démonstration de force. A cause des décisions politiques du gouvernement, Mong Kok est devenue une poudrière en cette nuit du nouvel an.
Vengeance contre la police
Au jour de l’an chinois a 22h00, la foule s’est rassemblée a Mong Kok alors que les agents du Département de la nourriture et de l’hygiène distribuaient des amendes aux marchands. A 23h00, la police est arrivée et a attaqué les manifestants a coups de gaz-poivre et de matraques. La tension a continué a monter jusque 2:00. Les manifestants lançaient des objets a la police, quand tout a coup un policier a tiré deux coups d’avertissement en l’air et pointé son arme vers les gens, ce qui a déclenché des heurts encore plus violents. Les règles de la police sont très strictes en matière d’utilisation des armes a feu et n’autorisent pas a tirer en l’air en avertissement. Cet acte était une nouvelle violation des règles par la police.
Ces événements étaient comme une reprise de la “révolution des parapluies”; la police a attaqué la foule au gaz-poivre et beaucoup de manifestants ont aussi été tabassés et baignaient dans le sang. A 4:00, un groupe de manifestants masqués a commencé à enlever les briques de la route et a abattre les panneaux de signalisation. Ils empêchaient aussi les journalistes et les passants de prendre des photos. Les manifestants ont ensuite jeté des briques et mis le feu à des poubelles. Au moins un taxi a été brûlé.
Il est possible que les émeutes du nouvel an aient été en partie instiguées par des hommes de main du gouvernement cachés parmi la population. Il ne peut pas être exclu que des espions de la police aient été sur place a “provoquer le chaos” devant les caméras. Cependant, une chose est sure, c’est que les émeutes ont été soutenues par une partie de la population, en particulier les jeunes, car elles étaient vu comme un moyen de se venger de la police.
La Révolution des Parapluies a échoué à cause de son programme limité (des réformes partielles plutôt qu’un changement complet du système) et du refus d’appeler a des manifestations de solidarité au-delà de Hong Kong, en particulier en Chine continentale, qui est décisif dans la lutte contre la dictature chinoise. Une couche de jeunes a cependant mal interprété la défaite.
Ils rejettent la stratégie soi-disant “pacifique et rationnelle” des dirigeants de l’opposition démocratique bourgeoise (les « pan-démocrates »), mais sur-simplifient cela en en faisant un besoin de “violence” plutôt que de voir que la clé est un programme révolutionnaire. Sans alternative politique, et sans possibilité pour les manifestations de masse de s’escalader d’une façon forte et organisée, certains jeunes radicaux se sont tournés vers la méthode de l’émeute. C’est le cas en particulier des groupes “nativistes” (Un mélange spécial d’idées racistes et d’extrême droite avec des sentiments pro-indépendance).
Programme révolutionnaire
Action Socialiste (CIO a Hong Kong) condamne la violence policière, qui est le vrai coupable de cet incident. Le gouvernement et les grands médias vont faire usage des émeutes pour représenter tous les manifestants comme des “voyous”, et pour légitimer leurs plans d’extension des pouvoirs de la police, et pour augmenter la répression contre les mouvements démocratiques.Les nativistes encouragent une idée romantique de “lutte chevaleresque” – c’est-à-dire la confrontation avec la police – mais en fait, seule une vingtaine de membres de groupes nativistes étaient présents pendant les affrontements. Les principaux médias ont consciemment sur-estimé leur rôle, en préparation d’une offensive propagandiste du gouvernement contre “les forces indépendantes de Hong Kong”, et de façon a dissuader les gens de prendre part aux luttes démocratiques.
Si les socialistes soutiennent le droit a l’auto-défense des manifestants et des groupes en lutte, nous défendons qu’elle doit être disciplinée et organisée, de préférence au moyen d’organisations démocratiques des travailleurs. Les émeutes ne sont jamais un moyen efficace de lutter contre le pouvoir en place. Non seulement elles ne représentent pas une menace au régime, mais elles lui donnent en fait une excuse pour renforcer sa machine répressive. Les socialistes prennent position pour des luttes de masse organisées autour d’un programme révolutionnaire clair pour vaincre le capitalisme dictatorial. C’est le seul moyen de canaliser la colère de masse en une force pour détruire la dictature.
Action socialiste demande une enquête publique indépendante sur les actions policières des 8 et 9 février. Il faut appeler a de nouvelles manifestations de masse disciplinées contre la brutalité policière et contre l’accentuation de la répression politique par le gouvernement. Cela doit être le premier pas vers la reconstruction d’un mouvement de masse pour des droits démocratiques immédiats et pour le renversement de la dictature en Chine et a Hong Kong.
-
Hong Kong : Deux perspectives différentes des protestations…
“Le Big Business essaie de dire qu’on est privilégiés”
La journaliste Shannon Van Sant, basée à Hong Kong, a interviewé le milliardaire Allan Zeman et le manifestant Pa Sha, par ailleurs membre de notre organisation-soeur à Hong Kong, Socialist Alternative. Ces extraits d’interview ont été postés sur sa page facebook.
« J’ai fait un portrait d’Allan dans le documentaire de 2007 sur la façon dont Hong Kong a changé depuis la rétrocession par les Britanniques, il était donc intéressant de discuter de nouveau avec lui aujourd’hui. »
Allan Zeman: Les protestations ont polarisé la communauté. Les entreprises et le gagne-pain de beaucoup de gens dépendent de ce que les rues soient ouvertes et gagnent leur vie. Beaucoup de magasins perdent leur petit marché, ils ne peuvent pas se permettre de garder leurs employés. Il faut que cela prenne fin. Il n’y a aucun système au monde qui soit un système politique parfait. Hong Kong n’a jamais eu le suffrage universel. Nous devons comprendre cela du point de vue de la Chine. Le gouvernement chinois ne veut pas que cela s’étende en Chine, parce qu’ils ont besoin de maintenir la stabilité de la Chine. Si vous comprenez la Chine, vous comprenez parfois pourquoi ils ont besoin de couper les informations pour conserver leur bien-être.
Pa Sha : Les riches et le secteur des affaires se sont fermement positionnés contre les droits démocratiques à Hong Kong. Les gens comme vous et moi sont pour la démocratie et ont déferlé en rue toute la semaine dernière. Le Big Business essaie de dire que nous sommes suffisamment privilégiés et que nous n’avons pas besoin de démocratie. Et même dans leur logique, si vous nous comparez à la Chine, c’est comme si vous compariez l’enfer à un enfer un peu moins pire. Hong Kong est dominé par le Big Business, les magnats des affaires, les grandes corporations qui pactisent le CCP et le gouvernement de Hong Kong. Et à cause de cette alliance entre les corporations et le gouvernement, le gouvernement a depuis des années implanté beaucoup de politiques en leur faveur, ce qui a mis beaucoup de gens en colère. Il ne s’agit pas seulement de l’avenir mais des moyens de subsistance des citoyens de base. Hong Kong a les logements les moins abordables du monde entier. En tant que jeunes, nous ne pourrons pas posséder nos propres habitations à l’avenir. La stagnation des salaires est une autre question, ainsi que l’absence d’un système de pensions universel et de normes d’horaires de travail. -
Hong Kong: attaques criminelles du gouvernement et de la police
Pour l’organisation de comités d’auto-défense !
Ce vendredi 3 octobre – les rangs des manifestations diminuant après 6 jours d’occupation, de résistance à la police, et la fin des 2 jours fériés – le mouvement de masse pour la démocratie a souffert d’attaques de plusieurs fronts, évidemment coordonnées. Dans le quartier ouvrier de Mong Kok, où les membres de Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) sont actifs dans les actions du « Mouvement Parapluie », des gangs criminels (les triades) et les foules mobilisées par « Caring Hong Kong Power » (un groupe pro-régime raciste de droite) ont attaqué l’occupation violemment, détruisant les tentes et les barricades et attaquant les manifestants pro-démocratie alors que la police restait généralement en retrait. Selon la police, 37 personnes ont été blessées vendredi, dont au moins 18 à Mong Kok, où 19 personnes ont été arrêtées (la moitié d’entre eux avaient « des liens avec la triade » selon la police).
Par Dikang, Socialist Action (CIO-Hong Kong)
Une attaque simultanée commise par un groupe similaire, mélange de brutes du monde sous-terrain et des forces pro-Pékin, a été menée contre l’occupation à Causeway Bay, sur l’Ile de Hong Kong. La police a utilisé le prétexte pour y pénétrer et détruites tentes et barricades afin d’en finir avec l’occupation. Un nouveau groupe pro-gouvernement a été formé cette semaine, qui porte des rubans bleus en soutien à la police, en opposition aux rubans jaunes des manifestants pour la démocratie. Ce n’est que la dernière des nombreuses « initiatives » de “citoyens inquiets”, mais qui ne sont en fait que des manœuvres d’organisations liées à la dictature chinoise du Parti “Communiste” Chinois. Une vidéo circule montrant la police près d’une station de police de Causeway Bay distribuant des rubans bleus à une foule essentiellement composée d’hommes d’âge moyen qui ont plus tard été vus attaquer l’occupation.
Cette violence orchestrée par le gouvernement ce vendredi suit une attaque lancée deux jours plus tôt par une organisation rurale pro-régime (Heung Yee Kuk) contre un stand de la Hong Kong Confederation of Trade Unions (HKCTU Confédération des syndicats de Hong Kong, pro-démocratie). Environ 10 000 membres de HKCTU (dans les secteurs du transport, de l’éducation et des services) sont en grève depuis lundi, en participation au mouvement de contestation actuel. Cette violence orchestrée est appuyée par une propagande médiatique intensive contre le « chaos » et « la paralysie économique ».
Sur le principal site d’occupation à Admiralty aussi, il y a maintenant un urgent besoin d’organiser une défense sérieuse contre les hommes de main de Pékin et les nouvelles attaques policières. Des affrontements ont eu lieu là-bas entre la police et les manifestants mis en colère par les manœuvres policières provocatrices. Vendredi matin, la police a ainsi demandé aux occupants de libérer un couloir pour permettre à une ambulance d’entrer afin de soigner un policier malade. Mais ce sont en fait des camions pleins de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchoucs et d’autres matériels de répression qui ont fait leur apparition. Un journaliste de CNN a rapporté avoir vu des containers amenés dans les bureaux du gouvernement mardi matin avec des étiquettes signalant des balles en caoutchouc.
Les masses défendent l’occupation de Mong Kok
L’action de la police a effectivement transformé le bureau du Chef de l’Exécutif CY Leung en forteresse armée après que des groupes étudiants plus radicaux aient menacé de monter une occupation à cet endroit. Cela montre la frustration apparente parmi les couches plus radicales de la jeunesse contre le jeu de patience du gouvernement et les attaques violentes, mais aussi la peur de plus en plus forte que les dirigeants « modérés » cherchent encore un moyen d’éteindre le mouvement.
Les attaques des lieux d’occupation étaient clairement coordonnées, selon un modèle et un timing presque identiques – au milieu de la journée, quand les occupants étaient peu nombreux. Les manifestants pour la démocratie ne doutent pas que la contre-attaque du mouvement de contestation était organisée et dirigée par le gouvernement haï du Chef de l’Exécutif CY Leung et les commandants des Forces de Police de Hong Kong dont les attaques brutales au gaz lacrymo contre des manifestations pacifiques ont provoqué cette « Révolution des Parapluies ».
A Mong Kok, les appels au renfort pour que le mouvement reprenne le contrôle de la place a fait gonfler la foule jusqu’à 10 000 personnes vendredi soir. C’est une réponse incroyable, étant donné les déclarations des dirigeants « officiels » du mouvement (dont ceux de la Fédération des Etudiants et l’ONG de jeunes, Scholarism) qui appelaient les gens à se rassembler sur le site principal du mouvement à Admiralty, devant les quartiers généraux du gouvernement assiégés. Le mobilisation pour défendre le site de manifestation de Mong Kok était une initiative des groupes contestataires plus radicaux « non-officiels » et de gens ordinaires.
Plusieurs sites d’occupation
Il s’agit d’une question importante. Avoir plusieurs sites d’occupation augmente l’efficacité du mouvement en termes économiques et, plus important, en termes politiques. Mais l’effet le plus important est peut-être que cela rend ces occupations encore plus résistantes aux attaques de la police. La décentralisation de l’occupation en 4 sites à un moment a constitué une réponse à l’offensive de la police les 28 et 29 septembre qui visait à briser le mouvement. C’était une réponse tactique brillante et complètement improvisée des manifestants, qui a instantanément pris de court les commandants de police et a accru leurs problèmes stratégiques. Le plan de jeu de la police pour écraser le mouvement d’occupation était basé sur la notion de « Occupy Central » (une campagne menée par des professeurs libéraux qui ne s’est jamais vraiment matérialisée) – un seul site, en d’autres termes, qui aurait été bien plus facile à encercler et à vaincre.
Une pression apparaît aussi à l’intérieur du « Mouvement des Parapluies » de la part d’une partie de sa direction qui ne sont pas d’accord avec l’existence de tant de lieux de contestations, parce que cela rend le mouvement bien plus difficile à contrôler pour ces dirigeants en général auto-proclamés. Les pan-démocrates bourgeois « modérés » qui sont aujourd’hui l’influence dominante dans le mouvement ont été complètement médusés, presque autant que les gouvernements chinois et de Hong Kong, par l’échelle et l’esprit combatif de ces manifestations. Ces politiciens ont toujours redouté la lutte de masse, dont ils savaient qu’elle pouvait se radicaliser et échapper à leur contrôle.
« A présent, le status quo est la confusion », dit l’ancien dirigeant du Parti Démocrate Albert Ho Chun-yan. Les politiciens bourgeois comme Ho se sont, à de nombreuses reprises, opposés à la lutte de masse et ont donné du crédit à la propagande de peur du gouvernement contre « l’extrémisme » et « les manifestations violentes ». Ce fut le cas lorsque beaucoup de politiciens pan-démocrates ont condamné les manifestants, y compris « Longs Cheveux » Leung Kwok-hung, après les manifestations furieuses au forum de consultation du gouvernement en 2011 – pour lesquels Longs Cheveux a récemment purgé 1 mois de prison. La soi-disant « violence » dans ce cas consistait en quelques pots de fleurs cassés et une porte endommagée, pour lesquels même le tribunal n’accusait pas « Longs Cheveux » – qui lui même a été attaqué par un partisan du gouvernement lors de ce forum. Les pan-démocrates modérés se sont emparés de cet incident et d’autres pour dénoncer « les manifestations violentes, mais surtout parce qu’ils étaient en période électorale (pour les conseillers locaux) et étaient défiés par des candidats plus radicaux.
Aujourd’hui, il n’est donc pas surprenant que les modérés comme Ho soient « désorientés » par la lutte de masse sans précédent. Mais ce qui frappe dans le mouvement de Hong Kong en ce moment est plutôt la clarté des buts et les actions décisives dont les jeunes, les étudiants et les travailleurs font preuve dans leur résistance quotidienne à la police.
Le but des pan-démocrates modérés est de trouver un « compromis », une « solution pragmatique », des concessions périphériques qui laisseraient les autorités dictatoriales actuelles – avec ou sans CY Leung – en place. Ce n’est pas un programme pour « la démocratie totale » comme elle est exigée par les masse, il risque donc de provoquer un mécontentement massif.
Les attaques violentes actuelles contre le mouvement de masse font partie de la stratégie du gouvernement, comme Socialist Action l’avait prédit, d’augmenter la pression sur les pan-démocrates « modérés » et les groupes comme « Occupy Central » (OC) afin de les pousser vers la voie du « compromis ». Les attaques augmentent aussi la nervosité des dirigeants « modérés » qui préféreraient re-centraliser le mouvement de contestation en un seul site – plus facile à contrôler. Ceci explique pourquoi, alors qu’ils ont condamné les attaques violentes et critiqué le rôle de la police, il y a un manque d’intérêt manifeste de la part de ces dirigeants à appeler à la continuation (et à la défense) des occupations de Mong Kok et Causeway Bay.
Des négociations?
A ce stade de la lutte, la montée initiale atteignant un plateau en l’absence de toute stratégie claire ou de direction réelle, l’incertitude est grande concernant l’orientation du mouvement et ses revendications. Une question-clé est l’attitude envers les négociations, que le gouvernement a longtemps refusées.
A Hong Kong comme ailleurs, les exemples sont nombreux de mouvements de contestation de masse qui se sont retrouvés les mains vides faute d’avoir des dirigeants sous contrôle démocratique et en raison de l’absence d’organisations réellement massives (en particulier issues du monde du travail) à côté d’ONG qui ne se profilent que sur un seul thème. Les politiciens bourgeois qui dominent la lutte pour la démocratie à ce stade ne veulent pas d’une révolution (« de parapluie » ou autre) parce qu’ils partagent la peur de la classe capitaliste que cela irait au delà des appels au « une personne – un vote » (démocratie bourgeoise) et que les corporations et les banques qui saignent la population ne soient directement remises en question. Trop souvent, les dirigeants pan-démocrates sont entrés dans le piège du faux dialogue avec la dictature du PCC où de ses laquais – un dialogue qui ne peut favoriser qu’un seul but : faire rentrer les gens chez eux sans leur offrir aucun changement réel ou significatif.
Il y a déjà une division au sein du mouvement sur cette question cruciale. Les principaux groupes étudiants ont d’abord déclaré avec justesse que les négociations étaient exclues tant que CY Leung resterait à son poste – c’est une position minimum ! Cependant lorsque le gouvernement a offert de rencontrer les dirigeants des manifestations le jeudi 2 octobre au soir, un plan évidemment approuvé ou dicté par Pékin, les « modérés » et en particulier les dirigeants de « Occupy Central » semblent avoir déjà exercé une pression pour ouvrir des pourparlers qui sont liés à leurs peurs d’avoir déjà perdu le contrôle du mouvement.
Les attaques à Mong Kok et Causeway Bay coupent court à ce développement, car la pression des masses sur les dirigeants étudiants leur fait changer de position et dire non aux négociations. Mais les dirigeants d’Occupy Central ont insinué qu’ils sont toujours ouverts à discuter avec le gouvernement. Leur ardeur à passer de la lutte des masses en rue aux dirigeants assis autour d’une table fait partie de l’ADN politique des pan-démocrates modérés. Ils veulent utiliser tout pourparlers pour clamer « la victoire morale » et soutenir que les manifestations de masse devraient se terminer « pour l’instant ». Mais une telle position serait désastreuse. Cela signifierait jeter l’énorme élan que cette lutte de masse a acquis et laisser s’en tirer le gouvernement (qui a des réserves sans fin de malhonnêteté et d’intrigues) !
Besoin d’un parti des travailleurs
Les succès de cette lutte, en particulier ce mouvement historique, doivent être mesurés par les gains concrets, pas par les promesses vides. Cela ne signifie rien de moins que la chute du gouvernement cruel et corrompu de CY Leung – et le refus d’accepter tout successeur autre que par une élection vraiment démocratique, sans le comité de nomination dominé par le Big Business du PCC, et dans laquelle il n’y a aucune restriction sur quels candidats peuvent se présenter. Cela signifie aussi le remplacement du pouvoir législatif imposé par une authentique assemblée du peuple, composée de membres élus, révocables, et payés seulement le salaire d’un travailleur qualifié. Comme dans le récent référendum en Écosse, l’âge du droit de vote devrait être ramené à 16 ans, puisque les jeunes ont donné la preuve de leur rôle crucial dans le développement politique de la société.
Les socialistes ne sont pas des dogmatiques qui écartent l’idée de négociations par principe. Il y a beaucoup d’occasion où, dans une lutte sur un lieu de travail ou un mouvement social, les socialistes faisant partie de la direction entreraient dans des négociations, tant qu’elles sont appuyées par la pression de l’action de masse. Mais les pourparlers avec ce gouvernement de Hong Kong – sous les ordres d’une dictature qui ne négociera jamais son pouvoir et son contrôle – est la recette pour un échec certain. C’est particulièrement vrai si les négociateurs sont les mêmes dirigeants pan-démocrates « modérés » dont l’approche compromise n’a pas récolté une seule avancée démocratique en plus de 3 décennies (et qui n’ont joué aucun rôle dans les événements massifs actuels).
Socialist Action, en tant qu’organisation marxiste, sert de mémoire au mouvement de la classe ouvrière. Nous rappelons aux masses les erreurs passées – l’expérience amère des trahisons de l’Histoire de la lutte pour la démocratie à Hong Kong – pour que ces opportunités manquées puissent être évitées dans la lutte d’aujourd’hui.
Ce mouvement de masse magnifique a attiré l’attention du monde entier, en particulier chez les opprimés, les travailleurs et les jeunes. Il y a eu un épanchement de solidarité de partout dans le monde, y compris d’organisations ouvrières des Philippines à la Grande Bretagne.
Socialist Action a joué un rôle actif dans le mouvement d’occupation et la grève étudiante à partir de laquelle le mouvement s’est développé. Nous lions la lutte démocratique au besoin de combattre le capitalisme, en particulier le besoin d’un nouveau parti de masse des travailleurs pour unir la classe ouvrière et les couches de gauche de ce mouvement. Nous avons besoin de cela pour défier le pouvoir économique dictatorial des familles de magnats d’affaires de Hong Kong et de construire un soutien à une alternative socialiste, avec par exemple le contrôle public démocratique sur les banques et les sociétés immobilières comme seul moyen d’alléger le fardeau insupportable du coût du logement – officiellement « le plus abordable au monde ».
Faites passer le parapluie en Chine!
Socialist Action, en tant qu’une des quelques voix de ce mouvement, appelle aussi à l’étendue de la lutte à la Chine continentale, en soutenant les luttes ouvrières illégales dans les usines en Chine et à la lutte contre la répression d’État. C’est la seule stratégie viable pour vaincre la dictature à parti unique du PCC, qui constitue aujourd’hui un barrage apparemment insurmontable à la démocratie à Hong Kong, ainsi bien sûr qu’en Chine. Malheureusement, beaucoup des groupes contestataires, en particulier ceux qui sont influencés par les partis capitalistes comme le Parti Démocratique, ne voient pas le besoin de cela où le rejettent tout à fait en tant « qu’ingérence » dans les affaires chinoises qui provoquerait une ligne encore plus dure de la part de la dictature.
Mais «l’auto-censure » et les tentatives de séparer les deux lutte sont une approche aux graves lacunes, qui en fait renforce l’emprise du régime chinois. Le “parapluie” doit être passé de Hong Kong à la Chine, et le plus tôt sera le mieux. Mais cela requiert un programme basé sur les intérêts de la classe ouvrière et des jeunes, en Chine et à Hong Kong, en opposition aux intérêts des capitalistes qui de toute façon sont fermement dans le camp anti-démocratique.
Socialist Action a toujours systématiquement soutenu que les manifestations de masse pour la démocratie devraient être organisées sur des lignes démocratiques, avec des comités d’action élus ouverts à tous les groupes participant pour diriger les occupations, les coordonner les travailleurs et étudiants en lutte, et pour prendre toutes les décisions importantes sur les futures tactiques, y compris quelle attitude avoir face aux éventuelles concessions ou offres de négociations par le gouvernement.
Nous avons subi des critiques et des tentatives bureaucratiques de bloquer nos activités de la part de certains des groupes au sein de la lutte pour la démocratie, quand durant le mouvement de 100 000 personnes contre le lavage de cerveau dans les écoles en 2012 nous avions mis en garde contre le fait de permettre à un petit cercle de dirigeant de décider de tout sans approche ouverte et démocratique ; mais cela s’est révélé décisif quand le mouvement a été soudainement et inexplicablement dissout sans avoir obtenu une annulation complète de la politique réactionnaire du gouvernement.
Malheureusement, il y a aujourd’hui une absence similaire de structures démocratiques, et alors que l’occupation spontanée et organisée approximativement s’est déroulée avec une énergie et un bon fonctionnement impressionnants dans ses premiers jours, ce modèle de lutte de masse est mis à rude épreuve par la campagne de terreur du gouvernement. La violence contre le mouvement de contestation rend la question de l’organisation démocratique extrêmement urgent, avec le besoin de monter des comités d’action dans chaque occupation, de coordonner la mobilisation et en particulier d’organiser l’auto-défense, et des organes démocratiques similaires dans les écoles et les lieux de travail pour construire le mouvement de grève. Ces comités devraient être ouverts à toutes les forces du mouvement de contestation, avec des discussions ouvertes et démocratiques pour décider des tactiques et de quelles positions politiques prendre à mesure que le mouvement se déroule. Seul un mouvement complètement démocratique est capable de vaincre le gouvernement.
– A bas CY Leung!
– Non aux faux accords négociations : démocratie complète maintenant !
– Soutenons et étendons la « Révolution des Parapluies » – construisons des comités d’action démocratiques pour décider des prochaines étapes et organisons l’auto-défense contre la violence orchestrée par le gouvernement !
– Continuons à construire la grève des écoles ! Pour une union combative indépendante des écoliers !
– A bas la dictature à parti unique du PCC ! A bas les magnats capitalistes protégés par la dictature !
– La lutte pour la démocratie est aussi une lutte de classe – nous avons besoin d’un parti de masse des travailleurs pour lutter le socialisme! -
Hong Kong : la “Révolution des parapluies” a commencé
La colère contre la violence policière alimente la « Révolution des Parapluies » spontanée et le mouvement de grève qui commence
Par Vincent Kolo, chinaworker.info
Ce fut le weekend qui a tout changé à Hong Kong. La résistance populaire de masse en rue, jour et nuit, avec des rassemblements massif de 100 000 à jusque 180 000 personnes, avec la jeunesse et une grève étudiante d’une semaine comme fer de lance, a forcé le gouvernement non-élu de Hong Kong et les milliers de policiers anti-émeute lourdement armés à battre en retraite.Les médias du monde entier, saisissant la nature sans-précédent de ces événements, parlent « d’impasse historique ». Avec les manifestations de masse qui continuent à grossir et à ressentir une énorme confiance en elles depuis la défaite de l’attaque de la police dimanche, le mouvement de Hong Kong représente, selon les mots d’Associated Press, « une énorme résistance » au programme anti-démocratique du régime de Pékin à Hong Kong et en Chine.
L’assaut vicieux de la police ce dimanche 28 septembre a choqué et mis en colère toute la société, à une échelle jamais vue auparavant. C’est la crise politique la plus sérieuse à Hong Kong depuis son retour sous l’emprise Chinoise en 1997. Il y a certaines caractéristiques de situation pré-révolutionnaire, avec un gouvernement dans une crise profonde ayant subi une perte de contrôle et d’autorité.
Les institutions d’Etat – surtout la police – suscitent la méfiance et le mépris général. La majorité de la population de Hong Kong n’a plus confiance en la faible « autonomie » du territoire en tant que spéciale en Chine ou la considèrent comme une imposture.
Cependant ce mouvement est presque entièrement sans organisations, sans programme ni direction, reproduisant le modèle qu’on a pu voir dans des mouvements de contestation massifs similaires partout dans le monde. Il y a un sentiment anti-parti très puissant dans les manifestations, et alors que les partis d’opposition démocratiques bourgeois continuent à produire des déclarations qui les identifient au mouvement, monopolisant la plupart des interviews des médias, ces partis sont presque entièrement absents sur le terrain. Alors que ce modèle « spontané » s’est montré plus qu’à la hauteur de la tâche de déclencher le mouvement en rue, il y a besoin de plus : des étapes pour organiser, construire des comités de grève démocratiques et des comités d’occupation, et établir un programme clair des revendications pour faire avancer la lutte et vaincre le programme anti-démocratique du gouvernement.
Une question cruciale est le besoin d’étendre le mouvement au-delà de la frontière, en faisant appel aux travailleurs et aux jeunes de la Chine continentale à rejoindre la lutte contre la dictature à parti unique (le PCC) chinoise. Tant que le PCC dirige, il est clair qu’il n’y aura aucune possibilité d’élections démocratiques à Hong Kong – l’objectif principal du mouvement – et que seul le renversement du régime peut ouvrir cette voie. Cette tâche requiert de plus grandes forces que les seules masses de Hong Kong ne peuvent rassembler. Plutôt que d’appeler l’administration américaine ou l’ancien colonisateur britannique en soutien, comme le font les organisations pan-démocratiques (pour les capitalismes américain et britannique, les accords financiers avec la Chine l’emportent toujours sur la démocratie et les droits de l’Homme), le mouvement de protestation doit chercher des alliés parmi les travailleurs et le jeunes de base, en Chine et dans le monde entier.
Révolution des Parapluies
Le mouvement a été surnommé « Révolution des Parapluies » sur les réseau sociaux, en référence aux parapluies inversés utilisés par les manifestants pour se protéger des gaz lacrymogènes et en particulier du gaz poivre. Le dimanche 28 septembre, la police a lancé vague après vague d’attaques au gaz lacrymo – 87 fois selon leur propre déclaration – dans une tentative de nettoyer la manifestation autour du quartier général du gouvernement à Admiralty. Le gaz lacrymogène n’avait pas été utilisé contre les manifestants de Hong Kong depuis 1967, sous l’empire colonial Britannique (il a été utilisé par la police en 2005 dans les manifestations contre l’OMC, mais la composition de ces manifestations était surtout « internationale »).
Le lundi soir, 29 septembre, une foule massive atteignant environ 180 000 personnes s’était rassemblée dans 3 endroits autour de Hong Kong. Quelques barricades sporadiques avaient été jetées en travers des principales routes, et dans la nuit, la Confédération des Syndicats de Hong Kong avait lancé un appel à « la grève générale ». Même si c’est un développement extrêmement important (à nouveau, l’annonce d’une grève politique est sans-précédent à Hong Kong, et les partisans du CIO, Socialist Action (section-soeur du PSL), étaient les seuls à le préconiser), la participation des travailleurs à cette grève est à ce stade assez limitée.
Les étudiants, de plus en plus rejoints par les écoliers qui ont fait face à une énorme pression et aux menaces autorités des écoles, ont reconduit la grève de la semaine dernière, avec des débrayages et des sit-in à une échelle encore plus grande. La rapidité des événements est telle que la principale préoccupation du mouvement est maintenant de demander la démission du Chef de l’Exécutif Chun-Ying (CY) Leung, une personnalité déjà détestée dont le rôle de cerveau de la répression de ce week-end ne fait que s’ajouter à la liste de ses crimes.
Rôle de la jeunesse
Ce n’est pas une crise seulement pour l’élite dirigeante de Hong Kong. Par la brutalité crasse, dans une tentative de montrer « une main ferme » contre les manifestations pour la démocratie, le gouvernement – sous la pression de Pékin et pour lui démontrer sa loyauté – a déclenché ce qui est potentiellement le plus grand challenge à la dictature du PCC en un quart de siècle.
« C’est déjà plus gros que tout ce à quoi s’attendaient les autorités de Pékin et Hong Kong », commente Larry Diamond de Stanford University dans le New York Times. « Ils n’ont pas de stratégie pour désamorcer ça pacifiquement, parce que cela demanderait des négociations, et je ne pense pas que le président Xi Jinping le permettrait », a-t-il ajouté.
Sans surprise, la Chine a renforcé ses contrôles sur internet, en bloquant les recherches en lignes sur des mots comme « gaz lacrymogène » et « occuper » et en supprimant Instagram, qui était utilisé pour partager les images des manifestations de Hong Kong en Chine.
Il est extrêmement significatif que ce mouvement, comme beaucoup d’autres dans le monde entier, a commencé avec la jeunesse et en particulier avec la grève écolière qui a commencé le 22 septembre. Sur la majeure partie des deux dernières années, les partisans et membres étudiantsd’Action Socialiste ont été seuls à préconiser une grève des écoles de toute la ville, dans l’idée que cela pourrait déclencher des grèves parmi les travailleurs, comme une arme-clé dans la lutte pour la démocratie. Cette perspective a été confirmée presque jusqu’au dernier détail par les événements de la semaine passée.
Les énormes manifestations et occupations actuelles ont évolué à partir de la grève étudiante d’une semaine, à laquelle ont participé près de 13 000 étudiants. Ils ont été rejoints par environ 1 500 écoliers, dont certains n’ont que 12 ou 13 ans, le vendredi 26 septembre. Vendredi soir, un groupe de manifestants étudiants a réussi à rompre le cordon autour du « Civic Square » et a commencé à l’occuper. C’est en théorie un lieu de manifestation public, devant le quartier général du gouvernement, qui a été entouré de barrières par la police en juillet, en anticipation des manifestations Occupy.
Environ 80 étudiants et autres manifestants ont été arrêtés vendredi et samedi, la police utilisant du gaz poivre et des tactiques autoritaires. L’animateur du groupe étudiant Scholarism, Joshua Wong, 17 ans, a été arrêté et en garde à vue pendant 40 heures, pour être relâché sans charges.
Au début cependant, la police a annoncé que Wong serait inculpé de 3 charges dont la lourde charge d’avoir « attaqué la police ». Les arrestations d’activistes étudiants, et la violence policière excessive, a fait jailllir l’étincelle des mobilisations de masse de ce week-end.
Menace d’escalade
Au plus haut point, dimanche, 120 000 personnes ont protesté contre la répression policière envers les étudiants. Même après les premières attaques au gaz dimanche soir, environ 50 000 sont restés face aux rangées de policiers anti-émeutes. Des rapports sont parus, ensuite reniés, selon lesquels la police se préparait à utiliser des balles en caoutchouc et à amener des voitures blindées équipées de canons à son. Dans une situation aussi chaotique, il est difficile de savoir s’il s’agit de fausses rumeurs, peut-être délibérément répandues, ou si ces rapports étaient réels mais que le gouvernement et les chefs de la police a hésité et les a retirés. Les rapports ont cependant été pris au sérieux par les dirigeants du mouvement Occupy Central (OC), qui, il faut le souligner, n’ont joué aucun rôle dans la grève étudiante ni dans les mobilisations de ce week-end. Il serait plus juste de dire qu’ils se sont « parachutés » eux-même dans les manifestations de façon à proclamer leur rôle dirigeant une fois que l’échelle du mouvement ne faisait plus aucun doute.
Dans la nuit de dimanche, alors que les rumeurs sur les balles en caoutchouc et les voitures blindées circulaient, le dirigeant de OC Chan Kin-man a appelé les manifestants à Admiralty à se retirer. « C’est une question de vie ou de mort », disait-il. Même les dirigeants la Fédération des Étudiants ont appelé les manifestants à quitter les lieux, ce qui a été ouvertement critiqué par Longs-Cheveux Leung Kwok Hung de la Ligue des Sociaux-Démocrates, qui a appelé les manifestants à tenir leur position.
Alors que la plupart des manifestants ont évacué le lieu principal de protestation à Admiralty, de nouvelles occupations sont apparues dans deux autres endroits de la ville, avec environ 3 000 personnes se rassemblant à Mong Kok, fermant Nathan Road, la principale artère à travers Kowloon. « Occupy Mong Kok » est encore en cours à l’heure ou nous écrivons, avec environ 30 000 personnes qui si sont rassemblées dans la nuit de lundi. D’autres ont campé toute la nuit à Causeway Bay, un autre quartier d’affaires et de commerce. L’attaque de la police n’a donc pas réussi à disperser et réprimer le mouvement Occupy comme elle l’espérait. Au lieu de cela, les manifestants ont « métastasé » – en réponse aux tactiques de la police – en des occupations multiples, ce qui présente un défi bien plus grand à la police.
Ce dénouement représente une victoire pour les manifestants qui ont surmonté et résisté à « la démonstration de force massive » de la police, comme le décrit Willy Lam, un commentateur libéral. La police de Hong Kong avait été préparée (dans les moindres détails) depuis deux ans, depuis la première fois que OC a été annoncé, à briser les occupations. Leur tâche a été facilitée par les reports et tergiversations répétées des dirigeants de OC. Cela impliquait la transformation complète de la police en force para-militaire, avec de nombreuses répétitions pour durcir la police et en faire un outil politique contre la lutte démocratique. Mais malgré cela et le manque d’une organisation cohérente au sein des manifestations à ce stade, l’attaque de la police a échoué face à la résistance opiniâtre et héroïque.
La fin des illusions
C’est la deuxième fois en un mois que les puissantes illusions construites par l’élite dominante sur des décennies, sous la domination britannique puis chinoise, ont été écrasées, ce qui montre la profondeur de la crise actuelle. La première occasion, le 31 août, était la décision du faux « parlement » non-démocratique chinois, l’Assemblée Nationale Populaire (ANP), qui a anéanti les espoirs populaires d’élections libres du prochain Chef de l’Exécutif. Cette fois-ci, c’est l’illusion que les Forces de Police de Hong Kong – « les meilleures en Asie » – qui ont explosé littéralement en une nuit. Même Fung Wai-Wah, le président du syndicat des enseignants très « modéré », a déclaré « la police s’est faite l’ennemie du peuple ».
Significativement, l’un des principaux slogans scandés envers la police par les manifestants depuis les attaques de dimanche est « la police, en grève ! » C’est un appel à ce que la police refuse les ordres, ce qui pose sans doute de nouveaux problèmes aux commandants de police, car le moral est entaillé et ils sont forcés de revoir complètement leurs stratégies.
La destruction d’illusions vieilles de décennies dans l’impartialité de l’Etat et dans « l’Etat de droit » sacré à Hong Kong résulte de la position de plus en plus dure, répressive et rigide du PCC, qui est à son tour le reflet de la crise qui s’approfondit au sein de la dictature. Le PCC ressemble à une machine à une seule viterre : la répression. Le régime étant plus enclin à supprimer que d’installer des « amortisseurs » sous forme de réformes politiques limitées demandées par les libéraux bourgeois, les perspectives politiques pour la Chine vont de plus en plus vers une explosion sociale ou une série d’explosions. Vers des soulèvements révolutionnaires, en d’autres mots, ce dont nous sentons un arrière-goût à Hong Kong.
Cela se voit très explicitement dans la répression d’État de plus en plus forte dans la région à majorité Musulmane de l’Ouest de la Chine, le Xinjiang, avec des centaines de personnes tuées cette année dans des affrontements avec les forces d’État et la décision récente d’interdire de porter la barbe dans les bus dans certaines parties de la région ! La semaine dernière, un soi-disant tribunal a condamné le professeur musulman Ouïgour Ilham Tothi à une peine de prison à vie de facto pour « séparatisme » ; alors que Tothi est vu comme un critique modéré du régime chinois, préconisant les réformes plutôt que la révolution.
Il est probable que le régime de Hong Kong a fait tomber l’échelle sur laquelle se tenait les dirigeants bourgeois pan-démocratiques « modérés », qui ne voulaient rien de plus qu’une invitation à des négociations pour des changements électoraux. Les « modérés » étaient prêts à avaler la plupart des règles et contrôles anti-démocratiques de Pékin en échange de concessions mineures, mais Pékin à refusé.
« Un pays, deux systèmes » sous pression
Cette ligne dure érode rapidement ce qui reste de tolérance envers le régime, à Hong Kong par exemple, où beaucoup avaient acheté l’idée que la ville pourrait coexister en tant qu’enclave relativement démocratique dans une Chine autoritaire. Les partisans du CIO à Hong Kong et en Chine ont depuis longtemps expliqué que ce n’était pas possible ; que soit la lutte pour la démocratie s’étendrait à toute la Chine – avec l’étincelle initiale venant assez probablement des mouvements à Hong Kong – aboutissant au renversement de la dictature, soit la dictature chercherait de plus en plus à fermer l’espace démocratique de Hong Kong. C’est la dynamique que nous voyons aujourd’hui.
Un sondage récent dans le South China Morning Post publié avant le mouvement de masse actuel a montré que 53 % des habitants de Hong Kong n’ont maintenant plus confiance en la formule « un pays, deux systèmes » (qui permet à Hong Kong un certain degré d’autonomie) contre 37% qui ont l’opinion opposée. Un effondrement depuis les 76% qui avaient foi en l’arrangement « un pays, deux systèmes » en 2007. Comme nous l’avions expliqué dans les rapports précédents, les sentiments « séparatistes » de Hong Kong et le soutien à l’indépendance vis-à-vis de la Chine vont inévitablement augmenter en résultat des politiques actuelles de la dictature.
Mais Pékin, en particulier sous Xi Jinping, craint de perdre le contrôle – en Chine et pas seulement à Hong Kong – même en n’ouvrant qu’une seule fenêtre ou porte vers les « élections libres » sur le soi-disant modèle occidental. Il veut non seulement mettre un frein au processus démocratique de la ville, mais aussi l’inverser, imposant un contrôle politique encore plus grand sur la ville.
La décision du ANP en août n’est qu’un élément du plan qui vise à emprisonner la lutte pour la démocratie de Hong Kong. En plus de militariser la police et de contrôler encore plus les médias locaux, ce plan va réduire les pouvoirs le la législature largement impuissante de Hong Kong et transférer plus de contrôle, sur le budget par exemple, au prochain Chef de l’Exécutif « élu par le peuple » sous le faux système électoral dessiné par la décision de l’ANP. C’est ce grand projet d’amener Hong Kong encore plus sous le système autoritaire qui a foncé dans le mur de l’opposition de masse dans les derniers jours.
Soutien massif
Le plan du gouvernement pour écraser et discréditer « OC », et de cette façon écarter la tempête de protestations contre les propositions électorales non-démocratiques de Pékin, est maintenant en lambeaux. Malgré la propagande massive contre l’occupation, et les horribles avertissements contre le « chaos » et la « violence », il est évident quel côté à gagné la bataille pour le soutien du public dans les événements de ce week-end.
Le South China Morning Post a rapporté que des employés de bureau en route vers leur travail lundi matin avaient applaudi les Occupants à Causeway Bay. Le journal cite un comptable qui disait que le gouvernement avait « sous-estimé le pouvoir du peuple ». Il y a beaucoup de rapports de passants apportant de l’eau et de la nourriture et montrant leur soutien.
L’énorme foule qui est sortie lundi soir et les masses scandant « A bas le Chef Exécutif Leung » montrent où le mouvement en est. Les premiers frémissements de la classe ouvrière, qui n’a jusqu’à maintenant pas encore fait son entrée en tant que force distincte, organisée et indépendante dans le mouvement pour la démocratie, est pour les socialistes le plus significatif de tous les développements. Même si la réponse à l’appel à la grève a été mitigée, reflétant la faiblesse numérique des syndicats à Hong Kong sur une longue période historique, des groupes importants ont quand même cessé le travail dans leur colère contre la répression policière. Cela incluait environ 200 ouvriers de l’usine de Coca-Cola à Sha Tin, les travailleurs de l’eau, les conducteurs de bus, des employés de banque et des professeurs.
Occupy Central supplanté
Dans cette lutte, le mouvement « Occupy Central » âgé de 2 ans n’est rien de plus qu’une note en bas de page, un plan qui n’a jamais été mis en pratique et a depuis été mis de côté par la « révolution des parapluies » improvisée par en-bas. Comme nous l’avons montré dans nos critiques des dirigeants de OC, leur vision a toujours été pour des manifestations plus petites et surtout symboliques, d’un millier de participants, disant même au départemen que les jeunes ne devraient pas prendre part à l’occupation. Tous les aspects de leur plan résonnaient avec la peur de « l’action radicale » et de la spontanéité. La réalité a renversé cela.
Donc, alors qu’une partie des médias capitalistes – et nous pouvons comprendre pourquoi – continue de présenter les dirigeants de OC comme les initiateurs du mouvement de masse actuel, ce n’est pas du tout le cas. Le mouvement actuel s’est développé indépendamment des dirigeants de OC qui sont restés sur le côté, ne jouant un rôle ni dans les grèves étudiantes ni dans la première vagues de manifestations contre la violence policière. Cela n’a changé que tôt le dimanche matin, 28 septembre, quand le mouvement de masse était déjà étendu et que les dirigeants de OC se sont retrouvés à « courir après le bus ».
Comme Action Socialiste l’expliquait au commencement de OC en 2013, tout en supportant l’appel à une occupation de masse, OC était aussi une tentative des dirigeants pan-démocratiques « modérés » de reconstruire leur autorité endommagée dans la lutte démocratique, en particulier chez les jeunes et beaucoup de militants, et de se positionner eux-même à la tête de la confrontation sur la réforme électorale. Alors que l’idée d’occupation correspondait à l’ambiance populaire pour une lutte plus radicale pour obtenir la démocratie, le but des pan-démocrates « modérés » était d’utiliser l’appellation « OC » pour bloquer les initiatives plus radicales par en-bas. Les « modérés » qui sont proches politiquement de la direction de OC, et qui jusqu’au mois dernier cherchaient encore un compromis avec Pékin, ont souffert d’une grosse perte électorale en faveur des candidats pro-démocratie plus radicaux dans les dernières années en résultat de leurs trahisons et des compromis pourris avec la dictature, en particulier pendant les précédentes réformes électorales en 2010.
« Les dirigeants de OC ont hésité et reporté trop de fois », dit Sally Tang Mei-Chingd’Action Socialiste. « Quand [le dirigeant de OC] Benny Tai Yiu-Ting est venu aux manifestations étudiantes, après deux jours de résistance face à la police, et a dit qu’il annonçait le début d’Occupy Central, beaucoup de gens l’ont hué et ont même commencé à quitter les lieux par mécontentement ».
Sur presque toutes les questions – le timing, la composition, la stratégie, pour ne pas parler de leur programme « modéré » très limité – les dirigeants de OC étaient désynchronisés de la réalité et de l’humeur des masses. Même leur choix de l’endroit, Central, a été dépassé par le développement réel de la lutte. Ce mouvement est plutôt « Occupy Decentral » – adoptant consciemment un caractère non-concentré dans divers endroits pour déjouer les plans de la police. Le mouvement actuel a émergé par en-bas, par les manifestants qui ont enduré les attaques de la police, plutôt que par les « dirigeants » auto-proclamés.
Action Socialiste a montré que ce dont ce mouvement a besoin, mais qui fait encore tristement défaut, est une direction démocratiquement élue pour les manifestations de masse, un comité d’action pour décider de la stratégie et des tactiques, ouvert à tous les groupes, partis et syndicats, mais sans qu’un seul groupe essaie d’imposer son monopole.
Un nouveau Tiananmen?
Beaucoup de gens ont établi des parallèles entre les événements de ce week-end et la lutte pour la démocratie en 1989 en Chine, et la répression brutale qui a suivi. Dans nos articles précédents, nous avons exploré la question de jusqu’où le régime chinois était prêt à aller pour bloquer la revendication pour des élections libres à Hong Kong. Il y a une lutte de pouvoir très acérée et potentiellement explosive au sein de la dictature du parti unique PCC. Xi Jinping peut difficilement se permettre de paraître faible ou de ne pas savoir manier une crise politique à Hong Kong. Cela pourrait déclencher une contre-attaque sur la position de Xi par les « groupes d’intérêts (vested interests) » et les « tigres » (hauts fonctionnaires) qui ont été visés par des purges ces deux dernières années.
En même temps, la concentration d’encore plus de pouvoirs dans les mains de Xi, contrairement aux 30 dernières années ou plus de dictature « de groupe », va inévitablement lui faire porter le chapeau – sans personne derrière qui se cacher – quand les politiques du régime manquent spectaculairement leur cible, comme en ce moment à Hong Kong. Hong Kong constitue à présent un énorme dilemme pour Xi et sa tentative de consolider son contrôle au sein du régime. Comme Edward Wong et Chris Buckley le notent dans le New York Times : « … Même de modestes concessions [aux manifestants de Hong Kong] pourraient envoyer des signaux à travers la frontière, montrant que les manifestations de masse donnent des résultats – un soupçon de faiblesse que M. Xi, un dirigeant qui exsude une auto-assurance imperturbable, paraît déterminé à éviter, selon les analystes de la Chine continentale. Et il est improbable que les petits compromis apaisent beaucoup des habitants de Hong Kong qui ont rempli les rues ».
Dans sa décision en août, le PCC a jeté le gant, balayant même les revendications minimales des pan-démocrates « modérés » et calculant qu’il pourrait contenir ou écraser le défi qui paraissait à ce moment-là émaner de la timide direction de OC. Mais comme nous l’avons vu, et comme les socialistes avaient averti que c’était de plus en plus une possibilité, le mouvement actuel a éclaté sans et malgré les dirigeants « modérés », et en partie du à l’intransigeance de Pékin.
La tentative initiale de répression de masse a explosé à la figure du gouvernement (comme plusieurs des boites de gaz lancées par la police). Cela force CY Leung et les forces d’État locales à rester en arrière pour le moment. Lundi, selon le Financial Times, le gouvernement a annoncé le retrait des troupes anti-émeutes des rues (même si cela ne s’est révélé qu’en partie vrai).
Tôt lundi matin, les « bons flics » du département des relations publiques de la police ont été envoyés pour négocier avec les manifestants, leur demandant « gentiment » si les routes pouvaient être laissées ouvertes au trafic, comme si rien ne s’était passé la veille ! Dans l’occupation de Mong Kok et Causeway Bay, il y n’y a actuellement presque aucune présence policière, alors que sur le terrain du gouvernement à Admiralty, les manifestants font toujours face à des rangées de policiers.
Même le méga feu d’artifice lancé du port de Hong Kong pour célébrer le 65ème anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine, le 1er octobre, a été annulé par peur des manifestations. Ce n’est qu’un avant-goût de la façon dont la crise politique actuelle à Hong Kong peut rebondir sur Xi Jinping et crever l’image triomphante qu’il veut promouvoir.
Le Global Times de Chine, porte-parole fanatique du gouvernement, a publié un édito en anglais disant : « les activistes radicaux sont condamnés ». Sur le site internet en chinois du journal, un article a été supprimé qui disait que la Police Armée du Peuple, la force anti-èmeute et anti-terroriste chinoise, pourrait assister la police de Hong Kong pour écraser les manifestations ; « Le soutien des forces armées pourrait rapidement restaurer la stabilité » à Hong Kong, disait-il. Que le régime fasse taire de tels propos pour le moment indique que même à Pékin – où il y a des signes de « déconnexion » et d’un faible rapport aux réalités du terrain, en particulier envers Hong Kong, mais pas seulement – on reconnaît maintenant qu’une crise politique explosive a été créée et qu’il faut s’avancer prudemment.
Même les 5000 unités de l’Armée Populaire de Libération (APL) stationnées à Hong Kong ne seraient pas nécessairement suffisantes à « restaurer l’ordre », c’est à dire à porter un coup décisif aux manifestants, en particulier avec le caractère de plus en plus décentralisé du mouvement. Déployer des troupes chinoises risquerait d’embraser un contre-coup politique encore pire. Pour le régime chinois et l’establishment capitaliste de Hong Kong, la garnisonde l’APL a un rôle dissuasif, une menace plutôt qu’une intention sérieuse.
Cela ne veut pas dire que les troupes de l’APL ne vont jamais être utilisées, ni le projet de renforts de l’autre côté de la frontière, dans le cas d’une crise et de scissions entre l’appareil d’État local de Hong Kong et les forces de police. A court terme cependant, cela est peu probable. La tactique du gouvernement dans les prochains jours, comme à Taiwan pendant le « mouvement des tournesols » plus tôt cette année, va être d’utiliser des gangsters payés et des « groupes de volontaires » pro-PCC pour servir de provocateurs pour déclencher des affrontements qui peuvent être utilisés afin de discréditer le mouvement et fournir un prétexte pour une nouvelle répression par la police.
“A bas CY!”
Même si la situation change extrêmement vite, avec des variations aiguës et des changements possibles, il semble maintenant que le régime va se retenir d’envoyer une nouvelle vague de répression, et probablement offrir des concessions, peut-être en sacrifiant un haut-fonctionnaire impopulaire (comme il l’a déjà fait auparavant) de façon à gagner du temps et à laisser passer la crise.
Il n’est pas exclu que CY soit forcé de se retirer pour permettre de restaurer « la stabilité » à Hong Kong, même si son départ face au mouvement de protestation de masse sera d’un énorme coût à la fois pour le régime chinois et de Hong Kong. Cela augmenterait énormément la confiance du mouvement pour la démocratie et justifierait l’idée de résistance de masse audacieuse. L’appel à la destitution de CY est maintenant la principale préoccupation et revendication du mouvement de masse. Même les dirigeants de OC ont appelé à la résignation du Chef de l’Exécutif, reflétant la pression de la colère de masse qu’ils ressentent en ce moment. Dans la nuit de lundi, CY a produit une déclaration disant qu’ils « ne ferait pas de compromis » – mais à mesure que la crise se prolonge, des scissions ouvertes vont émerger dans le camp du gouvernement, submergé par la pression.
Action Socialiste a été active tout au long du mouvement et joue un rôle important dans l’organisation de grèves parmi les écoliers du secondaire à travers la Citywide School Strike Campaign. Action Socialiste explique que la démocratie authentique ne peut être obtenue que par la liaison des manifestations de masse à Hong Kong avec les soulèvements révolutionnaires en Chine, où la classe ouvrière gigantesque est la force la plus importante pour changer la société et vaincre la dictature. La lutte pour la démocratie ne peut être gagnée dans les limites du capitalisme, qui partout, y compris dans les « démocraties occidentales » préconisées par les dirigeants pan-démocrates, signifie le contrôle des politiques par les milliardaires non-élus et les grandes corporations. Le capitalisme signifie la dictature, que ce soit par des régimes autoritaires ou par les marchés financiers. Notre alternative est une société socialiste dirigée démocratiquement et une économie planifiée qui peut éliminer la pauvreté croissante, les logements insalubres, le chômage et les contrats de travail sous-payés.
Dans les manifestations de masse actuelles, Action Socialiste défend la création d’un parti de masse des travailleurs à Hong Kong et aussi en Chine, qui lie les revendications démocratiques révolutionnaires avec le besoin d’une alternative socialiste claire.
Solidarité avec la « Révolution des Parapluies » de désobéissance civile de masse, de grèves et d’occupations à Hong Kong !
Étendons le mouvement de grève ! Construisons des syndicats et des comités de grève démocratiques des travailleurs et des étudiants.
Pour la démocratie complète et immédiate à Hong Kong et en Chine ! A bas la dictature à parti unique du PCC !
Dégageons CY Leung et son gouvernement non-élu !
Opposons-nous à la répression – pas de nouvel écrasement comme à Tiananmen !
Solidarité internationale avec les manifestations de masse à Hong Kong
Plusieurs initiatives ont été lancées pour montrer la solidarité avec la contestation à Hong Kong et mettre la pression sur les autorités. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), auquel Action Socialiste est affiliée, a appelé ses membres du monde entier à rejoindre ou à initier des actions devant les ambassades chinoises ou les missions commerciales Hong Kong. Les militants peuvent aussi prendre des selfies ou des photos de groupe de leurs actions en utilisant nos slogans en chinois.
Utilisez facebook et les réseaux sociaux pour montrer votre soutien ! Postez vos images sur la page facebook d’Action Socialiste : https://www.facebook.com/SocialistAction
-
Hong Kong : Un journal pro-Pékin a lancé une attaque contre le CIO
Le journal pro-Pékin “Ta Kung Pao” a attaqué le parlementaire pro-démocratie Leung Kwok-Hung (connus sous le surnom de Longs Cheveux, en raison de son refus de se couper les cheveux tant que Pékin n’aura pas reconnu le massacre de Tiananmen en 1989) et Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) dans leur 10ème édition de juin. Ce tissu de propagande dans un journal quotidien tristement connu comme étant le porte-parole de la dictature du Parti Communiste Chinois à Hong Kong est publié au moment où la lutte pour la démocratie à Hong Kong entre dans une phase cruciale, à la veille de la méga-manifestation annuelle du 1er juillet contre le gouvernement. Le régime chinois intensifie sa guerre psychologique contre “l’instabilité politique” et les revendications “illégales” d’élections libres à Hong Kong.
Dikang, Socialist Action, CIO-Hong Kong
Socialist Action a exigé un avis juridique sur la nature diffamatoire de l’article tout en menant une défense politique vigoureuse pour exposer ses mensonges.
Le journal proclame faussement que Longs Cheveux, qui purge actuellement une peine de 4 semaines de prison sur de fausses accusations politiques, a organisé la création de Socialist Action en 2010 pour en faire une force plus extrême dans la lutte pour la démocratie. Des accusations et attaques absurdes de ce type courent tout au long de l’article, qui évoque les spectre des “forces étrangères”, c’est-à-dire le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont Socialist Action fait partie. Ta Kung Pao accuse le CIO de défendre “des méthodes très violentes” et accuses ses sections au Brésil, en Turquie et en Suède d’avoir fomenté les émeutes de l’année passée! C’est classique de la part des journaleux d’une dictature dont le niveau de paranoïa est inégalé quand il s’agit de manifestations de masse, d’idéaux démocratiques et de socialisme authentique.
La préoccupation de Ta Kung Pao envers la violence mérite un Oscar étant donné leur silence au sujet du massacre militaire des manifestants à Pékin en 1989. Ce journal a attaqué les 180.000 personnes qui ont manifesté cette année en commémoration des victimes du massacre du 4 juin 1989 en qualifiant la manifestation “d’acte de trahison nationale”.
Fomentation des émeutes
“Les méthodes d’action du CIO sont très violentes”, affirme l’article. “Le 20 mai 2013, la section suédoise du CIO Rättvisepartiet Socialisterna a initié une manifestation contre les politiques sociales du gouvernement suédois et le manque de services publics. Les manifestants ont mis le feu à des voitures, ont détruit des centres commerciaux et attaqué des postes de police, et cela a mené à 3 jours d’émeutes. Beaucoup de policiers et de passants ont été blessés”.
Ce n’est qu’un exemple du « journalisme » dérangé de Ta Kung Pao. Les émeutes de l’année dernière à Stockholm ont été déclenchées par le meurtre d’une personne âgée par la police, après des années de racisme et de négligence des infrastructures publiques dans les quartiers ouvriers. La section du CIO a initié un meeting de protestation avec des groupes des communautés locales pour appeler à la fin des incendies et des émeutes tout en critiquant durement la brutalité de la police et les politiques néo-libérales du gouvernement.
Comme dans des cas similaires en Grande Bretagne, en France et en Chine, le CIO a toujours montré clairement qu’il ne croit pas aux émeutes, même si elles sont des réactions compréhensibles face au capitalisme, au chômage et à la pauvreté. Nous défendons les organisations (des partis ouvriers et des syndicats de lutte) et les méthodes de lutte de masse collectives et disciplinées, comme les grèves et les occupations ouvrières, liées à la défense d’une alternative socialiste au capitalisme.
Les assertions de Ta Kung Pao sur les manifestations de masse en 2013, actuellement ravivées au Brésil durant la Coupe du Monde, sont encore plus fantastiques ! Déclarant que 300.000 personnes ont participé aux manifestations contre l’augmentation des billets de métro, il dit que le police a utilisé la répression contre les “organisations criminelles” et que “beaucoup de ceux qui ont été arrêtés étaient membres de la section brésilienne du CIO, LSR.”
Le trotskisme
L’article continue contre le trotskisme qui est décrit dans des termes quasi-maoïstes comme une tendance “ultra-gauchiste et violente” : “beaucoup de pays les considèrent comme des organisations extrémistes, les pires après les terroristes”. Il attaque la théorie de la révolution permanente, qu’il transforme en doctrine de “l’émeute permanente”. En réalité, la révolution permanente est la conception brillante de Trotsky qui explique pourquoi les capitalistes dans les pays coloniaux et semi-coloniaux sont incapables de remplir les tâches démocratiques bourgeoises comme l’unification nationale ou la résolution des problèmes laissés par la société féodale. Hong Kong, la Chine et beaucoup d’autres endroits en Asie vivent la preuve de l’exactitude des théories de Trotsky, qui explique pourquoi les travailleurs ont besoin d’organiser une alternative socialiste de masse et non pas de laisser les luttes contre la dictature ou contre la domination impérialiste étrangère à une des ailes de la classe capitaliste.
L’article de Ta Kung Pao fait partie d’une offensive propagandiste plus large du PCC pour discréditer les partis les plus radicaux de la lutte démocratique. Le but est de lier Longs Cheveux au CIO et des les goudronner avec les pinceaux de la “violence” et de “l’extrémisme politique”. Parmi les accusations les plus outrageuses, il affirme que Socialist Action coopère avec Passion Civique, un groupe de droite “nativiste” (nationalistes de Hong Kong) qui mène une vicieuse campagne de diffamation contre Socialist Action. Au contraire, tout en représentant différentes organisations et programmes politiques, Socialist Action et Longs Cheveux ont coopéré dans beaucoup de luttes pour les droits des travailleurs et contre la dictature chinoise.
La lutte pour la démocratie
L’offensive propagandiste du PCC est liée à la situation politique plus chargée à Hong Kong et en Chine. Il est plus clair que jamais que Pékin n’a pas du tout l’intention d’autoriser la tenue d’élections libres (au suffrage universel) à Hong Kong en 2017, comme les gens l’ont pensé pendant un moment (mais qui n’a pas été le cas, comme l’avaient prévu les camarades du CIO). Au lieu de cela, ils nous servent un réarrangement du modèle d’élections “contrôlées” actuelles, provoquant une colère généralisée. En juin, le conseil d’état chinois (le cabinet) a dévoilé un Livre Blanc sur Hong Kong qui stipule que “la haute autonomie du territoire n’est pas une autonomie totale”. Ce document, sans précédent depuis la rétrocession de Hong Kong par la Grande Bretagne en 1999, est largement considéré comme la preuve que le gouvernement chinois s’assied sur les revendications démocratiques. Sa publication suit une série d’avertissements des politiciens pro-gouvernement notamment au sujet de la possibilité d’instaurer la loi martiale à Hong Kong et de déployer des troupes pour écraser les manifestations.
Dans le même temps, les partis d’opposition bourgeois démocratiques (pan-démocrates) ont énormément compliqué la lutte démocratique par leur volonté d’éviter la lutte de masse en plaçant tous leurs espoirs dans un compromis avec le PCC. Les accusations de violence de la part de l’establishment et de journaux comme Ta Kung Pao sont une tentative délibérée d’attaquer les sections les plus radicales de la lutte pour la démocratie, comme Longs Cheveux, et d’augmenter la pression sur l’aile dominante “modérée” des pan-démocrates pour qu’ils se dissocient des méthodes “extrémistes”.
Ces derniers ont honteusement condamné Longs Cheveux (en présentant une motion contre lui à la législature) quand il a été arrêté et accusé de “dommages criminels” et de “conduite désordonnées” pendant une manifestation en 2011. C’était contre un faux processus de consultation mené par le gouvernement pour resserrer encore les règles électorales, utilisées comme couverture pour plus d’attaques contre les droits démocratiques. Longs Cheveux a été condamné à deux mois de prison (ce qui auraient abouti à la perte de son siège à la législature), peine réduite à 4 semaines en appel.
Les socialistes contre-attaquent!
L’attaque de Ta Kung Pao, même si elle est infâme, est une reconnaissance déformée de l’impact de Socialist Action et du CIO à Hong Kong et de la peur de la dictature chinoise des idées socialistes. L’article mentionne la campagne électorale du conseil de district de 2011, quand Socialiste Action a présenté Sally Tang Mei-Ching comme candidate, et mentionne même qu’elle est allée à Taïwan pour le compte du CIO durant le mouvement de masse “tournesol”, au début de cette année.
L’article réfère aussi à l’appel de Socialist Action au mouvement Occupy Central (un plan visant à occuper les rues du principal quartier d’affaires, dirigé par les pan-démocrates “modérés”) pour adopter un programme et une approche plus combatifs qui comprenne la nécessité de la grève comme une arme-clé dans la lutte contre le PCC, à commencer par un appel à des grèves étudiante. Ta Kung Pao, bien entendu, a déformé cela, espérant faire rimer “grèves” avec “violence” et “extrémisme” – ce qui est la façon dont la dictature et les capitalistes voient vraiment l’utilisation de la grève par les travailleurs aujourd’hui.
A propos du soutien de Socialist Action à la campagne pour l’Union des Réfugiés à Hong Kong, il affirme que c’était “une utilisation des réfugiés comme hommes de main” pour préparer et radicaliser le mouvement Occupy Central. Les réfugiés, dont l’occupation de 120 jours et le camp contre la discrimination et la corruption a été un modèle de discipline, sont décrits comme des criminels qui correspondent au soi-disant plan de Socialist Action parce qu’ils “ne craignent pas la prison”. Comme avec l’accusation des émeutes à l’étranger, Ta Kung Pao n’a pas donné un seul fait pour appuyer ses accusations.
Un autre objectif de cet article est de lier Longs Cheveux aux “forces étrangères” sous la forme du CIO et de l’Union des Réfugiés. C’est un des thèmes préférés de la propagande du CCP aujourd’hui, promouvant le nationalisme chauvin chinois et une prétendue conspiration étrangère pour “diviser” la Chine. L’article souligne que Socialist Action a des membres “étrangers” et des liens avec des “organisations étrangères” – ce qui sera illégal si la législation sécuritaire pro-PCC, l’Article 23, est adopté à Hong Kong. Cette législation a été différée pendant 10 ans sous la pression des masses, mais n’a pas été abandonnée par le camp pro-gouvernement.
Alors que Ta Kung Pao est fortement discrédité à Hong Kong en tant que journal maintenu avec l’argent du PCC, il n’y a aucun échappatoire à la menace implicite de ses attaques contre les camarades du CIO. Hong Kong et la Chine se dirigent vers des temps tumultueux et la dictature identifie et attaque ses ennemis politiques.
Plutôt que de se laisser intimider, cependant, les socialistes seront encore plus déterminés à lutter pour la démocratie authentique, y-compris des médias démocratiques sous propriété publique, et à construire des organisations de masse de la classe ouvrière et des jeunes et en en finir avec le capitalisme et la dictature.
-
Hong Kong : fin de la grève des dockers après 40 jours
Les délégués syndicaux déclarent une “demi-victoire”
La grève des 500 dockers de Hong Kong, qui a paralysé le troisième plus grand port du monde, vient de se terminer après 40 jours. La confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU) qui représente les grévistes a obtenu un accord d’une hausse de 9,8 % de salaire à partir du 1er mai. Cette grève a été la plus longue grève de l’histoire de Hong Kong depuis la fameuse grève des marins de 1922 (qui avait duré 55 jours). Elle est le signal d’un “retour” de la lutte de classe dans cette ville qui est pourtant célèbre en tant que bastion, véritable phare du capitalisme, où la lutte de classe est censée ne pas exister.
Par Vincent Kolo, chinaworker.info
Cette grève a éclaté après des années d’intensification de l’exploitation et d’aggravation des conditions de travail, surtout pour les travailleurs des entreprises sous-traitantes, dont le salaire réel est aujourd’hui inférieur à celui qu’ils recevaient dans les années ’90. Cette grève a eu un grand impact, loin au-delà de l’industrie portuaire, ébranlant l’ensemble du paysage politique et révélant au grand jour l’avidité et la brutalité du propriétaire du port, M. Li Ka-Shing, le huitième homme le plus riche du monde (31 milliards de dollars, à Hong Kong, un immeuble sur 7 lui appartient), et de ses amis capitalistes.
Cette grève a démontré le rôle décisif de la classe ouvrière dans la société en tant que force de changement, qui a gagné un immense soutien de la part de très larges couches de la classe moyenne, comme les étudiants et la société civile. Ce soutien était visible tout au long de la grève, malgré le fait qu’en termes de nombres, seule une minorité de dockers y a participé. Imaginons l’impact que pourrait avoir une grève de milliers ou de centaines de milliers de travailleurs.
Qu’ont obtenu les grévistes ?
La HKCTU a décrit le résultat de la grève comme étant une “demi-victoire”. La grève est parvenue à exercer une telle pression sur les employeurs que ceux-ci ont finalement été forcé d’augmenter leur offre de hausse salariale jusqu’à 9,8 % – leur position de départ était de 5 % + 2 % (en comptant des primes secondaires). L’accord qui a été signé le 6 mai laisse cependant bon nombre de questions ouvertes.
La plupart des travailleurs sont frustrés du fait qu’ils n’aient pas pu obtenir une “hausse à deux chiffres”. Les travailleurs avaient en effet demandé une hausse de 20 %, et les négociateurs syndicaux, qui avaient divisé par deux cette revendication, avaient toujours clamé vouloir une hausse à deux chiffres et ne pas signer pour moins que ça. Les patrons ont délibérément placé leur “dernier prix” à 9,8 %, dont le montant est symbolique puisqu’en-dessous de 10 %. Pour les capitalistes, ce qui était important ici n’était pas le fait d’économiser quelques dollars, mais de remporter une victoire psychologique.
L’assemblée de masse des grévistes le 3 mai avait rejeté cette offre de 9,8 %, qui a pourtant été acceptée trois jours plus tard par leur direction syndicale. Le 6 mai, lors d’une nouvelle assemblée convoquée après signature de cet accord, 20 % des travailleurs ont encore une fois voté contre, ce qui est toujours une portion importante des grévistes et révèle un climat d’appréhension. Mais parmi beaucoup de travailleurs, est apparue l’idée que cela était le meilleur accord que l’on pourrait obtenir, après près de six semaines de lutte, pendant lesquelles les patrons ont maintenu une ligne très agressive, annonçant qu’ils ne reviendraient plus à la table de négociations.
Ce mouvement impressionnant comporte de nombreuses leçons pour le mouvement ouvrier au sens large. Il est à présent nécessaire de dresser un bilan – de reconnaitre ce que la lutte a obtenu, mais aussi de poser la question : n’aurait-on pas pu obtenir plus ? Les dirigeants de la HKCTU et de nombreux sympathisants des grévistes parmi les ONG et le mouvement étudiant ont, de notre point de vue, présenté une vision trop optimiste de l’accord, ignorant toutes sortes de questions cruciales concernant la stratégie à mettre en œuvre et ce qui aurait pu être obtenu à la place. Ce n’est pour nous pas suffisant de se contenter de généralités telles que : « La lutte va à présent continuer mais sous une forme différente…», etc.
On pourrait bien entendu dire cela de toutes les grèves. Mais pour les travailleurs, qui ont fait de gros sacrifices économiques pendant cette lutte, et dont certains risquent de perdre leur emploi, il faut une évaluation plus sérieuse. La section du CIO à Hong Kong, Socialist Action, a activement soutenu la grève en récoltant presque 36 000 dollars hongkongais (2,3 millions de francs CFA!), intégralement reversés aux dockers grévistes. Nous avons proposé des mesures concrètes de lutte aux dockers et avons participé à leur mise en application, comme par exemple la distribution de tracts le matin au port pour demander aux non-grévistes de rejoindre le mouvement. Nous avons souligné l’intérêt d’une approche plus offensive, comme on l’a vu avec le barrage routier qui a été mis en place de manière non concertée le 25 avril, qui a temporairement bloqué l’accès au terminal de Kwai Tsing tout en gagnant le soutien des chauffeurs de camions. Malheureusement, plutôt que de montrer cet exemple comme un modèle à suivre pour intensifier la lutte, les dirigeants de la HKCTU ont préféré parler “d’incident isolé”.
Quelles garanties pour les grévistes licenciés ?
Une autre question brulante est le destin des 100 grévistes qui étaient employés chez la compagnie Global Stevedoring Service, une entreprise sous-traitante du port qui a fait faillite pendant la grève. La fermeture de cette entreprise et le licenciement de l’ensemble de sa main-d’œuvre est le résultat d’un complot visant à mettre pression sur les grévistes. En fait, cette entreprise était loin d’un d’être une unité indépendante – comme les patrons voudraient nous le faire croire –, mais en fait, est une entité “autonome” créée de toutes pièces en tant que sous-traitant de la principale compagnie portuaire, Hutchison Port Holdings, et qui appartient comme elle à Li Ka-Shing, le patron du port. La question de la sous-traitance et des travailleurs temporaires reste aussi ouverte, alors que c’était justement cette question qui était la principale source du conflit.
Il est clair qu’aucun accord ne peut être considéré comme acceptable à moins que des garanties ne soient obtenues pour les travailleurs de Global, qui ont été un des piliers de la grève. Certains de ces travailleurs ont confié à nos camarades leur déception par rapport à la manière dont cette grève s’est terminée. Ils ont le sentiment que la direction syndicale n’a pas donné assez de considération à leur propre situation. La HKCTU a annoncé le retour au travail le 9 mai, mais sans rien dire concernant le sort des travailleurs de Global, se contentant d’appeler le gouvernement à “aider” ces travailleurs à retrouver un emploi.
Des leçons cruciales
Alors que cette grève peut, à toutes sortes de niveaux, servir de source d’inspiration pour l’ensemble de la classe des travailleurs, certaines leçons d’une importance cruciale doivent être tirées. Au début de la grève, les dirigeants de la HKCTU ont sous-estimé la résistance acharnée des patrons, et pensaient qu’il suffirait de s’assurer la sympathie de la population pour remporter la victoire. Mais vu que seule une minorité des travailleurs du port est partie en grève, il aurait mieux valu surestimer plutôt que sous-estimer l’ennemi. Les dirigeants du syndicat ont également trop insisté sur des manifestations et des meetings – ce qui est aussi important, mais qui n’est pas un substitut pour les méthodes traditionnelles de la classe ouvrière qui sont le piquetage, les barrages, et l’appel aux autres travailleurs à rejoindre la grève ou à “éviter” le travail normalement effectué par les grévistes. Si ces mesures avaient été adoptées de manière systématique, cette grève aurait déjà pu gagner plus de “mordant”.
La direction de la HKCTU, qui est politiquement proche de et influencée par les dirigeants bourgeois pro-“démocratie”, a à la place de ces méthodes de lutte, adopté une attitude prudente au sujet de nombreuses questions tactiques décisives, de peur de “perdre le soutien du public”. Mais ce risque n’a jamais été sérieux. Le soutien public était immense. C’est au total 9 millions de dollars hongkongais qui ont été récoltés parmi la population pour les grévistes (600 millions de francs CFA !). Il n’y a aucune contradiction entre la mise en place d’un piquet de grève et le maintien d’un large soutien public.
Ces problèmes tactiques doivent bien évidemment être considérés dans le contexte actuel, qui est fait d’attaques brutales de la part du patronat, constitué de plusieurs firmes sous-traitantes se trouvant toutes sous les ailes de la principale entreprise portuaire, Hutchison. Les patrons ont accusé le syndicat de mener une “lutte de classe” (comme si les patrons sont toujours pacifistes), et ont recouru à toutes sortes de coups bas pour briser la grève. Il y a eu trois jugements du tribunal visant à limiter la liberté de piquetage et de manifestation des grévistes, le recrutement de travailleurs journaliers afin de briser la grève, et la “faillite” orchestrée de Global en pleine grève. Un autre obstacle a été le rôle ignoble joué par le syndicat “jaune” pro-Pékin, la HKFTU (Fédération syndicale de Hong Kong), qui a tout fait pour saboter la grève et liguer la majorité des dockers qui travaille directement pour le port et n’était pas partie en grève, contre leurs camarades grévistes qui travaillent pour les sous-traitants.
Socialist Action avait dès le départ de la grève proposé d’intensifier les actions au terminal portuaire, en mettant en place des piquets et des barrages routiers, tout en appelant plus de travailleurs à rejoindre la lutte. Les décisions juridiques contre la grève ont imposé d’importantes restrictions physiques aux grévistes, et auraient dû être remise en cause de manière plus énergique – pas par des procédures d’appel juridique, mais par l’organisation d’une campagne de protestation contre la partialité de classe très claire de ces décisions juridiques. Cela pose aussi la question de savoir quand il devient nécessaire pour les travailleurs en lutte de défier la loi lorsque celle-ci est injuste, et de la manière dont cela peut se faire.
Les dirigeants de la HKCTU ont sans cesse mis en avant la nécessité d’éviter toute action qui puisse provoquer des arrestations ou la répression. Cette question est en effet trop importante pour être traitée à la légère. Mais le risque de répression ne devrait pas devenir un argument général contre toute idée de piquetage visant à empêcher autant d’opérations portuaires que possibles. Si les grévistes avaient été arrêtés pour avoir exercé leur droit fondamental de tenir un piquet de grève, cela aurait généré une énorme vague de sympathie publique, qui aurait provoqué un émoi public encore plus grand contre les compagnies portuaires déjà très peu populaires, les mettant encore plus sous pression.
Dans leurs efforts d’éviter toute confrontation avec les autorités légales, les dirigeants de la HKCTU ont malheureusement limité l’efficacité de la lutte et ont retenu leur pleine puissance de frappe. C’est cela qui a finalement permis à Hutchison de maintenir un certain niveau d’opérations tout au long de la lutte, et de donner l’impression qu’après plusieurs semaines d’action, la grève avait atteint une impasse.
Les patrons et le camp pro-gouvernement sont déjà en train de tenter d’exploiter à leur avantage la fin de cette grève et en particulier, l’échec des grévistes qui n’ont finalement pas obtenu de hausse à deux chiffres, en utilisant cet argument dans leur propagande selon laquelle la lutte ne mène finalement à rien. Wong Kwok-kin, un des cadres du syndicat jaune, HKFTU, a ainsi déclaré : « L’organisateur de la grève est parvenu à mobiliser divers partis politiques et associations de la société civile derrière son mouvement, ce qui leur a permis de tenir relativement longtemps. Mais même ainsi, les travailleurs n’ont pas pu obtenir leur objectif d’une hausse de salaire à deux chiffres, et cela donne à présent au public l’idée que cette tactique n’a finalement rien donné ».
En réalité cependant, si la détermination et l’esprit des dockers avait été lié à une stratégie, à une organisation et à des méthodes combatives, comme nous l’avons mis en avant, la classe ouvrière serait une force invincible.
L’arnaque de la sous-traitance
Le contexte de la grève des dockers est celui de 15 ans de diminution des salaires réels et d’aggravation des conditions de travail, alors que le prix du logement et autres dépenses quotidiennes a explosé. Les dockers de Hong Kong gagnaient avant la grève 55 dollars hongkongais de l’heure (3600 francs CFA), c’est-à-dire moins que les 60 dollars (3900 francs) qu’ils gagnaient en 1995, au moment où les opérations portuaires ont été livrées à la sous-traitance. La HKCTU ne s’est pas clairement opposée à la sous-traitance et n’a pas mentionné ce problème en tant que question fondamentale lors de la grève actuelle, alors que le problème de la sous-traitance est absolument central dans le conflit portuaire et doit être combattu. Par exemple, la HKCTU a accepté en avril, dans une autre région de l’empire économique de Li Ka-shing, un nouveau plan de sous-traitance qui affectera 100 travailleurs à Watsons Water.
Hutchison, comme toutes les autres entreprises partout en Asie, utilise la sous-traitance afin de faire diminuer les salaires, éviter les congés maladies et autres avantages, et afin de briser la force des syndicats. Des militants syndicaux qui étaient venus d’Australie et des Pays-Bas apporter leurs vœux de solidarité, et qui travaillent dans des ports appartenant eux aussi à Hutchison (cette compagnie possède 13 % du trafic portuaire mondial), ont illustré dans leurs discours l’énorme différence qui existe entre les conditions de salaire et de travail chez les travailleurs qui sont parvenus à bloquer la sous-traitance en forçant Hutchison à employer directement l’ensemble du personnel, et chez les travailleurs de Hong Kong pour qui la sous-traitance semble maintenant impossible à stopper.
Les travailleurs venus d’Australie de la part du Syndicat des travailleurs maritimes d’Australie ont décrit les conditions de travail au port de Hong Kong comme étant un “enfer sur terre”, un “travail d’esclave”. Ils ont raconté que les dockers australiens reçoivent l’équivalent de 647 000 dollars hongkongais par an (42 millions de francs CFA) pour une journée de huit heures, alors que les dockers de Hong Kong ne reçoivent que 216 000 dollars hongkongais par an (14 millions de francs CFA) pour des journées de 12, voire 24 heures. La question des heures supplémentaires n’a elle aussi pas été touchée dans l’accord signé à la fin de la grève (il n’y a aucune prime de nuit ni de week-end pour les dockers des sous-traitants).
De même, les dockers venus du port de Rotterdam aux Pays-Bas, qui sont directement employés par Hutchison, ont dit gagner 50-60 % de plus que leurs camarades de Hong Kong, alors qu’ils ne travaillent que 178 heures par mois, contre 330 heures par mois au port de Hong Kong.
Construire des syndicats combatifs
Les dockers de Hong Kong n’ont pas en ce moment le degré d’organisation syndicale de leurs camarades en Australie et en Europe. Il est clair que la force et la cohésion syndicales (surtout considérant le rôle joué par la HKFTU) sont des facteurs cruciaux lorsqu’on doit estimer ce qui peut être obtenu par la lutte, y compris par cette lutte-ci. Dans ce sens, nous sommes d’accord sur la phrase “La lutte continue sous d’autres formes”, c’est-à-dire qu’il faut maintenant tirer l’expérience de cette lutte portuaire pour construire un syndicat puissant, démocratique et combatif pour les dockers, qui sera un modèle pour les autres sections de la classe des travailleurs. Socialist Action s’engage à continuer à donner toute notre assistance dans cette lutte. Mais il est aussi nécessaire de complètement tirer les leçons de cette lutte, surtout en ce qui concerne les tactiques d’extrême prudence mises en avant par la direction de la HKCTU qui ont refusé de déployer toute la puissance de la grève qui aurait pu bloquer une partie beaucoup plus importante des activités portuaires. Ces questions doivent être résolues afin d’obtenir une victoire lors de la prochaine lutte.
-
Nouvelles du CIO : 8,3% pour notre camarade de Socialist Action à Hong Kong
Ce dimanche, la candidate de Socialist Action, Sally Tang Mei-ching (22 ans), a obtenu 493 voix (soit 8,3%) dans la circonscription de Un Chau et So Uk lors des récentes élections pour le conceil de district. Comme prévu, le siège en jeu dans ce district a été remporté par le DAB*, parti pro-gouvernemental et de plus en plus raciste et autoritaire, qui a reçu 3403 suffrages. Les ‘‘modérés’’ du parti pan-démocratique ADPL ont obtenu 1947 voix ADPL.
Socialist Action (CIO-Hong Kong)
Pour Socialist Action, ce fut là une très bonne première expérience électorale, moins de 18 mois après que l’organisation ait été fondée. ‘‘Nous avons aidé à politiser un grand nombre de personnes à travers cette campagne, et la réponse a été vraiment super’’, a déclaré Sally Tang Mei-ching. ‘‘Socialist Action est désormais mieux connu que jamais.’’
Socialist Action s’est présenté dans le cadre d’une coopération électorale conclue avec la Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD), dont la collaboration a permis à Socialist Action de pouvoir se présenter.
Ces élections très peu suivies, qui apparaissent à peine dans la presse, ont été marquées par une campagne raciste contre les immigrés philippins et par des tactiques de diffamation pour ‘‘violence politique’’, utilisées dans les coulisses par les partis de l’establishment pour assurer la défaite la plus importante possible à l’opposition démocratique et surtout à son aile radicale, y compris la LSD, qui a perdu ses quatre sièges au conseil de district
Une analyse et un rapport complets de ces élections ainsi que de la campagne de Socialist Action apparaîtront bientôt sur le site chinaworker.info.
* Democratic Alliance for the Betterment and Progress of Hong Kong (DAB), l’Alliance démocratique pour l’amélioration et le progrès de Hong Kong (DAB) est le front existant à Hong Kong pour le Parti soi-disant ‘Communiste’ Chinois.
