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Tag: Hong Kong
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Motion de solidarité de la CGSP ALR Bruxelles contre la répression en Chine/Hong Kong

Nous publions ci-dessous une importante motion de solidarité qui se situe dans la fidèle tradition de la solidarité internationale entre travailleurs. Nous vous invitons à faire de même et à envoyer cette déclaration à info@socialisme.be
La CGSP ALR Bruxelles, exprime sa plus totale opposition à la répression contre les syndicalistes et les militants pour la démocratie à Hong Kong. Notre syndicat, qui représente les travailleurs du secteur public régional bruxellois, soutient les campagnes de solidarité avec ceux qui luttent pour des syndicats véritablement indépendants et les droits démocratiques des travailleurs à Hong Kong et en Chine.
Nous exprimons notre solidarité avec les syndicalistes et le peuple de Hong Kong qui font face à des attaques sans précédent contre les droits démocratiques. Notre syndicat note que depuis 2020, Hong Kong a été le théâtre d’une sévère répression politique de la part du gouvernement, qui a imposé une loi de sécurité nationale assortie de sanctions draconiennes. Cette loi est utilisée pour écraser les droits démocratiques à Hong Kong.
D’éminents syndicalistes sont pris pour cible. Winnie Yu Wai-ming, infirmière et fondatrice de l’Hospital Authority Employees Alliance (HAEA), est actuellement en prison dans l’attente d’un procès pour “subversion”, tout comme Carol Ng du HKCTU. La HAEA a été formée pendant les manifestations pour la démocratie de 2019 et a été le premier syndicat hospitalier au monde à faire grève pour obtenir davantage de ressources pour lutter contre Covid-19.
Les développements à Hong Kong sont “un assaut brutal contre les droits humains fondamentaux : la liberté d’association, la liberté d’expression, la liberté de se réunir”, déclare Sharan Burrows, secrétaire générale de la ITUC. L’Union for New Civil Servants a annoncé sa dissolution en 2021 sous les menaces du gouvernement. En Chine, le régime ne tolère pas les syndicats indépendants ni les droits démocratiques fondamentaux et étend désormais ce système politique à Hong Kong.
Nous appelons tout le mouvement syndical et social à :
– Exiger l’abolition de la loi répressive sur la sécurité nationale et abandonner les accusations infondées contre les militants de la démocratie.
– Soutenir les campagnes de solidarité avec ceux qui luttent pour des syndicats véritablement indépendants et pour les droits démocratiques des travailleurs à Hong Kong et en Chine.
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Hong Kong: le syndicat des enseignants s’effondre face à l’attaque du gouvernement

Seules la résistance organisée de masse et la solidarité peuvent résister aux attaques de la dictature chinoise contre les syndicats et les droits démocratiques.
Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong
DERNIÈRES INFORMATIONS: Le 10 août, après la publication de ce rapport, les dirigeants du HKPTU (Syndicat des enseignants professionnels de Hong Kong, ndT) ont officiellement dissous le syndicat, qui avait été fondé en 1973. Cet état de fait désastreux était malheureusement déjà clair, comme l’indique notre rapport, du fait de la capitulation antérieure de la direction du syndicat face aux attaques et aux diffamations scandaleuses du gouvernement. Cela souligne encore davantage le besoin urgent d’une approche complètement nouvelle afin de reconstruire le syndicalisme et la lutte anti-autoritaire, une approche basée sur la lutte et la solidarité de la classe ouvrière, en particulier en faisant le lien entre les travailleur-ses de Hong Kong et de la Chine continentale, avec des liens étroits avec le mouvement ouvrier international.
Le 31 juillet 2021, les médias contrôlés par le régime chinois ont lancé une attaque contre le plus grand syndicat de Hong Kong, le syndicat des enseignants professionnels (HKPTU). Utilisant un langage fasciste, le Quotidien du Peuple, le principal quotidien du “Parti communiste” (PCC), a qualifié le HKPTU de “tumeur maligne” qui doit être “éradiquée”. L’accusation du PCC contre le syndicat, qui est typique de sa propagande contre les “instigateurs extérieurs”, est que le HKPTU aurait incité ses membres et les étudiants de Hong Kong à se révolter contre la dictature, notamment lors des manifestations de masse de 2019 qui ont fait descendre plus de deux millions de personnes dans la rue. Tous ceux et celles qui ont participé à ces manifestations savent que la direction du HKPTU n’a joué aucun rôle de ce type et a plutôt été un frein à la lutte.
Une “continentalisation” complète
Dansant au rythme de son maître, le Bureau de l’éducation de Hong Kong a exécuté la volonté du régime quelques heures seulement après l’attaque du Quotidien du peuple, en « dé-reconnaissant » effectivement le syndicat, qui compte 95 000 membres et représente 90 % des enseignants de la ville. Le Bureau de l’éducation et le reste du gouvernement fantoche de Hong Kong visent une “continentalisation” totale, qui reflète la volonté politique de la dictature de Xi Jinping : effacer toute trace des droits démocratiques qui existent, de façon ténue, à Hong Kong depuis plusieurs décennies en tant qu’exception à la règle en Chine. Les syndicats, à l’exception du faux “syndicat” de l’État policier ACFTU, sont totalement illégaux en Chine.
“Le PTU est le seul syndicat du bloc pan-démocratique qui dispose d’un pouvoir organisationnel très fort. Il peut diffuser efficacement des messages aux membres, offrant ainsi un soutien substantiel au mouvement”, déclare Ivan Choy Chi-keung, membre du HKPTU et commentateur politique de l’Université chinoise de Hong Kong (South China Morning Post, 4 août 2021).
La description de Choy n’est pas totalement inexacte : le HKPTU a ou avait un pouvoir potentiel considérable. Mais ce qui n’est pas dit, c’est le rôle terrible de la direction pan-démocratique bourgeoise du syndicat, qui a toujours, constamment, agi comme un frein bureaucratique et conservateur à la lutte, à la fois en tant que syndicat et en tant que force influente au sein du bloc pan-démocratique (les partis qui ont traditionnellement dominé la lutte pour la démocratie à Hong Kong). La lâcheté et l’incapacité de la direction du HKPTU à offrir une quelconque riposte organisée sont parfaitement visibles aujourd’hui, sous l’attaque féroce du PCC, lorsque le syndicat s’est tout simplement effondré plutôt que de tenter de rallier ses membres pour participer à une lutte défensive.
Les dirigeants bourgeois pan-démocratiques, dont les dirigeants du HKPTU sont typiques, ne sont pas les ardents guerriers pro-démocratie dépeints par la propagande chinoise (et américaine), mais plutôt des reculeurs invétérés, qui cherchent toujours à éviter la lutte. La réponse des dirigeants du HKPTU à cette attaque frontale contre le droit à l’existence du syndicat a des conséquences désastreuses pour les enseignants et pour l’avenir des syndicats à Hong Kong, où le HKPTU sera considéré comme l’un des plus grands “dominos” à tomber sous les roues de la contre-révolution totalitaire du PCC. Cette expérience confirme avec force, et avec des conséquences tragiques immédiates, les avertissements des marxistes et des socialistes authentiques selon lesquels les partis pro-capitalistes dirigés par des libéraux petits-bourgeois et des soi-disant modérés sont incapables et peu désireux de mener la lutte de masse nécessaire pour les droits démocratiques, de défendre les droits existants contre les attaques et de défier une dictature soutenue par les grands capitalistes. Un syndicat dirigé par de tels leaders est une “espèce en voie de disparition”.
Abandon des positions
Déjà avant la « dé-reconnaissance du HKPTU » et à l’instar d’autres sections du bloc pan-démocratique “modéré”, ses dirigeants ont renoncé à tout rôle d’opposition significatif. Cédant à la pression du régime, ils ont changé de cap au cours de l’année écoulée en affirmant, de manière discutable, “garder le syndicat en tant que syndicat” (cette déclaration est d’une ironie amère étant donné la décision prise aujourd’hui de dissoudre le syndicat). Le mois dernier, ils ont quitté l’Alliance de Hong Kong (nom complet : Hong Kong Alliance in Support of Patriotic Democratic Movements of China), une coalition de divers partis et ONG pan-démocratiques, qui a toujours – jusqu’aux interdictions des deux dernières années – organisé la commémoration annuelle du massacre de Tiananmen le 4 juin.
L’Alliance elle-même ne montre qu’une résistance verbale symbolique à la répression du régime (sa composition politique est identique à celle de la direction du PTU), se conformant ainsi à une tendance plus large de capitulation parmi les partis et groupes officiels de la lutte pour la démocratie – plus de 20 partis et groupes ont été dissous au cours des 12 derniers mois.
Au cours de la semaine écoulée, les dirigeants du HKPTU ont effectivement liquidé le syndicat (désormais officiellement, et pas seulement “effectivement”, avec la dissolution le 10 août) en tant que force capable de défendre les droits des enseignants et de résister au programme réactionnaire du gouvernement. L’une des questions clés est la détermination du régime de Xi Jinping à imposer une “éducation” ultranationaliste dans les écoles, à l’instar du reste de la Chine. Le HKPTU a annoncé la création d’un groupe de travail chargé de promouvoir l’histoire et la culture chinoises et d’encourager “l’affection pour la maison et le pays” parmi les membres du syndicat et les élèves. Cette volte-face, pour apaiser la propagande du PCC et espérer détourner l’accusation de “tumeur maligne”, ne fera que démoraliser la base du syndicat et aliéner les élèves, dont la grande majorité déteste la propagande officielle du PCC qui se fait passer pour de l’éducation. Loin d’être une “tactique” pour gagner du temps et éviter de nouvelles attaques, c’est le contraire qui se produit : personne dans le camp du gouvernement ne sera impressionné par cette manœuvre superficielle, tandis que les nombreux enseignants qui abhorrent sérieusement le rouleau compresseur autoritaire se sentiront trahis.
En outre, afin de prendre ses distances par rapport aux principes syndicaux fondamentaux, le HKPTU a annoncé son retrait de la Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU), la principale centrale syndicale pro-démocratique, et son retrait avec effet immédiat de l’Internationale de l’éducation, l’organisme international des syndicats d’enseignants qui compte 32 millions de membres. La direction du HKCTU, autre groupement pan-démocratique, a déclaré que la décision du HKPTU, le plus grand affilié de la confédération par une large majorité, de se retirer était “compréhensible”. Tant que le régime du PCC sera confronté à une telle “opposition”, sa répression sera “imparable” et le syndicalisme en danger.
Le rôle des jeunes
L’attaque contre le HKPTU doit être considérée dans un contexte plus large : l’ensemble du secteur de l’éducation est un champ de bataille clé de la contre-révolution antidémocratique. Le salut du drapeau chinois et l’”éducation patriotique”, l’expression en jargon chinois pour désigner le lavage de cerveau à l’école, battent leur plein. Dans les cours d’”éducation patriotique”, la grande famine de 1958 à 1962 (Grand Bond en avant), le massacre de la place Tiananmen en 1989 ou les camps de prisonniers au Xinjiang et le génocide culturel des Ouïgours n’existent pas et ne se sont jamais produits.
La dictature chinoise craint le rôle des jeunes dans les manifestations de masse et croit à tort qu’elle peut l’empêcher en bourrant les écoles de propagande. Sur les plus de 10 000 personnes arrêtées pour avoir participé aux manifestations de 2019, soit un quart du total, 2 500 avaient moins de 18 ans. La capitulation du HKPTU sur cette question aura des répercussions étendues au-delà des membres du syndicat, en particulier parmi la jeune génération qui risque d’être emportée par des humeurs terroristes, qui représentent une dangereuse impasse en matière de lutte.
Bien avant la répression contre le HKPTU, les enseignants ont été espionnés, leurs messages sur les médias sociaux surveillés. Un sondage réalisé en mai a montré que 40 % des enseignants de Hong Kong souhaitent quitter complètement le secteur. Cette tendance va s’accélérer après la capitulation du HKPTU. En outre, de petites organisations d’enseignants, dont un groupe d’opposition de base au sein du HKPTU, se sont déjà dissoutes par crainte de la répression.
Si les dirigeants du PTU avaient refusé de capituler et avaient au contraire convoqué leurs membres à des réunions de masse pour discuter de l’attaque du Quotidien du Peuple qui qualifie le syndicat de “tumeur”, cela aurait très probablement pu obliger la contre-révolution à faire un pas en arrière. Même la loi sur la sécurité nationale, super-élastique et fourre-tout, aurait eu du mal à inventer un nouveau crime consistant à protester contre le fait d’être qualifié de “tumeur”. Cette situation aurait pu servir de point de ralliement pour une défense fondamentale du HKPTU et du syndicalisme en général. Au lieu de cela, les dirigeants ont capitulé, renforçant l’idée que la contre-révolution et la répression politique du PCC sont inarrêtables.
Solidarité de la classe ouvrière
SARCHK (Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong) et ASI (Alternative Socialiste Internationale) ont averti à plusieurs reprises que la contre-révolution en cours allait s’étendre aux syndicats. Il est probable que les grèves politiques seront interdites, et sur cette base, toute grève pourra être interdite à l’avenir. L’objectif de la dictature est la “continentalisation” totale, ce qui signifie l’absence de syndicats, l’absence de droit de grève et le règne de la terreur sur les lieux de travail.
À Hong Kong et en Chine, les questions de classe, les questions syndicales et les questions démocratiques sont toutes indissociablement liées. Les syndicats sont attaqués parce que ce sont potentiellement les armes les plus puissantes dans la lutte contre la dictature, comme l’ont montré l’Afrique du Sud, la Corée du Sud et presque toutes les luttes pour la démocratie dans l’histoire. La classe ouvrière est la classe la plus constamment démocratique et révolutionnaire – toujours – malgré une propagande massive (de la part des politiciens bourgeois et staliniens) selon laquelle la classe capitaliste ou les “classes moyennes” sont les principaux agents du changement démocratique.
À Hong Kong, les pan-démocrates ne représentent pas la classe capitaliste, qui est complètement intégrée au système de domination du PCC. Les pan-démocrates libéraux pourraient tout au plus être classés comme des “aspirants” qui souhaitent représenter la classe capitaliste, une classe et un système économique qu’ils craignent et ne remettent jamais en question. Mais souhaiter quelque chose n’en fait pas un fait. Pour les socialistes, il s’agit là d’un point crucial pour distinguer le rôle des véritables forces capitalistes, qui soutiennent de tout cœur la répression et la dictature, de celui des “aspirants” représentants d’un capitalisme démocratique qui n’existe pas et n’existera probablement jamais.
SARCHK et ASI appellent le mouvement ouvrier et syndical à tirer la sonnette d’alarme et à faire preuve de solidarité contre l’attaque brutale du régime contre les syndicats, y compris les enseignants de Hong Kong qui ont maintenant été abandonnés de manière brutale par la direction bureaucratique de leur ancien syndicat. Des leçons doivent être tirées : la capitulation n’est pas une tactique ou une stratégie, c’est la fin de la partie ! Nous exhortons les travailleurs-ses du monde entier à soutenir les campagnes de solidarité avec ceux et celles qui luttent pour des syndicats véritablement indépendants et pour les droits démocratiques des travailleurs-ses à Hong Kong et en Chine.
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Action à Bruxelles contre la répression à Hong Kong et en Chine !

Action de protestation statique, avec masques et respect des mesures de distanciation physique
Ce lundi 31 mai 47 accusés seront jugés à Hong Kong pour “incitation à la subversion du pouvoir d’État”, dont Leung Kwok-hung, un ancien élu de gauche au Legco, l’ancien Conseil législatif de Hong Kong. Il s’agit de la deuxième audience du plus grand procès organisé à ce jour en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée l’année dernière par la dictature du Parti « Communiste » Chinois (PCC).
L’accusation de subversion contre les 47 repose sur leur participation à une “primaire” électorale non officielle en juillet 2020, quelques semaines seulement après l’imposition de la loi sur la sécurité nationale. Plus de 610.000 électeurs, soit un taux de participation incroyablement élevé, avaient participé à cette “primaire” pour choisir les candidats pro-démocratie qui se présenteraient aux élections (annulées par la suite) du Legco (Conseil législatif, l’ancien pseudo-parlement de Hong Kong) de septembre 2020. Le PCC affirme que ces “primaires” constituent une conspiration visant à renverser le gouvernement de Hong Kong.
Depuis que les manifestations antigouvernementales de masse ont éclaté en 2019, 10.200 personnes ont été arrêtées. Plus de 600 ont jusqu’à présent été condamnées pour des délits politiques, notamment pour “émeute” et “rassemblement illégal”, et beaucoup ont écopé de peines de prison extrêmes de cinq ans ou plus. La dictature chinoise (du PCC) qualifie les manifestants de “terroristes” et d’”agents étrangers” et a imposé une nouvelle loi sur la sécurité nationale pour écraser le mouvement démocratique. En vertu de cette loi, la peine maximale est la prison à vie.
Ce 31 mai, la campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » organise des actions de protestation dans plusieurs pays. En Belgique, nous nous réunirons à 17h30 au Bureau de commerce de Hong Kong à Bruxelles, 118 rue d’Arlon.
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Hong Kong : Actions internationales de solidarité le 31 mai contre le procès de la “subversion”

Leung Kwok-hung Libération de “Cheveux longs” et des prisonniers politiques de Hong Kong !
Lundi 31 mai, Leung Kwok-hung, dit “Cheveux longs” (en raison de son refus de se couper les cheveux jusqu’à la reconnaissance du massacre de Tienanmen par le régime de Pékin), et 46 autres accusés seront jugés pour “incitation à la subversion du pouvoir d’État”. Il s’agit de la deuxième audience du plus grand procès organisé à ce jour en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée l’année dernière par la dictature du Parti « Communiste » Chinois (PCC) dirigé par Xi Jinping. S’il « Cheveux Longs » est reconnu coupable, la peine maximale encourue est la prison à vie.
La première audience de l’affaire, qui a débuté le 1er mars, a constitué un sinistre avertissement sur la manière dont la nouvelle loi sera utilisée pour écraser la dissidence politique. Trente-six des 47 accusés, dont “Cheveux longs”, se sont vu refuser la libération sous caution et ont été placés en détention durant l’enquête de la police. Auparavant, à Hong Kong, la libération sous caution était normalement accordée, sauf dans des cas très graves tels que les procès pour meurtre, en vertu du principe selon lequel l’accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire. L’audience du mois de mars s’est prolongée pendant quatre jours, les accusés n’ayant pas eu la possibilité de se doucher ou de recevoir des vêtements de rechange. Dix des accusés se sont évanouis et quatre ont été envoyés à l’hôpital, dont “Cheveux longs”, qui souffre de problèmes cardiaques.
Avec ce procès pour subversion, le régime chinois a rassemblé la quasi-totalité des dirigeants de l’opposition issus de tous les courants politiques antigouvernementaux, y compris les syndicalistes, les libéraux pro-occidentaux et les localistes de droite (un mouvement nationaliste de Hong Kong). Parmi eux figurent d’anciens législateurs (élus au Conseil législatif, Legco) comme “Cheveux longs”, qui a été élu cinq fois au Legco. Le régime de Xi a imposé un nouveau système politique en vertu duquel quatre cinquièmes des sièges du Legco seront désignés par un comité contrôlé par le PCC ou par des lobbys d’entreprises, et tous les candidats seront d’abord passés au crible par la police secrète afin de s’assurer que seuls les “patriotes” peuvent se présenter. Ces “patriotes” sont ceux qui obéissent servilement au régime de Xi et ne critiquent jamais ses politiques répressives.
L’accusation de subversion contre les 47 repose sur leur participation à une “primaire” électorale non officielle en juillet 2020, quelques semaines seulement après l’imposition de la loi sur la sécurité nationale. Plus de 610.000 électeurs, soit un taux de participation incroyablement élevé, avaient participé à cette “primaire” pour choisir les candidats pro-démocratie qui se présenteraient aux élections du Legco (annulées par la suite) de septembre 2020. Le PCC affirme que ces “primaires” constituent une conspiration visant à renverser le gouvernement de Hong Kong.
Chaque candidat, victorieux ou non, est accusé de subversion. “Cheveux longs”, par exemple, n’a pas gagné sa primaire et n’aurait donc pas été candidat sur la base du résultat de juillet. Le fait qu’un combattant ayant fait ses preuves dans la lutte ait été éliminé illustre le caractère contradictoire (voire chaotique) de la conscience politique du mouvement pro-démocratie à Hong Kong.
Les leçons du mouvement de 2019
Les manifestations de masse de 2019 ont atteint des sommets incroyables, avec jusqu’à deux millions de personnes rejoignant les manifestations. Elles ont fait preuve d’une créativité et d’une bravoure extraordinaires face à d’énormes obstacles.
Les jeunes qui étaient la force motrice de cette lutte ont largement rejeté les politiciens pro-démocratie dont l’action reposait sur le compromis et qui dominaient précédemment l’opposition. Ceux-ci ont de plus en plus été considérés comme “trop mous” et représentant un frein à la lutte. Ce jugement est tout à fait correct. Malheureusement, l’accent mis par le mouvement sur l’”action” militante à l’exclusion de la politique, et sa foi dans la “spontanéité” au détriment de la construction de structures de masse organisées (des comités démocratiques, des syndicats, des comités de grève et un parti politique de la classe ouvrière), ont conduit à l’émergence de nombreuses figures et groupements “nouveaux” mais politiquement très limités et confus (à consonance radicale, mais sans stratégie ni idée de ce qui est nécessaire pour gagner).
Ces derniers comprenaient également des groupes dont la seule “stratégie”, surtout vers la fin de la période où le mouvement s’épuisait, consistait à placer leurs espoirs dans des sanctions (en réalité superficielles) des États-Unis et des gouvernements occidentaux de droite. Au lieu d’un moyen efficace d’aller de l’avant, cela représente une impasse totale et une dangereuse incompréhension de ce que sont réellement les gouvernements capitalistes étrangers.
« Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » et Alternative Socialiste Internationale (ASI) demandent à nos camarades et à nos sympathisants de marquer la date du 31 mai par une action de solidarité contre le procès sur la sécurité nationale. Dans les grandes villes, les manifestations devant les ambassades ou les consulats de Chine seraient une bonne option, mais les bureaux de la méga-banque anglo-hongkongaise HSBC pourraient aussi, dans certains pays, être un bon point de mire pour les manifestations, même dans les petites villes (les patrons de HSBC sont complices de l’introduction de la loi sur la sécurité nationale – le directeur général de HSBC pour l’Asie-Pacifique, Peter Wong Tung-shun, est membre du PCC et a fait campagne pour cette loi).
Nous exigeons la suppression de la loi de sécurité nationale de Hong Kong et la libération des prisonniers politiques. Nous soulignons la nécessité de reconstruire la lutte révolutionnaire de masse contre la dictature et d’étendre celle-ci à la Chine, en la reliant à la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme qui menace partout les droits démocratiques.
Ce qui suit est le texte d’un nouveau tract de la campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong ».
Stop à la répression en Chine et à Hong Kong
Pour la solidarité et l’internationalisme de la base – Aucune confiance dans les politiciens et les gouvernements capitalistesÀ Hong Kong, depuis que les manifestations antigouvernementales de masse ont éclaté en 2019, 10.200 personnes ont été arrêtées. Plus de 600 ont jusqu’à présent été condamnées pour des délits politiques, notamment pour “émeute” et “rassemblement illégal”, et beaucoup ont écopé de peines de prison extrêmes de cinq ans ou plus. La dictature chinoise (du PCC) qualifie les manifestants de “terroristes” et d’”agents étrangers” et a imposé une nouvelle loi sur la sécurité nationale pour écraser le mouvement démocratique. En vertu de cette loi, la peine maximale est la prison à vie.
Hong Kong était autrefois la seule partie de la Chine à disposer de quelques droits démocratiques limités. Depuis que la loi sur la sécurité nationale a été imposée, la ville est devenue un État policier de facto. Le dictateur chinois Xi Jinping veut éradiquer le “virus” de la démocratie, dont il craint qu’il ne se propage de Hong Kong à la Chine, mais il veut également faire preuve de fermeté à l’égard des États-Unis et des gouvernements occidentaux dans le cadre de leur conflit de guerre froide qui s’aggrave.
La répression à Hong Kong
– À ce jour, plus de 100 militants ont été inculpés d’infractions graves en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
– La liberté d’expression est effectivement écrasée par la loi sur la sécurité nationale. Le slogan “Mettre fin au régime du parti unique”, qui a été pendant de nombreuses années une revendication essentielle du mouvement démocratique et des manifestations d’un million de personnes, est désormais considéré comme de la subversion, passible de la prison à vie.
– Le 4 juin, date anniversaire du massacre de Pékin de 1989, où des centaines de personnes ont été massacrées par l’armée, est un sujet interdit en Chine. Le 4 juin n’a jamais été commémoré qu’à Hong Kong, où 180.000 personnes ont participé à la veillée de 2019. Mais en 2021, la veillée de Hong Kong est interdite pour la deuxième année consécutive.
– Les syndicats de Hong Kong sont les cibles de la répression chinoise. Le syndicat des nouveaux fonctionnaires, fort de 3.000 membres, a été dissous en janvier. Deux dirigeants syndicaux, Carol Ng Man-yee du HKCTU et Winnie Yu Wai-ming du HAEA, ont été accusés de subversion. Ng a démissionné de son poste de présidente du syndicat et a coupé ses liens avec le Parti travailliste dans le but de réduire sa peine. Plusieurs autres accusés ont également rompu tous leurs liens politiques.
– Leung Kwok-hung, vétéran de la gauche et militant pour la démocratie, “Cheveux longs”, fait partie des personnes inculpées en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Il a déjà été condamné à 18 mois de prison pour “rassemblement illégal” en vertu d’une loi datant de l’époque coloniale britannique – ce qui rappelle que le gouvernement chinois n’a pas le monopole des lois répressives.
La répression en Chine
La situation en Chine est encore pire. Les syndicats sont illégaux, à l’exception d’un faux syndicat géré par le gouvernement, l’ACFTU, qui n’a jamais (pas une seule fois) soutenu une grève des travailleurs. Les travailleurs sont souvent jetés en prison s’ils font grève ou protestent, surtout s’ils essaient de s’organiser. Les dirigeants des travailleurs sont accusés d’être “manipulés par des forces étrangères”. Les féministes sont également attaquées comme étant “antipatriotiques” et “corrompues par des idées étrangères”.
En 2018, lors de la célèbre lutte de Jasic, des dizaines de jeunes de gauche et de maoïstes autoproclamés ont été emprisonnés et torturés pour avoir organisé la solidarité avec des ouvriers d’usine en grève. Ainsi, une dictature qui se prétend faussement “communiste” attaque et emprisonne les véritables communistes et travailleurs, et pas seulement les politiciens libéraux et les militants pro-démocratie comme à Hong Kong.
Au Xinjiang, où vivent 12 millions de musulmans ouïgours, une répression horrible a lieu au nom de la lutte contre le “terrorisme”. La dictature chinoise a soutenu la “guerre contre le terrorisme” menée par l’Occident après 2001 et s’en est servie pour faciliter sa propre répression antimusulmane et renforcer son contrôle sur le Xinjiang, riche en ressources. Les Ouïghours sont soumis à des lois racistes discriminatoires et à un système de surveillance hi-tech massif comprenant des camps d’internement de masse. Le régime de Xi a d’abord nié l’existence de ces camps, puis a changé de position lorsque les preuves sont devenues indéniables, les qualifiant d’”écoles de formation professionnelle” !
« Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong (Solidarity Against Repression in China and Hong Kong, SARCHK) » est une campagne internationale lancée par Alternative Socialiste Internationale (ASI) et nos camarades en Chine, à Hong Kong et à Taiwan. Nous avons une longue expérience de la lutte pour les droits démocratiques et du soutien aux luttes des travailleurs.
SARCHK expose le rôle réel de la dictature chinoise, qui est dominée par des milliardaires – la Chine compte désormais plus de milliardaires que les États-Unis – et présente l’un des pires bilans au monde en matière de droits des travailleurs. Nous exposons également l’hypocrisie de la rhétorique anti-chinoise des gouvernements occidentaux, qui est souvent utilisée pour attiser le racisme, pour provoquer la division, et qui prétend en vain promouvoir la “démocratie” et les “droits humains”.
Démocratie contre dictature
– Les États-Unis fournissent une aide militaire à 73 % des dictatures du monde. La Chine ne peut pas faire mieux !
– La Grande-Bretagne a dirigé Hong Kong pendant 154 ans et n’a jamais organisé d’élections.
– Les gouvernements des pays “démocratiques” soutiennent et appuient toujours les régimes qui leur permettent de faire des profits. Comme le montre le Myanmar, pour combattre la dictature, il faut une lutte de masse révolutionnaire menée par les travailleurs et les jeunes.
Les États-Unis, l’Union européenne et d’autres gouvernements occidentaux ainsi que leurs grandes entreprises ont travaillé main dans la main avec la dictature chinoise pendant de nombreuses années. Ensemble, ils ont étouffé les plaintes pour violation des droits de l’homme, aidant même l’État policier chinois à développer certaines de ses technologies de surveillance les plus avancées. Leur seule préoccupation était de tirer profit de la main-d’œuvre non syndiquée de la Chine et d’exploiter le marché chinois en pleine croissance. La nouvelle guerre froide marque la fin de cette relation confortable, laissant place à une hostilité croissante entre le capitalisme occidental et chinois.
La lutte pour la démocratie – pour les droits démocratiques tels que la liberté d’expression, la liberté de réunion, le droit de s’organiser en syndicats et en groupes politiques, de faire grève, de se présenter ou de voter à des élections libres, et de chasser un gouvernement – ces droits n’ont jamais été conquis que par la lutte de masse, en particulier celle des travailleurs, avec la classe capitaliste de l’autre côté des barricades, comme c’est le cas à Hong Kong aujourd’hui.
La lutte de masse est la seule voie !
Les droits démocratiques n’ont jamais été accordés par un groupe ou un régime au pouvoir, ni par un gouvernement étranger ou la “communauté internationale”. C’est parce que les droits démocratiques réels et la lutte de masse nécessaire pour les obtenir constituent une menace sérieuse pour le système capitaliste dans lequel une infime minorité détient tout le pouvoir réel.
C’est pourquoi « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » construit une solidarité de base active avec la lutte anti-autoritaire en Chine et à Hong Kong, et s’oppose fermement à tout soutien à un gouvernement capitaliste. Le mouvement des travailleurs, les mouvements sociaux des femmes, des jeunes et des minorités opprimées, ce sont les seules forces qui peuvent vaincre les régimes répressifs.
Pour soutenir notre campagne, discuter des actions et obtenir des informations sur nos activités dans votre pays et votre localité, prenez contact avec hk.repression@gmail.com (pour la campagne internationale) et info@socialisme.be (pour la Belgique).
Ce que nous défendons :
- Abolition de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.
- Libération des prisonniers politiques à Hong Kong et en Chine. Reconstruisons et étendons la lutte de masse pour la démocratie.
- Non à la détention de masse, au travail forcé et à la discrimination contre les Ouïghours et les minorités nationales. Pour un mouvement multiethnique uni contre la dictature.
- Pour des syndicats indépendants et le droit de grève. Organisons la solidarité syndicale avec les travailleurs de Chine et de Hong Kong.
- *Solidarité internationale – non au nationalisme, à l’impérialisme et à la nouvelle guerre froide.
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[DOSSIER] Solidarité contre la répression à Hong Kong et en Chine !
Une nouvelle campagne de solidarité lancée par Alternative Socialiste InternationaleLes luttes contre l’imposition de la dictature du régime chinois à Hong Kong ont tenu le monde en haleine durant de longs mois. Aujourd’hui, nous assistons avec effroi à l’imposition brutale d’un régime dictatorial directement aux ordres de Pékin. En Chine également, la répression atteint des sommets alors que se profile le 20e Congrès du Parti « communiste » chinois (PCC) qui devrait couronner Xi Jinping pour un troisième mandat, une décision sans précédent. Sa crainte des troubles sociaux est d’autant plus grande.
Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Un coup d’État sans tanks
L’année 2019 avait connu une impressionnante vague de soulèvements (au Chili, en Équateur, au Liban, en Irak, en Iran,…). Au milieu de ces multiples irruptions des masses sur le devant de la scène pour défendre leurs droits, Hong Kong avait tout particulièrement attiré l’attention. Mais, en dépit de mobilisation dont l’ampleur et l’ingéniosité ont frappé les esprits, la dictature chinoise a imposé une loi de sécurité nationale qui signifie que celle-ci prend le contrôle politique direct du territoire. L’autonomie politique limitée de Hong Kong dans le cadre du système « un pays, deux systèmes » mis en œuvre après la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni en 1997 a de facto été abolie.
Les fragiles libertés qui existaient à Hong Kong mais étaient refusées dans le reste de la Chine, telles que la liberté d’expression et la liberté de réunion ou encore le droit de grève, sont maintenant menacées comme jamais auparavant. Les accusations de “subversion” et de “séparatisme” peuvent aujourd’hui conduire à une peine d’emprisonnement à vie, voire à l’extradition pour être jugé en Chine continentale, où la peine de mort est toujours d’application pour de telles infractions.
L’imposition de cette nouvelle loi ressemble à un coup d’État militaire ou à un second « 4 juin » (date du massacre de Tienanmen en 1989), mais en utilisant des lois, la police secrète et des technologies de surveillance pointues à la place des tanks. Cela représente bien entendu une défaite pour le mouvement antiautoritaire à Hong Kong et en Chine. Elle n’était toutefois pas inévitable. En réaction aux trahisons successives des dirigeants officiels autoproclamés du mouvement prodémocratie à Hong Kong, notamment lors de la « révolution des parapluies » de 2014, le mouvement se méfiait de toute structuration. Cette hostilité à l’organisation de la lutte avait été résumée dans le slogan « sois comme l’eau », tiré d’une citation de Bruce Lee.
Mais si des comités de lutte démocratiques avaient été mis sur pieds et avaient choisi de s’orienter vers l’arme de la grève pour paralyser Hong Kong et toucher les capitalistes pro-Pékin au portefeuille, à l’instar des masses au Myanmar dans leur combat contre le coup d’État militaire, et s’il avait été décidé de s’orienter vers les masses en Chine, la crainte ultime du régime de Pékin, une tout autre issue aurait été possible. Sans cette orientation, le mouvement de masse s’est épuisé dans une guérilla urbaine désespérée tandis que certaines couches du mouvement faisaient appel à l’impérialisme américain, également sous la pression du désespoir.
Ni Washington, ni Pékin
C’est dans ce contexte qu’Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) a décidé de lancer une campagne de solidarité internationale d’autant plus concrète que nous disposons de forces sur le terrain qui, à Hong Kong, doivent aujourd’hui fonctionner dans la semi-clandestinité en se préparant pour le pire.
Les événements de Hong Kong ont joué un rôle important dans l’accélération de la guerre froide entre l’impérialisme chinois et l’impérialisme américain/occidental. Mais la campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » ne soutient aucun de ces deux camps. Aucun d’eux ne défend véritablement les droits démocratiques ni ne représente de voie progressiste pour les travailleurs et les opprimés. Cette lutte est un combat sans scrupule pour les marchés, les sources de main-d’œuvre bon marché et les matières premières. Elle n’a rien à voir avec la « démocratie » et les « droits de l’homme », comme le prétendent les un, ou le « patriotisme » et la « sécurité nationale », comme le prétendent les autres.
Le cas des Oïghours
L’abominable répression qui s’abat sur la province du Xinjiang, à l’ouest de la Chine, et sur les Ouïghours, communauté turcophone et musulmane, est également cyniquement utilisée dans ce cadre. De multiples organisations de défense des droits humains dénoncent des actes de torture et des viols systématisés, des camps de travail forcé et de rééducation,… Les États-Unis ont beau crier au scandale aujourd’hui, ils ont derrière eux une longue histoire de soutien à des régimes dictatoriaux et de trahison des peuples opprimés. Ce sont les Kurdes du nord de la Syrie (le Rojava) qui en ont encore tout récemment fait les frais après avoir fait l’erreur tragique de s’allier à l’impérialisme américain. Une fois que Daesh, le prétendu « État Islamique » ne représentait plus de danger, Washington a abandonné le Rojava et l’a dans les faits livré à l’armée turque.
En Belgique, la question a été portée devant divers parlements du pays afin de reconnaître le génocide commis par le régime chinois contre les Oïghours. Plusieurs parlementaires et partis y voient également une manière bien pratique d’attaquer le PTB, dont les positionnements politiques sont bien souvent scandaleux dès lors qu’il s’agit de la Chine. Encore une fois, il s’agit d’une belle hypocrisie. Quand, suite à la visite du Premier ministre Charles Michel à Pékin, il a fallu procéder à un vote à la Chambre en 2018 concernant un traité d’extradition pour « coopérer efficacement dans la lutte contre la criminalité » avec la Chine – avec une dictature, donc – le projet de loi a été adopté par 76 votes positifs et 61 abstentions. Pas une seule voix ne s’y est opposée.
Dans sa déclaration concernant la situation au Xinjiang(1), le PTB explique que « La manière dont la Chine a pris en main la situation au Xinjiang est problématique » (difficile de dire moins…). Le parti anciennement maoïste compare la situation aux « mensonges concernant les armes de destruction massive qui ont précédé la guerre en Irak ou les mensonges visant à justifier la guerre en Libye » et cible l’impérialisme américain sans jamais se prononcer sur le caractère dictatorial de la Chine ni sur la machine de répression inouïe du pays. Ce « deux poids, deux mesures » est injustifiable. Cette déclaration se termine en disant : « nous ne rentrons pas dans la logique de guerre froide. Au contraire, nous avons besoin d’un large mouvement qui défend le dialogue et la paix. » Mais dialogue entre qui et qui ? Entre l’impérialisme américain et la dictature chinoise ? Et quelle paix ? Celle qui permet à chacun d’exploiter les masses dans son coin à sa manière ?
À l’opposé de l’approche qui vise à choisir un camp impérialiste contre l’autre, nous entendons faire reposer notre campagne de solidarité sur une solidarité de classe entre les travailleurs et les couches opprimées en Chine et à Hong Kong et ailleurs à travers le monde, y compris aux États-Unis, au travers des diverses sections d’Alternative Socialiste Internationale. L’instauration d’une véritable démocratie des travailleuses et travailleurs, une société socialiste démocratique, est la seule manière d’obtenir une paix qui ne soit au détriment d’aucun opprimé.
Prenez contact avec nous pour participer à cette campagne et participez à notre meeting en ligne en présence de camarades de Hong Kong le 14 mai, 19 heures.
1) https://www.ptb.be/la_r_pression_des_ou_ghours_en_chine_et_la_nouvelle_guerre_froide
Libérez Leung Kwok-hung, dit « Cheveux longs »
Notre campagne de solidarité vise notamment à mettre en lumière la situation de l’ancien législateur (député) de Hong Kong Leung Kwok-hung, surnommé « cheveux longs » car il a décidé d’arrêter de se couper les cheveux tant que le régime de Pékin n’aura pas présenté ses excuses pour le massacre de Tienanmen. De même que plus de quarante autres candidats au Conseil législatif (Legco) de Hong Kong, aujourd’hui dissous, il est détenu et risque la prison à vie.
Nous exigeons la libération de tous les prisonniers politiques de Hong Kong, même si nous ne partageons pas leurs idées politiques, car les accusations portées contre eux ne sont qu’un grossier coup monté. Nous souhaitons accorder une attention particulière à “Cheveux longs”, l’une des figures les plus célèbres de la contestation à Hong Kong, car il est le seul représentant de gauche parmi les dirigeants les plus éminents du mouvement démocratique. “Cheveux longs” a activement soutenu les causes des travailleurs en Chine et à Hong Kong, les droits des femmes, des personnes LGBTQI+ et des réfugiés. Il s’est également opposé à l’impérialisme américain. -
Hong Kong : Loi sur la sécurité nationale, ‘‘L’option nucléaire” de Xi Jinping

L’imposition de la nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong Kong par la dictature chinoise (PCC) est un coup dur pour les droits démocratiques et politiques
Par Per-Ake Westerlund et Vincent Kolo
L’effet de la nouvelle loi imposée par le régime chinois est similaire à un coup d’Etat militaire ou à un second “4 juin (date du massacre de Tienanmen)” mais en utilisant des lois, une police secrète et des niveaux massifs de cyber surveillance à la place de chars.
La portée de la nouvelle loi a horrifié les experts juridiques et les militants de la démocratie, et pas seulement à Hong Kong. La loi est beaucoup plus draconienne que ce que la plupart des commentateurs attendaient. Il a été prouvé que les capitalistes et les magnats de Hong Kong, qui soutiennent la loi et avaient prétendu qu’elle serait “appliquée de façon limitée”, ont complètement tort.
Pour la lutte anti-autoritaire à Hong Kong et en Chine, et le mouvement historique de protestation de masse de l’année dernière, cela représente une grave défaite. Mais c’est une défaite qui pourrait ne pas durer aussi longtemps que la dictature l’espère.
La nouvelle loi a été mise en œuvre une heure avant minuit le 30 juin, délibérément programmée pour obtenir un effet de choc maximum avant le jour férié annuel du 1er juillet, le jour de protestation le plus important du calendrier politique de Hong Kong. Depuis lors, chaque jour, de nouvelles mesures draconiennes ont été annoncées, élargissant la portée et la sévérité de la nouvelle loi.
L’aspect le plus important de la loi n’est pas ce qu’elle dit, mais qui la fera appliquer. Pour la première fois, la police secrète continentale et les agents du PCC opéreront ouvertement et disposeront de pouvoirs extrêmement étendus. De nouvelles agences sont apparues en quelques jours pour espionner et recueillir des renseignements sur les militants politiques, ainsi que pour faire appliquer la loi sur la sécurité nationale, en contournant et en neutralisant les forces étatiques locales si nécessaire.
L’homme que Pékin a placé en charge est un dur à cuire notoire, Zheng Yanxiong, qui était auparavant secrétaire général du comité régional du parti communiste à Guangdong. Zheng s’est fait connaître en 2011 en tentant d’écraser le mouvement de protestation à Wukan, un village du Guangdong. Ses supérieurs de l’époque avaient été contraints de le mettre sur la touche parce qu’ils considéraient que son approche à Wukan, la ligne dure, était contre-productive. C’était juste avant que ne commence l’ère de Xi Jinping (Xi est arrivé au pouvoir en novembre 2012).
L’Administration locale perd sa pertinence
Le répugnant gouvernement de droite de Hong Kong et l’establishment capitaliste pro-PCC se réjouissent à l’idée de se venger du mouvement populaire et ont le sentiment de soudainement gagner en pouvoirs. Ils sont maintenant redoutés pour la première fois depuis que les manifestations de l’année dernière ont éclaté et en ont fait des objets de dégoût ridiculisés. Mais ce n’est pas le gouvernement de Hong Kong qui dirige l’actuel processus. La nouvelle loi démontre en fait que ce gouvernement est plus que jamais hors de propos.
Le mythe du principe “un pays, deux systèmes”, c’est-à-dire un certain degré d’autonomie politique sous la dictature chinoise, est désormais abandonné une fois pour toutes. Il s’agit d’un départ historique et potentiellement imprudent pour le régime du PCC, qui peut susciter des représailles massives de la part des régimes capitalistes rivaux dans le monde entier, Hong Kong ayant été catapulté dans le rôle d’un nouveau “Berlin-Ouest” dans le cadre de l’escalade de la guerre froide entre l’impérialisme chinois et occidental.
Le rôle et l’importance de Hong Kong dans le passé n’était pas seulement celui de premier centre financier d’Asie, avec une forte présence de banques et de sociétés occidentales. Hong Kong a également joué le rôle de bouclier politique pour la dictature. Pékin a pu maintenir l’illusion qu’il était ouvert à certaines réformes démocratiques limitées en préservant Hong Kong comme un “second système” au sein d’”un seul pays”.
Pendant un certain temps, dans les premières années qui ont suivi la rétrocession de Hong Kong à la Chine, il ne s’agissait pas d’un simple subterfuge – les autorités chinoises précédentes n’excluaient pas la possibilité d’autoriser un plus grand degré de démocratie bourgeoise à Hong Kong, en l’utilisant comme “cobaye” pour une éventuelle expérimentation démocratique en Chine à un stade ultérieur. Mais même avant l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, le régime chinois avait résolument abandonné cette idée.
La dictature avait pris conscience que même de petites concessions démocratiques – un assouplissement de la censure, un système judiciaire plus indépendant – déclencheraient une réaction en chaîne conduisant finalement à son propre effondrement. À partir de ce moment, l’objectif de Pékin a été de faire reculer l’horloge de Hong Kong. L’arrivée au pouvoir de Xi Jinping a encore renforcé cette dérive totalitaire.
Un monstre qui grandit de jour en jour
L’introduction de la loi sur la sécurité nationale vise à avoir l’effet d’un big bang. De nouvelles mesures extrêmes sont annoncées quotidiennement, comme un monstre qui grandit de jour en jour. Cela s’explique en partie par le fait que la dictature était si désireuse d’étourdir le monde en faisant étalage de sa puissance sur Hong Kong qu’il n’y avait pas de plan détaillé. La mécanique réelle de la loi est encore en cours d’élaboration. Voici quelques-uns des nouveaux aspects annoncés au cours de ces derniers jours seulement.
Dimanche 5 juillet : Les partis politiques, organisations et ONG internationaux et taïwanais seront confrontés à la demande d’ouvrir leurs registres d’adhésion et leurs comptabilités aux agents chinois. Les représentants d’organisations qui refuseront de le faire seront condamnés à des peines allant jusqu’à deux ans de prison s’ils se rendent à Hong Kong ou en Chine, quelle que soit leur nationalité. Cela représente un danger de poursuites pour les socialistes, y compris les membres d’Alternative Socialiste Internationale (ASI/ISA), dans n’importe quel pays. La portée extraterritoriale de la loi est sans précédent.
“Si vous avez déjà dit quelque chose qui pourrait offenser [la Chine] ou les autorités de Hong Kong, restez en dehors de Hong Kong”, a écrit Donald Clarke, un expert en droit chinois de l’Université George Washington, dans une analyse (citée dans le Hong Kong Free Press).
Lundi 6 juillet : La police peut procéder à des perquisitions dans les maisons ou sur les lieux de travail et à des écoutes téléphoniques où elle le souhaite, sans obtenir de mandat de perquisition. La police peut également empêcher toute personne “faisant l’objet d’une enquête” de quitter Hong Kong. Les entreprises de télécommunications et d’internet sont désormais tenues de remettre les registres de leurs clients. Cette extension sans précédent des pouvoirs de la police et toutes les autres mesures prévues par la nouvelle loi sont mises en œuvre sans aucune consultation des autorités de Hong Kong – elles sont des spectateurs tout comme nous.
Mardi 7 juillet : Les livres étiquetés comme illégaux par la nouvelle loi seront retirés des écoles et des bibliothèques. “Si un matériel pédagogique a un contenu qui est dépassé ou qui implique les quatre crimes prévus par la loi, à moins qu’il ne soit utilisé pour enseigner de manière positive aux élèves leur conscience de la sécurité nationale ou leur sens de la sauvegarde de la sécurité nationale, sinon s’il implique un autre crime grave ou un acte socialement et moralement inacceptable, il devrait être retiré”, a déclaré l’ordre du Bureau de l’éducation.
Faire respecter les règles de la Chine continentale et les restrictions imposées aux écoles et aux universités de Hong Kong était un objectif à long terme pour Pékin.
Les 4 crimes
La loi nomme quatre crimes passibles de prison à vie (ou de peine de mort si l’accusé est envoyé en “procès” en Chine). Ces crimes sont formulés en termes extrêmement vagues et peuvent donc être utilisés par le régime comme bon lui semble. Les activités et les points de vue peuvent être déclarés illégaux d’un jour à l’autre.
La subversion comprendra toute critique de la dictature à Pékin. Le slogan “Mettre fin à la dictature du parti unique” était une revendication centrale de la lutte pour la démocratie à Hong Kong depuis sa création ; tant le slogan que les organisations qui l’utilisent pourraient maintenant être mis hors la loi.
La sécession couvre les demandes d’indépendance ou d’autonomie accrue pour Taïwan, Hong Kong, le Tibet et le Xinjiang. Toute organisation qui se contente d’appeler à l’”autodétermination” est en violation de la nouvelle loi. Cela signifie que Mao Zedong lui-même, qui, en paroles sinon en pratique, a défendu le droit des minorités nationales à l’autodétermination, risquerait la prison à vie en vertu de la nouvelle loi !
“Reclaim Hong Kong, Revolution of our times” – l’un des slogans de protestation les plus populaires de l’année dernière – a déjà été interdit par la nouvelle loi au motif qu’il équivaut à une “sécession”. Alternative Socialiste Internationale n’a jamais soutenu ce slogan parce qu’il est associé aux nativistes de droite de Hong Kong et qu’il indique une orientation nationaliste confuse qui s’éloigne de la nécessité de forger un mouvement uni avec les travailleuses et travailleurs de Chine continentale. Mais en interdisant ce slogan, le PCC a garanti qu’il exercera une emprise encore plus puissante sur l’esprit des travailleurs et des jeunes de Hong Kong. Il pourrait même trouver un écho parmi les travailleuses, les travailleurs et les jeunes de Chine continentale.
Le DPP, le parti au pouvoir à Taiwan, a mis en garde ses citoyens contre tout voyage à Hong Kong, car ils pourraient être arrêtés en vertu de la nouvelle loi s’ils ont fait des déclarations publiques ou affiché des messages en faveur de l’indépendance de Taiwan. Dans de récents sondages, 54 % des Taïwanais se déclarent favorables à l’indépendance totale de l’île, ce qui est le plus haut niveau jamais atteint. Cela provient directement des politiques agressives de Xi Jinping contre Taïwan, encore renforcées par la répression à Hong Kong.
La définition du terrorisme comprend un large éventail d’activités sans aucun lien avec le terrorisme réel. Ce label a été largement utilisé par l’establishment local pro-PCC et les médias du continent pour décrire les manifestations de l’année dernière. La perturbation des transports publics, comme lors des manifestations dans les stations de métro l’année dernière, pourrait être qualifiée de “terrorisme” par la police du PCC. De même, tout acte de soutien à ces manifestations, comme le fait de donner de la nourriture et des boissons aux manifestants ou de prodiguer des soins médicaux aux blessés, sera illégal, couvrant ainsi non seulement les manifestants de première ligne mais aussi une partie potentiellement importante de la population.
La collusion avec des forces étrangères pour porter atteinte à la sécurité nationale couvre tous les liens ou contacts internationaux, y compris Taïwan. Si cette méthode est susceptible d’être utilisée contre certains groupes et hommes politiques qui ont appelé les États-Unis et d’autres puissances étrangères à imposer des sanctions et à faire pression sur le PCC, elle peut également être utilisée contre des organisations politiques, des syndicats, des ONG et tout groupe ayant des membres au-delà des frontières de Hong Kong et critiquant le régime du PCC.
Les journalistes et les médias de Hong Kong se préparent également à une répression, l’agence de sécurité nationale nouvellement créée ayant reçu l’ordre de “prendre les mesures nécessaires pour renforcer la gestion” des médias et des ONG. Le chef de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, n’a pas calmé les craintes lorsqu’elle a déclaré : “Si les journalistes peuvent garantir qu’ils n’enfreindront pas cette loi, alors je peux aussi garantir la même chose”.
Une enquête récente de l’Association des journalistes de Hong Kong montre que 87 % des personnes interrogées pensent que la liberté de la presse sera “gravement affectée” par la loi, et 90 % pensent que la sécurité des journalistes sera menacée.
Le contexte global
L’action brutale de Xi Jinping contre Hong Kong doit être considérée dans le contexte d’une série de mesures prises récemment par le régime chinois, en particulier par les militaires. Son conflit frontalier avec l’Inde est le plus grave depuis leur guerre de 1962, ses avions de chasse ont pénétré à plusieurs reprises dans l’espace aérien taïwanais et, pour la première fois, la marine chinoise effectue des manœuvres navales dans trois mers en même temps, dans la mer de Chine orientale, la mer de Chine méridionale et la mer Jaune. La Chine a également envoyé des navires dans les eaux contestées près des îles Diaoyu (Senkaku) contrôlées par le Japon, en protestation contre la décision du gouvernement local de renommer certaines îles.
Xi Jinping semble s’engager dans des batailles partout, y compris dans un conflit qui s’intensifie avec l’Australie, avec laquelle la Chine entretenait auparavant des relations économiques florissantes. Deux citoyens canadiens en Chine ont été accusés d’espionnage et pourraient être condamnés à la peine de mort, en représailles à l’arrestation au Canada du vice-président de Huawei, Meng Wanzhou, qui est également la fille du fondateur de Huawei, Ren Zhengfei.
Les actions contre Hong Kong ne concernent donc pas seulement, ni même principalement, Hong Kong. L’objectif déclaré, à savoir arrêter le mouvement de masse qui a rassemblé des millions de personnes lors de manifestations en 2019, n’a pas nécessité que le PCC utilise l’”option nucléaire”, ce à quoi la loi se résume. En fait, le mouvement de protestation anti-autoritaire était déjà sur le déclin, s’étant heurté à ses propres contradictions internes : l’absence d’un programme politique clair et surtout d’une base ouvrière organisée pour rassembler la lutte et la diriger dans une phase beaucoup plus compliquée.
Les dernières mesures sévères peuvent avoir un effet choquant à court terme et c’est clairement une défaite pour le mouvement. En tirant les leçons essentielles et en changeant de direction, le mouvement peut se redresser à l’avenir. L’objectif de la loi est de répandre la terreur, non seulement à Hong Kong mais aussi en Chine continentale où les grondements de colère se font de plus en plus entendre. La Chine traverse une crise économique profonde à la suite du Covid-19, qui fait suite aux effets de la guerre commerciale avec les États-Unis et au ralentissement général de l’économie chinoise de ces 7-8 dernières années.
Xi Jinping veut également projeter sa force contre tout adversaire au sein de l’Etat-PCC et de l’armée. La lutte interne pour le pouvoir est désormais un élément décisif de l’évolution politique en Chine, reflétant la crise plus large de la société. Xi s’efforce de protéger sa propre position et son projet de troisième mandat, basé sur un amendement constitutionnel de 2018, qui ne semble plus certain aujourd’hui.
La politique intérieure et étrangère de Xi est considérée comme une distraction gênante par une partie de l’élite au pouvoir qui considère que la tâche principale est de relancer l’économie. Mais Xi ne peut pas facilement changer de direction politique, car cela porterait gravement atteinte à son autorité. Alors que les factions rivales aiguisent leurs couteaux, Xi en est venu à ressembler, à certains égards, à son homologue américain Trump, en misant toujours plus sur le nationalisme comme carte principale et en recherchant de nouveaux conflits comme moyen de démontrer sa puissance et de forcer la société et l’État PCC à s’unir derrière lui.
L’accord de Trump
Jusqu’à présent, l’impérialisme occidental a vivement condamné la nouvelle loi, mais les actions de riposte ont été relativement modérées. Les puissances occidentales veulent dépeindre le conflit comme étant “idéologique” : la démocratie contre la dictature. C’est tout à fait hypocrite, puisque les États-Unis et l’Union européenne n’ont aucun problème avec les dictatures en général, l’Arabie saoudite par exemple. Trump a exprimé à plusieurs reprises son admiration pour Xi Jinping et, le mois dernier à Hawaï, avec Mike Pompeo représentant les États-Unis, il semble avoir conclu un nouvel accord avec Xi pour sauver la “phase 1” de l’accord commercial entre les deux pays. La rumeur veut qu’en retour, le président américain ait accepté de limiter les mesures adoptées contre la Chine en raison de la répression massive au Xinjiang et peut-être aussi à Hong Kong.
Les actions de plus en plus provocatrices de Pékin, cependant, exposeront la faiblesse relative des puissances occidentales si elles n’agissent pas. Compte tenu des enjeux de la nouvelle guerre froide, il est plus probable que nous assisterons à un durcissement des positions des deux parties sur Hong Kong en raison de son importance symbolique dans cette lutte mondiale. Bien entendu, lorsque les gouvernements occidentaux agiront, ce sera avant tout pour défendre leurs intérêts bancaires et commerciaux. Le régime chinois pourrait avoir mal calculé et les mesures de riposte pourraient être plus sévères qu’il ne l’avait prévu. Le conflit inter-impérialistes s’intensifie et n’en est qu’à ses débuts.
Pour les socialistes et les militants de Hong Kong, il s’agit d’une évolution très dangereuse. Pour les socialistes d’ailleurs, c’est un avertissement, qui souligne le caractère d’une nouvelle période dans laquelle nous sommes entrés, avec des virages plus nets et plus explosifs dans la situation et des conflits accrus, de nouvelles luttes et le besoin urgent du socialisme et d’une démocratie réelle reposant sur le pouvoir de la classe ouvrière.
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Hong Kong : Xi Jinping prend le pouvoir pour détruire les droits démocratiques
La promulgation par Pékin d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale pour Hong Kong est le point de non-retourLes événements à Hong Kong ont atteint le point de non-retour. La décision de la dictature chinoise, depuis son pseudo-parlement, le Congrès populaire national (CPN), d’imposer une loi de sécurité nationale de grande envergure à Hong Kong signifie qu’elle prendra le contrôle politique direct du territoire, en contournant les propres institutions gouvernementales de Hong Kong. L’autonomie politique limitée de Hong Kong dans le cadre du système « un pays, deux systèmes » est effectivement abolie. Les fragiles libertés qui existent à Hong Kong mais qui sont refusées dans le reste de la Chine, telles que la liberté d’expression et la liberté de réunion, sont maintenant menacées comme jamais auparavant.
Par Dikang chinaworker.info
Hong Kong peut conserver son autonomie économique, ce qui est un arrangement très profitable pour le régime chinois (PCC), mais les éventuelles contre-mesures et sanctions occidentales, ainsi que la logique de la nouvelle « guerre froide » entre les États-Unis et la Chine, indiquent également un processus dans lequel même les privilèges spéciaux des capitalistes de Hong Kong pourraient être progressivement érodés. Le fait que le sort du principal centre financier d’Asie soit en jeu montre bien les temps dramatiques que nous vivons.
« Les implications de la loi sur la sécurité nationale du PCC sont énormes et graves, bien pires que la loi sur l’extradition qui a déclenché le gigantesque mouvement de protestation de l’année dernière », déclare Jaco de SOCIALIST ACTION (Alternative Socialiste Internationale, ASI, à Hong Kong).
« Cela signifie que le régime chinois impose son autorité directe sur la politique de Hong Kong, sur les élections et sur le niveau d’opposition toléré. Ils utiliseront des accusations telles que la subversion et le séparatisme pour interdire et emprisonner les militants et les groupes d’opposition, et feront de l’expression de la dictature un crime », dit-il.
La nouvelle loi signifie :
? Pour la première fois, les agents et la police secrète de la Chine continentale pourront opérer légalement à Hong Kong. De nouveaux « organes de sécurité » pourront être mis en place par Pékin pour espionner et arrêter l’opposition politique.
? La loi interdira « la subversion, le séparatisme et les actes d’ingérence étrangère ». Des lois similaires existent déjà à Hong Kong, mais la nouvelle loi permettra à la dictature de Pékin elle-même de faire respecter la « ligne rouge ».
? L’un des objectifs immédiats de la loi sera d’interdire « les activités des forces étrangères et extérieures » – de frapper contre toutes les formes de solidarité mais aussi de donner l’exemple des sections du mouvement de protestation qui se sont alignées sur les gouvernements étrangers (comme les groupes pro-américains et pro-britanniques). D’autres seront également accusés de « liens avec l’étranger ».
? Les partis et organisations politiques d’opposition seront de plus en plus souvent interdits de participation aux élections. Certains pourraient être interdits, surtout s’ils sont accusés de prôner l’indépendance de Hong Kong.
? Le droit de manifester, déjà attaqué depuis l’année dernière, sera fortement restreint.
? La liberté d’expression sera fortement restreinte. Il pourrait ne plus être possible d’appeler à la fin de la dictature du parti unique. Des événements comme la veillée annuelle du 4 juin (anniversaire du massacre de Tiananmen) risquent d’être interdits à moins que ce slogan ne soit supprimé de leur programme.
? Des peines de prison plus sévères et la persécution de l’opposition politique – le PCC est frustré de constater que le niveau actuel de répression et d’arrestations à Hong Kong n’est pas suffisant.
? Une censure croissante. Selon Reporters sans frontières, la liberté de la presse est déjà passée du 58 rang en 2013 au 80e (sur 180 pays et juridictions) au niveau mondial. Des articles comme celui que vous êtes en train de lire pourraient devenir illégaux.
? Un Internet plus lourdement surveillé. Il y a une ruée pour obtenir des VPN (réseaux virtuels de proxy) qui sont utilisés pour contourner les contrôles gouvernementaux sur Internet. Une entreprise a déclaré avoir vendu en une heure des abonnements VPN d’une valeur d’une semaine.Le cauchemar de Pékin
La nouvelle loi a d’énormes implications qui vont bien au-delà des frontières de Hong Kong. Elle est conçue comme une démonstration de force diplomatique du souverain absolu chinois Xi Jinping, qui donne une gifle aux États-Unis et aux autres puissances occidentales qui ont soumis son régime à des critiques à la suite de l’épidémie de coronavirus. La pandémie et l’effondrement économique qui en a résulté ont relancé la lutte pour le pouvoir au sein du PCC et Xi ressent le besoin de montrer sa puissance.
L’action de Xi a des parallèles avec l’annexion de la Crimée par Poutine en 2014, bien que Hong Kong fasse déjà partie de la Chine, c’est le degré de contrôle qui est modifié. Pour les habitants de Hong Kong, c’est une nouvelle réalité terrible. S’il y a jamais eu le moindre doute que la crise du Covid-19 change le monde, accélère les contradictions et fait exploser de nouvelles crises, la prise de pouvoir de Xi à Hong Kong en est un exemple clair.
La nouvelle loi est une attaque frontale contre les libertés démocratiques limitées dont Hong Kong jouit en tant que région semi-autonome de la Chine depuis 1997. La prise de contrôle politique direct montre que la dictature ne fait plus confiance aux institutions politiques largement décoratives qu’elle tolérait auparavant, telles que le Conseil législatif (LEGCO).
Jusqu’à très récemment, le projet du PCC était d’utiliser le LEGCO pour faire passer une variante locale de la loi de sécurité nationale en vertu de l’article 23 de la Loi fondamentale, la mini-contrainte de Hong Kong. Cela devait avoir lieu l’année prochaine si les résultats des élections de septembre du LEGCO favorisaient les partis pro-PCC et cela devait être réalisé par l’interdiction à grande échelle des candidats de l’opposition. Le plan de Pékin était d’éviter une répétition des élections du Conseil de district de l’année dernière qui sont devenues un référendum sur la lutte anti-gouvernementale et ont vu ses partis fantoches mis en déroute. L’intervention du CPN cette semaine montre que le régime chinois ne se sent plus confiant ou prêt à risquer de nouveaux bouleversements électoraux humiliants et qu’il impose donc la loi à Pékin.
L’objectif du PCC est d’écraser la lutte de masse pour la démocratie et d’expurger le soutien à l’indépendance et aux autres idées radicales parmi la jeunesse de Hong Kong. Il ne peut atteindre cet objectif; l’effet sera exactement inverse, à savoir repousser des couches encore plus importantes de la société de Hong Kong et renforcer les idées indépendantistes parmi des couches significatives, en particulier la jeunesse. Il est certain que d’autres protestations auront lieu, y compris d’éventuelles manifestations de grande ampleur dans les prochaines semaines, mais aussi une plus grande brutalité policière et une terreur d’État dans un effort pour faire appliquer la loi de Xi.
L’ambiance anti-establishment à Hong Kong est plus forte qu’il y a un an. L’idée de « lam chau » (si nous brûlons, vous brûlez avec nous), qui est tirée des films Hunger Games, trouve un soutien plus fort même parmi les couches les plus âgées. Mais la colère ne suffit pas; il doit y avoir une alternative – une voie à suivre. Toutes les ailes du mouvement de protestation sont d’accord avec « lam chau », mais elles ne donnent aucune explication sur ce que cela signifie comme stratégie de lutte. Les pan-démocrates modérés disent simplement que cela signifie une obstruction dans le LEGCO.
Le cauchemar de la dictature est que le sentiment de résistance de Hong Kong va s’étendre à la Chine continentale et déclencher un mouvement infiniment plus important qui – contrairement aux protestations de Hong Kong – aurait la masse critique nécessaire pour faire tomber le régime du PCC. C’est pourquoi le plan de répression du régime à Hong Kong consiste à « tuer le poulet pour effrayer le singe », comme le dit le proverbe chinois. Il envoie un message aux masses en Chine, en particulier à la classe ouvrière, pour qu’elles ne s’opposent pas au régime.
La mauvaise gestion de l’épidémie de coronavirus par le régime chinois au cours des premiers mois – paralysie, censure et dissimulation – a provoqué un mécontentement massif sur le continent qui a secoué Xi et le groupe au pouvoir. Une fois de plus, le spectre d’une nouvelle année 1989 se profilait à l’horizon, avant que les gouvernements occidentaux, et en particulier le président Trump, ne relâchent la pression sur Pékin en se montrant encore plus ineptes et négligents dans la gestion de l’urgence.
Si le « baromètre de la crise » a quelque peu baissé depuis le pic de l’épidémie en Chine, la dictature sait qu’elle n’est pas à l’abri. D’où l’urgence, voire le désespoir, de nombre des mesures prises par Xi.
« Le PCC se sent obligé d’agir maintenant, il a le sentiment qu’il ne peut pas attendre », déclare Jaco de SOCIALIST ACTION.
La croissance économique de la Chine a implosé cette année, un travailleur sur cinq est au chômage, et les salaires moyens dans l’industrie d’exportation ont chuté de plus de la moitié. En même temps, le conflit avec un gouvernement américain fortement déstabilisé est devenu plus dangereux. En partie, le régime de Xi veut utiliser la diversion de la pandémie mondiale pour renforcer ses positions, y compris à Hong Kong, en espérant qu’une nouvelle éruption de protestations de masse et de contre-mesures économiques de la part des régimes impérialistes rivaux sera émoussée par la pandémie et le krach économique mondial.
Un projet de la nouvelle loi de Hong Kong a été délibérément divulgué aux médias le jeudi 21 mai, la veille de la réunion du CPN, afin de s’assurer que la prise de pouvoir de Hong Kong et du PCC, plutôt que la pandémie et le crash économique, sera le gros titre de la session du CPN.
La réunion, retardée de deux mois par la pandémie, ne fut rien d’autre qu’une séance de culte pour exalter Xi et la dictature. Cette année plus que jamais, Xi a besoin que ce soit une démonstration de force, que les apparences masquent la réalité. La réalité est que son régime a subi une perte de crédibilité et de soutien dans le pays, alors qu’il est soumis à une pression immense à l’étranger.
Une aide extérieure?
Les États-Unis et d’autres gouvernements étrangers pourraient prendre d’importantes mesures de rétorsion, telles que des sanctions contre des fonctionnaires ou des entreprises chinoises et de Hong Kong. Une partie croissante du mouvement de protestation de Hong Kong place ses espoirs dans ce domaine. C’est un point de vue profondément erroné, mais qui reflète également la prise de conscience que la lutte est très inégale, que même des protestations massives et continues à Hong Kong ne suffisent pas pour vaincre la dictature la plus puissante du monde et la deuxième superpuissance militaire.
Malheureusement, encouragé par les idées nationalistes et pro-capitalistes confuses des localistes de Hong Kong et des sections des pan-démocrates libéraux, l’espoir croissant d’une « aide extérieure » va dans la mauvaise direction.
Au lieu de se tourner vers Trump ou Johnson, vers les régimes capitalistes ayant une longue histoire de soutien aux dictatures si cela paie bien, la lutte pour la démocratie à Hong Kong doit se tourner vers ceux qui ont un intérêt réel à résister au PCC : les masses en Chine continentale et la classe ouvrière internationale. En particulier, la classe ouvrière chinoise, forte de 800 millions de personnes, souffre encore plus directement de la dictature et des mêmes lois répressives qui doivent maintenant être imposées à Hong Kong.
À court terme, la brutalité du PCC va semer des illusions encore plus grandes en Occident et même chez une figure aussi répugnante que Trump. Il est possible que nous voyions beaucoup plus de drapeaux américains et britanniques sur les marches de protestation, reflétant la conscience biaisée au sein du mouvement. Cela sera d’autant plus vrai si – comme il est fort probable – les premières cibles de la nouvelle loi sur la sécurité sont les militants et les groupes que Pékin accuse d’être de mèche avec les « forces antichinoises », les États-Unis, l’Union européenne, etc.
Coup et contrecoup
Xi et ses conseillers estiment que la promulgation de la nouvelle loi désorientera et prendra au dépourvu Washington et les autres gouvernements. Là encore, avec la pandémie et la crise mondiale à gérer, ils supposent que la réponse de l’Occident sera une quantité terrifiante de mots de colère sans grand contenu réel.
Le SOUTH CHINA MORNING POST (un journal de Hong Kong) a déclaré que la nouvelle loi sur la sécurité avait « défié » les États-Unis soit de mettre à exécution les menaces qu’ils ont proférées, dans le cadre d’une législation spéciale signée par Donald Trump l’année dernière, de frapper Hong Kong de sanctions économiques, soit d’être exposés comme « menteurs, hypocrites ou idiots ».
Pékin sait que le gouvernement américain est divisé et que Donald Trump est en crise. Malgré la rhétorique anti-chinoise assourdissante et croissante de Trump et de ses fonctionnaires, le président est visiblement indifférent à ce qui se passe à Hong Kong. Les mesures limitées qu’il a menacées dans le passé ont fait l’objet de pressions de la part des deux côtés du Congrès et pour éviter d’être qualifié de « mou envers la Chine ». Mais même le WASHINGTON POST, qui critique l’atout que représente Hong Kong, affirme dans un éditorial que Hong Kong « exige une réponse des États-Unis – mais une réponse prudente ».
Cette voix des grandes entreprises s’inquiète des milliards de dollars que le capitalisme américain risque de perdre si les États-Unis mettent à exécution leurs menaces, telles que la révocation du statut commercial spécial de Hong Kong, qui, en vertu d’une nouvelle législation adoptée en 2019, sera réexaminée dans le courant du mois.
« Si un rapport négatif du Département d’État conduisait à une abrogation des privilèges, l’économie de Hong Kong serait dévastée – comme le seraient de nombreuses entreprises américaines. Les quelques 38 milliards de dollars d’échanges commerciaux annuels entre les États-Unis et Hong Kong seraient en jeu, tout comme les sièges régionaux que quelque 290 entreprises américaines maintiennent dans la ville. Le résultat pourrait être d’accélérer la conversion de la ville la plus libre de Chine en une capitale provinciale comme les autres, ce qui n’est pas dans l’intérêt des États-Unis, et encore moins dans celui de Hong Kong ». [éditorial du WASHINGTON POST, 22 mai]
Mais en même temps, il y aurait un coût politique massif non seulement pour Trump mais aussi pour les intérêts mondiaux de l’impérialisme américain et sa position en Asie s’il était perçu comme faible face aux derniers mouvements de la Chine. Le compte à rebours avant les élections américaines, la perte d’équilibre de Trump et un nouveau changement d’humeur au sein de l’élite dirigeante américaine, les Républicains et les Démocrates faisant de la Chine un élément central de leur campagne (l’appât pour la Chine est présent dans toutes les campagnes présidentielles américaines, mais cette année, il est à un autre niveau), tout cela signifie que la réaction au gambit de Xi pourrait être plus explosive que ce sur quoi il compte peut-être.
Comment relancer la lutte de masse
Xi Jinping veut infliger un contrecoup dévastateur à Hong Kong et à la lutte de masse de l’année dernière. Cela s’avérera beaucoup plus difficile qu’il ne l’imagine. Il existe de nombreux exemples de situations dans lesquelles Xi est allé trop loin – la ceinture et la route, ses menaces contre Taiwan l’année dernière, et surtout l’épisode de la loi d’extradition de 2019 – transformant un problème en un problème bien plus important.
La lutte de masse est la clé pour vaincre la nouvelle loi, mais la lutte est bien plus que cela, il s’agit de vaincre la dictature du PCC. Si la relance de la lutte de masse est la première étape, une lutte réussie doit également savoir quelles étapes doivent suivre. Il ne suffit pas d’appeler les gens à descendre dans la rue – un mouvement doit être organisé et soutenu, surtout lorsque l’adversaire est si puissant.
Des leçons cruciales doivent être tirées de l’expérience de l’année passée, sur les raisons pour lesquelles le mouvement, malgré son ampleur et son héroïsme étonnants, n’a pas réussi à faire reculer la dictature. Le mouvement a accompli beaucoup de choses, établissant une tradition et un symbole de résistance de masse, mais il n’a pas réussi à obtenir de réelles concessions et l’attaque contre les droits démocratiques est implacable.
Cela montre qu’une lutte plus organisée, centralisée et politiquement claire doit être construite. Cette lutte comporte trois volets essentiels qui, jusqu’à présent, n’ont pas été compris ou adoptés par le mouvement de masse :
Le rôle principal dans la lutte de masse doit être joué par la classe ouvrière, qui est la mieux placée, de par son rôle dans l’économie, ses traditions collectives et sa conscience de classe, pour mener une lutte contre la dictature et pour les droits démocratiques. Bien que la classe ouvrière participe et, dans certains cas, prédomine dans le mouvement de Hong Kong, elle le fait individuellement et non en tant que force organisée cohérente. L’arme de frappe n’a pas été utilisée de manière sérieuse et planifiée à Hong Kong. Les appels aux médias sociaux peuvent fonctionner pour une manifestation ponctuelle, mais une véritable grève nécessite une planification et une préparation minutieuse, elle a besoin de forces réelles sur le lieu de travail – de véritables syndicats de travailleuses et travailleurs avec des structures d’adhésion démocratiques.
Une étude très médiatisée réalisée en 2019 par des universitaires américains et norvégiens sur les mouvements de masse dans 150 pays a révélé que « les travailleuses et travailleurs industriels ont été des agents clés de la démocratisation et sont même plus importants que les classes moyennes urbaines. Lorsque les travailleuses et les travailleurs industriels mobilisent l’opposition de masse contre une dictature, la démocratisation a de grandes chances de suivre ».
La lutte doit être organisée démocratiquement. Les actions spontanées peuvent jouer un rôle important, mais elles sont également limitées. Pour soutenir un mouvement et l’étendre au-delà de Hong Kong (parce qu’il ne peut pas gagner à Hong Kong seul), il faut une direction et une coordination, la sélection par des votes et des débats démocratiques des meilleures tactiques et des meilleur·es représentant·es pour parler au nom du mouvement et définir clairement ses objectifs, pour mobiliser les énormes quantités nécessaires.
Toutes les grandes décisions doivent être prises dans le cadre d’un débat démocratique. Cela n’a jamais été le cas sous les pan-démocrates élitistes qui ont dominé le mouvement démocratique pendant des années. Mais un mouvement décentralisé virtuel ne peut pas non plus fournir cette direction. Même avant que la pandémie ne rende la mobilisation plus difficile, il y avait un certain degré d’épuisement et de fragmentation parce que les méthodes de l’année dernière avaient atteint leur limite – une nouvelle direction et une nouvelle méthode d’organisation sont nécessaires avec la classe ouvrière au centre.
La lutte ne peut réussir qu’en catalysant un mouvement encore plus important en Chine et dans l’ensemble de la région. Cette réalité de base devient encore plus évidente avec l’adoption de la loi sur la sécurité nationale et le contrôle politique direct du PCC sur Hong Kong. Il ne sera pas possible de faire exploser un mouvement en Chine derrière le message très limité des « Cinq revendications » ou un programme uniquement pour Hong Kong, comme l’illustre le slogan « Reconquérir Hong Kong – Révolution de notre temps ». Les travailleuses et travailleurs en Chine ne verront pas qu’ils ont un quelconque intérêt dans une telle lutte. Pourquoi devraient-ils prendre les risques beaucoup plus grands associés à l’opposition à la dictature pour un programme qui ne tente pas de les inclure?
La lutte doit être transformée en une lutte de classe contre le système capitaliste, des deux côtés de la frontière, qui est à la fois un système non démocratique et qui traverse actuellement une crise si profonde qu’elle ne peut offrir que l’effondrement économique, la misère du logement, le chômage et des millions de pauvres. La lutte pour la démocratie à Hong Kong doit donc aller au-delà de son programme limité de revendications démocratiques (que Pékin a de toute façon complètement exclu) pour adopter d’autres revendications urgentes visant à protéger les droits et les emplois des travailleuses et travailleurs, à abolir les congés non payés et le vol de salaires pendant la pandémie, à dépenser massivement dans les soins de santé publics et les services sociaux, à taxer les super-riches pour qu’ils paient les coûts de la pandémie, à faire entrer les sociétés pharmaceutiques, les banques et les sociétés immobilières dans le giron de la propriété publique démocratique et à briser le pouvoir des magnats capitalistes.
Un tel programme de lutte liant la nécessité d’une lutte démocratique révolutionnaire à un renversement socialiste du système capitaliste est le moyen d’organiser les travailleuses et travailleurs de Hong Kong, dont quatre-vingt-dix pour cent ne sont pas syndiqués, et de tendre la main à la classe ouvrière de Chine continentale.
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Hong Kong : les migrantes portent le fardeau le plus lourd de la pandémie

Peur de la maladie, surcharge de travail et annulation du jour de congé
Par Vincent Kolo et Xiaxi Cai, Socialist Action, Alternative Socialiste Internationale à Hong Kong
‘‘Je n’ai pas eu un seul jour de congé en deux mois à cause du coronavirus”, explique Seputih, une employée de maison indonésienne. “Mon employeur me paie un jour de congé, mais en fait, il n’y a pas de jour de congé. Pour le bien de ma santé, j’accepte de ne pas le prendre”.
Le dimanche, jour de congé obligatoire pour les travailleuses domestiques, était auparavant leur seule chance de se reposer, de se détendre et de rencontrer des amis. Mais sous l’impulsion du gouvernement de Hong Kong qui les pousse à rester chez elles, elles sont coincées dans leur environnement de travail de manière permanente. Certains ont été menacés de licenciement par leur employeur qui craignait d’introduire le virus dans leur foyer si elles étaient autorisées à sortir le dimanche. La même logique ne s’applique pourtant pas lorsque ces travailleuses sont envoyées faire des courses ou promener le chien.
Le coronavirus a été un coup dur pour les travailleurs du monde entier, avec le confinement, des fermetures d’entreprises et des pertes de revenus. Mais ce sont les secteurs les plus pauvres et les plus vulnérables de la classe ouvrière qui en supportent le plus lourd fardeau. À Hong Kong, il s’agit des 400.000 travailleurs migrants, pour la plupart originaires d’Indonésie et des Philippines. Ils et elles sont confrontés à une charge de travail considérablement accrue, à des heures de travail plus longues et à des restrictions encore plus importantes concernant leur liberté et leur vie privée.
Si le confinement signifie d’avoir moins de travail, ou même pas du tout, pour beaucoup de gens à travers le monde, pour les travailleurs domestiques, cela implique plus de travail que jamais, sans salaire supplémentaire bien entendu. Le sort des travailleurs domestiques migrants de Hong Kong a été condamné comme un “esclavage moderne” dans de nombreuses études mondiales, bien que leurs homologues travaillant en Arabie Saoudite et dans d’autres États du Golfe soient confrontés à des conditions encore plus difficiles et plus oppressantes. A Hong Kong la surcapitaliste, où l’infrastructure sociale a été longtemps négligée, la main-d’œuvre féminine immigrée, mal rémunérée, est le substitut du gouvernement pour la mise en place de systèmes viables de garderies, d’activités extrascolaires et de soins aux personnes âgées.
La fermeture des écoles
“J’ai beaucoup plus de travail maintenant parce que le fils du patron ne va pas à l’école, mais monsieur et madame travaillent toujours”, dit Vant, amie de Seputih elle aussi issue de l’immigration indonésienne. Comme beaucoup d’autres travailleuses domestiques, s’occuper des enfants fait partie de son travail.
Dans une enquête récente de l’Asian Migrants Coordinating Body (AMCB), plus de la moitié des travailleurs domestiques ont déclaré que leur charge de travail avait augmenté depuis le début de l’épidémie. Les écoles étant fermées depuis dix semaines et les personnes âgées étant le groupe à risque le plus vulnérable, ces charges supplémentaires pèsent en grande partie sur les travailleurs migrants. En outre, comme beaucoup plus de personnes travaillent désormais à domicile, les travailleuses domestiques sont plus étroitement surveillées et supervisées par les employeurs.
La règle stricte de l’internat, une loi extrêmement oppressive et envahissante même en temps normal, est devenue plus insupportable pendant l’épidémie. En vertu de cette loi, les travailleuses domestiques – qui n’ont souvent pas de chambre individuelle – sont obligées de vivre avec leur employeur. Les sanctions pour violation de cette loi sont de lourdes amendes, des peines de prison et l’expulsion. Il n’est pas possible de “rentrer chez soi” à la fin d’une journée de travail. Les appartements de Hong Kong sont les plus petits au monde, en moyenne environ la moitié de la taille des appartements du quartier de Manhattan à New York et 60 % plus petits que ceux de Singapour.
La moitié du monde connaît une forme de “fièvre de la cabine”, c’est-à-dire l’enfermement prolongé dans un espace restreint, qui a des conséquences inévitables sur la santé mentale. Mais c’est encore pire lorsque vous n’êtes pas un membre de la famille, mais leur “bonne”. Les employées de maison peuvent ainsi devenir une sorte d’amortisseur dans le ménage dès lors que l’atmosphère devient plus aigrie.
Il est également beaucoup plus difficile pour les travailleuses domestiques de prendre une pause ou même d’utiliser leur téléphone pendant la pandémie.
“La plupart de mes amies sont déprimés par cette situation”, explique Seputih. “L’employeur travaille tous les jours à la maison, donc parfois le travail ne s’arrête pas. Il n’y a pas de liberté, par exemple, si vous voulez téléphoner à votre famille au village [en Indonésie], vous devez attendre que l’employeur aille d’abord dans les magasins”.
La pandémie, associée à la récession capitaliste, a déclenché une vague de destruction économique et de licenciements dans le monde entier, y compris en Indonésie et aux Philippines, ce qui a mis une pression encore plus forte sur les travailleurs migrants à Hong Kong. Ces derniers craignent d’être licenciés et ont peur d’être infectés, ce qui, dans de nombreux cas, entraînerait de facto leur licenciement.
Aux Philippines, 500.000 emplois ont déjà été détruits au cours des deux derniers mois. Le gouvernement indonésien avertit que la crise Covid-19 pourrait entraîner la perte de 5,2 millions d’emplois et 3,8 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté. Ce sont des sociétés sans filet de sécurité ni assurance chômage : pas de travail, pas de salaire ! Même avant cette crise, les travailleurs migrants de Hong Kong étaient souvent les principaux soutiens de leur famille dans leur pays d’origine, y compris, dans de nombreux cas, leurs propres enfants, auxquels ils rendent normalement visite une fois par an. Leur éducation, leurs frais médicaux et leur survie économique dépendent des revenus que leurs mères peuvent gagner à Hong Kong.
Socialist Action (section d’Alternative Socialiste Internationale à Hong Kong) exige le rétablissement immédiat du jour de repos des travailleurs migrants. Mais cela nécessite également de nouvelles politiques pour mettre fin au dumping scandaleux des travailleuses domestiques qui sont forcés de se réunir sur des passerelles et dans des parcs parce qu’il n’y a pas d’installations abordables pour leur permettre de se réunir. Comme à tous les autres niveaux, le gouvernement offre aux travailleurs migrants le minimum absolu de services. Socialist Action exige que le gouvernement investisse dans la construction ou l’extension des installations communautaires publiques existantes afin de permettre aux travailleurs migrants d’étudier, d’utiliser internet, d’organiser des réunions, des fêtes et des activités de loisirs dans des conditions sûres.
Il y a actuellement environ 87.000 chambres d’hôtel vides à Hong Kong en raison de l’effondrement du tourisme, il y a partout des “hôtels fantômes”. Comme mesure de crise immédiate, ces chambres pourraient être réquisitionnées pour offrir gratuitement aux travailleurs migrants un répit hebdomadaire de 24 heures pour se remettre de leurs conditions de travail quotidiennes claustrophobes. L’industrie hôtelière, comme d’autres capitalistes, réclame un renflouement des autorités, mais il ne devrait pas y avoir de paiement sur les fonds publics sans un contrôle public total et un accès à ces ressources.
Nous demandons que les travailleurs migrants puissent eux aussi disposer des 10.000 HK$ de liquidités spéciales que le gouvernement distribue à tous les résidents permanents de Hong Kong. La raison pour laquelle le gouvernement a émis cette prime unique (en accord les mesures prises par d’autres gouvernements, ce que l’on appelle ‘‘l’argent hélicoptère’’) est d’atténuer les effets économiques de la pandémie et de soutenir l’économie en effondrement, en particulier le secteur du commerce de détail. En suivant ces arguments, il est non seulement injuste mais aussi illogique d’exclure les travailleurs migrants qui ont plus que quiconque besoin de cet argent, notamment pour acheter des masques et des désinfectants, que les employeurs sont censés fournir mais qui, dans de nombreux cas, font défaut.
Les politiques scandaleuses du gouvernement envers les travailleurs migrants doivent être abandonnées, à commencer par la loi de la résidence et la loi des deux semaines (qui oblige les migrants à quitter Hong Kong après 14 jours s’ils sont licenciés et ne peuvent pas obtenir de nouveau contrat). Ces deux mesures de police sociale limitent tout particulièrement les droits et la mobilité des femmes migrantes.
Le salaire minimum admissible du travailleur migrant, qui est de 4 630 HK$ par mois, et qui constitue la norme plutôt qu’un minimum, doit être augmenté. Socialiste Action exige que les migrants soient inclus dans la loi sur le salaire minimum, en abolissant cette discrimination une fois pour toutes. Mais le salaire minimum (actuellement 37,50 HK$ de l’heure) est de toute manière bien trop bas, y compris pour les travailleurs locaux. Plutôt que de s’opposer à l’extension du salaire minimum aux migrants comme étant “trop coûteux”, les dirigeants syndicaux devraient se concentrer sur la nécessité d’une lutte organisée pour arracher des améliorations, en particulier à un moment où le gouvernement noie l’économie dans l’argent pour protéger les intérêts capitalistes des effets de la crise.
S’organiser et lutter !
Les travailleurs migrants comme le reste de la classe ouvrière de Hong Kong doivent s’organiser dans des syndicats et des organisations politiques de la classe ouvrière afin de pouvoir imposer la négociation collective, de faire grève et de défendre leurs droits. Mais il ne faut pas les laisser se débrouiller seuls.
La récente vague de nouveaux syndicats de Hong Kong, encore à un stade précoce, doit tendre la main et offrir une solidarité et un outil syndical commun aux travailleurs migrants ou non. Ce serait un erreur d’avoir des syndicats de migrants séparés. Ces migrants représentent les dix pour cent les plus exploités de la main-d’œuvre de Hong Kong, mais ils partagent également une riche expérience des luttes des travailleurs sur le continent asiatique, avec des liens internationaux de première importance. C’est un élément qui fait défaut et dont les syndicats émergents ont besoin.
Seule une lutte commune de tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, peut tenir la ligne contre la vague d’attaques contre les droits et libertés des travailleurs, leurs emplois et leurs moyens de subsistance, qui a été déclenchée par cette crise.
Socialist Action (ASI-Hong Kong) a organisé de nombreuses campagnes avec les travailleurs migrants afin de lutter pour leurs droits et de construire une lutte unifiée de la classe ouvrière – contre le racisme, le sexisme et l’esclavage moderne. Dans le contexte actuel d’effondrement économique capitaliste sans précédent et d’urgence sanitaire, cette lutte est plus urgente que jamais. Rejoignez-nous !

Une nouvelle campagne lancée par Alternative Socialiste Internationale