Tag: Grèce

  • Les femmes en Gréce et en Turquie – défis et luttes

    Jeudi 5 mars, à partir de 19h

    Pianofabriek Cultureel Centrum (Salle Casablanca 2), Rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles

    A l’occasion du 8 mars, le collectif Sok?k-? vous invite à une discussion sur les femmes en Gréce et en Turquie. Nous voudrions présenter et discuter la situation actuelle, leurs réalités, leurs luttes et les perspectives.

    Le mouvement féministe dans le monde se développe de plus en plus. Pourtant les féminicides, les viols, les attaques sexuelles sont toujours d’actualité. Nos deux pays ne font pas l’exception. Nous voudrions regarder donc ce qui se passe dans nos deux pays, mais aussi en Belgique pour les femmes grecques et turques qui vivent ici.

    La langue principale du débat sera le français; il y aura la possibilité de traduction en grec et en turc.

    Appel du Collectif Sok?k-? 

    Il y a un an, motivés par le réveil des tensions entre la Grèce et la Turquie, ainsi que par le fait qu’il n’y avait jamais eu d’initiative d’action commune, grecs et turcs de Bruxelles, nous avons créé Sok?k-?. Notre collectif a pour but la promotion de la paix et de la coopération parmi nos deux peuples, et notre première action a été une fête, en décembre 2018, qui a eu beaucoup de succès.

    La croissance du mouvement des femmes partout dans le monde, et aussi en Europe et dans les pays du Moyen-Orient, est évidente ; le rôle des femmes dans les luttes plus larges est très important. En même temps, étant conscients de la gravité du sexisme dans nos pays, nous avons décidé d’organiser un débat, justement au sujet des problèmes auxquels font face les femmes, ainsi que leurs luttes en Grèce et en Turquie.

    Les viols et les féminicides font souvent la une dans les deux pays. Même si l’on peut avoir l’impression que la situation en Turquie est plus dure, la fréquence de tels incidents en Grèce ne laisse pas d’espace aux illusions. Il ne s’agit pas seulement de la question du viol, mais également de la façon dont il est traité par la justice et la législation. L’exemple le plus récent est le procès du viol d’Eleni Topaloudi : cette femme a été brutalement violée et assassinée l’année dernière sur l’île de Rhodes. Le procès a commencé il y a quelques semaines et les avocats des accusés ont demandé l’exclusion des femmes du corps du jury, ce que la cour a accepté. Et ce n’est pas seulement les féminicides, mais aussi le fait qu’une grande partie des médias et de la société refuse d’accepter le fait qu’il y a des femmes assassinées, justement parce qu’elles sont des femmes, et que certains les considèrent comme leur propriété. Ainsi, les médias masquent la vérité avec l’emballage du « crime passionnel » ou du « meurtre par amour ».

    En Turquie, des femmes ont été arrêtées récemment pour avoir essayé de réaliser la performance de la fameuse chanson chilienne de Las Tesis « Un violeur sur ton chemin ». Quelques semaines plus tard, on a pu lire dans la presse que le législateur turc propose que le crime du viol d’une mineure soit radié dans le cas où l’auteur accepte de se marier avec la victime. Comme si, pour certaines filles, ce n’est pas suffisant de se faire violer une fois : il faut qu’elles subissent cette atrocité tous les jours, avec l’approbation de la loi.

    Mais en même temps, nous avons vu un grand nombre de manifestants dans les rues des villes grecques et turques le 25 novembre, manifestant contre les violences faites aux femmes. Nous avons aussi vu des députées turques réaliser la performance de la chanson chilienne dans le parlement, pendant que leurs collègues masculins tenaient des pancartes avec les noms des femmes assassinées. On voit des réactions importantes, immédiates et efficaces contre la tentative de remettre en question le droit à l’avortement en Grèce, un droit acquis et reconnu légalement depuis 1986.

    En Belgique aussi, l’austérité et le chômage, qui augmentent de plus en plus, frappent surtout et avant tous les femmes. Les femmes ont davantage de mal à trouver un travail, tandis que les coupes budgétaires dans la santé, l’éducation et l’État-providence, rendent très dure la vie surtout des femmes, qui sont souvent les chefs des familles monoparentales et sont souvent moins bien rémunérées que les hommes.

    En Belgique, comme en Grèce et en Turquie, les femmes hésitent souvent à se séparer d’un partenaire violent et, ce, pour des raisons financières. Le nombre de féminicides est élevé, tout comme le nombre de publicités sexistes.

    En Belgique également, le 8 mars et le 24 novembre derniers, les rues des Bruxelles se sont remplies de gens qui se battent contre les violences faites aux femmes et exigent le renforcement des structures qui soutiennent les femmes et les mères. Avec la Campagne ROSA (Résitance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), nous voulons intervenir dans ce mouvement, le renforcer et y amener notre programme socialiste féministe.

    Notre débat aura lieu le 5 mars, dans le cadre des actions prévues pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (manifestation le 8 mars et grève le 9 mars), dans le but d’informer sur ce qui se passe dans les deux pays, et de montrer qu’en Grèce, en Turquie ou en Belgique, nous avons la même lutte à mener.

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  • Le gouvernement grec vote contre les droits des LGBTQI+

    Le parti de droite grec Nouvelle Démocratie est au pouvoir depuis 6 mois. Pendant cette courte période, il a déjà attaqué un certain nombre de droits des travailleuses et travailleurs de même que des droits démocratiques tout en intensifiant la répression d’Etat, en particulier contre les jeunes. Le parti a aussi lancé une campagne idéologique conservatrice à de nombreux niveaux, notamment par le biais de la réécriture des livres scolaires, en lançant un débat sur la possibilité que des prêtres enseignent dans les écoles publiques et en remplaçant certaines vacances scolaires par la fréquentation obligatoire de l’église. C’est dans le contexte de ce virage conservateur et réactionnaire que les droits des personnes LGBTQI+ sont également attaqués.

    Par Giannos Nikolaou, Xekinima (section grecque de l’Alternative Socialiste Internationale) 

    Fin 2019, le gouvernement a révisé la Constitution – un processus parlementaire qui ne peut avoir lieu qu’une fois tous les 5 ans. Le principal parti d’opposition parlementaire, SYRIZA, a proposé d’ajouter au 5e article de la Constitution qui interdit les discriminations fondées sur la race, la langue ou la religion, l’interdiction de discriminer les personnes sur la base de leurs préférences sexuelles ou de leur identité de genre. Le gouvernement de la Nouvelle Démocratie a voté contre cette proposition, prenant ainsi position contre les droits des LGBTQI+. Pour de nombreux militants LGBTQI+ et activistes de gauche, ce fut un choc. Il était cependant prévisible.

    Un certain nombre de députés et de cadres du parti gouvernemental ont fait, par le passé, des commentaires homophobes grossiers en public. Gerasimos Giakoumatos, député de la Nouvelle Démocratie dans l’ancien parlement, avait déclaré lors d’une interview que « l’homosexualité est une maladie infectieuse ». Pour appuyer ses dires, il a même invoqué sa profession médicale (il est médecin généraliste) et des recherches qu’il aurait personnellement menées !

    En 2017, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie avait voté contre le droit des personnes transsexuelles (incluant les mineurs dès 15 ans) de changer leur genre sur leur carte d’identité sans avoir à fournir aux autorités une évaluation psychiatrique et un certificat médical attestant un changement physique de sexe. Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, alors député, a raconté en séance plénière du Parlement une histoire qu’il avait soi-disant entendue d’un médecin. Cette histoire absurde et ridicule, qui était censée prouver pourquoi le projet de loi était mauvais, concernait un adolescent qui demandait au médecin de changer de sexe parce qu’un étranger lui avait conseillé de le faire !

    Il existe des dizaines d’exemples similaires que nous pourrions exposer et qui montrent la position de la Nouvelle Démocratie envers les personnes LGBTQI+ et leurs droits.

    Le vote contre l’inclusion dans la constitution d’une interdiction des discriminations fondées sur les préférences sexuelles ou l’identité de genre a donné le feu vert aux personnes LGBTQI-phobes pour intensifier la discrimination et la violence.

    La violence à l’encontre des personnes LGBTQI+ est loin d’être rare en Grèce. Entre 2014 et 2015, 140 cas de violence ou de discrimination ont été signalés à l’organisation « color youth » (jeunesse de couleur). Il s’agit d’incidents provenant uniquement de la préfecture de l’Attique (région du grand Athènes) et uniquement de ceux et celles qui ont été officiellement signalé·es à l’organisation, ce qui ne donne qu’un aperçu du problème.

    Le meurtre de l’activiste et drag queen Zak Kostopoulos en 2018 est également caractéristique. Zak a été pourchassé (on n’a toujours pas identifié le ou les coupables) et a tenté de trouver refuge dans une bijouterie du centre d’Athènes. Le propriétaire l’a enfermé dans le magasin et a appelé la police. Avec le propriétaire, la police a battu Zak à mort, en plein jour et en public. La police et les médias ont tenté de présenter Zak comme un drogué qui voulait voler le propriétaire du magasin. Cependant, les vidéos, les tests sanguins, etc. publiés ont prouvé que la police et le propriétaire du magasin mentaient et qu’ils avaient bien commis un meurtre.

    L’interdiction constitutionnelle de la discrimination à l’encontre des personnes LGBTQI+ représenterait une étape importante dans la lutte pour l’égalité des droits et pourrait également avoir un effet positif sur la vie des personnes LGBTQI+. Par exemple, une étude menée au Danemark et en Suède a prouvé que le mariage entre personnes du même sexe réduisait considérablement le taux de suicide chez les gays et les lesbiennes.

    Bien entendu, les lois établissant les droits des LGBTQI+ sont loin de suffire à résoudre le problème. Nous devons constamment lutter contre les stéréotypes sexistes rigides, les idées conservatrices et LGBTQI-phobe dans la société, la discrimination et la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+.

    Pour que cette lutte soit couronnée de succès, elle doit s’inscrire dans la lutte contre le système dans son ensemble. Le capitalisme, malgré le masque « progressiste » qu’il peut porter à l’occasion sur ces questions, fonde son existence, entre autres, sur la discrimination. Il cultive des idées et des pratiques qui divisent la classe ouvrière ; la classe qui a le pouvoir de renverser ce système et de construire une société sans pauvreté, sans discrimination et sans exploitation, une société socialiste.

  • Action de solidarité contre la répression policière en Grèce

    La répression policière s’intensifie actuellement en Grèce. Les membres de notre organisation sœur grecque, Xekinima, en ont eux aussi été récemment victimes (voir cet article à ce sujet). Ce samedi 7 décembre, une action est organisée à Bruxelles contre la violence policière et en solidarité avec ses victimes. Le PSL soutient cet appel, que vous pouvez lire ci-dessous.

    Initiative et appel des « Grec.que.s solidaires de Belgique » 

    La Grèce, considérée par beaucoup comme « le berceau de la démocratie », vit depuis quelques mois des évènements qui rappellent ceux qui ont lieu au Chili, en Bolivie, en Iran et en Turquie.

    Depuis le mois de septembre, la police anti-émeute (MAT) a évacué brutalement des squats d’accueil de migrant.e.s et de réfugié.e.s à Exarcheia, au centre d’Athènes, puis les a condamnés.

    Elle a ensuite pris d’assaut des cafés et des bars, prétextant la recherche de stupéfiants. Des dizaines de personnes présentes ont cru à une attaque terroriste. La police anti-émeute les a obligés à s’agenouiller, se déshabiller, en leur criant qu’ils n’avaient aucun droits. Bien entendu, ces interventions violentes ne visaient pas à arrêter les trafiquants qui poursuivent leurs activités sans être dérangés.

    Le dépôt d’un projet de loi sur l’éducation par le nouveau gouvernement de droite (Nouvelle Démocratie) a provoqué de vives réactions des étudiant.e.s. Le gouvernement n’a pas hésité à envoyer sa police anti-émeute pour réprimer violemment une marche étudiante, blesser par lacrymo un étudiant, briser pour la première fois depuis plus de 40 ans l’asile universitaire en entrant dans la faculté d’économie d’Athènes sous prétexte qu’il y avait des explosifs (ils ne trouveront que des casques et des bouteilles de bières vides). Le jour même, un étudiant, membre d’une organisation de gauche dénoncera la fouille de sa voiture par des policiers alors qu’ils n’avaient pas de mandat, résultant à son arrestation et sa garde à vue pendant des heures, sans recevoir la moindre explication et sans que son droit de communiquer avec un avocat ou sa famille ne lui soit accordé. Son domicile sera ensuite fouillé, les policiers utiliseront ses clés sans son accord, et sa famille sera terrorisée puisqu’elle n’était pas mise au courant de son arrestation.

    17 novembre : après une manifestation massive et pacifique (marche commémorative de la révolte contre la dictature des colonels), 60 personnes ont été interpellées au hasard et 30 ont été arrêtées. Des personnes ayant manifesté, de simples passant.e.s et même un touriste ont été la cible d’attaques, de violences et d’interpellations arbitraires.

    La police anti-émeute insultait tout le monde, elle a déclaré en hurlant « nous avons une junte », faisait des commentaires sexistes aux femmes arrêtées mais aussi à de simples passantes, prenait des photos de personnes menottées, mises à genoux, violant ainsi des droits fondamentaux. Ils ont procédé à des perquisitions sans mandats. Des personnes proches ou solidaires aux inculpé.e.s ont été victimes de violences de la part de la police anti-émeute devant les tribunaux. De plus, des appareils de surveillance ont été retrouvés sur des véhicules appartenant aux manifestants, et une plainte a été déposée contre le gouvernement.

    Des journalistes se font agressé.e.s et intimidé.e.s, même après avoir déclaré leur identité professionnelle, tandis qu’un étudiant en cinéma a été attaqué pour avoir filmé une scène de violence policière.

    Il est remarquable que quelques jours plus tard, le gouvernement ait rejeté la révision de l’article constitutionnel en vue de l’interdiction de la discrimination sexuelle (en plus des critères de religion, d’origine et de langue qui existent déjà) – à 178 voix contre 122.

    L’excès de provocations de la part de la police témoigne d’un climat qui prône « Loi et Ordre », climat que le gouvernement veut instaurer. Ils tentent de terroriser les jeunes et ciblent des personnes et des lieux qui se battent pour une autre société. Les jeunes et le peuple combatif ne cèdent pas. Au côté des peuples du Chili, de Bolivie, de Hong Kong, du Liban, d’Iran et France, elles et ils continueront à se battre pour une vie digne et juste.

    Et nous, à Bruxelles, nous les soutenons, solidaires de leur lutte, nous nous opposons à la violence de la police et à la misère économique.

    La violence policière et leur terreur ne passeront pas!

    Action soutenue par : CADTM, PSL/LSP, Campagne ROSA, Gauche Anticapitaliste, Convoi solidaire Liège-Exarcheia, Antarsya-Belgique,…

    Evénement Facebook

  • Grèce. la jeunesse en lutte contre l’incinérateur de Volos

    Par Xekinima, section du CIO (Majoritaire) en Grèce

    Rythme, vivacité, enthousiasme et impressionnante participatio ont été les principales caractéristiques de la manifestation des élèves du 21 novembre dernier contre l’incinération des déchets par la cimenterie Lafarge à Volos, contre la pollution de l’air de la ville et contre le projet des autorités municipales de Volos de construire une usine de “Combustibles solides récupérés”.

    Il s’agit d’un procédé de traitement des déchets par déshydratation, condensation et incinération avec un très haut niveau d’émissions plastiques, de métaux lourds et e particules cancérigènes. Les manifestants exigent un traitement écologique des déchets sous propriété publique.

    Les élèves ont commencé à arriver à la place de la Liberté vers 10 heures et, à 11 heures, plus de 2.000 élèves ont commencé à manifesté dans les principales artères de la ville. En de nombreuses occasions, des personnes plus âgées qui passaient près de la manifestation ou qui la regardaient des trottoirs ont exprimé leur soutien en applaudissant les jeunes manifestants.

    Des étudiants du supérieur ont également participé à la manifestation en compagnie d’enseignants des écoles secondaires de la ville, dont le syndicat avait demandé un arrêt de travail de trois heures pour soutenir la mobilisation. Quatorze écoles sur vingt étaient également occupées par des élèves le même jour !

    C’est sans aucun doute le dynamisme des élèves qui a donné le ton à la manifestation. Avec des tambours, des slogans pleins d’esprit, des pancartes faites à la main, des banderoles de plusieurs écoles et des pancartes de la “Section Jeunesse” du “Comité d’action des citoyens de Volos”, les élèves ont crié qu’ils veulent vivre dans un environnement sain.

    Les principaux slogans étaient “Air toxique ? Non merci”, “L’air est pollué, l’éducation coûte cher, votre croissance est toxique”, “Non à l’incinération des déchets au profit des multinationales”, “Dans votre système nous n’avons pas la santé, nous rêvons d’une société différente”, “Nous voulons rendre le monde meilleur, non à l’incinération des déchets”, “Vous parlez de profits et de pertes, nous parlons des vies humaines” etc.

    Cette manifestation massive et réussie est le résultat du travail acharné de la Section Jeunesse du Comité d’action de Volos. La Section jeunesse a tenu une série de réunions publiques et a réussi à organiser une campagne militante dans les semaines précédant la manifestation. Au cours de cette période, environ 4 000 tracts ont été distribués dans la plupart des écoles, des centaines d’affiches ont été posées, des banderoles ont été placées et même une courte vidéo a été créée par les élèves eux-mêmes. La mobilisation a été bien couverte par les médias nationaux.

    Une fois de plus, la communauté locale et les jeunes ont démontré qu’ils sont pleinement conscients des grands risques sanitaires posés par l’incinération des déchets et qu’ils sont déterminés à lutter pour y mettre fin. Il est également clair que les manifestations de masse de la jeunesse contre le réchauffement climatique et les bouleversements de masse dans un certain nombre de pays ont eu un impact sur la jeunesse grecque.

    Il s’agit désormais de construire une organisation démocratique du mouvement, basée sur un réseau de comités d’action dans chaque école en lien avec les travailleurs et les autres couches de la population de Volos et de la région environnante, et d’élaborer un plan bien élaboré pour que le mouvement puisse poursuivre la lutte en vue de mettre fin à l’incinération des déchets. En même temps, il faut tirer une conclusion claire que la racine du problème, c’est le système lui-même. Le capitalisme fait passer le profit avant l’environnement et la santé publique. C’est pourquoi il faut s’organiser et se battre pour renverser le capitalisme et en finir avec le règne des grandes entreprises privées.

    Les partisans de Xekinima jouent un rôle très actif au sein de la Section Jeunesse, comme ils le font au sein du Comité d’action de Volos. L’idée de voir les élèves sortir de l’école et faire une grève scolaire a été proposée par les partisans de Xekinima qui sont actifs au sein du Comité Jeunesse. En même temps, Xekinima évoque la nécessité de se lier à la classe ouvrière et de planifier une grève générale de toute la ville, et souligne bien sûr la nécessité d’une lutte contre le système capitaliste et pour une société socialiste libre et démocratique.

  • Grèce. De jeunes membres de Xekinima arrêtés dans le cadre d’une opération d’intimidation policière

    Action de protestation à Thessalonique à la suite des arrestations.

    Par Nikos Anastasiadis & Eleni Mitsou, Xekinima, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité)

    Deux jeunes membres de Xekinima ont été arrêtés dimanche 17 novembre en soirée et sont maintenant accusés de crimes graves.

    En novembre 1973, des étudiants grecs ont occupé l’école polytechnique d’Athènes pour protester contre le maintien du pouvoir de la junte militaire grecque. Bien qu’elle ait été dispersée par l’armée avec de nombreux morts, la manifestation a accéléré le processus de renversement du régime militaire qui a abouti un an plus tard.

    Chaque année depuis lors, des manifestations sont organisées pour commémorer cette action. Ce sont toujours des manifestations de masse. Cette année, elles ont été plus importantes que ces dernières années, avec 25.000 personnes à Athènes, 7.000 à Thessalonique et des milliers d’autres dans diverses villes grecques. Cela reflète la colère de la classe ouvrière et surtout des jeunes contre la vague de répression et de brutalité policière qui s’est déchaînée ces derniers mois. Bien que la répression ait inévitablement effrayé certaines personnes, elle a mis en colère une grande partie de la société et commence à les pousser dans la rue.

    A la fin de la manifestation pacifique à Athènes, Irini Eminidou et Zisis Sourlas marchaient dans le quartier d’Exarchia pour se rendre chez un de leurs amis. Bien que le quartier soit paisible, Irini et Zisisis ont été soudainement attaqués par la police anti-émeute des tristement célèbres forces anti-émeutes grecques (MAT) et arrêtés.

    Zisisis a été frappé à plusieurs reprises tandis qu’Irini a été jetée au sol avant de recevoir des coups de pied, notamment à la tête alors que son bras était maintenu écrasé sous les bottes. Un flic anti-émeute criait ‘‘quand vous voyez MAT, vous vous agenouillez’’. Irini et Zisisis ne sont pas les seules personnes à avoir été attaquées par la police anti-émeute cette nuit-là. Plus d’une douzaine d’autres personnes ont été attaquées, battues et arrêtées de manière injustifiée dans ce quartier.

    Avant d’être emmenées au quartier général de la police, les personnes arrêtées ont été emmenées par la police anti-émeute dans un garage fermé et photographiées afin de pouvoir être “reconnues”, lorsque l’affaire sera portée devant les tribunaux. Irini, Zisisis et d’autres ont entendu un policier anti-émeute dire “nous nous trompons, ce n’est pas eux” et l’officier responsable répondre “le plan a changé. C’est eux”.

    Au quartier général de la police, la police a confisqué les téléphones de toutes les personnes arrêtées et leur a refusé tout contact avec leurs avocats ou leurs familles pendant plusieurs heures. Ils ont dévêtu les femmes et les ont fouillées de manière humiliante dans une pièce dont la porte était ouverte à tous les passants. Ils ont également refusé de leur donner de l’eau et ils n’ont pas eu le droit d’aller aux toilettes pendant de nombreuses heures.

    Environ 5 heures après leur arrestation, la police a informé l’avocat d’Irini et Zisis qu’ils étaient accusés, entre autres, de possession d’armes, de possession d’explosifs, d’incendie criminel, de résistance à leur arrestation et de blessures graves infligées aux policiers. La police essayait de démontrer que Zisis, Irini et d’autres personnes arrêtées étaient un groupe d’anarchistes qui avaient attaqué la police avec des cocktails Molotov, des jets de pierres, etc. La police, bien sûr, n’avait aucune preuve à l’appui de ces fausses accusations mais, en Grèce, la police ne s’occupe pas de ce genre de “détails”.

    Le manque de preuves et la campagne de solidarité massive lancée dès ces arrestations ont contraint le procureur de la République à rejeter certaines accusations criminelles. Mais nos camarades et les autres personnes arrêtées sont toujours accusées de délit grave de “résistance à l’arrestation”, de “voies de fait intentionnelles”, de “lésions corporelles infligées à des policiers” et de “violence verbale à l’égard de fonctionnaires de police”. Ces accusations sont fabriquées de toutes pièces et doivent être immédiatement abandonnées !

    Xekinima a toujours critiqué les tactiques de “guérilla urbaine”

    Les membres de Xekinima n’ont jamais participé à des affrontements violents individuels avec la police et n’ont jamais utilisé ces méthodes. Au contraire, nous les critiquons sévèrement. Dans de nombreux articles et interventions politiques, nous avons expliqué que ces méthodes sont étrangères au mouvement de masse, qu’elles n’aident pas à construire un tel mouvement, bien au contraire. Ces méthodes effraient et repoussent la classe ouvrière tout en offrant un prétexte à la police pour attaquer les manifestants et les militants. Irini et Zisisis ont défendu publiquement cette position dans leurs universités et lors de nombreuses mobilisations et mouvements auxquels ils ont participés.

    Une vague d’intimidation policière

    Au cours de ces dernières semaines, la police a déclenché une vague de répression et d’intimidation sous l’instruction du gouvernement en visant tout particulièrement les jeunes. Les incidents relatés ci-dessous ne représentent qu’une petite partie de la vague de répression qui s’est déchaînée le mois dernier :

    La police anti-émeute a envahi l’Université d’études économiques dans le centre d’Athènes, en piégeant ainsi des centaines d’étudiants pour les asphyxiant ensuite avec des gaz lacrymogènes. Un ministre a justifié cette attaque en expliquant que la police avait trouvé “des armes similaires à celles utilisées pendant la guerre de Syrie” cachées dans les sous-sols des universités ! Il a été révélé plus tard que la police n’avait trouvé que quelques bouteilles de vodka, des drapeaux anarchistes et des casques de motards. Des étudiants ont malgré tout été arrêtés arbitrairement, le domicile de l’un d’eux a même subi une perquisition de la part de la police anti-émeute. Un certain nombre de ces jeunes sont aujourd’hui traduits en justice pour de fausses accusations ;

    • Les forces spéciales de police ont fait une descente dans les cinémas pour y retirer des salles les jeunes de 16 ans qui regardaient le film “Joker”, dont la projection est interdite aux moins de 18 ans. La dernière fois que la police a fait une telle descente dans les cinémas, c’était à l’époque de la junte militaire, dans les années 1970.
    • La police a pris d’assaut une boîte de nuit, forçant 300 personnes à se mettre à genoux et leur ordonnant de garder les mains en l’air pendant plus d’une heure ! Il s’agissait soi-disant d’une opération anti-drogue, mais ils n’ont trouvé que quelques grammes de drogue sur six personnes. Pendant l’opération, une jeune femme a protesté en disant “nous avons des droits, nous vivons dans une démocratie”. La police a répondu “vous vous trompez” !
    • Un habitant d’Exarchia a été attaqué par la police, dépouillé de ses vêtements, battu et arrêté. Pendant le passage à tabac, la police lui criait : “En Grèce, il y a une junte” et que “dans ce quartier, nous sommes aux commandes”.
    • Un étudiant qui filmait la police anti-émeute attaquant un groupe de personnes à Exarchia est lui-même devenu la cible de la police anti-émeute qui l’a battu et a brisé sa caméra de même que 4 de ses doigts avant de l’arrêter.

    Parallèlement, des membres d’organisation de gauche ont été arrêtés et ont reçu des amendes pouvant aller jusqu’à 50.000 euros pour tractage !

    Cette vague d’attaques est une réponse aux mouvements de jeunesse de Hong Kong, du Chili, de Catalogne, du Moyen-Orient et d’autres parties du monde. Ces soulèvements font trembler de peur la bourgeoisie grecque. Ils espèrent terroriser la jeunesse pour prévenir le développement d’un mouvement radical en Grèce dans un proche avenir. Ils savent très bien que la jeunesse et la classe ouvrière disposent de traditions très militantes en Grèce. Même si elles souffrent encore des défaites des années passées, elles pourraient se remettre en action. Presque tous les gouvernements dirigés par la Nouvelle Démocratie (droite) ont été sérieusement contestés et souvent vaincus par de tels mouvements de masse.

    Des méthodes éprouvées

    Les méthodes utilisées contre Irini, Zisisis et d’autres ne sont pas inconnues en Grèce.

    La police a retrouvé un chapeau avec un cheveu du poète aux positions anarcho-communistes Tasos Theofilou à proximité d’une scène de crime. Il s’agit de la seule “preuve” utilisée en l’accusant de diriger une organisation terroriste, de meurtre, de possession d’armes, etc. Il a été incarcéré pendant 5 ans jusqu’à ce que la Haute Cour l’acquitte de toutes les charges retenues contre lui.
    Irianna, une étudiante, a entretenu une relation amoureuse avec un homme accusé, mais non condamné, d’être membre d’une organisation terroriste. Sur base de cette relation et d’un échantillon d’ADN totalement partiel et insuffisant, elle a été condamnée à 13 ans d’incarcération. Elle a été acquittée après avoir passé une année en prison.

    Ces deux exemples ne sont pas des cas isolés d’intimidation policière. Ces pratiques accompagnent la violence extrême employée contre les manifestations, l’utilisation d’énormes quantités de gaz lacrymogènes et le recours massif aux tribunaux, qui déclarent illégale quasiment chaque grève. Des villages et des zones entières sont criminalisées pour leur lutte contre des mégaprojets miniers. Quatre cent cinquante personnes sont par exemple traînées devant les tribunaux pour avoir protesté contre l’exploitation d’une mine d’or à Chalcidique. Des plus, les forces anti-émeutes et d’autres forces entretiennent des liens avec le parti néo-nazi Aube Dorée.

    Des méthodes qui incriminent le gouvernement

    Le nouveau gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis pense qu’avec ces méthodes, il est possible d’intimider les jeunes, la classe ouvrière et les pauvres pour leur imposer le silence. Ils se trompent. Les autorités ne font que créer encore plus de colère en procédant de la sorte. Cette colère finira par trouver son expression à travers la lutte de classe et l’organisation politique. Cela alimente la soif d’idées révolutionnaires pour changer le monde, se débarrasser du capitalisme barbare et le remplacer par une société socialiste basée sur le pouvoir et la démocratie des travailleurs.

    Comment participer à la campagne de solidarité ?

    Pour participer à la campagne de solidarité en faveur d’Irini Eminidou, Zisis Sourlas et d’autres personnes injustement attaquées, arrêtées et accusées de fausses accusations, vous avez deux options :

    1 : Demandez aux syndicats, aux organisations de défense des droits humains, aux organisations de gauche et à des personnalités publiques de signer le modèle de lettre de protestation ci-joint, sans oublier d’en envoyer une vous-même, aux adresses électroniques suivantes :

    ? Le ministère de la Protection des citoyens – kepik@mopocp.gov.gr
    ? Le ministère de la Justice – grammateia@justice.gov.gr
    ? Xekinima – Organisation socialiste internationaliste – contact@xekinima.org

    2 : Effectuez un don pour nous aider à couvrir les dépenses de la campagne.
    Les dons peuvent être effectués par Paypal à l’adresse http://net.xekinima.org/donate-paypal/ ou par virement sur le compte suivant :
    · ALPHABANK
    · IBAN: GR3001402980298002330000164
    · SWIFT/BIC: CRBAGRAA
    · Le nom du compte est ???????? (XEKINIMA)
    Identifier votre versement par la mention “Solidarity”.

    Nous vous invitons à envoyer le modèle de lettre de protestation ci-dessous, qui reprend les faits expliqués plus haut.

    Drop all fake charges and end police fabrications against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and other people in Greece.

    On Sunday evening, 17th November, after the end of a 25.000 strong peaceful demonstration to celebrate the anniversary of the student uprising against the military Junta in 1973, university students, Irini Eminidou and Zisis Sourlas, were arrested by the riot police on their way to a friend’s house.

    The riot police (MAT) attacked them unjustifiably. They punched Zisis several times and threw Irini on ground, kicked her, crushed her head and her arm under their boots. More than a dozen other people who happened to be passing through Exarchia square were also unjustifiably attacked and arrested by the riot police.

    Before they were brought to the police headquarters, the people arrested were dragged into a nearby garage, where they were photographed so that the police could “recognize” them in court. At the police headquarters, Irini and Zisis were denied contact with their lawyer for many hours. Irini and other women were also denied water and a visit to the bathroom for many hours. They were stripped of their clothes to be searched in a humiliating way in a room with the door wide open. In addition, Irini was taken to hospital to have her injuries caused by the police attack treated only at the insistence of her lawyer.

    The police have fabricated a “scenario” in which Irini and Zisis were part of a group of people that attacked the riot police with petrol bombs and stones. Their initial strategy, to pin heavy felony charges on them has already collapsed as there was no evidence to support the charges, and as a result of the mass campaign in support of Irini, Zisis and all youth who were unjustly attacked and arrested. However, they are still charged with misdemeanour charges of “resisting arrest”, “intentional assault”, “causing bodily harm to police officers” and “verbal abuse towards police officers”. These charges are also completely false and fabricated and must be immediately dropped!

    Irini and Zisis are members of the left-wing organization Xekinima – Internationalist Socialist Organization. Xekinima is very well known in the Greek left, as well as to the police and its agents, for having repeatedly taken a position against the use of “city guerilla tactics”, i.e. the actions of small groups or individuals who, among other things, attack police patrols with petrol bombs and often use rallies and demonstrations as cover. Such methods are of no use to the mass movement, on the contrary they undermine it. It is absolutely clear that Irene and Zisis did not, and could not, do any of the acts that the police have pinned on them.

    We strongly protest and condemn the false and fabricated accusations of the Greek police against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and all the people arbitrarily, unjustifiably and unjustly arrested.
    We demand the complete and immediate withdrawal of all the charges against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and all the people arbitrarily, unjustifiably and unjustly arrested.

  • L’inaction environnementale menace la Méditerranée orientale

    Le changement climatique a de graves conséquences pour les pays de la Méditerranée orientale. Selon les scientifiques, la température de la région augmente à un rythme beaucoup plus rapide que la moyenne mondiale et les précipitations devraient diminuer dans toute la région. Ces facteurs, combinés à l’appât du gain des élites dirigeantes, auront des effets disproportionnés sur la destruction de l’environnement dans cette région par rapport à d’autres. [1]

    Par Athina Kariati – Nouvelle Gauche Internationaliste, CIO-Chypre

    Anastasiades, le Président de la République de Chypre a proposé au dernier sommet de l’ONU de créer une initiative dans laquelle 13 pays de la région collaboreraient pour trouver un moyen de lutter contre le changement climatique [2] La grande majorité de ces pays produisent des combustibles fossiles ! Les gouvernements capitalistes et les élites dirigeantes pleurent des larmes de crocodile et continuent leurs politiques.

    L’extraction de gaz naturel et de pétrole

    La découverte de gaz naturel dans la zone économique exclusive (ZEE) de Chypre en 2011 a freiné l’appétit pour de nouveaux forages et extractions dans le sud de Chypre, mais aussi autour de la Crète, dans la mer Ionienne de Grèce et dans la région de l’Epire. Les forages se déroulent dans des zones hautement sismiques, avec un risque élevé d’accidents similaires à celui survenu au Golfe du Mexique en 2010. Les forages exploratoires ont déjà un effet dévastateur sur la vie marine et, dans le cas de l’Epire, une forêt entière est en danger. Tout accident pourrait nuire à l’agriculture, à la pêche et au tourisme, les trois secteurs économiques essentiels au maintien des moyens d’existence de ceux qui vivent autour des zones de forage prospectives.

    Cependant, les gouvernements de la région sont prêts à tout risquer pour assurer les profits des magnats de l’énergie. Ils sont même prêts à protéger ces intérêts au risque de nouveaux conflits militaires. Tout au long de la dernière décennie, l’extraction du gaz naturel a exacerbé les tensions entre les gouvernements capitalistes de la région, aggravées par l’ingérence impérialiste mondiale. Un conflit vient particulièrement de dangereusement dégénérer, celui entre d’une part l’alliance dite du “triangle énergétique” entre la Grèce, Chypre et Israël en collaboration avec les géants impérialistes occidentaux de l’énergie et, d’autre part, les aspirations capitalistes turques.

    Début octobre, Erdogan y a envoyé deux navires de forage turcs, Yavuz et Fatih, sous escorte permanente de frégates, de sous-marins, de bateaux d’assaut, de navires de guerre, de drones sans pilote et de patrouilles navales, alors que les sociétés française et italienne Total et Eni avaient déjà obtenu des licences d’exploration dans la ZEE chypriote [3]. Il ne s’agit là que d’une violation de plus dans une série de cas survenus dans la zone couverte par la ZEE chypriote alors que la présence militaire des États-Unis, de la France et de la Russie autour de Chypre est croissante. Les navires turcs ont ainsi notamment été survolés par des drones israéliens.

    Le conflit national se poursuit dans la région

    Le siège continu de Gaza par le régime israélien a détruit toutes ses infrastructures. Les scientifiques estiment que d’ici 2020, 0% des eaux souterraines de Gaza seront propres à l’usage humain, tandis que 70 % des eaux usées non traitées de Gaza iront directement à la mer. Dans le même temps, l’irrigation excessive des eaux de Cisjordanie par le régime israélien dans les territoires occupés a conduit à l’épuisement des nappes phréatiques, ce qui augmente le risque de désertification de zones entières. [4]

    Au Liban, après la crise des déchets de 2015 qui a déclenché un mouvement de protestation, le gouvernement libanais, qui a consacré la division sectaire, a simplement proposé comme “solution” le transfert de la gestion des déchets aux entreprises privées. Des montagnes de déchets s’élèvent le long de la côte de Beyrouth, là où se trouvait la plage. Des tonnes de ces déchets finissent dans la mer. On estime que la mer Méditerranée a la sixième plus forte concentration de déchets plastiques parmi les mers du monde. Elle contient environ 5 à 10 % du volume mondial de déchets plastiques que l’on trouve actuellement dans les océans[5]. [6]

    L’exploitation minière

    On sait que l’exploitation minière contribue à l’élévation de la température de l’atmosphère, mais elle est aussi une cause majeure de la désertification de zones entières. Cependant, les gouvernements capitalistes de la région vendent les ressources naturelles dans des conditions du “tiers monde” et sans aucun contrôle. Ainsi, El Dorado Gold à Skouries, en Grèce, détruira une forêt ancienne, et le gouvernement turc a donné son feu vert à l’exploitation minière de la société Alamos Gold dans les montagnes Kaz. Le gouvernement chypriote a délivré des permis pour l’extraction de l’or des déchets de l’ancienne mine de Skouriotissa au pied des montagnes Troodos, ce qui laissera un énorme monticule de déchets contaminés au cyanure. Des permis d’exploration ont également été octroyés pour le cuivre et l’or à l’Ouest de Chypre, ce qui détruira la forêt de Paphos. Ces nouveaux projets miniers dangereux ont suscité d’importantes protestations ces dernières années.

    N’entretenons aucune illusion ! Agissons maintenant pour stopper le changement climatique et la catastrophe environnementale en Méditerranée orientale !

    La Méditerranée orientale est baignée par le soleil pendant environ 350 jours par an, a des vents forts et beaucoup d’eau à utiliser pour la production d’énergie. C’est une région idéale pour la production d’énergie renouvelable pour remplacer l’extraction et la combustion de combustibles fossiles. Cela pourrait créer des milliers d’emplois durables et correctement rémunérés. La protection des quelques forêts qui restent est plus importante que l’or, le cuivre ou l’argent que les compagnies minières peuvent empocher. Mais les élites capitalistes de la région et leur système aveugle basé sur le profit s’opposent à une telle solution.

    Nous devons nous battre, non pas pour que les politiciens nous écoutent, mais pour construire un mouvement suffisamment large et fort dans la région et dans le monde, qui puisse arracher à ces magnats le contrôle même des ressources naturelles, de l’énergie et de l’économie, dans le cadre de la lutte pour une économie socialiste reposant sur la logique de la planification démocratique et environnementale. Il n’y a pas d’autre moyen de mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires, non seulement dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie, mais aussi pour mettre un terme aux inégalités et aux conflits extrêmes dans notre région.

    1. http://emme-care.cyi.ac.cy/wp-content/uploads/CIMME-REPORT.pdf
    2. https://in-cyprus.com/cyprus-initiative-on-climate-change-aims-to-develop-a-forum-of-dialogue-minister-kadis-says/
    3. https://knews.kathimerini.com.cy/en/news/turkish-ships-disturb-cypriot-waters
    4. https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-environmental-state-of-gaza-poses-threat-to-israel-s-national-security-report-warns-1.7328966
    https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4615-1327-8_35
    5. https://www.reuters.com/article/us-lebanon-garbage/no-end-to-crisis-in-sight-as-lebanons-garbage-mountains-grow-idUSKBN1FO0F1
    6. https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/10/12/124006/meta

  • Les élections générales en Grèce n’ont livré aucune surprise

    SYRIZA est responsable du retour de la droite

    Par Xekinima, section Grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL/LSP

    Il n’y a pas eu de surprises dans les résultats des élections du 7 juillet en Grèce, ils ont confirmé les tendances qui étaient déjà évidentes lors des élections européennes de mai : le parti traditionnel de droite grec Nouvelle Démocratie (ND) a remporté la victoire, le soutien de SYRIZA a chuté car les électeurs l’ont puni pour ses politiques d’austérité, la gauche est restée faible, n’ayant pas réussi à convaincre les travailleurs de ses positions et le parti néo-nazi Aube Dorée (AD) a perdu ses positions parlementaires sans pouvoir obtenir le seuil des 3% requis pour être élu au parlement. Le taux d’abstention a atteint un niveau historiquement élevé d’environ 45% (similaire à toutes les élections à partir de septembre 2015) – c’est-à-dire que presque une personne sur deux n’a pas pris la peine de voter.

    Nous entrons maintenant dans une nouvelle étape du bipartisme (polarisation entre deux partis principaux, se remplaçant l’un l’autre au gouvernement) qui diffère cependant de celle qui existait entre le ND et le PASOK (social-démocratie) dans le passé, en ce sens qu’il n’a ni la profondeur ni la stabilité du vieux système bipartite.

    SYRIZA responsable du retour de ‘Nouvelle Démocratie’ au gouvernement

    ND a remporté les élections avec 39,8% et 2,2 millions de voix. L’augmentation de son vote peut sembler importante par rapport à celle qu’il a reçue lors des élections européennes de septembre 2015 et des récentes élections européennes, où il a obtenu environ 1,5 million de voix. Cependant, ce résultat doit être jugé dans le contexte du nouveau paysage de “normalité” établi par SYRIZA.

    Les trois “mémorandums” imposés à la Grèce par la Troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) à partir de 2010 ont conduit à l’effondrement du “vieux” système bipartite en Grèce, les électeurs ayant tourné le dos aux forces politiques détestées (ND et PASOK) qui avaient ruiné le pays et l’avaient quitté dans une crise économique profonde et une austérité extrême. SYRIZA est passée de 4% à plus de 36% pour être élu au gouvernement, en raison de son opposition à ces politiques. Mais depuis l’été 2015, lorsque SYRIZA a capitulé devant les exigences de la Troïka et a mis en œuvre les mêmes politiques d’austérité qu’elle avait rejetées, le paysage bipartite est réapparu, avec ND d’un côté et SYRIZA de l’autre prenant le rôle du PASOK.

    Cependant, lors de cette élection, ND n’a pas obtenu le nombre de voix qu’elle avait obtenu avant la crise. Bien qu’elle ait réussi à atteindre le niveau des élections anticipées de 2009 (2,2 millions de voix) alors que la crise était aux portes de la Grèce et que le gouvernement (déjà ND à ce moment-là) s’est effondré avant la fin de son mandat, ce chiffre est loin de celui obtenu en 2007 – 3 millions de voix.

    En même temps, il est important de souligner que ND n’a pas développé d’enthousiasme dans la société et qu’elle n’a pas obtenu un nombre significatif de voix de ceux qui ont voté SYRIZA en 2012 et 2015. L’augmentation du soutien électoral est essentiellement due à l’effondrement des votes des petits partis nationalistes de droite et de centre-droite tels que les “Grecs indépendants” (ANEL), “To Potami” (“Le fleuve”) et l’”Union du Centre” qui ont obtenu 500.000 voix en 2015. Et, bien sûr, ND a pris part aux 200.000 votes perdus par “Aube Dorée”.

    SYRIZA – le nouveau PASOK

    SYRIZA a perdu l’élection parce qu’elle n’a pas réussi à convaincre les travailleurs que ses politiques différaient fondamentalement de celles de ND et n’a donc pu développer aucune dynamique sociale. Cependant, parce qu’une grande partie de la société grecque – en particulier dans la classe ouvrière et les pauvres – craint toujours le programme néolibéral difficile du leader de ND, Kyriakos Mitsotakis, SYRIZA a réussi à conserver un vote significatif, avec 31,5% et presque 1,8 million de voix.

    Mais il ressort déjà clairement des déclarations de Tsipras depuis l’élection que les dirigeants de SYRIZA ne reconnaissent aucune erreur grave dans leur politique. Au lieu de cela, ils s’intègrent dans le système en occupant “l’espace centre-gauche” avec la “transformation de SYRIZA en un grand parti démocratique” (pour reprendre l’expression de Tsipras), c’est-à-dire en occupant la position du parti social-démocrate traditionnel, le PASOK.

    Les nazis hors du parlement

    Le développement le plus positif de ces élections est l’échec de Golden Dawn, le gang néonazi, à rester au Parlement. L’argument de la direction d’AD selon lequel il s’agit d’un “grand parti” soutenu par “près de 10% du peuple grec” est remis en cause et les affaiblit politiquement. Leur non-entrée au parlement les prive de la protection du statut parlementaire et du financement de l’Etat et de l’emploi par l’Etat de dizaines de leurs cadres dirigeants pour assurer le ” soutien parlementaire “. Les néo-nazis ont perdu environ 100 000 voix par rapport aux élections européennes qui ont eu lieu il y a un peu plus d’un mois !

    Cette évolution est évidemment due à un certain nombre de facteurs, mais ce qu’il faut souligner ici, c’est le rôle joué par la mobilisation constante du mouvement antifasciste qui a révélé la nature réelle de ce gang meurtrier, ainsi que le procès en cours des principaux dirigeants d’AD accusés de meurtre et d’autres crimes.

    Bien que nous devions saluer cette évolution importante, nous devons être conscients que la lutte contre le fascisme ne se termine pas avec ce coup porté à AD. Nous devons maintenant intensifier nos efforts et nos campagnes non seulement pour obtenir des condamnations à perpétuité contre les dirigeants, mais aussi pour briser leur soutien dans chaque quartier où ils sont présents.

    Le ‘dénuement’ de la Gauche

    La gauche – principalement le Parti communiste grec (KKE), la gauche anticapitaliste ANTARSYA et l’Unité populaire (LAE) se sont une fois de plus montrées incapables d’exprimer les besoins de la classe ouvrière et des pauvres.

    Le KKE a enregistré une nouvelle légère baisse de ses suffrages par rapport aux élections européennes de mai, stagnant essentiellement à 5,3%, malgré leurs efforts à travers une campagne électorale très dynamique et malgré la baisse du soutien à SYRIZA. L’Unité Populaire a continué sur la voie de sa propre auto-annihilation, ne recueillant que 16.000 voix, à peine 10% des voix qu’elle a obtenues en septembre 2015 et la moitié seulement de celles qu’elle a obtenues aux élections européennes il y a un peu plus d’un mois. ANTARSYA a obtenu 0,4% des voix et 23.000 voix, soit une fois de plus la moitié de son vote depuis 2015 et moins que les 36.000 voix obtenues en mai. Les autres listes de gauche ont obtenu moins de 0,1%.

    Plutôt que de réfléchir aux causes de cette défaite électorale, les dirigeants de gauche tentent à nouveau de rejeter la faute sur le peuple. Dimitris Koutsoubas, secrétaire général du KKE, a déclaré, de manière caractéristique dans sa déclaration post-électorale, qu’il existe “une tendance générale conservatrice”. Il a été rejoint par l’Unité Populaire qui a annoncé qu’”un changement politique conservateur est en train de s’enregistrer”. Dans des articles précédents, nous avons expliqué pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec l’analyse selon laquelle il y a eu un “changement conservateur de la société”, une analyse adoptée par presque tous les partis de gauche après les élections européennes.

    La gauche doit également réfléchir sur le fait que le parti “MeRA25”, créé par l’ancien ministre des finances SYRIZA Yanis Varoufakis a augmenté son vote et obtenu des sièges au Parlement (3,5% et 9 députés). “MeRA25” est un parti situé entre la gauche et la social-démocratie et n’appelle pas spécifiquement au changement social et plus encore au socialisme, mais il a réussi à convaincre une partie de la société de ses positions sur des questions spécifiques où d’autres forces de gauche ne pouvaient pas. Le succès de “MeRA25” semble offrir un peu d’espoir et un moyen de sortir de l’impasse et de la frustration ressenties par beaucoup à gauche, car Varoufakis est considéré comme le seul de ceux autour de Tsipras qui n’ont pas trahi après le referendum de 2015. Dans le spectre des forces anti-mémorandum, les résultats de “MeRA25” sont la seule évolution positive.

    Le dénuement des dirigeants de la gauche ne peut plus être caché. Ce qu’il faut, c’est une discussion ouverte et approfondie au sein de la gauche révolutionnaire et avec le mouvement au sens large pour discuter des erreurs et des déficiences, pour surmonter la “culture” dominante dans laquelle les organisations de gauche refusent de coopérer entre elles, pour proposer un programme de transition avec des demandes radicales de renversement du système, non comme appels révolutionnaires abstraits mais directement liés à la phase actuelle du mouvement, ses besoins et sa conscience. Nous devons créer un large front de gauche, qui puisse donner la parole aux masses laborieuses et montrer la voie à suivre.

    Au cours de la période à venir, les attaques contre les droits des travailleurs et des peuples vont s’intensifier, surtout à l’approche d’une nouvelle récession économique mondiale. Les forces de gauche, les syndicats combatifs, les militants de la classe ouvrière et les mouvements de protestation locaux et autres doivent être entraînés dans la bataille pour reconstruire le mouvement et la gauche, afin de pouvoir faire face aux tâches devant nous.

  • [ARCHIVES] L’ascension et la chute de Syriza

    Photo: Wikipedia

    Le 5 juillet 2015, un référendum historique eut lieu en Grèce contre le mémorandum d’austérité de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), avec une majorité écrasante de 61,5% en faveur du « non » (OXI). Plus de deux ans plus tard – comme le rapporte ici ANDROS PAYIATOS, membre de Xekinima (section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière) – dirigée par un gouvernement Syriza, la société grecque est confrontée à la poursuite des mêmes politiques qui furent appliquées précédemment par les partis traditionnels de la classe dirigeante, le parti social-démocrate Pasok et le parti conservateur Nouvelle démocratie (ND). Que s’est-il passé ?

    Les attaques contre le niveau de vie et les droits du peuple grec se renforcent sous le gouvernement Syriza. Celui-ci essaie de cacher cela en parlant de « négociations difficiles » et de « faire tout son possible » contre les « Institutions », le nouveau nom de la troïka qu’est la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) ). Mais ce n’est que de la poudre aux yeux. Le dernier accord du 15 juin a libéré 8,5 milliards d’euros pour la Grèce (dont 8,2 milliards € seront utilisés immédiatement pour rembourser les prêts). Rien n’a été ajouté aux propositions des institutions faites lors de la réunion de l’Eurogroupe le 22 mai.

    Le Premier ministre de Syriza, Alexis Tsipras, n’utilisa ce moment que pour faire beaucoup de bruit, en interne, en proclamant qu’il n’y aurait pas de franchissement de ce qu’il appelle (très souvent) des “lignes rouges”. Le résultat est toujours le même : les institutions indiquent qu’elles ne reculeront pas ; menaçant que si le gouvernement grec ne calme pas ses ardeurs, il sera expulsé de la zone euro ; Les lignes rouges de Syriza s’amenuisent.

    Le dernier accord impose des fardeaux supplémentaires d’environ 5 milliards d’euros aux masses entre 2019 et 2022. De manière plus générale, de l’année prochaine jusqu’à la fin de 2022, la Grèce versera des intérêts de la dette à hauteur de 3,5% du PIB – avec l’engagement du gouvernement de dégager un « surplus primaire » annuel de 3,5% des recettes fiscales par rapport aux dépenses avant intérêts. Les prêts seront remboursés par de nouveaux prêts. À partir de 2022, les intérêts payés annuellement (excédents primaires) représenteront en moyenne de 2% du PIB. Et ce jusqu’en 2060. C’est le scénario le plus « optimiste ». Sur cette base, la dette souveraine représentera environ 60% du PIB en 2060. Cependant, toutes les institutions ne sont pas d’accord : le FMI affirme que ces excédents primaires sont irréalisables et que la dette sera incontrôlable.

    Jusqu’à ce que les créanciers soient payés, toute politique de tout gouvernement grec doit être approuvée par les institutions. Le gouvernement soi-disant de « gauche » de Syriza adhère à cette clause et impose une nouvelle vague d’austérité.

    Il a encore augmenté l’impôt sur le revenu pour toutes les couches de la population, même celles qui gagnent environ 400 € par mois – le seuil était d’environ 700 € sous le précédent gouvernement ND. Il a augmenté la fiscalité indirecte (de 20%) sur tout, y compris les produits les plus élémentaires comme le café grec et les traditionnels souvlakis. En moyenne, il a réduit les pensions de 9% supplémentaires. Il applique des mesures que la ND et le Pasok avaient ??jugées impossibles à réaliser, avec le plus grand programme de privatisation jamais réalisé. Le marché du travail reste une jungle où l’immense majorité des travailleurs du secteur privé travaillent des mois sans être payés et où l’exploitation atteint des conditions indescriptibles.

    Par conséquence, les sentiments qui dominent parmi les travailleurs sont une colère de masse et, en même temps, une démoralisation massive. L’idée que les politiciens sont des escrocs et des menteurs domine. Dans le passé, les partis traditionnels, ND et Pasok, qui ont gouverné le pays depuis 1981, étaient principalement visés. Aujourd’hui, cela s’applique également à Syriza. Il est passé d’un petit parti avec environ 3% de soutien électoral à une force de masse en remportant plus de 36% en janvier et septembre 2015. Cette croissance spectaculaire fut le résultat des énormes convulsions qui ont parcouru la société grecque qui, face aux attaques de Pasok et ND, s’est tournée vers le petit parti de gauche et l’a transformé en une force de masse, pour le voir ensuite se retourner contre les masses et continuer la même politique.

    Les raisons historiques

    L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 créa une situation objective entièrement nouvelle à l’échelle mondiale. Entre autres choses, un énorme vide à gauche se développa après l’effondrement des partis « communistes » staliniens et l’embourgeoisement des partis sociaux-démocrates qui embrassèrent pleinement les idées du « libre marché ». Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses sections nationales avaient prédit que cela donnerait lieu à des tentatives de créer de nouvelles formations de gauche, de nouveaux partis de travailleurs, afin de fournir une représentation politique à la classe des travailleurs et de jouer un rôle dans le développement de ses luttes.

    Le Parti communiste grec (KKE) connut des divisions majeures, sa section des Jeunesses communistes (KNE) quitta en masse. Une autre nouvelle formation était Synaspismos (SYN – signifiant « alliance » ou « collaboration »), créée par les petites forces de l’ancien parti eurocommuniste de Grèce s’unissant à une section du Parti communiste. Avec le Pasok se déplaçant rapidement vers la droite, la gauche fut confrontée à une contraction massive de ses forces. Le KKE descendait à 4 à 5% aux élections, mais conservait encore des racines au sein de la classe des travailleurs, en particulier chez les cols bleus du secteur privé. SYN luttait d’élection en l’élection pour obtenir le minimum de 3% des votes pour entrer au Parlement – pas toujours avec succès.

    Les choses commencèrent à changer vers la fin des années 1990. SYN était la seule formation de gauche semi-massive qui n’était pas sectaire et était capable d’intervenir dans les mouvements altermondialistes et anti-guerre au tournant de ce siècle. Ouvert à la collaboration et aux alliances, il commença à attirer un certain nombre d’autres forces plus petites. Ensemble, ils créèrent un espace de dialogue et d’action unie qui se développa pour former Syriza en 2004. Xekinima, la section grecque du (CIO), prit part à la procédure spatiale, mais refusa de rejoindre Syriza en 2004 car cette plateforme avait été formée à la hâte pour des raisons électorales et avec un programme réformiste de droite qui n’était en aucun cas radical.

    Syriza s’en est très mal sorti aux élections de 2004 et la direction de la droite de SYN décida de tuer le projet. Toutefois, il réapparût en 2007, toujours pour se présenter aux élections. La différence était qu’il y avait eu un changement de direction, avec Alekos Alavanos à la tête du parti qui lançait un processus de gauche. Syriza progressa, obtenant 5% aux élections. Ce fut le début de changements majeurs car la crise mondiale frappait la Grèce en 2009 et creusait le fossé à gauche. Le Pasok fut élu à l’automne 2009 avec une grande majorité, mais il devint l’année suivante l’agent de la troïka et mit en place le premier mémorandum. En juin 2012, la ND remporta les élections et commença à mettre en œuvre le deuxième mémorandum.

    Les attaques massives de ces partis traditionnels, combinées aux énormes luttes sociales qui balayèrent la Grèce, en particulier à partir de 2010-12, jetèrent les bases de la montée de Syriza pour combler l’énorme vide qui avait été créé. À partir du printemps 2010, les confédérations syndicales (GSEE dans le secteur privé et les services publics, et ADEDY dans les services publics) commencèrent à déclencher des grèves générales. Au total, environ 40 grèves générales furent lancées entre 2010 et la victoire de Syriza en 2015.

    Celles-ci étaient couplées avec des occupations et des grèves sectorielles quelques mois durant. À l’automne 2011, il restait peu de bâtiments d’administration qui n’était pas couverts de bannières disant « sous occupation ». En parallèle, de nombreux autres mouvements sociaux et locaux extrêmement importants prirent place, comme la lutte de la population de Keratea contre un site d’enfouissement des déchets ou contre les mines d’or de Skouries à Chalkidiki dans le nord de la Grèce, le mouvement de désobéissance civile contre les péages routier durant l’hiver 2010 et le mouvement Occupy de 2011.

    Bien que des signes de fatigue se soient manifesté au milieu de l’année 2012 après de sérieuses défaites, des luttes d’importance historique subsistent, comme les travailleurs de l’ERT (Télévision publique d’état) en 2013 et les travailleurs de VIOME qui continuaient de garder leur usine en marche : ERT et VIOME fournirent tous deux d’excellents exemples de la façon dont les travailleurs pouvaient gérer la production de manière démocratique sans avoir besoin d’un patron ou de directeurs nommés.

    Pourquoi Syriza?

    À cette époque, seule la gauche pouvait offrir un moyen de sortir de la crise – même si les mêmes conditions favorisèrent la montée de l’extrême droite, qui se développa sous la forme de l’Aube dorée néo-nazie. Mais pourquoi est-ce Syriza qui s’éleva et pas un autre parti ? Avant le début de la crise et dans sa période initiale, le parti de gauche qui suscitait le plus grand intérêt était le KKE. Le front de gauche anticapitaliste, Antarsya, stagnait autour des 1% dans les sondages. Syriza montrait des signes de soutien important, mais avec de grandes fluctuations, alors que le KKE était plus stable, passant de son traditionnel 7-8% à 10-12%.

    L’une des principales différences (pas la seule, bien sûr) entre les trois formations, résidait dans le fait que le KKE et Antarsya étaient sectaires. Ils rejetaient, au nom de « l’authenticité révolutionnaire », l’idée d’un front uni de toute la gauche et des forces du mouvement de masse alors que Syriza était très favorable à l’idée d’une action commune. Le KKE suivit un chemin extrêmement sectaire de de rejet de collaboration avec qui que ce soit – jusqu’à refuser de participer aux mêmes manifestations !

    La percée de Syriza survint lors des élections de 2012, en mai et en juin. En mai, Syriza gagna environ 17% des voix et le KKE 8,5%. Mais en juin, Syriza atteignit 27%, juste derrière la ND et ses 29,7%, alors que le KKE était tombé à 4,5%. Ce qui est important, c’est la façon dont la force relative des partis évoluait avant et au cours des élections. À partir de décembre 2011, les sondages donnaient des pourcentages similaires à Syriza et au KKE – environ 12%. Dans les premières étapes de la campagne électorale – en fait, jusqu’à trois semaines avant le vote du 6 mai 2012 – les deux partis flirtaient chacun avec les 12%.

    Puis, Tsipras lança un appel ouvert au KKE pour un gouvernement commun de gauche. Auparavant, il refusait de lancer ce slogan malgré la pression des sections de la gauche. Sections qui comprenaient Xekinima, qui collaborait étroitement avec Syriza, dont une partie de nos membres faisaient également partie, faisant campagne pour un gouvernement des partis de gauche sur base d’un programme socialiste. L’impact de l’appel était clair. La direction stalinienne du KKE rejeta immédiatement tout type de gouvernement de gauche commun avec Syriza par principe ! Ils déclarèrent même que si Syriza était en mesure de former un gouvernement minoritaire, le KKE ne lui donnerait pas un vote de confiance au Parlement. En d’autres termes, ils le feraient tomber.

    Ce débat à l’intérieur de la gauche fit automatiquement pencher la balance. Syriza gagna et le KKE perdit. Le vote total de gauche en mai 2012 (17% + 8%) était semblable à celui enregistré dans les sondages dans les semaines et les mois précédents (12% + 12%) – sauf que Syriza passa en tête. Cela montre l’importance de l’approche du front uni pour les larges masses, ce qui, malheureusement, est bien au-delà de ce que pouvait concevoir la direction du KKE et de la plupart des organisations de la gauche grecque. Il n’y a pas de chiffres officiels mais, d’après les informations fournies par des membres du KKE, environ un tiers des membres quittèrent délibérément ou furent rejetés parce qu’ils s’opposaient au refus de KKE de répondre positivement à l’appel de Syriza.

    La capitulation était-elle inévitable ?

    La capitulation de Syriza à la troïka n’était pas inévitable. C’était le résultat du manque de compréhension par la direction des processus réels de la perception naïve, sinon criminelle, qu’ils « changeraient la Grèce et l’ensemble de l’Europe », comme Tsipras s’en vantait. C’était le manque de compréhension de la nature de classe de l’Union Européenne et un manque total de confiance dans la classe des travailleurs et sa capacité à changer la société. Lorsque Tsipras se retrouva face à ce que signifiait vraiment de se heurter à la classe dirigeante, il tomba dans le désespoir et capitula, faute d’un manque complet de préparation.

    Toute l’approche était emprunte d’amateurisme. Immédiatement après la victoire électorale de Syriza en janvier 2015, des centaines de millions d’euros commencèrent à s’échapper quotidiennement du pays. Tsipras et son ministre de l’économie, Yanis Varoufakis, n’avaient pas pris les mesures de bases : imposer des contrôles pour arrêter les sorties de capitaux. Ils avaient eu l’exemple à Chypre, en 2013 – où la troïka elle-même avait appliqué un contrôle des capitaux – pourtant, ils n’osèrent pas agir.

    Ensuite, ils firent quelque chose d’encore plus scandaleux. Ils continuèrent à rembourser la dette bien que la troïka ait cessé de fournir de nouveau financement de la dette ! Ils drainèrent l’économie, confisquant chaque euro des mains d’institutions publiques tels que les universités, les hôpitaux et les gouvernements locaux – pour montrer à l’UE qu’ils étaient de « bons garçons ». Ensuite, la BCE intervint pour geler les liquidités des banques et donc les forcer à fermer. L’économie était à genoux.

    Tsipras eut un choix à faire : abandonner et accepter tous les termes des vainqueurs vindicatifs, ou changer de cap et passer à l’offensive. Les masses grecques lui envoyèrent le message lors du référendum historique de juillet 2015 : ripostez et nous serons de votre côté. Mais Tsipras avait déjà décidé. Il céderait à la troïka. Il avait effectivement appelé le référendum dans le but de le perdre. Le résultat le choqua profondément ; Il ne s’attendait pas à une si écrasante victoire. Varoufakis le confirma lors d’une interview récente, disant qu’il avait déclaré à Tsipras “de ne pas faire sortir le peuple” s’il avait déjà décidé de concéder face aux exigences de la troïka.

    Une alternative existe, développée en détail par des organisations de gauche comme Xekinima: imposer un contrôle des capitaux; refuser de payer la dette; nationaliser les banques; passer rapidement vers une monnaie nationale (drachme); utiliser les liquidités fournies par cette monnaie pour financer des travaux publics majeurs, afin d’arrêter la contraction continue de l’économie et de la remettre sur le chemin de la croissance; annuler les dettes des petites entreprises écrasées par la crise et accorder des prêts sous des conditions favorables afin qu’elles puissent se remettre en activité et relancer rapidement l’économie.

    Nationaliser les secteurs clés de l’économie ; planifier l’économie, y compris par un monopole d’État sur le commerce extérieur, dans le but d’acquérir une croissance soutenue qui ne sert pas les bénéfices d’une poignée de propriétaires de navires, d’industriels et de banquiers, mais qui est au service des 99%. Créer des comités spécifiques de planification dans tous les secteurs de l’industrie et de l’exploitation minière, et accorder une attention particulière à l’agriculture et au tourisme qui sont essentiels à l’économie et ont un énorme potentiel. Etablir une économie démocratique, par le contrôle et la gestion par les travailleurs dans tous les domaines et à tous les niveaux. Lancer un appel au soutien et à la solidarité des travailleurs du reste de l’Europe, en les appelant à lancer une lutte commune contre l’Union européenne des patrons et des multinationales. Pour une union volontaire, démocratique et socialiste des peuples d’Europe. En bref, une offensive anticapitaliste et anti-Union Européenne sur base d’un programme socialiste et d’une solidarité de classe internationale aurait dû être la réponse au chantage de la troïka.

    C’était complètement au-delà de ce que pouvait imaginer Tsipras et Co, y compris Varoufakis. Même s’il faut lui reconnaître de ne pas s’être incliné devant les maîtres de l’UE, il n’en demeure pas moins que les politiques économiques appliquées entre janvier et juillet 2015 furent catastrophiques et Varoufakis en est directement responsable. Il nourrissait, et nourrit malheureusement toujours, des illusions sur le fait qu’il pouvait convaincre l’UE de changer ses politiques et se réformer.

    Qu’en est-il du reste de la gauche ?

    La capitulation de la direction de Syriza est un aspect des problèmes rencontrés par les masses des travailleurs grecs. L’autre, dans un certain sens plus important, est l’incapacité des forces de gauche à profiter de la capitulation de Syriza pour fournir une alternative. C’est particulièrement le cas pour les deux principales formations de gauche, le KKE et Antarsya, parlent toutes les deux au nom de l’anticapitalisme et de la révolution socialiste. La plupart de la gauche grecque souffre d’un certain nombre de « péchés éternels » en raison de l’influence massive du stalinisme sur son histoire et son développement. Avec des conséquences tragiques car le KKE et Antarsya ont des forces suffisantes, une masse critique, pour servir de catalyseurs de changements majeurs et de retournement de situation.

    Premièrement, il y a peu de compréhension du programme de transition, de la nécessité d’avoir un lien, un pont, entre les luttes d’aujourd’hui et la transformation socialiste de demain afin que les deux tâches s’entremêlent en un ensemble dialectique. En conséquence, le KKE parle de la nécessité du socialisme, mais ne le présente que comme un but à atteindre dans un avenir lointain qui se produira d’une manière ou d’une autre si et quand le KKE obtient une force suffisante. Le KKE refuse donc de soutenir des revendications telles que la nationalisation ou même la sortie de l’UE, avec pour argument que cela est « dénué de sens sous le capitalisme ».

    Antarsya, ce n’est pas la même chose, il règne cependant toujours une grande confusion dans ses rangs. Certaines sections soutiennent un « programme de transition » mais l’interprètent comme un programme minimum, en le séparant de la question de la prise du pouvoir par les travailleurs et de la transformation socialiste. Antarsya est connue pour sa caractéristique générale de faire de « grands appels à la révolution » sans propositions concrètes sur la façon d’y parvenir.

    Deuxièmement, il n’y a pas de compréhension de la tactique de front uni, expliquée et appliquée par les bolcheviks sous Lénine et par Léon Trotsky dans les années 1930, qu’il résumait comme la possibilité de « marcher séparément mais de frapper ensemble » dans l’action. Le KKE et Antarsya n’ont jamais eu une approche de front uni vers les masses de Syriza. Bien qu’ils aient compris qu’à un certain stade, Tsipras et Co capituleraient aux exigences des capitalistes, ils croyaient que, comme par magie, les masses déçues se tourneraient tout simplement vers eux. Néanmoins, les masses autour de Syriza, ne se joignirent pas à des forces qui les traitèrent avec mépris dans la période précédente. Ils rentrèrent juste chez eux.

    Troisièmement, c’est l’ultimatisme. Aujourd’hui, le KKE agit comme une copie de l’internationale communiste durant la « troisième période » stalinienne. Il accuse ses adversaires d’être des agents de la classe dirigeante et même des collaborateurs du l’Aube dorée néo-nazie. Récemment, à Kefalonia (une île de la mer Ionienne), le KKE distribua un tract contre Xekinima après que nos sympathisants aient remporté des élections pour le syndicat local des professionnels et petits commerçants. Ils affirmèrent que « l’extrême gauche » (Xekinima) collaborait avec les grandes entreprises, le Pasok, la ND, Syriza et Aube Dorée (tous ensemble !) pour vaincre la faction syndicale soutenue par le KKE. Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer.

    Enfin, il y a un refus de faire face à la réalité. Après le référendum de juillet 2015 et les élections de septembre, que Tsipras présenta hâtivement aux masses afin de leur faire réaliser ce que signifiait sa capitulation, Xekinima déclara ouvertement que ces événements représentaient une défaite majeure. Nous avons expliqué que cela allait sûrement avoir un impact sérieux sur les mouvements et la gauche en général, bien que cela aiderait une minorité de militants à arriver à des conclusions révolutionnaires.

    La majorité de la gauche, cependant, refusait d’accepter cela. Ils appelèrent à un mouvement de masse pour faire tomber le gouvernement, ce qui ne pouvait tout simplement pas se produire. Ensuite, dans une réponse particulièrement caractéristique du KKE, si les masses ne vinrent pas se battre « c’est parce qu’elles ne comprennent pas ». En d’autres termes, c’est la faute des masses. Une deuxième réponse consistait à amplifier les dimensions d’un mouvement, à rapporter des chiffres erronés sur le nombre de participants aux manifestations, etc. Inutile de dire que ces approches ne pouvaient que conduire la gauche dans une impasse.

    Si ces failles majeures expliquent pourquoi les masses refusèrent de se tourner vers le KKE et Antarsya après la capitulation de Tsipras, qu’en est-il de la gauche interne à Syriza ? La principale opposition, la plateforme de gauche, avait le soutien d’environ un tiers du parti. Elle se scinda en août 2015 et créa l’Unité Populaire (PU) pour se présenter aux élections anticipées de septembre. Au début, les sondages lui donnèrent environ 10% – un soutien de masse significatif – mais ces chiffres retombèrent progressivement jusqu’à moins de 3%. Aujourd’hui, ils tournent autour de 1 à 1,5% dans la plupart des sondages.

    La direction de l’Unité Populaire commit un certain nombre d’erreurs cruciales. Tout d’abord, leur campagne se concentrait sur le passage à une monnaie nationale – son « programme » était non seulement trop limité mais également incohérent. Il défendait l’idée de quitter la zone euro et de refuser de payer la dette, tout en restant dans l’UE ! Sans à supprimer parler du fait qu’on était loin d’un programme radical, anticapitaliste et socialiste, il représentait surtout une combinaison impossible de revendications.

    Le deuxième facteur majeur fut l’arrogance de la direction et son approche bureaucratique top-down. Des milliers d’activistes de gauche, principalement non alignés, s’approchaient de l’Unité Populaire au moment de sa formation, dans l’espoir qu’elle pourrait offrir une issue. Mais ils furent déçus et s’en détournèrent. Ils l’avaient déjà auparavant et n’avaient déjà pas aimé : une direction établie (locale et nationale) qui n’acceptait aucune remise en question ; un programme préétabli qui ne devait pas être discuté ; et une campagne pour élire des députés désignés et pas élus par la base ! Peu avant le jour de l’élection, les responsables de l’Unité Populaire réalisèrent que les choses ne se passaient pas bien et ils tentèrent un virage démocratique de dernière minute, mais il était trop tard.

    Perspectives et tâches

    Vers la fin des années 1990, il était possible de voir d’où viendrait l’initiative pour la création d’une nouvelle formation de gauche en Grèce (laquelle devint Syriza). Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. La phase de défaite que traverse la classe des travailleurs grecs est sérieuse. Cependant, elle n’est pas du tout comparable à la défaite de la guerre civile de 1945-1949 ou à la victoire de la junte militaire de 1967 à 1974. La classe des travailleurs avec ses traditions militantes et d’abnégation seront de retour sur le devant de la scène, il n’y a aucun doute là-dessus. Bien sûr, le calendrier, l’ampleur et les caractéristiques précises de ce retour ne peuvent être prédits à l’avance. Ce processus se déroulera parallèlement à la tentative de construire de nouvelles formations qui pourront représenter politiquement le mouvement des masses et assurer la direction de ses luttes.

    Les activistes de la classe des travailleurs sont confrontés à une double tâche. D’une part, tirer la conclusion politique principale qui découle de la capitulation de Syriza : qu’il n’y a pas de solution dans le cadre du système capitaliste, qu’un programme socialiste révolutionnaire est le seul moyen de sortir de la crise. D’autre part, qu’il faut réunir, dans un large fleuve d’actions, de lutte et de résistance communes, tous les différents courants des mouvements grecs avec l’objectif supplémentaire de galvaniser ceux-ci au sein d’une nouvelle formation élargie avec des caractéristiques de front unique. Un large front uni est nécessaire pour rendre les luttes plus efficaces, tout comme un noyau de révolutionnaires est nécessaire pour lutter pour un programme socialiste au sein de la classe des travailleurs, des mouvements sociaux et de la société.

    Objectivement, il y a un terreau fertile à ces idées. Le problème est subjectif et est lié aux déficiences des forces principales de la gauche. Par conséquent, nous pouvons seulement nous battre pour ces idées et prendre des initiatives lorsqu’il est possible de montrer la voie à suivre. Xekinima fait campagne dans le mouvement de masse et la société pour ces propositions et, prend, en même temps, des initiatives qui nous indiquent le chemin à suivre. Des initiatives telles que des alliances locales de gauche, des « centres sociaux » locaux avec d’autres militants de gauche, des campagnes communes avec d’autres groupes, en particulier sur des questions qui touchent la classe des travailleurs, etc.

    Il y a une retraite dans le mouvement de masse et il y a de la démoralisation. Il y a très peu de luttes majeures, « centrales », mais beaucoup de petites et d’importantes. Parallèlement, de nombreux activistes ont soif d’idées. La phase d’accalmie actuelle prendra fin, tôt ou tard, et de nouveaux soulèvements sont à prévoir. Les forces du socialisme révolutionnaire s’appuient sur cette perspective.

  • Grèce. Appel à la solidarité contre l’incinération des déchets à Volos

    Ces deux dernières années, un mouvement de masse s’est développé dans la ville grecque de Volos, une ville de 150.000 habitants. Les mobilisations visent à défendre l’environnement et à lutter contre l’incinération des déchets dans la cimenterie locale AGET.
    AGET appartient à la multinationale franco-suisse Lafarge-Holcim, le plus grand producteur mondial de ciment. Le gouvernement grec de Syriza a donné à AGET un permis légal pour brûler plus de 200.000 tonnes de déchets, dont d’énormes quantités de plastique, afin de servir de combustible pour produire du ciment. Une grande partie de ces déchets est importée du sud de l’Italie, où le traitement des déchets est contrôlé par la mafia.

    Le principal problème posé par l’incinération de ces déchets (dans les cimenteries mais aussi dans les incinérateurs de déchets) est l’émission de dioxines, de furannes, de métaux lourds et d’autres polluants très dangereux causant le cancer, des maladies des systèmes nerveux et respiratoires, des dommages au système cardiovasculaire, etc. Des métaux lourds et d’autres polluants dangereux sont également présents dans les cendres, qui sont généralement enfouies dans les décharges et polluent le sol, l’eau, etc.

    Le conseil municipal de Volos (dont le maire est un populiste de droite lié à la mafia grecque) a décidé de construire une usine de production de combustibles dérivés de déchets (CDD) à partir de déchets urbains, qui seront ensuite incinérés chez AGET. Les CDD sont des déchets déshydratés et comprimés d’où ont été retirés le verre et les métaux.

    Le 5 mai 2018, 6.000 à 8.000 personnes ont protesté contre cette incinération de déchets, contre le projet du conseil municipal d’installer une usine CDD et en faveur d’un traitement des déchets respectueux de l’environnement, sous contrôle public et démocratique de la communauté locale. Cette manifestation était plus importante que les manifestations qui ont eu lieu contre les mémorandums austéritaires et les mesures d’économies budgétaires réalisées au cours des années précédentes.

    La section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Volos (Xekinima) fait partie du “comité populaire” local, qui joue un rôle de premier plan dans le mouvement. Un membre de Xekinima est conseiller municipal à Volos et a porté l’affaire au conseil municipal, avant même qu’une campagne contre l’incinération des déchets ne voit le jour. Bien entendu, nos camarades reviennent sans cesse sur cette question au conseil municipal afin de soutenir le mouvement.

    Xekinima était très présent lors de la manifestation du 5 mai dernier, où 250 exemplaires de notre journal ont par exemple été diffusés. Notre délégation préconisait une grève générale locale de 24 heures comme étape de la lutte. Le comité d’action a adopté ce slogan et l’a présenté aux syndicats locaux et autres associations locales (commerçants, médecins,…). Le comité d’action organise maintenant une nouvelle manifestation de masse le 16 mars 2019, un jour après la grève internationale pour le climat.
    Un appel a été lancé pour des messages de solidarité. Cela peut prendre la forme de photos de solidarité sur les médias sociaux, de lettres de protestation (voir le modèle de lettre ci-dessous), de messages de solidarité du mouvement climatique, de courtes vidéos, …

    Envoyez cela à :

    Voici ci-dessous une proposition de lettre (envoyez-là en anglais)

    “We have been informed that AGET cement factory in Volos, owned by the multinational Lafarge-Holcim, is being used since 2015 as a waste incineration in the city of Volos. Huge amounts of both local and imported waste is being incinerated, since the government gave AGET the license to incinerate up to 200.000 tons of waste per year. The waste incinerated is either in the form of plain waste or in the form of RDF/SRF.

    We strongly oppose and condemn the incineration of waste by AGET and also the decision of the City Council of Volos to build an SRF plant which will channel the city’s waste to the AGET incinerator.

    Incineration of waste (especially in cement factories) emits among other dioxins, furans, heavy metals and other extremely dangerous pollutants, which cause cancer, diseases of the nervous system, of the respiratory system, of the cardiovascular system etc. Heavy metals and other dangerous pollutants are also contained in the ash (byproduct of the incineration) which is usually buried in landfills and pollutes the ground, the water reserves etc.

    We support policies that minimize the production of waste (especially plastics) and treat the waste that is produced in an environmental friendly way ie recycling, compost producing etc. The latter can be easily achieved if the city council invests in a local public recycling centre under the control of the workers and the community of Volos.

    We want to express our solidarity and support to the mass movement of the people of Volos who are struggling against the environmental disastrous policies of the government and the city council of Volos and who sacrifice public health for capitalist profits.

    We stand with the Peoples` Committee of Volos against waste incineration in AGET.

    We express our support to the call for a mass demonstration on 16 of March.

    We demand that the government and the Minister of Environment redraw the permit given to AGET to incinerate waste.

    We demand that the Mayor of Volos cancels the plans to build an SRF plant.”

    Traduction:

    “Nous avons été informés que la cimenterie AGET de Volos, propriété de la multinationale Lafarge-Holcim, est utilisée depuis 2015 comme incinérateur de déchets dans la ville de Volos. D’énormes quantités de déchets locaux et importés sont incinérés depuis que le gouvernement a donné à AGET l’autorisation d’incinérer jusqu’à 200.000 tonnes de déchets par an.

    Nous nous opposons fermement et condamnons l’incinération des déchets par AGET ainsi que la décision du Conseil municipal de Volos de construire une usine de CDD qui canalisera les déchets de la ville vers l’incinérateur AGET.

    L’incinération des déchets (notamment dans les cimenteries) émet entre autres dioxines, furanes, métaux lourds et autres polluants extrêmement dangereux, qui causent le cancer, des maladies du système nerveux, du système respiratoire, du système cardiovasculaire etc. Les métaux lourds et autres polluants dangereux sont également contenus dans les cendres (sous-produits de l’incinération) qui sont généralement enfouis dans les décharges et polluent le sol, les réserves d’eau, etc.

    Nous soutenons les politiques qui minimisent la production de déchets (en particulier les plastiques) et traitent les déchets produits de manière écologique (recyclage, production de compost etc.). Nous voulons exprimer notre solidarité et notre soutien au mouvement de masse de la population de Volos qui lutte contre les politiques environnementales désastreuses du gouvernement et du conseil municipal de Volos, qui sacrifient la santé publique au profit du capitalisme.

    Nous nous joignons au Comité populaire de Volos contre l’incinération des déchets de l’AGET, nous exprimons notre soutien à l’appel à une manifestation de masse le 16 mars, nous demandons que le gouvernement et le ministre de l’Environnement redessinent le permis accordé à AGET pour l’incinération des déchets et nous demandons au maire de Volos d’annuler le projet de construire une usine SRF.”

  • Bruxelles. Justice for Zak, long live Zackie oh!

    Suite aux grosses manifestations qui ont eu lieu à Athènes et le mouvement de solidarité qui est en train de se créer en Europe à la mémoire de Zak Kostopoulos, venez dimanche à la Bourse de Bruxelles pour dénoncer la violence homophobe et le sous-financement chronique qui amène à l’augmentation de la discrimination et des tensions sociales.

    Le texte ci-dessous est tiré de l’appel lancé sur Facebook.

    Suite aux grosses manifestations qui ont eu lieu à Athènes et le mouvement de solidarité qui est en train de se créer en Europe à la mémoire de Zak Kostopoulos, on propose une marche queer festive et dynamique qui partira de la Bourse et passera de la Maison Arc-en-Ciel. Un mois après sa mort, unissons nos voix et nos corps, teintés de couleur et de paillettes, pour dénoncer toutes les formes de domination et de discrimination qui ont conduit à ce crime homophobe, qui ne doit pas rester – et ne restera pas – impuni!

    Zak a été tué par la violence homophobe de patrons et de flics. La crise grecque est loin d’être finie, ses effets perdurent encore sur une société qui grouille de dominations violentes et de poison social.

    Zak Kostopoulos, Zackie Oh de son nom de scène pour ses performances drag, était un activiste grec ouvertement gay et séropositif. Il était impliqué dans plusieurs associations lgbtq+ et militait contre l’homophobie et la sérophobie à travers un discours audacieux et subversif. Il a été lynché à mort le 21 septembre 2018 dans le quartier d’Omonia, à Athènes, en plein centre-ville et en plein jour, ayant succombé sous les coups violents du propriétaire d’une bijouterie (où il serait soi-disant entré pour voler) et du propriétaire d’une agence immobilière. La police à son arrivée a continué à maltraiter Zak qui gisait sur la rue, son visage couvert de sang. Il a été transféré à l’hôpital menotté, alors qu’il était déjà mort.

    Les deux auteurs ne sont pas accusés d’homicide, mais de blessures graves, et ont été libérés après avoir été placés sous contrôle judiciaire. Il s’avère que l’un des deux est cadre du “Front patriotique”, un groupe d’extrême droite. Les défaillances de l’enquête policière sont flagrantes et le dossier de l’affaire incomplet. Les vidéos filmées et publiées font preuve d’une violence brutale et excessive. Néanmoins, le représentant du syndicat de la Police grecque a justifié le comportement des policiers et a qualifié leur violence comme légitime.

    Selon des témoignages, Zak aurait essayé de trouver refuge dans la boutique fuyant une bagarre et n’avait pas l’intention de voler. Ses empreintes n’ont pas été trouvées nulle part. D’ailleurs il s’était déjà fait agressé à plusieures reprises dans la rue.

    >> Evénement facebook

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