Tag: Grèce

  • Actions paneuropéennes de collectifs de migrants grecs contre la répression

    Paris

    Plus de 60 personnes, venant de plus de 16 villes européennes, se sont réunies en ligne, mobilisées par la vague croissante de violence et de répression policière qui se développe en Grèce ces derniers mois.

    Depuis quelques semaines, des actions contre les violences policières ont déjà été organisées dans plusieurs villes européennes par les Grecs qui y vivent. À Édimbourg, au moins trois rassemblements ont été organisés pour informer et sensibiliser la population locale à la question, et des slogans et des images ont été projetés dans un endroit central de la ville. Des actions ont également eu lieu à Copenhague et à Göteborg, tandis que des collectifs grecs sont intervenus dans des mobilisations locales contre la répression à Paris, Berlin et Barcelone, mettant en lumière ce qui se passe en Grèce.

    Suite à ces actions sporadiques et autonomes, des collectifs grecs de différents pays se sont rencontrés en ligne afin de se coordonner de manière plus organisée. Un groupe Facebook a été créé, et compte déjà plus de 1500 membres. Dans ce groupe une lettre de protestation a d’abord circulé et il y a un échange d’informations.

    Des collectifs et des individus participent à ce groupe. Certains de ces collectifs existaient déjà pendant les années des mémorandums, tandis que d’autres ont été établis récemment. En effet, pendant les années de la crise profonde en Grèce, dans de nombreuses villes, comme Londres, Amsterdam, Paris, Lyon, Bruxelles, Barcelone, Berlin, Florence, etc., des collectifs de solidarité avec le mouvement grec avaient été créés, et conduisaient un travail d’information et des actions de protestation, en essayant également de servir de lien entre les mouvements de leurs pays et ceux de la Grèce. Les points culminants ont été les grandes mobilisations de 2011-12, mais aussi la période du référendum en 2015. On trouve dans ces collectifs des personnes qui vivaient à l’étranger avant la crise, mais des centaines d’émigrés grecs les ont rejoint pendant les années de crise.

    Dans les années qui ont suivi le référendum et la capitulation de SYRIZA, ces mouvements se sont estompés, suivant le déclin des mobilisations en Grèce, mais ces dernières années, à l’occasion d’événements tels que le meurtre de Zac Kostopoulos ou le procès d’Aube dorée, ces collectifs se sont réactivés.

    C’est ainsi que le groupe Facebook a été créé et que, grâce à lui, l’assemblée en ligne a été convoquée, avec la participation de plus de 60 personnes provenant de plus de 16 villes (même de Sydney, en Australie !). Dans cette assemblée, la colère face à l’extrême violence policière et à la répression en Grèce était évidente, mais aussi accompagnée d’une humeur combative significative. Tous les participants s’opposent au fait que des sommes considérables sont dépensées pour l’équipement de la police et de l’armée, alors que les dépenses pour la santé sont réduites, mais ont aussi exprimé une forte colère face à l’inertie des médias, à la désinformation et au climat de censure, ainsi qu’aux politiques et lois destructrices pour l’environnement qui sont mises en œuvre.

    Ainsi, les Grecs de Londres, Edimbourg, Birmingham, Dublin, Amsterdam, Utrecht, Bruxelles, Paris, Berlin, Munich, Göteborg, Stockholm, Copenhague, Bologne et Barcelone, nous avons convenu un appel commun pour un week-end d’action à l’échelle européenne contre la violence policière et la répression en Grèce les 17 et 18 avril.

    La coordination va se poursuivre et nous avons l’intention de donner suite à d’autres actions, visant à la fois à résister à la répression et à l’autoritarisme, à exiger des droits démocratiques et un financement substantiel pour la santé, à dénoncer la censure et à exprimer notre opposition aux nouvelles lois destructrices sur les conditions de travail, l’éducation, l’environnement et la culture. En même temps, nous essayerons de faire en sorte que cette coordination paneuropéenne contribue à la rencontre et à la coopération des mouvements des différents pays où nous vivons avec ceux de la Grèce.

    A Bruxelles, une action est appelée le 17 avril à 14h au rond-point Schuman, en respectant bien sûr les mesures sanitaires. La Campagne Solidarity appelle à participer à cette action.

    Birmingham
    Copenhague
    Edinbourgh
    Barcelone
    Berlin
    Göteborg
  • Le gouvernement grec viole la constitution pour réprimer les commémorations de la révolte contre la dictature

    Le gouvernement grec augmente ses attaques violentes contre le peuple grec et le mouvement social. Le dernier épisode en date est celui de l’interdiction des manifestations en commémoration de la révolte contre la dictature militaire à l’Ecole Polytechnique en 1973.

    Par Marina (Bruxelles)

    Chaque année une manifestation massive a lieu à Athènes (et d’autres ont lieu ailleurs dans le pays) en l’honneur de cette révolte, mais toujours liée aux enjeux actuels. Vendredi, le gouvernement a annoncé que les manifestations seraient interdites, sous prétexte des mesures CoVid. Le mouvement a tout de suite réagi : les organisations de gauche ont annoncé qu’elles prévoyaient des protestations avec respect des mesures sanitaires.

    Le gouvernement a répondu en interdisant tout rassemblement public de plus que 4 personnes du 15 au 18 novembre! C’est une interdiction dont le sens, ainsi que la formulation, rappellent les verdicts de la junte militaire ! Jamais aucun gouvernement n’a pris une décision pareille depuis la chute de la dictature en 1974.

    L’association des juges a accusé le gouvernement en expliquant que cette interdiction constitue une violation de la Constitution : celle-ci prévoit que les citoyens ont le droit de manifester et que ceci ne peut être interdit en aucun cas, sauf en état de siège ou en condition de danger extrême pour la sécurité publique. Le gouvernement a utilisé la santé publique comme équivalent de la sécurité publique! Syriza, le Parti communiste grec (KKE) et MERA 25 (le parti de Varoufakis ) ont signé un appel commun au gouvernement en demandant que l’interdiction anticonstitutionnelle soit levée.

    Rassemblement du KKE devant l’ambassade américaine. Le rassemblement ne posait pas de problème pour la santé publique. Contrairement à la violente répression.
    “Pain – éducation – santé – liberté” (“Pain, éducation, liberté” était le slogan principal de la ra révolte de 1973). Deuxième ligne “La révolte de l’école polytechnique est toujours vivante”. Xekenima, section grecque d’Alternative Socialiste Internationale.

    Le matin du 17 novembre, le KKE a organisé un rassemblement statique avec respect des distances sociales devant l’Ambassade des Etats Unis. Ceci fut une preuve exemplaire du fait que le mouvement est parfaitement capable d’organiser des manifestations sans mettre en péril la santé publique. Les participants ont continué avec une manifestation, toujours en respectant les distances. Cette manifestation a été brutalement attaquée, malgré la présence du secrétaire général du parti et de députés du parti communiste. Certains députés ont été attaqués; la police a utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène contre des manifestants totalement pacifiques et disciplinés! Il en a été de même à Thessalonique, où les manifestants ont été encerclés, puis brutalement attaqués. Six de nos camarades de Xekinima se sont retrouvés piégés avec d’autres manifestants, au moins un a été blessé et emmené à l’hôpital, plusieurs ont dû se réfugier chez des habitants du quartier qui ont ouvert leurs portes pour protéger les manifestants attaqués par la police. La solidarité des gens fut remarquable.

    Des attaques pareilles ont eu lieu dans d’autres villes comme Patras et Volos. Des dizaines des manifestants ont reçu des amendes, malgré le fait qu’ils ont tous respecté les distances et porté des masques et alors qu’ils avaient avec eux des documents nécessaires justifiant leur sortie. Les amendes sont extrêmement lourdes: 300€ pour participer à la manifestation, jusqu’à 5000€ pour les organisateurs. C’est une des raisons pour lesquelles les manifestations n’ont pas été aussi massives que les années précédentes. Pourtant, plusieurs centaines de personnes y ont participé, malgré la peur du CoVid, de la répression et des amendes.

    Le gouvernement grec – qui n’a rien fait depuis le mois de mars pour financer le secteur de la santé, embaucher du personnel médical et de nettoyage pour les hôpitaux et les écoles ou des enseignants pour pouvoir dégager les classes de 30 élèves – a pris la décision de mettre le pays en lockdown encore une fois depuis la mi-octobre, pour faire face à l’augmentation vertigineuse de cas de CoVid et du nombre de morts. Le gouvernement a imposé un couvre-feu à partir de 21h, sans pour autant limiter la circulation des gens pour des raisons de travail. Plusieurs entreprises restent ouvertes, le télétravail n’est pas appliqué.

    Le gouvernement grec profite de la crise sanitaire pour attaquer la population et ses droits démocratiques. Les Grecs protestent contre la gestion ridicule de la crise par le gouvernement, ainsi que leur appauvrissement qui continue suite à la nouvelle récession à laquelle le pays est confronté. Le gouvernement montre son visage, autoritaire et totalitaire, pour discipliner le peuple qui se plaint contre le fait qu’encore une fois, c’est aux travailleuses et aux travailleurs de saigner, et non pas les propriétaires d’entreprises, les riches ou la classe dirigeante.

    La seule solution pour le peuple grec, comme pour tous les autres peuples, est de s’organiser contre cette nouvelle attaque et de lutter pour défendre ses droits démocratiques et ses conditions de vie.

     

  • Grèce: occupations d’écoles contre le manque de mesures sanitaires

    Moins de deux semaines après la rentrée des classes en Grèce, 94 écoles et classes ont dû fermer à cause de l’augmentation des cas positifs en COVID 19. Ceci illustre de manière plus qu’évidente que le Ministère de l’Education n’a pas été préparé à faire face à la situation et n’a pas pris de mesures sérieuses.

    Article de Zissis Sourlas, Xekinima (ASI-Grèce)

    Des mesures insuffisantes de la part du Ministère de l’Education

    Pendant la période qui a précédé à la rentrée, le gouvernement et ses collaborateurs ont présenté toute une série de justifications et d’arguments sans base scientifique au sujet de la crise sanitaire. Au départ c’était les graphiques irrationnels du virologue Gkikas Malliorkinis (membre de l’équipe spéciale CoVid19 du gouvernement), selon lequel le nombre d’élèves par classe n’a pas d’influence sur la propagation du virus, une opinion qui va à l’encontre de toutes les études scientifiques connues. Ensuite, la Ministre, Mme Kerameus a affirmé que “les écoles grecques ont 17 élèves par classe en moyenne”: effectivement, s’il y a des classes de 5 élèves et d’autres de 29 élèves, la moyenne est sans doute 17. La Ministre apparemment n’est pas au courant de la situation dans la plupart des écoles des grandes villes, comme Athènes ou Thessalonique, dans lesquelles d’habitude il y a 25 ou même 30 élèves par classe.

    En même temps, le port obligatoire du masque dans les écoles constitue la mesure par excellence du gouvernement contre la propagation du virus. Effectivement le masque est nécessaire, mais il est insuffisant si la distanciation sociale est impossible à observer. Observer les distances est vraiment impossible dans les écoles où il y a 25 élèves dans des classes minuscules, comme c’est le cas dans la plupart des écoles de la capitale et de grandes villes. En plus, il y a des doutes si cette mesure est efficace pour les jeunes de maternelle, si elle n’est pas accompagnée d’autres mesures.

    Le Ministère n’a pas procédé à des embauches d’enseignants nécessaires pour le bon fonctionnement des écoles; tandis qu’il y a de graves manques au niveau du personnel de nettoyage et d’entretien. En pleine pandémie, au moment où la propreté et la désinfection des espaces communs des écoles devrait être la plus importante priorité du Ministère, ils se sont avérés incapables d’au moins embaucher du personnel de nettoyage!

    Oui, mais on a des bouteilles !

    Par contre, la Ministre de l’Education a pensé à ce que tous les élèves reçoivent des masques gratuits, même si à cause d’une erreur sur la commande, celles-ci sont d’une taille gigantesque: cela a fait le sujet de centaines de communications hilarantes sur les réseaux sociaux. Elle a aussi prévu des bouteilles d’eau pour tous les élèves, sauf que celles-ci sont minuscules et peuvent à peine contenir un verre d’eau. Ces bouteilles ont été fabriquées par une compagnie dont le propriétaire est un ami de la famille du Premier Ministre, ce qui a évidemment suscité diverses questions.

    Le premier jour de la rentrée des classes est marqué par une cérémonie religieuse, qui a lieu dans toutes les écoles. Ceci est dû à la longue tradition d’implication des institutions orthodoxes dans la vie civile et politique du pays; la séparation de l’Eglise et de l’Etat fait l’objet de demande de longue date de la part de la gauche, même réformiste. Or, même le gouvernement de SYRIZA n’y est pas parvenu. Mais la plupart des prêtres soutiennent le mouvement anti-masque et se sont ainsi présentés aux écoles pour faire cette cérémonie sans en porter un; les élèves ont dû baisser le leur pour honorer la croix avec une bise, comme l’oblige la tradition. Au moins dans une école, le prêtre a été testé positif le lendemain de la rentrée.

    Aucune mesure substantielle en cas de cas positifs

    Au cas où un élève positif est détecté, selon les instructions du Ministère, seule sa classe doit être fermée, tandis qu’aucun tracing des contacts n’est pas prévu. Rien n’est prévu non plus pour les enseignants des cours spécialisés qui travaillent dans plusieurs classes ou même écoles, ce qui augmente considérablement le danger de propagation du virus. Rien n’est prévu non plus pour des classes mixtes, dans lesquelles des élèves de différentes classes sont mêlés.

    Le Ministère nous rassure que tout est prêt pour lancer la procédure des cours en ligne, au cas où une classe ou une école doit fermer. Personne ne s’est par contre assuré que tous les élèves aient accès à internet, ni que tous soient en possession de l’équipement nécessaire. L’enseignement en ligne n’est pas couvert au niveau légal, ainsi les données personnelles des élèves et des enseignants ne seraient pas correctement protégées, tandis que le contrat convenu entre le gouvernement et la compagnie Cisco n’a jamais été publié. L’autorité responsable pour la protection des données de caractère personnel ne s’est toujours pas prononcée sur la question, ainsi la procédure pourrait être bloquée d’un jour à l’autre.

    Les occupations des écoles et les mobilisations des écoliers

    En réponse à tout ça, plus de 200 écoles étaient occupées fin septembre. La demande principale des écoliers est la diminution des élèves par classe à 15, ce qui est bien sûr lié à l’embauche d’enseignants. Une série d’autres demandes figure aussi sur la liste, liées aux mesures sanitaires qui doivent être prises pour les écoles. Le 24 septembre, les écoliers d’Athènes ont réalisé une manifestation massive au centre de la ville; les parents, les enseignants et les étudiants les ont rejoints en soutenant ces revendications.

    Ces dernières semaines, les médias essaient de présenter les mobilisations des écoliers comme un mouvement contre le port du masque ou des négationnistes du CoVid19. Cela bien sûr n’est pas vrai du tout! Même si des occupations sont ponctuellement soutenues par des anti-masque, la grande majorité des occupations revendique ce qui est bien évident: aller aux cours dans une école qui ne constitue pas une bombe sanitaire.

    Et comme les efforts en direction de la diffamation du mouvement n’ont pas porté leurs fruits, une autre manifestation des élèves et des enseignants le 15 octobre, à laquelle les étudiants universitaires ont aussi participé, a été brutalement réprimée par la police. Des élèves de 13 ou 14 ans ont été interpellés et menottés, comme le témoignent les photos qui ont circulé dans les réseaux sociaux en abondance. Il est évident que le gouvernement essaie de casser le mouvement des écoliers, en utilisant tous les moyens possibles, que ce soit la diffamation ou la violence.

    Les dimensions massives de ce mouvement doivent être perçues comme un appel à l’action. Il faut construire des comités d’élèves à chaque école, qui à leur tour vont former des comités des districts. C’est ainsi que le mouvement pourra être coordonné au niveau national et également parvenir à avoir des contacts avec les syndicats des enseignants, les associations d’étudiants et de parents, dans le but de construire un front commun de l’éducation. La gauche devra aussi agir dans la même direction, parce que c’est le seul moyen pour le mouvement de réussir ses objectifs et de réaliser ses revendications, qui au moins dans un premier temps devraient être les suivants:

    • La diminution du nombre des élèves à 15 maximum par classes (tout en prenant en considération la taille de chaque salle);
    • Des embauches d’enseignants pour couvrir les besoins qui en découlent;
    • Des investissements en infrastructures, comme il y a toujours des écoles dont les bâtiments sont inadéquats;
    • Des tests massifs aux élèves et enseignants, c’est le seul moyen de contrôler la propagation du virus aux écoles;
    • Des embauches massives de personnel de nettoyage;
    • La création d’un service médical spécialisé pour les écoles, qui sera chargé de gérer les cas dans les écoles.
  • Victoire du mouvement antifasciste en Grèce : Aube dorée condamnée !

    Ce 7 octobre est une journée historique, une journée de victoire pour le mouvement antifasciste grec et européen. Lors de la séance finale du procès d’Aube dorée, la juge a annoncé la décision de la cour au Tribunal d’Athènes ce matin : sept personnes sont jugées coupables pour la direction d’une organisation criminelle, parmi eux, le chef d’Aube dorée, Nikos Michaloliakos et l’ex-député européen Yiannis Lagos.
    19 autres personnes sont jugées coupables de participation à une organisation criminelle. 48 autres personnes sont jugées aujourd’hui, toutes les peines ne sont pas encore connues, mais on sait que 16 des 18 personnes accusées du meurtre de Pavlos Fyssas et toutes les 9 personnes accusées pour les attaques de syndicalistes du parti communiste et de pécheurs égyptiens sont jugées coupables. Les peines très probablement vont varier de 5 à 15 ans de prison, éventuellement plus.

    C’est effectivement une journée historique, non seulement pour cette décision qui condamne l’organisation néonazie Aube dorée et met tous ses dirigeants en prison, mais aussi pour la participation impressionnante, dynamique et massive de plus que 20.000 personnes à la manifestation devant le tribunal à Athènes, de plus que 5000 personnes à la manifestation de Thessalonique, de 2000 à Patras et d’autres encore ailleurs en Grèce.

    Personnage iconique du mouvement, la mère de Pavlos Fyssas, Magda, a crié en sortant du tribunal “Nous avons vaincu, mon fils”. Et c’est effectivement ce que tous les antifascistes ont ressenti au moment de l’annonce de la décision et ont fait vibrer dans les rues d’Athènes sous le slogan “Pavlos vit! Ecrasez les nazis!”.

    Quelques secondes seulement après l’annonce et au moment que les manifestants criaient des slogans et s’embrassaient enthousiasmés, la police les attaqués avec des gaz lacrymogènes, des grenades et des auto-pompes. Cela démontre une chose concrète: la police grecque comprend plusieurs sympathisants d’Aube dorée et du fascisme, qui apparemment n’ont pas été contents avec la décision prise aujourd’hui.
    Cela ne change pas le fait que le mouvement antifasciste a remporté une victoire aujourd’hui; nous pouvons tous nous régaler de cette journée de joie, bien conscients que la lutte n’a pas terminée, mais déterminés à la poursuivre et à nous battre contre le fascisme et contre le capitalisme, le système qui le nourrit.

  • Rassemblement antifasciste à Bruxelles “l’extrême droite est criminelle”

    Près de 200 personnes se sont rassemblées ce samedi après-midi à la Gare Centrale à Bruxelles, en réponse à un appel commun signé d’une vingtaine d’organisations antifascistes parmi lesquelles diverses structures syndicales. Thierry Bodson, le nouveau président de la FGTB, était présent et a figuré parmi les orateurs du rassemblement. Cette action s’est inscrite dans le cadre des mobilisations en vue de la séance finale du procès d’Aube dorée en Grèce, qui aura lieu ce mercredi 7 octobre (lire notre article à ce sujet).

    Par Marina (Bruxelles)

    Cette séance sera marquée par le verdict du procès : la demande du mouvement antifasciste et de toute la société grecque est que les 68 accusés, militants et membres de l’Aube dorée soient condamnés pour leurs crimes, mais qu’aussi l’organisation soit condamnée en tant qu’organisation criminelle.

    C’est la deuxième action organisée à Bruxelles autour de ce thème ; la première a eu lieu il y a deux semaines au rond-point Schuman (lire notre rapport à ce sujet).

    Cette deuxième action visait par contre à faire le lien avec le mouvement antifasciste belge, surtout après la parade automobile de Vlaams Belang du 27 septembre dernier. A côté des revendications spécifiques à la Grèce, les organisateurs entendaient marquer leur opposition au VB et à sa rhétorique venimeuse, raciste et sexiste. En même temps, ils rappellent que le VB a entretenu des relations très étroites avec Aube dorée. Ils signalent aussi que les idées de l’extrême droite pourraient encore gagner du terrain, mais que l’extrême droite ne peut être que criminelle.

    A part les organisations qui ont signé l’appel, il faut noter que la parole a été aussi donnée aux travailleurs sans-papiers, à des syndicalistes et notamment à Mamadou Bah, un migrant lui-même victime d’une attaque d’Aube dorée en Grèce.

    L’action a été très dynamique, et les presque 200 participants, dont une grande majorité de jeunes et de femmes, se sont montrés déterminés à poursuivre leurs actions contre le fascisme, qui ne peut d’ailleurs être vaincu que dans la rue.

     

  • Grèce. Vers la fin du procès des néonazis d’Aube Dorée

    Après 5 ans et demi et 453 séances intenses, le procès d’Aube Dorée touche à son terme. Les juges se prononceront ce 7 octobre. Il s’agit sans aucun doute du procès le plus important en Grèce depuis 1975, quand ont été jugés les colonels responsables de la dictature.

    Durant ces 5 années, ce sont les manifestations antifascistes qui ont permis de systématiquement rappeler à l’opinion publique la tenue du procès, contrecarrant ainsi les tentatives de l’establishment grec désireux d’être très discret sur cette affaire. Encore tout récemment, les antifascistes se sont vus interdire l’accès au Tribunal sous prétexte des mesures sanitaires alors qu’une trentaine de membres d’Aube Dorée étaient présents dans la salle d’audience.

    Le silence complice des autorités grecques

    Le dirigeant d’Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, est un admirateur d’Adolf Hitler et un négationniste qui n’a jamais hésité à faire le salut nazi en public, y compris en plein parlement. Il fut également un proche du dictateur défunt Georges Papadopoulos.

    A partir de 1992, suite à la croissance du mouvement nationaliste en raison de l’émergence de la question de la Macédoine, Aube dorée s’est attaquée physiquement à de centaines de militants de gauche, migrants, réfugiés et en général à toutes celles et ceux qui ne correspondent pas aux croyances nazies de l’organisation. Jamais les autorités grecques n’ont voulu toucher au parti néonazi. Il a fallu l’assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, le 18 septembre 2013, et le développement d’un large mouvement antifasciste pour que la pression sur le pouvoir exécutif le décide à conduire Aube dorée au tribunal. Deux généraux et de nombreux cadres de la police ont également été contraints de démissionner en raison de leurs collusions avec l’organisation néonazie.

    A ce moment-là, Aube dorée devenait hors de contrôle. En plus de l’assassinat de Pavlos, en dix jours à peine, ses membres avaient attaqué des cadres de la Nouvelle Démocratie (le parti de droite au gouvernement à l’époque) et blessé sérieusement des syndicalistes du PAME (syndicat du Parti communiste). Ils flirtaient alors avec les 11% dans les sondages.

    L’issue du procès

    Les 69 membres d’Aube dorée sur le banc des accusés connaîtront leur sort le 7 octobre. Ce jour-là sera à nouveau une importante date de mobilisation antifasciste. Même si l’organisation est aujourd’hui très affaiblie, le danger de l’extrême droite perdurera, en Grèce comme ailleurs, tant que survivra ce système capitaliste inégalitaire qui a besoin du racisme et des discriminations pour diviser et affaiblir la colère populaire.

    Action L’extrême droite est criminelle ! Extreemrechts is crimineel ! Ce samedi 3 octobre, 14h, gare centrale.

  • Bruxelles. Action de solidarité avec le mouvement antifasciste en Grèce

    Alors que le procès d’Aube Dorée touche à son terme (lire notre article à ce sujet), un groupe d’antifascistes grecs et belges s’est réuni dimanche 20 septembre devant le siège de la Commission européenne au rond-point Schuman à Bruxelles en solidarité avec le mouvement antifasciste dynamique qui se développe actuellement en Grèce. Leurs banderoles proclamaient “Ils ne sont pas innocents – Les Nazis en prison », en grec et en français. L’action, une flash mob, a été brève et n’avait pas été annoncée publiquement.

    Par Marina (Bruxelles)

    De cette manière, ces antifascistes grecs et belges ont répondu à l’appel de la famille Fyssas et du groupe de coordination antifasciste grec «Ils ne sont pas innocents», dans le but d’exercer une pression publique, de sorte que les auteurs physiques et moraux soient condamnés à de lourdes peines, et que l’organisation grecque Aube Dorée soit reconnue criminelle et condamnée.

    Le rôle de l’Union européenne

    Le choix du lieu de l’action n’a été fait en aucun cas au hasard: les manifestants estiment que les responsabilités de l’Union européenne et de la communauté internationale dans la montée du fascisme en Europe ne sont pas du tout négligeables. L’establishment politique européen a fait preuve d’une tolérance remarquable envers les représentants de l’Aube Dorée au Parlement européen ou envers des gouvernements comme celui d’Orban en Hongrie.

    Les décisions politiques de l’UE pour répondre au problème des réfugiés n’ont rien à envie au programme de l’extrême droite. Le Parlement européen a par ailleurs adopté à plusieurs reprises des résolutions assimilant le communisme au nazisme, optant consciemment pour une prise de position à distances égales (par exemple, cette résolution de l’année passée).

    En Belgique

    En Belgique, d’ailleurs, plusieurs incidents montrent que “l’œuf de serpent”, comme on appelle le fascisme en Grèce, est toujours actif. D’une part la mort de Jozef Covanek provoquée par les actes des policiers à l’aéroport de Charleroi (lire notre article à ce sujet), a suscité des réactions et des mobilisations dans le pays (lire notre article à ce sujet): dans les vidéos concernées, un policier fait le salut nazi alors que ses collègues immobilisent violemment (et au final fatalement) le malheureux Slovaque.

    En même temps, un cortège en véhicules d’Anvers à Bruxelles est en train d’être organisé par le Vlaams Belang le 27 septembre. L’extrême droite veut exprimer son opposition à la composition d’un gouvernement Vivaldi, à l’exclusion de la N-VA et appelle à une “marche vers Bruxelles” avec le slogan central “pas mon gouvernement”.

    Le mouvement antifasciste

    Dans ce paysage, tant en Belgique qu’en Grèce et dans le reste de l’Europe, une forte condamnation d’Aube Dorée est nécessaire, sur le plan symbolique et réel, une condamnation retentissante de l’extrême droite par le tribunal est nécessaire.

    Bien sûr, c’est le mouvement de masse qui combat le fascisme dans la rue. C’est ce mouvement qui obligera le tribunal à condamner clairement et durement l’organisation criminelle qu’est Aube Dorée. Le mouvement devra continuer à s’opposer à toute expression du fascisme dans tous les domaines.

    D’autres actions sont prévues à Bruxelles en vue de la décision finale du tribunal le 7 octobre prochain; n’hésitez pas à nous contacter pour plus d’infos.

  • Grèce. Vers la fin du procès des néonazis d’Aube Dorée

    “Pavlos vit ! A bas les Nazis !” Militants de Xekinima en action.

    Après 5 ans et demi et 453 séances intenses, le procès d’Aube Dorée touche à son terme. Selon le planning annoncé par le Tribunal, après les conclusions des avocats de la défense d’Aube Dorée, les juges se prononceront le 7 octobre.

    Par Takis Yiannopoulos, Xekinia (section grecque d’Alternative Socialiste Internationale)

    Il s’agit sans doute du procès le plus important qui s’est déroulé en Grèce après celui qui a conduit en prison les colonels responsables de la dictature en 1975. Mais l’événement revêt également une grande importance pour les autres pays européens, parce que le fascisme est un danger pour toutes et tous.
    Le mouvement antifasciste exclu de la salle lors de la séance du 2 septembre

    A la séance du 2 septembre, et pendant qu’une action de la campagne “Ils ne sont pas innocents” était en cours en dehors du Tribunal, les manifestants se sont vus exclus de la salle sous prétexte des mesures sanitaires. Pourtant une trentaine d’aubedoristes ont eu accès à la salle. Le public était par ailleurs autorisé dans les autres salles de procès. Les manifestants ont essayé de négocier la présence d’un nombre limité de militants, avec respect de la distanciation sociale mais deux heures après le début du procès, personne n’avait été admis en salle.

    Il s’agit de toute évidence d’une décision politique du gouvernement qui a voulu interdire la présence du mouvement antifasciste non seulement à la séance du 2 septembre, mais aussi à la dernière, lorsque le jugement sera rendu. Le mouvement antifasciste a été présent pendant toutes les séances ces cinq années et cela fut crucial pour rendre les faits publics et montrer à la société l’attitude provocante des accusés nazis. De cette façon, et même si tout a été fait pour que le procès se déroule sans trop de publicité, l’argumentation et les preuves présentées de la part des avocats des victimes sont devenues connues de la société. Il est devenu ainsi plus qu’évident qu’il s’agit effectivement d’une organisation criminelle, dont la structure, les croyances et la façon d’opérer est copiée sur celles des partis nazis des années ‘30, notamment du parti hitlérien.

    Le gouvernement a donc essayé d’isoler le mouvement antifasciste et le garder à la marge; mais les militants antifascistes sont déterminés à ne pas permettre cette exclusion. Une manifestation est déjà prévue pour le 7 octobre pendant la séance; une mobilisation impressionnante est également actuellement à l’œuvre sur les réseaux sociaux: des milliers de personnes ont ajouté le cadre “Ils ne sont pas innocents” leur photo de profil et se montrent déterminés à participer aux actions.

    Aucun gouvernement n’a vraiment voulu mettre les néonazis en prison

    En 2013, le gouvernement de droite a été obligé de recourir aux procédures légales contre Aube dorée, parce qu’ils se sont rendus compte que l’organisation se trouvait en dehors de son contrôle.

    A l’époque, sur un laps de temps de dix jours peine, ils avaient attaqué des cadres de la Nouvelle Démocratie (le parti de droite au gouvernement à l’époque), avaient blessé sérieusement des syndicalistes du PAME (syndicat du parti communiste) et avaient assassiné le musicien antifasciste Pavlos Fyssas alors qu’ils flirtaient avec les 11% dans les sondages. Plusieurs gouvernements auraient pu s’en prendre légalement à Aube dorée, surtout après 1992, quand l’organisation avait commencé à se présenter au public et à disposer de véritables groupes d’assaut armés.

    Les avocats de l’organisation ont essayé de détourner les faits au cours du procès, en se référant à des actes judiciaires qui cachaient les liens entre certains actes criminels et Aube dorée avant 2008; une ligne défensive qui a été complètement démantelée par les avocats de Pavlos Fyssas et des autres victimes.

    A partir de 1992, suite à la croissance du mouvement nationaliste à cause de l’émergence de la question de la Macédoine, Aube dorée s’est attaquée à de centaines de militants, migrants, réfugiés et en général à toutes celles et ceux qui ne correspondent pas aux croyances nazies de l’organisation. Le comble a été atteint en 1998, quand 10 militants d’Aube dorée ont attaqué trois étudiants, membres de l’organisation de gauche NAR. Une de ces trois personnes, Dimitris Koussouris, était aussi représentant au Comité central du syndicat des étudiants grecs (EFEE); Koussouris était la cible principale de cette attaque, suite à laquelle il a failli mourir, a passé presque deux mois en soins intensifs et a dû suivre des traitements pendant plusieurs années après l’attaque. Les auteurs de cette attaque sont à présent libres.

    Les gouvernements de cette période-là n’ont jamais voulu toucher Aube dorée, qui a été reconnue comme un parti politique légal par la Cour suprême et a participé à de nombreuses élections. Il a fallu l’assassinat de Pavlos Fyssas, le 18 septembre 2013 et un mouvement antifasciste éclatant, pour que le pouvoir exécutif se décide à conduire Aube dorée au tribunal.

    Le début du procès

    Le procès n’a commencé que le 20 avril 2015, avec 69 membres d’Aube dorée sur le banc des accusés. Le choix d’un tribunal situé dans un quartier d’Athènes difficilement accessible, l’absence de couverture médiatique, un public très limité et des retards répétitifs et constants de la part des avocats des accusés: tout a été fait pour assurer que le procès ne soit pas médiatisé, mais reste à l’écart de l’opinion publique.

    Aujourd’hui, la ligne de défense des accusés est que: “Aube dorée n’est pas une organisation criminelle, ni nazie. Les actes de Roupakias (l’assassin de Pavlos Fyssas) et les autres crimes examinés sont des faits isolés, les dirigeants n’en avaient pas connaissance. Tous les incidents évoqués pendant le procès sont des conflits privés pour des causes hors du sujet”.

    On comprend aisément que les membres et avocats d’Aube dorée n’ont que des éloges pour le “procès équitable” et la “proposition excellente” de la procureure Adamantia Oikonomou, qui à la base proposait que l’organisation soit innocente et qu’il ne fallait condamner que Roupakias.

    Les prochains jours

    La décision est attendue le 7 octobre. Désormais, Aube dorée est très affaiblie : elle est restée en dehors du Parlement, a perdu son député européen (qui a démissionné du parti sans quitter son siège parlementaire), a subi trois scissions en une année et se retrouve sans sources financières.

    Il est clair que l’avenir du fascisme en Grèce ne sera pas jugé sur base des décisions du tribunal. Et pourtant la décision juridique a son rôle à part dans l’évolution et les perspectives de l’extrême droite sous toutes ses formes.

    Le mouvement antifasciste se prépare pour faire des mois de septembre et d’octobre des mois d’action antifasciste. La Campagne “Ils ne sont pas innocents”, la Coordination antifasciste d’Athènes/Pirée, ainsi que les comités antifascistes dans d’autres villes, sont en train d’intensifier leurs présence et leurs actions à tous les niveaux. Une manifestation qui devrait être grandiose est prévue le 18 septembre, date du dernier anniversaire de l’assassinat de Pavlos Fyssas avant la décision du tribunal. Des actions sont aussi prévues pour le 7 octobre, pour crier fort que la place des nazis est en prison.

    C’est d’ailleurs notre verdict, clair et net: tous les nazis – pas seulement d’assassin de Pavlos Fyssas, mais aussi les chefs d’Aube dorée et tous ceux qui ont scissionné et créé d’autres groupes- ne sont pas innocents: ils doivent être en prison.

    Les militants et les organisations antifascistes et de gauche ne veulent pas donner l’impression qu’il s’agit d’un événement purement inscrit dans le contexte pénal et juridique. Ce contexte est sans doute important, mais la lutte antifasciste se mène dans la rue, les quartiers, sur les lieux de travail, dans la société. Lutter pour que les nazis d’Aube dorée soient emprisonnés est une bataille importante que le mouvement antifasciste va mener, tout en continuant à mener des luttes et des actions dans la société. Et nous sommes bien sûr conscients du fait que le fascisme n’est qu’une arme dans les mains du système capitaliste; les connexions des compagnies allemandes comme Krupps ou Thyssen avec le régime nazi sont très connues et en sont la preuve. La lutte contre ce système capitaliste est étroitement liée à la lutte antifasciste.

    Des actions sont également prévues en Belgique, contactez-nous pour en savoir plus.

  • Grèce : L’incendie de la Moria et l’enfer des camps de réfugiés

    Plus de 40.000 réfugiés sont piégés οn dans les îles grecques près de la côte turque, vivant dans des conditions horribles dans des camps de réfugiés conçus pour accueillir 1/5ème de la population actuelle. Pendant l’hiver, des dizaines de milliers de réfugiés ont dû faire face au froid glacial et à la neige sur leurs tentes ainsi qu’aux fortes pluies qui ont tout trempé et les ont laissés vivre dans la folie pendant des jours.

    Par Giorgos Ligouriotis, Xekinima (ASI-Grèce).

    La nourriture fournie par le gouvernement et les ONG est loin d’être suffisante et des milliers de personnes doivent subvenir à leurs propres besoins. L’accès aux soins médicaux est également très limité. La pandémie de covid-19 a encore aggravé les choses, car les conditions d’hygiène dans les camps sont épouvantables. Par exemple, dans le camp de Moria, sur l’île de Lesvos, il n’y a qu’un robinet d’eau pour 1 300 réfugiés.

    Moria est le camp de réfugiés le plus peuplé. Bien que sa capacité officielle soit de 3 000 personnes, 12 500 réfugiés vivent dans et autour de ce camp.

    Une grande partie du camp de Moria a été incendiée le mardi 8 septembre. De nouveaux incendies ont éclaté mercredi et jeudi. Ce n’est pas la première fois qu’un camp de réfugiés est incendié. En avril, de grandes sections des camps de réfugiés sur les îles de Chios et de Samos ont également été brûlées. En outre, au moins deux camps sur le continent où les réfugiés seraient relocalisés ont été incendiés par des groupes d’extrême droite qui voulaient empêcher les réfugiés d’entrer dans leurs municipalités. L’article qui suit a été publié sur le site “Xekinima” mardi après-midi, après le premier incendie du camp de Moria.

    L’incendie qui a éclaté dans la nuit du mardi 8 septembre au Centre d’enregistrement et d’accueil des réfugiés et des immigrés (KYT) à Moria, Lesvos, a mis en évidence une fois de plus les conditions inhumaines auxquelles sont confrontés les réfugiés dans les camps, mais aussi l’échec de la politique gouvernementale en matière de gestion du flux de réfugiés.

    Les premières images de l’incendie du QG de Moria créent immédiatement des sentiments de tristesse et de colère. Le résultat de l’incendie est que 12 500 réfugiés se retrouvent sans abri, la plupart d’entre eux se déplaçant initialement soit en direction des zones résidentielles les plus proches, soit vers la montagne pour être sauvés des flammes. Dans le même temps, les forces de police ont mis en place des barricades pour empêcher les réfugiés de s’approcher de toute zone résidentielle.

    Le gouvernement blâme directement les réfugiés pour l’incendie criminel, le liant à l’annonce de 35 cas de coronavirus en Moria et parlant des émeutes qui ont eu lieu parce que certains des patients ont refusé d’être mis en quarantaine avec leur famille dans des entrepôts juste à l’extérieur du KYT. Ce n’est certainement pas la première fois que des cas de coronavirus ont été détectés en Moria, ni la première fois que des réfugiés ont été contraints à l’isolement.
    Mais même si le scénario ci-dessus correspond à la réalité, nous devons tenir compte du fait que, partout dans le monde, la pandémie de coronavirus s’accompagne d’une anxiété considérable, voire d’une panique chez une grande partie des patients et de leurs familles. On peut dès lors imaginer ce que cela signifie de tomber malade en Moria, dans des conditions de vie inhumaines qui multiplient certainement les risques.

    Les conditions de détention dans les centres “d’accueil” en ont fait des véritables trous d’enfer. Lorsque vous entassez des milliers de personnes dans des tentes et des abris de fortune, sans aucune perspective d’amélioration de la situation, vous créez en fait un mélange explosif, qui conduira tôt ou tard soit à un accident grave, soit à un déchaînement de rage et d’indignation.

    En outre, le scénario selon lequel l’incendie criminel serait le fait de groupes d’extrême droite n’est même pas envisagé. Ce ne serait pas la première fois que l’extrême droite et les néo-nazis tentent de mettre le feu, ou d’attaquer, et de faire des dégâts dans les camps de réfugiés.

    Un exemple plus récent est celui de l’incendie criminel qui a conduit à la destruction d’un entrepôt de solidarité à Chios en mars dernier. En novembre 2016, des groupes néo-nazis ont attaqué le camp de réfugiés de Souda, à Chios, détruisant et brûlant une centaine de tentes, alors que de nombreux réfugiés devaient être hospitalisés.

    Jusqu’à présent, aucun scénario concernant la cause de l’incendie n’a été confirmé. Mais peu importe ce qui s’est réellement passé, une chose est sûre : lorsque 12 500 réfugiés sont entassés dans des installations d’une capacité de 3 000 personnes, sans conditions sanitaires en pleine pandémie, la Moria était une ”bombe à retardement”.
    Selon les déclarations du porte-parole du gouvernement Stelios Petsas, Lesvos a été déclarée en état d’urgence, alors que le gouvernement a annoncé que dans la nuit de mercredi à mercredi (le 9 septembre) la question du logement des 12.500 réfugiés vivant dans le KYT aurait été résolue.

    Cela vient du même gouvernement qui, depuis le début de la pandémie, n’a pris aucune mesure substantielle ni pour prévenir la propagation du coronavirus dans les camps de réfugiés, ni pour améliorer les conditions de vie inhumaines des réfugiés.

    Cela prolonge la politique manquée du gouvernement dans la gestion globale de la question des réfugiés, qui ne réussit finalement qu’à renforcer la rhétorique raciste et xénophobe.

    Nous ne pouvons avoir aucune confiance dans le gouvernement, ni dans l’endroit où il transférera les réfugiés sans abri (les plans pour les tentes et les bateaux sont tragiquement inadéquats, ce qui fait que les réfugiés dorment dans les champs et les rues), ni dans les conditions dans lesquelles ils devraient vivre dans un avenir proche.
    Même avec le recul, même dans ces conditions, les travailleurs, les jeunes, les mouvements, les forces de la gauche, nous devons exiger :

    La relocalisation des réfugiés dans des hôtels et des établissements touristiques restés fermés en raison de la pandémie, mais aussi dans des bâtiments publics afin d’éviter les conditions d’un contact étroit.

    Une répartition proportionnelle et planifiée des réfugiés dans toutes les préfectures du pays pour désengorger les îles afin de protéger la santé publique des réfugiés et de la population locale.

    L’examen immédiat des demandes d’asile ainsi la délivrance de l’asile et des documents de voyage aux réfugiés afin qu’ils puissent poursuivre leur voyage vers d’autres pays de l’UE ou là où ils le souhaitent.

    Poursuivre la lutte pour une politique adéquate d’accueil, d’installation et d’éducation de tous les réfugiés qui fuient la guerre et les catastrophes, à mettre en œuvre depuis tous les pays de l’UE. Lutter pour renverser les politiques de forteresse de l’Europe mises en œuvre par tous les gouvernements de l’UE sous la pression de l’extrême droite et des racistes.

  • Tensions en Méditerranée : non au nationalisme et à la guerre, non à l’extraction de gaz naturel !

    La découverte de gisements d’hydrocarbures dans les fonds marins de la Méditerranée orientale ajoute un autre facteur à la concurrence entre les classes dirigeantes de Grèce, de Turquie et de Chypre. La crise actuelle, qui dure depuis des mois, est la pire depuis la guerre de 1974, tant par sa durée que par les menaces qu’elle représente.

    Déclaration commune de Xekinima (section d’ASI en Grèce), d’Alternative socialiste (section d’ASI en Turquie) et de NEDA (section d’ASI à Chypre)

    Les gouvernements grec et chypriote ont désigné des parcelles offshore et conclu des contrats avec de grandes multinationales pétrolières pour la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures.

    Cela a pour effet d’acculer objectivement, économiquement et géopolitiquement, la classe dirigeante turque, qui est le seul grand acteur intéressé dans la région à être exclu de l’exploitation des gisements. Le régime d’Erdogan était tenu de réagir vigoureusement – mais c’était un facteur que les gouvernements grec et chypriote ont complètement sous-estimé.

    La réponse du gouvernement turc, en revanche, s’inscrit dans le cadre de ses aspirations néo-ottomanes, qui provoquent déjà d’énormes tensions dans l’ensemble de la région, comme le montre son intervention militaire en Libye, avant celle en Syrie, etc.

    Les navires de guerre turcs ont escorté les navires de forage turcs en Méditerranée orientale depuis la proclamation de la ZEE (zone économique exclusive ou EEZ en anglais) autour de la République de Chypre. La déclaration d’une ZEE entre la Grèce et l’Égypte, en réponse à la déclaration d’une ZEE entre la Turquie et la Libye, a été suivie par le déploiement de navires de guerre turcs dans la mer autour de l’île de Kastelorizo, qui a été suivi par le déploiement de navires de guerre grecs en réponse.

    Pendant des jours, les deux flottes se sont fait face, “les doigts sur la gâchette”. Selon les médias allemands (Die Welt), Erdogan a discuté de la possibilité de couler un navire grec ou d’abattre un avion grec, mais il en a été empêché par ses généraux.

    La Méditerranée orientale est actuellement le siège de l’une des plus grandes concentrations de forces navales de la planète : Des porte-avions et des navires de guerre américains, français et russes y sont stationnés, en plus des forces grecques et turques.

    Les exercices navals et militaires qui s’y déroulent, parmi les forces qui composent le bloc anti-turc et qui comprennent Israël, l’Egypte et les Emirats arabes unis, ainsi que la Grèce, Chypre et la France, illustrent l’extrême tension qui règne.

    Les gouvernements de Grèce, de Turquie et de Chypre, bien qu’ils aient été durement touchés par la pandémie de Covid-19 et la crise économique qu’elle a déclenchée, au lieu de dépenser leur argent pour la santé, la protection et la prospérité de leur population, se lancent dans une nouvelle course aux armements.

    Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung (journal général de Francfort), le gouvernement turc a fait passer les dépenses militaires à 20 milliards de dollars en 2019, ce qui représente 7,8 % du PIB de la Turquie. Parallèlement, la Grèce négocie de nouveaux grands paquets d’armes d’une valeur de 10 milliards d’euros (environ 12 milliards de dollars) pour les prochaines années. La petite économie chypriote, après la levée de l’embargo par les États-Unis, se prépare à acheter de nouveaux équipements militaires plus avancés.

    La population des trois pays est très inquiète. Malgré la “propagande patriotique” massive qui se développe tant en Turquie qu’en Grèce, selon un récent sondage, seuls 35 % des Turcs et 46 % des Grecs pensent que leur pays est capable de supporter le coût d’une guerre. Même en Turquie, où l’opinion publique est “habituée” à la guerre constante dans laquelle leur gouvernement est engagé, 60% sont contre une guerre avec la Grèce et seulement 31% y sont favorables.

    Les illusions cultivées pendant des années en Grèce et à Chypre, selon lesquelles l’UE et l’OTAN pourraient contribuer à désamorcer la crise et les tensions nationales qui durent depuis des décennies, se dissipent de jour en jour. Il devient de plus en plus clair pour de larges pans de la population que les pays de l’OTAN et de l’UE servent leurs propres intérêts et, en fait, peuvent souvent être en conflit les uns avec les autres, comme le montrent les différentes attitudes de la France et de l’Allemagne au sein de l’UE.

    Il est impossible de concilier les intérêts matériels réellement concurrents dans la région dans le cadre du capitalisme. Tout mouvement qui renforce la classe dirigeante grecque et chypriote grecque affaiblit la classe dirigeante turque et chypriote turque et vice versa.

    Mais ce qui devrait être clair pour la classe ouvrière et les jeunes en Turquie, en Grèce et à Chypre, c’est que peu importe à quel point les classes dominantes sont prêtes à sacrifier d’innombrables vies dans cette compétition, nous n’avons rien à gagner. Ni des forages, ni des profits qu’ils génèrent pour les multinationales et les capitalistes locaux, ni de la revendication d’îlots rocheux inhabités en mer Égée qui ne servent que des intérêts géostratégiques en cas de guerre, ni bien sûr de la division de Chypre qui se poursuit sans aucune perspective sérieuse de résolution.

    Pour toutes ces raisons :

    • Nous sommes contre la guerre et le nationalisme qui se développe dans ces trois pays !
    • Nous luttons contre l’extraction des hydrocarbures qui sacrifie l’environnement et la paix au profit des multinationales du pétrole.
    • Nous appelons à une lutte commune des travailleurs et des jeunes en Grèce, en Turquie et à Chypre (nord et sud) contre les politiques anti-ouvrières et nationalistes des gouvernements et des classes dominantes qu’ils servent.
    • Nous luttons pour la construction d’organisations politiques de masse de travailleurs et de jeunes qui lutteront pour le renversement du capitalisme dans nos pays, contre l’intervention impérialiste, et pour le socialisme, dans des conditions de démocratie et de liberté véritables, au sein d’une fédération socialiste volontaire, sur une base égale, non seulement des trois pays mais de toute l’Europe.
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