Your cart is currently empty!
Tag: Grèce
-
[INTERVIEW] Vers un gouvernement Syriza ?
Des élections générales se tiendront le 25 janvierInterview d’Andros Payiatsos, Xekinima (Section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL)
Suite à l’impossibilité d’élire un président, une crise institutionnelle a éclaté fin de l’année dernière en Grèce, pays en proie à une austérité sauvage. Des élections générales anticipées sont de ce fait appelées le 25 janvier. Cette situation suscite une grande panique de la classe capitaliste internationale qui semble perdre la main. En effet, le parti de gauche radicale Syriza se retrouve en tête des sondages, car il est considéré comme la meilleure opportunité pour riposter contre l’austérité.
Pourquoi ces élections ont-elles été appelées ?
Officiellement, cela fait suite aux élections présidentielles. En Grèce, le président est élu par une majorité de 60% au Parlement. La constitution précise que si le Parlement se retrouve dans l’incapacité d’élire un président, des élections générales doivent alors être organisées et le président peut alors être élu par une majorité simple au nouveau Parlement.
Toutefois au-delà de cette question, la raison fondamentale de la crise actuelle porte sur les politiques du gouvernement qui se sont heurtées à un mur de briques. La société rejette ces politiques et cela s’est reflété au Parlement, où le PASOK (le parti traditionnel de l’ex-social-démocratie) et la Nouvelle Démocratie (parti de droite capitaliste) ont perdu une grande partie de leurs députés. Ces députés sont devenus indépendants et n’ont plus voté avec le gouvernement. En outre, les partis gouvernementaux ne sont pas parvenus à diviser les partis plus petits que sont Gauche Démocratique et Grecs Indépendants en dépit de leurs intenses tentatives en ce sens. Ils n’ont de ce fait pas réussi à recueillir les 60% nécessaires à l’élection d’un nouveau président et ainsi rester au pouvoir jusque 2016, année où devait se finir l’actuelle législature.
Que devrait-il normalement se produire avec ces élections ?
Le plus probable est une victoire de Syriza.
Pourtant, la classe capitaliste, tant grecque qu’internationale, a lancé une grande campagne basée sur la peur pour tenter d’empêcher que cela n’arrive. Celle-ci argumente – comme cela était attendu – que si Syriza remporte les élections, la Grèce serait alors expulsée de l’Euro, que cela équivaudrait à un cauchemar absolu, que tout l’enfer se déchainerait sur le pays, etc. Le premier ministre a notamment déclaré qu’avec une victoire de Syriza, la Grèce deviendrait similaire à la Corée du Nord. Cette campagne atteint des sommets de ridicules.
Cependant, l’effet sur la population ne sera pas le même qu’en 2012. Les gens sont maintenant suffisamment en colère que pour voter pour Syriza malgré cette campagne de peur. L’establishment est donc en pleine panique concernant l’issue de ces élections, et notamment la Nouvelle Démocratie.
Mais rien n’est encore joué. Papandreou (le précédent premier ministre et ancien président du PASOK) veut créer une scission au sein du PASOK et constituer un nouveau parti. Cette scission se présente comme étant l’aile gauche du parti. Elle accuse le parti d’abandonner les principes socialistes, en dépit du fait que Papandreou est précisément le premier ministre qui a mis la Grèce sous la coupe de la Troïka. Le soutien dont pourrait bénéficier ce nouveau parti représente encore une question ouverte.
Notons que l’avance de Syriza sur la Nouvelle Démocratie tourne autour des 3-4% dans les sondages. Bien que l’évolution la plus probable soit une victoire pour Syriza, il est difficile de prédire quelle sera son ampleur. Sera-t-il possible de former un gouvernement majoritaire ou devront-ils composer avec un gouvernement minoritaire devant compter sur les votes des parlementaires de la Gauche Démocratique (s’ils sont élus), des Grecs Indépendants ou du nouveau parti de Papandreou ? Toutes ces forces sont acquises à l’establishment.Comment pensez-vous que Syriza agirait au gouvernement?
À certains égards, la direction de Syriza préfèrerait l’emporter sans disposer de la majorité absolue. Ce cas de figure lui permettrait de blâmer les parlementaires d’autres partis pour ne pas être en mesure de mener des politiques plus radicales.
Ce ne serait toutefois qu’un prétexte. La direction de Syriza s’est clairement droitisée depuis les élections de 2012. Dans le reste de l’Europe, Syriza est présenté comme un parti radical, très à gauche, voire même d’extrême-gauche. Mais en Grèce, la méfiance et le manque d’enthousiasme sont grands parmi les masses. La population observe que les dirigeants de ce parti font tout leur possible pour parvenir à un accord avec les forces du marché – la Troïka, l’Union Européenne et l’establishment national. Il n’est d’ailleurs pas exclu que Syriza puisse encore glisser plus loin vers la droite une fois au pouvoir afin de rester au sein de la zone euro.
Face à ce risque, nous aurons l’intervention des mouvements de masse. Les problèmes de société sont gigantesques avec des millions de personnes se trouvent dans une situation absolument désespérée. Ils devront se battre, et ils vont se battre, pour pousser vers la gauche un gouvernement Syriza. Ainsi, malgré le fait que la direction Syriza se droitise et recherche d’un compromis avec les forces des marchés à l’échelle internationale, il est possible qu’elle soit poussée vers la gauche sous la pression du mouvement de masse.
Que pense Xékinima de la riposte nécessaire face à la campagne de peur au sujet de l’euro, etc. ?
Nous pensons qu’il est impossible d’avoir un programme favorable à la classe des travailleurs – abandonner l’austérité, sortir de la crise économique sur base du secteur public, refuser les politiques néolibérales de l’Union Européenne – et de rester en même temps dans la zone euro telle qu’elle existe aujourd’hui.Il n’y a que deux possibilités. Soit un appel de masse internationaliste sera lancé – par les forces radicalisées de la classe ouvrière et le gouvernement de gauche grecque et les forces de gauche européenne – afin de lutter pour arracher des changements majeurs dans une orientation socialiste à travers le continent. Soit, si cet appel ne se produit pas (et est refusé par la direction de Syriza) ou s’il n’a pas suffisamment de temps pour se développer, alors le pays se retrouvera à l’extérieur de la zone euro.
Un retour à une monnaie nationale ne serait cependant pas nécessairement une catastrophe si cela s’accompagne de politiques socialistes menées en Grèce par un gouvernement de gauche basées sur des nationalisations des secteurs clés de l’économie et la planification démocratique de l’économie sous contrôle et gestion des travailleurs. Dans ces conditions, un appel internationaliste devrait continuer à être lancé vers un changement socialiste majeur en Europe. Nous croyons que cette approche doit être soumise ouvertement à la classe ouvrière grecque afin de la préparer aux batailles qui se profilent.
Malheureusement la direction de Syriza ne se prépare à aucune de ces deux options. Elle crée simplement un optimisme artificiel : « ne vous inquiétez pas, rien ne se passera, nous garantissons que le pays va rester dans la zone euro ». C’est une grave erreur.Comment la lutte devrait-elle être organisée sous un gouvernement Syriza ?
Dans le contexte actuel, aucune lutte isolée ne peut l’emporter. La coordination consciente des luttes est primordiale. Elles doivent se lier à la base et à la gauche de Syriza afin de pousser le parti vers la gauche. Des structures démocratiques doivent être crées dans la société et au sein des mouvements de sorte que la base puisse avoir voix décisive.
Pour se débarrasser de la Troïka et du gouvernement actuel, ces luttes doivent être aux mains de l’ensemble de la gauche. Malheureusement, celle-ci est divisée. Une partie de la responsabilité de cela incombe à la direction de Syriza, qui ne cherche pas à construire véritablement un front uni. Mais la société et la classe ouvrière vont se déplacer en masse pour voter pour Syriza.
Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) fait partie de ce mouvement. Dans le cadre de ‘‘l’Initiative des 1000’’, nous appelons à voter pour Syriza. Nous soutenons que les luttes doivent viser l’application d’un programme socialiste : nationaliser les banques, nationaliser les leviers économiques, planifier l’économie. Tout cela doit être sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, sinon nous connaitrons la corruption que nous avons déjà vue à l’œuvre dans le secteur étatique. Sur cette base, les luttes peuvent être victorieuses et constituer une énorme source d’inspiration pour les masses dans le reste de l’Europe.
-
Manifestation : Avec le peuple grec, pour en finir avec l'austérité !
Alors que la Belgique est en pleine bataille contre son gouvernement néolibéral dirigé par Charles Michel, nous ne pouvons rester indifférents face à la campagne d’intimidation et de chantage organisée par les forces politiques, économiques et médiatiques dominantes en Europe contre le peuple grec et notamment contre SYRIZA, la formation de gauche anti-austérité actuellement en tête dans les sondages. Les cinq dernières années ont été un véritable cauchemar pour les Grecs, et leur premier droit est celui de vouloir en sortir par la lutte sociale et politique.
C’est pourquoi, nous, mouvements sociaux, de la jeunesse et de l’associatif, et organisations de gauche, décidons de manifester ensemble ce samedi 17 janvier dans les rues de Bruxelles, pour montrer que des alternatives à l’austérité sans fin, basées sur la solidarité, peuvent être mises en place.
– Nous condamnons l’attitude et le chantage de l’UE et des gouvernements qui dénient au peuple grec son droit démocratique de choisir sa politique sociale et économique, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’eurozone.
– Nous ne laisserons pas le peuple grec isolé face aux attaques d’austérité, à la Troika et aux marchés financiers.
– Nous sommes solidaires de la lutte du peuple grec contre les politiques d’austérité ainsi que de son aspiration à un gouvernement qui appliquera ses revendications, comme l’annulation immédiate des programmes d’austérité de l’UE et le FMI, un plan d’urgence sociale, l’audit de la dette et l’annulation de la dette illégitime.
– Nous condamnons l’option sécuritaire, raciste, et xénophobe dominante dans l’Union européenne, y compris en Grèce et en Belgique : une politique délibérée du “bouc émissaire” aux conséquences dramatiques pour des millions de personnes privées de leurs droits fondamentaux. Nous rejetons cet autre “racisme” qui veut nous convaincre que si les grec.que.s ou les espagnol.e.s doivent souffrir, c’est à cause de leur prétendue nature “corrompue et paresseuse”. Contre l’Europe forteresse qui harcèle et emprisonne les immigré.e.s, nous défendons une politique d’asile accueillante et basée sur l’égalité des droits. Contre l’Europe du chacun pour soi et du mépris, nous voulons une Europe solidaire.
– Nous appelons dans ce sens à une convergence des résistances sociales et politiques au-delà des frontières, pour rejeter l’austérité et le défaitisme, pour triompher de la droite extrême et pour construire une autre Europe, une Europe démocratique au service des besoins sociaux de toutes et tous et des nécessités environnementales.
Notre message s’adresse très clairement à l’Union européenne construite pour la finance et non pour les peuples, ainsi qu’au gouvernement Michel qui veut détruire nos conquêtes sociales et casser nos salaires, nos pensions, nos services publics. Et qui frappe durement les femmes, les jeunes, les musulmans et les migrants, tout en préservant les plus riches. Nous rappelons aussi au gouvernement que la Belgique est engagée pour 9 milliards d’euros vis-à-vis de la dette grecque, sans compter l’engagement des banques privées. Cela se fait via les prêts directs, le Fonds européen ad hoc et la Banque Nationale : cette dette produite sur la misère d’un peuple entier, au seul bénéfice des marchés financiers, doit être effacée sans conditions.
Nous appelons à lutter en Belgique aussi, tant qu’il le faudra, jusqu’à ce que les politiques d’austérité ne soient plus qu’un mauvais souvenir.
En ce sens, nous savons que nous luttons en Grèce et en Belgique contre les mêmes ennemis, et que la peur des dirigeants européens est celle d’une contagion de victoires sociales et politiques dans toute l’Union européenne.
Leur peur, c’est notre espoir.
Ils ne passeront pas !RDV : ce samedi 17 janvier à 14h, Place Madou à Bruxelles
Pour rejoindre l’appel, envoyez un mail à anti.austerite@gmail.com // Facebook
Premiers signataires : AnderEuropa, Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste, LCR-SAP, JOC, EGA-ALS, Mouvement politique des citoyens, PSL-LSP, Bruxelles Panthères, MOC Bruxelles, Jeunes FGTB; Mouvement VEGA, PTB-PVDA, CADTM, Jeunes anticapitalistes (JAC), Parti Communiste,…
-
Grèce : Des maires refusent d’appliquer l’austérité
Unies, la gauche, les travailleurs des collectivités locales et les communautés peuvent résister aux politiques de la Troïka
Eleni Mitsou, Xekinima (CIO-Grèce)
Dix-neuf maires et le préfet de la région de l’Attique ont refusé d’appliquer la loi 4250/2014. Cette loi a été créée avec un seul but : licencier des milliers de travailleurs municipaux et du secteur public supplémentaires. Cette nouvelle offensive est destinée à permettre au gouvernement d’atteindre les objectifs budgétaires fixés par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international).
En vertu de cette loi, plus de 30.000 emplois, convertis d’emplois à durée déterminée en emplois à durée indéterminée au cours de ces 20 dernières années, seront réévalués. La majorité de ces travailleurs ont déjà vu leurs contrats aggravés par décret présidentiel en 2004 (durant le précédent gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie) ainsi qu’en vertu d’une loi de 2000 instaurée par un gouvernement du PASOK (les anciens sociaux-démocrates). Aujourd’hui, la coalition Nouvelle Démocratie / PASOK veut réexaminer les fichiers et annuler des milliers de contrats à durée indéterminée.
La loi stipule que, chaque année, 15% des travailleurs concernés doivent être réévalués comme ‘‘inadéquats’’, qu’importe si cela est vrai ou non. Elle ne mentionne aucun critère objectif ou méthode d’évaluation, en donnant aux responsables de chaque département la possibilité ‘‘d’évaluer’’ les travailleurs comme cela leur chante. Cela crée le champ libre pour des comportements irresponsables qui transformeront le lieu de travail en une arène romaine, chaque travailleur se battant pour ne pas être licencié et pour que quelqu’un d’autre soit inclus dans les fameux 15%.
Une campagne de diffamation
Le gouvernement a lancé une gigantesque campagne de diffamation, avec l’aide des grandes chaînes de télévision et des journaux à leur service. Il a également décidé de saisir la justice contre les cinq premiers maires qui ont refusé de se conformer à ce contrat de réévaluation (les maires de Zografou, de Halandri, de Larisa, de Patra et de Nikaia).
La fureur avec laquelle ce gouvernement et l’establishment médiatique attaquent les maires et le préfet a soulevé la possibilité de constituer un front uni des conseils municipaux les plus militants. Si cela est correctement développé, et si cela résiste à la pression, le gouvernement ne serait pas capable d’arrêter cette dynamique. Cette possibilité est réelle. La première réunion des conseils de gauche et des forces politiques, dans l’Attique, a été organisée pour créer un organe de coordination inter-conseils pour l’abolition d’une nouvelle taxe. Une mobilisation est également actuellement en cours autour de la question des saisies immobilières.
Au travers d’une procédure distincte, bien que liée, le gouvernement tente de forcer l’introduction de nouveaux licenciements dans le secteur public avec une procédure d’auto-évaluation. Le syndicat du secteur public (ADEDY) avait annoncé une grève contre cette mesure en mai dernier. Parallèlement, les travailleurs ont refusé de remplir les formulaires d’auto-évaluation et ces derniers ont connu un taux de non-conformité de 98%. Malgré une série de décisions de justice déclarant cette action illégale et le report de la date limite des formulaires à quatre reprises, cette action a jusqu’ici bloqué les plans du gouvernement sur ce thème.
Les cinq maires qui font face à des poursuites, ainsi que les autres qui subiront le même sort, ne doivent reculer en aucun cas. Ils doivent être prêts à aller en prison pour la défense des emplois des collectivités locales et pour la défense du caractère public des services locaux. Il est évident qu’une telle lutte ne pourra pas seulement compter sur la solidarité de la majorité des travailleurs municipaux, mais il en ira de même avec la plupart des travailleurs et des habitants des communautés locales.
Les 19 maires et le préfet de l’Attique, au côté des forces de gauche et des militants de tous les conseils, doivent créer un organe de coordination nationale inter-conseils. Si cela se produit, les travailleurs des collectivités locales et des communautés sentiront qu’ils peuvent réapparaître en première ligne du front et se battre non seulement pour leur défense face à leurs problèmes immédiats mais aussi pour mettre sur la table leurs propres revendications. Cela pourrait ouvrir la voie pour balayer les politiques de la troïka et même faire chuter le gouvernement.
-
Grèce : Syriza en tête aux élections européennes
Des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) élus à Volos
Le parti de gauche Syriza est arrivé en tête des élections européennes en Grèce, dépassant même le parti de droite Nouvelle Démocratie, principal parti au pouvoir. Andros Payiatsos, secrétaire général de Xekinima, le parti-frère du PSL en Grèce, revient dans le texte ci-dessous sur la signification de ces résultats ainsi que sur la percée de Xekinima dans la ville de Volos (une importante ville portuaire et industrielle de 144.000 habitants).
Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)
Le parti de gauche grec Syriza est devenu le premier parti du pays, devançant de 3,9% la Nouvelle Démocratie aux élections européennes. Cette différence est toutefois essentiellement due à une perte de soutien pour la Nouvelle Démocratie. Le nombre de suffrages recueillis par Syriza a en effet diminué depuis les élections de juin 2012. Il s’agit d’une perte importante de 138.000 voix, ce qui représente plus de 8% des votes obtenus en 2012.
Ainsi donc, alors que Syriza “célèbre” sa position de premier parti du pays, les partis de la coalition gouvernementale, la Nouvelle Démocratie et le PASOK (le parti social-démocrate traditionnel), soupirent de soulagement et disent que Syriza ne possède pas un soutien suffisant pour constituer un gouvernement. Syriza a mené campagne autour de l’idée d’utiliser le scrutin européen pour se débarrasser du gouvernement. «Le 25 nous votons, le 26 ils s’en vont » était le mot d’ordre central de la campagne! Mais la coalition gouvernementale n’est pas immédiatement menacée d’effondrement.
Les sentiments sont très mitigés, en particulier parmi les rangs de Syriza. Les gens sont heureux que Syriza soit devenu le premier parti du pays et soit capable de viser la victoire aux prochaines élections. Mais il est clair que Syriza n’est pas assez fort pour disposer d’un gouvernement majoritaire ou pour provoquer la chute du gouvernement dans l’immédiat, comme souhaité par de nombreuses personnes.
Aube Dorée
Un autre facteur qui explique cet enthousiasme très réservé, même parmi la base de Syriza, est le résultat important recueilli par le parti Aube Dorée, près de 9,5% des voix, en dépit du fait qu’Aube Dorée a démontré être un gang meurtrier. La plupart de sa direction est actuellement en garde à vue et le parti est bien connu pour être une organisation nazie, de nombreuses preuves ayant été fournies par les médias et le système judiciaire.
Cette hausse du soutien électoral pour Aube Dorée s’explique fondamentalement par la profondeur de la crise et par l’absence totale d’issue offerte par les partis de gauche pour sortir de celle-ci.
Le principal facteur expliquant ces évolutions est le fait que SYRIZA se soit de plus en plus orientée vers la droite au cours de ces deux dernières années et que le KKE (Parti Communiste Grec) et ANTARSYA (une alliance « anticapitaliste de gauche ») aient suivi une politique sectaire en refusant de collaborer avec les autres forces. Cela crée un vide politique dans la société, un vide utilisé par les néo-nazis.
Ce manque de politiques socialistes audacieuses de la part de Syriza est l’explication de base quant à son incapacité à inspirer et attirer les masses de travailleurs grecs. La baisse du soutien pour Syriza était particulièrement élevée dans les quartiers de la classe ouvrière d’Athènes, du Pirée et de Salonique. Le KKE et ANTARSYA ont également obtenu de faibles scores aux élections européennes – le KKE recevant seulement 6% et ANTARSYA 0,7%.
“Votez pour la Gauche – Luttez pour faire tomber le gouvernement!”
Des élections locales se sont déroulées en même temps que les élections européennes en Grèce. Xekinima (la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) a présenté une vingtaine de candidats dans différentes villes, district et conseils régionaux, non pas partout où des forces de Xekinima étaient présentes, mais là où existaient des listes ayant un profil de gauche militant ainsi qu’une approche «fédératrice» et ouverte envers les autres forces de Gauche. L’un des slogans que nous avons utilisés le plus fréquemment était «Votez pour la Gauche – Luttez pour faire tomber le gouvernement ». Nous avons expliqué la nécessité de disposer d’un programme socialiste, les insuffisances du programme de Syriza et l’erreur sectaire de la gauche en refusant de collaborer ensemble.
Dans environ 60% des cas, nous présentions des candidats avec Syriza, dans d’autres, avec Antasya et dans le cas d’un conseil local, avec le parti communiste KKE. Xekinima a été la seule organisation à gauche à se présenter avec tous les partis de gauche dans différentes circonscriptions – alors que les trois principaux partis de gauche refusent de se parler les uns les autres. Inutile de dire que la campagne de Xekinima était une campagne indépendante, basée sur notre propre matériel et nos propres positions politiques.
Nos résultats ont été très bons. Nous avons en général pu compter sur un bon soutien dans des listes comptant entre 38 candidats et 70 candidats, en fonction de la taille des circonscriptions. Les régions ont une moyenne de 850.000 personnes, les districts peuvent atteindre la taille de 200.000 habitants.
Les plus grands succès obtenus par Xekinima le furent à Volos, où Xekinima se présentait avec SYRIZA et à Zografou (dans le Grand Athènes) où Xekinima se présentait avec ANTARSYA. Notre camarade Nikos Kanellis a été élu dans un conseil de district de la ville de Volos en ayant reçu le vote de 750 électeurs, ce qui le place au quatrième rang sur 40 candidats. Costas Iatropoulos a été élu au conseil municipal de Volos, avec près 650 votes, ce qui le plaçait en seconde position. Une autre camarade, Marianthi Kypridou, est arrivée en quatrième position à la même élection, avec près de 470 votes. Les résultats officiels ne sont pas encore connus, mais la chance est réelle qu’elle puisse elle aussi intégrer le conseil municipal de Volos.
Les élections européennes n’ont pas été très bonnes pour Antarsya, mais cette formation a obtenu le score respectable de 2,5% aux élections locales. A Zografou, Xekinima a collaboré avec Antarsya et la liste commune, appelée «Mouvement Zografou » a reçu 4% – un succès qui est dans une large mesure à attribuer à la présence de militants de gauche en général, mais aussi à la présence de Xekinima. Notre camarade Irene Ploumbidi a reçu le plus grand nombre de votes individuels, arrivant première sur les 38 candidats et recevant 15% des votes de la liste « Mouvement Zografou ». Le système de représentation au conseil municipal adopté par le Mouvement Zografou est basé sur un système de rotation, comme il s’agit d’une alliance de différents groupes et forces. Sur cette base, notre camarade Irene sera la première conseillère à remplacer la tête de liste, qui sera le premier à représenter la liste au conseil.
Ces élections ont constitué la plus grande campagne jamais lancée par Xekinima. Nous avons produit un total de 250.000 tracts diffusés partout. Notre intervention a eu un impact, et nos résultats n’auront pas manqué d’être notés par le reste de la Gauche à travers le pays.
Xekinima a vendu plus de 1.200 exemplaires de son journal, et a tenu un certain nombre de réunions publiques réussies, environ 20 au total. Nous avons pu élargir notre périphérie et un certain nombre de nouveaux camarades ont rejoint nos rangs.
-
Grèce : de grandes opportunités pour la gauche
Interview publiée la semaine dernière sur le site sozialismus.info (site de la section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière).
Les 18 et 25 mai, des élections municipales ont lieu en Grèce qui peuvent menacer la survie du gouvernement Samaras et renforcer la gauche. Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce, présente 19 candidats à Athènes, Thessalonique, Volos ainsi qu’à d’autres endroits. Nous en avons discuté avec Katerina Klitsa, candidate à Thermaikos (Thessalonique).
Avec le “retour sur les marchés” le gouvernement Samaras et les médias estiment, à quatre semaines des élections locales et européennes, que le plus dur est passé pour la Grèce. Le bout du tunnel est-il vraiment en vue ?
Katerina: “La vérité, c’est que rien n’a changé pour la toute grande majorité des Grecs. Le gouvernement fait du show pour les élections et la plupart des personnes le savent. La dette publique n’a fait que croître (de 148% en 2010 à 175% aujourd’hui) et est loin d’être payée. Mais dans le cadre des élections, le gouvernement a distribué des ‘dividendes sociaux’, des primes symboliques et uniques pour les plus pauvres qui ont reçu 647 euros par famille. L’objectif de cette contribution est de créer l’illusion que tout va mieux. Mais les problèmes sont toujours énormes. Seul un tiers des 800.000 demandes d’un ‘dividende social’ a effectivement été accordé. Dans beaucoup de cas, la contribution a directement été retenue par les banques comme élément des programmes de dettes. L’économie continue à se contracter et il n’y a pas de travail.”
Ici, au bureau de Xekinima, nous avons parlé avec deux activistes qui cherchent un (meilleur) emploi. Mariana a un diplôme de psychologie et travaille dans une institution pour personnes déficientes mentales. Elle explique que son employeur avait proposé un contrat à temps partiel de 250 euros par mois. “C’est peu mais j’hésite à accepter cet emploi ou continuer à chercher autre chose.” Le dilemme de Mariana s’est solutionné quelques jours plus tard lorsqu’il a été annoncé que 2,1 millions d’euros devaient être économisés dans les soins de santé. Par conséquent, du personnel sera licencié plutôt qu’engagé. Stavroula travaille à temps partiel depuis un mois comme vendeuse dans une boutique de vêtements au centre-ville. Elle nous montre sa fiche de paie : 299 euros nets pour 105 heures prestées. Stavroula survit parce qu’elle peut vivre dans une habitation qui appartient à ses parents et a, de plus, trouvé un colocataire.
Que fait la gauche dans la campagne électorale et comment est-elle vue par la population ?
Katerina: “Les partis de gauche et surtout Syriza et sa direction ont fait des compromis sur beaucoup de thèmes. En 2012, ils étaient encore contre le mémorandum, maintenant Tsipras et d’autres leaders parlent de ‘renégocier’. Il n’est donc pas étonnant que plus de 60% des propres électeurs de Syriza ne pensent pas que le parti mettra fin à la politique de la troïka. Quand nous interpellons les gens en rue avec des slogans tels que ‘Les municipalités aux mains de la gauche’, il y a de la méfiance. Beaucoup émettent des doutes quant au fait que même si Syriza avait la majorité, cela mènerait à du changement. Dans les sondages, Syriza a encore une petite avance sur le parti gouvernemental de droit Nouvelle Démocratie. C’est un énorme pas en avant, cela ne fait que deux ans que Syriza a fait une percée lors des élections parlementaires. Entre-temps, la popularité de la gauche s’est bien renforcée.
“Mais même les autres forces de gauche n’offrent pas de solutions. Presque 90% de leur propagande électorale et de leurs discours sont consacrés à critiquer le gouvernement et seuls 10 % à de propres propositions. Le parti communiste KKE s’oppose surtout à Syriza plutôt que de mettre en avant un programme plus radical. Aucune perspective claire n’est offerte à la population grecque. Cela facilite la propagande du gouvernement selon laquelle ils prétendent être les seuls à pouvoir offrir la stabilité au pays.
“D’autre part, la fasciste Aube Dorée peut aussi en profiter. Le parti participe aussi aux élections même si une partie de ses cadres est en prison. Le soutien reste important, entre 3,5% et 6,5%, et ce, malgré le fait qu’il est généralement connu qu’il s’agit d’un parti d’assassins. Il faut rechercher la base de ce soutien dans la politique de la troïka. Pour l’instant, il ne semble pas qu’Aube Dorée obtiendra un maire quelque part mais le parti est à nouveau à l’avant-plan et s’implante dans les quartiers, même à Thessalonique où Aube Dorée était très faible auparavant.
Pourquoi Xekinima a de propres candidats sur les listes de Syriza ?
Katerina: “Il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées et propositions, nous avons besoin de gens qui popularisent ces revendications. Xekinima plaide pour une collaboration de la gauche en Grèce, nous estimons que KKE, Syriza et Antarsya doivent s’unir pour présenter des listes communes aux élections sur lesquelles il y aurait aussi de la place pour d’autres organisations de gauche. De telles listes lors des élections locales et européennes auraient pu changer l’image de la gauche. Mais le KKE et Antarsya surtout s’opposent à une telle collaboration, pour eux les divergences politiques sont plus importantes que la lutte contre la troïka et la construction d’un mouvement ouvrier. Nous estimons que c’est une erreur et qu’une gauche unie serait plus forte.
“Syriza est de loin la force de gauche la plus forte. Une gouvernement dirigé par Syriza inciterait beaucoup de personnes à renforcer la lutte pour l’obtention de leurs revendications. Cela donnerait une nouvelle dynamique aux mouvements. La direction de Syriza n’est certainement pas radicale ou conséquente, il appartiendra aux activistes, il nous appartiendra, de nous battre pour que nos revendications soient rencontrées et pousser la direction à gauche même si nous ne leur faisons pas confiance. Dans nos tracts, nous insistons surtout sur notre programme et sur ce que la gauche doit faire. Nous présentons notre programme pas celui de la direction de Syriza.
“Dans certaines villes où la direction de Syriza présente surtout d’anciens mandataires du PASOK comme candidats et où ces candidats ont une très mauvaise réputation du fait de leurs anciennes positions ou du manque d’un programme de gauche, nous nous présentons avec d’autres forces de gauche. Ainsi, nous avons quelques candidats sur la moins grande liste anticapitaliste Antarsya.”
Quels sont les points de programme les plus importants ?
Katerina: “Si la gauche gagne les élections municipales, nous ne pourrons accepter les mesures d’austérité, nous devrons mobiliser la population contre la politique antisociale et réclamer plus de moyens pour les municipalités de la part du gouvernement. Nous devrions nous opposer à tout licenciement dans les municipalités. Les besoins quotidiens des gens doivent être traités au niveau municipal, par exemple avec des magasins municipaux et du soutien aux mouvements de solidarité, entre autres dans les soins de santé. L’impôt municipal sur les grandes entreprises doit être augmenté. Les maires de gauche doivent être présents à chaque mouvement de lutte et s’opposer au programme qui bride les moyens réservés aux municipalités. Nous avons besoin d’une implication démocratique et d’un contrôle des habitants, par exemple, via des comités de quartier. Des conseils municipaux de gauche doivent aussi construire des municipalités antifascistes. Ils doivent soutenir et renforcer des activités antifascistes.”
A ton avis, que se passera-t-il après les élections ?
Katerina: “Il y a beaucoup de possibilités en fonction de qui de Syriza ou de la Nouvelle Démocratie aura le plus de voix. Tout est encore ouvert. Si Syriza gagne les élections européennes avec une grande avance sur Nouvelle Démocratie, il n’est pas exclus que le gouvernement démissionne et que de nouvelles élections arrivent. Si le parti gouvernemental gagne, la confiance en soi sera renforcée pour poursuivre la politique actuelle. C’est pourquoi, nous appelons pour les élections européennes à renforcer Syriza pour mettre le gouvernement sous pression. Cela renforcerait le mouvement ouvrier et cela montrerait à la population qu’une altvernative est possible.
“Le résultat des élections municipales peut être très varié. Les municipalités où la gauche gagnera doivent construire un réseau commun pour mieux mener la lutte contre les diktats de la troïka et pousser des améliorations. Quoi qu’il en soit, la lutte continue, tant contre le gouvernement, la troïka et la crise que pour les préoccupations quotidiennes des gens. Nous devons continuer à réclamer une gauche unie et un gouvernement de gauche qui offre une réponse à la crise capitaliste sous forme d’un programme qui reprend en mains publiques, les banques et les secteurs-clé de l’économie pour arriver une société socialiste sans exploitation.”
-
Conférence antifasciste internationale en Grèce : “No pasaran!”
Du 11 au 13 avril dernier, quatre mille militants antifascistes issus de toute l’Europe se sont réunis à l’École des Beaux-Arts d’Athènes afin de discuter des expériences tirées de la lutte contre le néofascisme, l’extrême-droite et la crise capitaliste. Si la plupart des participants ont assisté aux concerts, aux productions théâtrales et aux projections de films antifascistes, plus d’un millier de militants ont participé aux meetings et ateliers de discussion.
Par des correspondants du Comité pour une Internationale Ouvrière
20 pays différents et 32 organisations antifascistes étaient représentés à cet événement, en plus des 30 organisations d’Athènes et du Pirée. Tous les participants étaient bien entendu venus témoigner de leur solidarité et de leur soutien à la lutte menée contre le racisme, le fascisme et l’austérité en Grèce, mais il était également question de construire une coordination européenne antiraciste et antifasciste. Un sérieux pas en avant.
Il était frappant de voir à quel point était forte la compréhension qu’il faut absolument lier le combat antifasciste à la lutte anticapitaliste. De manière générale, les débats ont tous révélé le sérieux des participants et les discussions étaient d’un niveau politique élevé. Les rapports livrés par les militants antifascistes issus de pays où l’extrême-droite est particulièrement développée – comme la France, la Hongrie ou l’Ukraine – ont bien entendu retenu une grande attention et ont été de très importantes contributions.
Des dates de mobilisation internationale
Les militants de la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (Xekinima) ont été les premiers à défendre le besoin d’une telle initiative de coordination internationale antifasciste il y a de cela un an environ, à l’occasion d’un festival antiraciste organisé en juin dernier à Athènes. Différentes sections du CIO étaient représentées, et notre camarade le député irlandais Joe Higgins (Socialist Party, CIO-Irlande) était notamment venus en Grèce et était l’un des principaux orateurs au meeting central du samedi, où il a pu compter sur un excellent accueil dans une salle remplie de militants désireux de développer la bataille contre le fascisme et le racisme en Europe.
Diverses propositions concrètes sont sorties de cet événement, dont l’idée d’organiser une ‘‘Journée européenne d’action et de solidarité’’ antifasciste le samedi 8 ou le dimanche 9 novembre. La date du 9 novembre est une date traditionnellement liée à la lutte antifasciste, en référence à la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938 (un pogrom contre les juifs organisé par le régime nazi dans toute l’Allemagne). D’autres suggestions ont été faites pour la tenue d’activités commémoratives en hommage aux militants antifascistes assassinés par des néonazis l’an dernier, Clément Méric en France (le 5 juin) et Pavlos Fyssas en Grèce (le 18 Septembre). Un représentant du mouvement ‘‘Alter Summit’’ a notamment approuvé cette idée d’organiser des journées de protestation communes. Il a également été question de lancer un site internet international.
Joe Higgins, député irlandais du Comité pour une Internationale Ouvrière, était présent à l’événement, de même que des représentants de plusieurs sections du CIO.En Grèce, le mouvement antifasciste a joué un rôle déterminant pour empêcher que les fascistes d’Aube Dorée ne dominent les rues. La lutte du mouvement des travailleurs contre l’austérité a connu un certain ralentissement ces derniers temps, mais le mouvement antifasciste est lui en plein développement. Il s’agit actuellement du principal terrain de la lutte sociale à travers le pays. Des luttes remarquables sont toutefois menées par des travailleurs, à l’instar de l’occupation de l’usine Vio.Me, un combat dont il a souvent été question dans les discussions. Il y a deux ans, ces travailleurs ont refusé la fermeture de leur usine, ils ont pris en charge la production du site et l’ont réorganisée de façon à également respecter l’environnement. Les travailleurs de Vio.Me étaient présents à la conférence antifasciste, et ont notamment tenu un stand d’information et de vente de leurs produits.
L’exemple des comités antifascistes grecs
Nikos Kanellis, membre de Xekinima et figure de proue du mouvement antifasciste dans la ville de Volos et dans la région de Magnésie, a expliqué comment les comités antifascistes y avaient été construits, en partant de la mise en place d’un réseau de partis, de groupes et d’individus qui voulaient combattre le fascisme et la politique d’austérité. Les militants n’avaient aucune intention de laisser se répéter la traditionnelle erreur de la gauche grecque : laisser les choses se faire ‘‘spontanément’’, sans le moindre suivi par la suite. Leurs efforts ont visé à construire pas à pas une intervention conséquente et soutenue avec un plan d’activités dans les diverses communautés. C’est ainsi que des festivals et des manifestations ont été organisées, mais aussi tout un travail de solidarité à destination des personnes marginalisées et pauvres, avec collecte et distribution de nourriture pour les familles dans le besoin. Il s’agit d’une manière de bloquer la pénétration d’Aube Dorée dans ces quartiers tout en facilitant l’implication de la population dans la lutte antifasciste. Des actions de blocages ont aussi été mises sur pied pour protéger les rues de la présence fasciste et les militants sont par exemple parvenus à faire dégager les militants d’Aube Dorée lorsqu’ils ont tenté d’ouvrir un bureau dans la ville de Volos. Cet exemple aujourd’hui est connu dans toute la Grèce et sert d’élément inspirant pour tous les militants antifascistes.
La conférence était sous surveillance de la part des antifascistes afin de prévenir de toute attaque des militants d’Aube Dorée, mais ils ne se sont pas suffisamment sentis en confiance pour attaquer un aussi grand rassemblement. De manière générale toutefois, l’activité d’Aube Dorée continue de représenter un grand danger, tout particulièrement pour les immigrés. Juste avant la tenue de la conférence antifasciste, Aube Dorée avait encore lancé une attaque dans le quartier où a vécu Pavlos Fyssas.
La nécessité d’un front uni de résistance
Le gouvernement grec est passé à l’offensive contre Aube Dorée à l’automne, après l’assassinat de Pavlos Fyssas. Mais les militants grecs n’entretiennent aucune illusion quant au rôle du gouvernement Samaras, qui comprend un puissant noyau d’extrême-droite, dans le cadre de la lutte antifasciste. Ce qu’il manque cruellement aujourd’hui, c’est une plus large collaboration entre partis de gauche. Le fait que la gauche refuse de se réunir pour mener ensemble la lutte y compris contre le danger fasciste constitue un gigantesque avantage pour le camp du capital.
Parmi les orateurs français se trouvait Alain Krivine, qui a parlé des inquiétants développements qui ont pris place en France, dont les manifestations et violences homophobes et la violence envers les femmes et plus particulièrement des musulmanes, en soulignant d’autre part l’absence d’une gauche combative et d’une opposition syndicale contre l’austérité.
L’un des éléments de discussion amené par le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) a été la manière dont notre section suédoise (Rätttvisepartiet Socialisterna) s’est préparée à contrer l’extrême-droite, y compris dans des moments plus ‘‘calmes’’, jusqu’à 2013 et l’attaque fasciste à Karrtorp (Stockholm). La Suède a connu par la suite la plus grande mobilisation antifasciste de son histoire, avec 20.000 manifestants à Stockholm et 20.000 manifestants dans une trentaine d’autres villes. En mars dernier, 10.000 personnes ont encore manifesté à Malmö après une tentative de meurtre commise par un fasciste. Aujourd’hui, des activités antiracistes sont organisées toutes les semaines en divers endroits du pays. Un participant danois à la conférence a expliqué que 300 antiracistes étaient partis du Danemark, où les attaques racistes sont en hausse, pour rejoindre la manifestation de Malmö. L’orateur de Sozialistische Alternative (CIO-Allemagne) a quant à lui abordé l’expérience de la lutte contre le nazisme en Allemagne dans l’entre-deux guerres. Des centaines de milliers de travailleurs sociaux-démocrates et communistes étaient prêts à se battre, mais leurs dirigeants ont refusé de mener le combat en commun, une division qui a ouvert la voie à l’accession des nazis au pouvoir. Une discussion a également eu lieu par skype avec une centaine de participants à une réunion antifasciste parallèle organisée à Berlin.
Un grand partage d’expérience
Plusieurs organisations représentaient le mouvement antifasciste en Turquie, à Chypre, au Portugal et en Italie de même que dans plusieurs pays d’Europe de l’Est. En Bulgarie, où le nationalisme est largement développé, les fascistes sont autorisés à patrouiller en rue et à effectuer des contrôles d’identité. Ils dominent totalement les clubs de supporters de foot. En Hongrie, le parti néofasciste Jobbik est passé de 17 à 23 % aux dernières élections, et ils disposent d’une certaines implantation parmi la jeunesse de la classe moyenne et à la campagne. Des représentants ukrainiens de l’organisation Borotba ont organisé un atelier spécial sur la situation en Ukraine.
Dix ateliers de discussions étaient organisés en marge des sessions plénières. Un des ateliers était consacré à l’Europe-forteresse, à la question des sans-papiers et à la lutte pour la fermeture des horribles camps de réfugiés à travers toute l’Europe et contre les assassinats aux frontières. Un autre a abordé plus spécifiquement l’antifascisme dans le milieu du football, un autre le travail avec les médias. L’atelier consacré à la lutte contre le sexisme, l’homophobie et la transphobie a bénéficié d’une fort large participation et, plus généralement, les discussions ont été nombreuses au sujet des expériences personnelles de harcèlement.
Lenny Shail de Coventry, représentante de ‘‘Youth Fights For Jobs’’ et militante du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles (section du Comité pour une internationale Ouvrière) a souligné la nécessité de construire un relais politique du combat antifasciste. À Coventry, où il y a eu une tradition d’élus défendant les idées du socialisme et offrant une alternative politique aux travailleurs et aux jeunes en colère contre la politique capitaliste, les groupes fascistes et racistes comme le British National Party (BNP), le National Front (NF) et l’English Defense League (EDL) n’ont jusqu’à présent pas été en mesure de se construire dans la région.
Conclusion
La lutte antifasciste sera l’un des thèmes abordés à l’occasion de notre journée “Socialisme 2014” le 3 mai prochain. Un atelier aura notamment pour thème : “Europe : quelle lutte antifasciste ?”, avec Geert Cool (porte-parole de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster) et Mitsos Pantazopoulos, un militant antifasciste grec membre de notre parti) frère Xekinima. Participez vous aussi à cet événement !Les militants de Xekinima, qui figuraient parmi les principaux organisateurs de la conférence, se sont déclarés satisfaits des résultats, qui avaient dépassés leurs attentes.
Les militants antifascistes grecs à l’initiative de la conférence sont parvenus à poser les bases d’un puissant mouvement qui a notamment été en mesure d’organiser des manifestations antifascistes dans une vingtaine de villes et dans 16 endroits différents d’Athènes immédiatement après l’assassinat de Pavlos Fyssas.
La tenue de cet événement international est de grande importance. L’internationalisme doit faire face au racisme et au fascisme. Les militants de gauche et antifascistes à travers l’Europe seront invités à considérés les propositions que fera le comité de coordination mis en place à cette conférence.
-
Action de solidarité contre les répressions en Russie
Lundi 27 janvier 2014 – 12h30 – Bruxelles – Rond-point Schuman
A la veille du lancement des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi, déjà considérés par beaucoup comme des jeux de la honte, l’Union Européenne reçoit dans quelques jours la Russie dans le cadre d’un sommet bisannuel. La LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire), les JAC (Jeunes Anticapitalistes), le PSL (Parti Socialiste de Lutte) et EGA (Etudiants de Gauche Actifs) appellent à manifester notre solidarité contre les répressions en Russie dans le cadre d’une action à l’initiative d’associations LGBTQI (1) et d’ONG belges et russes.
- Homophobie en Russie : INTERVIEW d’Igor, militant russe pour les droits des LGBT
- ‘‘Trans, pédés, gouines’’, organisons-nous contre l’homophobie
- Les droits des LGBT en ligne de mire en Russie et en France
- Action de solidarité contre la loi homophobe en Russie
- Russie : Nouvelles attaques contre la communauté LGBT
La Russie, un exemple de répressions
Le régime autoritaire de Vladimir Poutine est bien décidé à asseoir son pouvoir en menant une bataille ferme contre les opposants politiques et en instrumentalisant les minorités. Il a adopté dernièrement une série de lois répressives et liberticides.
La loi votée en 2012, relative aux « agents étrangers » dispose que toute organisation qui reçoit des fonds de l’étranger doit s’enregistrer en tant qu’« organisation remplissant les fonctions d’un agent étranger » si elle prend part à des « activités politiques ». Cette loi vise à étouffer et rendre illégales de nombreuses organisations politiques et ONG par le biais de lourdes amendes et procès. Par ailleurs, et malgré l’amnistie prononcée dernièrement à l’occasion des 20 ans de la Constitution, la plupart des personnes inculpées dans le cadre de « l’affaire du 6 mai » reste en prison, notamment les activistes de gauche Alexeï Gaskarov et Sergueï Oudalstov.
Les personnes LGBTQI et leurs alliés ne vivent plus en sécurité depuis que la Douma russe a voté plusieurs lois homophobes visant à « protéger les mineurs de la propagande homosexuelle » ! Les organisations qui luttent contre les discriminations envers les personnes LGBTQI sont devenues illégales, trainées en justice et reçoivent de lourdes amendes. Ces lois ont accru l’homophobie et on ne compte plus aujourd’hui les nombreuses agressions contre les personnes LGBTQI et leurs défenseurs.
Les populations migrantes, internes (Caucase du Nord) et externes (ex-républiques soviétiques principalement), sont elles aussi en danger. Elles ne sont plus seulement la cible d’attaques de la part de groupes d’extrême-droite mais doivent également aujourd’hui subir la colère du citoyen lambda désemparé, avec la complicité des autorités russes qui alimentent la machine xénophobe en instrumentalisant les travailleurs migrants à des fins politiques et électoralistes. Pendant ce temps, Poutine se paie des jeux olympiques d’hiver de luxe sur le compte du contribuable et à la sueur du front de milliers de ces travailleurs migrants surexploités. Avec les récentes attaques terroristes dans la ville de Volgograd, dont le régime de Poutine est le seul responsable du fait de sa gestion du conflit dans le Nord Caucase, le climat de suspicion et la « caucasophobie » ambiante risquent de s’aggraver. Et il y a fort à parier que les populations musulmanes du Caucase paieront le prix fort en termes de répression et de mesures sécuritaires…
Après une période de croissance économique dont la récente classe moyenne a pu bénéficier en voyant une partie de ses revenus augmenter, ce qui a eu pour effet de booster la consommation interne, les investissements et la croissance ralentissent. A la crise économique, Poutine utilise les mêmes recettes européennes : les travailleurs et leurs familles paient la facture. Des coupes budgétaires drastiques sont opérées dans les services publics, dans les soins de santé actuellement, pendant que le budget de la défense représente une très grosse part des dépenses publiques.
L’Union Européenne, un exemple éternel de démocratie réelle ?
Comme en Russie, l’Union Européenne, derrière son masque de démocratie, cache en fait un programme de casse sociale et de lois réactionnaires comme réponse à la crise. Les pays de l’Union européenne traitent de manière inhumaine les populations migrantes par des politiques de traques, d’enfermement et de déportation quand celles-ci n’ont pas péri noyées dans la Méditerranée. En Espagne, un projet de loi pour restreindre le droit des femmes à l’avortement est discuté dans les assemblées nationales. En Belgique, alors qu’il y a une grande pénurie d’offres d’emploi, le droit aux allocations de chômage a été fortement restreint. Les droits à la pension dans de nombreux pays on été eux aussi attaqués. Les salaires dans les services publics ont été diminués drastiquement dans les pays les plus touchés par la crise comme en Grèce, au Portugal, en Roumanie.
Dans ce contexte, on comprend qu’il ne soit pas question des droits des LGBTQI et des minorités ethniques, du bien-être des peuples de Russie et d’Europe ou encore de la liberté d’expression lors des sommets bisannuels UE-Russie. Ce dont il s’agit, c’est bien de conclure des accords économiques au profit des 1% les plus riches. La Russie et l’Union Européenne sont au moins d’accord sur un même point : faire payer la crise du capitalisme par les 99% de la population.
Il est temps de résister au recul de nos droits fondamentaux et à ces vagues d’austérité sociales. Manifestons notre solidarité envers tous ceux qui luttent en Russie et ailleurs POUR :
- la liberté politique et syndicale
- la libération des opposants politiques
- l’arrêt des déportations des sans-papiers
- le retrait immédiat des lois homophobes
- l’égalité des droits entre les hétéros et les LGBTQI
- le droit pour toutes les femmes de disposer de leur corps
- la cessation immédiate de tous les plans d’austérité
- des services publics gratuits et de qualité
- des emplois pour tous rémunérés à hauteur du coût réel de la vie
(1)Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queers, Intersexes. Pour plus d’informations sur les personnes transgenres et intersexes, rendez-vous sur le site web de l’association « Genres Pluriels » : http://www.genrespluriels.be
(2)Ou affaire « bolotnoe », du nom de la place où, le 6 mai 2012, une manifestation qui s’inscrivait dans le cadre du mouvement démocratique né de la contestation des élections frauduleuses de décembre 2011 et mars 2012 dégénérait suite à une provocation de la police. Cet événement a servi de prétexte au régime pour lancer une série d’arrestations et de procès sous des accusations montées de toute pièce (telles que « violences à l’égard de policiers » et « activité antiétatique »), semant ainsi la peur au sein des opposants de tout bord et muselant le mouvement.
-
Mamadou, cible d’Aube Dorée
Interview de Mamadou Ba, jeune immigré guinéen arrivé en Grèce en 2006, réalisée par le Collectif Krasnyi. A cause de ses origines et son engagement, sa vie est aujourd’hui menacée en Grèce par Aube Dorée, parti néonazi grec. Après avoir dénoncé les exactions extrêmement violentes des milices d’Aube Dorée et les tentatives de meurtre commises avec la connivence de la police, Mamadou en est devenu lui-même une cible. Attaqué par 8 néonazis et laissé pour mort par ces derniers, il a alors été contraint de fuir le pays. Aujourd’hui, il est demandeur d’asile en Belgique et demande donc à l’Etat belge de lui accorder sa protection, en tant que membre d’un groupe “cible” de discriminations et de la violence d’extrême-droite, mais aussi policière, et comme réfugié politique au sens strict, personnellement pourchassé pour ses opinions et ses activités.
Informations pour le soutenir.
-
Présidence grecque de l’UE – inauguration à Bruxelles
Depuis le 1er janvier 2014, la Grèce assume la présidence de l’Union européenne. En guise de cérémonie d’inauguration, la représentation permanente grecque a organisé un concert au Bozar. Au programme, mythologie grecque et musique baroque. A l’extérieur de la salle, une centaine de personnes se sont également rassemblées pour manifester leur point de vue lors de ce premier acte public de la présidence grecque à Bruxelles. Les manifestants grecs et belges ont dénoncé les politiques barbares d’austérité du gouvernement grec et de l’UE.
- Vidéo à voir sur le site de ZIN TV
-
Grèce : La faiblesse appelle l’agression
La Grèce a connu le 6 novembre dernier sa 4e journée de grève générale de l’année 2013. Mal préparée, mal organisée et sans le moindre plan d’action pour la suite du mouvement, cette journée de lutte n’a pas été un succès. ‘‘A cause du mauvais temps’’, selon les responsables syndicaux nationaux. Le lendemain, les ‘‘forces de l’ordre’’ sont intervenues pour évacuer les locaux de la radiotélévision publique ERT, dont la fermeture avait été annoncée en juin mais qui étaient depuis lors occupés par les travailleurs. Ces événements ne se sont pas succédés par hasard.
La mobilisation du 6 novembre visait à protester contre les attaques prévues dans le secteur public, les autorités prévoyant 25.000 mutations et 4.000 licenciements d’ici janvier. 15.000 fonctionnaires devraient passer à la trappe dans les mois à venir. A cette date, les experts de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du FMI (la Troïka) étaient à Athènes afin de vérifier l’application des mesures d’austérité dans le cadre des négociations d’une nouvelle tranche de prêts. Les autorités grecques ont donc très certainement voulu rassurer les représentants de la Troïka en leur montrant qu’elles étaient encore capables de frapper le mouvement en plein cœur.
Quand, en juin dernier, le gouvernement a annoncé la fermeture pure et simple de la radiotélévision publique ERT, il ne s’attendait pas à devoir faire face à l’occupation des locaux et à la poursuite de ses activités, mais cette fois-ci avec une grande liberté de ton et en prenant sans équivoque le camp des travailleurs et des mouvements sociaux. L’ERT occupée est ainsi rapidement devenue un grand symbole de la résistance contre l’austérité, et sa destruction une priorité pour l’establishment capitaliste grec et européen.
Reste que dans pareille affaire, le timing est très important. Karl Marx expliquait déjà que, dans certaines situations, la révolution a besoin du ‘‘fouet de la contre-révolution’’ pour avancer, à l’image de l’impact qu’a eu l’assassinat politique du dirigeant de gauche Chokri Belaïd en Tunisie en février 2013, qui avait déclenché deux jours plus tard la plus grande grève générale de Tunisie depuis 1976 et ouvert une période de crise d’autorité pour le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda. Les autorités capitalistes voulaient très précisément éviter qu’un processus similaire ne se développe. L’échec relatif de la grève du 6 novembre a laissé un espace de manœuvre pour une riposte des forces du capital. Couronnée de succès, hélas, même si ERT diffuse toujours ses actualités, mais sur internet uniquement.
A la mi-septembre pourtant, une grève de 5 jours des enseignants avait illustré le potentiel qui reste présent pour la lutte des travailleurs : dès le premier jour, 90% des enseignants ont suivi le mouvement. Les manifestations d’enseignants, rejoints par les étudiants, à Athènes et à Thessalonique avaient une ampleur comparable à celles de la grève générale du 6 novembre. Finalement, la fédération syndicale des services publics (ADEDY) avait appelé à une grève générale de 48 heures dans le cadre des 5 jours de grève des enseignants, très clairement sous pression de la base.
En fait, depuis le début des mobilisations de masse en Grèce, le potentiel du mouvement ne cesse d’être gâché, notamment avec des journées de grèves générales organisées essentiellement dans l’objectif de laisser la vapeur de la colère des masses s’échapper quelque peu. Il parait aujourd’hui incroyable de constater l’absence de tout échéancier d’action, de tout plan de lutte coordonné pour enfin mobiliser l’énergie des masses qui refusent de continuer à payer pour une crise qui n’est pas la leur.
Nous avons besoin, en Grèce comme ailleurs, d’une direction du mouvement audacieuse, qui a confiance en la capacité du mouvement des travailleurs de remporter la victoire et de construire une autre société débarrassée de la logique de concurrence et de profits. Le potentiel révolutionnaire reste présent, mais le péril contre-révolutionnaire ne disparaîtra pas de lui-même.

