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Tag: Grande-Bretagne
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Grande-Bretagne : les travaillistes n'ont pas pu vaincre les Tories, préparons la résistance!
Avec 24% de l’électorat, les Tories n’ont aucun mandat pour leur austérité sauvage
Le vendredi 8 mai, la première page du Daily Mirror était entièrement noire, à l’exception d’un petit titre: “A nouveau condamné – cinq années maudites de plus”. Cela aura très certainement correspondu au sentiment de millions de personnes qui ont découvert que les conservateurs du parti Tory avaient réussi, de façon inattendue, à arracher suffisamment de voix que pour constituer un gouvernement majoritaire. David Cameron est ainsi le premier Premier Ministre en exercice à accroître le soutien électoral de son parti depuis 1955. Travailleurs, pensionnés, jeunes, chômeurs, handicapés, etc. vivent maintenant dans la crainte des misères qu’infligera ce nouveau gouvernement. Pendant ce temps l’indice FTSE 100 (indice boursier des cent entreprises britanniques les mieux capitalisées cotées à la bourse de Londres, NDT) a grimpé de 40 milliards £ , signe que les marchés financiers célébraient l’élection de «leur gouvernement».
Déclaration du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)
Il est incroyable que le Parti Travailliste ne soit pas parvenu à vaincre les Tories après ce qui s’est passé ces 5 dernières années. Le gouvernement dirigé par les Tories (en coalitions avec les Libéraux-Démocrates) a opéré des coupes à hauteur de 35 milliards £ dans les budgets des services publics, soit plus que tout autre gouvernement depuis la seconde guerre mondiale.
Près d’un million de personnes dépendent maintenant des banques alimentaires pour nourrir leurs familles. Les travailleurs ont souffert de la plus sévère contraction salariale depuis l’ère victorienne et, malgré les propos du chancelier George Osborne au sujet de la reprise économique, la moyenne des revenus reste 2% en dessous du niveau connu avant la récession. La coalition conservateurs / libéraux-démocrates avait promis que l’austérité serait capable d’en finir avec le déficit budgétaire. C’est tout le contraire qui s’est produit ! Osborne avait estimé que le déficit serait de 37 milliards £ en 2015, il serait bien plus question de 80 milliards £!
Les conservateurs n’ont pas gagné, ce sont les travaillistes qui ont perdu !
Les conclusions tirées par les experts et les médias capitalistes sont que toute cette misère n’est pas trop impopulaire et que les travaillistes ont perdu parce que, comme l’a expliqué le partisan de Tony Blair Lord Hutton, les gens refusent le vieux «menu socialiste de la vieille école». Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Les travaillistes n’ont pas perdu pour avoir été trop à gauche, mais au contraire parce qu’ils ne l’ont pas suffisamment été et qu’ils ont refusé de défendre une alternative à l’austérité. Ils se sont limités à soutenir une «austérité-light».
Même le Financial Times, dans un article intitulé «Miliband paie le prix de son virage à gauche», admet (en totale contradiction avec son titre) que les seules fois où la popularité de Miliband a augmenté étaient lorsqu’il semblait fugitivement vouloir s’en prendre aux intérêts des banquiers, des médias ou des entreprises énergétiques.
La popularité du refus de l’austérité a été illustrée par le succès obtenu par le SNP (parti nationaliste écossais) en Ecosse. Les travaillistes, qualifiés par les Ecossais de «Tories rouges» ont pratiquement été annihilés (le SNP a raflé 56 sièges sur les 59 sièges écossais en jeu pour le parlement de Westminster, NDT). En réalité, le SNP a appliqué une politique d’austérité en Ecosse, mais ce parti a été capable de vaincre en se profilant à la gauche des travaillistes et en adoptant une rhétorique anti-austérité.
Les travailleurs écossais n’ont pas d’approche fondamentalement différente de celle en vigueur en Angleterre et au Pays de Galles. Là aussi, nombreux ont été ceux qui ont été enthousiastes en entendant une voix qui semblait s’élever contre l’austérité. Un sondage d’opinion a d’ailleurs montré que le SNP aurait pu remporter 9% des voix en Angleterre et au pays de Galles, alors qu’il ne s’est présenté qu’en Ecosse ! Durant les débats électoraux, l’une des recherches les plus fréquentes sur google était : «Puis-je voter pour le SNP en Angleterre ?»
Les travaillistes n’ont eu de cesse de répéter qu’ils allaient eux aussi procéder à l’application de mesures d’austérité dans les dépenses publiques et serait «plus dur concernant les avantages sociaux» que les conservateurs… Ed Miliband a refusé d’envisager toute formation d’un gouvernement soutenu par la SNP, même si cela devait signifier que les conservateurs arrivent au pouvoir en tant que minorité. Le Parti Travailliste a clairement signalé qu’il n’était pas question pour eux d’en finir avec l’austérité et que personne ne devait entretenir d’illusion sur ce point. Finalement, les travaillistes n’ont réussi qu’à très légèrement augmenter leur vote, avec une hausse de 1,8% par rapport au résultat catastrophique de 2010.
Les premières analyses des résultats suggèrent qu’un des facteurs clés de ces élections a été le taux de participation. Le taux de participation en Angleterre n’a été que d’un peu plus de 65% et il semble bien qu’une bonne partie de ceux qui avaient initialement dit qu’ils voteraient travailliste soient restés chez eux.
Un vote de protestation
D’autres ont voulu marquer leur protestation en votant pour le parti populiste de droite UKIP, qui a su s’attirer près de quatre millions de voix et est arrivé en deuxième position dans plus de 90 circonscriptions électorales, nombre d’entre elles étant d’anciens bastions travaillistes. Il semble que les électeurs traditionnellement conservateurs soient retournés au bercail et ont voté Tory quand l’heure de vérité a sonné tandis que plus d’anciens électeurs travaillistes issus de milieux ouvriers soient restés coincés avec le UKIP. D’autres – autour d’un million de personnes – ont voté pour les Verts, qui ont augmenté de façon spectaculaire leur nombre de voix en mettant l’accent sur une rhétorique anti-austérité.
Avec les élections locales qui avaient lieu le même jour dans toute l’Angleterre (à l’exception de Londres), plus de 100.000 personnes ont voté pour l’alliance 100% anti-austérité de la TUSC (Trade Unionist and Socialist Coalition, coalition de syndicalistes et de socialiste, initiative à laquelle ont participé nos camarades du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles, NDT). Pour plus de détails : voir les résultats sur www.tusc.org.uk.
Des millions de personnes qui ont refusé de voter ou qui ont voté pour d’autres partis auraient pu être gagnés à voter pour le Parti Travailliste si ce dernier avait clairement dénoncé l’austérité en défendant un programme comprenant des mesures comme la renationalisation des chemins de fer, des compagnies énergétique et de la Royal Mail (la poste britannique) ; l’augmentation immédiate et substantielle du salaire minimum ou encore l’élaboration d’un programme massif de construction de logements sociaux. Mais au lieu de cela, le manifeste électoral des travaillistes a revêtu les habits des Tories et s’est concentré sur la nécessité de couper dans les dépenses publiques et sur la réduction du déficit budgétaire. Néanmoins, même les mesures très limitées proposées par Miliband (le gel des prix de l’énergie ou l’impôt sur les habitations secondaires) ont fortement irrité la classe capitaliste.
Ce ne fut toutefois pas Miliband ou la direction travailliste que les capitalistes craignaient. C’était l’appétit pour le changement que ces mesures, même excessivement mineures, auraient pu éveiller parmi la classe des travailleurs. Particulièrement dans le cas d’un soutien du SNP, les capitalistes craignaient qu’un gouvernement dirigé par les travaillistes soit incapable de résister à la pression de la classe des travailleurs pour exiger des changements profonds après les cinq dernières années de misère. En conséquence de quoi la plupart des médias ont littéralement vomi sur Miliband, en le qualifiant à tort du sobriquet de «Red Ed» (Ed le rouge). Les propositions minimes de Miliband ont été suffisantes pour que la classe capitaliste l’attaque sauvagement, mais elles n’ont pas permis de motiver la classe des travailleurs et la classe moyenne.
Les conservateurs
Les conservateurs ont donc été en mesure de remporter les élections en dépit de leur très faible progression. En 2010, seuls 24% des électeurs avaient voté conservateur. Cette fois-ci, leur soutien électoral a légèrement augmenté (un peu plus d’un demi-million de voix), mais il s’agit toujours de 24,4% de l’électorat global. C’est très loin de constituer une claire approbation de leur politique à venir, qui poursuivra l’application d’une austérité sauvage. Les libéraux-démocrates ont par contre été brutalement punis pour avoir participé à cette coalition : ils ont perdu plus de quatre millions de voix. C’est d’ailleurs essentiellement en ayant été en mesure de remporter une section des électeurs libéraux-démocrates les plus à droite que les conservateurs ont été en mesure de gagner plus de sièges au parlement. Pourquoi voter pour la copie quand l’original se présente à vous ?
Une partie des travailleurs les plus aisés ont espéré que le pire de l’austérité est passé et ont imaginé à tort qu’un nouveau gouvernement conservateur puisse apporter une certaine croissance économique. L’absence de confiance envers les capacités des travaillistes à gérer l’économie a sans doute été un autre facteur clé dans ces élections. C’est bien entendu inévitable au vu que ces derniers se sont alignés sur la logique poursuivie par les conservateurs et les libéraux-démocrates.
Le gouvernement a fait reporter la responsabilité de la crise du système capitaliste – déclenchée par les banquiers – sur les prétendues dépenses publiques excessives des travaillistes. Et face à cela, les travaillistes ont passé cinq ans à convenir qu’il était vital de réduire les dépenses publiques! Paul Krugman, l’économiste keynésien, a fustigé les travailliste une semaine avant la tenue des élections pour avoir rejoint les conservateurs en promettant «une nouvelle tournée d’austérité» après les élections et pour être «étonnamment disposés à accepter les propos selon lesquels les déficits budgétaires représentent le plus grand enjeu économique auquel la nation fait face.»
Toutes les illusions entretenues au sujet des capacités des conservateurs de faire revenir la croissance économique et une prospérité accrue pour la majorité de la population pourraient être brisées très rapidement. La croissance qui a pris place est largement basée sur le développement partiel des bulles financières et de crédit qui ont éclaté en 2007. Pendant ce temps, la production industrielle britannique reste exceptionnellement faible et l’écart de productivité avec les autres grandes puissances économiques continue de se creuser : la production par heure est 16% inférieure à ce qu’elle aurait dû être si la tendance pré-crise avait continué. La perspective d’une nouvelle récession, peut-être bien déclenchée une fois de plus par le secteur financier, se pose pour la période qui nous fait face, mais cette fois-ci alors que les conservateurs sont au pouvoir.
Les conservateurs ont également pu avoir un certain succès en jouant sur la peur du nationalisme écossais et du SNP. Les travaillistes auraient pu y couper court en défendant un programme résolument anti-austérité et en appelant le SNP à le soutenir au parlement. A la place, les travaillistes ont choisi, une fois de plus, d’accepter la rhétorique des conservateurs.
Affaiblir le nouveau gouvernement
David Cameron a donc été en mesure d’arracher une étroite majorité de douze sièges, soit une majorité encore plus limitée que celle du John Major (21 sièges), la dernière fois que les conservateurs sont parvenus à constituer un gouvernement majoritaire. A l’époque, l’euphorie des conservateurs qui avaient remporté les élections n’avait pas duré longtemps… Aujourd’hui, on se souvient du gouvernement Major comme d’un gouvernement Tory faible et divisé. Il en ira de même pour Cameron. Son gouvernement devra faire face à une énorme agitation sociale.
En 1992, les élections avaient été suivies par le Mercredi Noir (lorsque la livre sterling est sortie du Système monétaire européen, SME) et par une récession économique. Le mouvement massif contre les fermetures de mines à la fin de cette année avait bénéficié d’un énorme soutien populaire, y compris de la part de beaucoup de gens qui avaient voté pour les Tories quelques mois auparavant.
La faible majorité dont dispose ce gouvernement ne l’empêchera pas de lancer de nouvelles attaques antisociales encore plus vicieuses. Le Financial Times a déclaré que les réductions de dépenses publiques à venir seraient «nettement plus sévères que celles appliquées au cours des cinq années de la dernière législature»! Parallèlement à cela, le nouveau gouvernement est aussi susceptible de lancer un nouvel assaut contre les droits syndicaux.
Contre l’austérité, il nous faut un mouvement de résistance massif. Le dernier gouvernement aurait pu être battu si la grève générale du secteur public de novembre 2011 avait été utilisée comme point de départ pour un mouvement de masse généralisé contre l’austérité. Mais la majorité des dirigeants syndicaux ont fait dérailler la lutte en disant aux travailleurs qu’il fallait attendre l’arrivée d’un gouvernement travailliste. Nous devons nous organiser pour empêcher que cela se reproduise à nouveau.
La conférence nationale des délégués syndicaux (National Shop Stewards Network, NSSN) du 4 juillet sera essentielle pour aider à préparer ce combat. Quand ce gouvernement lancera sa prochaine attaque, le mouvement des travailleurs devra réagir avec une puissante grève générale de 24 heures. Si un mouvement contre l’austérité est bloqué par les dirigeants syndicaux, la résistance sociale trouvera une autre voie, comme cela est arrivé en Irlande avec le mouvement contre la taxe sur l’eau, qui s’est développé en dehors des structures syndicales.Dans le même temps, le mouvement des travailleurs a besoin de construire sa propre voix politique. Les dirigeants syndicaux travaillistes sont susceptibles de faire valoir une fois de plus que la seule réponse est d’essayer de pousser vers la gauche le Parti Travailliste. Pourtant, les partisans les plus farouches de l’ère de Tony Blair exigent une seule chose de Miliband : qu’il balance à la poubelle les derniers vestiges des structures démocratiques qui permettaient aux syndicats d’avoir un mot à dire sur l’orientation du parti.
La confédération syndicale Unite et les autres syndicats donnent plusieurs millions de livres aux travaillistes pour financer leur campagne électorale. Mais ils n’ont rien à dire sur la manière dont cette campagne est menée. Les syndicats ne disposent même pas d’une seule voix concernant l’élection du dirigeant du Parti Travailliste.
Les dirigeants syndicaux affiliés au Parti Travailliste sont susceptibles de regarder vers Andy Burnham avec l’espoir qu’il sera un dirigeant plus à gauche. Mais son histoire au sein du parti ne le situe pas plus à gauche que les autres. Alors qu’il était ministre de la Santé au sein du dernier gouvernement travailliste, il a supervisé l’extension dramatique de la privatisation du service national de soins de santé.
Avant les élections, Len McCluskey, secrétaire général du syndicat Unite, a suggéré que si les travaillistes se révélaient incapables de vaincre les conservateurs, le moment serait alors venu de réfléchir à un nouveau parti. Le résultat de ce 7 mai place ce constat au centre du débat. Le mouvement syndical a de toute urgence besoin de discuter de la création d’un nouveau parti de masse pour et par les travailleurs.
Lors de ces élections, la Coalition de syndicalistes et de socialistes (TUSC) ne disposait pas de la force ou du profil nécessaires pour attirer une majorité de l’atmosphère anti-austérité. Sa campagne a toutefois donné un aperçu de l’enthousiasme que pourrait créer une nouvelle force anti-austérité de masse.
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[VIDEO] Élections britanniques: votez TUSC
Malgré la politique d’austérité drastique du gouvernement conservateurs/libéraux-démocrates, les sociaux-démocrates du Parti Travailliste ont du mal à décoller. Le mécontentement des électeurs britanniques a assuré le développement d’autres partis, parmi lesquels l’UKIP, un parti de droite populiste.
Dans le même temps s’est ouvert un espace pour une alternative aux politiques d’austérité. Avec des moyens limités, la Trade Unionist and Socialist Coalition (TUSC), une alliance de militants socialistes et syndicalistes, veut approfondir le débat sur la nécessité d’un prolongement politique pour le mouvement des travailleurs. La TUSC présentera 135 candidats pour les élections parlementaires et 700 pour les élections locales qui se dérouleront en parallèle. Nos camarades du Socialist Party participent activement à cette initiative. Voici ci-dessous leur vidéo de campagne.
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Grande-Bretagne : Les millions de travailleurs du secteur public sur le sentier de la grève !
Construisons le mouvement des travailleurs !
Ce 10 juillet, jusqu’à deux millions de travailleurs du secteur public entrent en grève en Grande-Bretagne contre leurs salaires de misère. Les pompiers lancent quant à eux huit jours de lutte contre le hold-up des retraites. Des milliers d’autres travailleurs entrent en action localement pour défendre leur niveau de vie dans cette prétendue reprise économique.
Par Hannah Sell, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Cette journée d’action de grève coordonnée est attendue depuis longtemps. Les retenues sur salaires ont été combinées à la décimation des services publics. Ces quatre dernières années, le gel des salaires a en moyenne fait perdre 3.700 £ par an aux travailleurs du secteur public. Le gouvernement vient d’annoncer que le gel des salaires dans la fonction publique se poursuivra jusqu’en 2018.
Mais puisque cette grève intervient dix mois avant la prochaine élection générale, elle revêt encore plus d’importance. C’est un avertissement pour n’importe quel parti pro-austérité destiné à participer au prochain gouvernement : les travailleurs veulent se battre.
Certains commentateurs capitalistes cherchent réconfort dans l’absence – jusqu’à présent – d’une lutte plus généralisée contre l’austérité. Janan Ganesh, par exemple, a déclaré dans le Financial Times que « la droite » a pu impunément appliquer des « coupes [d’austérité] déjà plus grandes que celles lancées par Thatcher. » (8 juillet 2014) Mais tirer la conclusion que la lutte n’est pas à l’ordre du jour est tout à fait erroné. Certes, les dirigeants syndicaux de droite ont fait dérailler la lutte issue du magnifique mouvement qui s’est développé en 2011. Et il est vrai que cela a inévitablement accru la confiance du gouvernement pour intensifier l’application de l’austérité tout en sapant celle des travailleurs envers la possibilité d’arrêter cette logique. Mais une énorme et viscérale colère de classe s’est construite sous la surface de la société et, à un certain stade, elle va trouver un débouché.
Il n’existe aucune alternative à l’intensification de la lutte contre l’austérité après la journée du 10 juillet. La prétendue «reprise économique» ne conduira pas à une véritable amélioration du niveau de vie des travailleurs. Seuls les super-riches en bénéficient, mais les bulles du crédit et la domination du secteur financier laissent entrevoir la perspective d’une nouvelle crise.
La journée du 10 juillet doit constituer une rampe de lancement vers une nouvelle action coordonnée, vers la construction d’une grève générale de 24 heures avec participation des syndicats des secteurs public et privé. Parallèlement à l’opposition aux coupes budgétaires, à la privatisation et à la modération salariale, cette grève devrait également revendiquer très clairement la fin des contrats « zéro heure » [un contrat de travail ultra-flexible et unilatéralement favorable aux patrons, NDT] et pour un salaire minimum d’au moins 10 £ de l’heure. Cela serait de nature à enthousiasmer les millions de jeunes qui n’ont pas encore été touchés par le mouvement syndical. En outre, cette grève générale devrait également exiger l’abrogation des vicieuses lois antisyndicales.
Les appels du Parti Travailliste envers le Big Business ne sont que des preuves supplémentaires du fait que ce parti défend les intérêts du capitalisme. Il ne serait même pas capable d’instaurer les mesures incroyablement modestes qu’il propose actuellement pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, à moins d’y être contraint – tout comme n’importe quel autre parti capitaliste le serait – par la force d’un mouvement de masse.
La victoire historique pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure à Seattle illustre que les travailleurs peuvent l’emporter. Mais cela démontre également l’importance pour le mouvement des travailleurs de disposer d’un relais politique qui lui soit propre. L’élection de la militante socialiste Kshama Sawant a offert au mouvement pour les 15 $ une voix sans compromis afin d’agir vers l’obtention de cette revendication.
Le Socialist Party appelle les syndicalistes à se joindre à la lutte pour assurer que le 10 juillet marque le début d’une nouvelle ère dans la reconstruction d’un tel mouvement.
La classe des travailleurs représente la majorité de la société, elle dispose d’un pouvoir potentiel gigantesque, capable non seulement de défendre nos salaires et services publics, mais aussi de changer le monde.
Pour ce faire, cependant, elle a besoin d’accroître son niveau d’organisation à la fois sur le plan industriel – par la construction d’un mouvement syndical de combat – mais aussi politiquement, par la construction d’un parti de masse qui représente les intérêts de notre classe au lieu de ceux des 1% de l’establishment capitaliste.
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Grande Bretagne : les élections du rejet
Les syndicats doivent maintenant lancer notre riposte !
Ces élections furent celles du rejet. Elles ont à nouveau illustré la profondeur de la colère et de l’aliénation qui existent envers tous les partis traditionnels britanniques. Suite à ces élections, tous les partis majoritaires pansent leurs blessures, en essayant de regarder les résultats en face.
Hannah Sell, Secrétaire générale du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Aux élections européennes, c’est un autre parti que les deux grands (les travaillistes et les conservateurs) qui l’a emporté, l’UKIP (United Kingdom Independance Party, Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni). Il s’agit de la première fois lors d’une élection nationale depuis 1910. Les Tories (Parti conservateur britannique) ont été relégués à la troisième place. L’ancien « parti protestataire », les Lib-Dems (Libéraux-Démocrates) a été réduit à un seul siège d’eurodéputé, arrivant en cinquième position derrière les Greens (le parti écologiste). Aux élections locales également, une minorité assez importante, estimée à 17% a voté pour l’Ukip. Alors qu’il ne comptait que deux conseillers municipaux en fonction avant les élections, il en a maintenant plus de 160.
Vote anti-establishment
La volonté centrale des électeurs était de secouer tous les partis de l’establishment, ou comme un des électeurs Ukip l’a exprimé, de faire peur au gouvernement, avec l’UE servant de catalyseur pour une colère généralisée. Six électeurs Ukip sur dix ont décrit leur vote comme une protestation générale car, pour le moment, ils sont mécontents de tous les partis politiques traditionnels.
Cela n’a pas été mentionné dans la presse capitaliste, mais une minorité importante des travailleurs a exprimé sa colère en votant pour le TUSC (Trade Unionist and Socialist Coalition, Coalition syndicaliste et socialiste, dans laquelle est activement impliqué le Socialist party). Il s’agit du plus grand mouvement à la gauche du parti travailliste depuis la seconde guerre mondiale : pas moins de 561 candidats anti-austérité se sont présentés aux élections locales et autres. Ils ont récoltés 65.000 voix.
La TUSC a obtenu plus de 1000 votes dans 21 circonscriptions. Dans 10 d’entre elles, il s’agissait même de plus de 2000. A Southampton, le conseiller municipal anti-austérité Keith Morrell a été réélu avec une majorité écrasante. Le Parti Travailliste, qui avait exclu Keith pour avoir voté contre les mesures d’austérité, a été ramené à la troisième place derrière l’Ukip.
Le Socialist Party – avec le RMT (National Union of Rail, Maritime and Transports, syndicat national du rail, de la navigation et des transports) – a également pris part à l’action « No2EU – Yes to Workers’Rights » (Non à l’UE – Oui aux droits des travailleurs) pour offrir une opposition de gauche et internationaliste face à l’Europe des patrons, dans sept régions.
Le Socialist Party avait soutenu la présence de la TUSC aux élections locales et européennes. Cela aurait indéniablement donné aux deux campagnes un profil plus élevé. Cependant il n’était pas possible de convaincre les autres forces impliquées dans l’action No2EU, particulièrement le Parti Communiste Britannique. Et malheureusement, cela a eu moins d’impact qu’en 2009, quand il avait été possible de mobiliser des travailleurs combattifs comme les grévistes du bâtiment de Lindsey et les travailleurs de l’industrie automobile de Visteon.
Les campagnes de la TUSC, en particulier, sont à considérer en tant qu’étapes sur la route conduisant à la création d’un nouveau parti de masse des travailleurs. Le besoin d’un tel parti est de plus en plus urgent. L’Ukip est un parti populiste de droite, fondé et contrôlé par des millionnaires, des aristocrates, des barons de la presse et des agents de change, mais il s’est donné une plateforme médiatique pour se poser en tant que parti des « petites gens ». Il a été capable de se positionner partiellement dans le vide immense laissé dans la politique britannique.
Jamais auparavant le fossé n’avait été si grand entre les partis de Westminster et les gens qu’ils sont censés représenter. Une colère profonde apparaît à la surface de la soi-disant apathie. Plus de 30 millions d’électeurs potentiels sont restés chez eux.
Les taux de participation sont souvent plus bas dans les régions de la classe ouvrière. Par exemple il n’était que de 21% à Hull, avec une moyenne nationale estimée à 36%. Cela reflète de manière basique la crise continue du capitalisme. Les annonces tonitruantes du gouvernement concernant le retour de la croissance économique sont largement dénuées de sens. La plupart des gens se sentent dans une situation pire qu’avant la récession. Le Trussel Trust (ONG de Salisbury qui s’occupe du seul réseau de banques alimentaires de Grande-Bretagne) rapporte que le nombre familles qui ont besoin de trois jours ou plus de nourriture en urgence de la part de leurs banques alimentaires a augmenté de 26.000 en 2009 à 900.000 en 2014.
Il y a eu des tentatives de minimiser les résultats de l’Ukip, en pointant le fait que les résultats obtenus dans les conseils communaux étaient plus bas que les 23% qu’ils avaient réalisés l’année passée, et qu’ils n’ont pas réussi à effectuer une percée à Londres, où ils ont bénéficié d’un résultat moyen de 7%. Cependant les élections de l’année passée, qui concernaient principalement les conseils régionaux, avaient été globalement plus rurales que les sièges décrochés cette année.
Cette année, il est probablement vrai que la menace de l’Ukip, couplée à l’expérience du gouvernement alliant conservateurs et démocrates, a en fait aidé les travaillistes dans la capitale. Alarmés par les idées nationalistes et racistes mises en avant par les candidats de l’Ukip, une couche de la population a voté sans enthousiasme pour les travaillistes parce qu’ils ont considéré que c’était le meilleur moyen de bloquer l’Ukip.Dans quelques autres villes importantes, il s’est passé la même chose, à des degrés divers, l’Ukip récoltant moins de voix que dans beaucoup de plus petites communautés urbaines où une grande section d’électeurs traditionnellement attachés au Parti Travailliste a voté pour eux. A Rotterham, l’Ukip a gagné neuf sièges sur les 21 disponibles, tandis que le Parti Travailliste en perdait sept.
Les raisons pour lesquelles des travailleurs ont voté pour l’Ukip sont multiples. Au centre, il y a un désir de protestation contre les partis principaux, mais l’Ukip a aussi utilisé le racisme et le nationalisme. Le vote pour le BNP (British National Party, parti national britannique, extrême-droite) s’est écroulé dans ces élections, probablement transférés vers l’Ukip. Le fait que le nationalisme de l’Ukip a trouvé un écho ne devrait pas surprendre les défenseurs des idées du socialisme. Le nationalisme a été longtemps une arme politique utilisée par la classe capitaliste pour essayer de rassembler du soutien pour leur système en temps de crise économique. Les Conservateurs et le parti Travailliste ont tous deux utilisé le nationalisme à des degrés divers ces dernières années, créant ainsi un espace pour l’Ukip.Et – dans une tentative semi-consciente de créer un exutoire électoral « sans danger » pour la colère des travailleurs – les médias capitalistes ont fait une publicité énorme à l’Ukip. Le New Stateman (magazine britannique orienté à gauche) a montré que depuis 2011, l’Ukip a reçu une couverture médiatique beaucoup plus importante que n’importe quel « petit » parti, y compris ceux qui ont des parlementaires. Nigel Farage a reçu quatre fois plus de couverture médiatique que George Galloway, de Respect, ou Caroline Lucas des Greens, par exemple. Pour ne pas parler du blackout total que subit la TUSC.
L’Ukip puise dans les peurs largement répandues des conséquences de l’immigration croissante. Ces peurs sont ressenties par de nombreux travailleurs qui se considèrent antiracistes, mais qui voient les grandes entreprises utiliser des immigrés surexploités pour faire baisser les salaires ainsi que les services publics sous-financés et soumis à de grandes pressions.
Construire un mouvement contre les coupes budgétaires.
En mars 2011, le TUC (Trade Union Congress, fédération syndicale britannique) a organisé une grande manifestation de 750.000 personnes contre l’austérité. Les supporters de l’Ukip ont répondu en essayant d’appeler à une manifestation pour soutenir les coupes budgétaires, quelques centaines de personnes à peine sont venues. Ceci a clairement montré quel est le réel équilibre des forces en présence.
Le mouvement syndical, avec sept millions et demi de membres, est potentiellement la force la plus puissante dans la société. Si le TUC avait utilisé cette manifestation comme rampe de lancement pour organiser un combat sérieux contre l’austérité, ça aurait transformé la situation. Un tel mouvement aurait pu s’en prendre également au racisme et au nationalisme – en affirmant clairement que la seule façon de prévenir la course vers la dérégulation est un combat uni pour que tous les travailleurs reçoivent un salaire juste.
En particulier, si une partie significative du mouvement syndical avait lancé un nouveau parti des travailleurs à ce moment-là, il aurait gagné le soutien de bon nombre de travailleurs qui se tournent pour l’instant vers l’Ukip pour exprimer leur colère.
Mettre sur pied une voix électorale claire pour les travailleurs et le seul moyen de couper le chemin à l’Ukip. Malheureusement, certains à gauche, dont le SWP (Socialist Workers Party, une des composantes de la du TUSC) a lancé une campagne « Ne sois pas utilisé par l’Ukip » conjointement avec des partis de l’austérité, qui organise notamment des distributions communes de brochures, etc. C’est une politique désastreuse qui ne peut pas atteindre les travailleurs qui se tournent vers l’Ukip, tandis qu’elle permet au Parti Travailliste d’utiliser en partie ceux qui s’opposent à l’Ukip pour renforcer sa position.
C’est la colère envers les partis de l’establishment qui a nourri la croissance de l’Ukip. Faire campagne avec le Parti Travailliste et les Lib-Dems contre l’Ukip permettra à l’Ukip de proclamer que les « socialistes » ne sont pas « différents du reste ».
Si l’Ukip était un parti fasciste, du type d’Aube Dorée en Grèce – avec une force de frappe qui effectue des attaques physiques sur les minorités et les syndiqués – ce serait correct pour les travailleurs d’organiser la défense de tous ceux qui subissent les attaques.
Et même dans ce cas, la plus importante priorité serait de s’organiser indépendamment autour d’un programme socialiste. Cependant ce n’est pas le caractère de l’Ukip, qui est une force populiste de droite qui se concentre à ce point-ci exclusivement sur des politiques électorales. C’est uniquement l’absence d’un grand parti des travailleurs qui lui a donné la place pour partiellement remplir le vide.
Malheureusement, jusqu’ici, la majorité des dirigeants de syndicats continuent à appeler à voter pour le parti Travailliste. Pourtant, une importante minorité de délégués syndicaux – dont le syndicat des transports RMT – ont commencé le travail vital de création d’une nouvelle voix pour les travailleurs via la TUSC. Cinquante membres du RMT se sont présentés sur des listes de la TUSC et ont pour objectif de construire sur cette base. C’est une préparation essentielle pour la période à venir, vers les élections générales. Les cyniques se moquent du fait qu’il est impossible de construire une nouvelle force à la gauche du parti Travailliste. Rien de neuf sous le soleil!
A la fin du 19ème siècle, les pessimistes d’alors crachaient leur mépris sur les tentatives de Kier Hardie et d’autres de créer un nouveau parti des travailleurs à la gauche des Libéraux et des Tories. L’Histoire, cependant, était du côté de ceux qui se sont battus pour construire un parti du travail, tout comme elle est aujourd’hui aux côtés de ceux qui voient que le Parti Travailliste est devenu un autre parti du big business.
Les dirigeants du Parti Travailliste ont constamment réaffirmé qu’un gouvernement travailliste continuerait avec l’austérité et les coupes dans les dépenses publiques. Quand les travailleurs font des grèves contre l’austérité, le dirigeant travailliste Miliband rejoint le chœur de l’opposition à leur action, menaçant même qu’un gouvernement travailliste envisagerait de durcir les lois déjà hautement répressives contre les syndicats.
C’est le manque total d’alternative à l’austérité qui est responsable de la terne performance des travaillistes le 22 mai. Tandis qu’ils gagnaient plus de 300 sièges, ces 31% de votes ne sont que deux points au-dessus de ceux de 2013. Ce n’est pas assez pour que le Parti Travailliste ait confiance dans une victoire à l’élection générale.
Le Parti Travailliste n’a pas réussi à capitaliser
Les résultats des élections et les enquêtes d’opinion ultérieures ont probablement été suffisants pour assurer à Miliband la poursuite de son leadership, du moins pour l’instant. Sans aucun doute les « ultra-blairistes » en tireront la conclusion que le Parti Travailliste a besoin de se positionner plus vers la droite. Le Chancelier du cabinet fantôme Ed Balls a déjà dit que le parti devait avoir une voix plus forte sur l’immigration. Le carriériste blairiste Alan Milburn et d’autres demandent que Miliband deviennent davantage pro business.
En réalité, à chaque fois que Miliband a fait des déclarations qui apparaissent comme étant du côté des 99% contre les 1%, ils ont été populaires. Une enquête ComRes faite juste avant le 22 mai a montré que les annonces des travaillistes sur le salaire minimum, la limitation des augmentations de loyers, le gel des prix de l’énergie et l’augmentation du plafond d’imposition ont rendu les électeurs plus enclins à voter pour eux. Cependant, la même enquête a montré aussi que les électeurs – correctement – ne croyaient pas que le Parti Travailliste allait réellement mettre en place ces politiques.
Un gouvernement travailliste, comme il travaillera pour les intérêts du capitalisme, ne mettra même pas en place les mesures incroyablement modestes qu’il propose actuellement pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, à moins qu’il n’y soit forcé, comme n’importe quel autre parti capitaliste le serait, par un mouvement de masse. La tâche de construire une alternative électorale à l’austérité sera urgente, de même que la lutte syndicale pour défendre les conditions de vie des travailleurs.
Les restrictions salariales continues du secteur public pour une soi-disant reprise sont un problème qui provoque l’envie d’action immédiate. Une action de grève planifiée et coordonnée pour le 10 juillet serait une importante préparation pour les luttes énormes qui seront menées sous le prochain gouvernement.
Il n’est pas encore possible de deviner ce qui ressortira des élections générales, étant donnée la nature instable des politiques en cette période. Si les travaillistes l’emportent, ce sera dû plus à l’extrême impopularité des Conservateurs et des Libéraux plutôt qu’à l’enthousiasme pour le Labour.
Une coalition Labour/Libéraux est aussi une issue possible pour les élections générales. Dans un certain sens, cela conviendrait aux dirigeants du Labour qui pourraient utiliser les libéraux comme cache-sexe pour justifier leurs politiques contre la classe des travailleurs. Cependant, après avoir été utilisé de la sorte par les Tories pendant cinq ans, on doute de trouver encore beaucoup de libéraux. Clegg pourrait même être mis de côté dans les mois qui viennent dans une tentative désespérée des Lib-Dems pour limiter l’étendue de leur défaite.La chute des Lib-Dems devrait avertir les délégués syndicaux qui se tournent toujours vers le Labour, du destin qui attend les partis qui agissent dans les intérêts de la classe capitaliste en temps de crise économique. Le résultat inévitable est une extrême impopularité dans le meilleur des cas, ou dans le pire, l’oubli, comme cela a été vu en Grèce, en France et dans d’autres pays européens.
Besoin d’un nouveau parti des travailleurs.
Il n’est pas possible d’évaluer ce qu’Ukip fera aux élections générales. Cependant il n’est pas exclu qu’il puisse améliorer ses résultats sur leur base locale avec une campagne intensive. Si Ukip parvient à obtenir un ou plusieurs parlementaires, il est possible qu’un certain nombre d’eurosceptiques passent des Tories à Ukip après les élections.
L’établissement d’une force populiste de droite en Grande-Bretagne – comparable à celles qui existent dans bon nombres de pays européens – serait un développement dangereux dans la politique britannique. La seule façon d’entraver cela est le développement d’un vrai parti de masse de la classe des travailleurs en Grande Bretagne et internationalement.
Même s’ils sont modestes, les réalisations dans cette élection – particulièrement l’étendue du défi des élections locales de la TUSC – marquent une étape importante sur le chemin vers la construction d’une telle force.
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“Une guerre civile sans fusils”
Par Tifaine (Alternatywa Socjalistyczna, CIO-Pologne)
Il y a 30 ans, les mineurs britanniques entraient en grève contre l’accélération des fermetures de leurs mines. 47.000 emplois avaient déjà été supprimés les 5 années précédentes dans le secteur. L’intention de Thatcher était de désindustrialiser ce secteur afin de supprimer ce bastion-clé du mouvement ouvrier qui avait remporté deux grèves en 1972 et 1974 et l’avait forcée à reculer en 1981 dans son offensive pour briser le syndicalisme de classe.
Cette grève qui allait durer presque un an a été une véritable guerre civile entre les mineurs soutenus par la classe ouvrière, et la classe dominante rangée derrière Thatcher. Tout son appareil répressif (violence policière, services secrets, tribunaux, licenciements,…) a été déployé contre les grévistes ; elle avait même envisagé de mobiliser l’armée pour extraire le charbon.
Contrairement à ce qu’en ont dit beaucoup de commentateurs de droite comme de gauche, la victoire était possible, étant donné le poids économique des mineurs (les stocks de charbon constitués en vue de la grève commençaient à s’épuiser), leur combativité, leur détermination à résister aux attaques des conservateurs et le soutien qu’ils recevaient.
Ils ont trouvé un formidable soutien de la classe ouvrière britannique et des mineurs du monde entier en termes d’aide matérielle et d’actions de solidarité. Mais la trahison des dirigeants syndicaux, qui craignaient le pouvoir de la classe ouvrière organisée, a empêché que cela ne se concrétise en grève générale qui aurait pu mener à la victoire.
La défaite des mineurs a conduit à la destruction de leurs communautés et à la transformation des bassins miniers en déserts économiques et sociaux. Elle a ouvert la voie au virage à droite des directions syndicales et du Labour Party, dont les dirigeants défendaient que la lutte des classes était dépassée et qu’il fallait accepter l’économie de marché.
Si la grève avait été victorieuse, non seulement le plan de fermeture de puits aurait été suspendu, mais Thatcher et les conservateurs auraient été discrédités et peut-être mêmes renversés. Cette victoire aurait redonné confiance à la classe ouvrière pour les prochaines luttes et aurait mis la pression sur ces dirigeants.
L’auteur de ‘‘une guerre civile sans fusils’’, Ken Smith, membre de Militant (précurseur du Socialist Party, le parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) a présidé le groupe de soutien aux mineurs de Llynfi and Afan Valley, qui organisait le soutien politique et financier pour près d’un millier de mineurs.
Dans son livre, il combat les idées pessimistes selon lesquelles la grève ne pouvait pas être gagnée et donne une analyse marxiste des raisons de la défaite. Il revient sur les questions stratégiques et tactiques qui se sont posées pendant le conflit, comme l’opportunité d’organiser un vote sur la grève ou non, les cibles des actions à mener ou les moyens de faire pression sur les dirigeants droitiers des syndicats.
L’héroïsme et la détermination des mineurs est une source d’inspiration pour les luttes actuelles et il est important d’en tirer les leçons, en particulier pour les militants de gauche dans les syndicats.
Son ouvrage est disponible en anglais en tant que livre et en français sous forme de brochure.

