Your cart is currently empty!
Tag: Grande-Bretagne
-
Déclaration du syndicat des pompiers britanniques FBU sur le résultat du référendum sur l'UE
Matt Wrack, secrétaire général de l’Union des Brigades d’Incendie, en réponse à l’annonce que le Royaume-Uni a voté pour quitter l’Union Européenne, a déclaré: «Le gouvernement de Westminster doit respecter le résultat du référendum d’hier et prendre des mesures pour le mettre en œuvre.“La démission de David Cameron (NT : le premier ministre britannique) ne sera pas pleurée par les pompiers ou les autres travailleurs, il serait même préférable que l’ensemble du gouvernement démissionne. Depuis 2010, Cameron a supervisé un programme visant à faire baisser les salaires et de réduire le financement des services publics. En conséquence, les salaires et le niveau de vie ont stagné, les services publics sont dans un état critique et nous sommes confrontés à une crise croissante de logements. C’est ce contexte qui a marqué le référendum.
“Dans le cadre des services d’incendie et de secours, nous avons subi une attaque honteuse sur les pensions des pompiers, sur la rémunération du secteur public et on nous a imposé les pires coupes budgétaires de l’Histoire des pompiers.
“Les syndicats doivent maintenant lutter pour veiller à ce que les travailleurs ne paient pas le prix de toute l’agitation politique ou économique qui suit le vote. Le gouvernement (…) doit donner l’assurance que les droits en matière d’emploi, de sécurité, (…) seront protégés pour les travailleurs britanniques. Ils doivent aussi protéger les emplois qui seront à risque en raison de la turbulence économique après le vote.
“Toute tentative d’introduire un budget d’urgence qui attaque davantage les services publics ou cherche à augmenter les taxes sur les travailleurs, doit être combattue par le mouvement syndical et le Parti travailliste.
“Les syndicats doivent faire campagne sur la base de l’unité. Nous devons nous assurer que tout débat sur l’immigration ne pointe pas les travailleurs immigrés comme boucs émissaires, ceux-ci servant par milliers dans nos soins de santé et dans nos services d’incendie et de secours. Là où d’autres veulent la division, nous devons répondre avec l’unité et la solidarité.
“Nous disons à tous les travailleurs du Royaume-Uni : si vous avez voté Leave (NT : quitter l’Union Européenne) ou Remain (NT : rester dans l’Union Européenne), nous devons combattre ensemble dans la défense des emplois, de nos droits et de nos services publics.”
-
Grande Bretagne. Après le référendum, dégageons les Tories!
De nouvelles élections maintenant ! Luttons pour une grève générale de 24 heures !« Le référendum pourrait très bien rentrer dans l’Histoire comme un point tournant », a déclaré le journal Financial Times, se faisant l’écho de la colère et du désespoir de l’élite britannique suite à la décision de la majorité des électeurs en Grande-Bretagne de quitter l’Union Européenne. Pour la classe capitaliste britannique et à travers l’UE toute entière, il s’agit d’un coup majeur, décrit par le Financial Times comme « le plus gros recul de l’histoire de l’UE ».
Par Hannah Sell, Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre & au Pays de Galles
Pour le capitalisme britannique en particulier, c’est une terrible défaite. Elle pourrait mener à la scission du Royaume-Uni s’il y avait un nouveau vote sur l’indépendance de l’Écosse, et conduire à l’effondrement du parti conservateur, le Tory Party, qui compta parmi les partis capitalistes les plus prospères de la planète.
Il est également possible que le parti travailliste, le Labour Party, scissionne à la suite des événements du 23 juin, alors que la droite du parti, pro-business, complote pour faire tomber Jeremy Corbyn [l’actuel secrétaire du Labour, NdT]. Le champ politique est en pleine tempête.
Beaucoup des 17 millions de personnes qui ont voté pour sortir de l’UE, cependant, se seront réveillés avec un sentiment d’euphorie car ils ont pu exprimer leur rage face à tout ce qu’ils ont eu à endurer à cause du big business qui a voulu faire payer à la classe ouvrière la crise économique de ces dernières années : salaires faibles, contrats zéro heure, coupes dans les aides sociales, manque de logement à prix abordables, et des services publics qui subissent coupe après coupe.
De plus, ce faisant, ils ont forcé Cameron – le tant détesté Premier ministre – à annoncer sa démission.
Ce n’est pas seulement en Grande-Bretagne mais aussi à travers l’Europe que de nombreux travailleurs ont pu être inspirés par ce vote contre l’UE des patrons. Il n’y a aucun doute sur le fait que de nombreux travailleurs en Grèce, dont les conditions de vie ont été dévastées entre mains des institutions de l’UE, se seront réjouis du résultat du référendum.
En réponse au résultat du référendum, les marchés financiers sont dans la tourmente, avec la livre sterling plongeant à son niveau le plus bas depuis trente ans. C’est en partie à cause du fait que les financiers, les « maîtres de l’univers », avaient arrogamment calculé que ce seraient leurs propres choix qui l’emporteraient, et ils n’étaient pas prêts à cette victoire du Brexit.
Les fluctuations des marchés financiers ne se refléteront pas nécessairement immédiatement dans une nouvelle crise dans l’économie « réelle », ni en Bretagne ni à l’échelle mondiale. Cependant, le débat autour du référendum a été utilisé par le chancelier Osborne pour détourner l’attention des signes d’une nouvelle étape de la crise économique, à la fois pour le Royaume-Uni et le capitalisme mondial, nouvelle étape qui se développe indépendamment du Brexit, et qui peut s’ajouter aux ondes de choc causées par le résultat du référendum.
Le « Projet Peur »
Pendant le référendum, le « projet peur » [une campagne médiatique anti-Brexit, NdT] a atteint des proportions gigantesques. La catastrophe économique, la troisième guerre mondiale et la peur de la montée du racisme et de l’intolérance ont toutes été utilisées pour essayer d’intimider les électeurs et soutenir le camp du « Remain », « rester ». Des peurs légitimes autour de ces questions ont été des facteurs majeurs et expliquent pourquoi 48% des gens ont finalement décidé de voter pour « Remain ». En particulier, il semble qu’une majorité de jeunes a voté « Remain » partiellement à cause de leur peur que le racisme augmenterait s’il y avait un vote pour le Brexit.
Néanmoins, c’est incroyable le nombre de gens qui ont voté pour le « Leave », « Partir », et qui se sont servis du référendum comme d’une opportunité pour s’opposer à l’UE non démocratique et lointaine et pour protester, ignorant les menaces des dirigeants de tous les partis de l’establishment britanniques, et de tous les dirigeants mondiaux, de Merkel à Obama.
De manière incroyablement cynique, même le terrible meurtre de la députée Labour et militante de la campagne « Remain », Jo Cox, a été utilisé pour essayer d’augmenter le nombre de voix pour le « Remain ».
Sans aucun doute, l’atmosphère dangereuse exacerbée par les politiciens de droite pendant les débats autour du référendum ont augmenté le danger d’attaques racistes et d’extrême droite. Mais ce n’était pas que le racisme du côté du « Leave » officiel, mais aussi les attaques constantes de Cameron contre les migrants, avec la droite du Labour qui a même demandé qu’il aille encore plus loin dans les derniers jours de la campagne ! Indépendamment de l’issue du référendum, il aurait été tout autant nécessaire pour le mouvement ouvrier d’adopter une position claire pour l’unité, contre le racisme et en défense des droits des travailleurs migrants en Grande Bretagne.
De même, il est complètement faux de suggérer que le vote pour le Brexit avait – dans l’ensemble – un caractère droitier ou raciste. Bien sûr, certains de ceux qui ont voté pour le Brexit l’auront fait pour des motivations racistes ou nationalistes, mais le caractère fondamental du vote pour le Brexit était un vote de révolte de la classe ouvrière.
En particulier avec un référendum, ou les électeurs font face à un choix binaire de « Oui » ou « Non », il y a forcément des motivations différentes parmi les votants, de part et d’autre. Mais dans les faits, aucun mouvement de la classe ouvrière n’est 100% pur, complètement vierge d’éléments réactionnaires ou de courants sous-jacents. C’est la tâche des socialistes révolutionnaires de voir ce qui prime – dans ce cas, un soulèvement électoral largement ouvrier contre l’establishment.
En général, il y a eu une corrélation entre le niveau de pauvreté dans un endroit et à quel point les habitants y ont voté pour le Brexit. L’Écosse et l’Irlande du Nord, où le référendum était vu différemment, étaient des exceptions. Pourtant, en Angleterre et au Pays de Galles, ce n’étaient pas que les zones plus ouvrières et blanches mais aussi les zones ouvrières plus diversifiées ethniquement qui ont voté pour le Brexit.
Une majorité à Bradford, avec une forte population asiatique, a par exemple voté pour le Brexit. Même si à Londres – avec une population plus jeune et relativement plus riche – une majorité a voté pour le « Remain », le nombre de gens ayant voté pour le Brexit était plus élevé dans les quartiers plus pauvres. À Barking et Dagenham, où moins de la moitié de la population s’identifie comme britannique blanche, 62% des gens ont voté pour le Brexit. Non loin, à Newham, un des endroits les plus pauvres et les plus diversifiés ethniquement du pays, 47% ont voté pour le Brexit.
Alors que l’ampleur de l’immigration est devenue un sujet central de la campagne sur le referendum pour la majorité il ne s’agissait pas en général de s’opposer à ce que des gens d’autres pays viennent en Grande Bretagne. Non, c’était plutôt à partir de l’expérience de patrons utilisant tous les moyens possibles – dont l’emploi de travailleurs d’autres pays – pour baisser les salaires, plus la colère contre les immenses coupes budgétaires qui ont eu lieu dans les services publics et la peur de ne pas pouvoir faire face à une augmentation de la population.
Le fait que même Farage [le leader du parti de droite populiste Ukip, NdT] ait dû dire qu’il n’était pas pour que les migrants de l’UE perdent leur droit à rester dans le pays est un reflet de cela, même si bien sûr le mouvement ouvrier doit se battre pour s’assurer que cela soit bien le cas.
Ceci doit être lié à la lutte pour un salaire minimum de 10 £ de l’heure pour tous les travailleurs, et l’opposition aux coupes dans les services publics comme seul moyen de défendre le droit de tous les travailleurs, indépendamment de leur pays d’origine.
Une colère qui s’exprime
Le soulèvement électoral qui a eu lieu avait été prévu par le Socialist Party. Comme nous l’avons expliqué dans le document voté à notre Conférence nationale de mars : « Comme le vote sur l’indépendance de l’Écosse de 2014, il est possible que le référendum sur l’UE puisse devenir un moyen grâce auquel beaucoup de travailleurs expriment leur rage contre une austérité sans fin. Nous devons poser le référendum dans ces termes, en expliquant que le vote “Leave” pourrait mener à la possibilité de dégager les Tories. ».
À présent que le référendum est terminé, cela a été faiblement reconnu par Momentum, l’organisation initialement montée pour soutenir Jeremy Corbyn, quand ils ont déclaré : « Des millions semblent avoir choisi le vote “Leave” pour voter contre la mondialisation débridée qui a vu les conditions de vie stagner ou chuter alors que le coût de la vie a augmenté. » Malheureusement, ils ne l’ont reconnu qu’aujourd’hui, le jour du résultat, alors qu’ils ont passé la durée du référendum à faire campagne pour le « Remain » !
En fait, la révolte a eu lieu malgré la faillite complète de la majorité des dirigeants des syndicats et malheureusement de Jeremy Corbyn aussi à mettre en avant une position indépendante de classe en dirigeant une campagne socialiste et internationaliste pour le Brexit, de manière complètement indépendante et en opposition aux « Little Englanders » de Ukip & Co.
C’est ce qu’a fait le Socialist Party : expliquer que nous sommes contre l’UE des patrons, qui agit dans l’intérêt des 1%, mais que nous sommes en faveur de la solidarité entre les travailleurs à travers le continent et que nous défendons une confédération socialiste volontaire d’Europe.
En lieu et place de cela, Frances O’Grady, secrétaire générale de la confédération syndicale TUC, est apparue aux côtés du dirigeant des Tories en Écosse, Ruth Davidson, sans prononcer une seule critique contre le gouvernement Tory.
Jeremy Corbyn et John McDonnell [un membre de la direction parlementaire du Labour] ont, eux, correctement refusé d’apparaître aux côtés de politiciens conservateurs, mais ont néanmoins été impitoyablement utilisés par David Cameron pour essayer de gagner une majorité pour le « Remain » et sauver sa peau.
Dans le journal The Observer (12 juin 2016), David Cameron a impudemment déclaré qu’il ne pouvait pas être « accusé de mener un coup monté de l’establishment » parce qu’il « disait d’écouter Jeremy Corbyn et les Verts ».
La situation politique aurait été transformée si Jeremy Corbyn était resté sur sa position historique de s’opposer à l’Union Européenne car, comme il le disait à l’époque du Traité de Maastricht : « Il retire aux Parlements nationaux le pouvoir de définir sa politique économique et abandonne celui-ci à un groupe non élu de banquiers. »
Une campagne qui aurait expliqué comment la nationalisation des chemins de fer ou de l’industrie métallurgique est illégale sous législation européenne, et en solidarité avec les travailleurs en Grèce, en Irlande et dans le reste de l’UE, aurait augmenté la majorité pour le Brexit et forcé non seulement Cameron à démissionner, mais aussi de nouvelles élections générales, avec la possibilité de l’arrivée au pouvoir d’ un gouvernement Labour dirigé par Jeremy Corbyn.
L’absence complète d’une voix des travailleurs à une échelle de masse dans le référendum a laissé le champ libre à Nigel Farage, l’ex-Tory, l’ex courtier en valeur, pour se poser comme la voix des « petites gens ». En réalité bien sûr, les idées nationalistes et réactionnaires de Ukip n’offrent pas de solution aux travailleurs.
Toutefois, malgré les graves erreurs faites par la majorité des dirigeants du mouvement ouvrier dans la campagne sur le référendum, ce n’est pas automatique que l’Ukip et leurs semblables en soient les gagnants.
Un appel, dès à présent, pour des élections générales immédiates pourraient toujours voir l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement Labour avec Corbyn à sa tête, surtout si un programme anti-austérité est mis en avant.
Par ailleurs, le mouvement syndical doit passer à l’offensive contre ce gouvernement Tory faible et divisé, et lutter pour qu’une grève générale de 24 heures soit appelée contre toute nouvelle menace austéritaire dans le sillage du Brexit.
Le vote à 91% en faveur de la grève par le syndicat enseignant le NUT donne une indication du climat qui se développait même avant le référendum. Tout comme les votes, passés par les membres des exécutifs locaux des syndicats Unite et Unison, la conférence du syndicat GMB et la branche galloise de la TUC, pour exiger que les conseils municipaux ne votent pas de budgets de coupes.
Toutefois, ces résolutions doivent être transformées en action. La conférence du National Shop Stewards Network [NSSN, Réseau National des Délégués Syndicaux] qui aura lieu le 2 juillet prochain, sera une importante opportunité pour les syndicalistes de base de se réunir et de discuter de comment construire un tel mouvement.
Bien sûr, pour le big business en Grande Bretagne, un gouvernement Labour dirigé par Corbyn est un cauchemar qu’ils feront tout pour éviter, tant ils craignent les espoirs qu’un tel gouvernement créerait parmi les travailleurs qui ont souffert année après année d’austérité.
Ainsi, la classe capitaliste et leurs loyaux représentants au sein du Labour sont, comme nous avions averti, déjà en train d’essayer de rejeter la responsabilité du vote en faveur du Brexit sur les épaules de Jeremy Corbyn et ainsi essayer d’utiliser cela comme une excuse pour manœuvrer contre lui.
À l’heure où nous écrivons, deux députées de la droite dure du Labour, Margaret Hodge et Anne Coffey, ont présenté au groupe parlementaire Labour une motion de défiance contre Jeremy Corbyn.
L’élection de Jeremy Corbyn comme dirigeant du Labour était l’expression du climat anti-austérité qui grandissait dans la société. Malgré qu’il ait pu trouver, de manière inattendue, une expression dans la bataille pour la direction du Labour, il s’agissait essentiellement d’un mouvement depuis l’extérieur du Labour, surtout de jeunes et de « vieux revenants » Labour qui recherchaient quelque chose de différent comparé à la suite de dirigeants de partis – Tory comme New Labour – qui ont agi dans les intérêts du 1%.
Malheureusement cependant, depuis le début, Jeremy Corbyn a été entouré d’une machine blairiste (en référence à Tony Blair, le dirigeant travailliste qui a supervisé le virage à droite du parti dans les années ’90) déterminée à le discréditer puis le faire tomber.
Les derniers mois ont montré, comme nous avions averti, qu’aucun compromis avec ces représentants de l’establishment capitaliste n’est possible. Au contraire, tout nouveau recul de la part de la direction du Labour conduirait inévitablement à un reflux du soutien envers Corbyn parmi ceux qui sont enthousiasmés par son attitude.
Les bravades de la droite devraient être confrontées implacablement et avec détermination. Jeremy Corbyn a correctement dit que d’aucuns avaient voté pour le Brexit pour protester contre l’austérité.
Combattons l’austérité
Il devrait à présent lancer la bataille contre l’austérité, avec comme point de départ le programme qu’il avait quand il se présentait pour la direction du Labour. Cela devrait comprendre une position claire contre l’austérité, d’où qu’elle vienne : Bruxelles, Westminster ou les conseils locaux. Une telle position – y compris un salaire minimum de 10£/heure et la construction massive de logements – pourrait enthousiasmer non seulement ceux qui l’ont élu à la tête du Labour, mais également de plus en plus de travailleurs, peu importe ce qu’ils ont voté dans le référendum.
La classe capitaliste est face à une crise : ils trépignent pour essayer de trouver un moyen de trouver des parties fiables pour agir en leurs intérêts. Il ne leur sera pas aisé d’éviter une élection générale. Il est même possible à présent que les divisions à la fois dans le Labour et chez les Tories, qui ne tiennent debout en réalité que grâce au système électoral, amène à un réalignement de la politique britannique. Une scission des Tories et du Labour pourrait mener à un nouvel alignement de l’aile pro-capitaliste du Labour Party et des Tories pro-UE.
Ce n’est pas pour rien que Janan Ganesh a écrit dans le Financial Times (14 juin 2016) : « Les modérés Tory et Labour qui commencent à se mélanger dans les bureaux de “Remain” vont plutôt bien ensemble. » Il est même possible que la classe capitaliste puisse promouvoir un changement du système électoral vers une représentation proportionnelle pour essayer de mettre une telle coalition au pouvoir.
Mais alors que la classe capitaliste est en plein chaos, il est urgent que la classe ouvrière trouve sa propre voix politique. Le résultat du référendum montre le potentiel énorme pour une riposte de masse contre l’austérité en Grande Bretagne. La tâche est de créer un parti politique de masse capable de diriger une telle riposte, politiquement armée de politique réellement socialistes.
-
Référendum sur le Brexit: Votons pour faire dégager les conservateurs!
Le référendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne se tiendra le 23 juin 2016. L’événement ne concernera pas seulement que l’Union européenne, ce sera également une opportunité de donner son verdict à David Cameron ainsi qu’à son gouvernement pourri.Éditorial du Socialist, hebdomadaire du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au pays de Galles)
La victoire de la sortie de l’Union européenne porterait un coup mortel au gouvernement qui pourrait conduire à la convocation de nouvelles élections générales et à la chute des conservateurs détestés actuellement au pouvoir. Voter ‘out’ est particulièrement important.
David Cameron a mis son destin en jeu dans cette bataille entre forces pro et anti Union européenne, de même que d’autres ministres du camp du ‘in’ comme George Osborne et Theresa May. Même s’ils remportent la victoire à une marge étroite, leur autorité sera gravement endommagée. En outre, d’intenses luttes intestines vont déchirer le parti conservateur quel que soit le résultat final.Les masques sont tombés dès l’annonce du référendum. Le maire conservateur de Londres Boris Johnson a pris le camp du ‘out’, ce qui constitue un revers significatif pour Cameron. L’écrasante majorité de la base du parti Tory veut également soutenir le ‘out’, plus environ 120 députés conservateurs, un nombre à peine plus court que les 129 qui, aux dires du Daily Mirror, veulent voter pour rester au sein de l’UE.
C’est une grave erreur pour Jeremy Corbyn et le Parti travailliste de soutenir le rester dans l’UE alors que ce vote pourrait conduire à la chute du gouvernement conservateur, déjà dans les cordes. Ils doivent changer de cap et aider à faire tomber Cameron & Co afin que des élections générales puissent être convoquées.
Cette campagne doit durer quatre mois, David Cameron va tirer toutes les ficelles qu’il peut, y compris en demandant le soutien des chefs de gouvernement à travers le monde, des États-Unis à la Chine. Les politiciens capitalistes des deux côtés du débat jouent sur la peur et les menaces, et nous ne sommes pas encore au paroxysme de ces manœuvres. Le spectre d’une plus grande vulnérabilité au terrorisme a été soulevé par les ministres Iain Duncan Smith et Michael Gove dans le cas où l’adhésion à l’UE était confirmée, David Cameron utilisant le même argument en cas de Brexit. Mais tous ceux-là soutiennent le bombardement de l’Irak et de la Syrie qui alimente le fléau du terrorisme.
La classe des travailleurs n’a aucun intérêt commun avec ces politiciens capitalistes favorables à l’austérité, qu’ils soient pour ou contre l’adhésion à l’UE. Tout en se distançant fortement des positions nationalistes et pro-capitalistes des conservateurs opposés au maintien dans l’Union et du parti populiste de droite Ukip, le mouvement des travailleurs a besoin de faire entendre sa propre voix contre l’UE dans ce référendum, de s’opposer au club patronal que représente l’UE et de lutter pour les intérêts des gens ordinaires en Grande-Bretagne et en Europe.
L’inquiétude des capitalistes
Face à l’inquiétude croissante de nombreux capitalistes britanniques à la perspective de leurs intérêts minés par le Brexit, David Cameron a désespérément obtenu des concessions de dernière minute à Bruxelles qui pourraient aider à soutenir un vote pro-UE. Mais ses gesticulations politiques et les concessions très limitées qu’il a acquises des 27 autres chefs de gouvernement de l’UE ont peu fait pour changer les choses.
Il a obtenu un accord partiel concernant une attaque contre les allocations de travailleurs de l’UE qui travaillent en Grande-Bretagne et a affirmé que le Royaume-Uni aura désormais un «statut spécial» dans les futurs traités de l’UE, en plus des dérogations déjà existantes. Mais il a été signalé que la chancelière allemande Angela Merkel aurait mis en garde David Cameron que les exceptions pour la Grande-Bretagne dans les traités futurs pourraient ne jamais voir le jour dans la pratique. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a quant à lui réaffirmé: “Il n’y aura pas de révision des traités, aucun droit de veto pour le Royaume-Uni sur le renforcement de la zone euro et aucune remise en cause du principe de libre circulation”.
Mais le référendum ne concernera pas principalement l’accord obtenu par Cameron mais bien l’UE dans son ensemble. Partout en Europe, les tensions entre les classes dirigeantes représentent beaucoup plus que les exemptions demandées par le gouvernement britannique. L’économie des 19 pays de la zone euro stagne en dépit des bas prix de l’énergie, d’un taux d’intérêt négatif et d’un assouplissement quantitatif massif de la part de la Banque centrale européenne.
Cette impasse a conduit à une croissance du nationalisme et des division sur l’ampleur et la répartition des mesures d’austérité brutales que l’UE a tenté de mettre en œuvre et, plus récemment, sur la crise des réfugiés, entre autres questions. L’UE est loin d’être un véhicule pour l’amélioration des droits des travailleurs, comme de nombreux dirigeants du Parti travailliste et des syndicats l’ont défendu en Grande-Bretagne et ailleurs. L’UE est une machine qui vise à imposer une vicieuse austérité qui détruit les services publics et augmente le chômage. La population ordinaire de Grèce , d’Espagne ou du Portugal peut en témoigner.
Les règles de l’UE ne sont d’aucune utilité pour les gens ordinaires. Elles ont été adoptées pour égaliser le terrain de jeu des grandes entreprises plutôt que pour tenter d’améliorer la vie de la population. Ainsi, la libre circulation des travailleurs a surtout aidé les patrons à mettre pression sur les salaires et conditions de travail, cela ne visait pas à défendre les intérêts des travailleurs et d’assurer l’élévation de leur niveau de vie par-delà les frontières.
Les normes européennes servent d’écran de fumée pour mieux cacher le fait que les politiques de l’UE sont conçues pour servir les intérêts des entreprises et lutter contre la propriété publique, contre les conventions collectives de travail, contre la régulation et contre les interventions de l’État.
L’UE est essentiellement une association des classes capitalistes européennes sur base de traités qui réduisent les obstacles à leur soif de profits et facilitent leur concurrence avec d’autres blocs commerciaux à l’échelle mondiale.
Cependant, les économies européennes n’ont pas été en mesure de surmonter les limites du développement de la production capitaliste sur la base de la propriété privée dans les Etats-nations, et elles ne le seront jamais. Parallèlement, elles font face à l’obstacle insurmontable d’une économie mondiale qui souffre partout de surcapacité de production.
Jeremy Corbyn… et le GMB
Jeremy Corbyn et d’autres à gauche ont eu tort de céder à la pression de l’aile droite du Parti Travailliste et à l’argument selon lequel l’UE est avantageuse pour les travailleurs. Ils ont ainsi préconisé de vote pour rester dans l’UE. Une des conséquences de cette erreur est que la campagne référendaire de Corbyn et les autres sera de nature à améliorer les chances de victoire pour Cameron et pour la poursuite de la politique d’austérité des conservateurs.
Les dirigeants syndicaux se trompent aussi avec leur regardant du côté d’une «Europe sociale» afin de les aider à contrer les attaques antisyndicales et anti-ouvrières d’un gouvernement de droite comme celui de David Cameron. Un futur gouvernement britannique élu sur base du programme anti-austérité défendu par Corbyn alors qu’il menait campagne pour arriver à la tête du Parti Travailliste serait directement confrontée au caractère anti-travailleurs de l’UE.
Le syndicat GMB (General workers’ union) a publié un communiqué de presse déclarant son souhait de rester dans l’UE, sous le motif que l’exploitation des grandes entreprises “est totalement stoppable. Non pas en votant pour quitter l’UE, mais en exigeant un retour à [la] vision d’une Europe sociale.” Mais qui à qui destiner cette exigence? Comment peut-on la concrétiser ? Il n’y a pratiquement pas de responsabilité démocratique dans l’UE. Les décisions sont prises par le Conseil européen – composé des chefs de gouvernement des 28 pays – et par la Commission européenne qui est en grande partie nommée plutôt qu’élue. Le Parlement européen et ses 751 députés sont presque impuissant.
Plutôt que d’entrer en lutte pour oeuvrer à la tâche futile de «démocratiser» l’UE, l’attitude de la classe des travailleurs à travers l’Europe penche de plus en plus dans le sens du rejet de cette institution lointaine, bureaucratique et responsable.
Comme l’a écrit Andrew Rawnsley dans le dernier numéro du Sunday’s Observer, les attitudes sont maintenant très éloignées de ce qu’elles étaient lorsque les politiciens du gouvernement avaient remporté le référendum de 1975 sur l’Europe: “Une grande partie de l’ancienne référence aux «figures d’autorité» s’est évaporée.Nous sommes dans un âge de colère, caractérisé par une aliénation généralisée et profonde de l’établissement.” Il a ajouté: “Le référendum pourrait être un bâton avec lequel donner une claque satisfaisante aux fesses de l’élite politique.”
Le Financial Times a rapporté que certains hommes politiques pro-européens se demandent si soulever le spectre d’un effet domino du Brexit – à savoir, la désintégration rapide de l’ensemble de l’UE – ne pousserait justement pas les à voter pour ça à la place de les effrayer!
Certains conservateurs anti-UE feignent soudainement de se préoccuper des personnes touchées par l’austérité. Le secrétaire à l’éducation Gove – détesté des enseignants pour avoir approfondi la privatisation du secteur et avoir lancé des attaques contre les conditions de salaires et de travail – a ainsi déclaré cette semaine avec hypocrisie que : «L’euro a créé la misère économique pour les personnes les plus pauvres de l’Europe.»
La seule manière de combattre ce genre de monstrueuse duplicité, c’est de construire une campagne indépendante, basée sur la classe des travailleurs, afin de lutter contre l’Union européenne capitaliste et pour offrir la meilleure couverture médiatique à cette approche.
Tout en appelant à un vote ‘out’, le Socialist Party reconnaît que pour la classe ouvrière et la classe moyenne, le fait que la Grande-Bretagne soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Union européenne n représente aucune solution. Aucune de ces deux options n’est non plus une solution pour la population à travers l’Europe.
Seule la solidarité internationale des travailleurs avec les luttes et les combats des uns et des autres pour une confédération socialiste démocratique du continent peut créer les bases pour une société qui transformerait la vie de l’écrasante majorité de la population.
-
[VIDEO] Référendum britannique sur l'UE: que doivent en penser les marxistes ?
Lors du weekend 'Socialisme 2015' qui a pris place à Londres en novembre de l'an dernier, une discussion avait été organisée au sujet du référendum prévu en Grande-Bretagne concernant l'Union européenne. Notre camarade Hannah Sell y a développé l'approche défendue par notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles, le Socialist Party.
-
Grande-Bretagne. La police a infiltré le Socialist Party
Hier, les sites internet du Guardian et de la BBC ont dévoilé hier que «Carlo Neri», tel que nous l’avons connu, a infiltré le Socialist Party de 2001 à 2006 pour le compte la Metropolitan Police’s Special Demonstration Squad (SDS, équipe spéciale d’intervention en manifestation de la police métropolitaine). Ce n’est malheureusement pas surprenant.
Déclaration de presse du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)
C’est très loin d’être la première révélation de ce type. En 2013, Peter Francis a révélé qu’il a également infiltré le Militant Labour, organisation qui est aujourd’hui le Socialist Party (et constituait à l’époque l’aile marxiste au sein du Parti Travailliste, NDT) au nom de la SDS. Francis a également admis avoir infiltré Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le racisme en Europe), une organisation de jeunesse démocratique dans laquelle nous avons été impliqués.
D’autres preuves des tentatives répétées visant à espionner le Socialist Party ont été révélées en 2002 dans un documentaire de la BBC (intitulé “True Spies”) qui avait mis en lumière que la police du West Midlands avait espionné Dave Nellist, qui est toujours aujourd’hui membre du Socialist Party, au moment où il était député du parti travailliste en tant que Militant Labour.
Lois Austin, membre du Socialist Party et porte-parole de Youth against Racism in Europe (YRE) et membre de la Commission d’enquête Pitchford sur les infiltrations policières :

Une des nombreuses actions menées par YRE « Ce n’est là que la dernière de toute une série de scandales ayant révélé que la police a utilisé ses ressources afin d’infiltrer des organisations de gauche démocratiques. Une des principales campagnes de YRE concernait le meurtre de Stephen Lawrence (un assassinat qualifié d’être « l’un des plus évidents meurtres raciaux jamais résolu », NDT). Il a fallu 18 ans à la police pour condamner ses meurtriers (une enquête publique suite à ces évènement conduite sous la supervision du juge Macpherson en vint à conclure que la police était « institutionnellement raciste », NDT) mais nous voyons maintenant qu’elle consacrait ses ressources à l’espionnage de militants antiracistes, y compris en essayant de couvrir de boue la famille endeuillée de Stephen Lawrence.
« En agissant de la sorte, la police a causé une détresse indicibles aux familles dont le nom des enfants décédés ont été utilisés par les agents infiltrés ainsi qu’aux femmes qui ont construit des relations avec ces hommes qui, à leur insu, étaient en réalité des agents de police sous couverture.
« Il n’y avait aucune raison d’infiltrer YRE ou Militant Labour. Nous avons publiquement annoncé nos évènements, la police n’avait qu’à lire nos tracts et nos journaux ou à assister à nos réunions publiques pour savoir ce qui se passait. »
L’ancien député Dave Nellist a ajouté :

L’ancien député de Coventry Dave Nellist « Quand sont apparues ces révélations concernant l’espionnage de la police, le gouvernement s’est vu forcé de réagir en mettant en place la Commission d’enquête Pitchford sur l’espionnage policier. Cela est le bienvenu, mais c’est insuffisant.
« La Commission d’enquête de Lord Pitchford devra passer outre les tentatives de masquer la réalité. Il est injustifiable que des policiers infiltrés aient espionné un député démocratiquement élu en raison de sa défense d’opinions de gauche. Nous exigeons de connaître les noms de tous les agents « sous couverture », c’est la seule manière de découvrir la pleine mesure de ce qui s’est produit.
« Nous exigeons également que le mandat de la Commission d’enquête soit étendu à l’Ecosse.
« Mais à côté de cette Commission d’enquête, le mouvement des travailleurs et les syndicats doivent organiser leur propre enquête indépendante, composée de représentants du mouvement syndical et des groupes antiracistes et écologistes qui ont subi des infiltrations. Une telle enquête pourrait également aller au-delà du rôle de la police et aussi déterminer d’où provenaient les ordres et quel a été le rôle du gouvernement lui-même.
« Nous refusons de dire que de telles infiltrations sont choses du passé. La surveillance des manifestants pacifiques a considérablement augmenté dans la période récente. Nous exigeons de savoir ce que les Carlo Neris d’aujourd’hui sont en train de faire.
«Aujourd’hui, une nouvelle génération commence à s’impliquer dans des campagnes contre l’austérité, contre le racisme et contre la guerre. Quelle que puisse être l’ampleur des infiltrations policières, cela ne pourra pas empêcher ce fait. La remise en cause des intérêts que servent la Loi et la police, au côté de revendications visant à les rendre démocratiquement responsables, sera un aspect important des campagnes actuelles et futures. »
-
Seule l’unité des travailleurs peut mettre fin au terrorisme, aux divisions et à la guerre
Les atrocités commises par l’Etat Islamique (Daesh) à Paris le vendredi 13 novembre sont l’une des pires attaques commises en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Il y a dix mois, les attaques menées contre Charlie Hebdo et un supermarché casher avaient suscité choc et indignation. Ces derniers meurtres déplorables ont abasourdi et consterné la population en raison du plus grand nombre de victimes et de la nature plus aveugle des attentats. La jeunesse de sortie le vendredi soir a particulièrement été touchée.Par Jenny Brooks, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)
Il s’agissait de la quatrième attaque terroriste liée à Daesh en deux semaines à peine, la suite des 224 décès de l’avion russe et des attentat-suicides de Beyrouth et Bagdad qui ont tué 61 personnes.
Daesh veut cibler les pays ou les communautés opposées à son existence et à son développement, y compris parmi les musulmans. Les récentes attaques sur des Français et des Russes ont été justifiées par Daesh en raison des frappes aériennes lancées par ces deux pays en Syrie. Des gens ont donc été aveuglément abattus pour les crimes commis par leurs gouvernements, ces derniers n’agissant qu’en fonction de la défense des intérêts des classes dirigeantes.A la suite de ces attaques, François Hollande a déclaré l’état d’urgence et ordonné une nouvelle offensive, de plus grande ampleur, pour bombarder la ville de Raqqa en Syrie, qui est aux mains de Daesh, avec l’assistance des États-Unis. Leurs missiles de haute technologie qui infligent sans distinction une terreur de masse ainsi que nombre de décès et de blessés parmi les civils et les membres de l’organisation terroriste ne pourront pas prévenir que d’autres attaques terroristes soient commises en Occident.
La situation catastrophique actuelle en Afghanistan et en Irak, avec l’émergence de Daesh en Irak et e Syrie, découle directement de la «guerre contre le terrorisme» lancée par George Bush après les attentats du 11 septembre 2001.Lorsqu’il s’est vu confronté à une révolte populaire de masse contre sa dictature en 2011, le président syrien Assad a volontairement attisé les tensions sectaires selon le principe de «diviser pour régner». Tout en s’opposant à Assad, les puissances occidentales craignaient également les soulèvements de masse qui ont pris place au Moyen Orient et en Afrique du Nord et menaçaient les régimes qui leurs sont dévoués. De même que leurs alliés réactionnaires des pays du Golfe, elles ont financé et armé l’opposition djihadiste à Assad. Cela a soutenu le développement de Daesh, avec l’exploitation des divisions sectaires et le sort des masses sunnites en Syrie et en Irak, jusqu’à ce que cette organisation contrôle aujourd’hui un territoire égal à la superficie de la Grande-Bretagne.
Les bombardements des puissances impérialistes occidentales (et des forces d’Assad) aident Daesh à recruter à mesure que les images d’enfants déchirés par les missiles circulent au Moyen-Orient et dans le reste du monde. Pourtant, le discours révoltant de nombreux politiciens et médias capitalistes – dont cette semaine le journaliste Patrick Cockburn habituellement plus astucieux – affirme que Daesh ne peut être vaincu que par plus de bombardements militaires.
Parmi eux se trouve David Cameron, qui depuis longtemps désire que les bombardements britanniques des positions de l’Etat Islamique en Irak soient élargis à son territoire syrien. Ce qui le retient encore, ce sont les divisions qui existent au sein de la classe dirigeante quant à la stratégie à adopter ainsi que le souvenir de sa défaite humiliante de 2013 au Parlement, quand il avait été empêché de bombarder les forces d’Assad. Il avait cependant autorisé l’assassinat par drone de deux djihadistes britanniques en Syrie en septembre et, maintenant, les attentats de Paris pourraient être instrumentalisés pour tenter de construire un soutien pour de nouvelles incursions.
Le président nouvellement élu du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a correctement argumenté contre les bombardements en Syrie en disant que cela n’apporterait que plus de chaos et qu’il est nécessaire de se poser des questions au sujet de ce qui alimente le conflit : « Qui arme l’Etat Islamique ? Qui assure qu’il puisse disposer de ports sûrs? Pour répondre, il faut poser demander qui vend des armes dans la région.»
Des terroristes «formés localement»
Les auteurs des attentats de Paris comprennent des terroristes français et belges. Comme David Gardner l’a souligné dans le Financial Times: «Même si une majorité solide des musulmans sunnites sont hostiles à l’Etat Islamique, les djihadistes ont encore deux grandes sources de recrues potentielles : les réfugiés désespérés aux frontières de la Syrie et les musulmans mécontents en Europe.»
La France comprend la plus grande population musulmane d’Europe occidentale et elle a connu le plus grand exode d’un pays européen pour rejoindre les rangs djihadistes (plus de 1500 personnes). Concentrée dans les grandes cités des banlieues, la jeunesse musulmane française souffre de discriminations racistes, nombreux sont ceux qui se sentent aliénés et plus de 40% des jeunes musulmans sont au chômage. En Belgique, il existe aussi un taux de chômage élevé, de même qu’en Grande-Bretagne.
Ce sont l’inégalité, le racisme, les guerres et le manque d’opportunités dans le système capitaliste qui sont derrière la «radicalisation» islamique en France. Le Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI) a estimé que 80% des citoyens français ayant des croyances «islamistes radicales» proviennent de familles non-religieuses.
En Europe, l’Etat Islamique se nourrit des griefs et de la colère légitimes, particulièrement chez les jeunes musulmans. Son objectif est de diviser les communautés à travers la prédication d’un absolutisme religieux et en utilisant la terreur dans le but de renforcer sa base de soutien et sa fortune. Au plus ses attaques conduisent les politiciens de droite et d’extrême-droite à pointer du doigt tous les musulmans et les réfugiés, au plus il peut utiliser le mécontentement de la population musulmane.
Contrer la menace terroriste
Il est impossible que les puissances impérialistes parviennent à complètement détruire l’organisation djihadiste. Son affaiblissant sous les coups militairement portés ne sera pas de nature à dissuader de nouveaux djihadiste et groupes sectaires, comme cela se passe à travers le monde de toute façon. Vaincre Daesh ne peut être que le fait de la classe ouvrière et des pauvres en Irak et en Syrie. Ils doivent lutter ensemble au-delà des divisions sectaires contre toutes les forces réactionnaires locales, contre toutes les formes d’oppression et contre les forces réactionnaires plus éloignées.
Le terrorisme ne sera pas bloqué par les mesures de «sécurité» et de surveillance des autorités. Les cibles potentielles sont beaucoup trop nombreuses. En Grande Bretagne et en France, des appels sont lancés pour accroître les pouvoirs de l’armée. Cela sera par la suite utilisé contre les luttes sociales et les actions ouvrières.
La déclaration d’Etat d’urgence en France, y compris avec interdiction des manifestations de masse, est une mesure bien commode pour Hollande dans la mesure où beaucoup de personnes sont en colère contre lui à la suite de ces attaques et que son soutien baisse. Malheureusement, une importante partie de ces critiques ont été le fait de l’impact des attaques de la droite et de l’extrême droite, qui essayent de capitaliser sur ces attaques terroristes, plutôt que de l’action de la gauche. La défense d’une alternative socialiste n’a pourtant jamais été plus urgente.
En France, en Grande-Bretagne et ailleurs, le mouvement des travailleurs a besoin de développer ses positions sur base d’une indépendance de classe, en fonction de ses propres intérêts et en totale indépendance des intérêts et de l’hypocrisie des gouvernements capitalistes et des classes dirigeantes. Cela doit comprendre l’unité d’action des travailleurs contre le terrorisme, les guerres et le système capitaliste lui-même, un système de plus en plus marqué par les inégalités et par son incapacité à satisfaire les besoins de l’écrasante majorité de la population.
La transformation socialiste de la société est non seulement souhaitable, mais aussi est de vie ou de mort pour certains, comme les évènements de Paris le montrent tragiquement. La meilleure riposte est de rejoindre la lutte pour l’organisation démocratique des travailleurs et pour la défense des idées socialistes, ce à quoi sont engagées toutes les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière.




