Tag: Grande-Bretagne

  • Soutenez les grévistes de Laura Ashley !

    La Société Laura Ashley utilise la récession comme prétexte pour augmenter ses bénéfices et écraser les droits des travailleurs. Ce conflit a commencé il y a onze semaines, quand 22 employés ont été licenciés inutilement de l’entreprise Laura Ashley, pourtant très rentable.

    Par Jimmy Dignam, Dublin

    Il a donc été décidé que le principal magasin, au centre de Dublin, fermerait ses portes, Disney ayant acheté le bail de location des lieux pour une somme astronomique qu’on croit être comprise entre 600.000 euros et 900.000 euros. Au début, la compagnie a promis à ses employés que leurs postes seraient sauvegardés et qu’ils seraient transférés dans d’autres succursales. Deux semaines plus tard, Laura Ashley leur a toutefois déclaré qu’ils devraient postuler pour ces postes, comme tout le monde. Plusieurs employés travaillaient pour la compagnie depuis plus de dix ans: des employés loyaux qui travaillent pour des bas salaires et sous des conditions de travail difficiles.

    Malgré des bénéfices publiés de 10,5 millions de livres sterling pour les seuls 6 premiers mois de l’année 2010 en Irlande et Grande Bretagne uniquement, la société n’a offert aux licenciés que le minimum requis par la loi en terme de primes de licenciement, soit 2 semaines de salaire pour chaque année de service. Depuis cette offre, l’entreprise Laura Ashley a adopté une politique antisyndicale en refusant de négocier avec Mandate (le syndicat de ces travailleurs) et en ne tenant compte ni de la sauvegarde des postes ni de l’amélioration des conditions de licenciements.

    Depuis quelques semaines, les grévistes ont décidé d’augmenter leurs actions de piquet devant le plus de magasins possible à travers l’Irlande, ainsi que de poursuivre la tenue du piquet devant le magasin le plus rentable de Dublin Ouest. Cette lutte, par des travailleurs parfois debout durant des heures par grand froid, représente bien plus qu’une simple action revendicative pour obtenir de meilleures conditions de licenciement pour eux mêmes, il s’agit d’une lutte qui doit inspirer tous les travailleurs du secteur de la distribution qui travaillent pour de bas salaires et dans des conditions difficiles.

    Ce conflit est l’un des pires exemples de traitement insensible des travailleurs ces dernières années en Irlande, et nous demandons à chacun de soutenir ces grévistes en boycottant tous les magasins de Laura Ashley jusqu’à ce qu’une solution adéquate soit adoptée.

  • Luttons contre les assainissements sur tous les front!

    Des syndicats combatifs et démocratiques et un nouveau parti des travaill eurs, voilà ce dont nous avons besoin !

    Le système a tremblé sur ses bases sous le choc de la pire crise du capitalisme depuis la deuxième guerre mondiale. Pendant une brève période, la chute de l’économie mondiale, la ‘‘Grande Récession’’, a supprimé une bonne part des profits des patrons. Des entreprises multinationales renommées, comme General Motors, et des dizaines de grandes banques ont flirté avec la faillite. Le terme de ‘‘socialisme pour les riches’’ est apparu au moment où les différents Etats ont allongé des milliards d’euros pour sauver la peau des industriels et des banquiers, menacé par la crise de surproduction et l’explosion des bulles spéculatives.

    Par Jan Vlegels, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    La facture a été livrée à ceux qui gèrent l’Etat, les laquais politiques du patronat. En 2009 déjà, les banques et les grandes entreprises ont déjà recommencé à réaliser des profits records, alors que les Etats les plus touchés (la Grèce, l’Irlande, les Etats baltes,…) ont rapidement fait face à des plans d’austérité draconiens. Là où restait un peu plus de marge, surtout dans les grandes puissances traditionnelles et leur périphérie directe, il semblait qu’on voulait surtout relancer la production avec des mesures de stimulation de l’économie avant de sabrer dans les conditions de vie et de travail de la population. Le calme n’a duré que peu de temps avant la tempête.

    Dans la plupart des pays européens, les grandes vacances ont été la période de préparation pour l’épreuve de force inévitable avec la classe ouvrière. Les mois qui ont suivi, d’immenses paquets de mesures d’austérité ont été rendus publics. Malgré la menace, plus que probable, de l’arrivée d’une ‘‘double dip’’ (une rechute de l’économie notamment basée sur une demande trop fiable), les gouvernements ont attaqué les moyens des ménages.

    La confrontation avec la classe des travailleurs est inévitable, même en Belgique où la bourgeoisie essaie généralement d’éviter une telle attaque frontale et où l’offensive patronale a déjà du retard à cause de la crise politique.

    Augmentation de l’âge de la pension, augmentation de la TVA, démantèlement des services publics, privatisations, accroissement du contrôle des chômeurs, multiplication du minerval des universités,… L’impact de telles mesures sur la vie des travailleurs est incalculable. On serait découragé pour moins que ça, et c’est d’ailleurs le pari des capitalistes européens : écraser tout le monde sous l’austérité et espérer que les masses se redressent trop tard. Bien que ce ne soit pas totalement dénué de fondement – dans un certain nombre de pays, il n’y a provisoirement pas encore de mouvements de résistance généralisés -, les premières réactions du mouvement ouvrier européen nous renforcent dans la conviction que le ‘‘pari’’ de la bourgeoisie s’avérera perdu : des actions de grande envergure ont déjà eu lieu en France, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Irlande, en Grande-Bretagne,…

    Petit à petit, il deviendra clair pour tout le monde, y compris la bourgeoisie, que la classe ouvrière européenne ne va pas accepter l’austérité sans combat. Nous pouvons nous attendre à une intensification des luttes dans la période à venir. Il n’est cependant pas garanti que ces mouvements conduisent directement à des victoires au vu des difficultés déjà présentes dans les premières phases de protestations.

    Partout, les directions syndicales évitent d’organiser efficacement la résistance, aucune stratégie claire avec un plan d’action n’est mise en avant. Cela, en combinaison de l’absence d’une traduction politique de cette résistance, est un sérieux handicap pour le mouvement ouvrier dans la construction de son rapport de forces.

    La création de nouveaux partis des travailleurs – basés sur des membres actifs et ouverts à tous les courants présents dans le mouvement ouvrier – sera cruciale pour lutter contre la bourgeoisie sur le plan politique. Il nous faut aussi défendre la démocratisation des syndicats et appeler les directions syndicales à organiser la résistance, en mettant entre autres en avant l’organisation d’actions européennes, comme une grève générale européenne.

  • Nous ne voulons pas payer leur crise: Pour un plan d’action vers une grève générale

    Partout en Europe, les gouvernements lancent un assaut frontal contre le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles. En Belgique, nous sommes encore en retrait de ce processus, surtout parce que notre pays a pu profiter d’une croissance limitée dans le sillage de l’Allemagne. Mais cela aura une fin, la crise frappera à nouveau impitoyablement, et le prochain gouvernement procèdera à l’élaboration d’un programme d’austérité.

    Par Geert Cool

    Pour les capitalistes et les grands banquiers, la crise est déjà passée, ils renouent à nouveau avec les profits en faisant supporter le poids de la crise par la collectivité. Cette logique est faite d’attaques contre les acquis du mouvement ouvrier. En bref, nos conditions de vie, de travail, nos salaires, nos services publics,… sont sous pression alors que les riches n’ont jamais été aussi riches !

    Dans les différents pays européens, il est nécessaire de résister aux plans d’austérité et de renforcer la lutte. Ces derniers mois, plusieurs grandes mobilisations se sont déroulées (voir cadres). Mais ces protestations ne suffisent pas encore à faire émerger une autre politique que celle des patrons. Il est important que le mouvement ouvrier prenne sa lutte en mains, tant sur le plan syndical que politique. Nous avons besoin de syndicats combatifs et démocratiques, de même que de notre propre instrument politique afin de briser l’omniprésence de partis qui sont tous favorables aux plans d’austérité.

    L’establishment tout entier s’accorde à vouloir nous faire payer la crise. Cela, nous ne l’acceptons pas et nous voulons construire un rapport de forces pour non seulement contester la logique actuelle des partis traditionnels, mais aussi la stopper. La journée d’action européenne du 29 septembre dernier était un bon premier pas en ce sens, mais hélas sans une suite de la même ampleur. La mobilisation pour la nouvelle journée d’action de la Confédération Européenne des Syndicats du 15 décembre était considérablement plus limitée.

    Manifester de temps à autre ne suffira pas. Nous avons besoin d’un plan d’action démocratiquement élaboré pour aller en direction d’une grève générale de 24 heures organisée à l’échelle européenne. Cela toucherait les capitalistes là où cela leur fait mal: au portefeuille ! Faire grève partout en Europe renforcerait la résistance au niveau national et pourrait compter sur une grande solidarité. Qu’attendent encore les syndicats pour lancer un tel mot d’ordre lors de la journée d’action du 15 décembre ?

    La politique d’austérité va à l’encontre des intérêts de la majorité de la population. Cette majorité doit commencer à prendre les choses en main. Lorsqu’une telle chose se produit, les possibilités d’obtenir de véritables changements deviennent réelles. En organisant notre lutte et en l’orientant vers le renversement de ce système capitalisme en faillite totale, nous pourrons construire cette alternative socialiste qui nous est tellement nécessaire !


    Grande-Bretagne. Plus de 50.000 étudiants dans les rues le 9 novembre dernier contre le triplement des frais d’inscription à 9.000 £ (10.500 euros).

    Irlande. Début novembre, plus de 30.000 étudiants ont manifesté à Dublin contre le doublement des frais d’inscription (dorénavant jusqu’à 3.000 euros par an).

    France. Deuxième partie de 2010, 8 journées d’actions se sont déjà déroulées, avec de très grandes manifestations contre la réforme des pensions du gouvernement de Sarkozy. 70% des Français se sont dit solidaires du mouvement. A suivre…

    Portugal. 50.000 manifestants à Lisbonne et 20.000 à Porto le 29 septembre. Grève générale le 24 novembre.

    Allemagne. Quatre mobilisations en 10 jours à Stuttgart, en réaction à un projet de prestige local. La manifestation du 9 octobre comptait 150.000 participants, dans une ville de 600.000 habitants.

    Belgique. 100.000 manifestants lors de la journée d’action européenne du 29 septembre, avec de grandes délégations issues de France et d’Allemagne.

    Grèce. Six grèves générales en moins d’un an, suivies de mobilisations dans presque tous les secteurs. Une nouvelle grève générale se prépare pour le 15 décembre.

    Italie. Plus de 500.000 manifestants le 16 octobre à Rome, suite à un appel de la FIOM, le syndicat combatif des métallos.

    Espagne. Dix millions de grévistes et 1,4 millions de manifestants le 29 septembre.

  • Conférence Nationale des Etudiants de Gauche Actifs: se préparer pour les luttes à venir

    Le jour même où se tenait cette conférence, Le Soir publiait un article expliquant que le chômage avait augmenté de 10,6% durant le premier semestre 2010. Pour les jeunes, il s’agit de 12,8% d’augmentation ! A Bruxelles, le taux de chômage pour les moins de 25 ans a atteint les 44,2% pour le second trimestre 2010… Cette Conférence Nationale tombait donc à point nommé pour faire l’évaluation de nos campagnes, et notamment de notre implication dans les Jeunes en lutte pour l’emploi.

    Dans la capitale, le chômage des jeunes est au niveau le plus haut depuis 12 ans. Et encore, ces chiffres issus du ministère de l’Economie ne mentionnent qu’un nombre de 406.000 chômeurs. Selon l’économiste Philippe Defeyt, en intégrant d’autres couches comme les chômeurs âgés, on arriverait au-delà des 750.000 chômeurs en 2010, et le Bureau du Plan a prévu que le cap des 800.000 chômeurs serait atteint en 2011 (soit un taux de chômage de plus de 15%).

    La crise du capitalisme frappe donc véritablement les jeunes de plein fouet. A côté du chômage de masse, il reste la multiplication des emplois précaires, des contrats temporaires, des intérims,… L’avenir réservé à la jeune génération actuelle est des plus sombre.

    Au-delà de l’emploi, il est clair que le futur plan d’austérité qui ne manquera pas de toucher la Belgique s’en prendra notamment à l’enseignement. Nous avons vu en Grande-Bretagne le gouvernement mettre sur table des frais d’inscription triplé, à hauteur de 9.000 livres, soit 10500 euros! Ecoles, hautes écoles, universités, soins de santé, services sociaux,… A coups de restrictions budgétaires, on va tenter de nous faire payer la crise une seconde fois!

    Nous devons nous organiser et lutter contre ces plans et contre ce système basé sur la course aux profits. Partout en Europe, la résistance se développe, et nous avons vu ces derniers jours la plus grande grève générale de l’histoire du Portugal, plus de 100.000 personnes dans les rues de Dublin samedi dernier,… Cette vague de résistance arrivera aussi chez nous en réaction des projets d’austérité.

    De tout cela, il en a été question lors de cette journée, avec des ateliers consacrés à l’enseignement, à la lutte antiraciste et aux jeunes face à l’emploi. Une discussion en plénière à abordé le thème de la nécessité de s’organiser et une dernière discussion a concerné l’environnement et la manière de lutter contre le contre le capitalisme, en amenant clairement la perspective d’une société socialiste. Il ne suffit pas simplement de se dire anticapitaliste, la direction vers laquelle nous voulons aller doit clairement être établie, de même que les moyens pour y parvenir: la mobilisation de la classe ouvrière avec ses méthodes de grève générale, d’occupation d’entreprises,…

    Nous avons lancé EGA dans les écoles secondaires depuis un an. Dans l’enseignement supérieur, EGA a déjà construit de nombreuses campagnes: pour le droit de vivre dans un environnement sain; avec les Jeunes en lutte pour l’emploi; contre le racisme et les néofascistes avec la campagne Blokbuster pour les mobilisations anti-NSV (l’organisation étudiante du Vlaams Belang) et avec les JAF (Jeunes Antifascistes) du côté francophone; contre les assainissent dans l’enseignement,… Nous avons aussi participé aux élections étudiantes à Gand et à Bruxelles cette année. En tout, une cinquantaine de jeunes ont participé à cette journée et ont pu échanger leurs expériences.

  • Grande-Bretagne – ‘C’est seulement le commencement’ : Une manifestation étudiante massive exprime la colère face à l’austérité

    La colère des étudiants et des jeunes face aux propositions de coupes budgétaires dans l’enseignement et à la vicieuse augmentation des minerval est impossible à ignorer suite à la manifestation du 10 novembre dernier. Plus de 50.000 manifestants étaient présents, ce qui était la plus grande mobilisation de jeunes en 30 ans, et il était clair que, pour eux, il ne s’agissait là que d’un début.

    Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Des cars étaient venus des coins les plus reculés d’Ecosse, où l’augmentation des minerval n’a pas encore été introduite, et de partout en Grande Bretagne. Les slogans se déclinaient aux accents cockney, de Liverpool, Newcastle, Birmingham et Cockney. Parmi les quelques 52,000 étudiants présents, des délégations des plus importantes universités étaient présentes, avec t-shirts, pancartes et drapeaux officiels de leur université.

    Mais on notait aussi la présence de hautes écoles qui s’étaient organisés pour venire, certains se déclarant malades, d’autres séchant simplement les cours pour participer à la manifestation, et au moins un groupe est venu à la faveur d’un voyage scolaire qui a été en quelque sorte ‘détourné’ pour aller à la manifestation.

    La pourriture Tory

    Un groupe d’étudiants issu d’une haute école de l’Est de Londres a rejoint le cortège principal en criant en bloc "Pourriture Tory (la parti des conservateurs, NDLT), nous voilà!" Autour d’eux et à bien des endroits, on pouvait voir des banderoles artisanales. Souvent, la colère contre les projets du gouvernement s’exprimait en termes haut en couleur…

    Les Tories, les conservateurs, sont clairement considérés comme les ennemis. Si la menace d’un retour au Thatchérisme ne signifiait pas grand chose pour les jeunes qui n’avaient pas connu l’impact de la politique de la Dame de Fer (Margaret Thatcher a été Premier Ministre de Grande-Bretagne de 1979 à 1990), maintenant, c’est beaucoup plus concret. Une pancarte faisait référence aux slogans des années ’80 : "David Thatcher – education snatcher" (‘‘David Thatcher – braqueur de l’enseignement, en référence à David Cameron, Premier Ministre actuel). D’autres slogans illustraient encore que le discours de la coalition gouvernementale des conservateurs et des libéraux démocrates selon lequel ‘‘nous sommes tous dans le même bain’’ ne fonctionne pas. On pouvait ainsi voir des slogans comme "Classrooms not class war" (des salles de classe, pas la guerre des classes). Nick Clegg et les libéraux-démocrates étaient particulièrement le sujet d’attaques, comme ils avaient mené campagne avant les élections contre toute augmentation du minerval étudiant. On pouvait ainsi voir des pancartes portant: "Mr Clegg – you stole my vote" (M. Clegg – vous avez volé mon vote),…

    ‘La réponse la plus dramatique’

    Six mois seulement après les élections, le Guardian a qualifié la mobilisation de "plus large et plus dramatique réponse à l’austérité du gouvernement’’. Seuls les supers-riches ne seront pas affectés par ces mesures brutales.

    Les mesures concernant les logements sociaux menacent de mettre à la rue des centaines de milliers de locataires tandis que les restrictions dans les budgets des gouvernements locaux pour l’aide sociale aux adultes pourraient signifier que des centaines de milliers de personnes âgées n’auraient plus accès aux soins qu’elles méritent.

    Mais dans tout le paquet de mesures d’austérité, les coupes dans le budget de l’enseignement sont parmi les plus brutales et cruelles : le minerval va augmenter de 3.290 livres (3.874 euros) à environ 9.000 livres (10.500 euros) et 80% des dépenses dans la prestation des cours vont être supprimées.

    Ces attaques sont particulièrement lourdes de conséquences, même si la voie vers un enseignement à deux vitesses – un pour les riches, un autre pour les pauvres – avait été déjà clairement trace par le précédent gouvernement travailliste. Le précédent gouvernement du New Labour avait chargé Lord Browne, un ancien haut cadre de la multinationale pétrolière BP, pour revoir les fonds alloués à l’enseignement supérieur. Ces propositions étaient acceptables pour les millionnaires qui soutiennent le gouvernement de Con-Dem, mais pour peu d’autres personnes. Même un journaliste du journal pourtant pro-Tory London Evening Standard avait été forcé de condamner l’approche présentée dans le rapport Browne.

    Richard Godwin avait ainsi écrit: "Les politiciens semblent avoir difficile à concevoir que l’enseignement est une valeur en soi. Selon le rapport Browne, l’enseignement n’a de la valeur que parce que cela apporte ‘‘l’innovation et la transformation économique. L’enseignement supérieur aide à produire de la croissance économique, ce qui en retour aide la prospérité nationale’’."

    L’enseignement supérieur

    Dans ce contexte, les membres du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) et les autres militants qui ont fait campagne pour cette manifestation n’ont pas été surpris de l’affluence massive. Une grande variété d’opinions existe quant au type d’enseignement que nous devons avoir, mais les étudiants sont ouverts à la discussion. Une jeune femme a ainsi saisi une pancarte du Socialist Party (Fight the cuts – luttons contre les coupes) en disant ‘‘Je veux celui-là, il faut se battre contre ces coupes’’ tout en ajoutant directement ‘‘Mais je ne vois pas comment payer le budget de l’enseignement". Quand nous lui avons expliqué qu’environ 120 milliards de livres (140 milliards d’euros) disparaissent chaque année dans les poches des riches à cause de la fraude fiscale, elle était encore plus heureuse de défendre les slogans combatifs.

    Beaucoup d’étudiants considéraient également à la manifestation que cela n’était qu’un premier pas, la confiance rehaussée par la large participation à la manifestation.

    Les Socialist Students (les étudiants de nos camarades du Socialist Party, l’équivalent des Etudiants de Gauche Actifs en Belgique) ont distribué environ 10.000 tracts appelant à préparer des grèves et des protestations pour le mercredi 24 novembre, quand le gouvernement discutera du minerval.

    Malheureusement, le National Union of Students (NUS, un syndicat étudiant) n’a donné aucune stratégie de campagne pour la suite. Même s’il a coorganisé la manifestation, en sachant parfaitement que des cars arrivaient de tout le pays pour la manifestation, la direction du NUS, liée aux travaillistes du New Labour, ne semble pas prête à organiser une réponse de masse face aux attaques dans l’enseignement. Le site internet du NUS espérait que la marche serait terminée en 30 minutes, sans réaliser le moins du monde que des dizaines de milliers de manifestants, cela ne disparait pas comme ça des rues…

    Encadrement

    Cela a aussi signifié que l’encadrement à la manifestation était loin d’être adéquat – particulièrement à la fin. Comme ils n’ont pas levé le petit doigt pour lutter contre les attaques introduites par le précédent gouvernement travailliste, ils se retrouvent aujourd’hui avec bien peu d’expérience dans la façon d’organiser de grandes manifestations et d’y participer. D’autre part, les structures démocratiques du NUS ont été érodées, et les liens entre la direction et la base étudiante sont très ténus. Le président du NUS, Aaron Porter, qui a déclaré qu’il n’était pas fondamentalement opposé à une augmentation du minerval, a qualifié ‘‘d’ignobles’’ certaines manifestants à la Millbank Tower. Il a appelé les étudiants à "aller de l’avant", mais la stratégie du NUS se limite à dire aux dizaines de milliers de manifestants de simplement retourner derrière leurs ordinateurs et d’envoyer des emails à leurs parlementaires et à les visiter ‘‘en personne’’. Ce n’est pas encore de la protestation virtuelle, mais on n’en est pas loin!

    Au vu de l’ampleur des attaques, de la faillite de la direction du NUS à donner la moindre stratégie pour construire le mouvement et la campagne et de l’absence quasi-totale d’encadrement à la fin de la manifestation, il n’a pas été surprenant de voir certains trouver séduisante l’idée d’une occupation du QG des tories. Le Socialist Party considère les occupations comme une action légitime et comme un moyen important de construire le mouvement contre les assainissements, au côté d’autres tactiques. Pour être pleinement efficaces, ces occupations doivent être basées sur des décisions démocratiques et être organisées et encadrées autour d’une liste de revendications claires.

    Des décisions démocratiques

    Cela préviendrait l’arrivée d’actions comme celle d’étudiants jetant des objets du toit du QG des tories, ce qui était potentiellement très dangereux. De telles actions individuelles seraient stoppées par la volonté de la majorité, comme cela a été exprimé par les centaines d’étudiants qui ont demandé en criant d’arrêter de lancer des objets dans la rue. Cette occupation n’était pas une occupation organisée mais une protestation spontanée. De Chine où il était en visite, David Cameron a déclaré: "Ceux qui attaquent la police où brisent les vitrines et sassent la propriété enfreignent la loi et, oui, je l’espère, ces gens seront poursuivit. Ils doivent l’être." Les médias ont choisi de se concentrer sur l’occupation bien plus que sur l’action de masse de ces dizaines de milliers de manifestants en rue. Certains étudiants pensent qu’avec les medias capitalistes, c’est seulement l’occupation qui a permis d’assurer un minimum de couverture médiatique. Après tout, les 125.000 Tamouls qui ont manifesté contre le massacre de leurs pairs au Sri Lanka en 2009 n’avaient quasiment rien reçu comme attention dans la presse.

    Des millions de travailleurs et de jeunes qui font face à la violence des tories vont penser que les étudiants ont été ‘‘un peu trop loin’’, mais que quelques fenêtres cassées, c’est tout de même de la petite bière en comparaison des attaques du gouvernement, qui vont affecter la vie de centaines de milliers de personnes.

    La réelle violence

    Le Socialist Party approuve la déclaration des lecteurs de l’université Goldsmiths qui dit: "La réelle violence dans cette situation ne revient pas à ceux qui brisent des fenêtres, mais à l’impact destructeur des coupes budgétaires et des privatisations qui vont suivre si le minerval est augmenté et si les coupes budgétaires sont introduites."

    Dès l’élection de ce gouvernement, plusieurs commentateurs avaient prédit que ce gouvernement serait profondément impopulaire dans les six mois. Tout comme le Socialist Party l’avait lui-aussi déclaré, cette colère allait devoir trouver une expression dans la rue. Aux attaques, les travailleurs et leurs familles vont répondre par un appel à passer à l’action.

    Les étudiants ont ouvert la voie et ont permis à la colère largement ressentie dans la société de pouvoir s’exprimer. Le prochain pas requis est de construire un mouvement de masse déterminé et capable de stopper les attaques des Con-Dem en joignant à la jeunesse la puissance des organisations de la classe ouvrière.

    Une idée du potentiel dont dispose la classe ouvrière a été illustré par la récente grève des travailleurs du métro initiée par les syndicats RMT et TSSA à Londres : la capitale était à l’arrêt.

    Les étudiants doivent continuer à développer leur propre mouvement, sur base démocratique, mais doivent aussi le relier au mouvement syndical afin de construire la force qui sera suffisamment capable de stopper le gouvernement.

    Le Socialist Party déclare:

    • Le NUS doit fixer une prochaine date pour une nouvelle manifestation si aucun changement n’est observe dans la politique du gouvernement.
    • Soutenez la proposition du Socialist Students et de la campagne Youth Fight for Jobs day pour une journée d’action le 24 novembre.
    • Aucune attaque contre le droit de protester et aucune victimisation des étudiants impliqués dans les mobilisations !
    • Les dirigeants syndicaux doivent coordonner les actions des syndicats avec les organisations étudiantes pour appeler à une manifestation commune le plus vite possible, en tant que pas vers une grève générale de 24h du service public

  • [DOSSIER] Les grèves générales à nouveau à l’ordre du jour

    Ces dernières années ont véritablement été explosives pour le capitalisme mondial. On aurait bien peine maintenant à trouver un pays ou une région que l’on pourrait considérer comme stable, sous l’onde de choc de la crise et de ses répercussions : licenciements, développement d’un chômage de masse, coupes budgétaires,… mais aussi riposte des travailleurs. Et dans ce contexte réapparait aujourd’hui une des plus formidables armes de la classe des travailleurs : la grève générale.

    Dossier tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

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    La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61

    Dans les médias, quand on parle de mai ’68, on remarque régulièrement que cette révolte est réduite à un mouvement d’étudiants contestataires, plus intéressés par l’accès au dortoir du sexe opposé qu’à une réelle transformation de la société. Cette propagande cherche en fait à masquer la grève générale numériquement la plus grande de toute l’Histoire de l’humanité, avec quelques 10 millions de grévistes dans tout le pays (sur une population totale de 42 millions). Pourtant, quand on parle de la "grève du siècle", on se réfère à quelque chose d’autre ; la grève de l’hiver 1960-61 qui s’est déroulée en Belgique et a bloqué le pays entier cinq semaines durant.

    Laissons ici la parole à Gustave Dache, militant ouvrier qui a connu cette grève et y a récemment consacré un livre que nous publions et sur lequel nous reviendrons :

    "Ce combat, pour tous ceux qui y ont participé, est inoubliable. C’est la grève générale du ‘siècle’, la plus gigantesque qui ait été menée par les travailleurs de tout le pays. Cinq semaines de grève générale totale dans tous les secteurs, en plein hiver; il n’y a pas de précédent dans l’histoire du pays."

    "[Cette grève générale a été] l’extraordinaire démonstration de la puissante force de combat déployée par la classe ouvrière, renouant avec les traditions révolutionnaires capables de renverser la société capitaliste. Le fait qu’en 1960 et 1961, les travailleurs furent si proches de réussir dans leur tentative doit inciter tous les marxistes révolutionnaires à continuer la lutte et à répéter inlassablement ce qu’ils disent depuis longtemps que: les conditions historiques sont mûres pour la révolution socialiste. Ce qui manque cruellement aujourd’hui comme hier, c’est une direction véritablement marxiste révolutionnaire, audacieuse, prenant exemple et s’appuyant sur l’audace et la volonté de combat des masses en action dans les grands conflits de classe."

    ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61’’, par Gustave Dache, éditions marxisme.be, 354 pages, 15 euros Passez commande au 02/345.61.81 ou par mail à redaction@socialisme.be.

    L’année 2009 a notamment été marquée par la grève générale dans les Antilles françaises, initiée en Guadeloupe et, en Grèce, uniquement au cours de la première partie de cette année, 6 grèves générales se sont déroulées. On peut encore parler de la grève générale espagnole du 29 septembre et, dans les pays où il n’est pas encore question d’en organiser une dans l’immédiat, les discussions se développent avec plus ou moins d’ampleur autour de ce fantastique instrument de lutte.

    Pour l’instant, parmi la classe des travailleurs, il n’existe pas encore de conscience large de la nécessité de se diriger vers une société socialiste, où la production est orientée vers les besoins de la majorité de la population et non vers l’avidité d’une élite de parasites. Elle n’existe même pas encore dans un sens plus vague et plus large tel que rencontré dans les années 1970 et 1980. Si la colère est grandissante et que se développe le désir d’aller vers ‘autre chose’, les gens ne savent en général pas encore vraiment ce à quoi cette ‘autre chose’ peut se rapporter. Cela a bien entendu un impact sur la signification des grèves générales qui sont aujourd’hui plutôt vues comme une forme de protestation, de pression ou de menace, mais pas encore comme un moyen de renverser le capitalisme.

    Evolution de la conscience des masses et grève générale

    Mais il ne faut pas perdre de vue que l’Histoire n’évolue pas toujours au même rythme, de façon linéaire. Elle est au contraire parcourue de soubresauts. Parfois, le mouvement des travailleurs semble ne pas évoluer des décennies durant jusqu’à ce que, poussé par des luttes et l’intervention consciente des militants marxistes, il peut bien vite – en quelques semaines, parfois même en quelques jours – rattraper le retard sur la situation politique réelle. Actuellement, en Grèce, 41% de la population est en faveur de la nationalisation des banques et 32% défendent l’annulation des dettes. Mais, à côté des quelques centaines de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière sur place, aucune force ou parti n’est partisan de ces revendications, pas même Syriza (un parti plus large dans lequel la section grecque du CIO est active). Nous devons bien entendu tenir compte de la conscience existante parmi les masses, mais cela ne signifie en aucun cas que nous devons tout simplement refléter cette conscience. Nous devons trouver les moyens de faire graduellement émerger – pas à pas et en partant des besoins actuels – l’idée de la transformation socialiste de la société comme étant la seule issue possible.

    Les grèves générales ne sont pas partout à l’ordre du jour. Parfois, il est nécessaire de d’abord promouvoir l’idée d’une manifestation nationale en tant qu’étape vers une grève générale. Telle est la situation actuelle en Grande-Bretagne, en Belgique et dans un certain nombre de pays de l’Europe du Nord. En Grèce, les six grèves générales de la première partie de cette année ont illustré l’énorme colère présente dans le pays, mais également l’attitude des dirigeants syndicaux, qui ne vont pas assez loin. L’idée de comités de grève pour organiser la grève ne trouve pas encore d’écho. Au vu de la conscience existante actuellement parmi les masses, appeler à une grève à durée indéterminée serait prématuré, un tel appel serait erroné. Comme Friedrich Engels le disait : une grève générale est une arme très puissante avec laquelle il faut être prudent. Léon Trotsky, lui, remarquait que l’improvisation était inacceptable dans l’organisation d’une grève générale, surtout dans une grève à durée indéterminée qui, par définition, soulève la question de la gestion de la société. Pour l’instant, en Grèce, nous défendons la nécessité de grèves successives, par secteur ou par région, combinée avec des grèves générales de 48 heures. Cela pourrait stopper la société grecque sans perte de salaires des travailleurs.

    En Belgique, lors de la grande grève générale de l’hiver 1960-1961, des comités de lutte avaient paralysé la vie de la société civile. Ces comités sont le début d’une nouvelle organisation, avec des éléments qui font émerger une autre gestion de la société. En 60-61, ces comités avaient pris en charge l’organisation des permis de transport, l’organisation de la distribution alimentaire ou médicale,… Dans une telle situation, la bourgeoisie perd progressivement son contrôle et se pose alors la question de savoir qui contrôle la société. C’était un phénomène régulièrement présent dans les grèves générales du passé. La bourgeoisie et les dirigeants syndicaux étaient très inquiets de tels développements. Pendant la grève générale de 1926 en Grande Bretagne, un politicien conservateur (les Tories) avait ainsi déclaré aux dirigeants syndicaux que, s’ils continuaient la grève, ils deviendraient plus puissants que l’État lui-même. Il leur posait donc la question : "Est-ce que vous-êtes prêts à cela ?"

    Le rôle crucial d’une direction

    Le capitalisme est un système trop brutal pour que le mouvement des travailleurs et leurs partis soient découragés de prendre le pouvoir. En mai de cette année, au Népal, les maoïstes ont organisé une grève générale de six jours avec des manifestations de masse rassemblant jusqu’à 500.000 participants. La revendication centrale était la démission du premier ministre. Après six jours, la grève a été stoppée, sans résultat. Une grève générale ne peut pas être allumée et éteinte sans que cela ne conduise à la démoralisation. Une grève générale à durée indéterminée pose la question du pouvoir mais, en soi, elle est insuffisante pour prendre le pouvoir. Pour cela, il faut un parti révolutionnaire prêt à jouer ce rôle, et construire cet instrument exige du temps et des sacrifices. A plusieurs reprises au cours du 20e siècle, la classe ouvrière a dû faire face à ce problème, comme lors de la grève générale de 1909 en Suède, où pas moins de 500.000 comités de grève ont été constitués, jusque dans l’armée elle-même. Mais la trahison de la direction a conduit la grève à la défaite, après quoi les salaires et le taux de syndicalisation ont baissé tandis que des assainissements sévères étaient appliqués.

    Cela ne signifie nullement que nous voulons appeler à la grève générale uniquement si nous sommes certains de son issue et de sa victoire, nous ne pourrons en fait jamais l’être. En outre, si le mouvement ouvrier ne se met pas en lutte quand la situation l’exige, les défaites sont encore plus graves. Mais un parti capable d’expliquer d’où provient la défaite peut limiter les dégâts et poser la base de futurs succès. La révolution russe de 1905 a forcé le Tsar à faire des concessions, mais elle a été suivie d’une longue vague de répression. Les bolcheviks et la majorité des militants du mouvement ouvrier ont été forgés dans cette répression et ont acquis une expérience cruciale avec la formation des conseils des travailleurs (ou soviets en russe), à la base de la révolution réussie qui s’est déroulée dans la période de février à octobre 1917.

    Une grève générale n’est cependant pas un outil approprié en toutes circonstances pour le mouvement ouvrier. En Allemagne, en mars 1920, la tentative de coup d’Etat des monarchistes (le putsch de Kapp) a été bloquée par une grève générale de quatre jours. Mais lorsqu’en Russie le général Kornilov s’est lui-aussi hasardé dans une tentative de coup d’Etat militaire en août 1917, personne n’a appelé à la grève générale. Les troupes de Kornilov s’étaient progressivement affaiblies jusqu’à s’effondrer avant même de parvenir aux portes de Petrograd, la capitale du pays et le centre de la révolution. Cela n’a été rendu possible que par les nombreux actes de sabotage, par la propagande révolutionnaire et par la perspective d’une confrontation avec les milices des soviets qui organisaient la défense de Petrograd sous l’impulsion des bolcheviks.

    Lors de la grève générale grecque la plus récente, le taux de participation aux manifestations était plus bas à cause de la grève des transports publics ce qui illustre que, parfois, il vaut mieux organiser du transport gratuit pour les grandes concentrations des travailleurs. Mais en ce moment, les dirigeants syndicaux recourent aux grèves générales comme un moyen de se défouler, sans plus. Cela est particulièrement le cas en Europe du sud, comme avec les grèves générales de 4 heures en Italie par exemple. En 1972, les dockers britanniques ont été arrêtés pour avoir participé à une grève. La pression sur la direction syndicale du TUC (Trade Union Congress) pour organiser une grève générale en réponse était très forte et cet appel est finalement venu, mais seulement après un accord entre la direction syndicale et le gouvernement pour libérer les dockers.

    Construire la grève générale

    Grève générale et socialisme

    Chaque grève recèle en elle la contestation d’une parcelle du pouvoir capitaliste. Un piquet de grève, par exemple, peut contester au patron le pouvoir de faire entrer qui il veut dans “son” entreprise, de même qu’il remet en question l’idée que seuls le fait de travailler pour un patron et l’acceptation quotidienne de l’exploitation permettent de vivre. Qu’une grève prenne de l’ampleur (d’une grève démarrant dans une entreprise vers une grève locale ou nationale, durant plusieurs jours,…) et la force de cette contestation augmente d’autant, jusqu’à poser la question cruciale : qui est le maître à l’usine, dans l’économie et dans l’Etat : les travailleurs ou les patrons et actionnaires ?

    Il ne s’agit pas seulement ici de préparer l’affrontement contre la société capitaliste, une nouvelle société est en germe dans ces luttes. Au fur et à mesure de l’approfondissement d’un tel conflit social, les tâches des comités de grève se développent pour arriver véritablement à une situation de double pouvoir, une situation où, à côté de l’Etat capitaliste, surgit un embryon de nouvel Etat basé sur la coordination des assemblées de travailleurs et leur action. C’est de ce dernier que pourra naître une société enfin débarrassée de l’exploitation et de l’oppression, une société socialiste démocratiquement planifiée et basée sur l’auto-organisation des travailleurs et de la population.

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    Les grèves générales sont aujourd’hui plus à l’ordre du jour que durant les 20 dernières années, mais nous portons encore beaucoup d’éléments typiques de la période précédente. La classe ouvrière ne considère pas encore que la grève générale est un moyen de prendre le pouvoir, mais plutôt un outil pour stopper les attaques contre les acquis sociaux. Mais, de l’autre côté, la bourgeoisie ne peut pas se permettre d’arrêter les attaques. Vu le niveau de conscience actuel, dans un certain nombre de pays et notamment en Grande-Bretagne, en Suède, en Allemagne et, jusqu’à un certain point, en Belgique également, il nous faut faire quelques pas intermédiaires. Une grève générale dans les services publics peut par exemple renforcer la confiance de toute la classe ouvrière et l’idée d’une grève générale européenne est un point crucial dans notre propagande depuis le mois de septembre. Dans le sud de l’Europe, cette grève européenne va déjà se manifester le 29 septembre, avec une grève générale en Espagne et des grèves dans d’autres pays. Au nord, surtout dans le cadre de la manifestation européenne contre les assainissements du 29 septembre à Bruxelles, cette revendication fait partie de notre propagande générale. A ces occasions, il est essentiel de lier cette demande à la nécessité d’une transformation socialiste de la société.

    La situation en Grèce conduit inévitablement à l’escalade. Nous ne pouvons pas encore déterminer quand, mais la crise du capitalisme va obliger le patronat à lancer une attaque généralisée contre tous les acquis des travailleurs. Au fil du temps, des grèves générales prendront un caractère révolutionnaire. Cela exige quatre conditions. La classe ouvrière doit se révolter contre le capitalisme, les couches moyennes dans la société doivent douter et – partiellement au moins – choisir le camp des travailleurs et la bourgeoisie doit être divisée au vu du manque de moyens pour sortir de la crise. Ces trois conditions ont commencé à mûrir en Grèce. Mais à cette étape la conscience des masses est encore essentiellement au niveau d’une colère contre les banques, le Fond Monétaire International et l’Europe, et pas encore contre le capitalisme lui-même. Malheureusement, la quatrième condition n’est pas encore présente : l’existence d’un parti révolutionnaire de masse capable de canaliser la colère dans une lutte organisée pour le socialisme. Construire cette force pour la phase suivante de la lutte des classes est la tâche principale pour le CIO, tant en Grèce qu’en Belgique et ailleurs.

    Dans sa lutte, la classe des travailleurs a besoin de mots d’ordres qui correspondent aux besoins objectifs du moment. Même un petit groupe peut surmonter sa faiblesse numérique et devenir un facteur dans le mouvement, à condition qu’il lance les mots d’ordre appropriés au bon moment.

  • Manifestation du 29 septembre: Unifions la résistance!

    Ce 29 septembre, des actions auront lieu à travers toute l’Europe contre la politique ‘anticrise’ antisociale des différents gouvernements européens. Ces protestations se placent dans le cadre de la Journée d’Action Internationale, un appel de la Confédération Européenne des Syndicats. Une manifestation européenne aura lieu à Bruxelles.

    Par Tim, article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Dans les pays où les travailleurs étaient déjà fortement en lutte ces derniers mois, comme en Grèce, au Portugal et en Espagne, ces actions promettent d’être massives. En Espagne, une grève générale est même annoncée. Dans d’autres pays comme en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Irlande, les directions syndicales refusent jusqu’à aujourd’hui de mettre en œuvre un véritable plan de mobilisation national. En Belgique, un préavis de grève a été déposé dans tous les secteurs, et les syndicats mobiliseront pour la manifestation internationale à Bruxelles.

    Cette journée d’action internationale arrive à un moment crucial. Dans toute l’Europe, les gouvernements annoncent des mesures antisociales les unes après les autres. La crise a été provoquée par l’avidité capitaliste et les dérives spéculatives des banques et des multinationales, mais la facture est maintenant collée sur le dos des travailleurs et de leurs familles, sous la forme de coupes budgétaires dans les soins de santé, l’enseignement et les services publics. En Grande-Bretagne, le nouveau gouvernement propose de sabrer 25% des dépenses des services publics et en Grèce, les salaires du secteur public ont été diminués de 25-30% et les salaires des fonctionnaires de 30% à 50% !

    En Belgique aussi, cette manifestation arrive à un moment crucial. En ce moment, une bande de sept politiciens discute de la manière de faire payer la crise à la population. Leurs solutions ne seront pas très originales, la base de leur réflexion est identique à celle des plans déjà mis en œuvre en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et en Grèce. La situation belge n’est particulière que par cette question : qui devra mener ces attaques ? Le gouvernement fédéral ? Les régions ? Les communautés ? Et à quel rythme ?

    Le PSL appelle à participer massivement à la manifestation du 29 septembre prochain. Nous serons présents avec un appel pour utiliser cette manifestation afin de construire un rapport de force contre les mesures d’austérité : nous avons besoin d’un véritable plan de mobilisation ! Cette journée d’action internationale peut être un premier pas, et un pas crucial. A travers toute l’Europe, des centaines de milliers de manifestants seront en lutte au même moment contre les attaques des gouvernements et du patronat, et cela illustrera le potentiel existant pour une lutte commune.

    Nous devons discuter de la prochaine étape. Pour nous, cette journée d’action est un bon moyen d’aller vers une grève générale européenne de 24 heures. Un tel mouvement pourrait impliquer de larges couches de la population dans la lutte contre la politique actuelle visant, une fois encore, à s’en prendre aux conditions de vie de la majorité pour sauver les profits d’une infime minorité. En définitive, nous devons lutter pour la nationalisation des banques et des multinationales sous le contrôle des travailleurs afin d’utiliser les énormes richesses existantes pour le bien-être collectif.

  • [DOSSIER] Face aux programmes d’austérité: Unité des travailleurs et résistance européenne!

    On trouve le mot ‘‘austérité’’ dans la bouche de tous les politiciens traditionnels en Europe, et nous en entendrons parler dès qu’un gouvernement sera formé chez nous. Ce n’est pas neuf, mais c’est aujourd’hui un véritable leitmotiv politique. D’ailleurs, ils nous expliquent qu’il n’y a pas d’autre solution : ‘‘C’est ça ou la faillite de l’Etat.’’ N’y a-t-il vraiment aucune alternative ?

    Par Baptiste (Wavre)

    C’est le gouvernement grec qui a ouvert le bal : 30 milliards d’euros à ‘‘trouver’’ d’ici 3 ans. Traduisez: prendre 30 milliard des poches des travailleurs sur les 3 années à venir. Car c’est de cela qu’il s’agit : diminution des investissements publics et privatisations, baisse des primes accordées aux fonctionnaires, baisse des pensions, recul de cinq ans (de 60 à 65 ans) de l’âge légal de départ à la retraite, augmentation de deux points de la TVA et facilités de licenciement pour les patrons. A peine élu, le gouvernement social-démocrate (Pasok) de Papandréou a franchement écourté sa lune de miel post-électorale. Enfin, il se défend en disant qu’il ne voulait pas réaliser ces attaques contre les conditions de vie et de travail, mais qu’il a été forcé par ‘‘les marchés’’ et l’Union Européenne. Cette dernière assurait pourtant quelques mois plus tôt avoir ‘‘sauvé l’économie’’ grâce aux plans de relance. Comment peut-on expliquer un tel tournant ?

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    D’où qu’ils soient, les capitalistes n’ont aucun avenir décent à proposer aux jeunes et aux travailleurs. D’où qu’ils soient, les jeunes et les travailleurs eux ont les mêmes intérêts à défendre. L’unité des travailleurs ne concerne pas seulement les travailleurs des différents secteurs dans un pays, mais concerne aussi l’ensemble des travailleurs des différentes communautés, pays etc.

    Un plan d’action est nécessaire

    Les explosions spontanées et l’absence d’une direction claire avec un plan d’action et un programme combatif ont caractérisé les protestations de masse de ces derniers mois. Cela reflète l’incapacité des directions syndicales nationales à assumer leur rôle de direction de la colère du mouvement ouvrier, en Grèce comme ailleurs en Europe. Il est à ce titre remarquable qu’un grand nombre des dernières protestations de masse et des différentes actions sont le résultat d’une grande pression de la base, sans initiative des dirigeants syndicaux nationaux. Ces derniers ne semblent ainsi vouloir que des actions "symboliques", au lieu de préparer une lutte sérieuse pour défendre nos intérêts. Une telle logique est néfaste et tend à faire baisser la pression et à freiner le développement d’un mouvement ouvrier combatif.

    Pourtant nous avons vu dans la dernière période plusieurs exemples qui démontrent clairement qu’une lutte menée avec une direction combative peut apporter la victoire. En Belgique, il suffit de penser aux luttes à Bayer et à InBev notamment, où sans même recourir à la grève, un syndicalisme de lutte a permis de faire reculer complètement la direction sur ses plans d’assainissements ; contrairement à une logique de concertation qui ne permet au mieux qu’un aménagement de ces assainissements. Néanmoins, lutter entreprise par entreprise comporte également des limites pour la défense des acquis sociaux à une échelle plus large ; il est évident que ça ne peut suffire à mettre en échec les politiques d’austérité des gouvernements. Pour le réaliser, c’est d’un plan d’action national dont nous avons besoin. C’est-à-dire un plan où par exemple une grève générale de 24h ne serait pas une simple démonstration de force sans suite mais une étape dans l’organisation des travailleurs sur leur lieu de travail autour d’un programme, d’un plan qui vise à construire un rapport de force sur base de la colère présente, avec une alternative claire et combative aux politiques d’austérité.

    Le mouvement ouvrier doit prendre sa lutte en main !

    Les directions syndicales ne semblent pas aller dans le sens d’un tel plan d’action. Si ces dirigeants sont pour le moins passifs à cet égard, c’est en conséquence de leur acceptation de la logique du système, ils ne voient pas d’alternative à opposer au capitalisme. C’est là aussi le résultat de décennies de néolibéralisme, et les liens entretenus avec les partis traditionnels (FGTB/ABVV-PS/SPa, CSC/LBC-CDH/CD&V) illustrent d’ailleurs cette acceptation. La solution ne réside dès lors pas (seulement) dans la dénonciation des directions syndicales actuelles et/ou leur remplacement. Pour ne pas tomber dans le même travers, il faut assurer un relais politique au syndicalisme de lutte, qui mette clairement en avant une alternative socialiste au capitalisme. Avec un tel prolongement politique indépendant des partis traditionnels, nous pouvons faire des pas en avant et faire pression dans la mise en place d’un plan d’action, et non plus continuer à attendre que le sommet syndical veuille bien le comprendre.

    Des victoires ne peuvent être obtenues que par la lutte, mais ces victoires resteront toujours partielles sous le capitalisme. L’actualité démontre que ce système cherchera toujours à revenir sur les acquis sociaux car son fonctionnement même (la recherche de la rentabilité maximale, la compétitivité, la soif de profits à n’importe quel prix) est en contradiction avec ce dont ont besoin les travailleurs et leur famille : des conditions de vie et de travail décentes. C’est pourquoi le PSL (et l’internationale dont nous faisons partie, le Comité pour une Internationale Ouvrière – CIO) lutte pour le socialisme, un système où les richesses sont produites et réparties en fonction des besoins (et non des profits) à travers une économie démocratiquement planifiée.

    Ce tournant n’en est en fait pas réellement un, tout comme ils n’ont ni mis fin à la crise et ni sauvé le capitalisme avec les plans de relance. Certes, ces plans ont eu un effet : certaines faillites ont pu être évitées, certains secteurs économiques ont été quelque peu stimulés, etc. Mais de la même manière que casser un thermomètre ne fait pas baisser la fièvre d’un malade, injecter de l’argent dans un système économique en crise profonde ne résout pas ses problèmes. Cela marque juste une pause, et ajoute un élément compliquant : qui va payer pour tous ces plans de relance ? Que ce soit des gouvernements de droite (Angleterre, France, Italie), chrétiens-démocrates (Allemagne) ou soi-disant ‘socialistes’ (Grèce, Espagne, Portugal), tous sont d’accord: ce sera aux travailleurs et à leur famille de raquer une deuxième fois pour la crise. Car fondamentalement, tous ces politiciens sont gagnés au capitalisme et leur programme n’a pour but que de « satisfaire les demandes du marché », c’est à dire les demandes des traders, spéculateurs, et capitalistes qui n’ont pas d’autre intérêt que d’accroître leurs parts de profits. Si la Grèce a ouvert le bal, ce n’est que parce qu’il s’agissait du maillon faible de la zone euro, et il est clair que les travailleurs des autres pays ne seront pas épargnés par les attaques. Ainsi, Angela Merkel veut assainir 80 milliards d’euros d’ici 2014, tandis que la coalition ConDem en Grande-Bretagne compte assainir 7 milliards en un an. Dans des pays comme la Roumanie, les mesures prennent une ampleur hallucinante avec notamment une baisse des pensions de 15% et une baisse des salaires dans le public de 25%. Ainsi, chaque pays a son plan quinquennal de l’austérité, tous accueillis sur un tapis rouge par les fameux ‘‘marchés’’. Le fait même que les différents gouvernements européens appliquent l’austérité démontre à quel point leur campagne idéologique sur le thème ‘‘les grecs sont des paresseux’’ était un concentré d’hypocrisie et n’avait pour but que de diviser les travailleurs entre eux pour mieux régner et mieux tous les traiter de fainéants par la suite.

    Durant les derniers mois, lors des divergences entre les gouvernements européens sur le sort à réserver à la Grèce, il ressortait de leur part la crainte d’une contagion d’une faillite grecque à d’autres maillons faibles de la zone euro, comme le Portugal et l’Espagne. En réalité, une autre crainte était très présente parmi les classes dirigeantes: celle de la contagion de la colère et de la lutte contre l’austérité. N’ayant explicitement aucune confiance en une réelle relance de l’économie et aucune perspective d’avenir à proposer aux jeunes et aux travailleurs, le recours à la tactique de diviser pour mieux régner est une nécessité pour elles.

    Résistance et riposte !

    Ceux qui nous gouvernent ont raison de craindre la colère des masses contre l’austérité. Après 30 années de néolibéralisme et son lot quotidien de précarisation des conditions de vie et de travail, la colère était déjà latente dans la société. Que la politique de ces 30 dernières années aboutisse à une crise avec des millions de pertes d’emplois et une austérité généralisée, c’est largement plus qu’une goutte d’eau dans un vase déjà plein. La Grèce a montré la voie, avec des protestations massives contre les assainissements, suivies par des manifestations importantes notamment au Portugal et en Espagne. Quelques sondages indiquent la température présente parmi les travailleurs en Grèce: à la question ‘‘comment vous sentez-vous ?’’, 91% de la population sondée a répondu ‘‘en colère’’. En outre, il ressort que 81% d’entre eux s’attendent à une explosion sociale dans la prochaine période et 50% ont déclaré qu’ils allaient prendre part à une révolte dans la période à venir. Enfin, 48% de la population est favorable aux nationalisations, et un tiers refuse de payer la dette du pays. Si la période estivale marque une certaine pause sociale après les 6 grèves générales des derniers mois, la détermination de lutter contre les mesures d’austérité reste bien présente, et s’est d’ailleurs illustrée lors de la grève des camionneurs de 6 jours en juillet. Pour le reste, le message est sans équivoque : ‘‘on revient en septembre!’’

    Comment est-il possible qu’avec une telle colère et de telles protestations de masses, il n’y ait pas eu une victoire à la clef ? Si de la vapeur peut entraîner un moteur en présence d’un piston, cette vapeur ne sert strictement à rien si elle relâchée dans l’air par une soupape. De la même manière, la colère ne peut amener des victoires que si elle est canalisée et dirigée de manière adéquate, c’est-à-dire si elle a une direction politique combative : c’est exactement ce qui manque dans les protestations de masses contre l’austérité, que ce soit en Grèce ou ailleurs. Des explosions de colère spontanées, non coordonnées, ne permettent pas d’aboutir à une victoire. Ces explosions comportent même le danger d’incidents contre-productifs car cela permettrait au gouvernement d’instrumentaliser ces derniers pour briser la confiance des travailleurs dans leur capacité à obtenir des victoires. Faute d’un véritable plan d’action et d’un programme combatif, la colère ne peut conduire à une victoire réelle, tout au plus à un aménagement de l’austérité avec le danger d’une démoralisation des travailleurs.

    29 septembre: Pour une grève générale européenne de 24heures!

    L’internationalisme et le CIO

    Ci dessus: Joe Higgins, député européen du CIO

    Cette force que représente une telle unité des travailleurs, le patronat l’a comprise depuis bien longtemps et s’en méfie terriblement. Ainsi, lors de chaque confrontation sociale, les capitalistes recourent au ‘‘diviser pour mieux régner.’’ Qu’il s’agisse de monter des travailleurs d’une telle entreprise contre une des travailleurs d’une autre, de monter les uns contre les autres les travailleurs de différents secteurs, de différents pays : peu importe, les capitalistes ont un besoin quasi vicéral de casser notre unité.

    Si cette politique perdure, c’est hélas parce qu’elle a déjà porté ses fruits, avec le développement par exemple des discriminations dans la société. Aujourd’hui, les classes dirigeantes comptent remettre le couvert en mettant notamment en scène des ‘‘travailleurs grecs fainéants’’ et des ‘‘travailleurs allemands égoïstes.’’ La seule manière pour contrer cette rhétorique et les germes de nationalisme qu’elle comporte, c’est que le mouvement ouvrier occupe le terrain et démontre son unité. Les travailleurs partout en Europe ont les mêmes besoins et ces intérêts ne doivent pas les opposer à d’autres travailleurs mais aux capitalistes et à leurs profits.

    Dans ce sens, nous pensons que si un parti révolutionnaire est nécessaire pour la transformation socialiste de la société, ce parti révolutionnaire doit être construit mondialement, au sein d’une internationale : c’est à cette tâche que s’attelle le PSL/LSP au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière. Au mois de juin, nous avons notamment pris part à l’initiative d’une semaine d’action partout en Europe en soutien aux travailleurs grecs, afin de répondre par la solidarité entre travailleurs au ‘‘diviser pour mieux régner’’ des capitalistes.

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    Nous devons nous opposer à la dictature des marchés et à leur chaos, en défendant une transformation socialiste de la société. Dans ce cadre, le CIO défend la nécessité d’un plan d’action au niveau européen afin de construire un rapport de force vers une journée de grève générale européenne de 24h, dans un premier temps. Nous devons lutter ensemble avec des revendications telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs afin d’aboutir à une planification socialiste de la production dans une fédération européenne socialiste démocratique. En Belgique, faute de gouvernement, il n’y a pas encore d’agenda d’austérité. Mais si il y a bien quelque chose sur lequel tous les partis autour de la table des négociations sont d’accord, c’est qu’il y aura des économies à réaliser (on a d’abord parlé de 22 milliards d’euros sur 4 ans, maintenant de 25 milliards) et que celles-ci seront ‘‘impopulaires’’. C’est pourquoi nous devons nous préparer à faire de la manifestation européenne du 29 septembre un succès sur le plan de la mobilisation et de saisir cette occasion pour mettre en avant la nécessité d’un plan d’action.

    Aujourd’hui, la grève générale est de retour à l’agenda quasi partout en Europe, 6 de ces grèves ont notamment eu lieu en Grèce au cours des derniers mois. Cette ré-émergence marque la nouvelle période de lutte dans laquelle nous rentrons : face à l’ampleur de l’offensive des capitalistes européens, une action décisive pour les mettre en échec pose quasi instinctivement la question d’une grève générale, à l’échelle européenne. De fait, c’est toute la classe ouvrière qui est touchée et qui doit répondre.

    Sans forcément que les travailleurs en aient conscience au début, une grève générale illimitée tend à poser la question du pouvoir dans la société : des comités de grèves se mettent en place, des comités de quartier,… les travailleurs se retrouvent à gérer démocratiquement les tâches qui incombent au fonctionnement de la société, le patronat et les capitalistes se retrouvant dans leur plus simple apparat : celui de parasites. S’il n’y a pas forcément la conscience qu’un tel développement est possible au début d’une grève, l’Histoire prouve que la lutte est la meilleure école pour la compréhension du fonctionnement de la société et permet de tirer des conclusions révolutionnaires.

    Cette situation est ce que les marxistes appellent une ‘‘situation de double pouvoir’’ car elle met clairement en confrontation les capitalistes et les travailleurs. C’est dans ce sens que Trotsky considère la grève générale comme une des méthodes de lutte les plus révolutionnaires.

    Néanmoins, l’Histoire démontre également qu’il n’y a pas d’automatisme entre grève générale et situation de double pouvoir. Une grève générale n’est potentiellement une arme révolutionnaire que si elle est préparée politiquement parmi les travailleurs : c’est le plan d’action basé sur un programme défendant une alternative au capitalisme qui manque à l’heure actuelle. Une des tâches aujourd’hui est ainsi de poser la question de comment organiser la grève générale sur les lieux de travail, à travers des comités démocratiques et avec un programme combatif offrant une alternative au capitalisme.

    Enfin, il n’y a pas non plus d’automatisme entre double pouvoir et révolution socialiste. Une grève générale illimitée n’est en elle-même pas suffisante pour les travailleurs pour prendre le pouvoir, c’est là le rôle d’une organisation capable de donner la direction politique et la stratégie la plus juste pour donner l’assaut final contre le capitalisme. Cette organisation, le parti révolutionnaire, c’est ce que nous voulons construire avec le PSL/LSP.

  • 29 Septembre – L’Europe se prépare pour une lutte des travailleurs qui dépassera les frontières

    Vers une grève générale européenne de 24 heures !

    La journée internationale d’action à la laquelle a appelé la Confédération Européenne des Syndicats pourrait se révéler être un événement de grande importance pour le mouvement des travailleurs et pour le CIO. Cette journée elle-même, avec des manifestations, des actions et des grèves générales coordonnées, a le potentiel de secouer le continent. Les gouvernements capitalistes européens, au service de leurs maîtres les marchés internationaux, ont la ferme intention de poursuivre leur brutale guerre d’austérité contre la classe des travailleurs. Cette journée d’action pourrait jouer un rôle décisif en révélant la puissance dont dispose la classe ouvrière internationale et en arrêtant la barbarie de la classe dominante dans son élan. Le CIO participera avec enthousiasme à la mobilisation des travailleurs et des jeunes pour les actions de ce 29 septembre, sous la bannière de la lutte et de la solidarité internationale, contre l’Europe de l’austérité et contre la dictature des marchés de capitaux.

    Déclaration du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Une offensive internationale d’austérité

    Alors que se poursuit la pire crise depuis les années ’30 et après avoir jeté des centaines de milliards d’euros aux banques et au secteur financier afin de prévenir l’effondrement du système, les différents gouvernements – en Europe et à travers le monde – veulent faire porter le fardeau des programmes de sauvetages et de la crise en général sur les épaules de la majorité de la population. La ‘‘crise de la dette souveraine’’ puise ses origines dans la politique des administrations néolibérales au long de toute une période et elle a considérablement été aggravée par le renflouement des banques et les stimuli économiques introduits par les gouvernements les uns après les autres afin de remplir les poches des banquiers. Cette position a désormais pris une place essentielle dans la rhétorique capitaliste ‘justifiant’ les plans d’assainissement, lesquels se traduisent par des coupes dans les dépenses sociales et par des attaques contre les salaires et les conditions de travail.

    Selon les analyses du CIO, cette crise est le résultat inévitable de la nature même du système capitaliste, lequel est défini par un état de crise permanente ; son caractère anarchique et cyclique rend inévitables les crises et la destruction économique auxquelles nous assistons actuellement. Le CIO a expliqué à maintes reprises que, malgré les discours de l’establishment capitaliste faisant état de ‘‘reprise’’ économique dans quelques pays comme l’Allemagne, les problèmes fondamentaux de la demande et de l’investissement restent irrésolus. Ceux-ci ont même été aggravés par la politique d’austérité des gouvernements capitalistes et par le développement continu d’un chômage de masse, avec le pouvoir d’achat de plus en plus réduit de la classe ouvrière. Toute reprise de l’économie européenne ou mondiale sera faible dans le meilleur des cas, temporaire et exceptionnelle, avec la menace toujours présente d’une récession du type « double dip ».

    La crise de la dette grecque donna encore un élan accru au processus d’austérité. La contagion qui en résulta vit les gouvernements d’Espagne, du Portugal et d’ailleurs se démener désespérément pour échapper à la colère des agences internationales de notations de crédit et des autres institutions de vautours des marchés et spéculateurs, lesquels avaient déjà poussé leur congénère grec à la banqueroute nationale. En conséquence, le rôle rapace et sinistre des marchés internationaux est devenu sans cesse plus visible aux yeux de tous. Cet élément a d’ailleurs joué un rôle dominant dans tous les discours des gouvernements et des patrons, tous demandant des coupes budgétaires et des attaques plus sévères, rapides et profondes afin d’éviter à tous prix d’attirer l’attention des spéculateurs sur la dette. Le désir de ‘‘faire plaisir’’ ou de ‘‘calmer’’ ces prédateurs semble apparemment être devenu le souci principal des dirigeants de droite (y compris les anciens sociaux-démocrates) que ce soit en Grèce, en Espagne, en France ou en Grande Bretagne.

    Les attaques lancées à travers le continent représentent, dans la plupart des cas, les programmes d’austérité les plus brutaux mis en œuvre de mémoire d’homme. La politique du gouvernement grec du PASOK (social-démocrate), ‘en échange’ de ‘l’aide’ des coffres de la Banque Centrale Européenne (BCE) et du Fond Monétaire International (FMI) a pris la forme d’attaques dévastatrices contre la classe ouvrière grecque, déjà fortement appauvrie. Une diminution des pensions publiques comprise entre 30 % et 50 % et une réduction des salaires dans le secteur public comprise entre 25 % et 30 % ont été instaurée en Espagne et au Portugal. Le plan d’austérité du gouvernement espagnol de Zapatero verra les salaires du secteur public attaqués, tout comme les pensions, ainsi qu’un programme d’assainissement des dépenses publiques prévoyant des coupes pour un montant de 55 milliards d’euros. Au Portugal, où les travailleurs reçoivent parmi les plus bas salaires d’Europe (le salaire mensuel minimum est de 475 euros), les employés du secteur public sont frappés d’un gel des salaires de quatre ans et d’une augmentation de l’âge de la retraite vers 67 ans.

    Ces derniers mois, nous avons vu que cette offensive ne se limite pas aux soi-disant pays ‘PIGS’ (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). En Grande Bretagne, le nouveau gouvernement de coalition « ConDem » a annoncé un plan qui compte des attaques sur les services sociaux et des coupes budgétaires allant jusqu’à 25 %, dans tous les domaines des dépenses publiques. Le gouvernement de coalition d’Angela Merkel en Allemagne à de son côté l’intention de couper 80 milliards d’euros au cours des quatre prochaines années.

    Les faits traités ci-dessus ne donnent qu’un minuscule aperçu de la situation qui se développe en Europe alors que le 29 septembre approche : bien qu’à une vitesse différente et avec des caractéristiques différentes dans divers pays, situation est marquée d’attaques sans précédents et aussi, c’est crucial, par le développement d’une résistance.

    Des affrontements se préparent – pour une stratégie de lutte !

    Récemment, la Grèce a été l’épicentre des développements en Europe en raison non seulement de l’état de ses finances (arrivées à deux doigts de l’effondrement) mais également du ras de marrée de luttes, avec pas moins de six grèves générales en 2010. Cela a inspiré la combativité de travailleurs de tout le continent.

    À un moment où, un peu partout, la colère contre les effets de la crise et des attaques atteint son point d’ébullition, la situation en Grèce représente une anticipation des événements à venir dans bon nombre de pays. Des grèves et des manifestations massives se sont déjà déroulées en France, où deux millions de personnes sont descendues dans la rue pour défendre les pensions. L’Italie, après une grève générale contre le gouvernement en juillet, se prépare pour des manifestations d’envergure le 16 octobre, organisées par la FIOM – le syndicat des métallos – qui a montré la voie en proposant une stratégie militante pour combattre les attaques contre les salaires et les conditions de travail.

    L’Espagne a vu plus de deux millions de personnes participer à une grève générale du secteur public en juin. Ceci survint alors que, en février déjà, des manifestations avaient forcé le gouvernement à retirer son plan destiné à augmenter l’âge d’accès à la retraite. Etant donné que le chœur issu de la base et réclamant que les dirigeants syndicaux prennent des mesures décisives et combatives est véritablement devenu assourdissant, il est clair que la situation est sur le point d’être bouleversée. Le 29 septembre, l’Espagne sera ébranlée par sa première véritable grève générale en réponse à une crise dévastatrice qui a laissé plus de quatre millions de travailleurs au chômage ainsi qu’à la réaction anti-travailleur du gouvernement.

    Toutefois, dans la plupart des pays, le rôle lâche de la majorité des ‘dirigeants’ syndicaux, lesquels refusent d’organiser une lutte efficace, signifie que ceux-ci représentent toujours un frein au développement d’une réponse décisive de la part de la classe ouvrière contre l’offensive d’austérité du capitalisme.

    En Grande Bretagne, la direction de la fédération syndicale TUC, confrontée à des attaques des plus sauvages, refuse même d’appeler cette année à une manifestation nationale pour exprimer l’opposition écrasante parmi les travailleurs face aux attaques du nouveau gouvernement. Néanmoins, comme en Allemagne, les dirigeants des syndicats sont poussés à appeler à des manifestations régionales, lesquelles doivent à présent être utilisées pour construire et organiser une réponse nationale généralisée. Il est probable que, dans certains pays – comme l’Allemagne, l’Irlande et la Grande Bretagne – le rôle et le caractère de ces ‘dirigeants’ fera que le 29 septembre ne verra que des actions limitées et symboliques.

    Les forces du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’engagent dans une lutte sans compromis contre la stratégie inefficace avec laquelle la bureaucratie syndicale conservatrice et de droite fait face aux attaques subies par la classe ouvrière et la jeunesse. Elles cherchent à construire une opposition à ces dirigeants qui serait en mesure de proposer un programme d’action militant. En Grande Bretagne, les membres du CIO dans les directions syndicales de du syndicat ‘Public and Commercial Services (PCS) s’efforcent de pousser les dirigeants du ‘Trade Union Congress’ (TUC) à prendre des mesures adéquates. Toutefois, face à une direction du TUC qui ne veut pas mener de lutte sérieuse, les membres du CIO aident à prendre des mesures pour construire un mouvement de la base capable de mobiliser des travailleurs et des militants syndicaux, évitant ainsi les directions syndicales obstructionnistes.

    Sans aucun doute, étant donné que dans certains pays la question d’une grève générale n’est pas encore posée par la situation objective, d’autres mesures préliminaires et de préparation sont nécessaires. Le mouvement de la classe ouvrière devrait construire des manifestations de masses (lesquelles devraient dans certains pays évidemment se faire durant des weekends afin de maximiser leur taille et leur impact). Cela donnerait un aperçu de la puissance potentielle de telles actions de masses, comme premier pas vers d’autres actions combatives, y compris vers des grèves du secteur public et des grèves générales.

    Traduire la solidarité de la classe ouvrière en action ! Pour un plan international d’action visant de construire une grève générale de 24 heures dans l’Europe tout entière !

    Dans nombre de pays, les militants ont rendu parfaitement clair leur désir d’intensifier la résistance avec des grèves générales. Au Portugal, une vague de grèves et de manifestations de masses, dont une de 300.000 personnes le 29 mai, ont indiqué que la situation est mûre pour une grève générale afin de briser l’offensive du gouvernement Socrates faite de coupes budgétaires massives et de privatisations. Un appel enthousiaste aux travailleurs portugais de rejoindre leurs frères et sœurs espagnoles dans une puissante grève générale ibérienne aurait sans aucun doute pour conséquence une mobilisation massive, ce qui représenterait un pas de géant en avant en unissant des travailleurs au-delà des frontières dans une lutte militante.

    Des militants ouvriers en Grèce, dont nos camarades de Xekinima (CIO-Grèce), demandent eux aussi que les syndicats annoncent qu’ils vont rejoindre les travailleurs espagnols en lutte le 29 septembre. Un état d’esprit similaire se retrouve en France où, après deux ‘journées d’action’ organisées par les syndicats, une journée de grèves et de manifestations massives est prévue pour le 7 septembre. Une véritable grève générale du secteur public et privé est le prochain pas en avant à poser dans la lutte contre les reformes anti-travailleurs du gouvernement Sarkozy.

    Le CIO est fier de son héritage militant en faveur de la solidarité et de la lutte internationale. La conjoncture actuelle, avec le caractère international de la crise et des attaques subies, ainsi que les vautours des marchés financiers et de la spéculation, lesquels ont exigés la misère de milliards de gens à travers le monde pour payer la crise de leur système, démontrent la brulante nécessité d’une résistance organisée à l’échelle internationale. En effet, une alternative internationale est implicitement posée par la situation elle-même. Joe Higgins, membre du Parlement Européen du Socialist Party (CIO-Irlande) avait émis l’idée d’une semaine internationale d’action entre le 21 et le 26 juin. Cette proposition a non seulement reçu le soutient du groupe de la GUE (Gauche Unitaire Européenne) au Parlement Européen, mais a aussi joué un rôle clé en mettant à l’ordre du jour la question de la nécessité d’actions coordonnées du mouvement ouvrier et de la gauche à échelle internationale.

    Nationalisme

    Le besoin urgent pour d’internationalisme prolétarien est également posé par la tentative de la bourgeoisie d’attiser les flammes du nationalisme. Tout ceci sert à détourner l’attention des attaques violentes actuellement mis en œuvre. Récemment, nous avons été témoins de la tentative du gouvernement Sarkozy de dévier le mouvement grandissant contre les attaques de son gouvernement en fomentant une campagne contre les immigrés et surtout contre la communauté Rom. Le fait que Sarkozy ait décidé de faire voter au Parlement un nouveau projet de reformes anti-immigrés le 7 septembre, à la même date que la prochaine journée d’action syndicale contre les attaques du gouvernement, n’est certainement pas une coïncidence.

    Les politiciens capitalistes en Espagne, eux-aussi, ont tenté de stigmatiser la population musulmane de façon similaire. Le gouvernement régional catalan a introduit – pour ‘raisons de sécurité’ ! – une interdiction de porter la burqa, porté par une poignée de personnes. C’était une vaine tentative de contrecarrer l’imminente réponse explosive de la classe ouvrière.

    Une des retombés de la crise de la dette grecque, qui a montré les limites de l’intégration d’une Europe capitaliste, fut aussi la campagne féroce initiée par une section de la bourgeoisie allemande contre le peuple grec. Parallèlement, les élites de l’Europe méridionale, par exemple en Grèce et en Espagne, ont tenté de blâmer les ‘spéculateurs étrangers’ afin d’essayer de masquer leur propre responsabilité ; la servilité volontaire avec laquelle ceux-ci mettent en œuvre les diktats du FMI et des marchés prédateurs.

    Les travailleurs et la jeunesse d’Europe, confrontés au fouet des mesures d’austérités de leurs gouvernements bourgeois nationaux respectifs ainsi que des institutions et marchés internationaux, ont infiniment plus en commun avec leurs camarades d’autres pays en lutte contre la même offensive qu’avec la clique ‘autochtone’ de capitalistes. La spéculation irresponsable de ces profiteurs est à l’origine du crash des économies européennes.

    Préparons nous à l’action

    Le 29 septembre a le potentiel de donner une preuve concrète de la puissance de la classe ouvrière organisée en dépassant le cadre des frontières nationales. Cette journée doit représenter le premier pas dans le développement d’un plan international d’action. La Confédération Européenne des Syndicats a été obligée d’appeler à cette journée de lutte à cause de la pression exercée par la base syndicale en faveur d’actions solidaires à échelle internationale. Toutefois, certains dirigeants syndicaux verront en cette journée une autre possibilité de faire baisser ‘la pression’ en organisant des actions symboliques inefficaces.

    Les militants de la classe des travailleurs doivent se battre afin que le 29 septembre ne soit pas relégué au caractère d’une parade à Bruxelles sans conséquences, mais que cette journée devienne au contraire une journée de lutte active. Les manifestations, là où elles sont organisées devraient avoir un caractère actif et contribuer à la construction d’un véritable mouvement de masses.

    Le CIO lance un appel à l’organisation d’assemblés dans les lieux de travail, les universités, les écoles et les communautés afin de discuter de la lutte et de préparer les prochaines mesures à prendre. Au Pays Basque, lequel a connu une grève générale réussite le 29 juin, de telles assemblées ont pris place dans toutes les villes afin de préparer la mobilisation des travailleurs et des jeunes pour la grève. Au fur et à mesure que le mouvement se développe dans chaque pays, de tels exemples doivent servir de base pour construire des organismes démocratiques ainsi que des comités de lutte.

    Les grèves et les manifestations du 29 septembre devraient être entreprises dans la perspective de davantage développer de telles actions et avec l’objectif de construire une grève générale de 24 heures dans toute l’Europe. Une telle grève ébranlerait les fondations du capitalisme européen et renforcerait infiniment la confiance et la détermination des travailleurs et des jeunes contre l’offensive d’austérité. De surcroit, elle donnerait une forme concrète à l’alternative que représentent la solidarité internationale et la lutte face à la misère que représente le capitalisme européen en crise.

    • Non aux coupes budgétaires et à l’austérité ! Défendons les services publics et les pensions ! Que les patrons payent pour leur crise !
    • Pour des grèves et manifestations massives le 29 septembre ou autour de cette date ! Pour un plan d’action afin de construire une grève générale de 24 heures dans toute l’Europe !
    • Pour un mouvement ouvrier combatif ! Pour des syndicats militants et démocratiques, ainsi que des partis politiques des travailleurs combatifs !
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notations de crédit et le FMI ! Non au payement de la dette des capitalistes ! Retirons les richesses des mains des spéculateurs immensément riches ! Nationalisons les banques et le secteur financier sous le contrôle et l’administration des salariés !
    • Non au chômage de masses ! Pour la répartition du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire ! Pour des programmes massifs de travaux publics afin de fournir un travail socialement utile !
    • Non à l’Union Européenne des patrons et des marchés ! Pour une Europe démocratique et socialiste !

    Nous sommes pour la construction d’un mouvement international contre le système des patrons qui a conduit la société, en Europe et dans le monde, à la ruine avec l’implosion de l’économie capitaliste basée sur le profit.

    Nous nous opposons au transfert du coût de la crise sur les dos de la classe ouvrière et des jeunes, nous demandons le non-paiement des dettes produites par les capitalistes, au nom desquelles des souffrances innombrables vont être imposés à la majorité, en Grèce et autre part, dans la période à venir.

    La nationalisation des banques et du secteur financier sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière représente l’unique manière d’échapper au cauchemar de la crise capitaliste et des attaques que celle-ci engendre en brisant le pouvoir des vautours des marchés boursiers, liée au développement d’un plan démocratique et socialiste de production basé sur la nationalisation des secteurs clés de l’économie, afin de donner à chacun une vie décente.

    Nous nous opposons à l’Union Européenne capitaliste, ses limites sont devenues claires. Nous sommes pour une Europe socialiste démocratique – une fédération libre et égale entre les nations – pour véritablement et démocratiquement intégrer et planifier les économies européennes et ainsi faire avancer la société humaine en éliminant les problèmes fondamentaux de l’humanité dans le cadre de l’instauration d’un monde socialiste.

  • Capitalisme en crise : socialisme ou barbarie ! (1)

    Chaque jour, le capitalisme démontre l’ampleur de sa faillite : extrême pauvreté, guerres, famine, destruction de l’environnement,… Nous refusons ce constat, nous opposons résolument au capitalisme et luttons pour une société socialiste démocratique. Dans ce cadre, notre réflexion et nos actions sont basées sur le marxisme. Ce dossier vous présente nos critiques contre le capitalisme ainsi qu’un petit aperçu de ce qu’est notre vision du socialisme. Ce texte est largement basé sur le livre «Le socialisme au 21e siècle» de notre camarade britannique Hannah Sell.

    Qu’est-ce que le capitalisme?

    En 300 ans d’existence, le capitalisme a changé la face du monde à coups de voies ferrées, de lignes électriques, d’avions, d’ordinateurs,… Au cours du dernier siècle seulement, l’économie mondiale est devenue 17 fois plus grande !

    Cependant, malgré les capacités technologiques actuelles, malgré tout le potentiel aujourd’hui présent, 1,2 milliard de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable, 841 millions de personnes sont sous-alimentées et jusqu’à 28 millions d’Africains sont infectés par le virus du SIDA. Alors que le capitalisme consacre des milliards d’euros au bombardement d’une population pauvre comme celle d’Afghanistan, au même moment, ce système n’a aucune solution pour la pauvreté, la faim ou les maladies. En fait, le capitalisme est même une menace pour l’avenir de la planète. L’avidité conduit à une production aveugle qui ne tient aucun compte de l’homme ou de l’environnement.

    Les forces productives ont amplement été développées, mais elles ne sont pas systématiquement utilisées. Seul compte le profit à court terme. De leur côté, les gouvernements et les politiciens traditionnels sont au service des intérêts du capital et c’est à cet objectif que l’appareil d’Etat ou le pouvoir judiciaire est utilisé. Le capitalisme est soi-disant un ‘‘marché libre’’ et une ‘‘démocratie’’ mais quelle participation démocratique avons-nous concernant la manière de produire ? Des milliards de personnes à travers le monde n’ont que la liberté d’être exploités ou de connaître la misère et la guerre.

    Qu’est-ce que le socialisme ?

    Une société socialiste assimilerait l’énorme potentiel des talents de chacun et de la technologie pour édifier une société et une économie au service des besoins de tous. Cela ne signifie pas que tous les problèmes seraient immédiatement résolus, loin de là, mais la suppression du profit marquerait le début de la construction d’une nouvelle société, ce qui n’est possible qu’à l’échelle internationale.

    Les marxistes sont en faveur d’une économie démocratiquement planifiée, une économie où les grandes entreprises qui dominent aujourd’hui plus de 80% de l’économie seraient mises sous le contrôle démocratique de la collectivité, ce que nous appelons le contrôle ouvrier. Cela ne signifie toutefois pas que tous les petits commerces, les boulangeries, les boucheries,… seraient nationalisés.

    Un régime socialiste nous permettrait d’avoir bien plus à dire que sous la ‘‘démocratie’’ parlementaire capitaliste, qui ne nous accorde que des élections fort médiatisées après quelques années, tout ça pour élire des représentants qui ne défendent pas nos intérêts et qui ne doivent en rien se justifier auprès de leurs électeurs. Pour les marxistes, tout le monde doit pouvoir participer au processus de prise de décision quant à la manière dont sont gérées l’économie et la société.

    Les élus devraient toujours avoir à se justifier et être révocables, à tous niveaux, par leurs électeurs. De plus, les représentants ne toucheraient que le salaire moyen d’un travailleur, afin de garder un lien concret avec le quotidien de la majorité de la population. Un parlementaire marxiste (comme notre camarade irlandais Joe Higgins au Parlement Européen) ne gagnerait ainsi que l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.

    Les marxistes luttent pour la démocratie des travailleurs, ce qui implique que toute la collectivité travaillerait ensemble à la planification de la production. A tous les niveaux, sur les lieux de travail et dans les quartiers, des comités de représentants seraient organisés, sur les plans régionaux et nationaux, sous le contrôle d’assemblées générales de base. Chacun aurait ainsi la possibilité de réellement participer aux décisions et à la gestion de la société.

    Le capitalisme a développé plusieurs outils pour nous faciliter cette tâche, comme l’enseignement, qui fournit un niveau supérieur d’éducation, ou encore les nouvelles technologies, qui rendent la communication beaucoup plus facile et potentiellement bien plus accessible. La planification de l’économie n’est pas une utopie, les grandes entreprises et les multinationales fonctionnent d’ailleurs sur base d’une planification de leurs activités à grande échelle. Mais porter cela au niveau de la société signifie de s’attaquer à leur propriété.

    Le socialisme va bien au-delà du simple partage des richesses. Il s’agit également de décider de ce qui est produit et de quelle manière. Nous voulons immédiatement en finir avec le gaspillage consacré à des industries comme celle de la publicité. Nous voulons répartir le travail disponible au lieu de demander à une couche de travailleurs de travailler plus dur et plus longtemps alors qu’une autre couche (y compris beaucoup de jeunes) est au chômage.

    Mais aujourd’hui, dans le cadre d’une société où le profit est sacré et où l’humanité souffre sous ses diktats, il n’est pas possible de donner une vue complète de ce que sera une société socialiste. Nous ne pouvons que donner un léger aperçu en mettant en lumière les conditions qui permettront au potentiel existant d’être utilisé dans l’intérêt de la majorité de la population.

    Le socialisme n’aboutira-t-il pas à une dictature bureaucratique comme en Russie ?

    Les monstrueuses dictatures bureaucratiques et sanglantes de Russie, de Chine, d’Europe de l’Est et d’ailleurs étaient une négation totale du véritable socialisme démocratique. Mais il est fondamental que les marxistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons qui ont conduit à sa dégénérescence bureaucratique. En fait, ce processus trouve ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.

    La Révolution russe de 1917 a constitué la première fois où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à instaurer une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde ait jamais connu: ouvriers et paysans dirigeaient la société démocratiquement par l’intermédiaire de conseils ouvriers (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et celui d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.

    Les dirigeants bolcheviks Lénine et Trotsky, ont toujours expliqué qu’il était impossible d’instaurer le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pouvait parvenir à survivre qu’en s’étendant aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.

    Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes reconnu que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale et que le capitalisme était mondialement menacé. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile du côté des capitalistes et des propriétaires terriens russes afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. 21 pays ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Japon,… ) Pour que les bolcheviks arrivent à remporter la guerre civile (1918-1921), la vague de révolutions qui a déferlé sur toute l’Europe et dans le monde a été décisive. La Révolution russe et l’appel des bolcheviks aux travailleurs du monde entier au soulèvement contre la Première Guerre Mondiale avait mis le feu aux poudres. Les soulèvements révolutionnaires en Allemagne et à travers l’Europe ont entraîné la fin de la guerre et ont forcé les classes dirigeantes à retirer leurs troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.

    Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Au lieu de cela, les partis ouvriers de masse en Europe ont été dominés par les dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste. Ainsi, alors que l’Union Soviétique a vaincu la contre-révolution, la jeune république Soviétique est restée isolée. La première guerre mondiale puis la guerre civile avaient laissé le pays dans une situation désastreuse, les masses épuisées, au chômage et affamées. Tout cela a constitué la base pour l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique conservatrice. La bureaucratie, groupée autour de Staline, a concentré le pouvoir dans ses mains dans les années ’20 et ’30 et a démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir.

    Les nombreuses révolutions qui, plus tard, ont pris place dans le monde néocolonial et en Europe ont malheureusement regardé la Russie comme le modèle à suivre, et le gouvernement bureaucratique soviétique a pu exporter son modèle stalinien vers la Chine, l’Europe de l’Est, et ailleurs.

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