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Tag: Frank Vandenbroucke
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Travail intérimaire. Les nouveaux esclavagistes
Si on veut sauvegarder notre avenir en tant que jeunes, alors il faudra nous organiser et lutter, car les emplois flexibles et précaires qui nous sont réservés ne vont pas disparaître comme ça. Le patronat a préparé quelques statuts bidons et précaires. Parmi ceux-ci, le travail intérimaire est l’outil par excellence pour museler les jeunes travailleurs. Tu rêves de décrocher un emploi avec un contrat à durée indéterminée dans l’entreprise où tu travailles avec ton contrat intérimaire ? Seul 1 travailleur intérimaire sur trois a vu se réaliser un tel rêve!
Yves Drieghe
L’époque où le travail intérimaire servait comme moyen de faire face à une hausse temporaire des commandes est révolue; maintenant, c’est devenu la norme. Les plus de 300.000 travailleurs intérimaires n’ont pas de revenu fixe, pas d’horaires fixes, pas de protection contre le licenciement et doivent travailler avec des contrats à la semaine et dans beaucoup de cas, avec des contrats à la journée. C’est l’insécurité et la flexibilité poussées jusqu’au bout! Ce qui est à l’ordre du jour maintenant, c’est la Marche des Jeunes pour l’Emploi afin de réunir nos forces et de lutter pour le respect et l’extension des droits des travailleurs intérimaires.
Lors de notre campagne devant les bureaux d’intérims, il s’est avéré que nous pouvons compter sur le soutien de beaucoup de jeunes. Ceux-ci commencent à travailler avec beaucoup d’espoir, mais finissent par sombrer dans le désespoir, une fois confrontés à la réalité.
Les histoires personnelles des travailleurs intérimaires confirment que ce genre de travail est l’instrument par excellence avec lequel le patronat attaque les salaires et la protection contre le licenciement des travailleurs. Louer une maison, faire une demande d’emprunt à la banque devient d’un coup illusoire. Ce qui est renforcé quand on voit tous ses amis faire face aux même problèmes. Voilà pourquoi nous avons lancé un appel pour lutter tous ensemble. La lutte contre des contrats intérimaires incertains et flexibles est devenu une nécessité!
Ainsi, le ministre flamand de l’Emploi, Frank Vandenbroucke, s’imagine accorder un rôle encore plus important au travail intérimaire. Sous les applaudissements de Federgon, la fédération des bureaux d’intérims, il propose la suppression de l’interdiction du travail intérimaire dans certains secteurs. Ce qui veut dire que le marché du travail intérimaire sera totalement libéralisé. C’est inacceptable!
Bien que des entreprises se servent du travail intérimaire pour casser la solidarité entre travailleurs et rendre plus difficile la lutte sociale, nous devons nous organiser pour défendre nos droits avec les autres travailleurs. Ensemble nous luttons pour un emploi décent avec un salaire décent pour tous.
L’extension du travail intérimaire et des autres formes de travail précaire doit être empêchée! Nos revendications sont claires: le respect des droits actuels (signature du contrat avant le début du travail, interdiction d’envoyer les intérimaires travailler lors d’une grève, droit à un salaire garanti lors d’une maladie, à travail égal salaire égal) et l’extension des droits des travailleurs intérimaires: participation et candidature aux élections sociales! Droit de grève! Droit à un revenu fixe! Droit à un emploi à temps plein! Mais afin de réaliser ces revendications, il faudra unifier la lutte contre les attaques du patronat.
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Non-marchand. Il faut une stratégie pour vaincre!
Les travailleurs du secteur non-marchand sont à un tournant décisif dans leur lutte pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail. Après la manifestation du 27 janvier, qui a vu descendre dans la rue des milliers de membres du personnel infirmier, du personnel paramédical, d’éducateurs, d’animateurs ontclamé leur colère, tant en matière d’amélioration des conditions de travail que sur le plan salarial, le gouvernement a bloqué l’enveloppe budgétaire à 375 millions d’euros répartis sur 5 à 6 ans.
Correspondant
Ce qui limite la création d’emplois à 10.000 au lieu de 25.000, soit 7.000 équivalents temps plein. C’est beaucoup trop peu pour soulager la charge de travail.
En matière de pouvoir d’achat, ce sera encore plus mince. Le gouvernement s’en tient à la position du ministre précédent Frank Vandenbroucke (SP.a) qui avait opposé un Niet! pendant deux ans aux revendications salariales. Il n’est prévu qu’une petite augmentation pour les plus mal payés et on instaurera un deuxième pilier pour les pensions dans le secteur. Les pensions des travailleurs du non-marchand figurent parmi les plus maigres en Belgique.
Les travailleurs du non-marchand gagnent en moyenne 10,5% de moins que dans les autres secteurs, et cela durera encore deux ans. Les syndicats ont fait savoir que les propositions du gouvernement étaient insuffisantes. Ils revendiquent une enveloppe minimale de 520 millions d’euros. Mais ils abandonnent ainsi une bonne partie de leur cahier de revendications alors que les travailleurs se sont battus pour l’application de ce cahier pendant plus d’une année. Qui dit que les prochains mois, ne verront pas les négociateurs syndicaux opérer une nouvelle reculade, et que les travailleurs du non-marchand ne se retrouveront pas de nouveau avec un accord sans contenu pour les cinq ou six ans à venir?
Les syndicats ont déposé un préavis de grève illimité à partir du 24 février, mais ils laissent leurs affiliés dans l’incertitude sur les modalités pour organiser ces grèves. La LBC (la Centrale CSC pour les employés, en Flandre) veut faire une grève générale les 24 et 25 février afin d’exercer le plus vite possible une pression maximale sur le gouvernement et arracher des concessions. Si le gouvernement tient bon, le secteur ira-t-il vers une grève générale? La LBC tient-elle compte du fait que dans beaucoup d’institutions les actions sont menées uniquement par les délégués?
Il faut une mobilisation. Mais la forme qu’elle prendra reste très floue. Ainsi le SETCa envoie ses militants diffuser des tracts "Grève à durée indéterminée… dans les soins de santé?". Attention au point d’interrogation. Distribuez-le aux collègues de travail et, pour le reste, tirez votre plan? C’est la recette assurée pour une défaite. Dans son dernier tract, Hypertension (bulletin de militants du SETCa, de la LBC et de la CNE dans le non marchand), le MAS insiste sur la nécessité d’un plan d’action par région et sur la mise sur pied d’un comité d’action. Cela permettra d’informer la masse des travailleurs qui, jusqu’à présent, l’a peu été. Au SETCa, il y a un plan d’action avec des réunions d’information et des piquets massifs sont prévus à partir du 1er mars sur un certain nombreux d’hôpitaux bruxellois. Avec un tel plan de mobilisation, il est possible de lancer des actions qui iront en s’élargissant. Mais il faudra aussi que ces actions puissent durer dans le temps.
Pour mettre sur pied des comités d’action, il faudra travailler à la base pour unifier les militants de la FGTB et de la CSC. Jusqu’à présent, les manifestations se sont déroulées en " blocs de couleur ", les verts d’un côté, les rouge de l’autre. Cela nuit à l’unité.
Une victoire du non-marchand est possible et nécessaire. D’abord pour le personnel, mais aussi pour les usagers. Chaque délégué doit prendre l’initiative d’organiser, dès que possible, des réunions pour préparer le passage à l’action dans les institutions de soins et, sur le plan régional, élaborer un plan d’action capable de mener à la victoire.
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Pourquoi participer à la Marche des Jeunes pour L’emploi?
Le 19 mars aura lieu à Bruxelles la Marche des Jeunes pour l’Emploi. La manifestation fait suite à un appel que Blokbuster, la campagne antiraciste du MAS, a lancé aux organisations de jeunes de la FGTB et de la CSC avant l’été 2004. A l’heure actuelle, des comités locaux de la Marche des Jeunes sont actifs dans différentes villes. Ils mènent des campagnes dans des entreprises, dans les quartiers, parmi les chômeurs, les lycéens et les étudiants. En février, la campagne devrait tourner à plein régime dans les régions. Mais pourquoi est-il si important que toi aussi tu participes et que tu mobilises aussi des amis, des collègues…pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi?
Peter Delsing
Travailleurs: comment stopper la détérioration de nos conditions de travail?
Actuellement, le chômage massif fait peser une énorme pression sur les salaires et les conditions de travail de ceux qui ont encore un emploi. Ceux qui – à commencer par les jeunes – arrivent encore à décrocher un emploi, le trouvent souvent d’abord par le biais d’un travail comme intérimaire. « Chez nous, explique Luc de Louvain, qui a travaillé quelques mois pour DHL à Diegem, il y avait, toutes équipes confondues, plus d’intérimaires que de travailleurs avec un contrat stable. Ces intérimaires étaient utilisés pour faire face aux moments de pointe dans la production. J’estime qu’à Diegem, il y avait une soixantaine d’intérimaires, contre trente ouvriers avec un contrat stable. Naturellement, cette insécurité au niveau de l’emploi rend difficilement possible la lutte collective pour les intérêts de tous les travailleurs. »
Appuyés par le gouvernement, les patrons mènent depuis le début des années ‘80 une attaque permanente visant à imposer une flexibilité débridée aux travailleurs. Aujourd’hui, un jeune sur cinq occupe un emploi d’intérimaire. En Belgique, plus d’un salarié sur trois a un statut flexible (travail de nuit, de soirée, de week-end ou à pause). 20% travaillent à temps partiel. Les patrons veulent nous engager lorsque la production à réaliser augmente et nous mettre à la porte plus facilement lorsque l’économie va moins bien. L’Accord interprofessionnel honteux que les dirigeants syndicaux viennent d’approuver et qui prévoit de doubler le nombre d’heures supplémentaires jusqu’à 130 va encore continuer à mettre la pression sur la vie familiale des travailleurs.
A travers la Marche des Jeunes pour l’Emploi tu peux lutter en tant que travailleur contre la détérioration de ton salaire et de tes conditions de travail. Nous devons reven-diquer des contrats décents pour tout le monde. Non au chômage structurel que les patrons utilisent pour faire pression sur les travailleurs ! Pas de « diviser pour régner »! Pas de flexibilité qui détruit notre vie familiale! Pour le partage du travail par la diminution générale du temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire!
Lutter chacun dans son coin?
Un deuxième argument pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi est que les divers mouvements de grève qui ont éclaté dans différents secteurs peuvent être unifiés en une force plus grande et plus efficace.
Au cours des derniers mois, le secteur non-marchand est entré en action pour ses revendications légitimes : davantage de personnel, un meilleur salaire,… En même temps, il y a eu ces derniers temps des actions à la STIB à Bruxelles (tram, bus et métro) mais aussi dans les TEC en Wallonie et à De Lijn en Flandres. Chez AGC Automotive à Fleurus, la grève contre l’annonce de 248 licenciements a duré des semaines. La direction a obtenu des astreintes judiciaires et le piquet de grève a été attaqué par la police ! Des délégations syndicales de tout le pays ont manifesté leur solidarité avec cette grève. A la Poste aussi, des actions ont eu lieu un peu partout contre l’imposition de Géoroute. A la SNCB, des milliers d’emplois sont sur la sellette. Chez DHL à Zaventem, ce sont 1700 emplois qui doivent disparaître à partir de 2008.
La manifestation des syndicats le 21 décembre, qui a rassemblé 50.000 participants, ne doit pas rester un acte isolé. Avec la Marche des Jeunes pour l’Emploi, nous voulons commencer à construire un meilleur rapport de forces en réunissant les différents courants de lutte. Pour une réponse unifiée aux patrons et au gouvernement !
Les jeunes sont-ils motivés pour l’action syndicale?
La Marche des Jeunes pour l’Emploi offre une excellente occasion, notamment grâce aux délégués jeunes dans les entreprises, d’intéresser de plus larges couches au travail syndical. Si les syndicats défendent les intérêts de leurs membres de façon conséquente, ils gagneront une nouvelle génération pour un travail syndical solide. En tant que jeune (ou même moins jeune !), discute avec tes délégués de ce qui peut être organisé dans ton entreprise pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi.
Les chômeurs sont-ils “responsables” de leur chômage?
Le chômage réel en Belgique est passé de 1,9% au début des années ’70 jusqu’à presque 25% au-jourd’hui. Plus d’un million de personnes dépendent entièrement ou partiellement d’une allocation de l’ONEM. Cela n’a rien à voir avec l’inadaptation des chômeurs, mais tout à voir avec la crise de sur-production du système capitaliste.
« Fin août l’année dernière, j’ai été convoqué par le Forem dans le cadre du nouveau plan d’ « accompagnement des chômeurs » de Frank Vandenbroucke » , explique Lucas de Mons. « Nous avons été divisés en petits groupes, peut-être pour éviter une « réaction de groupe ». Ensuite, les assistantes sociales nous ont donné des explications sur le fait qu’il existait des fraudeurs : naturellement pas dans la salle, mais à l’extérieur il y a plein de profiteurs. Il en ressortait qu’il faut séparer le bon grain de l’ivraie. Je suis inter-venu pour dire qu’en Belgique, il y a, pour chaque emploi, 6 chômeurs officiels et que, dans le Borinage, ce chiffre est encore plus élevé. N’importe quelle personne qui sait compter voit qu’il n’y a pas suffisamment d’emplois. Pas du tout, m’a-t-on rétorqué, ce qui manque chez les chômeurs, c’est la mobilité et la volonté. Il suffit qu’ils prennent le train pour aller travailler à Anvers (pourquoi n’y vont-ils pas eux-mêmes?) En sortant, une jeune mère m’a confié qu’elle n’avait pas d’argent pour payer la crèche si elle trouvait du travail. Je n’ai su que lui répondre… »
Wouter, de Malines, raconte : « Je n’habite plus chez mes parents depuis mai 2004 mais j’y suis pour-tant encore domicilié. En juin, je me suis inscris comme demandeur d’emploi auprès du FOREM et je suis actuellement en stage d’atten-te, ce qui signifie que j’ai seulement droit à des allocations familiales. »
« Cela prend du temps de cher-cher un emploi et c’est loin d’être gratuit. Tu dois te déplacer jusqu’à la Maison de l’Emploi pour consulter les offres d’emploi, tu dois faire des copies de ton CV et d’autres documents requis, tu dois passer tes journées à envoyer des tas de lettres de candidatures et à donner des tas de coups de fil, ce qui revient assez cher, tu dois te déplacer pour aller à des entretiens d’embauche,… Parfois on te demande même d’envoyer un courrier par recommandé, ce qui te coûte 4,50 euros. Tout cela sans que tu aies pour autant la garantie que tes efforts serviront à quelque chose. Cela fait huit mois que je fais cela avec pour unique résultat des boulots comme intérimaire. En outre, à la Poste, où j’ai également travaillé comme intérimaire, j’ai été contraint de signer mes contrats de travail hebdomadaires après la semaine prestée ! Entre deux emplois, je me retrouve souvent quelque temps au chômage, obligé de me tourner les pouces. »
« A partir de la semaine prochaine, j’aurai du travail chaque vendredi soir, de 23h30 jusqu’à 5 h. Le salaire brut est de 7,69 euros de l’heure, plus une prime de nuit de 20 % et encore une prime d’environ 2,40 euros parce que je viens travailler en vélo. Sans cette prime-vélo, je travaillerais, après le retrait de 22% pour la Sécurité Sociale, chaque vendredi soir pour 39,59 euros à peine. Quelqu’un qui ferait ce travail à temps plein (6 jours sur 7) n’aurait donc que 237,54 euros par semaine. Cela revient donc à moins de 1000 euros par mois pour du travail de nuit, 6 jours sur 7 ! Je pourrais donc ruiner ma santé en déréglant complètement mon rythme biologique pour même pas 40 euros par jour. »
La lutte peut-elle changer quelque chose?
Les patrons et le gouvernement pointent d’un doigt accusateur les chômeurs afin que, pris par la honte, ils ne se mettent pas à résister. Nous devons casser cette hypocrisie. Le MAS a dans plusieurs villes comme Bruxelles et Turnhout, aidé à mettre sur pied des comités de chômeurs qui mobilisent pour la Marche des Jeunes.
Geert de Turnhout explique ce qu’ils ont fait : « Nous avons commencé par une campagne sur les bureaux de pointage, où nous avons essayé de démontrer la nécessité de la lutte comme réponse aux campagnes de calomnies menées par les médias et par l’Etat. Des enquêtes que nous avons faites sur les bureaux d’intérim ont montré que ce sont surtout les immigrés et les femmes qui reçoivent des réponses négatives disant qu’il n’y a pas d’offre. Il y a aussi un manque flagrant de travail dans la région même alors que 70 % des chômeurs ne disposent pas de leur propre moyen de déplacement. Le « groupe de travail des chômeurs » se réunit lors des réunions organi-sées par Blokbuster et les Jeunes CSC et FGTB. Nous prévoyons des actions « Name and shame » devant des agences d’intérim et nous organisons aussi une manifestation locale avec quelques actions ludiques devant le FOREM, des agences d’intérim, des écoles, l‘ONEM et la crèche, par lesquelles nous voulons illustrer le parcours du combattant que doivent accomplir les chômeurs. »
Tout le mouvement ouvrier organisé doit être mobilisé pour l’emploi, si nous voulons obtenir des victoires. Nous devons construire un courant combatif de gauche à l’intérieur des syndicats et mettre en avant l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. Ce processus peut être accéléré par la construction d’un mouve-ment révolutionnaire conscient comme le MAS.
La lutte pour les droits des femmes: une lutte du passé?
Les femmes sont parmi les principales victimes de la crise. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois partiels (40% des femmes actives travaillent à temps partiel) et sont acculées à accepter des boulots payés avec des chèques services ou d’autres statuts bidons. Souvent leur boulot ne garantit pas le minimum nécessaire à la survie ou à leur indépendance financière. Au niveau national, 15,7% des femmes sont sans emploi contre 10,6 % des hommes. En Wallonie, ces chiffres montent à 22% pour le chômage des femmes.
« Dans la plupart des agences d’intérim, explique une mère qui vit seule avec ses enfants à Turnhout, ils disent qu’il n’y a du travail que pour les hommes. Des chômeuses qui doivent faire appel à une garderie ne peuvent travailler que pendant la journée, ne peuvent pas faire les équipes,… Récemment l’ONEM m’a convoquée pour un contrôle. La femme qui m’a fait passer l’entretien a dit que je ne devais absolument pas répéter qu’il m’est difficile de trouver un emploi parce que je dois trouver d’abord une garderie. Elle m’a dit que normalement elle était censée noter cette remarque comme appréciation négative ! A l’ONEM, ils s’attendent à ce que tout le monde ait automatiquement une solution de garde pour les enfants alors qu’il y a un manque énorme de garderies. Au lieu d’utiliser de l‘argent à exclure des chômeurs, on ferait mieux de consacrer cet argent à autre chose, comme créer des emplois pour les travaux publics. Ce n’est pas de ma faute si je suis au chômage. »
A l’heure actuelle, les femmes ne gagnent toujours en moyenne que 72% de ce que touchent les hommes, en partie parce qu’on les retrouve dans les secteurs les moins intéressants mais aussi parce qu’elles sont toujours payées moins pour le même travail. De plus, les femmes ont encore souvent, en plus de leur travail, la responsabilité du ménage. Le MAS revendique la création de garderies décentes et gratuites et de services publics qui prennent le plus possible en charge les travaux ménagers. Les femmes qui travaillent comme les femmes au chômage ont toutes les raisons de revendiquer leurs droits et d’aider à construire la Marche des Jeunes pour l’Emploi.
Etudiants :un diplôme supérieur assure-t-il un emploi?
L’époque où un diplôme universitaire garantissait un emploi est ré-volue. La bourgeoisie et l’Etat considèrent qu’ils sont confrontés à une « offre excédentaire » de diplômés du supérieur. Une des raisons les plus importantes à l’instauration à l’université du système « Baccalauréat / Maîtrise » est la volonté d’imposer, à terme, une plus grande sélection par le biais d’une augmentation du minerval, surtout pour la Maîtrise qui deviendrait le seul véritable diplôme universitaire.
Les diplômés de l’enseignement supérieur ont de plus en plus de difficultés à trouver un travail à l’heure actuelle. Leur part dans le nombre total de « demandeurs d’emploi qui ne travaillent pas » en Belgique est passée de 11% en 1994 à 17,1% en 2004. De plus, un grand nombre de diplômés de l’enseignement supérieur sont obligés de travailler sous leur niveau : 51% des universitaires ou diplômés de l’enseignement supérieur de type long sont dans cette situation !
Cette situation n’est pas près de s’améliorer si l’on en croit les perspectives des patrons pour 2005. La FEB prévoit un ralentissement de la croissance économique aux alentours de 1,7%. La vague de licenciements va donc encore s’accélérer. Il faut compter sur une croissance réelle d’environ 3% avant que de nouveaux emplois ne soient créés, vu l’augmentation de la productivité du travail, le fait que les investissements se font seulement pour le remplacement des machines,… Selon la FEB, le nombre de secteurs qui voit l’avenir avec confiance doit être revu à la baisse jusqu’à un maigre 29%. Le baromètre de la conjoncture publié par l’UNIZO, l’Union des Classes Moyennes flamandes, dit que 82% des PME (Petites et Moyennes Entreprises) s’attendent à une chute de l’emploi. Les étudiants et les lycéens vont devoir se battre pour leur avenir. Le capitalisme n’a que l’insécurité et la régression sociale à leur proposer.
La bourgeoisie essaie de détourner les étudiants d’une orientation favo-rable aux intérêts de la majorité de la population. Le but assigné à l’université est de fabriquer une couche de cadres égoïstes et élitistes au service du capitalisme. Pourtant la crise de la société et la diminution des chances de trouver un emploi convenable pour des diplômés du supérieur montrent où se trouvent les intérêts réels des étudiants: dans une unité avec le mouvement ouvrier. Il faut une unité entre les étudiants et les travailleurs pour exiger un enseignement gratuit et de qualité et garantir le droit au travail pour tout le monde. Cela n’est possible qu’en menant en même temps la lutte pour la transformation socialiste de la société.
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Le travail intérimaire remplace de plus en plus les emplois stables
Le travail intérimaire, en principe réservé aux PME confrontées à du personnel absent ou à un accroissement de travail temporaire, est de plus en plus utilisé à grande échelle pour remplacer les emplois fixes. De ce fait, les entreprises disposent d’une main-d’œuvre très flexible. Il n’est plus question d’emplois de qualité. Aujourd’hui, on remplace souvent un contrat à plein temps et à durée indéterminée par des contrats de travail flexibles.
Yves Drieghe
Le travail intérimaire est un développement incontrôlé du travail flexible avec un statut très précaire. Et ce alors que la plupart des travailleurs aspirent à la sécurité de l’emploi. Cette précarité mène aussi à une plus grande vulnérabilité. Les intérimaires qui luttent pour leurs droits sont tout simplement écartés à l’expiration de leur contrat. Les patrons utilisent le travail intérimaire pour briser la solidarité des travailleurs et tirer la lutte sociale vers le bas.
Les intérimaires n’ont pas de droits bien déterminés. Les entreprises ne peuvent normalement recourir au travail intérimaire qu’en cas d’accroissement temporaire du travail, pour l’exécution de tâches exceptionnelles ou pour remplacer un travailleur fixe dont le contrat est suspendu (congé, maladie,…). Aujourd’hui, nombre d’entreprises considèrent pourtant le travail intérimaire comme la norme établie.
Chez Tupperware, des travailleurs prestent du «travail temporaire» depuis 8 ans. Les travailleurs fixes qui partent en pension ne sont plus remplacés par des contrats fixes. Bonne nouvelle pour l’agence d’intérim Vedior qui a un siège à l’intérieur de Tupperware.
En chiffres absolus, c’est La Poste qui utilise le plus d’intérimaires. D’où la présence de bureaux d’intérim dans les bâtiments de La Poste.
Les propositions de Vandenbroucke inspirent confiance à Federgon!
Federgon, la fédération professionnelle des bureaux d’intérim et d’embauche, et le ministre de l’Emploi pour la Région flamande, Frank Vandenbroucke, veulent confier aux sociétés d’intérim un rôle plus important sur le marché de l’emploi sous prétexte que le travail intérimaire permet à beaucoup de travailleurs d’accéder à un emploi fixe. C’est pourquoi ils veulent la levée «de l’interdiction du travail intérimaire dans certains secteurs». Une levée de l’interdiction du travail intérimaire dans les services publics sonne agréablement aux oreilles de Federgon. C’est pourquoi Frank Vandenbroucke a reçu le tout premier «Prix Federgon Intérimaire» pour sa «contribution pro-active à l’amélioration du fonctionnement du marché du travail». Federgon ne cherche donc pas à cacher que les propositions du ministre SP.a sont taillées sur mesure pour les sociétés d’intérim.
C’est un scandale qu’une ouvrière de chez Tupperware n’ait toujours pas de contrat fixe après 8 ans de travail dans l’entreprise. Mais Federgon le dit sans ambages: «Combien coûte un collaborateur fixe? Salaire brut + pécule de vacance + 13ème mois + charges patronales + … la liste continue. Bref, le recours au travail intérimaire est plus compétitif et meilleur marché que l’embauche de travailleurs fixes». Donner une sécurité de revenu à un travailleur ne figure pas à leur agenda!
Adecco est une entreprise aux bénéfices plantureux, le résultat de la fusion entre le groupe suisse Adia et le groupe français Ecco. L’entreprise avait une valeur de 2,2 milliards € au moment de la fusion. 4 ans plus tard, le groupe Adecco compte 5.800 bureaux dans 65 pays, 28.000 employés et place chaque jour 650.000 intérimaires dans 100.000 entreprises. En 2002, ils avaient un chiffre d’affaire annuel de 16 milliards €. Ils ont engrangé un bénéfice net de 255 millions € dans les 3 premiers trimestres de 2003.
L’intérim belge est un secteur en pleine extension qui place 316.000 intérimaires par an. Cela signifie que ces travailleurs n’ont pas la garantie d’un revenu fixe, pas d’horaires fixes, pas de congé de grossesse. Et s’ils tombent malades?
Les bureaux d’intérim imposent une flexibilité scandaleusement élevée à leurs intérimaires. « Pendant les quelques mois où j’ai travaillé chez Tupperware, j’ai reçu à plusieurs reprises un coup de téléphone à 12h m’invitant à être sur mon lieu de travail à 14h. A d’autres moments, on me disait que je ne devais pas venir travailler, car il y avait trop peu de travail. Je devais travailler tantôt dans l’équipe du matin, tantôt dans celle de nuit pendant la même semaine. En outre, je devais attendre le vendredi pour signer le(s) contrat(s) pour les jours où j’avais déjà travaillé ».
Les services de médiation pour le secteur privé ont traité en 2003 environ 163 plaintes d’intérimaires. Les plaintes relatives au travail intérimaire affluent aussi chez les syndicats. La plupart des plaintes tournaient autour des « relations humaines ». Un bureau d’intérim n’a aucune obligation de fournir du travail à un intérimaire. La discrimination est donc monnaie courante. D’autres plaintes portent sur des questions administratives (notamment la prime de fin d’année), sur l’incapacité de travail,…
Non seulement les sociétés d’intérim font des bénéfices, mais elles aident les entreprises à maximaliser leurs profits. Le travail intérimaire est l’arme idéale contre l’unité des travailleurs. On exige des travailleurs une flexibilité scandaleusement élevée qui ne leur offre absolument aucune sécurité de revenu et leur cloue le bec avec des contrats à la journée. La seule solution, c’est de créer des emplois dignes de ce nom de telle sorte que les travailleurs jouissent d’un bon statut et de la sécurité d’emploi. Il faut abolir le travail intérimaire au rabais !
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Accord Interprofessionnel – face à l’agression patronale: Il est temps de passer à la contre-attaque!
Accord Interprofessionnel – face à l’agression patronale:
Les profits ont plus que doublé, mais pas le pouvoir d’achat.
Dès avant l’été, les patrons ont lancé l’offensive en vue du nouvel Accord Interprofessionnel (AIP). Sur leur cahier de revendications: plus de flexibilité, un gel des salaires et un système de fin de carrière encore plus favorable aux patrons. Il s’agit de préserver la compétitivité des entreprises. Sous peine de mettre en danger l’emploi et l’Etat-Providence. Bref: nous devons remercier les patrons de pouvoir faire des sacrifices.
La presse, qui est entièrement aux mains du patronat, ne cesse d’asséner ce non-sens. De temps en temps, la presse spécialisée publie pourtant les vrais chiffres. Et qu’en ressort-il? D’après l’hebdomadaire de droite ‘Trends’, les 30.000 plus grandes entreprises de Belgique ont doublé leurs bénéfices en 2003, engrangeant le montant record d’au moins 27.8 milliards d’euros ou 1.121 milliards de francs belges, soit un peu moins de 300.000 frs par habitant actif.
L’entreprise la plus rentable en 2003 était Belgacom. Les 15.975 travailleurs ont rapporté au moins 5 milliards d’euros de profits nets, soit 12,65 millions de francs belges par travailleur.
Brisons le carcan de de la norme salariale
Malgré ces super-profits, le patronat ne veut pas entendre parler d’augmentation de salaire. Les extrémistes du Voka, l’ancien VEV, vont jusqu’à remettre en question l’indexation des salaires. La FEB et l’UCM veulent limiter l’augmentation des salaire à 3.3 %, soit le niveau de l’inflation. Il n’est toujours pas question de compensation pour l’augmentation de la productivité. Même l’augmentation barémique de 1 % est remise en cause.
Le patronat invoque le Conseil Central de l’Economie (CCE). Celui-ci calcule la soi-disant norme salariale qui impose que les salaires belges ne doivent pas augmenter plus que ceux des pays voisins. Le CCE a pourtant fait savoir “discrètement” qu’il s’était trompé de 0.9% au détriment des travailleurs. La réaction de Paul Soete, de l’organisation patronale Agoria, en dit long: “Ne cédons pas au fétichisme des chiffres”. Bref: la norme salariale ne vaut que lorsqu’elle arrange les patrons.
Les directions syndicales ne revendiquent que 1% d’augmentation de salaire au- delà de l’inflation et des augmentations barémiques. Ce n’est rien d’autre qu’un appât pour nous faire avaler plus de flexibilité. Lorsqu’on voit l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres, les chiffres de profits qui donnent le tournis, les prestations de la bourse belge et les salaires mirobolants que s’accordent royalement les managers d’entreprises, on ne peut qu’exiger une hausse substantielle du pouvoir d’achat des travailleurs et l’abrogation immédiate de la norme salariale.
La classe politique et le patronat: bras dessus, bras dessous
Malgré les chiffres de profits, beaucoup de travailleurs pensent que les entreprises sont sur le point d’être foudroyées par la concurrence. Depuis l’été, les arguments patronaux ne cessent d’être martelés par le patronat lui-même et la presse, mais aussi par les politiciens.
Frank Vandenbroucke a déjà annoncé le gel des salaires des fonctionnaires flamands avant même que le patronat n’y ait songé. En culpabilisant les chômeurs et en les contraignant à accepter n’importe quel job, on cherche à brader le prix de la main d’oeuvre. Les patrons jouent là-dessus sans vergogne pour mettre les salaires sous pression et faire reculer les conditions de travail.
Il est de bon ton aujourd’hui de dénoncer la “fraude sociale” pour faire accepter la politique de suspension des chômeurs. Mais qui sont ces gens qui suspendent? Marie Arena a été prise la main dans le sac pour avoir dépensé au moins 300.000 euros – soit 12 millions de francs! – dans la rénovation de son cabinet.
Il semble que chaque législature voit les ministres dépenser entre 50.000 et 70.000 euros pour la rénovation de leur cabinet. La plupart des travailleurs ne consacrent pas autant d’argent à la maison dans laquelle ils espèrent habiter toute leur vie!
La semaine des 40 heures en pratique
L’accord dans le secteur de la construction, qui permet de prester 130 heures supplémentaires non-récupérables à seulement 120 % du salaire normal, a donné des idées aux patrons. Ils veulent maintenant 175 heures supplémentaires par an (au lieu de 65h) et ce sans devoir passer par la délégation syndicale. Celui qui travaille 150 heures supplémentaires par an preste en moyenne une semaine de 40 heures. Les patrons veulent en plus que les heures de travail soient comptabilisées en base annuelle. Pour les travailleurs, cela signifie en pratique qu’ils pourront travailler 48 heures une semaine et puis 28 heures la semaine suivante.
Les jeunes surtout sont touchés par les emplois précaires et hyperflexibles. C’est une pratique illégale courante de ne faire signer leur contrat aux intérimaires qu’après la prestation de leur semaine de travail. Certaines entreprises comptent plus de 50% d’intérimaires dans leur personnel. Pour lutter contre cela, les jeunesses syndicales et Résistance Internationale organisent le 19 mars une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi. Le MAS essaie de lui donner un caractère combatif en lançant dès à présent des comités de mobilisation aux bureaux de pointage, dans les entreprises avec les délégations jeunes des syndicats, dans les quartiers, dans les écoles et les universités. N’hésitez pas à prendre contact avec nous.
La combativité y est
Vers une grève générale!
Cela fait des mois déjà que les entreprises entrent en action les unes après les autres contre un patronat de plus en plus agressif. Licenciements, allongement de la durée du travail, flexibilité accrue, menaces de délocalisation, les patrons mettent en oeuvre toute la panoplie de menaces à leur disposition. Les entreprises publiques ne sont pas épargnées. De Lijn, les TEC, la STIB, La Poste, la SNCB,… partout des milliers d’emplois sont en jeu et les conditions de travail se dégradent. Il n’y a pas d’argent pour les bâtiments scolaires. Le Non-Marchand a un besoin urgent de 25.000 emplois supplémentaires et d’un rattrapage salarial.
L’offensive du patronat et de ses laquais politiques est générale. Nous devons y répondre par des actions de grève générales. Le Non-Marchand part en grève le 27 janvier. Pourquoi pas une grève générale de 24 heures ce jour-là ou, mieux encore, de 48 heures les 27 et 28 janvier?
Avec quel programme? Cela fait plus d’un an que le Non-Marchand a rassemblé ses militants en front commun syndical lors d’un grand meeting pour travailler à une plateforme commune de revendications.
Pourquoi ne pas faire de même sur une base interprofessionnelle. Une telle plate-forme de revendications pourrait aligner les mots d’ordre suivants:
- Abrogation de la norme salariale, pour une hausse réelle du pouvoir d’achat
- Stop à la flexibilité, pas d’assouplissement des heures supplémentaires
- Maintien des horaires sur base hebdomadaire, pas d’annualisation
- Des services publics de qualité: stop à la libéralisation et à la privatisation
- Non à l’exclusion: il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs
- 32 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
- 25.000 emplois pour le Non-Marchand
- Suppression du travail intérimaire. Des emplois fixes, correctement rémunérés
- Nationalisation sous contrôle ouvrier de toute entreprise qui menace de délocaliser, de licencier ou de baisser les salaires
Le mot d’ordre de grève générale est un vain mot s’il ne va pas de pair avec un programme clair et un plan d’action qui soient discutés dans les entreprises et qui reçoivent le soutien de tous les travailleurs. Non à la grève pour faire retomber la pression, oui à la grève pour imposer nos revendications.
Il faut un nouveau parti des travailleurs!
Même si les travaillleurs parviennent temporairement à faire plier le genou au gouvernement et au patronat, ceux-ci ne renonceront jamais à nous imposer les mêmes mesures sous l’une ou l’autre forme tant que le capitalisme subsistera. D’où la nécessité de construire le MAS/ LSP en tant que parti révolutionnaire.
Un parti qui ne rejette pas l’anticapitalisme et le socialisme dans un avenir lointain, mais qui y travaille quotidiennement en partant de la pratique. Nous ne disons pas d’attendre des lendemains qui chantent. Bien au contraire, nous devrons lutter pour y arriver, y compris avec tous ceux qui ne sont pas encore convaincus aujourd’hui de la nécessité de changer fondamentalement la société. Mais même si nous faisons tomber le gouvernement, nous savons que nous n’avons rien de bon à attendre d’une autre coalition. Les travailleurs sont en effet privés d’instruments politiques. Le SPa, le PS et les verts sont devenus des partis intégralement au service du patronat.
Nous plaidons pour la formation d’un grand parti de lutte, ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre les mesures d’austérité néo-libérales. Un parti qui fasse également retentir les griefs des travailleurs dans l’enceinte du Parlement et qui sache l’utiliser pour soutenir les luttes quotidiennes et les populariser.
Un tel parti ne pourra voir le jour en Belgique que si la CSC/ACV rompt avec le CDh/CD&V et la FGTB/ABVV avec le PS-SPa et que des pans entiers du mouvement syndical décident de se donner un prolongement politique. La seule mise sur pied d’un tel parti signifierait déjà un énorme pas en avant. Il serait cependant rapidement placé devant le choix de s’intégrer au système ou de rompre avec lui.
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Le gouvernement reste sourd aux revendications de la rue
JEUDI 21 NOVEMBRE la colère blanche est descendue dans la rue. Il s’agit de la énième journée d’action du secteur non marchand: grèves et manifestations dans plusieurs villes. Malgré la brève période de mobilisation et le désarroi renforcé par les informations contradictoires diffusées dans les journées avant la journée d’action, la mobilisation était large. Dans plusieurs villes des milliers de travailleurs sont descendus dans la rue pour donner de la voix.
Correspondant
La Colère Blanche ne se limite plus aux hôpitaux, mais s’est élargie à d’autres catégories de travailleurs comme les éducateurs. Notre plate forme de revendications comporte: la création de 25.000 emplois, la diminution du temps de travail vers les 36 heures, un 13e mois et l’alignement des salaires sur ceux du secteur privé (ce qui signifierait une hausse de salaire de 10,5%).
Manque de moyens?
Les revendications du non marchand ne sont pas seulement valables pour les travailleurs du secteur, elles sont aussi importantes si l’on veut une société qui continue de fournir des services convenables à la population.
"Il n’y a pas de moyens", rétorque-t-on souvent au cabinet de Vervotte, ministre flamande, et celui de Demotte, son collègue au gouvernement fédéral. Qui plus est, Frank Vandenbroucke a proposé un blocage des salaires pour les deux années prochaines. La réaction de Walter Cornelis de la LBC (la centrale flamande du syndicat CSC pour les employés) dans Visie (publication de la CSC flamande): "Chaque fois que nous avançons nos revendications, on nous dit ‘il n’y a pas d’argent’. On doit oser faire des choix! Les soins de santé et le bien être sont des préoccupations importantes des Flamands. Nous attendons un politicien qui ose s’opposer aux baisses d’impôts. Alors à ce moment, il y aura suffisamment d’argent pour de bons services."
Walter Cornelis montre à juste titre le problème: aucun parti ne défend les intérêts des travailleurs du non marchand et les usagers des services.
Il en a pour un bon moment s’il attend cela des partis actuellement représentés au parlement. Tous adhèrent à la logique de gestion du système capitaliste. Concrètement cela implique se mettre à genoux face au chantage patronal et face à la concurrence des pays voisins qui baissent les salaires et les impôts. Naturellement cela laisse peu de marge de manoeuvre pour organiser le bien être et les soins de santé. Les syndicats devraient rompre définitivement avec leurs “amis” aux gouvernements.
Un syndicalisme combatif et démocratique ressusciterait de nouveau un enthousiasme parmi la population pour se battre pour ses droits, sentiment qui fait actuellement défaut. En même temps, l’idée d’un nouveau parti des travailleurs pourrait vivre parmi ces dizaines de milliers qui manifestent et font la grève pour défendre leurs conditions de travail et de salaire.
Il faut un plan d’action
Pour réaliser une mobilisation étalée dans le temps, les directions syndicales doivent élaborer un plan d’action qui couvre plusieurs mois car c’est une lutte étalée dans le temps. Afin de mobiliser les collègues dans le non marchand, on doit leur donner une perspective claire de l’aboutissement des actions. Il est primordial d’arriver à des négociations ouvertes et franches entre syndicats, tant au sommet qu’à la base.
Le gouvernement essaie d’affaiblir la solidarité dans le secteur en tentant de dresser les différentes catégories de travailleurs les uns contre les autres. Il faut cesser les manoeuvres entre les différents appareils syndicaux. Il est clair pour nous que le gouvernement provoque les syndicats en négociant derrière leurs dos avec les organisations corporatistes des infirmières. Cette tactique vise à faire quelques concessions aux infirmières (qui représentent le gros du potentiel de la force mobilisatrice de la Colère Blanche), comme sur les normes du personnel (le nombre d’infirmières par lit) afin de les détacher des autres catégories de travailleurs du non marchand.
Dans beaucoup d’institutions, le front commun syndical ne demeure qu’une formule de politesse au lieu d’une union réelle des forces. Afin de court circuiter les manoeuvres entre les différents appareils syndicaux, nous avons entamé la création d’un réseau de membres du MAS, délégués ou militants syndicaux du secteur (SETCa, CGSP, CNE, LBC). Nous envisageons de nous rencontrer afin d’échanger les expériences, les informations (que tel syndicat passe en silence pour l’autre ou qui sont consciemment échangées trop tard). Nous avons aussi entamé une publication sectorielle du MAS: Hypertension. Dans le passé, nous sommes déjà intervenus avec des tracts. En donnant un titre à notre publication nous voulons être plus visibles, comme avec le bulletin Modèle 9 pour nos camarades postiers.
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Appel pour une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi
Actuellement, selon l’ONEm il y a officiellement 536.662 demandeur d’emploi en Belgique, parmi lesquels 426.071 chômeurs complets indemnisés. Si on y ajoute les nombreux chômeurs à temps partiel, les prépensionnés, et tous ceux qui ont un statut Aprécaire, on dépasse le million.
Nikei De Pooter
1 jeune sur 5 est officiellement au chômage
En 2003, le gouvernement violet avait promis la création de 200.000 emplois d’ici 2007 et de s’attaquer au chômage des jeunes…beaucoup de bruit pour rien, à l’image des plans d’embauche des jeunes des 10 dernières années. Les chiffres du chômage des jeunes ne cessent de grimper d’année en année. En décembre 2003, près d’un jeune sur cinq était officiellement au chômage; une hausse de 4501 unités par rapport à décembre 2002, soit +13 % en Flandre, + 8 % en Wallonie et +9 % à Bruxelles. Dans certaines villes de Wallonie, plus de 30% des jeunes qui sortent de l’école atterrissent au chômage. A Charleroi, ce chiffre grimpe à 43 % chez les jeunes filles!
En réponse à l’augmentation du chômage, le gouvernement a créé toutes sortes d’emplois précaires couplés à des baisses de charges supplémentaires pour les entreprises. Citons par exemple la carte-emploi du Ministre flamand de l’Emploi Renaat Landuyt. Cette carte donne droit à une soi-disant formation dans une entreprise, c’est-à-dire que le jeune travaille 6 mois dans une entreprise.
Entre-temps, il continue de toucher ses allocations de chômage, la différence avec le salaire net réel étant compensée par l’ONEM. Un autre exemple, ce sont les plans Rosetta successifs dont Laurette Onkelinx a exécuté la troisième version. Avec tous ces plans d’embauche, l’emploi des jeunes est largement subsidié par les pouvoirs publics. Aucun patron ne va recruter des jeunes chômeurs s’il n’a pas besoin de main d’oeuvre. Ce n’est donc rien d’autre qu’un cadeau aux entreprises. La stratégie du gouvernement est de faire en sorte que les travailleurs âgés puissent être licenciés le plus vite possible, car ils coûtent plus cher du fait de leur ancienneté. On dresse ainsi les travailleurs âgés contre les plus jeunes. Le patronat va utiliser les jeunes pour faire pression sur les conditions de travail et les salaires de l’ensemble des travailleurs.
Les jeunes sont de plus en plus considérés comme une main d’oeuvre flexible et sous-payée. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur cinq trouve son premier emploi dans une agence d’intérim. Ces emplois intérimaires dépendent particulièrement de la conjoncture: quand l’économie entre en crise, ce sont ceux-là qui disparaissent en premier lieu. Cela ne va pas s’améliorer avec la proposition de Frank Vandenbroucke (SP.a) de créer 25.000 “emplois” par le truchement des titresservices. D’après Vandenbrouke, les agences d’intérim devraient pouvoir en fournir également. C’est la négation de toute idée d’emploi fixe avec un salaire digne de ce nom.
Les allocations ont également été soumises à forte pression ces 20 dernières années. Alors que les allocations de chômage représentaient 42 % du salaire moyen il y a 20 ans, ce n’est plus que 28 % aujourd’hui. L’allocation d’invalidité est tombée de 44% à 33 % du dernier salaire.
Le gouvernement veut exclure 30.000 chômeurs
Les mesures d’austérité du gouvernement signifient des profits plus élevés pour les entreprises, des salaires plus bas et des conditions de travail plus flexibles pour les jeunes. Ceux qui ne sont pas disposés à fonctionner dans cette logique sont sanctionnés. Le journal De Tijd a publié des notes internes de plusieurs cabinets qui font état du projet de radier 30.000 chômeurs d’ici 2007. En outre, le gouvernement a per-mis à l’ONEm d’accéder aux données des organismes de placement régionaux, ce qui constitue une sérieuse rupture avec le passé. Cela ne va pas servir à “accompagner” les chômeurs, mais bien à mettre en oeuvre un mécanisme d’exclusion et de suspension pour des dizaines de milliers de chômeurs. Ce genre de mesures va acculer à la pauvreté une couche encore plus large de la population. En 2003, 19.000 jeunes entre 18 et 25 ans ont demandé un revenu d’intégration au CPAS. C’est quatre fois plus par rapport à 1990!
Le gouvernement a annoncé ces mesures avant les élections de juin. Cela doit nous faire craindre le début d’une offensive plus générale contre les acquis de la classe ouvrière. Le gouvernement a maintenu son budget en équilibre par le bradage de son «argenterie» et par la reprise du fonds de pension de Belgacom. Nous nous attendons à ce que le gouvernement lance après les élections un plan d’austérité comparable à ceux des Pays-Bas, de France et d’Allemagne.
La privatisation des services publics est également à l’agenda. La Poste se transforme en une “entreprise rentable, compétitive”, ce qui implique la perte de 10.000 emplois. La SNCB est désormais scindée en deux parties, ce qui ouvre la voie à la privatisation du transport de marchandises et du transport international de voyageurs. Ici aussi on parle de milliers de pertes d’emploi. La privatisation des services publics signifie qu’ils ne seront plus des services à la population: le profit passe avant tout. Cela se fera aux dépens des conditions de travail et de la qualité du service à la population.
Les acquis de la classe ouvrière sont clairement dans la ligne de mire du gouvernement. Pour résoudre fondamentalement le problème du chômage, il faut des mesures structurelles. Il faut s’en prendre au chômage et non aux chômeurs ! Cela ne peut se faire qu’en luttant contre la politique néo-libérale : pour une semaine de travail de 32 heures sans perte de salaire avec embauches compensatoires, pour que l’emploi disponible soit réparti parmi tous les travailleurs. De cette façon le progrès scientifique et technique ne mène plus à une augmentation du chômage et à plus de profits pour les entreprises, mais à garantir plus de temps libre et un revenu décent pour tout le monde. Si une même quantité de richesse peut être produite en moins de temps de travail, il n’y a aucune raison d’échanger ce temps de travail gagné par des salaires plus bas.
Fait campagne avec nous pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi.
Si nous voulons empêcher les mesures du gouvernement et apporter de vraies solutions au chômage galopant, nous devons construire un rapport de force.
En ’82 et ’84, il y a eu des marches de jeunes pour l’emploi contre les plans anti-sociaux du gouvernement. La dernière marche des jeunes a eu lieu le 24 octobre 1993. Blokbuster avait pris pour cela l’initiative de contacter une série d’organisations, en tenant compte des expériences des années ’80. 10.000 jeunes avaient alors manifesté pour l’emploi et contre le racisme. Le FAF, les jeunes-FGTB flamands et les Jeunes Socialistes flamands avaient participé à l’organisation de cette marche des jeunes.
En 1993, il y avait officiellement 107.000 jeunes de moins de 25 ans au chômage et le gouvernement avait lancé une attaque contre les chômeurs. L’article 80 avait été introduit, qui permettait de suspendre les chômeurs cohabitants de longue durée. Durant la première moitié de l’année 1993, 67.000 chômeurs furent privés d’allocation. Ce sont surtout des jeunes et des femmes qui en furent les victimes. En 10 ans, pas moins de 193.000 femmes ont perdu leurs allocations. A l’apogée du mouvement anti-raciste, nous pensions qu’il était nécessaire de combiner la lutte contre le racisme avec la lutte pour des emplois stables et un revenu décent pour tous. Nous ne voulions pas nous laisser diviser sur base de la crise économique.
Nous pensons qu’aujourd’hui il est nécessaire de renouer avec ces traditions comme premier pas vers la construction d’un rapport de force. C’est dans ce cadre que nous avons écrit une lettre aux organisations jeunes des syndicats. En ce moment nous attendons leur réponse…mais dès maintenant, nous appelons toutes les personnes intéressées à nous donner leurs coordonnées pour pouvoir commencer la campagne à pleins tubes dès que nous aurons reçu le feu vert.
Aidez-nous à faire de cette marche des jeunes une réussite !