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Tag: États-Unis
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Les Irakiens découvrent la “démocratie”
TORTURES ET HUMILIATIONS
Nous étions des millions l’an dernier à faire entendre notre voix contre cette guerre impérialiste, des millions à clamer haut et fort que les raisons qui ont poussé les armées de la coalition en Irak étaient toutes autres que la défense des droits de l’homme et l’instauration de la démocratie. Mais, malgré Guantanamo, il restait des sceptiques.
Nicolas Croes
Si tous n’allèrent pas jusqu’à cautionner entièrement l’intervention, la plupart admettaient volontiers que le peuple irakien allait enfin être libéré, et que le mal, somme toute, ne serait que passager.
Beaucoup enchaînèrent en se moquant des extrémistes qui liaient la guerre au capitalisme. L’absence des fameuses armes de destruction massive avait cependant diminué leur nombre. Puis, l’on s’aperçut que les infrastructures pétrolières bénéficiaient de privilèges honteux compte tenu des conditions de vie de la population. Ils furent encore plus isolés quand il devint évident que la population ne voulait pas des marines US, ni d’une autre armée étrangère. En reste t-il encore aujourd’hui après la publication des photos de détenus ?
Devant la résistance qui s’organise, à Bagdad comme ailleurs, les Américains crurent bon d’utiliser une vieille pratique de la CIA : la torture, tant physique que psychologique. C’est en effet avec l’approbation du secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld que les prisonniers ont dû subir de tels sévices. Histoire de les préparer aux interrogatoires, l’avancée du processus de démocratisation étant à ce prix… La coalition s’est enfoncée dans un bourbier sans nom, c’est maintenant clair pour tout le monde et les Etats-Unis sont de plus en plus isolés pour y faire face.
L’Irak plonge de jour en jour dans le chaos, et les exportations de pétrole s’en ressentent: elles s’élèvent approximativement à 2 millions de barils par jour, contre 3 millions avant le conflit. Tout cela tombe à un très mauvais moment puisque la Chine est de plus en plus demandeuse et que l’OPEP a décidé d’augmenter les prix. De plus, la reprise de l’économie américaine est fragile, et le soutient à Baby Bush diminue sans cesse, or les élections sont proches.
Il ne faut cependant pas espérer une autre situation avec John Kerry. Il reste, lui aussi, à la botte des multinationales américaines, et a d’ores et déjà annoncé son refus de retirer les troupes d’Irak. Que cela soit en Irak où aux USA, il n’y a aucun espoir de mieux-être pour la majorité de la population sous le capitalisme.Ensemble, nous devons lutter contre ce système pourri qui n’engendre, à quelques riches exceptions près, que la misère et la guerre.
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Irak: Les troupes d’occupation sous le feu de la résistance
LES DERNIERES prises d’otages d’étrangers en Irak marquent une phase cruciale dans la lutte contre l’occupation. Il y avait déjà depuis longtemps une résistance armée contre les troupes US dans ce qu’on ppelle le «triangle sunnite», entre les villes de Tikrit, Fallujah et Bagdad. Les attaques de l’armée américaine contre les milices du leader chiite radical Muqtada al-Sadr ont ouvert un second front. Les Américains et leurs alliés doivent maintenant combattre non seulement les Sunnites dans le Nord de l’Irak, mais aussi les Chiites dans le Sud.
Karel Mortier
Les Chiites étaient cruellement opprimés par Saddam. Dès lors les troupes d’occupation ne s’attendaient pas à devoir f aire f ace à une telle résistance de leur part. Maintenant que c’est le cas, surgit pour les Américains le spectre d’une lutte unifiée des sunnites et des Chiites contre l’occupation. Le gouvernement Bush essaie de tout faire pour minimaliser les problèmes en Irak, refuse les comparaisons qui sont faites avec le Vietnam. Pour tant, le nombre total de soldats américains morts en Irak s’élève à plus de 700. Durant les 6 premières années de la guerre du Vietnam les Américains ont perdu 500 soldats…
Le président Bush expliquait solennellement le 2 mars 2003, depuis le porte-avion "USS Abraham Lincoln", que «les combats principaux en Irak sont terminées». A ce moment-là, il y avait 135.000 soldats américains en Irak. Les experts estiment actuellement que les Américains auraient besoin de 225.000 soldats pour pouvoir occuper effectivement tout le pays. Les américains ne les ont pourtant pas et en ce moment, aucun autre pays n’est disposé à envoyer des troupes supplémentaires, bien au contraire.
Les attaques contre les troupes de la coalition sont, d’après Bush et Blair, le travail d’un petit groupe fanatique, extrémiste et terroriste, alors que la grande majorité de la population irakienne voudrait la paix. Les méthodes musclées avec lesquelles la coalition a abordé la question des «extrémistes» a pourtant renforcé la position d’al-Sadr.
Et cela a soudé les rangs de la population irakienne. La nouvelle armée mise en place par les Américains depuis la chute de Saddam refuse de lutter contre les Irakiens. Les membres du gouvernement transitoire menacent de s’en aller par protestation contre les exactions des Américains à Fallujah, où des centaines de citoyens irakiens ont péri. En attendant, aux Etats-Unis, le mécontentement gronde contre la politique de Bush; il est évident que celui-ci a menti sur ces motivations pour envahir l’Irak. Chaque jour des avions atterrissent aux USA, ramenant des cadavres de soldats américains. Pendant ce temps le président est tranquillement dans son ranch au Texas.
La manière dont les Américains vont tenter de régler les problèmes colossaux en Irak n’est pas claire non plus. Malgré la violence croissante, les Américains continuent d’affirmer que le transfert du pouvoir aura lieu le 30 juin. D’après Bush, les Nations Unies pourraient jouer un plus grand rôle en Irak. Il est pourtant clair que l’ONU est vue par la majorité de la population irakienne comme un instrument de l’impérialisme US. Dans les années 90, plus d’un million d’Irakiens sont morts à cause des sanctions imposées par les Nations Unies. L’attentat contre leur quartier général en Irak atteste que c’est une institution en laquelle les Irakiens n’ont pas confiance.
Beaucoup de gens redoutent qu’un retrait des troupes de la coalition mène à un plus grand chaos, et même à une guerre civile. Des politiciens comme Blair se servent de cette crainte pour justifier l’occupation. Dans le cadre du capitalisme en effet, le danger d’un éclatement de l’Irak est bien présent. Si l’ennemi commun des sunnites et des chiites se retire, les conflits ethniques peuvent s’aggraver. C’est pourquoi seule une solution socialiste basée sur les intérêts des travailleurs, des paysans et des Irakiens pauvres,… peut résoudre les problèmes à long terme.
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Manifestations contre l’occupation
Un an après la guerre en Irak
Réactions à chaud dans la manif
– Julie, étudiante: "Il y a un an, on était dans la rue avant que la guerre commence et, aujourd’hui, on est toujours là, on brave la pluie pour montrer qu’on est encore plus mécontent. C’est de la grande hypocrisie de la part de l’administration Bush: on voit encore plus clairement maintenant que les motifs pour entrer en guerre étaient complètement infondés. La situation en Irak est loin de s’être améliorée…"
– Simon, lycéen: "Les Etats-Unis ont imposé une fois de plus leur politique impérialiste. Ils ne vont rien faire pour stabiliser le pays: ils vont laisser les irakiens crever de faim et ils vont pomper les ressources pétrolières."
A l’aube du 20 mars 2003, les premiers missiles américains étaient envoyés sur Bagdad, la capitale de l’Irak, déclenchant ainsi une guerre rejetée par l’écrasante majorité de la population mondiale. Un an plus tard, les opposants à cette guerre se sont donnés rendez-vous dans quelques grandes villes à travers le monde pour manifester leur colère.
Stéphane Delcros
A Bruxelles, la manifestation "Pour la paix au Proche-Orient" a rassemblé 5.000 personnes, c’est-à-dire moins de la moitié de l’objectif des organisateurs. Le MAS/LSP et Résistance Internationale étaient présents à cette manifestation avec une délégation très dynamique d’une centaine de personnes. Par ailleurs, Notre organisation était la seule à scander des slogans clairement anticapitalistes.
D’une manière générale, les manifestants étaient venus dire non à l’occupation de l’Irak et de la Palestine. Mais c’est surtout l’Irak qui focalisait l’attention à l’occasion du premier anniversaire du déclenchement de la guerre de Bush. Les opposants à cette guerre n’en voient pas la raison d’être ou la jugent injuste et ils veulent le faire savoir.
Depuis la déclaration de la fin officielle de la guerre le 1er mai dernier, jamais la victoire américaine n’a autant été remise en question. "La guerre n’est pas finie: ils sont toujours là-bas!" affirme Marie-Emilie (étudiante). Sur le terrain, les attaques et attentats se succèdent sans répit. Six cents soldats américains sont morts et la popularité de Georges W. Bush ne cesse de diminuer. Pour y remédier, le président américain a prévu un transfert du pouvoir vers un gouvernement provisoire pour le 30 juin alors que les élections ne sont programmées que pour la fin de l’année ou le début 2005.
La situation sociale et économique des Irakiens s’est aggravée depuis un an. Le chômage atteint aujourd’hui 70% de la population! Les écoles, les hôpitaux et tous les services publics de base sont totalement désorganisés. 10.000 civils irakiens ont perdu la vie depuis le début de la guerre tandis que 11.000 sont en prison.
Aujourd’hui, les mensonges de Bush, Blair et Aznar leur explosent à la figure. Dans le cas d’Aznar, littéralement. Le terrorisme sort renforcé de cette guerre. Aucune arme de destruction massive n’a été retrouvée. Le chef des inspecteurs américains a démissionné en affirmant que ces armes n’existaient plus depuis la première guerre du Golfe. Les liens présumés entre l’ancien régime irakien et le terrorisme n’ont jamais été prouvés. Plusieurs dirigeants de la "coalition des volontaires" admettent ouvertement qu’ils ont été "induits en erreur".
Les efforts – les mensonges – déployés par les dirigeants américains et leurs alliés et destinés à faire accepter la guerre à l’opinion publique se sont retournés contre eux. Le mouvement anti-guerre international n’a peut-être pas permis d’éviter la guerre mais a tout de même réussi à dévoiler les vraies raisons de celles-ci et les manipulations opérées par la coalition.
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Élections américaines: Les travailleurs n’ont pas de candidat
Élections américaines:
LES DEVELOPPEMENTS économiques et politiques aux Etats-Unis ont de lourdes conséquences au niveau mondial. D’où l’attention particulière qui se focalise sur les élections présidentielles américaines. Bush a incarné la politique agressive de l’impérialisme américain. C’est pourquoi on envisage avec beaucoup d’anxiété l’issue du scrutin présidentiel du début novembre. Une défaite de Bush ne manquerait pas de réjouir les opprimés du monde entier. Aux Etats-Unis, une grande partie de la population pousserait un soupir de soulagement. Ils espèrent qu’un autre président accordera plus d’attention aux problèmes des travailleurs américains et de leur famille et qu’il parviendra à faire reculer la vague montante d’anti-américanisme.
Bart Vandersteene
Les Etats-Unis, un géant économique aux pieds d’argile!
La guerre en Irak a semblé confirmer l’idée que le monde évoluerait vers un système unipolaire où une seule grande puissance, les Etats-Unis, jouerait le rôle de gendarme du monde. La base économique d’une telle politique n’existe pourtant pas et repose, comme nous l’avions déjà dit auparavant, sur la création de différentes bulles condamnées à éclater un jour ou l’autre.
La croissance économique exceptionnellement longue des années nonante était essentiellement due à la stimulation de la consommation intérieure, avec un endettement colossal à la clé. Il y a d’abord eu l’effervescence boursière qui a répandu le sentiment de richesse dans la société américaine. L’Américain moyen voyait enfin le «Rêve américain» devenir réalité en achetant les actions d’entreprises de haute technologie, dont les cours montaient en flèche. Il ressort d’un sondage d’opinion paru fin 1999 que 19% des Américains croyaient alors appartenir au cercle privilégié du 1% le plus riche. Une autre tranche de 20% croyaient pouvoir y accéder un jour.
Cette bulle a entretemps éclaté et nombre d’Américains sont retombés sur terre. Ceci n’a évidemment pas été sans conséquences pour l’économie américaine. D’un seul coup, la richesse des Américains s’est trouvé ramenée à de plus justes proportions. Nombreux sont ceux qui avaient emprunté pour pouvoir acheter ces actions. Pour différer le plus possible la crise économique, les autorités ont décidé de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas de 1%. Cela signifie qu’il fallait éviter coûtequecoûte que les Américains cessent de consommer et commencent à épargner. Le taux d’épargne s’élevait à 1,3% en décembre 2003. Cela signifie que les Américains n’épargnent que 1,3% de leur revenu total. En Belgique, il se situe entre 14 et 15%. Les familles américaines ont donc accumulé des montagnes de dettes. Il y a déjà làbas des jeux télévisés où le gagnant remporte… la suppression de ses dettes.
Outre la baisse des taux, l’Administration a encore utilisé d’autres moyens pour maintenir cette consommation aussi longtemps que possible. D’un côté, il y a eu l’énorme baisse d’impôts pour les riches ainsi que la baisse d’impôts des entreprises. Mais cela n’a créé que très peu d’emplois. Pas moins de 3 millions d’emplois ont été perdus dans l’industrie sous la présidence de Bush. Les baisses d’impôts pour les patrons ne créent pas d’emplois. Le monde entier en fait au-jourd’hui la dure expérience. Un bureau d’étude a calculé que Bush aurait tout aussi bien pu affecter l’argent de ces baisses d’impôts au recrutement de 2,5 millions d’Américains pour creuser des puits et de 2,5 millions d’autres pour les reboucher. Du moins cela auraitil donné un revenu décent à 5 millions d’Américains. L’administration a évidemment compensé le manque à gagner en recettes fiscales par des coupes sombres dans les dépenses sociales qui ont encore accru l’écart entre riches et pauvres.
Les Etats-Unis essayent maintenant d’exporter leur crise en laissant chuter le cours du dollar. Cela rend leurs produits meilleur marché à l’exportation leur valeur est libellée en dollars. Chacune de leurs manoeuvres ne fait qu’aggraver les problèmes de l’économie mondiale. Toute cette bulle éclatera tôt ou tard.
Kerry contre Bush/Edwards contre Bush?
C’est toujours l’élite qui gagne
Il semble que John Kerry sera le candidat démocrate qui fera face à Bush en novembre. Les électeurs démocrates qui ont voté pour lui n’ont pas vu dans Kerry le candidat qui avait les meilleures idées, mais bien celui qui avait le plus de chances de battre Bush.
D’après un sondage d’opinion de la chaîne TV ABC, Kerry obtiendrait 52% des voix contre 43% pour Bush si les élections présidentielles avaient lieu maintenant. Mais toute la question est de savoir si l’élection de Kerry changerait quoi que ce soit à la politique américaine. Elle présentera sans doute une façade moins agressive, mais rien ne changera sur le fond. Kerry n’atil pas voté pour la guerre en Irak?
John Kerry est devenu multi-millionnaire en épousant la veuve du magnat du ketchup Heinz. Comme Bush, il a étudié à l’université de Yale et, comme Bush encore, il est membre du club élitiste «Skull and Bones», une association fondée en 1832 par des esclavagistes. C’est devenu depuis lors une société secrète dont les membres sont triés sur le volet sur base de leurs liens familiaux, de leur hérédité et de leur fortune. Elle n’admet dans ses rangs que 15 nouveaux membres par an. John Kerry était l’un d’eux en 1966, Bush l’a suivi en 1968. Les heureux élus jurent fidélité éternelle à la Société et à ses membres, les «Bonesmen».
Kerry a été sénateur du Massachusetts pendant 20 ans. On cherchera en vain dans les annales du Sénat la moindre initiative de Kerry en faveur de la population laborieuse. Bien au contraire, il n’a manqué aucune occasion de défendre l’économie de marché, la libéralisation,… Son nom est de plus en plus associé à des scandales de corruption impliquant de grosses firmes du secteur de la construction et à la défense constante des intérêts du big business.
La majorité de la population mondiale n’a rien de bon à attendre de ces élections. Ou comme l’a écrit Michael Colby du magazine Wild Matters: «Lorsqu’on tend l’oreille, on se rend compte qu’on n’est pas seul en entendant les rires étouffés qui s’échappent de derrière le rideau qui dissimule les élites politiques aux yeux des masses. Il y a une fête qui se déroule et nous n’y avons pas été conviés. (…) Un duel Bush/Kerry est un scénario de rêve pour ces gens qu’on appelle l’élite dominante, ce club fermé de leaders économiques, politiques et militaires qui tiennent réellement entre leurs mains les rênes de la nation».
Il a d’abord semblé que Howard Dean l’emporterait en tant que démocrate «plus radical» affichant des positions en flèche contre Bush et la guerre. Mais Dean a fini par casser sa propre image. Il est apparu comme un membre de l’élite politique et économique au même titre que les autres candidats. Mais un candidat démocrate pourratil faire la différence? Ou pour le dire autrement: les travailleurs et les jeunes américains peuventils utiliser le Parti démocrate comme instrument pour défendre leurs intérêts?
Michael Moore répond à cette question dans son livre Mike contre-attaque: «Y atil une différence entre les démocrates et les républicains? Oui. Les démocrates disent une chose et font l’inverse serrer la main en coulisses aux salopards qui rendent ce monde plus dégoûtant et plus sordide. Les républicains ne s’embarrassent pas de fauxsemblants et donnent aux salopards une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. Tant qu’à faire, il vaut encore mieux dépouiller quelqu’un sans crier gare plutôt que de le faire après lui avoir promis protection».
On peut dire que le Parti démocrate est en passe de devenir le cimetière des mouvements sociaux. En imposant la logique du «moindre mal» (voter pour les démocrates pour battre les républicains), ils étouffent dans l’oeuf tous les mouvements qui tentent de forcer le changement par la mobilisation. Car toute critique des démocrates affaiblit leur position électorale. Et vous ne voudriez tout de même pas qu’un républicain soit élu!
Il faut briser ce cercle vicieux. On ne peut y arriver qu’en construisant un mouvement de masse dans la rue, un mouvement indépendant des démocrates. Un tel mouvement ne tardera pas à arriver à la conclusion qu’il lui faut son propre prolongement politique pour pouvoir remporter la lutte.
Aussi Nader est candidat
Lors des élections présidentielles de 2000, Nader avait obtenu 2,8 millions de voix en tant que candidat indépendant sur la liste des Verts. Après beaucoup d’hésitations Nader a décidé de se presenter en novembre 2004. Les Verts vont probablement appeler à voter pour les démocrates; il faudra donc mettre sur pied de nouveaux comités pour soutenir un candidat indépendant. Mais il y a certainement un espace aux Etats-Unis pour une politique radicale qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes. La moitié de la population n’ira sans doute pas voter. Ils n’ont pas le moindre espoir qu’un président démocrate puisse améliorer leurs conditions de vie ou de travail.
Nader a beaucoup de faiblesses. Il ne choisit pas clairement entre les travailleurs et les patrons. Il a disparu de la scène depuis les dernières élections. Mais une candidature indépendante serait à même de rassembler ces forces éparses dans la société comme étape préparatoire à la création d’un nouveau parti. Les socialistes ont un rôle de catalyseur à jouer dans ce type de processus tout en avançant un programme socialiste. C’est la double tâche que s’assigne aujourd’hui Socialist Alternative, notre organisationsoeur aux Etats-Unis.
A lire:
- Michael Moore: Mike contre-attaque (Ed. 10-18)
- Suzy Hendrikx: Une Bosse dans le Rêve américain
- Thomas Friedman: Longitudes and Attitudes
Disponible auprès du MAS/LSP:
- Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours (Ed. Agone)
- Why we need a Labor Party (brochure de Socialist Alternative)
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Les troupes hors du Golfe
"Bring the troops back home"
Aux États-Unis ce sont les slogans du nouveau mouvement contre l’occupation de l’Irak. On y perçoit de plus en plus clairement la nature d’une guerre qui est officiellement finie depuis 9 mois déjà. Depuis lors, la privatisation de l’exploitation pétrolière va bon train. La reconstruction du pays n’était visiblement pas une priorité.
Bart Vandersteene
D’après Knack, «les chiffres moroses des premiers mois sont devenus encore plus moroses. 80% de la population vit dans la pauvreté, 60% dépend – tout comme à l’époque de Saddam Hussein – des colis alimentaires et de l’aide de l’Etat. Le chômage pourrait atteindre les 75%.»
La résistance à l’occupation ne se limite pas à de petits groupes fidèles à Saddam. Chaque semaine entraîne son lot de manifestations de retraités ou de chômeurs qui réclament la pension ou le travail qu’on leur a promis.
Les Etats-Unis veulent faire de l’Irak l’une des économies les plus ouvertes pour le commerce et l’injection de capital. Les impôts des personnes physiques et des sociétés seront ramenés à 15%, les tarifs à l’importation à 5% maximum et toutes les restrictions aux investissements étrangers seront levées. Le capital régnera sans partage en Irak.
Un éventuel contrôle de l’ONU ne ferait que multiplier le nombre de pillards. Seule la population locale – organisée sous forme de syndicats ou d’autres organisations de masse – peut constituer une force alternative. Une force qui – avec le soutien d’organisations analogues au niveau international – utilisera les richesses irakiennes pour satisfaire les besoins essentiels du plus grand nombre plutôt que les profits d’une minorité.
Aux Etats-Unis, de plus en plus de gens réalisent maintenant combien cette guerre va leur coûter. Et tout ça pour quoi? Pas la moindre trace d’armes de destruction massive; une menace terroriste toujours bien présente.
L’angoisse et la colère montent au sein de l’armée américaine et des familles des soldats. Tim Predmore, de service en Irak, écrit: «Je croyais servir une bonne cause: défendre la constitution des Etats-Unis. Je n’y crois plus aujourd’hui. J’ai perdu toute motivation. Je ne veux plus servir ce que je pense être des demi-vérités et des mensonges grossiers».
Un mouvement de la jeunesse et des travailleurs américains pourrait mettre fin à cette occupation à l’instar du Vietnam. Le MAS va bientôt s’atteler à la construction d’un mouvement contre l’occupation en Belgique. Avec nos organisations soeurs dans le monde, nous allons mobiliser la population contre la guerre et l’exploitation. Nous allons également participer à la journée d’action internationale contre l’occupation de l’Irak prévue pour le samedi 20 mars, avec notamment une manifestation à Bruxelles.
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Prendre le mal à la racine
Qui est Johan Weyts?
Johan Weyts, la nouvelle recrue du Vlaams Blok, avait déjà fait parler de lui avant la controverse autour de son adhésion au comité des carriéristes ratés mis sur pied par Dewinter. En effet, il s’était déjà fait remarquer auparavant par ses opinions très à droite. Ainsi, il a sorti tout un plaidoyer en faveur de la suppression des Conventions collectives de travail et donc de la concertation sociale sur les conditions de travail.
L’année passée, dans les colonnes du «Brugsch Handelsblad», il se plaignait qu’on ne tînt pas compte des électeurs du Vlaams Blok tout en niant qu’il pût y avoir des parallèles entre le Vlaams Blok et le fascisme…
La motivation principale de son passage au Vlaams Blok est sans doute l’absence de place éligible pour lui sur les listes du CD&V pour les prochaines élections.
Comment va-t-on réagir au sein du Vlaams Blok ?
Tout le monde au Vlaams Blok n’approuve pas l’orientation actuelle de la direction du parti. Le vice-président Roeland Raes s’est ainsi fait remarquer par sa critique acerbe des positions atlantistes d’Alexandra Colen et, à travers elle, de Filip Dewinter, qui a affirmé maintes fois que son parti était favorable aux Etats-Unis. Raes juge ces propos tels qu’ils ont été rapportés dans ce qu’il appelle des «périodiques de "notre" courant» (il s’agissait d’une publication de la section bruxelloise du Vlaams Blok) «étonnants, si pas pire encore». L’actuelle opération de débauchage des mécontents d’autres partis et l’opportunisme qui va de pair suscitera de plus en plus de mécontentement auprès d’une partie de la vieille garde idéologique du parti.
Les dernières semaines ont porté un coup décisif au cordon sanitaire. D’abord le vote sur les nouvelles circonscriptions électorales provinciales au parlement flamand a été acquis avec les voix du Vlaams Blok et, si l’on en croit le CD&V, cela s’est fait après des accords conclus entre le SP.a, le VLD et le VB. Peu de temps après, le Blok mettait sur pied un comité contre le droit de vote des immigrés qui a reçu le soutien d’un parlementaire CD&V et d’un parlementaire VLD.
Geert Cool
Depuis le fameux Dimanche Noir du 24 novembre 1991, où le Vlaams Blok a réalisé sa première percée électorale au plan national, les partis tradi-tionnels s’étaient mis d’accord pour ne conclure aucune alliance ou aucun accord poli-tique avec le Vlaams Blok. Cette tactique a été baptisée "cordon sanitaire".
Le MAS-LSP n’a jamais nourri d’illusions dans le cordon sanitaire ni sur les procès judiciaires pour empêcher la croissance électorale du Vlaams Blok. De telles tactiques visent les conséquences et non les causes du succès dont jouit ce parti auprès d’une frange croissante de l’électorat. Le cordon ne tient pas compte des frustrations à la base de ces succès électoraux. C’est pourquoi nous avons toujours affirmé que le cordon sanitaire n’était pas un instrument utile au combat contre le Vlaams Blok. En re-vanche, nous avons annoncé que nous protesterions si ce cordon était rompu, car nous croyons en effet qu’une participation au pouvoir du Vlaams Blok comporte des risques considérables.
Jusqu’ici le cordon s’était maintenu bon an mal an. C’est-à-dire jusqu’au vote sur les circonscriptions électorales provinciales. Le gouvernement Verhofstadt était confronté au fait que les Verts et le CD&V avaient refusé de voter pour. Pour obtenir les deux tiers des voix requises, le soutien du Blok était nécessaire et le gouvernement a fini par l’obtenir. Que tout cela ne posât pas de problème au gouvernement n’a pas de quoi étonner. Auparavant, plusieurs libéraux fla-mands (comme Jeannine Leduc ou Danny Smagghe) s’étaient fait remarquer par leurs propos racistes ou par leurs propositions à forts relents racistes comme celle sur l’interdiction du foulard à l’école.
On perçoit mieux à présent le prix que le gouvernement va devoir payer: il est désormais clair aux yeux de tous que la bonne vieille stratégie électorale et la répartition des postes priment sur tous les principes. En outre, cela crée un précédent pour des collaborations ultérieures. Le Vlaams Blok a tout de suite annoncé la mise sur pied d’un Comité contre le droit de vote des immigrés avec Ward Beysen, mais également avec un parlementaire CD&V, Johan Weyts, qui a pour cela été exclu de son parti.
Le remueménage au sein et autour du comité du Vlaams Blok est frappant. Il s’agit d’appâter avec toutes sortes de promesses des carriéristes de tout poil qui n’ont pas obtenu une place satisfaisante sur les listes pour les prochaines élections régionales. Tout cela démontre que le Vlaams Blok n’a d’yeux lui aussi que pour la lutte des places. Il peut se le permettre car son électorat est particulièrement passif et ne participe pas activement à la vie du parti.
Nous protestons contre la rupture du cordon sanitaire. Nous protestons également contre l’introduction d’un seuil électoral qui empêchera les petits partis d’être représentés. Il ne faut pas y voir autre chose que des moyens pour empêcher la création d’une véritable opposition. Néanmoins la façon dont le Vlaams Blok s’est conduit dans la discussion sur la réforme électorale montre une fois de plus qu’il faut construire une opposition consistante qui se base sur les travailleurs et les jeunes au lieu d’entrer dans les jeux politiciens du gouvernement violet. Seule une telle opposition, enracinée dans les mouvements de lutte contre la politique antisociale, pourra stopper la montée du Vlaams Blok.
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Un vrai emploi. OUI! Un petit boulot. NON!
Vandenbroucke (SP.A) prétend créer 25.000 "emplois" grâce aux chèques services. Dans les six mois ceux qui travaillent en échange de chèques services doivent avoir au moins un mi-temps, sauf pour ceux qui travaillent en noir et qui passent dans le système des chèques services. Les chômeurs ne peuvent refuser car l’ONEm considère ces petits boulots comme un "emploi à part entière".
Anja Deschoemacker
Il s’agit d’une gigantesque mystification. La discussion sur les chèques de services ne tient pas compte des besoins réels de la société ni de comment y répondre. Elle vise à détruire la notion de véritable emploi avec un vrai salaire. C’est à dire un emploi qui procure un salaire à part entière.
Les deux dernières décennies ont vu une extension phénoménale du travail à temps partiel. L’argument pour introduire massivement le travail à temps partiel, surtout pour les femmes, a été d’harmoniser la vie professionnelle et familiale. On voit aujourd’hui le résultat dans une société qui place les profits avant les besoins. Des chômeuses seront forcées de faire une partie du ménage des femmes qui travaillent dans le cadre d’un contrat précaire, sans salaire à part entière.
Au lieu de socialiser les tâches domestiques, comme le revendiquent les marxistes, on propose une solution individuelle. Les acquis des travailleurs sont ainsi grignotés. Un temps de travail inférieur au mi-temps est aujourd’hui considéré comme "emploi à part entière". Vandenbroucke va de plus en plus loin pour placer la Belgique dans le sillage des Etats-Unis en matière de politique d’emploi. A défaut d’une résistance organisée, la catégorie des travailleurs pauvres va connaître dans notre pays une extension rapide comme outre Atlantique.
On devrait s’attendre normalement à une résistance organisée par les syndicats. On voit au contraire Mia De Vits (FGTB) voler au secours du gouvernement pour mettre le SP.a et le PS d’accord. De Vits, qui devrait lutter pour de vrais emplois avec de vrais salaires pour tous, a proposé la régionalisation du système. Les exécutifs wallons et bruxellois auront donc une marge de manoeuvre dans la mise en application du système. Cela permettra au PS de sauver la face et de masquer sa responsabilité en matière de création d’emplois précaires.La flexibilité accrue, l’extension du travail à temps partiel, la possibilité de forcer les chômeurs à accepter un emploi à temps partiel inférieur à un mi-temps,… – et tout cela subsidié par le gouvernement (donc par nos impôts) – sabotent toute solution collective du chômage et aggrave la pression sur les travailleurs sur le lieu du travail. La solution pour donner un vrai emploi à chacun avec un vrai salaire est la diminution du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches supplémentaires et la création de services collectifs. C’est une solution qui répondrait au besoin de socialiser les tâches domestiques accomplies aujourd’hui quasi gratuitement par les femmes. Un service public, devrait créer en plus des emplois statutaires, à temps plein et avec un salaire décent.
Ce n’est pas la voie suivie par le SP.a ni par le PS. Cela montre que pour eux il ne s’agit plus de créer des emplois mais d’enjoliver les statistiques du chômage et d’exclure encore plus les femmes d’un véritable emploi, seule garantie de leur indépendance financière.
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Le peuple marocain toujours victime du régime
Le mois dernier, Chirac s’est rendu au Maroc pour réaffirmer une nouvelle fois le soutien sans faille de l’Etat français au régime marocain.
Pascal Grimbert
Après les années terribles du règne d’Hassan II, réprimant férocement les opposants, maintenant son peuple dans la misère et soutenant l’impérialisme en toutes circonstances, Mohammed VI s’était présenté comme un dirigeant moderne et ouvert aux réformes. Pourtant, après 4 ans de règne, rien n’a changé : la misère et les bidonvilles sont toujours là (4 millions de personnes y survivent), la répression se poursuit (comme avec l’emprisonnement du journaliste Ali Lmrabet).
Alors, quels étaient les enjeux de cette visite ?
Pour le gouvernement français, c’est renforcer sa présence et son influence dans le Maghreb, où les Etats-Unis veulent développer leurs intérêts économiques, avec la signature d’un accord de libre-échange avec le Maroc.
Pour le gouvernement marocain, il s’agit de redorer l’image déjà usée de Mohammed VI. D’abord comme soutien traditionnel de l’impérialisme occidental, ce soutien devenant problématique face au peuple marocain, avec la guerre et l’occupation de l’Irak et alors que se durcit la guerre Israël – Palestine. Ensuite en tant que " rempart " face à l’islamisme fondamentaliste, rempart ébranlé après les attentats de Casablanca et les progrès électoraux du PJD (Parti Justice et Développement). Le gouvernement a tenté à la fois de composer avec le PJD, réputé " modéré ", et de durcir la répression anti-islamiste avec une vague d’arrestations et de condamnations (dont 16 à mort), allant jusqu’à la condamnation de deux jeunes filles de 14 ans par la juridiction antiterroriste. Malgré ses effets d’annonce, Mohammed VI marche sur des œufs pour réformer le code de la famille, en particulier le statut de la femme, toujours considérée comme mineure socialement et juridiquement. La question du Sahara occidental n’est, elle non plus, toujours pas résolue, après plus de 25 ans de conflit.
Sur toutes ces questions, c’est le peuple marocain qui fait les frais de la politique du gouvernement marocain et des impérialismes : la jeunesse, condamnée à la misère et au chômage, les femmes, toujours opprimées par un statut moyenâgeux, les paysans, menacés par l’accord de libre-échange, les travailleurs, alors que l’économie est toujours minée par la corruption et l’accaparement des richesses par quelques grandes familles.
Tout ceci ouvre un boulevard à la démagogie des fondamentalistes islamistes, alors que le principal parti autrefois d’opposition, l’USFP, s’est totalement discrédité par sa participation à un gouvernement de coalition.