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Tag: États-Unis
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Luttons pour le socialisme !
Contre le racisme, la guerre, le capitalisme
Le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui : 0,01% de la population mondiale contrôle 24% de la richesse globale. A elles seules, les cinq plus grandes multinationales pétrolières ont réalisé ensemble un profit de 120 milliards de dollars l’an dernier.
Résistance contre la guerre
Cette richesse n’est pas utilisée dans l’intérêt de la majorité de la population. Les investissements sont faits à la seule fin de réaliser encore plus de profits. Pour cela, tous les moyens sont bons, depuis les restructurations sauvages et les licenciements massifs jusqu’aux guerres, comme celle que Bush a lancée pour s’assurer le contrôle de l’Irak et de ses réserves de pétrole.
Les interventions brutales des Etats-Unis et de leurs alliés en Irak et en Afghanistan n’ont pas mené à plus de paix et de démocratie. Chaque mois, 4.000 Irakiens meurent dans les violences confessionnelles et les attentats. L’intervention américaine a renforcé les contradictions internes et conduit droit à une escalade de la violence et de la guerre civile.
L’invasion d’Israël au Liban l’été dernier a eu le même effet. Les bombardements ont fait des centaines de morts et ont détruit une grande partie des infrastructures du pays. Un mouvement de protestation ouvrière et populaire contre les hausses de prix incessantes et les privatisations a été stoppé par la guerre. Après celle-ci, la pauvreté a encore grandi. Plus que jamais, une résistance unifiée est nécessaire, par-delà les divisions religieuses.
Il y a quatre ans, le monde entier a connu une vague de grandes manifestations anti-guerre qui a montré que la grande majorité des jeunes et des travailleurs s’oppose à la guerre et veut se battre pour un monde meilleur. Depuis lors, cette opposition a continué à grandir, y compris aux Etats-Unis où aucun président depuis Nixon dans les années ’70 n’a été aussi impopulaire que Bush aujourd’hui.
Résistance contre le racisme
Une des tactiques les plus utilisées par le patronat pour augmenter ses profits est d’attiser les divisions en montant les travailleurs les uns contre les autres sur base de la couleur de peau, de la religion,…
En 2006, les travailleurs immigrés aux Etats-Unis ont lutté pour dénoncer leurs conditions de travail et pour s’opposer à de nouvelles lois établissant un contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux”. De telles lois visent à faire des immigrés des victimes plus dociles pour les marchands de sommeil et pour les patrons qui leur imposent un travail en noir sous-payé et bien souvent dangereux. En Belgique aussi, les sans-papiers se sont mobilisés tout au long de l’année pour réclamer leur régularisation. Vaincre les préjugés racistes, lutter tous ensemble, nous rend plus fort.
Résistance contre le capitalisme
Le capitalisme mène à la guerre, à la misère, à l’exploitation, au racisme,… Même notre environnement est sacrifié. Le désastre du navire pétrolier Erika en 1999 est encore dans les mémoires. A peu près 15.000 tonnes de pétrole brut ont pollué les côtes françaises. Traîné en justice, Total va probablement devoir payer 0,5 milliard d’euros en dédommagements. C’est très peu pour une entreprise qui a fait 12,5 milliards d’euros de profits uniquement en 2006. Un tel profit ne peut être atteint qu’en économisant sur la sécurité et l’environnement, comme avec l’Erika (le navire n’était pas en bon état, mais il était bon marché…).
Contre ce système où seul le profit compte, il faut une alternative. La situation en Amérique latine nous montre l’avenir qui pointe ici aussi : un tournant à gauche qui rend à nouveau possible de discuter de la possibilité d’une alternative socialiste. Pour offrir une réponse à la misère, à la guerre et au racisme que produit le capitalisme, une planification démocratique de l’économie sous le contrôle des travailleurs est indispensable.
Nous luttons pour une telle alternative socialiste. N’hésite plus. Rejoins-nous!
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Libéralisation de l’électricité et du gaz. Un gain pour le consommateur et l’environnement?
Aujourd’hui, tous les politiciens se découvrent une fibre environnementale. Le sujet s’est immiscé dans la campagne présidentielle française avec l’appel de Nicolas Hulot, dont presque tous les candidats ont signé le Pacte écologique. Les politiciens wallons, Di Rupo en tête, ont également repris cet appel à leur compte en vue des élections fédérales. Mais, au-delà de l’image qu’il tentent de créer, apportent-ils une réponse à la mesure des problèmes sociaux et environnementaux ?
Boris Malarme
Tous les partis – y compris Ecolo ! – se sont déclarés favorables à la libéralisation du secteur de l’électricité et du gaz effective depuis le 1er janvier à Bruxelles et en Wallonie. Selon eux, la concurrence devrait faire diminuer le prix payé par les consommateurs.
Cet argument est totalement mensonger, comme l’illustre la situation en Flandre où cette libéralisation est effective depuis juillet 2003. Le dossier que « Test Achats » lui a consacré récemment démontre que la note d’électricité n’a pas cessé d’augmenter depuis l’ouverture du secteur à la libre concurrence. Pourquoi ?
D’une part, parce que les entreprises s’entendent pour limiter l’impact de la concurrence et assurer que leurs profits continueront à prospérer : Electrabel (aujourd’hui filliale de Suez) et qui détient 70% de la production d’électricité en Belgique a réalisé un bénéfice net de près de 2 milliards d’euros en 2005.
Et, d’autre part, parce que les taxes soi-disant écologiques sur la consommation particulière d’électricité se sont envolées ces dernières années. La cotisation « Kyoto » a augmenté de 20,3% en 2005 et la taxe pour la dénucléarisation des sites de 34,9% depuis mi-2003.
En plus, le consommateur flamand paie maintenant une taxe communale complémentaire destinée à compenser la perte de revenu que la libéralisation engendre pour les finances communales.
Laisser échapper le secteur énergétique des mains du secteur public fait dominer les intérêts du privé (bénéfices, dividentes, argent, argent… et argent) au détriment de l’intérêt collectif (service, accessibilité,…).
En Flandre, les fournisseurs privés n’hésitent plus à couper sans scrupules l’électricité aux dizaines de millliers de ménages qui ont des difficultés pour payer les factures et qui n’ont dès lors plus accès qu’à la fourniture minimum. Le portefeuille et le bien-être du consommateur ne sortent donc pas gagnants de la libéralisation. Mais l’environnement, lui, peut-il bénéficier réellement du fait que les caisses de l’Etat et des entreprises sont mieux garnies ?
Gros profits et courte vue
Des mesures en faveur de l’environnement ont certes été prises ces dernières années mais leur impact reste limité : les entreprises cherchent à compenser les coûts supplémentaires (nouveau matériel, nouvelles taxes,…) en comprimant les salaires ou en reportant ces coûts sur les consommateurs. Et, en agitant la menace de perte de compétitivité, elles pèsent de tout leur poids sur leurs politiciens pour éviter la mise en oeuvre de tout programme environnemental conséquent et contraignant.
Les investissements dans la recherche scientifique sont faits majoritairement par les entreprises et dans les domaines qui assurent un profit maximum à court et moyen terme. Donc, en ce qui concerne l’énergie, majoritairement dans les technologies de combustibles fossiles et pas assez (loin de là) dans les énergies renouvelables. Aucune percée scientifique conséquente n’a donc pu être faite dans ce domaine.
Comme solution, plusieurs pays européens préfèrent donc abandonner l’idée de stopper la production d’énergie nucléaire (un secteur qui est en pleine croissance : 29 nouvelles centrales en construction dans le monde!). Les capitalistes et leurs politiciens utilisent comme argument que cette technologie ne produit pas de gaz à effet de serre, mais ils se taisent sur les problèmes colossaux que pose l’accumulation de déchets radioactifs (encore une fois le court terme…). De toute manière, le souci de sortir de la dépendance des hydrocarbures tient plus à l’augmentation des prix qu’à un quelconque souci écologique.
Résoudre les problèmes environnementaux majeurs tels que le réchauffement climatique, l’appauvrissement de la couche d’ozone et les risques toxiques de l’activité nucléaire doit se faire à l’échelle internationale. Mais les puissances capitalistes ne coopéreront jamais si les profits de leurs entreprises en sont affectés et ne peuvent ainsi même pas arriver à un accord limité, situation renforcée en cas de récession économique. Les Etats-Unis, puissance impérialiste dominante produisant à elle seule 25% des gaz à effets de serre, seraient le plus grand perdant d’un accord général, ce qui explique leur refus de signer le Protocole de Kyoto. L’échec de celui-ci illustre à quel point le capitalisme est incapable d’aborder la crise environnementale.
Crise écologique et socialisme
Un programme d’investissement public massif à long terme dans la recherche, le développement des transports publics et la production énergétique via des sources d’énergie renouvelable est nécessaire afin de remplacer progressivement les centrales à combustibles fossiles ou nucléaire. Cela doit être accompagné d’un plan de reconversion des travailleurs de ces secteurs qui garantisse le maintien de tous les emplois, des salaires et des conditions de travail. Mais un plan environnemental ne peut être efficace que si les entreprises énergétiques sont nationalisées et contrôlées démocratiquement par les travailleurs.
Les problèmes environnementaux sont largement imputables aux quelques centaines de multinationales qui dominent l’économie mondiale et produisent n’importent quoi en toute anarchie. Puisque l’environnement dépend de presque tous les aspects de la production des marchandises et des services, un plan dans le domaine de l’énergie doit faire partie d’un plan plus général de nationalisation et de planification de l’ensemble des secteurs-clés de l’économie.
Lutter pour le socialisme n’est pas une diversion face à la crise écologique. En définitive, seule une société socialiste peut apporter une issue à la crise environnementale qui assure le bien être de chacun tout en préservant la planète.
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9e Congrès Mondial du CIO. Unifier la planète pour un monde socialiste!
9e Congrès Mondial du CIO
Venus d’une trentaine de pays des quatre coins du globe, 130 militants se sont réunis à la mi-janvier pour une pleine semaine de discussions portant sur la situation politique, économique et sociale internationale, mais également sur la construction de l’organisation marxiste internationale qu’est le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Ce Congrès restera dans les mémoires grâce au formidable enthousiasme et à la grande confiance en notre travail qui font suite aux résultats positifs obtenus depuis notre dernier Congrès Mondial, il y a un peu plus de quatre ans en 2002.
Nicolas Croes
La domination américaine contestée
Depuis lors, de grands changements sont survenus, à la fois pour la la bourgeoisie et pour les travailleurs du monde entier. A l’époque, la scène internationale était dominée par les attentats du 11 septembre et leurs répercussions. L’impérialisme américain était résolu à s’occuper par la force armée, même unilatéralement, de tous les points "chauds" et on nous rabattait les oreilles de perspectives grandioses pour le "siècle américain". Ce siècle n’a pourtant duré que quelques années… Jamais dans l’Histoire l’influence d’une puissance n’a connu de déclin aussi rapide et nous ne sommes encore qu’au début d’une crise prolongée. La majorité de la population mondiale considère à l’heure actuelle que Washigton est une plus grande menace que Téhéran !
Dans ce processus, l’intervention en Irak a été un point crucial. Depuis mars 2003, il y a eu en moyenne 4.000 personnes tuées chaque mois, majoritairement des civils et ce chiffre n’a pas arrêté d’augmenter au cours des derniers mois. Alors que l’Irak était autrefois l’un des pays les plus modernes du monde arabe, les infrastructures essentielles sont détruites, la population tente de survivre quasiment sans électricité ni eau courante. La majorité des habitants affirme vivre dans des conditions pires que sous Saddam alors que le pays s’enfonce toujours plus dans une guerre civile, à la fois confessionelle et pour le contrôle des richesses. Tout le Moyen-Orient est secoué par une série de crises (Iran, Liban, Palestine,…) que les Etats-Unis ont de plus en plus de mal à contrôler.
Même dans l’antre de la bête US, le mouvement ouvrier commence à montrer ses crocs, poussé par les travailleurs immigrés (qui ont manifesté à plusieurs millions contre les lois racistes de Bush l’an dernier) largement issus d’Amérique Latine et qui réflètent la formidable remontée de la lutte des travailleurs qui s’opère dans cette région.
Mais l’impérialisme américain n’est pas le seul colosse au pied d’argile sérieusement ébrêché. L’expérience est le meilleur professeur qui soit, et la mondialisation est maintenant vue par les masses – et non plus par les seules couches radicalisées – comme un signe d’insécurité et de pollution extrême. L’ère du "Nouvel Ordre Mondial" et le règne proclamé éternel du néo-libéralisme ont subi le même sort que le "siècle américain".
Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres
Notre monde connaît partout une croissance économique soutenue. Or, comme le disait Marx, "une croissance économique doit aussi se refléter dans la poche des travailleurs". Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui et si les profits augmentent bien et atteignent des records faramineux, les salaires sont loin de suivre la même courbe : il est plutôt question de sortir de la classe moyenne que d’y rentrer.
Les capitalistes deviennent de plus en plus des parasites: le 0,01% le plus riche de la population mondiale contrôle pour ses seuls intérêts 24% des richesses…
Cependant, la masse d’argent qui tombe dans leurs mains et l’arrogance sans limites qui est l’apanage de ces puissants les aveuglent alors que des nuages menaçants s’accumulent au-dessus des Bourses.
Car l’économie mondiale s’érige sur le sable extrêmement mouvant des relations économiques entre les USA et la Chine: les investissements américains dans la Chine soi-disant "communiste" contribuent à la production massive de produits chinois qui, en retour, sont vendus à bas prix aux consommateurs américains. Cela permet de maintenir la consommation – et la croissance économique – aux Etats-Unis malgré la stagnation des salaires réels depuis 20 ans. En échange, les profits chinois sont placés en dollars dans les coffres des banques américaines, ce qui permet de limiter l’effet de l’endettement astronomique des Etats-Unis. Mais les consommateurs américains sont aussi des travailleurs. A force d’attaques sur les salaires et les conditions de vie, ceux-ci éprouvent des difficultés croissantes à maintenir leur consommation. Et la politique de crédit à bas prix qui les a poussés à dépenser même l’argent qu’ils n’avaient pas encore gagné a des limites. Il est encore trop tôt pour dire si une récession arrivera en 2007 – le timing est trop aléatoire (des événements comme, par exemple, le cyclone Katrina et ses conséquences sont imprévisibles) mais l’important est de voir le processus et celui-ci mène à une crise d’importance.
La Chine peut-elle sauver l’économie mondiale?
Ce qui est certain, c’est que la Chine ne dispose pas d’un marché intérieur capable d’absorber sa production. Une récession, plus que probable, du marché mondial, engendrerait donc une crise majeure dans le pays au grand déplaisir de la bureaucratie chinoise qui tente lentement de transformer l’économie bureaucratiquement planifiée du pays en une économie capitaliste (entre 1989 et 2002, 45 millions d’emplois ont été perdus à cause de privatisations).
L’impact de cette crise ne serait pas seulement économique, mais également politique. Actuellement, il y a déjà une grève toutes les 5 minutes en Chine "populaire" et il y a eu officiellement 78.000 actions de protestation rien que pour l’année 2005, à la fois contre les conditions de travail (dans certaines usines, on travaille 12 heures par jour, 7 jour sur 7 et parfois même de nuit quand les objectifs ne sont pas atteints, pour des salaires de misère) et contre la pollution croissante.
Montée de la résistance anti-néolibérale
Mais en terme de remontée des luttes et d’espoir, l’Amérique Latine fait figure de phare. Nous sommes arrivés à un moment crucial dans cette région où le capitalisme n’a jamais été autant critiqué. Dans plusieurs pays, les luttes massives des travailleurs et des pauvres ont amené au pouvoir des gouvernements qui évoluent vers des positions plus radicales sous la pression de la base.
Même les gouvernements de droite restés au pouvoir connaissent une contestation grandissante qui rend leur position instable (l’exemple le plus flagrant est celui du Mexique). L’impérialisme américain, habitué à faire appliquer sa loi en Amérique Latine (on se rappelle de Pinochet…) est aujourd’hui fortement affaibli. Outre le fait que 40% de son matériel militaire est immobilisé en Irak, le discrédit du néo-libéralisme et la crise de la domination idéologique américaine laisse plus de marges à un développement favorable des protestations anti-capitalistes dans cette région comme partout ailleurs.
Un des éléments importants dans ce développement est l’exemple, même imparfait, donné par Cuba comme alternative au capitalisme. Mais celui qui a le plus aidé à la diffusion des idées socialistes a été le président vénézueliens Hugo Chavez. Il a même été récemment jusqu’à annoncer que le Venezuela allait devenir une république socialiste et à dire qu’il était trotskiste (ce qui voudrait dire communiste anti-stalinien et opposé à la collaboration avec la bourgeoisie nationale dans le cadre de la lutte contre l’impérialisme et pour la construction d’une société socialiste)!.
Mais ce sont surtout là des paroles car dans un même temps, Chavez appelle les capitalistes vénézuéliens à rejoindre le processus révolutionnaire! Au Vénézuela comme partout en Amérique Latine ou dans le reste du monde néo-colonial, les travailleurs ne doivent compter que sur leurs seules forces pour arracher leurs chaînes et ne pas remplacer celles qu’ils subissent actuellement par celles que les bourgeoisies locales rêvent de leur attacher.
Jadis engourdis par la capitulation des anciens partis ouvriers et des directions syndicales face au néo-libéralisme et à la nouvelle situation née de l’effondrement du stalinisme, les travailleurs recommencent partout à prendre le chemin de la lutte. Même l’Europe connaît cette situation comme l’ont exprimé les mobilisations contre la Constitution Européenne, les grèves générales en Italie, en Grèce (et même en Belgique !) ou encore la lutte contre le Contrat Première Embauche en France.
Plus que jamais, notre tâche est d’aider au développement de cette résistance en développant des organes de lutte comme de nouveaux partis des travailleurs dans lesquels nous défendons une orientation clairement socialiste tout en continuant la construction de notre parti révolutionnaire international.
Balisons la route vers un avenir débarassé de l’exploitation, un avenir socialiste!
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Négociations salariales. Recul ou progrès ?
Le 13 novembre, les partenaires sociaux ont commencé les négociations pour fixer la ‘norme salariale’ des deux prochaines années, c’est à dire l’augmentation maximale de nos salaires. Sera-ce un pas en avant, oui ou non?
Geert Cool
Les managers américains…
Aux Etats-Unis, les salaires du 0,01% des travailleurs les mieux payés (qui sont en fait des managers) a connu une croissance de 617% entre 1996 et 2001, et pour le 0,1% de veinards les mieux rétribués, l’augmentation est « seulement » de 256%.
Autre donnée intéressante, en 2005, un patron américain gagnait 10,5 millions de dollars par an, soit 369 salaires moyens d’ouvrier. En 1993, il s’agissait « seulement » de l’équivalent de 131 salaires, et en 1976, de 36!
Qui gagne, qui perd?
Les salaires des dirigeants des entreprises reprises dans l’indice boursier bege BEL-20 ont augmenté de 12% en une année seulement, de 2004 et 2005.
Mais le Conseil Central de l’Economie (CCE) a pourtant dû avouer qu’en général le pouvoir d’achat réel des Belges a reculé de 1,3% au cours de chacune des quatre dernières années, notamment parce que certains produits ont été sortis de l’index, qui reflète donc moins la réalité. Une étude du Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC) dit même que le déclin du pouvoir d’achat a été en fait annuellement de 3%.
Vers un accord interprofessionnel (AIP)?
L’AIP est un accord général négocié tous les deux ans entre syndicats et patronat. Il traite entre autres des salaires et des conditions de travail des deux millions d’employés du secteur privé mais il concerne également les allocations sociales. De tels accord interprofessionnels sont conclus depuis le début des années ‘60. Il est toutefois frappant de constater que, depuis qu’une norme salariale (un plafond d’augmentation salariale à ne pas dépasser) a été imposée, la hausse autorisée des salaires a diminué (de 6,1% en 1997-1998 jusqu’à 4,5% en 2005-2006).
Le CCE présente cette fois une norme salariale de 5,5%, supérieure à la norme salariale précédente. Pourquoi? Une raison importante est la montée de l’inflation (la hausse des prix et du coût de la vie) qui devrait être de l’ordre de 3,9% selon les prévisions pour les années 2007-2008. Cette inflation doit être déduite de la norme salariale.
La Fédération des Entreprises de Belgique (l’organisation du patronat) affirme de son côté qu’il faudrait plutôt établir une norme salariale de 4,4%, les salaires belges ayant augmenté de 4,7%, plus rapidement donc (de 1,1%) que dans les pays voisins. Une spirale négative devrait par conséquent être entamée. Futur argument pour organiser des coupes budgétaires dans les pays voisins ?
En fait, les salaires français et néerlandais ont connu une augmentation supérieure aux belges et ce sont surtout les salaires allemands qui augmentent moins vite que l’indice, ce qui traduit un véritable déclin concret pour les travailleurs et leurs familles de ce pays. Cela n’est pas une surprise quand on se rappelle les 250.000 manifestants qui ont défilé fin octobre contre la politique gouvernementale de la chancelière allemande Merkel. Le gouvernement de celle-ci veut même faire grimper l’âge de la retraite à 67 ans. Et c’est ce genre de politique qui nous attend si aucune résistance ne bloque les désirs du patronat.
Comment les futures attaques seront-elles organisées?
Les déclarations des cercles patronaux n’ont pas manqué ces dernières années pour réclamer que quelque chose soit fait à propos de l’index. Car une adaptation automatique des salaires à l’augmentation des prix, même partielle et faussée, dérange profondément les patrons.
Cet indice a pourtant déjà été trafiqué. L’essence, par exemple, n’est plus prise en compte. L’impact des loyers est également sous-évalué : il ne compte que pour 6,2% dans le chiffrage de l’index alors que la majorité des familles bruxelloises consacrent plus de 30% de leur budget au logement et qu’en Wallonie et en Flandre, la moitié des locataires dépense plus de 20% de leurs revenus pour ce poste.
Pourtant, pour la FEB, la suppression de l’index serait la «meilleure solution». Pour faciliter les attaques contre nos salaires, très certainement. Mais le patronat sait qu’il doit se montrer prudent. Il a, lui aussi, tiré les leçons du mouvement contre le Pacte des Générations. Avant de toucher à l’index, le patronat préfère lancer des attaques indirectes qui susciteront moins de remous.
Les accords “all-in”
La solution selon le patronat? Des accords par secteurs qui seraient autant de digues contre l’augmentation de l’index. Actuellement, 516.000 travailleurs (un cinquième du total) sont déjà sous une réglementation « all-in » ou des variantes de ceux-ci, comme les accords-solde.
En voici quelques possibilités:
– Supprimer une partie de l’augmentation salariale accordée quand l’index augmente « trop », comme cela existe déjà dans le secteur du métal.
– Fixer un maximum général d’augmentation comprenant l’indexation, ce qui signifie que l’indexation est neutralisée si une augmentation trop forte se produit. Un tel type d’accord a été appliqué en octobre 2006 dans le secteur de la construction.
– Arriver à un accord qui dit que les fortes augmentations seront réglées plus tard, dans des accords sectoriels.Quel est le problème avec nos salaires ?
Si nous examinons les bénéfices des entreprises, on ne croirait pas qu’il y a tant de problèmes. Durant les seuls 9 premiers mois de 2006, Fortis a réalisé autant de bénéfices qu’en 2005, soit 3,6 milliards d’euros. Un cas isolé ? Certainement pas ! Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises côtées en Bourse ont augmenté de 41%…
De plus, la productivité des travailleurs belges augmente plus rapidement que leurs salaires. Pour la période 2003-2004, la productivité d’un travailleur en Belgique a augmenté de 3,1% et les coûts salariaux par unité produite de 1,4%. On produit davantage, mais si c’est invisible sur nos fiches de paie, cela se voit dans les bénéfices supplémentaires que le patronat accapare.
Une autre façon d’augmenter les bénéfices est de réduire les contributions «patronales» à la sécurité sociale (en réalité, la part indirecte de nos salaires). Chaque année, la hotte de Saint-Nicolas pour les patrons se remplit un peu plus:
- 2000 : 2.964.200.000 €
- 2001 : 3.487.200.000 €
- 2002 : 3.579.200.000 €
- 2003 : 3.749.800.000 €
- 2004 : 4.604.300.000 €
- 2005 : 5.279.600.000 €
- 2006 : 5.415.100.000 €
Quel réponse syndicale?
La position des sommets syndicaux semble très modérée et fait suite à la convention conclue avec le patronat en septembre, par laquelle les allocations ont été faiblement augmentées en contrepartie de nouvelles baisses de charges (entre autres sur les heures supplémentaires et le travail en équipes). A cette occasion, on s’est aussi pu se rendre compte que les directions syndicales avaient accepté l’idée patronale selon laquelle nos salaires ne peuvent augmenter trop fortement par rapport aux pays voisins. Aucune réaction n’est venue de leur part face aux déclarations des patrons.
La base syndicale suivera-t-elle ses sommets ? Le mouvement contre le Pacte des Générations a démontré que la base ne suit pas nécessairement sa direction et ose parfois même s’y opposer : 58.000 membres de la CSC ont ainsi participé à la grève du 7 octobre 2005 alors que leur direction avait dépensé 140.000 euros pour la campagne «10 raisons pour ne pas faire grève ».
Face aux propositions et exigences patronales, il faut construire un mouvement unifié et puissant, ce qui ne saurait être le cas en faisant systématiquement des concessions au patronat. Construisons un rapport de forces ! La base syndicale doit être informée et organisée pour plus tard pouvoir passer aux mobilisations. Un programme répondant aux préoccupations des travailleurs et de leurs familles renforcerait ce processus.
- Non à la spirale négative de nos salaires ! Face à la concurrence pour la plus grande baisse du pouvoir d’achat en Europe, nous mettons en avant la nécessité d’une lutte commune pour augmenter réellement nos salaires
- Non aux attaques contre l’index ! Pour un rétablissement complet de l’index, un index qui corresponde à la réalité
- Non aux attaques indirectes contre l’index (accords all-in et autre)!
- Pour une augmentation des salaires et des allocations sociales !
- Pour un rythme de travail viable : non à l’augmentation de la flexibilité !
- Pour une redistribution du travail au lieu du chômage ! Diminution du temps de travail, 32 heures de travail par semaine avec embauche compensatoire et sans perte de salaire !
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Etats-Unis. Bush dans les cordes!
George W. Bush gardera un mauvais souvenir de ce 7 novembre. Les élections législatives de mi-mandat ont fait éclater au grand jour l’impopularité de sa politique. Le Parti Républicain de Bush a subi une défaite retentissante lors de ces élections qui renouvellent la composition de la Chambre et du Sénat, sans pour autant changer la composition du gouvernement.
Gilles
A la Chambre, les Démocrates obtiennent 230 sièges contre 196 pour les Républicains. Au Sénat, pour la première fois depuis 12 ans, la majorité au Sénat passe aux Démocrates (à 51 sièges contre 49). La majorité des gouverneurs d’Etats est maintenant Démocrate, même si certains Républicains célèbres, comme Schwarzenegger, sont parvenus à se faire réélire. Bush aura donc les mains beaucoup moins libres pour les deux dernières années de son mandat.
Cette année, contrairement aux habitudes, les élections de mi-mandat ont été dominées par la politique extérieure des Etats-Unis, et en particulier la question de la guerre en Irak. 60% de la population américaine sont maintenant opposés à la guerre, et à peu près 40% des gens sortant des bureaux de vote déclaraient avoir voté « contre Bush ».
Face à la marée démocrate, Bush a avoué « n’avoir rien vu venir ». La situation a bien changé en deux ans pour celui qui, aux dernières élections présidentielles, se présentait comme le « commandant en chef » de la nation.
Le deuxième thème déterminant de ces élections a été celui de la corruption, selon l’avis des trois-quarts des personnes interrogées. La condamnation du lobbyiste Jack Abramov à 5 ans ½ de prison et à une amende de 21 millions de dollars a en effet révélé tout un réseau de corruption entre lobbies, multinationales et au moins une vingtaine de parlementaires. Ont également pesé dans les choix des électeurs quelques scandales retentissants (à base sexuelle) dans l’entourage politique de Bush, ainsi que le manque de réaction de son administration face à l’ouragan Katrina et aux inégalités économiques et sociales grandissantes.
La victoire des Démocrates s’est pourtant faite largement bien malgré eux. Le mécontentement est énorme, mais la plupart des gens ne voient pas en eux une alternative. Pour preuve, seuls 40% de la population est allée voter, bien que ce taux de participation soit supérieur à la moyenne. Et, comme d’habitude, la grande majorité des plus pauvres n’a pas été voter. Les Démocrates ne sont pas parvenus à se profiler comme « anti-guerre ». Ils n’ont aucun plan de retrait, se contentant de parler d’un « redéploiement » des troupes. Hillary Clinton, déjà en campagne présidentielle pour 2008, parle d’envoyer plus de troupes, afin de « stabiliser la région ». Ils ont aussi évité de mettre en avant les nombreux mensonges et falsifications qu’a employé Bush pour mener sa guerre. Ils sont aussi très vagues concernant les augmentations de salaire et les réformes de taxation.
Les Démocrates ne sont en fait que le parti alternatif des multinationales américaines, tout le système étant conçu pour empêcher l’arrivée d’un troisième parti. Les deux partis reçoivent des sommes énormes de la part des entreprises : au total, les élections de mi-mandat ont coûté 2.8 milliards de dollars ! Les Démocrates, en plus, sont fort subventionnés par les syndicats, qui leur ont donné 49 millions de dollars en 2004.
Malgré des moyens ridiculement faibles en comparaison, le Green Party (écologiste) a réussi des gains importants lors de ces élections, grâce à ses prises de position contre la guerre et le grand patronat. Bien que la plupart de ses candidats n’aient pas gagné plus de 2% des voix, le candidat au poste de Gouverneur en Illinois a remporté 11%, celui du Colorado 21%. A Richmond, en Californie, le candidat vert McLaughlin a été élu maire de la ville, ce qui est une première pour une ville de cette taille.
Ces élections montrent une contradiction frappante entre le mécontentement d’une majorité d’électeurs, de plus en plus en colère contre la guerre et les inégalités sociales, qui s’est traduit par la défaite des Républicains et, d’autre part, l’inconsistance et les flottements des Démocrates, incapables de donner une expression claire à ce mécontentement. Aux USA, peut-être encore plus qu’ailleurs, le besoin de construire un parti représentant vraiment les travailleurs est crucial.
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Corée du Nord. Poker menteur en Asie
En 2006, les dépenses militaires mondiales auront, selon un rapport récent d’OXFAM, dépassé les 1.000 milliards de dollars. Les montants records atteints durant la guerre froide seraient donc dépassés. L’annonce par la Corée du Nord, ce 9 octobre, d’un test nucléaire, trois mois après le lancement de ses premiers missiles longue portée, fait craindre une nouvelle progression de la course à l’armement.
Nicolas Croes
Nous nous opposons bien évidemment au développement des armes nucléaires. Mais, outre le fait qu’aucune certitude n’existe sur les capacités du régime stalinien de Corée du Nord de fabriquer et d’utiliser des armes stratégiques nucléaires (l’amplitude de la déflagration lors de l’essai était bien inférieure aux explosions de Nagazaki et d’Hiroshima), c’est surtout l’hypocrisie de l’impérialisme américain et l’échec de sa stratégie qui ressortent de cette crise.
Placée par le régime de Bush parmi les pays de « l’Axe du Mal » avec lesquels aucune discussion n’est permise, la Corée du Nord a pu observer la différence de traitement réservée à l’Irak et à l’Iran, les deux autres pays de ce fameux « axe ». La Corée s’est retirée du Traité de non-prolifération nucléaire (TPN) en janvier 2003, alors que grandissait la menace d’intervention en Irak qui a finalement eu lieu deux mois plus tard. En juin de la même année, les intentions nucléaires de la Corée du Nord sont devenues officielles. C’est que, quitte à faire partie des pays menacés d’invasion notamment pour détention hypothétique d’armes de destruction massive (dont l’inexistence en Irak a finalement dû être reconnue par Washington), autant les avoir réellement. Ou du moins le faire croire…
Cependant, en ce domaine comme en bien d’autres, le « gendarme du monde » a fait sienne la devise « Fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Retrait du Traité sur les missiles balistiques, accord de coopération nucléaire avec l’Inde (qui n’adhère pourtant pas au TPN), silence complice sur l’existence d’armes atomiques en Israël ou au Pakistan (alliés des USA),… en ce qui concerne le respect des traités sur l’armement, les Etats-Unis n’ont de leçons à donner à personne.
Pour l’instant, l’essai nucléaire nord-coréen est surtout instrumentalisé par les différentes puissances asiatiques afin d’augmenter leur budget militaire. L’exemple du Japon est frappant : l’Etat-major japonnais disposera pour l’année 2006 d’une somme de quelques 50 milliards d’euros, plus que la France ou le RoyaumeUni. Impressionant pour un pays qui, officiellement, ne peut plus, depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, entretenir une armée ou participer à un conflit en dehors de son territoire. Mais être l’allié majeur des USA dans la région autorise bien des choses.
Ni le gouvernement américain ni ceux de la région ne désirent actuellement vraiment une chute du régime nord-coréen, mais tous souhaitent plutôt sa déstabilisation. C’est un processus à la chinoise qui semble être attendu de tous : que la Corée du Nord s’intègre petit à petit dans la logique de marché, permettant une transition progressive du pouvoir de la bureaucratie vers une classe bourgeoise qui doit encore naître. Une « zone économique spéciale » existe déjà à la frontière des deux Corées, où le fabricant automobile sud-coréen Hyundai peut profiter de la main d’oeuvre bon marché de son voisin du nord. C’est que les travailleurs nord-coréens travaillent 48 heures pour 57 dollars…
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Le marché de l’enseignement bientôt accessible uniquement pour l’élite?
L’enseignement toujours plus cher
A l’aube des élections le ministre flamand de l’enseignement Frank Vandenbroucke (SP.a) a essayé de calmer les étudiants et le personnel. Il y a quelques semaines, le ministre a annoncé qu’à partir de 2010, l’enseignement supérieur recevra annuellement 100 millions d’euros de plus et que le personnel allait recevoir, entre autres, plus d’indemnités de congé (ce qui lui avait déjà été promis auparavant…).
Christophe Michiels
En théorie cela sonne bien, mais il ne suffit pas de revenir sur quelques mesures après une série de coupes d’austérité. Il est de plus en plus clair que la démocratisation de l’enseignement est violemment sous attaque.
Trois ans après Bologne
Cette année académique sera la troisième après la réforme de Bologne. Dans le cadre de celle-ci, les universités et les hautes écoles ont été réunies dans des associations, un nouveau système de crédit-points a été introduit et une structure de Bachelier-Maîtrise a été mise sur pied.
Les réformes de Bologne visent essentiellement à la création d’un marché de l’enseignement européen concurrentiel avec le reste du monde. Cela n’est pas seulement notre avis, mais aussi celui du recteur de l’Université Catholique de Louvain au début de cette année académique. Mais pour lui, il ne s’agit pas d’une évolution néfaste.
Le recteur a bel et bien critiqué le fait que trop d’universités existeront à l’avenir en connaissant une pénurie de moyens. Il souhaite donc assainir lui-même les différentes orientations et demander pour cela des moyens au secteur privé.
“Rationaliser”?
Le démantèlement des services publics s’appelle aujourd’hui la ‘rationalisation’. Hautes Ecoles et Universités doivent utiliser le plus “efficacement” possible les moyens dont ils disposent. A la KUB (Université Catholique flamande de Bruxelles), on en a vécu les conséquences concrètes : cette toute petite université qui n’est pas jugée assez “efficace” devra éliminer certains cours à partir de l’année académique prochaine. Qui plus est, la KUB devra s’allier à une grande association ou institution. Les victimes de cette”rationalisation” sont le personnel et les étudiants.
Rationaliser signifie aussi qu’on doit faire plus avec moins de moyens. En 1980, 7% du PIB était alloué à l’enseignement, il s’agit maintenant de 4,9%. En fin de compte, on fait beaucoup moins avec moins de moyens…
Etudier devient impayable
En ce moment il y a un manque énorme de kots étudiants à bon marché, et pour la location des chambres pour étudiants à tarif social dans les universités, les files d’attente sont énormes. A Leuven, 4.000 chambres sont disponibles, mais 500 à 1.000 étudiants sont sur une liste d’attente. La VUB offre 1.300 chambres pour 9.000 étudiants, mais 250 attendent encore un logement. A Gand, 412 étudiants prennent leur mal en patience.
Les coûts à la hausse pour étudier mènent à une hausse du nombre d’étudiants forcés de travailler à côté de leurs études. Une étude comparative montre que les étudiants-salariés ont 40% moins de chances de réussir. L’année passée, 87% des étudiants ont travaillé face à 59% en 1999. L’année académique passée, 90,4% des étudiants de 18 ans ont travaillé (y compris pendant l’été). Il y a quatre ans, c’était encore 72,5 %.
Les bourses d’étude ne suffisent pas en soi. La bourse moyenne dans l’enseignement supérieur s’élève à 1499 euros, mais seule une infime minorité se voit accorder cette bourse. Des 157.000 étudiants qui demandent une bourse, seuls 34.000 l’obtiennent (23% des étudiants).
Dans l’enseignement secondaire, 72.000 des 435.000 lycéens reçoivent une bourse de 164 euros en moyenne par an. Il y a quinze ans, le nombre de lycéens ayant une bourse d’étude était encore de 106.000, mais les plafonds de revenus n’ont pas changé depuis 1991. Beaucoup de parents doivent emprunter au début de l’année scolaire pour payer l’instruction de leurs enfants.
Dans l’enseignement primaire et secondaire, on ne peut pas demander officiellement des frais d’inscription. La Constitution stipule que l’accès à l’enseignement est gratuit jusqu’à la fin de l’obligation scolaire. Il y a en revanche des frais liés à l’enseignement qui augmentent au galop.
Entre 1989 et 1999 les frais dans l’enseignement secondaire ont augmenté de 55% hors ‘inflation et de 68% dans l’enseignement primaire. En moyenne, les frais pour la première année du primaire sont de 389 euros, de 857 euros pour la première année du secondaire et de 1265 euros pour la sixième année du secondaire.
L’école n’est pas une usine
Ces tendances sont encore renforcées par les réformes de Bologne. Dans cette logique orientée vers le " libre " marché, les écoles sont considérées comme des insititutions qui doivent fournir une main-d’oeuvre toute prête. Les orientations à intérêt plutôt sociétal ou intellectuel sont délaissées.
Pour l’enseignement supérieur, Vandenbroecke veut rendre plus chères les années de spécialisation. Les bourses, comme aux Etats-Unis, ne seront offertes qu’aux meilleurs des meilleurs et non pas aux jeunes brillants mais financièrement défavorisés.
Cela entraînera que la majorité de la population aura accès à une formation de base et qu’un enseignement complémentaire ne sera accessible qu’à une élite d’étudiants riches ou hyperintelligents.
Il faut une résistance!
Les diverses mesures de Vandenbroecke ont été acceptées par une partie des directions syndicales. Cela restreint les possibilités de lancer des actions. Par contre, nous sommes d’avis que la résistance est toujours nécessaire. La lutte pour plus de moyens dans l’enseignement en haussant le budget gouvernemental jusqu’à 7% du PIB est une lutte pour notre avenir.
Le 25 octobre, une action nationale sera organisée à Leuven. 14h Grote Markt Louvain. Action suivi par une réunion publique.
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Mexique. "S'il n'y a pas de solution, il y aura une révolution"
Il aura fallu plus de deux mois de délibérations au Tribunal électoral suprême du Mexique pour décider que les élections présidentielles du 2 juillet avaient été remportées par Felipe Calderon, le candidat du Parti d’Action Nationale (PAN, droite libérale et pro-américaine).
Jean Peltier
Ce délai étonnant a été provoqué par l’énorme mouvement de protestation qui s’est amplifié tout au long de l’été en soutien au candidat de l’opposition et ancien maire de la capitale Mexico, Andrés Manuel Lopez Obrador. AMLO, comme l’ont surnommé ses partisans, dénonçait une fraude électorale massive et exigeait un recomptage complet des votes. Le Tribunal a limité cette opération à 9% des votes, sous prétexte qu’"il n’y a pas d’élections parfaites"! Il est pourtant clair que la fraude a eu lieu sur une grande échelle, les réclamations portant sur des milliers de bureaux de vote où des irrégularités ont été dénoncées.
Le mouvement de protestation contre la fraude électorale a été le plus important qu’ait jamais connu le pays. Des manifestations monstres ont réuni jusqu’à un million de personnes. Une ville de tentes s’étendant sur près de dix kilomètres a été construite au centre de Mexico par les partisans d’AMLO, perturbant fortement la circulation. Les protestataires se sont inspirés de la "révolution orange" en Ukraine qui avait contesté des élections frauduleuses et fait tomber le président pro-russe en décembre 2004. Mais, à la différence de l’Ukraine, le mouvement de protestation au Mexique a été quasiment ignoré par la grande presse internationale. La plupart des agences de presse ont dit et redit que l’élection avait respecté les procédures légales. Cela n’est guère étonnant quand on sait que le président "élu" Calderon, tout comme son prédécesseur Fox, sont des alliés fidèles des Etats-Unis et qu’ils ont le soutien affirmé de Bush (un autre spécialiste des victoires électorales "aidées").
Au cours de la campagne, Lopez Obrador, à la tête du Parti de la Révolution Démocratique, avait multiplié les attaques verbales contre les riches, la corruption et l’impérialisme US… tout en affirmant qu’il voulait travailler avec les patrons mexicains et qu’il ne s’en prendrait qu’aux corrompus. Son discours a eu un énorme écho parmi les travailleurs et la population pauvre à travers tout le pays. C’est que le Mexique, même s’il connaît une certaine croissance économique, reste marqué par de gigantesques différences sociales. Un Mexicain sur cinq ne mange pas à sa faim. Depuis 2000, six millions de Mexicains ont quitté leur pays pour entrer aux Etats-Unis à la recherche d’une vie meilleure. Un rapport des Nations-Unies affirme que l’argent envoyé par les immigrés mexicains vivant aux USA représente la principale source de revenus du pays après le pétrole.
Dans ces conditions, les protestations de masse contre la fraude électorale peuvent prendre rapidement une toute autre dimension. Ces dernières semaines, un des slogans les plus entendus parmi les manifestants est "S’il n’y a pas de solution, il y aura une révolution". La bourgeoisie mexicaine craint Lopez Obrador, pas parce qu’il serait un anticapitaliste ou un révolutionnaire, mais parce qu’il pourrait devenir un point de ralliement pour des actions plus radicales et de nouvelles vagues de luttes.
Ils ont peur que se généralise la situation que connaît depuis juillet l’Etat d’Oaxaca (le Mexique est un Etat fédéral et l’Oaxaca est une des régions les plus pauvres) où un mouvement de grève lancé par les enseignants, rapidement rejoints par les travailleurs de la santé, s’est transformé en soulèvement de masse exigeant la démission du gouverneur de l’Etat. Des manifestations ont réuni des centaines de milliers de personnes, les routes sont bloquées par des barrages, des bâtiments officiels occupés et une Assemblée Populaire du Peuple d’Oahaxa a été formée pour coordonner le mouvement.
Sous la pression du mouvement, Lopez Obrador a annoncé la création d’un "gouvernement du peuple" qu’il pose en "rival de celui de la mafia politique et des criminels en col blanc". Il est difficile de savoir jusqu’où AMLO est prêt à aller: va-t-il se contenter de faire de ce "gouvernement parallèle" un outil de contestation dans le cadre du parlement ou va-t-il développer la mobilisation jusqu’à empêcher l’entrée en fonction de Calderon le 1er décembre ?
Les protestations de masse de ces dernières semaines ont déjà montré la force du mouvement populaire.
Mais, pour chasser Calderon et en finir avec le système d’exploitation, ce mouvement devra aller plus loin, en se liant avec les syndicats, en s’organisant en comités démocratiquement élus, sur les lieux de travail, dans les quartiers et les universités, et en mobilisant pour des journées de grève générale. Et l’ampleur de ce mouvement montre la nécessité criante d’un parti luttant au quotidien pour défendre les intérêts des travailleurs et des paysans (ce que n’est absolument pas le PRD) et mettant en avant des revendications socialistes pour en finir avec la pauvreté, le chômage et les inégalités.
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Thailande. Un coup d’état suite à l’impasse politique. L’armée supprime les droits démocratiques.
Ce 19 septembre, la Thailande a été le théâtre d’un autre coup d’état. Ceci est le 17ème coup d’état depuis que la « monarchie constitutionnelle » a été établie en 1932. Ce coup d’état, mené par Sonthi Bunyaratglin, commandant en chef des forces armées, a expulsé le premier ministre Thaksin Sinawatra, un magnat des télécoms milliardaire. Depuis 2001, avec son gouvernement du parti « Thai Rak Thai » (TRT – « les Thaïs aiment les Thaïs »), Thaksin Sinawatra a remporté deux écrasantes victoires électorales, avant de devoir faire face cette année à des manifestations de rue contre la corruption. Il est largement entendu que le roi Bhumibol a donné le feu vert à l’armée quant à la mise sur pied de ce coup d’état. Les forces armées, avec le soutien du roi, misaient sur l’hostilité générale envers Thaksin, en particulier sur celle de la population urbaine de Bangkok, afin d’obtenir une victoire rapide, remportée sans devoir tirer le moindre coup de feu ni verser la moindre goutte de sang. Ce coup d’état avait pour but, selon ses chefs, de mettre un terme à plus d’un an d’impasse politique.
Dossier par Ravie Chandren
La chute de Thaksin
Thaksin est arrivé au pouvoir en 2001, en utilisant à son avantage l’impact de l’agenda de « restructuration » demandé par le FMI lors de la crise de l’économie asiatique en 1997. Il gagna un soutien significatif, surtout dans les zones rurales, pour son programme populiste vis-à-vis des fermiers et des pauvres, avec par exemple des promesses de soins de santé bon marché. En même temps, il utilisa des mesures protectionnistes pour servir ses propres intérêts économiques. Ses cinq ans au pouvoir furent caractérisés par son administration de style « PDG ». A cause des pressions économiques au niveau mondial, Thaksin recourut à une politique néo-libérale, comprenant des privatisations de services publics (par exemple, l’électricité). Il introduisit des accords de libre échange pour faciliter les investissements étrangers.
Ces mesures furent à la source de désaccords importants avec des hommes d’affaires locaux, et d’autres plus petits commerçants et industriels, ainsi que d’une certaine colère de la population urbaine, lorsque l’inflation atteignit son plus haut niveau en 6 ans. La population urbaine était également outragée par le contrôle que Thaksin exerçait sur les médias et par sa négligence des droits démocratiques, par ses incessantes tentatives de remplir les institutions avec ses propres hommes, par sa « guerre contre les trafiquants de drogue » (qui lui servait d’excuse pour commettre des meurtres illégaux), et par les moyens de répression brutaux qu’il employa contre une insurrection organisée par les musulmans au Sud, et qui intensifia les émeutes séparatistes.
La goutte qui fit déborder le vase, fut la vente de toutes les parts que la famille de Thaksin détenait dans Sin Corp., le géant des télécommunications, à Tamasek Holdings, une société singapourienne, pour une valeur de 1,88 milliards de dollars, réalisant ainsi la plus grosse vente de toute l’histoire de Thaïlande. Pas un centime de taxe n’en fut prélevé. Cette opération donna naissance à des manifestations de milliers de personnes dans les rues de Bangkok, en février et mars de cette année, comprenant les classes moyennes, des groupes de citoyens, d’étudiants, d’intellectuels, les partis d’opposition et les églises, ainsi que des travailleurs. Pendant ce temps, Thaksin se reposait sur son soutien populaire à la campagne, où habite 60% de la population, utilisant à son avantage les divisions entre campagne et ville, élaborant des stratégies de « diviser pour régner » afin de remporter les élections.
Cependant, les tensions entre Thaksin et les partis d’opposition atteignirent un sommet lors des derniers mois. Thaksin tenta de calmer les manifestations à Bangkok, en improvisant des élections le 2 avril de cette année. Les partis d’opposition boycottèrent le scrutin, de sorte qu’il fut impossible de former un nouveau parlement sur base des maigres résultats. Par conséquent, Thaksin promit de démissionner dès qu’un nouveau cabinet aurait été mis sur pied. On pense que cette décision lui fut conseillée par le roi Bhumibol, afin de mettre un terme à l’impasse politique. Mais la crise ne se résolut pas, ce qui poussa le roi à demander aux juges du pays de « mettre de l’ordre » dans le pays.
La cour constitutionnelle annula rapidement les élections d’avril, puis la cour criminelle emprisonna trois des commissaires qui avaient organisé les élections. Les nouveaux commissaires avaient été choisis un peu plus tôt ce mois-ci. Il semblait que la Thaïlande se dirigeait vers de nouvelles élections, peut-être dès le mois de novembre, et auxquelles les partis d’opposition auraient pris part. Mais la crise politique n’aurait pas été terminée, même après ces élections de novembre, puisqu’il était largement attendu que le parti de Thaksin (le TRT) allait remporter les élections, grâce à son important soutien rural. Et donc, même si Thaksin avait démissionné de son poste de premier ministre, comme il avait suggéré de le faire, il aurait continué de contrôler le gouvernement à travers le TRT.
Au même moment, des couches entières de l’élite dirigeante ressentaient un profond malaise vis-à-vis des conséquences politiques et économiques que causerait une confrontation prolongée entre Thaksin et ses opposants politiques : plus longtemps durerait ce conflit, plus grand allait en être l’impact sur les prix des actions, sur l’inflation et sur les investissements. Des couches encore plus larges de la population étaient aussi prêtes à donner de la voix si l’économie continuait à se détériorer.
Une autre cause du coup d’état semble avoir été les manœuvres de Thaksin contre des officiers âgés, dont le Général Sonthi, qui était critique envers le premier ministre. Des rapports indiquent que pendant le mois de juillet, cent officiers de rang moyen qui étaient loyaux à Thaksin, furent écartés des postes-clés à Bangkok. Récemment, Thaksin avait projeté de placer deux de ses partisans à des endroits stratégiques, pour contrôler la sécurité de la capitale.
Depuis le coup d’état de cette semaine, les généraux de l’armée ont insisté sur le fait que Thaksin, qui se trouve pour l’instant à Londres, est libre de rentrer au pays, et même de participer aux prochaines élections. Pendant ce temps, Reuters a mentionné deux juges et l’ancien dirigeant de la banque centrale comme membres attendus du nouveau comité de six experts qui aurait pour mission d’enquêter sur les affaires financières de Thaksin, de sa femme, de ses autres parents, et de ses collègues politiques. Divers accusations ont été formulées contre lui auprès des tribunaux et, maintenant qu’il a quitté le pouvoir, d’autres semblent devoir bientôt suivre.
Le roi et l’armée
La Thaïlande, le seul pays d’Asie du Sud-Est à n’avoir jamais été colonisé par une puissance européenne, était une monarchie absolue pendant presque quatre siècles, jusqu’en 1932, lorsqu’un coup d’état pacifique limita les pouvoirs du roi. Cependant, le roi reste extrêmement révéré et influent, de par la constitution. C’est par son implication dans le coup d’état militaire que le gouvernement Thaksin a vu son terme. Pendant presque les deux tiers du siècle dernier, la direction du pays a été dominée par les forces armées, avec toute une succession de dictateurs militaires.
Le lendemain du coup d’état, la junte militaire qui a pris le pouvoir, composée de six hommes, est apparue devant les medias du monde entier, insistant qu’ils n’avaient aucune intention de s’accrocher au pouvoir. Ils ont promis de passer le pouvoir dans deux semaines, après qu’ils aient sélectionné l’administration civile qui devra diriger le pays pour une année. Les généraux ont aussi insisté sur le fait que ce nouveau cabinet devrait constituer un comité à charge d’écrire une nouvelle constitution, qui serait soumise à un référendum avant que des élections n’aient lieu.
Bien que le pays ait déjà eu 15 constitutions différentes depuis 1932, de nombreux politiciens et académiciens thaïs semblent convaincus qu’une nouvelle réécriture sera un grand succès. Le magazine The Economist a écrit : « Lorsque la dernière constitution a été rédigée, en 1997, elle fut largement perçue comme porteuse d’un équilibre certain. D’un côté, elle fournissait à la Thaïlande des partis politiques et un pouvoir exécutif plus forts – ce dont elle avait besoin, avec son histoire faite de différentes administrations aussi faibles qu’éphémères ; d’un autre côté, elle introduisait de nouveaux équilibres et contrepoids, tels que la cour constitutionnelle, et un important organe anti-corruption. Malgré cela, on reproche maintenant à la constitution de 1997 d’avoir permis à M. Thaksin de dominer les institutions étatiques, et d’abuser de son pouvoir de premier ministre. Différentes propositions de réformes – telles que des restrictions aux changements d’allégeance politique – ont été rédigées ; bien qu’il semble peu probable qu’elles puissent réaliser les miracles qui sont attendus d’elles, même si elles devaient être promulguées. »
La junte militaire, qui s’est donnée le nom de « Conseil pour la Réforme Démocratique », répète que son but est de sauver la démocratie thaï de la « corruption galopante » du gouvernement Thaksin, de mettre un terme à ses interventions au sein des institutions du pays, supposées « indépendantes », et de réparer les divisions profondes que Thaksin a ouvertes parmi les Thaïs. Néanmoins, lorsque nous examinons le passé (pas si lointain que ça) de la Thaïlande, il est clair que les solutions ne sont pas à aller chercher du côté des chefs militaires qui prennent le pouvoir.
Cette semaine, après que l’armée ait pris le contrôle à Bangkok et dans les zones environnantes, la première action des généraux a été d’interdire toutes les manifestations et les rassemblements de plus de 5 personnes. Le nouveau régime a ensuite interdit tous les meetings et autres activités qui auraient pu être organisés par des partis politiques. Ces mesures répressives ont été conçues pour tenter d’empêcher toute tentative de contre-coup d’état de la part des partisans de Thaksin au sein de l’armée, et d’empêcher les mouvements de protestations parmi la population rurale, chez qui Thaksin est très populaire. En prenant les pouvoirs législatifs jeudi 21 septembre, les militaires ont interdit tout compte-rendu médiatique jugé « négatif », ont renforcé les restrictions vis-à-vis des partis politiques existants (mais n’ont donné aucune indication quant à la durée de ce blocus), et ont interdit la formation de nouveaux partis politiques.
Il semblerait que le commandant en chef de l’armée, Sonthi Boonyaratglin, officiellement intronisé ce vendredi 22 septembre en tant que chef de la nouvelle junte militaire, ne correspond pas au profil habituel des anciens putschistes. Les généraux de police ou d’armée qui ont dirigé la Thaïlande précédemment étaient en général des personnages arrogants et égoïstes – des descriptions qui, jusqu’ici, ne peuvent s’appliquer à Sonthi. « Lors de mes conversations avec le général Sonthi, je l’ai trouvé honnête, modeste, poli et professionnel », a déclaré Surin Pitsuwan, un ancien ministre des affaires étrangères thaï, et le chef du « Parti Démocrate ». Sonthi va tenter d’utiliser son image « modérée » pour assurer à la fois à la population thaïe et aux groupes de la finance internationale que sous son règne la vie sera paisible et prospère. Mais, si la situation économique et politique devait ne pas se redresser, ou empirer, le commandant en chef Sonthi Bunyaratglin et sa junte peuvent toujours prendre des mesures plus sévères contre l’opposition populaire.
Les meneurs du coup d’état vont probablement assigner un premier ministre par intérim, capable de rassurer la « communauté financière » nationale et multinationale. Le message qu’ils cherchent à faire passer est que l’économie thaïe, si dépendante de ses exportations, se trouve entre de « bonnes mains ». La spéculation autour de qui sera appointé aux postes gouvernementaux cruciaux pointe en direction Supachai Panitchpakdi, l’ancien chef de l’OMC, et de l’ancien directeur de la Banque Centrale, Pridiyathom Devakula. De toutes façons, qui que soit le prochain premier ministre, tout le monde s’attend à ce que ce soit la junte militaire, accompagnée du roi, qui dirige la politique des cabinets par intérim.
Les conglomérats de la finance et des multinationales qui, depuis 2001, ont beaucoup bénéficié de la politique néolibérale du premier ministre Thaksin, applaudiraient aussi à ce coup d’état, s’il aidait à résoudre la longue crise politique débilitante qui a frappé la croissance économique. Les économistes disent qu’ils ne s’attendent guère à un gros impact sur l’économie thaïe, pourvu que la situation politique du pays demeure calme et que le pays s’achemine rapidement vers un régime civil. Somjai Phagaphasvivat, professeur en sciences politiques à l’université Thammasat, à Bangkok, a dit que « Je ne prévois pas beaucoup d’impact sur l’économie globale, qui, ironiquement, aurait pu encore plus se dégrader si Thaksin était resté au pouvoir. Jusqu’à présent, elle a été affaiblie par une société sérieusement divisée, et par la crise politique de cette année… Le redressement ou l’effondrement de l’économie dépendra de la manière dont les meneurs de ce coup d’état vont la diriger, et de la manière dont ils tiendront leur promesse d’organiser rapidement des élections correctes. »
Bien que les grandes puissances occidentales, comme les USA et le Royaume-Uni, ont exprimé leur « considération » quant à la fin de la démocratie en Thaïlande, il n’y a eu aucune condamnation sérieuse du coup d’état. Ces puissances sont plutôt satisfaites de voir la démocratie supprimée, et l’arrivée au pouvoir des généraux, si cela est dans l’intérêt général des grosses entreprises et de l’impérialisme, et si cela permet de faire taire les mouvements de protestation populaires. Qu’en est-il de l’idée des « révolutions démocratiques », que Bush et les autres leaders occidentaux ont proclamée partout au Moyen-Orient et dans le monde néocolonial ?!
Les partis d’opposition thaïs, la population urbaine et les groupes de « citoyenneté » qui ont mené les manifestations au cours des derniers mois, ont bien acclamé l’intervention de l’armée. Ils pensent que l’action des généraux peut mettre un terme à l’incertitude politique qui avait été amenée par le régime Thaksin. Les directions de ces organisations n’ont pas un programme pour en finir avec les crises économiques et politiques. Ceci signifierait la fin du système de profit.
Les populations rurales et urbaines
A de nombreuses reprises, l’histoire de la Thaïlande a démontré qu’à chaque fois qu’il y a une intense crise politique ou économique, la classe dirigeante utilise soit la monarchie, soit l’armée, ou, quand elle le peut, le système parlementaire, comme outil pour briser la révolte populaire et façonner l’Etat en faveur des besoins de la classe capitaliste. Le coup d’état militaire de cette semaine a été mené à des fins similaires. L’intervention de l’armée a été conçue pour mettre un terme à un an de troubles politiques, qui ont affectés l’industrie et l’économie toute entière, en particulier à Bangkok, qui se trouve être le pivot de l’économie thaïe.
Sous le règne militaire, il pourra y a voir quelques réformes pour apaiser des couches de la population, tels que les pauvres à la campagne. Mais aucune réforme ne peut être durable dans le système de profit, qu’elles soient établies par des gouvernements civils ou par des dirigeants militaires. Le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins fondamentaux des travailleurs et des paysans. La classe ouvrière thaïe et les paysans pauvres vont devoir faire face à encore plus d’incertitudes et d’attaques sur leur mode de vie au cours des prochaines années, ce qui mènera à une nouvelle instabilité politique, qui déclenchera de nouvelles luttes de masse.
Lors des deux précédentes émeutes de masse en Thaïlande, il y avait des illusions envers la soi-disant « bourgeoisie progressive » (la classe capitaliste), surtout parmi les classes moyennes, les étudiants et les paysans, qui espéraient gagner des droits démocratiques par des luttes contre le régime militaire. Le 14 octobre 1973, une manifestation menée par des étudiants renversa une dictature militaire et amena une courte période de régime démocratique. Cette période dura jusqu’en 1976, lorsque des forces militaires de droite réprimèrent violemment le mouvement étudiant. En mai 1992, un autre dictateur militaire, Suchinda Kraprayoon, a été chassé par des citoyens thaïs. Ils étaient en colère contre ses mesures anti-démocratiques. Mais Suchinda Kraprayoon fut remplacé par un gouvernement de droite qui fut incapable de résoudre les problèmes économiques et sociaux qui se posaient au peuple thaï.
Ces événements montrent que les travailleurs et paysans thaïs peuvent avoir des illusions dans les ailes soi-disant « démocratiques » ou « progressives » de la classe capitaliste. Toutes les différentes sections de la classe dirigeante et des partis politiques agissent d’abord au profit des grosses entreprises, et cela inclut la suppression des droits démocratiques s’ils entrent en contradiction avec leurs intérêts de classe.
Cette année, al crise politique a révélé les différents agendas des organisations qui constituent l’opposition, qui inclut les partis politiques, les étudiants, les ONG (organisations non-gouvernementales), les syndicats et d’autres, tous unis sous « l’Alliance Populaire pour la Démocratie » (APD). Ils resserrèrent les rangs après que Thaksin ait été accusé d’abuser de son pouvoir, et en particulier, de s’enrichir soi-même grâce à une grosse opération financière dans le secteur des télécommunications. Mais les forces qui composent l’APD différèrent au sujet de ce qu’il fallait faire de Thaksin et de son parti, de la nature des réformes constitutionnelles, et des négociations de « libre échange » avec les Etats-Unis.
Les partis d’opposition de droite, tels que le Parti Démocrate, qui a organisé des attaques sur les paysans et les travailleurs lorsqu’il était au gouvernement, se concentre maintenant essentiellement sur le démantèlement du parti de Thaksin. La demande d’une « réforme constitutionnelle » émanant du Parti Démocrate n’est qu’une rhétorique politique pour tenter d’élargir son soutien électoral. Les syndicats, les « groupes de pression », et les organisations d’étudiants veulent plus de changements fondamentaux, exigeant la fin des privatisations et des autres attaques néolibérales sur les travailleurs. Mais cela n’est pas à l’agenda des directions de l’APD et du Parti Démocrate.
La plupart des partis politiques et des organisations de masse misent publiquement sur le roi, espérant qu’il calmera la situation, et qu’il veillera à l’amélioration de la vie pour les Thaïs. Mais l’histoire des nombreux coups d’état en Thaïlande montre que le roi a toujours donné son soutien à partir des coulisses aux juntes militaires comme le régime Sonthi. Cela montre bien que la monarchie aide les magnats de l’industrie tels que Thaksin à monter au pouvoir. Le roi légitimise les coups d’état et les régimes anti-travailleurs et anti-paysans.
Le problème des rébellions des musulmans, et des demandes séparatistes – une cause d’instabilité majeure en Thaïlande – ne peut être résolu sur base du capitalisme. Seule, l’action de la classe salariée, par la lutte pour ses droits démocratiques, pour les réformes sociales et économiques, et pour le socialisme, peut gagner de véritables droits pour cette communauté opprimée.
Les expériences passées de luttes de masse en Thaïlande ont clairement prouvé que, en dépit de leur héroïsme et de leur sacrifice, ni les paysans, ni les étudiants, ni la classe moyennes, à cause de leur caractère très hétérogène, ne peuvent mener la bataille pour la mise à bas du capitalisme. En ce moment, il semble que la population rurale (surtout composée de paysans), qui constitue la majorité de la population en Thaïlande, penche vers un soutien à des meneurs tels que Thaksin.
La classe salariée est la seule classe capable de prendre la direction jusqu’à la chute du capitalisme, et capable de tirer à elle le soutien des pauvres des campagnes, des étudiants et des classes moyennes, ainsi que celui des pauvres musulmans du Sud. Afin d’accomplir cette tâche, il est crucial de commencer la construction d’un parti des travailleurs. Un tel parti, avec un soutien massif, sur base d’un programme socialiste, donnerait assez de confiance à la classe salariée pour qu’elle prenne la direction des luttes d’opposition.
Pour un parti des travailleurs et des paysans, il est nécessaire de lier les revendications pour des droits démocratiques et des réformes économiques et sociales, au besoin de bâtir un Etat ouvrier. Une Thaïlande socialiste gagnerait le soutien des travailleurs à travers toute l’Asie du Sud-Est, et le monde entier.
Le CIO demande :
- Opposition totale au coup d’état militaire
- Non au règne des généraux, non au règne des politiciens millionnaires et corrompus
- Non à la suppression des droits démocratiques, et à la mainmise étatique sur les médias
- Pour une lutte de masse afin de remporter des droits démocratiques complets, y compris le droit aux travailleurs de s’organiser, de manifester et de faire grève
- Pour des organisations paysannes et des syndicats indépendants, combatifs, et démocratiques
- Des droits syndicaux pour les soldats – afin de gagner le soutien des soldats pauvres pour les luttes des travailleurs
- Pour la construction d’un parti de masse, des salariés et des paysans
- Pour une lutte unie des travailleurs et des paysans, afin de renverser l’armée et son gouvernement fantoche
- Pour une Assemblée Constituante honnête et représentative
- Abolir la monarchie
- Pour un gouvernement à majorité ouvrière et paysanne
- Des droits égaux pour toutes les minorités ethniques, y compris les populations musulmanes
- Non à la politique néolibérale de privatisation et de dérégulation
- Nationaliser les grosses entreprises, les secteurs-clé de l’industrie, les grands holdings privés et les banques
- Pour une économie planifiée destinée à fournir à tous les travailleurs et paysans leurs besoins de base, sous le contrôle et la gestion démocratique de comités élus à partir des ouvriers et des paysans
- Pour une Thaïlande socialiste et membre d’une fédération socialiste d’Asie du Sud-Est
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Israel-Liban-Palestine. Contre la guerre et l'exploitation
A près plus d’un mois de guerre, l’intervention de Tsahal au Liban se solde par un fiasco pour l’impéralisme israélien et américain. Le Hezbollah n’est pas affaibli et sa capacité militaire est loin d’être détruite. Face à l’attitude passive des régimes arabes, il est perçu par les masses dans l’ensemble des pays arabes comme la résistance sur le terrain aux planx de l’Administration Bush ppour son " Nouveau Moyen-Orient ". 97% des Palestiniens soutiennent les actions du Hezbollah. L’enlèvement des deux soldats a été ressenti comme un geste de solidarité suite aux opérations militaires israéliennes en cours depuis le 28 juin à Gaza.
Boris Malarme
En Israël, la cote de popularité du triumvirat Olmert-Livni-Peretz, qui voulaient casser leur image de civils et prouver leurs capacités guerrières est au plus bas. Seuls 20% des Israéliens considèrent l’intervention au Liban comme une victoire pour Israël alors que le conflit devait illustrer sa puissance dans la région.
L’impérialisme américain a soutenu sans relâche l’intervention israélienne et n’a cessé de livrer des munitions à Tsahal. La guerre au Liban contre le Hezbollah devait renforcer sa position dans son bras de fer avec le régime iranien. Après le vote de la résolution de l’ONU, l’Iran donne le ton en annonçant que si Israël et les Etats-Unis s’avisaient de l’agresser, il devaient craindre le jour ou des missiles de 2000 km de portée frapperaient le coeur de Tel-Aviv. L’issue du conflit est un nouvel échec pour l’Administration Bush après les bourbiers irakien et afghan.
Avec plus de 1.800 de civils libanais tués, les attaques ont été visiblement plus efficaces contre la population que contre les combattants du Hezbollah. Les dommages économiques causés par les bombardements intensifs et l’embargo israélien sont énormes. Ce sont les travailleurs et la population pauvre au Sud-Liban qui paient le prix fort pour la guerre. Tandis que la reconstruction offrira de plantureux profits aux capitalistes, des dizaines de milliers de travailleurs se retrouvent sans emploi.
L’aide promise par le Hezbollah ne résoudra pas les problèmes sociaux. Le Hezbollah est incapable de sortir le Moyen-Orient de la domination impérialiste. Les victimes de ses missiles ne sont pas les Olmert, Blair et Bush, mais les travailleurs juifs et arabes en Israël, ce qui pousse la population israélienne à soutenir la politique de guerre.
L’attitude de la France qui exige d’avoir toute latitude d’utiliser la force illustre que l’envoi de troupes n’a pas pour objectif plus de sécurité mais bien sa volonté d’étendre son influence dans la région. Le renforcement de la FINUL créera de nouvelles tensions au Liban.
Seul le mouvement ouvrier a le potentiel de sortir le Moyen-Orient de la pauvreté et d’empêcher de nouvelles guerres impérialiste d’y faire rage.