Tag: Espagne

  • Europe : chasser le chômage, pas les chômeurs !

    Des chiffres de chômage dramatiques

    Avec plus de 26 millions de personnes sans emploi, le taux de chômage dans l’Union Européenne s’est élevé à 10,9% en février 2013 (1). En une année d’austérité, près de 2 millions de personnes ont été grossir les rangs d’un marché de l’emploi déjà saturé.

    Par Loïc (Liège)

    La logique capitaliste nous pousse à croire que l’austérité est la seule issue à la crise, mais c’est tout le contraire qui s’est produit et même les plus pessimistes ont dû réévaluer leurs prévisions. Les effets de la crise systémique du capitalisme poussent nombre d’entreprises à fermer volets. En Belgique, pas moins de 30 entreprises par jour se sont écroulées en 2012, portant le nombre de faillites à 10.587. Avec de telles statistiques, il serait grand temps de changer d’optique…

    Dans ce schéma, nous sommes déjà plongés dans un cercle vicieux qui ne pourra que continuer à porter des effets négatifs sur nos conditions de vies. Licenciements de masses, coupes budgétaires, réformes sociales, sauvetages de banques,… voici les seules solutions proposées par nos dirigeants. C’est n’est qu’en sacrifiant nos acquis qu’ils peuvent conserver les leurs.

    Avec un nombre de chômeurs en expansion constante, il est clair que les grands capitaux pourront profiter d’une réserve de main-d’œuvre qui est de plus en plus poussée au travail précaire et à la concurrence. C’est ce que Marx appelait ‘’l’armée de réserve du Capital’’.

    Nos dirigeants se disent garants des générations futures, en voulant, disent-ils, se sacrifier afin de sauvegarder les possibilités d’émancipation de notre génération. C’est évidement tout le contraire qui se produit, ils sont d’ores et déjà à l’œuvre afin de détruire tous les acquis que nous ont transmis nos grands-parents. Sécurité sociale, sécurité de l’emploi, accès à l’éducation, accès aux logements,… toutes ces choses nous sont progressivement retirées. Partout en Europe, les jeunes perdent tout espoir d’une qualité de vie meilleure, ou du moins égale, à celle de leurs parents. Les pays les plus touchés sont l’Espagne et la Grèce avec respectivement 55,7% et 58,4% de chômage parmi les moins de 25 ans !

    Cela a de nombreux effets directs sur cette catégorie de la population. C’est ainsi que depuis 2008, le taux de suicide a explosé en Europe, le suicide restant la première cause de mortalité chez les jeunes. Autre répercussion alarmante, l’augmentation d’infections par le VIH, qui est notamment due aux coupes budgétaires dans les programmes d’échange de seringues pour les drogués et la distribution de préservatifs. (2) Quand on sait que plus d’1,35 millions d’Européens connaissent des problèmes liés à la consommation de drogues, principalement l’héroïne, on ne peut que s’alarmer sur les prochains taux de mortalité. (3)

    Cette crise a également des répercussions sur le nombre de migrants parmi les jeunes à la recherche d’un avenir meilleur. Les montées du nationalisme, du racisme, de la concurrence entre travailleurs en Europe ne seront qu’accrues avec de telles solutions.

    Bref, voici comment nos dirigeants comptent préserver nos possibilités d’émancipations. Mais ce n’est pas comme cela que nous pourrons espérer de meilleures vies. Mais bien en acceptant la confrontation avec la classe dominante afin de remédier à tous les effets néfastes de cette crise et ses mesures d’austérité.

    Ce qu’il nous faut, c’est accepter la nécessité d’imposer une alternative à ce système qui ne peut trouver de solutions. Et cette alternative s’appelle le socialisme, le véritable, non celui de la sociale-démocratie qui, depuis longtemps, est complice de la droite. Ce qu’il nous faut, c’est s’allier à la classe des travailleurs qui est la seule classe opposée depuis toujours à la classe dominante. Ce qu’il nous faut, c’est prendre le contrôle des moyens de production afin de pouvoir satisfaire les besoins de la population et non les envies de la classe exploiteuse.


    (1) Eurostat

    (2) Selon Elias Kondilis, chercheur à l’université Aristote

    (3) Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.

  • Statut unique : Une harmonisation vers le haut !

    Pas de petites actions, mais une stratégie qui vise à vaincre !

    Ces derniers mois, il y a toujours eu quelque part un piquet de grève à renforcer ou une manifestation locale, régionale ou nationale. C’était notre façon de réagir à l’avalanche de casse sociale, contre les fermetures d’entreprises, les restructurations et les licenciements. Au cours des prochaines semaines et prochains mois, nous resterons mobilisés, notamment pour l’harmonisation vers le haut des statuts ouvrier et employé.

    Tract du PSL / Tract en version PDF

    Nous connaissons les enjeux. La Cour constitutionnelle réclame la fin de la discrimination en matière d’indemnités de départ et de jours de carence au plus tard pour le 8 juillet. Pour les employés, le délai de préavis est d’un mois par année de service (avec un minimum de trois mois) alors que pour les ouvriers, il s’agit seulement d’entre 28 et 129 jours, en fonction des années de service. Pour les ouvriers, le premier jour de maladie n’est pas payé et ensuite une partie seulement est prise en charge par l’employeur, le reste étant pour la sécurité sociale. Chez les employés, le premier jour de maladie est intégralement payé par l’employeur. D’importantes différences existent encore concernant les congés payés, le paiement et la période d’essai. Globalement, le statut d’employé est plus favorable que celui d’ouvrier.

    Pour n’importe qui, mettre un terme à la discrimination signifie de la supprimer. Pas pour nos patrons. Ce sont eux qui ont instauré cette discrimination pour diviser les travailleurs. Ils auraient préféré que les choses restent ainsi. Mais ces dernières années, les ouvriers qui se sont rendus au tribunal pour exiger la même indemnité que leurs collègues employés ont remporté leur procédure, comme Georges D. contre la marque de vêtements Bellerose. Afin d’éviter à l’avenir que tous les ouvriers soient traités comme des employés, les patrons sont soudainement prêts à discuter. Mais dans leur logique, on ne peut faire disparaître une discrimination qu’en l’appliquant à tout le monde, sauf à eux-mêmes.

    Dans un contexte où il y a plus de 26 millions de chômeurs sur le continent, un contexte de fermeture d’entreprises, de restructuration et d’arrêt du recrutement de la part des autorités, ce débat sur le statut unique en est vite réduit à un débat sur le licenciement. On ne parle plus de l’injustice subie par les ouvriers des décennies durant, mais du danger de la généralisation du statut d’employé pour l’emploi. Selon les patrons réunis dans la prétendue ”concertation interprofessionnelle”, cela coûterait des dizaines de milliers d’emplois. Cependant, en Espagne, en Italie, en France et aux Pays-Bas, l’assouplissement des conditions de licenciement n’a pas entraîné de maintien de l’emploi, bien au contraire.

    Il n’y a aucune raison justifiant que les syndicats revendiquent moins que la généralisation du statut des employés. En effet, selon le tribunal, l’absence d’accord signifie l’extension du meilleur statut à tous. Les patrons ont toutefois un allié de taille : le gouvernement. Celui-ci imposera, si nécessaire, son propre ”compromis” en allant à la rescousse du patronat avec une proposition se situant quelque part entre les deux statuts existants, mais surtout proche de celui des ouvriers.

    Face au front des patrons et des politiciens, le front syndical est malheureusement divisé. Le président de la CSC Marc Leemans appelle à "un équilibre global: pour le travailleur et l’employeur. Nous ne voulons pas créer de handicap concurrentiel." Chez les travailleurs de la FGTB, certaines centrales, avec à leur tête Herwig Jorissen de la centrale flamande des métallos, refusent de participer aux actions du 25 avril. Selon Jorissen "chacun doit réaliser que dans le domaine social, comme en politique, le résultat des négociations est un compromis et donc une question de concessions et d’avancées." En bref, tant Leemans que Jorissen se trouvent à la remorque de l’argumentaire patronal.

    Comment est-ce possible? Sans mots d’ordre clairs axés sur une stratégie visant à gagner, chacun cherche sa façon de faire, avec le résultat que les syndicats et le mouvement ouvrier lui-même sont divisés et affaiblis. Nous pouvons encore faire grève et manifester des centaines de fois, mais si cela n’est pas couplé à une stratégie visant à faire plier le gouvernement et le patronat, cela dégénère en folklore. Pourquoi Leemans et Jorissen peuvent continuer à adopter une telle attitude ? Parce qu’aucune perspective n’est offerte pour vaincre ! Afin d’éviter la division et d’assurer que ce débat sur le statut unique soit saisi pour construire à partir des acquis sociaux des employés, un plan d’action fort, unitaire et discuté à la base est nécessaire.


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    La classe des travailleurs ne peut compter que sur sa propre force pour parvenir à un changement. Nous devons nous organiser. Le PSL est pour l’implication politique de la base et est actif sur les lieux de travail, dans les quartiers, aux universités, dans les écoles… Voulez-vous vous aussi jouer un rôle actif dans ce cadre? Rejoignez le PSL et contactez-nous pour une discussion avec un militant. E-mail: info@socialisme.be ou 02/345 61 81.


    Pour un relais politique de la lutte des travailleurs !

    Meeting à Charleroi pour une aternative à la gauche du PS et d’Ecolo – Samedi 27 avril. 13H30, à la Géode, à Charleroi

    Il y a un an, le 1er mai, la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut avait dénoncé les politiques d’austérité et constaté que le PS et Ecolo n’étaient plus des relais politiques pour les revendications des travailleurs. Dans son discours, le secrétaire régional interprofessionnel Daniel Piron avait appelé à un rassemblement politique à la gauche de ces partis afin de redonner espoir et dignité aux travailleurs. Quelques semaines plus tard, le secrétaire général de la CNE (la centrale chrétienne des employés) avait de façon similaire. Un certain nombre de dirigeants syndicaux ont fait de même.

    Le 27 avril se déroulera un meeting à Charleroi avec le soutien de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut, la CNE et presque toutes les forces à la gauche des partis établis pour discuter d’un relais politique pour la classe des travailleurs. Voici le programme de la journée, l’intégralité de l’appel peut être consulté à cette adresse.

    Programme du 27 avril

    13h30: Accueil

    14h: Introduction par Daniel Piron, Secrétaire Régional de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut et Isabelle Vanschoor, Secrétaire principale CNE-Hainaut.

    Rappel des motivations de l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB à construire une alternative à gauche du PS et d’Ecolo. Travaux en cours.

    En quoi la CNE se retrouve-t-elle dans l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB ?

    14H30 : Témoignages d’un délégué du Non marchand, d’un TSE, d’un délégué de l’industrie, d’un délégué des Services Publics.

    15H00 : Répartition des participant(e)s en groupe de travail avec un rapporteur et un animateur (du banc syndical).

    – Quels sont les terrains que les partis traditionnels, dits de Gauche, ont déserté et qu’il faudrait réinvestir ?

    – Quelles suites donner à cette première, journée de rencontre et de réflexion à moyen terme ?

    16H00 : Pause café et lunch. Durant cette pause, les rapporteurs des groupes de travail se réuniront avec D. Piron et I. Vanschoor pour préparer une synthèse.

    17H00 : Présentation de la synthèse générale en plénière.

    17H30 : Conclusions et contact avec la Presse.

    Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’)

  • Résistance internationale contre l'Europe des banques et des multinationales !

    Pour une riposte anticapitaliste et socialiste contre l’austérité !

    La population chypriote est la plus récente victime de la crise brutale du projet capitaliste européen. La crise de l’Union Européenne est loin d’être terminée, contrairement à ce que certains avaient prétendu. Toute la zone euro est en récession économique. Pas moins de 120 millions d’Européens sont menacés de pauvreté. Un million de personnes sont venues rejoindre les rangs des chômeurs au cours de l’an dernier uniquement, portant le chiffre officiel à plus de 26 millions de travailleurs sans-emploi. Mais il y en a encore des millions d’autres dans les faits. Tout indique qu’un nouveau dramatique épisode de la crise est en cours.

    Par Bart Vandersteene

    Ce n’est nullement un hasard si les pays d’Europe du Sud sont les plus fortes victimes de cette crise. Le projet néolibéral européen a accru la concurrence entre les divers États-membres. Afin d’attirer les investissements, les pays d’Europe du Sud ont réduit l’impôt sur les sociétés et créé des paradis fiscaux. Les banques chypriotes étaient de véritables casinos, notamment pour les milliardaires russes. Le secteur bancaire chypriote a récemment été estimé représenter une valeur annuelle égale à huit fois le produit intérieur brut du pays, soit huit fois la totalité des richesses produites en un an ! La faillite d’une de ces banques peut infecter l’ensemble du secteur financier de l’Union Européenne.

    La logique de la politique dominante est un refrain désormais bien connu : c’est aux travailleurs chypriotes de saigner alors qu’ils ne sont pas responsables de la crise, à eux de supporter les pertes du casino de la spéculation. Mais sous la pression formidable du mécontentement et de l’opposition populaires, la mesure qui prévoyait de s’en prendre aux livrets d’épargne a été balayée. Les solutions de rechange du gouvernement chypriote reviennent toutefois aux mêmes conséquences à grands coups de privatisations, de vente des réserves de gaz, des taxes supplémentaires,…

    La situation sociale est très tendue dans tout le sud du continent. L’establishment politique a vu son autorité compromise par l’application de la politique d’austérité. Le 2 mars, 1,5 million de Portugais ont manifesté. En Italie, les partis établis ont reçu une claque monumentale de la part du comédien Beppe Grillo, qui a reçu un quart des voix à partir de rien. Ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux dominos économiques ou politiques ne tombent dans la région.

    Les travailleurs et leurs familles à Chypre, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Italie,… n’ont qu’une seule option pour protéger leur niveau de vie des attaques vicieuses des autorités européennes et nationales: la lutte pour la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion publics démocratiques. Tous les fonds spéculatifs et les profits monumentaux du passé doivent revenir à la collectivité. Aujourd’hui, ce sont les dettes de jeu des requins de la finance qui reviennent à la population, mais ce ne sont pas nos dettes. Le non-paiement des dettes publiques et la mise sous statut public du secteur financier et des autres secteurs-clés de l’économie peuvent poser les bases d’un programme d’investissements publics pour répondre aux besoins sociaux actuellement en souffrance tout en créant une masse d’emplois socialement utiles.

    Chaque dégradation du niveau de vie au sud de l’Europe sera utilisée comme argument pour s’en prendre à notre épargne, à nos salaires et à nos acquis sociaux. De la même manière, chaque victoire de nos camarades du sud renforcera la lutte chez nous. Nous sommes solidaires des luttes de la classe des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs et des pensionnés qui, dans toute l’Europe, s’opposent à l’offensive antisociale qui assombrit notre avenir !

  • ‘‘Socialisme 2013’’ : Une riposte socialiste contre le nationalisme

    Lors du week-end de discussion et de débat Socialisme 2013, il y aura deux commissions consacrées à la question nationale en Belgique et au nationalisme. Plusieurs pays d’Europe sont confrontés à une croissance du nationalisme, comme en Catalogne par exemple. La première commission sera concentrée sur le nationalisme en Europe à partir des exemples d’Irlande du Nors, d’Ecosse et d’Espagne. La seconde abordera plus spécifiquement la question nationale en Belgique dans le cadre des prochaines élections de 2014, avec Anja Deschoemacker.

    Samedi 13 avril, 15-17h30 – De l’Ecosse à la Catalogne, la montée du nationalisme en Europe.

    En 2014 un referendum aura lieu en Ecosse au sujet de l’indépendance. En Catalogne, la toute nouvelle majorité nationaliste au Parlement régional a voté pour l’organisation d’un tel referendum. Le regard de toutes les forces régionalistes et nationalistes est rivé sur ces développements. Sous la pression de l’approfondissement de la crise, parviendrons-nous à une situation où des pays européens vont effectivement commencer à désintégrer en régions différentes ? Qu’en pensent les marxistes, comment interviennent-ils dans ce débat et avec quel programme ?

    Cette commission aura pour orateurs Kevin Henry, membre du Socialist Party (parti-frère du PSL en Irlande du Nord), qui abordera la question de la remontée du nationalisme en Ecosse et en Irlande du Nord, et Juan Antonio Herdi, membre de Socialismo Revolucionario (parti-frère du PSL en Espagne), qui parlera des récents développements qui ont eu lieu en Catalogne mais aussi de la lutte de classe qui se développe en réaction à l’austérité brutale.

    Dimanche 14 avril, 10-12h. – Quel programme pour la question nationale en Belgique, en préparation aux élections de 2014 ?

    Dans son speech de nouvel an devant ces troupes, Bart De Wever a affirmé que 2013 était une année très importante pour le nationalisme flamand, une année où le confédéralisme est élaboré et préparé. Année importante aussi puisque les chiffres de l’année 2013 peuvent donner la date 1302, quand a eu lieu la fameuse Bataille des Eperons d’Or…

    Les médias et les grands partis politiques vont tout faire pour que le débat des élections de 2014 tourne exclusivement autour l’existence d’un Etat belge viable. Allons-nous vers une aventure qui peut conduire à l’autonomie de la Flandre ou les électeurs vont-ils voter contre une répétition du scénario de 2010, et donc préférer des ‘‘partis responsables’’ ? Mais le gouvernement qui sortira des urnes ne va pas se consacrer principalement à l’aspect institutionnel du vivre ensemble. Pour la première fois depuis longtemps, quatre années se succèderont sans aucune élection. La classe des travailleurs peut se préparer à une fameuse accélération de l’offensive concertée, unifiée et structurelle des gouvernements et du patronat contre nos acquis sociaux d’après-guerre.

    Anja Deschoemacker, membre de la direction du PSL, parlera du lien entre la nécessité d’une riposte du mouvement ouvrier pour préserver les restes de l’Etat-providence et de l’attitude que doivent adopter les marxistes au sujet de la question nationale afin d’éviter toute division au sein du mouvement des travailleurs.

  • Capitalisme et culture du viol

    En décembre 2012, l’horrible viol collectif d’une étudiante de 23 ans à Delhi, en Inde, suivi de sa mort, a placé le fléau du viol sur le devant de la scène. Ce cas particulier ne sort malheureusement pas du tout de l’ordinaire par sa nature ou sa gravité. Ce qui l’a rendu exceptionnel, c’est la réponse explosive du mouvement ‘‘rage against rape’’, qui a fait descendre dans la rue une foule de femmes aussi bien que d’hommes opposés aux viols et à la violence sexuelle extrêmement fréquents, commis surtout contre les femmes et les enfants.

    Par Emma Quinn & Laura Fitzgerald, Socialist Party (CIO-Irlande)

    ‘‘Rage against rape’’ en Inde – malgré la nature problématique des appels à la peine de mort et à la castration pour les auteurs de viols (en plus de ne pas répondre aux causes sous-jacentes du viol, cela donnerait encore plus de pouvoir à un Etat indien qui réprime et va continuer à réprimer les luttes des travailleurs et mouvements sociaux) -, le développement du phénomène ‘‘Slutwalk’’ ces dernières années, fer de lance de la montée de la remise en cause de la ‘‘culture du viol’’, sont autant de développements véritablement positifs.

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    Socialisme 2013

    Commission le samedi 13/04 : Les causes de la violence envers les femmes et comment la combattre

    Commission le dimanche 14/04 : Le débat pro-choix sur le droit à l’avortement. Avec des militantes pour les droits des femmes, notamment Aisha Paulis (commission femmes du PSL)

    Plus d’infos et programme complet

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    La ‘‘culture du viol’’ peut être décrite par le fait de réagir aux viols et à la violence sexuelle en culpabilisant les victimes et les survivantes en se demandant comment elles s’habillent, quel est leur passé sexuel, leur consommation de drogue ou d’alcool, etc. de façon à la fois subtile et ouverte. C’est ainsi que réagissent la police et la justice, à des degrés variables en fonction des divers pays du monde. Il s’agit d’une vulgarisation du viol. Au cours de cette dernière période, ce phénomène s’est développé dans un contexte où, de plus en plus, les femmes et leurs corps se voient rabaissés au rang d’objet dans la culture dominante.

    Le viol est une question de pouvoir

    Le viol n’est pas une question de désir sexuel, mais plutôt l’expression ultime du pouvoir, du contrôle et de la suprématie sur un autre être humain. La majorité des victimes et des survivantes sont des femmes et la grande majorité des auteurs de viols sont des hommes. Les hommes victimes d’un viol sont particulièrement stigmatisés, en partie parce que c’est considéré comme une expérience émasculatrice. L’exemple de femmes soldates participant à l’humiliation sexuelle de prisonniers hommes dans la prison d’Abu Ghraib, en Irak, montre comment le viol et l’abus sexuel sont fondamentalement une expression du pouvoir : les forces impérialistes ont utilisé les abus sexuels dans le but très conscient de dégrader et de démoraliser.

    Les milliers d’années d’oppression de la femme ont signifié des milliers d’années de soumission, et notamment de viol. Les viols fréquents sur les esclaves par les possesseurs d’esclaves dans le Sud des Etats-Unis avant la Guerre Civile sont un exemple parmi beaucoup d’autres du viol en tant qu’expression de cette soumission imbriquée dans l’oppression économique également subie.

    Le début de la société humaine divisée en classes sociales – il y a environ 10.000 ans – a constitué un moment crucial dans l’instauration des structures et de l’idéologie qui oppressent les femmes. L’idéologie de la famille nucléaire et patriarcale en particulier, qui a atteint son apogée dans la Rome Antique lorsque les pères avaient droit de vie et de mort sur leur femme et leurs enfants, est une idéologie façonnée et utilisée par le système économique actuel du capitalisme. Malgré les grandes luttes et les changements survenus depuis lors, la promotion de cette idéologie a contribué à pérennisé l’oppression des femmes.

    Ce n’est nullement une coïncidence si la plupart des viols et des abus sexuels sont perpétrés par une connaissance de la victime, souvent même un membre de la famille, un partenaire ou un ex-partenaire. Sous le capitalisme, l’idéologie de la famille patriarcale (soutenue depuis les débuts de ce système) a permis que les femmes soient des sources d’heures de travail non rémunéré – comme elles le sont encore aujourd’hui de bien des façons et dans bien des cas – en effectuant le travail domestique, en s’occupant des enfants et des membres âgés de leur famille ou des malades.

    Cette idéologie était en contradiction avec la nécessité d’intégrer la force de travail féminine dans le système de profit, mais elle a aidé à justifier les plus bas salaires des travailleuses, une réalité toujours d’application aujourd’hui dans les pays capitalistes développés. En Irlande, selon un récent rapport de l’OCDE, les femmes gagnent en moyenne 14% de moins que les hommes, et ce fossé s’élargit à 31% pour les femmes qui ont des enfants (en Belgique, l’écart moyen est de 24%, NDT).

    L’Ère de l’austérité et son impact sur les femmes

    Ces dernières décennies, l’entrée massive des femmes dans la force de travail – tout en augmentant souvent l’exploitation que les femmes subissent à la fois en tant que travailleuses et en tant que femmes – a eu un impact progressiste. En s’engageant dans la force de travail, les femmes ont pris confiance en elles et, en réalité, les idées réactionnaires concernant la famille patriarcale et le rôle subalterne des femmes ont été profondément ébranlées. Par exemple, la grande majorité de la population européenne, hommes et femmes, n’acceptent plus l’idée selon laquelle les femmes ne devraient pas être égales aux hommes.

    L’ère de l’austérité actuelle signifie concrètement une énorme destruction de nos emplois, de nos services publics et de nos conditions de vie. Les femmes sont plus particulièrement affectées par les attaques contre le secteur public parce qu’elles représentent la majorité des travailleurs de ce secteur (en particulier dans la main d’œuvre peu payée du secteur public) et en raison de la nature progressiste des services publics qui peuvent socialiser ce qui auparavant étaient des problèmes privés pour les femmes (comme de prendre soin des malades et des personnes âgés).

    Des services sont en train d’être complètement érodés, comme l’aide à domicile (un service qui a en fait commencé sur base volontaire et non payée – notons l’impact de l’idéologie patriarcale qui montre les femmes comme des ‘‘soignantes naturelles’’ -, et pour lequel on s’est battu pour qu’il devienne financé et développé par l’État). Les femmes, en particulier, vont porter le fardeau de cette érosion, avec comme résultat probable le retour réactionnaire aux rôles traditionnels de genre. L’élite au pouvoir a besoin de trouver des moyens pour justifier ce retour en arrière. La publicité et les autres moyens de propagande (particulièrement aux USA) ont été massivement utilisés pour mettre l’accent sur la ‘‘place naturelle des femmes au foyer’’ en tant qu’épouses, soignantes et domestiques non payées, de même que leur subordination aux hommes juste après la seconde guerre mondiale, alors que les femmes étaient massivement entrées dans les usines pendant la guerre.

    Cette propagande nous paraît aujourd’hui grossièrement sexiste et dépassée. Cependant, d’autres formes de propagande sexiste ont été de plus en plus développées, dans les médias en particulier. L’offensive s’est même intensifiée cette dernière décennie : rabaissement de la femme au rang d’objet, marchandisation du corps féminin et ‘‘pornification’’ de la culture.

    L’impact du ‘‘nouveau sexisme’’

    Le ‘‘nouveau sexisme’’, appuyé en grande partie par l’industrie cosmétique (très rentable), joue actuellement un rôle dans le renforcement des vieilles idées selon lesquelles la valeur d’une femme se mesure à son apparence et à son look, en dénigrant sa valeur en tant qu’être humain égale aux hommes. Cette attaque idéologique offre aux politiciens l’espace pour mener une politique sexiste et réactionnaire. Ainsi, lors des émeutes de Londres en 2010, certains politiciens ont tenté d’expliquer le phénomène par l’éclatement de la famille traditionnelle en reportant la faute sur les parents célibataires, afin de ne pas parler des causes sociales derrière cette explosion de colère (taux de chômage élevé, aliénation et pauvreté massive parmi la jeunesse).

    En Espagne et au Royaume Uni, des partis politiques au pouvoir souhaitent aujourd’hui revenir sur le droit à l’avortement : une véritable indication de l’instrumentalisation des femmes en tant que boucs émissaires de même qu’un cas concret de casse des droits des femmes et de leur liberté de choisir. Aux USA, le degré auquel le parti de droite Tea Party a influencé le discours et la politique représente à la fois une attaque idéologique et une menace physique contre les droits des femmes. Les restrictions à l’accès à l’avortement y ont tellement augmenté que certains États n’ont plus qu’une seule clinique pratiquant l’avortement ouverte ! Paul Ryan, le candidat républicain malchanceux à la vice-présidence américaine aux élections de 2012, a précédemment soutenu une loi qui tentait de permettre aux violeurs de poursuivre en justice les victimes qu’ils auraient mises enceinte pour les empêcher d’avorter ! Voilà le contexte dans lequel la ‘‘culture du viol’’ existe. C’est aussi le contexte dans lequel cette culture doit être remise en cause.

    Les violences sexuelles comme arme de guerre et de domination

    Le viol en tant qu’expression de la suprématie et de la domination est illustré par les abus commis par de nombreux prêtres en position de pouvoir, des cas systématiquement couverts par la hiérarchie de l’Eglise Catholique. On peut également parler du cas du célèbre présentateur de la BBC Jimmy Saville (un proche de Margareth Thatcher qui a été protégé par la véritable institution qu’est la BBC) qui a abusé d’enfants et de jeunes vulnérables et marginalisés en toute impunité, des décennies durant.

    La violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre afin d’intimider et de dégrader l’ennemi ; en Syrie, c’est en fait la première raison pour laquelle il y a eu un exode massif de femmes et d’enfants dans des camps de réfugiés de Jordanie et du Liban. L’attaque de femmes et de filles par des hommes armés, parfois à plusieurs, est une caractéristique significative et problématique de la guerre civile syrienne. C’est globalement le cas des zones de guerre ; on estime à 200.000 le nombre de victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo dans le cadre de conflits armés. Le viol y est décrit comme une arme ‘‘moins chère que les balles et les bombes.’’

    L’Afrique du Sud connait des statistiques parmi les plus alarmantes, le taux de viols d’enfants et de bébés y est le plus élevé au monde. 37% de la population masculine admet avoir commis un viol et plus de 500.000 attaques sexuelles ont lieu chaque année. Le problème est notamment enraciné dans la croyance très répandue qu’une relation sexuelle avec une vierge guérit du sida. Ce pays comprend le plus grand nombre de séropositifs : 11% des habitants sont affectés. La Zambie, le Zimbabwe et le Nigeria sont aussi infestés par les attaques sexuelles à cause de ce mythe dangereux.

    Attaques contre les femmes sur la place Tahrir

    L’un des exemples les plus frappants de ce que représente le viol et d’où il provient se trouve peut-être dans le contexte de révolution et de contre-révolution qui se déroule en Égypte actuellement, au cœur symbolique de la révolution, place Tahrir.

    L’héroïque révolution qui a renversé le dictateur Moubarak en 2011 n’était en fait qu’une demi-révolution : le dictateur corrompu a été renversé par une lutte de masse et une grève générale, mais les bases-mêmes du capitalisme et de l’impérialisme n’ont pas été abattues pour céder la place à un gouvernement représentant les travailleurs et les pauvres visant à placer les richesses sous propriété publique et démocratique. Sans une telle démocratie, les portes ont été ouvertes pour que l’armée et l’Islam politique reviennent à l’avant. Cependant, les femmes, les travailleurs et les pauvres qui se sont battus héroïquement pendant la révolution ne sont pas simplement rentrés chez eux. Les femmes ont été présentes durant tout le soulèvement révolutionnaire de ces dernières années en Égypte, et elles sont encore présentes dans le mouvement aujourd’hui.

    La participation des femmes à la lutte, dans les soulèvements révolutionnaires et dans la quête de changement de la société, n’est pas seulement essentielle, elle est aussi une indication positive de la lutte en elle-même. Les réactionnaires en Égypte comprennent fort bien cela et visent spécifiquement les femmes pour tenter de toucher le mouvement dans son ensemble.

    Le viol est un des outils de ces réactionnaires. Des rapports montrent que la Confrérie Islamique a organisé et payé des groupes d’hommes pour attaquer brutalement et agresser sexuellement les femmes militantes sur la place Tahrir. Les femmes s’arment déjà elles-mêmes pour réaffirmer qu’on ne les forcera pas à rentrer à la maison, et des groupes de manifestants – hommes et femmes – organisent la défense pour résister à ces attaques.

    Viol et violence sexuelle en Irlande

    En Irlande en 2011, plus de 2000 survivantes à la violence sexuelle se sont rendues au RCC (cellule de crise sur le viol, NDT). Des milliers d’autres cas ne sont pas rapportés et on estime que jusqu’à une irlandaise sur sept souffre de graves abus sexuels, physiques ou émotionnels. En Irlande, la question du viol et des abus sexuels est complexe. Historiquement, le pays a été dominé par le contrôle de l’Église et par ses idées tordues sur la moralité. La vision du sexe est empreinte de peur et de honte, surtout en ce qui concerne les femmes. Le sexe était uniquement considéré comme un outil de procréation et une fille considérée comme ‘‘légère’’ était ‘‘une femme déchue’’. Malgré un rejet de ces idées réactionnaires par la plupart des gens d’aujourd’hui, la ‘‘culpabilité catholique’’ et la poussée du sexisme ‘‘moderne’’ (les femmes rabaissées au rang d’objet et la commercialisation du sexe) ont contribué à développer une culture de culpabilisation des victimes d’abus.

    Un sondage récent a montré que 41% des gens pensent qu’une femme est partiellement ou totalement responsable si elle se fait violer en ayant bu de l’alcool, 37% pensent qu’elle porte une part de responsabilité si elle a excessivement flirté avec un homme et 26% pensent qu’elle est responsable si elle portait des vêtements qui révèlent son corps.

    Le sensationnalisme suscitant la peur qui est cyniquement appuyé par les tabloïds possédés par des milliardaires a aidé à perpétrer le mythe que le viol est quelque chose qui n’est commis que par des hommes louches dans des ruelles sombres. En réalité, une femme sur cinq est abusée par son partenaire actuel ou son ex, 39% par un ami ou une connaissance. Le lieu le plus courant des viols est la maison de la victime.

    Selon les estimations, seuls 7% de tous les viols en Irlande sont condamnées. La DPP (Director of Public Prosecution) ne poursuit qu’un tiers des cas reportés, ce qui signifie que 70 cas sur 100 sont déjà perdus à ce stade. ‘‘Le manque de preuves’’ est la première raison pour laquelle la majorité des dénonciations ne va pas plus loin. Il y a significativement plus de chances d’aboutir à une condamnation si l’attaque se produit dans un espace public par un inconnu de la victime, par rapport aux agressions bien plus courantes où l’auteur est connu d’elle. Depuis l’introduction en 1990 de la pénalisation du viol conjugal, il n’y a eu qu’une seule condamnation, ce qui est choquant lorsqu’on considère que 18% des agressions sexuelles sur les femmes sont commises par des hommes qui ont ou ont eu une relation intime avec elles par le passé.

    Une étude par le Rape Crisis Network Ireland a monté que jusqu’à 40% des victimes de viols retirent leur plainte en raison de la faible réaction de la police. Les cas sont souvent abordés de façon insensible et des incidents comme le scandale de la ‘‘rape tape’’ de Rossport n’est pas pour rassurer les victimes lorsqu’elles rapportent la violence sexuelle. Dans cette vidéo, des policiers menaçaient deux manifestantes arrêtées de les violer si elles n’obéissaient pas à leurs instructions. Une autre tendance alarmante dans le système judiciaire irlandais est l’augmentation du nombre de procès où des hommes riches donnent une compensation financière à leur victime au lieu d’être condamnés à la prison.

    Le viol en Inde

    Le viol collectif et le meurtre d’une étudiante en médecine de 23 ans à Delhi ont amené la question de la violence sexuelle dans les médias de masse, obligeant les gens à se rendre compte de l’impact de la ‘‘culture du viol’’ en Inde et à travers le monde. La façon sournoise dont ce cas a été géré par la police a mis en lumière l’attitude dédaigneuse envers le viol en Inde.

    Il s’agit du crime le plus répandu dans le pays : au moins 24 000 incidents sont rapportés chaque année et on estime que seuls 50% des viols sont rapportés. Cette culture est un arrière goût amer du système féodal dominé par les hommes en Inde. Il existe un énorme mépris des femmes dans tout le large et varié spectre politique et religieux du pays. En contradiction directe avec le système discriminatoire, il n’est pas exceptionnel qu’un homme d’une caste inférieure agresse une femme de la classe supérieure dans la rue. La propriété des femmes par les hommes dépasse le statut social même ici, ce qui indique à quel point l’oppression des femmes est enracinée.

    Les femmes des classes inférieures Dalit ou intouchables qui sont les plus vulnérables. La société indienne leur offre peu de protection ou de justice et la majorité du temps, les attaques contre ces femmes ne sont pas remarquées et restent impunies. L’idéologie de la domination masculine dans une période de changement social rapide et abrupt, avec les femmes et les castes inférieures qui entrent dans la force de travail en raison des investissements capitalistes en Inde, est le contexte dans lequel le viol est si endémique et répandu dans le pays.

    Remettre en cause la ‘‘culture du viol’’

    ‘‘Mon violeur ne sait pas qu’il est un violeur. Vous lui avez appris que ce n’est pas de sa faute. J’avais trop bu, j’ai flirté, et mes vêtements étaient trop courts. Je l’ai cherché. Il m’a laissée dans l’escalier d’un parking. Mon (ex) petit copain m’a craché à la figure. Il m’a traitée de pute, il n’a traitée de salope. Je l’avais mérité. Mes amies me jetaient des sales regards. Elles m’ont dit que j’étais un déchet, sans réaliser que ça aurait pu être elles. Cette culture, votre culture, leur a dit, m’a dit, que c’était de ma faute. Et j’ai souffert. Mais mon violeur ne sait pas que c’est violeur. Je n’ai pas honte. Je reste debout.’’

    Comme l’indique cette citation d’une participante à la slutwlak de Washington DC en 2011, une culture qui ramène les femmes au rang d’objet, qui promeut une vision bancale de la sexualité des femmes, qui culpabilise les victimes et non les agresseurs, qui encourage les femmes à ne pas sortir seules la nuit, à prendre des cours de self-défense, à s’habiller d’une certaine façon pour éviter le harcèlement et attaques sexuel mais n’apprend pas aux hommes et aux jeunes pourquoi ‘‘non, c’est non’’ – fait absolument partie du problème auquel on doit s’attaquer.

    La prolifération de l’industrie pornographique – généralement destinée aux hommes et centrée sur une vision des femmes, de leur sexualité et du sexe en général très étroite, dirigée par les hommes et souvent misogyne, qui lie de plus en plus le sexe et la violence – alimente cette culture. C’est aussi le contexte de la gueule de bois de la promotion idéologique des rôles traditionnels de chaque genre qui dénigre aussi les femmes et appuie la subordination des femmes aux hommes. Plus encore, c’est le contexte de la promotion de l’idée, propre au capitalisme, de la responsabilité individuelle et de l’individualisme, qui isole les femmes à leur détriment, et des normes sociales et culturelles arriérées, qui donne naissance à la ‘‘culture du viol’’. Les phénomènes Slutwalk et Rage Against Rape sont en opposition à cette culture, et sont en soi une politisation des questions du viol et de l’oppression. Cela joue un rôle dans l’éducation des masses à cette question.

    Les femmes et la lutte pour le socialisme

    Comme nous l’avons vu, l’ère de l’austérité est une énorme menace contre les conditions de vies et les droits de chacun. Les travailleuses, aux côtés de leurs collègues masculins, sont à l’avant-garde de la lutte contre les coupes budgétaires et les suppressions d’emplois. En Irlande, nous avons surtout vu les travailleuses des entreprises Thomas Cook et La Senza occuper leur lieu de travail lorsqu’elles étaient menacées de licenciement. Les attaques contre le secteur public dans toute l’Europe requièrent une lutte énorme et un mouvement d’opposition massif. Les femmes peuvent jouer un rôle central dans un tel mouvement.

    En plus d’un combat déterminé spécifique pour remettre en cause le sexisme, l’objectification, la violence et les agressions sexuelles, il est vital qu’un mouvement contre l’austérité mette aussi ces questions en avant et les relie afin d’assurer que les femmes puissent être au centre du mouvement, et aussi jouer un rôle dans l’éducation des hommes, qui eux-mêmes n’ont pas intérêt à ce que la situation actuelle perdure.

    Depuis le début de la ‘‘Grande Récession’’ de la crise capitaliste, il y a eu une baisse de 29% du nombre de filles qui finissaient leurs études primaires (le taux est de 22% pour les garçons). Dans le pays le plus riches au monde, les USA, 17 millions de femmes vivaient dans la pauvreté en 2011 (de même que 12,6 millions d’hommes). Ces inégalités sont abjectes, de même que l’énorme pauvreté et la destruction des conditions de vie que le système du profit fait subir à la majorité des femmes, des hommes, des enfants et des jeunes dans le monde.

    La lutte pour en finir avec ce monde de violence, d’oppression, de pauvreté et d’austérité doit mettre le socialisme à l’ordre du jour, c’est à dire la propriété publique démocratique des principales richesses et ressources, et la planification démocratique de l’économie en fonction des besoins de la population.

    Une lutte massive pour réaliser ce changement en Irlande, en Europe et partout dans le monde, et une société basée sur la solidarité humaine et l’égalité, pourraient poser les bases pour remettre en cause et mettre fin à l’oppression des femmes que le viol incarne.

  • La crise européenne est loin d’être terminée

    Il nous faut une grève générale à l’échelle européenne !

    Le délai supplémentaire accordé à la Grèce pour rembourser sa dette a temporairement retardé un défaut de paiement. En décembre, François Hollande déclarait à Oslo : “la crise de la zone euro est derrière nous”. Mais, à chaque fois, l’euphorie n’est que momentanée, l’establishment est systématiquement rattrapé par la réalité de cette crise profonde pour laquelle il n’a aucune solution.

    Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Chypre sous perfusion

    Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, c’est au tour de Chypre (avec son secteur financier fortement exposé à la dette grecque) d’être également mis sous perfusion et tutelle de la troïka (le FMI, la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne). Le parti Communiste (AKEL, qui était le premier parti politique depuis 2001) a été sanctionné pour sa politique d’austérité aux élections de février (26,9%) au profit de la droite (45,5%). Mais le candidat conservateur Nicos Anastasiades a fait part de sa volonté d’accélérer le rythme de l’austérité. Cependant, même une victoire surprise de l’AKEL au second tour sur base d’un soutien au ‘‘moindre mal’’ ne changerait pas fondamentalement la donne pour les travailleurs chypriotes [depuis lors, le second tour a eu lieu et les conservateur l’ont emporté, NDLR]. Tous les partis acceptent le chantage de la Troïka et les attaques contre les salaires et les pensions, les privatisations et les hausses d’impôts. Le plan de sauvetage d’au moins 17 milliards d’euros ne représente que 0,2% du PIB de l’Europe, mais cela équivaut au PIB de l’île chypriote !

    L’Europe craint l’instabilité en Italie

    A côté de cela, l’Italie (troisième économie de la zone euro) est un autre morceau sur lequel l’establishment peut se casser les dents. Cette crainte a été illustrée par les propos du président du Parlement européen, Martin Schulz, qui mettait en garde contre un retour de Berlusconi aux affaires. Ce dernier a connu une remontée dans les sondages qui l’a placé directement derrière Bersani, le candidat du Parti Démocrate (au moment d’écrire cet article, les résultats des élections n’étaient pas encore connus). Pour l’establishment européen, Berlusconi est un franc-tireur incontrôlable qui pourrait à nouveau saboter la confiance retrouvée des marchés suite à l’action du gouvernement non-élu de Mario Monti.

    De plus, le mouvement “5 étoiles” de l’humoriste Beppe Grillo serait destiné à devenir la troisième force politique du pays, brouillant ainsi les cartes. Sa campagne populiste autour du slogan “renvoyez les tous [les politiciens] à la maison” a largement recueilli le suffrage du mécontentement, faute d’une alternative sérieuse et crédible issue du mouvement des travailleurs. La campagne de la liste “Révolution citoyenne”, une alliance formée autour du PRC (Partito della Rifondazione Comunista) avec des éléments fortement à sa droite, est embourbée dans le discrédit et l’électoralisme. Ce n’est qu’une mauvaise copie de la campagne du Front de Gauche en France. Beppe Grillo, qui déclare que son mouvement n’est “ni de gauche ni de droite”, défend des propositions radicales lors de véritables one-man-show qui remplissent les places italiennes : nationalisation des banques, revenu minimum de 1000€, semaine de travail de 20h,… Mais d’autres mesures proposées sont à l’opposé : augmentation du nombre de privatisations, suppression des syndicats,…

    La classe capitaliste, avec le soutien de l’Eglise et des élites européennes, voulait disposer d’un gouvernement stable pour appliquer son programme, autour d’une coalition du PD de Bersani et de la liste de Monti. Cet essai est voué à l’échec car ces forces sont considérées comme les responsables de la politique de casse sociale. La remontée du spread italien (c.-à-d. l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie pour emprunter sur les marchés financiers) illustre la crainte des marchés d’un possible blocage institutionnel. Mais quels que puissent être les résultats, le gouvernement sera ‘au mieux’ une équipe Bersani-Monti très faible qui devra alors affronter le mouvement des travailleurs.

    Vers des explosions sociales

    Toutes les contradictions s’accentuent. La spéculation atteint des sommets et produit de nouvelles bulles. Les plans d’austérité gonflent les dettes publiques et plongent le continent dans la récession. Les annonces de fermetures d’usines et de plans de restructuration massifs s’enchaînent. Il y a désormais 19 millions de sans-emploi dans la zone euro, soit 2 millions de plus qu’il y a un an. Le taux de chômage atteint 11,8%. La crise économique, sociale et politique s’amplifie.

    C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, a récemment donné des instructions aux services de renseignement de la police pour suivre “au plus près” les conflits sociaux afin d’anticiper une “radicalisation”. Dans la presse, il s’est inquiété du fait que l’on assiste aujourd’hui “moins à des mouvements sociaux, qu’à des implosions ou explosions sociales”, le lendemain de la brutale répression des travailleurs d’ArcelorMittal à Strasbourg, tout en assurant que la police ‘‘ferait son travail’’. Manuel Valls exprime simplement par là sa bonne compréhension du caractère de la période dans laquelle nous nous trouvons, et clarifie le camp qu’il a choisi. En Grèce, rien que cette année, le gouvernement a déjà recouru par deux fois à la loi martiale pour réprimer des grèves de travailleurs.

    Le récent mouvement de masse qui a ébranlé la Bulgarie illustre le climat semi-insurrectionnel qui se développe dans l’opposition à l’austérité appliquée à l’échelle du continent. Après 10 jours de manifestations massives dans 35 villes du pays, le gouvernement de Boiko Borisov est tombé. Les factures d’énergie avaient plus que doublé en 2012 pour atteindre parfois les 100€ dans un pays où le salaire moyen est de 350€, le salaire minimum de 150€ et la pension moyenne de 75€ ! L’étroite collusion existant entre le gouvernement et les trois entreprises qui détiennent le marché de l’énergie a été dénoncé. Dans un contexte de succession de mesures d’austérité, l’augmentation des prix de l’énergie a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les promesses de diminutions des factures (de 8%) et le retrait de la licence de la compagnie tchèque CEZ d’une part, et la répression brutale d’autre part, ont soufflé sur les braises du mouvement qui a su faire chuter le gouvernement.

    Le Sud de l’Europe, maillon faible

    Les pays du Sud de l’Europe sont les plus exposés. Le chômage atteint les 26% en Grèce et en Espagne et respectivement 60% et 56,5% pour les jeunes de moins de 25 ans. Ce sont des niveaux dignes de la grande dépression des années ‘30. 2013 sera la sixième année de récession en Grèce, la troisième au Portugal et la cinquième en Espagne. La Grèce vient de connaitre sa 20e grève générale. De nouvelles manifestations sont encore prévues le 2 mars au Portugal.

    En Espagne, le gouvernement de droite de Rajoy est affaiblit par les scandales de corruption et est retombé à 23,9% dans les sondages, devançant à peine le PSOE (23,5%). Pendant 20 ans, des enveloppes d’argent provenant d’entreprises privées ont été distribuées au sein du PP. Rajoy lui-même aurait touché 25.200€ par an de cette manière. Cela illustre les liens étroits qui existent entres les politiciens et les patrons sous le capitalisme. Le 23 février, des centaines de milliers d’Espagnols ont manifesté contre “le coup d’Etat financier”, le jour anniversaire de la tentative de coup d’Etat de 1981. Les protestations contre l’austérité s’amplifient. Des manifestations de masse contre les expulsions des maisons (350.000 depuis 4 ans) et de la part des travailleurs du service public national de santé contre sa privatisation avaient encore pris place une semaine plus tôt. Le mécontentement et la volonté de lutter sont présents à la base de la société, mais les directions syndicales sont incapables de riposter à hauteur de ce qu’exige la situation.

    Vers une grève générale européenne ?

    Après le succès de la plus grande journée d’action coordonnée en Europe contre l’austérité, le 14 novembre dernier, les syndicats devraient élaborer un véritable plan d’action allant crescendo. Une grève générale coordonnée des pays du Sud de l’Europe et d’autres pays (comme la Belgique, la France, l’Angleterre, etc.) avec des manifestations de masse partout en Europe à l’occasion du sommet européen de la mi-mars constituerait une bonne prochaine étape pour transformer la colère en un rapport de force favorable aux masses. Cette journée de grève générale devrait être bien préparée et élaborée sur chaque lieu de travail.

    Quelle alternative politique ?

    Une autre faiblesse provient de l’absence de forces de gauche ou de leur timidité programmatique. Le drame que vivent les masses face à l’actuelle véritable guerre de classe exige des solutions radicales. Aucune demi-mesure n’est apte à réponde aux enjeux de la situation présente. Le non-paiement des dettes, la nationalisation sous contrôle des travailleurs du secteur financier et des autres secteurs vitaux de l’économie, de même que des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs, permettraient de réaliser un plan massif d’investissements publics pour sauver les emplois, en créer d’autres et rompre avec cette Europe du Capital pour la remplacer par une confédération socialiste européenne sur base volontaire.

  • STOP À L’AUSTÉRITÉ ! POUR LE DROIT DE CHOISIR !

    Pour la 4ème année, le mouvement qui se fait appeler « pro-life » marchera sur Bruxelles pour revendiquer l’abolition du droit à l’avortement. Ils organisent déjà des actions chaque semaine devant certains centres qui pratiquent l’IVG. Nous ne pouvons pas les laisser intimider des femmes et diffuser leur discours réactionnaire sans réponse. Ne leur laissons pas le champs libre. Défendons nos droits !

    Tract du PSL et d’EGA

    Tract en version PDF

    « PRO LIFE » : POUR LA VIE DE QUI ?

    Légal ou non, l’avortement est un phénomène qui existe. Pratiqué dans de mauvaises conditions, il est dangereux pour la santé des femmes. La mort de Savita Halappanavar en Irlande nous a rappelé que l’interdiction de l’avortement tue. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Défendre le droit à l’avortement, c’est également défendre le droit des femmes de ne pas mourir au cours des avortements à risque !

    CONTRE L’AUSTÉRITÉ

    Même dans les pays qui ont légalisé l’avortement, le combat n’est pas fini. La crise économique et les plans d’austérité menés par les gouvernements rendent l’accès à l’IVG plus difficile comme c’est le cas en Espagne. Bien qu’aujourd’hui, le droit à l’avortement en Belgique ne soit pas directement en danger, le gouvernement va encore économiser de nouveaux milliards d’euros. Les soins de santé ne seront certainement pas épargnés, alors que le secteur est déjà sous pression. Défendre le droit à l’avortement, c’est également revendiquer un financement public suffisant pour les soins de santé !

    Nous avons également besoin d’une véritable politique de prévention des grossesses non désirées. La contraception devrait être gratuite et accessible à tous. Aujourd’hui, la contraception coûte plus cher qu’un avortement. Nous ne pouvons également pas laisser l’éducation sexuelle des jeunes entre les mains de la télévision et d’internet. Nous avons besoin de plus de moyens pour l’enseignement, davantage d’enseignants, des classes plus petites, où l’éducation sexuelle peut être donnée d’une manière sérieuse.

    POUR UN CHOIX LIBRE ET RÉEL

    Les politiques antisociales menées les dernières années ne laissent pas beaucoup de place à un VRAI choix. Beaucoup de femmes décident d’avorter pour des raisons principalement matérielles et financières. Nous revendiquons le droit d’avoir des enfants sans que cela nous appauvrisse. Nous n’avons pas besoin d’économies dans les services publics mais plutôt un élargissement de différents types de soins et de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs. Nous n’avons pas besoin de jobs précaires mais d’un emploi de qualité pour tous. Nous n’avons pas besoin de contrôle des chômeurs mais des allocations qui couvrent les réels besoins des familles. Nous n’avons pas besoin d’une augmentation des coûts du logement mais un plan de construction massif de logements sociaux.

    MOBILISONS-NOUS !

    Pour lutter contre ces organisations réactionnaires, nous avons besoin d’une lutte collective des travailleuses et des travailleurs contre les attaques sociales qui sont menées par le gouvernement. Les partis traditionnels ont choisi leur camp. Ils défendent les intérêts du patronat en s’attaquant à nos conditions de vie. Nous avons besoin d’un société qui n’est pas dirigée par les profits mais qui répond aux besoins de la majorité de la population, une société socialiste.


    24 mars 2013 à 14h Mont des Arts, côté Place Albertine (Bruxelles)


    Participez à la campagne pro-choix ! Aidez-nous à mobiliser pour les différentes actions ! Contactez-nous si vous êtes intéressé pour construire la campagne contre les actions des pro-vie devant les centres de planning familial: femmes@socialisme.be Tel : 0484/36.77.01

  • Portugal. Nouvelle explosion sociale contre l’austérité et le gouvernement : Que la Troïka dégage !

    Ce 2 mars, environ 1,5 million de personnes ont manifesté dans les rues du Portugal. Même les medias ont dû parler de la mobilisation probablement la plus importante de l’histoire du pays. Ainsi, 800.000 personnes ont protesté à Lisbonne, 400.000 à Porto, et des dizaines de milliers d’autres encore dans plus d’une trentaine de villes portugaises, sous le slogan “Que la Troïka dégage, le peuple est le meilleur dirigeant”. Ces manifestations ont donné une claire illustration de la colère bouillonnante qui fermente dans la société portugaise en conséquence de la spirale mortelle que constitue la politique d’austérité brutale des marionnettes de la Troïka, le gouvernement de centre-droit dirigé par Passos Coelho (PSD, parti conservateur).

    socialistworld.net

    Un puissant message a été envoyé à la troïka – l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – alors que ses représentants visitaient Lisbonne pour la septième fois afin d’y superviser les brutales coupes budgétaires imposées au pays. Devant le ministère des finances, des centaines de milliers de personnes ont protesté contre la troïka tout en exigeant également la chute du gouvernement. Un manifestant cité par Euronews.com a déclaré : "Je veux juste dire à Passos Coelho que j’ai le droit de crier et de montrer à tous à quel point je suis révolté contre son incompétence, sa médiocrité et sa malhonnêteté – contre tout.’’ Un autre a ajouté : ‘‘Si le gouvernement prête attention à ce qui se passe et comprend que les gens sont contre eux, ils doivent partir. Sinon, cela ne s’arrêtera pas."

    Le quotidien Publico a cité un manifestant à propos de Passos Coelho (le nom du premier ministre, mais aussi le terme portugais pour ‘‘lapin’’): ‘‘Je préfère avoir du cheval dans mes hamburgers que des lapins [Coelhos] au gouvernement."

    Ces manifestations, qui ont réuni travailleurs, pauvres et soldats dans chaque ville du pays, ont démontré que les Portugais sont prêts au combat et déterminés à pousser ce gouvernement et ses politiques hors de la scène de l’histoire.

    Traduire la colère en stratégie vers la victoire

    La tâche qui fait actuellement face au mouvement, afin de conduire cette massive volonté populaire pour un changement vers la victoire, est de se construire à l’aide d’une stratégie conséquente et combative pour faire tomber la coalition au pouvoir, armée des idées nécessaires et du programme nécessaire pour faire sortir les masses de la misère de la crise capitaliste.

    Une grève générale de 24 heures est nécessaire en tant qu’étape immédiate de la lutte pour faire chuter ce gouvernement.

    En septembre dernier, la même plate-forme avait réuni des centaines de milliers de personnes dans les rues. Le gouvernement avait été plongé dans le désarroi et avait même été forcé de revenir sur plusieurs importantes mesures d’austérité qui avaient été annoncées. Cet élan n’a toutefois malheureusement pas été saisi pour mettre en avant un calendrier d’action allant crescendo pour pousser le gouvernement vers la sortie. Cette erreur ne doit pas être répétée.

    Armenio Carlos, le secrétaire général de la CGTP (la principale fédération syndicale) a déclaré dans son discours du 2 mars : "Aujourd’hui, il est clair que ce gouvernement n’a aucune légitimité politique, n’a aucune légitimité morale, n’a aucune légitimité éthique pour continuer à gouverner, parce que toute visite, par n’importe quel ministre, est suivie par des protestations et la revendication de la démission du gouvernement. Le gouvernement est devenu le problème qui empêche la solution’’ (Euronews.com). Cependant, Carlos ne donne actuellement aucune direction à la lutte.

    L’organisation de ceux qui ont fait l’histoire ce 2 mars 2013 au sein de comités d’action démocratiques sur les lieux de travail dans les communautés, une campagne immédiate pour forcer les dirigeants de la CGTP (la principale fédération syndicale) à organiser une grève générale visant à renverser le gouvernement, l’occupation de bâtiments stratégiques et des principaux lieux de travail, etc., ne sont plus des rêves utopiques, mais des tâches urgentes. Compte tenu de l’esprit révolutionnaire et de la force du mouvement qui se sont exprimés le 2 mars, les militants n’ont pas seulement à faire pression sur les dirigeants syndicaux pour qu’ils lancent un tel appel, il faut aussi assurer que le mouvement soit construit de la base.

    Si le gouvernement Coelho tombe, quelle alternative ?

    Parallèlement à cela, les partis de gauche de masse (le Bloc de Gauche et le Parti communiste, qui se partagent déjà près de 30% dans les sondages d’opinion) ont été placés devant une responsabilité historique pour canaliser le mouvement avec un programme politique destiné à mettre un terme à la misère et à l’austérité du capitalisme. Ce qu’il faut est un programme qui refuse de payer la dette, qui refuse l’austérité, basé sur la nationalisation des banques et des principaux secteurs de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Un tel gouvernement pourrait immédiatement inspirer un nouveau développement des luttes en Grèce, en Espagne, en Italie et à travers toute l’Europe et pourrait par exemple réunir les travailleurs grecs, espagnols et italiens dans une lutte commune contre la dictature des marchés et de la Troïka.

    Cela nécessite la création urgente d’un front unique des partis de gauche, des syndicats et des mouvements sociaux autour d’un programme orienté vers l’instauration d’un gouvernement des travailleurs et des pauvres afin de refuser de payer la dette et d’appliquer des politiques socialistes.

    Les manifestations baignaient littéralement dans l’héritage de la révolution portugaise d’avril 1974, la ‘‘Révolution des Œillets’’, notamment autour du chant "Grandola Vila Morena", l’hymne de cette révolution. Cet air n’a cessé d’être chanté ces dernières semaines et a clôturé de nombreuses manifestations, dans des scènes émouvantes qui reflétaient la manière dont, 38 ans après, la crise capitaliste a ramené la révolution au premier plan de l’agenda. La seule façon de se saisir de cet héritage est de mener à bien la révolution socialiste aujourd’hui.

  • Nouveau massacre social chez Caterpillar : Ripostons ensemble, stoppons l’avalanche de pertes d’emplois !

    caterpillar

    La direction de Caterpillar, le deuxième employeur privé de Wallonie, a annoncé la suppression de pas moins de 1.400 emplois. Cette nouvelle s’ajoute aux multiples annonces de fermeture et de licenciements collectifs qui ont fait l’actualité de ces derniers mois. Caterpillar, ArcelorMittal, Ford, NMLK, Photo Hall, Belfius,… et les autres : seuls, nous sommes perdus, ensemble, nous pouvons vaincre. Le potentiel est là, et il a été illustré par la présence massive à la manifestation nationale du 21 février dernier.

    Par Nicolas Croes

    A Caterpillar, l’avenir du site est loin d’être assuré. Les licenciements représentent 37,8% du personnel actuel, comment assurer la poursuite de l’activité dans ces conditions ? ‘‘Nous sommes dubitatifs sur ce plan industriel. Comment assurer la pérennité de Caterpillar à Gosselies avec une telle restructuration?’’ a déclaré le ministre wallon de l’Economie Marcourt. Et sur base de ce constat, on fait quoi ? Tous les représentants des partis traditionnels peuvent bien se dire solidaires aujourd’hui, et dire qu’ils feront tout pour aider les travailleurs, rien de concret n’est attendu…

    Un offensive généralisée contre nos salaires

    Dans la presse, il est très fortement question des ‘‘coûts salariaux’’. L’éditorialiste en chef du Soir, Béatrice Delvaux, titre ainsi son article ‘‘Et si on essayait le choc de compétitivité ?’’. Le premier point qu’elle développe est une attaque contre le salaire brut des travailleurs. D’autres articles du même journal font la part belle au modèle allemand de modération salariale. Dans ce pays, 7,5 millions de travailleurs (le quart d’entre eux) gagnent des salaires qui se situent sous le seuil de pauvreté. 4 millions de travailleurs reçoivent moins de 7 euros de l’heure et 1,4 million moins de 5 euros de l’heure. Jusqu’où faudra-t-il donc laisser s’effondrer nos conditions de travail et de vie pour satisfaire les vautours des marchés et des multinationales ? Un économiste d’ING cite même l’Espagne et l’impact monstrueux de la politique d’austérité sur les salaires en exemple…

    Caterpillar est très loin d’être une entreprise en difficulté. En 2012, elle a réalisé un profit record net de 4,2 milliards d’euros. Et les autorités publiques ont été plus que généreuses, notamment avec le mécanisme de la Déduction des Intérêts Notionnels et autres cadeaux fiscaux : Caterpillar n’a payé en 2011 qu’un impôt de 3,3 % au lieu du taux normal de 33,99 % (soit 221.191 euros d’impôts pour un bénéfice de 6,8 millions). D’autre part, en 2011, l’entreprise a bénéficié d’une prime à l’investissement de 21 millions d’euros accordée par la Région wallonne. La multinationale a également pu profiter des conditions du plan Activa – WinWin pour engager des travailleurs. Le public, la collectivité, a donc pris en charge une bonne partie des salaires ! Le site L’avenir.net reprend ainsi les propos tenus il y a quelques mois par le président de la délégation FGTB de Caterpillar, Yvan Del Percio : ‘‘On parle d’une aide donnée par l’État pouvant aller jusqu’à 1 100 euros nets par mois. C’est-à-dire presque 90 % du salaire net mensuel perçu par le travailleur.’’

    Dans ces conditions, parler du problème des ‘‘coûts salariaux’’, ce n’est tout simplement rien d’autre qu’une manœuvre cynique où l’on tente d’instrumentaliser un drame social pour attaquer l’ensemble des salaires et des travailleurs du pays, au moment précis où l’on diminue déjà sérieusement le montant des allocations de chômage pour plus d’un tiers des travailleurs sans-emploi.

    Pour une lutte unifiée !

    Caterpillar n’est hélas qu’un exemple de plus qui illustre la profondeur de la crise systémique du capitalisme. Il illustre l’échec de la politique des partis de l’establishment qui a été de constamment céder au chantage exercé par les grandes entreprises. Maintenant, tous font appel à un plan industriel européen. Mais que doit-on réellement attendre comme stratégie industrielle de la part de la Commission européenne, aux commandes de l’austérité drastique imposée à la Grèce ou à l’Espagne ?

    A Ougrée, une assemblée générale de l’ensemble des travailleurs d’ArcelorMittal avait suivi l’annonce de la fermeture prochaine de 7 des 12 sites de la filière froide. Ce principe des assemblées générales est une excellente opportunité de discuter collectivement d’un plan d’action sérieux et offensif, en liaison avec les luttes des autres sites menacés par des fermetures et des procédures de licenciements collectifs. Aujourd’hui, une délégation de métallos liégeois s’est déjà rendue à Gosselies, c’est un très bon premier pas qui ne doit pas rester symbolique.

    Nous pensons que les travailleurs devraient occuper le site de Caterpillar dans le cadre d’une lutte exigeant le maintien de chaque emploi et le retrait pur et simple du plan de licenciements. L’argent ne manque pas dans les caisses de l’entreprise pour payer un salaire plein aux travailleurs, même si leur temps de travail doit être revu à la baisse pour faire face à la diminution de la demande.

    A côté de cette question, une autre doit être soulevée. Même s’il n’est pas encore question de la fermeture pure et simple du site, la revendication de la nationalisation de l’outil sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs nous semble être la meilleure manière de garantir l’emploi à long terme. Un sondage de La Libre/RTBF a encore dévoilé le 22 février dernier que 43% de la population belge est favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres sont extraordinaires et illustrent le potentiel que pourrait avoir une campagne nationale massive pour la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Une occupation du site de Gosselies pourrait d’ailleurs également être un premier pas dans cette direction.

    La date du 14 mars prochain, journée d’action à Bruxelles contre le Sommet Européen, est une date à saisir pour massivement mobiliser en vie d’une manifestation en défense de chaque emploi, aux côtés des collègues de Ford, d’ArcelorMittal et d’ailleurs. Rien ne devrait d’ailleurs s’opposer à ce que cette journée devienne une journée de grève générale contre l’austérité et pour l’emploi, un mot d’ordre que devraient soutenir et défendre les délégations syndicales des différents sites.

  • “Nous nous sentons inutiles, nous ne vivons pas, nous attendons”

    ‘‘Si 18% des jeunes se sentent comme moi, alors vous avez un problème. Nous nous sentons inutiles. Nous ne vivons pas, nous attendons… Que 18% des jeunes puissent penser qu’ils n’ont pas beaucoup d’importance dit pas mal de choses sur la société.’’ Il ne s’agit que du témoignage d’un des très nombreux jeunes à la recherche d’un emploi et d’un avenir.

    par Emilie (Gand)

    Le chômage augmente, mais il le fait encore plus rapidement parmi les moins de 25 ans que dans les autres couches de la population active. Fin 2012, il y avait 210.027 chômeurs en Flandre, soit 9,4% de la population et 17,1% de la jeunesse. A Bruxelles, le taux de chômage est de 20% et de 32% pour les jeunes. En Wallonie, le taux de chômage est de 15,8%, tandis qu’un jeune sur 4 est sans emploi.

    Un emploi pour chacun ?

    La logique actuelle des autorités, c’est qu’un chômeur est personnellement responsable de sa situation. D’où des mesures telles que la ‘‘chasse aux chômeurs’’, le contrôle de disponibilités, où les sans-emplois doivent prouver qu’ils recherchent du travail suffisamment activement.

    Sauf que la pénurie d’emploi est une responsabilité de la société, et non de chacun en particulier. Un exemple ? Sur base des données collectées en août dernier sur les sites du Forem, de l’ONEM et du Service Public Fédéral de Programmation Intégration sociale, le collectif de chômeurs Riposte CTE (pour ‘‘Chômeurs et travailleurs engagés’’) a dénoncé qu’il y avait en Belgique ‘‘70.000 offres d’emploi ( à temps plein ou à temps partiel!) pour plus de 1.400.000 personnes “actives”, -vous avez bien lu: un million quatre cent mille personnes!-, qui ne sont pas “employées ” à temps plein, donc qui sont censées être demandeuses d’emploi pour une partie “non employée” de leur temps potentiel de “travail” (38h/sem).’’ Dans le cas de la Wallonie, sur ce même mois, il y avait 233.377 travailleurs sans emploi (207.933 chômeurs et 25.444 jeunes en stage d’insertion) alors que le Forem avait géré 11.510 offres d’emploi…

    Malgré tout, avec les nouvelles mesures du gouvernement Di Rupo qui prévoient que les jeunes ont trois ans au plus pour trouver un emploi sur un marché du travail bouché, la FGTB a estimé qu’entre 22.000 et 27.000 jeunes seront exclus du chômage en 2015 pour la Wallonie uniquement.

    Manque d’expérience ? Paye-toi ton propre emploi !

    Le manque d’expérience est la raison la plus courante qu’un jeune entend quand on lui refuse un emploi. Quand une telle masse de personnes recherchent un emploi, les jeunes sans expérience sont les premiers à être éliminés de la sélection. Pourtant, les exigences des patrons sont de plus en plus hautes. Pour eux, l’idéal serait d’avoir des jeunes qui ont déjà une expérience et qui n’ont plus besoin de la moindre expérience pratique.

    Les autorités veulent faire croire qu’elles ont trouvé la solution avec des stages en entreprise, qui peuvent permettre aux jeunes de remplir leur CV. Belle opportunité pour les patrons ! Pour un stage à temps plein, le stagiaire reçoit 760 euros par mois, soit 26 euros par jour de travail plus 200 euros payés par le patron, sans que ce dernier ne doive payer ni charges patronales, ni impôts. En bref, les caisses de la collectivité sont utilisées pour offrir de la main-d’oeuvre gratuite.

    Et quand on parvient à trouver un emploi, c’est souvent avec un contrat temporaire et une grande flexibilité. Comment se construire un avenir sans savoir si on travaillera toujours un mois plus tard, ou une semaine, ou même le lendemain ?

    Il faut donner une perspective à la jeunesse

    Le Professeur Dierckx, de l’Université d’Anvers, a déclaré : ‘‘Le chômage croissant des jeunes est une bombe à retardement. Les jeunes grandissent sans perspective’’. Pour le cabinet d’audit financier Ernst & Young : ‘‘La crise économique de la zone euro va bientôt pousser le chômage à son paroxysme en Belgique.’’ Alors que notre pays n’est pas frappé par la crise au point de l’Espagne ou de la Grèce, de nombreux phénomènes alarmants se développent : de plus en plus de jeunes restent plus longtemps chez leurs parents (même s’ils travaillent), la consommation d’antidépresseurs explose parmi la jeunesse,…

    Mais, ces dernières années, nous avons pu voir dans les luttes massives qui se sont développées à travers le monde quel rôle actif la jeunesse peut jouer. Cette ‘‘génération sans avenir’’ peut devenir une ‘‘génération combative’’ en lutte contre l’avidité et la cupidité des capitalistes. C’est la seule voie qui permettra d’obtenir des emplois convenables à travers le partage du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences.

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