Your cart is currently empty!
Tag: Espagne
-
Manifestation de solidarité avec le peuple grec contre l'austérité de la bancocratie et de la Troika!
Hier, environ 350 personnes ont défilé à Bruxelles à l’appel d’un grand nombre d’organisation (une trentaine, dont le PSL-LSP), en solidarité avec les luttes qui se développent en Grèce contre la sauvage politique d’austérité qui y frappe la population et, plus largement, pour dénoncer cette dictature des marchés qui s’exerce partout, y compris en Belgique. Ce dimanche, la population grecque se rendra à nouveau aux urnes pour des élections que la coalition de la gauche radicale Syriza a des chances d’emporter.
Rapport et photos par Olivier V. (Liège)
- Appel et liste des organisations signatrices
- Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro
- Grèce : Dictature des marchés ou démocratie des travailleurs
Le départ s’effectuait devant la Bourse, où plusieurs représentants des différentes organisations présentes ont pris la parole afin d’exprimer leur soutien aux travailleurs grecs et leurs revendications concernant également la politique que mène la Belgique, tant au parlement européen qu’au sein même du pays.
Contre la politique d’austérité, les travailleurs et les jeunes grecs ont manifesté par milliers dans les rues de la capitale et des principales villes, et ont organisé de nombreuses grèves générales et revendiquant l’annulation des mesures d’austérités imposées par la Troïka. Après l’échec des négociations visant à former un gouvernement après les élections du 6 mai dernier, c’est ce 17 juin qu’ils revoteront à nouveau afin de faire passer leur mécontentement par les urnes. Syriza, premier ou second parti du pays en fonction des sondages, a de fortes chances de gagner encore de l’importance dans la bataille électorale. Néanmoins, la pression se fait sentir sur la gauche. Les partis libéraux n’ont d’autre choix que les menaces, le chantage et l’intimidation sur les électeurs et les partis à la gauche de la sociale démocratie, afin de continuer à asseoir leur pouvoir sur l’économie de marché et pouvoir appliquer leurs mesures d’austérité.
La population irlandaise aussi a subi ce type de chantage à l’occasion du référendum du 31 mai dernier portant sur le Traité Fiscal européen, aussi connu sous le nom de Traité d’austérité. L’establishment capitaliste européen est encore bien obligé d’accepter la tenue d’élections et de référendums, mais en recourant aux pires menaces pour forcer le vote à rencontrer leurs intérêts.
En même temps que se déroulait la manifestation, une délégation de 5 représentants des différentes organisations présentes devait avoir un entretien d’une dizaine de minutes au siège du Parti Socialiste afin d’exprimer leurs revendications. Ce n’est que lorsque le cortège de manifestants est arrivé face au siège du PS que nous avons appris que cette rencontre avait été refusée en dernière minutes !
A croire qu’entendre des revendications allant à l’encontre des mesures d’austérités est devenu impossible pour le parti du Premier ministre Di Rupo 1er. Chose peu étonnante lorsque la figure de proue du PS cherche à supprimer les acquis sociaux durement gagnés lors de luttes passées que lui-même a soutenues en paroles au moins, il fut un temps… Aujourd’hui, nous avons droit aux attaques sur les pensions et le chômage, à des coupes budgétaires dans le social et l’enseignement, etc. !
A la fin de la manifestation, c’est face à un barrage de la police que se sont exprimés un représentant de Syriza, un collaborateur de l’eurodéputé Paul Murphy (le seul député européen de la république irlandaise a s’être prononcé contre le traité d’austérité) et un représentant de l’initiative politique large flamande Rood !, qui tous ont appelé à continuer la lutte, le soir même lors d’assemblées populaires traitant de la crise économique, des plans d’austérité et de la situation Belge et Européenne, et par la suite en organisant les luttes et de futures actions pour défendre la Grèce, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, qui ne sont que les premiers à tomber sous le poids des politiques libérales. Si nous n’agissons pas de suite, bien d’autres suivront et les 27 ne se relèveront pas de si tôt.
Une conférence aura lieu ce mercredi 20 juin au sujet de la nécessité de lutter contre la politique d’austérité européenne (plus d’infos)
Organisons la résistance, et unifions là ! Front de Gauche, Syriza, Die Linke, etc. frappons ensemble pour mettre à bas l’austérité !
-
Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro
C’est véritablement un séisme politique qui a pris place le 6 mai dernier en Grèce. Ces élections constituent un signe avant-coureur de bouleversements politiques et sociaux plus intenses encore. Partout à travers l’Europe, les travailleurs et leurs organisations doivent être solidaires de la population grecque et s’opposer résolument aux diktats de la troïka (Union Européenne, Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne). Cette solidarité passe aussi par la lutte contre les attaques des divers gouvernements partout en Europe.
Résumé d’un dossier de Tony Saunois (CIO) et d’Andros Payiatos, Xekinima (CIO-Grèce)
Suite à l’impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections doivent se tenir le 17 juin. Cette paralysie est une expression des chocs violents dont a été victime la société grecque dans le cadre d’un processus de révolution et de contre-révolution. Le prestigieux Financial Times a ainsi mis en garde: ‘‘Il peut y avoir des émeutes et des pillages. Un coup d’État ou une guerre civile sont possibles’’ (édition du 18 mai).
Alexis Tsipras (Syriza): “Une guerre entre le peuple et le capitalisme”
Syriza (‘Coalition de la Gauche Radicale’) est sortie grand vainqueur du scrutin en passant de 4,6% à 16,78%, de quoi donner espoir à de nombreux travailleurs et militants de gauche en Grèce et ailleurs. La classe dirigeante est terrifiée face à cette large contestation de la Troïka et de l’austérité.
Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les sociaux-démocrates du PASOK se sont systématiquement agenouillés devant les diktats de la Troïka, assurant ainsi que le pays soit littéralement occupé par les grandes banques, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Le 6 mai, le peuple grec a riposté par une claque monumentale envoyée à ces deux pantins de l’Europe du capital. Alors qu’ils obtenaient généralement 75% à 85% ensemble, ils n’ont maintenant recueilli que 32,02% (18,85 pour la ND et 13,18% pour le PASOK).
D’ici aux élections du 17 juin, Syriza peut encore renforcer son soutien électoral. La coalition de gauche radicale sera-t-elle à la hauteur des espoirs placés en elle? Selon nous, ce n’est possible qu’avec un programme socialiste révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme. Toute recherche de solutions au sein du système actuel est vaine.
Si la gauche est mise en échec, l’extrême droite pourrait se saisir du vide politique. Nous avons d’ailleurs assisté le 6 mai à l’émergence du parti néo-fasciste ‘‘Aube Dorée’’ qui a obtenu 6,97% et 21 élus. Depuis lors, ces néonazis ont chuté dans les sondages, mais l’avertissement est sérieux.
Un niveau de vie attaqué à la tronçonneuse
Le Produit Intérieur Brut grec a chuté de 20% depuis 2008, cet effondrement économique réduisant à néant la vie de millions de personnes. Dans les services publics, les salaires ont chuté de 40%. L’église estime que 250.000 personnes font quotidiennement appel aux soupes populaires. Dans les hôpitaux (où le nombre de lits a diminué de moitié), les patients doivent dorénavant payer à l’avance pour bénéficier d’un traitement. Un hôpital a même gardé un nouveau-né jusqu’à ce que sa mère puisse payer la facture de l’accouchement. Des milliers d’écoles ont aussi été fermées.
La classe moyenne est détruite. Le nombre de sans abri a explosé et ils font la file aux côté de leurs frères d’infortunes immigrés pour recevoir un peu de nourriture et pouvoir intégrer un abri dans ces sortes de camps de réfugiés qui constituent la version européenne des bidonvilles. Le chômage frappe 21% de la population active et 51% de la jeunesse tandis que les centaines de milliers d’immigrés sont agressés sans relâche par l’extrême droite. La gauche doit riposter avec un programme de mesures d’urgence.
Les travailleurs contre-attaquent
Sous la pression de la base, au moins 17 grèves générales ont été organisées en deux ans, dont trois de 48 heures, sans que les attaques antisociales ne cessent. Mais un certain désespoir se développe puisque la lutte n’a pas remporté d’avancées. Le désespoir a poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger. Environ 30.000 immigrés clandestins grecs sont en Australie, certains sont même partis au Nigeria ou au Kazakhstan. D’autres ont choisi une fuite plus tragique : le taux de suicide grec est aujourd’hui le plus élevé d’Europe.
Cette situation n’est pas sans rappeler la dépression américaine des années ‘30. La haine et la colère sont telles à l’encontre de l’élite grecque et de ses politiciens qu’ils ne sont plus en sécurité en rue ou au restaurant. Les riches cachent leur argent en Suisse ou dans d’autres pays européens, tandis que la majorité de la population bascule à gauche du fait des conséquences de la crise.
Syriza refuse une coalition avec le PASOK et la ND
Syriza a déclaré que le PASOK et la ND voulaient qu’elle se rende complice d’un crime en participant au gouvernement avec eux. Alexis Tsipras a proposé de constituer un bloc de gauche avec le Parti communiste grec (KKE) et la Gauche démocratique (une scission de SYRIZA) pour mener une politique de gauche.
Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, appelle à l’abolition des mesures d’austérité et des lois qui ont mis fin aux conventions collectives de travail et ont plafonné le salaire minimum à 490 euros par mois. Il a exigé une enquête publique concernant la dette de l’Etat et, dans l’intervalle, un moratoire sur le remboursement des dettes.
Ce programme est insuffisant face à la profondeur de la crise, mais il représente un bon point de départ afin de renforcer la lutte contre l’austérité et le débat sur un véritable programme de rupture avec le capitalisme.
De son côté, la direction du KKE a refusé de rencontrer Tsipras. Le parti communiste s’enfonce dans son approche sectaire, à l’opposé du mouvement ouvrier, et il le paye dans les sondages. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, plaide pour la création d’un front de gauche depuis longtemps. Si cet appel reçu un accueil plutôt hostile dans un premier temps, il a ensuite progressivement bénéficié de plus de soutien pour finalement être repris par Alexis Tsipras et Syriza.
Une liste unitaire serait sortie première des élections du 6 mai, et aurait de ce fait reçu le bonus de 50 sièges supplémentaires accordés au plus grand parti selon la législation électorale grecque. Même si cela n’avait pas été suffisant pour obtenir une majorité parlementaire, cela aurait offert une place encore plus centrale à la gauche pour la deuxième élection de juin et pour la campagne concernant cette perspective très réaliste d’un véritable gouvernement de gauche.
Mais le KKE a refusé et reste sur le banc de touche. Pourtant, en 1989, ce parti n’a eu aucune réticence à entrer en coalition avec… les conservateurs de la Nouvelle Démocratie ! La secrétaire générale du KKE, Aleka Papriga, se réfère maintenant à cette expérience pour justifier son refus d’un front de gauche, comme si un front unitaire basé sur la lutte contre l’austérité pouvait être mis sur le même pied qu’un gouvernement pro-capitaliste avec les conservateurs ! Malheureusement, d’autres formations de gauche ont également adopté une attitude négative sur cette question, particulièrement Antarsya (une alliance anticapitaliste).
Tant le KKE qu’Antarsya sont maintenant sous la pression de leurs bases. Une partie de la base d’Antarsya appelle publiquement à la constitution d’un front avec Syriza, mais la majorité de la direction reste obstinément sur sa position, au mépris du prix à payer. En 2010, cette alliance avait encore réalisé 2% aux élections communales, contre 1,2% en mai, et cela pourrait encore diminuer. De son côté, le KKE a à peine progressé aux élections en mai et les sondages parlent d’une chute de 8,5% à 4,4% pour le 17 juin.
Tsipras a menacé de ne pas rembourser entièrement les dettes du gouvernement, d’économiser sur les dépenses militaires et de lutter contre le gaspillage, la corruption et l’évasion fiscale des riches. Il exige un contrôle public du système bancaire, et appelle même parfois à la nationalisation. Il s’est encore prononcé pour un New Deal, à l’instar de celui que Roosevelt avait mis en avant pour les États-Unis dans les années ‘30. Syriza a donc pour programme un ensemble de réformes qui ne rompent pas avec le capitalisme, mais c’est tout de même un début. Pour nous, un programme d’urgence de travaux publics doit être lancé, lié à la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie, sur base d’une planification démocratique et socialiste de la société.
Le programme de Syriza a ses limites, mais il a le mérite d’être clairement opposé à l’austérité. Syriza refuse d’ailleurs de participer à toute coalition gouvernementale destinée à appliquer des mesures antisociales. Cette approche peut pousser la formation au-delà des 20% dans les sondages, jusqu’à 28%. Cette rapide croissance de soutien illustre le potentiel électoral pour les formations de gauche lorsque les conditions objectives sont réunies et qu’elles adoptent un profil clair.
Le refus de Syriza de collaborer à une coalition bourgeoise change radicalement de la position d’autres forces de gauche par le passé. En Italie, la position du Parti de la Refondation Communiste (PRC) a été très sérieusement affaiblie par sa participation à des coalitions locales. En Espagne, récemment, Izquierda Unida (Gauche Unie) est entré en coalition avec les sociaux-démocrates du PSOE en Andalousie, ce qui peut menacer son soutien parmi la population.
L’Union Européenne et l’euro
Les partis capitalistes et la Troïka tentent désespérément de renverser cette situation, et font campagne en disant que ces élections sont en fait un référendum sur l’adhésion à la zone euro. Tous leurs efforts visent à présenter la résistance à l’austérité comme la porte de sortie hors de l’eurozone et de l’Union européenne.
Sur ce point, la position de Syriza est trop faible, bien qu’il s’agisse de l’expression d’un sentiment largement répandu dans la population. Selon un sondage, cette dernière est à 79% opposée à quitter l’euro. Les craintes de ce qui se passerait ensuite sont compréhensibles; un isolement de l’économie grecque, relativement petite, pourrait ramener les conditions sociales au niveau des années 1950 et 1960 et l’inflation au niveau élevé des années 1970 et 1980. Syriza et la gauche doivent faire face à ces craintes et expliquer quelle est leur alternative.
Tsipras parie sur le fait que la Grèce ne sera pas éjectée de l’eurozone en raison des conséquences que cela entraînerait pour le reste de l’Europe. Cela n’est toutefois pas certain, même s’il est vrai qu’une partie des classes dirigeantes européennes a peur de ce cas de figure et des perspectives pour l’euro si l’Espagne et d’autres pays sont aussi poussés vers la sortie.
De l’autre côté, les classes dirigeantes d’Allemagne et d’autres pays craignent que de trop grandes concessions pour préserver la Grèce dans l’eurozone ne soient un précédent dont se pourraient ensuite se servir l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande,… Le ‘Centre for Economic and Business Research’ a déjà indiqué que la fin de l’euro sous sa forme actuelle est une certitude.
Syriza se trompe en pensant que le rejet de l’austérité peut être combiné à l’eurozone. La zone euro est une camisole de force économique que les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises utilisent afin d’imposer leur politique. Syriza se doit de formuler une réponse claire face à la probabilité qu’un gouvernement de gauche soit expulsé de la zone. D’ailleurs, on ne peut pas non plus exclure qu’un gouvernement décidé à accepter l’austérité soit tout de même confronté à ce scénario de sortie.
Si de nombreux Grecs craignent cette perspective, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi. Si une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche est poussée hors de l’eurozone, elle devra immédiatement institué un contrôle public sur le capital et le crédit afin d’éviter toute fuite des capitaux. Les institutions financières et les autres grandes entreprises devront immédiatement être nationalisées et le remboursement de la dette publique aux banques et aux institutions financières suspendu. Le gouvernement devra rendre public les livres de compte des banques et inspecter minutieusement les accords conclus avec les institutions internationales. Le gouvernement devra aussi exproprier les riches et protéger les petits investisseurs et épargnants. De cette manière, un véritable plan de relance serait de l’ordre du possible, un plan démocratiquement élaboré dans le cadre d’une planification socialiste basée sur le contrôle public des principaux secteurs de l’économie.
Vive l’internationalisme socialiste !
Un véritable gouvernement de gauche devra simultanément tout faire pour appeler à la solidarité du mouvement syndical du reste de l’Europe, et en particulier en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Italie. Ensemble, ces pays ont le potentiel de construire une alternative à l’Europe du capital vers une confédération socialiste basée sur une adhésion volontaire, première étape vers une Europe socialiste.
Pour y parvenir, nous devons renforcer les liens entre toutes les organisations de gauche et le mouvement syndical de ces divers pays. Sans une telle approche, la résistance contre l’austérité sera partiellement désarmée, et un flanc laissé au développement du nationalisme.
Une nouvelle phase de la lutte
Si Syriza se retrouve le plus grand parti du pays, ou s’il prend la tête d’un gouvernement de gauche, la crise ne serait toutefois pas immédiatement battue. Au contraire, cela ne marquerait que l’ouverture d’une nouvelle phase à laquelle les travailleurs et leurs familles doivent être préparés.
Syriza doit se renforcer en organisant tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent combattre l’austérité. L’appel de Tsipras pour constituer un front de gauche doit se concrétiser avec l’organisation de réunions locales et nationales des partis de gauche, des syndicats, d’habitants de quartiers, d’étudiants,…
Des comités locaux démocratiquement constitués sont la meilleure base pour se préparer à la prochaine période de lutte et assurer que suffisamment de pression existe pour qu’un gouvernement de gauche applique une politique réellement centrée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles.
La classe dirigeante se sent menacé par Syriza et par la gauche. Nous devons nous saisir de cette énorme opportunité. Rester spectateur n’est pas une option.
Leçons passées et présentes d’Amérique latine
Nous sommes évidemment dans une autre époque, mais des similitudes existent entre la Grèce actuelle et le Chili des années 1970-73 ou encore avec le développement des régimes de gauche au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine.
Au début des années ’70, le Chili a connu une forte polarisation politique mais la droite et la classe dirigeante s’étaient préparées pour sortir de l’impasse. L’organisation fasciste ‘Patria y Libertad’ (une organisation paramilitaire) occupait les rues et attaquait les militants de gauche. Finalement, l’armée a organisé le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir.
En Grèce, le potentiel du développement d’une organisation paramilitaire existe, avec ‘‘Aube Dorée’’. Cette organisation fait l’éloge de la dictature militaire grecque dite ‘‘des colonels’’ (1967-1973) et même d’Hitler. Une partie de la classe dirigeante peut tirer la conclusion qu’il n’existe pas d’alternative face à la menace de la gauche et peut être tentée de ‘rétablir l’ordre’. Cela ne sera pas le premier choix de la classe dirigeante, mais ce danger n’en est pas moins réel. La baisse du soutien d’Aube Dorée dans les sondages n’est pas synonyme de sa disparition.
Même sans soutien massif un groupe comme Aube Dorée ou Patria y Libertad peut être une menace physique pour les minorités et le mouvement ouvrier. Aube Dorée envoie ses ‘chemises noires’ attaquer les immigrés et menace ouvertement les homosexuels (leur prochaine cible). La création de comités d’auto-défense est urgente.
Si Syriza peut former un gouvernement avec un front de gauche, ce gouvernement peut rapidement être poussé plus encore à gauche. Ce fut le cas d’Allende au Chili en 1970 ou de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie) et de Kirchner (Argentine). Un tel gouvernement peut prendre des mesures contre les capitalistes, y compris par des nationalisations. D’autre part, un gouvernement grec de gauche pourrait bientôt servir d’exemple pour l’Espagne et le Portugal, entre autres.
Syriza et Tsipras ne parlent pas encore de socialisme, mais cela pourrait changer. Dans une interview accordée au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ Tsipras parle d’une guerre entre la population et le capitalisme. Chavez lui non plus ne parlait pas de socialisme à son arrivée au pouvoir. Il a été poussé à gauche par la pression populaire.
Sous l’impact de la crise et de la lutte des classes, le soutien pour des demandes comme la nationalisation, le contrôle et la gestion ouvrière peut rapidement grandir. Des gouvernements de gauche peuvent être mis sous pression pour prendre de telles mesures, au moins partiellement. Ce fut d’ailleurs également le cas du premier gouvernement du PASOK grec en 1981. Si les partis capitalistes obtiennent une majorité pour former un gouvernement dirigé par la Nouvelle Démocratie, ce sera un gouvernement sans crédibilité, ni autorité, ni stabilité. Un tel gouvernement entrera vite en confrontation avec l’intense colère du mouvement ouvrier grec. Syriza pourra s’y renforcer. Dans une telle situation Xekinima proposera une campagne active pour la chute du gouvernement par des grèves, des occupations et des manifestations de masse.
La croissance rapide de Syriza est un élément positif. La crise sociale et politique constitue un test, tant pour Syriza que pour toutes les autres forces politiques. Avec un programme approprié, des méthodes correctes et une bonne approche, il est possible d’avancer. Sinon, la gauche peut disparaître aussi rapidement qu’elle a avancé. Xekinima joue un rôle actif dans les discussions au sein et autour de Syriza afin de parvenir aux conclusions politiques nécessaires pour développer les luttes.
-
Discipline budgétaire et dictature des marchés
Face à l’échec de la politique d’austérité, encore plus d’austérité
Partout, l’échec des politiques d’austérité est retentissant. Partout, il produit les mêmes catastrophes : chômage de masse, restrictions salariales, explosion de la misère… A cela s’ajoute le déclin de l’investissement des entreprises (qui ne manquent pourtant pas d’argent). Ces politiques ont conduit au déclin des économies de la zone euro à la fin de l’année 2011. De nombreux pays européens ont alors sombré dans la récession. Pourtant, cette logique est à la base du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), un traité d’austérité qui est une véritable arme de destruction massive dirigée contre nos droits sociaux.
Par Nicolas Croes
En gros, ce traité signifie plus de coupes budgétaires, plus de taxations injustes et un transfert de pouvoir vers la Commission européenne et le Conseil européen – des organes non-élus – afin de mieux imposer l’agenda d’austérité. Ce traité vise tout bonnement à rendre illégal tout gouvernement opposé au néolibéralisme et à l’austérité. Après l’imposition de gouvernements non-élus en Italie et en Grèce, il s’agit d’une nouvelle étape visant à s’affranchir de l’opposition à la politique d’austérité dans les divers pays européens, qui s’exprime dans les rues mais aussi de plus en plus dans les urnes.
Equilibre budgétaire et réduction de la dette
L’article 3 du Traité concerne l’imposition d’un déficit structurel maximal de 0,5% pour le budget d’un gouvernement, sauf dans le cas où la dette publique est inférieure à 60% du PIB, auquel cas ce déficit peut atteindre 1%. Le respect de cette règle exigera que chaque pays fasse des coupes profondes dans ses dépenses publiques, au point de mettre en danger l’économie toute entière. L’argument des capitalistes européens est qu’à l’instar d’un ménage, un gouvernement ne peut pas dépenser plus qu’il ne gagne. Mais les choses sont plus compliquées. Cette règle interdit par exemple que l’Etat investisse massivement dans l’économie afin de créer des emplois, ce qui est précisément une des nécessités actuelles.
Autre problème : cette notion de ‘déficit budgétaire’ est totalement floue. Vous pouvez demander à 10 économistes différents de le calculer, et vous obtiendrez 10 valeurs différentes. Ainsi, en 2006, le Fonds Monétaire International avait estimé le déficit budgétaire irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission européenne l’avait estimé à 2,2%. En 2007, le FMI parlait par contre d’un déficit structurel de 2% en 2006… Qui donc décidera au final du chiffre à retenir ? La Commission européenne ! Selon cette institution ultra-libérale, en 2013, 18 pays (sur 25) devraient réduire leurs dépenses de 166 milliards d’euros. De plus, c’est à cette même Commission de définir les moyens nécessaires pour atteindre l’équilibre. Nous pouvons donc être certains que ce ne sera pas en s’en prenant aux riches, mais en attaquant les conditions de vie de la population et les services publics.
L’article 4 du Traité concerne la réduction de la dette publique. Pour les pays dont la dette dépasse les 60% du PIB (en sachant que la moyenne de l’eurozone est de 85%), il faudra réduire l’excédent d’un vingtième par an. Pour la zone euro, en se basant sur une croissance économique nulle, cela équivaudrait à une réduction totale de la dette de 2.300 milliards d’euros, soit 115 milliards chaque année.
Ces deux articles suffisent clairement à démontrer que ce traité est entièrement favorable aux actionnaires, aux spéculateurs et aux créanciers et donnera un caractère permanent à l’austérité. C’est non seulement anti-démocratique, car cela interdit de mener une autre politique économique, mais c’est aussi une très mauvaise recette du point de vue des travailleurs, et pas seulement. Ce traité suinte la vision à court terme de l’économie capitaliste, basée sur la recherche du profit maximal le plus vite possible, sans considération pour l’avenir proche. Il semble bien que les partis de l’establishment soient tellement idéologiquement liés au néolibéralisme qu’ils ne voient pas l’impact dévastateur que ce traité aura, y compris pour les capitalistes eux-mêmes.
Une attaque contre la démocratie
Ce traité est à considérer dans le cadre plus large des attaques contre les droits démocratiques de base auxquelles nous avons assisté avec le développement de la crise économique. L’Union européenne est déjà en soi une institution antidémocratique, ce n’est même pas une démocratie parlementaire. Le pouvoir y est dans les faits concentré dans la Commission européenne et le Conseil européen. Cependant, même le peu de ‘‘démocratie’’ qui existe au sein de l’Union a été miné à mesure du développement de la crise économique. Ainsi, fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (connues sous le terme de six-pack) qui ont transféré d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.
Un des droits démocratiques de base est que la population ait la possibilité de choisir l’une ou l’autre orientation économique. L’Union Européenne s’avance maintenant vers une situation où l’on pourra élire n’importe quel type de gouvernement, pourvu qu’il soit néolibéral, un peu à la manière de la phrase de Ford disant ‘‘vous pouvez avoir n’importe quelle couleur de voiture, pour autant que cela soit le noir’’. Le néolibéralisme n’est plus posé comme un choix d’orientation économique, il s’agit d’une obligation. C’est cette logique qui est derrière le renvoi de gouvernements élus en Grèce et en Italie et leur remplacement par des gouvernements de banquiers.
L’article 5 du Traité prévoit ainsi un mécanisme permettant de placer un pays directement sous administration, c’est-à-dire que son gouvernement ne serait plus en mesure de déterminer lui-même son budget ou sa politique économique (pour l’instant, pas moins de 23 pays hors des 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle selon les termes du traité). L’article 7 prévoit encore de créer une sorte de club de l’austérité constitué de quelques pays qui appuieront les propositions de la Commission européenne en termes de sanctions (amendes,…), ce qui garantit la dictature de cette commission.
Ce traité est-il une réponse à la crise ?
Non. Toutes les données indiquent ce traité n’aurait en aucun cas empêché l’Irlande, la Grèce ou le Portugal d’entrer en profonde récession. En 2007 par exemple, l’Irlande avait une dette publique inférieure à 60% de son PIB et le budget du gouvernement était en excédent. C’était très largement le cas de l’Espagne et du Portugal également. En fait, l’argument selon lequel ce traité serait une solution face à la crise fait partie d’une tentative plus générale de réécrire l’histoire.
A la chute de la banque Lehman Brothers en 2008, même les politiciens les plus à droite ont bien été forcés de critiquer le ‘‘capitalisme-casino’’. On parlait alors de la nécessité d’instaurer une stricte régulation du secteur bancaire. Aujourd’hui, l’establishment politique et économique tente de faire croire que la crise provient de dépenses publiques irresponsables. Mais la dette publique faramineuse que l’on rencontre dans la plupart des Etat est directement issue du sauvetage des banques et de la nationalisation de dettes privées monumentales ! Le taux élevé des dettes publiques est donc une conséquence de la crise et non sa cause. En bref, la ‘‘solution’’ proposée par ce traité est un remède qui répond à un très mauvais diagnostic.
Il suffit de l’accord de 12 gouvernements pour que cette offensive coordonnée contre nos acquis sociaux et démocratiques devienne réalité. Nous n’avons rien à attendre des politiciens capitalistes, comme leurs discussions au sujet d’une politique de croissance le clarifient : de grandes phrases pour de faibles mesures, sans fondamentalement remettre en question la poursuite de l’austérité. Il nous faudra riposter dans la rue et sur les lieux de travail. Le mieux serait d’ailleurs d’organiser une journée de grève générale à l’échelle européenne, ce qui serait une excellente arme, mais aussi une très bonne réponse contre le développement du nationalisme face au rejet qu’inspire l’Union Européenne. Au travers de cette lutte, les travailleurs européens comprendront de plus en plus clairement que le capitalisme ne peut plus rien leur offrir d’autre que l’austérité à perpétuité. Et ils ressentiront de plus en plus la nécessité d’une politique alternative et socialiste à travers l’Europe.
-
1er juin – Lancement des listes "Gauches Communes" à Bruxelles: Nous avons besoin d'un relais politique pour les jeunes, les travailleurs, les allocataires sociaux, les pensionnés …
Les membres du PSL-LSP, du PH et du CAP avaient donné rendez vous ce 1er juin pour le lancement de listes de gauche unitaire à Bruxelles dans le cadre des prochaines élections communales. Les discussions ont dans un premier temps traité du cadre politique dans lequel cette campagne prend place: la crise profonde du système capitaliste, l’austérité violente comme seule perspective mise en avant par les partis traditionnels en Belgique et à travers toute l’Europe, mais aussi le manque d’une alternative politique, d’un parti large pour les 99% de la population à qui ils tentent de faire payer la crise des banquiers et des 1% les plus riches.
Par Nico M. (Bruxelles)
En Belgique aussi nous avons besoin d’une initiative large telle que Siriza en Grèce ou le Front de Gauche en France. Nous appelons à la mise sur pied d’une initiative unitaire fédérant ceux qui refusent les politiques d’austérité et font le choix de la solidarité. En attendant un tel développement nous appelons les travailleurs, les jeunes, les pensionnés, les allocataires sociaux et les différentes composantes de gauche qui sont déjà prêts à se rassembler autour d’un projet d’actions et de listes de gauche unitaire locales pour ces élections communales à Bruxelles.
Les premiers éléments pratiques de la campagne ont aussi été discutés: signatures de parrainage, élaboration du programme, constitution des listes… Les communes où nous voulons lancer nos listes sont Anderlecht, Jette, Bruxelles-ville, Saint-Gilles et Ixelles. Nous invitions pour cette réunion de lancement toute personne intéressée par la mise en place de liste de gauche unitaire pour octobre 2012.
Nous invitons de nouveau chacun à nous rejoindre dès aujourd’hui. Plusieurs réunions pour continuer le travail sont déjà prévues: la prochaine se déroulera le 29 juin à 19h au centre culturel Randstad.
D’ici là rejoignez nous lors de l’action de solidarité avec le peuple grec le 13 juin à 18h à la bourse mais aussi le 20 juin au Garcia Lorca à 19h30 lors du meeting international avec la présence d’eurodéputés de gauche: Paul Murphy d’Irlande du sud (élu du parti frère du PSL-LSP), Nikos Chountis de Siriza, mais aussi des représentants de Bloco de Esquerda (Portugal) de Izquierda Unida (Espagne), Charlotte Balavoine du Front de Gauche, Stephen Bouquin de Rood!, Tony Mulhearn (candidat aux communales de Liverpool en mai dernier pour la liste Trade Union and Socialist coalition et membre du parti frère du PSL-LSP en Angleterre. Anja Deschoemacker, tête de liste pour Gauches Communes à Saint Gilles prendra également la parole.
Lors de cette réunion de lancement, les différentes têtes de liste pour les 5 communes ont aussi pris la parole. Les intervenants ont aussi expliqué que les compétences communales sont nombreuses et qu’à ce niveau là aussi il nous faut résister à l’austérité. En conclusion c’est la motivation d’aller mener campagne dans nos communes pour une alternative de gauche unitaire qui a primé. Nous voulons saisir toutes les occasions pour mettre en avant qu’il nous manque, à gauche du PS et d’Ecolo, une formation politique large pour les jeunes et les travailleurs.
-
Référendum irlandais : La campagne du ‘OUI’ a utilisé toutes les menaces possibles
Aujourd’hui, les Irlandais se prononcent par référendum concernant le Pacte budgétaire européen, également qualifié de traité d’austérité. Une victoire du ‘oui’ serait utilisée comme une justification pour de nouvelles attaques antisociales, comme des coupes budgétaires et des augmentations de taxes. Le texte ci-dessous a été écrit par Joe Higgins, député du Socialist Party (notre parti frère en République irlandiase).
Joe Higgins, député du Socialist Party (CIO-Irlande)
Si vous votez ‘Non’, vous serez exiles en Sibérie ! C’est très probablement la seule menace qui n’a pas été utilisée contre le people irlandais au cours de ces dernières semaines. Et il ne faut pas être surpris si elle sort encore dans cette dernière ligne droite de la campagne sur le référendum au sujet du Traité fiscal/d’austérité.
Cette campagne a rapidement atteint le niveau ‘un autre jour, une nouvelle menace’. La semaine dernière, le ministre des finances a lu au Parlement un avis du National Treasury Management Agency [NTMA, l’agence de gestion de la dette publique] qui déclarait qu’il : ‘‘considère qu’un ‘Non’ au référendum signifierait, selon toute vraisemblance, qu’il ne serait pas possible pour l’Irlande d’entrer dans les marchés obligataires à des taux durables.’’ En laissant de côté le fait qu’un organisme d’État s’implique ainsi dans un débat politique très polarisé, nous constatons que cette agence n’a toutefois aucunement affirmé l’inverse, à savoir qu’une victoire du ‘oui’ garantirait l’accès à ces mêmes marchés.
Juste histoire d’assurer que nous n’ayons pas manqué cette prétendue nouvelle menace pesant sur le financement de l’État, le porte-parole du Fianna Fail [le parti d’opposition capitaliste] a demandé au ministre de répété son point. ‘‘Le ministre peut-il clarifier le conseil que lui a donné le NTMA?’’ Et le ministre de répondre : ‘‘Je vais à nouveau relire ma note pour le député (…)’’ Réponse du député concerné : ‘‘Ces conseils sont-ils en accord avec l’opinion du ministre en tant que ministre des Finances ?’’ Le ministre conclut enfin : ‘‘Cela rencontre pleinement mon opinion’’.
Quelle impressionnante solidarité entre le ministre des finances du Fine Gael [le principal parti capitaliste au sein du gouvernement] et le loyal parti d’opposition Fianna Fail ! Frères dans l’austérité et les menaces ! Nulle trace ici des attaques du dirigeant du Fianna Fail, Micheal Martin, lancées contre le Pacte fiscal lorsqu’il a été annoncé suite à un sommet européen en décembre dernier. Se référant aux objectifs du déficit budgétaire structurel et de la réduction automatique de la dette, il avait déclaré à ce moment-là que ‘‘les nouveaux objectifs sont très inquiétants. Il semblerait qu’ils mineraient significativement la croissance et constitueraient un frein sur l’emploi (…) en d’autres termes (…) une austérité efficace sur une base permanente.’’
Il est heureux pour lui que les médias aient massivement fait campagne pour le ‘oui’. Dans le cas contraire, il aurait pu avoir à s’expliquer publiquement sur son engagement dans une campagne destinée à faire passer un traité qui représente un tel désastre et qui, selon lui, loin de ‘‘sauver le marché de la dette souveraine européenne, cela signifierait sa fin.’’
Que masquent ces menaces ?
Ce n’est pas par hasard que les menaces se multiplient du côté du gouvernement. Le genre d’austérité inflexible et institutionnalisée tel qu’inscrit dans ce traité a démontré l’étendue de ses conséquences catastrophiques en Grèce, tandis que l’économie irlandaise est elle aussi en crise profonde après des années de mesures d’austérité. Toutes les menaces du camp du ‘oui’ sont autant de tentatives désespérées visant à masquer ces faits et à éviter d’avoir à répondre à des questions au sujet du détail des futures coupes budgétaires et augmentations d’impôts qu’impliqueront la mise en œuvre de ce traité à partir de 2015.
Les Irlandais sont quotidiennement menacés avec diverses menaces, et il s’agit d’une grave infraction au droit du peuple irlandais de voter librement et sans contrainte. Il convient de rappeler que la contrainte physique et la violence ne sont pas les seules armes d’un despote. Les menaces économiques et l’intimidation sont également souvent employées.
Ce qui se passe actuellement en Allemagne explique l’empressement du gouvernement irlandais pour essayer de nous forcer à voter pour l’austérité. Le Parlement fédéral allemand devait récemment voter sur ce même traité. Mais les parlementaires sociaux-démocrates et verts ont refusé de donner la majorité des deux tiers nécessaire parce que les mesures à venir ne sont pas claires. Mais le gouvernement irlandais, composé du Fine Gael et du Parti Travailliste, sont tellement poltrons qu’ils ne veulent pas laisser le moindre espace au peuple irlandais.
Le ‘oui’ est essentiellement une invitation pour que le peuple irlandais se rendre complice des mesures d’austérité qui s’appliqueront à lui-même. La victoire du ‘Oui’ serait utilisée par ce gouvernement et les prochains comme la justification de nouvelles attaques antisociales : "Vous avez voté pour ces objectifs, vous ne pouvez pas vous plaindre maintenant."
La possibilité d’une alternative à l’Europe d’austérité est maintenant en train d’apparaître. Les révoltes électorales en France et en Grèce, le mécontentement grandissant en Espagne, l’anxiété aux Pays-Bas et l’opposition de certaines sections de la classe ouvrière allemande sont autant d’éléments caractéristiques de l’aspiration croissante pour une alternative. Avec un ‘non’, les Irlandais peuvent renforcer cette voix qui exige, à une échelle continentale, de mettre fin aux effets destructeurs des mesures d’austérité imposées par les requins de la finance et de construire une alternative au capitalisme-casino qui enrichit une infime minorité au détriment des intérêts de la grande majorité.
-
Grèce : Echec de la formation d’une coalition pro-austérité et nouvelles élections
Pour un gouvernement de gauche ! Pour une politique anti-austérité, favorable aux travailleurs et socialiste !
A la suite du séisme politique constitué par les élections du 6 mai dernier, caractérisées par un rejet massif des partis pro-austérité soumis à la ‘Troïka’ (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Union Européenne), les principaux partis ne sont pas parvenus à former un gouvernement de coalition. Les tentatives du président grec de parvenir à un gouvernement ‘d’unité nationale’ ou de constituer un ‘gouvernement de technocrates’ n’ont pas eu plus de succès. De nouvelles élections cruciales se tiendront donc, au plus tard le 17 juin.
Par Nikos Anastasiades, (Xekinima, CI0-Grèce) et Niall Mulholland, CIO
Les partisans de Xekinima (section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière) soutiennent fermement la décision du parti de gauche Syriza de refuser de se joindre à un gouvernement composé de partis pro-austérité tels que le parti social-démocrate Pasok et le parti de droite Nouvelle Démocratie.
Syriza
Lors de ces élections, Syriza (une coalition de la gauche radicale) est passé de 4,6% à 16,78%, remportant ainsi 52 siège et devenant de ce fait la deuxième force politique du pays, largement sur base de son approche anti-austérité et de son appel à un gouvernement de gauche.
Lors de la semaine écoulée, les principaux partis politiques ont désespérément tenté de trouver un moyen d’échapper à la tenue de nouvelles élections. La classe dirigeante grecque est désorientée au vu du fait que ses soutiens traditionnels – la Nouvelle Démocratie et le Pasok – ont dramatiquement perdu les élections. Ce résultat est la conséquence directe de leurs mesures d’austérité qui frappent le pays depuis des années, entraînant un flot de misère et de pauvreté, de sans-abris, de chute drastique des conditions de vie et de suicides. Pour la fin de cette année 2012, il est prévu que le Produit Intérieur Brut aura chuté de pas moins de 20% depuis 2008, tandis que le chômage frappera 25% de la population active.
Les dirigeants de la Nouvelle Démocratie et du Pazok, de même que la plupart des medias, ont très hypocritement blâmé Syriza d’avoir conduit le pays vers de nouvelles élections. Mais le dirigeant de la formation de gauche radicale, Alexis Tsipras, a très correctement rejeté ces accusations en déclarant que l’establishment politique espérait surtout que Syriza devienne complice d’un véritable crime en participant à l’élaboration de nouvelles attaques antisociales.
L’aversion de ces partis et de l’establishment grec face à la tenue de nouvelles élections démocratiques provient surtout du fait que Syriza menace d’y devenir le plus grand parti en remportant entre 20,5% et 28% (en fonction des sondages). Syriza est ainsi la seule formation politique à voir son soutien croître dans les sondages, alors que tous les autres chutent. La Nouvelle Démocratie devrait obtenir 18,1% des voix et le Pasok seulement 12,2% : les taux les plus bas pour ces deux formations depuis près de 40 ans ! Cela reflète la popularité croissante de l’opposition publique de Syriza à toute nouvelle mesure d’austérité.
La menace de l’extrême-droite
Le parti néofasciste Aube Dorée a également remporté un certain succès lors des dernières élections, et est entré au Parlement pour la première fois. Mais nombreux sont ceux qui ont voté pour ce parti afin de “punir les politiciens” et qui peuvent maintenant voir l’étendue du caractère anti-classe ouvrière de ce parti d’extrême-droite. Aube Dorée s’effondre maintenant dans les sondages, sous les 3% selon certains, ce qui signifierait que ce parti n’obtiendrait aucun élu aux nouvelles élections.
Les travailleurs et leurs familles ne peuvent cependant pas prendre cette menace à la légère. Depuis qu’Aube Dorée a remporté des sièges au Parlement, ses partisans ont attaqués physiquement plusieurs immigrés. Xekhinima appelle à la création de comités antifascistes locaux afin de démocratiquement organiser l’auto-défense de la population. Ces comités doivent concerner les quartiers, les écoles, les universités et les lieux de travail. Si la gauche échoue à offrir une alternative viable et socialiste face à la crise, l’extrême-droite peut obtenir de nouveaux succès et la classe dirigeante grecque (qui a dans le passé déjà recouru à l’imposition d’un régime militaire pour défendre ses intérêts) pourrait également prendre plus de mesures autoritaires afin de s’en prendre au mouvement ouvrier.
Une sortie de l’eurozone ?
Les partis patronaux recourent à la menace et disent que la Grèce sera forcée de quitter l’eurozone si de nouvelles élections sont tenues et que Syriza arrive au pouvoir avec sa politique opposée aux coupes d’austérité. Les dirigeants de Syriza affirment vouloir prendre des mesures destinées à augmenter le niveau de vie de la population et à revenir sur les mesures d’austérité tout en maintenant la Grèce à l’intérieur de l’eurozone. Alors que la vaste majorité des Grecs s’opposent au programme d’austérité, ils désirent également rester au sein de l’eurozone. De façon bien compréhensible, ils craignent un avenir qui s’inscrirait sans la monnaie commune.
Les médias et les politiciens bourgeois ne cessent de prévenir de ce qui arriverait en cas de départ de la zone euro : une chute encore plus dramatique du niveau de vie, la banqueroute financière et une hyperinflation des prix. Sans surprise, un récent sondage d’opinion a mis en avant que 78% des sondés désiraient un gouvernement qui fasse tout son possible pour rester au sein de la zone euro. Mais en même temps, rester dans la camisole de force de l’euro ne promettrait qu’une austérité sans fin aux Grecs, et un nombre croissant d’entre eux exige de quitter la zone.
Mais malgré la volonté des dirigeants de Syriza de rester dans l’eurozone, même s’ils appliquent leur politique dans un nouveau gouvernement limité à une renégociation ‘radicale’ des conditions de renflouement du pays, ils feront face à une opposition résolue de la part de l’Union Européenne et des capitalistes grecs, ce qui conduirait probablement la Grèce à être éjectée de l’eurozone. La Troïka a indiqué qu’elle était prête à discuter de certaines clauses du renflouement, mais pas des thèmes principaux, ce qui signifie très clairement une poursuite dans l’offensive contre les conditions de vie de la population grecque.
Pourtant, Syriza ne prépare pas encore ses membres, ses partisans et plus généralement la classe ouvrière face aux conséquences d’une confrontation avec la Troïka, les marchés et la classe dirigeante grecque. De la même manière, Syriza ne tient pas encore compte de la plus que probable féroce campagne qui se déchaînera contre cette formation de gauche radicale dans les médias et du fait des partis bourgeois au cours de la nouvelle campagne électorale.
Certains dirigeants de Syriza défendent que s’ils forment un nouveau gouvernement, la Troïka devra faire face à son propre bluff, et sera forcée de faire de grandes concessions car les dirigeants de l’Union Européenne sont terrifiés à l’idée d’un défaut de paiement de la Grèce et d’un départ de l’euro. Cela causerait une nouvelle crise financière et une profonde dépression à travers l’Union Européenne, avec la menace que des pays comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande soient également forcés de quitter l’euro. C’est vrai, mais certains dirigeants européens craignent que le pays ne soit sur une pente glissante qui pousse irrésistiblement la Grèce à l’extérieur de l’eurozone, et ils se préparent, de même que les marchés financiers, à faire face à cette éventualité.
Angela Merkel et le président de la Commission Européenne Jose Manuel Barroso ont ouvertement prévenu que si la Grèce ne respectait pas les engagements pris par les précédents gouvernements, le pays devrait quitter l’euro. Cela peut partiellement être une menace pour forcer l’arrivée d’une coalition d’austérité de même qu’une tentative visant à faire prendre conscience de ce qui peut arriver à chaque pays de l’eurozone qui oserait se dresser contre la Troïka.
Un gouvernement de gauche
Dans cette situation, que doit faire la gauche ? Xekinima accueille avec enthousiasme l’appel public de Syriza pour un gouvernement unitaire de gauche. Syriza devrait ouvrir et développer ses structures en tant que large alliance de gauche afin que de nouvelles couches de travailleurs et de jeunes rejoignent l’initiative et puissent démocratiquement décider de la politique du parti. Xekinima soutient l’unité d’action des partis de gauche pour les prochaines élections et appelle à voter pour Syriza.
Syriza devrait lancer un appel pour redynamiser les actions de masse sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers et pour des syndicats combatifs et démocratiques, avec la tenue d’assemblées de masse aux niveaux local, régional et national afin d’impliquer largement les travailleurs et leurs familles dans les discussions portant sur le programme, les revendications et les tactiques électorales afin de faire massivement campagne pour un gouvernement de gauche et assurer que la pression existe pour que ce gouvernement lutte contre l’austérité et pour les travailleurs.
Le Parti Communiste (KKE) et Antarsya (la Coopération de la gauche anticapitaliste) ont tous les deux adopté une approche sectaire avant les dernières élections et ont rejeté les propositions unitaires de Syriza, avec en résultat une stagnation de leur soutien électoral. A la surprise de millions de travailleurs, la direction du KKE continue d’ailleurs de refuser la constitution d’un bloc avec Syriza. Sous la pression de leur base, et de la classe ouvrière en général, une partie d’Antarsya a de son côté indiqué qu’elle était prête à travailler avec Syriza. De nombreux membres du KKE parlent eux aussi de faire d’unité. Xekinima enjoint Syriza à lancer un appel clair et conséquent orienté vers la base du KKE et des autres forces de gauche pour constituer un bloc basé sur une plateforme anti-austérité afin de lutter pour un gouvernement de gauche armé d’un programme socialiste.
Xekinima fera campagne dans ces élections pour un gouvernement de gauche radicale, pour une politique anti-austérité et favorable aux travailleurs avec un programme socialiste destiné à changer de société.
Un programme pour l’unité d’action de Syriza et du KKE autour de l’opposition à toutes les mesures d’austérité, pour l’annulation de la dette, pour l’expropriation et la mise sous le contrôle public et démocratique des principales banques et industries et pour un renversement socialiste de la société gagnerait un soutien massif parmi la classe ouvrière, la jeunesse et la classe moyenne. Mais une politique favorable aux travailleurs déchainerait les foudres des patrons à travers l’Europe, et ils organiseraient rapidement l’éjection de la Grèce hors de l’eurozone.
Hors de l’euro, un gouvernement des travailleurs devrait instaurer un programme d’urgence avec un contrôle étatique sur les importations, les exportations ainsi que sur le capital, tout cela étant destiné à prévenir de toute évasion de capitaux organisée par les grands patrons, les actionnaires et les multinationales. Des comités démocratiques devront assurer la distribution de médicaments, de nourriture, d’essence et d’autres denrées vitales pour les travailleurs.
Un gouvernement des travailleurs en Grèce devra également se lier aux mouvements de lutte des travailleurs dans les autres pays de l’eurozone, et plus particulièrement en Espagne, au Portugal, en Irlande et en Italie afin de rompre la dictature de la Troïka, des patrons, de l’Union Européenne et du capitalisme. Ces pays pourraient constituer une confédération sur une base socialiste et commencer à coordonner leurs économies de façon démocratiquement planifiée, dans le cadre de la lutte pour une confédération socialiste européenne, sur une base volontaire et égalitaire. Cela remporterait un soutien enthousiaste et massif parmi toute la classe ouvrière européenne.
-
2e Journée de résistance mondiale #Occupy/Indignés
Samedi, environ un millier de manifestants se sont réunis à Bruxelles dans le cadre de la seconde journée internationale de lutte des "Indignés". Cela fait un an maintenant que le mouvement des Indignés a été lancé en Espagne, et des centaines de manifestations étaient organisées à travers le monde pour commémorer cet anniversaire tout en protestant contre l’austérité et la dicature des marchés. La manifestation a défilé dans les rues de la capitale, passant devant le siège de Belfius, de BNP-Paribas et de la Banque Nationale. Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs étaient présents avec une délégation combative, en mettant en avant que pour obtenir une démocratie réelle, le pouvoir économique devait être retiré des mains d’une infime élite capitaliste. Seule une société où les secteurs clés de l’économie seraient placés sous la gestion et le contrôle de la collectivité est capable d’assurer la satisfaction des besoins de tous.
Nico
- Pour une démocratie réelle, brisons la dictature des banquiers et des patrons !
- Un nouveau type de révolution?
- Pour une démocratie réelle, renversons la dictature des milliardaires !