Your cart is currently empty!
Tag: Environnement
-
Les forces du marché freinent l'énergie renouvelable
Les gouvernements capitalistes à travers le monde ont-ils finalement ouvert les yeux sur le danger du réchauffement climatique ?
La part de l’énergie renouvelable dans la capacité totale de production d’électricité est passée de 7,8% à 8,5% entre 2012 et 2013 (Programme des Nations Unies pour l’Environnement, Global Trends in Energy Investment, 2014). Plus impressionnant : 43,6% de la nouvelle capacité d’énergie était renouvelable. Une telle hausse de l’utilisation de méthodes de production d’énergie non-polluantes est bien sûr bienvenue, mais cela signifie-t-il vraiment que les gouvernements du monde entier ont finalement ouvert les yeux sur le danger du réchauffement climatique ? Le système du marché nous a-t-il mis sur la voie d’un futur sans émission de carbone ?
Par Pete Dickinson, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)
Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de regarder les données plus en détail. Nous devons décomposer l’investissement par pays, et regarder les tendances des dépenses et ce qui les motive. Ensuite, le montant total de l’investissement doit être comparé à celui requis pour maintenir l’augmentation de température à moins de 2°C au dessus du niveau pré-industriel, au-delà de quoi les effets du réchauffement climatique se déchaîneront. Et il est crucial de prendre en considération le délai dans lequel il faut parvenir à ce résultat.
Mondialement, l’investissement dans les énergies renouvelables a atteint un record de 257 milliards $ en 2011, mais a baissé de 23% depuis, l’austérité de l’Union Européenne ayant un fort impact sur cela. Les dépenses ont baissé de 56% en 2013 par rapport à l’année précédente en Allemagne, et d’un énorme 75% en Italie (Bloomberg New Energy Finance, 2014). L’Allemagne était auparavant en tête des pays européens pour l’énergie verte. La baisse mondiale de 23% est, en fait, bien pire qu’il n’y parait quand on prend en compte la situation au Japon. Là, il y a eu une augmentation de 80% des investissements dans le renouvelable en 2013 par rapport à 2012, mettant le Japon en 3ème position mondiale après les USA et la Chine. Même si d’après la tendance actuelle, le Japon est bien parti pour devenir numéro 1 en 2015, cette « répercussion » du désastre nucléaire de Fukusima en 2011 ne va pas aider à freiner le réchauffement climatique.
Le gouvernement japonais a dû supprimer une grande quantité de puissance nucléaire, étant forcé de fermer les centrales après le tremblement de terre et le tsunami qui ont détruit les réacteurs à Fukushima. Cela a créé une pénurie d’énergie qui, pensait le gouvernement, demandait des mesures d’urgence pour maintenir l’approvisionnement en électricité. La réponse a été d’intensifier l’utilisation d’énergie fossile et de promouvoir les énergies renouvelables. Le résultat global de cela, cependant, ne sera pas une réduction des émissions de gaz à effet de serre, puisque la source d’énergie qui est remplacée, le nucléaire, ne produit pas des quantités significative de gaz qui causent le réchauffement climatique. (Le nucléaire, bien sûr, n’est pas une source d’énergie écologique puisqu’il produit inévitablement de grandes quantités de déchets toxiques.)
Il y a des tableaux contradictoires similaires aux USA et en Chine. Malgré leurs positions de tête dans le classement de l’investissement renouvelable, leurs émissions de gaz à effet de serre ont continué à enfler. Poussé par son but stratégique d’accroitre son indépendance énergétique, les USA ont vu une augmentation massive dans la fracturation hydraulique au cours des 10 dernières années, une technologie qui produit du gaz et du pétrole, qui émettent du gaz à effet de serre quand ils sont consumés.
Quand la croissance économique chinoise était de 10 à 12% par an, il y avait une pénurie d’énergie qui a mené le gouvernement à promouvoir les énergies renouvelables, à côté des énergies fossiles et nucléaire, pour boucher le trou. Les entreprises chinoises voulaient aussi devenir les leaders mondiaux de l’industrie d’énergie solaire. Ils ont réussi dans une grande mesure grâce à leur accès facile aux emprunts soutenus par l’État et au marché intérieur protégé. Cependant, tout en produisant de la technologie écologique, la Chine a continué de remplir la plus grande part de ses besoins énergétiques par le charbon, la plus polluantes des énergies fossiles. Le résultat net pour les USA comme pour la Chine est que les investissements dans le renouvelable ont sont submergés par les technologies qui utilisent les énergies fossiles.
Un développement intéressant révélé par le rapport de l’UNEP est que le coût unitaire des panneaux solaires a chuté de façon significative, à tel point que même si l’investissement a baissé dans ce secteur, le nombre de panneaux installés a augmenté. A première vue, cette nouvelle situation pourrait promouvoir l’utilisation du solaire, et encourager ceux qui pensent qu’un point de basculement a été atteint et que les économies d’échelles dans les énergies renouvelables vont faire pencher la balance du marché en défaveur des technologies polluantes.
L’augmentation de la capacité de l’industrie solaire est due à plusieurs facteurs. Le soutien gouvernemental et les subventions, qu’ils soient ouverts comme en Europe, ou masqués comme en Chine, ont joué un grand rôle dans l’augmentation de la production. (cela donne un aperçu des possibilités si les forces du marché étaient écartées). La grande récession de 2008, suivie par l’austérité, ont aussi fait baisser les prix à mesure que la demande d’énergie chutait. En même temps, les prix historiquement hauts du pétrole, beaucoup appuyés par l’instabilité géopolitique et le cartel de l’OPEC, a temporairement rendu le solaire plus attractif.
Mais cette combinaison de facteurs est en train de disparaître. Le prix du baril de pétrole a chuté de 110$ à 85$ et les subventions ont été beaucoup réduites, ce qui a causé un effondrement de l’investissement dans les énergies renouvelables. En même temps, il n’y a aucun signe de remontée de la demande au niveau mondial. Une forte amélioration pourrait mener à une nouvelle augmentation de la demande d’énergie solaire en Chine, et faire remonter les prix du pétrole, rendant le solaire plus compétitif. Cependant, l’austérité est un facteur à prendre en compte pour de nombreuses années par la plupart des gouvernements capitalistes ; ce qui signifie que de nouvelles subventions sont largement exclues, tout comme la perspective d’une reprise économique forte.
Même si une combinaison de facteurs de marché favorables réapparaissait, cela ne changerait très probablement pas significativement le tableau global de la dégradation de l’environnement. Le rapport Stern sur le réchauffement climatique, rédigé à la demande du dernier gouvernement travailliste britannique mais jamais mis en œuvre, appelait à l’investissement d’1% du PIB dans les énergies renouvelables pendant 40 ans. Pourtant, il est inconcevable que des conditions de marché favorables persisteraient pendant si longtemps sans interruption, pour que cela devienne une réalité.
Mais ce n’est pas tout. Le niveau de dépenses nécessaires pour atteindre l’objectif de 1% de Stern n’a jamais été approché, même en 2011 quand l’investissement mondial en énergie verte a atteint un sommet. Cette année, il a atteint 257 millions de $. Ce n’est que 0,33% du PIB mondial mondial, évalué à 77.000 milliards de $ en 2014 par le FMI – et bien en dessous de ce pourcentage si on utilise les chiffres les plus récents des dépenses en énergies renouvelables. De plus, le chiffre de Stern est basé sur les données disponibles il y a 10 ans. Depuis, les émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup augmenté, ce qui signifie que l’objectif de 1% est maintenant trop bas. Cependant, même s’il faut 3% du PIB chaque année, ce niveau d’investissement serait tout à fait possible sans perturber le reste de l’économie. En fait, l’investissement vert demande relativement beaucoup de main-d’œuvre et pourrait créer des millions d’emplois.
L’effet positif des subventions sur les énergies renouvelables donne un aperçu de ce qui serait possible sans la camisole de force de l’économie de marché. Cependant, les subventions dans le cadre du marché ne seront jamais à une échelle suffisante, ni maintenues assez longtemps, pour répondre à la nécessité.
Pour atteindre l’objectif de dé-carboniser l’économie, la première étape devrait être la nationalisation de l’industrie du secteur de l’énergie, y compris la production d’électricité et les énergies renouvelables. Ces industries pourraient alors être gérées sur une base démocratique, avec des représentants du gouvernement national, des consommateurs d’énergie et des travailleurs de cette industrie. Une priorité absolue du nouvel organisme nationalisé devrait être d’arrêter le réchauffement de la planète. Cela demanderait une coopération internationale qui pourrait être obtenue en supprimant les gouvernements capitalistes actuels qui sont en concurrence pour détruire l’environnement.
-
ULB : le campus de La Plaine menacé
Des logements de luxe pour remplacer un espace vert. Un peu plus d’automobilistes pour encombrer les routes, sur un réseau déjà surchargé. Des bâtiments construits sans réelle concertation avec les riverains et les usagers. Voilà ce qui attend probablement le site de la Plaine à Bruxelles.
Par Louis M. (Bruxelles)
Le campus est utilisé depuis 50 ans par l’Université Libre de Bruxelles. Celle-ci a vendu la moitié du terrain en sa possession, à la recherche de fonds pour combler son sous-financement chronique. C’est une réalité qui sévit depuis plusieurs années : l’ULB vend son patrimoine immobilier pour équilibrer son budget.
Le privé a donc pris possession de vastes terrains, à proximité immédiate des deux grandes universités bruxelloise et du métro. Elle a choisi d’y implanter un important et luxueux complexe immobilier. Alors que Bruxelles a besoin de logements sociaux et étudiants, ce sont des appartements haut de gamme qui ont été choisis. C’est logique, ils se vendent plus cher.
Face au projet, des riverains, étudiants et travailleurs se sont engagés. Ils mettent en valeur l’importance écologique du site, qui abrite plusieurs espèces protégées. Il n’est pas rare d’y croiser des lapins, alors qu’il est situé en pleine ville. Plusieurs arbres d’essences protégées sont aussi menacées ; un magnifique alignement planté il y a presque cinquante ans serait abattu.
La commune d’Ixelles, sur laquelle est située le terrain, n’a pas manifesté un grand intérêt pour les revendications des opposants. C’est facilement compréhensible : ni les étudiants ni les riverains ne sont des électeurs potentiels. Et la puissance du promoteur, regroupant Immobel et les Entreprises Louis De Waele, n’est qu’un argument de plus en faveur du projet.
Ayant convaincu les autorités communales, Immobel n’eut pas grand-peine à faire de même pour la Région bruxelloise. Tout au plus quelques modifications mineures ont-elles été apportées au projet, répondant à quelques-unes des questions environnementales soulevées par le comité « Sauvez la Plaine ».
Aujourd’hui, deux des trois permis nécessaires ont été octroyés. L’abattage des arbres peut commencer à tout moment. Face à ce danger imminent, le Comité tente d’organiser une résistance citoyenne, menaçant de bloquer les travaux. La conscientisation des étudiants à l’ULB n’est cependant pas facile, il reste beaucoup de chemin à accomplir.
Les Étudiants de Gauche Actifs, le groupe jeunes du PSL, souhaitent apporter leur soutien à l’initiative du Comité, tout en rappelant que c’est le sous-financement chronique de l’enseignement qui est la cause principale de la situation. Seul un combat commun entre étudiants, travailleurs, enseignants et riverains sera à même d’influencer la politique de logement à Bruxelles.
Le projet Universalis Park est une opportunité pour ranimer la lutte étudiante depuis longtemps presque éteinte en Belgique. Nous nous devons de la saisir et de tout faire pour politiser le débat, en insistant sur les causes profondes plutôt que sur leurs conséquences sujettes à mobilisation – la privatisation de plus en plus grande de tous les aspects de la société, l’absence de démocratie dans la gestion de biens à usages collectif, et plus fondamentalement le système capitaliste lui-même.
Nous devons insister pour que des revendications plus générales que le simple arrêt du projet soient mises en avant. Nous nous battons depuis déjà plusieurs années pour un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB, ce qui aurait permis d’éviter la vente de ses terrains par l’ULB. Nous revendiquons aussi la construction de 60 000 logements sociaux à Bruxelles pour répondre à la demande en la matière. Ceux-ci pourraient être aménagés dans des espaces de bureaux laissés vides par leurs propriétaires, sans détruire les espaces verts de la capitale.
Mais notre revendication la plus fondamentale, c’est sans doute la prise de contrôle par les travailleurs des grands secteurs de l’économie – transport, enseignement, banques, industries. Seule une gestion collective de l’économie sera à même d’empêcher le capital privé de construire là où personne ne veut de nouveaux bâtiments. -
“This Changes Everything: Capitalism vs. The Climate”, par Naomi Klein
Le dernier libre de Naomi Klein, que l’on pourrait traduire en français par “Cela change tout : le capitalisme contre le climat”, est un ajout bienvenu et nécessaire aux débats sur la façon de s’attaquer au réchauffement climatique. Naomi Klein, notamment connue pour son livre “La doctrine du choc, le capitalisme du désastre”, ne souligne pas seulement l’énorme menace qui pèse sur l’humanité, mais montre aussi l’absolue nécessité d’un changement de stratégie fondamental pour éviter la catastrophe et saisir l’occasion « d’améliorer spectaculairement les conditions de vie, de combler le fossé entre riches et pauvres, de créer de bons emplois en grand nombre » (p.10) et d’avoir une planète saine sur laquelle vivre. (1)Voir le changement climatique comme une opportunité paraît étrange à beaucoup d’écologistes qui sont démoralisés puisque, après plus de 30 ans de débats, les émissions de dioxyde de carbone continuent à augmenter.
Certains se tournent vers des idées dangereuses et désespérées comme l’énergie nucléaire ou la géo-ingénierie, alors que d’autre caressent l’idée d’éco-dictatures. Ce que Klein fait si bien ici, c’est de montrer que l’échec de la lutte contre le réchauffement climatique au cours de ces 30 dernières années est dû au recours à de fausses stratégies. Le problème essentiel a été de refuser de s’attaquer aux racines des causes du réchauffement climatique (et de beaucoup d’autres maux de la planète) : le système capitaliste. Klein déclare notamment : « Notre économie est en guerre contre beaucoup de formes de vie sur Terre, y compris la vie humaine. Les lois qui doivent être changées ne sont pas les lois de la nature ». Le sous-titre du livre est d’ailleurs sans équivoque : « le capitalisme contre le climat ».
Ce livre argumente que le réchauffement climatique ne peut être vaincu que par un mouvement de masse international qui lie la création d’emplois et de services publics à l’environnement. Pour ce faire, ce mouvement doit rompre avec le règne du capitalisme. Ce constat est déjà partagé par des défenseurs des idées du socialisme comme nos camarades de Socialist Alternative aux USA ainsi que par toutes les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge). Mais ce livre pourra donner à ce débat une audience beaucoup plus grande et ainsi accroître l’intérêt pour l’alternative socialiste à la catastrophe environnementale mondiale et aux souffrances humaines liées au capitalisme.
Klein utilise des témoignages solides très documentés et des expériences touchantes afin d’introduire ses arguments. Beaucoup de ses histoires et de ses rencontres sont alarmantes ou émouvantes, à la fois source d’inspiration ou d’effroi. Mais elles aident toute à défendre sa cause.
Pour faire du profit, le capitalisme exploite à la fois l’écosystème de la planète et les Hommes. Les montagnes et les forêts deviennent du « terrain-mort » à éliminer pour atteindre les sables bitumeux ou le charbon. Les humains en sont réduits à n’être que du travail « à extraire brutalement » (p.169) faute de quoi ils sont exclus de la société. Les gouvernements ont des montagnes d’argent (des billions de dollars) pour renflouer les banques, mais pas d’argent pour de bons emplois respectueux de l’environnement ou des services publics pour se protéger de l’impact du réchauffement climatique et le gérer.
Le néo-libéralisme a augmenté la détérioration de l’environnement et du bien-être social. Il a affaibli les pouvoirs de la société civile et des gouvernements à contrôler, du moins de partie, les agissements des grandes corporations. Les fournisseurs d’énergie ont été privatisés et n’ont donc plus aucune considération pour les questions sociales et environnementales. L’idéologie néo-libérale s’est emparée de presque tous les politiciens, les régulations et contrôles des corporations ont donc été déchiquetées. Les accords comme le Traité transatlantique sont utilisés pour écraser les règles qui protègent l’environnement et les emplois.
Une vérité qui dérange ?
Klein expose la véritable vérité qui dérange: que le soutien de l’ancien candidat démocrate à la présidentielle américaine Al Gore (qui avait tenté de se profiler comme militant écologiste) et des grands groupes environnementaux a été vital pour les négociations du Traité Transatlantique. Klein critique les stratégies en échec de beaucoup des principaux groupes environnementaux américains – le Big Green, comme elle les appelle – qui constituent en un travail de longue haleine avec les politiciens de Washington et les principales grosses entreprises, y compris certaines qui ont les pires impacts environnementaux. Nature Conservancy, Conservation International, the Conservation Fund, WWF et Environmental Defense Fund ont tous des liens avec les principales entreprises énergétiques, Walmart, et d’autres entreprises directement responsables du changement climatique. Ces liens prennent la forme de donations ou encore de poste aux conseils d’administration.
Cette fraternisation avec l’ennemi implique la défense des politiques qui créent du profit : le marché du carbone, la régulation des lumières, la culpabilisation du consommateur, le gaz de schiste comme « carburant de transition »… Aucune de ces “solutions” ne s’en prennent au problème, elles n’ont en fait que rendu les choses encore pires en repoussant l’application de solutions nécessaires et déjà existantes. La bourse au carbone et les compensations sont une grande arnaque pour rendre les grandes entreprises plus riches encore. Ce système fait bien plus de mal que de bien à l’environnement.
Les pourparlers internationaux restent bloqués dans l’impuissance. Les multinationales qui puissent leurs profits des énergies fossile ont identifié des dépôts de carbone encore à extraire représentant 2795 gigatonnes de carbone. Pour eux, cela représente 27.000 milliards de dollars. Mais cela représente aussi 5 fois la quantité maximale de carbone qui peut être brûlée d’ici 2050 pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C, d’après les scientifiques. Cette température n’est pas prise au hasard, il s’agit du seuil au-delà duquel le climat va basculer dans le désastre. Des entreprises comme ExxoMobil ont déjà ouvertement déclaré qu’elles sont confiantes envers le fait qu’il soit “très peu probable” que des politiques climatiques restrictives soient instaurées. Ce n’est pas exagéré de dire que le grand capital sacrifie la planète pour ses profits.
En fait, l’industrie énergétique, plutôt que de réduire la production d’énergie fossile, augmente la production à partir de sources encore plus dangereuses et néfastes à l’environnement – les eaux profondes, l’Arctique, le sable bitumeux, la fracturation hydraulique (que Klein appelle “l’énergie extrême”). Beaucoup de ces extractions n’ont pas ou peu de régulation.
Le chapitre sur la géo-ingénierie fait extrêmement peur. Les idées actuellement sérieusement considérées incluent d’injecter des doses massives de fer dans les océans pour augmenter l’absorption de carbone par les organismes marins, de placer des miroirs dans le ciel ou sur le sol pour renvoyer le reflet du soleil, d’injecter constamment des particules dans l’atmosphère afin de refléter la lumière et d’ajouter une couverture aux nuages, etc. Les risques de ces pratiques sont immenses et, une fois mis en place, rien ne peut être inversé. Cependant, le Big Business et certains scientifiques et écologistes envisagent sérieusement de faire appel à ces pratiques. Le changement climatique est dû à l’augmentation du carbone dans l’atmosphère, la réponse la plus simple est d’arrêter d’émettre du carbone. La géo-ingénierie ne s’attaque pas à ce problème ; elle se base sur la logique d’ajouter au changement climatique encore plus de changement climatique dans l’espoir de masquer le réchauffement climatique.
Fondamentalement, ils continueraient à traiter la planète et toutes les formes de vie comme des choses inertes qui peuvent être manipulée et sacrifiées. La solution n’est pas de « réparer le monde » ; il s’agit de changer le système social et économique qui rend la seule maison que nous avons impropre à notre vie! Mais le profit est prioritaire dans l’esprit des politiciens, des corporations et donc du Big Green.
Besoin d’emplois verts et propres
Souvent, les écologistes déclarent que nous devons « sauver la planète » et donc n’avons pas le temps pour les questions sociales. Klein argue que, comme le capitalisme détruit le climat en même temps qu’il abandonne la majorité des gens sur la planète, il est nécessaire de disposer d’un plan qui s’attaque aux deux problèmes. Placer les emplois contre l’environnement est un mensonge mis en avant par le big business pour diviser l’opposition à sa domination. Un programme pour guérir la planète pourrait créer des millions d’emplois décents, socialement utiles et respectueux de l’environnement.
Contrairement à ce à quoi étaient destinées les stratégies du Big Green au cours de ces 30 dernières années, des années perdues, un mouvement de résistance de masse se développe pour l’instant face au changement climatique, très certainement aux USA, et contre l’énergie d’extraction. Ces mouvements, dans le monde entier, donnent confiance en l’avenir.
Les écologistes, travailleurs, indigènes et militants pour la justice sociale et économique peuvent consolider et étendre ces luttes en étant liés les uns aux autres. Les changements progressistes réels – la fin de l’esclavage, les droits des femmes, la lutte contre la discrimination – ont toujours été issus de mouvements de masse, et non du lobby des entreprises et des politiciens capitalistes.
Ces luttes comprennent beaucoup de pauvres, de travailleurs et d’indigènes. Ils ont besoin d’emplois autant que d’eau potable, d’air et de terre. Il n’est ni réaliste ni moral de demander aux travailleurs et aux pauvres de se sacrifier pour la planète. Les grandes entreprises énergétiques peuvent agiter des liasses de billets pour inciter à accepter une mine, un puits de pétrole ou une plate-forme de fracturation. Les travailleurs préféreraient avoir des emplois propres et surs que de travailler dans le secteur dangereux de l’énergie, et les indigènes préféreraient avoir des réserves propres plutôt qu’une contaminée par le pétrole où avec des montagnes au sommet détruit. Cependant, si la seule alternative est le chômage, la faim et ne pas pouvoir nourrir ses enfants, beaucoup de gens vont accepter ces emplois sales à contrecœur.
Pourquoi sinon, autant de gens travailleraient dans le sable bitumeux ? La lutte pour les emplois et la justice économique sont une part essentielle de la lutte pour le climat. Le changement climatique ne sera arrêté qu’avec un programme pour de bons emplois. Il faut lutter contre le capitalisme et mettre en avant des alternatives positives. « Les seuls qui seront vraiment en mesure de dire non au développement polluant sur le long terme sont ceux qui voient des alternatives réelles et prometteuses ». (p.387)
Klein est consciente que d’énormes changements du système économique et politique mondial sont nécessaires. Elle reconnaît le besoin de mouvements de masse mais n’explicite pas qu’un tel mouvement a besoin d’être indépendant de l’influence politique des corporations. Pour faire les changements nécessaires, il est clair que nous ne pouvons pas nous appuyer sur le Parti Démocrate. Les Démocrates parlent beaucoup de leur préoccupation de l’environnement et contrairement aux Républicains de droite, ils sont au moins au courant de la réalité du changement climatique mondial. Mais souvenons-nous que c’est Bill Clinton qui a introduit le Traité de Libre Echange nord-américain , qui a détruit les emplois et l’environnement des deux côtés du Rio Grande.
Sous Obama, malgré le besoin de diminuer les émissions de gaz carbonique et de réduire la dépendance aux énergies fossiles, le principal « accomplissement » de la politique énergétique a été l’expansion massive de l’énergie polluante, y compris par la fracturation et le forage en mer. En fait, les USA sont sur le point de dépasser l’Arabie Saoudite en tant que premier producteur de pétrole liquide. Finalement, la lutte pour les emplois verts et contre la catastrophe environnementale requiert de rompre avec les Démocrates et de construire un nouveau parti politique de la classe ouvrière et des jeunes, un parti des 99%.
Klein se réfère à d’autres grands changements progressifs comme les droits civiques, mais reconnaît que beaucoup de ces mouvements ont changé les droits légaux plutôt que les inégalités économiques. Le mouvement pour les droits civiques n’a jamais gagné les emplois, logements et éducations décents pour lesquels les gens se battaient. Les mouvement qui ont changé le pouvoir économique qu’elle prend en compte comprennent l’abolition de l’esclavage, les énormes acquis gagné par la vague massive de syndicalisation après la dépression des années 30 et la tentative socialiste d’Allende au Chili, tragiquement écrasée par un coup d’état militaire. Cependant, aucune de ces luttes n’a aboli le capitalisme.
L’importance de la révolution russe
L’unique exemple de la réussite de renversement du capitalisme et de l’établissement d’un nouveau pouvoir social et économique est celui de la Révolution Russe – que Klein ne mentionne jamais même si cet exemple correspond clairement à ce dont nous avons besoin aujourd’hui.
Dans les premières années après la révolution, il y a eu une véritable floraison dans les domaines des sciences – y compris dans la biologie et l’écologie,- de l’art, de la culture et des droits de l’Homme.
Malheureusement, la révolution a souffert de la dévastation de la première guerre mondiale suivie par l’invasion de 22 armées capitalistes essayant d’écraser la révolution. L’Union Soviétique a aussi souffert du faible niveau d’éducation et de technique dans la majeure partie du pays. Ensuite, l’isolement de la révolution due à la défaite de la vague révolutionnaire qui a balayé l’Europe a posé les bases de l’émergence de la bureaucratie stalinienne. Cela a culminé avec la guerre civile unilatérale de Staline qui a détruit la démocratie et le dynamisme de la révolution socialiste et a pavé la voie du désastre écologique qui allait suivre.
Cependant, la Révolution Russe est toujours le meilleur exemple de renversement du capitalisme et de le remplacer par une société bien plus démocratique et égalitaire. Dans le monde d’aujourd’hui, avec un niveau d’éducation et de technique bien plus haut et étendu, et des connexions meilleures au niveau mondial, l’isolement d’une révolution dans un seul pays et la montée d’une bureaucratie brutale est très improbable.
Si Naomi Klein est excellente pour critiquer le capitalisme, en particulier le néo-libéralisme, ce qu’elle entend par « capitalisme » n’est pas toujours clair : est-ce que c’est seulement le néo-libéralisme, tout capitalisme où quelque chose de plus large qu’elle appelle « l’extractivisme »?
Soyons clair, c’est le capitalisme, dans tous ses déguisements différents, avec les racines des problèmes remontant à toutes les sociétés de classe par le passe. Klein s’abstient aussi de parler d’une alternative socialiste. La seule façon réaliste de réaliser les étapes qu’elle propose – y compris les emplois verts bien payés, le contrôle de l’industrie et de la finance, le contrôle réel des terres par la communauté et « une économie soigneusement planifiée » (p. 94) – est de remplacer le capitalisme par une intendance coopérative collective des terres et des ressources dont les bénéfices seraient partagés entre tous : un monde socialiste.
Klein est peut-être réticente à parler de socialisme parce qu’elle n’est pas familière de la critique marxiste du stalinisme. Elle semble incertaine de ce qu’est le socialisme, parlant de « socialisme autoritaire » en référence à l’Union Soviétique. Il y a une contradiction dans les termes ; le socialisme ne peut exister sans une démocratie saine et dynamique. L’Union Soviétique, sous Staline et ensuite, n’était pas démocratique, et la planification n’était basée ni sur la compréhension de l’environnement ni sur la conscience marxiste de la profonde connexion entre le bien-être humain et la nature.
Marx et Engels sur l’environnement
Il est dommage que Klein n’ait pas étudié le marxisme, à la fois sur l’Union Soviétique et sur l’environnement. Elle se réfère à Marx une fois, le citant sur « le fossé irréparable » du capitalisme avec « les lois naturelles de la vie elle-même » (p.177). Marx et Engels ont pourtant beaucoup écrit sur l’environnement. L’une de leurs compréhensions-clé est que les humains font partie et dépendent de la nature.
« Et ainsi les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein, et que toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures, de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement. » (Engels, Le rôle du travail dans la transformation du singe en Homme, 1876)
Klein fait un point similaire mais sans les idées du marxisme. Elle écrit : « vivre non-extractivement ne signifie pas qu’il n’y a aucune extraction : toutes les choses vivantes doivent prendre de la nature pour survivre. Mais cela signifie la fin de l’état d’esprit extractif – de prendre sans prendre soin, de traiter les terres et les Hommes comme des ressources à épuiser plutôt que comme des entités complexes avec des droits à une existence digne basée sur le renouveau et la régénération. » (p.447)
Klein écrit par exemple sur le besoin de protéger la fertilité du sol. Marx, il y a plus de 150 ans, avait écrit que le capitalisme mine les sols et que sa réponse à ce problème était d’appliquer une autre source de problèmes. « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. […] La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : La terre et le travailleur. » (Marx, Capital, Volume 1, 1867).
Répondre à un problème par une autre solution technologique, plutôt que s’attaquer à la racine du problème, que ce soit en utilisant un fertilisant industriel face à l’épuisement du sol où géo-ingénieuriser le climat (probablement la réponse la plus effrayante qui existe) fait partie intégrante du capitalisme.
Le mauvais usage de la science et de la technologie et la vision des humains comme des conquérants de la nature sont encore des raisons pour lesquelles le capitalisme est incapable d’empêcher le changement climatique.
La réticence de Naomi Klein à nommer l’alternative au capitalisme affaiblit son livre et affaiblit la construction de cette alternative.
Le mouvement pour renverser le capitalisme devra être un mouvement de masse à travers le monde entier, avec une compréhension claire de l’ennemi et de ce par quoi le remplacer : une société socialiste qui donne de la valeur à la terre, à sa biodiversité et à son Humanité.
Quand la terre sera libérée du couloir de la mort qu’est le capitalisme, alors les aptitudes, le savoir et l’imagination de l’Humanité ; les outils et ressources accumulées durant des siècles de travail ; l’énergie illimitée du soleil et la fertilité et la diversité de la vie permettront un monde de développement complet de l’Humanité en harmonie avec une planète florissante.
(1) “This Changes Everything : Capitalism vs the Climate” est sorti mi-septembre aux Etats-Unis et dans plusieurs pays anglo-saxons. L’ouvrage devrait être disponible en France au printemps 2015, aux éditions Actes Sud.
-
Ce n’est pas à nous de payer pour la crise du capitalisme !
Tract du PSL pour le blocage du sommet européen organisé par l’Alliance D19-20
L’Alliance D19-20 est une alliance inédite entre producteurs de lait et syndicalistes en vue du blocage du prochain sommet européen. Aujourd’hui 18 décembre, un meeting se tiendra à Bruxelles au sujet de l’impact des politiques d’austérité et des modes de luttes contre celles-ci. Demain, des actions de blocage du sommet européen prendront place à Bruxelles. Voici ci-dessous le tract prévu par le PSL pour ces occasions.
Tract du PSL // Tract en version PDF
Ce n’est pas à nous de payer pour la crise du capitalisme !
Tout comme l’alliance D19-20, le Parti Socialiste de Lutte (PSL) est convaincu qu’il faut combattre l’austérité sous toutes ses formes. Comment et avec quelle orientation ? Discutons-en afin d’envisager les prochains pas à poser.
‘‘Pour ne pas payer l’argent perdu par les banques’’
Depuis 2008, la Belgique a consacré 35 milliards d’euros pour éponger les dettes du capitalisme-casino. Cet endettement des autorités publiques est maintenant utilisé pour justifier les mesures d’austérité ! Pendant ce temps, les produits financiers dérivés ont dépassé le niveau d’avant la crise des subprimes !
Le secteur financier doit être retiré des mains des capitalistes. Une seule banque publique dans un océan de géants financier privés ou la scission des activités bancaires de dépôts et d’affaires sont des mesures insuffisantes. Seule la nationalisation de tout le secteur financier sous contrôle et gestion démocratiques permettrait de libérer les moyens nécessaires pour satisfaire les besoins de la population.
‘‘Pour nos emplois et nos acquis sociaux’’
Statuts, salaires, pensions, allocations de chômage, fonction publique,… tandis que les licenciements pleuvent dans le privé, les autorités belges et européennes cassent nos acquis sociaux.
Pourquoi laisser les équipements et les travailleurs d’ArcelorMittal, Ford ou Caterpillar finir à la casse ? Revendiquons la nationalisation des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs ou des fermetures, sous le contrôle des travailleurs. Nous en avons besoin pour faire face aux innombrables défis sociaux, dans le cadre d’un plan d’investissements publics massifs dans l’infrastructure scolaire, les soins de santé, les transports en communs, les logements sociaux,… et pour créer des emplois de qualité et socialement utiles. Contre le chômage massif et les temps partiels aux salaires partiels, il faut réduire le temps de travail à 32h/semaine, sans perte de salaire ni augmentation des cadences et avec embauches compensatoires.
‘‘Pour notre souveraineté alimentaire’’
En dix ans, la Belgique a perdu plus de 55% de ses producteurs de lait. Le modèle d’agriculture que l’Union européenne nous propose, avec le Traité transatlantique notamment, est basé sur la disparition progressive des fermes pour ouvrir la voie à l’agro-business, à de gigantesques infrastructures qui sacrifieront sur l’autel du profit la qualité de notre alimentation comme celle de l’emploi. Refusons que le modèle Monsanto ne devienne notre avenir ! Une alimentation saine, c’est une alimentation protégée de la logique de profit !
‘‘Pour une démocratie réelle’’
La ‘‘démocratie’’ actuelle, c’est la dictature des marchés. Le TSCG, le Traité d’austérité, retire aux Parlements le droit de déterminer leurs orientations budgétaires et permettra aux institutions européennes d’automatiquement sanctionner les États-membres.
La démocratie réelle n’existera pas tant que les principaux leviers de l’économie (les secteurs-clés tels que la sidérurgie, la finance, l’énergie, la grande distribution,…) restent sous contrôle du privé, tant que ceux qui produisent les richesses ne décideront pas de la manière dont la production s’effectuera et à quelles fins.
‘‘Pour notre avenir et notre environnement’’
Les quelques petites avancées obtenues en termes de normes environnementales peuvent être vite balayées en tant que ‘‘freins à la libre concurrence’’. Face au péril écologique, nous avons besoin d’un audacieux plan de réorientation de l’économie vers les énergies renouvelables, une production respectueuse de l’environnement,… Un tel plan n’est possible que si la collectivité possède les principaux leviers de l’économie.
‘‘Battons-nous ensemble !’’
Il nous faut un syndicalisme de combat ! Nous devons résolument sortir de la logique des manifestations-ballades sans lendemain pour construire un rapport de forces à l’aide d’un véritable plan d’action offensif allant crescendo et avec grève(s) générale(s). Nous devons lutter pour chaque millimètre et ne rien céder.
Mais soyons francs, aucune des revendications mentionnées ci-dessus n’est réalisable sous ce système capitaliste. Il faut lier notre lutte à la nécessité d’une société alternative, réellement démocratique et socialiste.
Site de l’Alliance D19-20
Meeting
Informations pratiques
Blocages D19-20, rdv 7h
- Bld de L’Impératrice-Arenberg (à proximité de la Gare Centrale)
- Botanique – Rue Royal (à proximité de Botanique)
- Rue Bélliard – Av des Arts (à proximité de Trône ou Arts-loi)
- Avenue d’Auderghem – Rue Belliard (à proximité de Schuman)
-
Non au gaz de schiste et de houille !
La Ministre flamande de l’Environnement, de la Nature et de la Culture Joke Schauvliege (CD&V) a rapporté récemment que l’agence d’investissement du gouvernement flamand ‘‘Limburgse Reconversie Maatschappij’’ (LRM) – qui se veut le ‘‘catalyseur de la transition de l’«économie de production» du Limbourg vers une économie innovante et technologique’’ – a, avec la firme australienne Dart Energy, rassemblé une somme de 10 millions d’euros pour examiner si le sol se prête à des opérations de forage pour extraire du gaz non conventionnel. La fracturation hydraulique (fracking) si controversée arrive-t-elle en Belgique?
Par Jeroen (Gand), Photo ci-contre: manifestation contre le gaz de schiste, Valencienne, octobre 2013
What the frack?
Les gaz non conventionnels (comme le gaz de schiste ou le gaz de houille) se trouvent dans des couches géologiques peu perméables (couche de charbon, roche de schiste) et, pour être en mesure de les extraire, il faut une technique qui s’appelle la ‘‘fracturation hydraulique’’. Le principe repose sur de profonds forages verticaux et horizontaux, longs parfois de plusieurs kilomètres, puis un mélange d’eau et de produits chimiques est injecté de manière à ce que la pression augmente au point de produire des fractures dans la roche à travers lesquelles le gaz peut alors s’échapper. Cette technique a été développée dans les années ‘90 aux États-Unis. Le gouvernement comptait sur le fracking afin d’assurer son approvisionnement énergétique à moindres coûts. Aujourd’hui, la fracturation hydraulique est en plein essor partout à travers le monde en raison de la crise et des prix élevés du gaz et du pétrole. La technique est déjà utilisée dans plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Pologne et le Danemark. Dans d’autres pays, comme la France et la Belgique, cela est fortement envisagé.
Une catastrophe pour l’environnement
Les effets de cette technique sur l’environnement sont désastreux. L’eau utilisée est mélangée à d’énormes quantités de produits chimiques, dont plusieurs sont très nocifs pour l’être humain et seuls 10 à 40% du fluide utilisé (en fonction de la roche à fracturer) sont renvoyés à la surface. Traiter les nombreuses substances chimiques nocives, cancérigènes, corrosives et même radioactives utilisées demande du temps, des connaissances et de l’argent, toutes choses dans lesquelles les multinationales préfèrent ne pas dépenser. Ce qui reste dans le sol est censé y rester, mais personne ne peut dire où il se retrouvera à plus long terme. Quant au gaz ainsi libéré, il ne peut pas toujours être totalement récupéré et se retrouve parfois dans la nappe phréatique. Dans l’Etat américain de Pennsylvanie, des chercheurs sont arrivés à la conclusion que les nappes phréatiques des régions où des opérations de fracturation hydraulique ont été effectuées contienent jusqu’à 17 fois plus de méthane que la normale. Des documents font état de situations où l’eau peut s’enflammer à la sortie du robinet… Il existe aussi des risques de tremblement de terre (comme cela est arrivé dans la ville britannique de Blackpool), la gigantesque consommation d’eau (jusqu’à 13 millions de litres par forage), le risque d’accidents, l’impact sur le paysage, le gaz qui s’échappe dans l’atmosphère,…
Investir dans des alternatives
Le PSL refuse toute extraction de gaz non conventionnels et défend que des investissements publics massifs soient effectués dans les énergies renouvelables. Pour ce faire, nous devons saisir les énormes moyens des multinationales qui investissent des sommes folles dans ce type de pompes (l’entreprise chimique belge Solvay a récemment investit 1 milliard d’euros pour une seule pompe). Le PSL défend la nationalisation du secteur de l’énergie sous contrôle démocratique pour permettre de procéder de la sorte.
-
Train pour le Climat vers Varsovie : "Il est déjà minuit 10''
Le vendredi 15 novembre dernier, 700 activistes belges se sont rendus à Varsovie à bord d’un train spécialement affrété par ”Climat et Justice Sociale” pour participer à une manifestation en marge du sommet de l’ONU sur le climat, la COP 19 (19e conférence), qui se déroulait dans la capitale polonaise. Plusieurs manifestants arboraient sur leur visage une horloge indiquant minuit passé de dix minutes, pour symboliser que l’urgence s’impose au point qu’il est déjà un peu trop tard…
Par Nicolas Croes, photos par MédiActivista
La délégation africaine présente à Varsovie n’a d’ailleurs cessé de scander que les changements climatiques sont déjà à l’œuvre là-bas, que ce n’est pas de demain dont il est question, mais déjà d’aujourd’hui. Le tout récent désastre provoqué par le typhon Haiyan aux Philippines a quant à lui cruellement rappelé l’urgence d’agir et de sortir des beaux discours. Mais force est de constater que, depuis la première conférence de l’ONU sur le climat organisée en 1992 à Rio, rien n’a changé, ou peu, tellement peu. Ce Sommet de Varsovie visait à préparer l’accord sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre qui doit être signé à Paris en 2015 (la COP 21). Mais, de toutes parts, les arguments officiels ne manquent pas pour échapper à tout accord contraignant. Les Etats-Unis ont d’ores et déjà déclaré refuser d’appliquer après 2015 un autre objectif que celui que l’administration américaine se fixera elle-même, et les autres pays ne sont pas en reste, en se cachant souvent très hypocritement derrière le fait que les grandes puissances ne veulent parvenir à rien de concret.
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
A bord du train pour le climat
Organiser tout un train bourré à craquer de militants vers la Pologne en assurant le logment sur place et les repas durant le voyage (et même la bière au fût), c’était un fameux défi que Climat et Justice Sociale a brillamment relevé. Victime de son succès, le train a hélas dû laisser le wagon initialement consacré aux débats aux personnes supplémentaires, mais cela n’a pas empêché les discussions d’aller bon train durant le voyage.
Quant à la manifestation, le contingent venu de Belgique s’est fait remarquer, par son ampleur en comparaison de la manifestation, mais aussi par son dynamisme, particulièrement dans le cas des délégations de JNM (Jeugdbond voor Natuur en Milieu) et de Comac, l’organisation de jeunesse du PTB.
Quelques militants du PSL étaient également présents dans le train. Nous avons pu sur place retrouver nos camarades de la section polonaise du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), Alternatywa Socjalistyczna (Alternative Socialiste), et militer ensemble durant le cortège. Lors du meeting final, un de nos camarades a pu prendre la parole pour brièvement mettre en avant le lien entre la crise environnementale et la crise économique ainsi que l’importance de lier les mobilisations sociales entre elles vers une lutte de masse pour une société socialiste démocratique.
[/box]
Un sommet placé sous le signe du capital
‘‘La COP19 sera le cas le plus extrême de mainmise par le privé sur la COP que nous n’ayons jamais vu’’, a dénoncé à Varsovie un membre du Corporate Europe Observatory à une journaliste du quotidien français Libération. ‘‘Le gouvernement polonais a accordé le statut de partenaire à onze entreprises privées, y compris celles qui accumulent quelques-uns des antécédents les plus préjudiciables pour le climat, tels qu’ArcelorMittal, le plus grand bénéficiaire du marché carbone européen, ou le constructeur automobile BMW, qui bloque les tentatives de l’UE pour réduire les émissions des voitures depuis des décennies.’’
Mais si les autorités polonaises constituent un exemple assez extrême – le ministère de l’Economie polonais a été jusqu’à organiser un Sommet mondial sur le charbon et le climat en parallèle des négociations de l’ONU afin de soutenir le secteur minier – la logique de concurrence et de course au profit du système de production capitaliste pousse chaque gouvernement à se rendre dans ces négociations avec pour premier objectif la sauvegarde de la compétitivité de son économie nationale.
Rien ne bouge, ne changeons rien ?
Albert Einstein décrivait la folie en ces termes : ‘‘se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.’’ C’est un peu de cela qu’il s’agit lorsqu’on parle de contre-sommets. Pour de nombreux activistes et pour pas mal d’ONG et de groupes partis en train de Belgique pour Varsovie, l’idée de cette mobilisation était avant tout d’assurer que ‘‘les dirigeants fassent preuve de courage et de détermination.’’ Mais ces dirigeants n’ont rien fait jusqu’ici pour affronter le cœur-même du problème – le gigantesque gaspillage de ressources et d’énergies d’un mode de production international basé sur la maximalisation du profit au détriment de l’environnement et de la majorité de la population – pourquoi commenceraient-ils maintenant ?
Tous les jours nous pouvons constater que ces autorités gouvernementales ne sont que les laquais serviles de la dictature des banques et des multinationales : politiques d’austérité, normes environnementales revues à la baisse sous prétexte de crise économique, aides massives aux entreprises (c’est-à-dire aux patrons et actionnaires, pas aux travailleurs),…
Certains militants se réfugient derrière l’idée que, conjointement aux manifestations, les catastrophes et la réalité du changement climatique seront suffisants pour obtenir un ‘‘sursaut citoyen’’ de la part des élites au pouvoir. L’exemple de la banquise arctique est là pour nous démontrer une fois de plus à quel point le capitalisme sait s’adapter aux pires circonstances : la fonte des glaces y a ouvert un nouveau champ de bataille économique pour y extraire les ressources pétrolières maintenant accessibles.
System change, not climate change!
Le contingent belge à Varsovie représentait près de la moitié de la manifestation… Moins de 2.000 personnes étaient présentes, une claire illustration, notamment, de la perte légitime d’enthousiasme pour ces Sommets qui ne servent à rien et pour ces manifestations à l’efficacité également très limitée. De plus, mobiliser sur ce thème est particulièrement difficile en Pologne.
Le blackout médiatique y est total concernant les thématiques environnementales. 86% de l’électricité du pays est encore issue d’énergies fossiles et environ 3 millions d’emplois en dépendent d’une manière ou d’une autre (il existe par exemple encore plus de 90.000 mineurs). Parler de ‘‘transition écologique’’ est compliqué dans ce pays encore marqué par la ‘‘transition démocratique’’ qui a vu un capitalisme sauvage remplacer l’économie stalinienne. Même les syndicats sont extrêmement sceptiques quant à tout accord environnemental. Dans un tel contexte (et de manière plus générale aussi d’ailleurs), limiter les solutions environnementales aux discours basés sur une ‘‘consommation responsable’’ ou sur le photovoltaïque ne vaut pas grand-chose.
Riposter face à l’opposition factice entre emploi et environnement signifie de s’en prendre vigoureusement à la racine du problème. Il est absolument crucial de lier la faillite totale du capitalisme tant sur le plan économique que sur celui de l’humain ou de l’environnement, et donc de lier les mobilisations entre elles autour d’un programme de rupture anticapitaliste et socialiste et des moyens d’action dont dispose le mouvement des travailleurs : le blocage de l’économie par la grève générale et la lutte de masse.
Face au péril environnemental, nous avons besoin d’un plan de réorientation de l’économie audacieux capable de balayer les entraves réactionnaires du monde du Big Business par la collectivisation des secteurs-clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratiques, contrairement aux économies bureaucratiquement planifiées connues à l’Est jusqu’à l’effondrement de l’Union Soviétique.
Les récentes mobilisations de masse qui ont ébranlé le monde depuis la Révolution tunisienne de 2011 montrent la voie. Mais l’impasse apparente dans laquelle se sont retrouvés tous ces mouvements admirables illustre l’absolue nécessité de discuter en profondeur de l’alternative à défendre face au capitalisme ainsi que de la manière d’y parvenir. En rester au niveau de la simple dénonciation de la responsabilité du système ne permettra en rien de freiner ce dernier, ne parlons même pas de le renverser.
Pour en savoir plus:
- Rubrique de ce site consacrée à l’environnement
- Ecologie : la soif de profits menace notre avenir Autour du programme écosocialiste du Parti de Gauche
- DOSSIER : Environnement. Pénurie énergétique et changement climatique : Il faut une planification socialiste pour les énergies alternatives
- Fukushima : Quelle gestion des conséquences du désastre nucléaire?
- Changement climatique : la banquise arctique diminue jusqu’à un nouveau record
Quelques autres photos – socialisme.be
-
Réduction de la TVA sur l’électricité : au-delà des apparences
Lors du dernier conclave budgétaire, le ministre Johan Vande Lanotte a eu une idée : une baisse de la TVA sur l’électricité, passant de 21% à 6%. Un cadeau de Noël anticipé pour les nombreuses familles qui croulent sous les factures d’énergie trop élevées, mais aussi un cadeau empoisonné, avec un retour de manivelle pernicieux.
Par Tim (Bruxelles)
On ne peut pas féliciter le ministre Vande Lanotte de faire preuve de créativité : l’idée d’une réduction de la TVA sur l’électricité n’est pas née du cerveau de l’Empereur d’Ostende, mais provient du PTB, qui considérait cette mesure comme étant de nature à lutter contre les tarifs trop élevés de l’énergie. La logique est différente chez Vande Lanotte et le gouvernement : eux considèrent la mesure plutôt comme un moyen de postposer l’indexation automatique des salaires : cette réduction de la TVA permet de reculer de 4 mois le prochain saut d’index. ‘‘Les profanes voient les apparences, les connaisseurs voient les astuces’’, disait l’écrivain chinois Jian Zilong. Et effectivement, si la réduction de la TVA doit rapporter entre 50€ et 100€ par an en moyenne à un ménage, cette même réduction causera une perte d’environ 500€ à cause du saut d’index retardé… Après que le gouvernement ait déjà chipoté plusieurs fois à l’index, il espère avec cette réduction de la TVA postposer un saut d’index jusqu’après les élections.
En soi, au PSL, nous ne sommes pas opposés à une réduction de la TVA, encore moins sur l’énergie. La TVA est une taxe asociale, parce qu’elle touche plus durement les salaires les plus modestes en comparaison des salaires plus élevés. Le problème, c’est que le gouvernement ne prévoit pas de combler les baisses de recettes engendrées par cette réduction avec d’autres taxations plus correctes. Les 600 millions d’euros que le gouvernement perdra en TVA devront alors être trouvés ailleurs, avec de nouveaux assainissements dans les services sociaux et les services publics.
Un réel contrôle des prix n’est possible qu’avec un contrôle de la production, et ceci vaut certainement pour l’énergie. La multinationale GDF-Suez Electrabel abuse de sa position dominante sur le marché pour demander un prix bien trop élevé, et a recours au chantage dans des dossiers comme l’abandon du nucléaire ou l’énergie ‘‘verte’’. Qui pourrait du reste garantir que la baisse de la TVA ne sera pas ‘‘compensée’’ par de nouvelles augmentations de prix de la part des producteurs ou distributeurs d’énergie ?
C’est pourquoi le PSL défend depuis longtemps la nationalisation de tout le secteur de l’énergie, de la production à la distribution. Un tel secteur public pourrait organiser l’abandon du nucléaire sans conséquences négatives sur la production d’énergie, serait capable de réorienter les profits vers des investissements en énergies renouvelables, et réussirait également à réduire les prix jusqu’à un niveau abordable pour la majorité de la population.
-
Fukushima : Quelle gestion des conséquences du désastre nucléaire?
Suite au dernier incident à la centrale nucléaire de Fukushima, Shinzo Abe, le premier ministre japonais, a écourté sa visite au sommet mondial du G20 à Saint-Pétersbourg pour se dépêcher d’aller à Rio De Janeiro, où se réunissaient les délégués devant décider de l’emplacement des Jeux Olympiques de 2020. Comme prévu, ils ont voté pour la candidature de Tokyo après qu’on leur ait assuré que les problèmes seraient résolus d’ici là et qu’il n’y aurait aucun danger de radiation ou de nourriture contaminée. Il y a cependant bien peu de chance que ce soit le cas étant donné les résultats obtenus par la compagnie privée, Tepco, depuis la catastrophe de février 2011.
Pete Dickinson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
A la fin du mois d’août de cette année, Tepco a annoncé que 305 tonnes d’eau radioactive s’étaient échappées d’un réservoir de stockage sur le site endommagé. Cet évènement a alors été classé en niveau 3, ‘‘incident sérieux’’, par les autorités de contrôle nucléaire japonaises, le niveau 7 étant le plus élevé, comme à Tchernobyl en 1986 ainsi qu’au début de l’incident de Fukushima. Pourtant, en novembre 2011, neuf mois après la fusion des trois réacteurs causée par le tremblement de terre et le Tsunami, Tepco avait alors déclaré que la centrale était étanche et que toute radiation avait été contenue. Suite à cette dernière fuite radioactive, la Corée du Sud a interdit toute pêche aux alentours de Fukushima, accusant les autorités japonaises de ne pas donner les informations appropriées sur la centrale.
Tous les jours, 400 tonnes d’eau s’écoulent des montagnes dominants Fukushima et aboutissent aux réacteurs nucléaires endommagés. Cela a été fait délibérément afin de refroidir le cœur des réacteurs encore actifs. Ce procédé rendant l’eau radioactive, Tepco a alors décidé d’ôter l’isotope le plus toxique, le Caesium 137 et de stocker l’eau traitée, toujours radioactive, dans de grands réservoirs.
Pour le moment, il y a 1.060 réservoirs contenant chacun 1.000 tonnes d’eau. Le problème est alors apparu lorsque l’on a découvert près des réservoirs un écoulement avec un haut degré de radiation, probablement dû à une fuite d’un de ceux-ci. Tepco y a en effet trouvé des trous dus à la corrosion, probablement causés par le haut taux de sel resté après que des millions de tonnes d’eau de mer aient été utilisés pour refroidir la centrale juste après le désastre initial.
Les opérateurs ne savent toujours pas exactement ce qui s’est produit sur le site. Le combustible fondu est collecté un peu comme de la cire de bougie au fond des réacteurs mais il s’échappe maintenant de fissures de la tuyauterie et des machineries. Il est possible que cela ait aussi entièrement pénétré le récipient de confinement et ait également pénétré dans le sol, mais il n’y a aucune information à ce propos. Le plan à long terme est d’essayer de parvenir à retirer le matériau nucléaire des réacteurs endommagés pour éliminer la source même des radiations. De façon très ironique, cette opération très difficile est programmée pour l’été 2020, précisément au moment où les athlètes devraient arriver pour les Jeux Olympiques.
Les experts avertissent : il pourrait être impossible d’extraire les matériaux toxiques
Les experts mettent en garde qu’il est loin d’être certain qu’il soit possible d’enlever les matériaux toxiques. Le professeur Per Peterson, président du département d’ingénierie nucléaire à l’Université de Californie, à Berkeley, a expliqué que c’est probablement le récipient principal qui se corrode après avoir été exposé à l’eau salée et que la priorité devrait être de se débarrasser du sel pour stopper toute corrosion future. Si cela n’était pas fait ‘‘cela deviendrait un réel défi et il serait même impossible de retirer le combustible endommagé’’ a-t-il déclaré. Peterson a ajouté que, si le combustible ne peut être retiré, Tepco ‘‘devrait gérer ces centrales sur place pour des milliers d’années’’. Il n’existe actuellement aucun projet de la part de Tepco qui suive les conseils du Professeur Peterson. Il n’est guère étonnant de voir que les opérateurs nucléaires en Grande-Bretagne, comme EDF, essayent de s’assurer que le gouvernement prenne sur lui tous les risques potentiels avant de construire une nouvelle génération de centrales nucléaires.
De son côté, malgré l’évidence claire que rien n’est sous contrôle à Fukushima, le gouvernement japonais a l’intention de rouvrir les centrales nucléaires fermées après février 2011.
L’argument de dernier recours des défenseurs nucléaires est que, malgré la catastrophe de Fukushima, les radiations émises ne présentent aucun danger significatif. Les tentatives de sensibiliser l’opinion publique sur ce sérieux problème ont donné lieu à de grotesques conflits entre le gouvernement japonais et Tepco, mais les problèmes sont très sérieux. Au moment-même où se déroulait la course aux votes concernant l’emplacement des futurs Jeux Olympiques, Tepco a rendu public des données selon lesquelles les émissions radioactives seraient de 2.200 millisieverts par heure, un scénario très dangereux si une victime était exposée plus de quelques heures (La Commission internationale de protection radiologique conseille de ne pas recevoir une dose annuelle de plus d’1 millisievert, NDLR). Le président des autorités de sureté nucléaire japonaises a ensuite critiqué la compagnie disant qu’elle ne faisait qu’alarmer les gens, en prétendant qu’utiliser les unités de millisieverts par heure revenait à dire qu’elle ‘‘ décrivait le poids de quelque chose en utilisant des centimètres.’’
Si cette déclaration est avérée, un tel niveau d’ignorance scientifique de la part d’une institution gérant des centrales est scandaleux. Les 2.200 millisieverts par heure sont une donnée correcte. Utiliser cette manière pour décrire les émissions de radiation permet d’obtenir une évaluation directe des risques sanitaires, alors que l’unité de référence utilisée par l’autorité de réglementation nucléaire, le becquerel, qui mesure le taux de radioactivité dans les eaux, ne peut elle pas être directement liée à des risques.
La controverse concerne aussi le type de radiation communiqué. Tepco met en avant que la majorité des radiations sont de type beta, et que ces radiations sont bien différentes des dangereux rayons gamma. Cela ne signifie pas que les radiations beta sont pour autant sans danger. Il est vrai que cette radiation beta ne peut pénétrer dans le sol que de deux mètres et peut être stoppée avec de simples boucliers, mais les travailleurs présents sur le site et se trouvant à proximité des fuites seraient quand même en danger s’ils ne portaient pas d’équipement de protection en cas d’accident ou en ronde de surveillance.
Au cours du dernier incident, la concentration de rayon gamma dans l’eau, le plus dangereux pour le public, était peu élevé. Des doutes significatifs existent toutefois au sujet des risques face à de bas taux de radiation. Par exemple, les estimations des données pour le désastre de Tchernobyl varient énormément à cause du manque de preuves claires concernant les victimes et du degré exact de radiation auquel elles ont été exposées.
Aucune alternative à l’énergie nucléaire ?
L’environnementaliste et chroniqueur du Guardian George Monbiot utilise une basse estimation des données afin de justifier sa position selon laquelle il n’y aurait aucune alternative à l’énergie nucléaire étant donné qu’elle ne produit pas de gaz à effet de serre causant le réchauffement global de la planète, ce serait donc un moindre mal dans la bataille contre le changement climatique.
Et pourtant, il y a une alternative à l’énergie nucléaire et aux énergies fossiles : les énergies renouvelables – éolienne et solaire. Si les énergies renouvelables sont combinées à un large programme destiné à améliorer leur efficacité, tous nos besoins d’énergie pourraient-être rencontrés sans ‘‘que la lumière ne s’éteigne’’, en liaison avec une économie libérée du gaspillage énergétique et autres issu du chaos de la production capitaliste, ce qui nécessite une économie démocratiquement planifiée où les secteurs-clés de l’économie (notamment l’énergie) seraient nationalisés et démocratiquement gérés et contrôlés par les travailleurs et les usagers.
Le désastre à Fukushima a été empiré en conséquence directe du rôle néfaste joué par l’entreprise privée Tepco. Pour cette firme capitaliste, rien ne peut venir entraver la course au profit, tout comme c’est d’ailleurs également le cas pour le gouvernement, aux ordres de pareilles compagnies. La gestion des dégâts issus de désastres nucléaires devrait être gérée par les travailleurs des centrales nucléaires, les collectivités touchées et l’ensemble de la société, démocratiquement représentée par un gouvernement des travailleurs et des pauvres.
-
[PHOTOS] manifestation contre Monsanto
Dans le cadre d’un appel international à protester contre la multinationale Monsanto, plus de 1.000 personnes se sont réunies à Bruxelles ce samedi 12 octobre pour une manifestation du quartier européen au siège de la multinationale dans la capitale. Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs étaient présents, au sein d’un bloc dynamique dans lequel on pouvait notamment retrouver des membres de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne).
Photos de Loïc (Liège)
-
Manifestation contre Monsanto
Ce samedi 12 octobre se sont rassemblés plus d’un millier de personnes pour répondre à l’appel international à protester contre Monsanto, géant de l’industrie agroalimentaire. Connue pour ses pratiques douteuses aux niveaux commercial, scientifique et politique, Monsanto est le parfait modèle du système de production et de financement capitaliste, qui est une production dangereuse pour du profit immédiat, sans assumer les conséquences parfois dramatiques.
Par Antoine (Bruxelles), photo : www.wakeup-bruxelles.com
- Journée mondiale de mobilisation contre Monsanto – Wake up Bruxelles
- Ecologie : la soif de profits menace notre avenir
- Secteur agro-alimentaire : La faim comme arme du capital>
- Monsanto : Quand on fait de l’argent plutôt que nourrir les gens
- Manifestation contre Monsanto : C’est tout un modèle qu’il faut démonter !
Le passé de Monsanto est bien chargé. La multinationale a en effet été impliquée dans plusieurs scandales comme l’empoisonnement d’une ville entière par la production de PCB, isolants chimiques, la contamination de lait commercialisé en grandes surfaces par l’injection d’une hormone OGM dans les vaches laitières, ou encore la pollution de sols et d’eaux par l’utilisation massive sur de grandes agricultures de leur produit far, le Roundup.
Outre ces scandales bien connus qui tournent autour des productions d’OGM de Monsanto, le géant est également impliqué dans des scandales de corruption, comme le prouve le témoignage d’une scientifique canadienne qui affirme avoir reçu une offre de 2 millions de dollars par Monsanto pour qu’elle ne publie pas ses recherches aux résultats révoltants sur l’un de leur produits.
Mais Monsanto n’est qu’une petite représentation du système de production du capitalisme. Une production massive, avec le moins de contrôles possibles pour une commercialisation et du profit rapide, sans mesurer les conséquences qui peuvent être parfois irréparables. Remettre en cause Monsanto, c’est remettre en cause ce système de production qui est la base du capitalisme. La pollution ne cesse d’augmenter à cause du capitalisme, et les dirigeants de ce monde n’en n’ont que faire des revendications du peuple.
Essayer de résoudre le problème Monsanto, c’est s’attaquer directement au système capitaliste. C’est la seule solution possible pour tenter de sauver le peu qu’il nous reste. L’alternative que nous proposons au capitalisme est le socialisme. Le programme socialiste promet de changer les modes de production, pour les adapter aux réelles demandes de la population, de nationaliser les entreprises des secteurs-clés de l’économie et de les placer sous contrôle démocratique de ses travailleurs, de planifier l’économie et la production pour réduire l’impact environnemental en excluant la surproduction. Les avantages sont multiples : plus d’égalité pour la population parallèlement à une empreinte écologique réduite. Pour atteindre cet objectif, une seule solution : la lutte. Nous devons soutenir toutes les luttes, les grèves, les manifestations, etc.
Pour défaire Monsanto, ses doubles, ses sbires, le système capitaliste en général, organisons nous dans la lutte !