Tag: Elio Di Rupo

  • Le PSL/LSP participe aux élections !

    Le Parti Socialiste de Lutte participe aux élections du 13 juin, tant sur les listes du Sénat que sur celles de la Chambre, en Wallonie et à Bruxelles sur les listes unitaires Front des Gauches et en Flandre sur des listes en notre nom propre Linkse Socialistische Partij. A cause des élections anticipées, il nous a été impossible de trouver les 15.000 signatures de parrainages nécessaires (qu’il aurait fallu récolter en deux semaines seulement). Pour la première fois de notre histoire, nous avons donc dû être dépendant des signatures de parlementaires.

    Cela n’a évidement pas été évident et, dans un premier temps, tous les partis traditionnels nous ont fermé la porte au nez, au nord comme au sud du pays. Mais compte tenu de la situation exceptionnelle, nous avons pu convaincre la plupart des partis. Ces élections se placent dans un contexte particulier, de plus en plus d’électeurs en ont tout simplement marre des politiciens traditionnels. Et si les électeurs des petits partis continuent à être mis à l’écart, cette tendance ne va que se renforcer.

    En Wallonie et à Bruxelles, les partenaires du Front des Gauches (Parti Communiste, Parti Socialiste de Lutte, Ligue Communiste Révolutionnaire, Parti Humaniste, Comité pour une Autre Politique et Vélorution) ont dû patienter jusqu’à ce mercredi soir pour que la situation soit débloquée alors que les listes de candidats devaient être déposées… le jeudi ! Le PSL avait d’ailleurs prévu une action devant un débat du PS à Charleroi en présence d’Elio Di Rupo et de Paul Magnette pour protester contre le refus du PS de soutenir la candidature de petites listes (lire notre déclaration de presse). Finalement, quelques temps à peine avant notre action (et après que le MR nous ait accordé des signatures de sénateurs), le PS a tourné casaque. Nous avons donc maintenu notre action, pour «remercier» à notre manière le PS d’avoir daigné accorder sa signature d’élu, hélas si tardivement et après de nombreuses pressions (voir le rapport de cette action).

    En Flandre, le CD&V est resté de glace face à notre argumentation, mais le SP.a et le VLD nous ont fourni chacun un sénateur. Le SP.a avait promis un seul député, tout comme Groen! (et uniquement valable pour la liste de Flandre-Occidentale). A cause du refus du CD&V, nous avons donc été bien obligés de nous tourner vers la N-VA et la Lijst Dedecker (LDD) afin de trouver les signatures manquantes. C’est en procédant de la sorte que le CD&V espère “combattre le morcèlement politique”! C’est plutôt combattre contre la démocratie!

    Le PSL mènera campagne, en Flandre comme en Wallonie et à Bruxelles, sous le slogan ‘‘Partager les richesses, pas diviser les travailleurs, par l’unité des travailleurs et le socialisme contre le chaos capitaliste’’. Comme vous pouvez le constater ci-contre, l’affiche que nous utiliserons dans toute la Belgique, au côté du matériel commun Front des Gauches, est bilingue.

    Le marché soit disant ‘‘libre’’ capitaliste menace tant notre économie que notre environnement. Alors que nous avons à notre disposition des capacités techniques et des connaissances telles que l’humanité n’en a jamais eues, la soif de profit des capitalistes gâche ce potentiel de la pire des façons. Le monde regorge de richesses, mais nous manquons de moyens partout.

    Le PSL, de même que son organisation internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), plaide pour une société où les moyens de production seraient utilisés en fonction des intérêts de la population, pour garantir le plus largement le respect des droits démocratiques de chacun et pour un programme social d’investissements massifs dans l’enseignement, l’infrastructure et les services publics.

    Nous nous opposons de la façon la plus résolue à la politique de diviser pour mieux régner appliquée par les partis traditionnels qui, en tentant de monter différentes couches de la population les unes contre les autres, veulent faciliter l’application d’une politique d’assainissement sauvage. Nous n’acceptons pas que ce soit aux travailleurs de payer pour la crise du capitalisme! Seuls les spéculateurs et les requins capitalistes sont responsables et coupables, c’est à eux qu’il faut s’en prendre!

    Pour la Chambre

    • Bruxelles-Hal-Vilvorde: A Bruxelles-Hal-Vilvoorde, notre camarade Anja Deschoemacker, néerlandophone et bilingue, est première candidate effective pour la liste bilingue du Front des Gauches. Anja a écrit de nombreux articles concernant la question nationale, disponibles sur ce site ou encore sur notre site théorique www.marxisme.be. Nous tenons particulièrement à mettre en avant le texte ‘‘La question nationale en Belgique – Une réponse des travailleurs est nécessaire’’. Anja est la porte-parole du PSL pour ces élections.
    • Liège: la liste Front des Gauches est emmenée par Pierre Eyben (du PC). Notre camarade Simon Hupkens est troisième candidat effectif.
    • Hainaut: la liste Front des Gauches est emmenée par Céline Caudron (LCR). Notre camarade Elisa De Noël est troisième candidate effective.
    • Namur : la liste Front des Gauches est emmenée par Annick Letecheur (PH). Notre camarade Alain Mandiki est deuxième candidat effectif.
    • Brabant Wallon : la liste Front des Gauches est emmenée par Laurent Batlhazar (CAP). Notre camarade Baptiste Libois est troisième candidat effectif.
    • Luxembourg : la liste Front des Gauches est emmenée par Nicole Cahen (PC).
    • Flandre-Occidentale : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Jonas Van Vossole.
    • Flandre-Orientale : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Jo Coulier.
    • Anvers : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Micha Teller.
    • Brabant Flamant : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Jon Sneyers.

    Pour le Sénat

    • Pour le collège électoral francophone, Robert Tangre (PC) tirera la liste du Front des Gauches. Notre camarade Nicolas Croes occupe la troisième place effective.
    • Pour le collège électoral néerlandophone, Bart Vandersteene tirera la liste Linkse Socialistische Partij.

    CONTACTS

    Anja Deschoemacker : 0473/92.28.33

    Nicolas Croes : 0485/05.86.39

    info@socialisme.be

  • Les listes “Front des Gauches” peuvent se présenter: le PSL est allé “remercier” le PS

    Il en a fallu de l’énergie pour pouvoir déposer les listes Front des Gauches! Devant le refus du PS d’accepter que ses parlementaires puissent soutenir la présentation de petites listes, le PSL avait décidé d’aller directement trouver Elio Di Rupo et Paul Magnette hier, à Charleroi, lors de leur débat "Vous ne voulez pas voter? Parlons-en." Très peu de temps avant cette action, le PS avait accordé une signature, et son secrétaire général avait "subitement" retrouvé le numéro de notre centre pour nous demander d’annuler notre action…

    Le thème de ce débat illustre que le PS a bien compris que dans ce contexte de crises politique et économique, et face à la politique néolibérale des partis traditionnels ainsi que leur surenchère communautaire, il y aurait un grand nombre d’abstentions. La colère contre la crise et l’establishment est grande parmi la population, et les partis traditionnels, dont le PS, ont tenté de tout faire pour empêcher les petites listes de se présenter. Finalement, après bien des efforts déployés par les partenaires du Front des Gauches, dont cette action de protestation, nous avons pu récolter les signatures d’élus nécessaires pour présenter nos listes… moins de 24h avant leur dépôt!

    Il nous reste maintenant d’autres obtacles, notamment dans la presse traditionnelle. Ainsi, les partis représentés au CA de la RTBF (PS, MR, CDH, Ecolo) viennent de décider qu’il n’y aurait aucun débat avec les petites formations! Voilà qui illustre la manière dont ces partis établis considèrent la démocratie.

    A Charleroi, nous étions une vingtaine de militants. Nous avons bien entendu tenu à remercier Elio Di Rupo et son parti pour leur signature. Nous déplorons toutefois que le PS ait retrouvé quelques accents démocratiques après le MR. D’autre part, nous espérons que si pareille circonstance exceptionnelle se représentait à l’avenir, nous n’aurons pas à faire autant d’efforts pour faire respecter les droits démocratiques des petits partis.

  • Dérapage nationaliste au PS. La préférence nationale contre l’immigration choisie !

    Suite au récent accord sur l’immigration qui a eu lieu lors des négociations relatives à la formation du gouvernement, quelques réactions méritent d’être considérées. Tout d’abord, cet accord émanant de la dite orange bleue est un projet de droite, nous n’en n’attendions donc rien.

    Alain. (Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des articles, rapports d’actions, réflexions,…: redaction@lsp-mas.be)

    À épingler quand même, le recourt à l’immigration choisie (Sarkozy « l’homme au kärcher » est passé par là). Outre cela, quelques réactions sont autrement plus choquantes : les dirigeants du parti (dit) socialiste ont présenté leurs griefs contre ce plan. Mr Elio Di Rupo s’est dit inquiet par une telle ouverture des frontières (télétexte de la RTBF à la date du 09/10/2007) – j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour être sûr de ce que je lisais. Les présidents des régions Wallonne et Bruxelloise, eux, prônent la préférence nationale : Le Pen n’aurait peut-être pas dit mieux !

    Il y a plusieurs façon d’envisager la question posée par les migrations. La manière socialiste de voir les choses se doit d’unir à travers les frontières linguistiques ou nationale, l’ensemble de la classe des travailleurs qui tous sont obligés de vendre leur force de travail aux capitalistes afin d’assurer leur survie et celle de leur famille. La question posée par l’immigration dans un pays quelqu’il soit est celle-ci : par leur présence physique, les sans-papiers, les immigrés nous posent la question de l’inégale répartition des richesses mondiales et plus précisément, la concentration de celle- ci de manière géographique et oligarchique. Les différentes réactions décrites ci-dessus, sèment la division des travailleurs sur des bases nauséabondes telles que la communauté linguistique et la nationalité.

    Il est important pour nous, marxiste révolutionnaire, de redire nos priorité pour ces questions : fermeture des centre fermés, légalisation de touts les sans papiers, arrêt des expulsions. Mesures qui vont dans le sens de l’intérêt des prolétaires. C’est la bourgeoisie et ses laquais (les Di Rupo, les Demotte et les Picquet) qu’il faut mettre dehors pas les immigrés.

  • Les partis traditionnels : faire du neuf avec du vieux

    Les partis traditionnels mènent campagne pour les élections du 10 juin. Ils nous font miroiter une vie meilleure avec toutes sortes de promesses. Les agences de marketing ont identifié les groupes-cibles, les slogans qui leur conviennent et l’image à laquelle ils renvoient. On se rendra mieux compte de la nécessité d’une autre politique en se penchant plus attentivement sur ce que les partis traditionnels nous préparent.

    Thierry Pierret

    PS : à gauche toute ?

    Elio di Rupo n’était pas peu fier de présenter la liste PS pour le Sénat. Y figurent notamment l’ex-président de la CGSP Cheminot José Damilot et l’ex-président du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) François Martou.

    Le ralliement de Damilot et de Martou doit permettre au PS de se refaire une virginité de gauche après 19 années de politique néolibérale qui ont vu le taux de pauvreté grimper jusqu’à 15% de la population. Dans le même laps de temps, des milliers d’emplois ont été perdus dans les services publics comme La Poste, Belgacom ou la SNCB.

    Lorsque di Rupo était ministre des entreprises publiques, il disait pourtant pis que pendre de José Damilot. Lors des grèves à la SNCB, il prenait le parti de la direction de la SNCB et traitait Damilot d’irresponsable. C’est aussi l’époque où di Rupo donnait le coup d’envoi de la privatisation de l’ancienne RTT (devenue Belgacom). Maintenant que Damilot est à la retraite, di Rupo s’en sert pour profiler le PS comme le défenseur des services publics…

    Pour ces élections-ci, le programme du PS fait de l’amélioration du pouvoir d’achat la priorité n°1. Le problème, c’est qu’ils sont au pouvoir depuis 19 ans. Pourquoi feraient-ils demain ce qu’ils ne font pas aujourd’hui et qu’ils ne faisaient pas hier ? Il n’y a a pas si longtemps, le PS faisait campagne sous le slogan « le progrès partagé ». Mais nous avons eu la régression sociale en partage !

    Ecolo : fini l’alternative, vive l’alternance!

    Ecolo semble quelque peu remis de sa raclée électorale de 2003. Ils se préparent même à l’éventualité d’un retour au gouvernement. Si Ecolo dans l’opposition a voté contre le Pacte des Générations, il veut imposer au prochain gouvernement la mise en oeuvre d’un « Plan national pour le climat ».

    Ils promettaient le même genre de chose avant leur première participation gouvernementale. Ils ont imposé des taxes qui nous empoisonnent l’existence sans que les gaz à effet de serre ne cessent d’empoisonner l’atmosphère. La politique néolibérale n’a pas été infléchie d’un iota.

    Ecolo a fait son deuil des « convergences de gauche » avec le PS. Ils sont prêts à retourner au gouvernement avec n’importe quel partenaire pourvu qu’on leur laisse suffisamment de postes ministériels. Le président du MR, Didier Reynders, ne s’y est pas trompé : il souhaite la victoire d’Ecolo qui incarne à ses yeux une « gauche responsable ». Qu’importe si ce positionnement de plus en plus droitier jette le trouble parmi les membres et même parmi les élus. Il est décidément bien loin le temps où un Jacky Morael plaidait pour l’alternative plutôt que pour l’alternance…

    CDH : la régression sociale à visage humain ?

    Le CDH a achevé sa mutation de parti principal de la bourgeoisie (le PSC à l’époque) en parti-aiguillon de la politique néolibérale. Sa présidente, Joëlle Milquet, se targue d’avoir fait du parti un pôle d’attraction pour toute une couche de jeunes. Lors des dernières élections, le CDH a en effet attiré des électeurs qui n’auraient jamais voté pour l’ancien PSC. C’est surtout Ecolo qui en a fait les frais.

    Pourtant, le CDH a autant de mal que les autres partis traditionnels à renouveler ses cadres. En témoigne le débauchage de personnalités de la « société civile » comme le constitutionnaliste Jean-Marc Delpérée, la présentatrice de la RTBF Anne Delvaux ou le patron du Festival de Dour Carlo di Antonio.

    Le CDH se targue de vouloir remettre l’humain au centre de la politique. Mais le genre humain semble avoir des limites assez étroites pour le CDH. Les chauffeurs de bus des TEC n’en font manifestement pas partie, eux qui sont systématiquement pris pour cible par leur ministre de tutelle, le CDH André Antoine, à chaque fois qu’ils font grève pour défendre leurs conditions de travail ou leurs collègues licenciés. Les étudiants étrangers non plus, que le Décret « non-résidents » de la Ministre CDH de l’enseignement supérieur Marie-Dominique Simonet a chassés en grand nombre des Hautes Ecoles francophones. Les travailleurs âgés pas davantage puisque le CDH n’a pas voté contre le Pacte des Générations qui allonge la durée de la carrière.

    MR : le libéralisme social a fait long feu

    Le MR se targue de concilier le libéralisme et le progrès social. Il aurait rompu avec le néolibéralisme pur et dur des années quatre-vingt. Dans une interview à La Libre Belgique, le député wallon Richard Miller oppose les vertus du libéralisme social au socialisme. Ce qui ne l’empêche pas de défendre l’action de Margareth Thatcher et de Jean Gol… Après quoi, il ajoute « Mais je mets quiconque au défi de me prouver qu’une mesure proposée par un ministre libéral dans les gouvernements Verhofstadt a été antisociale ». Ah bon, les baisses d’impôts pour les plus riches et les entreprises, l’amnistie fiscale pour les fraudeurs, l’allongement de la durée du travail, la suspension de milliers de chômeurs, tout ça n’est pas antisocial pour Richard Miller !

    Richard Miller objecterait sans doute que le Pacte des Générations et la chasse aux chômeurs sont des initiatives d’un ministre du SP.a. Mais il se fait justement que le MR voit dans le SP.a un modèle à suivre. Une délégation d’élus MR s’est rendue récemment à Ostende pour voir comment les autorités locales (SP.a) luttaient contre le chômage. Là-bas, les chômeurs sont convoqués systématiquement tous les quinze jours par le VDAB (l’équivalent de l’ORBEm et du FOREm en Flandre). Ils ne peuvent refuser deux fois de suite une offre d’emploi sous peine d’exclusion. Mais il s’agit le plus souvent d’emplois à temps partiel, d’intérims ou d’autres formes d’emploi précaire. On y gagne parfois à peine plus qu’au chômage. Cette politique ne crée pas d’emplois, elle ne fait qu’augmenter la concurrence entre salariés pour les mêmes emplois.

    La délégation MR est revenue enchantée d’Ostende. L’un de ses membres a même dit des élus SP.a qu’ils pourraient être membres du MR ! Mais pour Miller, « Il n’est pas exact que tous les partis sont pareils, que les programmes se ressemblent, que tout est chou vert et vert chou ». Dans ces conditions, la proposition du MR que le versement des allocations de chômage reste illimité dans le temps n’est que de la poudre aux yeux.

    Il est grand temps pour une autre politique

    Face aux campagnes des agences de marketing et à la poudre aux yeux des partis traditionnels, il nous faut une autre politique. Une politique qui s’oppose aux atteintes à nos acquis sociaux, qui ne tombe pas dans le piège des bisbrouilles communautaires, qui ne cède pas au tout répressif, qui ne se laisse pas acheter par des postes et qui ne se contente pas de défendre en paroles les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    Lors des grands mouvements sociaux des 10 dernières années, nous n’avons pu compter sur aucune formation politique pour relayer nos revendications au Parlement ou pour utiliser ses positions parlementaires à l’appui de nos mouvements de luttes. Le 28 octobre 2005 a vu 100.000 travailleurs manifester contre les atteintes à nos (pré)pensions. Seuls les 4 députés d’Ecolo ont voté contre le Pacte des Générations.

    Si nous voulons nous faire entendre politiquement, il faut rompre avec la politique antisociale des partis traditionnels. Nous devrons le faire nous-mêmes et le Comité pour une Autre Politique peut y donner la première impulsion en participant aux élections. Une voix pour le CAP n’est pas une voix perdue, c’est au contraire un signal important. Et, comme le socialiste américain Eugène Debs le disait déjà il y a près de 100 ans, mieux vaut voter pour ce que vous voulez sans l’obtenir que voter pour ce que vous ne voulez pas mais que vous aurez.

  • Et le marché du travail, vous le voulez en français ou en néerlandais?

    Et voilà, encore un édito sur le communautaire. Mais bon, l’agenda politique ne se fait pas selon notre volonté. Pour ce sujet, comme pour tant d’autres, nous dépendons de ce que proclament à grands cris les partis traditionnels.

    Stéphane Delcros

    Le grand sujet du jour, c’est l’emploi; ça, personne ne peut le nier. Les partis traditionnels flamands ne jurent que par la régionalisation du marché du travail. Selon Yves Leterme (CD&V), ceux qui s’y opposent sont un danger pour le pays. Leterme «veut aider les chômeurs wallons». Comment? En adaptant le budget des allocations de chômage en fonction du taux d’emploi dans la région. Autrement dit, il suffit de botter le derrière des chômeurs, de les enfoncer dans la misère et vous verrez comme ils trouveront vite du boulot ! Au nom du gouffre existant entre les réalités d’emploi au Nord et au Sud du pays, Johan Vande Lanotte (SP.A) veut lui aussi régionaliser cette matière. Mais en quoi cette régionalisation permettrait une meilleure politique d’emploi, ça, personne ne le dit.

    Elio Di Rupo, ainsi que la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), y sont par contre opposés. D’ailleurs, du côté wallon, on se targue de prendre le taureau par les cornes : en 2006, 7.000 chômeurs wallons ont été suspendus, c’est-à-dire plus qu’en Flandre et à Bruxelles confondus! Qu’on ne vienne pas dire que les partis francophones ne serrent pas la vis!

    Finalement, si les formes diffèrent un peu (voire très peu), tous sont d’accord sur le fond : c’est aux travailleurs de souffrir, qu’ils aient ou non un emploi.

    A titre d’exemple, Joëlle Milquet (CDH), opposée à une nouvelle révision de la constitution, est favorable à une nouvelle diminution de l’imposition des entreprises (fixé actuellement à 33% seulement) ainsi qu’à l’amplification du «plan d’accompagnement» des chômeurs. Avec elle, l’humanisme se colore visiblement d’attaques sociales.

    Les différences entre la Wallonie et la Flandre (et Bruxelles) existent certainement, mais si on regarde à l’intérieur des régions, on rencontre également de grosses inégalités. Pour une offre d’emploi, à Liège, il y a 43 demandes, tandis qu’à La Louvière, il y en a 130. A la lumière de ces données, difficile de croire que c’est en bottant le cul des chômeurs qu’ils trouveront un emploi qui n’existe pas.

    Les syndicats sont également opposés à la régionalisation du marché du travail, mais les directions ne mettent en avant aucune véritable solution pour l’emploi.

    A la régionalisation du marché du travail, nous opposons la réduction du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires ! L’argent ? Il faut aller le chercher là où il est. En 2006, les sociétés du BEL 20 ont réalisé d’énormes bénéfices : plus de 27 milliards d’euros, doublant presque leurs résultats en deux ans.

    Les dividendes sont également en hausse : plus de 8 milliards d’euros. Quasi toutes ces entreprises ont augmenté la rémunération de leurs actionnaires de plus de 10% par rapport à 2005.

    Qui a dit qu’il n’y avait pas d’argent?

  • Di Rupo en campagne. Le grand défenseur des services publics a des trous de mémoire

    Herman De Croo, président de la Chambre des représentants a déclaré récemment que « les chemins de fer reçoivent en Belgique bien trop d’argent public ». Pour lui, la SNCB et La Poste « doivent être privatisées pour survivre » (notons que le capital de La Poste est déjà détenu à 49,9pc par le privé).

    Stéphane Ramquet

    La réaction d’Elio Di Rupo ne s’est pas fait attendre : « Il faut faire tomber les masques. Le VLD, par la voix du président de la Chambre, qui compte parmi les personnes les plus importantes des libéraux flamands, a dit que son modèle était plutôt celui des chemins de fer britanniques. De grâce, que le VLD ne remporte pas les élections».

    Di Rupo critique donc la privatisation et souhaite une défaite des libéraux aux élections. Quoi de plus normal pour un homme de gauche? Mais son indignation est-elle sincère ?

    Mauvaises recettes britanniques

    Actuellement, le billet de train que le citoyen paie ne couvre en réalité qu’une partie du coût réel du service rendu (entretien des machines, salaires, achats, etc.), le reste étant couvert par des transferts de l’Etat fédéral. Et c’est justement ça le service public: permettre à chacun et à chacune de bénéficier d’un service collectif quelque soit sa situation; le service étant partagé et les frais aussi.

    C’est ça que Herman De Croo remet en cause: le service public et donc l’égalité des citoyens face au service de transport. Une privatisation signifierait un calcul de rendement en terme de bénéfices et non plus de qualité du service , ce qui voudrait dire pour les voyageurs, payer le coût réel du service en plus d’un supplément pour faire plaisir à l’actionnaire… et pour beaucoup de cheminots, prendre la porte car privatisation rime toujours avec restructurations et volées de licenciements.

    Ainsi, la privatisation des chemins de fer britanniques (qui a été menée autant par les travaillistes que les conservateurs) a eu des effets catastrophiques. De nombreuses lignes ont été supprimées car jugées non rentables. Le manque de sécurité (des trains fiables sont chers, donc non rentables pour le privé) a causé en 2000 le tristement célèbre accident de Hatfield qui a causé la mort de 4 personnes et en a blessé une septantaine. Pannes et incidents divers sont le lot quotidien des trains britanniques.

    De la friture sur la ligne

    Mais l’indignation anti-privatisation de Di Rupo laisse rêveur. C’est lui, en tant que Ministre des Communications, qui a ratifié en 1999 la libéralisation du marché postal et l’ouverture à la concurrence privée qui ont déjà coûté la perte de 7.000 emplois à La Poste et la fermeture de centaines de bureaux locaux. Et c’est un secrétaire d’Etat socialiste flamand, Bruno Tuybens, qui actuellement laisse La Poste organiser la fermeture de la moitié des 1.300 bureaux restants et la liquidation de 8.000 autres emplois.

    Di Rupo connaît aussi très bien le cas de Belgacom puisqu’il s’est chargé lui-même d’organiser sa libéralisation en 1995. Depuis lors, si Belgacom reste une entreprise formellement publique, 49,9% de son capital est dans les mains d’actionnaires privés et l’entreprise est placée en concurrence avec d’autres opérateurs, doit respecter les même règles (pas de subsides de la part de l’Etat, etc.) et fonctionne donc comme une entreprise privée.

    Depuis 1995, Belgacom a « dégraissé » 10.000 travailleurs par vagues successives et institué une telle pression professionnelle et psychologique sur ceux qui restent qu’une trentaine d’employés se sont suicidés. Le patron de Belgacom, Didier Bellens, vient encore d’annoncer que 1.500 emplois sur les 18.000 restants disparaîtraient d’ici 2011. L’entreprise se porterait-elle mal ? Sûrement pas ! Entre 1995 et 2005, la privatisation a rapporté 4,25 milliards d’euros aux seuls actionnaires privés. Et, en 2006, Belgacom a réalisé un chiffre d’affaires de 6,10 milliards d’euros !

    Si Elio Di Rupo et le PS critiquent les « méchants libéraux » adeptes du marché durant la campagne électorale, dès qu’ils arrivent au pouvoir, les promesses sont oubliées et le marché redevient alors leur seule Bible!

  • Ouvrir le parlement au monde du travail ? Et pourquoi pas aussi à ses revendications ?

    Les partis traditionnels ne savent plus quoi faire pour combler le fossé entre le monde politique et la population. La dernière intitiative en date vient du SP.a. Lors de son dernier congrès idéologique, le président Vande Lanotte a proposé de ramener au Parlement des représentants du monde du travail.

    Bart Van der Biest, délégué SETCa dans le secteur non marchand

    Le dernier député à avoir connu l’usine était Gaston Onkelinx, père de Laurette. La ministre de la Justice ne rate pas une occasion de rappeler cette hérédité pour souligner ses racines ouvrières. Cela n’empêche pas qu’elle doive son ascension politique à son intransigeance face à la grande grève des enseignants de 1996 contre les milliers de licenciements décidés par celle qui était alors Ministre de l’Enseignement …

    Le président du PS, Elio di Rupo, est le fils d’un mineur italien. Il est pourtant l’initiateur de la privatisation de Belgacom et de La Poste à l’époque où il était ministre des entreprises publiques. Il est aujourd’hui le maître d’oeuvre du très néolibéral Plan Marshall pour la Wallonie.

    Après 18 années de PS et SP.a au gouvernement, le taux de pauvreté a atteint 15% de la population tandis que les grandes entreprises font des bénéfices record.

    Bon nombre de travailleurs n’ont jamais vu autre chose en eux que les partis de l’austérité. Beaucoup de militants FGTB en ont marre que la direction de la FGTB et le PS leur bassinent les oreilles sur le thème du « moindre mal ». Avec le PS au pouvoir, le mal n’est pas si moindre qu’avec un gouvernement « encore plus à droite ». Dans les dossiers essentiels, la base de la FGTB et le PS n’étaient pas du même côté de la barricade : la Constitution européenne (un mode d’emploi de la politique néolibérale), l’AIP 2005-2006, le Pacte de Solidarité entre les générations, Volkswagen, …

    Ce n’est pas un hasard si tant de militants syndicaux sont aujourd’hui en quête de quelque chose de neuf et de différent. Le lancement du Comité pour une Autre Politique a donné une expression politique à cette quête. La seule existence du CAP est déjà un motif d’inquiétude pour la social-démocratie et les Verts. Les partis soi-disant de gauche essaient de nous convaincre avec de vagues promesses. Les travailleurs n’ont pas besoin de promesses en l’air, mais bien d’une formation politique qui défende leurs intérêts d’une façon conséquente.

    Le MAS/LSP veut construire avec d’autres dans le CAP un rapport de force en soutenant activement des actions et des luttes dans les entreprises, les quartiers, les écoles,… C’est cela qui fera du CAP un pôle d’attraction : son potentiel d’évoluer en parti des travailleurs avec une implication active de couches plus larges. Ce sera sans doute une oeuvre de longue haleine, mais qui reposera sur des bases plus solides que les promesses en l’air des partis traditionnels.

  • Changeons de cap … avec le C.A.P. !

    Promesses creuses, surenchère communautaire …

    Depuis l’été, il est impossible d’échapper à la campagne électorale. Surenchère communautaire, effets d’annonce publicitaires etc tous les moyens sont bons pour faire parler de son parti … et surtout de soi.

    Anja Deschoemacker

    La question communautaire est le sujet le plus commode pour le positionnement des partis traditionnels. Suite à différentes provocations d’hommes politiques flamands, dont l’interview remarquée d’Yves Leterme au journal français Libération dans laquelle celui ci ironisait sur les capacités des francophones à apprendre le néerlandais, le PS s’était profilé comme l’avant-garde de la défense des francophones.

    Tous les autres partis ont embrayé sur ce thème. Le « front » francophone s’est ensuite un peu déforcé. Le MR, en concurrence électorale directe avec le PS, s’est rapproché du VLD et a accueilli avec enthousiasme le Manifeste Citoyen de Verhofstadt (où il est notamment question d’augmenter la flexibilité des travailleurs et de nouvelles attaques sur les pensions). Pendant ce temps, le PS s’est profilé comme le plus fidèle défenseur de l’unité du pays, de la monarchie et des institutions (comme lors des débats qui ont suivi l’émission de la RTBF sur la scission du pays ou à l’occasion du procès concernant la villa du prince Laurent).

    Tous ces débats communautaires viennent bien à propos pour éviter de devoir donner des réponses claires aux véritables problèmes que sont le logement, les conditions de travail, les salaires,… qui touchent tous les travailleurs qu’ils soient flamands, bruxellois ou wallons.

    La grande nouveauté de cette campagne est pourtant la découverte de l’écologie. Avant fer de lance du seul ECOLO (dans une optique où il faut faire payer les consommateurs et non pas les entreprises qui sont pourtant seules à décider de ce qui arrive dans nos rayons et de la manière de les produire), l’environnement est maintenant bien présent dans les discours de la plupart des politiciens. Elio Di Rupo a rencontré Nicolas Hulot et annoncé que répondre au défi climatique devrait être une priorité. Le CDH l’a suivi. Sur le site du MR par contre, le silence reste d’or. Tapez-y « écologie » et vous ne verrez apparaître aucun sujet !

    Cela sera peut-être au programme de la MR-TV ? Car, non contents d’être omniprésents dans les médias au point d’étouffer toute autre voix, les partis traditionnels ont décidé de mettre le paquet sur la toile. Le MR et le CDH ont annoncé (à grand bruit) la création de leurs télévisions respectives sur le net. Pour le PS cependant, internet « ne peut pas remplacer le contact avec les gens ». On imagine ce que le PS entend par là, lui qui confond si souvent « contact avec les gens » et « cadeaux aux amis ». Pour le reste, après près de 20 ans au pouvoir, le PS a montré que son principal contact avec la rue, main dans la main avec les autres partis établis, était plutôt d’y faire descendre les travailleurs mécontents.

    S’ils veulent en finir avec la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, travailleurs et allocataires ne doivent compter en rien sur les partis traditionnels. C’est pour cette raison que les militants du MAS/LSP aident le Comité pour une Autre Politique (CAP) à faire signer les listes de parrainage qui lui permettront de se présenter aux élections du 10 juin.

    Alors que les partis établis n’ont besoin que de quelques signatures de parlementaires (qu’ils ont déjà), une nouvelle formation comme le CAP doit récolter deux fois 5.000 signatures pour pouvoir présenter des listes au Sénat tant du côté néerlandophone que francophone.

    Aidez-nous à récolter ces signatures et à présenter une véritable alternative pour les travailleurs et leurs familles le 10 juin !

  • Les partis traditionnels se mettent en ordre de bataille pour faire encore un peu plus de la même politique

    La campagne pour les élections fédérales de cette année est désormais lancée. Les préparatifs des partis traditionnels vont de pair avec une série de propositions antisociales, le tout nappé d’une sauce communautaire. Le Premier ministre Verhofstadt (VLD) a pondu un “nouveau” Manifeste du Citoyen. Son possible successeur Yves Leterme (CD&V) y est allé d’une petite phrase sur la nécessité d’une politique d’austérité pure et dure comme aux Pays-Bas.

    Geert Cool

    Le Manifeste du Citoyen de Verhofstadt est moins innovateur que son auteur voudrait nous le faire croire. Verhofstadt y propose de calculer davantage le temps de travail plutôt en termes d’heures de carrière. Des horaires individuels permettent d’augmenter la flexibilité, bien entendu parce que les travailleurs demanderaient « des horaires de travail souples », et aussi de remettre en cause l’âge de la pension.

    Sauce hollandaise…

    Pour les chômeurs, Verhofstadt a repris une idée de son collègue de parti Rik Daems. Il s’agit d’imposer aux chômeurs des “emplois de proximité” à temps partiel en échange de leur allocation de chômage. Les fossoyeurs néolibéraux du service public ne précisent évidemment pas que cela se fera au détriment d’emplois qui étaient auparavant prestés par du personnel statutaire.

    Le candidat le plus souvent cité à la succession de Verhofstadt, Yves Leterme (CD&V), est politiquement proche des propositions de Verhofstadt. Leterme se prononce aussi pour accentuer… la même politique. Au début du mois de décembre, lors d’un déjeuner-débat avec de petits entrepreneurs à Gand, il a dit qu’il voulait mener une politique similaire à celle de son homologue hollandais Balkenende: une politique néolibérale pure et dure avec de graves atteintes à la sécurité sociale et aux salaires. Balkenende et son parti chrétien-démocrate sont même allés aux élections avec la « promesse » d’allonger la durée du travail hebdomadaire de 38 heures à 40 heures sans augmentation de salaire.

    Leterme ne semble pas se soucier de la résistance que vont susciter de telles atteintes aux conditions de travail et de salaire ainsi qu’aux droits des chômeurs. « Mieux vaut une adaptation en profondeur que laisser les choses suivre leur cours » (…) Même si ça doit susciter quelques remous en septembre et octobre. »

    De son côté, Frank Vandenbroucke (SP.a), ministre de l’enseignement flamand et promoteur de la chasse aux chômeurs, trouve lui aussi qu’il faut régionaliser l’emploi. Cela aboutira immanquablement à des différences dans les conditions d’accès au chômage, les critères d’ “emploi convenable”,…

    Tout cela doit remplir d’aise Karel Van Eetvelt, porte-parole de l’Union des Classes Moyennes flamandes (UNIZO) qui s’indigne qu’ “actuellement seuls 10% des milliers de chômeurs qui n’ont pas suffisamment cherché d’emploi ont été sanctionnés. Il y a obstruction au niveau national.”

    Régionaliser l’emploi servira donc à exclure plus de chômeurs en Flandre d’abord, en Wallonie ensuite.

    … et goût de l’effort

    Un autre candidat Premier ministre, c’est Elio Di Rupo. Il a surtout insisté sur le fait qu’il était peut-être temps qu’un francophone devienne Premier ministre. Malgré toutes les chamailleries et les problèmes internes, il ne ménage pas ses efforts pour former un front de tous les partis francophones.

    Le profil très flamand du CD&V lui facilite la tâche à tel point que la présidente du CDH Joëlle Milquet a déclaré : « sur le plan institutionnel, le CD&V n’est absolument pas notre parti frère, (…) les partis francophones sont ma famille politique. » En même temps, elle propose un “contrat collectif” qui obligerait chaque chômeur inscrit à suivre une formation.

    Le ministre wallon de l’emploi et de l’économie, Jean-Claude Marcourt, lui emboîte le pas avec son nouveau contrat de gestion pour le FOREm. Il y prône une « culture de l’effort » et une individualisation accrue de l’accompagnement des chômeurs, un doux euphémisme qui dissimule une pression accrue à accepter n’importe quel emploi.

    L’une et l’autre présentent leurs propositions, qui augmentent la concurrence entre salariés sur le marché du travail sans créer d’emplois, comme des alternatives aux revendications flamandes de régionalisation accrue de la politique de l’emploi. Di Rupo était satisfait du Manifeste du Citoyen de Verhofstadt parce qu’il y évitait toute surenchère communautaire. Verhofstadt y parle d’emploi, d’économie et du climat. « Nous sommes donc sur la même longueur d’onde », a déclaré di Rupo.

    Que Verhofstadt se succède à lui-même ou qu’il soit remplacé par Leterme ou di Rupo, il est déjà certains que les prochaines années seront encore marquées du sceau de la politique néolibérale qui consiste à économiser sur le dos des travailleurs et de leurs familles pour augmenter les profits des entreprises.

    Tests de popularité

    Vu que les partis traditionnels convergent sur l’essentiel, ils vont de nouveau mettre l’accent sur la forme. Les publicistes dominaient déjà la campagne pour les élections communales. Patrick Janssens a donné l’exemple. Le publiciste Noël Slangen lui a emboîté le pas en rejoignant le bureau du VLD. Mais les autres partis n’accordent pas moins d’importance à la perception.

    Michel Daerden (PS) a accédé à la renommée mondiale avec sa fameuse interview où il n’était manifestement pas en possession de tous ses moyens. Il a suffit de cette prestation comique à la télévision pour faire grimper en flèche la cote de popularité de Daerden. D’après un sondage de La Libre Belgique, il est maintenant le sixième politicien le plus populaire du côté francophone. Daerden s’appuie maintenant là-dessus pour revendiquer la tête de liste à Liège.

    C’est ainsi qu’on fait de la politique actuellement. L’image prime tout sans qu’elle ait besoin de la politique pour être façonnée. La popularité ne repose pas sur une politique, mais sur une image.

    Besoin d’une autre politique

    Face aux partis traditionnels et à l’extrême droite, nous avons besoin d’une autre politique. D’une politique qui rompe avec le néoliberalisme et qui soit du côté des travailleurs et de leurs familles. Après le mouvement contre le Pacte des Générations, c’est la conclusion qu’a tirée un groupe de militants syndicaux et politiques, de travailleurs, … Le Comité pour une Autre Politique (CAP) a été créé sur cette base.

    Le CAP présentera ses propres listes aux élections. Des pourparlers avec le PTB sur la possibilité d’un cartel dans la province d’Anvers ont buté sur la condition du PTB que Jef Sleeckx y soit lui-même candidat malgré ses 70 ans. Le PTB n’était intéressé que par le nom de Sleeckx. Nous pensons pourtant qu’on a besoin d’une autre politique qui parte de la base.

    Quand Jef Sleeckx a dit dans une interview qu’il y avait eu des discussions avec des militants de Groen !, certains médias ont aussitôt annoncé que le CAP négociait avec Groen !. Il n’y a pas de discussions prévues avec Groen !. La motion qui a été votée le 28 octobre dit clairement que le CAP ne collaborera pas avec des forces politiques qui participent ou ont participé à la politique néolibérale ou qui ont approuvé la Constitution européenne. Dans un cas comme dans l’autre, Groen ! peut se sentir visé à juste titre selon nous. Cela n’empêche pas que beaucoup de membres de Groen ! montrent de l’intérêt pour le projet du CAP.

    Ce type de réaction médiatique fait partie intégrante de la politique actuelle : beaucoup d’attention aux personnalités et aux petits jeux politiciens à visée électoraliste. Il ne manque plus que les demandes de participation à toutes sortes de programmes de divertissement à la télévision.

    Le CAP rompt avec cette politique avec un programme et une campagne où la solidarité occupe la place centrale. Solidarité avec toutes les victimes du système néolibéral: les ouvriers de VW qui doivent travailler plus dur ou pour moins cher, les usagers des bureaux de poste qui vont disparaître, les chômeurs qui se font radier, les travailleurs déjà financièrement exsangues à cause des prix élevés du logement et qui doivent payer plus cher leur électricité suite à la libéralisation,…

    Le MAS/LSP apportera sa pierre à la campagne électorale. Nous voulons nous atteler avec le CAP à la construction d’un large réseau de solidarité qui puisse renforcer la résistance à la politique néolibérale. Nous livrons en pages 6 et 7 des interviews sur l’état des lieux de la campagne du CAP : le programme, la campagne électorale, la construction d’une organisation nationale, …

  • La prochaine offensive néolibérale, vous la voulez en français ou en néerlandais ?

    Des mois durant, la presse et les hommes politiques ne nous ont parlé que de risque grandissant de scission du pays, de Wallons fainéants et profiteurs ou de Flamands égoïstes et séparatistes. Les démentis du style « il faut éviter les préjugés » n’étaient que trop rares et trop timides, si bien que le matraquage a tout de même fini par convaincre que tout était possible, comme en décembre dernier, lorsque des centaines de milliers de téléspectateurs francophones ont cru que les parlementaires flamands avaient voté la scission du pays.

    Stéphane Delcros

    Aujourd’hui, la pré-campagne électorale a commencé. Les différents partis se livrent déjà bataille pour s’imposer comme le chef de file de leur propre communauté linguistique en vue de la future coalition gouvernementale mais aussi, et même surtout, des négociations sur la réforme de l’Etat.

    Les partis du sud du pays tentent de s’organiser en « front des francophones »… ce qui n’empêche pas chacun de tirer la couverture à soi. Olivier Maingain, président du FDF, cherche à confirmer son image de chevalier sans peur face aux attaques flamandes tandis que Joëlle Milquet (CDH) propose aux partis francophones de refuser toute modification de la Constitution et qu’Elio Di Rupo (PS), se posant en « premier-ministrable » responsable, monte en ligne pour défendre la monarchie et l’unité du pays. La logique est la même du côté flamand, et même du côté germanophone : chaque parti essaie de séduire son électorat à coup de communautaire.

    Mais, finalement, qui est réellement pour la scission de la Belgique ? Le Vlaams Belang, bien sûr, mais toutes les enquêtes montrent que la grande majorité du soutien qu’il obtient ne provient pas de son caractère séparatiste mais plutôt du fait qu’il apparaît comme le seul parti « anti-establishment ». La N-VA, alliée du CD&V, serait donc la seule formation ne vivant que du séparatisme. Mais la sur-médiatisation de ces derniers temps est inversement proportionnelle au soutien réel qu’elle obtient auprès de la population flamande. Sans son allié, la N-VA n’est même pas certaine d’atteindre le seuil des 5%…

    Les syndicats se disent clairement opposés à toute poursuite de la fédéralisation du pays,… même s’il est évidemment plus facile, pour les directions syndicales, de s’opposer à une régionalisation « abstraite » plutôt qu’aux partis qui mènent, dans la même logique, une politique néolibérale tellement décriée par leurs affiliés.

    Dans les faits, les dossiers communautaires suscitent peu d’intérêt chez les travailleurs, qui se rendent de plus en plus compte que l’existence de ces problèmes ne sert qu’à masquer le programme de démantèlement social prévu par les partis politiques traditionnels du nord comme du sud. Les sondages démontrent que, contrairement au tableau qui est souvent présenté chez nous, les sujets qui intéressent le plus les Flamands sont ceux de l’emploi, de la sécurité sociale et du logement. Et le tiercé n’est guère différent en Wallonie. Or, il est clair que les régionalisations successives n’ont pas permis l’amélioration des conditions de vie des travailleurs d’une communauté ou de l’autre.

    La bourgeoisie a, en permanence, besoin de moyens de pression pour imposer ses attaques contre les travailleurs. En Belgique, la question communautaire est utilisée pour diviser les travailleurs, ce qui permet de faire plus facilement passer les attaques d’un côté du pays pour avoir, ensuite, beaucoup plus facile à imposer le même type de « réforme » de l’autre côté. Cette méthode permet aux patrons et à leurs relais politiques de détourner l’attention des travailleurs des mesures antisociales avancées.

    A l’heure actuelle, les pronostics vont bon train sur la nature de la future coalition gouvernementale et sur le nom du futur premier ministre. Mais quelque soit la coalition qui sortira des urnes le 10 juin prochain, nous pouvons déjà être sûrs qu’elle mènera un peu plus loin encore la politique néolibérale. Car le réel enjeu de ces élections est bien de durcir cette politique. Et la vraie question peut donc se résumer ainsi : « Quelle coalition sera la plus à même de faire avaler la politique néolibérale la plus copieuse possible aux travailleurs ? » A TOUS les travailleurs, bien sûr, car aucune région ou communauté ne sera épargnée par les attaques à venir.

    Ces dernières années, le mécontentement a continué de grandir, au nord comme au sud du pays. Les mobilisations n’ont pas manqué mais l’absence de relais politique à ces luttes s’est cruellement fait sentir.

    Aujourd’hui, la construction du Comité pour une Autre Politique (CAP) ouvre une perspective d’alternative pour les travailleurs et leurs familles et constitue un élément-clé pour organiser les luttes et donner une voix à tous ceux qui veulent lutter contre la politique de démantèlement des acquis sociaux.

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