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Tag: Elio Di Rupo
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Charleroi: Peu de Scrupules…
Les scandales se suivent et se ressemblent dans le bastion du PS. Elus ou (très) proches de responsables politiques nous démontrent ainsi à quoi mène l’absence de contrôle de la population sur la gestion de ses biens. Car c’est de notre argent qu’il s’agit ici…
Jean-Pierre de Clercq, député permanent « socialiste » du Hainaut et proche de Van Cau, est inculpé de détournement de fonds pour un montant dépassant les 210.000 euros dans le cadre de sa gestion de faillites en qualité de curateur. Si ces faits ont bien été commis avant qu’il ne devienne député, on est en droit de se demander ce qu’une pareille absence de principes peut apporter de bon sur le terrain politique…
L’échevin (PS toujours) Lucien Cariat, responsable de l’Intercommunale des Déchets ICDI et du Foyer marcinellois est en prison. Eric Somme, le patron de l’équipe de basket des « Spirou » est inculpé de détournement de fonds publics, de faux et d’usage de faux et de corruption active tandis que Patrick Henseval (PS encore), le chef de cabinet du bourgmestre Jacques Van Gompel, est inculpé et arrêté pour faux et usage de faux, détournement de fonds publics, corruption active et association de malfaiteurs dans le cadre de ses responsabilités dans la gestion de l’équipe de volley des « Dauphines ». Ajoutons à cela le cas de Robert Wagner, patron du groupe du même nom, inculpé de fraude aux subsides et de corruption. Un subside de 85.000 euros reçu fin des années ‘90 de la Région Wallonne et de l’Union Européenne n’aurait jamais été remboursé par ce proche de Van Cau.
Tous les élus et les membres du PS ne sont évidemment pas des arrivistes et des profiteurs, mais l’ampleur de ce qui arrive à Charleroi en dit long sur l’état du PS. Quant à la rupture d’Elio Di Rupo avec ce qu’il qualifie de vieilles pratiques, il s’agit surtout pour celui-ci de profiter de l’occasion pour liquider des « barons » gardant un lien étroit (même fortement clientéliste) avec la population et une certaine indépendance vis-à-vis de la direction du parti. Le terrain pourra alors être investi par une autre élite dévouée à Di Rupo qui rechignera encore moins à appliquer la nouvelle optique franchement néo-libérale du parti.
On en rirait si ce n’était aussi triste. Car en l’absence d’une véritable opposition de gauche, c’est le Front National qui risque bien d’en profiter malgré des pratiques tout aussi crapuleuses et une absence totale de réponse à apporter aux problèmes réels de la population.
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Ne pas politiser le débat revient à laisser la voie libre aux politiciens traditionnels
Autour du meurtre de Joe
Durant tout le déroulement de l’affaire, l’ensemble des politiciens n’a eu de cesse de demander que la politique soit muette sur ce sujet, ce qui ne les a cependant pas empêché d’être omniprésents dans les colonnes de la presse ou dans les reportages des informations télévisées. L’idée d’empêcher toute récupération politique de ce triste événement revenait à laisser cette récupération uniquement aux mains des partis politiques traditionnels.
Nicolas Croes
Ainsi, le lendemain de la Marche Silencieuse du 23 avril qui a rassemblé 80.000 personnes dans un même sentiment de solidarité avec la famille de la victime et de rejet de cette violence qui peut sembler absurde, on a pu lire dans les colonnes du Soir les réactions d’Elio Di Rupo et de Didier Reynders.
Le président du PS et bourgmestre de Mons a ainsi pu mettre en avant la nécessité de renforcer la police de proximité… avant de parler de l’exemple de Mons où cela a été fait et où « ça va bien ». Au-delà du fait qu’un habitant de cette ville peut rapidement se rendre compte que ça ne va pas aussi bien qu’il le proclame, une telle déclaration dans la presse à l’approche des communales ressemble furieusement à de la récupération politique.
De même Didier Reynders a pu parler de tout et de rien (« il faudra travailler à plus de sécurité par rapport aux jeunes », « l’arrestation des coupables doit intervenir le plus rapidement possible »,…) en terminant par « gare à toute tentative de récupération politique. On a évité ça jusqu’à présent, que ça continue ». Voilà une belle demande de la part de quelqu’un qui, étant à Washington pour une réunion du Fonds Monétaire International, ne pourrait pas autant en profiter que d’autres s’il était laissé plus d’opportunités de débattre politiquement de cette affaire.
L’hypocrisie des politiciens traditionnels a tout simplement été révoltante dans le suivi de cette affaire, et le gouvernement n’était pas en reste. Pour un gouvernement bloqué depuis de nombreux mois et duquel rien ne sort si ce n’est des preuves de l’incapacité à répondre aux attentes des travailleurs et de leurs familles (ce dont ils n’ont globalement que peu à faire), il s’agissait là d’un moyen à bon marché pour se montrer apte à quelque chose d’autre qu’à appliquer les plans d’austérité du patronat. La presse a ainsi été unanime pour féliciter le trio qui assure dans la crise (titre d’un article du Soir du 26 avril), trio composé du chef du gouvernement Verhofstadt, du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael et de la ministre de la Justice Laurette Onkelinx. Il faut dire qu’il s’agissait d’une histoire de gestion de la communication, et si il y a bien un domaine dans lequel nos politiciens professionnels excellent faute d’avoir un véritable programme à défendre autre que celui des patrons, c’est bien celui-là.
Il y avait également la crainte de voir l’appareil politique aussi décrédibilisé qu’en 1996 à l’époque de la Marche Blanche. Un proche du Premier ministre a d’ailleurs déclaré que « son obsession était d’éviter la comparaison avec les évènements de 1996, l’affaire Dutroux, la marche Blanche, quand le « système » était mis en cause, les politiciens cloués au pilori pour leur indifférence.…».
Par contre, en terme de proposition pour régler véritablement le problème, c’est-à-dire pas seulement s’occuper du moment présent, mais s’atteler à ce que de pareilles douleurs n’arrivent plus à personne, le gouvernement remontre l’étendue de son décalage avec la situation réelle. On peut résumer les propositions effectuées par ces mots : répression, répression, et encore de la répression. Laurette Onkelinx, actuellement Ministre de la Justice, montre décidément plus d’enthousiasme à créer de l’emploi à la police (3.200 supplémentaires) qu’à en préserver dans son secteur à l’époque où elle était Ministre de l’Enseignement. Alors qu’il y a quasi-unanimité pour dénoncer le fait que plus de répression ne permettra pas de régler le problème – tout juste de faire baisser la pression de la rue (mais peut-être est-ce là sa véritable intention ?) – ce cruel rappel des licenciements dans un enseignement dont le manque de moyen a été éclairé par cette crise tombe mal. Mais aucun journaliste ne mentionne ce genre de chose, et c’est parfois dans le courrier des lecteurs que l’on peut avoir les meilleurs articles…
De plus personne ne sait actuellement ou trouver l’argent de cet « ambitieux » projet. A force d’avoir octroyé baisses de charges sur baisses de charges au patronat, le gouvernement n’a presque plus rien, et certainement pas pour améliorer nos conditions de vie qui ne cessent de se détériorer. En cas de protestations trop importantes contre la casse de nos acquis sociaux, des services public, etc, les policiers et cameras supplémentaires, si l’on arrive à les payer, seront d’une utilité précieuse pour nos dirigeants…
Le premier ministre Verhofstadt disait espérer que le signal de la Marche Silentieuse aurait comme résultat une diminution de la violence au sein de la jeunesse. En ce sens, la manifestation n’est pour lui qu’à voir que comme un appel à la responsabilité. D’après Verhofstadt, c’est la responsabilité individuelle des parents – qui doivent avoir assez de temps pour s’occuper de leurs enfants – qui est primordiale. La responsabilité du gouvernement ne se limiterait qu’à augmenter la répression.
Mais la raison pour laquelle beaucoup de familles, et pas seulement polonaises, ont en Belgique peu de temps disponible pour leurs enfants est que ces fammilles doivent travailler toujours plus afin de survivre. Comment Verhofstadt pense-t-il résoudre cela? En attaquant encore les salaires? Le pouvoir d’achat des travailleurs Belges a déjà bien diminué ces vingt dernières années, et de nouvelles coupes salariales n’auront comme résultat que d’accroître encore le temps de travail nécessaire à garder un même niveau de vie.
Tant le renforcement de la répression que la vitesse à laquelle les politiciens ont annoncé la création d’une nouvelle prison pour jeunes sont en contradiction flagrante avec les besoins du secteur de l’accompagnement de la jeunesse. Ce manque de moyens a été illustré au début de cette année par les actions effectuées par ce secteur en Flandres. Si au nord du pays les cas d’application d’accompagnement de jeunes « difficiles » ont augmenté de 25%, le budget, lui, n’a pas évolué en conséquence. Au vu de cette situation, les problèmes ne peuvent que s’amplifier.
La construction de nouvelles prisons pour jeunes est finalement fort révélatrice de la politique actuelle: une politique qui ne s’occupe que des conséquences des problèmes au lieu de s’attaquer à leurs causes.
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Belgacom. Une santé prise sur celle des travailleurs.
Secouée par une grève ce mardi 11 octobre, l’entreprise cultive depuis longtemps le mépris des travailleurs…
La crise est là, bien là, et cause de tout les maux que doivent subir les travailleurs. C’est du moins se qu’assènent sans relâche patronat, médias et politiciens. On en appelle ainsi à la raison de la population, ou plutôt à sa résignation, afin de sauver une économie nationale malade de l’infâme concurrence des autres pays, et parmi eux tout particulièrement les pays « en voie de développement ». Ces mêmes chevaliers du système passent d’ailleurs allègrement sur le fait que si effectivement développement il y a dans le monde néo-colonial, c’est avant tout celui de la misère et de l’exploitation.
Nicolas Croes
Pourtant, cette crise dont on nous parle tant, cette crise qui « oblige » les laquais du capitalisme qui nous servent de gouvernant à aller toujours plus loin dans la chasse aux acquis des travailleurs, cette crise-prétexte, ne touche pas tout le monde. Elle est même assez sélective. Solvay, InBev, Mobistar, Belgacom et autres entreprises phares de la Belgique ont cumulés de juteux bénéfices. Fortis a ainsi augmenté son bénéfice de 53% entre 2003 et 2004… Pas de raison de s’en prendre aux travailleurs, donc. Pourtant, la réalité est aussi éloignée de ce raisonnement que ne l’est la démocratie de la société actuelle.
Un cadeau aux actionnaires privés payé par l’argent de la collectivité
Prenons l’exemple révélateur de Belgacom.
Bien loin de connaître la situation déficitaire de France Télécom ou de KPN, les télécommunications hollandaises, Belgacom a réalisé en 2004 un bénéfice de 922 millions d’euros, augmentation de quelques 636% ( !) comparée à l’année précédente. Que peut faire une entreprise avec autant d’argent ? Augmenter le salaire des travailleurs ? Leur bien-être au travail ? Que nenni ! Il est bien plus utile de reverser 75% de cette somme, soit à peu près 700 millions d’euros, à la poignée de charognards que l’on appelle pudiquement des actionnaires. Ceux-ci n’ont pourtant pas dû attendre tout ce temps pour être récompensés de leurs « efforts » (qui ne consistent en définitive qu’à investir, en étant plus qu’assurés du zèle que la direction emploiera à les remercier).
Fin 1995, Elio Di Rupo entreprit une « consolidation stratégique » de Belgacom, et offrit au privé la moitié du capital de l’entreprise. Mais l’Etat sut être encore plus généreux. Toujours prompt à vouloir appliquer les réformes européennes quand elles touchent les travailleurs, le gouvernement eut par contre plus d’un an de retard pour appliquer la réforme du marché des télécommunications, c’est à dire l’entrée en lice de concurrents face au monopole de Belgacom, qui put ainsi mieux se préparer. Quant à la privatisation de l’entreprise, afin d’avoir les mains libres pour l’effectuer, le gouvernement « arc en ciel » (socialistes, libéraux et écologistes) fit passer une loi lui permettant de l’organiser sans aucun contrôle parlementaire. Rien de mieux pour démontrer, si besoin était encore, qu’aucune illusion ne peut exister quant à l’utilité d’un parlement bourgeois pour défendre les intérêts de la population.
De son côté, la direction de Belgacom, afin d’augmenter les bénéfices et donc les dividendes versées aux actionnaires, décida de réduire les coûts salariaux. Cependant, la plus grande partie du personnel était statutaire. Encore actuellement, après toute l’énergie déployée pour se débarrasser du plus grand nombre possible, 70% des employés sont toujours dans ce cas. Ces travailleurs ne pouvaient que s’attirer la hargne des dirigeants de Belgacom, car à leurs yeux, les défauts des statutaires ne sont pas des moindres. Non seulement leur salaire est plus élevé que celui des contractuels, mais de plus ne peuvent ils être licenciés que pour faute grave. Raison pour laquelle, par exemple, aucun statutaire ne fut engagé à Liège depuis 1980. Ceux qui restent ont donc en plus une prime d’ancienneté non négligeable. Que demander de plus pour les prendre en grippe quand on est actionnaire et uniquement motivé par la soif de profit ?
Max Jadot, Managing Director Investment Banking à la Fortis Banque, à propos et à l’époque de l’entrée en Bourse de Belgacom :« Il y a toujours des cycles positifs et des cycles négatifs. La bourse n’a cessé de baisser depuis trois ans. Les cycles positifs vont revenir un jour. Mais je ne peux pas dire quand la tendance sera à nouveau fondamentalement positive pour les marchés ».Qui mieux qu’un expert pouvait nous expliquer aussi clairement à quel point le capitalisme est imprévisible et incontrôlable? On nous demande donc un acte de foi pendant que les travailleurs trinquent et servent de fusibles…
D’autant plus que se profilait alors la tant attendue entrée en Bourse de Belgacom. Celle-ci fut effectuée en 2004, avec le soutien énergique du ministre Vande Lanotte. Rappelons que ce dernier se réclamait, et se réclame toujours encore, du socialisme, et est depuis devenu président des soi-disant « socialistes » flamands. Tout comme Elio Di Rupo du côté francophone. Cela prêterait à rire s’il n’y avaient eu autant de sacrifiés à l’engraissement de quelques méprisables. Des 25.000 travailleurs en 1996, appelés « collaborateurs » dans le jargon (comme si ces derniers avait un quelconque mot à dire), il n’en reste plus aujourd’hui que 16.300.
Pour précipiter le départ des travailleurs, tout les moyens sont bons.
Le cas d’une employée nous fut relaté. Celle-ci se distinguait par son opposition au nouveau rythme de travail imposé par le premier plan de départ « volontaire ». Un jour, alors que sa journée de travail venait de toucher à sa fin, elle croisa son responsable, qui la convoqua « pour lui poser quelques questions ». Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle se rendit compte que c’était un véritable tribunal qui l’attendait, composé de l’entièreté des petits chefs de son secteur. Ces derniers l’on littéralement assaillie de questions sur ses réflexions, celles qu’elle avait entendues de ses camarades… Elle sut partir de suite, plus rien ne l’obligeait à rester ses heures terminées. Mais le harcèlement dont elle était victime continua, elle connu par la suite une dépression et sombra dans les médicaments.
Le bilan est lourd. En moins de dix ans, la privatisation aura fait perdre l’emploi de près de 10.000 personnes, mais aura par contre rapporté 4,25 milliards d’euros aux seuls actionnaires privés.
Les plans PTS, BeST, ou comment maquiller un licenciement
Cette douloureuse épreuve pour les travailleurs de belgacom commença en 1998 avec le plan BTS (People, Team & Skill). Selon celui-ci, tout qui pouvaient aligner 50 ans minimum et 20 ans d’ancienneté avait l’opportunité de partir en prépension. Mais ce plan de départ qui devait être volontaire fut appliqué à coup de pressions plus honteuses les unes que les autres (voir l’encadré, qui n’est qu’un exemple parmi tant d’autres). Certains secteurs virent leur prestation de nuit supprimée, ce qui signifia surtout une perte de prime sans compensation salariale.
De telles pratiques ne pouvaient rester sans réactions, et en mars 1998, un mouvement de grève éclata. Mais les retouches concédées par Belgacom n’étaient que cosmétiques, et de nouvelles actions se déroulèrent à Liège dans le courant du mois de juin. Afin de sortir de leur isolement, les militants CGSP liégeois tentèrent alors de prendre contact avec les travailleurs des autres régionales pour les mobiliser également. Soudain, le président de la régionale CGSP de Liège et son vice-président furent exclus de la FGTB. En distribuant un tract à la base, chez les travailleurs, ils n’avaient pas respecté la « démocratie » interne, qui voulait que l’on s’adresse à la hiérarchie. En langage bureaucratique, un appel à la base est donc qualifié d’anti-démocratique… Et nul n’est à l’abri de représailles, aussi haut soit-il. On comprend toutefois mieux cette réaction de l’appareil syndical en sachant que le ministre en charge des télécommunications de l’époque n’était autre qu’Elio Di Rupo, appelé à devenir président du Parti « Socialiste » l’année suivante. Bel exemple de solidarité messieurs, mais dans le mauvais sens.
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C’est le nombre de travailleurs qui connaissent des problèmes de santé liés directement (23%) ou indirectement (76%) au stress. Chiffre en deçà de la réalité de Belgacom, qui serait l’entreprise au plus haut taux d’utilisateurs de tranquillisants. Plusieurs travailleurs se sont déjà suicidés, dont l’un au sein même du siège de l’entreprise liégeoise.
Quand au résultat de ce plan, le mieux est encore de laisser parler Belgacom : « Longuement négociée avec les trois organisations syndicales, dans un remarquable climat de sérénité sociale, l’opération a débouché sur un total succès puisque 98% des collaborateurs concernés (6.300 personnes)ont choisi d’accepter l’offre.(…) La reconnaissance des services rendus par les collaborateurs tout au long de leur carrière a été le souci permanent qui a guidé cet important projet » (souligné par nous). Tant de cynisme se passe de commentaires.
Ce « succès » gonfla l’arrogance et la confiance de la direction, qui lança début 2001 le plan BeST (Belgacom e-business Strategic Transformation), qui avait pour but officiel de mieux préparer l’entreprise à se tourner vers le marché Internet. Face à la concurrence et à l’érosion de la téléphonie fixe, Belgacom se devait de trouver de nouveaux débouchés, de nouveaux domaines. Cela aboutit au lancement d’une télévision numérique ou encore à la tentative récente de reprise de Télindus (une société de gestion de réseaux internet et intranet).
Ce plan ne se différenciait pas fondamentalement du précédent en terme de « départ volontaire », et à l’issue de celui-ci, 4.100 travailleurs manquaient à l’appel chez Belgacom. La direction déclara à l’époque, et nous ne pouvons qu’être d’accord avec ces paroles, que le plan BeST s’inscrivait pleinement dans la politique d’Etat social actif poursuivie par le gouvernement. Des POOL furent créés, sortes d’équipes volantes passant d’un endroit à l’autre, et composés à majorité de travailleurs statutaires dont l’ancien travail, loin d’être supprimé, était effectué par des contractuels. Les exécrables conditions de travail de ces POOL furent pour beaucoup dans le succès du plan de départ. Cet impératif de réorganisation du travail fut expliqué par le fait que « les travailleurs de belgacom sont en queue de peloton en matière d’efficacité » (Mémorandum Management de Belgacom, 2001). Ils l’avaient pourtant été assez que pour augmenter les bénéfices de l’entreprise de 11% l’année précédente, en 2000…
La « réussite » des deux plans n’empêche pas de nouvelles attaques
Un dizaine de milliers de « collaborateurs » en moins, donc, sans parler de l’incroyable pression subie par les travailleurs restant. Pourtant, au premier janvier 2004, après les plans BTS et BeST, Belgacom déclarait avoir encore dans ses rangs un excédent de 7 à 800 employés. L’entreprise, toujours majoritairement aux mains de l’Etat (la moitié des actions, plus une) déclara qu’elle souhaitait voir ce surplus recasé dans d’autres secteurs à la charge de l’Etat, revendication déjà ancienne de la direction.
Un autre plan fut donc conçu, à l’origine de la grève du 11 octobre. Celui-ci vise 550 travailleurs, parmi lesquels 500 statutaires mis en « disponibilité structurelle » pour deux années, avec 75% de leur salaire. A ce propos, Michel Neufcoeur, (CSC Transcom) déclara : « C’est une formule récurrente. Quand le dossier des 500 premiers statutaires sera bouclé, Belgacom passera à d’autres. » Un bref coup d’œil sur le passé de l’entreprise ne peut que lui donner raison. Les 50 contractuels auront eux moins de « chance », il est tout simplement prévu de les licencier. Selon le TIJD, journal flamand essentiellement financier, belgacom voudrait même supprimer progressivement et par voies diverses 2000 emplois supplémentaires, soit quelques 12% des effectifs actuels. Il faut dire que les cours de la Bourse se dopent au licenciement, et la réduction des coûts salariaux est toujours bien accueillie par les actionnaires, qui voient leurs dividendes augmenter en conséquence.
La CSC fut néanmoins le seul syndicat à claquer la porte des négociations. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la FGTB est muette à ce sujet quand on connaît la manière dont la haute bureaucratie FGTB régla le sort des responsables liégeois CGSP lors du premier plan. L’exemple fit date. Quant au syndicat libéral, ces deux mots ont du mal à vouloir dire quelque chose mis côte à côte.
A l’appel de la CSC Transcom, les travailleurs partirent en grève, et organisèrent des piquets, également afin d’informer les travailleurs des autres syndicats pour qu’ils puissent faire pression sur leurs bureaucraties. Ce qui, pour ce que nous avons pu en voir à Liège, eut un certain succès. Thierry Bouckaert, porte-parole de belgacom eut pour réaction de déclarer que « la grève n’a pas eu un impact considérable ». Habitué à se faire porte voix de mesures d’austérité d’une si grande ampleur, il est compréhensible qu’il en faille beaucoup pour l’impressionner… et aucun changement n’est actuellement survenu.
La solution, seul les travailleurs la détiennent !
La vie des travailleurs ne vaut pas grand chose dans le cadre du capitalisme. Alors que les richesses produites sont l’œuvre de NOTRE labeur, dans le meilleurs des cas ne sommes nous considérés que comme des consommateurs, justes bons à faire fructifier les bénéfices d’une infime minorité de nantis.
L’acceptation de cet état de fait a transformé les vieilles organisations ouvrières en gestionnaires, voir en médecin du système. C’est en fonction de ses besoins que les « solutions » sont ébauchées au sein de la social-démocratie et de la bureaucratie syndicale, et non en fonction des intérêts des travailleurs.
Malgré tout, cette situation n’est pas destinée à être éternelle. L’Allemagne montre le potentiel qu’un nouveau parti des travailleurs se basant sur les couches combatives des syndicats peut obtenir. De création récente, le Parti de gauche (Linkspartei) a néanmoins obtenu 8,7% lors des dernières élections, malgré une omniprésence séculaire du SPD (collègues du PS en Allemagne). Si le programme de la formation n’est encore qu’anti-néolibéral et non clairement socialiste et anticapitaliste, c’est une opportunité pour les travailleurs de réinvestir le terrain politique. Les « professionnels » de ce domaine, les politiciens, démontrent tout les jours suffisamment à quel point se sont eux qui devraient être licenciés, et c’est au cours de mobilisations et d’interventions que la conscience des travailleurs augmentera, en sortant chacun de son isolement. Nos camarades allemands du SAV interviennent dans ce processus avec une orientation marxiste et révolutionnaire, et nous brûlons de faire de même ici en Belgique.
Les méfaits du capitalisme se répandent comme la pire des maladies, et ses vecteurs sont nombreux. Aujourd’hui, Bernard Delvaux.
En 2000, il se retrouva à la tête d’une division de Belgacom. 2.700 personnes ont ainsi pu profiter de ses riches idées, et reçurent des terminaux mobiles pour recevoir leurs ordres de travail de n’importe où. L’équivalent du trop tristement connu des postiers Georoutes. La productivité de la division augmenta légèrement, sans commune mesure avec le stress et le malaise au travail. Mais qu’importent à un tel personnage ce genre de considérations ?Belgacom le remercia à la hauteur de ses mérites, en lui confiant la gestion du projet de BeST, qui coûta 4.100 emplois. Il faut dire qu’il avait déjà participé au plan précédent, mais à un échelon moindre. Tout cela avant d’être chaleureusement accueilli au comité de direction de La Poste, début 2004. Depuis, la privatisation de La Poste a été annoncée. A l’époque, celui qui avait déniché la perle avait déclaré : « C’est une perte pour Belgacom, mais un gain pour La Poste ». Cela dépend évidemment de quel côté l’on se place, et celui-là n’est pas le nôtre…
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Splintex – il faudra tirer les leçons !
Entretien avec Gustave Dache. Un point de vue de classe sur le conflit
Pour rappel, le 2 janvier, les 840 ouvriers de l’usine verrière AGC Automotive (ex-Splintex) à Fleurus apprenaient que la direction de leur entreprise mettait en place un plan de restructuration incluant le licenciement de 284 personnes. Les ouvriers sont alors spontanément entrés en action. Cette grève, qui a duré plus de cent jours, a montré la détermination des travailleurs, mais aussi l’acharnement patronal, aidé par ses laquais que sont la justice, la police et les médias.
Vincent Devaux
Cette lutte, par sa durée, la détermination des grévistes et l’intransigeance patronale, a dépassé le cadre de l’entreprise elle-même. Cette grève pose également de nombreuses questions sur le rôle et la stratégie de l’appareil syndical ; comment n’a t’il pas été possible d’obtenir plus avec toute la détermination des grévistes ? L’outil de la grève générale régionale, mis en avant très tôt dans le conflit par Gustave Dache et par le MAS, et relayé par de nombreux ouvriers n’a jamais été utilisé. Au travers de cet entretien avec Gustave, nous voulons poser les premiers jalons de l’analyse du conflit, même s’il est certain que nous y reviendrons plus tard de manière plus approfondie. Nous devrons en effet tirer les leçons de cette grève afin d’apporter des perspectives claires aux prochaines luttes, des outils nécessaires au mouvement ouvrier pour la période à venir.
Gustave Dache a été un acteur dans le déroulement du conflit. Il a donné dans cette lutte son temps et son énergie pour défendre les ouvriers de Splintex en s’appuyant notamment sur son expérience mais également sur les meilleures traditions du mouvement ouvrier. Par le passé, Gustave a participé activement à la grève de 60-61. A l’époque il était responsable sur le plan local (Gilly) régional et national des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) et militant syndical en verrerie (Glaverbel). Par la suite délégué syndical Métal (notamment Caterpillar), Gustave a participé a d’autres conflits, notamment Clabecq.
Une défaite
V.D. : Doit-on parler d’une victoire ou d’une défaite?
G.D. : On doit appeler les choses par leur nom, nous avons affaire à une défaite. Il n’y aurait même qu’un seul licenciement, ce serait une défaite. Maintenant on doit en tirer les conclusions et les responsabilités. Je sais que de plus en plus de responsables syndicaux ont tendance à faire passer une défaite pour une victoire, surtout quand ils sont mis en cause, mais cela n’empêche que nous devons regarder la réalité en face si nous voulons éviter que de semblables défaites ne se répètent à l’avenir. Dans le cas d’AGC-Fleurus, c’est une défaite pour tout le mouvement ouvrier. La combativité des travailleurs d’AGC n’est surtout pas à mettre en cause, au contraire. Elle est digne de la combativité que la classe ouvrière développe depuis de nombreuses années en Belgique, notamment au travers de conflits tels que Renault et Clabecq. Ce n’est pas du côté des travailleurs qu’il faut chercher les causes de cette défaite mais du côté des appareils syndicaux réformistes et des partis politiques dits ‘de gauche’.
V.D. : Penses-tu que l’Interprofessionnelle a fait tout ce qu’elle devait faire?
G.D. : Il faudrait d’abord poser la question : qu’est-ce qu’une interprofessionnelle ? A mon avis c’est pour concentrer toutes les forces des différentes centrales pour peser dans tous les conflits. Devant les multinationales, il y a longtemps que le temps du corporatisme est révolu. Ici à Splintex, le conflit à été verrouillé par la centrale générale avec la bienveillance de tout l’appareil syndical, au nom de l’autonomie des centrales, afin que le conflit reste localisé à Fleurus. Et cela malgré la volonté des travailleurs pour l’étendre.
Grève interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi
V.D. : Alors qu’aurait dû faire l’Interprofessionnelle ?
G.D. : Les conséquences que pouvait avoir l’issue du conflit sur l’ensemble de la classe ouvrière imposaient de mettre toutes les forces syndicales dans la balance afin de faire le contrepoids à une position patronale intransigeante. Cinq semaines avant la fin du conflit, j’avais proposé 24 heures de grèves à l’Interprofessionnelle à Charleroi afin de créer un rapport de force en faveur des travailleurs. Dans les jours qui ont suivi cette proposition, plusieurs travailleurs de Splintex l’ont également proposées dans les assemblées du personnel d’AGC-Fleurus. Là également, cette proposition a été ignorée par la délégation syndicale. Les 24 heures proposées n’étaient pas une fin en soi mais le début d’actions plus longues.
Je ne pense pas comme le sous-entendent certains camarades que ces 24 heures de grèves soient « la panacée », mais l’histoire du mouvement ouvrier nous enseigne que les patrons ne comprennent qu’un seul langage, le langage de l’action. Et ces 24 heures devaient être considérées comme un début. Faire une manifestation à Fleurus pour AGC après trois mois de grèves comme une fin en soi avec des remerciements de circonstances donnait l’impression d’un enterrement de première classe.
V.D. Peux-tu expliquer les conséquences de cette défaite ?
G.D. Malgré certaines améliorations financières et les prépensions, tout le plan patronal est passé, avec toutes les conséquences pour ceux qui n’ont pas été licencié, par exemple le passage de trois à cinq pauses, les changements de postes. Maintenant il faut mettre en évidence que les ouvriers sont rentrés battu dans l’entreprise et affaiblis par la destruction d’une partie de la base la plus combative et d’une partie des membres de la délégation syndicale, qui doit maintenant continuer à travailler dans un climat difficile. D’autant plus qu’une paix sociale a été signée et doit être respectée et que le nombre de délégués syndicaux a été fortement réduit.
PS: contre les travailleurs
V.D. Qu’a fait le PS durant le conflit ?
G.D. Le PS n’a surtout pas été du côté des travailleurs ; au contraire. Avec le comité d’alerte*, ils s’étaient réuni pour faire libérer le directeur afin qu’il négocie ; mais quand la direction refusait de négocier, le comité n’est pas intervenu pour la contraindre à négocier. Jean-Claude Van Cauwenberg (ministre-président du gouvernement wallon ndlr.) a considéré la grève de Splintex comme une tache noire pour la Wallonie. La ministre de l’emploi et du travail Freya Van Den Bosche a autorisé l’intervention des robocops. La ministre de la justice n’a pas dit un seul mot contre les astreintes. Après toutes ces prises de positions de la part des politiciens du PS on doit considérer qu’ils sont occupés à jouer le rôle de médecin au chevet du capitalisme malade.
(* Un comité d’alerte dont le but était d’éviter tout conflit spontané été constitué sous l’initiative d’Elio Di Rupo, à l’époque où il était informateur pour la formation du gouvernement. Ce comité est composé du Ministre de l’Economie et de l’Emploi Wallon – J.C. Marcourt- et des représentants syndicaux et patronaux)
V.D. Qu’elle a été l’attitude de la presse dans ce conflit ?
G.D. La presse en général a toujours donné des informations tendancieuses, elle a comme d’habitude mis en avant des arguments patronaux, allant jusqu’à noircir les travailleurs. En plus elle a surtout mis en avant la menace de fermeture de l’entreprise et des conséquences que cela pouvait avoir pour une région déjà durement touchée.
V.D. Alors cette menace de fermeture, était-elle réelle ?
G.D. Dans touts les conflits importants, cette menace revient toujours, pour peser sur la détermination des travailleurs. Les appareils syndicaux sont vite impressionnés par cet argument qui n’est dans la plupart des cas qu’une menace. Car quand un patron veut fermer, il ne fait pas de menace, il ferme. A Renault, il n’y a pas eu de menaces, ils ont fermé. Si les travailleurs se laissaient impressionner par ces menaces de fermeture, il n’y aurait plus aucune lutte pour empêcher les pertes d’emplois et l’on retournerait cent ans en arrière. Les travailleurs sont toujours disposés à mener la lutte indépendamment de toute menace.
Eléments pour un syndicalisme de combat
V.D. Peux-tu donner des éléments pour un syndicalisme de combat ?
G.D. Tout d’abord, la première chose à faire (dans un conflit ndlr.), c’est l’élection d’un large comité de grève, élu en assemblée générale. Avec comme seul objectif la victoire de la grève. Ce comité doit être composé des travailleurs les plus déterminés, les plus dévoués à leur classe. Il peut y avoir des délégués syndicaux mais ils doivent être très minoritaires.
Il doit y avoir une assemblée journalière avec un rapport fait à l’ensemble des travailleurs réunis en assemblée générale, qui est la seule instance de décision. Le comité de grève, quand le conflit prend des proportions importantes et qu’il est clair que c’est une question de rapport de force, ne doit pas hésiter à lancer le mot d’ordre d’occupation de l’usine pour ainsi créer un rapport de force en faveur des travailleurs en grève.
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Le gouvernement et le patronat veulent dévaliser les pensions
A lire: 50 mensonges sur le vieillisement
"Tous les gouvernants ébauchent déjà des scénarios catastrophes pour décrire notre avenir démographique… Le moment fatidique est déjà fixé: 2010. La génération du baby-boom d’après-guerre arrivera alors officiellement à l’âge de la retraite et la population active commencera à décliner». Citation de Gilbert De Swert, le chef du service d’étude de la CSC. Pour les syndicalistes et les socialistes, ce livre est une mine d’informations et nous ne pouvons que le recommander chaudement à nos lecteurs. Mais on y cherchera en vain des alternatives et des perspectives de lutte.
Anja Deschoemacker
Briser le mythe !
On entretient savamment un climat d’angoisse depuis des années. Un ministre après l’autre entonne le même refrain: une fois que la génération du baby-boom sera partie à la retraite, les pensions deviendront impayables. De Swert prend le contrepied de ce qu’il nomme le «simplisme» sur la question du vieillissement qui tient lieu de vérité pour nombre de politiciens et «d’experts».
Il répond aux 50 mensonges qui résonnent de partout. Un exemple: faut-il redouter un manque de main d’œuvre? Si c’était vrai, ce serait une « bénédiction » pour les salariés: la pression continuelle à la baisse sur les salaires et les conditions de travail serait stoppée net. Mais s’il est vrai que la population en âge de travailler (16-64 ans) baissera après 2010, le nombre de gens réellement actifs ne baissera pas pour autant. Il n’y a que 60% de la population en âge de travailler qui travaille à l’heure actuelle contre 2,8 millions qui n’ont pas d’emploi. « De plus, cette population active ne diminue que lentement à partir de 2011 pour perdre 375.000 unités en 2030. 375.000 – c’est moins que le nombre de chômeurs complets indemnisés aujourd’hui».
De Swert s’inscrit en faux contre une scission communau-taire de la Sécurité sociale. Il ramène les prépensions à leurs justes proportions : «seuls 5,9% des personnes entre 50 et 65 ans étaient en prépension en 2003». Il enfonce le clou: non seulement «les prépensions ne sont pas ‘impayables’», mais elles sont «la formule de fin de carrière anticipée la moins coûteuse pour la Sécurité sociale». D’autres formules coûtent moins cher aux patrons, mais alors c’est nous qui payons la note.
De Swert démasque les politiciens et leurs «spécialistes» de service. Leurs propres perspectives de croissance économique, d’évolution démographique, d’augmentation de la productivité démentent l’assertion que les pensions deviendraient «impayables». C’est donc un mensonge délibéré. Tous les partis en prennent pour leur grade; seul le PS d’Elio Di Rupo et sa proposition de cotisation sociale généralisée trouvent grâce à ses yeux.
Que faut-il faire alors ?
Le livre laisse cette question sans réponse satisfaisante. De Swert plaide pour une hausse accrue de la productivité, mais aussi pour le développement du secteur non-marchand, ce qui ferait augmenter le taux d’emploi global. D’accord, mais si on ne désigne pas la force politique ou sociale qui peut réaliser tout ça, on reste au stade de l’utopie.
Il s’égare définitivement en terrain mouvant lorsqu’il développe ses propositions alternatives. La CSC plaide ainsi depuis longtemps pour la scission des soins de santé entre un pilier basé sur les revenus du travail et un pilier basé sur un financement alternatif. En proposant de faire financer ce deuxième pilier « alternatif » par la CSG de Di Rupo, De Swert se rallie en fin de compte au discours qui veut que la baisse des charges salariales soit une bonne chose.
D’après nous, De Swert ouvre la boîte de Pandore avec ses propositions alternatives. Bien que le système de sécurité sociale comporte pas mal de failles – et le bas niveau des allocations n’en est pas la moindre – nous pensons que c’est une lourde erreur d’ouvrir aujourd’hui le débat là-dessus avec le gouvernement et le patronat. Les syndicats devraient refuser résolument de participer à des négociations sur la problématique des fins de carrière. Dans les circonstances actuelles, toute négociation ne peut porter que sur les modalités de la régression sociale.
Il vaudrait mieux se préparer à une campagne de grande ampleur en direction des travailleurs, des aînés et des jeunes pour mener la lutte contre la régression sociale. Les classes ouvrières française et italienne ont démontré à plusieurs reprises ces dernières années que la lutte pouvait donner un coup d’arrêt à l’offensive contre les pensions.
En effet, les pensions ne sont pas tant menacées par l’évolution démographique, comme l’explique magistralement De Swert, que par l’offensive du patronat. Et si cette offensive est à l’œuvre, c’est parce que l’économie se trouve dans une période prolongée de dépression où la surproduction affecte à peu près tous les secteurs de l’industrie et où le taux de profit baisse à long terme, ce qui pousse les patrons à multiplier les restructurations et les fermetures.
Le système de sécurité sociale s’est construit dans la plus longue période de croissance économique de l’histoire moderne. La reconstruction de l’Europe a mené à une situation de plein emploi où la classe ouvrière – grâce notamment à la forte tension du marché du travail et à l’existence d’une alternative, toute déformée qu’elle fût, sous la forme du Bloc de l’Est stalinien – a pu imposer aux patrons de substantielles améliorations de leur niveau de vie. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de marge pour les concessions. Sur le plan politique, la classe ouvrière est aussi affaiblie par une baisse de la conscience de classe, qui découle surtout de la chute du stalinisme, et par le changement de la nature de classe de la social-démocratie.
De Swert parle comme s’il y avait une majorité politique pour soutenir ses propositions. Mais où cela donc? Le SP.a ne vaut plus la peine qu’on s’y attarde après les propositions de Frank Vandenbroucke et de Johan Vande Lanotte. Mais même le PS est davantage préoccupé par la façon dont il peut vendre la régression sociale sans trop de casse électorale que par la lutte contre elle. Et qu’en est-il du CD&V ? Dans la période d’après-guerre, le PSC/CVP était un «parti populaire» de masse où il fallait tenir compte d’une puissante aile ouvrière. La CSC a obtenu toutes sortes de petites concessions pour éviter la conquête d’acquis plus fondamentaux par une classe ouvrière consciente de sa puissance sociale. Cette période est révolue elle aussi.
Aucune discussion sur un aspect important de l’Etat providence ne peut faire indéfiniment l’impasse sur la question de savoir avec quels instruments nous allons pouvoir défendre nos acquis. De Swert ne pose même pas cette question. Et le mal ne serait pas si grand si la CSC n’était pas une force importante. La prédisposition à la négociation dont fait preuve la direction de la CSC ne peut mener qu’à lâcher une fois de plus la proie pour l’ombre.
De Swert démonte les mythes l’un après l’autre, il faut lui rendre ce qui lui revient. Mais le rôle du syndicat est de défendre les intérêts de la classe ouvrière, non seulement en paroles, mais aussi en élaborant une stratégie et un plan d’action. Et c’est là que le bât blesse dans le chef de la direction de la CSC comme de la FGTB. Si les franges les plus combatives des deux syndicats ne commencent pas à s’organiser pour faire de leurs organisations des organes combatifs et démocratiques, les pensions seront alors vraiment en danger.
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Accord interprofessionnel. Elio et Freya dans le camp du patronat
Accord interprofessionnel
Pour la première fois en Belgique, un accord interprofessionnel a été rejeté par un syndicat, la FGTB. Le contenu de l’accord sera cependant appliqué car le gouvernement a décidé de l’imposer d’autorité.
Guy Van Sinoy
A l’annonce du rejet par la FGTB, la bourgeoisie a poussé des hurlements grotesques: «La FGTB saute à la gorge du patronat» (L’Écho, 8/2/05). La CSC et la CGSLB, qui avaient approuvé le projet, n’ont pas osé signer sans la FGTB et ont appelé le gouvernement à l’appliquer intégralement par voie d’autorité. Ce que le gouvernement s’est empressé de faire quelques jours plus tard.
Un projet qu’il fallait zapper
Le projet d’accord prévoyait: une norme de hausse salariale maximale de 4,5% [y compris l’in-dex (on prévoit 3,3%), les augmen-tations barémiques (0,5% l’an), la hausse tendancielle du salaire moyen due à la diminution d’emplois non qualifiés (0,5% l’an)]. Etant donné la hausse de productivité (de 1 à 1,5% l’an), une norme de 4,5% signifie une baisse réelle des salaires par unité produite.
Le projet prévoyait aussi que la limite des heures supplémentaires passerait de 65 heures à 130 heures. Le gouvernement avait promis 250 millions d’euros de cadeaux au patronat pour faire passer plus facilement l’accord.
Accepter un tel accord, c’était se mettre un carcan autour du cou avant de négocier les conventions collectives dans les secteurs. La manifestation syndicale du 21 décembre à Bruxelles (50.000 manifestants) a montré que les militants de base ne voulaient pas d’un tel carcan.
Fracture communautaire ?
La CSC a approuvé le projet à 74,8%, la CGSLB à 67%. La FGTB l’a rejeté à 52% (67% de non en Wallonie, 55% de non à Bruxelles, 52% de oui en Flandre). Immédiatement les médias ont parlé de « fracture communautaire » au sein de la FGTB. Quand il s’agit d’essayer de diviser les travailleurs, la presse au service de la bourgeoisie n’en rate pas une!
Au comité national de la FGTB, les centrales détiennent 2/3 des mandats et les régionales 1/3. C’est donc le poids des centrales qui pèse le plus dans la balance, et en particulier celui des grosses centrales. Le SETCa a rejeté le projet à 98% et la CMB (métal) à la majorité des 2/3. La Centrale générale a voté pour, mais d’extrême justesse: à Anvers et à Gand l’accord a été rejeté. La CGSP a voté pour à 80%, le textile et le transport à 100%. La Centrale de l’Alimentation : 50% pour, 49% contre.
A la CSC, la LBC (les employés en Flandre, la plus grosse centrale de la CSC), a voté contre, de même que la CNE (les employés du côté francophone). La CNE et la LBC couvrent notamment le secteur du non-marchand, actuellement en lutte. Les fédérations CSC de Liège, Verviers, Mons, Brabant wallon, Charleroi ont voté contre. Anvers a voté contre à 100%. Au Limbourg il y a eu une forte opposition.
Qu’est-ce que ça change ?
Si le gouvernement l’impose, cela revient-il au même que si l’accord avait été signé? Pas du tout. Il faut savoir que la norme de 4,5% n’est qu’indicative. Autrement dit, dans les conventions de secteurs il est légalement permis d’aller au-delà. Si l’accord avait été accepté par les syndicats la norme aurait aussi été indicative, mais dans la mesure où les syndicats l’auraient acceptée, elle devenait un engagement moral à respecter dans les conventions de secteur. Cette norme de 4,5% a donc beaucoup moins de poids, en particulier pour les centrales qui ont massivement voté contre.
Elio et Freya dans le camp du patronat
Personne ne doutait que la ministre de l’Emploi Freya Van den Bossche (SP.a), qui trouvait l’accord «fantastique», l’appliquerait d’autorité s’il était rejeté par les syndicats. Cela fait un bon bout de temps que les politiciens du SP.a (Vandenbroucke, Vande Lanotte, Luc Van den Bossche,…) s’en prennent ouvertement et cyniquement au monde du travail.
Elio Di Rupo par contre, à force de gesticulations verbales, parvient encore à donner du PS l’image d’un parti de gauche moderne. Mais c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ! A peine rentré de Porto Alegre où il était allé faire le guignol, Elio a donné le feu vert à Verhofstadt pour faire appliquer le contenu de l’accord.
Le SP.a et le PS sont les meilleurs garants de la politique de la bourgeoisie. Ceux qui votent pour ces partis, en pensant que c’est un moindre mal, se mettent eux-mêmes la corde au cou. Les travailleurs ont besoin d’un nouveau parti. Le MAS entend participer à ce travail de reconstruction du mouvement ouvrier. Et, dans l’immédiat, le meilleur moyen de progresser dans cette voie est de nous rejoindre.
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ULB : face aux attaques des autorités, organisons la lutte tous ensemble!
Ce lundi 20 décembre, une centaine de personnes se sont mobilisées devant le Conseil d’Administration de l’ULB pour protester contre la politique anti-sociale de la direction de l’université.
D’une part, les syndicats ont appelé à un rassemblement pour dénoncer les conditions de travail précaires des chercheurs contractuels (licenciements, droit qu’à une pension légale représentant environ 35% du salaire, …). La direction de l’ULB accorde des statuts différents à l’ensemble du personnel et ceci ne sert qu’à diviser le personnel dans leur lutte. C’est pour obtenir les mêmes droits pour tous les travailleurs de l’ULB qu’ils se sont mobilisés ce lundi. Même si certaines revendications ont été obtenues pour une partie du personnel, en ce qui concerne le statut des chercheurs, la décision est reportée au Conseil de la Recherche, où le recteur, représentant de la direction, siègera également.
D’autre part, plusieurs dizaines d’étudiants se sont mobilisés contre l’intervention policière musclée qui a mené à l’arrestation d’une vingtaine d’étudiants, la semaine précédente. La police, appelée par la direction, a saisi l’occasion, lors d’une action symbolique « d’enterrement du foyer » faite par un groupe d’étudiants, pour intervenir violemment sur le campus et arrêter aveuglément ceux qui se trouvaient à proximité ! La faillite du mouvement autogéré du foyer s’explique par le fait que l’occupation s’est faite sans revendications claires depuis le début de l’année, sans aucune direction élue pour mener la lutte, sans faire le lien avec les autres privatisations du campus (restaurants), les attaques que subissent le personnel et le sous-financement de l’enseignement, … Ce ne sont pas des actions symboliques ou des actes isolés qui pourraient arrêter la politique anti-sociale des autorités et du gouvernement. Des actions stupides comme la dégradation de biens et des bâtiments ne servent qu’à criminaliser et à diviser le mouvement. Elles donnent l’excuse aux autorités pour systématiquement casser tout mouvement de contestation et faire intervenir la police sur notre campus.
Les attaques contre les conditions de travail, la privatisation de certains services comme le nettoyage, l’entretien extérieur ou encore une partie de la sécurité, la privatisation de différents acquis étudiants (restos universitaires, foyer,…), entrent dans la logique de profit, prônée et appliquée par la direction. Un autre exemple de cette politique est la suppression du minerval réduit, ainsi que le suppression de la possibilité de fractionnement du paiement. Toutes ces mesures se retrouvent dans le cadre de la privatisation de l’enseignement, politique appliquée par les différents gouvernements européens.
Pour nous, il est clair que ce n’est qu’en créant un rapport de force au sein de la communauté universitaire (étudiants – travailleurs), en amenant un programme clair et des perspectives claires, en ayant une direction élue et révocable à tout moment qu’on pourra arrêter les attaques néo-libérales au sein de notre université. Cette politique se trouve clairement dans le cadre des attaques subies par l’ensemble des travailleurs aujourd’hui (passage au 40h, attaque des pré-pensions, plus flexibilité, privatisation des services publics). Ce n’est qu’en se tournant vers les travailleurs qu’on pourra changer réellement le système. Ce sont les seuls capables de bloquer l’économie et de faire pression sur le patronat et le gouvernement.
Face à l’attaque organisée du patronat et de ses laquais politiques, il faut une réponse organisée. La sociale-démocratie ne défend plus les intérêts des jeunes et des travailleurs mais travaillent main dans la main avec les patrons. Elio Di Rupo, par exemple, siège maintenant au Conseil d’Administration de Dexia, ce qui lui vaudra un « dédommagement » de 32.000euros. Ou encore Arena, ministre présidente de la Communauté française (PS), améliore son confort pour la somme de 310 000 euros. La sociale-démocratie applique aujourd’hui les politiques néo-libérales et défendent les intérêts patronaux, et ce au détriment des conditions de vie de la majorité de la population. C’est pourquoi nous appelons à la création d’un nouveau parti des travailleurs qui défendrait les droits et les acquis de la majorité de la population et non d’une clique de privilégiés.
Etudiants et travailleurs de l’ULB ont un même intérêt à lutter pour de bonnes conditions d’étude et de travail sur le campus. Seule une opposition massive à la politique de la direction de l’université pourra la bloquer. EGA organise une opposition anti-capitaliste et lutte pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous, en liant les luttes des étudiants à celles du mouvement ouvrier. Dans ce cadre, EGA lance un appel à former des comités de mobilisation pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi qui se déroulera le 19 mars à Bruxelles.
- Refinancement massif de tout l’enseignement et de la recherche !
- NON à la présence policière sur tous les campus universitaires !
- Reprise de la gestion du foyer et des restos universitaires par l’université sous contrôle des étudiants et du personnel !
- Enseignement gratuit et de qualité pour tous et à tous les niveaux !
- Unité étudiants-travailleurs-chômeurs contre la politique néo-libérale et anti-sociale du gouvernement!
- Pour un Nouveau parti des travailleurs qui défendent les intérêts de la majorité de la population!
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Roberto D’Orazio a voté pour la liste du MAS
Dans une interview de l’édition du dimanche du “Het Niewsblad”, Roberto D’Orazio déclare avoir voté pour la liste du Mouvement pour une Alternative Socialiste. Roberto D’Orazio a acquis une renommée nationale avec la lutte des Forges de Clabecq dans les années 90.
Le journaliste du ‘Het Nieuwsblad’ demandait à Roberto s’il avait voté pour Elio di Rupo du PS. Roberto lui a répliqué qu’il avait voté pour la liste du MAS « Un de mes anciens compagnons de lutte se trouve sur la liste ».
Dans le milieu des années 90 le direction des Forges fit connaître que l’usine devait fermer,
Roberto était à l’avant-garde de la lutte aux Forges de Clabecq contre la fermeture de l’entreprise. La-dessus, la délégation syndicale a organisé avec ses sympathisants une lutte importante. Des larges couches de la population de la région de Tubize et des environs donnèrent également un élan national a la lutte. Le moment le plus intense était la « marche multicolore » à Tubize, où 70.000 personnes ont manifesté dans la ville. Ce fut très important pour maintenir l’emploi dans l’entreprises même.
Finalement Duferco fit une offre pour reprendre les Forges de Clabeq avec considérablement moins de travailleurs et à la condition que les délégations syndicales restent dehors. La direction FGTB a vite cédé sur ce point et a jeté Roberto D’Orazio et Co. à la porte. Néanmoins, ce fut par la détermination de la lutte de la délégation syndicale que l’entreprise en fin de compte resta ouverte.
L’attitude de la direction syndicale a permit qu’un procès soit mené contre de nombreux militants des forges de Clabecq. 13 d’entre-eux ont dû dans un procès qui s’est étalé en longueur répondre comme responsable pour la lutte syndicale à laquelle ils ont pris part. Finalement quatre militants parmi lesquels Roberto d’Orazio, furent condamné d’une peine avec sursis. Cela signifie qu’il n’ont dans les faits pas reçu de peines.
La lutte des Forges de Clabecq est aujourd’hui encore restée un exemple sur la manière de gagner une lutte et de l’amener à la victoire. Nous sommes donc également fier que Roberto déclare dans un journal qu’il ait voté pour nous. Nous ne sommes pas d’accord avec tout ce qu’il dit dans l’article, mais nous avons beaucoup de respect pour la lutte et pour le rôle important qu’il y à joué.
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Qu’est-ce que le socialisme?
Etes-vous socialiste?
LES SOCIALISTES sont très souvent associés à toute une série de préjugés. Car que signifie finalement le fait de se dire socialiste?
Bart Vandersteene
Lorsque nous menons campagne, on nous pose parfois la question: «Socialistes de gauche – alors il y a aussi des socialistes de droite?» Que signifie au juste le socialisme? Est-ce qu’Elio Di Rupo est socialiste? En quelques mots, les socialistes luttent pour une autre société. Une société qui place la richesse produite au service de la satisfaction des besoins de l’ensemble de la population. Mais qu’entendons-nous par là? Une société qui ne produit pas en fonction des profits de quelques-uns, mais en fonction des besoins, évalués sur base d’une économie planifiée.
Comment voyons-nous cela concrètement?
Actuellement, plus les machines se perfectionnent et plus la science progresse, plus il y a de gens qui se retrouvent sans travail. Chaque progrès de la technologie peut vous faire perdre votre emploi. Un des premiers socialistes scientifiques, August Bebel, écrivait en 1881: «Sous le capitalisme, chaque progrès enregistré dans le processus de production amène à des pertes d’emplois». Quelle motivation peut-on avoir à rendre la production plus efficace lorsque l’on sait que l’on peut y perdre des plumes?
Imaginons maintenant que l’économie soit aux mains de la collectivité, que la soif de profit ne soit plus la règle. A ce moment votre talent et votre connaissance sont investis de manière à diminuer le temps de travail. Chaque amélioration dans la production pourrait servir à produire davantage en moins de temps. Chacun pourrait ainsi travailler beaucoup moins. Cette motivation pourra mener à d’énormes bonds en avant dans le développement de la science et de la technologie. Les scientifiques auraient vraiment le sentiment d’aider de manière effective au développement de l’humanité, et plus seulement d’aider à l’augmentation des profits des patrons, ou à faciliter les licenciements de nombreux travailleurs.
Notre revendication pour la semaine des 32 heures sans perte de salaires avec embauches compensatoires va dans ce sens: rendre justice aux travailleurs pour que ceux-ci, qui produisent les richesses, puissent profiter pleinement des avancées technologiques. Pour le moment tous ces avantages disparaissent littéralement dans la poche des patrons. Marx expliquait déjà que la diminution drastique de la journée de travail en ellemême est une condition pour une société socialiste. Cela fournit en effet à chacun suffisamment de temps libre pour s’adonner réellement à l’organisation de la société.
Une société socialiste prendra en mains, via des comités de représentants élus démocratiquement dans les quartiers, les entreprises, les écoles,… – débouchant sur un gouvernement ouvrier au niveau national et international – la planification de la production, et mettra ainsi fin à l’anarchie du marché libre. Les représentants politiques seraient éligibles et révocables à tout moment et à tous les niveaux, et seraient rémunérés d’un salaire ne dépassant pas celui d’un travailleur qualifié. Il n’y aurait ainsi plus de «politiciens professionnel», car plus personne ne serait détaché du processus de production et de la vie dans les quartiers.
Vers la socialisation des tâches domestiques
La diminution du temps de travail n’est pas la seule mesure nécessaire pour créer la possibilité d’une participation maximale de chaque individu à l’organisation de la société. La soustraction de toutes les tâches ménagères incombant actuellement à la famille – et surtout à la femme – est tout aussi indispensable. Cela est réalisable par la prise en charges de ces tâches par la collectivité: lavoirs collectifs, cuisines populaires, crèches et enseignement gratuits,…De cette manière, les profits ne sont pas empochés par une élite, mais servent à créer les conditions matérielles pour améliorer qualitativement la vie en société et pour augmenter nettement le niveau de vie.
Ces équipements remplacent le fardeau des tâches domestiques accomplies individuellement par la famille bourgeoise, libère chaque homme et chaque femme pour les faire participer activement à la planification démocratique d’une société socialiste.
Est-ce que le PS est socialiste?
Jetons un coup d’oeil sur ce que font le PS et le SP.a aujourd’hui. Un petit aperçu des prestations de nos ministres prétendument «socialistes»:
– Françoise Dupuis est la ministre qui s’est appliquée à faire passer les accords de Bologne dans l’enseignement supérieur en Communauté Française; ces réformes ouvrent la voie à la privatisation et à une élitisation encore plus poussée de notre éducation.
– Johan Vande Lanotte est le ministre ayant fait les plus sales rafistolages budgétaires que l’on puisse imaginer. Il a retiré 5 milliards d’euros au fonds de pension des travailleurs de Belgacom et les a dépensés. Mais il est aussi l’architecte de la privatisation de La Poste et des chemins de fer.
– Frank Vandenbroucke a ouvert la chasse aux chômeurs. Ainsi on attaque les victimes plutôt que les responsables du chômage.
– Renaat Landuyt est celui qui a introduit les chèques-services au niveau flamand, par exemple dans les crèches, où les services sont complètement subordonnés aux lois du marché.
– Elio Di Rupo était Ministre des Communications lorsque Belgacom fut privatisé.En réalité, les soi-disants «socialistes» sont déjà depuis de nombreuses années les dirigeants de la politique néo-libérale: rehaussement de l’âge de la pension, destruction de la sécurité sociale, flexibilité du travail, dégradation des conditions de travail,…
Quand on lit ces exploits, on comprend mieux pourquoi les sociaux-démocrates n’ont rien de socialiste. Pourquoi ils sont en fait les plus pires traîtres au socialisme. Ils se prétendent socialistes, mais agissent dans le sens contraire. Comme un enfant avec de la confiture autour de la bouche et le pot de confiture sur la table, et qui prétend ne pas en avoir mangé!
Il est grand temps de construire un mouvement vraiment socialiste. Dans les syndicats et dans la politique. Un mouvement socialiste qui ne se contente pas des quelques miettes qui tombent du gâteau, mais qui reprend la boulangerie en mains pour nourrir tout le monde. Et qui décide comment, en quelle quantité et pour qui les gâteaux sont produits.
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Elections du 13 juin. Pas de promesses en l’air!
Elections du 13 juin.
LA REPRISE économique sera-t-elle au rendez-vous? On ne peut se fier aux économistes car leurs prévisions varient d’une semaine à l’autre. Ils misent sur les profits d’une entreprise ou d’un secteur, ou encore sur la croissance des cours de bourse pour «ajuster» leurs prévisions.
Guy Van Sinoy
Regardons plutôt l’économie réelle. Il y a plus de chômeurs qu’au début de l’ère Verhofstadt et leur nombre croît quotidiennement. Chaque jour une entreprise ferme ses portes ou «remercie» son personnel. Des milliers d’emplois vont disparaître d’ici quelques années à la SNCB et à La Poste. Drôle de manière de stimuler l’emploi! Les 200.000 emplois promis par Verhofstadt/Onkelinx n’étaient que du bluff.
Tous les grands partis ont leur plan d’austérité en poche. En Flandre, des responsables VLD et SP.a ont déjà averti que des mesures «douloureuses» suivraient les élections. Le PS et le MR restent plus prudents à l’approche des élections. Dans les pays voisins, les attaques contre les travailleurs sont déjà en marche. Des luttes de grande ampleur ont déjà eu lieu dans plusieurs pays (Italie, Espagne,…). Le gouvernement belge a reporté ce genre de mesures pour après les élections sociales et politiques de cette année. Un plan d’austérité tous azimuts s’annonce donc pour l’automne, quelle que soit la composition du prochain gouvernement.
Amnésie sociale
Quand on écoute parler Elio Di Rupo on constate que plus on se rapproche des élections plus il adopte un langage social. Encore quelques semaines et il se prendra pour le chef d’un grand parti qui siège dans l’opposition.
Il y a quelques mois, beaucoup ont ironisé sur le MR après les déboires fiscaux de Daniel Ducarme. «Après l’amnistie fiscale, Daniel Ducarme invente l’amnésie fiscale…» entendait-on.
En ce qui concerne Di Rupo il faudrait plutôt parler «d’amnésie sociale». Ce beau parleur semble oublier que son parti est un pilier fondamental du gouvernement à tous les niveaux: au fédéral, à la Région wallonne, à la Région bruxelloise et à la Communauté française. Son parti est solidaire de toutes les mesures prises par les gouvernements à tous les niveaux que nous venons d’énumérer: la baisse répétée des charges sociales des entreprises, les mesures contre les chômeurs, l’amnistie fiscale, l’application de la Déclaration de Bologne en Communauté française, l’expulsion des sans-papiers par charter, l’intervention de la police sur le campus de l’ULB, la préparation de la privatisation de la SNCB et de La Poste, etc.
Dans les discours de 1er Mai, le président du PS évoquera sans doute la nécessite de faire barrage à la politique libérale. Surprenant langage de la part de quelqu’un qui était ministre des Communications au moment de le privatisation de Belgacom!
A l’occasion de ce 1er Mai, nous lançons un appel aux travailleurs, aux allocataires sociaux, aux jeunes à qui l’avenir semble plus sombre que jamais. Ne tolérez pas que les conquêtes sociales conquises après la Deuxième Guerre mondiale (la sécurité sociale, le droit à l’enseignement gratuit) soient anéanties sous la menace des délocalisations ou sous les injonctions de l’Union européenne. Avec nous, résistez à la casse des acquis sociaux!
Votez pour le MAS: pour une opposition de gauche, socialiste et démocratique!