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Tag: Electrabel
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Quand Electrabel prétend éclairer notre lanterne…
Je viens de recevoir un courrier d’Electrabel. La lettre d’accompagnement a pour titre « Electrabel vous informe sur l’évolution des prix et vous aide à faire des économies ». Mais la suite est beaucoup moins engageante.
Thierry Pierret
La lettre évoque d’abord la hausse continuelle du prix de l’énergie avant d’ajouter en gras: « Electrabel vous en a préservé jusqu’ici, ce que nous continuons à faire pour l’électricité ». Cette précaution de langage est aussitôt suivie de l’annonce de la hausse du prix du gaz naturel sous prétexte « d’adapter le prix de votre gaz naturel aux conditions des marchés sur lesquels nous nous approvisionnons ». Nous n’en saurons pas davantage sur ces marchés et conditions. On aurait pourtant bien voulu savoir pourquoi Electrabel augmente le prix du gaz à un moment où le prix des énergies fossiles (dont le gaz) est en baisse depuis plusieurs mois…
Mais Electrabel, bon prince, nous propose des « solutions concrètes » pour faire des économies d’énergie et d’argent. Elle propose ainsi un contrat « EnergyPlus » qui devrait nous faire économiser 2% du prix du gaz et de l’électricité. Puis elle nous offre même la possiblité de contrôler notre consommation mensuelle grâce à un service gratuit, le consomètre. Et si vous payez par domiciliation, vous recevez encore une réduction annuelle de 10 euros. Une série de tableaux s’ensuivent, qui sont censés nous éclairer sur les tarifs du gaz et de l’électricité. La grille des tarifs de l’électricité ne favorise pas vraiment les économies d’énergie. Celui qui consomme moins de 2000 Kw par an payera 8,53 euros le Kw/heure au tarif normal. En revanche, celui qui consomme plus de 20.000 Kw par an ne payera que 7,30 euros le Kw/heure. Electrabel voudrait favoriser les entreprises au détriment des ménages qu’il ne s’y prendrait pas autrement…
…il nous fait prendre des vessies pour des lanternes !
Et la hausse de 20% du prix du gaz à partir du 1er septembre annoncée avec fracas par Electrabel? D’après Jean-Pierre Hansen, topmanager d’Electrabel, il ne s’agissait que de la hausse du prix de base. Mais le prix du gaz indexé (sur quoi ?) n’augmenterait que de 3% cette année. Il ne s’agirait donc, à l’en croire, que d’une erreur de communication… Il promet que la facture mensuelle n’augmentera pas entre septembre et la facture annuelle (dont il ne dit rien…). Il promet également que la hausse de la facture mensuelle pour l’année prochaine sera « modérée » (mais qu’entend-il par là ?). Enfin, il ne donne aucune garantie pour les années suivantes.
On compare parfois l’électricité à une fée. On pourra désormais faire de même pour le gaz. La fée Electrabel a transformé comme par enchantement une hausse de 20% en une hausse de 3%. Une hausse de 3% qui devient une économie de 2% grâce à EnergyPlus. Bref, rien que du bonheur ! De qui se moque-t-on ? En vérité, Electrabel augmente ses prix pour satisfaire les exigences de profits des actionnaires de la multinationale Suez dont elle n’est qu’une filiale. Si Electrabel nie cela, qu’il rende alors publics sa comptabilité et les conditions des marchés où il s’approvisionne. Que les consommateurs puissent juger sur pièce !
Le MAS exige qu’Electrabel soit placé sous le contrôle conjoint des pouvoirs publics, des consommateurs et du personnel. C’est le seul moyen d’avoir une politique énergétique transparente, qui soit au service de la population et qui respecte l’environnement.
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Contre les attaques de la droite : Solidarité
Lors des élections du 10 juin, le gouvernement violet a été puni. À défaut d’une alternative visible réellement de gauche, ce sont surtout les partis de droite qui ont pu en profiter . En Flandre, le CD&V-NVA sort grand vainqueur et la Liste Dedecker a dépassé ses propres espérances. Du côté francophone, Ecolo récupère une partie des pertes du PS mais la c’est la formation (très) libérale de Didier Reynders qui est pour la première fois la plus grande formation politique tant en Wallonie et à Bruxelles.
Karel Mortier
Après leur lourde défaite, le PS et le SP.a sont dans les cordes et doivent tenter de se refaire une santé. Une coalition orange bleue composée des démocrates-chrétiens et des libéraux est en marche, ce qui n’augure rien de bon pour la population de tout le pays.
En décembre 2006, Yves Leterme avait déjà affirmé sa volonté d’opérer une série d’attaques sévères contre la sécurité sociale, ce qui pourrait « au besoin » mener à des « troubles » à l’automne. Durant sa campagne électorale, Leterme n’a d’ailleurs cessé de se référer au « modèle » de la politique économique menée par le premier ministre hollandais Balkenende : réduction de la sécurité sociale, de l’aide aux personnes âgées, des indemnités de chômage,…
Leterme – qui est le mieux placé dans la course pour la direction du futur gouvernement – a donc averti, en termes prudents, qu’il était prêt à engager la confrontation avec les syndicats. Il n’est donc pas surprenant de voir l’empressement vorace avec lequel le patronat lui fait part de ses souhaits. Le précédent gouvernement avait déjà été un beau Père Noël pour les patrons mais leur soif de profits n’a pas de limites et ils attendent plus encore de preuves de loyauté de la part de l’Orange bleue.
Mais l’euphorie du patronat provoquée par la progression des partis de droite, surtout en Flandre, est déplacée. Les victoires de Leterme et Dedecker sont en premier lieu une conséquence de l’aversion provoquée par la politique de la coalition violette. Et que représentent Leterme et Reynders comme alternative ? Une même politique, mais encore un cran au-dessus. Avec, entre autres, l’augmentation des prix chez Electrabel et la fermeture de nombreux bureaux de poste, nous savons à quoi nous en tenir pour les conséquences des libéralisations. Mais que veulent obtenir les patrons du prochain gouvernement ? Justement, plus encore de libéralisations.
L’aversion grandira aussi parmi les électeurs de Leterme et Reynders contre la politique que ceux-ci représentent. Mais le PS ou ECOLO peuvent-ils apporter une alternative à cette politique ? Si les Verts ne sont pas ultralibéraux comme l’est Dedecker en Flandre – qui profite du même vote de protestation et de dégoût face aux partis précédemment au pouvoir – il est à parier que son opposition ne sera dure qu’en paroles. Et encore. Sur le fond, ECOLO se prononce aussi pour des cadeaux au patronat et ne s’oppose plus à la privatisation de services publics. Quant au PS, s’il fera payer cher au MR sa première place perdue, sa hargne viendra uniquement de sa volonté de reprendre rapidement les rênes du pouvoir.
Selon Guy Quaden, gouverneur (PS) de la Banque Nationale, 1,2 milliard d’euros devra être épargné par l’Etat cette année et encore 2,3 milliards d’euros l’an prochain. Pour réaliser cet « assainissement », les mesures à effet unique, comme la vente de bâtiments publics, ne suffira plus et la probabilité d’attaques dures contre les acquis des travailleurs en sera d’autant plus grande. La résistance doit s’organiser dès aujourd’hui.
Les résultats électoraux du CAP (Comité pour une Autre Politique) n’ont pas reflété ce que nous espérions et encore moins le potentiel et le dynamisme de cette nouvelle organisation. A l’avenir, la nécessité d’un nouveau parti large pour défendre les travailleurs et leurs familles ne cessera pourtant de s’affirmer. Nous avons besoin de solidarité entre les travailleurs, entre les jeunes et les plus âgés, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas, entre Wallons, Flamands et Bruxellois,… Pour tout cela, nous vous appelons à continuer à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.
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Libéralisation de l’électricité et du gaz. Un gain pour le consommateur et l’environnement?
Aujourd’hui, tous les politiciens se découvrent une fibre environnementale. Le sujet s’est immiscé dans la campagne présidentielle française avec l’appel de Nicolas Hulot, dont presque tous les candidats ont signé le Pacte écologique. Les politiciens wallons, Di Rupo en tête, ont également repris cet appel à leur compte en vue des élections fédérales. Mais, au-delà de l’image qu’il tentent de créer, apportent-ils une réponse à la mesure des problèmes sociaux et environnementaux ?
Boris Malarme
Tous les partis – y compris Ecolo ! – se sont déclarés favorables à la libéralisation du secteur de l’électricité et du gaz effective depuis le 1er janvier à Bruxelles et en Wallonie. Selon eux, la concurrence devrait faire diminuer le prix payé par les consommateurs.
Cet argument est totalement mensonger, comme l’illustre la situation en Flandre où cette libéralisation est effective depuis juillet 2003. Le dossier que « Test Achats » lui a consacré récemment démontre que la note d’électricité n’a pas cessé d’augmenter depuis l’ouverture du secteur à la libre concurrence. Pourquoi ?
D’une part, parce que les entreprises s’entendent pour limiter l’impact de la concurrence et assurer que leurs profits continueront à prospérer : Electrabel (aujourd’hui filliale de Suez) et qui détient 70% de la production d’électricité en Belgique a réalisé un bénéfice net de près de 2 milliards d’euros en 2005.
Et, d’autre part, parce que les taxes soi-disant écologiques sur la consommation particulière d’électricité se sont envolées ces dernières années. La cotisation « Kyoto » a augmenté de 20,3% en 2005 et la taxe pour la dénucléarisation des sites de 34,9% depuis mi-2003.
En plus, le consommateur flamand paie maintenant une taxe communale complémentaire destinée à compenser la perte de revenu que la libéralisation engendre pour les finances communales.
Laisser échapper le secteur énergétique des mains du secteur public fait dominer les intérêts du privé (bénéfices, dividentes, argent, argent… et argent) au détriment de l’intérêt collectif (service, accessibilité,…).
En Flandre, les fournisseurs privés n’hésitent plus à couper sans scrupules l’électricité aux dizaines de millliers de ménages qui ont des difficultés pour payer les factures et qui n’ont dès lors plus accès qu’à la fourniture minimum. Le portefeuille et le bien-être du consommateur ne sortent donc pas gagnants de la libéralisation. Mais l’environnement, lui, peut-il bénéficier réellement du fait que les caisses de l’Etat et des entreprises sont mieux garnies ?
Gros profits et courte vue
Des mesures en faveur de l’environnement ont certes été prises ces dernières années mais leur impact reste limité : les entreprises cherchent à compenser les coûts supplémentaires (nouveau matériel, nouvelles taxes,…) en comprimant les salaires ou en reportant ces coûts sur les consommateurs. Et, en agitant la menace de perte de compétitivité, elles pèsent de tout leur poids sur leurs politiciens pour éviter la mise en oeuvre de tout programme environnemental conséquent et contraignant.
Les investissements dans la recherche scientifique sont faits majoritairement par les entreprises et dans les domaines qui assurent un profit maximum à court et moyen terme. Donc, en ce qui concerne l’énergie, majoritairement dans les technologies de combustibles fossiles et pas assez (loin de là) dans les énergies renouvelables. Aucune percée scientifique conséquente n’a donc pu être faite dans ce domaine.
Comme solution, plusieurs pays européens préfèrent donc abandonner l’idée de stopper la production d’énergie nucléaire (un secteur qui est en pleine croissance : 29 nouvelles centrales en construction dans le monde!). Les capitalistes et leurs politiciens utilisent comme argument que cette technologie ne produit pas de gaz à effet de serre, mais ils se taisent sur les problèmes colossaux que pose l’accumulation de déchets radioactifs (encore une fois le court terme…). De toute manière, le souci de sortir de la dépendance des hydrocarbures tient plus à l’augmentation des prix qu’à un quelconque souci écologique.
Résoudre les problèmes environnementaux majeurs tels que le réchauffement climatique, l’appauvrissement de la couche d’ozone et les risques toxiques de l’activité nucléaire doit se faire à l’échelle internationale. Mais les puissances capitalistes ne coopéreront jamais si les profits de leurs entreprises en sont affectés et ne peuvent ainsi même pas arriver à un accord limité, situation renforcée en cas de récession économique. Les Etats-Unis, puissance impérialiste dominante produisant à elle seule 25% des gaz à effets de serre, seraient le plus grand perdant d’un accord général, ce qui explique leur refus de signer le Protocole de Kyoto. L’échec de celui-ci illustre à quel point le capitalisme est incapable d’aborder la crise environnementale.
Crise écologique et socialisme
Un programme d’investissement public massif à long terme dans la recherche, le développement des transports publics et la production énergétique via des sources d’énergie renouvelable est nécessaire afin de remplacer progressivement les centrales à combustibles fossiles ou nucléaire. Cela doit être accompagné d’un plan de reconversion des travailleurs de ces secteurs qui garantisse le maintien de tous les emplois, des salaires et des conditions de travail. Mais un plan environnemental ne peut être efficace que si les entreprises énergétiques sont nationalisées et contrôlées démocratiquement par les travailleurs.
Les problèmes environnementaux sont largement imputables aux quelques centaines de multinationales qui dominent l’économie mondiale et produisent n’importent quoi en toute anarchie. Puisque l’environnement dépend de presque tous les aspects de la production des marchandises et des services, un plan dans le domaine de l’énergie doit faire partie d’un plan plus général de nationalisation et de planification de l’ensemble des secteurs-clés de l’économie.
Lutter pour le socialisme n’est pas une diversion face à la crise écologique. En définitive, seule une société socialiste peut apporter une issue à la crise environnementale qui assure le bien être de chacun tout en préservant la planète.
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ÉNERGIE: Nos intérêts ne sont pas les leurs
Un sommet européen vient de se tenir à Bruxelles. Au menu: la politique énergétique. Le consommateur, à l’heure des grandes manoeuvres spéculatives, y trouvera t-il- son compte? On peut en douter…
Xavier Dupret
Energie: du monopole public au monopole privé…
La construction européenne, basée sur le libre-échange, a entrepris, dès 2002, le démantèlement des monopoles nationaux en vigueur dans les Etats-Membres. Le projet européen de libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz poursuit plusieurs objectifs: favoriser l’émergence d’un marché européen de l’énergie unifié, accroître la compétitivité des entreprises européennes du secteur de l’énergie face à leurs concurrents internationaux, faire profiter les consommateurs (professionnels en particulier) des baisses de prix sur le marché de l’énergie entraînées par la restauration de la libre concurrence. On fera remarquer, dès le départ, que la baisse des tarifs concerne en priorité les gros consommateurs (les entreprises).
En laissant les coudées franches à de grands groupes, on risquait de favoriser l’apparition de monopoles privés au niveau européen, non sans conséquences d’ailleurs. « Les résultats observés sur les marchés européens sont mitigés au regard des objectifs initiaux : forte volatilité des prix de l’électricité sur plusieurs marchés européens, recrudescence croissante des incidents » (1.) Ce genre de remarque permet de voir où le bât blesse. C’est qu’avant la libéralisation, l’existence de monopoles trouvait son explication dans les investissements nécessaires à la mise en oeuvre de la production d’énergie. Au total, la libéralisation aura juste permis un transfert de propriété du public vers le privé. A la clé: une perte de contrôle démocratique sur le secteur de l’énergie.
Electrabel: la poule aux oeufs d’or
La libéralisation a eu très vite ses effets sur le marché intérieur belge. C’est ainsi qu’Electrabel est passé sous le contrôle de Suez pour en devenir le pôle d’électricité. Le passage a été progressif. Au départ, Suez, groupe de service aux collectivités et spécialisé dans l’énergie, détenait déjà 50,1% des parts de la société belge. En août 2005, les actionnaires minoritaires ont été dégagés et Electrabel est passé sous le contrôle total de Suez. Cette stratégie de consolidation répondait à un souci de protection. Enel (Ente Nazionale per l’Energia Elettrica), la société nationale italienne d’électricité, principal producteur d’énergie électrique du pays, a fait connaître son souhait de se porter acquéreur d’Electrabel qui est très rentable puisque ses centrales sont amorties depuis longtemps.
Evidemment, pour capter Electrabel, il fallait passer par Suez qui n’a jamais voulu lâcher la poule aux oeufs d’or. Résultat des courses : après avoir fait l’objet d’une tentative de rachat par ENEL, Suez a décidé de fusionner avec Gaz de France (GDF). Suez restera français, Electrabel aussi.
De l’eau dans le gaz en Belgique
Outre l’électricité, Suez est également, en Belgique, à la tête du principal réseau de stockage et de distribution de gaz, via ses filiales Fluxys et Distrigaz. Le projet de fusion avec GDF -qui vend du gaz en direct en Belgique et qui y est aussi le second producteur d’électricité via sa filiale SPE (qu’il contrôle avec le britannique Centrica) – aboutirait, donc, à la création d’un monopole énergétique. Evidemment, les garanties pour le consommateur sont des plus minces. L’Europe du libre marché n’aura pas eu pour effet, chez nous, d’accroître la concurrence, bien au contraire. Et à quelques mois des communales, ça fait désordre. D’où l’intervention du Premier Ministre. Les pistes avancées sont soit une cession d’actifs en Belgique par GDF et Suez soit le démantèlement pur et simple d’Electrabel. La solution préconisée par les libéraux flamands – et les écologistes francophones ! – tendrait plutôt à casser Electrabel avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer. Car si le secteur belge de l’électricité devait se caractériser par un grand nombre d’opérateurs individuels, le principe de concurrence reposerait aussi par une renégociation des acquis des travailleurs du secteur, compression des coûts oblige. Pour rappel, le bénéfice d’Electrabel a grimpé de 60,4% l’année dernière. Décidément, cette Europe n’est pas la nôtre…
(1) 10ème session du cycle de conférences de politique énergétique organisé conjointement par le Commissariat général au Plan, Paris, février 2004
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Libéralisation des marchés: Ce sont les actionnaires qui y gagnent, pas nous!
Et vous, vous vous en sortez ? Depuis la libéralisation du secteur télécom, nous avons le choix entre 26 opérateurs et 65 tarifs. Pour fournir l’énergie, nous disposons de 6 fournisseurs privés différents, en plus de 9 intercommunales mixtes et de deux sociétés de contrôle. Depuis le 1er janvier, nous avons la possibilité de passer par plusieurs sociétés privées pour un envoi postal de plus de 50 grammes. Le transport ferroviaire de marchandises a déjà été libéralisé et le transport de voyageurs s’y prépare aussi.
Eric Byl
Tout cela serait, paraît-il, avantageux pour “le consommateur”, c’est-à-dire vous, moi et nos familles. Mais, pour sortir de cette jungle des fournisseurs et des tarifs, le consommateur devra être quelqu’un de super-informé, ayant beaucoup de temps libre, capable de déchiffrer les contrats jusque dans les petites lettres et disposant d’une connexion au réseau internet. Combien de personnes répondent à ces critères ? Sur le « marché de l’électricité », seuls 12% des usagers ont changé de fournisseur (De Morgen, 14.01.2006). Et une personne sur deux a déjà constaté des problèmes, allant de factures vagues ou erronées à un mauvais service après-vente en passant par l’absence de factures intermédiaires (De Standaard, 13.01.2006).
Profits nets 2005
- Suez: 2,08 millards d’€, 48% de plus qu’en 2004
- Electrabel et Distrigas: 1,28 millard d’€, 79% de plus qu’en 2004
- Nuon: 1,14 millard d’€, 18% de plus qu’en 2004 Les actionnaires de Nuon ont reçu 322 million d’€ en dividendes, contre 119 million d’€ en 2004
- La moitié des utilisateurs ont connu des problèmes après avoir changé de fournisseur d’énergie: facture en retard, double facturage, …
- Pannes électriques avec 5 cm de neige tombée!
- 22.000 « compteurs de budget » en 2005 contre 11.600 entre 2002 et 2004
- 10.800 emplois perdus à Belgacom en 10 ans
En Flandre, où la libéralisation du secteur de l’énergie s’est appliquée plus tôt, le parti «socialiste» (SP.a) commence à réaliser qu’il y a un problème et constate que “souvent les défavorisés sont victimes de leur ignorance… Souvent ils ne savent même pas qu’ils sont libres de chercher un fournisseur d’énergie bon marché”. (De Standaard, 25.05.2005). Présenté de cette manière, il semblerait que c’est parce que nous sommes des crétins que nous payons trop ! Les fournisseurs ne montrent pas plus de respect : l’année passée, 36.000 foyers ont vu leur électricité coupée par leur fournisseur et n’ont plus droit qu’à la fourniture minimum des distributeurs, soit 7,5% de plus que l’année précédente. En 2004, 2.250 foyers ont subi une coupure totale. Les chiffres pour 2005 ne paraîtront qu’au milieu de 2006, mais on sait déjà que ce nombre à fortement augmenté. Une nouvelle expression est née en Flandre : les « energiearmen », les “pauvres à cause de l’énergie”.
Mais il y a aussi des « riches à cause de l’énergie ». En 2005, le profit net de Belgacom a été de 959 million d’€, dont 500 millions ont été versés aux actionnaires. Bellens, le patron de Belgacom, reçoit chaque jour un salaire comparable au salaire mensuel de 6 membres du personnel. Et, ici aussi, ce sont d’autres consommateurs – ceux qui travaillent ou qui ont travaillé dans les sociétés actuellement libéralisés – qui ont fait les frais de la fête : entre 1996 et juin 2005, le personnel de Belgacom à diminué de 24.309 à 13.569 travailleurs, ce qui a coûté aux contribuables 250 millions d’€ en allocations et en pertes de rentrées.
Ce n’est pas mieux ailleurs. A La Poste travaillent actuellement 35.000 postiers, 9.000 de moins qu’il y a 10 ans. Chez Electrabel, le personnel a manifesté pendant Batibouw contre le non-respect de la garantie d’emploi pourtant inscrite depuis 40 ans dans les conventions collectives. Rien d’étonnant alors qu’en terme de services, la libéralisation soit une affaire foireuse, au point qu’à l’occasion des nombreuses pannes d’électricité qui se sont produites au cours de cet hiver, Freddy Willockx, le bourgmestre de St. Niklaas, a pu déclarer : “Je me demande si je vis en Amérique Latine ou en Europe Occidentale”.
Ces derniers jours, on commence à discuter ouvertement, au gouvernement et dans la presse, de l’échec de la libéralisation du marché d’électricité. Pas à cause de ses conséquences antisociales (il ne faut pas rêver !), mais parce qu’Electrabel renforcera encore son monopole de fait si la fusion entre sa société-mère Suez et Gaz de France a lieu. Vande Lanotte, président du SP.a, affirme avoir la solution: “Il faut refaire la libéralisation du marché d’énergie”. Non merci, Monsieur, on a déjà donné. Ce que nous voulons, c’est un vrai service public accessible à tous, de bonne qualité et à prix raisonnable. Mais, pour cela, il faudrait oser tailler dans les profits de tous ceux qui se sont enrichis grâce à la libéralisation.
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Grève au sein du personnel précaire de la société BlueComm
Nous sommes des travailleurs précaires – étudiants, chômeurs,… -, engagés en Belgique francophone par la société suisse BlueComm pour faire remplir des questionnaires dans le cadre d’une enquête sur « l’esprit d’entreprise » parmi les jeunes Wallons et Bruxellois de la tranche d’âge 15-24 ans.
Nous représentons la majorité des employés de cette société en Belgique. Face à des conditions de travail et de rémunération particulièrement mauvaises et à des pratiques qui nous semblent ne pas respecter nos droits élémentaires, nous avons décidé de nous mettre en grève, avec les revendications suivantes.
1) Les responsables de la société Bluecomm ont explicitement incité les travailleurs à prester au noir : aucune information sur les contrats n’était disponible aux séances de briefing organisées au moment du recrutement, on nous a incité à travailler au noir pour plus de facilité, verbalement d’abord, puis par incitants salariaux. Ceux qui désirent être déclarés ne recevrons pas les 12 ? prévus par questionnaire, mais 7,70 ? net. Les autres gardent 12 ?. Après des demandes répétées, aucun d’entre nous n’a pu obtenir de contrat de travail. Nous disposons des preuves (courriels et enregistrement vocal) de ce que nous avançons.
Nous exigeons des contrats de travail en bonne et due forme.
2) Nous sommes payés de façon forfaitaire et non pas à l’heure de travail. Nous avons droit à 12 ? (brut) par questionnaire rempli, alors que, tout compris, le temps estimé pour en remplir un est en moyenne de 2 à 3 heures. Nos frais de téléphone et de déplacement nécessaires pour trouver les personnes à interroger (l’enquête est conduite selon la méthode dite « des quotas », ce qui implique l’obligation pour les enquêteurs de trouver des profils précis) ne sont pas remboursés, sauf les timbres pour renvoyer les questionnaires remplis à BlueComm et les boissons (« non alcoolisées ») qu’on aurait dû offrir… Nous recevons donc un salaire qui tourne autour de maximum 4 ? de l’heure (sans prendre en compte les coûts non quantifiables).
Nous exigeons une rétribution forfaitaire nette de 25 ? par questionnaire et le remboursement complet des frais.
3) La société BlueComm se réserve dans l’état actuel des choses le droit d’invalider unilatéralement les questionnaires que nous remplissons. Nous ne sommes pas payés pour les questionnaire invalidés.
Nous exigeons une modification de la procédure de validation des questionnaires.
Nous transmettrons à BlueComm les questionnaires remplis (que nous avons pour le moment décidé de conserver à titre de moyen de protection, dérisoire sans doute, mais qu’importe) quand ces trois conditions seront rencontrées.
Par ailleurs, nous constatons que la société BlueComm et ses pratiques indéfendables ne sont que les sous-traitants d’un organisme belge ayant pignon sur rue : la fondation Free, elle-même composée du gratin économique belge (Compagnie Nationale à Portefeuille s.a., Electrabel, Fortis Banque s.a., GlaxoSmithkline Biologicals s.a., Lhoist s.a., Groupe Siemens Belgique/Luxembourg s.a., Sonaca s.a.). Ceci appelle, nous semble-t-il, une réaction vis-à-vis de BlueComm de la part de ces différentes structures si elles ne veulent pas être assimilées aux pratiques de leur sous-traitant.
Si nos revendications ne sont pas satisfaites avant mercredi, nous organiserons des actions de protestation dans l’espace public pour dénoncer les pratiques dont nous sommes victimes (nous donnons d’ores et déjà rendez-vous à la presse devant la bourse jeudi à 13h30). Nous avons décidé de donner à notre mouvement le nom de Flexblues et nous avons ouvert le site web http://flexblues.be/ sur lequel vous trouverez d’ici peu des informations complémentaires.
Signé : le collectif Flexblues
Site : http://flexblues.be/
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Coupures d’électricité dues à la politique néolibérale
Le temps était bien hivernal ce samedi 26 novembre, et plusieurs régions du pays, ont connu des coupures d’électricité. Quelques quartiers de Saint-Nicolas ont été privés d’électricité pendant presque cinq heures. Selon Willockx (SP.a), bourgmestre de la ville, c’est «inacceptable en 2005», il n’y avait que cinq centimètres de neige et la vitesse du vent ne dépassait nulle part les 100 km/h.
Jan Van Olmen
Le gouvernement doit en tirer les leçons, dit-il encore. Il a aussi déclaré qu’Electrabel n’était pas prêt à être libéralisé.
Selon ELIA, gérant du réseau, les cables ont craqué à cause de neige, d’humidité et de températures exceptionnelles. Ce sont quand même les caractéristiques d’un temps pas si surprenant dans nos contrées.
ELIA prétend beaucoup investir afin de satisfaire ‘les exigences de la clientèle’, comme l’extension du réseau. Mais en échange, l’austérité dans le maintien des équipes techniques se fait sentir. Alors que la population doit supporter d’être privée d’électricité pendant des heures, les services sont démantelés.
C’est bien ce que signifie la libéralisation des services utilitaires et des services publics. Willockx a beau parler: entretemps, nous espérons pour lui qu’il n’y aura pas d’inondations dans sa région, car elles peuvent révéler un autre scandale: la libéralisation du réseau des égouts.
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Bas les pattes des prépensions!
Là où certains verraient un bien, les patrons font mine de vouloir prévenir une catastrophe. L’Union européenne martèle en effet depuis des années que les taux d’emploi en Europe sont trop faibles par rapport à ceux des principaux pays concurrents. Résultat : partout, l’âge de départ à la retraite, le montant de la pension, les durées de cotisation,…sont modifiés systématiquement au détriment des salariés. Mais si les taux d’emploi sont trop faibles, pourquoi ne pas engager les dizaines de milliers de jeunes qui aboutissent au chômage chaque année?
Cédric Gérôme
En Belgique aussi, cela fait maintenant plus d’un an que gouvernement, patrons et médias balaient idéologiquement le terrain pour s’atteler au rallongement de l’âge de la retraite et au tronçonnage de nos prépensions. Sur le ton d’un alarmisme démesuré, tous se rejoignent pour affirmer que « si on veut que le système de pensions et celui des soins de santé restent viables, il faut augmenter le taux d’emploi des actifs sous peine d’être obligé de relever les cotisations sociales à un niveau intenable » (La Libre Belgique, 09/04/2005). Comme s’il ne s’agissait que d’un problème technique, sans conséquences pour l’ensemble de la société.
Le phénomène du « papy-boom » sert dans ce débat d’argument massue, et prétend donner à ces affirmations un caractère incontestable. Cependant, même si le vieillissement de la population est réel, on occulte sciemment le fait qu’en Belgique comme ailleurs, la productivité a considérablement augmenté elle aussi; par conséquent, non seulement il y a suffisamment d’argent pour payer les pensions, mais il y en a même plus qu’avant. Le tout est d’aller le chercher là où il se trouve : dans les poches des grands patrons et des actionnaires. Electrabel affiche un bénéfice net de près d’un milliard d’euros. Fortis est en tête du classement avec un bénéfice de 3,358 milliards d’euros. Tandis que les profits des entreprises ont explosé au cours de ces dernières années, les travailleurs ont vu leur part du gâteau fondre comme neige au soleil. Et c’est de nouveau à eux que l’on demande de « faire des sacrifices »… Pas étonnant qu’en Grèce, en Autriche, en France et en Italie, la réforme des pensions ait provoqué des mouvements de masse, y compris des grèves générales. Solide leçon pour le gouvernement belge qui, après les nombreuses grèves et mouvements de lutte de ces derniers mois, marche sur des œufs. L’objectif du gouvernement et du patronat est d’augmenter de cinq ans l’âge effectif de la sortie de carrière, ainsi que de porter un premier coup de sabre aux prépensions. Mais la manière d’appliquer cette nouvelle offensive sur les acquis des travailleurs ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement. Voilà pourquoi le débat sur les fins de carrière est de nouveau reporté, pour la conférence de printemps qui aura lieu en mai. Certains n’hésitent pas à faire preuve d’une démagogie sans borne pour faire avaler la pilule aux travailleurs.
C’est le cas de cet économiste de l’UCL, Sergio Perelman, qui affirme que « Si on remet les vieux sur le marché du travail, il y aura un effet bénéfique pour toute l’économie et donc sur l’emploi des jeunes». Effets bénéfiques? Un rapport publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) révèle que le nombre de travailleurs morts dans l’exercice de leur métier dépasse, par an, les deux millions.
Plutôt que de retarder l’âge de la retraite, il faut faciliter l’emploi de tous durant la vie active et permettre aux plus âgés de couler leurs vieux jours dignement. Mais pour cela, il faut changer de politique. Notamment en partageant le travail entre tous, avec maintien du salaire. Il faut stopper l’attaque contre les pensions et les prépensions. Aux côtés de syndicats combatifs, il faut un parti doté d’un vrai programme socialiste. C’est ce que nous construisons avec le MAS-LSP. Rejoignez-nous dans ce combat!
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Energie: Libéraliser pour payer plus cher
Comme nous l’avions prédit, la libéralisation en Flandre du marché de l’énergie n’a pas provoqué une baisse des prix, bien au contraire! Selon un récent sondage de TestAchats, il ressort que depuis la libéralisation, une famille dépense en moyenne 50 euros de plus mensuellement pour se fournir en électricité.
Karel Mortier
Pour la plupart des utilisateurs, le gaz naturel est également plus cher qu’avant. De plus, avant la libéralisation, les communes percevaient annuellement quelques 250 millions d’euros; mais depuis la libéralisation, ces rentrées ont quasiment disparu. Dès lors, un certain nombre de villes et de communes ont augmenté les taxes et sabré dans le budget des services sociaux afin de compenser les pertes.
Une cause importante de la montée des prix de l’énergie est la position quasi monopoliste d’Electrabel. D’après Luc Barbé, le chef de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat à l’énergie Olivier Deleuze (Ecolo), l’actuel gouvernement devrait garder délibérément les prix de l’énergie élevés en Belgique afin qu’Electrabel puisse utiliser ces revenus pour s’agrandir à l’étranger. De cette manière, il pourrait écraser ses concurrents qui finiraient par crouler sous les dettes.
Pour les partis bourgeois, la baisse des prix de l’énergie reste cependant le principal argument en faveur de la libéralisation. Selon Steve Stevaert la libéralisation est «une bonne chose pour les gens» car ils devront moins payer de leur poche. Et maintenant qu’on en voit les résultats, la réponse de la social-démocratie est …libéralisons encore plus!
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Explosion du gazoduc à Ghislenghien. La fatalité a bon dos
Explosion du gazoduc à Ghislenghien
LE 30 JUILLET à 8h55 une conduite de gaz naturel sous haute pression (80 bars) passant sous le zoning industriel de Ghislenghien explose, fait 21 morts (à ce jour) et plus d’une centaine de blessés dont certains dans un état critique. Une colonne de flammes, haute de plusieurs dizaines de mètres, s’élève dans le ciel tandis que le morceau de conduite (3 tonnes) qui a explosé est projeté à 150 mètres. Sous l’effet de l’onde de chaleur les circuits électriques de bâtiments situés à plusieurs centaines de mètres de l’explosion fondent. Certaines victimes (travailleurs à l’ouvrage sur le zoning, pompiers, automobilistes circulant à proximité de la catastrophe) tentent de fuir la fournaise et seront retrouvées gisant dans les champs calcinés autour du zoning.
Guy Van Sinoy
L’enquête pour déterminer les causes de la catastrophe sera longue. Mais d’ores et déjà un certain nombre de faits sont accablants. Comment expliquer que l’on permette d’installer un zoning audessus d’un gazoduc à haute pression? L’alerte a été donnée à 8H30, mais aucune évacuation du site n’a été organisée. Les pompiers, policiers et techniciens d’Electrabel, envoyés sur le lieu du drame quelques dizaines de minutes plus tôt (on avait signalé une fuite de gaz) ignoraient qu’il s’agissait d’une conduite de 90 cm sous haute pression (plus de 400 m3 de gaz transportés par seconde sur une distance de 145 km!). Pire: le permis délivré en septembre 2003 à la société Diamant Boart (dont les installations en construction ont été anéanties par l’explosion) parlait de la présence d’une conduite de gaz dans le sous-sol mais on n’en trouvait pas la moindre trace dans la modification du plan de secteur de 1993. Le morceau de conduite qui a explosé porte les traces de griffes d’un engin de terrassement (pelleteuse, bulldozer).
La Confédération de la Construction flamande (VCB) a demandé, à la suite de cette catastrophe, un inventaire complet et précis de toutes les canalisations souterraines qui sillonnent les trois régions du pays. Car sous le bitume c’est la jungle! Les sociétés de distribution (Belgacom, les sociétés de distribution d’eau, de gaz et d’électricité) interviennent de façon anarchique. Avec la libéralisation des marchés des télécommunications, du gaz et de l’électricité, le nombre de sociétés et d’organismes intervenant va augmenter et encore plus compliquer la gestion du sous-sol de notre pays qui compte déjà 400.000 km de conduites souterraines.
La catastrophe de Ghislenghien est au transport du gaz ce que le naufrage de l’Erika est au transport du pétrole par bateau. Dans un monde où règnent l’anarchie capitaliste, les lois de la jungle, la course effrénée au profit il est utopique de croire que les compagnies privées sont disposées à produire et à transporter l’énergie (charbon, pétrole, électricité, gaz, nucléaire) en toute sécurité. Car cette sécurité a un prix et elle pèse lourd sur la rentabilité et les profits.
La seule façon de garantir que la production, le stockage et la distribution de l’énergie se fassent en respectant l’environnement ainsi que la sécurité des travailleurs et des riverains est de nationaliser le secteur sous contrôle ouvrier et sous le contrôle de la population.
Un dernier point était choquant. Les obsèques nationales des victimes, le 4 août, n’étaient organisées que pour 7 des victimes: 5 pompiers, un policier et un employé d’Electrabel. Pas pour les ouvriers de Diamant Boart tués sur leur lieu de travail. Pourquoi cette discrimination indécente? Toutes les victimes n’avaient-elles pas droit à la même considération?