Tag: Electrabel

  • Mons: Discours à la tribune

    Mons: Discours à la tribune

    "Il y a urgence !". C’est avec ces mots que le secrétaire régional de la FGTB a résumé le sentiment très fortement partagé par l’ensemble des manifestants. Les problèmes sont nombreux, la rage est là, et il a été bien difficile pour les orateurs CSC et FGTB de se faire entendre à certains moments. Même les baffles ont eu du mal à venir à bout des cris de colère lancés par la foule…

    Le secrétaire régional FGTB a fait l’état des lieux de la situation, accompagné de remarques criées par certains militants. "Les augmentations de salaire sont mangées par la hausse des prix. On en a marre d’enrichir les actionnaires d’Electrabel ! On en a marre que les revenus du capital échappent à l’impôt ! A chaque fois que l’on donne un euro aux petits, on en donne 3 aux gros ! Ceux qui nous gouvernent vont nous entendre !" a-t-il notamment déclaré.

    Le secrétaire fédéral de la CSC Mons-La Louvière a ensuite pris la parole: "il s’agit ici d’une lutte du bien contre le mal, et le mal, c’est le néolibéralisme !. Il a continué en parlant du mépris qui a accueilli l’inquiétude sur le pouvoir d’achat dans les médias et les milieux patronaux. Il a dû s’arrêter un moment, non pas pour reprendre son souffle, mais bien pour attendre que les militants syndicaux reprennent le leur après s’être époumonés suite à sa proposition "que ces messieurs et dames du monde politique essayent de vivre ne fut-ce qu’un mois avec nos salaires !". La différence entre le monde réel, fait d’agressions du patronat et de lutte contre la vie chère, et celui des politiciens, qui semble « parfois » se résumer à trois lettres bien connues, était de fait ressentie par tous et a fait l’objet de nombreuses discussions durant la manifestation.

    Répondant à différents chiffres qui sont sortis dernièrement contre les mouvements pour le pouvoir d’achat, il a continué "Nous avons connu en mars l’inflation la plus grande depuis la moitié des années ’80. Et si il y a modification de la consommation, doit on vivre avec des sabots plutôt qu’avec des chaussures ? L’index ne règle pas tout : beaucoup de choses en ont été enlevées, on attend plusieurs mois dans certains secteurs pour voir son salaire suivre l’indexation et les plus précarisés ressentent plus durement la moindre hausse!

    Evidemment, la politique gouvernementale en a pris pour son grade, bien qu’encore une fois, comme à Liège, le MR sert opportunément d’arbre masquant la forêt des mandataires du PS ou du CDH… "On n’entend dire qu’il n’y a plus d’argent. Pour les petits ! Et les cadeaux fiscaux ? Les entreprises gagnent des fortunes (avec la déduction des intérêts notionnels notamment). On doit se sacrifier pour le luxe des autres!"

    Des délégués FGTB et CSC se sont ensuite succédés, stigmatisant le fait que des travailleurs arrivent à peine à survivre avec leur emploi : "si nous n’agissons pas, nous sommes tous des SDF en sursis" ou encore "après les chômeurs et les pensionnés, ce sont les travailleurs qui deviennent pauvres, mais c’est encore aux travailleurs à faire des efforts !". Quelle contradiction avec les salaires des patrons: "Jusqu’à 4 millions d’euros, le salaire d’un ouvrier durant 220 ans !". On a pu aussi entendre de la part du délégué FGTB une critique plus acerbe contre tout le gouvernement "dans ce pays, on a un gouvernement de droite ! Qui prépare un Pacte des générations bis et des nouvelles mesures contre les chômeurs alors que les CPAS ne désemplissent pas !". Et face à un premier ministre qui se targue de ses 800.000 voix, la déléguée CSC a déclaré : "les syndicats ne représentent pas 800.000 voix, ils représentent des millions de travailleurs !".


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  • PETITES INTERVIEWS

    PETITES INTERVIEWS

    Quelques paroles entendues au hasard des discussions avant la manif’, quelques mots de différents travailleurs et étudiants.


    Daniel est militant FGTB, Laurent est de la CSC. Ils discutent ensemble et sont venus ensemble, pas seulement parce qu’ils sont tous deux de Boussu et qu’ils se connaissent depuis longtemps, mais aussi parce que c’est unis qu’on avance dans la lutte.

    Daniel : "Il est grand temps de réagir, le fossé entre riches et pauvres se creuse…"

    Laurent : "Et le gouvernement nous enc… !"

    Daniel : "Il faut faire cracher leurs sous aux gros, genre Reynders et tous les politiques, les boss de Belgacom et d’Electrabel,… Au moment de libéraliser, on nous adit que cela deviendrait moins cher : que dalle. Et ça augmente même !"

    Laurent : "Qui sait mettre de l’argent de côté maintenant ? Dans l’index aujourd’hui, il y a des écrans plats et des trucs de ce style. Pourquoi ? Et le pétrole ? Tout va très mal."

    Daniel : "Au boulot, c’est pareil. Tout le monde est sur les nerfs parce que la pression augmente, et puis on a tous nos propres problèmes. Comment on va joindre les deux bouts, pourquoi c’est justement maintenant que le toit fuit et qu’il faut réparer,… Et ça pèse sur l’ambiance au boulot. On commence la journée sur les dents, on la termine sur les genoux. Mais ça change un peu. A tel point que là, le patron, il a senti la pression pour aujourd’hui alors qu’il n’avait rien voulu entendre pour le 15 décembre."


    Marc: "Moi, je travaille dans les carrières. Je suis ici pour qu’on se fasse entendre, et loin encore ! On espère que ça va vraiment bouger par la suite. Il faudrait partir en grève tous ensemble. Les manifs, c’est bien, mais seul ça n’abouti à rien. Quant à la mobilisation, ben oui elle est bonne ! On en a tous marre !"


    Parmi les manifestants il y avait aussi, entre autres, des étudiants. François est étudiant, et est venu filmer la manifestation pour un projet d’étude.

    "Je serais quand même venu sans ça, enfin, indépendamment de la période. Parce que les examens, c’est maintenant… Cela fait peur pour l’avenir, même si j’ai du mal à discerner ce qui se passe et ce qu’on dit. L’information dans les médias est-elle juste (j’en doute…) ? Mon père travaille à Duferco, je sais que c’est dur et si je suis sensibilisé sur le thème de la classe ouvrière aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à ça".


    Johan et Mélissa : "On n’est pas (encore) syndiqués, mais simplement tombés sur la manif’ par hasard. Les revendications nous touchent, alors on suit. On a envie que ça change ! les prix de l’alimentation, ça commence à devenir fou. Et puis les logements sont trop chers aussi. Et quand on est au chômage, il faut aussi trouver un garant qui travaille, c’est galère…"


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  • Pouvoir d’achat. Construire un rapport de forces favorable pour un automne chaud !

    La semaine d’actions et de manifestations provinciales pour le pouvoir d’achat organisée par les syndicats du 9 au 13 juin est une bonne initiative. Ce n’est qu’un premier pas, qui devrait être suivi par une manifestation nationale à l’automne. Mais pour assurer qu’une telle mobilisation soit un succès, il faut un programme clair et l’implication active de larges couches de travailleurs.

    Geert Cool

    Le néolibéralisme en crise de légitimité

    Personne ne nie plus la hausse des prix de ces derniers mois. Pour l’année 2008, les banques estiment que l’inflation – la montée des prix – sera de 3,6% (ING) à 3,8% (KBC).

    Pour que les salaires suivent, une norme salariale supérieure à 5% pour deux ans sera nécessaire, sans quoi les travailleurs, les chômeurs et les pensionnés connaîtront un appauvrissement collectif encore plus grave. Une part grandissante du budget des ménages file vers l’énergie et la nourriture. Des économistes bourgeois affirment qu’on va devoir “accepter que notre niveau de bien-être diminue” (selon un économiste d’ABN-Amro).

    Au cours des dernières années, les politiciens traditionnels ont affirmé que la lutte contre la pauvreté était importante et qu’elle ne pourrait se mener que par le biais du marché “libre”. Verhofstadt a par exemple écrit dans une lettre aux antimondialistes que “le marché et le libre échange constituent la meilleure méthode, la seule méthode avérée, pour triompher de la pauvreté.”

    Pourtant, c’est au marché soi-disant “libre” que l’on doit aujourd’hui la hausse des prix de l’alimentation, parce que les grandes entreprises et les spéculateurs voient dans ce secteur une opportunité de réaliser de juteux profits. De même, la libéralisation du marché de l’énergie a conduit à des prix plus élevés, ce qui n’empêche pas la multinationale Suez de balayer toute critique en affirmant que sa filiale Electrabel a recours à des prix conformes au marché !

    Libéralisations et privatisations mènent à moins de services qu’on paie plus cher, avec la conséquence qu’une bonne partie de la population ne peut plus s’en sortir.

    Mais le néolibéralisme n’est pas néfaste pour tout le monde. Les managers de haut vol qui réalisent chaque année de nouveaux records salariaux n’ont évidemment pas à se plaindre. Aux Pays-Bas, les 5 plus grands top managers reçoivent un salaire cumulé de 131,8 millions d’euros, à peu près le salaire annuel de 4.000 travailleurs normaux.

    Dans notre pays, le salaire moyen d’un topmanager d’une société reprise au Bel 20 est de 2,22 millions d’euros. Nul doute que les chiffres néerlandais seront utilisés chez nous comme argument pour augmenter encore les salaires de nos topmanagers… pendant que les salaires chinois seront utilisés comme argument pour bloquer nos salaires !

    En mars 2007, le libéral Karel De Gucht reconnaissait déjà que les actionnaires et les top managers étaient les “grands gagnants” de la mondialisation. Il disait aussi : “Il y a 20 ans, le paquet total de rémunération d’un top manager américain était à peu près 40 fois le salaire d’un employé normal. Aujourd’hui il est monté jusqu’à 110 fois. Chez nous, en Europe, le fossé est beaucoup plus petit, mais il a fortement augmenté ici aussi ces 15 dernières années.” Il appelle même les top managers à la modération “pour ne pas faire le jeu des tendances populistes (…) On ne peut jamais perdre de vue que l’économie de marché puise sa légitimité morale et politique dans la supposition que les revenus correspondent grosso modo à la contribution faite à l’économie. Cette légitimité doit être préservée.” Aujourd’hui, cette légitimité du néolibéralisme est de plus en plus contestée.

    Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire

    Contre la vie chère, il faut plus de salaire. On a trouvé de l’argent pour faire de – très gros – cadeaux au patronat, comme la déduction des intérêts notionnels. Pour les travailleurs par contre, le moindre centime est un problème et l’indexation des salaires ne suffit pas à compenser la hausse des prix. L’index est en fait déjà tellement miné que le pouvoir d’achat réel baisse. Mais en plus du rétablissement de l’index, il nous faudra lutter pour une véritable augmentation salariale. 1 euro de plus par heure serait un bon point de départ.

    Cela peut être financé par des mesures comme un impôt sur les grandes fortunes (par exemple au-dessus de 1 million d’euros) et la suppression de mesures comme la déduction des intérêts notionnels.

    Nous devons bien prendre garde à ne pas perdre d’un côté ce qu’on nous a donné de l’autre en payant nous-mêmes nos augmentations salariales. Les réductions de taxes sur le travail peuvent sembler sympathiques mais, en diminuant les rentrées pour l’Etat, elles aboutissent à une diminution de moyens pour la collectivité, ce qui conduit au final à devoir payer pour des services offerts auparavant par l’Etat. La libéralisation du marché de l’énergie constitue un avertissement suffisant : quand la collectivité n’a plus aucun contrôle sur un secteur, on paie plus cher alors que ce secteur génère des profits record.

    La seule réponse correcte est la nationalisation du secteur de l’énergie sous le contrôle des travailleurs et des consommateurs pour que les besoins de la majorité de la population deviennent centraux à la place des profits.

    Construire un mouvement

    La crise économique touche déjà les travailleurs et leurs familles de plein fouet. En Espagne, 250.000 emplois dans le secteur de l’immobilier risquent de disparaître. Aux Etats-Unis, il devrait y avoir cette année 17% d’opérations oculaires en moins, la faible sécurité sociale américaine renforçant l’impact de la récession économique. Le pourcentage de leur revenu que les Américains doivent consacrer à la nourriture et à l’énergie est au plus haut niveau depuis que ces données sont collectées.

    Les prix qui montent, le pouvoir d’achat qui baisse, cela touche tout le monde. Pour que les actions prévues soient une réussite, il est crucial de ne pas se limiter à de simples concentrations de permanents et de délégués mais d’impliquer activement des couches les plus larges possibles dans des manifestations et des arrêts de travail afin de construire un meilleur rapport de forces.

    Un bon pas dans cette direction serait aussi de ne pas faire les évaluations des journées d’actions provinciales des syndicats lors d’une conférence de presse le 13 juin, mais dans des réunions intersectorielles de militants (et pourquoi pas dans des assemblées communes FGTB-CSC) où on pourrait en même temps discuter de la continuation de la campagne vers une journée d’action nationale après les vacances.


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  • Un plan d’action pour défendre le pouvoir d’achat !

    Quelle suite après la manifestation du 15/12 ?

    Le 15 décembre, 25.000 manifestants sont descendus dans les rues de Bruxelles à l’appel du Front commun syndical. Depuis, le silence règne du côté des directions syndicales. « La sécurité sociale forte, l’augmentation du pouvoir d’achat et la fiscalité plus équilibrée » réclamées en décembre ont-elles donc déjà été acquises en janvier ? Malheureusement pas.

    Eric Byl

    Le premier ministre « intérimaire » Verhofstadt a immédiatement prévenu : « Il n’y a pas d’argent ». Il a subtilement ajouté que même les revendications du SP.a allaient trop loin et que le PS ne mettait aucune revendication en avant.

    La faiblesse incite à l’agression. La FEB a donc mis en garde contre « la politique émotive » et a lancé un plaidoyer pour les accords « all in », afin de neutraliser encore plus toute compensation salariale (limitée par l’affaiblissement de l’index) face aux hausses des prix. Les négociations de l’automne prochain pour l’accord interprofessionnel s’annoncent difficiles ! Selon le raisonnement des patrons, si le pouvoir d’achat doit s’améliorer, alors ce sera au gouvernement de casquer. Dès lors, les gains au niveau du salaire net seraient compensés par des services publics encore plus chers !

    Aucun politicien ni dirigeant syndical ne veut visiblement prendre en compte les données publiées dans le magazine Trends/Tendances qui révèlent que les profits des 30.000 plus grosses entreprises belges (tous secteurs confondus) pour 2006 se sont élevés à 77,4 milliards d’euros, une progression de 25% par rapport à 2005, pourtant déjà une année record. Ce sont de telles données que le sommet syndical devrait employer contre le discours patronal.

    Les actions de protestation menée devant le siège d’Electrabel par une poignée de syndicalistes FGTB, sous la conduite du duo De Leeuw-Demelenne, ne suffissent vraiment pas. « Si la direction de la FGTB ne l’ose pas – ou ne le veut pas – alors c’est à nous de le faire » se sont sans doute dit les salariés de Syncreon en partant spontanément en grève le lundi 14 janvier. Au bout de compte, ils ont imposé une augmentation salariale de 0,47 euro par heure et deux primes de 500 euros. Syncreon est l’un des multiples sous-traitants de Ford. Le système des sous-traitants a été introduit pour tenter de diviser les salariés et de saper les salaires et les conditions de travail. Mais les travailleurs ont visiblement trouvé le talon d’Achille. Peu de temps après Syncreon, Ford, elle aussi, s’est arrêtée et sa direction a mis la pression sur celles des sous-traitants pour qu’elles mettent fin au plus vite au conflit (à cause du système « just in time », les ressources sont vite épuisées).

    Voir manger ouvre l’appétit. C’est ainsi que les salariés de Lear Corporations, de SML, de Magna Belplas et d’IAC ont suivi l’exemple, chaque fois avec succès. Contrairement à ce que disent les patrons, pour nous, c’est Ford-Genk qui a « pris en otage » les salariés en sous-traitant toujours plus d’emplois. Les salariés de Ford partagent cette opinion et ont suivi l’exemple des sous-traitants, avec comme résultat une prime de 800 euros nets, la conversion de contrats à durée temporaire en contrats à durée indéterminée et une baisse de la pression de travail de 3%.

    Cortebeeck, le président de la CSC, a déclaré que ce n’était « certainement pas » la direction syndicale qui avait « provoqué » cette vague de grèves et qu’il cherchait à trouver une solution au plus vite. Pour faire face à la hausse du coût de la vie et de la pauvreté, il faut augmenter les salaires et les allocations, et non enrichir encore les super-nantis. Au lieu de selamenter, il vaudrait mieux que Cortebeeck et son collègue FGTB De Leeuw consultent les militants et qu’ils établissent un plan d’action pour la défense du pouvoir d’achat.

  • Liège : Grève de 24 heures dans la sidérurgie

    Début janvier, la FGTB-Métal avait annoncé qu’elle partirait en grève le 21 du même mois si le Haut Fourneau n°6 de Seraing n’était pas relancé, comme l’avait annoncé la direction du groupe pour cette date. Les filiales d’ArcelorMittal et les sous-traitants ont donc été à l’arrêt, avec la participation de 7.000 grévistes.

    Nicolas Croes

    Mais Francis Gomez, le président de la FGTB-Métal à Liège, insiste sur le fait que la FGTB ne se bat « pas pour polluer, mais pour l’avenir de toute une région ». La phase à chaud liégeoise représente tout de même 2.700 emplois directs et 10.000 emplois indirects.

    Et on comprend la nervosité des travailleurs. Ils ont d’abord subi la fermeture du Haut Fourneau, annoncée en 2003 et effective en 2005. Puis, dans une interview accordée au « Soir » du 16 mai 2007, le numéro 2 de la multinationale avait officialisé la décision de rouvrir le haut fourneau de Seraing, et une première date de relance avait été fixée pour le mois de novembre 2007. Date reportée. Tout cela pour arriver enfin au blocage actuel, officiellement en raison du problème des quotas de CO2.

    Mais Liège Info a relayé l’avis d’un chercheur universitaire selon lequel le problème se situerait plutôt au niveau du coût de l’énergie, qui plomberait les résultats d’ArcelorMittal. Pour ce chercheur, donc, les quotas seraient un bon alibi pour retarder la réouverture du HF6. Pourtant, l’unité liégeoise à chaud de Cockerill a augmenté en 2007 son chiffre d’affaires de 1,890 milliard d’euros (contre 1,766 en 2006) et la croissance du revenu brut a été de 110% en une seule année. Et déjà 20 millions d’euros investit dans la relance du haut fourneau depuis cet été. En pure perte ?

    Les responsables ?

    ArcelorMittal, la Région, le fédéral et l’Union Européenne

    De son côté, la FGTB réclame qu’ArcelorMittal investisse dans des outils visant à réduire la production de CO2. Elle explique : « l’absence de quotas est la conséquence de la décision de fermeture prise par Arcelor en 2003. Cette décision était une idiotie, tout le monde l’admet aujourd’hui. (…) Le groupe Mittal a les moyens de faire un effort : le marché de l’acier tourne à plein ; les profits sont énormes ; Liège est bénéficiaire. »

    Et c’est vrai, la famille Mittal, principal actionnaire d’ArcelorMittal, se porte bien. Par exemple, Lakshmi Mittal est, selon le magazine américain Forbes, la cinquième personne la plus riche au monde, avec une fortune estimée à 32 milliards de dollars… et sa famille devrait recevoir sous peu 637,5 millions d’euros de dividendes issues de leurs actions ! Comme pour illustrer dramatiquement de quelle manière cette richesse a été accumulée, l’annonce de ces résultats avait été précédée, une semaine plus tôt, par celle de près de 600 licenciements d’ici avril 2009 en France, dans une aciérie sur un site de Moselle, à Gandrange. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi défilé devant le siège de la multinationale basé au Luxembourg trois jours à peine après la grève de 24 heures dans la sidérurgie liégeoise.

    Mais la multinationale a fait son choix et « Mittal met la pression plus fort que prévu et menace de partir ailleurs, dans les pays où on peut polluer comme on veut », comme l’a déclaré Francis Gomez. En fait, il était à l’origine prévu que les quotas de CO2 allaient être rapidement donnés au HF6, la Région Wallonne a affirmé que c’était possible, pour ensuite négocier des quotas supplémentaires à utiliser à partir de 2010.

    Toujours selon Francis Gomez, « Jean-Claude Marcourt (ministre PS de l’économie, de l’emploi et du commerce extérieur de la Région Wallonne, NDLR) avait fait des promesses mais on ne voir rien venir. » La FGTB en appelle aussi au fédéral (qui a déjà financé l’achat de dix millions de tonnes de quotas de CO2 pour la Flandre) et enfin à l’Union Européenne, « dont la législation va à l’encontre de l’activité industrielle tout en permettant le transfert des pollutions vers l’Afrique et l’Asie ».

    Egidio Di Panfilo (FGTB-SECa) a fait une proposition pour faire pression sur l’Europe : « La région pourrait refuser de ratifier le traité de Lisbonne si l’Europe refuse de revoir sa position sur les quotas. Ce serait un moyen de mettre la pression ». Mais au vu de l’empressement témoigné par « nos » parlementaires régionaux pour ratifier la défunte proposition de Constitution Européenne sans débat – par crainte de voir se développer des mobilisations similaires à celles de la France et de la Hollande – au vu aussi de la manière dont l’Union Européenne a réagi à l’échec de cette proposition – en mettant en place le traité de Lisbonne tout aussi asocial – nous doutons de l’efficacité de cette proposition. Mais proposer à nos politiciens d’agir de cette manière serait toutefois une bonne occasion de les démasquer une fois de plus…

    Toujours sur cette même question des quotas, la FGTB ironise : « Mittal veut-t-il ainsi faire de notre région un laboratoire et prouver l’absurdité du mécanisme actuel de quotas de C02 ? ». Il est vrai que la politique des quotas ne règle rien : quand un capitaliste fait face à un barrage contre ses bénéfices, il va voir ailleurs. « C’est un risque pour Liège, puis pour les autres sidérurgies d’Europe qui vont être bientôt confrontées au même problème » affirme la FGTB.

    Et quand un capitaliste va voir ailleurs, il en profite ! Les pays où les normes environnementales sont (quasi) inexistantes sont généralement aussi laxistes en termes de législation du travail. Ainsi, 30 mineurs sont encore décédés en janvier de cette année dans une filiale d’ArcelorMittal au Kazakhstan. Les travailleurs y sont payés au rendement et sont donc encouragés à prendre tous les risques pour gagner un peu plus de quoi joindre les deux bouts. Depuis 2004, près de 100 mineurs travaillant pour le leader mondial de l’acier ont ainsi perdu la vie dans des accidents miniers au Kazakhstan. Un responsable régional d’Arcelor Mittal, qui ne manque pas de culot, a déclaré que ces morts étaient dus à « une catastrophe naturelle ». Une catastrophe naturelle, oui, mais uniquement sous le capitalisme…

    Et la grève ?

    Francis Gomez tire un bilan positif de la participation de 7000 travailleurs à cette grève : « c’est une vraie réussite, nous avons atteint notre but ». De plus, durant la journée, une centaine d’ouvriers sont partis rejoindre d’autres militants de la FGTB devant le siège d’Electrabel, rebaptisée pour l’occasion « Electracash », pour y revendiquer la diminution des tarifs du gaz et de l’électricité ainsi que l’instauration d’un chèque énergie pour les plus pauvres. Mais il y a au moins une autre raison, moins réjouissante, de se souvenir de cette journée…

    Comme le dénonce un tract du SETCa diffusé aux piquets, cette grève restera dans les annales de l’histoire sociale de Cockerill comme la première où un représentant syndical a demandé à la direction d’envoyer des huissiers à chaque piquet ! En effet, la CSC avait jugé la grève « trop prématurée » et l’un de ses responsables, Gino Butera, a même été jusqu’à menacer la direction de dénoncer l’ensemble des accords syndicaux si ces huissiers n’étaient pas envoyés.

    Un autre responsable de la CSC, Jordan Atanasov, a déclaré, après avoir estimé que la grève de la FGTB mettait pression inutilement sur le dossier des quotas, que « si rien ne bouge dans les prochaines semaines, nous prendrons également position ». La FGTB a elle aussi parlé d’actions futures, et un calendrier d’actions devrait bientôt être rendu public, en direction de Mittal, de l’Etat belge, de la Région wallonne et de l’Europe. Mais avec ses méthodes, la direction régionale de la CSC a sérieusement mis des bâtons dans les roues de toute future action en front commun syndical. Ce sera à la base de la CSC de démontrer qu’ils ne soutiennent en rien les méthodes antisyndicales de certains.

    Pour la suite

    Pour les responsables de la CSC, l’attitude du syndicat socialiste est « incohérente et unilatérale » car « la grève pourrait compromettre tout le processus de relance du HF6 et le maintien d’une sidérurgie intégrée au-delà de 2012 ». Face à l’ampleur de l’adversaire, le n°1 mondial de l’acier, il est vrai que l’on peut être intimidé. La production de la sidérurgie liégeoise ne représente-t-elle pas que 0,002% au niveau mondial et un peu plus de 2% au niveau d’ArcelorMittal (2,6 millions de tonnes pour 2008, selon les prévisions initiales, contre 118 millions pour le groupe) ? Mais il ne faut pas confondre la quantité et la qualité du travail qu’effectue la sidérurgie liégeoise. De plus, le centre de recherche d’ArcelorMittal à Liège engage un treizième des chercheurs du groupe, ce qui renforce déjà plus la position de Liège.

    Mais c’est un fait que face à ce géant, en plus de mots d’ordres syndicaux combatifs à Liège et en Belgique pour préserver ET l’emploi ET l’environnement, la solidarité internationale s’impose. Il ne s’agit pas d’un combat de « David contre Goliath », mais d’une multitude de David dont la soumission seule fait la puissance d’un Goliath. Les travailleurs Belges, Kazakhs ou Français d’ArcelorMittal font face au même ennemi et à la même logique de profit au détriment de leurs emplois et/ou de leur sécurité.

    Des motions de solidarités peuvent être une occasion de renforcer, même de peu, la combativité des travailleurs d’autres pays et d’ici, mais peuvent surtout être une excellente opportunité pour faciliter et amplifier le développement dans les entreprises des discussions sur la stratégie syndicale à adopter, sur la base d’exploitation sur laquelle sont fondés les profits d’ArcelorMittal (et des autres entreprises d’ailleurs), sur le double jeu des partis traditionnels, etc. Ce climat de discussion renforcerait de beaucoup les mobilisations, y compris de la part de la base de la CSC contre les mots d’ordre de sa direction.

    Comme l’affirme le tract de la FGTB-Métal, « Mittal est un patron comme les autres. Avec lequel on discute d’abord, mais qu’on combat s’il le faut. Et la lutte paye. » Pourquoi ne pas imaginer un lutte en commun avec les travailleurs français, par exemple avec une manifestation commune au Luxembourg, qui pourrait aussi être l’occasion du dépôt d’une motion de solidarité envers les travailleurs exploités partout dans le monde par ArcelorMittal, en prenant appui sur la situation au Kazakhstan ?

    Beaucoup de choses peuvent être faites, mais beaucoup de doivent être faites, comme de mener la discussion sur l’absence actuelle de représentativité pour les travailleurs. Les liens entretenus par la direction de la FGTB avec le PS, et le SP.a en Flandre, freinent tout développement de la combativité des travailleurs et renforcent le syndicalisme de service – dans une situation où la pénurie de moyens se généralise en conséquence des nombreux cadeaux fiscaux et autres accordés au patronat – au détriment du syndicalisme de combat.


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  • Il faut agir contre cette politique antisociale !

    Les syndicats ont raison d’entrer en action contre la politique asociale que mènera le prochain gouvernement et contre la dégradation de notre pouvoir d’achat. Quand la FGTB a organisé une concentration de militants le 16 novembre dernier, 2.500 personnes sont arrivées alors que l’objectif était fixé à 1.000. La CSC s’est sentie obligée de lancer sa propre campagne contre les attaques sur le pouvoir d’achat, entre autres avec de petites manifestations locales à Charleroi, Liège et Namur.

    Geert Cool

    Le président de la FGTB Rudy De Leeuw a, lors de la concentration du 16 novembre, insisté sur le fait que l’index ne suffit plus. Il a mis l’accent sur le fait que, pour la FTGB, il est hors de question de toucher à l’index, mais qu’il faut prendre des mesures pour combattre les hausses de prix de l’énergie ou des produits alimentaires, en particulier pour les plus pauvres. Le patronat a obtenu l’année dernière 2,6 milliards d’euros de diminution de charges alors que beaucoup de gens ont des difficultés pour payer leur mazout. Ces diminutions de charges correspondent à 1.000 litres de mazout par famille belge. C’est une question de priorités…

    La manifestation du 15 décembre est un pas en avant dans le prolongement de cette concentration et des actions de la CSC, un pas qui est fait directement sous la pression de la base. Il s’agit d’une bonne occasion pour lancer une campagne de mobilisation et d’information dans les entreprises, ce qui permettrait d’avancer plus facilement des revendications concrètes lors des prochaines actions contre les mesures du futur gouvernement. Parmi ces revendications devraient figurer comme axes centraux le rétablissement de l’index, un gel des prix de l’énergie et la préservation ainsi que le renforcement de la sécurité sociale.

    Pour le rétablissement de l’index !

    Le patronat et les politiciens s’opposent aux augmentations salariales. Même l’adaptation automatique des salaires à l’index (déterminé par un ensemble donné de produits) est remise en question.

    Officiellement, grâce à l’index, nos salaires augmentent parallèlement au coût de la vie. Mais, en pratique, c’est autre chose. L’index actuel pose de nombreux problèmes. L’index-santé est une création du gouvernement Dehaene qui a retiré de l’ancien index le tabac, l’alcool mais aussi le mazout et les combustibles. Comme par hasard, ces produits sont parmi ceux qui ont le plus fortement augmenté ces dernières années. De plus, le « panier » de biens de consommation repris dans l’index est bien déséquilibré : des produits de luxe et de nouvelles technologies occupent une place bien plus grande dans l’index que dans la consommation d’une famille populaire. Ainsi, l’index n’augmente pas au rythme du véritable « panier » composé des produits de base des ménages normaux. Les loyers ne comptent pas exemple que pour 6.2 % des dépenses du « panier ». Qui a la chance d’avoir un loyer aussi bas ? Résultat : alors que l’ancien index a augmenté entre 1996 et 2006 de 18,93%, l’index-santé n’a augmenté que de 16,98%.

    Il faut “réparer” l’index, c’est-à-dire supprimer l’index-santé et adapter le panier de produits à la base du calcul de l’index. Cette mesure doit s’accompagner d’une augmentation salariale capable de rattrapper la dégradation du pouvoir d’achat subie ces dernières années.

    Gel immédiat des prix de l’énergie !

    Les hausses des prix de l’énergie sont notamment le résultat de la soif de profit de multinationales comme Suez/Electrabel. Ce qui s’est passé dans ce secteur a montré qu’une libéralisation ne mène pas à une réduction des prix pour les consommateurs mais bien à des profits plus hauts pour une petite minorité d’actionnaires.

    Pour rendre la facture supportable, il faut un gel immédiat et général des prix de l’énergie, ce qui pose la question du contrôle du marché de l’énergie. Aussi longtemps que le profit restera central, il n’y aura d’attention que pour ceux qui peuvent se permettre de payer et la recherche d’alternatives ecologiques ne s’améliorera pas. Le MAS exige pour ces raisons la renationalisation du marché de l’énergie sous le contrôle democratique et l’administration des travailleurs et de la collectivité.

    Pour un renforcement de la sécurité sociale !

    La FGTB et la CSC veulent une sécurité sociale renforcée et qui reste fédérale. Toute scission se traduirait par des coupes dans les allocations. Mais ce ne sont pas ceux qui vivent d’une allocation qui doivent être visés : « Il ne faut pas combattre les chômeurs, mais le chômage », comme le précise la déclaration de la FGTB et de la CSC.

    Les allocations doivent être augmentées, le Pacte des Générations annulé et, en réponse au chômage, le temps de travail doit être réparti sur l’ensemble des travailleurs et chômeurs disponibles (avec une réduction de temps de travail sans perte de salaire). De plus, la commercialisation du secteur des soins de santé doit être stoppée, sinon l’image donnée par Michael Moore du système de santé américain dans son film “Sicko” deviendra ici aussi une réalité.

    Nous exigeons une sécurite sociale accessible à tous avec des investissements publics massifs. Les profits records des entreprises démontrent que les moyens existent, il est grand temps de les utiliser pour satisfaire les besoins de la majorité de la population.

    Nous avons besoin d’une alternative politique

    Le 15 décembre 2005, le Parlement a approuvé le Pacte des Générations avec les voix de tous les parlementaires “socialistes”. La voix des 100 000 travailleurs qui ont manifesté le 28 octobre 2005 n’a pas été entendue.

    C’est devant la constatation que les travailleurs et leur familles ne disposent plus d’une formation politique qui les représente et les défende, que le Comité pour une Autre Politique (CAP) a été lancé par Jef Sleeckx, George Debunne et des dizaines de syndicalistes et de militants. Si l’enthousiasme autour de cette initiative était grand, d’innombrables problèmes se sont posés: comment organiser le CAP, avec quel programme et quelle orientation, avec ou sans participation électorale,… Mais, malgré les problèmes qu’il a rencontrés, le CAP constitue un important pas en avant, en affirmant la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. Deux ans après le Pacte des Génerations, ce constat est plus que jamais actuel.

    Il semble toujours possible que le prochain gouvernement puisse se faire sans les « socialistes ». L’opposition à laquelle nous avons assisté jusqu’ici de leur part se borne à des positions communautaires. Le SP.a a exigé un vote le plus rapide possible de la scission de Brussel-Hal-Vilvoorde tandis que le PS se positionne comme « défenseur des francophones ». De son côté, ECOLO se déclare « autonome et se rend aux élections les mains libres en terme de coalitions ». Quoi de plus normal quand on dirige plusieurs communes en partenariat avec les libéraux… L’absence de réponse politique au néolibéralisme de la part de la gauche « officielle » offre un grand espace aux forces de droite, nationalistes et populistes, alors qu’elles ne représentent en rien une réelle alternative pour défendre les intérêts que les travailleurs et leurs familles estiment essentiels.

    Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire tant pour développer la solidarité dans les mouvements de lutte que pour traduire politiquement les exigences du monde du travail. Le Comité pour une Autre Politique (CAP) veut diffuser plus largement cette idée et contribuer à la création d’un tel parti.

  • DETRUISONS LE CAPITALISME, AVANT QU’IL Ne DETRUISE LA PLANETE !

    Kyoto, énergie nucléaire, taxes écologiques,… Arrêtons de rire !

    Jusqu’à la mi-décembre, un nouveau sommet international de l’ONU pour l’environnement a lieu à Bali. Cette conférence doit débattre d’un nouvel accord sur le climat préparant l’après Kyoto, c’est-à-dire pour une période commençant après 2012. Cependant, même les scientifiques estiment que les objectifs du Protocole de Kyoto étaient largement insuffisants pour fondamentalement améliorer les conditions climatiques.

    G.L.

    L’atmosphère se réchauffe, les océans deviennent de plus en plus acides et les glaces fondent. Au moins un quart des espèces vivantes sont menacées d’extinction sur fond de hausse du nombre de désastres environnementaux et alors que l’ONU prévoit cinquante millions de réfugiés environnementaux pour 2010.

    Le Protocole de Kyoto n’offre aucune solution. Tout au plus a-t-il permis un juteux commerce où les pays les plus riches peuvent acheter des droits d’émissions aux pays les plus pauvres. De plus, ce Traité entré en vigueur en 2004 n’a jamais été ratifié par les USA et l’Australie et les pays signataires n’ont même pas respecté leurs engagements. Selon différents chercheurs, malgré les intentions, ce protocole n’a pas abouti à des réductions démontrables et a même freiné les débats sur les solutions à apporter à la crise environnementale.

    Le problème des alternatives énergétiques reste entier. L’énergie nucléaire est régulièrement mise en avant, sans que l’on ne tienne compte des coûts énergétiques de l’ensemble du cycle de production d’énergie, du stockage des déchets nucléaires ou des ressources limitées d’uranium. C’est la voie suivie par les politiciens belges, sous le prétexte que l’énergie nucléaire est très rentable : priorité aux profits d’Electrabel et aux taxes qui en découlent !

    Tous les politiciens tentent de se positionner comme « écologistes », mais la crise environnementale n’a, en Belgique, été qu’une occasion d’imposer de nouveaux impôts sur les emballages. Au Danemark, de telles taxes ont également été introduites, mais au moins les moyens récoltés ont-ils été versés à un fonds pour les mesures environnementales (sans toutefois que ces mesures n’aient été réellement appliquées).

    Alors que les politiciens défendent avant tout leur image en prétendant prendre le problème des changements climatiques à bras le corps, seuls 2% de l’énergie produite en Belgique provient d’énergies renouvelables. Mais comment arriver à des alternatives sans plus de moyens pour la recherche? Ou encore si cette recherche est totalement contrôlée par les entreprises pétrolières et autres multinationales? En 2006, la multinationale Exxon Mobil a réalisé 39,5 milliards de dollars de profits, soit dix fois plus que les dépenses du gouvernement américain en recherche énergétique la même année.

    De fait, le budget des Etats-Unis pour la recherche consacrée aux énergies alternatives a diminué de moitié depuis 1979. Il s’agit aujourd’hui d’un vingtième des moyens pour la recherche militaire. Et seuls 7,6% de ces moyens financiers sont destinés à la recherche des énergies renouvelables…

    Obtenir un « capitalisme écologique » est aussi réaliste que de tenter de domestiquer un ouragan. Ce système est axé autour de la recherche de profits à court terme, même au détriment de l’environnement. Le constat que le système de production capitaliste sacrifie l’environnement et les conditions de vie des générations actuelles et futures, démontre que le capitalisme ne peut pas se développer de manière durable.

    La seule question est de savoir si le capitalisme s’éteindra en emportant avec lui la planète ou si le mouvement des travailleurs (qui par leur position dans la production sont les seuls à même de renverser ce système) saura apporter sa réponse : une gestion des ressources et de leur utilisation planifiée avec la participation – et donc le contrôle – de chacun. Rejoignez le MAS/LSP pour renforcer cette voie!

  • La libéralisation libère les prix : ils s’envolent !

    La libéralisation du marché de l’énergie a été présentée par les partis traditionnels comme un moyen de faire baisser les prix et d’assurer un meilleur service. Steve Stevaert (ancien président du SP.a) a ainsi déclaré que la libéralisation du marché de l’énergie serait « bonne pour les gens », ce qui rendait cette mesure socialiste.

    Karel Mortier

    Mais aujourd’hui, on ne constate aucune diminution des prix de l’énergie : les seuls à bénéficier de cette privatisation sont les actionnaires des sociétés d’énergie qui ont obtenu des profits gigantesques sur les dos des familles (en 2006, Electrabel a réalisé un profit de 2,3 milliards d’euros). Mais plutôt que d’admettre que les bienfaits de la libéralisation sont une vaste blague, on semble maintenant plaider pour l’accroître d’avantage.

    L’an dernier, 90.000 ménages ont eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie. Ce n’est pas encore assez pour les sociétés d’énergie qui veulent introduire de nouvelles grosses augmentations de prix. Le 1er octobre, Electrabel a donc augmenté ses prix pour le gaz de pas moins de 17%, un ménage payera presque 200 euros de plus ! Les rangs de ceux qui sont dans l’incapacité de payer leurs factures vont sans doute fortement grossir, notamment parce que les prix de l’énergie ne sont pas un cas isolé. Presque toutes les denrées de base comme le lait et le pain sont en train d’augmenter, et rien ne permet de dire que cette ascension va être contrariée.

    A qui la faute ? Au « marché international » entend-on régulièrement. Ce n’est toutefois qu’une partie de la réponse. La raison principale tient au fait que les sociétés de l’énergie ont l’opportunité de déterminer elles-mêmes les prix et les intérêts des actionnaires, lesquels jouent un grand rôle dans ce processus.

    Electrabel est présenté dans les médias et par différents politiciens comme une sorte de grand croquemitaine abusant de sa position dominante sur le marché pour maintenir des prix artificiellement élevés. C’est bien pratique pour les politiciens, cela leur permet de se débarrasser à nouveau de leurs responsabilités. Qui a pris la décision de privatiser Electrabel et de la vendre à une multinationale étrangère ? Ont-ils imaginé ne serait-ce qu’une seule seconde que les actionnaires de Suez se seraient intéressés aux problèmes de factures des gens ? Ou encore qu’ils allaient accepter le sourire aux lèvres de fermer les centrales nucléaires (extrêmement rentables) sous le seul prétexte de la sauvegarde de l’environnement ?

    Le fractionnement d’Electrabel n’est en rien une solution. D’autres pays, dans lesquels plusieurs grands distributeurs se partagent ce marché, rencontrent le même souci. Satisfaire nos besoins en énergie de façon abordable, sûre et dans le respect de l’environnement ne peut se faire que par la renationalisation de la production d’énergie de façon à ce que la population puisse elle-même décider de ce qui est produit, de quelle manière et à quel prix.

  • Crise politique : Le théâtre de guignols continue…

    Le mouvement ouvrier doit se préparer pour sa propre lutte

    Lors d’une conférence de presse, Jo Vandeurzen (président du CD&V) et Bart De Wever (président de la NVA) ont donné un message clair : il faut une réforme d’Etat et les partis francophones doivent faire un « geste » en ce sens (alors que ces derniers demandent justement aux partis flamands de rétablir la confiance après le vote de la scission de BHV…)

    Anja Deschoemacker (09/11/07)

    Les libéraux francophones ne doivent pas compter sur une reconnaissance ouverte qu’il ne peut être question d’une grande réforme d’Etat dans ces circonstances. La logique du « compromis à la belge » est justement que tout le monde doit baisser sa culotte au même moment, pour qu’après l’on puisse se lancer des fleurs grâce à ce que chacun a pu obtenir. C’est là la preuve ultime du sérieux politique et du fait d’être un homme d’Etat.

    Les déclarations de Frank Vandenbroucke, le flamingant de service du SP.a, selon lesquelles le cartel CD&V/NVA se donne en spectacle pour éviter de devoir montrer qu’il se met à plat ventre sur la question de la réforme d’Etat, contiennent certainement des éléments de vérité. La nouvelle présidente du SP.a, Caroline Genez, fait aussi allusion au manque de crédibilité du CD&V et de la NVA sur le plan communautaire. Nous ne pouvons qu’espérer – dans l’intérêt même du SP.a – que cela ne devienne pas le message central de leur « opposition », si du moins leur but est de regagner quelques voix chez les travailleurs.

    Tout cet épisode clarifie à nouveau l’évidence que le mouvement ouvrier n’a plus rien à attendre de ce parti. Peut-être prononcera t’il encore quelques mots contre l’introduction du service minimum durant les grèves des services publics (bien qu’un un tel accord a déjà été signé sous leur règne à De Lijn – les TEC flamands). Selon l’ancien chef de cabinet de Vande Lanotte (SP.a lui aussi), Jannie Haeck, actuellement grand patron de la SNCB, il serait préférable de réfléchir à un temps minimum d’annonce pour les grèves. En d’autres mots : les syndicats ne seraient alors plus en état de reconnaître des grèves spontanées ! Même en dehors du gouvernement fédéral, et sans perspective d’en faire partie, le sommet du SP.a ne peut pas s’empêcher de corriger les devoirs de la bourgeoisie !

    De son côté, si le PS va certainement faire plus de bruit (également par rapport aux thèmes sociaux), il aura grande peine à se détacher totalement de la politique néolibérale qu’il a lui-même mené 19 ans durant sur le plan fédéral et qu’il continue d’ailleurs encore à mener sur le plan régional avec, entre autres, le Plan Marshall. Le terrain communautaire va certainement devenir le point central de son opposition. Mais au moins sera-t-il vu comme une équipe de défense alors que son pendant du nord a, dans les faits, rejoint les revanchistes flamands.

    Et quoi maintenant pour la formation ?

    Le vote dans la Commission de la Chambre sur la scission de BHV où la majorité flamande a imposé sa volonté de manière unilatérale avec une seule abstention (du parlementaire bruxellois de Groen ! Tinne Van der Straeten) est un fait sérieux. C’est un véritable problème pour les équilibres qui ont été constitués en Belgique : la protection de la minorité francophone en Belgique en compensation de la protection de la minorité flamande à Bruxelles.

    Les francophones ont maintenant pris en main les mécanismes de protection introduits pour les diverses minorités, en commençant par celui de conflit d’intérêt introduit par le Parlement de la Communauté Française le lendemain du vote sur BHV. Cette procédure signifie que la question de BHV est de nouveau arrêtée au niveau parlementaire et passe à des négociations entre communautés (avec PS, donc). Ce report peut, dans le meilleur des cas, permettre aux différents négociateurs pour la formation du gouvernement, et à Leterme en premier, d’avoir un peu de temps pour mettre enfin sur pied un gouvernement. Dans le passé, un « sentiment de crise » a déjà été nécessaire pour arriver à des accords communautaires.

    Mais tout ne devient pas facile pour autant. Les deux partis les plus forts dans les négociations, le CD&V et le MR, sont liés à des partenaires embêtants qu’ils peuvent à peine contrôler : la NVA et le FDF. Leurs déclarations et provocations sans fin n’ont pour effet que de casser sans cesse l’illusion de « confiance » méticuleusement créée. Qu’importe le nombre de fois où Reynders et Leterme vont aller assister à un match de foot ensemble, ils sont tous deux aussi dépendants de ces partenaires afin de maintenir leur position de parti dominant dans leur communauté.

    Directement après le vote, Reynders est retombé sur ses pieds en répétant à nouveau son plaidoyer pour un gouvernement surtout socio-économique: la cas « BHV » est reparti vers des négociations entre les communautés tandis que la réforme d’Etat avec une majorité des deux tiers peut être le problème d’une « commission de sages ». Cela semblait confirmé par la communication du roi et du formateur, la tantième crisette dans les rangs du CD&V et de la NVA a cependant conduit à la conférence de presse citée au début de cet article. Reynders ne doit pas penser qu’il peut pousser le CD&V dans une position où il sera le seul à baisser sa culotte.

    Au plus dure est ce théâtre de guignols, au plus monte la pression pour obtenir un gouvernement. Le déficit budgétaire commence à faire peur, de mauvaises prévisions économiques sont publiées,… Finalement, une solution va être trouvée, qui peut aller d’un « gouvernement normal » (ce que veut le CD&V) à un « gouvernement socio-économique » (ce que désire le MR, mais qui ferait perdre la face au CD&V) qui sera de courte durée, c’est-à-dire avec un accord gouvernemental jusqu’en 2009. Des variantes plus « exotiques » existent aussi : un gouvernement (partiellement) technocratique (du type « socio-économique »), une coalition fédérale totalement asymétrique, ou encore un gouvernement d’unité nationale : la tripartite classique, qui est presque toujours un gouvernement de crise.

    Une solution arrivera, pour la simple raison que l’alternative voulue par la NVA et le Vlaams Belang, l’indépendance de la Flandre, n’est voulue que par une petite minorité, tant parmi les travailleurs et leurs familles que parmi la bourgeoisie. Cette dernière aime bien utiliser la question nationale pour diviser le mouvement ouvrier au moment de l’attaque, mais elle n’aime pas du tout que la question nationale bloque l’application de son programme – même si ce n’est que pour la raison que, sans gouvernement, elle ne peut pas introduire une attaque sur les restes de l’Etat – providence. Leur opinion, « la voix de la raison », va finalement être reprise par le CD&V comme par le MR, à moins que ces derniers ne veulent perdre la confiance de la classe qu’ils veulent défendre. Ceux qui ne sont pas préparés au compromis vont en payer le prix: Reynders peut encore voir que le PS, qu’il déteste tant, rejoindre le gouvernement alors que le CD&V peut en cas de chaos total payer un prix électoral élevé si il est vu comme responsable du désordre.

    Les deux partis vont devoir apprendre la leçon que le PS et le SP ont appris lors de la précédente grande crise de formation (’87-’88, le précédent record de 148 jours) : pour arriver au gouvernement, il ne faut pas seulement gagner les élections, il faut aussi être préparé à mener la politique de ses maîtres et donc… de temps en temps être préparé à baisser sa culotte en ce qui concerne les promesses électorales. Il faut cependant savoir faire cela tout en le masquant, ce en quoi le CD&V était l’exemple ultime quand il s’appelait encore le CVP. De leur côté, le PS et le SP.a ont chacun prouvé au cours des dernières 19 années que des fesses nues et le rouge de la honte ne sont en rien un problème pour eux.

    Quant à messieurs De Wever et Maingain, leur avenir sera-t-il fait d’un poste de ministre ou de l’isolation politique? Tout comme le CD&V et le MR ont besoin de la NVA et du FDF, ces derniers ont aussi besoin des premiers. La NVA a aujourd’hui 5 sièges au Sénat et la dernière fois qu’elle a participé aux élections indépendamment du CD&V, elle n’a à peine obtenu que 5% ! Le FDF n’est pas non plus au sein du MR par grand amour et par grande unité programmatique, mais bien parce que le MR offre des carrières confortables. Dans cette question, les personnes clefs ne sont évidemment pas De Wever et Maingain (la politique belge n’a jamais eu un manque de fous du roi) : ce sont Leterme et Reynders. Tous deux peuvent dire adieu à leur carrière s’ils perdent aujourd’hui dans le poker politique qui occupe le pays depuis déjà 5 mois.

    Les syndicats ont raison de mettre en garde

    Les directions de la FGTB et de la CSC ont, à juste titre, dévoilé lors d’une conférence de presse commune ce qui se déroule derrière les rideaux – la « colle » entre Leterme et Reynders est clairement leur volonté de lancer un nombre d’attaques structurelles au service des supers profits du patronat. Leur réussite dépendra plus de la lutte du mouvement ouvrier contre une nouvelle attaque sur les restes de « l’Etat – Providence » (Etat – Providence que nous avons acquis par la lutte) que de la division communautaire et du cirque auquel nous sommes forcés d’assister depuis des mois.

    Le climat à venir est déjà visible : des données sont publiées sur un déficit budgétaire de 1,5 milliard d’euros, chiffre qui pourrait augmenter jusqu’à 3 ou 4 milliards pour 2008 « avec une politique qui n’est pas changée ». De plus, les perspectives de croissance économique ont été révisées par le bas pour 2008 et l’on parle dans les médias des « 50 mensonges gris » du gouvernement précédent autour du dossier des pensions. Et il faut encore compter le coût des 2 milliards d’euros nécessaires pour augmenter les allocations les plus basses (une douceur que le CD&V veut offrir) et de nouveau quelques milliards pour les diminutions d’impôts et de charges salariales (entre autres, de nouveau, sur les heures supplémentaires). Par contre, l’intérêt notionnel – qui a, notamment, permis à Electrabel de voir ses impôts diminuer de pas moins de 30 millions d’euros – n’est remis en question par aucun des négociateurs pour le futur gouvernement.

    S’ils arrivent à former un gouvernement – et d’une façon ou d’une autre, ils vont y parvenir- les attaques sur le mouvement ouvrier ne vont être longues à attendre. C’est aussi la raison qui explique toutes ces propositions sur une limitation du droit de grève. Le cirque communautaire va durer avec une commission, avec des séances bruyantes dans la Chambre et le Sénat, avec des déclarations musclées et tout cela au moins jusqu’aux élections de 2009. Si le mouvement ouvrier se laisse dévier ne serait-ce qu’un petit peu par cette division communautaire, nous courrons droit aux défaites.

    Pour cette raison, c’est une bonne chose que la FGTB ait appelé à une concentration des militants ce vendredi 16 novembre. Mais une concentration de 1000 syndicalistes ne va pas faire une grosse impression et n’a de sens que comme point de départ pour une campagne d’information large parmi les membres des syndicats pour les préparer à la lutte qui va devoir être menée. Cela doit à son tour être le point de départ d’un plan d’action et de mobilisation pour réagir collectivement à chaque attaque d’un gouvernement qui sera sans aucune doute un gouvernement instable.

  • GAZ: 17% de hausse en 2008 !

    Souvenez-vous. Le 15 juin, Electrabel annonçait une hausse du prix du gaz de 13% à 21% dès le 1er septembre. Bon prince, l’opérateur gazier s’engageait à ne pas augmenter le prix de l’électricité.

    Thierry Pierret

    Le tollé dans la population, relayé hypocritement par le monde politique en pleine effervescence post-électorale, contraignait Electrabel à revenir sur ses déclarations. Non seulement le prix augmenterait à peine d’ici le 31 décembre (pas plus de 3%), mais on allait même retoucher de l’argent lors de la facture de clôture. Dans la foulée, Electrabel faisait la promotion d’un contrat EnergyPlus sensé nous faire économiser de l’argent. Il y avait forcément anguille (électrique) sous roche…

    La Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG) a touillé sous la roche et l’anguille électrique a dû montrer le bout du nez. Il s’avère en effet, d’après la CREG, que le prix du gaz augmentera de 17% en 2008, ce qui représente une hausse moyenne de 172 euros pour les familles. C’est-àdire pile poil la moyenne de la fourchette de hausse des prix annoncée en juin…

    Et, alors qu’Electrabel s’était engagé en juin à préserver les consommateurs de toute hausse du prix de l’électricité, la CREG a aussi révélé que le prix de l’électricité allait suivre le même mouvement.

    Mais lorsqu’on saisit une anguille, elle vous glisse entre les doigts. Electrabel essaie ainsi d’éluder les conclusions de la CREG sous prétexte qu’il serait trop difficile de prévoir l’évolution des marchés en 2008. L’enquête de la CREG se base pourtant sur des données fournies par Electrabel…

    Cette enquête a aussi révélé qu’Electrabel avait fixé un prix du gaz anormalement bas lors de la libéralisation du marché du gaz et de l’électricité qui a eu lieu le 1er janvier en Wallonie et à Bruxelles. Le but était de garder un maximum de clients dans la période transitoire où les consommateurs pouvaient changer d’opérateur. Maintenant que la date limite est dépassée, Electrabel se rattrape en augmentant ses prix en flèche.

    Le Conseil de la Concurrence a ouvert une enquête pour pratiques illégales. Mais, en réalité, la « saine concurrence » destinée à bénéficier aux consommateurs n’est qu’une vue de l’esprit des capitalistes. La libéralisation du marché débouche toujours à terme sur l’instauration du monopole d’une entreprise privée qui se substitue au monopole public. Avec cette différence que l’entreprise privée n’est pas soumise aux contraintes de service public en matière de prix raisonnables et de service universel.

    La solution n’est pas de rétablir la saine concurrence, mais de placer Electrabel sous le contrôle des pouvoirs publics avec un droit de regard des consommateurs et du personnel sur les choix énergétiques.

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