Tag: Elections 2019

  • Comment le PTB pourrait-il soutenir une “coalition portugaise” ?

    Le PTB pourrait soutenir «une coalition portugaise» conditionnée à la semaine de 4 jours et au salaire minimum de 14€/h

    Retour sur l’échec des coalitions progressistes PS-PTB-Ecolo en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles

    Les négociations en vue de coalitions progressistes PS-PTB-Ecolo ont avorté en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourtant, l’appel de la FGTB wallonne a reçu ces derniers jours un écho grandissant et de plus en plus de soutien. La déception et le mécontentement sont grands parmi nombre de travailleurs qui aspirent à dégager la droite. Le PS fait porter la responsabilité de la situation à un PTB qui refuse de prendre ses responsabilités. Pour le PTB, le PS a organisé une mise en scène visant à justifier une future coalition avec le MR.

    Par Boris (Bruxelles)

    Les tentatives visant à démontrer qui est de bonne foi en partant de ressenti, de confiance, d’horaires de réunions, de contacts informels ou non et de shows devant les caméras n’ont finalement que peu d’importance. Le mouvement des travailleurs est en droit d’attendre bien mieux. Toutes ces questions relèguent à l’arrière plan que la constitution de majorités progressistes nécessite un débat sérieux sur le programme permettant d’en finir avec la politique d’austérité et capable de signifier un changement concret dans la vie quotidienne de la population. Ce débat n’aurait d’ailleurs pas dû être cantonné à des négociations post-électorales dans les coulisses. Une telle discussion aurait dû viser à impliquer le plus grands nombre possible de militants et d’électeurs de gauche, de syndicalistes, de féministes, d’antiracistes et d’antifascistes, d’activistes pour le climat,… via des meetings et des mobilisations.

    La note de négociation du PTB est une contribution de gauche intéressante. Par exemple, l’exigence de créer 40.000 nouveaux logements sociaux en Wallonie les cinq prochaines années correspond au nombre de familles sur liste d’attente. Le PTB a raison d’approcher cette question avec pour point de départ les besoins auxquels il faut répondre et non pas le cadre de budgets volontairement limités. Le PTB estime qu’un tel plan d’investissement public reviendrait à un milliard d’euros par an pour le budget wallon. Il est vrai qu’un tel gouvernement de gauche – un gouvernement qui partirait des besoins à satisfaire – devra obligatoirement être un gouvernement de désobéissance car il faudra briser les carcans budgétaires.

    Nous reviendrons prochainement avec une évaluation plus approfondies de l’échec des majorités progressistes afin d’en tirer les leçons qui s’imposent. Mais le PTB, doit-il après cet échec, écarter aussi facilement la proposition du PS d’un « scénario portugais », c’est-à-dire d’un gouvernement minoritaire PS-ECOLO bénéficiant d’un soutien extérieur de la part du PTB ? Ou doit-il au contraire rouvrir la porte des négociations à ce scénario et comment ?

    Un gouvernement minoritaire « à la portugaise » ne revient pas à signer  un chèque en blanc

    Le PTB refuse d’emblée cette option en déclarant que « l’option portugaise revient à signer un chèque en blanc ». Pourtant, en 2016, Raoul Hedebouw déclarait autre chose concernant le soutien du Bloc de Gauche et du PCP à un gouvernement social-démocrate minoritaire au Portugal. Il disait à l’époque : « Pour le parti communiste portugais, c’est une manière de prendre ses responsabilités, puisque le peuple ne voulait plus de gouvernement de droite. C’est une forme de soutien extérieur, comme à l’époque du Front populaire, en France. Donc, l’histoire montre qu’il n’est pas indispensable de participer au pouvoir pour peser sur les décisions. » (“Rejeter l’austérité libérale” – Entretien avec Raoul Hedebouw, Revue Politique)

    Évidement, tout soutien extérieur visant à permettre au PS et à ECOLO de constituer un gouvernement minoritaire doit être conditionné à des avancées significatives pour le mouvement des travailleurs. Cette approche permettrait de concrétiser cette volonté très vivace parmi la population de balancer le MR dans l’opposition. Mais il est vrai que l’attitude du Bloc de gauche et du PCP au Portugal est trop inconditionnelle. A contrario, le PTB devra s’opposer à tous les budgets synonymes de réduction des moyens des services publics ainsi qu’à toute mesure anti-sociale et donc voter contre eux.

    Mais, durant la campagne électorale, le PS ne s’est-il pas prononcé en faveur d’un salaire minimum de 14€/h et de la semaine des 4 jours ? Ne peut-on d’ailleurs pas lire dans le programme du PS pour la Région Wallonne que « La Wallonie adaptera les principes généraux de la fonction publique locale de manière à ce que les pouvoirs locaux s’engagent dans une politique de rémunération de minimum 14 euros de l’heure » (en page 264) ? Ou encore que « le PS plaide pour une réduction collective du temps de travail (RCTT) de 38h à 32h par semaine, avec maintien du salaire et embauche compensatoire » (en page 235) ?

    Pourquoi ne pas en faire des points de rupture, des conditions strictes posées à un soutien extérieur pour la Région et la Fédération? Les négociations pourraient être relayées par des meetings publics ouvert à tous et des assemblées du personnel sur les lieux de travail concernés. De cette manière, les syndicats auraient directement leur mot à dire et pourraient contribuer à l’instauration de ces mesures.

    Si le PS accepte de respecter ses propres promesses électorales, alors les travailleurs des services publics régionaux et locaux mais aussi de l’enseignement, du secteur culturel et sportif, des crèches et des maisons de repos,… obtiendraient une avancée sociale significative. Le PTB démontrerait ce qu’il est capable de réaliser.

    Si le PS refuse, il serait alors évident aux yeux de tous que ce parti n’est même pas prêt à appliquer ses propres promesses et qu’il préfère s’allier à la droite. Mais dans ce cas, les meetings et les assemblées du personnel qui auront pris place auront eu le mérite d’ancrer la campagne « fight for 14 € » dans de nombreux lieux de travail afin de construire un rapport de force pour obtenir des victoires.

    Évidemment, un salaire minimum de 14 euros et une semaine de 4 jours, cela ne résoudrait pas tout, tout de suite. Mais cela provoquerait un énorme enthousiasme et cela poserait les bases d’une lutte pour obtenir bien plus en Wallonie mais également à Bruxelles et en Flandre.

    Autour des élections du 26 mai et du PTB :

  • Exigeons des programmes et des politiques qui répondent aux besoins sociaux !

    Tous les partis de la coalition suédoise qui composait le gouvernement précédent (N-VA, MR, CD&V et Open Vld), ont défendu leur politique corps et âme jusqu’au dernier jour de la campagne et ont fait part de leur désir que la coalition rempile pour une nouvelle législature. Etendue au cdH bien sûr, car cette coalition de droite inédite avait perdu sa majorité dans les sondages un an à peine après sa formation !

    Par Els Deschoemacker, éditorial de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Analyser qui a perdu les élections, qui a limité les dégâts, qui a gagné et avec quel programme tout cela s’est produit est très intéressant, pour ceux qui veulent le voir en tout cas.

    Quand des centaines de milliers de personnes ont participé au plan d’action syndical de 2014 contre la casse sociale du gouvernement Michel, les commentateurs n’ont démontré que très, très peu de compréhension mais, aujourd’hui, nous entendons de toutes parts que le signal de l’électeur doit être respecté. Quant à savoir ce que représente exactement ce signal… Dans le quotidien De Tijd, le dirigeant de la CSC Marc Leemans faisait remarquer à juste titre que le résultat des élections en Flandre ne doit pas être unilatéralement interprété comme une clameur pour une politique plus à droite. ‘‘Qui croit vraiment que l’électeur a donné ce signal ? Si quatre partis gouvernementaux ont été punis pour cinq ans de politique libérale de droite, je réfléchirais à deux fois avant de défendre qu’il est question d’encore plus de politique de droite.’’

    Tous les médias affirment que la Flandre n’a probablement jamais autant voté à droite. Quelle était la dynamique derrière ce comportement électoral ? Le Vlaams Belang a gagné les élections en combinant un programme raciste et une critique de la politique antisociale du gouvernement, dont la N-VA était le champion. En mettant l’accent sur des revendications telles qu’un retour de l’âge de la pension à 65 ans, une pension minimum de 1.500 euros par mois, une augmentation des allocations sociales,… le Vlaams Belang semblait répondre aux inquiétudes populaires.

    C’est totalement hypocrite. Le Vlaams Belang a toujours voté contre chaque mesure visant à élargir nos droits sociaux. Tout à l’opposé d’un parti social qui s’attaque aux inégalités en s’en prenant aux profits des grandes entreprises, il fait commerce de la haine et de la division. Son programme ‘‘Nos gens d’abord’’ ne défend pas d’arracher plus de moyens, mais seulement de répartir autrement des moyens largement insuffisants avec l’exclusion des grands groupes de la sécurité sociale, du logement social, de l’emploi, …. Cela ne fait qu’accroître la concurrence au bas de la société, l’objectif principal de l’extrême droite !

    L’autre grand vainqueur des élections a été le PTB, surtout à Bruxelles et en Wallonie, mais aussi en Flandre où il a obtenu ses premiers élus. Groen n’a pas pu tirer profit de la révolte climatique car il n’était pas suffisamment social : il ne défendait même pas le rabaissement de l’âge de la pension ! Une grande partie de la classe des travailleurs craignait que le programme de Groen finisse par peser encore plus lourdement sur leurs épaules.

    Le PS a réussi à limiter la casse grâce à un programme plus fortement ancré à gauche, il reste le plus important parti en Wallonie et à Bruxelles. Ecolo a obtenu de bons résultats, mais n’a pas pu saisir le potentiel des sondages, en grande partie pour les mêmes raisons que Groen.

    Presque partout en Europe, les partis traditionnels qui ont dominé le capitalisme depuis la Seconde Guerre mondiale ont reculé. En Belgique, pour la première fois, une tripartite des familles traditionnelles autrefois toutes-puissantes est impossible. Avec les partis Verts, il y aurait une majorité fédérale, mais ce ne serait pas le cas en Flandre. Les partis qui ont fait payer la crise du capitalisme à la majorité de la population à maintes reprises ont connu un soulèvement électoral. Si le PS a mieux résisté, c’est grâce à des revendications sociales concernant les pensions, la réduction du temps de travail, l’impôt sur la fortune,…

    Si les élections du 26 mai ont démontré une chose, c’est que les électeurs en ont assez et qu’un revirement s’impose.

    Le défi consiste maintenant à organiser la résistance en une politique qui répond aux besoins sociaux et, par conséquent, qui remet en question le système capitaliste. Le mouvement des travailleurs est numériquement plus fort que jamais et nous avons encore des syndicats potentiellement très puissants. La classe des travailleurs est la force sociale qui peut apporter le changement, mais cela n’est pas une garantie automatique. Pour cela, il faut une organisation consciente autour d’un programme de changement et une lutte menée avec la plus grande implication possible des délégués, des militants et des affiliés.

    La percée du PTB dans toutes les régions du pays est le développement le plus important de ces élections en ce qui concerne le mouvement des travailleurs. Il offre une voix à ceux qui veulent sortir du marasme du déclin social. Pour en sortir, nous devons rompre avec la camisole de force budgétaire en Europe et en Belgique, et nous devons nous battre pour une politique qui ne soit pas axée sur les profits, mais sur les besoins de la majorité de la population.

     

  • Des majorités progressistes possibles en Wallonie et à Bruxelles!

    Il y a deux ans, la FGTB wallonne lançait un appel pour une coalition de gauche à la Région wallonne. A l’époque, le PS, ECOLO et le PTB disposaient ensemble de 36 sièges sur 75. Aujourd’hui, le même attelage bénéficie de 45 sièges.

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Il n’y a pas si longtemps, la campagne du PS pouvait se résumer à dire ‘‘ce serait pire sans nous’’. La formule magique a connu des ratés avec l’arrivée fracassante d’un concurrent à sa gauche. La croissance du PTB a poussé le PS à donner plus de consistance à sa campagne électorale, ce qui a abouti aux 10 ‘‘lignes rouges’’.

    Parmi les revendications du PS regroupées derrière 10 thèmes prioritaires, on trouve : des pensions minimum à 1.500 euros net par mois pour une carrière complète ; un salaire minimum de 14 euros brut par heure; le relèvement des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté, un impôt sur les grands patrimoines (patrimoines supérieurs à 1,25 million d’euros, hors habitation personnelle et biens affectés à l’activité professionnelle), le développement des transports publics avec notamment un investissement de trois milliards d’euros dans la SNCB,…

    Pourquoi ces revendications n’ont-elles pu être réalisées entre 1988 et 2014, quand le PS fut au pouvoir sans interruption ? A l’époque, le PS justifiait ses compromissions honteuses en expliquant qu’il s’agissait avant tout d’une question de partenaire de coalition. Et aujourd’hui ?

    Rompre la camisole de force austéritaire

    Au lendemain des élections, Elio Di Rupo a nié vouloir s’allier aux formations politiques les plus à gauche possibles : ‘‘Non, je n’ai pas dit ça comme ça. J’ai dit que je voulais des gouvernements avec un programme le plus progressiste possible.’’ Raoul Hedebouw a par contre expliqué dans une interview à Sudinfo qu’il souhaite quitter l’opposition, mais pas à n’importe quel prix : ‘‘C’est possible avec le PS ou Écolo, mais pas le PS de Publifin ni l’Écolo qui veut une taxe carbone.’’

    Dès lors que l’on entre dans le concret, on ne peut pas reprocher au PTB de mettre la barre trop haut… Youssef Handichi, député bruxellois du parti, a ainsi indiqué que l’entrée dans une majorité bruxelloise était liée à deux conditions : la gratuité de la Stib (ce qui reviendrait à 200 millions €) et une grille contraignante des loyers. Ces mesures seraient bien accueillies, mais elles sont largement insuffisantes. La gratuité de la Stib doit être accompagnée d’un plan radical d’investissements publics dans le réseau puisque ce dernier est déjà surchargé. Quant au contrôle des loyers, il vaudrait mieux réduire la part du marché privé en construisant massivement des logements sociaux publics, comme les 50.000 nouveaux logements sociaux que défendait le PTB pour Bruxelles dans son ancien programme électoral de 2014. Ce débat aurait de plus été l’occasion idéale de soutenir ouvertement les revendications légitimes du personnel en lutte des Administrations locales et régionales (ALR) de Bruxelles, mais l’occasion a été gâchée.

    La gauche doit représenter un changement concret pour la vie des gens et donc ne pas se limiter à deux réformes : elle doit former un gouvernement de désobéissance, qui refuse de se soumettre au carcan budgétaire actuel.

    Si le PTB est sérieux, il doit tout faire pour empêcher le PS et ECOLO de faire comme si l’appel de la FGTB n’existait pas. Pourquoi ne pas appeler à organiser localement de grands meetings, avec l’aide de la FGTB, pour assurer qu’il y ait une pression maximale sur le PS et ECOLO ? Ce type d’initiative serait d’ailleurs idéal pour que cette pression reste de mise pour assurer qu’une coalition progressiste applique bel et bien un programme de rupture anti-austérité comme l’instauration d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure dans les services publics régionaux, la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire,… mais aussi des investissements publics massifs dans les infrastructures et les services publics et le refus de respecter la dictature budgétaire européenne.

    Un projet pareil susciterait l’enthousiasme jusque de l’autre côté de la frontière linguistique, il n’y a pas le moindre doute à ce sujet. Cela donnerait un tout autre écho au débat sur la meilleure manière de rompre avec l’austérité. Cela permettrait également d’élargir dès aujourd’hui à toute la population le débat sur la manière dont nous aurons à riposter à la colère du monde du capital pour éviter de connaître le sort lamentable de SYRIZA en Grèce.

  • Deux démocraties ?

    Photo : Jean-Marie Versyp

    Dans le cadre du capitalisme en crise, le démantèlement de la Belgique est inévitable

    Le discours de Bart De Wever a été repris par les médias francophones : il y a deux démocraties en Belgique. Mais ce constat ignore les similitudes : la punition des partis au pouvoir, l’érosion des partis traditionnels (la Belgique francophone rejoignant une tendance européenne déjà bien entamée en Flandre) et la percée des partis radicaux – en d’autres termes, la déroute du centre politique.

    Par Anja Deschoemacker

    Mais bien sûr, on ne peut contourner le fait qu’en Flandre, la droite et l’extrême droite sont les plus grandes formations. En dépit de ses pertes électorales, la N-VA reste incontournable pour le gouvernement flamand, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles les partis de gauche modérés et radicaux forment le groupe le plus important, le PS étant incontournable pour les gouvernements wallon et bruxellois, également en dépit de ses pertes.

    S’interroger sur le choix des électeurs montrera à nouveau que la majorité des électeurs de la N-VA et du VB n’ont pas voté pour ces partis en raison de leur nationalisme flamand. Cependant, les partis nationalistes flamands ont maintenant 43% des voix, et ce sans compter les nationalistes flamands au sein du CD&V. Mais le rêve de la N-VA – parvenir à grandir jusqu’à devenir majoritaire – s’est brisé. Les nationalistes flamands modérés qui étaient prêts à mettre la question communautaire en suspens en échange d’une politique de droite thatchérienne ont perdu des voix au profit des nationalistes ‘‘durs’’ du VB. Des comparaisons sont effectuées avec la Catalogne, où le CIU nationaliste modéré bourgeois d’Arthur Mas a joué du tambour nationaliste, mais n’a pris des mesures en vue d’un référendum que lorsqu’il y a été contraint par son affaiblissement en faveur de formations nationalistes plus radicales telles que l’ERC. La manière dont la N-VA va faire face à cette pression deviendra claire dans les semaines et les mois à venir.

    Comment les autres partis flamands feront-ils face à ce nouveau paysage électoral ? La réalité des régions et des communautés a déjà conduit tous les partis flamands (à l’exception du PTB) à adopter un profil ‘‘flamand’’ dans le passé. C’est encore clair aujourd’hui, par exemple dans l’appel presque unanime de la Flandre pour l’abolition des zones de police à Bruxelles et même des communes. Quel soutien apporteront-ils à des projets concrets lorsqu’ils seront mis sur la table ?

    À court terme, toutes les discussions porteront sur la formation extrêmement difficile d’un gouvernement fédéral. De Wever exclut de gouverner avec PS et Ecolo et déclare en même temps qu’un gouvernement fédéral doit inclure une majorité flamande. La combinaison des deux rend impossible un gouvernement fédéral. En même temps, la bourgeoisie usera de toute son influence pour éviter une autre longue période sans gouvernement. Les partis flamands traditionnels et Groen seront-ils tentés par cette pression de constituer un gouvernement fédéral sans la N-VA? Ou vont-ils céder à la pression de la N-VA pour exclure le PS, ce qui signifierait immédiatement un nouveau gouvernement sans majorité francophone ?

    Cela soulève l’autre question très importante : quelle sera la réaction en Belgique francophone ? Pour former une majorité fédérale sans le VB, il ne suffit pas de compléter le gouvernement précédent par le cdH (s’il est prêt à le faire). Peut-on acheter Ecolo/Groen avec une loi climat? Et qui fera la meilleure offre: la N-VA ou le PS ?

    Sous la pression de ces résultats, un nouveau front flamand peut-il être conclu pour faire avancer la réforme de l’État dans le sens du confédéralisme ? Récemment, le CD&V s’est à nouveau exprimé en tant que sympathisant de l’idée. Ce résultat peut-il être utilisé par la bourgeoisie pour affaiblir la sécurité sociale, qui est un acquis central du mouvement ouvrier déjà mis à mal par le biais de sa régionalisation ? Si cela devient le scénario, le rêve politique de Bart De Wevers – ‘‘enfumer’’ les Wallons – deviendra réalité. Après tout, la Belgique n’est pas principalement unie par des institutions bourgeoises, mais par une véritable solidarité dans des réalisations telles que la sécurité sociale, les négociations salariales centrales, les syndicats nationaux, etc. Il ne s’agit plus seulement de ‘‘deux démocraties’’, mais aussi de ce que fera Bruxelles. Il s’agit d’une région où le peuple flamand dispose d’un droit de veto, mais où seulement 16% de la population a voté pour des listes flamandes (dont seulement 18,3% pour la N-VA et 8,3% pour le VB).

    Beaucoup de questions, mais il est clair qu’avec l’affaiblissement de ses partis, la bourgeoisie a perdu encore plus de contrôle sur la situation. La seule force qui peut en prendre le contrôle en développant un programme qui réponde aux besoins de chacun est le mouvement ouvrier. Tout pas vers un nouveau gouvernement de droite doit recevoir une riposte vive des syndicats. Chaque gouvernement doit être mis sous pression par une action de masse autour de revendications centrales telles que le salaire minimum, de meilleures allocations sociales, la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire,…

    Le nombre d’élus que le PTB/ PVDA a envoyé aux parlements est une bonne chose. Mais ce ne sera vraiment un grand pas en avant que si ces positions sont utilisées pour que la classe des travailleurs marque de son empreinte les développements à venir.

  • Michel / De Wever ont reçu une claque mais un changement concret exige de se battre !

    Les commentaires n’ont pas manqué une fois les élections passées concernant les ‘‘signaux’’ des électeurs. Tant et si bien que le message le plus important de ce 26 mai a été négligé : le gouvernement d’austérité de Michel et De Wever a été sévèrement sanctionné. Seul le gouvernement de Verhofstadt II l’a été tout aussi sévèrement en 2007 en perdant 22 sièges. Les cinq ans de poigne de fer que n’aurait pas renié Margaret Thatcher ont été synonyme de plus bas salaires (saut d’index), de temps de carrière allongé (la pension à 67 ans), de taxes plus élevées (sur le carburant, l’énergie, etc.),… pour moins de services publics, aucun investissement dans les soins de santé, etc. On serait en colère à bien moins !

    Pour De Wever (N-VA), ce résultat se lit comme un plaidoyer en faveur d’une politique encore plus à droite. Il sait pourtant pertinemment que ceux qui ont voté pour le Vlaams Belang ne réclamaient pas plus d’austérité. Le Vlaams Belang a capté le mécontentement social et la orienté vers le racisme en rendant les migrants responsables de tous les maux. Quand l’extrême droite participe au pouvoir, l’austérité est encore plus sauvage et la violence contre les migrants augmente dramatiquement. Le Belang ne représente pas les intérêts du monde du travail. Lors du mouvement de masse contre l’austérité du gouvernement Michel en 2014, l’extrême droite dénonçait nos actions ! Aux parlements, le Belang a systématiquement voté en faveur des mesures antisociales. Aucun changement n’est à attendre de leur part. Pour beaucoup, la croissance de l’extrême droite fut un choc. Ceux qui hésitaient encore à s’engager dans la lutte ne doivent plus attendre : le moment est venu. Comme le dit le vieux slogan : ‘‘Ne pleurez pas, organisez-vous’’ (‘‘Don’t mourn, organize !’’).

    Les migrants et les réfugiés n’ont pas profité de l’action du gouvernement Michel/De Wever, ils ont été soumis à des conditions inhumaines pour servir les ambitions électorales des partis de droite. Par contre, les ultra-riches et les gros actionnaires ont été généreusement nourris. Sous cette législature, les profits ont augmenté en moyenne de 3,3% en Belgique, contre 1,8% dans les pays voisins. L’ancien député libéral et professeur d’économie Paul De Grauwe a résumé cette politique comme suit : ‘‘une nouvelle redistribution des richesses au profit des détenteurs de capitaux’’.

    Pour changer cela, il faudra se battre. En 2014, la lutte collective a remis au goût du jour la revendication d’une taxe sur le capital. C’était très important car cela a directement permis de clarifier le fait que ce n’était pas aux travailleurs et à leurs familles de supporter le poids d’un changement de politique. En Flandre, si Groen avait défendu une approche similaire concernant les mesures pour le climat, il aurait été plus difficile à la droite de faire rimer climat et taxes supplémentaires sur le dos de la population. Mais les actions pour le climat reprendront à la rentrée et elles seront l’occasion de défendre largement des mesures sociales comme la gratuité des transports publics et leur extension, l’expropriation du secteur de l’énergie pour qu’il soit placé dans les mains de la collectivité, des investissements publics massifs dans la recherche scientifique ou encore une économie démocratiquement planifiée.

    Comment le sommet de la FGTB en Flandre va-t-il défendre ses liens avec le SP.a ? Que va-t-il se passer à la CSC face aux critiques du CD&V qui en veulent au syndicat et à la mutualité chrétienne pour ne pas avoir défendu le bilan du gouvernement ? Si le PS a pu limiter la casse, c’est en menant une campagne plus à gauche qu’à l’accoutumée. Les promesses finissent toutefois bien vite à la poubelle une fois les élections passées, certainement dans le contexte d’un déficit budgétaire de 8 milliards d’euros.

    Des revendications telles que le retour de l’âge de la pension à 65 ans, une pension équivalente à 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros nets, des salaires plus élevés et portant le salaire minimum à 14 euros de l’heure (ou 2300 euros par mois), une taxe des millionnaires, un investissement public massif dans les services publics (santé, éducation) et les infrastructures,… sont très populaires. Les dirigeants syndicaux qui portaient tous leurs espoirs sur les élections se sont trompés : les partenaires politiques traditionnels des syndicats ont reçu une claque.

    Heureusement, le PTB a permis de faire une percée: avec 43 nouveaux élus, la voix de la rue sera entendue dans tous les parlements. Ces dernières années, le PTB a durement travaillé pour atteindre ce résultat. Il est maintenant temps de passer à l’étape suivante : utiliser cette position pour renforcer la lutte à partir de la base et aider à l’organiser afin de remporter des victoires. La campagne de la FGTB pour un salaire minimum de 14 euros offre une première opportunité de le faire. Construire cette campagne sur le terrain peut conduire au succès. Cela illustrerait immédiatement comment nous pouvons stopper la machine d’austérité : non pas en chassant les réfugiés et les migrants, mais en luttant en masse pour nos intérêts.

    Les capitalistes se défendront bec et ongles. Nous n’aurons rien en cadeau. Toute tentative de faire payer les millionnaires se heurtera au sabotage patronal. Nous devons anticiper ce sabotage et populariser des mesures comme le non-paiement de la dette et la nationalisation des secteurs clés de l’économie. Sous le capitalisme, surtout face à une nouvelle crise, il n’existe pas de marge pour des concessions à la classe ouvrière. Luttons pour une société socialiste !

  • Bruxelles, Gand, Liège : Premières mobilisations antifascistes réussies à la suite du 2e ‘‘Dimanche noir’’

    Bruxelles. “Des emplois, pas de racisme !”

    Les antifascistes entrent en lutte contre l’extrême droite et contre le système qui l’alimente

    Deux jours après les élections, des milliers d’antifascistes sont descendus dans les rues de Bruxelles et des centaines d’autres se sont réunis à la même heure à Gand. Le lendemain, près d’un millier d’autres étaient à Liège. Ils entendaient exprimer leur colère contre la nouvelle percée du Vlaams Belang, mais aussi contre Le Pen, Salvini et d’autres politiciens d’extrême droite dont la progression a marqué ces élections européennes.

    A Bruxelles, la coalition ‘‘Stand Up’’, composée d’organisations de gauche et de syndicalistes et à laquelle nous participons, avait appelé à se réunir face au Parlement européen. Au même moment, une première action avait été également rapidement organisée à Gand, à l’initiative de notre campagne antifasciste flamande Blokbuster, des Etudiants de Gauche Actifs et de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité). A Liège, l’appel avait été lancé par le collectif féministe ‘‘Et ta sœur’’ et avait été rejoint par plus d’une vingtaine d’associations (Collectif contre les violences familiales, Comac, Front Antifasciste 2.0, Greenpeace,…) dont la Campagne ROSA et le PSL.

    Ces premières mobilisations appelées en toute urgence protestation étaient très importantes. Elles ont démontré que les antifascistes s’organisent pour ne laisser aucun espace à l’extrême droite pour que cette dernière puisse imposer sa haine et sa logique de division dans les rues par la force.

    Selon nous, la meilleure méthode qui s’offre aux antifascistes est l’action de masse. Cela permet bien entendu d’occuper la rue et de démontrer qu’un grand nombre de personnes rejette la haine de l’extrême droite. Mais cela permet également de mieux populariser des slogans et des propositions concrètes. Faire face aux défis de la période actuelle signifie de chercher à impliquer le plus grand nombre possible dans le combat antifasciste et de réfléchir à une stratégie capable d’arracher ses électeurs au Vlaams Belang.

    Gand

    Le Vlaams Belang a tenté de se présenter aux électeurs comme un parti ‘‘social’’ favorable au retour de l’âge de la pension à 65 ans, à une pension de minimum 1.500 euros,… Le parti a habilement joué sur les faiblesses des partis de ‘‘gauche’’ SP.a et Groen (leur extrême manque d’audace et, surtout, leur acceptation de la logique néolibérale) pour récupérer des électeurs en colère contre la politique antisociale menée par la coalition suédoise au Fédéral et à la région flamande. Mais l’extrême droite ment et trompe ses électeurs, elle représente une politique encore plus antisociale.

    Le nouveau gouvernement, quel que soit sa composition, devra commencer par trouver comment combler un déficit budgétaire de 8 milliards d’euros. Il est déjà évident que cet argent ne sera pas cherché dans les poches des ultra-riches alors que la société craque déjà de toutes parts en conséquence du manque de moyens. Pour l’extrême droite, le manque de moyens provient des migrants et des réfugiés, mais ces derniers n’ont rien à voir avec le gigantesque hold-up de moyens de la collectivité opéré par le gouvernement Michel/De Wever ! Ce sont les ultra-riches et les grandes entreprises qui pillent les caisses de la collectivité avec l’aide enthousiaste des politiciens capitalistes ! L’extrême droite n’a aucun problème avec ça.

    Liège

    C’est probablement ce qui explique pourquoi les petits patrons flamands réunis dans l’organisation patronale VOKA disent aujourd’hui qu’ils ne voient pas d’inconvénient à la rupture du cordon sanitaire. Les patrons n’ont rien à craindre du Vlaams Belang. La prétendue ‘‘image sociale’’ du VB lors de ces élections ne servait qu’à berner les électeurs. A chaque fois qu’il y a eu des mobilisations en défense de nos pensions ou contre l’austérité, l’extrême droite s’est systématiquement retrouvée dans le camp d’en face. Son nouveau champion Dries Van Langenhove (Scild & Vrienden), franchement élu député fédéral, est allé jusqu’à provoquer des piquets de grève avec ses partisans. Son collègue au Parlement Brusselmans, qui vient du cercle catholique ultra-conservateur KVHV à Anvers, a défendu une nouvelle augmentation des frais d’inscription pour l’enseignement supérieur (mesure qui avait soulevé une partie de la jeunesse flamande en 2014). Le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken a essayé de récupérer l’atmosphère ‘‘Gilets jaunes’’ en en portant un par-dessus son costume sur mesure, mais il manque totalement de crédibilité.

    Ces premières actions antifascistes ont rencontré le succès, mais il ne faut pas en rester là ! Elles doivent constituer un tremplin vers de nouvelles actions, tant au niveau national que dans autant de communes que possible. Être antiraciste ne suffit pas : il faut s’organiser et entrer en lutte. Notre campagne antifasciste Blokbuster en a fait l’expérience : cette campagne a été lancée juste avant le précédent ‘‘dimanche noir’’, en 1991. Blokbuster était un instrument pour organiser les jeunes et les travailleurs contre l’extrême droite et son sol d’alimentation. C’est également ce dont nous avons besoin aujourd’hui.

    Le prochain rendez-vous d’importance sera une manifestation antifasciste nationale qui aura lieu à Gand le dimanche 23 juin (détails à suivre).

    Photos de la manifestation de Bruxelles, par Liesbeth:
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    Vidéo de la manifestation de Bruxelles :

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  • Elections 2019. Le Gouvernement a reçu des claques, la lutte de la rue sera décisive !

    Dimanche noir en Flandre, percée de la gauche radicale dans tout le pays. Des gouvernements de gauche sont possibles en Wallonie et à Bruxelles.

    Quel échec pour les partis qui ont lancé un ambitieux projet thatchérien il y a cinq ans ! Ils perdent ensemble 22 sièges à la Chambre et n’ont donc plus de majorité. Charles Michel n’a pas réussi à profiter de son poste inattendu de premier ministre : il n’a obtenu que 1.000 voix préférentielles supplémentaires en comparaison de son score de 2014. Le deuxième chef du gouvernement, Bart De Wever, qui n’était pourtant pas ministre, s’est défait de 72.000 votes préférentiels : un peu plus d’un cinquième de ses voix en 2014 ! Le CD&V perd quant à lui un tiers de ses sièges à la Chambre, le MR quasiment un tiers. Une fois les élections passées, tout le monde voit partout les ‘‘signaux des électeurs’’, mais le plus remarquable est souvent perdu de vue : le gouvernement suédois a été rejeté.

    Cela n’est pas surprenant au regard de la politique suivie depuis 2014. Les chamailleries entre partis de la coalition suédoise n’ont pas manqué, mais le MR, la N-VA, le CD&V et le VLD se sont parfaitement accordé sur une ligne de conduite dure et néolibérale pour s’en prendre aux travailleurs et à leurs familles. L’âge de la retraite a été porté à 67 ans, sans mesures pour les professions lourdes alors même qu’il a beaucoup été question des pensions trop faibles en Belgique. Nos revenus ont été attaqués par un saut d’index et toutes sortes d’impôts. Rien n’a été fait pour relever le défi climatique. Alors qu’il avait commencé son action avec beaucoup d’ambitions, le large mécontentement à l’égard de sa politique a poussé le gouvernement prématurément vers la sortie. La N-VA en a débranché la prise une fois connu le résultat des élections communales, qui prédisait déjà la lourde sanction de ces élections de mai 2019.

    La crise gouvernementale autour du Pacte de Marrakech a placé la question de l’asile et de la migration au centre de l’agenda politique en décembre. Elle a ensuite été quelque peu éclipsée par les mobilisations pour le climat et diverses actions (comme la grève nationale du 13 février) mais, elle a réoccupé une place plus importante les dernières semaines de campagne électorale. Cela s’explique par le débat autour du scandaleux manque d’accueil des transmigrants à Bruxelles-Nord et par la campagne de la N-VA. Depuis quelque temps déjà, ce parti n’avait de cesse de souligner l’image intransigeante de Theo Francken contre les migrants. Agir de la sorte était nécessaire à la N-VA car elle ne pouvait pas beaucoup capitaliser sur sa politique socio-économique profondément antisociale. Juste avant les élections, cela a encore été confirmé par une étude de Gert Peersman (de l’UGent) : la croissance et la création d’emplois auraient été meilleures sans les mesures adoptées par le gouvernement Michel ! Sans pouvoir parler de la politique du gouvernement, il fallait dévier l’attention, et c’est pour cela que la N-VA a joué la carte de la migration. L’affaire Kucam – un trafic de visas humanitaires organisé par un fidèle partisan de Francken – a quelque peu sapé la position de Francken. Il a réagi dans son style insolent bien connu, mais tout le monde n’était pas derrière lui.

    Si les commentateurs et les nationalistes flamands soulignent les différences entre les résultats flamands, bruxellois et wallons, on ne peut ignorer que les questions sociales telles que les pensions étaient particulièrement sensibles dans toutes les régions du pays.

    Le Vlaams Belang a fait tout son possible pour se présenter en tant que parti “social” opposé au relèvement de l’âge de la pension ou aux taxes antisociales telles que la taxe kilométrique mais aussi en faveur d’une pension minimale de 1.500 euros (tout en taisant bien entendu que le parti d’extrême droite est pour un système de pension à points et pour un respect strict du temps de carrière). En l’absence de mobilisations dans la rue qui clarifie de façon évidente qui s’oppose réellement à la politique antisociale, une campagne publicitaire trompeuse du type de celle du VB peut avoir un impact. Dans une situation pareille, les déclarations du VB peuvent même résonner plus fortement que celle des partis ‘‘de gauche’’ qui refusent de s’engager pas la lutte active (SP.a, Groen). Passer de la N-VA au VB est devenu très facile pour des électeurs qui n’avaient pas digéré l’augmentation de l’âge de la pension.

    Du côté francophone, les questions sociales ont également joué un rôle important. C’est ce qui ressort notamment de la forte progression du PTB, le plus grand vainqueur en Wallonie avec des résultats d’environ 20% ou plus à Liège, Charleroi, La Louvière, et même d’environ 25% dans la région liégeoise (Herstal, Seraing), mais aussi d’environ 20% dans certaines régions de Bruxelles (Saint-Gilles, Anderlecht, Molenbeek,….).

    Au Nord comme au Sud du pays, les sondages ont systématiquement démontré que la majorité de la population est favorable à la baisse de l’âge de la pension et à la taxation des grandes fortunes. Ces sujets sont d’ailleurs généralement considérés comme appartenant à la “gauche”. Ensemble, les partis de “gauche” ont réalisé quelques progrès en Flandre, c’est la droite et le centre qui a perdu des plumes tandis que l’extrême droite a connu une percée.

    Un dimanche noir

    En Flandre, le Vlaams Belang est le grand gagnant de ces élections. Avec 18,5%, il est le deuxième parti du Parlement flamand derrière la N-VA. La différence avec son creux historique de 2014 rend la progression encore plus spectaculaire : à la Chambre, le VB passe de 3 à 18 élus ! Des comparaisons ont immédiatement été faites avec le “dimanche noir” : la première grande percée électorale du Vlaams Blok en 1991. Des différences existent toutefois : la percée est plus grande, les partis traditionnels sont encore plus instables,…. Après cinq ans de gouvernement avec la N-VA, le racisme est devenu plus acceptable dans la société. Les électeurs du VB ne cachent pas leur vote. En divers endroits, certains électeurs n’hésitent pas à en parler à leurs collègues de travail issus de l’immigration. Alors que la percée du VB en 1991 était essentiellement un phénomène urbain, on observe aujourd’hui des sommets principalement dans les zones périurbaines (comme la région de la Dendre) ou rurales (comme dans certaines parties de la Flandre occidentale).

    Durant les années où la N-VA était en pleine ascension, certains proclamaient que la droite conservatrice réalisait ce que la gauche antifasciste s’était révélée incapable de faire, à savoir stopper le Vlaams Belang. Ils se sont lourdement trompés. Lorsque le Vlaams Belang a connu ses déboires électoraux, nous avons directement évoqué l’exemple français. Sarkozy lui aussi avait voulu profiter des voiles du Front national avec une rhétorique raciste. Mais ses électeurs sont ensuite retournés vers Le Pen en raison du caractère antisocial de la politique de Sarkozy. L’extrême droite est sortie renforcée puisque son discours avait été rendu plus acceptable par les positions politiques dorénavant partagées avec la droite conservatrice. Avec la crise gouvernementale entourant le Pacte de Marrakech, la N-VA a déroulé le tapis rouge à l’extrême droite. Dries Van Langenhove, associé dans l’opinion aux groupes de discussion néonazis sur internet, et le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken en ont fait bon usage pour se remettre en selle.

    De Wever a immédiatement profité de la nouvelle croissance du Vlaams Belang pour renforcer sa position dans les négociations gouvernementales. Il essaie d’utiliser à l’avantage de la N-VA le vote en faveur du Vlaams Belang en suivant le raisonnement selon lequel la Flandre aurait voté plus à droite et plus pour le nationalisme flamand. Mais le nationalisme flamand est loin d’avoir joué un rôle aussi important. Un électeur du VB a d’ailleurs motive son vote dans les pages du quotidien De Standaard en disant : “Nous devons défendre notre Belgique.” De Wever reste évidemment muet sur la campagne plus « sociale » du VB.

    Mais cette image « sociale » est complètement absurde. Le VB a voté contre l’augmentation du salaire minimum en Europe et le parti est bien connu pour son opposition farouche à tous ceux qui entrent en action contre l’austérité, tout particulièrement les syndicats. Les travailleurs qui protestent contre le relèvement de l’âge de la retraite ou contre une charge de travail insoutenable n’ont jamais été soutenus par l’extrême droite, ils ont été attaqués. Dans le cas de la bande de Dries Van Langenhove, Schild & Vrienden, c’est d’ailleurs arrivé littéralement. Lorsque les éboueurs gantois ont fait grève pour contre la pression insoutenable au travail, le Vlaams Belang a refusé de les soutenir et Dries Van Langenhove a réalisé un film avec quelques partisans où ils ramassaient quelques sacs poubelles pour se moquer de la grève.

    Le Vlaams Belang n’est pas du côté des travailleurs. Pendant que nous combattions le gouvernement Michel dans la rue, Van Langenhove et Van Grieken se sont engagés à répandre la haine sur Internet. L’image « sociale » du VB se limite à dire que tout sera payé en économisant sur les migrants. Par exemple, le VB ne préconise pas la construction de plus de logements sociaux, il défend de favoriser “notre propre peuple”. Au lieu de s’attaquer aux causes des manques et des pénuries, le VB propose simplement une répartition des manques et des pénuries. Le VB tente de trouver l’oreille des larges couches de la population qui ont connu une baisse de leurs conditions de vie, mais sans offrir de solution à la crise capitaliste à l’origine des pénuries et des atteintes à nos conditions de vie. Seuls les ultra-riches ont bénéficié du gouvernement Michel : les bénéfices ont augmenté en moyenne de 3,2%, contre 1,8% dans les pays voisins. Qui donc sont les profiteurs ? Les migrants et les réfugiés ou les banquiers et les spéculateurs ?

    Certains commentateurs ont fait remarquer qu’avec Van Grieken et Van Langenhove, le VB a pris ses distances avec le vieux côté “dégouttant” de Dewinter… C’est un mensonge, qui aurait eu beaucoup plus de mal à passer si les mobilisations antifascistes s’étaient poursuivies après le mois de septembre dernier, quand un reportage de la VRT avait dévoilé le vrai visage de Schild & Vrienden. Ces actions étaient pourtant prometteuses.

    Le Vlaams Belang lui-même a été un peu surpris par l’ampleur de sa victoire. Elle s’accompagne de quelques problèmes pratiques, notamment en termes de personnel politique en l’absence d’une réelle base de membres active. Il ne fait aucun doute que le parti connaitra un afflux de nouveaux membres mais, ces dernières années, son cadre politique s’est considérablement affaibli. Le VB essaie de se reconstruire depuis un certain temps, avec un accent particulier sur la jeunesse. Cela a eu un certain effet : selon les sondages, le VB est le parti le plus populaire parmi les garçons de 12 à 24 ans. Ce n’est d’ailleurs pas du tout le cas chez les filles : elles n’ont pas échappé à l’attitude hostile de l’extrême droite envers les femmes. Quoi qu’il en soit, il y a une polarisation chez les jeunes. Nous ne devons pas donner au Vlaams Belang la possibilité de s’organiser plus fortement parmi les jeunes ; la résistance antifasciste organisée est urgente.

    Il est possible qu’il y ait aujourd’hui une plus grande accoutumance à l’extrême droite par rapport au précédent dimanche noir de 1991, mais la colère et la peur existent face à la croissance de l’extrême droite. Le défi consiste à l’organiser en actions combattives et à discuter également de la lutte à mener contre le terreau fertile sur lequel l’extrême droite peut se développer. Avec le PTB au Parlement, y compris de Flandre dorénavant, nous sommes mieux placés pour ce débat. Le renforcement de la gauche en Wallonie et à Bruxelles a rendu plus difficile l’obtention d’un résultat sérieux pour les différentes forces d’extrême droite. L’expérience de la campagne antifasciste flamande Blokbuster, qui a également été maintenue vivante pendant les années où le danger du VB était ressenti comme moins urgent, sera utile dans la lutte antifasciste à venir.

    Une vague rouge dans tout le pays

    Une autre différence avec le dimanche noir de 1991 est la présence d’un parti de gauche radicale au parlement. La croissance du PTB est importante et elle a pris place dans tout le pays, avec de premiers élus flamands. Avec 42 parlementaires (12 à la Chambre, 10 au Parlement wallon, 11 au Parlement bruxellois, 4 au Parlement flamand, 4 au Sénat et 1 au Parlement européen), le PTB a réalisé un grand bond en avant. En Wallonie, le PTB est le plus grand vainqueur des élections avec 13,7% (+7,9%), à Bruxelles, Ecolo se renforce légèrement, mais par rapport aux élections communales, la progression du PTB est plus remarquable. A Bruxelles, le PTB égale désormais le résultat wallon et, dans les villes d’Anvers et de Gand, le parti a récolté plus de 10% des voix.

    Les militants du PTB ont travaillé dur pour rendre ce résultat possible. Le parti bénéficie d’un soutien croissant parmi les syndicalistes et de nombreux autres activistes qui voient dans le PTB l’expression la plus cohérente de leur opposition à la politique actuelle et à la logique du profit du capitalisme. Il ne fait aucun doute que l’accent sera désormais mis sur le travail parlementaire, mais il sera aussi important d’impliquer les nouveaux membres sur le plan politique et de lancer des campagnes audacieuses. Les élus flamands du PTB – y compris un élu flamand obtenu sur la liste déposée à Liège – veilleront à ce que, même dans le nord du pays, une voix de gauche se fasse entendre dans les médias et les débats publics. Il s’agit d’un pas en avant important et qui était extrêmement nécessaire : ces dernières années, l’absence d’une opposition constante et cohérente au néolibéralisme a ouvert la voie à la droite.

    Il se peut qu’il n’y ait pas de participation au gouvernement pour le PTB. Le PS a prévenu à l’avance après l’échec de la formation de coalitions communales progressistes que le PTB n’est pas prêt à gouverner. En dépit des pressions exercées par les milieux syndicaux en faveur de majorités progressistes, le PTB n’a pas réagi avec audace. Il semble que le parti soit prêt à accepter un rôle d’opposition pour se développer davantage en attendant. Cela peut sembler correct du point de vue de la construction du parti, mais de nombreux électeurs entendent voir survenir des résultats plus rapidement. Il faut non seulement défendre les revendications syndicales au parlement, mais aussi s’appuyer sur elles pour lancer des propositions offensives en faveur de gouvernements progressistes. Cela positionnerait le PTB comme le meilleur relai politique des luttes des travailleurs.

    La présence du PTB dans les Parlements permet de rendre les réponses de gauche plus audibles. Cela diminue les possibilités de l’extrême droite, comme on a pu le voir en Wallonie (notamment avec les mauvais résultats de groupes tels que Nation). Le débat est poussé vers la gauche.

    Le PSL considère qu’il s’agit d’un pas en avant très positif et c’est pourquoi nous avons appelé à voter en faveur du PTB. Nous partageons la joie des membres du PTB et de ses électeurs. Le PSL continuera à faire des propositions constructives sur ce que peut être notre rôle dans le renforcement de la croissance d’un pôle combattif de gauche, tant en termes de campagnes que de programme. Dans notre appel de vote, nous avons également souligné les limites qui existent selon nous dans le programme du PTB. Parmi elles figure le refus de préparer la population à l’inévitable résistance des patrons à toute réforme progressiste dans l’intérêt des travailleurs et de leurs familles, ou encore l’absence de toute perspective de changement socialiste. Il ne s’agit pas de détails, mais de la préparation qui s’impose à la prochaine étape de la lutte.

    Les partis Verts progressent, en particulier à Bruxelles, en Wallonie et dans les villes flamandes

    La vague verte a été moins prononcée que prévu, surtout en Flandre, où Groen a progressé dans des villes comme Gand, Anvers et Louvain, mais a à peine pu progresser ailleurs. Le sondage qui avançait le chiffre de 15% n’est pas devenu réalité, c’est à peine si le cap des 10% a été dépassé. Les progrès d’Ecolo ont été plus importants, certainement à Bruxelles, mais aussi dans des provinces plus rurales comme le Luxembourg et le Brabant wallon. Les inquiétudes concernant l’environnement et le mouvement historique des jeunes pour le climat ont évidemment joué un rôle, mais le profil antiraciste d’Ecolo fut aussi important, en plus du fait que le parti n’est pas considéré comme un parti de pouvoir historique à l’instar du PS.

    Le vendredi 24 mai, une nouvelle mobilisation pour le climat a eu lieu avec 10.000 participants selon les organisateurs. Mais il ne s’agit plus de la même explosion spontanée de colère de la jeunesse que durant les trois premiers mois de cette année. Il n’était bien sûr pas possible de tout simplement continuer à mener des actions toutes les semaines comme ça. C’est pourquoi, dès le début, nous avons souligné l’importance de développer des comités d’action locaux dans les écoles pour permettre aux jeunes déjà convaincus d’entrer en dialogue avec leurs camarades de classe et de développer une meilleure implication sur base d’actions locales. Parallèlement, nous avons défendu qu’il était crucial de clarifier les revendications du mouvement comme la gratuité et l’extension des transports publics, un secteur de l’énergie intégralement placé dans les mains des pouvoirs publics, des investissements publics massifs pour la recherche scientifique,… dans le cadre d’une lutte pour un véritable “changement de système”.

    Malheureusement, ces propositions n’ont pas été suffisamment reprises pour développer le mouvement de cette manière. Il en a résulté un déclin inévitable qui a donné l’occasion de caricaturer le mouvement en un synonyme de tsunami fiscal sur le CO2, les vols,… les partis verts n’ont pas répondu de manière convaincante à la question de savoir qui paiera les mesures climatiques. En ces temps de Gilets jaunes et de crise du pouvoir d’achat, cela a sapé le potentiel des partis verts. Toutefois, les préoccupations climatiques restent très vives et la gravité de la menace du changement climatique n’a pas disparu. Nous devons continuer à discuter du changement de système dont nous avons besoin et de la façon d’y parvenir.

    Les partis traditionnels au plus bas

    Les trois partis classiques francophones PS, MR et CDH ont perdu 368.000 électeurs en 5 ans et ensemble, pour la première fois, ils n’obtiennent plus la majorité. Les trois familles politiques traditionnelles sont à leur plus bas niveau historique et le fond n’est pas encore en vue. Ces formations sont après tout des expressions politiques de la période relativement stable de l’après-guerre au cours de laquelle une certaine marge existait pour des concessions limitées en faveur des travailleurs et de leurs familles.

    Pour la première fois, une tripartite classique composée de sociaux-démocrates, de démocrates-chrétiens et de libéraux n’obtient plus la majorité à la Chambre. Malgré l’impopularité de la politique de droite, les sociaux-démocrates ont subi de nouvelles pertes. Le PS disposait d’une plus grande marge de manœuvre et, grâce à la perte subie également par le MR, il reste le plus grand parti à Bruxelles et en Wallonie. Mais il a tout de même à nouveau perdu trois sièges. Si le PS s’est relativement mieux comporté, c’est aussi à cause de la campagne plus à gauche que le parti a menée.

    Le SP.a était déjà plus petit et a connu une défaite encore plus cuisante que ses camarades wallons : 4 de ses 13 sièges à la Chambre ont disparu. A Anvers et en Flandre orientale, le parti flirte avec le seuil des 10%. Il a reçu des claques sévères tant à Gand qu’à Anvers. A Anvers, la coalition conclue avec De Wever pour diriger la ville n’a visiblement pas aidé. Aucune perspective d’amélioration ne s’offre au SP.a puisqu’il n’a pas de projet politique fondamentalement différent du néolibéralisme qu’il a appliqué ces dernières décennies.

    Les démocrates-chrétiens font face à un problème similaire. Dans la coalition suédoise, le CD&V a essayé de se présenter comme le “visage social” du gouvernement, comme une sorte d’opposition au sein de la majorité sur le modèle du comportement du PS pendant des années. Cela n’a trompé personne et a renforcé l’image du CD&V comme un parti mou sans atténuer les attaques contre notre niveau de vie. L’Open-VLD s’encourage en affirmant qu’il a perdu moins que les autres partenaires de la coalition. Le CDH, qui ne faisait pas partie de la coalition suédoise mais a fait monter le MR au gouvernement de la Région wallonne en 2017 doit également être rassuré par le fait que ses pertes sont moins graves que prévu.

    L’érosion des partis traditionnels est très forte dans la ville d’Anvers, où le SP.a, le VLD et le CD&V ensemble ne convainquent même pas un quart des électeurs ! Ils cèdent la place à quatre autres partis : la N-VA, Groen, le Vlaams Belang et le PTB. Généralement, les partis traditionnels font face à cette situation en partant à la recherche d’une nouvelle figure de bon « gestionnaire ».

    Mais la crise des partis traditionnels n’est pas une question de personnel politique. Leur problème est d’avoir intégré la logique néolibérale. Dans un contexte d’incertitude économique, de nouvelle crise économique imminente, de guerres commerciales et d’instabilité politique, le capitalisme ne semble pas pouvoir créer les conditions d’un retour des partis traditionnels. Ils essayeront d’y faire face temporairement en intégrant des personnalités médiatiques, mais cela ne mettra pas un terme à leur déclin.

    La fin du cordon sanitaire ?

    La formation des coalitions s’annonce difficile. Continuer la coalition suédoise au niveau flamand est possible avec ce résultat, mais il s’agit d’une coalition de perdants. Le président de la N-VA, De Wever, laisse la porte ouverte à une discussion avec le Vlaams Belang, mais il semble peu probable qu’il en résulte quelque chose. Après les élections communales d’octobre, le cordon sanitaire autour de l’extrême-droite a déjà été miné davantage, notamment par la N-VA, qui a bloqué un temps une coalition sans l’extrême-droite à Ninove, par exemple. Mais il n’y a finalement pas eu de coalition locale avec l’extrême droite. Une nouvelle étape est maintenant franchie pour saper le cordon sanitaire, même si aucune coalition n’est formée avec le VB. De Wever ne peut pas se permettre de balayer le VB trop rapidement, et il peut aussi utiliser le résultat du VB pour renforcer sa propre position dans les négociations. En même temps, le Vlaams Belang augmente la pression sur la N-VA. Le Président du VB Tom Van Grieken a annoncé qu’il n’apporterait aucun point de rupture à une discussion avec De Wever pour la formation d’un gouvernement flamand. De Wever ne peut pas immédiatement rejeter le VB et aura besoin de plus de temps que prévu pour former sa coalition flamande.

    Tant au VLD qu’au CD&V, certains membres de second rang ont suggéré de briser le cordon, mais la direction du parti elle-même s’y est opposée. Même si De Wever était d’accord avec le VB, il aurait besoin du CD&V ou du VLD pour obtenir une majorité. Cela semble peu probable, mais si le résultat de ces élections législatives persiste lors des prochaines élections communales, les chances de coalitions locales avec le Vlaams Belang seront très élevées. A moins, bien sûr, qu’il n’y ait suffisamment de contestation de la part de la rue contre l’extrême droite, ce qui, avec la question nationale, a été la raison principale pour laquelle les partis établis n’ont pas osé se joindre au Vlaams Blok au début des années 1990 (contrairement à leurs homologues en Autriche, au Pays-Bas, au Danemark, en Norvège, …).

    Des gouvernements de gauche sont possibles en Wallonie et à Bruxelles

    Du côté francophone, le PS prendra l’initiative. Une coopération avec Ecolo est évidente, mais un troisième partenaire est nécessaire. Des coalitions de gauche avec le PTB sont mathématiquement possibles en Wallonie et à Bruxelles. Cela permettrait de porter le salaire minimum dans les services publics régionaux à 14 euros de l’heure, de réduire le temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire,… Bref, cela permettrait de réaliser les promesses faites tant par le PS, que par Ecolo et le PTB au cours de cette campagne. Un tel projet susciterait l’enthousiasme, y compris en Flandre. Ce serait conforme à la demande de la FGTB pour des coalitions progressistes et ce serait un puissant argument en Flandre dans les discussions sur la manière dont nous pouvons mettre fin à la politique d’austérité. Le PS ira-t-il dans ce sens ou choisira-t-il de ne pas mettre en œuvre son propre programme en entrant en coalition avec le MR ou le CDH (peut-être plutôt avec Défi à Bruxelles) ?

    Les cartes fédérales sont difficiles à trouver. Le gouvernement sortant, complété par le CDH, n’obtient pas la majorité. Même une coalition arc-en-ciel (libéraux, sociaux-démocrates et verts) n’obtient pas une majorité suffisante (76 des 150 sièges et seulement 29 sièges en Flandre). Cela peut conduire à une longue crise politique.

    La N-VA et le SP se préparent déjà à former des gouvernements régionaux et à se positionner en conséquence. Ils soulignent tous les deux que ce ne sera pas facile et indiquent qu’une crise politique est probable. Un retour des tensions communautaires est à l’ordre du jour, même si la population ne le veut pas. Les deux partis gardent les options ouvertes aux gouvernements régionaux dans le cadre de la formation du gouvernement fédéral.

    La lutte de la rue sera décisive

    Dans un contexte de déficit budgétaire de 8 milliards d’euros, de ralentissement de la croissance économique et de nuages sombres sur l’économie et les relations mondiales, la politique du prochain gouvernement semble déjà fixée : des économies sur le dos de la majorité de la population. En d’autres termes, la même politique que celle qui a déjà suscité tant de méfiance et de colère.

    Pour le mouvement ouvrier, il s’agit de transformer cette méfiance et cette colère en une bataille organisée autour de revendications telles qu’un salaire minimum de 14 euros de l’heure ou de 2.300 euros par mois, une pension minimale de 1.500 euros, la diminution de l’âge de départ en pension, la restauration de la retraite anticipée, des mesures conséquentes pour le climat (transports publics gratuits, énergie aux mains du public,…). Ces revendications ne deviendront réalité que si nous organisons la lutte pour les faire respecter. Une partie de la population est prête à agir : elle a besoin de campagnes pour convaincre et impliquer les collègues, les amis, les connaissances, etc. Nous avons également besoin de victoires, ce que peuvent offrir des campagnes pour les 14 euros de l’heure en entreprises et dans les secteurs professionnels.

    Entrer en action a un effet, nous avons déjà pu le constater. C’est l’action collective qui a mis le climat à l’ordre du jour, mais aussi le pouvoir d’achat et les pensions. En ce qui concerne les pensions, la quasi-totalité des hommes politiques établis étaient d’accord : l’âge devrait être relevé, l’argent manque pour des pensions décentes. C’est sous la pression des mobilisations de la rue que la plupart des politiciens cachent ce programme devant l’opinion publique. Le mouvement grandissant des femmes, avec une manifestation historique à l’occasion de la Journée internationale des femmes de ce 8 mars, a rendu plus difficile pour les extrémistes de droite d’instrumentaliser leur colère après le meurtre de Julie Van Espen.

    Les dirigeants syndicaux de la FGTB et de la CSC ont un problème avec ce résultat. Après les actions réussies du plan d’action de l’automne 2014, les directions syndicales ont freiné le mouvement. Il nous a été dit à l’époque que nous étions dans un marathon, et non dans un sprint, jusqu’aux élections, où le gouvernement serait éliminé. Il est vrai que la lutte contre les politiques d’austérité est une tâche à long terme, mais pour un marathon aussi, il doit y avoir un plan avec des objectifs intermédiaires… et il faut surtout continuer de courir ! La stratégie des dirigeants syndicaux a échoué. Y aura-t-il une évaluation collective ? Ou bien les directions appliqueront-elles la tactique de ces derniers mois : s’enfouir la tête dans le sable dans l’espoir que tout va changer ?

    L’évaluation à tirer ne doit pas nécessairement être uniquement négative : des campagnes à haut potentiel existent, comme celle en faveur d’un meilleur salaire minimum. Cette campagne suscite également l’enthousiasme dans les rangs des militants de la CSC. Elle peut permettre aux militants d’aller de l’avant dans les discussions sur le terrain et de remporter des victoires. Les militants combattifs doivent utiliser le potentiel présent en construisant la campagne sur le terrain, ce qui permettrait d’entrainer dans la dynamique les militants de la CSC dont la direction est réticente.

    Les questions sociales auraient dû jouer un rôle plus actif dans ces élections. La journée d’action de la FGTB sur le salaire minimum du 14 mai était une bonne chose, mais elle aurait pu être plus ambitieuse. Il y a eu aussi des protestations dans divers secteurs et entreprises : le secteur des soins a manifesté, il y a eu des grèves dans l’enseignement, le mécontentement est large parmi le personnel des transports publics, les contrôleurs aériens ont fait grève,… De nombreux travailleurs veulent mettre fin à la politique d’austérité. Nous n’y parviendrons pas avec une attitude attentiste, mais en partant au combat de manière offensive et avec confiance en soi.

    Quelle que soit la manière dont les gouvernements sont formés, nous devons mettre nous-mêmes nos revendications et nos préoccupations à l’ordre du jour en les défendant en masse. Une contestation de masse contre la politique antisociale sera essentielle pour construire un rapport de force et démontrer en même temps que le Vlaams Belang n’est pas du tout aussi social qu’il l’était dans cette campagne. La présence accrue du PTB au parlement jouera un rôle positif, certainement s’il utilise cette position pour prendre des initiatives en faveur de campagnes audacieuses avec la plus large implication possible. En bref, le PTB doit non seulement être le porte-voix des luttes, mais aussi aider à les organiser lui-même.

    L’appel au changement peut être entendu de différentes manières. C’est à nous d’expliquer notre vision du “changement de système” et de populariser une autre forme de société. Le capitalisme conduit à de plus en plus d’inégalités et de divisions. Nous avons besoin d’une société socialiste centrée sur les besoins de la majorité de la population. Dans la période à venir, le PSL continuera à prendre des initiatives pour soutenir et développer les luttes, tout en défendant et en renforçant notre projet de changement socialiste. Rejoignez-nous !

  • Après un dimanche noir, entrons en action contre le racisme et l’extrême droite !

    Louvain, le 9 mai dernier : mobilisation antifasciste contre le NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang).

    No Pasaran ! Le Vlaams Belang est un cauchemar pour les travailleurs et leurs familles, entrons activement en lutte pour une politique sociale !

    • Gand : ce mardi à 18 heures, Hôtel de Ville, à l’initiative des Etudiants de Gauche Actifs, de la Campagne ROSA et de la campagne antifasciste flamande Blokbuster (événement Facebook).
    • Bruxelles : ce mardi 18h, place du Luxembourg, à l’initiative de la coalition ‘Stand Up’, à laquelle nous participons (événement Facebook).

    Le gouvernement antisocial de Michel/De Wever a été sévèrement sanctionné dans les urnes. Le Vlaams Belang a joué sur cette insatisfaction et a remporté sa plus grande victoire électorale depuis 2004. Que le gang d’extrême droite de Tom Van Grieken (le président du Vlaams Belang) et Dries Van Langenhove (figure de proue de Schild & Vrienden) ait pu obtenir pareil résultat est un choc pour beaucoup.

    Beaucoup de gens sont indignés et en colère. Ils connaissent le Vlaams Belang et Schild & Vrienden comme des racistes violents en faveur d’une politique profondément antisociale de haine et de division. Durant la campagne, le parti n’a eu de cesse de se présenter comme une “alternative sociale” à la N-VA, en réclamant par exemple le retour de l’âge de la pension à 65 ans. Mais, ces dernières années, les troupes de choc de Van Langenhove et Van Grieken se sont surtout battues contre ceux qui se sont concrètement opposés à la politique du gouvernement Michel / De Wever ! Alors que les syndicalistes et les jeunes contestaient dans la rue les attaques contre les pensions, les frais d’inscription plus élevés aux universités flamandes, l’absence de mesures contre le réchauffement climatique,… Van Langenhove & Co s’activaient à répandre leur haine sur internet.

    Il y a plusieurs raisons à ce nouveau dimanche noir. Bien sûr, Theo Francken et sa N-VA ont normalisé le racisme, ce qui a ouvert la voie au Vlaams Belang. Mais il y a plus : les partis traditionnels ont perdu leur crédibilité.

    Après des années d’austérité et d’attaques diverses contre nos conditions de vie, le CD&V, la N-VA, l’Open VLD et le SP.a ont été sévèrement punis. Le Vlaams Belang est alors entré en scène. En instrumentalisant le rejet de la taxe kilométrique à laquelle seront bientôt soumises les routes flamandes et l’aspiration au retour de l’âge de la pension à 65 ans, le VB s’est présenté aux électeurs comme un parti social. Ce n’est évidement qu’une façade : dès lors qu’il s’agira de prendre position et de voter sur des questions telles que l’augmentation du salaire minimum ou contre une loi salariale qui prend en otage nos conditions de vie, le VB sera dans le camp opposé à celui des travailleurs ordinaires.

    Heureusement, le PTB a également fait une percée et a remporté ses premiers sièges en Flandre. De cette manière, le combat pour des emplois décents, des salaires et des allocations sociales plus élevées, de bonnes pensions, des logements abordables, des mesures climatiques ambitieuses, etc. se fera mieux entendre. C’est la meilleure manière d’arrêter l’extrême droite. En Flandre, en plusieurs endroits, nos militants ont entendu leurs collègues expliquer qu’ils hésitaient entre le VB et le PTB.

    Ne nous lamentons pas sur notre sort et organisons-nous ! Résistons à l’extrême droite, mais aussi à la politique antisociale qui est au cœur de celle-ci !

    Avec notre résistance antifasciste, nous entendons clairement dire ce que signifie le slogan “No Pasaran” : nous ne laisserons aucun espace à l’extrême droite. Nous devons nous organiser pour que les racistes et les néofascistes du Vlaams Belang (et les groupes apparentés comme les néo-nazis de Schild&Vrienden) n’aient pas confiance de descendre dans la rue, de s’organiser et de mettre leur haine en pratique. La résistance antifasciste est nécessaire pour empêcher que ce score ne conduise à des attaques et à des violences contre les migrants, les dissidents et les militants syndicaux. Pour repousser l’extrême droite, nous avons besoin de puissantes mobilisations antiracistes autour d’un programme politique et d’actions qui défendent nos revendications sociales et nos préoccupations aussi résolument que la droite s’en est pris à nos conditions de vie ces dernières années.

    Les premières mobilisations se dérouleront à Bruxelles ce mardi 28 mai à Gand et à Bruxelles. Nous voulons clairement démontrer que la majorité des gens sont dégoûtés par la haine et le racisme du Vlaams Belang et consorts. Participez à ces mobilisations et rejoignez la lutte contre le racisme et l’extrême droite !

  • 70% de gens opposés à une nouvelle coalition suédoise. N’en restons pas là, dégageons toute la politique d’austérité!

    Parmi la population, le retour de la coalition suédoise n’est pas acclamé. Selon Le Soir, 70% des Belges ne veulent pas de la reconduction de ce gouvernement austéritaire inspiré de Thatcher. Une fois encore, à l’image des sondages sur les pensions, on ne trouve que peu de différences entre la Flandre, Bruxelles et la Wallonie : 67% des Flamands s’opposent ainsi à la coalition rêvée par Bart De Wever (N-VA). L’argument le plus important de Michel & Co, celui des emplois créés, a été sérieusement miné par une étude de Gert Peersman de l’UGent qui défend qu’il y aurait eu plus de croissance et plus de création d’emplois sans la politique menée sous cette dernière législature. La seule chose dans laquelle notre pays a excellé, c’est l’augmentation des bénéfices des entreprises (en moyenne 3,2% contre 2,3% dans la zone euro et 1,8% dans les pays voisins). L’économiste Paul De Grauwe a résumé la politique du gouvernement dans le quotidien flamand De Morgen : “une nouvelle redistribution au profit des détenteurs de capital”.

    Par Geert Cool

    Après toutes les attaques contre l’âge de la pension, contre les salaires (saut d’index, gel des salaires,…) et la sécurité sociale (manque de moyens pour les soins de santé,…), les économies opérées sur les transports en commun et d’autres services publics essentiels ou encore la diminution des taxes pour els entreprises, il n’est pas étonnant que l’enthousiasme soit bien faible en faveur des actuels partis au pouvoir. Tous les sondages ont mis dans l’embarras les partis de la suédoise.

    Les partis néerlandophones bénéficiaient bien sûr de plus de marge, mais la N-VA, le CD&V et l’Open VLD essuient ensemble une perte considérable par rapport aux voix recueillies en 2014. Du côté francophone, l’opposition à ce gouvernement est si forte que le leader du CDH, Maxime Prévot, exclut dorénavant d’entrer en coalition avec la N-VA. Le MR nous a toutefois déjà appris quel crédit il fallait réserver à ce genre de déclaration. Tout le monde se souvient du très solennel ‘‘pas avec la N-VA’’ de Charles Michel en 2014… Ce virage à 180° de la part du CDH reflète avant tout la pression du sentiment largement ressenti du côté francophone. Pour tenter de sauver les meubles, le CDH a besoin de s’en prendre à la N-VA. L’attaque lancée contre De Wever et “Air Franckenstein” – sa déclaration enregistrée il y a quelques années dans laquelle il explique que des actions policières ciblant certaines nationalités ont été effectuées sur base de places disponibles dans un avion en vue d’expulsions forcées – a également été applaudie du côté francophone.

    D’après les sondages, le retour d’une coalition suédoise n’est pas possible. Du côté francophone, on parle du retour d’une coalition arc-en-ciel au niveau régional et fédéral par exemple. En Flandre, la perte de vitesse de Groen dans les sondages flamands et l’approfondissement du déclin du SP.a et de l’Open VLD sont des facteurs compliquant. On ne trouve pas de majorité flamande pour un nouvel arc-en-ciel. Cela ouvre la perspective de majorités divergentes aux différents niveaux de pouvoir et le retour des querelles communautaires.

    De Wever a récemment défendu un nouveau relèvement de l’âge de la pension, ce qui lui coûtera sans aucun doute des voix. Le Vlaams Belang essaie de se présenter comme étant plus “social” que la N-VA et a probablement été ravi de cette déclaration. Il n’y a toutefois rien de social dans le VB. Ce parti d’extrême droite a voté contre l’instauration d’un salaire minimum européen et s’est fait une réputation de s’en prendre à ceux qui entrent en lutte contre l’austérité, les syndicats en premier lieu. Les travailleurs en colère contre l’augmentation de l’âge de la pension ou contre la pression insoutenable au travail ne recevront aucun cadeau de la part du Vlaams Belang, que du contraire, ils seront attaqués. C’est d’ailleurs déjà arrivé dans le sens littéral de la part de la bande de Driss Van Langenhove, chef de file de Schild & Vrienden et l’une des têtes de liste du Vlaams Belang. A Gand, lorsque les éboueurs sont entrés en grève pour protester contre leur charge de travail de plus en plus inhumaine, le Vlaams Belang ne leur a apporté aucun soutien. Driss Van Langenhove a par contre jugé utile de de se filmer, lui et quelques partisans, alors qu’ils ramassaient des sacs poubelles dans le but de participer aux efforts visant à briser la grève. Ils n’ont bien entendu ramassé des poubelles que le temps que tournait leur caméra… Le Vlaams Belang n’est pas de notre côté. Nous avons besoin d’une campagne antifasciste de grande ampleur, tout particulièrement parmi la jeunesse, cible d’une stratégie de communication de la part du VB, qui a su y développer un certain soutien passif et tente maintenant de transformer cette influence en implication politique plus active.

    En ce qui nous concerne, les questions sociales auraient pu être plus présentes au cœur du débat. Les syndicats – mais aussi le PTB – auraient pu jouer un rôle plus actif à cet égard, très certainement en Flandre. La journée d’action de la FGTB en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure le 14 mai était une bonne initiative, mais elle aurait pu être beaucoup plus ambitieuse. Des actions et grèves ont également touché diverses entreprises et divers secteurs : les enseignants ont mené des actions tant du côté néerlandophone que du côté francophone, les grèves des contrôleurs aériens, etc. Ceux qui aspirent à la fin de la politique d’austérité ne manquent pas. Mais faire une réalité de ce désir n’arrivera pas avec une attitude attentiste, il faut partir à l’offensive, avec confiance et combativité.

    Concernant le climat, le recul temporaire du mouvement a offert un espace supplémentaire à la droite. En l’absence de campagnes offensives pour s’en prendre aux gros pollueurs et défendre des revendications telles que la gratuité et l’amélioration des transports en commun, le contrôle public de la totalité du secteur de l’énergie, des investissements publics massifs dans les énergies renouvelables,… nos opposants peuvent caricaturer la protestation en la réduisant à des taxes sur les trajets aériens et autres écotaxes qui ne concernent pas les gros pollueurs, mais les travailleurs ordinaires. La position des partis verts, mais aussi l’expérience de leurs participations gouvernementales, n’aident pas à corriger cette situation. L’attention a temporairement été réduite au sujet du climat, temporairement parce que le problème est si dramatique et les inquiétudes si élevées, ce qui a permis à la N-VA et au VB de ramener d’autres thèmes dans la campagne, tels que la sécurité et la migration (en instrumentalisant la situation pénible des migrants à Bruxelles-Nord). Ces thèmes avaient été repoussés à l’arrière-plan durant la période janvier-mars, lorsque les actions pour le climat ont connu un élan historique.

    Quand la rue entre en mouvement, cela a automatiquement un effet sur le débat politique, c’est encore ce que nous avons constaté après l’assassinat de Julie Van Espen. Environ 15.000 personnes ont alors manifesté à Anvers. Le 8 mars dernier, une grande manifestation de 10.000 personnes a eu lieu à Bruxelles pour défendre l’émancipation des femmes. La violence sexuelle est davantage perçue comme un problème social et moins comme une réalité individuelle. L’inquiétude croissante au sujet du sexisme sous toutes ses formes est un problème pour l’extrême droite et la droite populiste. Selon une enquête de VTM et Het Laatste Nieuws, le Vlaams Belang et la N-VA sont les plus populaires parmi les garçons âgés de 12 à 24 ans, mais ce n’est pas le cas chez les filles de cette tranche d’âge.

    La résistance sociale aurait pu être plus offensive, mais elle a déjà marqué ces élections de son empreinte. C’est certainement le cas du côté francophone, où la présence du PTB au parlement et les débats politiques ont obligé le PS à aller plus à gauche. Le PSL espère ce sera également le cas en Flandre après ce 26 mai avec au moins un, mais peut-être plusieurs élus du PTB. Les nombreuses faiblesses offertes par le SP.a et Groen des années durant ont offert un boulevard à la droite. Le point fort de la N-VA, cela a trop souvent été la faiblesse de l’opposition qui lui faisait face.

    Il est impossible de concilier les nombreux besoins de la population et le déficit budgétaire. Les politiciens établis se tordent la tête pour refuser d’admettre qu’ils procéderont à davantage d’économies contre nos conditions de vie ou pour montrer qu’ils proposent des réformes positives qui sont effectivement payables. Toute mesure en faveur de la majorité de la population se heurtera à l’avidité des grandes entreprises, qui est d’ailleurs à l’origine des innombrables cadeaux fiscaux et du déficit budgétaire. Imposer un changement exige de mener une lutte acharnée. Nous devons construire un rapport de forces, qui ne sera que renforcé si nous popularisons parallèlement un véritable programme de changement social. Un tel programme est nécessaire pour répondre à l’inévitable sabotage et à l’opposition du capital à toute réforme dans l’intérêt des travailleurs.

    C’est pourquoi le PSL souligne que des mesures socialistes telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et de leurs familles sont nécessaires. Votez PTB pour la taxe des millionnaires et rejoignez le PSL pour une transformation socialiste de la société !

  • Bruxelles. Votez PTB et rejoignez le PSL, la taxe des millionnaires nécessitera des mesures socialistes

    Mercredi 15 mai les sections de PSL de Bruxelles organisaient leur soirée électorale. Une cinquantaine de personnes ont participé au débat sur notre approche dans ces élections, de notre rôle et de la campagne que nous voulons encore mener pendant les quelques jours qui nous séparent du 26 mai.

    La discussion a été introduite par nos camarades Pietro et Boris qui ont pris soin de passer en revue des éléments importants pour comprendre la période dans laquelle nous nous trouvons et les défis qui se dressent devant nous. Depuis le grande crise économique mondiale de 2008 il a été impossible de regagner une croissance forte et durable. Et cela malgré les gigantesques moyens mis à la disposition de l’économie par les représentants politiques capitalistes. Les milliards injectés sur les marchés n’auront pas permis cette reprise tant espérée. Ceci participe à la confirmation d’une crise généralisée du système capitaliste. Le patronat et les actionnaires, les places boursières et les marchés, etc. l’organisation capitaliste de la société n’est pas capable de redresser la barre. Comme cela ne suffit pas, le sauvetage des banques et les multiples cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises ont continué de vider les comptes publics. On nous a imposé des carcans budgétaires et une politique d’austérité brutale… mais cela aussi a échoué. En Belgique, malgré le mandat du gouvernement thatchérien de Michel & Co et les nombreuses attaques sur les dépenses publiques, le bureau du plan a analysé : c’est encore quelques 8 milliards d’euros qu’il faudra aller économiser dans les prochains budgets. Vous avez dit échec ?

    Cette période électorale est aussi marquée par l’empreinte de mouvements massifs et combattifs. Les Gilets Jaunes en France mais aussi les actions syndicales sur le pouvoir d’achat, le mouvement des femmes contre les discriminations et bien sûr aussi les jeunes et leurs grèves successives contre le réchauffement climatiques ont participé largement a dicté les thèmes de la campagne. La colère contre les conséquences de la politiques des dernières années est grande. Le PSL veut intervenir dans cette campagne et trouver un espace de discussions autour de la volonté de ‘’dégager la droite’’.

    Les camarades ont dans cette optique expliqué notre appel à voter pour les listes du PTB : le programme qui constitue l’alternative la plus crédible aux politiques de droite dure. Nous avons notamment pris le temps de souligner dans leur programme la présence des revendications des syndicats : salaire minimum à 14€/h, pensions à 1500€ minimum, etc.

    Dans le tract des sections bruxelloises nous écrivons : ’’le PTB veut investir 10 milliards d’euros par an pour le climat et le social. Cela serait financé par son impôt sur les grandes fortunes. Nous soutenons la taxe des millionnaires tout en avertissant qu’un gouvernement de gauche qui introduirait celle-ci entraînerait une riposte patronale immédiate, avec sabotage de l’économie sous forme de fuite des capitaux’’. Une grande partie de la soirée de ce mercredi aura permis de discuter cette approche. Nous appelons à voter PTB mais pas sans expliquer les limites de leur programme. Ces difficultés que la droite et les capitalistes vont nous imposer, nous pensons que le PTB en fait abstraction.

    Nous voulons renforcer la gauche dans les parlements mais aussi ne pas rester sans préparation aux défis qui s’annoncent. Pour contrecarrer ces attaques et donc éviter que le programme social, le programme d’investissements publics pour les besoins et la transition écologique du PTB ne soit vidé de son contenu, nous pensons que le mouvement des travailleurs devra entrer en lutte et faire son entrée de manière offensive sur le terrain de la propriété des moyens de production et brandir l’arme des nationalisations. Cette question n’est malheureusement pas présente dans le programme du PTB. Nous pensons que cette campagne, l’attention et les projecteurs braqués sur le PTB seraient une superbe occasions de clarifier ces défis et préparer les militants et électeurs. Nous vous invitons à prendre contact avec nous pour discuter de ce que nous entendons par des mesures socialistes qui s’imposent et bien sûr à nous rejoindre.

    Lors de ce débat, Gilles, membre du Parti Humaniste avec lequel nous avons construit l’initiative Gauches Communes à Saint-Gilles, a pris la parole pour expliquer leur démarche au sein de la liste “Plan B”. Nous avons ensemble répété notre volonté de continuer à collaborer à l’avenir.

    Nous profitons enfin à remercier toutes les personnes présentes à cette soirée. Notre repas de soutien a permis de récolter le fond de lutte nécessaire au financement de nos campagnes et initiatives.

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