Tag: Droit de grève

  • Le gouvernement à l'offensive contre le rail et le droit de grève. Ripostons ensemble!

    SNCB_0910A l’occasion de la grève du transport de marchandises par voies ferroviaires du 24 septembre dernier, la société gestionnaire d’infrastructure, Infrabel, avait introduit une action judiciaire pour empêcher une occupation de la voie ferrée par les cheminots. Le président du tribunal de première instance d’Anvers l’a débouté de sa requête unilatérale qui visait à briser la grève. Il était tout de même remarquable qu’une entreprise publique fasse appel au tribunal pour ce qui revient dans la pratique à interdire une grève. Cette décision de la Cour d’Anvers était justifiée et semble somme toute logique. Mais il restait à voir si tous les juges allaient agir de telle façon.

    Mais dans le cadre de la grève régionale des cheminots à Bruxelles qui se déroule aujourd’hui, une nouvelle ordonnance unilatérale du tribunal de première instance visant à suspendre l’action des grévistes sous peine d’astreintes est arrivée à la demande d’Infrabel. Comme c’est le cas à chaque grève, les cheminots en grève se sont rendus hier à 21h45 à la cabine de signalisation pour sensibiliser les travailleurs concernant les motifs de la grève et pour convaincre certains d’arrêter le travail. Mais, pour la première fois, il a été signifié aux grévistes par les autorités d’Infrabel qu’ils devaient quitter les lieux.  L’ordonnance du tribunal fait référence à une “d’occupations temporaires de voies de chemin de fer dans un contexte de grèves politiques.»

    Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral de la FGTB, et Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB Bruxelles, étaient sur le piquet et ont annoncé les avocats de la FGTB alaient se présenter devant le juge pour contester cette ordonnance. En procédant de a sorte, Infrabel, avec peut-être es encouragements d’au moins une partie du gouvernement, vise à restreindre le droit de grève dans la pratique.

    Au même moment, la N-VA, sans le soutien du reste du gouvernement, présente un projet de loi visant à limiter le droit de grève à la SNCB par l’instauration d’un service minimum. Selon le texte, en cas de grève, 60% des trains devraient rouler pendant l’heure de pointe. En dehors de ces horaires et le week-end, l’obligation passerait à 40%. Précédemment, la ministre Galant avait annoncé que les “partenaires sociaux” (les syndicats et la direction) devaient eux-mêmes négocier cet éventuel service minimum et disposaient pour ce faire de jusqu’à la fin d’année. Ce n’était visiblement pas assez comme provocation pour la N-VA, qui joue cavalier seul et lance une attaque encore plus directe contre le personnel des chemins de fer et contre leurs droits démocratiques. Un fonctionnement de 60% des trains nécessite une plus de 60% du personnel qui doit normalement travailler. Pourcertaines catégories de cheminots, le droit de grève serait ainsi complètement aboli.

    L’incertitude qui règne quant au plan d’action syndical, avec notamment des divisions internes entre les syndicats de cheminots ainsi qu’en leur sein même, ne peut que renforcer l’offensive de la droite contre les conditions de travail et les droits démocratiques. Le fait que la direction de la CSC-Transcom ait déjà signé un accord avec la SNCB concernant le détachement du personnel de B Logistics à de pires conditions de travail est une trahison qui ne joue pas en notre faveur.

    La droite veut briser la SNCB. Elle veut privatiser les chemins de fer sur le modèle britannique, ce qui revient au final à une prestation de service médiocre plus chères pour les usagers, tandis que les cheminots doivent travailler avec moins de personnel tout en gagnant moins de salaire. La ministre Galant veut économiser d’ici 2019 633 millions d’euros dans le budget de la SNCB, soit environ 20% du budget total de fonctionnement. Cela ferait disparaître la moitié du personnel des guichets et ferait perdre leur emploi à 2000 signaleurs. Sur certaines lignes, la direction veut même économiser sur le nombre d’agents de bord. Cela aura également des conséquences pour les voyageurs. Les économies et le manque d’investissement de ces dernières années sont responsables de tous les problèmes de retards et de services, des trains annulés aux divers problèmes techniques.

    Lorsque la possibilité d’une privatisation complète de Bpost et de Proximus a été annoncée par Alexander De Croo, il n’a pas parlé de la SNCB. Cela a explicitement été attribué à la crainte de troubles sociaux, les actions du personnel des chemins de fer inquiètent. D’où l’attaque lancée contre le droit de grève, dont le but n’est pas d’offrir un service minimum aux usagers, mais bien d’aider à privatiser les chemins de fer plus tranquillement. Le service aux usagers sera de toute manière réduit au minimum ensuite.

    Cette attaque contre le droit de grève, contre les travailleurs et contre le service public ne doit pas être laissée sans réponse. Ne nous laissons pas diviser. Tout signe de division et de faiblesse de notre côté sera utilisé au maximum pour miner les droits de tous. Luttons ensemble, au-delà des couleurs syndicales et, compte tenu de la gravité de cette attaque contre les cheminots, tous secteurs confondus. Cela devrait faire partie intégrante d’un plan d’action global jusqu’à la chute de ce gouvernement. Le potentiel pour notre combet est encore très grand, il a été illustré par le succès de la manifestation de masse de ce mercredi 7 octobre. Nous n’avons pas d’autre choix que de riposter, sans quoi le gouvernement gagnera en audace et poursuivre ses attaques antisociales de plus belle. Ce qui arrive aujourd’hui aux cheminots nous en donne un aperçu très clair.

    Photos : PPICS

    Deurwaarders en politie tegen spoorstaking // Foto's door PPICS

  • Test-Achats en campagne contre les cheminots

    Piquet de grève à la gare de Gand Saint Pierre.

    Le magazine Test-Achats veut traîner la SNCB devant les tribunaux pour la contraindre à indemniser les voyageurs qui n’ont pas pu prendre le train lors des grandes grèves de l’automne dernier. Cette première en droit belge est un joli cadeau pour la direction de la SNCB et le gouvernement de la part de cette “organisation de défense des consommateurs”. Cette démarche joue le jeu de ceux qui veulent limiter le droit de grève. La campagne de propagande médiatique anti-grève peut désormais compter sur Test-Achats. Au bénéfice des intérêts des consommateurs? Non. Bien au contraire.

    Un magazine défendant réellement les intérêts des utilisateurs et des consommateurs serait favorable à un service public débarrassé de la logique commerciale! Son analyse devrait tout d’abord prendre pour point de départ la prestation de services. Et on ne peut pas exactement affirmer qu’elle s’est améliorée ces dernières années… Voici quelques données, histoire de rafraîchir la mémoire de Test-Achats.

    En 2014, le nombre total de passagers sur le trafic intérieur de la SNCB était de 224,8 millions.(1) Dix ans plus tôt, il s’agissait de 178 millions(2), une belle augmentation donc. Mais concernant le personnel et le matériel, on est loin d’avoir connu pareille avancée. Le nombre de travailleurs est passé de 39.000 à 34.000, soit encore 3.500 de moins que la réduction initialement prévue (3). Le nombre de locomotives est passé de 1.517 à 1.329 en 2010. Les tarifs pour les usagers ont, par contre, bien augmenté. Le revenu que tire la SNCB du trafic intérieur de passagers (hors administration) a augmenté de 50% sur la même période (voir la note n°2)

    Globalement, ces chiffres démontrent qu’il y a 25% de passagers en plus, qu’ils paient 50% plus cher pour un service porté par un personnel diminué de 10% et avec 13% de locomotives en moins.

    Les compensations exigées par Test-Achats correspondent aux objectifs de la campagne promue par le gouvernement contre les actions de grève. Cela attire l’attention sur l’impact de la grève au détriment des raisons mêmes de ces actions de protestation. Cette campagne de test-Achats pourra facilement être utilisée contre le personnel alors que ce dernier s’oppose précisément à l’effondrement de la prestation de services. Quels sont donc les intérêts défendus par ce magazine ? Certainement pas ceux des voyageurs, pour qui la politique actuelle signifie de payer plus cher un service de moins bonne qualité. Moins de personnel et moins de matériel, cela signifie concrètement plus de retards et de problèmes techniques. Les navetteurs peuvent en témoigner… Finalement, le service minimum que veulent imposer la direction et le gouvernement, cela devient progressivement la règle quotidienne! Mais il ne faut pas compter sur Test-Achats pour dénoncer ça.

    Les cheminots ont déjà mené de nombreuses actions contre la gestion catastrophique de la direction et des autorités. Et les choses sont destinées à empirer avec les nouvelles propositions sur table avec le nouveau protocole d’accord social qui comprend notamment l’idée de remercier plus facilement de le personnel avec une indemnité de départ d’un an et un conseil d’outplacement.

    La pénurie de personnel a pour conséquence que des jours de congé ou de récupération ne peuvent être pris. L’année dernière, une grève a eu lieu en juin sur ce sujet : plus d’un million de ces congés étaient encore en attente au sein de l’entreprise. La proposition actuellement sur table suggère que cette situation devrait perdurer : «Sur base de l’évolution de l’emploi dans les trois entreprises, le nombre de recrutement nécessaires dans les fonctions opérationnelles jusqu’en 2025 peut être estimé à une moyenne de 1.200 employés par année.» En terme d’évolution de l’emploi, en comptant les départs en retraite, on parle bel et bien de la poursuite de la situation de pénurie de travailleurs. Le personnel devrait également être encore plus flexible. Tout cela alors que moins d’investissements sont prévus dans le matériel.

    Les cheminots sont partis en grève pour revendiquer un service optimal, c’est-à-dire plus d’investissements en personnel et en matériel afin d’améliorer le service. Cette approche est intégralement favorable aux intérêts des voyageurs. La direction, de son côté, veut – tout comme le gouvernement de droite – libéraliser les transports publics pour faire de la rentabilité le point central à partir duquel tout le service doit être organisé. Payer plus pour moins de services, encore une fois.

    Alors que les embouteillages et l’engorgement du trafic routier sont de plus en plus importants, il est criminel que le gouvernement désire économiser davantage sur les transports en commun (train, tram et bus). Il est de l’intérêt de tous les voyageurs et navetteurs que la politique de ce gouvernement soit arrêtée. Test-Achats ferait mieux de défendre les intérêts des voyageurs en soutenant les actions de protestation contre le gouvernement et choisir ouvertement de défendre les grèves.

    Pas de moyens suffisants pour investir dans de meilleurs transports publics? Au vu des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises – les patrons exigent d’ailleurs quelques milliards de plus avec la réforme fiscale à venir – et des subsides annuels pour les voitures de société (4,1 milliards d’euros), le constat qui s’impose est qu’il s’agit simplement d’une question de priorités. Bart De Wever a encore récemment déclaré que toucher aux voitures de société est un tabou. Economiser sur les transports en commun n’en est évidemment pas un pour ce gouvernement. Cette politique organise les embouteillages et la pollution. Ce choix politique n’est pas le nôtre, et nous nous serions attendus à voir cette même approche adoptée par un magazine qui prétend défendre les intérêts des usagers.

    (1) http://www.belgianrail.be/nl/corporate/Presse/Presse-releases/17_02_2015.aspx
    (2) http://statbel.fgov.be/nl/statistieken/cijfers/verkeer_vervoer/vervoer/spoor/
    (3) Voir notre article : http://www.socialisme.be/fr/11107/jo-cornu-vs-les-cheminots-travailler-plus-pour-un-moindre-salaire-pas-question

  • Journée internationale pour le droit de grève : "Ne touchez pas au droit de grève!"

    greve_regionale01

    Notre droit de nous battre pour de meilleures conditions de vie mit sous pression !

    Au sein de l’Organisation Internationale du Travail (qui a une composition tripartite réunissant des groupes représentants des travailleurs, des patrons et des gouvernements) et de son organe exécutif (le Bureau International du Travail), le groupe patronal a lancé une attaque contre le droit de grève, un droit fondamental pour les travailleurs. En novembre dernier, le Conseil d’Administration du Bureau International du Travail a ainsi été empêché de saisir la Cour de Justice Internationale de La Haye à propos du différend qui oppose les employeurs et les travailleurs sur le droit de grève, comme le prévoit pourtant la Constitution de l’OIT. Il s’agit d’une grave remise en question du droit de grève.

    La Confédération Syndicale Internationale (CSI) a donc lancé une campagne internationale pour la défense du droit de grève, symbolisée par cette journée d’action internationale, sous le slogan : “Ne touchez pas au droit de grève”. La CSI a dénoncé dans un courrier à destination de ses membres que le patronat vise, partout à travers le monde, à “saper le droit de grève” et “aggraver pour toujours le rapport de force sur le lieu de travail et dans la société”. Le droit de grève est remis en question au travers de la Convention 87 de l’OIT et puisque ces conventions ont valeur de traités internationaux, elles engagent les Etats à mettre leur législation en conformité avec le droit international. Pour la CSI, le patronat tente depuis 2012 déjà de s’attaquer au droit de grève au sein de l’OIT (alors que la reconnaissance juridique de ce droit existe depuis plus de 50 ans). Une fois ce droit défait au niveau international, il serait dès lors juridiquement plus facile aux groupes employeurs de démanteler les lois nationales relatives au droit de grève.

    Parallèlement, des traités internationaux tels que le très toxique Traité transatlantique (TTIP) ont notamment pour but d’inféoder l’ensemble des droits arrachés par les travailleurs aux intérêts économiques du monde du capital en se basant sous l’argumentation dangereuse selon laquelle une législation environnementale ou sociale serait une atteinte à la libre concurrence et au “marché libre”.

    Cette offensive patronale ne surgit bien évidemment pas par hasard. Si l’élite capitaliste essaye de limiter le droit à l’action collective, cela démontre simplement qu’elle est bien consciente de la gravité de la situation de la crise économique capitaliste tout autant que de la faiblesse de sa position face à la force collective des travailleurs. A très juste titre. Comme l’expliquait le dirigeant syndical irlandais James Larkin : “Les grands de ce monde n’ont l’air grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous!” C’est ce que craignent le plus les partisans du système capitaliste.

    Les libertés syndicales bafouées

    Les atteintes à la liberté de mener des actions collectives sont nombreuses à travers le monde. En 2011, la CSI avait publié un rapport détaillé sur l’état des libertés et des droits syndicaux. Cette année-là, au moins 76 syndicalistes avaient été assassinés à cause de leurs activités syndicales, dont 29 uniquement en Colombie (en 2013, 26 syndicalistes avaient encore été tués dans le pays). Les 25 années ayant précédé ce rapport, au moins 2.914 syndicalistes avaient été tués, et encore ce chiffre doit il être considéré comme un minimum puisque les grévistes du secteur du pétrole massacrés au Kazakhstan en 2011 ne figuraient par exemple pas dans le document. Les lecteurs régulier de ce site se rappelleront de la couverture que nous avions consacré à l’époque à ces tragiques événements, de même qu’à la sanglante répression qui a frappé les mineurs sud-africains en grève à Marikana, en Afrique du Sud, en 2012.

    En Europe, la crise capitaliste et l’imposition de mesures d’austérité drastiques ont été synonymes de répression accrue des mobilisations sociales, et particulièrement syndicales. En Espagne, en Grèce, au Portugal et ailleurs, de nombreux syndicalistes ont été appelés devant les tribunaux pour le “crime” d’avoir voulu défendre des conquêtes sociales durement arrachées par les générations précédentes.

    L’année 2015 ne sera pas une exception, nous pouvons déjà en être certains. En Turquie, les ouvriers métallos sont partis en grève le 29 janvier dernier pour défendre leur convention collective de travail, notamment concernant le salaire des jeunes. Leur action vient d’être déclarée illégale. Un tribunal a également récemment déclaré illégale la grève des mineurs de Jastrz?bska Spó?ka W?glowa en Pologne.

    La Belgique n’est pas épargnée

    Tant la CSI que les syndicats belges dénoncent depuis longtemps que la protection des droits syndicaux fait défaut dans notre pays. En 2011, le rapport de la CSI constatait qu’au moins 10 délégués avaient été licenciés en raison de leurs activités syndicales. Les autorités et les patrons tentent d’autre part de réprimer les actions collectives et le droit de mener des actions collectives, notamment en faisant usage de requêtes unilatérales contre les piquets de grève.

    La vitesse supérieure a été enclenchée avec l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouvernement fédéral de droite dure. Lorsque l’on demandait à l’époque à la présidente de l’Open-VLD, Gwendolyn Rutten, si le gouvernement était prêt à négocier avec les syndicats concernant les attaques prévues par le gouvernement, elle répondait que rien n’était pas discutable. “Nous sommes, en effet, élus par des gens qui ne lancent pas de pierres et qui n’organisent pas de grève sauvage”. Cette arrogance largement présente dans les sphères de droite a reçu quelques coups à la suite du premier plan d’action du front commun syndical, mais elle reste encore bien présente. L’imposition d’un service minimum dans divers services publics reste par exemple toujours dans les projets de la coalition MR/CD&V/Opel VLD/N-VA.

    Dans le cadre des actions du plan d’action de novembre/décembre, le directeur général de la Fédération des Entreprises Belges (FEB) Bart Buysse avait déclaré que “la FEB demande une évaluation et une révision des règles actuelles relatives au droit de grève” en justifiant : “ce droit n’est pas absolu. Il est indispensable de disposer d’un cadre légal pour le droit de grève, assorti de conditions, limitations et procédures claires. (…) Nous devons examiner comment grévistes et syndicats peuvent être davantage responsabilisés à cet égard.” Pour les patrons, le droit de protester n’est pas un problème, c’est certains, c’est surtout le fait que ce droit puisse être efficace qui les dérange…

    Le droit de grève et de mener des actions collectives est toujours bien d’actualité, très certainement au vu des attaques antisociales qui nous pleuvent dessus et de ce que les partisans du capitalisme ont encore en réserve pour nous faire payer une crise dont ils sont les seuls responsables. Il nous faut riposter avec audace et énergie.

    L’annonce d’un deuxième plan d’action en front commun syndical qui commencera par une concentration syndicale le 11 mars prochain, à 11 heures, à la Place de la Monnaie à Bruxelles représente une bonne étape dans cette direction. Un bon plan d’action offensif qui indique clairement que la lutte sera menée pour l’emporter pourra exercer une grande attraction et ainsi permettre d’organiser activement le large soutien dont dispose l’opposition anti-austéritaire. La meilleure manière de défendre nos droits syndicaux, c’est de répondre en en faisant usage !

  • Les Thatcher belges en action… Attaquer le droit de grève pour museler toute opposition

    piquet_carrefourIl ne fait aucun doute que le nouveau gouvernement de droite compte peu de partisans dans les rangs syndicaux. Tout l’accord gouvernemental n’est qu’une succession d’attaques et de provocations contre le mouvement de travailleurs et ses conquêtes sociales. Le gouvernement sabre violemment dans les salaires, les pensions et les services publics et ne semble guère se préoccuper de la contestation que cela provoquera.

    Par Tim (Bruxelles)

    La concertation à la poubelle

    Lorsque l’on a demandé à la présidente de l’Open-VLD, Gwendolyn Rutten, si le gouvernement était prêt à négocier avec les syndicats concernant les attaques prévues par le gouvernement, elle a répondu que l’orientation des réformes n’était pas discutable. “Nous sommes, en effet, élus par des gens qui ne lancent pas de pierres et qui n’organisent pas de grève sauvage”. C’est en ces termes qu’elle a rejeté la concertation avec les syndicats. Cette arrogance est aujourd’hui largement présente dans les sphères de droite : comme l’opposition syndicale en est encore à ses débuts, plusieurs réactionnaires se risquent à l’ouvrir plus qu’à l’accoutumée. Pour l’instant.

    Mais la bourgeoisie a en tête les paroles du leader syndical irlandais James Larkin: “Les grands de ce monde n’ont l’air grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous !” C’est pourquoi il désire éviter de voir le mouvement ouvrier se dresser et s’opposer à ses mesures. C’est la raison pour laquelle les attaques contre les droits syndicaux sont si nombreuses dans l’accord gouvernemental.

    Déni du droit de protester

    Le gouvernement veut instaurer un “service minimum” Chez Belgocontrol, dans les prisons et à la SNCB. Ces trois secteurs sont ciblés parce que qu’ils ont été à la pointe du combat contre l’austérité et les mauvaises conditions de travail dans leur secteur. Les prisons souffrent de manque d’effectif et de cellules surpeuplées. Dans les aéroports et à la SNCB, surtout, il y a de moins en moins de personnel pour de plus en plus de voyageurs. On économise lourdement sur le matériel roulant et l’entretien, avec pour résultat que notre réseau ferroviaire est de moins en moins sûr et ponctuel.

    L’instauration d’un service minimum engendre de nombreuses questions. Comment l’appliquer ? En étendant les dispositions de la SNCB pour les dimanches aux jours ouvrables alors qu’il y a trois fois plus de voyageurs que le week-end ? Quels trains ne rouleront pas ? Un tel service minimum ne peut être appliqué qu’en interdisant tout droit de grève à la majorité du personnel. Economiser dans les services publics et interdire les protestations que cela entraine : voilà l’idée qui se cache derrière ce service minimum.

    Une main tendue toute symbolique

    De plus, le gouvernement fait clairement comprendre qu’il n’est pas prêt à respecter la tradition de la concertation sociale. Dans l’accord de gouvernement, il est écrit que pour les grandes attaques contre les acquis de la classe ouvrière, il veut écouter “l’avis des partenaires sociaux”. Kris Peeters considère que c’est une main tendue. Mais cet “avis” est purement symbolique : les syndicats ne seront impliqués dans les discussions que s’ils sont d’accord avec les réformes asociales qui sont, en fait, indiscutables.

    Le gouvernement montre ainsi qu’il veut aller à la confrontation directe. La tactique des gouvernements précédents de détricotage social progressif, via une concertation organisée avec les syndicats, est remplacée par des provocations et des agressions contre les syndicats. La stratégie syndicale devra s’y adapter: seul un mouvement large et bien organisé peut stopper cette politique.

    Les militants du PSL contribueront à la construction d’un large mouvement de protestation pour faire chuter ce gouvernement, mais surtout pour mettre fin à toute la politique d’austérité !

  • Les actions spontanées des cheminots méritent notre compréhension

    Cette fin octobre, les médias se sont empressés de qualifier d’irresponsables les actions spontanées des cheminots à La Louvière, Charleroi et Liège. Et quand des militants de la FGTB de Namur se sont rendus au siège du MR avec un peu de peinture, il a directement été question de ‘‘violence’’ !

    Ainsi donc les syndicalistes exprimant leur colère ne seraient-ils que des tyrans irresponsables ? C’est en tout cas ce qu’on cherche à nous faire croire. La direction de la SNCB a immédiatement joué là-dessus en annonçant qu’elle allait imposer aux grévistes une amende symbolique de 12,5 euros (en plus de la perte de salaire liée à la grève). Cela semble innocent et limité, mais cela constitue un dangereux précédent pour individualiser un conflit collectif. Cela menace le droit de grève.

    Lors d’une assemblée de militants de la FGTB tenue à Anvers, le 22 octobre dernier, le président du syndicat Rudy De Leeuw a invité les participants à comprendre les actions spontanées des cheminots wallons. Un tonnerre d’applaudissements lui a répondu. De Leeuw se rend bien compte, à l’instar de nombreux syndicalistes y et parmi eux des membres du PSL, que ces actions sont une réaction des plus compréhensibles face aux provocations du gouvernement et aux dangers qu’elles représentent. Les cheminots retraités perdront des centaines d’euros, chaque usager payera plus pour ses trajets et chaque travailleur devra subir une charge de travail insupportable. C’est une attaque sociale et environnementale contre l’ensemble de la population. Les responsables syndicaux et les véritables partis de gauche doivent réagir et clairement dire qu’ils soutiennent ces actions à la place de se contorsionner pour tenter de se démarquer des victimes en laissant les véritables voyous jouer leur jeu de division.

    Il est logique que les travailleurs cherchent des moyens d’action pour se faire entendre. Seuls les patrons n’ont qu’un mot à dire pour faire disparaitre les mesures qui les frappent (comme la garantie du paiement du deuxième mois de salaire en cas d’incapacité de travail). Les travailleurs ne bénéficient pas d’une telle écoute de la part du gouvernement. La Ministre de la mobilité Jacqueline Galant (MR) n’a ainsi rencontré les représentants du personnel de la SNCB que lorsque son train a été arrêté par des militants.

    Au cours des semaines à venir, nous aurons encore largement l’occasion d’entendre toute cette propagande selon laquelle les grévistes seraient irresponsables, violents, preneurs d’otage,… Les geignards professionnels pro-patronaux seront à nouveau tous les jours à la télévision et des journalistes passeront toutes leurs heures de travail à rechercher un usager bloqué en colère et ne soutenant pas les actions. Ne nous laissons pas avoir : la seule chose qui est prise en otage, c’est notre niveau de vie. Les véritables preneurs d’otages, ce sont les gouvernements et leurs politiques antisociales. Assurons que la propagande patronale se brise sur notre solidarité !

  • Un ‘‘service minimum’’ qui s’oppose aux usagers

    S’il y a bien une chose typique des gouvernements de droite, c’est de tout faire pour rendre plus difficile la protestation contre leurs politiques. Et à leurs yeux, dans ce cadre, le droit de grève est une sérieuse épine dans le pied. C’est ainsi que l’on a bien vite vu revenir sur le devant de la scène la discussion sur le service minimum à la SNCB. Le patron du rail, Jo Cornu, en avait déjà parlé au moment de la grève des cheminots de juin dernier et il semblerait que les négociations de la coalition kamikaze (ou suédoise, c’est selon) portent notamment sur ce point.

    L’argument central de la mesure est de fournir un service minimum de manière à permettre qu’une action soit menée sans toucher aux voyageurs qui se rendent au travail. Mais une grève sert précisément à mettre une activité au point mort, à clarifier que ce sont les travailleurs qui font circuler les trains et sont la cheville ouvrière du service, et non la direction. Si le personnel le souhaite, rien ne roule. Quant au fait qu’une grève du rail perturbe le fonctionnement d’autres entreprises, cela ne fait qu’accroître la pression sur la direction de la SNCB afin de satisfaire les exigences des travailleurs.

    Les partis de droite – N-VA en tête – se distinguent par un appel au service minimum de manière générale, via la dégradation des services publics, à tel point qu’avec les diverses réductions de moyens et de personnel de ces dernières années, l’instauration d’un service minimum devrait mobiliser les deux tiers du personnel ! Si les choses se poursuivent ainsi, il faudra bientôt engager du personnel supplémentaire pour satisfaire aux conditions d’un ‘‘service minimum’’ ! Blague à part, le service minimum rendrait dans les faits quasiment impossible d’organiser une grève. Et c’est précisément l’objectif des néolibéraux.

    Toutes nos conquêtes sociales ont pu être arrachées par des actions de grève, de la journée des huit heures aux congés payés en passant par la sécurité sociale ! Et les tentatives visant à miner le droit de grève sont en fait destinées à revenir sur nos conquêtes sociales.

    Le personnel ferroviaire revendique un service maximum, c’est-à-dire que suffisamment de personnel soit présent – avec de bonnes conditions de travail, de sécurité et de salaire – avec à sa disposition un équipement de qualité et bien entretenu, afin d’assurer la prestation d’un service de qualité aux usagers. Si les partis au pouvoir se souciaient véritablement du service aux usagers, ils investiraient dans les transports en commun et les autres services ! Mais ils font tout le contraire…

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop