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Tag: Droit de grève
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Contrôleurs aériens : La droite veut sanctionner les arrêts de travail

Contrôleur aérien. Photo : Wikimedia Commons Le 16 mai, les contrôleurs aériens de l’entreprise publique Skeyes ont à nouveau fait grève en raison de la pénurie de personnel. Cette pression pèse sur les contrôleurs aériens et sur la sécurité de notre espace aérien. Les partis de droite ont contribué restreindre les effectifs avec leur politique d’austérité. Réunis pour une fois au sein de la coalition suédoise, ils ont dénoncé les actions du personnel au lieu d’aborder le nœud du problème : la pénurie des effectifs. Ils voudraient interdire toute action de lutte.
Le Premier ministre Michel (MR) a appelé à la ‘‘responsabilité’’, le ministre Peeters (CD&V) a ajouté : ‘‘Il est temps que cela cesse. J’en appelle aux deux parties pour qu’elles prennent leurs responsabilités.’’ Il a été immédiatement annoncé que le gouvernement examine la possibilité d’imposer des amendes aux contrôleurs aériens en grève afin de les forcer à travailler. Le ministre wallon Crucke (MR) veut contourner le monopole de l’entreprise publique autonome Skeyes. Le ministre flamand de la mobilité Weyts (N-VA) a appelé le Premier ministre Michel à nettoyer ‘‘ce bordel’’. Pour les partis de droite, responsabilité signifie que le personnel se tait et continue à travailler dans des conditions intenables, pendant qu’eux-mêmes préparent la prochaine série d’attaques contre les contrôleurs aériens, dont une attaque sans précédent contre le droit de grève.
Les contrôleurs aériens ne font pas partie des bataillons lourds du mouvement ouvrier. Les premières actions n’étaient pas de véritables actions de grève, mais des accords mutuels entre membres du personnel pour se déclarer malade. Cela comporte des risques tant pour le personnel que pour les médecins qui rédigent un certificat. De plus, cette méthode rend plus difficile de se rassembler et de répondre collectivement aux accusations et aux reproches de l’autre partie. Le fait qu’un si grand nombre de contrôleurs aériens aient pris part à ces actions montre à quel point le mécontentement est profond.
Toute réponse doit partir de la situation concrète. Le point sensible le plus important est la charge de travail et les horaires de travail qui sont lourds. Les shifts de travail de 10 heures sont irresponsables pour une fonction de contrôleur aérien. La moindre erreur peut provoquer une catastrophe. Il est vital d’avoir du personnel motivé et disposant d’un temps de repos suffisant entre deux prestations.
Lors des dernières négociations, la direction a fait des concessions insuffisantes aux yeux de la grande majorité du personnel. Il est question de réduire le temps de travail de 35 à 32 heures par semaine à Bruxelles National et au centre de contrôle aérien CANAC à Steenokkerzeel. À l’aéroport de Liège, où le travail de nuit est plus important, le temps de travail serait réduit à 30 heures par semaine. Les shifts de nuit seraient réduits de 10 heures à 8 heures et la prime pour le travail de nuit serait augmentée. Il a également été promis d’améliorer l’organisation du travail. Après de nombreuses promesses creuses de la direction, peu de foi est cependant accordée à ces dires. “Cette proposition n’est pas soutenue par le personnel. Elle n’offre pas de solutions aux problèmes”, a déclaré un contrôleur aérien dans la presse.
Sans personnel supplémentaire, il n’y a pas de solution. Bien sûr, il faut un certain temps avant que les contrôleurs aériens soient formés. Si, dans le passé, il n’y a pas eu suffisamment de personnel engagé, cette responsabilité incombe à la direction et au gouvernement. Ils n’ont pas suffisamment investi en personnel et tentent maintenant de répercuter les conséquences de cette mauvaise gestion sur les contrôleurs aériens. Pour la direction, seule la continuité du service est importante, même si elle se fait au détriment du personnel et donc aussi de la sécurité des passagers.
En l’absence de réponse de la direction de Skeyes pour pallier à la pénurie de personnel, les attaques pleuvent de partout. d’une réponse au manque de personnel, la protestation des contrôleurs aériens est attaquée. Brussels Airlines s’est adressée aux tribunaux pour obtenir une amende de 10.000 euros par vol annulé en Europe et de 20.000 euros par vol long-courrier jusqu’à fin mai. Brussels Airlines estime qu’elle a déjà subi 4 millions d’euros de dommages du fait de ces actions. Cela montre à quel point le travail des contrôleurs aériens est crucial. Il est urgent d’investir davantage dans les services publics, y compris le contrôle du trafic aérien. Des années de politiques d’austérité ont poussé même les contrôleurs aériens à agir avec détermination. Cela ne disparaîtra pas avec des amendes et des mensonges une campagne médiatique de mensonges et de calomnies contre le personnel.. La seule réponse est de rompre avec la politique d’austérité. -
SNCB. Résistance maximale pour un service maximal
Le gouvernement fédéral souhaite imposer un service minimum aux cheminots en cas de grève. Selon ce projet, le personnel désireux de faire grève devrait s’enregistrer quatre jours au préalable pour que des horaires de remplacement soient assurés. Un gréviste qui ne se serait pas fait connaitre à l’avance recevrait une sanction. Voilà ce que le ministre Bellot (MR) veut faire du droit de grève.Pour le gouvernement, le rail devrait fonctionner avec un minimum de moyens (à l’exception notable des salaires et bonus des dirigeants des entreprises…). Pareille logique a immanquablement de néfastes répercussions sur la sécurité et la qualité du service. Au lieu de s’en prendre aux raisons du mécontentement tant des usagers que du personnel, le gouvernement vise à monter ces derniers les uns contre les autres. Il veut aujourd’hui franchir une nouvelle étape en s’en prenant au droit de grève et aux possibilités de s’opposer à la politique ferroviaire actuelle.
Pour qu’un nombre même limité de trains puisse rouler, certaines catégories du personnel doivent être présentes à leur poste quasiment au complet. Le manque de personnel est tel chez les cheminots qu’on rigole régulièrement sur le fait qu’il faudrait de toute manière engager plus pour assurer correctement ce fameux service minimum… C’est pour défendre de meilleures conditions de travail et, par conséquent, une meilleure prestation de service que le personnel entre en action. Le gouvernement veut donc empêcher les revendications exigeant un service optimum de trouver leur chemin. Cela ouvre bien entendu la voie pour une nouvelle dégradation du service au détriment non seulement des cheminots, mais aussi des passagers.
Si le gouvernement parvient à concrétiser ce projet anti-grève, soyons certains que d’autres secteurs suivront. Il faut riposter en défense du droit de grève et d’un service maximal, en œuvrant à construire la solidarité entre les différents secteurs et avec les passagers.
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SNCB : la campagne de criminalisation des droits syndicaux bat son plein
Gouvernement et direction entendent limiter le droit de grève par tous les moyens possibles. Exclusion des petits syndicats, service minimum, poursuites judiciaires… Les attaques se succèdent contre les organisations de travailleurs, laissant présager l’arrivée de nouvelles mesures antisociales.
Par un cheminot de Libre Parcours (*)
Le mouvement syndical ayant historiquement un poids lourd au sein des chemins de fer, les thatchériens au pouvoir multiplient les attaques pour l’affaiblir. Au nom de la ‘‘modernisation’’ de la société, tous les moyens sont bons pour criminaliser la contestation. Une stratégie qui vise à miner la capacité de résistance des syndicats, et donc à préparer les futures charges contre les conditions de travail avec, en ligne de mire, la libéralisation du secteur.
Le service minimum : une attaque en règle contre le droit de grève
Annoncée dès la formation du gouvernement, la mise en place du service minimum fait office de mesure phare. Le ministre Bellot a lancé la date du 31 décembre comme ultimatum pour que syndicats et direction trouvent un accord sur ses modalités. S’il n’y a pas de compromis – ce vers quoi on se dirige – le gouvernement passera en force. Plusieurs scénarios sont possibles, mais l’un d’eux est plus probable le délai de préavis serait allongé de 10 à 12 jours et chaque cheminot devrait prévenir 72 heures à l’avance s’il compte participer à la grève ou non.
Une méthode qui permettrait bien entendu aux directions d’intensifier la pression individuelle sur les candidats à la grève. En fonction des effectifs prévus, une sorte de plan de transport minimum (desservant principalement les grandes lignes) serait organisé. La SNCB passerait un accord spécial avec le SPF Santé publique pour contrôler les malades le jour de la grève, afin de lutter contre les ‘‘certificats de complaisance’’ avec des sanctions lourdes à la clé. Sur les piquets, les travailleurs qui perturberaient le trafic des trains seraient lourdement mis à l’amende.
La mise en pratique de ce plan sera bien entendu beaucoup plus complexe que le gouvernement ne le laisse présager. Une forte participation à la grève de certaines fonctions-clés parviendrait quand même à bloquer le trafic. Le nombre limité de trains qui circuleront seront sans doute bondés, causant retards et mécontentement chez les voyageurs, voire problèmes de sécurité. Le service minimum tel que vendu par les professionnels de la communication qui nous gouvernent sera probablement plus un rêve qu’une réalité.
Il ne faut cependant pas sous-estimer la détermination de ce gouvernement. Si la mise en pratique de ce plan s’avère chaotique, mais que personne ne s’y oppose, la majorité pourrait être tentée d’aller plus loin. Des réquisitions ne sont pas à l’ordre du jour, mais l’expérience nous a montré que rien n’est impossible quand la droite dure n’a pas face à elle la résistance organisée des travailleurs. Si certains projets de la direction sont d’évidence foireux, cela ne peut pas servir d’excuse pour ne pas organiser la résistance : leur laisser le champ libre est un jeu très dangereux.
Exclusions et intimidations des syndicalistes
Mais le passage en force sur le service minimum pourrait n’être que l’arbre cachant la forêt. Depuis le vote d’une nouvelle loi le 3 août dernier, le Syndicat Indépendant pour Cheminots (SIC) et le Syndicat Autonome des Conducteurs de Trains (SACT) – deux syndicats minoritaires – ne sont plus reconnus comme ‘‘organisations agréées’’. Conséquences : ils sont désormais exclus de certains organes de concertation et ne peuvent légalement plus déposer de préavis de grève. Le gouvernement et les directions à son service ont donc décidé, en tant qu’employeurs, de la possibilité et de la méthode avec lesquelles les travailleurs peuvent s’organiser. Le droit à la grève – un droit collectif généralement et explicitement reconnu comme un droit humain – est ainsi bafoué.
Depuis plusieurs années, nous assistons aussi progressivement à l’apparition de techniques d’intimidation des syndicalistes. Les huissiers de justice sont dorénavant systématiquement envoyés sur chaque piquet de grève au nom de la sécurité. Un délégué syndical actif est poursuivi en justice pour avoir prétendument agressé une femme enceinte à un piquet. Un autre est accusé d’avoir saboté criminellement des voies de chemin de fer?! Autant de mensonges éhontés qui illustrent que les directions du rail sont à présent prêtes à tout pour affaiblir les syndicats.
Tout comme dans les autres secteurs, la résistance à la criminalisation de nos droits doit être organisée du mieux possible. Cela commence par un plan d’information à destination des usagers et des cheminots, pour que les enjeux soient correctement compris. Nous devrions alors mettre toutes nos forces dans la mise en place d’un nouveau plan d’action étalé dans le temps et allant crescendo, avec des objectifs clairs et en y impliquant un maximum de monde.
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Solidarité avec les travailleurs du rail!
L’austérité jusqu’à ce que ça craque…[1]
Les économies budgétaires prévues à la SNCB atteignent les 3 milliards d’euros entre 2016 et 2019. Plus de 6000 emplois devraient disparaitre chez Infrabel, à la SNCB et chez RH-Rail. Un train sur cinq devrait se passer d’accompagnateur et 600 guichets devraient très probablement fermer. La productivité devrait augmenter de 20%! [2] Un personnel moindre devrait donc supporter une plus grande charge de travail. Cela implique une réduction des services et des normes de sécurité, des suppressions de petites lignes et encore plus de retards de trains (notamment à cause du sous-financement dans les infrastructures).
Non à la privatisation du service public!
Les embouteillages coûtent chaque année 8 milliards d’euros à l’économie belge. [3] Les voitures de société sont subventionnées à hauteur de 4 milliards d’euros par an, soit un budget supérieur d’un quart à la subvention du gouvernement à la SNCB et quatre fois plus que les subventions publiques pour la société de transport en commun flamande De Lijn. [4] Les économies prévues à la SNCB reviennent à 20% de sa dotation totale! Assurer des transports en communs abordables et de qualité pour tous dans le respect de l’environnement est incompatible avec l’idéologie néolibérale des dirigeants actuels. Leur formule magique? Privatiser! Cela signifie:
• Pour le personnel. Horaires irréguliers? Prestations trop longues ? Cela vous semble familier? Les primes et compensations sont maintenant qualifiées de «privilèges» qui doivent être abolis.
• Pour les voyageurs. Des questions à poser à un guichet ? Besoin de service dans une région peu peuplée? Pas de chance.
• Pour les contribuables. Les frais à supporter par le public seront plus élevé. Au Royaume-Uni, la majorité de la population désire renationaliser le rail en raison du coût du chemin de fer privatisé, 5X plus élevé. [5], [6]Alors pourquoi donc parler de privatiser le rail? Cela fait partie de la conviction idéologique profonde chère au gouvernement selon laquelle le marché reviendrait moins cher, en dépit du fait que c’est justement le contraire qui a été démontré dans la pratique. D’autre part, des investisseurs du privé trépignent d’impatience à l’idée des énormes profits que cela pourrait leur générer.
Chaque travailleur a intérêt à être solidaire des cheminots!
Le gouvernement et les médias dominants accusent les cheminots d’être des profiteurs et des privilégiés. Demain, ce sera au tour des enseignants, des travailleurs de la chimie, des dockers ou, à nouveau, des chômeurs. Ne nous laissons pas prendre à ce jeu ! Pourquoi ne pas inviter un cheminot venir expliquer la réalité de ses conditions de travail auprès de vos collègues, de votre délégation syndicale ou de votre entourage ?
Le gouvernement prépare l’opinion publique afin de lancer une attaque contre le droit de grève. En cas de succès remporté contre les cheminots, cela pourrait survenir n’importe où ! Tout l’intérêt pour les autorités et le patronat est de pouvoir paralyser les travailleurs lorsque la prochaine vague de mesures d’austérité sera lancée. Chaque travailleur sera victime de la moindre limitation du droit de grève. La solidarité la plus massive est donc de mise avec les travailleurs des chemins de fer. Venez soutenir leurs piquets de grève et expliquez aux mécontents les raisons de cette lutte pour développer leur compréhension et leur soutien.
Les enjeux derrière ce conflit sont limpides : voulons-nous une société où tout est dominé par la soif de profits d’une poignée de capitalistes ou voulons-nous à la place une société où la production est organisée de façon humaine et respectueuse de l’environnement pour satisfaire les besoins de tous ?
• [1] pamflet ACOD Spoor ‘Plan Galant: De afbraak van de Belgische Spoorwegen is ingezet’ (dec. 2015)
• [2] http://www.standaard.be/cnt/dmf20151211_02017800
• [3] http://vbo-feb.be/nl-BE/Actiedomeinen/Energie-mobiliteit-en-milieu/Mobiliteit/Infarct-van-meer-dan-8-miljard/
• [4] http://www.socialisme.be/nl/23984/16-meer-bedrijfswagens-besparingen-op-openbaar-vervoer-regering-organiseert-fileprobleem
• [5] http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2012/07/20/waarom-we-ons-geen-geprivatiseerde-spoorwegen-kunnen-veroorloven
• [6] http://campaign4publicownership.blogspot.be -
[DOSSIER] Défendons le droit de grève!
Le droit de grève s’est retrouvé en pleine ligne de mire de la droite ces derniers temps. Les grévistes de la SNCB ont été menacés d’astreintes. A Liège, un blocage routier a servi à accuser des manifestants d’avoir du sang sur les mains. Ces accusations ont été proférées par ceux-là même qui sont responsables de l’austérité dans les soins de santé ! Le plaidoyer pour le service minimum et pour restreindre le champ d’action des syndicats a repris de plus belle. Il est plus que temps de réagir.
Dossier de Geert Cool tiré de l’édition de décembre/janvier de Lutte Socialiste
Nos actions n’auraient rien rapporté ?
Même le président de la CSC, Marc Leemans, remarque que le gouvernement n’est pas à écoute. Mais il en conclut que nous devons réfléchir à nos modes d’action et devrions être plus ‘‘créatifs’’ avec, par exemple, des actions ludiques. Mais pourquoi le gouvernement écouterait-il lorsque nous organisons une action ludique s’il n’écoute déjà pas quand nous menons des grèves de masse ? Leemans ne propose pas d’alternative et ajoute même qu’il faut subir ce gouvernement jusqu’au terme de son mandat. Devons-nous vraiment continuer à nous laisser plumer des années durant ?
Dire que nos actions n’ont eu aucun résultat est inexact. La grande manifestation, les grèves régionales et la grève générale nationale de la fin 2014 ont permis de pousser le gouvernement dans les cordes pendant un moment sans que cela ne soit en raison de tensions internes. Ces actions ont convaincu de larges couches de la population. Nous en avons vu les effets le 7 octobre 2015 lorsque, contre toute attente, 100.000 personnes ont rejoint la manifestation syndicale à Bruxelles.
Adapter nos méthodes d’action à ce que la partie adverse peut accepter ne nous conduira à rien. Pour l’establishment, des actions ne seront acceptables que si elles n’en sont plus. S’ils le pouvaient, ils consigneraient les actions de protestation dans des recoins perdus et clos d’où personne ne les remarquerait.
Si nos aïeux n’avaient pas fait grève, ils n’auraient jamais obtenu la journée des huit heures, les congés payés ou la sécurité sociale. Tout cela aussi était des revendications inacceptables pour les employeurs qui minaient leur position concurrentielle. Tous les acquis sociaux ont été obtenus par la lutte : par des grèves et des manifestations. C’est précisément pourquoi les grèves posent un problème aux partis de droite.
Les grèves sont-elles dépassées et les syndicats d’un autre âge ?
Cette rhétorique revient fréquemment : les syndicats appartiennent à une époque révolue et mènent des actions d’un autre temps. Ils ne s’occupent que de ceux qui ont déjà un bon boulot ou des chômeurs (eh oui, les critiques se contredisent parfois),etc. Mais c’est quoi être moderne selon les avocats du système actuel ? Ce qui est moderne, c’est qu’une petite élite au top, de bien moins d’1% de la population, possède autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Ce qui est moderne, c’est que les plus grands banquiers jouent au casino spéculatif et que l’Etat compense en cas de pertes. Ce qui est moderne, c’est que les grandes entreprises magouillent à tous les niveaux : depuis les impôts en passant par les émissions de CO2 des voitures et ce, plus ou moins légalement. Ce qui est moderne, ça serait que le travailleur moyen accepte tout cela et se taise.
Dans la plupart des pays européens, les directions syndicales ont largement emboîté le pas à l’idée de ‘‘syndicats modernes’’, lisez : des syndicats qui acceptent la logique de ce système. Il est question de cogestion et de partenariat social avec pour objectif de mener ensemble l’austérité ‘‘nécessaire’’. Cela a évidemment fortement restreint le taux d’affiliation à tous ces syndicats ‘‘modernes’’. Et les experts du FMI confirment que le recul des syndicats favorise l’augmentation des inégalités sociales parce que les possibilités d’action s’en retrouvent limitées. ‘‘Le recul du taux de syndicalisation semble être un élément-clé de l’augmentation des plus hauts salaires’’, écrivaient deux chercheuses du FMI en mars de cette année. Selon l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE), dans la plupart des pays développés, le taux de syndicalisation a chuté de 20,8 % en 1999 à 16,9 % en 2013. Pour les employeurs et les politiciens néo-libéraux, les syndicats ‘‘modernes’’ doivent être des coquilles vides impuissantes qui suivent intégralement leur politique.
Un ‘‘droit de grève moderne’’ procèderait de la même conception. Un petit syndicat néerlandais, De Unie, qui organise 50.000 membres – dont beaucoup de hauts cadres – est cité en exemple dans presque tous les médias. Celui-ci a, en effet, annoncé qu’il ne fera plus grève. Le Président d’Unie a ainsi déclaré dans les médias: ‘‘Le marché du travail change, c’est pourquoi les travailleurs doivent eux aussi changer. Celui qui nie cela est d’un autre siècle. Pour ce faire, inutile d’entamer des négociations couteau entre les dents. Nous le disons clairement, en 2015, nous nous mettrons à la table de négociation.’’ C’est ainsi que la droite considère le ‘‘droit de grève moderne’’ : le droit de ne pas faire grève. Et ce, grâce à des syndicats qui n’interviennent pas comme défenseurs des intérêts des travailleurs, mais comme de petits actionnaires des entreprises.
Le gouvernement de droite veut museler la protestation
Cette polémique relative au droit de grève ne tombe pas par hasard. Le plan d’action des syndicats de fin 2014 a illustré la force du mouvement ouvrier. Le gouvernement a quelque peu vacillé, l’opinion publique a longtemps soutenu les grévistes en dépit d’une propagande médiatique pro-patronale désespérée. Le fait que le plan d’action n’ait pas connu de suite a semé quelques confusions et hésitations sur les lieux de travail. Faute d’un nouveau plan d’action clair, de par la division entre syndicats et en leur sein même ainsi que par manque d’une alternative politique au gouvernement de droite, il n’a pas été possible de renverser le rapport de forces. Le gouvernement a pu reprendre pied et ne veut en aucun cas connaître un autre plan d’action de ce type. Car il est toujours possible qu’un nouveau plan d’action puisse le faire chuter.
Le gouvernement n’a pas plié suite à ces actions. Après les premières attaques contre notre niveau de vie, d’autres ont rapidement suivi. Il suffit de penser au ‘‘taxshift’’, qui devait initialement être un virage fiscal du travail vers le capital, mais s’est au final révélé être une nouvelle attaque contre le monde du travail. Ce gouvernement nous poursuivra jusqu’à nos derniers retranchements. L’indexation des allocations familiales est déjà remise en cause. Première étape vers un deuxième saut d’index généralisé? Pendant ce temps, les plus riches deviennent toujours plus riches.
Le gouvernement désire bien entendu le moins de résistance possible. Comparons la situation à un combat de boxe durant lequel l’un des boxeurs donnerait des coups très durs tout en étant arbitre en même temps, imposant ainsi à son adversaire la façon dont il peut riposter. Il le forcerait à ne pas répliquer du tout et irait même jusqu’à lui lier les mains dans le dos. C’est ainsi que la droite entend mener la lutte de classes dans notre pays. C’est pour cette raison que le droit de grève est sous pression.
A quel point les arguments de la droite sont-ils ‘‘modernes’’?
Les attaques contre le droit à l’action collective ne sont pas neuves. Ces dernières années, de nombreuses requêtes unilatérales ont été introduites afin d’obtenir des astreintes contre des grèves. Dans le même temps, des méthodes répressives comme les amendes SAC, par exemple, sont élaborées et peuvent servir dans le cadre de manifestations aussi. Soulignons que lors du plan d’action de fin 2014, ces méthodes ont à peine été utilisées. Cela est évidemment lié au fait que la protestation était dirigée contre le gouvernement et qu’il existe une jurisprudence contestant l’utilisation des requêtes unilatérales. Mais le plus important était assurément le rapport de forces que nous avions construit avec nos actions. En 2014, les employeurs avaient peur qu’une attaque sur le droit à l’action collective ne mette encore plus d’huile sur le feu et ne renforce l’appel à un deuxième plan d’action jusqu’à la chute du gouvernement.
Si le gouvernement lui-même ouvre aujourd’hui la marche en assignant des travailleurs d’entreprises publiques ou semi-publiques comme Infrabel (SNCB) et Bpost en justice pour obtenir des astreintes contre les piquets de grève, les entreprises du privé ne tarderont pas à suivre. Si cela se produit aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’il y a de nouveaux arguments dans la discussion. Au contraire, l’argumentation des employeurs et de la droite n’a pas changé depuis 1791.
Ils se réfèrent toujours à ce que contenait la loi Le Chapelier de 1791 : ‘‘Tout attroupement composé d’artisans, ouvriers, compagnons, journaliers, ou excités par eux, contre le libre exercice d’entreprendre et de travailler par quelle que personne que ce soit […] sera considéré comme attroupement séditieux et, comme tel, sera dissipé par la force publique.’’ Les syndicats seraient donc dépassés parce qu’ils ne se plient pas aux règles qui étaient d’application dans nos régions de 1791 à 1921 ? Qui est dépassé en fait ?
Aujourd’hui, les employeurs se plaignent toujours que le droit de grève ne doit pas arrêter les entrepreneurs (‘‘libre exercice de l’entreprise’’) et que le ‘‘droit au travail’’ doit être respecté (‘‘libre exercice du travail’’). C’est clair, ce sont les mêmes arguments depuis 1791. Mais, dans leur conception, ce droit au travail ne vaut naturellement pas pour les chômeurs. Les règles de la loi Le Chapelier – modifiée plus tard par l’article 310 du code pénal – ont été utilisées pour poursuivre 1.644 ouvriers entre 1830 et 1866. 946 d’entre eux furent condamné à une peine d’emprisonnement, 144 à une amende et 521 travailleurs ont été relaxés. La droite veut retourner à cette époque dépeinte dans le film bien connu ‘‘Daens’’ (1992). La seule critique que la N-VA pourrait aujourd’hui formuler à l’égard du catholique conservateur Charles Woeste (qui s’opposa fortement aux velléités sociales du prêtre Daens) serait qu’il parlait français. Pour le reste, ils parlent la même langue, celle des riches.
Comment le droit de grève a-t-il été imposé ?
Si nous voulons défendre le droit de grève – et plus généralement le droit à l’action collective – il est utile de voir comment cela a été imposé. Pas par le Parlement et encore moins par les tribunaux. Il n’a été confirmé en ces lieux que bien des années après que la lutte de masse ne l’ait imposé dans la pratique.
Les droits démocratiques ont été obtenus par la lutte. L’interdiction d’action collective a été abrogée après la première guerre mondiale. Au même moment, la journée des huit heures a été introduite. Cela ne fait pas suite à un soudain changement de conviction de l’establishment, mais à sa crainte d’une radicalisation et d’une poursuite des mouvements et actions de grève tels que celles qui eurent lieu dans le métal, les mines ou le port d’Anvers. L’expérience de la Révolution russe de 1917 renforçait la protestation et accroissait la peur de l’establishment.
Ce n’est qu’après la grève générale insurrectionnelle de 60-61 que la plus haute cour de justice de notre pays, la Cour de Cassation, a reconnu le droit de grève, en ce compris les grèves politiques. La Cour a d’ailleurs fait traîner le dossier quelques années, le jugement n’est venu qu’en 1967 et s’est limité au constat qu’une grève ne met pas fin au contrat de travail, elle ne fait que le suspendre. Cela n’a pas empêché plusieurs tribunaux, dans les années 70’, d’approuver le licenciement de délégués combatifs sur base de l’ancienne argumentation, lors de la vague de grèves spontanées au cours de cette période. Ce n’est qu’au début des années 80’, qu’une reconnaissance expresse du droit de grève par la Cour de Cassation est apparue.
Dans la période succédant à la deuxième guerre mondiale, le droit de grève a aussi été reconnu par des traités internationaux. L’article 6.4 de la Charte sociale européenne de 1961, par exemple, reconnaît le droit des travailleurs et employeurs à intervenir collectivement en cas de divergence d’intérêts. Cette charte n’a toutefois été ratifiée dans notre pays qu’en 1990. Cela va beaucoup plus vite lorsqu’il s’agit de transposer des traités d’austérité en droit national.
Comme nous le disions, le droit à l’action collective n’a pas été obtenu dans les salons du parlement ou des tribunaux solennels. Il s’est imposé en rue et ce n’est que des années plus tard que la législation et la jurisprudence ont dû reconnaître ce que la pratique avait déjà imposé.
Comment défendre le droit à l’action collective ?
Pour la défense du droit à l’action collective, nous devons faire appel à un maximum d’arguments juridiques, mais il est dangereux de ne miser que là-dessus. Il suffit de regarder le jugement dans l’affaire contre les astreintes lors de la grève des chemins de fer du 9 octobre à Bruxelles. Le juge a donné raison à la direction d’Infrabel et a utilisé, à cet égard, l’argument de la sécurité. Il faut vraiment être éloigné de la réalité du monde du travail pour ne pas savoir que le personnel des chemins de fer organise et garantit la sécurité. Infrabel a fait faire un double shift (une double journée de travail) à deux volontaires à la cabine de signalisation pour briser la grève. Cela ne constitue-t-il pas un danger pour la sécurité ? Mais le juge n’en a pas tenu compte. Si l’on cherche un bâton pour frapper, on le trouve toujours.
Nous ne défendrons le droit à l’action collective qu’en imposant nos droits dans la pratique, en nous battant pour ces droits. Il faut utiliser les attaques pour renforcer nos actions. Cela peut se faire, entre autres, en veillant à ce que les actions de grève soient largement portées par les travailleurs. La préparation des actions de grève lors d’assemblées du personnel au cours desquelles l’action et les revendications sont décidées est essentielle. Cela doit aussi permettre une implication plus large sur les piquets de grève.
Une grève des enseignants à Seattle en septembre 2015 a rassemblé aux piquets 97 % des syndiqués parmi le personnel. Envoyer un huissier de justice en pareil cas n’a pas de sens. Un huissier de justice peut, avec ses chiens de garde de la police, signifier une ordonnance à quelques dizaines de personnes, mais s’ils sont des centaines au piquet, une petite armada d’huissiers de justice serait nécessaire.
Une tentative de briser une grève dans l’entreprise chimique Oleon à Oelegem, en octobre 2015, via la police et des huissiers de justice a été si brutale que le personnel du sous-traitant a décidé de rester dehors aussi. La solidarité est la meilleure réponse à l’agression des employeurs.
La manifestation massive du 7 octobre a de nouveau montré notre potentiel. La couche des activistes syndicaux s’est élargie grâce au plan d’action. Lors des dernières élections sociales, les syndicats avaient ensemble 130.000 candidats dans plus de 6.000 entreprises, c’est plus que l’ensemble des candidats de tous les partis aux élections communales. Ainsi, aux élections communales de 2012, la N-VA avait au total 6.483 candidats. Lors du dernier family day de la N-VA, il y avait 4.000 participants, mais lors de la dernière manifestation syndicale, on comptait 25 fois plus de personnes. Les syndicats ont un potentiel de géant. La seule manière dont les employeurs peuvent amoindrir ce géant est en le berçant ou en le maintenant endormi.
Poursuivre le plan d’action de 2014 et exploiter le succès de la manif du 7 octobre 2015 exige des mots d’ordre clairs et d’un plan d’action constructif jusqu’à la chute du gouvernement. Cela exige aussi une alternative politique à la politique d’austérité à laquelle le gouvernement de droite est favorable, mais qu’un gouvernement de ‘‘centre-gauche’’ avec le PS et le SP.a mène aussi, à un rythme moins soutenu.
De la grève générale à une autre société
Un nouveau plan d’action constructif et la construction d’une alternative politique est nécessaire à la confrontation avec le capitalisme ; imaginons que les 100.000 manifestants du 7 octobre mènent le débat non seulement sur le plan syndical, mais aussi sur le terrain politique et donnent le ton. La droite se prépare à la confrontation, elle sait que la sape constante de notre niveau de vie mène inévitablement à la protestation. Les politiciens des riches se préparent aussi, nous devons faire de même. Ils ont les médias traditionnels de leur côté et peuvent compter sur leurs tribunaux. Mais nous avons la force de notre nombre. Un plan d’action cescendo doit mener à une grève générale qui mettrait le système à l’arrêt.
Une grève générale réussie exige une implication massive de la base. Cela mène également à de nouvelles structures telles que des comités de grève et des comités d’action interprofessionnels. Il s’agit d’un mouvement par lequel les travailleurs font preuve d’une énorme créativité, d’improvisation et de talent d’organisation. Une grève générale de plus longue durée donne une tâche sociale plus large aux comités de grève, garant du bon fonctionnement de la grève, mais aussi de la société. Cela mène à une situation de double pouvoir. A côté de l’Etat bourgeois, se développe un embryon de nouvel Etat basé sur les conseils et sur les actions des travailleurs. C’est par ces actions qu’une société sans exploitation et oppression peut naître, une société socialiste planifiée démocratiquement, basée sur l’auto-organisation des travailleurs et de leurs familles.
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SNCB “L’objectif du gouvernement est de nous désarmer pour ensuite mieux nous frapper”
Interview d’un cheminot Anversois
Lors des grèves régionales des cheminots des 9, 19 et 20 octobre, la société gestionnaire d’infrastructure du réseau ferroviaire Infrabel a introduit des actions judiciaires et recouru aux huissiers pour empêcher des occupations de voies par les cheminots. Nous en avons discuté avec un cheminot anversois.Propos recueillis par Boris Malarme
Pareille attaque de la part d’Infrabel n’était-elle pas prévisible?
‘‘Le vendredi 9 octobre, à Bruxelles, la requête unilatérale menaçant d’astreintes les grévistes qui occupaient les voies et ceux qui se trouvaient dans la cabine de signalisation n’était pas une surprise. Une première tentative avait eu lieu à Anvers la semaine précédente. Il y a eu dès lors des piquets volants. Cette grève a quand même eu un impact important, avec plus de 500 trains supprimés sans compter les suppressions partielles.
‘‘Mais cela pose directement la question suivante : ne vaudrait-il pas mieux organiser la grève au niveau national plutôt que régional ? L´idée derrière l’approche régionale était de provoquer un impact maximal avec des moyens minimaux. Tout le trafic n’a pas été stoppé, car des collègues d´autres districts pouvaient traverser Bruxelles avec leur train. A Liège, les trains ont pu être bloqués à même les quais le 19 octobre. Là-bas, la combinaison de la grève régionale des cheminots avec celle des autres secteurs de la FGTB a renforcé la position des travailleurs du rail. Ils ont ainsi pu bloquer en nombre les trains sur les quais de la gare des Guillemins.’’
Infrabel justifie ses recours en justice par la sécurité. Qu’en est-il ?
‘‘Infrabel a lancé sa campagne pour la sécurité des voyageurs qui traversent les voies à même les rails. C’est un problème très sérieux. Mais on ne peut pas nous comparer aux voyageurs qui traversent dangereusement les voies. Nous avons été formés pour stopper les trains en toute sécurité. Une bonne partie d’entre nous travaille sur les rails. Seuls les cheminots sont capables de le faire.
‘‘Lors de la grève du 9 octobre à Bruxelles, la direction d’Infrabel a fait tourner la cabine de signalisation de Bruxelles-Nord avec seulement deux travailleurs. La grève était bien suivie puisque 13 personnes y travaillent normalement. Ils ont même été forcés de faire deux sessions de travail d´affilée. C’est la direction qui met la sécurité du rail en danger en forçant le fonctionnement des cabines de signalisation en sous-effectifs !’’
L’ordonnance du tribunal fait référence à des ‘‘occupations temporaires de voies de chemin de fer dans un contexte de grèves politiques.’’ Qu’en penses-tu ?
‘‘Oui, ce sont des grèves politiques. C´est une décision politique d’appliquer une telle austérité, de couper 20% de la dotation publique de la SNCB et d’y menacer 7000 emplois. C’est une décision politique d’attaquer le droit de grève. C’est une décision politique de ne plus avoir d’accompagnateurs dans chaque train pour une partie du réseau.
‘‘La N-VA a présenté son projet de loi visant à limiter le droit de grève à la SNCB par l’instauration d’un service minimum. 40% des trains devraient rouler et 60% pendant les heures de pointe. Ce n’est pas la première tentative, le SP.a avait aussi proposé un service minimum en son temps. Et la ministre Galant (MR) a commandé une étude en ce sens en vue des futures négociations entre partenaires sociaux. Il faut savoir qu’un fonctionnement de 60% des trains nécessite l’activité de plus de 60% du personnel. Pour certaines catégories de cheminots, le droit de grève serait ainsi complètement supprimé. Ce n’est pas un hasard si cela arrive maintenant, l’objectif est de nous désarmer pour ensuite mieux nous frapper.’’
A Anvers, il y a eu grève le 19 et le 20 octobre. Comment cela s’est-il déroulé?
‘‘C’est la première fois depuis 10 ans que nous avons tenu un piquet de grève de 48 heures à la gare de marchandises. 85% des conducteurs de marchandises étaient en grève. Entre 30 et 60 personnes étaient en permanence présentes au piquet, dans une très bonne ambiance. À Anvers, nous allons continuer à soutenir et à participer aux actions au niveau national. Il n’y a toutefois pas eu de piquet à la gare d’Anvers-Berchem, la grève n’était pas assez préparée dans le trafic de voyageurs et nous nous sommes plus concentrés sur les marchandises. Il faut dire que les actions n’avaient été confirmées que cinq jours auparavant, ce qui rendait la mobilisation difficile.’’
Que penses-tu du fait que la CSC n’ait pas participé aux actions ?
‘‘Il y a un manque d’unité syndicale. La CSC ne participe pas aux actions pour l’instant. Elle veut d’abord mener une campagne d’information concernant l’impact des mesures pour le personnel et les voyageurs. Elle a produit un bon tract à cet effet. Mais informer sans partir en action, c’est insuffisant. D’un autre côté, la CGSP a plutôt la faiblesse de ne pas mener de campagne d´information convenable. Du côté flamand, seules les centrales CGSP d’Anvers et de Bruxelles ont participé aux trois jours de grèves tournantes. Ailleurs, il a été dit que le préavis de grève ne concernait que la participation aux réunions d’information puisque la CSC ne faisait pas grève. Du côté néerlandophone, c’est plus difficile de faire grève sans la CSC.’’
‘‘Nous devons faire des efforts pour avoir la CSC avec nous. Nous devrions participer ensemble avec la CSC à cette campagne d’information, la lier avec l’organisation d’assemblées du personnel et ainsi nous serions mieux préparés pour les actions futures.’’ Quelle a été la réaction de la FGTB suite aux requêtes unilatérales et aux huissiers?
‘‘La FGTB conteste ces décisions en justice. Mais réagir sur le plan juridique uniquement, c’est bien pauvre face à une telle attaque contre le droit de grève. Ils veulent briser la résistance des cheminots et par là casser l’un des secteurs les plus combatifs du mouvement des travailleurs. Briser le mouvement des travailleurs dans son ensemble, voilà la volonté de ce gouvernement de droite. L’ensemble du syndicat doit réagir pour organiser des piquets de masse et stopper l’application des décisions judiciaires.’’ Comment défendre le droit de grève à la SNCB?
‘‘Il faudra se donner les moyens pour impliquer le personnel le plus largement possible dans ces piquets et dans les prochaines actions de grève. Aujourd’hui, la direction syndicale décide seule du plan d’action et le communique ensuite. Pour mobiliser les collègues, le mieux est d’expliquer les attaques et de proposer un plan d’action adéquat en assemblée générale du personnel. Le plan d’action serait ainsi plus largement soutenu et porté par les cheminots.’’
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Bpost: Il nous faut une lutte unitaire contre les attaques sur le droit de grève et sur le personnel
Depuis jeudi passé, des actions des actions de blocage et des arrêts de travail ont eu lieu dans divers centres de tris et bureaux de Bpost surtout à l’initiative de la CSC-transcom. En cause, la mise en place d’une nouvelle organisation de travail supprimant les avantages pour le travail du samedi. Jusqu’ici, les travailleurs devant prester les samedis voyaient leur temps de travail hebdomadaire réduit à 36h en place de 38h, disposition que la direction de l’entreprise entend supprimer.Par Simon (Liège)
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Blocages routiers: deux poids deux mesures
Au milieu de la déferlante médiatique visant à criminaliser l’action syndicale, la RTBF s’est distinguée en nous offrant «le minimum syndical» d’objectivité, à savoir un bref rappel des nombreuses actions de blocage de la circulation autoroutière dans le cadre d’actions syndicales : routier, agriculteurs, et même… policiers.Par Jean (Luxembourg)
La veille, RTL-TVI avait comme on pouvait s’y attendre fait preuve d’une parfaite dévotion à la cause patronale, allant jusqu’à nous offrir un lapsus révélateur dans ses titres incrustés qui annonçaient les «suites juridiques» des actions de la FGTB. On y parlait évidemment des suites judiciaires, mais on sentait à quel point les journalistes trépignaient d’impatience de pouvoir participer à de véritables suites juridiques, en rédigeant de nouvelles lois pour museler les syndicats.
Or donc, grâce à ce trop bref aperçu des antécédents, on a appris 2 ou 3 choses :
- Le blocage des routes et autoroutes est en principe interdit par la loi
- Cela n’a pas empêché que des blocages se produisent à différentes occasion, sans entraîner de poursuites judiciaires.
- Visiblement, si l’on est agriculteur, chauffeur routier ou policier, il n’y a aucun problème pour bloquer les routes.
- Si on est militant FGTB, c’est plus compliqué :
– Soit on demande préalablement l’autorisation à la police, comme l’avait fait la délégation des forges de Clabecq en 1997. Malgré, ou à cause de cette précaution, les ouvriers de Clabecq se sont engouffrés dans un guet-apens sur la bretelle de l’autoroute, avec des dizaines de policiers et d’autopompes qui ont surgit de leur cachette en quelques secondes, provoquant un chaos généralisé et 25 blessés.
– Soit on ne la demande pas, et on doit faire face à d’autres problèmes.
Au final, on ne sait pas très bien comment s’y prendre. Si on écoute les partis au pouvoir et la presse, mieux vaut oublier toute forme de résistance, et se jeter tout de suite dans le canal. Mais attention à ne pas obstruer les voies navigables… A vrai dire, on préfèrerait une autre solution. Du genre : appuyer résolument sur l’accélérateur de la lutte pour pousser le gouvernement vers la 1ère sortie!
=> A lire également : L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical
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Le contre-feu du patronat et du gouvernement
On l’a dépeint comme étant Monsieur patate. C’était se tromper sur la nature de ce gouvernement. Le gouvernement de Charles Michel a mis en branle une lame de fond contre l’ensemble du mouvement des travailleurs avec comme point de mire ses conquêtes sociales et ses organisations. Aidé en cela par la presse privée (aux mains du patronat) et publique, nous faisons face aujourd’hui à une campagne soigneusement élaborée contre l’action sociale. Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est que l’étape 1 d’un plan d’ensemble qui vise à nous faire retourner au 19ieme siècle ou, formulé autrement, à nous faire travailler dans les mêmes conditions que les pays avec lesquels on nous met en concurrence : Chine, Inde, Pologne,…Par Pierre et Alain (Namur)
LES JOURS DE GRÈVES SONT LES SEULS JOURS OÙ L’ENSEMBLE DES PROBLÈMES SOCIÉTAUX ONT UNE CAUSE ET UNE SOLUTION
Alors que l’on peine à trouver les causes des maux qui a rongent notre planète ou notre vie personnelle : faim, pauvreté, réchauffement climatique, maladie, échec scolaire, divorces… Il y a des jours dans l’année où tout cela trouve une explication rationnelle. Les médias quasi tous en cœur disent que la cause mère de tous ces maux sont les actions sociales menées par des « voyoux en vareuses rouge ». Les problèmes de la SNCB ? C’est la faute des syndicats et des grèves. Les problèmes de circulation et toutes ses conséquences ? C’est encore une fois les syndicats et les grèves. Idem pour le chômage, la soi-disant fuite des investisseurs, etc. Bientôt on nous dira que les jours de grève sont néfastes pour la planète à cause des barbecues et des feux de palettes. Sur ce dernier point, on oublie la fraude de VW sur les moteurs, mais aussi la privatisation du transport marchandise de la SNCB, alors qu’on aurait pu s’en servir comme d’un outil alternatif à tous ces camions sur nos routes.
Pour les grands médias il s’agit d’agglomérer tous les malheurs, toutes les frustrations sociales et de les jeter sur un même objet : le mouvement social qui devient ainsi le réceptacle de la colère sociale. On a pas envie d’en rire quand on voit avec quoi jouent ces apprentis sorciers de journalistes. Les liens de causalité qu’établit la presse contre le mouvement social vise à saper le crédit du mouvement syndical afin de pouvoir déployer plus durement la machine de répression de l’état contre celui-ci. Cette stratégie entraîne des conséquences collatérales, dont la violence physique et verbale grandissante contre les acteurs du mouvement social, dans la rue ou sur les médias sociaux. On a ainsi vu durant les derniers mouvements de grève des militants agressés à la barre métallique ou à la batte de base-ball, avec des conséquences graves pour leur santé.
CRIMINALISER LE MOUVEMENT SOCIAL
Lors des mouvements sociaux de ces derniers jours, médias et gouvernement parlaient des actions sociales et des militants comme s’ils couvraient la vie et les actions de hors-la-loi. Ils poursuivent leurs propres objectifs, et l’un d’entre eux est d’instaurer la personnalité juridique des syndicats. Mais leur principal objectif est d’affaiblir par tous les moyens l’impact et la force du mouvement ouvrier. En effet, sans organisation le mouvement ouvrier ne pourra plus faire face aux régressions sociales imposées par le patronat. Depuis le plan d’action 2014, et durant les grèves et manifestations de 2015, l’approche médiatique s’est principalement centrée sur la violence des manifestants, les ennuis causés par l’action sociale, et les dégâts qui résultent de ces actions. En focalisant le débat sur ces questions ils poussent le mouvement dans ses retranchements. Chaque écart, chaque faiblesse, chaque division est utilisée pour saper le mouvement. Le manque de résolution de la direction du mouvement est utilisé pour convaincre ceux qui ne l’ont pas encore rejoint de rester à l’écart. Lorsque la direction de la CSC déclare laisser la chance à la concertation, c’est une occasion en or pour le gouvernement de concentrer ses attaques sur un seul ennemi : la FGTB. Et celle-ci, plutôt que de réaliser le front commun à la base via des assemblées générales sur les lieux de travail, plutôt que de lancer une grande campagne d’information avec tous les acteurs de la société civile, préfère s’allier au pilier traditionnel – prêtant le flan aux critiques qui disent que le seul but de ses mouvements est de faire revenir le PS au pouvoir.
Lorsque l’on se lance dans une bataille, on ne doit pas le faire en préservant ses atouts. On a besoin de mots d’ordre et d’alternatives clairs. Faire chuter ce gouvernement et faire reculer toute l’austérité a été jugé comme un mot d’ordre trop radical par la direction du mouvement. Elle en a donc appelé à la concertation sociale. Plutôt que de convaincre le patronat de lâcher du lest, elle a ouvert la voie au gouvernement pour des attaques inédites contre le droit de grève. Plus grave encore, cela nous a empêché d’activer dans la lutte la masse large de soutien passif dont dispose le mouvement.
LES « HATERS », CES NOUVEAUX FAISEURS D’OPINIONS
Les institutions du mouvement ouvrier sont globalement en retard dans l’utilisation et la compréhension des outils que sont les réseaux sociaux. Ceux-ci sont très majoritairement la propriété d’une minorité de la population, les ultra-riches, qui a intérêt à ce que passent les attaques contre nos acquis. Mais ils ont aussi leur propre dynamique. Les médias traditionnels présentent ce qui se dit sur les réseaux sociaux comme l’expression de l’opinion publique et, bien sûr, aller contre l’opinion publique c’est être contre la démocratie. Il y a ici plusieurs manipulations auxquelles se livrent les médias.
L’opinion publique n’est pas la démocratie. Cette notion a émergé au siècle passé lorsqu’on a commencé à étudier la communication de manière générale et la communication de masse en particulier. Bien souvent le but de ces études était de voir comment influencer cette opinion dans un sens ou un autre. La gauche en est arrivée à la conclusion que « l’opinion publique n’existe pas » et surtout « qu’elle se travaille » (Bourdieu et Halimi). Il n’y a donc pas une opinion publique qui serait une fois pour toute contre le mouvement social. La bourgeoisie, elle, excelle dans ce travail de l’opinion publique : elle détecte les « faiseurs d’opinions », « les game-changer », les « lanceurs de tendances » et arrive à les acheter pour faire passer ses idées. Il ne faut pas croire que seul l’argent suffit, c’est un travail méticuleux et qui requiert du temps. Le nombre de lobbyste à la Commission Européenne en est un des meilleurs exemples. Face à cela, nous avons urgemment besoin de diffuser nos idées mais aussi d’en débattre. Pour cela, avoir nos propres médias, avoir la possibilité de porter des opinions contradictoires dans une manifestation ou dans des débats publics, organiser de réels débats publics contradictoires, pouvoir visibiliser la diversité d’opinions via des drapeaux ou des tracts est une absolue nécessité. À ce titre la tendance actuelle dans beaucoup de mobilisations à ne pas vouloir que s’exprime la contradiction devient un handicap pour les mouvements sociaux.
LES MÉDIAS SOCIAUX : BONS OU MAUVAIS ?
Ce débat revient souvent parmi nous, surtout au vu de l’actualité de ces derniers jours. Une chose est claire : les réseaux sociaux sont parfois utilisés comme catalyseurs et canaux de diverses frustrations. Surtout lorsque l’on désigne un objet facilement identifiable comme, dans notre cas, une grève. Mais les frustrations ne sont pas éternelles et parfois un phénomène de groupe poussé à son maximum entraîne son exact opposé. Prenons en pour exemple ces personnes qui sont victimes de bizutage ou de violence. Cette situation entraîne un tel dégoût que ces mêmes « réseaux sociaux » se solidarisent parfois avec la victime et qu’il arrive qu’ils lui viennent en aide matériellement, parfois plus que nécessaire. Ceux qui critiquent avec le plus de virulence les grèves peuvent aussi être ceux qui mettent la main à la pâte pour des opérations de charité comme Viva for Life ou CAP 48.
La RTBF, alors qu’elle venait de clôturer son opération annuelle de charité avec les personnes handicapées, a été très virulente contre ceux qui défendaient nos mécanismes de solidarité collectifs. Ces derniers sont pourtant de bien meilleures solutions pour mieux inclure les personnes en situation de handicap dans notre société. Cela prouve que nous devons encore convaincre et que les militants de terrain dans tous les secteurs doivent, dans leur communication, parler de la défense du travailleur et faire le lien avec la société dans son ensemble. Les médias sociaux peuvent être un outil dans cette démarche qui consiste à sortir le mouvement social de la case dans laquelle l’histoire médiatique voudrait nous faire rentrer.
Nous devons décloisonner notre action. Ne pas se contenter de réfléchir dans le seul cadre de nos lieux de travail. Nous devons démontrer qu’avec notre travail dans la production – l’action sociale, les soins de santé, les ONG, le non-marchand, l’éducation, le commerce, l’horeca et les services publics – ce sont tous ces secteurs qui font société. Défendre les travailleurs c’est aussi défendre ceux que les médias mainstream désignent comme « citoyens ». Le « consommateur » est bien souvent travailleur, tout comme le professeur a été élève, et le personnel soignant sera un jour patient. C’est bien le mouvement social qui défend les intérêts collectifs de la société, même s’il peine parfois à l’expliquer.
L’UNITÉ À LA BASE COMME RÉPONSE À LEUR DIVISION
L’unité du sommet des organisations progressistes est bienvenue mais ne sera pas le facteur déterminant qui nous fera gagner nos luttes. Ce dont nous avons avant tout besoin, c’est l’unité à la base de ceux qui veulent lutter contre les conséquences de l’austérité. Cela ne peut se faire qu’à travers des mots d’ordre clairs et une alternative qui doit être largement discutée. Marc Goblet a récemment déclaré qu’il allait proposer au Groupe des 10 la réduction du temps de travail. Pourquoi n’a-t-il pas d’abord essayé de mener cette discussion dans les différentes centrales et régionales, lors d’assemblées interprofessionnelles ou de débats publics ouverts à tous ? Pourquoi n’a-t-il pas invité ceux qui défendent cette revendication depuis longtemps ? Cela aurait pu stimuler un enthousiasme très fort dans la société qui aurait pu dépasser les seules frontières du syndicat socialiste. C’est avec ce genre de méthodes que nous pouvons faire face à l’attaque du patronat ! Ce n’est pas en lui demandant s’il juge bon que nous travaillions moins !
Nous subissons actuellement le meilleur de ce que la bourgeoisie et son gouvernement peuvent réaliser en termes de stratégie par des moyens « normaux » : un gouvernement de droite, une presse aux ordres, le ban et l’arrière-ban des faiseurs d’opinions mobilisés pour convaincre du bienfait de l’austérité. Malgré ça, les sondages d’opinions ne sont pas géniaux pour ce gouvernement. Mais nos réponses ne sont pas encore à la hauteur des attaques. En utilisant mieux nos outils et nos atouts, nous pouvons construire des victoires. Le mouvement social a encore bien des cartouches en bandoulière : notre rôle est de les insérer dans le chargeur.
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L’establishment essaye de criminaliser le mouvement syndical
Avec 100.000 personnes, la manifestation du 7 octobre fut un succès. Pareil pour la grève lancée par la FGTB Liège-Huy-Waremme et la FGTB-Verviers le 19 octobre. Tout comme l’attention médiatique s’était concentrée sur les troubles en marge de la manifestation des 150.000 du 6 novembre 2014, le blocage spontané de l’autoroute E40 a reçu les qualificatifs ‘‘d’apocalypse’’ (Sudpresse) ou encore de ‘‘délinquance en vareuse rouge’’ (La Libre).Par Fabian et Nico, article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste
La criminalisation du mouvement social est une pratique bien rodée pour discréditer la lutte. Ceux qui viennent manifester pour la première fois sont souvent marqués par la brutalité policière. Les manières de faire dégénérer une manifestation ne manquent pas en instrumentalisant la frustration de certains militants, si nécessaire avec l’aide de provocateurs. Il suffit de penser aux arrestations du 7 octobre, notamment commises par des agents portant foulards et autres insignes syndicaux.
Avec la grève du 19 octobre à Liège, il était clair à l’avance que le moindre prétexte soit utilisé pour taper sur l’ensemble du mouvement des travailleurs et insister sur la division du front commun. Le blocage de l’autoroute E40 a ainsi été utilisé pour criminaliser les grévistes. Et les choses ont encore empiré lorsque l’on a appris le décès d’une patiente au CHC (Centre Hospitalier Chrétien) d’Hermalle. Le CHC a porté plainte contre X pour homicide involontaire, se basant sur le fait que le chirurgien qui devait l’opérer avait été bloqué un moment par le barrage. Qu’il n’y ait eu qu’un seul médecin disponible, cela montre la gravité des pénuries dans les soins de santé. Et cela clarifie aussi que la médecine par prestation entrave la collaboration entre les divers hôpitaux et les médecins spécialistes. Evidemment, ce n’est pas ce qui est retenu à droite. Le député libéral David Clarinval a même reproché aux élus du PTB d’avoir du sang sur leurs mains!
Le syndicat des employés de la FGTB, le SETCa, a tenu à préciser divers points dans une lettre envoyée à ses affiliés. Premièrement, le CHC est justement le commanditaire d’un chantier où, tôt le matin du 19 octobre, les grévistes avaient découvert des travailleurs indiens exploités et vivant dans des containers. Les médias ont été quasiment muets sur ce point pourtant des plus scandaleux et l’attention a ensuite été déviée sur le blocage, à quelques centaines de mètres de là. La lettre rappelle aussi que ‘‘les coupes drastiques dans le financement des soins de santé de ces dernières années (…) poussent les différents acteurs à faire des économies constantes dans un univers de plus en plus concurrentiel. Combien de décès dus à ce sous-financement et à ses économies décidées par le politique ?’’ L’hôpital avait aussi refusé d’établir un service minimum, considérant qu’il ne subirait aucune perturbation, du fait que la CSC n’était pas en grève.
Ensuite, le CHC a reconnu dans la presse ne pas prétendre qu’il y a eu un lien de cause à effet entre le blocage et la mort de la patiente mais qu’il voulait ‘‘ouvrir un débat sur les limites du droit de grève’’. Donc après avoir porté des accusations très graves envers les militants syndicaux, le CHC dévoile sa véritable intention… à savoir limiter le droit de grève. On peut difficilement être plus clair.
Quelques jours plus tard, la députée N-VA Zuhal Demir a déclaré en ‘‘avoir soupé des syndicats’’ et a saisi l’occasion pour demander de ‘‘repréciser le droit de grève dans la loi’’ et… de soumettre les syndicats à ‘‘la responsabilité juridique’’! Cette revendication n’était défendue que par l’extrême droite par le passé, avec l’idée de briser les syndicats en les rendant juridiquement responsables des actes de chacun de leurs affiliés et en les obligeants à dévoiler leurs comptes et plus précisément les montants de leurs caisses de grève. Philippe Godfroid, président de l’Union des classes moyennes (UCM) a abondé dans le même sens.
Ce blocage spontané s’explique car ‘‘les travailleurs sont exaspérés parce qu’ils ne sont pas entendus, ni par le gouvernement ni par le patronat’’, a déclaré Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB. C’est vrai. Mais bon nombre sont aussi exaspérés par le temps qui a été perdu après la grève générale nationale du 15 décembre. Nous avions l’occasion de faire chuter ce gouvernement des riches et l’occasion a été gâchée. Encore aujourd’hui, rien de précis n’émerge quant à la stratégie syndicale suivie pour balayer l’austérité. Si la colère justifiée des travailleurs ne peut s’exprimer dans un plan d’action sérieux et crescendo, avec des objectifs clairs, jusqu’à la chute du gouvernement, alors celle-ci s’exprimera autrement. A partir de maintenant, il ne faut pas faiblir face à l’offensive de la droite sur l’opinion publique, mais au contraire serrer les rangs et riposter de manière organisée et sérieuse.
