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Tag: Donald Trump
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Changement climatique : Trump remet les gaz !

Le 1er juin, Donald Trump a officiellement annoncé son intention de quitter les accords de Paris sur le climat conclus lors de la Conférence des Nations-Unies sur le climat de 2015 (la COP21). Une telle décision était déjà dans l’air depuis un bon moment : le président américain n’a jamais fait mystère de ses positions sur la question climatique que ce soit en nommant un climato sceptique notoire à la tête de l’Agence pour la Protection de l’Environnement et en réduisant son budget de 31%, ou encore en tentant de relancer l’industrie du charbon en mettant un terme au Clean Power Plan dont l’objectif était de fermer des centaines de centrales à charbon extrêmement polluantes.
Par Clément (Liège)
Une catastrophe en marche
La situation climatique de la planète est pourtant plus préoccupante que jamais. L’année 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, la température moyenne excédent de 1,1° les niveaux préindustriels et dépassant ainsi le précédent record établi en 2015. Selon le National Climatic Data Center américain, les températures du premier trimestre 2017 augurent déjà un nouveau record. 20 ans après la signature du protocole de Kyoto qui visait à réduire les émissions de six gaz à effet de serre d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 entre 2008 et 2012. En effet, l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter, à un tel point que la National Oceanic and Atmospheric Administration a relevé en certains endroits des niveaux de concentration de CO2 d’un taux jamais atteint au cours de 2 derniers millions d’années.(1)
Outre l’impact sur la fonte des glaces, l’augmentation de la sécheresse, la fréquence et la violence des événements climatiques extrêmes (tempêtes, canicules, tornades, inondations et glissements de terrain…) menace directement la vie humaine. D’après une étude de l’institut German Watch, 525.000 personnes ont perdu la vie entre 1995 et 2014 à cause d’événements climatiques liés au réchauffement global. Et parmi les 10 pays les plus touchés, 9 sont des pays pauvres ou en voie de développement. Aux victimes directes, il faut ajouter les victimes indirectes qui sont confrontées à l’impact des changements climatiques sur leur environnement proche et leurs moyens de subsistance.
Les emplois contre le climat ?
Trump justifie son retrait des accords de Paris par sa volonté de ‘‘ramener des emplois en Amérique’’. Il prétend que les réglementations écologiques détruiraient l’emploi, notamment dans l’industrie minière qu’il s’est promis de relancer. Mais croire que l’on peut sauver l’emploi en sacrifiant l’environnement n’est qu’une dangereuse illusion. D’une part parce que l’industrie minière, principale concernée, est une industrie de plus en plus automatisée, ce qui, aux mains des capitalistes, conduit à des pertes plutôt qu’a des créations d’emplois. D’autre part, parce que les emplois qui pourraient être créés par une politique résolument orientée vers la production d’énergies renouvelables et la transition écologique sont nettement plus nombreux que ceux qui disparaîtront avec la fermeture des mines.
Actuellement, plus de 680 000 personnes travaillent déjà dans le secteur des énergies renouvelables (avec une croissance annuelle de plus de 6%) contre seulement 50 000 dans les mines. Cela signifie qu’en appuyant légèrement sur l’accélérateur des énergies propres, on pourrait recréer en une seule année la totalité de l’emploi minier, voire davantage.
Par ailleurs, il serait erroné de croire que l’ensemble de la classe capitaliste américaine serait favorable au retrait des accords de Paris. Si certaines franges d’industriels voient cela d’un bon œil, il n’en va pas de même pour une majorité de capitalistes américains inquiets d’observer la perte d’autorité diplomatique des États-Unis sur le plan international et peu désireux de laisser leurs rivaux prendre de l’avance dans le secteur en pleine extension des énergies renouvelables. C’est en substance ce qu’illustre l’initiative ‘‘We are still in’’ par laquelle sept États américains et de nombreuses villes et entreprises se positionnent en faveur des accords de Paris. À ce titre, la décision de Trump de se retirer des accords de Paris devrait plutôt être vue comme la tentative d’une administration fragilisée par des défaites successives de consolider une base sociale autour de la question-clef de ‘‘ramener des emplois en Amérique’’.
Accords climatiques et poudre aux yeux
Que le plus gros producteur d’énergies fossiles et deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre se retire d’un accord par lequel 200 pays se sont entendus pour limiter les émissions de CO2 et remplacer progressivement l’énergie fossile par des énergies renouvelables est évidemment un mauvais signal qui aura des conséquences imprévisibles. Mais cela doit également rappeler la faiblesse de ce type d’accords. Depuis le Sommet de Rio de 1992, la situation n’a fait qu’empirer. Et la COP21 ne devait pas inverser la tendance. Ainsi, si l’accord négocié à Paris reconnait la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2° d’ici 2100 (un seuil déjà fortement critiqué), il ne comporte aucune mention de la nécessaire limitation de l’extraction de carburants fossiles (80% des réserves connues devraient rester dans le sol pour atteindre l’objectif fixé !), il ne fixe aucun objectif intermédiaire à la réalisation d’un ‘‘niveau d’émission zéro’’ d’ici 2050 et, cerise sur le gâteau, il doit être appliqué sur base volontaire… Autant dire que pour historique qu’il soit, il n’a rien de très contraignant.
Le mépris de Donald Trump pour un fait reconnu par 97% des scientifiques et la tiédeur des accords passés par des dirigeants moins obtus soulignent en fait le même phénomène : impossible d’apporter une réponse radicale aux défis écologiques tant que les premiers pollueurs – les grandes entreprises – contrôlent notre système de production pour le profit de quelques-uns. Répondre à la question climatique exige de pouvoir contrôler – c’est-à-dire posséder – les secteurs clefs de l’économie pour permettre des investissements massifs dans les énergies renouvelables, la recherche & développement, les transports en commun, … dans le cadre d’une économie rationnelle et planifiée qui réponde aux besoins du climat et de la majorité de la population.
1) http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/05/09/tous-les-indicateurs-du-rechauffement-climatique-sont-au-rouge_5124694_3244.html
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Croissance de l’instabilité et des tensions. La troisième guerre mondiale menace-t-elle?

La Syrie. Photo : Wikimedia La guerre en Syrie se poursuit avec l’implication directe ou indirecte de diverses grandes puissances. Les USA et l’Europe occidentale s’y trouvent couteaux tirés face à la Russie. Le président américain Trump a lancé la ‘‘mère de toutes les bombes’’ – la plus puissante bombe non nucléaire – sur l’Afghanistan. Les États-Unis menacent d’envoyer une flotte en Corée du Nord, dans l’arrière-cour de la Chine. Pendant ce temps, les tensions en Ukraine et ailleurs ne s’atténuent pas. À cela s’ajoutent encore les conflits commerciaux entre les grandes puissances. Tout cela peut-il dégénérer en une troisième guerre mondiale ?
Par Geert Cool
La mondialisation en crise
Les années 1990 ont été caractérisées par la croissance économique et le triomphalisme idéologique du néo-libéralisme. L’effondrement de la caricature stalinienne totalitaire de socialisme en Europe de l’Est et en Europe centrale a chassé l’idée d’une alternative au capitalisme vers un arrière-plan lointain. Les anciens partis ouvriers et même une partie des dirigeants syndicaux ont étés entrainés dans la logique néolibérale du marché libre tout-puissant.
L’ouverture de nouveaux marchés (les anciennes économies bureaucratiquement planifiées) et la croissance économique ont rendu possible une plus grande unification des pays et blocs capitalistes. Ainsi, l’Union européenne s’est développée à côté de nombreux autres accords commerciaux internationaux. La ‘‘mondialisation’’ – une phase du capitalisme marquée par une coopération internationale renforcée pour maintenir les profits – a immédiatement été présentée comme l’ultime garantie de la paix et du progrès.
Au début de ce siècle déjà, il était évident que cette mondialisation ne profitait qu’aux plus riches et que les inégalités ne faisaient que se creuser. Depuis le déclenchement de la crise économique en 2008, les tensions tant au sein de l’Union européenne qu’entre les différentes grandes puissances ont à nouveau augmenté. Le capitalisme n’a pas pu transcender les frontières nationales et éradiquer les contradictions entre les diverses bourgeoisies nationales. La méfiance croissante envers le système et ses institutions attise l’instabilité politique, d’où l’élection de l’incontrôlable Donald Trump.
Guerre & conquête des marchés
Le révolutionnaire Léon Trotsky décrivait la Première Guerre mondiale comme la faillite d’un système pourrissant sur base de ses propres contradictions. Il a écrit en 1914: ‘‘La guerre de 1914 est la plus grande convulsion économique d’un système qui meurt de ses propres contradictions. Toutes les forces historiques qui furent appelées à dominer la société bourgeoise, à parler en son nom et à l’exploiter (…) sont balayées par la banqueroute historique de 1914.’’
La guerre était essentiellement une lutte pour de nouveaux marchés. L’intégration globale de l’économie n’avait pas mis fin aux différents intérêts historiques, économiques, politiques et stratégiques des classes dirigeantes nationales. La guerre en était l’expression tragique. Comme le socialiste français Jean Jaurès assassiné tout au début de la guerre le faisait remarquer: ‘‘Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage’’.
La fin de la Première Guerre mondiale a été précipitée par les révolutions en Russie (1917) et en Allemagne (1918). Cependant, l’absence d’une expansion internationale de la révolution victorieuse en Russie a permis à la classe capitaliste de conserver son pouvoir. Les causes sous-jacentes de la guerre n’ont pas pour autant disparu et la période de crise économique des années 1930 les a de nouveau fait émerger de manière plus nette. L’écrasement du mouvement ouvrier allemand sous la poigne de fer du fascisme a ouvert la voie à une nouvelle guerre mondiale. Comme le théoricien militaire Clausewitz le soulevait, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens.
La Seconde Guerre mondiale a été particulièrement dévastatrice avec des millions de morts et l’utilisation d’armes de destruction massive les plus modernes. Les nazis ont affronté le peuple de l’Union soviétique sur le front de l’Est qui, en dépit de l’extrême manque de préparation de la part du régime stalinien, a refusé de se rendre pour ne pas retourner à la période antérieure à la révolution. Ailleurs, la résistance de la population était également forte. Ainsi, à l’été 1940 en Pologne, la résistance armée regroupait déjà 100.000 combattants. L’avancée de l’armée rouge en Europe de l’Est et le renforcement des forces de combattantes de la résistance ont forcé les États-Unis à intervenir dans la guerre. Ces derniers voulaient à tout prix éviter que la Seconde Guerre mondiale finisse de la même manière que la première: par une révolution ouvrière victorieuse qui mette fin au capitalisme et aurait par ailleurs aussi conduit à une révolution politique mettant de côté la bureaucratie stalinienne totalitaire en Union soviétique.
Les contradictions existent toujours
Les contradictions qui ont conduit à la Deuxième Guerre mondiale existent toujours. Les États-nations se battent entre eux pour le bénéfice économique et pour la conquête de nouvelles positions stratégiques. D’énormes ressources sont allouées à l’achat d’armes de guerre et à la recherche militaire. Imaginez si ces moyens étaient utilisés pour les investissements massifs dans les soins de santé, l’enseignement et le logement! Plusieurs pays capitalistes sont capables de se détruire les uns les autres et même de détruire le monde, mais ils échouent à éradiquer la faim.
Une nouvelle guerre mondiale semble toutefois exclue en ce moment pour plusieurs raisons. Une telle guerre conduirait à la destruction complète de la planète, ou tout au moins à un risque élevé que cela ne se produise. Les capitalistes sont prêts à aller très loin dans la défense de leurs intérêts, y compris le changement climatique qui met la planète en danger, mais une destruction complète va trop loin, pour eux aussi.
Et puis, il existe un autre facteur décisif qui est souvent ignoré par les historiens et les médias établis: le rôle de la classe ouvrière. Une opposition massive à la guerre peut conduire au questionnement du système capitaliste lui-même. En 2003, le mouvement anti-guerre n’est pas parvenu à empêcher l’invasion de l’Irak, mais il a tout de même démontré le potentiel d’un mouvement mondial. Des millions de personnes sont descendues dans les rues au même moment et si ce mouvement s’était davantage développé à travers des grèves, cela aurait rendu la guerre en Irak très difficile. Avant ça, les manifestations de masse ont joué un grand rôle pour mettre un terme à de la guerre du Vietnam.
Avec la protestation américaine contre Trump qui a déjà mis des millions de personnes dans la rue et avec une quête croissante d’alternatives en Europe (pensez au soutien à Mélenchon, à Podemos et, avant sa transformation en une extension politique de la Troïka austéritère, aussi à SYRIZA en Grèce), nous sommes dans une phase de croissance des luttes. Cela pourrait conduire à un mouvement de masse sans précédent qui empêchera de nouveaux pas vers une guerre mondiale et contestera parallèlement le capitalisme lui-même.
Y a-t-il une issue à la guerre en Syrie?
C’est très bien tout ça, penseront certains lecteurs, mais pendant ce temps, le massacre barbare se poursuit en Syrie. Comment peut-il être stoppé ? Déterminer quel est le problème est une condition sine qua non pour apporter des éléments de réponses. Cette guerre a été causée par des années d’ingérence des puissances impérialistes dans la région et par les régimes locaux et régionaux qui ont pu construire et maintenir leur position dominante sur une base sectaire. Nous n’avons rien à espérer de ces forces. Celui qui a des illusions sur le rôle que pourrait jouer la Russie ou même dans les interventions militaires américaines pour une sortie de crise se trompe.
Les années d’oppression et de guerre destructrice n’ont pas permis au mouvement populaire de 2011 en Syrie de poursuivre son développement. Des forces sectaires tiennent maintenant le haut du pavé. Malgré ce contexte très sombre, des tentatives de solutions existent, comme dans la région kurde du Rojava. Cela illustre qu’il pourrait en être autrement. Les causes de la vague de soulèvements et les mouvements révolutionnaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2011 existent toujours. L’évincement des dictateurs comme Moubarak (Égypte) et Ben Ali (Tunisie) n’ont toutefois pas suffi: l’ensemble du système doit être balayé. De nouveaux mouvements de masse écloront et auront un impact sur la population en Syrie.
Nous pouvons préparer cela au mieux en insistant sur l’importance d’une position de classe indépendante: les opprimés doivent s’unir indépendamment de leur ethnie et de leur religion dans une lutte contre la classe dirigeante. Il est absurde de lutter pour la paix en soutenant un camp capitaliste contre l’autre. Elle ne sera pas non plus atteinte en mettant tout espoir dans des forces bourgeoises. Nous devons être indomptables et insoumis dans notre combat pour une société socialiste.
L’horreur de la guerre est une conséquence sanglante du capitalisme. Tant que le capitalisme existe, cette tendance à la barbarie continuera à réapparaître. Pour éviter la guerre, nous devons lutter contre le capitalisme. Des partis des travailleurs et de la jeunesse indépendants et massifs qui défendent une alternative socialiste internationaliste demeurent la meilleure garantie contre la guerre. Ils peuvent jeter les bases d’un monde socialiste basé sur la planification démocratique de l’économie, ce qui éliminerait la concurrence pour les marchés et la défense d’intérêts économiques particuliers, des luttes inévitables sous le capitalisme et qui continuent à provoquer des conflits.
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USA. Les femmes en ligne de mire, mais aussi en première ligne de la résistance

25 mai, manifestation “Trump not welcome” à Bruxelles. Photo: socialisme.be Avant même qu’il ne devienne président, de très nombreuses femmes (mais pas que!) se sont inquiétées de la teneur des propos misogynes de Donald Trump, mais aussi des mesures socio-économiques et des coupes budgétaires dans les quelques aides sociales existantes qu’il projetait. Si la peur peut figer, elle peut aussi mettre en mouvement les masses et favoriser les discussions sur le type de lutte et d’alternatives dont nous avons besoin pour faire face aux politiques orientées vers la classe des milliardaires qui utilise les divisions (le racisme, le sexisme,…) pour se maintenir au pouvoir. Le 21 janvier, lendemain de l’investiture de Trump, pas moins de 3,5 millions de personnes sont descendues dans les rues lors des Women’s march : du jamais vu aux USA ! Et, depuis, le mouvement de contestation se poursuit et se construit !
Par Emily (Namur), article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Trump ne se contente pas de politiques sexistes, il use et abuse de propos à caractère misogyne. L’enregistrement dans lequel il a affirmé ‘‘Grab’em by the pussy’’ (‘‘attrapez-les par la chatte’’ – traduction libre) a fait grand bruit. En plus de dénoncer ces mots, les manifestations contre la politique de Trump se sont réapproprié ces propos en les retournant : de nombreuses personnes se définissent comme des ‘‘pussy grabber’’ et revêtent un bonnet rose aux oreilles de chat comme symbole de protestation.
A nous de choisir !
Trump a demandé aux femmes de son administration ‘‘de s’habiller comme des femmes’’, en jupe et talons hauts. Les dictats vestimentaires, en particulier vis-à-vis des femmes, sont courants. La municipalité de Dadeville en Alabama souhaite, elle, interdire aux femmes de porter jupe, robe et short court ! Au coeur de la culture du viol, ces injonctions voudraient rendre les femmes victimes d’une agression responsables de cette dernière parce que, en tant que femmes, elles n’auraient pas à se trouver à tel endroit à telle heure ou à se vêtir comme elles le souhaitent.
Nous ne sommes pas en reste de ce côté-ci de l’Atlantique avec le Forem qui dispense des cours sur la manière de s’habiller et de se maquiller pour décrocher un emploi. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) autorise quant à elle depuis mi-mars les entreprises à interdire le port du voile à leurs salariées. La CJUE argumente que si cette volonté de neutralité s’applique à tous, elle n’est en rien discriminatoire vis-à-vis des musulmanes. Et pourtant, ce sont bien elles qui sont ciblées ! Décrocher un emploi leur deviendra encore plus difficile.
A l’image des lycéennes de Valence (France) qui protestent pour pouvoir s’habiller comme elles le souhaitent, nous devons poursuivre la lutte pour le droit de chaque personne à s’habiller comme elle l’entend ; à elle de choisir pantalon ou jupe, la longueur de cette dernière ainsi que ce qu’elle porte sur la tête sans que des pressions extérieures ne soient exercées, par la famille comme par l’école ou l’employeur.
Le droit de choisir, les femmes doivent également l’avoir en matière de santé sexuelle et reproductive. Trump est farouchement opposé à cela et, n’ayant pas la compétence d’interdire l’avortement (compétences des Etats), il a supprimé les subsides à toute organisation internationale qui pratique l’IVG ou qui renseigne à ce sujet. Il met en exemple le Texas qui autorise désormais les médecins à mentir sur l’état de santé de l’embryon pour éviter qu’une femme décide de mettre fin à une grossesse dans un contexte où il n’existe pratiquement pas d’aide sociale pour les personnes malades ou handicapées !
Trump a également nommé un farouche opposant à la santé sexuelle et reproductive comme nouveau juge à la Cour suprême. En plus de s’opposer à l’avortement, il juge que des entreprises ont le droit, pour raisons religieuses, de refuser de donner à leurs employées une couverture santé qui rembourse la contraception. Nombreux sont celles et ceux qui, dès l’élection de Trump, sont descendus dans les rues pour s’opposer à cette politique. La lutte victorieuse des Polonaises contre le projet de loi interdisant totalement le recours à l’avortement (dont nous avons déjà parlé dans une précédente édition de ce journal) illustre que la lutte paie !
Pour des soins de santé accessibles et de qualité
Trump a finalement réussi à faire passer son Affordable Health Care Act (AHCA) à la Chambre des représentants qui exclura de toute possibilité de couverture santé pour 24 millions d’Américains. Les Etats ne sont désormais plus obligés de couvrir les ‘‘frais de santé essentiels’’ comme les soins obstétriques ou le soutien psychologique, y compris pour les personnes victimes de violences. Il permet également d’exclure d’une assurance maladie toute personne ayant une ‘‘maladie préexistante’’, c’est-à-dire toute maladie déclarée avant l’inscription chez l’assureur.
Ainsi, une personne ayant bénéficié d’un suivi post-traumatique ou d’un traitement anti-MST suite à un viol pourrait ne plus bénéficier d’une couverture santé ! Du point de vue de Trump et de ses amis assureurs, une victime de viol est une personne à risque. L’AHCA correspond à une coupe de 880 milliards de dollars dans la santé (dont la couverture était déjà plus que médiocre). Ces économies permettront à Trump de financer les réductions fiscales qu’il veut offrir aux plus riches. Pour les familles, c’est une catastrophe sans nom.
En Belgique, si on peut se targuer d’avoir une bien meilleure couverture santé, les 902 millions d’euros d’économie dans le secteur font mal. Les plus précaires doivent choisir entre se soigner ou se nourrir et se loger correctement. La santé des femmes est directement attaquée avec une restriction des budgets des plannings familiaux, des examens gynécologiques moins remboursés ou encore la diminution du nombre de jours en maternité. Les conditions de travail se détériorent pour les travailleurs, qui sont dans le secteur majoritairement des femmes. Ces derniers mois, le non-marchand est régulièrement descendu dans les rues pour protester contre les mesures d’économies et la charge excessive de travail. Cette lutte essentielle est aussi le plus grand mouvement de femmes et pour les droits des femmes actuellement en Belgique. La syndicalisation des femmes, certainement dans les secteurs où elles sont majoritaires, est importante pour construire un mouvement fort et uni pour des conditions de travail décentes et une augmentation de notre pouvoir d’achat.
La lutte contre Trump et les politiques pro-riches s’organisent aux États-Unis, les femmes y jouent un rôle clé. Manifestons en solidarité avec les luttes outre-Atlantique, mais également pour ne plus subir les politiques pro-riches ici.
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Trump déclare la guerre à l’environnement
L’année 2016 fut, pour la troisième année de suite, la plus chaude jamais enregistrée. Les calottes glaciaires fondent à des vitesses toujours plus rapides, les tempêtes et la destruction des écosystèmes deviennent la norme. Les scientifiques exigent que des mesures soient prises, telles que se débarrasser des combustibles fossiles et investir dans l’énergie verte et durable. La question de l’impact humain sur l’environnement ne fait plus débat, 97% des scientifiques conviennent que le changement climatique mondial est dû à l’activité humaine. Mais la science, pour le président Donald Trump, ce n’est pas si important. Pour lui, le changement climatique n’est qu’un canular. L’homme au gouvernail du pays qui produit environ 25% des émissions mondiales de CO2 estime que ces gaz toxiques n’ont pas d’impact négatif sur notre climat.Par Toya Chester, Socialist Alternative. Article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Même la personne placée par Trump à la tête de l’agence gouvernementale de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, ne fait pas confiance à 97% des scientifiques! Lorsqu’il était procureur général de l’Oklahoma il avait d’ailleurs poursuivi à plusieurs reprises l’EPA. Toute sa carrière a été dévouée à l’industrie des combustibles fossiles.
Sans doute que Trump annoncera-t-il bientôt l’abandon de toute tentative d’atteindre les objectifs auxquels les États-Unis s’étaient engagés à Paris lors de la COP21 en 2015 (réduire les émissions de carbone de 26% par rapport au niveau de 2005 d’ici 2025). Notons que ces restrictions d’émission sont largement inférieures à ce dont nous avons besoin pour prévenir des changements climatiques catastrophiques.
Trump demandera à Pruitt d’abandonner le Clean Power Plan visant à fermer des centaines de centrales au charbon fortement polluantes. Tout en proposant de réduire le budget de l’EPA de 31%, Trump et Pruitt chercheront également à abandonner les normes standards d’émissions installées sous Obama. Bon nombre de ces propositions seront contestées devant les tribunaux fédéraux, mais leur impact sur les efforts que consentirons à faire les gouvernements capitalistes pour lutter contre le changement climatique sera dévastateur.
Trump et les républicains sont prêts à s’en prendre frontalement à leur propre base électorale, cela a notamment été démontré dans le domaine des soins de santé. La déréglementation de la protection de l’environnement nuira également aux travailleurs qu’ils prétendent représenter. Sous prétexte de permettre à l’industrie du charbon de créer plus d’emplois, Trump propose d’en finir avec la réglementation de l’eau potable ! Les sociétés minières pourraient ainsi déverser leurs déchets dans des cours d’eau traversant souvent les zones rurales d’où viennent les anciens mineurs. Ces zones pourraient s’assécher pour de longues périodes.
L’industrie du charbon est hautement automatisée (comme beaucoup d’emplois de nos jours) et a de moins en moins besoin de mineurs. Ce ne sont pas les lois écologiques qui ont éliminé les dizaines de milliers d’emplois du secteur, c’est le progrès technologique instrumentalisé par l’élite qui a mis les gens sur la paille.
De la poêle à frire au feu
Face au mépris de Donald Trump, l’administration Obama paraîtrait presque exemplaire. En général, les gens ne pensent pas à la production de pétrole en pensant aux années Obama. Pourtant, pendant ses mandats, les États-Unis ont augmenté leur extraction quotidienne de barils de pétrole de plus de 70%, y compris grâce à la technique de la fracturation hydraulique responsable.
Cette méthode d’extraction de pétrole et de gaz met les agriculteurs en concurrence avec les compagnies pétrolières pour l’approvisionnement en eau, celle utilisée dans la fracturation hydraulique est empoisonnée et rendue inutilisable. Non seulement cette méthode intoxique environ 53 milliards de litres d’eau par an, mais elle ruine aussi le cycle naturel de l’eau, ce qui étend les zones de sécheresses. La fracturation hydraulique libère également du méthane qui est plus de 80 fois plus efficace pour piéger la chaleur que le CO2. Cela accélérera inévitablement ce processus !
Seules de petites tentatives ont été mises en place pendant la présidence d’Obama pour tenter d’atténuer les émanations de CO2 dans l’atmosphère. Obama a bloqué la construction du pipeline Keystone XL et, dans les derniers jours de son administration, a également bloqué la construction du pipeline Dakota Access, mais uniquement à la suite d’une lutte extrêmement déterminée et acharnée impliquant notamment des milliers d’Amérindiens. Trump est tragiquement revenu sur ces décisions.
La résistance permanente
En 2014, près d’un demi-million de personnes ont manifesté à New-York pour le climat. Cette année, il y a déjà eu la Marche pour la science du 22 avril à Washington qui a rassemblé quelques dizaines de milliers de personnes et la Marche pour le climat du 29 avril, toujours à Washington, avec plus de 200.000 manifestants.
Le mouvement écologiste a besoin du soutien du mouvement ouvrier pour lutter contre les tentatives de l’industrie des combustibles fossiles d’opposer l’emploi à l’environnement. La bataille doit être gagnée au sein du mouvement syndical pour soutenir l’appel à un vaste programme d’investissement dans des infrastructures vertes pour une transition énergétique rapide et offrir des emplois de qualité à tous ceux qui travaillent actuellement dans le secteur des combustibles fossiles.
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Trump peut être vaincu. Toute la question est de savoir comment…
100 jours après être entré à la Maison-Blanche, Donald Trump dispose du plus faible soutien pour un président de toute l’histoire des Etats-Unis. Ce n’est en rien surprenant, il a déjà été élu en tant que deuxième politicien le plus haï. Sa grande chance fut d’avoir pour adversaire une politicienne tout aussi détestée: Hillary Clinton. Vous êtes en droit de penser que Trump ne tiendra jamais le coup toute la durée de son mandat. Et c’est vrai. Trump et son cabinet peuvent être renversés. Cela exige juste de disposer de la stratégie appropriée. Dans le cas contraire, il n’est pas exclu que Trump puisse même bénéficier d’un second mandat en 2020.Par Bart Vandersteene, porte-parole du PSL etspécialiste des luttes sociales aux USA
L’entrée en fonction officielle de Donald Trump, fin janvier, fut l’occasion des plus grandes manifestations de l’histoire du pays. Des millions d’Américains sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère et leur révolte. Les marchés boursiers étaient par contre à la fête, les yeux pétillants à l’idée de nouvelles réductions d’impôts et mesures de déréglementation financière. Trump n’était pas le favori d’une bonne partie de l’élite dirigeante, c’est vrai. Mais les capitalistes peuvent se montrer flexibles. Une fois Trump élu, ils ont essayé d’exploiter la situation à leur avantage.
Pour l’establishment, le plus gros problème, ce sont les troubles sociaux et les mobilisations de masse. Pour y faire face, il peut faire appel à la direction du Parti démocrate. En essayant de se placer à la tête du mouvement anti-Trump, cette dernière vise à éviter qu’il s’aventure dans des eaux plus radicales. Mais l’autorité de la direction démocrate a elle aussi reçu quelques claques sévères. L’intérêt du mouvement social exige qu’il construise ses propres organisations, des organisations indépendantes des deux partis de Wall Street.
Trump essaye d’imposer ses vues
Ces dernières semaines, Trump a surtout fait parler de lui concernant la politique étrangère, domaine où il a adopté un style fait de déclarations martiales et d’interventions militaires. Intimider d’autres pays est une manière classique et sanglante de détourner l’attention des problèmes intérieurs. À cet effet, Trump semble changer son approche, initialement plutôt isolationniste, en faveur d’une politique étrangère plus interventionniste.
L’offensive menée contre les soins de santé, le Trumpcare, est probablement la mesure dont l’impact sera le plus retentissant et qui suscitera le plus de résistance. L’Obamacare avait ses limites, mais ce système garantissait tout de même l’accès de millions d’Américains à une certaine forme de soins de santé, en permettant aux entreprises privées de transférer certaines factures vers d’autres assurés ou vers les autorités publiques. La réforme de Trump ne vise pas à corriger les éléments les plus faibles de l’Obamacare, c’est tout l’inverse. L’accès aux soins de santé sera dramatiquement réduit.
Jamais encore le pays n’a connu un tel soutien en faveur d’un système universel de soins de santé publique à la place du mécanisme actuel reposant sur des assureurs privés. Bernie Sanders a pu bénéficier d’un écho phénoménal en se prononçant sur ce sujet. Mais le Parti démocrate exclut cette approche car elle signifie de heurter de plein fouet l’industrie pharmaceutique et le secteur des assurances.
Sanders est devenu l’homme politique le plus populaire des États-Unis, avec 57% d’opinions favorables. Tous les sondages mettent en avant qu’il aurait remporté la présidentielle s’il s’était retrouvé à la place de Clinton contre Trump, avec une moyenne de 56% contre 44%. Qu’un homme politique âgé de 75 ans qui se réclame ouvertement du socialisme devienne l’homme politique le plus populaire de ce pays en dit long sur l’attrait exercé par les idées socialistes. Cela en dit également beaucoup sur le dégoût qu’a la classe des travailleurs des deux grandes familles politiques traditionnelles. Républicains et Démocrates défendent une politique tout entière dévouée à la défense des intérêts de la petite élite capitaliste. Pour 62% des Américains, le Parti républicain a perdu contact avec les gens ordinaires. Le verdict est tout encore plus spectaculaire pour le parti démocrate: 67%. La victoire de Trump ne doit pas être confondue avec un enthousiasme pour son programme, ce fut l’expression du rejet massif de toute la clique de l’establishment démocrate personnifié par Clinton.
Cette situation impose de créer un nouveau mouvement politique de masse socialiste, indépendant des démocrates et des républicains et sur lequel le monde de l’argent n’aurait aucune prise. Malheureusement, Bernie Sanders continue à nourrir l’illusion que le Parti démocrate peut être réformé. Beaucoup de militants sincères se retrouveront ainsi dans un cul-de-sac. Pendant ce temps, des milliers d’Américains rejoignent les organisations explicitement socialistes, à l’instar de notre organisation soeur, Socialist Alternative. Il existe un énorme potentiel pour des actions de masse contre Trump, son cabinet et sa politique. Dans tout le pays, des manifestations de masse et des actes de désobéissance civile ont eu lieu. Grèves et actions sur les lieux de travail doivent maintenant se développer afin d’accroitre la pression. La lutte contre le Trumpcare pourrait servir de catalyseur.
Toute forme de résistance et d’opposition à Trump qui porte l’empreinte des démocrates et / ou du clan Clinton sera vouée à l’échec. On ne peut lutter contre Trump et poser les bases d’une alternative progressiste en se basant précisément sur ce qui a assuré sa victoire.
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[VIDEOS] La campagne ROSA à la manif “Trump not welcome”
Ce 24 mai, plus de 10.000 personnes étaient présentes à Bruxelles pour la manifestation “trump not welcome” à l’occasion de la visite de Donald Trump en Belgique. Cette vidéo reprend une courte prise de parole qui explique pourquoi la campagne ROSA (résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était présente.Tract distribué par ROSA:
LES FEMMES EN LIGNE DE MIRE… ET EN PREMIÈRE LIGNE DE LA RÉSISTANCE !
3,5 millions de personnes (beaucoup de femmes, mais pas que !) sont descendues dans les rues lors des Women’s march. Elles s’inquiétaient des propos misogynes de Donald Trump, mais aussi des coupes budgétaires massives qu’il projetait.
Ici aussi, dictas vestimentaires, objectivisation du corps des femmes et culture du viol persistent. Les attaques contre nos conquêtes sociales précarisent davantage les femmes : hyperflexibilité du travail difficilement compatible avec une vie privée, austérité dans les services publics, 902 millions € de moins pour la santé et des attaques contre l’accès à la santé sexuelle et reproductive (contraception, IVG, maternité…).
– Mon corps, mon choix, ma liberté !
– Pour des soins de santé et des services
publics accessibles, abordables et de
qualité !
– Solidarité internationale contre toutes les
formes de discrimination !ORGANISONS-NOUS POUR RÉSISTER CONTRE L’OPPRESSION, LE SEXISME ET L’AUSTÉRITÉ
Lorsque les masses se mettent en mouvement, les discussions sur le type de lutte et d’alternatives se développent pour déterminer comment contrer les politiques pro-riches qui utilisent les divisions pour se maintenir au pouvoir.
La campagne ROSA veut pleinement prendre part à ce débat et défendre la solidarité comme outil de lutte. Nous promouvons et organisons des actions et des campagnes contre le sexisme, l’austérité et le système qui les entretient : le capitalisme. La campagne ROSA a été initiée par le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), mais se veut un instrument de lutte ouvert à toutes celles et ceux qui soutiennent son message et souhaitent s’impliquer dans ce combat.
N’attends plus,
– deviens membre de ROSA !
– crée un groupe ROSA dans ton école,
sur ton campus ou dans ton quartier.contact@campagneROSA.be – 0474 35 30 36 (Emily)
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Manifestation “Trump not welcome”: Résistance contre Trump et son monde!
Hier, plus de 10.000 personnes étaient présentes dans les rues de Bruxelles pour rejeter le racisme, le sexisme, les guerres, la pauvreté,… incarnés par le président Donald Trump en visite dans notre pays. Le plus souvent, les manifestants ne manquaient pas de préciser que la résistance était également nécessaire contre les nos Trump locaux, comme l’illustrait ainsi une banderole “Trump, casse-toi, et prends Francken avec toi!”La manifestation “Trump not welcome” était colorée et représentait une grande diversité. La mobilisation vers cet événement avait d’ailleurs été portée par de nombreuses ONG, organisations politiques et structures syndicales. Nous étions bien entendu présents, notamment avec une délégation dynamique et animée autour de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité). A Gand, la campagne avait organisé une petite manifestation vers la gare qui a réuni quelques dizaines de jeunes pour partir ensemble vers la capitale. Des dizaines d’autres les ont rejoints à Bruxelles pour crier ensemble des slogans contre le sexisme, le racisme, l’homophobie, la guerre et l’austérité.
Si une chose a été démontrée par cette manifestation, c’est que la résistance sociale active contre le trumpisme, qu’il soit des Etats-Unis ou de Belgique, dispose d’un beau potentiel. Les nouvelles de cette mobilisation auront à n’en pas douté renforcé la résistance aux Etats-Unis en montrant que l’opposition à Trump n’est pas isolée. Partout dans le monde, des voix s’élèvent contre l’agenda politique réactionnaire.
Les réactions enthousiastes que notre matériel politique a suscité démontrent aussi que beaucoup de manifestants n’entendaient pas en rester là. Nous avons vendu plus de 150 exemplaires de notre journal, Lutte Socialiste, plus de 100 personnes ont laissé leurs coordonnées en vue de discuter de nos activités et de notre programme tandis que plus de 500 euros de fonds de lutte ont été récoltés, essentiellement au travers de nos badges.
Cette manifestation n’est pas un point final, elle illustre qu’une couche croissante de gens veut être activement impliquée dans la résistance contre le populisme de droite, le racisme et le sexisme. Construisons un puissant mouvement social combatif pour défendre la nécessité d’une alternative socialiste contre la guerre et la misère inhérents au capitalisme. Vous aussi, participez à ce combat ! Vous nous avez rencontré à cette manifestation mais n’avez pas laissé vos coordonnées à l’un de nos militants ? Contactez-nous dès aujourd’hui via info@socialisme.be.
Photos de Liesbeth:
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Eviction du patron du FBI. Trump s’enfonce dans la crise
Depuis que Trump a viré le directeur du FBI James Comey, la crise politique qui a éclaté à Washington grandit de jour en jour. Les importantes divisions au sein de l’élite politique et de l’appareil étatique n’ont jamais été aussi intenses – le résultat des actes autoritaires de Trump. Les dizaines de millions de personnes qui étaient déjà opposées à la politique raciste, sexiste et anti-travailleurs de Trump, un individu qui n’a même pas de mandat démocratique, en ont à présent plus qu’assez et veulent tout simplement le dégager.Par Tom Crean, Socialist Alternative (organisation-soeur du PSL aux Etats-Unis)
Trump creuse son propre trou
Les médias libéraux font beaucoup état des parallèles entre cette situation et le scandale du Watergate (qui aboutit, en 1974, à la démission du président Richard Nixon). Et de fait, les compte-rendus du diner de Trump avec Comey, au cours duquel le président aurait apparemment exigé du chef du FBI qu’il fasse preuve de « loyauté » à son égard, côte à côte avec la menace proférée par Trump sur Twitter après son licenciement, par laquelle Trump déclarait espérer qu’aucun « enregistrement » de leur discussion n’avait été fait, rappellent fortement l’ère Nixon.
Il apparaît à présent que Comey a conservé des notes détaillées de l’ensemble de ses discussions avec Trump. Le Washington Post et le New York Times rapportent que ces notes incluent la demande faite par Trump à Comey d’abandonner l’enquête autour de Michael Flynn, l’ancien général et conseiller en matière de sécurité nationale qui a été contraint de démissionner en février après avoir menti à propos de ses contacts avec le régime russe.
Techniquement, Trump a l’autorité de virer le chef du FBI. Le problème est qu’il devient de plus en plus évident que tout cela fait partie d’une tentative tant maladroite que brutale d’étouffer l’enquête menée par le FBI au sujet des liens entre le gouvernement russe et la campagne électorale de Trump. C’est ce que l’on appelle une obstruction à la justice. Si Trump possède des enregistrements et que ceux-ci confirment les notes prises par Comey, ce sera un rude coup pour lui.
Tandis que la Maison-Blanche sombrait encore un peu plus dans la crise, le procureur général adjoint Rod Rosenstein a nommé conseiller spécial Robert Mueller, un ancien directeur du FBI, doté de larges pouvoirs pour mener l’enquête sur la « connexion russe » ainsi que sur toute autre question « directement suscitée par cette enquête ». Nous voilà ainsi assurés que cette crise politique se prolongera encore pendant des mois. D’autre part, cela signifie que l’élite est parvenue à trouver un moyen pour contrôler Trump. On ne peut que partager l’avis de Julian Epstein, conseiller du Parti démocrate lors de la procédure qui menaçait de destituer Bill Clinton : « La nomination de Mueller signifie que l’administration a désormais perdu tout contrôle sur cette enquête et n’a à présent plus qu’une capacité très limitée de gérer la crise grandissante autour de cette affaire. On se souviendra de ces événements comme d’une des tentatives de contrôle des dégâts les plus ineptes et les plus contreproductives jamais vues dans la vie publique ». (New York Times, 18/05/2017)
Les députés républicains qui, jusqu’à présent, avaient bruyamment défendu Trump à travers chacun de ses étranges revirements, sont subitement devenus très silencieux, avant de s’empresser d’applaudir la nomination du nouveau conseiller spécial. Certains des critiques républicains de Trump se sont faits plus audacieux : c’est ainsi qu’on a entendu le sénateur John McCain (et candidat à la présidence de la république face à Barack Obama en 2008) déclarer que les scandales autour de Trump ont maintenant atteint « l’ampleur de celui du Watergate ».
Qu’est-ce qui a poussé Trump à agir de la sorte ? Nous envisageons deux explications. Soit il s’agit d’une tentative désespérée d’empêcher la découverte de « preuves fumantes » capables de couler sa présidence. Soit le licenciement de Comey ne pourrait être qu’un acte paranoïaque et autoritaire de la part d’un président complètement indiscipliné et hyper-susceptible, enragé par la déposition faite par le directeur du FBI devant le parlement. À ce stade, ces deux scénarios nous semblent tout aussi plausibles l’un que l’autre. Quoi qu’il en soit, il est clair que Trump se réveille chaque jour en trouvant de nouvelles manières de plomber encore un peu plus sa propre position.
Des tendances autoritaires
Dès le début de sa prise de fonction, nous avons attiré l’attention sur le fait qu’en plus de son programme politique entièrement réactionnaire, Trump avait de réels penchants autoritaires. Il admire clairement les « hommes forts » tels que Poutine, le président turc Erdo?an ou le philippin Duterte. Il aimerait bien pouvoir suivre l’exemple d’Erdo?an qui a récemment purgé l’État de tous les éléments « déloyaux ». Il s’en est déjà pris aux Affaires étrangères, à l’Agence pour la protection de l’environnement et même au Service des parcs nationaux (qui a publié des photos de son discours d’investiture sur lesquelles était absente la foule « record » annoncée par lui-même). Lui et son homme de main Stephen Bannon (écarté pour le moment) ont qualifié les médias d’« ennemis du peuple ».
Mais même si les attaques de Trump sur ses adversaires au sein de l’appareil d’État ont été effectuées de manière aussi incompétente que la mise en place de son décret anti-immigration ou son projet de construction d’un mur à la frontière mexicaine, il nous faut néanmoins les prendre au sérieux. En tant que socialistes, nous nous opposons absolument à toute tentative de concentrer plus de pouvoirs entre les mains du poste déjà hyper-puissant de « président impérial ». Nous sommes en faveur d’autant de réformes démocratiques pour limiter et contrôler l’étendue des pouvoirs de l’appareil d’État capitaliste. Nous sommes contre les concepts autoritaires tels que le secret gouvernemental, tant pour cette administration de droite que pour l’appareil sécuritaire répressif. Nous demandons que le gouvernement, ainsi que les grandes entreprises qui le contrôlent, ouvrent leurs archives pour que la population puisse obtenir toutes les informations nécessaires à l’élaboration de ses propres conclusions concernant les crimes perpétrés par les riches et les puissants.
Cela ne veut cependant pas dire que nous entretenions la moindre illusion dans l’appareil d’État capitaliste en général ni dans le FBI en particulier en tant que « gardien de la démocratie ». Depuis sa fondation en 1935 sous la direction de J. Edgar Hoover jusqu’à l’ère Bush/Obama, le FBI est un outil de répression politique et de surveillance étatique qui s’en est toujours pris à la gauche et au mouvement pour la libération des Noirs. Nous n’avons pas non plus la moindre illusion envers la personne de Comey. Si nous prenons très au sérieux les dérives autoritaires de M. Trump, nous sommes par contre particulièrement amusés de voir les Démocrates et le New York Times si affairés à défendre l’honneur de Comey alors que ces mêmes personnes ont passé les derniers six mois à mener une agitation absurde pour faire porter à M. Comey (ainsi qu’à la Russie, bien entendu) l’entière responsabilité de l’élection de Trump.
L’élite libérale, tout comme un nombre croissant de cadres républicains, est très inquiète du fait que, si Trump n’est pas arrêté, il continuera à fortement endommager la crédibilité de l’impérialisme états-unien. En tant que socialistes, nous n’avons que faire de la crédibilité de ce système pourri mais, tout comme des millions d’autres personnes, nous voulons voir chuter ce régime dangereux qui prend pour cible les immigrés, les femmes, les pauvres, les personnes de couleur et le prolétariat dans son ensemble.
Nous devons bien faire comprendre à tout le monde que les droits démocratiques, y compris le droit de manifester et la liberté de presse, se trouvent sur la liste noire de Trump et de son féroce procureur général, Jeff Sessions. Une militante de Code Pink a été condamnée à un an de prison pour le seul fait d’avoir ri bruyamment lors de l’audience de confirmation de Sessions ! Lors d’une de leurs rencontres, Trump a également suggéré à Comey que les journalistes qui publient des informations classifiées devraient être mis en prison. Avec une telle manière de fonctionner, le scandale du Watergate n’aurait jamais éclaté.
Trump et la classe dirigeante
Wall Street a, jusqu’à présent, soutenu Trump et son cabinet de milliardaires en raison de ses promesses de dérégulation financière et d’importantes baisses d’impôts pour les plus nantis. Cette couche de l’élite des affaires qui a très à cœur un tel programme est, en général, préparée à tolérer l’incompétence et le comportement erratique de Trump tant que ses intérêts sont défendus et ses désirs assouvis. Il s’agit clairement d’une approche à court terme. Même ce genre de personnes a des limites ; si les scandales autour de Trump continuent à éclater de manière incontrôlée et menacent leurs intérêts plus larges ainsi que la légitimité de leur système, elles arriveront certainement au bout de leur patience. De même, la direction du Parti républicain a accepté beaucoup de choses en raison de la chance qui lui est présentée de contrôler les deux chambres du parlement en plus de la Maison-Blanche.
Mais même si nous voulons le départ de Trump avec sa politique, il faudra pour cela un mouvement de masse et des révélations encore plus importantes avant que ne soit lancée une procédure de destitution. La classe dirigeante va cependant tout faire pour éviter ce scénario : par exemple, en tentant de persuader Trump de quitter le pouvoir de lui-même, quand bien même une telle solution parait très peu probable. En effet une procédure de destitution serait politiquement extrêmement préjudiciable à ses intérêts. Il a été dit quelque part dans les médias que Trump pourrait être chassé sur base du 25e amendement de la constitution des États-Unis, lequel stipule que le cabinet peut mettre un terme au mandat du président s’il est « incapable d’exercer les pouvoirs et les devoirs attachés à son poste » pour le remplacer par son vice-président. Plusieurs personnes de gauche ont fait remarqué que dans ce cas, Trump serait remplacé par son vice-président Mike Pence, idéologue chrétien de droite pur jus, ce qui ne serait pas vraiment une avancée. Ce n’est pas faux, mais le vrai enjeu est que tout gouvernement qui serait mis sur pied suite à un éventuel départ de Trump serait objectivement bien plus faible. Un tel gouvernement subirait directement l’énorme pression des mouvements de masse qui seraient quant à eux considérablement renforcés par la défaite de Trump.
Un autre élément important dans cette situation est, bien sûr, la base de Trump. Jusqu’à maintenant, si le soutien à Trump est d’à peine 40 %, soit le plus bas taux de soutien qu’un nouveau président ait jamais obtenu depuis que ce genre de sondage existe, cela reste suffisant pour assurer que la plupart des députés républicains restent dans le rang. Un grand nombre de ceux qui soutiennent Trump parmi la classe prolétaire et la classe moyenne considèrent les accusations de complot russe et les propos de Comey comme autant de coups bas de la part des libéraux, même si leur avis pourrait se modifier suite aux tentatives d’obstruction à la justice. Le principal facteur qui est en train de saper son soutien en ce moment parmi sa base est ses attaques contre la classe prolétaire, notamment le projet de Trumpcare (l’abandon de la couverture maladie instaurée par Obama). Mais son soutien pourrait littéralement s’effondrer à partir du moment où ses électeurs tireront la conclusion que ses nombreuses promesses de création d’emploi étaient une escroquerie. Cependant, beaucoup d’entre eux accepteront de patienter encore avant de tirer cette conclusion pour la simple et bonne raison qu’ils ne voient malheureusement aucune alternative politique crédible s’offrir à eux. Et certainement pas de la part des Démocrates, totalement soumis au grand patronat.
Comment faire chuter Trump ?
Nous ne pouvons bien sûr pas exclure le fait que de nouvelles révélations de grande ampleur (ou de nouvelles manœuvres suicidaires de la part de Trump lui-même) puissent causer une implosion du régime Trump dans un futur relativement proche. Mais la Maison-Blanche pourrait tout aussi bien trouver une issue (temporaire) à cette phase de la crise avant de poursuivre son cours « normal », c’est-à-dire de continuer à marcher en boitant d’une crise à l’autre pour encore un bon moment.
Tout au long de l’élection présidentielle et depuis lors, les Démocrates ont centré toutes leurs critiques sur le fait que Trump serait un plaisantin ou un agent de Poutine. Nous sommes totalement opposés au régime dictatorial et réactionnaire qui dirige la Russie et nous partageons l’avis que si M. Trump a la moindre connexion avec ce régime, la population devrait connaitre la vérité (tout comme elle devrait connaitre la vérité concernant les impôts que M. Trump aurait négligé de payer depuis des années). Cependant, nous ne pouvons en aucune manière soutenir les Démocrates dans leurs tentatives grossières d’invoquer le nationalisme dans le cadre de cette question. Les principaux éléments pour lesquels nous nous opposons à M. Trump sont sa politique réactionnaire et ses tendances autoritaires visant à rassembler de plus en plus de pouvoirs entre ses mains.
Que nous apprend l’histoire ? Le président démocrate Lyndon Johnson a été contraint à la démission en 1968 par le mouvement de masse contre la guerre du Vietnam, et n’a même pas pu se présenter pour tenter de se faire réélire. En apparence, on dirait que Richard Nixon a été forcé de quitter le pouvoir à cause du scandale du Watergate (la fouille du siège du Parti démocrate par des espions envoyés par Nixon). Mais ce fiasco, suscité par un Nixon de plus en plus dérangé et paranoïaque, était lui aussi indirectement le produit de la pression causée par les mouvements de masse et la radicalisation de la jeunesse.
Alors que toute une série de factions de la classe dirigeante se mettent à attaquer Trump à l’heure actuelle, cherchant à protéger les intérêts globaux de leur système, la plus grande erreur que pourraient commettre les travailleurs et la gauche serait de se baser sur une alliance avec ces forces pour chasser Trump du pouvoir. L’ensemble des faits démontre le manque de consistance et la lâcheté de la direction du Parti démocrate dans son opposition à Trump. Son propre programme procapitaliste a en effet grandement sapé sa force d’attraction, tout en l’empêchant de mobiliser une opposition populaire aussi large que possible en appelant par exemple à se battre pour une couverture maladie véritablement universelle (au lieu de la demi-mesure surnommée « Obamacare »), pour plus d’impôts sur les riches, pour la gratuité de l’enseignement supérieur et pour un vaste programme de travaux publics destinés à créer des millions d’emplois sous contrat et bien payés, etc.
Prenons l’exemple du Trumpcare, le détricotage de la couverture maladie mise en place par Obama. Les Démocrates ont beau y être totalement opposés et tenter de bâtir un mouvement contre cette réforme, toute leur stratégie a pour objectif final de remporter les élections parlementaires de 2018 et les présidentielles de 2020. Il ne fait aucun doute en effet que les millions de gens qui sont farouchement opposés à la politique de Trump vont chercher à faire payer les Républicains un maximum lors des élections de 2018 et 2020. Mais nous ne devons pas nous limiter à ça. Le plus important est de construire notre propre mouvement à la base, en tant que mouvement prolétarien. Nous pouvons faire échouer le Trumpcare dès aujourd’hui en construisant un puissant mouvement de masse. Cela nécessite une stratégie de sensibilisation de masse, avec des meetings partout dans le pays sur toutes les places publiques. Cela pourrait servir à rallier une base plus large afin d’aller vers des mouvements de grève (en commençant par le secteur de la santé) et des marches, débouchant sur une occupation du quartier présidentiel de Washington, etc. Mais les dirigeants démocrates et les milliardaires qui les soutiennent sont totalement contre une telle approche.
La tâche la plus importante à l’heure actuelle pour la population et pour tous ceux qui sont opprimés par le capitalisme est de construire notre propre organisation et nos propres mouvements, basés sur nos propres intérêts, et en toute indépendance du monde des affaires. C’est la démarche la plus efficace contre Tump et la meilleure manière de bloquer ses attaques. La résistance contre la politique antidémocratique, économique et sociale de Trump doit être liée à la revendication de son départ, tout en assurant que le mouvement se poursuive pour empêcher son successeur de vouloir continuer sur la même lancée. Cela signifie un mouvement d’ampleur, équivalent à une révolte populaire telle que celle que notre pays a connu dans les années autour de 1968.
Un tel revirement de situation contraindrait aussi sans doute d’importantes sections de l’élite à chercher à lancer une procédure de destitution de Trump ou à le faire tomber par d’autres moyens, justement dans le but de couper court au développement de cette révolte sociale et d’y mettre un terme avant qu’elle ne se développe. Certes, malgré leur taille, nos mouvements sont encore loin d’une telle ampleur à l’heure actuelle, en raison de la faiblesse de leur organisation et de leur direction. Mais la gravité de la crise que le régime de Trump a ouverte est justement en train de préparer le terrain pour ce genre d’explosions.
Nous devons faire de l’été qui vient un été de lutte. Comme Kshama Sawant, conseillère socialiste de la ville de Seattle, l’a dit récemment dans une interview le 11/05/17 : « Nous ne pouvons attendre les résultats de l’enquête, de savoir si des preuves fumantes seront trouvées ou non – même si cette enquête doit évidemment se poursuivre. La vraie question est : que faisons-nous maintenant ? Et je pense que maintenant, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour construire de véritables mouvements sociaux. » Les mobilisations de masse peuvent nous permettre de forcer Trump à abandonner définitivement sa réforme de la santé au cours des semaines qui viennent. Une telle victoire serait un coup décisif porté au programme de la droite, et représenterait un pas important pour la construction d’un mouvement des travailleurs et des jeunes capable de remettre en cause le règne du pour-cent le plus riche (Républicains comme Démocrates) et de créer notre propre force pour changer la société.
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Résistance internationale contre Trump & son monde
La cote de popularité de Donald a déjà atteint le plus bas niveau depuis 1945 pour un président américain au cours de sa première année de mandat. Son administration est instable, les postes vacants sont nombreux et les changements brusques en son sein ne manquent pas. Trump se met en difficulté même auprès de ses partisans car, alors qu’il avait déclaré que les 100 premiers jours de son administration seraient un exemple d’efficacité, aucune de ses promesses de campagne n’a pu être tenue malgré la rapidité à laquelle il signe des décrets.Par Ben (Charleroi)
Face à l’extrême instabilité que Trump attise dans la politique tant américaine qu’internationale, l’establishment lui-même est divisé, y compris chez les Républicains aux USA. Une bonne partie de la classe dominante est d’ailleurs effrayée par le risque de soulèvements sociaux massifs qui pourraient se développer en réaction à sa politique aventurière.
Alors que Clinton et Obama voulaient d’abord ‘‘laisser sa chance’’ à Trump, ils commencent à se sentir obligés de parler de résistance. Mais soyons clairs, le Parti démocrate est incapable d’être celui de la résistance sociale, son appareil est directement responsable de la victoire de Trump pour avoir écarté le seul candidat capable de réellement lui couper l’herbe sous le pied : Bernie Sanders.
Il existe une force plus colossale que celle de l’administration Trump. Plus puissante que celle de l’appareil pro-business des partis républicain et démocrate. C’est celle de la masse des travailleurs et des jeunes lorsqu’ils luttent de façon coordonnée, qu’ils organisent des actions de désobéissance civile, des manifestations et des grèves. Des éléments de cette force potentielle avaient déjà émergé avec le mouvement Occupy en 2011. Dès le lendemain de l’investiture de Trump, ce potentiel a encore été confirmé avec les mobilisations de masse de la Women’s march.Depuis, de nombreuses poches de résistance se sont manifestées, à l’image des actions ayant fait suite au décret anti-immigration (le ‘‘muslimban’’), de la marche pour la science ou encore des actions, manifestations et grèves à l’occasion du 1er mai.
De la défensive à l’offensive !
À l’époque de l’administration de droite dure du républicain Richard Nixon (1969-74), les mobilisations sociales étaient telles qu’elles ont participé à mettre un terme à la guerre du Vietnam et que toutes sortes de réformes progressistes ont dû être mises en place, comme des lois anti-discrimination, sur la sécurité sur les lieux de travail, la protection de l’environnement ou encore le droit à l’avortement. Il n’y a donc rien de nouveau dans l’idée que des mobilisations de masses peuvent non seulement faire reculer une administration, même fortement ancrée à droite, mais aussi lui imposer un agenda progressiste.
Même s’il est vrai que, ces dernières décennies, les mouvements de masse étaient plutôt sur la défensive, le potentiel pour reconstruire des mouvements sociaux capables d’arracher de nouvelles conquêtes existe bel et bien. Les luttes qui prennent place aux États-Unis constituent une base apte à stimuler la construction d’une nouvelle organisation qui rassemblerait les travailleurs et les jeunes de manière indépendante par rapport au big-business pour défendre des politiques qui leur soient propres.
Mais pour cela, il faut s’armer d’un programme mobilisateur et ambitieux, qui permet de ne pas se limiter à une opposition aux mesures de Trump, mais qui propose des alternatives : un salaire minimum de 15$ de l’heure (contre 7,5$ actuellement), une assurance-maladie pour tous, la suppression de la dette étudiante, la fin des politiques racistes d’incarcération, etc.
Au sein de ces mouvements et organisations de masses de travailleurs et de jeunes, un courant révolutionnaire devra clarifier patiemment que le capitalisme en crise ne permet pas d’obtenir la réalisation de réformes ambitieuses et que, même lorsque c’est le cas, elles ne sont que temporaires. Seules la sortie du capitalisme et une transformation socialiste de la société peuvent répondre à l’urgence sociale et en finir avec l’injustice et l’inégalité tout en ouvrant la voie à la construction d’une société basée sur la solidarité. Le potentiel de l’Humanité pourrait ainsi pleinement se développer en faveur de toutes et tous et non plus être bloqué pour satisfaire l’avidité d’une infime minorité.
Aidez-nous à construire ce courant révolutionnaire au niveau mondial en rejoignant notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, et sa section belge, le PSL.
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Le gouvernement Trump, meurtri et imprévisible
Le gouvernement Trump continue d’opter pour la fuite en avant en dépit de diverses défaites honteuses. Celles-ci, tout particulièrement l’incapacité de mettre en œuvre sa réforme des soins de santé, minent les capacités de Donald Trump d’introduire d’autres mesures de son projet politique.Par Calvin Priest, Socialist Alternative (USA), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Les protestations ne cessent de se développer depuis l’investiture de Trump, elles confirment le manque de soutien dont dispose sa politique farouchement à droite. Le Trumpcare (sa réforme des soins de santé) et le décret anti-immigration ont été de sérieux revers. Quelques personnalités-clés ont quitté le gouvernement sous la pression. Tout cela illustre que Trump peut être vaincu. Quand le Trumpcare a été balayé le 24 mars dernier, ce fut en raison de la chute du soutien pour cette mesure à 17% seulement, avec de nombreuses actions de protestation et meetings dans les hôtels de ville. Dans les jours qui ont suivi, le soutien au président a descendu pour atteindre les 35%, un record. Même Richard Nixon n’avait pas été si bas au moment du Watergate !
Une grande partie de la base républicaine est déçue. Ce fut apparent le 11 avril durant des élections anticipées au Kansas pour un siège de député. Aux présidentielles, Trump l’avait emporté dans cet Etat avec une marge confortable de 27%. Cette fois-ci, malgré le fait que la direction démocrate ne s’est qu’à peine investie dans la campagne, le résultat fut serré. Trump lutte pour se maintenir debout, mais il n’est pas encore éliminé.
La situation reste imprévisible. Les éléments les plus réactionnaires de son programme pour l’intérieur seront pleinement appliqués. Mais la crise qui sévit au sein du gouvernement oblige Trump à favoriser une politique plus acceptable pour l’establishment républicain et l’élite dirigeante. Les marchés avaient favorablement accueilli son élection en raison des promesses de fortes dérégulations à l’avantage des entreprises, de diminutions d’impôts pour les riches et de cadeaux pour le secteur de l’armement. La position affaiblie de Trump et l’instabilité internationale ont toutefois fait en sorte que ce boom temporaire semble être du passé : il se peut que nous nous rapprochions d’une profonde crise économique.
Changement de politique étrangère
Sur ce terrain, Trump a effectué un grand virage. Son approche initiale d’un isolement américain est abandonnée et la méthode éprouvée visant à détourner l’attention des problèmes internes par des opérations militaires à l’extérieur a refait surface. Trump veut se profiler en tant que commandant en chef sûr de lui et de la puissance militaire américaine, comme l’ont démontrées les attaques aériennes en Syrie. L’idéologue d’extrême droite Stephen Bannon a d’ailleurs été viré du Conseil de Sécurité National pour donner plus de pouvoir aux conseillers et généraux établis. Ces attaques constituent également un changement des relations avec la Russie, allié important d’Assad. Ensuite, la ‘‘Mère de toutes les bombes’’ a été larguée sur l’Afghanistan. Encore une illustration d’une politique extérieure plus agressive.
Concernant la Chine, le virage de Trump a également été important. Trump a fait quelques critiques contre Pékin et la Chine a fait quelques concessions pour éviter une guerre commerciale nocive. Les relations entre les USA et la Chine peuvent encore considérablement s’embrouiller à cause des menaces américaines qui pèsent sur la Corée du Nord. Dans le Financial Times, Trump a déclaré que ‘‘Si la Chine ne s’occupe pas de la Corée du Nord, alors nous le ferons’’.
La direction démocrate, la classe dominante et les médias n’ont pas trop confiance en lui, mais ils soutiennent largement ses attaques en Syrie et sa nouvelle position vis-à-vis de Vladimir Poutine. Ils applaudissent l’abandon d’une tendance à l’isolationnisme pour un positionnement néolibéral classique. Hillary Clinton est réapparue dans les médias en se déclarant favorable à la destruction complète de toutes les bases aériennes syriennes.
Crise politique
La crise que traverse le parti Républicain a été révélée au grand jour lors du débat sur les soins de santé. Une partie des Républicains modérés a refusé de se rallier au Trumpcare très impopulaire. Pour l’aile la plus à droite, en revanche, la proposition du président n’était pas assez radicale. Mais le Trumpcare a aussi sombré en raison d’une résistance acharnée. Partout aux USA, des réunions ont eu lieu dans les hôtels de ville et des manifestations contre le Trumpcare ont déferlé sur le pays. La population savait pertinemment que le budget des soins de santé allait sérieusement pâtir et que le Medicaid, dont dépend un Américains sur cinq, serait supprimé.
Le Trumpcare a donc volé à la poubelle, ce qui a creusé un trou dans le budget des Républicains. Les coupes budgétaires que représentait le Trumpcare étaient nécessaires pour mettre en œuvre une nouvelle réforme des impôts. Le projet devait libérer 337 milliards de dollars en 10 ans, notamment en interdisant à 24 millions de personne d’avoir un accès aux soins de santé.
Une fois les élections présidentielles terminées, la direction démocrate a immédiatement défendu qu’il fallait accorder une chance à Trump. Mais la pression était forte à la base pour rejeter des pans entiers de sa politique. Une grande partie de l’opposition des Démocrates ciblait les prétendus liens de Trump avec la Russie plutôt que son agenda antisocial. Ils ont négligé de construire activement le mouvement social. Ils ont bien résisté au Trumpcare, mais en se limitant à la défense de l’Obamacare.
Le soutien est pourtant large en faveur d’un système universel de soins de santé. La direction démocrate refuse de s’aventurer sur ce chemin. Elle ne défend pas non plus de campagne offensive pour l’augmentation du salaire minimum (à 15 dollars de l’heure) ou pour d’autres revendications qui jouissent d’un grand soutien, comme l’a prouvé la campagne de Bernie Sanders pendant les primaires. Un programme de gauche permettrait de briser le populisme de droite sur base de la différence fondamentale que cela induirait pour la vie quotidienne des travailleurs et de leurs familles.
La résistance contre la politique antisociale ne peut pas être reportée aux prochaines élections présidentielles. La direction démocrate a du reste largement illustré durant les présidentielles qu’elle préfère pervertir ses propres chances plutôt que de laisser un espace à la gauche. Socialist Alternative appelle les Democratic Socialist of America à collaborer à une campagne visant à présenter des candidats de gauche ou socialistes indépendant des Démocrates. Un espace existe aux USA pour un nouveau parti socialiste qui pourrait, en s’appuyant sur des dizaines de milliers de membres impliqués dans l’opposition combative contre la politique de droite, poser les bases d’un nouveau parti de masse des travailleurs.
Stopper Trump par la mobilisation
Une fois Trump élu, Socialist Alternative a déclaré que l’on ne pouvait arrêter Trump que par la mobilisation massive et incessante des travailleurs et des jeunes. Pendant la période qui a précédé son entrée officielle en fonction, Socialist Alternative a appelé à 100 jours de résistance jusqu’au 1er mai. Le lendemain de l’intronisation de Trump a vu la plus grande journée d’action de l’histoire des Etats Unis avec les marches des femmes du 21 janvier.
Pour arrêter Trump, les travailleurs devront utiliser leur force sociale par des grèves et des actions de désobéissance civile. La discussion sur l’arme de la grève est grandissante. C’était le cas pour la journée internationale des femmes du 8 mars et ensuite pour le 1er mai. Le 1er mai, il n’y aura pas de grève générale, mais cette date est un important point de départ vers un été de résistance. Cela confirme la force et l’importance des actions de grève qui heurtent la classe dominante là où cela lui fait le plus mal : au portefeuille.
Juste avant le 1er mai, de grandes actions ont encore eu lieu avec une Marche pour la Science et une Marche du peuple. La lutte connaîtra sans aucun doute des hauts et des bas. La crise du gouvernement peut même amoindrir le sentiment de danger immédiat mais, au même moment, cela peut renforcer le mouvement parce qu’une victoire semble à portée de main. Cette résistance massive n’est encore que le début d’une période de profonde agitation sociale aux USA et sur le plan international.
Il ne s’agit pas seulement de bloquer les pires éléments de la politique de Trump. Nous nous battons pour des réformes comme le salaire minimum des 15 dollars de l’heure, un système universel de soins de santé, la fin de la politique raciste qui emprisonne des milliers de gens innocents,… Pour cela, nous avons besoin d’un puissant mouvement de masse reposant sur une colonne vertébrale socialiste et de la formation de nouveaux partis socialistes de masse.
Au cours de la lutte, les travailleurs et les jeunes comprendront toujours plus que le système capitalise en faillite ne se prête pas à la réforme pour réaliser nos revendications. Un changement fondamental et profond de société est nécessaire vers une société basée sur la solidarité, la démocratie réelle et l’égalité. Organise-toi avec nous pour ce monde socialiste !

