Tag: Donald Trump

  • Quelle réponse à la politique d’asile brutale de Francken, Trump, Salvini & Co ?

    Photo : Liesbeth

    Droit d’asile : c’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !

    Le mois passé, nous décrivions dans les pages de Lutte Socialiste la manière dont la rhétorique trumpienne de la N-VA crée un climat dans lequel les réfugiés sont déshumanisés. Nous le faisions suite à la mort tragique de la petite Mawda et aux réactions de Francken, Jambon et De Wever. Et ça continue aujourd’hui, notamment autour de l’Aquarius, ce bateau d’une ONG qui ne pouvait amarrer en Italie. Le président des Jeunes N-VA avait alors tweeté : “Return to Sender” (retour à l’envoyeur). 629 réfugiés se trouvaient sur le navire sauvé en Méditerranée.

    Par Michael Bouchez

    Etant donné que la mort d’une fillette de deux ans n’a pas eu de répercussions conséquentes, Francken & Co ont dû penser qu’ils pouvaient tout se permettre. Francken a lâché qu’il souhaitait contourner l’article 3 du Traité européen des Droits de l’Homme. Cet article interdit la maltraitance et le renvoi de personnes vers des endroits où ils peuvent être maltraités. Ce n’est pas une première. Francken et le gouvernement ont déjà collaboré avec la dictature soudanaise et les garde-côtes libyens pour renvoyer des réfugiés. Concernant sa proposition de contourner les droits de l’homme, il expliquait : “Nous avons conclu un deal en Turquie avec Erdogan, nous avons un accord avec des milices en Lybie, qui sont champion en matière de violation des droits de l’homme en Afrique.”

    Si les partenaires de coalition et le Premier ministre crient au scandale après les déclarations brutales de Francken, c’est surtout pour occulter leur propre complicité. Car le gouvernement poursuit le même cap et les partis du gouvernement sont derrière la politique de Francken. Ils ne sont pas toujours d’accord sur la brutalité de la rhétorique, mais toujours sur le contenu.

    Trumpisme

    La frontière entre Francken et Trump semble particulièrement ténue. Francken a proposé, entre autres, que les personnes qui entrent sur le territoire de manière illégale perdent leur droit d’asile. Comment doit-on demander l’asile ? Dans les camps de réfugiés hors d’Europe. Pour les réfugiés qui ne résident pas dans des camps mais qui doivent quitter immédiatement leur pays d’origine, cela signifierait, selon Francken, qu’ils “verraient que cela n’a pas de sens de fuir.”

    Pour ceux qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie et y survivent, Francken a fait ouvrir une nouvelle aile au centre-fermé 127bis. Des enfants peuvent à nouveau y être enfermés, avec leurs parents. Aux Etats-Unis, des enfants ont même été séparés de leurs parents et enfermés dans de grandes cages en fer.

    L’Europe sans solution

    Les 629 réfugiés de l’Aquarius sont emblématiques de la politique d’asile européenne. L’Europe-forteresse n’est pas une nouveauté. L’accord conclu avec la Turquie était déjà une manière de repousser les réfugiés hors d’Europe. Le refus du gouvernement italien de laisser amarrer l’Aquarius dans un port italien et à Malte va dans le même sens. Le nouveau gouvernement italien du Mouvement 5 étoiles et de la Lega d’extrême-droite annoncent une politique de migration dure.

    En Allemagne aussi, Merkel est sous pression de son ministre des affaires étrangères, Horst Seehofer, issu de son partenaire de coalition CSU, afin que soit menée une politique migratoire plus dure. Des populistes de droite essaient de marquer des points dans le désordre social en Europe avec une propagande anti-migration. Comme si ce n’étaient pas les ultra-riches et les spéculateurs mais les migrants qui sont responsables de la politique néolibérale menée depuis des années avec les répercussions que l’on connaît sur notre niveau de vie.

    La pression qui est faite pour parvenir à un accord sur la politique européenne d’asile montre à quel point le projet européen est en crise. L’Union européenne prévoit notamment, en théorie, la libre circulation de tous les habitants. Mais dans le cadre du capitalisme, cette libre circulation est toujours soumise à la loi du marché et à la concurrence entre travailleurs.

    Les partis traditionnels et les entreprises voient souvent les migrants comme de potentiels travailleurs à bas salaire. C’est, entre autres, ce qui se cache derrière le “Wir schaffen das” (“On peut le faire”) de Merkel. Ils stimulent la concurrence entre la population active de leur pays et les réfugiés. Dans la pratique, la libre circulation des personnes n’existe pas, mais les populistes de droite saisissent cette compétition pour plaider en faveur de refoulements et de frontières bien gardées.

    Le nouveau gouvernement italien montre comment un gouvernement populiste de droite combine un discours contre l’austérité et un discours anti-immigration. La fin de l’austérité restera lettre morte, ils sont trop occupés à cibler les migrants. En Belgique aussi, la N-VA a déjà utilisé l’argument selon lequel la sécurité sociale sera impayable si nous continuons à accepter des réfugiés. C’est un non-sens, surtout de la part d’un parti qui mine la sécurité sociale pour faire des cadeaux aux grandes entreprises. Mais cela joue évidemment sur les inquiétudes des gens.

    Les partis de l’establishment s’opposent régulièrement en paroles aux déclarations d’hommes politiques tels que Francken, Salvini, Orban ou Wilders. Mais ils vont dans le même sens. Le président du Conseil européen Donald Tusk proposait ainsi de séparer migrants économiques et réfugiés qui ont droit à la protection internationale dans des centres hors de l’UE.

    La droite s’attaque aux victimes, pas aux causes

    La politique d’asile de droite ne change rien aux raisons pour lesquelles les gens fuient. Au contraire. 2017 a été une année record avec 68,5 millions de personnes en fuite au niveau mondial dont presque la moitié ont migré à l’intérieur de leur pays. Ceux qui ont dû quitter leur pays restaient dans un pays voisin dans 80% des cas.

    Les gens fuient pour causes de guerre, d’exploitation et de changement climatique. La N-VA ne parle jamais de ces circonstances. Au contraire, elle n’entend pas toucher à l’investissement de 35 milliards d’euros dans les nouveaux avions de guerre. La droite ne dit rien des guerres pour le pétrole, des multinationales qui pillent les richesses naturelles en Afrique, des conditions de travail au Bangladesh ou des catastrophes écologiques qu’engendre l’appât du gain des entreprises.

    Dans notre pays aussi, la politique de Francken & Co ne change rien pour les travailleurs. Pour la N-VA, qu’il y ait moins de réfugiés ne signifie pas que le reste de la population aura davantage. Les réfugiés servent uniquement à détourner l’attention en vue d’appliquer plus d’austérité au détriment de la majorité de la population. Davantage de pauvreté infantile, d’économies budgétaires, de flexi-jobs, des pensionnés dans la misère,… voilà ce qu’ils nous réservent.

    Traduire la solidarité en programme

    Les mouvements de solidarité actifs partout en Europe montrent que la politique de l’establishment européen n’est pas acceptée sans broncher. Des campagnes et des manifestations sont un contrepoids important pour éviter pire. Trump a dû reculer suite aux protestations spontanées contre l’enfermement de mineurs. De telles campagnes doivent cependant se traduire dans un programme qui offre des réponses structurelles.

    L’opposition officielle n’offre pas de réponse. La gauche traditionnelle est empêtrée dans des scandales et n’est plus crédible. Les partis sociaux-démocrates ont laissé se creuser les déficits sociaux de sorte que des tensions ont pu germer et pourrir au sein de la société. Ils ont échoué faute de mener une politique de gauche, pas parce qu’ils étaient trop à gauche. Leur appel à davantage d’humanité n’est pas pris au sérieux. C’est ainsi que les populistes de droite peuvent occuper le débat.

    Un gouvernement de gauche doit défendre un programme qui réponde à la concurrence entre la population active en Europe et les réfugiés par des investissements publics dans l’emploi, la sécurité sociale, le logement. Ce n’est que de cette façon qu’on pourra fournir asile et accompagnement pour chaque réfugié. Un tel programme peut couper les ailes aux populistes de droite et impliquer de larges couches de la population. Il ne sert à rien d’inscrire les réfugiés sur une liste d’attente interminable pour l’obtention d’un logement social si l’on n’investit pas dans davantage de logements sociaux. Nous n’aurons de véritables “communes hospitalières” que si une politique d’investissements publics massifs est menée. C’est ce que défend la liste ‘Gauches Communes’ à Saint-Gilles (Bruxelles), qui sera présente aux prochaines élections communales.

    Il est aussi nécessaire de s’organiser internationalement pour lutter contre ce qui pousse les gens à fuir. Personne ne laisse tout derrière lui par plaisir. Si rien n’est fait contre la pauvreté, les guerres et le changement climatique, il y aura toujours des réfugiés. Il y a assez de richesse et de connaissance technologique dans le monde pour construire un avenir à chaque enfant, partout. Sous le capitalisme, les richesses ne sont pas mises au service de la population. Tant que le capitalisme existera, les gens fuiront la misère, la guerre et les changements climatiques. Il nous faut un monde où les gens peuvent construire leur avenir où ils le souhaitent, dans leurs pays d’origine ou ailleurs.

  • Manifestation contre Trump et son monde

    Mercredi prochain, un sommet de l’OTAN débutera à Bruxelles. C’est à ce sommet que le président américain Trump est attendu. Une manifestation nationale a eu lieu samedi pour faire comprendre que Trump n’est pas le bienvenu et que la résistance contre tout ce que Trump and Co représentent ne se tait pas durant l’été. Sous le slogan “Make peace great again”, les slogans ont dénoncé Trump et la machine de guerre de l’OTAN. Les manifestants ont également fait le lien avec les apprentis-Trump en Belgique.

    Il n’était bien entendu pas possible de répéter la même mobilisation que lors de la première visite de Trump dans notre pays en mai 2017. À l’époque, il y avait 10.000 manifestants. Mais, en été, pendant les vacances et avant même que le sommet ne soit en bonne place dans les médias, la participation était appréciable avec quelques milliers de personnes. La campagne ROSA et le PSL ont formé un bloc combatif. Nous avons crié des slogans tels que ‘So, so, so, so, so, solidarité, avec les luttes du monde entier’,’We don’t think Donald’s hate, organise and demonstrate’ ou encore “refugees are welcome here”.

    Photos de Liesbeth:
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    Photos de Mario:
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    Vidéo de la manifestation:

  • Relations mondiales : Divisions ouvertes au G7

    L’échec du G7 et les pénalités douanières reflètent le désordre capitaliste mondial.

    Les déclarations de Trump à la suite de sa rencontre de Singapour avec Kim Jong-un ont fortement contrasté avec l’humeur pessimiste de la plupart des autres dirigeants qui l’avaient accompagné au dernier sommet du G7, au Canada.

    Par Robert Bechert, Secrétariat international du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Ce G7 fut une démonstration de faiblesse de la part de ce club de dirigeants. La réunion n’a pas pu cacher les divisions croissantes entre les vieilles puissances impérialistes, chose inédite depuis le début de ces réunions en 1975. Ce rassemblement de dirigeants capitalistes de premier plan n’avait vraiment rien à dire sur les questions cruciales auxquelles le monde est confronté. Le déclin du G7 a été fortement symbolisé par le retrait de Trump du communiqué final du G7. Cet exemple largement symbolique de la politique “America First” de Trump a été suivi par quelque chose de plus significatif, l’imposition de taxes douanières supplémentaires sur une série d’exportations chinoises vers les États-Unis.

    Ces mesures, ainsi que l’imposition antérieure de taxes supplémentaires sur les importations d’acier et d’aluminium aux États-Unis, ont accru les craintes des opposants de Trump, et de certains secteurs clés du milieu américain des affaires, que ces pénalités douanières puissent déclencher une guerre commerciale ou, à tout le moins, un ralentissement de l’économie mondiale.

    Ces mesures, ainsi que d’autres développements tels que la réaffirmation du rôle du régime russe au Moyen-Orient et ailleurs, ouvrent un nouveau chapitre dans les relations mondiales.

    Les affrontements individuels entre leaders n’étaient pas uniquement le résultat de la brutalité de Trump, de son ego, de ses propres « fake facts » et de ses changements rapides de politique. Plus fondamentalement, ils reflètent les changements qui surviennent dans les relations politiques et économiques mondiales alors que les rivalités et l’instabilité augmentent à un moment où l’économie internationale n’a pas encore échappé aux conséquences de la crise qui a commencé en 2007/8.

    La montée en puissance de la Chine nouvellement capitaliste et l’affaiblissement relatif de l’impérialisme américain constituent des éléments cruciaux. Ce déclin est l’une des raisons pour lesquelles Trump utilise des tarifs douaniers contre la Chine. Historiquement, la première puissance de toute époque a défendu le libre-échange, en raison de sa domination du marché mondial, comme l’a fait la Grande-Bretagne au XIXe siècle. En outre, la domination stratégique internationale dont les Etats-Unis ont bénéficié après l’effondrement de l’ex-Union soviétique est terminée. Mais, en dépit de la montée en puissance de la Chine et de son rôle international croissant, les États-Unis demeurent aujourd’hui encore la première économie mondiale et la puissance militaire mondiale prédominante.

    D’autres ingrédients de ce mélange international volatil sont l’aiguisement des questions environnementales, comme l’approvisionnement en eau, et la façon dont certains pays connaissent une croissance démographique rapide qui modifie également les équilibres de force régionaux, tout en posant fortement la question de ce que l’avenir réserve à des dizaines de millions de jeunes.

    Pour les jeunes en particulier, le futur caractère de l’emploi est posé par les changements structurels profonds qui se produisent à la fois dans les économies nationales et dans l’économie mondiale à mesure que la technologie et la numérisation se développent. Une question clé sera de savoir qui bénéficiera de ces changements, les capitalistes et une petite élite ou au contraire la masse de l’humanité. Actuellement, beaucoup de ces développements sont utilisés pour accroître les profits et aiguiser la concurrence au détriment des travailleurs.

    Dans ce contexte, l’économie mondiale a renoué avec la croissance, mais à un rythme plus lent qu’avant la crise de 2007/8. Cependant, une grande partie de cette croissance repose sur l’utilisation de la dette pour tenter de surmonter les séquelles persistantes de cette crise. Rien qu’en 2017, la dette mondiale totale a augmenté de plus de 20.000 milliards de dollars pour atteindre 237.000 milliards de dollars, soit l’équivalent de 30.000 dollars pour chaque être humain sur la planète, ce qui a suscité des craintes d’une nouvelle crise financière.

    Simultanément, l’Union européenne (UE) est confrontée à ses propres problèmes de tensions entre ses membres, aux effets de Brexit, à la prévention d’une nouvelle crise monétaire de l’euro, à l’impact de l’afflux de migrants et à son propre déclin international relatif. Ce n’est pas un hasard si, au G7, le nouveau gouvernement italien était le seul qui semblait éprouver de la sympathie à l’égard de certaines des positions de Trump.

    Tout cela s’est traduit par une concurrence accrue entre puissances rivales pour maintenir ou accroître leur part d’un marché à croissance lente et à concurrence plus intense. L’”America First” de Trump en est un exemple frappant, mais il exprime plus ouvertement et plus grossièrement ce que tous les capitalistes visent. L’administration de Trump ne s’inquiète pas de l’instabilité que ses actions créent, elle la considère comme une rupture de l’équilibre avec ses rivaux et libère l’impérialisme américain de certaines des contraintes imposées par la collaboration avec d’autres puissances. Mais la classe dirigeante américaine est loin d’être la seule à poursuivre ses propres intérêts, actuellement c’est Trump qui est tout simplement le plus direct à le dire. L’impérialisme allemand est actuellement généralement plus circonspect dans la manière dont il cherche à diriger l’UE, bien qu’il ait été brutal lorsqu’il a réussi à mettre la Grèce au pied du mur en 2015.

    Trump veut également toujours préserver sa base aux Etats-Unis, la plupart de ses tweets lui sont destinée, un régime régulier de vantardises concernant ce qu’il a “fait”, de nationalisme et d’attaques populistes contre ses opposants. Outre la droite, une partie importante de la base de Trump est composée de ceux dont le niveau de vie était déjà en difficulté avant la récession et qui se sentaient les laissés pour compte de ce qu’ils voyaient comme un establishment élitiste. Ainsi, Trump continue de promettre de “rendre l’Amérique à nouveau grande” ainsi que de ramener des emplois de bonne qualité dans le pays et d’attaquer hypocritement les membres de la classe dirigeante américaine qui osent s’opposer à lui.

    Mais, à bien des égards, la situation aux États-Unis n’est pas unique. Partout dans le monde, la colère et l’aliénation minent les institutions et les structures existantes, y compris les parlements et les partis politiques. Dans de nombreux pays, avant même l’éclatement de la crise de 2007/8, des années d’attaques néolibérales et de revers pour les mouvements ouvriers avaient entraîné une polarisation croissante de la richesse et une diminution des conditions de vie tant pour la classe ouvrière que pour des sections de la classe moyenne.

    Depuis lors, la longue crise a davantage creusé le niveau de vie, le travail “atypique” (les contrats à durée déterminée, le travail précaire, le développement de secteurs à bas salaire imposés par les autorités, etc.) s’est étendu et de plus en plus de gens craignaient que leurs enfants et leurs petits-enfants aient un niveau de vie moins élevé et des perspectives de vie moins bonnes. En plus de cette colère, l’idée s’est développée parmi beaucoup de gens qu’ils payent une crise dont ils ne sont pas responsables, en dépit des efforts vains de la classe dirigeante pour leur faire accepter l’inverse. Le fait que de nombreuses banques, dont il est généralement admis qu’elles ont déclenché la crise de 2007/8, ont recommencé à réaliser d’énormes bénéfices ne fera que renforcer cette amertume.

    Autre source d’amertume ; la récente croissance économique limitée n’a pas, dans de nombreux pays, entraîné d’augmentation réelle et soutenue des revenus et des conditions de travail de la classe ouvrière ou de la classe moyenne. Actuellement, l’Allemagne, la plus grande économie européenne, connaît le taux d’emploi le plus élevé de son histoire, mais les syndicats estiment qu’environ 20% des travailleurs se trouvent dans le secteur des bas salaires.

    Cela survient à un moment où, à l’échelle internationale, l’énorme polarisation des richesses s’est poursuivie. Les politiques d’”assouplissement quantitatif” (QE, quantitative easing) menées par de nombreux gouvernements dans le but d’atténuer l’impact de la crise ont dans les faits également servi à enrichir davantage la classe dirigeante. En Grande-Bretagne, la Banque d’Angleterre estime que les 10% des familles les plus riches ont bénéficié en moyenne chacune de 350.000 livres sterling grâce à ces opérations d’assouplissement quantitatif entre 2009 et 2014, soit environ 1.345 livres sterling de revenus supplémentaires chaque semaine, et ces familles ont certainement gagné bien plus depuis lors.

    Après le début de la crise, pays après pays, les protestations se sont multipliées, qu’il s’agisse de luttes industrielles, de manifestations de masse ou de la naissance de nouveaux mouvements politiques. Toutefois, jusqu’à présent, ces développements n’ont pas conduit à des changements décisifs. Cela s’explique en grande partie par le fait que les dirigeants de ces mouvements ne disposent pas d’un programme visant à contester le système capitaliste ou ne sont pas disposés à le faire. Cet échec, qui s’est surtout traduit par la trahison des dirigeants de SYRIZA en Grèce en 2015 lorsqu’ils ont accepté de mettre en œuvre des politiques d’austérité, a souvent ouvert la voie à la croissance des populistes de droite et des partis d’extrême droite. Ces forces ont parfois mentionné de véritables questions et craintes, mais ont donné des réponses erronées, souvent enrobées d’une propagande réactionnaire et nationaliste.

    La victoire de Trump elle-même était en partie enracinée dans la déception éprouvée face aux promesses « d’espoir » d’Obama, qui ne se sont pas concrétisées pour nombre d’Américains, au côté de la campagne pro-entreprise pourrie de Clinton. Alors que Trump représente une partie de la classe dirigeante américaine, sa prise de pouvoir sur le parti républicain américain et son arrivée à la présidence reflète combien les classes dirigeantes nationales ont, du moins pour l’instant, perdu leur emprise sur les événements politiques dans leurs propres États. Même si les politiciens capitalistes et les machines d’Etat n’ont pas dans le passé tout simplement été de simples marionnettes aux mains de la classe dirigeante, ils représentaient généralement leurs intérêts généraux, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui avec les gouvernements actuels aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et maintenant en Italie.

    Mais les événements ne se développent pas en ligne droite. La victoire de Trump elle-même a stimulé l’opposition au sein des États-Unis. Il ne faut pas oublier qu’il a perdu le vote populaire en 2016 et que Trump craint évidemment de futures défaites électorales. Il veut désespérément maintenir sa base ensemble, se présenter comme un “outsider” et est prêt à blâmer les autres pour tous ses échecs. Ses tactiques grossières, souvent basées la logique de « diviser pour mieux régner » tant au niveau national qu’international, peuvent elles-mêmes accroître les turbulence et provoquer des changements rapides.

    Malgré son caractère international, fortement renforcé par la mondialisation, le capitalisme, de par sa nature même, est enraciné dans l’État-nation, ce qui entraîne des rivalités, des affrontements et est à l’origine de conflits et de guerres. Avant la Seconde Guerre mondiale, c’était même le cas entre alliés. Ce n’est qu’en 1939 que l’armée américaine a cessé de mettre à jour son « War Plan Red », un plan consacré à un éventuel conflit militaire avec la Grande-Bretagne. Et même alors, ce plan a été préservé un certain nombre d’années. Il est évident qu’il n’y a aucune perspective de guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne aujourd’hui, mais l’histoire joue encore un rôle aujourd’hui. Ainsi, dans le cadre de sa propagande, Trump a récemment reproché au Canada d’avoir incendié Washington DC en 1814, alors qu’il s’agissait en fait d’une armée britannique.

    Après 1945, le capitalisme a été contesté durant des décennies par le stalinisme. Le stalinisme ne représentait pas le socialisme, mais un régime totalitaire qui a émergé à partir des développements contre-révolutionnaires survenus en Russie dans les années 1920 et 1930. Cependant, pendant des décennies, ce système ne reposait pas sur une économie capitaliste. Pendant un certain temps, surtout après 1945, les puissances capitalistes ont craint que la transformation de pays comme la Russie et la Chine soit considérée comme des exemples illustrant que des alternatives au capitalisme étaient possibles. L’existence d’Etats non capitalistes, bien que staliniens, a fourni un ciment qui a généralement gardé sous contrôle les rivalités et les conflits entre grandes puissances capitalistes. Mais après l’effondrement du stalinisme en ex-Union soviétique et en Europe, suivi de la transformation de la Chine en une forme particulière de capitalisme d’État, ce ciment s’est dissous. C’est en partie pourquoi Trump et ses partisans estiment que c’est le bon moment pour lancer une contre-offensive contre les capitalistes rivaux qui prospèrent aux dépens des Etats-Unis.

    Mais ce ne sont pas seulement les politiques de Trump qui causent des perturbations. Les tensions s’intensifient à nouveau au sein de l’Union européenne, non seulement sur la question des migrations, mais aussi sur l’avenir de la zone euro, en particulier sur la manière de faire face à une nouvelle crise bancaire, ce qui est largement considéré comme une possibilité. L’UE peut également être confrontée par le fait que l’Italie et d’autres pays de l’UE, se tournent vers Trump afin de bénéficier d’un effet de levier contre l’Allemagne et la France, ce qui conduirait à des affrontements plus profonds.

    Depuis les années 1930, les divisions capitalistes internationales n’ont jamais été aussi ouvertes. Alors que des affrontements militaires directs entre grandes puissances capitalistes sont très peu probables à ce stade, la possibilité de conflits régionaux, de guerres par procuration et, plus tard, peut-être même d’escarmouches entre les forces américaines et chinoises ne peut être exclue.

    Bien sûr, dans ces conflits, l’hypocrisie ne manque pas de part et d’autre. Les médias capitalistes des pays qui ressentent les attaques de Trump ont critiqué son incapacité à mentionner les droits de l’homme avec Kim Jong-un, mais ils omettent souvent de mentionner le silence de leurs propres gouvernements sur les droits de l’homme en Arabie Saoudite et dans les autres dictatures du Golfe.

    La polarisation qui prend place aux États-Unis montre comment les politiques de Trump, l’enrichissement de sa propre famille et son comportement personnel provoquent une opposition. Parallèlement, la combinaison d’une croissance économique limitée et d’une augmentation considérable des bénéfices de nombreuses entreprises aux États-Unis commence à encourager les travailleurs à faire pression pour obtenir leurs revendications. Le nombre total de membres des syndicats américains a augmenté de 262.000 personnes l’an dernier, les trois quarts de ces nouveaux affiliés ayant moins de 34 ans. Cette année a déjà été marquée par une vague de grèves parmi les enseignants, souvent organisées par la base, afin d’exiger plus de moyens pour l’enseignement ainsi que de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

    Tant aux États-Unis qu’à l’échelle internationale, on craint que les politiques de Trump, malgré sa rencontre amicale avec Kim Jong-un, ne conduisent à de nouveaux conflits militaires, en particulier au Moyen-Orient. Ceci, au côté de sa politique réactionnaire, constituera un facteur important dans les manifestations de masse qui accueilleront la visite de Trump en Grande-Bretagne en juillet.

    Mais aux États-Unis même, l’intérêt croissant pour le socialisme reflète la recherche d’une issue pour la société. Parmi ceux qui cherchent une alternative se développe la compréhension que les victoires de la droite – d’abord George W. Bush et maintenant Trump – étaient le reflet de la déception populaire à l’égard des présidences de Bill Clinton et d’Obama. La victoire de Trump, comme les succès de la droite dans d’autres pays, est liée au fait que les républicains traditionnels et Hilary Clinton n’étaient pas en mesure de faire face aux populistes et nationalistes de droite, ainsi qu’à l’extrême droite, qui exploitent les craintes et la colère de la population.

    C’est pourquoi il est si nécessaire de construire une alternative socialiste contre les troubles et les dysfonctionnements du capitalisme. Des luttes prendront place sur des questions importantes comme les conditions de vie, l’oppression, l’environnement et les droits démocratiques, ainsi que contre les politiques menées par les politiciens capitalistes. Il est d’une nécessité vitale de discuter du programme et des stratégies nécessaires pour remporter ces batailles mais, pour parvenir à un changement durable, cela doit être lié à la construction ou à la reconstruction d’un mouvement socialiste clairement indépendant du capitalisme et qui lui soit opposé.

    Cela signifie d’avoir la perspective de renverser le capitalisme, de placer les secteurs économiques clés sous propriété publique et de commencer à démocratiquement planifier l’utilisation des talents humains et des ressources à travers le monde dans l’intérêt de l’humanité et non pour satisfaire l’avidité capitaliste. C’est ce que Socialist Alternative défend aux Etats-Unis dans les divers mouvements de lutte qui s’y développent et ce que d’autres activistes du Comité pour une Alternative Ouvrière défendent également dans le monde entier.

  • L’accord de Trump avec Kim Jong-un

    Donald Trump a rencontré Kim Jong-un à Singapour le 12 juin. Le sommet a été salué comme historique. Trump, fidèle à lui-même, semble aussi être allé plus loin que ce qu’envisageaient son propre gouvernement et ses chefs militaires, en promettant de geler les exercices militaires “provocateurs” dirigés par les Etats-Unis et même d’ouvrir la porte à d’éventuelles réductions du nombre de troupes américaines stationnées en Corée du Sud.

    Par chinaworker.info

    C’était “historique” parce qu’aucun président américain en exercice n’a jamais rencontré un dirigeant nord-coréen. C’était l’un des plus grands événements médiatiques de l’année 2018 avec 2.500 journalistes étrangers présents à Singapour. Des millions de personnes en Corée et dans le monde entier sont soulagées de constater que la politique de la corde raide nucléaire de l’an dernier ne semble pas être à l’ordre du jour.

    Mais ce sera un “processus de paix” tortueux avec un risque élevé d’inversion et d’effondrement. Le capitalisme et l’impérialisme n’ont pas de vraies solutions à ces problèmes, pas plus qu’il n’en a au Moyen-Orient ou aux Etats-Unis.

    Une victoire pour Trump ?

    Trump se berce probablement de l’illusion qu’il a mis les États-Unis à la tête du processus face à la Corée, en volant particulièrement la place à la Chine et qu’il peut dicter la direction de ce processus à l’avenir. C’est extrêmement improbable.

    Le plus grand gagnant de l’accord est Kim Jong-un, qui jusqu’à présent s’est engagé à très peu en échange de ce qui, si les déclarations de Trump ne sont pas retirées, serait des concessions majeures de la part des États-Unis : mettre fin aux exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud et réduire le nombre de troupes américaines basées là-bas (actuellement 28.000).

    Xi Jinping est un autre gagnant, jusqu’à présent. La Chine maintient sa poigne de fer. Elle peut aussi se vanter que son approche a été justifiée. Le régime de Xi a soutenu les sanctions plus sévères de Trump contre la Corée du Nord, à condition qu’elles soient approuvées par l’ONU, mais a appelé au dialogue au lieu de menaces. Le régime chinois a présenté la proposition de “gel contre gel” – que Trump a rejetée puis maintenant adoptée – que les États-Unis suspendent leurs exercices militaires conjoints en échange du gel des activités nucléaires de la Corée du Nord.

    A partir d’ici, les choses vont devenir très compliquées. Plusieurs autres grandes puissances, pas seulement les États-Unis et la Chine, ont un grand intérêt dans la suite des événements. Les capitalistes sud-coréens ont leur propre agenda et il est significatif que la principale impulsion pour le sommet Trump-Kim est venue de Séoul et du président Moon. Les intérêts de survie de la dictature nord-coréenne, qui ont toujours gouverné son comportement non-conformiste, peuvent produire plus de chocs et de sauts périlleux.

    Le contenu réel de l’accord est très vague et comprend peu de détails. Le communiqué de Singapour ne contenait que 400 mots, contre 110 pages dans le cas de l’accord nucléaire iranien, que Trump a dénoncé comme “horrible” et dont il s’est retiré en mai. Le mot “vérification” – pour confirmer que Pyongyang a mis en œuvre les mesures convenues pour faire reculer son programme nucléaire – est totalement absent.

    Les deux parties ne se sont mises d’accord que sur de grandes ambitions telles que travailler pour un “régime de paix” dans la péninsule coréenne. Les Etats-Unis acceptent de fournir des garanties de sécurité (de Trump qui, il y a neuf mois, a menacé de “détruire totalement” la Corée du Nord) en échange d’un vague engagement en faveur du désarmement nucléaire par le régime de Kim.

    Cela ouvre-t-il la voie à l’élimination des armes nucléaires ?

    Mis à part l’hypocrisie des États-Unis – le seul État à utiliser des armes nucléaires dans une guerre revendique également la supériorité morale contre d’autres pays qui développent de telles armes – le régime de Pyongyang ne va presque certainement pas renoncer à toutes ses armes nucléaires. Une réduction partielle, cédant une partie des systèmes de missiles à plus longue portée qui peuvent atteindre les États-Unis par exemple, est possible en échange d’énormes pots-de-vin et d’incitations financières.

    Un récent discours du conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, selon lequel la Corée du Nord devrait suivre le “modèle libyen” n’aura pas contribué à faire changer d’avis Kim Jong-un. Kadhafi, qui a abandonné le programme d’armement nucléaire de Libye en 2003, a ensuite été renversé par les États-Unis et assassiné.

    Le communiqué précise que la Corée du Nord “s’engage à œuvrer à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne”. Il s’agit d’un discours diplomatique standard qui place le régime nord-coréen dans une position de force pour manœuvrer et gagner du temps afin d’obtenir le maximum de concessions à chaque étape. Cela a toujours été sa stratégie. Les Etats-Unis ne sont pas si stupides qu’ils ne peuvent pas voir que l’accord est plein de failles, mais ils, en particulier Trump personnellement, voulaient que ce soit fait de toute façon. C’est un point clé pour comprendre ce qui s’est passé.

    Un virage abrupt

    C’est un virage très abrupt de la part des Etats-Unis. Les gouvernements américains précédents ont été largement guidés par l’idée que le régime nord-coréen était sur le point de s’effondrer. Par conséquent, l’isolement diplomatique et économique – les sanctions – pouvait accélérer ce processus ou forcer le régime à négocier à partir d’une position de faiblesse. Cette approche était favorisée au détriment d’une intervention militaire très risquée pour arrêter le développement des armes nucléaires de Pyongyang.

    Ce qui a changé, c’est qu’un certain degré de stabilisation économique en Corée du Nord a rendu l’effondrement du régime moins probable à court terme. Mais la situation régionale au sens large est également en train de changer, en particulier avec l’escalade du conflit entre les États-Unis et la Chine. C’est l’autre raison principale du brusque changement de cap du gouvernement américain.

    De nombreuses études ont montré aux dirigeants américains qu’une “frappe militaire chirurgicale” contre les installations nucléaires de Corée du Nord n’est pas une option viable. Il est probable que cela dégénérerait en une guerre que les Etats-Unis pourraient bien sûr gagner militairement mais, avec ou sans un horrible échange nucléaire, la dévastation serait si colossale – en Corée du Nord et du Sud, au Japon et même dans certaines parties de la Chine – que les Etats-Unis perdraient l’Asie, générant un sentiment anti-américain massif dans toute la région. Dans un tel scénario, l’économie mondiale entrerait très probablement dans une crise majeure.

    Les gouvernements américains précédents ont négocié des pactes beaucoup plus sévères et plus étendus sur le programme nucléaire de Corée du Nord avec le père de Kim Jong-il dans les années 1990 et les années 2000. Ces deux accords se sont effondrés. L’accord informel que Trump a négocié aurait en fait pu être réalisé par les Etats-Unis à tout moment au cours des 20 dernières années.

    Cet accord avec Kim n’est pas seulement un produit des idiosyncrasies de Trump – son imprévisibilité. C’est le reflet du déclin du pouvoir de l’impérialisme américain sur la scène mondiale et surtout en Asie où il est contré sur tous les fronts par la puissance croissante de la Chine. Cela produit des politiques plus désespérées et aventuristes.

    Que Trump espère-t-il réaliser ?

    Le gouvernement de Trump est un gouvernement en proie à la tourmente. Il a désespérément besoin de succès. Mais en plus d’espérer que les “selfies” avec Kim Jong-un conduiront à un soutien électoral plus important, l’accord permet aux Etats-Unis de se sortir d’une impasse potentiellement dangereuse. Trump voit également une opportunité, si l’accord conduit à un processus de “normalisation” plus profond, de renforcer la position américaine en Asie aux dépens de la Chine et d’autres rivaux.

    À cette fin, Trump a demandé à une équipe de production d’Hollywood de réaliser une vidéo promotionnelle de quatre minutes qu’il a montrée à Kim et à la délégation nord-coréenne, décrivant un flot d’investissements américains transformant la Corée du Nord en une nouvelle économie “miracle”. Lors de sa conférence de presse à Singapour, Trump le président a cédé la place à Trump le promoteur immobilier. « Pensez-y du point de vue de l’immobilier », a-t-il dit. « A titre d’exemple, ils[la Corée du Nord] ont de superbes plages. Tu vois ça à chaque fois qu’ils font exploser leurs canons dans l’océan. J’ai dit, mon gars, regarde cette vue. Ça ne ferait pas un super appartement de luxe ?”

    Certains au sein du gouvernement américain espèrent pouvoir « faire basculer » la Corée du Nord dans le camp américain contre la Chine et la Russie, qui se trouvent toutes deux à sa frontière. Selon ce scénario, en échange d’une assistance économique et de garanties militaires américaines massives, liées à un processus de réunification avec le Sud (une réunification complète à l’allemande est peu probable), le régime nord-coréen accepterait, avec le Sud, de faire partie de la sécurité et du parapluie militaire américain – ce qui constitue une menace pour les intérêts de la Chine et de la Russie dans cette affaire.

    Le rôle de la Chine

    Bien que le scénario ci-dessus soit peu probable, c’est un scénario qui inquiète le régime chinois qui a connu pendant de nombreuses décennies la diplomatie dissidente, pour ne pas dire trompeuse, du régime nord-coréen. C’est pourquoi Kim et Xi Jinping tiennent actuellement des pourparlers pour la troisième fois en autant de mois ; ils ne s’étaient jamais rencontrés avant cette année. La Chine utilise sa puissance économique et même une menace militaire implicite pour essayer de garder un allié en ligne et de bloquer tout mouvement vers un axe Trump-Kim aux dépens de la Chine.

    La Chine est le principal partenaire économique de la Corée du Nord, représentant 90 % de ses échanges commerciaux. Mais avant l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, le régime du grand-père de Kim Il-sung jouait Moscou et Pékin l’un contre l’autre, utilisant fréquemment des tactiques de chantage similaires à celles de Kim aujourd’hui.

    La recherche d’un compromis avec l’impérialisme américain pour contrebalancer sa dépendance déséquilibrée à l’égard de la Chine a été l’une des principales raisons d’être du programme nucléaire de Corée du Nord. Kim espère sans aucun doute en tirer profit – gagner des concessions sur la sécurité, l’accès à l’économie mondiale, les accords d’investissement, et plus encore – en jouant la Corée du Sud, le Japon, la Russie et surtout les Etats-Unis et la Chine, les uns contre les autres.

    En dépit de ce que Trump peut croire, il n’est nullement certain que les Etats-Unis seront en tête de cette nouvelle lutte intensifiée entre puissances impérialistes. La Chine exercera des pressions de diverses manières pour s’assurer qu’elle est incluse dans les discussions en cours, avec un rôle majeur dans tous les accords et les futurs régimes d’inspection. Trump est aussi imprévisible que Kim Jong-un et pourrait utiliser les négociations coréennes pour obtenir un effet de levier dans d’autres conflits avec la Chine, comme la guerre commerciale qui s’intensifie rapidement.

    Mais Trump est également connu pour ses tendances “isolationnistes” et ses menaces antérieures de retirer les troupes américaines non seulement de Corée du Sud, mais aussi du Japon, où 50.000 soldats américains sont stationnés, à moins que ces gouvernements ne “paient tous les frais” de cette présence. Cela est également lié au désir de Trump de stimuler les exportations d’armes américaines, l’Asie étant le marché de l’armement qui connaît la croissance la plus rapide au monde.

    Son offre apparemment spontanée à Kim Jong-un de réduire ou de retirer les troupes américaines de Corée du Sud a fait planer encore plus d’incertitude sur les intentions américaines. Bien qu’improbable, du moins dans un avenir proche, un retrait militaire américain de Corée et du Japon déclencherait paradoxalement, sur la base d’un capitalisme déchiré par la crise, une course aux armements encore plus féroce dans la région, le Japon et la Corée du Sud construisant probablement leurs propres armes nucléaires. Une telle évolution alarmerait le régime chinois.

    Par conséquent, plutôt que la paix, le processus initié à Singapour pourrait être le début d’une nouvelle phase de tensions accrues entre les Etats-Unis, la Chine et d’autres puissances régionales.

    La stratégie du régime de Kim

    Depuis l’effondrement de l’Union soviétique – le principal soutien économique de la Corée du Nord – qui a provoqué l’effondrement de sa propre économie planifiée, le régime a été poussé par un objectif primordial : garantir sa propre survie. C’est là l’origine du programme nucléaire du Nord dans le cadre de sa politique étrangère traditionnelle de recherche d’attention.

    La survie du régime n’est pas une question idéologique, elle n’a rien à voir avec le communisme ou le stalinisme ou le fait de s’opposer au capitalisme. L’élite très riche et privilégiée de la Corée du Nord se compose d’un millier de familles de premier plan, la plupart du temps disposant de connexions militaires. Elles comprennent que si leur État et leur régime s’effondrent ou sont absorbés, comme l’Allemagne de l’Est (l’ancienne RDA), dans une Corée capitaliste “démocratique” gouvernée par le capitalisme sud-coréen où un anticommuniste de droite détient encore un pouvoir considérable, alors ils seront impitoyablement traités – procès-spectacles, prison ou pire encore.

    Pour cette raison, la politique de Kim est d’assurer, sur quelque base que ce soit, la continuité de son régime, aujourd’hui ancré comme une “monarchie” de troisième génération. Depuis la fin des années 1990, le régime a expérimenté diverses réformes du marché capitaliste mais, en raison de l’isolement économique et des sanctions américaines, ses tentatives de suivre l’exemple de la Chine ont été frustrées.

    Il est maintenant probable que Kim Jong-un profitera de l’élan de son accord avec Trump, qui renforce son emprise sur le pouvoir, pour lancer une nouvelle phase de réformes pro-capitaliste. Le régime, avec le soutien de Séoul et de Pékin, fera pression pour un assouplissement rapide des sanctions internationales avec l’espoir que de nouveaux accords économiques, en particulier avec le capitalisme sud-coréen, arrivent rapidement.

    Quelles perspectives ?

    La télévision d’Etat nord-coréenne a donné une couverture massive au sommet de Singapour, interviewant des citoyens ordinaires, faisant la promotion de la ville-Etat comme un succès éclatant pour du “capitalisme d’Etat autoritaire”. Les réformes économiques en Corée du Nord ne s’accompagneront donc pas d’un relâchement politique ou d’une démocratisation. La Chine sera à nouveau le modèle à cet égard.

    L’Etat sud-coréen, avec sa “démocratie à l’occidentale”, ne souhaite pas étendre ce système politique au-delà des frontières, comprenant qu’il a besoin d’un régime autocratique au Nord pour maintenir cette société largement très pauvre afin de bloquer tout déplacement de réfugiés vers le Sud, bloquer des protestations de masse, la syndicalisation et les grèves de la main-d’œuvre bon marché du Nord, que les capitalistes du Sud espèrent maintenant exploiter plus largement grâce à des accords économiques post-sommet.

    Les droits démocratiques ont toujours été obtenus par une lutte de masse à partir de la base, plutôt que par des accords conclus entre les gouvernements et les élites dirigeantes. C’est ce qui s’est passé en Corée du Sud, où les grèves de masse des années 80 ont mis fin au règne des généraux. La classe ouvrière – organisée démocratiquement en partis de masse socialistes – est la clé pour parvenir à une paix réelle et mettre fin aux régimes dictatoriaux brutaux en Corée, en Chine et dans toute la région, en mettant fin au capitalisme et à la menace d’interventions impérialistes de la part des Etats-Unis ou de toute autre puissance.

  • Contre le bombardement de la Syrie, construire un mouvement anti-guerre de masse

    L’administration de Donald Trump se prépare à une autre série de frappes de missiles contre des cibles du régime syrien. Cela pourrait déclencher une chaîne explosive d’événements et conduire à une conflagration militaire plus grave entre grandes puissances internationales et régionales au Moyen-Orient. Moscou a répondu aux menaces ouvertes de Trump en disant que la Russie ciblerait les unités américaines impliquées dans toute attaque sur le sol syrien.

    Par Serge Jordan, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Trump et la première ministre britannique, Theresa May, traversent une période de turbulences politiques et ont besoin de détourner l’attention des malheurs de leurs administrations. En Grande-Bretagne, il a été très commode pour May que l’attaque chimique présumée, sans preuve concrète, ait eu lieu pendant la période précédant cette crise. Aux côtés de la France, où le président Emmanuel Macron est aux prises avec une nouvelle vague d’action de la classe ouvrière, et de l’Arabie saoudite, qui a offert des facilités pour soutenir les trois autres, tous sont en train de renforcer leur rhétorique et de bander leurs muscles contre le régime d’Assad et ses partisans au Kremlin. A cette fin, ils utilisent cyniquement le prétexte d’une prétendue attaque chimique à Douma, la principale ville de la Ghouta orientale dans la banlieue de Damas.

    Cette attaque odieuse, qui aurait tué des dizaines de personnes, est imputée – sans aucune preuve à ce jour – au régime de Bachar el-Assad et à ses bailleurs de fonds étrangers. Certes, le régime d’Assad a défendu son pouvoir corrompu au fil des ans à travers des fleuves de sang versés par des innocents. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge, NDT) ne donne pas le moindre soutien à ce régime réactionnaire brutal, ni à ses mécènes russes et iraniens. Mais pourquoi l’armée syrienne lancerait-elle une attaque chimique maintenant, ce qui provoquerait la colère des puissances impérialistes occidentales ? Bien que ce ne soit pas à exclure, la logique tactique qui sous-tend une telle décision n’est pas évidente. La victoire militaire à la Ghouta orientale était en effet à la portée du régime, ancrant l’emprise d’Assad sur la plupart des centres urbains syriens. Certains commentateurs ont émis l’hypothèse que cette attaque récente aurait pu être initiée par les forces djihadistes “rebelles” afin d’entraîner l’impérialisme américain plus profondément dans le conflit.

    Indépendamment de la responsabilité de cette attaque, son instrumentalisation comme excuse pour une autre intervention impérialiste au Moyen-Orient doit être rejetée et il faut s’y opposer. Quinze ans après l’invasion et l’occupation de l’Irak, des millions de personnes se souviennent encore des mensonges des politiciens au pouvoir et de leurs amis des médias pro-establishment et pro-capitalistes de l’époque pour justifier cette guerre calamiteuse. De façon compréhensible, nombreux sont donc ceux qui ne sont pas prêts à avaler sans critique la version officielle des événements présentée aujourd’hui par les gouvernements occidentaux et les médias dominants. Les autres interventions occidentales en Afghanistan et en Libye ont également représenté une catastrophe pour les populations de la région. Elles n’ont fait qu’aggraver la crise.

    La guerre en Irak a précipité le déclin de l’impérialisme américain au Moyen-Orient ; la guerre en cours en Syrie l’a davantage exposé, offrant à la Russie et à l’Iran un espace ouvert pour étendre leur influence régionale. Ceci, combiné à l’évolution de l’administration de Trump vers un soutien plus direct et plus ouvert des ennemis jurés de l’Iran, Israël et l’Arabie Saoudite, a amené les tensions régionales à un niveau très élevé.

    Les tensions dans la région entre les principales puissances, maintenues précairement sous contrôle pendant la lutte contre Daesh, sont maintenant revenues au premier plan avec une intensité renouvelée, car le proto-Etat de Daesh s’est pratiquement effondré. Les développements récents ont vu une escalade dans les escarmouches militaires “interétatiques” sur le territoire syrien, avec un engagement militaire plus profond de la part d’Israël, de la Turquie, de l’Iran et d’autres pays.

    Les frappes aériennes de Trump sont susceptibles d’être une démonstration de force de durée limitée, à l’instar de ce qui s’est produit en avril 2017 lorsque la marine américaine a tiré 59 missiles de croisière Tomahawk sur une base aérienne syrienne. D’autres options, comme une guerre totale pour un “changement de régime”, risqueraient non seulement d’entraîner toute la région dans les flammes d’une guerre majeure, mais aussi de hâter des convulsions politiques et sociales majeures dans les capitales occidentales et à travers le monde. Mais la guerre a sa propre logique, et de nouvelles frappes aériennes américaines dans une telle situation combustible pourraient avoir des conséquences involontaires.

    Hypocrisie

    Alors que les tensions inter-impérialistes augmentent au Moyen-Orient et dans le monde entier, l’hypocrisie et les doubles standards des classes dirigeantes atteignent également des proportions stupéfiantes. Accusant Assad de “mépris pour les vies humaines”, Trump, May et Macron ont récemment déroulé le tapis rouge pour le prince héritier Mohammed Bin Salman, l’architecte en chef du carnage et de la famine délibérée du Yémen, qui tue un enfant toutes les dix minutes en moyenne ! Tous sont allés jusqu’à féliciter le boucher contre-révolutionnaire al-Sissi pour sa récente ” réélection ” farfelue en Égypte ; tous ont donné un laissez-passer de facto à l’opération de nettoyage ethnique du président turc Erdogan à Afrin, ainsi qu’aux tireurs d’élite israéliens qui ont abattu librement des Palestiniens non armés à Gaza – l’impérialisme américain opposant son veto à une condamnation du Conseil de sécurité de l’ONU.

    Aucun des commentateurs scandalisés par l’utilisation d’armes chimiques qui justifient une nouvelle agression militaire en Syrie n’a levé de sourcils lorsque, l’année dernière, l’armée américaine a utilisé du phosphore blanc dans des zones fortement peuplées de Mossoul et de Raqqa dans la lutte contre Daesh. Des centaines de civils pouvaient alors apparemment périr et leurs villes être détruites au nom de la “guerre contre le terrorisme”. La même logique a été utilisée par les partisans d’Assad et de Poutine pour tenter de rationaliser les sièges meurtriers et les bombardements brutaux des populations civiles vivant dans les zones de la Syrie détenues par des groupes rebelles armés, dont la plupart sont à tendance islamiste-fondamentaliste, comme les salafistes de “Jaysh al-Islam” qui avaient jusqu’à récemment le contrôle de la Ghouta orientale.

    En réalité, le déchaînement meurtrier d’Assad et de ses alliés – à l’instar des meurtres de civils qui accompagne la “libération” impérialiste occidentale des zones contrôlées par Daesh – combiné à la pauvreté de masse et à l’aliénation de millions de personnes sont susceptibles d’agir comme agents de recrutement pour de futurs groupes armés sunnites extrémistes – à moins qu’ils ne soient contestés par une véritable alternative. Parallèlement, les actions d’impitoyables gangs armés de type salafiste et djihadiste ont aidé Assad à maintenir – par la peur – le contrôle sur des portions importantes de la population. Une nouvelle série de frappes aériennes impérialistes aurait le même effet, renforçant le discours d’Assad qui compare son régime à une forteresse assiégée par des ennemis terroristes et impérialistes intérieurs et extérieurs.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière s’oppose vigoureusement à toute attaque militaire contre la Syrie, ainsi qu’à toute intervention étrangère et à toute ingérence dans le pays. L’effusion de sang et la destruction qui se sont poursuivies presque sans relâche au cours des sept dernières années doivent être stoppées, et non pas aggravées. C’est une tâche que toutes les puissances capitalistes et impérialistes existantes impliquées dans la région – qui luttent entre elles pour le pouvoir, le prestige et le profit – se sont montrées totalement incapables de réaliser. Il ne peut tout simplement pas y avoir de solution aux horreurs auxquelles le peuple syrien est confronté sur base de ce système pourri.

    Alors que le peuple syrien supporte les coups de la contre-révolution et de la guerre, une classe ouvrière importante et puissante existe dans des pays comme l’Iran, la Turquie et l’Egypte. Une telle force – alliée aux pauvres et aux opprimés de la région ainsi qu’à un très nécessaire mouvement anti-guerre en Occident de même qu’armée de politiques socialistes démocratiques – peut montrer la voie à suivre pour sortir du cauchemar auquel sont confrontées la Syrie et le Moyen-Orient plus largement.

    • Non aux attaques de Trump sur la Syrie – retrait de toutes les forces étrangères de Syrie – non à l’ingérence de toutes les puissances extérieures dans la région.
    • Pour la construction d’un mouvement de masse international contre la guerre.
    • Pour la construction de comités de défense unitaires, multiethniques et non sectaires dans toutes les parties de la Syrie afin de défendre les travailleurs et les pauvres contre les attaques sectaires et militaires de toutes les parties.
    • Pour la construction de syndicats indépendants et de partis des travailleurs de masse, avec un programme visant à donner les terres aux masses et les entreprises aux travailleurs.
    • A bas la dictature, le capitalisme et l’impérialisme – pour l’unité des travailleurs et le socialisme.
    • Pour une confédération socialiste démocratique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, respectant les droits de toutes les minorités.
  • Un an, c’est déjà plus qu’assez ! Comment stopper Trump ?

    Le 8 novembre 2016, le monde est resté sans voix quand il a été annoncé que Donald Trump deviendrait le nouveau président des États-Unis. Un an plus tard, on s’inquiète toujours de ce que son régime peut provoquer aux États-Unis comme dans le monde entier.

    Par Bart Vandersteene

    Imprévisible et impopulaire

    Au cours de l’année écoulée, l’administration Trump fut imprévisible, mais surtout très réactionnaire. Trump a menacé de guerre la Corée du Nord, ce qui aurait un énorme coût humain. Il a lancé l’idée d’une intervention militaire au Venezuela. Il s’en ait prit aux migrants, à la communauté LGBTQI+, aux femmes, à la protection de l’environnement, aux aspects progressistes des soins de santé américains… mais il a en retour été confronté à des protestations massives de la part de la population. Trump dispose aujourd’hui du taux de soutien le plus bas pour un président un an après son élection. Des millions d’Américains désirent se débarrasser de lui le plus vite possible.

    Trump est détesté en raison de ses politiques racistes et sexistes agressives au service des ultras-riches. Mais une grande partie de l’establishment redoute aussi les conséquences de la politique parfois imprudente de l’homme politique le plus puissant au monde. La classe des milliardaires, l’establishment politique et l’état-major de l’armée font tout leur possible pour garder sous contrôle la dynamique politique américaine. Ils sont confrontés à un narcissique instable et incontrôlable qui déstabilise davantage le système, lui-même résultat de la profonde crise que traverse la caste politique aux Etats-Unis.

    Les partis républicain et démocrate sont profondément divisés. Ils sont plus éloignés de l’américain ordinaire que jamais. Un récent sondage a montré que 58% des Américains estiment que Donald Trump est déconnecté de la population. 62% pensent de même pour le parti républicain et, pour les démocrates, le chiffre atteint les 67%. Voilà un élément de réponse pour tous ceux qui se sont demandés pourquoi Hillary Clinton a perdu les élections. Il ne faut pas seulement réfléchir à la manière de se débarrasser de Trump. Laisser la scène politique aux mains de partis l’un l’autre tout aussi détestés par une grande majorité d’Américains équivaut à ouvrir la voie à d’autres clowns grotesques qui instrumentaliseront le mécontentement.

    La direction des démocrates et des partis classiques à travers le monde affirme que la meilleure manière de contrer l’agenda de Trump est d’attendre les prochaines élections. Ce serait toutefois une grosse erreur de compter là-dessus. La résistance sociale, aux États-Unis comme ailleurs, doit maintenant atteindre un nouveau stade. Les mobilisations de masse telles que les Millions Women’s March du 21 janvier 2017 restent nécessaires. Ce jour-là en 2016, des millions de femmes et d’hommes étaient descendus dans les rues. Ce fut la plus grande journée de protestation de l’histoire des Etats-Unis.

    Ce serait une grande erreur de laisser le mouvement social aux mains des démocrates et de limiter les revendications à ce qui leur est acceptable. Les démocrates espèrent seulement affaiblir Trump pour remporter les élections. Un mouvement capable de faire barrage à Trump n’a pas besoin d’une direction démocrate. Les démocrates se rendent bien compte qu’ils sont la prochaine cible du mouvement social.

    Bernie aurait gagné

    Dans son livre Hacks, Donna Brazile explique à quel point la direction des démocrates a remué ciel et terre pour permettre à Clinton de remporter les primaires démocrates de 2016. Il s’agit d’un témoignage de poids puisqu’il provient de la présidente par intérim du Comité national démocrate en 2016. Elle était parvenue à ce poste suite à la démission de la présidente Debbie Wasserman Schultz à la suite des révélations de Wikileaks concernant ses nombreux efforts en faveur de Clinton lorsqu’elle était encore opposée à Sanders. Brazile confirme cette affaire, mais fournit également plus de détails sur la manière dont la procédure de désignation du candidat démocrate a été manipulée et faussée avec un seul but : arrêter Bernie Sanders par tous les moyens.

    Sanders aurait remporté la bataille électorale contre Trump. Peu de gens en doutent. Ses idées politiques, cependant, constituaient une menace pour la classe des milliardaires, de sorte que le couronnement prévu d’Hillary Clinton devait à tout prix prendre place.

    Beaucoup de militants espèrent encore que le Parti démocrate puisse être réformé. Un certain nombre de candidats de gauche du réseau ‘‘Our Revolution’’ autour de Bernie Sanders ont remporté un siège aux élections de cette année. Mais la prépondérance de l’aile pro-establishment au sein du parti démocrate reste pour le moment intacte. Les statuts internes ont été adaptés pour empêcher le plus possible aux Berniecrates (les démocrates qui soutiennent Bernie Sanders) d’avoir une réelle influence au sein du parti. Cela rend quasiment impossible que l’establishment perde simplement un de ses partis, le Parti démocrate, face au mouvement social.

    Les candidats marxistes ont également obtenus de bons résultats lors des élections locales, à l’instar de Ginger Jentzen, de notre organisation-sœur Socialist Alternative, à Minneapolis (34% des voix). Cela fait quelques années que nous constatons aux Etats-Unis un essor des idées anticapitalistes et socialistes. Socialist Alternative défend que des candidats indépendants de l’establishment se présentent aux élections. Ces campagnes peuvent aider à réunir des forces pour créer un parti des 99% afin de défier le pouvoir des 1%, le pouvoir du monde de Wall Street, de la classe des milliardaires et de ses deux partis politiques.

  • Colère massive suite à la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme «capitale» israélienne

    La déclaration de Trump de reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël, tout en ignorant le droit des Palestiniens à un Etat avec une capitale à Jérusalem, a déclenché une vague de protestation dans le monde et a déjà entrainé des morts parmi les Palestiniens. Quatre Palestiniens tués, plusieurs centaines de blessés, des roquettes dans le sud d’Israël, des bombardements dans la bande de Gaza: la déclaration arrogante de Trump est déjà tachée de sang.

    Par Shahar Benhorin et Yasha Marmer, Mouvement Socialiste de Lutte (CIO-Israël/Palestine)

    Cette déclaration accepte la revendication du régime israélien d’une reconnaissance unilatérale de Jérusalem divisée et frappée par la pauvreté comme seule capitale d’Israël, et, en fait, la reconnaissance du statu quo de l’occupation continue à Jérusalem-Est tout en niant le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat ayant une capitale à Jérusalem.

    La décision de Trump a déclenché des protestations justifiées dans le monde entier et particulièrement parmi les Palestiniens. Des dizaines de milliers de personnes ont protesté à Amman en Jordanie, tandis que des milliers de personnes ont manifesté dans les villes de la région et autour du globe. Des milliers de Palestiniens ont manifesté à Jérusalem-Est, parallèlement à une grève des commerces. Des milliers de personnes ont manifesté à Ramallah, avec des manifestations organisées dans plusieurs parties de la bande de Gaza et dans toute la Cisjordanie. De l’autre côté de la ligne verte (en Israël), des milliers de personnes ont protesté à Umm al-Fahm, des milliers dans la région de Wadi Ara tandis que d’autres manifestations s’ébranlaient avec des centaines de participants à Jaljulia, Kafr Kanna, Qalansuwa, Nazareth et d’autres villes. Le Haut comité de suivi pour les citoyens arabes d’Israël a appelé à une manifestation devant l’ambassade américaine à Tel Aviv et à une manifestation à Sakhnin.

    Le nombre de victimes dues à cette prise de position de Trump pourrait augmenter dans les jours et les semaines à venir, à la suite de la répression militaire des manifestants palestiniens, des bombardements des forces de défense israéliennes dans la bande de Gaza et des attaques aveugles contre les civils israéliens.

    Avant la déclaration de Trump – qui, selon Trump et Netanyahu [le Premier ministre israélien] aidera à promouvoir la paix! – le Département d’Etat américain a ordonné aux diplomates américains de se mettre à l’abri et d’éviter les visites inutiles en Israël pendant deux semaines par souci pour leur sécurité. La sécurité des Palestiniens et des Israéliens ne concerne pas l’administration Trump et ses partenaires dans le gouvernement de Netanyahou. L’empressement du gouvernement de Netanyahou à défendre la poursuite de l’occupation, à tout prix, peut à lui seul ouvrir un autre chapitre d’une escalade significative et continue du conflit israélo-palestinien et aggraver les tensions dans la région.

    Le Premier ministre israélien, le président et les dirigeants des partis d’opposition, Avi Gabbay et Yair Lapid, ont salué la démagogie de Trump. Les représentants de la droite et des colons l’interprètent comme un feu vert pour la poursuite de l’expansion des colonies et de la «judaïsation» des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, pour des démolitions systématiques de maisons, pour l’oppression et l’expropriation des Palestiniens. Le gouvernement envisage toujours d’annexer la colonie de Maale Adumim, de construire des colonies dans la zone E1 et d’exclure des dizaines de milliers de Palestiniens de la zone municipale de Jérusalem. Pendant ce temps, le ministre du logement, Yoav Gallant, qui n’a pas réussi à résoudre la crise du logement, a déjà annoncé la construction de milliers de nouvelles colonies à Jérusalem-Est.

    Les mesures visant à empêcher toute possibilité d’établir une capitale palestinienne à Jérusalem ont longtemps été soutenues silencieusement par les administrations américaines, accompagnées de condamnations purement verbales. Trump a transformé le soutien silencieux en un soutien bruyant et provocateur. Quand il dit que son administration soutiendra une solution à deux États, si les deux parties sont d’accord, il indique clairement qu’il est prêt à soutenir l’idée de la création d’un État palestinien seulement si le gouvernement israélien l’accepte. Apparemment, Trump ne prend pas position sur les limites de la souveraineté israélienne à Jérusalem. Mais, en fait, il donne un soutien clair à la poursuite de la prise de contrôle violente et unilatérale du côté est de la ville par le régime israélien en collaboration avec les organisations de colons.

    Réactions internationales

    Trump a annoncé les préparatifs pour la relocalisation de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, conformément à la loi américaine qui a été approuvée par le Congrès en 1995, dans le contexte des Accords d’Oslo. La loi a appelé à déplacer l’ambassade américaine et à reconnaître Jérusalem comme la capitale «indivisible» d’Israël. La mise en œuvre de la loi a été reportée à plusieurs reprises par une dérogation présidentielle signée tous les six mois. Trump a signé cette renonciation maintenant, comme il l’a fait en juin dernier. Il aurait pu déclarer la relocalisation immédiate de l’ambassade dans le bâtiment du consulat des États-Unis à Jérusalem, mais une telle mesure ne ferait qu’accentuer les critiques à son égard, y compris de la part de responsables gouvernementaux américains.

    Le secrétaire d’État Tillerson, le secrétaire à la Défense Mattis et le directeur de la CIA, Pompeo, faisaient partie de ceux qui s’opposaient à la déclaration. Ils craignaient, comme d’autres officiels de l’establishment américain, que les intérêts de l’impérialisme américain soient endommagés par la résurgence de la rage contre les Etats-Unis à l’échelle internationale, les dommages aux relations avec les régimes de la région, l’érosion de la stabilité dans la région et affaiblissement de l’influence américaine sur l’Autorité palestinienne (AP). En effet, la démarche de Trump était un objectif propre pour la politique étrangère américaine. Cela s’est manifesté par la réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies, par la condamnation des gouvernements européens, par la réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire et par la déclaration de l’Autorité palestinienne de couper les liens avec les Etats-Unis.

    Seule une poignée de régimes internationaux étaient prêts à s’adapter à ce type de politique concernant Jérusalem: Taïwan a copié la position de Trump et les promesses d’aller dans la même direction ont été faites par les “mini-atouts” de la Hongrie, de la République tchèque et des Philippines. La plupart des gouvernements du monde n’oseront pas adopter la politique de Trump concernant Jérusalem dans un avenir proche, pour leurs propres considérations stratégiques mais aussi en raison de l’opposition publique significative à l’occupation israélienne des territoires de 1967 [ceux occupés à la guerre de 1967]. Même la République tchèque a souligné dans sa déclaration de presse qu’elle ne reconnaissait comme capitale d’Israël que “Jérusalem à l’intérieur des frontières de 1967”. Cette déclaration s’inscrit dans la nouvelle position de la Russie qui a déclaré en avril qu’elle considérait Jérusalem Ouest comme la capitale d’Israël et Jérusalem-Est comme la capitale du futur Etat palestinien.

    Netanyahu se vante d’un renforcement des relations avec les dirigeants du monde entier, mais sous la surface – aux États-Unis, en Europe et ailleurs – il y a une tendance significative à la critique plus forte de la politique israélienne. Au Moyen-Orient, bien que les régimes sunnites arabes agissent pour resserrer une alliance stratégique avec l’Etat israélien, ils doivent prendre en considération le sentiment public et la solidarité généralisée avec la lutte palestinienne pour la libération nationale.

    “L’accord du siècle”

    Après le discours de Trump, le New York Times a publié que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman avait fait pression sur l’Autorité Palestinienne (AP) pour que soit accepté un accord de capitulation avec Israël. Selon cet accord, la capitale palestinienne sera située à Abu-Dis et non à Jérusalem-Est, les colonies ne seront pas supprimées et le «droit au retour» [des réfugiés palestiniens] ne sera pas reconnu. Mais publiquement, les dirigeants saoudiens ont été obligés de jouer un air différent. Ils se sont opposés, tout comme leurs homologues du royaume jordanien, à la déclaration de Trump avec des communiqués acerbes. Ils craignent des protestations éventuelles du peuple saoudien. Hassan Abu Hanieh, un analyste jordanien, a expliqué dans le Financial Times [6.12.17] que “le leadership arabe sera considéré comme complice de cette situation, et il y a une conviction croissante parmi les populations que leurs gouvernements sont en collusion avec Israël”.

    Trump a l’intention de révéler dans les prochains mois une nouvelle “feuille de route” qui, selon lui, résoudra le conflit israélo-palestinien. Trump utilise sa récente intervention pour intensifier la pression sur l’Autorité Palestinienne et l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) pour accepter tous ses diktats. Tout cela alors que Trump continue également de menacer de fermer le bureau de l’OLP à Washington. Il soutient que la suspension du soutien officiel des États-Unis à Israël sur la question de Jérusalem n’a pas aidé à promouvoir un accord, jusqu’à présent. Par-là, Trump envoie un message à la direction palestinienne que si cela ne correspond pas à ses conditions – la nécessité de satisfaire le gouvernement de Netanyahu qui refuse toute reconnaissance d’un état palestinien – les Etats-Unis vont faire payer l’addition. Cependant, faire pression sur l’Autorité palestinienne d’une manière aussi publique et sévère compromet encore plus toute base pour la promotion de son «accord du siècle».

    Trump arrache du visage de l’impérialisme américain, une fois de plus et de façon « laide », le faux masque d’ «intermédiaire honnête» qu’il prend dans le conflit israélo-palestinien. Jusqu’à la récente déclaration, le président palestinien Mahmoud Abbas cherchait vigoureusement les grâces de Trump, et a même déclaré en septembre: “Nous sommes très près d’une véritable paix entre les Palestiniens et les Israéliens”. Dans le même temps, la majorité des Palestiniens ne croient pas au canular de la paix de Trump et préféreraient qu’Abbas démissionne de son poste. Maintenant, Trump a poussé les hauts dirigeants de l’AP dans un coin. Parallèlement au gel des relations avec les Etats-Unis, Abbas refusera de rencontrer le vice-président américain Mike Pence qui prévoit de se rendre à Bethléem à Noël. Il semble aussi qu’Abbas refusera l’invitation de rencontrer Trump à la Maison Blanche, du moins pour l’instant.

    Mais l’élite de l’AP est dans une impasse en termes de stratégie. Elle craint le développement de manifestations populaires de masse. Les dirigeants de l’AP sont également conscients qu’il n’y a pas d’autre puissance impérialiste qui serait acceptée par le régime israélien pour «sponsoriser» les négociations. Abbas peut espérer un parrainage et une nouvelle initiative de la part de la Russie ou de l’Union européenne, mais le gouvernement de Netanyahu refusera de collaborer à toute initiative de ce genre, comme l’a clairement montré l’exemple français. Les chances de renouvellement des pourparlers directs entre l’AP et le gouvernement de Netanyahu sont faibles ou inexistantes.

    Quant aux dirigeants du Hamas, ils espéraient, comme l’avait expliqué à l’époque leur leader Khaled Mashal, que l’administration Trump fournirait aux Palestiniens une “opportunité spéciale”, car elle contenait “un plus grand seuil d’audace” que celles d’avant. Ils ont placé leurs espoirs dans le «processus de réconciliation» avec le Fatah [le parti d’Abbas], parrainé par le régime de Sissi en Egypte, mais ce processus n’a pas encore pris son essor. L’Autorité palestinienne refuse de lever les sanctions économiques imposées à Gaza et le Hamas refuse de désarmer.

    La possibilité d’une nouvelle escalade de la confrontation avec Israël arrive au mauvais moment pour les dirigeants du Hamas. Dans le contexte de la crise à Gaza, ils n’ont pas été en mesure de présenter des résultats au cours de la dernière période. Ils préfèrent donc éviter de lancer des roquettes sur Israël (les organisations salafistes revendiquent la responsabilité des derniers lancements). Sans présenter de solution pour Gaza, le Hamas appelle à une «nouvelle Intifada» dans les territoires de Cisjordanie et à Jérusalem, visant à couvrir son manque de stratégie crédible pour faire avancer la lutte palestinienne.

    Protestations sur le terrain

    L’idée d’un soulèvement important contre le régime d’occupation a eu un large soutien pendant un certain temps parmi les Palestiniens dans les territoires de 1967. Dans le même temps, il y a un profond pessimisme quant aux résultats potentiels de la lutte. Par conséquent, compte tenu de la lourde répression militaire israélienne qui a déjà entraîné le meurtre de deux manifestants et des centaines de blessés, y compris par balles réelles, les manifestations de masse en réaction à la déclaration de Trump, notamment en Cisjordanie, ont, jusqu’à présent, été limitées.

    En juillet dernier, un soulèvement de milliers de manifestants à Jérusalem-Est a réussi à vaincre la provocation arrogante du gouvernement de Netanyahou – une attaque contre la liberté de culte et de mouvement dans la ville antique, surnommée “la crise des détecteurs de métaux”. Après la déclaration de Trump, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Jérusalem-Est, parallèlement à des manifestations dans d’autres endroits. Il n’est pas clair, à ce stade, si ces manifestations palestiniennes de «rage» se transformeront en un soulèvement plus large et prolongé. Mais une protestation à grande échelle, qui défiera la dictature de l’occupation et des colonies, est définitivement nécessaire.

    Trump et Netanyahu sont prêts, en exploitant le fanatisme nationaliste, à détériorer la région vers une autre crise sanglante, pour permettre leur survie au pouvoir. La réponse appropriée est de sortir et de lutter contre ceux-ci et leur programme désastreux. Des manifestations importantes dans les territoires palestiniens et dans toute la région sont nécessaires. De grandes manifestations au sein de la « Ligne verte », y compris en réunissant des Juifs et des Arabes, contre l’occupation et pour la paix sont essentielles pour bloquer les fauteurs de guerre et détruire cette même occupation. La lutte pour la paix exige d’être large, contre l’occupation et pour des politiques allant dans l’intérêt des travailleurs et des pauvres, des deux côtés de la division nationale.

    Netanyahou essaie de saisir la déclaration de Trump pour détourner l’attention non seulement des arguments justes de ceux qui s’opposent à l’occupation, mais aussi du grand mouvement de protestation contre la corruption qui a récemment émergé contre son règne et contre toute une série de problèmes sociaux.

    Dans le contexte des manifestations internationales et face à une incitation féroce et à la répression militaire contre les manifestants palestiniens, il est nécessaire de mobiliser la solidarité et d’élargir les protestations, y compris au sein du mouvement contre la corruption en Israël et en impliquant les organisations d’ouvriers et d’étudiants israéliens.

    La propagande hypocrite qui tente de dépeindre Jérusalem comme une ville «unifiée» et prospère qui préserve la liberté de culte et la dignité de tous, vise à cacher la réalité des divisions profondes. Le mur de séparation, les checkpoints, la provocation sans fin sur base de la nationalité et de la religion, la discrimination, la pauvreté, le vol de maisons et de terres des résidents sont les réalités vécues par la majorité des palestiniens. A cela il faut rajouter les marches racistes et haineuses promues par l’État et les abus quotidiens de la police des frontières et des autorités.

    Dans le cadre de la lutte contre l’occupation et pour la paix, le Mouvement Socialiste de Lutte appelle à l’établissement de deux capitales nationales à Jérusalem, assurant une vie de bien-être, d’égalité des droits, de liberté de mouvement et de liberté religieuse. Dans le contexte de deux Etats socialistes, démocratiques et égaux, il sera possible de créer une société qui permettra à Jérusalem de s’épanouir véritablement en tant que ville pluraliste sans ghettos misérables, sans discrimination et sans murs de béton.

  • Dangereuse évolution dans le conflit nucléaire coréen

    Trump contre Kim : bras-de-fer nucléaire entre deux régimes instables

    Au cours de cette dernière semaine, la situation déjà tendue dans la péninsule coréenne a connu un nouveau tournant dangereux. Après le test d’une bombe à hydrogène effectué par le régime nord-coréen, selon ses propres aveux, le dimanche 3 septembre, la Corée du Sud a entrepris plusieurs exercices militaires tandis que le ministre américain de la Défense James ‘Mad Dog’ Mattis a averti que les États-Unis pourraient lancer une “réponse militaire massive à la fois efficace et écrasante” contre la Corée du Nord. Mattis a également ajouté que les États-Unis disposent de nombreuses options en vue de l’anéantissement de la Corée du Nord.

    Editorial d’Offensiv, journal de Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Le président américain Donald Trump a également menacé d’une réaction militaire à plusieurs reprises, tout en critiquant la Chine de même que la Corée du Sud, pourtant proche alliée des Etats-Unis, qui demandent des pourparlers avec le régime de Corée du Nord ? Selon Trump, la Corée du Nord “comprend seulement une chose” (c’est-à-dire la force militaire). De plus, Trump a menacé d’imposer des sanctions à tous les pays qui négocient avec la Corée du Nord, une menace qui vise essentiellement le principal partenaire commercial de la Corée du Nord : la Chine.

    L’impérialisme américain a également promis ces derniers jours de fournir une assistance supplémentaire à la Corée du Sud ainsi qu’au Japon via des systèmes d’armes “sophistiqués”. Dans l’impasse actuelle, il ne peut être exclu que les États-Unis incluent des armes nucléaires dans leur projet d’une militarisation accrue de la Corée du Sud.

    Si le conflit militaire et diplomatique en cours est suivi du déclenchement d’une guerre, la menace d’un échange nucléaire est posée, un développement aux conséquences catastrophiques. La menace d’un tel désastre global – la péninsule coréenne abrite plus de 75 millions de personnes – est en fin de compte ce qui retient les forces en présence. Mais en rejetant toute proposition visant à explorer la voie des négociations, l’administration Trump imprévisible et déchirée par la crise risque de devenir prisonnière de sa propre rhétorique.

    La dictature nord-coréenne estime que les armes nucléaires représentent une sorte de police d’assurance-vie pour le régime. Ce calcul extrêmement risqué et incertain ouvre la voie à d’autres essais nucléaires et antimissiles. Selon des responsables américains, le dernier essai nucléaire, le sixième effectué par la Corée du Nord et le quatrième depuis que Kim Jong-un est arrivé au pouvoir en 2012, aurait été dix fois plus puissant que la bombe américaine lancée à Hiroshima en 1945.

    À l’aide d’une répression brutale combinée à des réformes reposant sur l’économie de marché, la dictature nord-coréenne espère survivre après quasiment trois décennies d’effondrement économique et d’isolement. Les menaces et sanctions militaires impérialistes sont utilisées par le régime totalitaire. A l’instar des autres dirigeants de la région, cette dictature tyrannique craint une éruption du mécontentement de masse, une crainte d’ailleurs partagée par l’impérialisme américain.

    La guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens. La politique guerrière de Trump en Asie est une continuation de ses politiques racistes, sexistes et anti-travailleurs à domicile. Celles-ci ont entraîné les plus grandes manifestations de masse aux États-Unis depuis la guerre du Vietnam. Assurer la poursuite d’une lutte de masse aux États-Unis contre l’agenda de Trump est le meilleur moyen d’assurer la paix.

    Cela n’équivaut toutefois pas à dire que nous soutenons la dictature de Corée du Nord, qui menace de guerre et détourne une part massive des ressources pourtant limitées de cette société en armements, afin de réduire les masses au silence et dans l’espoir d’obtenir une reconnaissance internationales de la part des forces impérialistes.

    La menace d’un conflit militaire menacera aussi longtemps que le capitalisme, le militarisme et l’impérialisme n’auront pas été abolis. Cette menace ne pourra être éliminée que par la lutte de masse des travailleurs, des paysans et des jeunes, tant en Corée que dans le reste du monde, en faveur du socialisme démocratique, de la paix et de la prospérité.

  • Boston: 40.000 manifestants contre l’Alt-right

    Ce samedi 19 août, soit une semaine après les événements de Charlottesville en Virginie, 40.000 personnes se sont réunies et ont manifesté contre une manifestation de l’Alt-right (abréviation de ‘‘droite alternative’’, mouvement regroupant divers courant suprémacistes et d’extrême droite) pour la ‘‘liberté d’expression’’ à Boston. Boston a démontré une leçon cruciale au reste du pays : un mouvement de masse, avec une participation et une unité maximales, peut vaincre le racisme et l’extrême droite. Le ‘‘Rassemblement pour la liberté d’expression’’ de Boston était en préparation depuis plus de deux mois et 25 personnes à peine s’y sont présentées ! La manifestation antiraciste n’a été annoncée que moins d’une semaine avant et, aux dires de la police de Boston, elle a attiré plus de 40.000 personnes ! Le rapport est donc de 1600 pour 1 !

    Pour vaincre l’extrême droite, nous avons besoin de la participation la plus large possible au mouvement. Cela signifie que les syndicats, les organisations progressistes clés telles que la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People, Association nationale pour la promotion des gens de couleur) et Planned Parenthood (l’un des principaux regroupements de planification familiale aux États-Unis) ou encore des personnalités telles que Bernie Sanders doivent jouer un rôle mobilisateur. Plusieurs syndicats disposaient de contingents à la marche de Boston, parmi lesquels les syndicats d’enseignants Massachusetts Teachers Association, Boston Teachers Union et SEIU 509. Cela représente un grand pas en avant pour le mouvement. D’autres organisations syndicales – comme SEIU 1199 (soins de santé) et Unite Here Local 26 (hôtellerie et services) – ont publié des déclarations de soutien à cette mobilisation. La marche a concrètement été organisée et dirigée par des membres de Black Lives Matter – Cambridge.

    Quelques jours avant la tenue de cette manifestation, la section de Socialist Alternative de Boston a proposé à l’International Socialist Organization de former un contingent socialiste au sein du cortège. Après leur accord, les Democratic Socialists of America, Industrial Workers of the World et le Socialist Party – USA ont également rejoint ce contingent. Plus de 1000 personnes s’y sont retrouvées, ce qui est une illustration du soutien croissant pour les idées socialistes qui se développe aux États-Unis.

    Une grande colère contre les néonazis et Trump

    Il était clair que les 40.000 Bostoniens qui ont battu le pavé ne se sont pas contentés de dénoncer les 25 néo-nazis qui se sont réunis. Ils se sont également prononcés contre Trump, le milliardaire raciste qui aide à renforcer l’Alt-right.

    Lorsque la manifestation est arrivée aux abords du rassemblement d’extrême droite, une quarantaine de membres de Socialist Alternative ont été discuter avec les autres participants de la nécessité d’utiliser cet événement comme un tremplin pour la construction du mouvement. Ils ont discuté de la manière dont le capitalisme a besoin du racisme pour survivre afin de maintenir divisée la classe ouvrière. Pour défier le racisme le plus efficacement possible, nous devons construire un mouvement qui lie le combat contre le racisme à celui à mener contre le capitalisme. La menace du racisme, ainsi celle issue des suprématistes blancs, est institutionnalisée à Boston du fait des coupes budgétaires dans l’enseignement public et dans les services sociaux suite aux réductions d’impôt et autres cadeaux en faveur des grandes entreprises. La majorité des logements actuellement en construction sont des logements de luxe hors de portée des travailleurs, en particulier des personnes de couleur qui sont représentées de manière disproportionnée dans les emplois à bas salaires.

    Nous avons distribué 5.000 tracts appelant à une réunion publique sous le titre ‘‘Le socialisme et la lutte contre le racisme et l’extrême droite’’. Nous avons également vendu plus de 100 exemplaires de notre journal ‘‘Socialist Alternative’’ et recueilli plus de 1.000 $ de solidarité financière grâce à la vente de badges et d’affiches !

    Pouvons-nous compter sur les politiciens ?

    Le maire de Boston, Martin Walsh, s’est tout d’abord publiquement opposé aux suprématistes blancs et a soutenu le soutien à la contre-manifestation. Mais, à la suite d’une conférence de presse la veille de la manifestation, tous les principaux relais de presse de Boston disposaient de journaux ayant pour titre : ‘‘Walsh: Restez à l’écart ce samedi’’. En dépit de cette volte-face, des dizaines de milliers de personnes se sont réunies pour défier l’extrême droite. Et au vu de la participation pathétique au rassemblement de l’Alt-droite (3 des 6 orateurs prévus ont même annulé en raison de la manifestation antiraciste), nous pouvons dire sans aucun doute que c’est la force du mouvement qui a fait reculer l’extrême droite. Si les politiciens et les organisations progressistes veulent être sérieux à ce sujet, ils doivent œuvrer à construire le mouvement et à ne pas s’en éloigner.

    Boston a montré la voie à suivre pour le reste du pays. Cette mobilisation a montré comment nous pouvons repousser la menace de l’extrême droite et a illustré le type de mouvement dont nous avons besoin contre Trump. Socialist Alternative continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour construire ce mouvement, tout en défendant la nécessité de faire le lien entre le racisme et le système capitaliste.

    Comme le révolutionnaire des Black Panthers Fred Hampton l’a déclaré: ‘‘Nous allons lutter contre le racisme non pas avec le racisme, nous allons nous battre avec la solidarité. Nous n’allons pas combattre le capitalisme avec un capitalisme noir, nous allons le combattre avec le socialisme.’’

  • USA. La violence néonazie à Charlottesville réveille la résistance

    Pour combattre la droite, nous avons besoin de manifestations de masse et d’une alternative de gauche.

    Ce samedi 12 août, une militante antifasciste a été tuée dans le cadre d’un rassemblement de néonazis à Charlottesville, dans l’Etat de Virginie aux Etats-Unis. La violente suprémaciste blanche qui fut à l’œuvre ce week-end à Charlottesville et à travers les Etats-Unis a agi comme un réveil collectif. Contre la violence raciste, l’intimidation et les politiques gouvernementales réactionnaires, il est nécessaire de construire une puissante force de gauche. Des dirigeants du mouvement social tels que Bernie Sanders, aux côtés des syndicats, des militants des droits civiques, des migrants, des marxistes et d’autres organisations progressistes, doivent intensifier la coordination des manifestations de masse dans chaque ville pour isoler et rejeter l’extrême-droite. Pour pleinement utiliser leur potentiel, ces actions de protestation de masse doivent être liées à la défense d’un programme anti-trump et anticapitaliste afin de rassembler la grande majorité des travailleurs contre le racisme et les idées conservatrices et réactionnaires.

    Article de Ty Moore, Socialist Alternative (USA)

    La menace de l’extrême-droite

    Depuis l’élection de Donald Trump, les groupes d’Alt-right, de suprémacistes et de néonazis ont organisé des manifestations racistes de plus en plus audacieuses. Ces dernières ont beau être encore limitées en taille, leur nombre augmente et cela renforce la confiance des néonazis et autres suprémacistes réactionnaires. Les centaines de nationalistes blancs qui sont descendus sur Charlottesville le week-end dernier à l’occasion du rassemblement ‘‘Unite the Right’’ visaient clairement à franchir un palier dans l’organisation de leur mouvement.

    Alors que le meurtre de la militante antifasciste Heather Heyer par le néo-nazi James Fields était toujours une nouvelle fraîche dans les médias, Trump est appart à la télévision nationale pour condamner la violence et la haine ‘‘de chaque côté’’. En refusant de la sorte d’explicitement condamner les suprémacistes et les néonazis, il a suscité l’indignation immédiate de millions de personnes. Au moins un site d’alt-right a par contre favorablement accueilli les remarques de Trump comme étant ‘‘vraiment, très bien’’.

    La clameur générale contre cette manifestation de violence et de fanatisme à Charlottesville démontre quel est le réel rapport de forces dans la société américaine face à l’extrême droite. Des manifestations de masse ont spontanément éclos à travers le pays. Il faut maintenant les coordonner à l’échelle nationale et, à chaque fois que cela est nécessaire, la gauche doit rassembler les organisations communautaires et liées au monde du travail afin de physiquement défendre le mouvement social et les communautés contre les attaques.

    Il est cependant de plus en plus clair que les protestations antiracistes ne suffisent pas à faire face à la croissance du nationalisme et du racisme dans la société. Repousser ce danger et construire une résistance efficace contre Trump nécessite une stratégie politique consciente visant à isoler l’extrême droite.

    S’en prendre aux racines du trumpisme

    La plupart des dirigeants républicains tentent de se distancier des groupes d’alt-right mais, en réalité, leur politique conservatrice et raciste a encouragé la croissance des idées racistes et réactionnaires. Les décennies de politiques menées par les républicains et les démocrates avec le soutien des grandes entreprises concernant la ‘‘tolérance-zéro’’ face au crime, ‘‘l’antiterrorisme’’ qui a servi de prétexte à une escalade islamophobe, l’explosion du nombre d’expulsion de travailleurs migrants, etc. ont créé un climat raciste dont profite l’extrême droite.

    La croissance des forces réactionnaires et néo-fascistes ne peut être comprise qu’en tant que phénomène international résultant de la crise profonde dans laquelle est plongé le capitalisme mondial. Les gouvernements capitalistes ont partout assuré l’augmentation spectaculaire des inégalités. Quelques îlots de richesses extrêmes existent au beau milieu d’un océan de pauvreté, d’insécurité économique et de désintégration sociale en pleine expansion. Face à la crise de leur système et à la menace d’une résistance des travailleurs, une partie de la classe dirigeante recourt au racisme, au nationalisme et à l’intolérance pour diviser la population dans le but de rester au pouvoir.

    Parallèlement, l’échec de la gauche et du mouvement des travailleurs à proposer une alternative politique audacieuse a ouvert l’espace à des personnages populistes comme Trump. Aux dernières élections, Trump a pu apparaître comme la seule alternative ‘‘anti-establishment’’ contre le règne de Wall Street et de l’élite politique corrompue après que la campagne populiste de gauche de Bernie Sanders a été bloquée par l’establishment du Parti démocrate. En vrai démagogue, Trump a donc pu faire appel aux millions d’électeurs blancs de la classe moyenne qui font actuellement face à la chute de leurs conditions de vie et qui sont furieux contre l’establishment politique corrompu. C’est ce contexte politique et social qui a permis à ses appels cyniques à la fierté nationaliste, à sa rhétorique de bouc émissaires face aux migrants, à sa misogynie crue et à son discours contre le ‘‘bourbier de Washington’’ de bénéficier d’un écho.

    Il nous faut une alternative de gauche

    La racine fondamentale du trumpisme, c’est la crise du capitalisme. Tout mouvement désireux de lutter efficacement contre la droite doit combiner la résistance au racisme et au fanatisme religieux avec un programme tout aussi audacieux contre la pauvreté, le chômage, l’insécurité du logement, le sous-financement chronique de l’éducation, de l’infrastructure en général, et des services sociaux. Faisons payer les riches ! Vaincre Trump et les groupes d’extrême-droite nécessitera de construire un mouvement de masse reposant sur une vision politique clairement de gauche.

    Ce potentiel a déjà été illustré par le large soutien dont a bénéficié Bernie Sanders dans sa campagne pour les primaires démocrates, en particulier dans les Etats qui ont par la suite largement voté en faveur de Trump contre Clinton. Sanders s’est déclaré partisan du socialisme démocratique et est rapidement devenu le politicien le plus populaire du pays. Il s’agit de la plus importante voix d’opposition à Trump. Sa popularité est enracinée dans son appel à ‘‘une révolution politique contre la classe des milliardaires’’ et dans ses revendications concernant un système d’assurance de soins de santé universel, un enseignement gratuit, un programme d’emplois payé par une plus grande taxation des grandes fortunes. Il a su attirer l’attention par ses critiques portées contre les Républicains, mais aussi contre l’establishment du parti démocrate soutenu par le monde des grandes entreprises.

    Malheureusement, Sanders n’a pas combiné son programme politique radical à la nécessité de construire un nouveau parti politique de masse pour et par la classe des travailleurs, une étape pourtant résolument essentielle pour unir la résistance croissante contre Trump et en faire un mouvement de masse cohérent.

    Actions de protestation de masse et coalitions de défense communautaires

    La marche “Unite the Right” de Charlottesville a indigné des millions de personnes, qui cherchent aujourd’hui un moyen efficace de riposter. Il est compréhensible que la violence néonazie ait créé une large sympathie parmi une couche des militants en faveur d’une riposte physique, sous le slogan populaire “Any time, any place, punch a nazi in the face” (À tout moment, n’importe où, frappez un nazi dans la gueule).

    Cette approche risque d’isoler les militants antifascistes et de réduire notre capacité à construire un soutien de masse. Vaincre Trump et l’extrême-droite nécessite de reposer sur la mobilisation de la majorité de la société. Si des dirigeants progressistes comme Sanders – à côté de groupes de défense des droits civiques, des socialistes et des organisations syndicales – construisent énergiquement une force organisée avec des manifestations non-violentes massives, des centaines de milliers de personnes – peut-être même des millions – pourraient être attirées dans les rues dans une démonstration de force décisive contre le racisme et les idées réactionnaires.

    Parallèlement, une amère expérience a permis de clarifier que nous ne pouvons pas compter sur la police pour protéger notre mouvement, et encore moins pour défendre les communautés de couleurs et migrantes contre l’intimidation et la violence racistes. Nous ne pouvons compter que sur notre propre force collective et sur notre propre organisation. Chaque fois que cela est nécessaire, le mouvement anti-Trump doit organiser des coalitions démocratiques de défense communautaires pour assurer la défendre de nos manifestations et venir en aide aux communautés menacées.

    Depuis les premières heures de la présidence de Trump, Socialist Alternative a été à l’avant-garde de la résistance contre son projet raciste, sexiste et pro-capitaliste. À chaque étape, nous avons voulu lier le mouvement contre Trump et ses partisans d’extrême droite à une stratégie et un programme capables de réunir les travailleurs de toutes origines en un puissant mouvement de masse. Notre message central est que pour lutter efficacement contre la droite, nous ne pouvons pas limiter notre message au fait de simplement dire “non”.

    Nous devons lier les luttes défensives d’aujourd’hui à un programme et une stratégie visant à prendre en main le contrôle des entreprises pour mettre fin à l’insécurité économique et sociale qui est le terreau sur lequel se développent le racisme, le nationalisme et le conservatisme.

    Le capitalisme plonge le monde de plus en plus profondément dans la crise, l’inégalité sociale, la destruction écologique, les conflits et les guerres. L’élimination complète de tout cela nécessite une transformation socialiste de la société, en expropriant les 500 plus grandes entreprises et banques pour les placer sous propriété et contrôle publics démocratiques afin que les vastes ressources de la société puissent être pleinement utilisées pour satisfaire les besoins humains. Si vous êtes d’accord avec cette approche, rejoignez-nous dès aujourd’hui !

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