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Tag: Congrès nationaux du PSL
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Congrès national du PSL/LSP – Affronter les défis d’un monde en mutation

Le PSL/LSP a tenu la première session de son 17e Congrès national à la fin du mois de mars. Ce fut un véritable soulagement de pouvoir parler, échanger des expériences et discuter avec 120 membres de tout le pays, jeunes et moins jeunes, sans trop de restrictions et en personne, après un peu plus de deux ans de pandémie et de masques. Pour beaucoup, surtout les jeunes, c’était leur premier congrès et donc une première connaissance de l’une des conditions les plus importantes pour construire un parti de lutte démocratique. Cette première session du congrès a marqué le début d’une période de discussion plus intense que nous conclurons le 13 novembre lors de la deuxième session.
Par Michael
Pour un parti comme le PSL/LSP, un congrès n’est pas un spectacle comme dans les partis traditionnels. Il s’inscrit dans un processus continu de discussion et d’évaluation démocratique auquel chacun participe. Les discussions ne sont pas menées par des groupes de travail désignés ou par quelques membres choisis comme dans les partis traditionnels, mais par tous les membres, dans toutes les sections. Chaque membre a le droit de soumettre des amendements qui permettent d’échanger des idées, d’introduire des nuances ou de renforcer les choses. Ce processus de discussion nous aide à analyser la façon dont le monde a changé ces dernières années : dans ce cas, avec le COVID-19 et maintenant la guerre en Ukraine, cela a été particulièrement dramatique. Nous en tirons collectivement les leçons et essayons d’évaluer les évolutions qui nous attendent. Sur base de cette discussion, nous déterminons quel groupe de membres formera la direction nationale pour mettre en œuvre les décisions avec le reste du parti au cours des deux prochaines années, jusqu’au prochain congrès. C’est cette unité de libre discussion et unité d’action, c’est-à-dire le centralisme démocratique, qui est indispensable aux socialistes révolutionnaires, indispensable pour changer le monde.
En effet, cette discussion et ce débat interne sont indispensables, mais ils ne doivent pas nous empêcher de mettre nos idées en pratique. C’est pourquoi nous avons adapté l’ordre du jour du congrès afin de pouvoir participer à la manifestation anti-guerre du dimanche 27 mars. Presque toutes les personnes présentes au congrès sont parties ensemble à Bruxelles le dimanche matin pour une intervention très dynamique.
Vous voulez changer fondamentalement le monde ? Votre place vous attend !
Si nous voulons remplacer le capitalisme par une société socialiste démocratique, nous devons construire aujourd’hui une organisation qui sait ce qu’il faut faire pour y parvenir. Le changement social n’est pas le fait d’une petite minorité, mais de la participation active et consciente de la majorité de la classe ouvrière.
Il y a eu plusieurs moments révolutionnaires au cours des 150 dernières années où le capitalisme aurait pu être remplacé par une société socialiste démocratique. La classe ouvrière voulait en finir avec le capitalisme. Ce qui manquait à chaque fois, c’était un parti révolutionnaire qui, sur la base des leçons du passé, pouvait doter le mouvement d’un programme et d’idées pour le mener à bien. C’est le type de parti que le PSL/LSP construit en Belgique et Alternative Socialiste Internationale (ASI) dans le monde entier. Commencez la discussion avec nous et, qui sait, peut-être serez-vous membre lors de la deuxième session de notre congrès en novembre !
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Optimisme et détermination au 16e Congrès national du PSL

Le Congrès national du PSL est organisé tous les deux ans, l’année intermédiaire comprenant les différents Congrès régionaux du parti. Notre 16e Congrès national a eu lieu du 15 au 17 novembre, en présence de 120 délégués issus de toutes les sections du parti en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Les participants ont intensément discuté des perspectives mondiales et de la situation politique et sociale en Belgique, pour terminer par une session consacrée à la construction du parti. Ce Congrès clôturait une période de discussion de 6 semaines qui a été menée dans toutes les sections sur base de divers documents spécifiques qui ont été amendés au Congrès.
Ce Congrès était exceptionnel à plus d’un titre. Nous nous trouvons au milieu d’un point tournant dans la situation objective internationale, au beau milieu d’un processus où il est très difficile de voir comment les choses vont se développer avec précision. Il suffisait de voir le nombre d’événements majeurs survenus entre le moment où le premier document de discussion a été envoyé aux sections et la tenue du Congrès !
Le mouvement global pour le climat représente la plus grande mobilisation internationale de la jeunesse depuis le mouvement anti-guerre de 2003. Au même moment se développe une vague de protestations mondiales inédite depuis l’année 2011, année du processus de révolution et de contre-révolution au Moyen Orient et en Afrique du Nord, du mouvement Occupy ou encore de celui des Indignés. Et alors que nous étions en plein Congrès, l’Iran a lui aussi été saisi par les protestations de masse !
Dans cette vague se trouve l’Amérique latine, une région à nouveau plongée dans un processus dynamique de révolution et de contre révolution tout comme au début de ce siècle. Mais à la différence de l’époque, les pays de la région ne sont plus seuls en révolte. A tout cela s’ajoute encore un puissant mouvement international pour l’émancipation des femmes et contre la violence de genre.
Ces processus se caractérisent notamment par un très fort sentiment instinctif d’internationalisme et un sentiment d’urgence. Et alors que la vague internationale de 2011 se concentrait essentiellement sur l’appel à la ‘‘démocratie réelle’’, on a ici un processus plus radical, avec un fort sentiment antisystème voire même anticapitaliste. Nous n’avons pas encore atteint le niveau de conscience des années ’70 ou ’80, principalement en raison de la faiblesse du mouvement ouvrier sur les plans politique et syndical, mais les masses peuvent apprendre très vite. La grève est devenue une arme à l’efficacité reconnue dans les divers mouvements, comme pour le climat et l’émancipation des femmes, tandis que des grèves générales ont éclaté à l’initiative ou non des directions syndicales en Algérie, au Soudan, à Hong Kong, au Brésil, en Argentine, en Equateur,…
Ceux qui pensaient que l’Amérique latine avait viré à droite doivent revoir leur copie. Tout comme ceux qui estimaient le Moyen Orient débarrassé du virus du soulèvement de masse. Et ceux qui pensaient la jeunesse endormie. Que de vieilles certitudes sont aujourd’hui ébranlées ! Il en va de même pour d’innombrables équilibres de pouvoirs entre puissances impérialistes ou entre communautés régionales.
La situation n’est pas sans danger, comme l’a encore tout récemment illustré le coup d’Etat en Bolivie ou les succès électoraux de l’extrême droite en divers endroits, qui ont conduit à une croissance de la violence raciste, sexiste et LGBTQI-phobe. Une grande polarisation est en œuvre aujourd’hui.
Tout cela prend place alors que l’économie mondiale est encore en croissance, tandis que la conscience de classe est floue tant pour les masses que pour les militants, et en dépit de la faillite des syndicats et de la grande majorité des partis de gauche, y compris de la gauche prétendument révolutionnaire. En fait, le seul facteur qui permet le maintien du capitalisme, c’est l’absence d’une alternative révolutionnaire de masse. Mais cette discussion est aujourd’hui enrichie par les expériences concrètes de Syriza en Grèce, du processus bolivarien au Venezuela et en Bolivie, des campagnes électorales de Bernie Sanders, Mélenchon et Corbyn.
Ce Congrès était aussi exceptionnel car nous y avons célébré la victoire héroïque de nos camarades à Seattle avec la réélection de Kshama Sawant alors qu’elle faisait face aux millions d’Amazon et d’autres grandes entreprises dont la tentative d’acheter le conseil de ville s’est soldée par un cuisant échec. Ces élections ont été scrutée à la loupe par la presse nationale, qui a commenté le combat qui s’y menait en disant que ‘‘ce qui se passe aujourd’hui à Seattle aura un impact sur les présidentielles l’année prochaine’’.
Ce Congrès était également exceptionnel en raison de la tenue, en janvier prochain, d’un Congrès mondial de notre organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, le premier après une crise qui a vu le départ d’une minorité dirigée par notre ancienne direction historique (en savoir plus à ce sujet). Ce Congrès mondial analysera en profondeur la nouvelle période dans laquelle nous sommes entrés, marquée par le déclin de la mondialisation et du néolibéralisme et l’essor d’une ère de tensions géopolitiques croissantes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le débat survenu dans notre internationale est apparu dans une telle période charnière.
Les éléments de la crise internationale se manifestent également en Belgique où, là aussi, l’autorité du capitalisme est en déclin. Plusieurs processus se sont accélérés et approfondis, comme la crise de légitimité des partis traditionnels, les tensions entre les deux classes sociales fondamentales et la question nationale. Tout cela alors que, pour reprendre les propos tenus par un économiste de droite dans les pages du De Standaard, la Belgique est ‘‘à une récession’’ d’une ‘‘tragédie grecque’’ et que tous les échelons des autorités devront procéder à des économies, y compris la sécurité sociale.
Quel que soit le prochain gouvernement fédéral, il lancera des attaques austéritéaires. En Flandre, une résistance commence à se développer contre le gouvernement régional qui s’en prend durement aux fonctionnaires, à la VRT, à l’enseignement, à De Lijn, à la culture, aux allocations familiales, etc. De premiers conflits se développent dans le secteur culturel et parmi le personnel de De Lijn. A Bruxelles et en Wallonie, c’est le secteur de la santé qui est en lutte contre les bas salaires et les conditions de travail.
Un fossé s’approfondit entre l’establishment et la masse de la population. Nous ne devons pas sous-estimer l’importance de l’expérience du mouvement ouvrier sous Michel Ier. La lutte de 2014 a laissé ses traces sur les discussions et sur la façon dont la nouvelle lutte sera organisée. Parmi les syndicalistes les plus conscients, les leçons ont été tirées sur les fautes commises en 2014-2015. Le mouvement n’ayant pas mis le gouvernement par terre, ce dernier s’est rétabli, en instrumentalisant l’impact des attentats terroristes. En conséquence, les thèmes sociaux alors à l’avant-plan furent mis de côté au profit de ceux de la migration et de l’identité.
La croissance de l’extrême-droite est bien entendu un facteur compliquant dans la situation. Mais la résistance antifasciste peut se développer au côté des luttes du mouvement ouvrier. Dans ce cadre, des luttes concrètes autour de revendications sociales telles que celles défendues par la FGTB – une augmentation des allocations sociales, une augmentation des pensions à 1500€, un salaire minimum de 14€/h, une sécurité sociale forte, un programme qui répond à l’urgence climatique – peuvent jouer un rôle important.
Instinctivement, les jeunes grévistes pour le climat se sont inscrits dans la tradition du mouvement ouvrier à travers plusieurs grèves. Une nouvelle génération entre en lutte, tire des leçons de son expérience et aura un énorme impact jusque dans les rangs syndicaux.
Dans cette période où obtenir des réformes exige une lutte à caractère révolutionnaire, les luttes devront opérer des incursions dans la propriété privée capitaliste. Ce Congrès national a réaffirmé la confiance des membres du PSL pour jouer un role dans tous ces combat et defender une transformation socialiste de la société.
Quelques photos de Liesbeth :
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Du 15 au 17 novembre 2019 : 16ème Congrès du PSL/LSP

Tous les 2 ans, le Parti Socialiste de Lutte organise un Congrès national, réunissant les délégués et membres de toutes nos sections de Belgique. Chaque Congrès est pour nous un événement majeur, la base du processus de décisions démocratique dans notre organisation.
Par Stéphane Delcros
Nous n’avons pas d’élu pour le moment, mais nous sommes pourtant bien un parti, une structure réunissant des membres qui se battent pour atteindre le même objectif politique, celui de changer de système et de bâtir une société socialiste démocratique. Nous voulons jouer un rôle essentiel dans les luttes sociales, tout particulièrement celles des travailleuses et des travailleurs, car c’est là que se situe le moteur du changement. Nous combinons cette approche à une présence sur le terrain politique qui peut servir à gagner des victoires importantes et de caisse de résonance aux luttes sur le terrain. Nous participons activement à la reconstruction des outils de défense des intérêts de la classe des travailleurs, en mettant en avant un programme socialiste.
Que discute-t-on au Congrès ?
Notre Congrès national sera l’occasion de discuter collectivement de l’analyse marxiste des développements récents et des perspectives économiques, politiques et sociales dans le monde et en Belgique. On tire ensuite de celles-ci des conclusions en termes d’orientation de notre travail militant et de construction du parti.
Nos lecteurs réguliers savent que l’aspect international de notre travail fait partie de l’ADN de notre parti. Une discussion majeure dans notre organisation mondiale s’était ouverte il y a près d’un an. Une nouvelle période débute pour notre parti mondial, marquée par la réunion du Comité exécutif international en août dernier et le Congrès mondial du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière) en janvier 2020. Ce processus ainsi que les nombreux développements sur la scène internationale dans lesquels il s’inscrit, seront bien sûr discuté au Congrès.
Cela implique de s’engager avec confiance dans les combats actuels notamment contre le racisme et l’extrême droite et contre l’oppression des femmes ; dans la révolte massive de la jeunesse contre le changement climatique ; et dans les luttes syndicales et au-delà contre les mesures d’austérité que préparent les (futurs) gouvernements, avec un parti aujourd’hui (et plus encore demain) renforcé sur le plan de notre travail syndical.
L’aboutissement d’un processus de discussion
Un Congrès du PSL ne se limite pas à un rassemblement de 2 jours, ni aux 6 semaines non moins importantes de discussion dans les réunions de sections sur base des textes d’évaluation et de perspectives. Nos analyses et les tâches qui en découlent sont quotidiennement élaborées sur base de nos expériences concrètes. Mais la période qui précède cet événement biennal est un moment privilégié où nous analysons l’étape dans laquelle nous nous trouvons, les perspectives les plus probables, et comment nous allons répondre à cela en termes programmatique, stratégique, tactique et d’approche, en définissant les tâches prioritaires que cela implique. Les membres et sections ont la possibilité d’apporter des contributions et des amendements aux textes. Et le Congrès nous permet de formaliser ces discussions et conclusions. La démocratie est au cœur de ce processus, indispensable à l’efficacité d’une force collective.
Sur quoi les votes porteront-ils ? Et qui peut voter ?
Les votes porteront sur les textes et les amendements. Nous élirons également la direction collective du PSL pour les deux prochaines années, capable d’appliquer et d’affiner les analyser discutée au Congrès. Celle-ci – le Comité National – est composée d’une quarantaine de membres qui se réunissent au moins quatre fois par an durant tout un weekend pour des discussions sur la situation politique et notre activité. Un Bureau Exécutif est élu au sein du Comité National pour coordonner le fonctionnement quotidien du parti.
Début novembre, dans chacune de ces sections, les membres du PSL éliront leurs délégués. Les autres membres sont toutefois invités à participer au Congrès, ainsi que, de manière consultative, aux votes. Pour pouvoir voter, tant en section qu’au Congrès, un membre doit être en ordre de cotisation au minimum pour les trois mois qui précèdent le Congrès. C’est l’occasion de lancer une campagne de régularisation des cotisations. Un appel financier aura également lieu à cette occasion, afin que les membres qui le peuvent augmentent leur montant de cotisation, ce qui nous permettra de financer les investissements réalisés dans notre travail syndical, auprès de la jeunesse, dans la lutte contre le sexisme et dans le travail international du PSL/LSP.
Nous invitons chaque membre à participer au processus de discussion vers le Congrès et à s’assurer qu’il est en ordre de cotisation. Nous invitons chaque personne qui se reconnait dans notre approche à discuter avec nous de la possibilité de rejoindre notre parti.
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[PHOTOS] Congrès national du Parti Socialiste de Lutte

Le Congrès national bisannuel du PSL s’est tenu à la côte ces 8, 9 et 10 décembre. Un congrès est pour nous l’occasion par excellence de discuter collectivement des perspectives politiques et sociales pour notre pays afin d’en dégager des propositions pour notre travail et la lutte pour une autre société.
Une partie importante de notre congrès est sa préparation. Sur base de textes conséquents, des discussions ont été menées dans toutes les sections du parti. A la fin de cette série de discussions les sections ont élu des délégués qui ont représenté leur section au Congrès avec un droit de vote effectif. Chaque membre pouvait bien entendu participer aux journées du Congrès avec un droit de vote consultatif. Sections et membres pouvaient également soumettre des amendements.
A travers le processus de discussion d’un Congrès, nous cherchons l’implication la plus large possible. Un échange d’expériences et d’évaluations de la situation objective est toujours enrichissant. Cela affine nos analyses et rend possible des interventions plus pointues dans les mouvements sociaux.
Une nouvelle direction nationale a été élue au Congrès : un Comité National qui se réunit quatre fois par an pendant tout un weekend pour des discussions sur la situation politique et sur notre activité. Un Bureau Exécutif a été élu en son sein afin de coordonner le fonctionnement quotidien du parti.
La résolution politique du Congrès – “Des éléments de révolution et de contre-révolution dans une nouvelle situation mondiale explosive” – sera publiée sous peu.
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![[TEXTE de CONGRES] Le post-féminisme n’est plus le consensus général](https://archive.fr.socialisme.be/wp-content/uploads/sites/3/2016/01/workers_feminism.jpg)
[TEXTE de CONGRES] Le post-féminisme n’est plus le consensus général
Annexe au texte de perspectives internationales et belge discuté, amendé et voté lors du Congrès National du PSL de novembre 2015. Ce document accompagne également notre texte de perspectives sous forme de livre. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ».
« Après une longue période durant laquelle le post-féminisme était dominant, la lutte des femmes presque inexistante et le sexisme soi-disant rigolo, nous avons assisté à un début de changement ces dernières années ». Nous avons écrit ses mots à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes en 2015. Non pas que le post-féminisme a maintenant disparu, mais le consensus qui existait à ce sujet est rompu. Dans cet article, nous avons fait référence à la lutte massive des femmes et des hommes contre la violence à l’encontre des femmes en Inde et en Turquie, mais aussi au mouvement en Espagne en défense des lois sur l’avortement ou encore aux luttes syndicales de différents pays dans « les secteurs féminins » comme les hôpitaux, où des femmes ont joué un rôle crucial. Comme nous l’avons expliqué au début de la crise, au moment où la perte d’emplois était surtout dans l’industrie et parmi des hommes, une deuxième phase de la crise allait voir la politique d’austérité commencer à lancer des attaques contre les services publics et les secteurs des soins. Là, ce seraient les emplois et les conditions de travail de couches entières de travailleuses qui allaient être mises sous pression. Nous avons aussi constaté qu’en Irlande, la lutte contre l’interdiction constitutionnelle de l’avortement a commencé à prendre de l’ampleur, en liaison avec la lutte pour les droits égaux des LGBTQI. En Belgique – où l’on n’avait vu, à côté de la proposition de Femma pour la semaine de travail des 30 heures, que quelques actions spontanées autour du traitement juridique des viols – nous avons assisté dans les jours qui ont suivi le 8 mars à l’éclatement de « wij overdrijven niet » en Flandre (nous n’exagérons pas »), une réaction antisexiste massive sur les médias sociaux. Le mouvement dépassait en tout cas le carcan de « l’action individuelle » surtout orientée vers les médias précédemment mise en avant par des groupes comme les Femens.Ce changement dans la situation objective conduit à repenser notre travail femme et notre rôle dans le « mouvement femmes » puisque le travail femmes du PSL/LSP a commencé dans les années ’90, au sommet du consensus post-féministe. Le « mouvement femmes » (mis entre guillemets en raison du peu de « mouvement » ces dernières décennies), largement composé d’organisations de femmes des partis traditionnels, a priorisé la lutte pour les quotas de femmes concernant les hautes fonctions. Son « action » consistait à organiser des élections pour « le manager féminin de l’année ».
On ne pouvait donc pas parler de mouvement, mais sur le plan parlementaire, un certain nombre de politiciennes sont restées actives autour de quelques propositions de loi destinées à en finir avec les « restes » acharnés de l’inégalité. Sur ce plan-là aussi, les travailleuses ont payé un prix élevé pour la bourgeoisification du PS et SP.a : ces propositions de loi étaient à 100 % basées sur une vision bourgeoise et formelle de l’égalité de genre et pas sur la force progressiste d’une lutte contre le capitalisme, d’une lutte dans laquelle le mouvement des travailleurs met en mouvement tous les groupes opprimés de la société. Il est toutefois de nouveau clair aujourd’hui que lorsque la classe des travailleurs apparait massivement sur scène, elle tire derrière elle tous les groupes opprimés et donne un élan et une stratégie – l’action collective – au mouvement femmes, au mouvement LGBTQI, aux réfugiés et sans-papiers,…
Les lois qui ont été votées “pour les femmes” entre la fin des années ’80 et maintenant, mais aussi la règlementation du travail qui a suivi la concertation entre syndicats, organisations patronales et gouvernement, a toujours placé les intérêts des femmes face à ceux des hommes et non pas ceux des capitalistes. L’aspiration à l’égalité pour les politiciens – au service des patrons – visait à démanteler les « droits des hommes » et non pas à augmenter les droits des femmes. Accord Interprofessionnel après Accord Interprofessionnel, un progrès minime pour les plus bas salaires et allocations était acheté en octroyant des concessions sur les salaires les plus élevés – la « solidarité » ne signifiait plus que les secteurs où les travailleurs avaient gagné beaucoup de conquêtes sociales se battaient aussi pour ceux qui n’étaient pas si loin, mais au contraire que les travailleurs des meilleurs secteurs voyaient s’effriter leur meilleure position parce qu’ils étaient tenus à « contribuer » au progrès des secteurs à bas salaires. Ceci, en combinaison avec la lutte pour les quotas et la représentation selon laquelle chaque problème des femmes est un problème créé par les hommes individuellement et leurs comportements – les campagnes Equal Pay Day du SP.a et FGTB montrent dans quelle mesure ceci était aussi la tonalité principale dans le mouvement organisé des travailleurs – a fait en sorte que le féminisme a eu une image encore pire que précédemment au sein du mouvement des travailleurs.
Ainsi, une réponse bourgeoise était formulée sous pression de ce qui se produisait dans les soi-disant « secteurs féminins », comme les hôpitaux, pour de meilleurs salaires et conditions de travail. En dépit du recul du féminisme, le marché du travail continuait à se féminiser. Ce processus est toujours en cours et va de pair avec la montée des contrats temporaires, à bas salaires et à temps partiel, alors que le nombre d’« emplois masculins » dans l’industrie continue de diminuer depuis le début de la crise. Les travailleurs de ces secteurs sont bien obligés de se battre pour de meilleures conditions, en dépit du manque d’organisation syndicale, parce qu’on ne sait tout simplement pas vivre avec de tels salaires. C’est ce à quoi nous avons assisté autres chez les gardiennes d’enfants flamandes l’an dernier et ensuite avec une première action des travailleurs du système des titres-service.
Parallèlement, des couches entières de jeunes femmes et jeunes filles qui ont grandi dans le mythe du post-féminisme affrontent péniblement la réalité – sur le marché de l’emploi, dans la rue et dans leurs familles,… – et commencent à revendiquer haut et fort l’égalité et la fin du sexisme et des discriminations. Leur part majoritaire dans le personnel de tous les secteurs qui ont de près ou de loin à voir avec les soins assure aussi que leur rôle dans la défense de ce qui reste des soins de santé est crucial. La lutte pour, entre autres, un financement adéquat des hôpitaux s’est mise en branle à un rythme variable dans les différents pays, avec comme exemple le plus fort jusqu’à présent la lutte de l’hôpital de la Charité à Berlin.
Du slogan “la lutte est toujours nécessaire” à la lutte pour un programme socialiste et pour la direction du mouvement femmes

Cette année encore, le PSL commémorera la Journée Internationale des Femmes sous la forme d’une journée de formation politique. Plus d’informations dans notre rubriques “femmes” ou sur notre calendrier disponible sur ce site. Quand nous avons commencé nos premières campagnes antisexistes dans les années ’90, essentiellement dans les universités, nous étions alors la seule force à dépenser encore de l’énergie sur ce thème. Nous défendions évidemment une approche socialiste – non pas un féminisme dirigé contre les hommes, mais contre le système – avec un accent sur la lutte contre le post-féminisme. À contrecourant par rapport à presque toutes les forces politiques, nous avons continué à frapper sur le même clou : le post-féminisme est erroné, l’égalité est loin d’être gagnée et nous devons reprendre le chemin de la lutte. Lorsque nous voulions de l’action – l’élément de conscientisation par excellence – autour des sujets liés à la question femmes, nous devions organiser les choses nous-mêmes.
Nous n’avons pas touché de larges couches avec ce travail. A aucun moment nous n’avons obtenu des résultats comparables à ceux de notre campagne Blokbuster autour de la question du racisme, du populisme et du fascisme. Mais pour attirer des jeunes femmes vers notre parti et assister leur formation comme cadres dirigeantes, ce travail a joué un rôle important. Cela nous a préparé pour le moment où la lutte des femmes serait de nouveau présente de manière plus proéminente. Là où nous étions, avant les années ’90 sous le nom de Vonk, le plus faible dans le mouvement féministe de gauche en comparaison des autres forces révolutionnaires, notre organisation est aujourd’hui au-devant de la gauche radicale en ce qui concerne les méthodes d’action, le programme et la présence de cadres féminins. Nous avons pu tenir debout durant la période de détérioration du féminisme parce nous avons continué, à contrecourant, à nous baser sur les traditions marxistes, qui placent complètement la lutte pour l’émancipation de tous les groupes opprimés – les femmes, mais aussi par exemple les minorités nationales – dans la lutte pour le socialisme sur base de la confiance dans la classe des travailleurs et de sa lutte comme moteur pour le changement. Comme base pour notre travail femmes, nous avons voté à un Congrès National précédent des thèses et résolutions concernant le travail femmes basés sur ceux de la Troisième Internationale (3e Congrès, juillet 1921).
Nous avons opéré parmi de petits groupes de femmes, mais nous n’y avions aucune concurrence. Aujourd’hui, cette donne est rapidement en train de changer et nous allons vite nous retrouver en minorité. Les couches de femmes qui veulent dénoncer le sexisme et mener la lutte ont grandi, mais cela s’accompagne de la réapparition de personnes qui défendent un féminisme bourgeois ou petit-bourgeois. Même si les « nouvelles féministes » ne définissent généralement plus tout simplement « les hommes » comme grands responsables du problème mais parlent plutôt du rôle de la société, des grandes entreprises et de l’instrumentalisation commerciale du corps des femmes, il existe encore beaucoup de confusion et ces mouvements n’ont aucune stratégie pour permettre la victoire. Cela comprend également le PTB qui a décidé, lors de son dernier Congrès, qu’il fallait mettre plus d’attention sur la question femmes en passant par la fondation d’une Commission femmes et la mise en place de quotas de femmes à la direction. Tout comme sur d’autres plans, ils ne défendent pas sur le terrain des femmes beaucoup plus que la veille social-démocratie qui, par son opportunisme et son réformisme, n’est pas non plus parvenue à créer un véritable lien entre la lutte des femmes et la lutte des classes afin de livrer un véritable combat pour la direction du mouvement femmes.
Les « nouvelles féministes » ne considèrent pas cette lutte dans le cadre de la lutte du mouvement des travailleurs pour une autre société, une idée qui a reçu de grands coups en raison de l’existence et plus tard de la chute du stalinisme, mais aussi à cause du rôle de la social-démocratie, cet autre courant opportuniste dominant dans le mouvement des travailleurs. Elles considèrent complètement la lutte comme devant être menée à titre individuel et pour des solutions individuelles. Un pur idéalisme est aux commandes : « si on se détache seulement de manière individuelle des normes dominantes qui sont imposées aux femmes et si nous revendiquons activement notre rôle, tout est possible », est un peu la teneur générale de leurs propos. Nous devons prendre les aspects positifs et progressistes là-dedans – le refus radical et explicite de chaque forme d’arriération et de sexisme et la volonté de s’engager – et les utiliser dans notre approche transitoire. Parallèlement, nous devons avertir des limites de cette approche. Un mouvement qui ne va pas plus loin et qui ne commence pas une lutte contre les conditions matérielles qui donnent l’occasion à l’existence du sexisme ne peut que se heurter péniblement à un mur. Dans le meilleur des cas, ça se termine en queue de poisson, comme cela a été de nouveau le cas avec « wij overdrijven niet » (nous n’exagérons pas), sans vouloir sous-estimer l’influence que ce mouvement spontané sur les médias sociaux a eue sur « l’opinion publique ». Si la lutte n’est pas soutenue et ne commence pas à imposer des changements dans la situation objective, cette influence se diluera et, à un moment ou un autre, on en revient au « business as usual ».
Il existe un renouveau d’activités de femmes qui s’expriment ouvertement comme féministes. Nous voulons rentrer en discussion avec elles, en partant de leurs expériences, de leur refus du rôle qui leur est imposé par la société capitaliste, de leurs revendications (etc.) pour faire un pont vers la nécessité d’un changement socialiste de société. Il y a cependant aussi d’autres figures qui arrivent sur ce terrain et qui veulent canaliser ce nouveau mouvement dans une direction inoffensive pour le capitalisme. Dans la discussion qui a éclaté suite aux déclarations du doyen de la VUB, Willem Elias, ce n’était pas par coïncidence qu’on a vu la politicienne VLD de Bruxelles, Ann Brusseel, se mettre en avant avec sa revendication au Comité d’Administration de la VUB pour la démission d’Elias parce qu’aucune étudiante ne pouvait passer ses examens le cœur léger face à ce sexiste notoire.
Les féministes bourgeoises s’en tiennent systématiquement à de telles « victoires symboliques » (Elias a effectivement démissionné), à des « revendications femmes » qui ne coutent rien à la bourgeoisie. Le « féminisme » de l’Open VLD – tout comme celui des autres partis traditionnels (et les partis bourgeois Écolo, Groen et NVA) – ne l’empêche pas de mener une politique d’austérité qui touche particulièrement durement les femmes. Cela signifie pour de larges couches de femmes de la classe des travailleurs que le choix pour l’indépendance d’un gagne-pain masculin est en même temps un choix pour la pauvreté. Tous les pays qui ont eu à faire avec les formes les plus brutales de la politique d’austérité, comme en Grèce ou en Espagne, ont connu une croissance de la prostitution. C’est devenu la seule manière de se nourrir et de nourrir ses enfants pour une couche grandissante de femmes. Cela ne sont que quelques exemples pénibles de l’insuffisance du programme bourgeois féministe.
Les féministes bourgeoises sont notre ennemi de classe sur le terrain de la lutte des femmes : c’est le sens véritable et le contexte derrière le 8 mars et le mouvement des travailleuses
Le féminisme bourgeois et petit-bourgeois ne constituent pas seulement un problème du fait de leur absence de réponses face aux problèmes de la majorité des travailleuses, cela représente même un obstacle au développement d’une solution en raison de sa fonction de division dans le mouvement des travailleurs. Là où nous le pouvions, nous avons exprimé notre opposition à la forme spécifique prise par la campagne Equal Pay Day, avec sa grande attention sur la responsabilité individuelle des hommes quant à la division des tâches domestiques et son soutien à la revendication de négociations salariales individuelles comme pas vers plus d’égalité salariale. De façon similaire, nous nous sommes toujours opposés à l’idée de quotas et avons défendu un programme général pour toute la classe des travailleurs et contre chaque discrimination. Ceux qui ne font pas de même ne comprennent pas que le sexisme dispose d’une base matérielle.
Le féminisme bourgeois a encore un rôle très diviseur sur un autre plan, parce que c’est souvent le fer de lance dans des attaques racistes contre la population musulmane de Belgique. L’interdiction du foulard, premièrement dans les écoles (allant aujourd’hui dans certaines écoles jusqu’à l’interdiction de porter des jupes longues !), puis aussi dans les fonctions aux guichets dans plusieurs administrations publiques, était en Flandre une tentative des partis bourgeois de se montrer « fermes » envers les immigrés dans la concurrence électorale avec le Vlaams Blok/Belang. Tout ceci était toujours vendu avec des arguments « féministes ». En Wallonie, ce même courant venait de France, où le mécontentement et la rage envers les partis traditionnels s’expriment, par manque d’une alternative large et crédible de gauche, avec une popularité grandissante et potentiellement dangereuse pour le FN. La gauche officielle en France défend un laïcisme militant utilisé comme instrument dans une campagne raciste. Cela joue un rôle dans le fait que la population d’origine immigrée des pays musulmans se replie de plus en plus sur elle-même.
Nous devons continuer à mettre en garde contre cette approche. Il en va de même concernant la question nationale : nous devons comprendre que la religion est un aspect secondaire et que c’est seulement par la défense de la liberté religieuse des travailleurs croyants que l’on peut offrir une chance à l’unité des travailleurs nécessaire pour la lutte pour une autre société, où la religion s’évaporera parce que l’être humain aura finalement contrôle sur sa vie et ne sera plus soumis à l’anarchie et aux lois aveugles du marché capitaliste. Nous devons aussi comprendre que chaque limitation du droit à la liberté d’expression des groupes opprimés spécifiques va finalement mener à des restrictions de la liberté d’expression du mouvement des travailleurs et de ses organisations-sœurs. C’est bien un droit qui fait partie de la révolution bourgeoise, mais la lutte de classe des travailleurs a partout été nécessaire pour assurer l’utilisation de ce droit y compris aux couches opprimées et pas seulement à la bourgeoisie elle-même. De la même manière, cela a toujours été la classe des travailleurs qui a contré les attaques contre ce droit.
Le fait que nous défendons la liberté religieuse ne signifie évidemment pas que nous cherchons la collaboration avec des groupes religieux ou que nous sommes prêts à baisser notre programme, entre autres notre programme concernant les femmes. Nous refusons seulement de nous retrouver du même côté des barricades que la bourgeoise dans une campagne raciste. Nous défendons le droit des musulmanes à porter le voile si elles le souhaitent, nous défendons aussi le droit des musulmanes à ne pas le faire si elles ne le désirent pas. Interdire tout simplement le port du voile n’offre pas aux femmes l’obtention de l’indépendance envers leur famille ou leur communauté. Pour cela, il faut un programme social, un programme général qui permet aux femmes de la classe des travailleurs de faire des choix de manière indépendante : le plein emploi, des salaires décents et des conditions de travail qui permettent de combiner travail et famille, des allocations décentes et le soutien social aux femmes qui en ont besoin, un programme massif de construction sociale,…
Ces aspects diviseurs du féminisme bourgeois et petit-bourgeois clarifient que nous n’avons aucune affinité avec eux. Nous pouvons – comme c’était le cas dans la campagne contre les « pro-vie » – parfois être autour de la même table parce ces organisations sont incontournables sur certains terrains et/ou parce que nous pouvons établir une plateforme acceptable à nos yeux. Mais nous cherchons nous-mêmes la collaboration avec des organisations de travailleuses, comme les commissions femmes des syndicats et leurs organisations de jeunesse ou encore d’autres organes du mouvement des travailleurs qui organisent (surtout) des femmes. Et nous comprenons profondément que nous devons nous présenter entièrement indépendamment de ces organisations et que nous continuons à exprimer ouvertement nos critiques sur ces organisations, leur programme limité, leurs méthodes d’action incorrectes, leur bureaucratisme, etc. Dans la lutte pour les droits de femmes, nous considérons le mouvement organisé des travailleurs comme notre premier et plus important allié. Nous refusons absolument de considérer le mouvement femmes dans un cadre restreint, comme un mouvement de femmes pour les femmes exclusivement.
Dans les années à venir, l’accent de notre travail doit être mis sur notre différenciation avec le féminisme bourgeois et petit-bourgeois ainsi que sur le recrutement de jeunes femmes et de travailleuses pour le parti sur base d’un programme socialiste. La stimulation à s’opposer au sexisme et à l’oppression des femmes ne va plus seulement venir de nous, nous allons pouvoir intervenir dans des actions spontanées comme des actions organisées par d’autres, même elles peuvent encore souvent être limitées en ampleur. Dans ces interventions, notre accent doit être mis sur notre caractère et notre programme socialiste. Nous devons dénoncer l’hypocrisie des politiciennes qui se profilent sur les problèmes de femmes, mais qui restent en même temps dans des partis qui mènent une politique d’austérité sur le dos de la grande majorité de femmes.
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[TEXTES de CONGRES] Recherche d'alternatives
Le texte qui suit est la sixième partie du texte de perspectives internationales et belges discuté, amendé et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015. Ce texte est également disponible sous forme de livre. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ».
Recherche d’alternatives
L’échec du capitalisme sur le plan économique, écologique et social, l’inégalité extrême, la brutalité du gouvernement de droite, etc. pousse à la recherche d’alternatives. Ainsi, Femma (équivalent flamand de Vie Féminine) lançait en septembre 2014 la proposition d’une diminution du temps de travail généralisée à 30 heures semaine. [134] Ce matin-là, chez le patronat, surtout ceux du pilier chrétien, plus d’un ont bu leur tasse de travers. Et pas seulement là. Femma n’est pas un petit groupe de femmes anarchistes en marge de la société, mais l’ancien KAV (Kristelijke Arbeiders Vrouwenbeweging). L’organisation ne défend pas comme nous la réduction du temps de travail sans perte de salaire mais, néanmoins, son argumentaire est une critique cinglante de la chasse aux profits dans la société capitaliste. Elle le dit d’ailleurs explicitement : « Derrière notre proposition pour la semaine de 30 heures se cache un modèle de société totalement différent de l’actuel. »
Femma considère la semaine des 30 heures généralisée comme un moyen de revaloriser le travail non-rémunéré et de stimuler l’égalité entre les genres. Femma veut aussi se débarrasser de « la norme masculine de la semaine des 40 heures » et plaide pour une semaine de 30 heure comme nouvelle norme pour tout le monde. Alors, beaucoup de femmes travailleraient bien à temps plein et construiraient les mêmes droits que les hommes. Femma démontre aussi que nous sommes systématiquement à la recherche de moyens et de services dont nous pensons qu’ils nous épargnent du temps : « des repas préparés, des légumes emballés, des moyens de transports motorisés, des trajets en avion, toute une série d’appareils électriques,… beaucoup de ces produits ont un impact environnemental et énergétique élevé. La semaine des 30 heures tempérerait les effets environnementaux négatifs d’une société orientée vers la prestation et traduirait la croissance de la productivité en plus de temps libre au lieu de la consommation, redistribuerait mieux le temps de travail disponible, rendrait le travail plus supportable,… »
Poliargus, un bureau d’études de gauche qui « œuvre pour la liberté, la démocratie et la solidarité », a réalisé une étude concernant le passage de la semaine des 39 heures à celle des 35 heures en France. Leur conclusion est que cette mesure a eu beaucoup d’effets positifs. 350.000 emplois supplémentaires ont été créés et le chômage a diminué de 10,3% à 7,5%, la qualité de vie s’est améliorée, il y avait plus d’égalité des genres dans les foyers, plus d’aînés travaillent et il y a eu une diminution du nombre d’emplois à temps partiels. [135] Mais cette mesure a aussi provoqué une augmentation de la pression au travail en France. Femma argumente qu’une réduction trop limitée du nombre dans la semaine de travail incitera les patrons à imposer à leurs travailleurs de faire le même boulot en moins d’heures. Avec une diminution drastique – la semaine des 30 heures par exemple – ceci ne serait plus possible et des recrutements supplémentaires seraient nécessaires pour faire face à la charge de travail. Pour le PSL, la revendication du programme de transition de l’échelle mobile des salaires et des heures de travail reste la base de notre position. Pour le moment, nous traduisons cela par la revendication des 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, mais nous sommes bien entendu ouverts à des améliorations.
Un autre exemple de recherche d’idées alternatives est celle du revenu de base garanti. Dans le passé, cela était considéré comme une utopie désespérée. En Belgique, un revenu de base universel de 1000 euros à partir de l’âge de 18 ans signifiera une dépense de 108 milliards d’euros par an. C’est largement plus que les 76 milliards de dépenses pour la sécurité sociale en 2014. On pourrait mettre en avant qu’un certain nombre de dépenses réalisées aujourd’hui disparaitraient après l’introduction d’un revenu de base, mais ce n’est certainement pas le cas pour les dépenses en maladie et en invalidité qui pèsent à elles seules 29,4 milliards d’euros. Probablement, on veut aussi sauvegarder l’allocation familiale, qui représente 4,8 milliards d’euros. Les pensionnés recevront-ils un revenu de base à la place de leur pension ? Et que faire avec les pensions de plus de 1000 euros et pourquoi un salarié aurait droit à son salaire plein et qu’un pensionné payerait lui-même son revenu de base ? Que faire avec les allocations de chômage plus élevées que 1000 euros, même s’il n’y en a pas beaucoup, la différence serait-elle ajoutée ?
Néanmoins, la demande d’un revenu de base est aujourd’hui beaucoup plus proche d’être concrétisée qu’auparavant. Aux Pays-Bas, des projets sont prévus dans quatre municipalités pour y mener des expériences locales avec un revenu de base (Utrecht, Wageningen, Tilburg et Groningen). Dans neuf autres, soit des recherches sont en cours afin de déterminer si cela est possible, soit une motion a été votée dans ce sens. Dans 28 autres municipalités, cela existe à des degrés variables. C’est ce qu’a écrit un certain Rutger Bregman le 5 août 2015 dans le Vooruitgang. Il a déclaré que dans des municipalités comme Utrecht, provisoirement, seules les personnes qui ont déjà un droit à une allocation y ont droit et qu’il s’agit donc plutôt d’une « allocation inconditionnelle ». Il s’agit néanmoins d’un revirement par rapport à la politique d’activation aujourd’hui utilisée avec une rigueur grandissante dans la sécurité sociale. C’est en fait l’une des principales raisons de la popularité du revenu de base.
En Finlande, cette discussion est aussi sur la table de la coalition conservatrice, avec participations des Vrais Finlandais (populiste de droite), là, en première instance, un revenu de base serait introduit dans les régions au chômage élevé, on parle de 500 euros mais, selon certains, même de 850 à 1000 euros. [136] La critique classique, c’est que cela pousserait des gens à ne plus travailler et surtout dans les secteurs où il y a déjà pénurie, mais 79% de la population soutient la mesure, à l’exception des fonctionnaires des services publics qui craignent une perte d’emplois.
Tony Atkinson, professeur à la London School of Economics, qui est aussi qualifié de père spirituel de Thomas Piketty, parle de cela en ces termes : « j’ai été très longtemps sceptique à propos de l’idée, mais je pense que son époque est arrivée. Pourquoi ai-je changé d’opinion ? Parce que la société a changé, et en particulier le marché du travail. Le nombre de gens avec un emploi fixe et à temps plein devient de plus en plus petit. Mais notre sécurité sociale est tout de même totalement construite autour de ce modèle traditionnel de gagne-pain. Nous allons devoir repenser notre sécurité sociale, pour assurer son efficacité et son équité. Un revenu de base peut aider, surtout si nous voulons construire quelque chose au niveau européen. Mais attention, un tel revenu de base n’est pas libéré de toute obligation. On ne peut pas recevoir de l’argent comme ça. [137]
A la question à Johnny Thijs (ex-CEO de la poste) si le revenu de base n’est pas une folie gauchiste, il répond « ça l’a été longuement dans la tête parce que j’ai longtemps pensé que face à une rémunération il faut un effort, c’est le moteur du progrès. Maintenant je doute. On peut apprendre du chinois à des jeunes. On peut leur apprendre à programmer un ordinateur. Mais il y aura toujours un groupe considérable de gens qui n’ont pas de talents pour une formation plus élevée. Que faire avec les travailleurs manuels lorsque le travail manuel devient superflu. Je ne vois toujours pas comment nous arriverons à payer un revenu de base à chacun, mais je n’exclus plus l’idée ». [138] Si des capitalistes considèrent un revenu de base, c’est surtout par peur de troubles sociaux qu’ils veulent tempérer. Auparavant, la sécurité sociale était capable de corriger les pires émanations du capitalisme. Aujourd’hui, la ruine sociale est telle que la sécurité sociale est de plus en plus mise sous pression.
Poliargus a aussi ses doutes concernant le revenu de base. Il accentue que pour beaucoup de partisans libéraux, c’est une alternative au service public et à la sécurité sociale. Une partie des allocataires (pensionnés, chômeurs,…) « reculerait parce que leur allocation serait remplacée par un revenu de base moins élevé. Les fortunés recevraient un revenu de base en plus de leur revenu déjà élevé. » Puis que « les services publics ne sont simplement une alternative importante pour le secteur privé orienté vers le profit. Cela assure aussi tout un nombre de services de base (mobilité, enseignement, soins de santé, énergie,…) Tout comme à la sécurité sociale, la règle est valable que les revenus les plus bas et la classe moyenne plus large en serait plus dépendante que les fortunés et perdraient plus avec son démantèlement. Par la suite, Poliargus argumente que même le démantèlement de la sécurité sociale et des services publics ne sera pas suffisant pour financer un revenu de base élevé. « Lorsque l’on constate que le Tax Shift a totalement nié le principe de la justice fiscale, il est peu probable que le financement d’un revenu de base en ce moment pourrait se faire de manière progressiste. »
Poliargus pointe aussi le fait qu’un revenu de base ne contrarie pas les raisons pour lesquelles une partie de plus en plus restreinte va vers les 99%, c’est-à-dire la concentration des richesses au sommet de la société. En plus d’être loin d’être garanti que la majorité des travailleurs seraient capables de refuser un emploi parce que les conditions ne sont pas convenables. Finalement, tant que les normes sociales mettent en avant un certain type de consommation, beaucoup de gens vont néanmoins accepter un mauvais emploi afin de pouvoir atteindre cette norme. C’est justement pourquoi selon Poliargus « l’action et les mesures collectives sont une meilleure alternative que de laisser dépendre les discussions du pouvoir de marché du travailleur. » Pour d’autres problèmes, il existe d’ailleurs des alternatives qui peuvent être plus efficaces qu’un revenu de base : des services publics universels et des impôts progressifs sur les inégalités, les réductions du temps de travail collectif contre les longues heures de travail et pour plus de temps libre, la redistribution du travail et de l’emploi publics contre le chômage. »
Mais Poliargus comprend également qu’automatiquement la question se pose : pourquoi donc cela ne se fait pas ? « Que ces mesures politiques ne soient pas introduites est largement dû au fait que les relations de force actuelles ne sont pas favorables à une politique progressiste. Ainsi nous arrivons à une réflexion essentielle. Le revenu de base semble pour une partie de ses partisans une voie facile vers le progrès. Au lieu de suivre la voie difficile et cahoteuse de changement de relation de force. Mais à un moment où la gauche se trouve toujours en position défensive en Europe occidentale (et dans pratiquement tout le reste du monde), le danger que le revenu de base soit appliquée de manière réactionnaire est réel. Cela nous conduit à un paradoxe : au plus la politique est à droite, au plus des progressistes considèrent le revenu de base comme une solution. Mais le moins fort que la gauche peut être sur le terrain politique, le plus grand est la possibilité que le revenu de base entraine une politique encore plus droitière. Un changement dans la politique exige donc en premier lieu un changement au niveau des relations de force. Cela signifie le renforcement des syndicats, des mouvements sociaux et des partis de gauche, de l’action collective, de la lutte sociale et de la mobilisation et la politisation de toute question en contradiction gauche/droite. Si ces relations de force ne changent pas, la possibilité est très grande que le revenu de base soit usé et abusé comme partie intégrante d’un projet de droite. »
Ce n’est pas une coïncidence que ce soit Milton Friedman qui ait suggéré en premier cette idée d’un revenu de base. Il comprenait qu’à partir des années ’80, le chômage massif resterait une caractéristique structurelle du capitalisme. Il « l’acceptait » et s’opposait d’ailleurs à toute tentative de tempérer cela par des interventions publiques. Il savait que cela mettrait sous pression le mécanisme de solidarité de la sécurité sociale. C’était selon lui une opportunité d’individualiser les facilités sociales et casser la solidarité entre travailleurs avec et sans emploi à travers un revenu de base. De cette manière, il n’y aurait plus de chômeur, mais seulement des gens qui auraient de leur propre volonté choisi de ne pas travailler. Celui qui s’attaque à la sécurité sociale s’attaque au salaire brut de tous les travailleurs. Mais celui qui réduit le revenu de base, soit de manière nominale, soit au travers de l’inflation, ne s’attaque qu’à la partie qui a « volontairement » abandonné son moyen de résistance principale, sa possibilité d’arrêter le travail. Pour Friedman et beaucoup de partisans actuels du revenu de base, il s’agit surtout d’un pied de biche pour pouvoir casser le mécanisme de solidarité collectif de la sécurité sociale et les services publics.
La question d’un revenu de base ne peut pas être découplée de la question des relations de force entre travail et capital. Sous le capitalisme, cela nous semble une utopie dangereuse qui peut fondamentalement affecter la force du mouvement des travailleurs. Durant le siècle précédent, nous aurions aussi considéré le revenu de base, même dans une société socialiste, comme une utopie de gens qui perdent de vue les énormes défis mondiaux. Mais la société a changé depuis. Aujourd’hui, la science et la technique, à condition d’être sous gestion et contrôle démocratiques de la société, nous offrent la possibilité non seulement de répartir le travail disponible entre toutes les personnes qui sont capables de travailler mais aussi de permettre à ceux qui ne veulent pas travailler, alors même qu’ils pourraient travailler moins ou à des conditions plus agréables, de leur reconnaître le choix de ne pas participer au travail productif et de disposer malgré tout d’un revenu socialement acceptable.
Un dernier élément dans la recherche d’alternative que nous voulons toucher est celui de l’économie du partage. L’émergence du web dans les années ’90 a fait croître le mouvement du logiciel libre. Ses partisans militaient pour un partage libre, gratuit et collaboratif des avancées logicielles. Au-delà de l’aspect technique, c’est sur base de ces principes que sont nés plus tard des projets comme Wikipédia puis, dans les années 2000, ce qui a été désigné comme l’économie du partage. Derrière ce concept aux frontières floues, on retrouvait un ensemble de services construits sur base de la solidarité et de l’échange : covoiturage, couchsurfing (se loger gratuitement en voyage), achats groupés, monnaies alternatives, SEL (systèmes d’échange locaux, où l’on peut s’échanger des petits services), financement participatif, etc. S’ils ne sont pas tous nés avec lui, c’est le web qui a permis à ces systèmes de prendre de l’ampleur. Certains intellectuels ont alors publié de nouvelles perspectives. Un nouveau type d’économie allait apparaître, fondée sur la prise de conscience écologique, l’échange et les communications presqu’infinies que permettent internet. Cette économie du futur allait phagocyter le capitalisme. [139]
Basées sur de bonnes intentions mais sur une mauvaise compréhension du système capitaliste, ces théories n’ont à aucun moment abordé sérieusement la nature de classe du capitalisme et la nécessité d’y mettre fin avec un programme de rupture clair. Les entrepreneurs, eux, n’ont pas manqué de voir le potentiel qu’il y avait là-derrière. Ils ont commencé à s’approprier progressivement ces services et les ont développés en fonction de leurs intérêts. Airbnb a par exemple recyclé l’idée du couchsurfing. Le crowdfunding – ou financement participatif – a été conçu pour financer les projets du monde associatif mais sert de plus en plus à financer les entreprises. Fiverr, site américain à succès, propose comme les SEL de s’échanger des services, mais a remplacé la gratuité par le « tout à 5 euros ». Le leader français du covoiturage, Blablacar, est quant à lui devenu une entreprise au taux de croissance exponentiel depuis sa conversion au modèle payant en 2012.
L’organisation des gens en réseaux et la mutualisation des informations est toujours là, mais les échanges sont devenus payants. Marginaux, ces secteurs pouvaient être gérés de manière alternative, devenus grands la logique du système s’est imposée. L’économie du partage est passée aux mains des capitalistes : elle partage tout, sauf les bénéfices. L’ascension des nouvelles technologies ouvre ainsi de nouvelles opportunités aux capitalistes. Ils incluent progressivement dans le monde du profit des domaines de la vie qui leur échappaient encore largement. Ceci confirme une fois de plus une position de Marx, c’est-à-dire que le capitalisme ou la production de marchandise a la tendance à transformer tout en marchandise. Le capitalisme peut désormais marchandiser le covoiturage, les services entre voisins, le financement solidaire, les données concernant nos goûts et notre vie privée, la discussion et la rencontre,…
Des logiciels libres comme GNU/Linux, des sources d’informations collaboratives comme Wikipedia ouOpenStreetMap, et différentes technologies internet ont été le plus souvent conduits par une communauté geek qui n’était pas guidée par l’appât du gain. Celle-ci a entrevu l’énorme potentiel que la mise en réseau pouvait apporter aux systèmes d’entraide et au genre humain en général. Ce sont des exemples intéressants à utiliser pour démonter les idéologies bourgeoises qui prétendent que la nature humaine serait égoïste et que la concurrence du marché libre serait le meilleur moteur de l’innovation. Au contraire, ce sont les grandes multinationales qui constituent le plus grand frein sur le progrès et l’efficience, entre autres par la formation de monopole, par vendor lock?in, c’est?à?dire des systèmes fermés/protégés créant des incompatibilités inutiles, par brevets,… Le capitalisme a néanmoins la capacité de s’adapter aux circonstances et à récupérer les idéologies qui n’entrent pas directement en conflit avec lui. Par exemple, L’Open source « pragmatique » est la scission (de droite) du mouvement Free Software qui lui a des principes politiques. Les algorithmes, le « big data », la démocratisation des PCs et smartphones toujours plus performants, « l’internet des objets », les imprimantes 3D,… sont des outils d’une puissance fascinante qui pourraient nous permettre d’organiser la société de manière réellement démocratique. Nous pourrions utiliser ces technologies pour décider collectivement de ce que nous voulons produire et avec quels moyens. Nous pourrions plus facilement que jamais dans l’histoire de l’humanité permettre à chacun d’exprimer son opinion et ses intérêts. Nous pourrions profiter de l’automatisation pour diminuer notre temps de travail tout en partageant les richesses. Chauffeurs Uber et taximen ne seraient plus entraînés dans une concurrence absurde. C’est ce à quoi nous pensons lorsque nous parlons de société socialiste.
Mais cela nécessite que la majorité sociale soit aux commandes, et non plus une minorité. Nous ne pourrons pas bâtir un tel système sans prendre possession des grands moyens de production et de l’industrie technologique des mains de la classe capitaliste au pouvoir. Les changements économiques engendrés par la propagation d’internet et le développement des dernières technologies provoquent des débats importants et légitimes. Ceux qui veulent en finir avec ce système doivent discuter et tenir compte de ces évolutions. Mais le capitalisme ne s’effondrera pas par lui-même : nous devons organiser le combat avec un programme et des méthodes qui l’attaquent en son cœur.
134 http://www.femma.be/nl/onze-visie/artikel/waarom-het-nieuwe-voltijds-zo-veel-kansen-in-zich-heeft
135 http://poliargus.be/in-vijf-jaar-naar-35-uur/
136 La Finlande prête à expérimenter la fin du travail? Francetvinfo,20 juillet 2015
137 ‘Een basisinkomen kan nooit onvoorwaardelijk zijn’, De Standaard 28 maart 2015
138 ‘Ik was de moordenaar van het dorpsleven’, De Morgen, 22 augustus 2015
139 Dans son livre « Sauver le monde. Vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer » (2015), le belge Michel Bauwens met en avant l’« économie du peer-to-peer (P2P) ». Quelques mois plus tôt, l’essayiste américain Jeremy Rifkin annonçait lui aussi l’arrivée du modèle des « communs » dans son livre « La nouvelle société du coût marginal zéro : L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme » -
[TEXTE de CONGRES] Pas de Thatcher en Belgique!
Un gouvernement résolument de droite est arrivé au pouvoir en Belgique après les élections de 2014. Ce gouvernement à la Thatcher vise à considérablement sabrer dans nos conditions de vie. La résistance contre cette offensive antisociale de grande ampleur a été rapide et massive. Bien plus forte en tout cas que ce qu’avaient prévus tant les autorités que les dirigeants syndicaux. Mais le mouvement a atteint une impasse.Le texte qui suit est la cinquième partie du texte de perspectives internationales et belges discuté, amendé et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015. Ce texte est également disponible sous forme de livre. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ».
Les élections du 25 juin
Les élections fédérales de 2014 sont devenues une énorme victoire pour la N-VA, mais principalement aux dépens de la droite extrême et populiste. La tripartite a même obtenu une majorité en Flandre alors qu’il lui manquait un siège auparavant. Une tripartite fédérale était donc mathématiquement possible et cela livrait une énorme opportunité à la bourgeoisie. Elle avait déjà compris depuis longtemps que, tôt ou tard, il faudrait solder les comptes avec la N-VA. Une scission de la Belgique au cœur de l’Europe apporterait un coup impardonnable au prestige de la bourgeoisie belge et en Europe. Mais la question était de savoir comment. Un cordon sanitaire autour de la N-VA qui venait juste de remporter brillamment les élections aurait permis à ce parti, à partir de l’opposition, de se rendre incontournable d’ici 5 années. La prendre au gouvernement semblait une meilleure option, à condition qu’elle mette au placard pour au moins 5 ans son programme communautaire. Les esprits murissaient. Cela offrirait la possibilité de brûler la N-VA au pouvoir tout en testant jusqu’où on pouvait aller dans l’attaque contre la classe des travailleurs.La bourgeoisie a longtemps douté. Lorsque le CDH a résolument rejeté la note de formateur de De Wever, il semblait que nous allions en direction d’une tripartite. La petite bourgeoisie flamande était déjà en panique. Allait-elle encore vivre l’échec de sa coalition de droite rêvée ? Unizo a alors fait quelque chose d’exceptionnel. Elle a organisé une enquête chez 1709 indépendants et PME, dans les faits il s’agissait plutôt d’une menace de boycotter une tripartite et de jeter le pays dans la crise. Finalement, la bourgeoisie a cédé. Pieter Timmermans, de la FEB, a même cité Deng Xiaoping en disant « qu’importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape des souris. » [123]
Faut-il en conclure qu’avec la participation gouvernementale de la N-VA, sous la menace de l’Unizo et avec le soutien du VOKA, la petite-bourgeoisie ou les classes moyennes sont maintenant vraiment au pouvoir ? Allez raconter ça aux innombrables boulangers, bouchers, boutiquiers,… qui sont écrasés sous la concurrence de grands projets de magasins comme U-place à Machelen, Alcopa à Vilvorde et d’innombrables autres. Ce n’est pas parce que le gouvernement, avec son plan PME fédéral, exonère les 3 premières embauches des cotisations sociales et promet d’augmenter la pension minimum des indépendants que ces derniers sont au pouvoir. Ce que ce gouvernement fait surtout, c’est utiliser la pauvreté réelle parmi une couche, une partie des indépendants, pour encore offrir plus de cadeaux aux grandes entreprises. Les couches moyennes sont aussi peu au pouvoir avec ce gouvernement que les travailleurs l’étaient avec le gouvernement Di Rupo.
Avec sa surenchère de propositions néolibérales, le VLD voulait forcer la N-VA à montrer son côté le plus asocial. Le CD&V a abandonné le poste de premier ministre pour ne pas brûler un autre de ses ténors mais au contraire le sauvegarder pour la suite, après la coalition « kamikaze ». Pour Michel et le MR, c’était une occasion unique de pouvoir occuper le siège de premier ministre fédéral et de pouvoir distribuer des portefeuilles ministériels lucratifs. Que De Wever ait préféré rester à Anvers en tant que bourgmestre et belle-mère du Premier Ministre en dit beaucoup sur la confiance qu’il avait lui-même du gouvernement. Mais pour la bourgeoisie, la situation était win-win. Si le gouvernement parvenait à appliquer une partie de son programme de droite, elle l’accueillerait avec plaisir. Que le gouvernement tombe sous les coups de la résistance sociale et il lui était alors possible de changer son fusil d’épaule vers une tripartite classique sans passer par l’obstacle des élections. Mais n’importe quelle constellation politique au pouvoir aurait dû passer à la vitesse supérieure dans l’application de l’austérité. La crise mondiale ne laissait d’ailleurs pas d’autre choix au capitalisme belge que d’essayer de rétablir sa compétitivité aux frais de la classe des travailleurs. Cela ne signifie pas que cela ne fait aucune différence.
Un gouvernement thatchérien – la cavalerie légère
A l’été 2014, il était clair que le prochain gouvernement serait de droite dure. Fin juillet, une version flamande avait déjà été installée, le gouvernement de Geert Bourgeois. Comme pour illustrer que le grand changement commençait immédiatement, il a annoncé un programme d’austérité gigantesque de 8 milliards d’euros. Les fonctionnaires, les communes, les crèches, les allocations familiales,… mais aussi une mesure plutôt symbolique qui devait rapporter 160 millions d’euros : l’augmentation du minerval pour l’enseignement supérieur. Dans le passé, cela s’est toujours heurté à des protestations conséquentes. Il s’agissait d’un test pour estimer la résistance des étudiants et d’une mesure pour voir ce qui pouvait se passer si toute la classe des travailleurs était attaquée. Si l’expérience réussissait, la voie était ouverte pour l’introduction graduelle d’un enseignement élitiste avec des minervals qui, dans le monde anglo-saxon atteignent jusque 8000 euros, écrivions-nous.
En général, les marxistes décrivent la jeunesse comme la cavalerie légère de la classe des travailleurs. Les jeunes portent moins de responsabilités, sont moins marqués par les défaites du passé, entrent plus facilement en action et sont plus flexibles dans le combat. Nous qualifions les ouvriers de l’industrie de bataillons lourds, plus difficiles à mettre en marche, mais une fois qu’ils sont en mouvement, impossible de les arrêter. Mais cela faisait déjà depuis 2003, depuis la guerre en Irak, que la jeunesse s’était massivement mise en mouvement. Cela n’avait pas seulement érodé la force du PSL parmi la jeunesse, mais aussi affaiblit la conscience et l’expérience de lutte de cette dernière. Ici, une opportunité se présentait de commencer à restaurer la situation. En août déjà, nous avons réuni notre comité jeune à ce sujet pour ne pas manquer l’occasion. Nous avions compris que si cela ne dépendait que de la VVS (Vlaamse Vereniging van Studenten, équivalent flamand de la FEF) ou de Comac, le mouvement allait être dépolitisé, les étudiants n’auraient pas leur mot à dire et les actions resteraient symboliques. Nous n’allions pas arriver à tourner cette situation mais être capables de mettre en pratique quelque part l’orientation des Etudiants de Gauche Actifs sur le mouvement des travailleurs, notre méthode et notre programme, pouvait nous permettre de devenir une position minoritaire importante dans le mouvement.
Nous avons concentré toute notre énergie sur les étudiants du secondaire à Gand, en construisant des comités d’actions dans les écoles ainsi qu’une coupole gantoise pour organiser des manifs et des grèves et orienter ces étudiants du secondaire vers le plan d’action syndical. Cela faisait longtemps qu’on avait encore d’une façon aussi concentrée mis toute la force sur la pointe de l’attaque. A chaque action, une mobilisation minutieusement préparée précédait avec des tracts discutés en détails qui tenaient compte de l’actualité ; des sensibilités des parents, des profs et des directions ; avec des slogans réfléchis ; des propositions pour après l’action et un court communiqué de presse avec les points cruciaux à défendre. A chaque action, chacun avait sa tâche, de l’animation à la vente du journal jusqu’à la prise de parole. Là où c’était possible, le lien avec le personnel était accentué. Chaque action – comme nous l’avions appris du mouvement antimondialisation – se terminait par une assemblée générale où le prochain pas à suivre était discuté. A un certain moment, parmi les étudiants du secondaire, EGA était devenue l’organisation à la mode. Nous avons été capables de politiser les meilleurs écoliers et de les gagner, de même qu’un certain nombre d’étudiants du supérieur attirés par les actions. C’était extrêmement important, le seul acquis de cette lutte qui pèse peut-être plus lourdement dans la balance, c’est l’expérience faite par le parti et qui ne peut pas se perdre.
Un gouvernement thatchérien – les bataillons lourds
C’était Leemans, de la CSC, qui, à l’été 2014, lorsque les discussions sur la formation du gouvernement de droite étaient pleinement en cours, a fait en premier la comparaison avec Thatcher en Grande-Bretagne dans les années ’80. La différence principale entre ce gouvernement et tous les précédents depuis les années ’80 était qu’il voulait une cassure radicale avec le modèle de concertation belge qu’il considérait comme un obstacle à l’instauration d’une politique d’austérité plus drastique. Ce gouvernement voulait finir ce que les coalitions de droite des années ’80 n’avaient pas réussi à obtenir. La condition étant la cassure des syndicats et le renversement des relations de force entre travail et capital. Une partie de la droite, surtout à la N-VA, est convaincue que les syndicats ne sont que des reliquats du siècle précédent qui s’écrouleront lorsqu’on leur reprend le paiement des allocations de chômage et des primes syndicales. Ils ne connaissent pas les syndicats de l’intérieur. Pour eux, ce sont des « appareils » et rien d’autre. Leur base de petits patrons n’a pas ou peu d’expérience avec des délégations syndicales des grandes entreprises des secteurs forts ou des services publics.
Pour eux, les partis traditionnels ne sont que des faibles et les syndicats doivent apprendre une leçon. Ils pensent pouvoir gagner. C’est aussi la raison pour laquelle la véritable bourgeoisie n’est pas vraiment enthousiaste à propos de cette petite bourgeoisie « je sais tout ». Si le colosse du mouvement des travailleurs se met en branle, la vraie bourgeoisie s’assurera à temps de se placer hors de vue. Le gouvernement de droite veut économiser pas moins de 17 milliards d’euros, plus encore si les chiffres de croissance se révèlent moins favorables, comme c’est déjà le cas. Déjà le 23 septembre 2014, deux semaines avant la constitution du gouvernement Michel, 7000 syndicalistes se chauffaient pour la lutte place de la Monnaie à Bruxelles. Le PSL avertissait déjà que compter sur le CD&V pour arrêter ce gouvernement était une illusion et puis qu’on allait essayer de stimuler des conflits entre syndicalistes de la CSC et FGTB tout comme entre Flamands, Wallons et Bruxellois.
« Pas de Thatcher en Belgique ». Nous avons résumé le sentiment général sur nos tracts et nos affiches tout en appelant à un plan d’action qui, à notre grande surprise, a été quasi littéralement repris par les directions syndicales. Soudainement, ceux-là semblaient donc bien savoir comment mettre en place une mobilisation, avec de l’information convenable et à temps, des réunions interprofessionnelles dans les provinces et des assemblées générales sur les lieux de travail. Avec une manifestation nationale, des réunions d’évaluation, des grèves tournantes aboutissant à une grève générale nationale de 24 heures. Le résultat était étourdissant. Nous l’avions vu venir, notre tract pour la manifestation du 6 novembre commençait ainsi : « Nous répondons aujourd’hui au gouvernement et au patronat. Oui, les syndicats peuvent encore mobiliser des tonnes d’affiliés. Non, le mouvement des travailleurs n’est pas un concept du siècle dernier. Au contraire ! Il est bien en vie et prêt à se battre. Et oui, le mouvement des travailleurs est toujours le moteur du changement social, capable d’entrainer derrière lui toutes les couches de la société. » Nous n’avions pas tort. Pas moins de 150.000 personnes ont marché ce jour-là dans les rues de Bruxelles. Même l’attention démesurée des médias pour les troubles à la fin de la manifestation n’ont pas pu en annuler l’effet. Les dirigeants syndicaux eux-mêmes parlaient de 120.000 manifestants, probablement pour tempérer les attentes quant à la suite des évènements.
En général, les directions syndicales partent de l’idée que le soutien dans la société pour des grèves est limité. Mais l’attaque des gouvernements de droite était tellement générale que des couches entières de la population ont spontanément rejoint le mouvement. C’était ainsi pour les jeunes qui ont pris la tête de la manifestation du 6 novembre avec une délégation remarquable d’étudiants du secondaire de Gand, mais aussi pour des couches moins évidentes qui s’organisaient dans Hart Boven Hard / Tout Autre Chose. « Même les journalistes de l’establishment grassement payés depuis la fin du 19e siècle pour nous qualifier d’énergumènes amateurs de bières doivent bien provisoirement reconnaître que le soutien est vraiment très large pour cette manifestation », écrivions-nous. [124] Ce soutien n’a pas disparu durant les grèves provinciales du 24 novembre, du 1er décembre et du 6 décembre. Nous ne savons pas si la grève générale du 15 décembre est devenue la plus grande grève générale de 24 heures du pays mais, dans un sondage fin décembre, plus de 70% de la population disaient que le saut d’index et l’augmentation de l’âge de la pension à 67 ans étaient de mauvaises mesures. 85% des Flamands se déclaraient favorables à un impôt sur les fortunes de plus de un million d’euros, dont 91% des électeurs CD&V et même 78% de ceux de l’Open VLD et de la N-VA. Toute la société était entrainée par l’enthousiasme du plan d’action syndical, y compris beaucoup d’électeurs des partis de droite gouvernementaux.
Les membres du PSL ont utilisé cette période, soit pour restaurer la tradition perdue des assemblées du personnel et de renforcer le fonctionnement syndical sur les lieux de travail ; soit pour construire un comité de grève sur leur zone industrielle et pour créer des contacts durables entre délégués ; soit pour renforcer une position déjà acquise ou en restaurer une menacée, soit pour s’imposer comme facteur dans la région ou la centrale ; soit pour faire les premiers pas vers un fonctionnement syndical, mettre en action un collègue pour la première fois, gagner au parti un premier collègue au boulot ou simplement l’abonner à notre journal. Tous pris ensemble, ces nombreux pas en avant signifient un énorme renforcement de notre travail syndical. Qui aurait pu s’imaginer que les directions syndicales nous laisseraient une telle occasion avec ce plan d’action ? Dorénavant, la revendication d’un plan d’action n’est plus une idée abstraite que seule la gauche radicale peut imaginer, c’est une revendication qui correspond à une expérience concrète et enthousiasmante.
Le mouvement qui a connu un démarrage extrêmement fort avec la plus grande mobilisation syndicale depuis 1986 le 6 novembre avait le potentiel de faire tomber Michel I. Tant la grève générale contre le plan global en 1993 que celles contre le Pacte des Génération en 2005 et de nouveau celle du 30 janvier 2012 avaient été arrêtées par les directions syndicales avec l’argument que tout gouvernement alternatif serait plus à droite que celui en place. Cet argument n’était plus valable cette fois-ci. On pouvait donc renouer avec les traditions de la grève générale politique. Cela signifierait que le monopole politique des institutions bourgeoises, des chambres de représentants et des élections téléguidées par les médias de masses et les agences de communication étaient de nouveau défiées par un autre organisme beaucoup plus démocratique et en plein développement. N’importe quel gouvernement suivant devrait tenir compte avec un mouvement des travailleurs qui avait gagné une première épreuve de force et fortement regagné en confiance.
Nous pensons que les directions syndicales considéraient initialement de faire tomber le gouvernement de droite pour remettre en selle la tripartite. Nous doutons que cela aurait suffi pour revenir sur le saut d’index, sur les économies opérées dans les services publics et sur l’augmentation de l’âge de la pension. Durant tout le plan d’action, nous avons averti pour cela. A la manifestation du 6 novembre, le titre de nos journaux, de nos tracts et de nos pancartes était : « grève pour faire tomber Michel 1er et toute l’austérité. » Notre programme de revendications tenait compte des besoins immédiats, mais nous n’avons pas laissé passer cette conjoncture exceptionnelle de la lutte des classes sans fournir une série de mesures absolument nécessaires qui clarifient la nécessité d’une transformation socialiste de la société. Nous avons mis en avant l’idée d’un gouvernement des travailleurs, liée à la nécessité d’un large parti de lutte de gauche, en disant que le PTB-GO aurait pu être un premier pas en cette direction, mais avons aussi avancés l’idée d’assemblées du personnel en tant qu’embryon pour l’élaboration d’une alternative du mouvement des travailleurs. Nous avons donc fait ce que des marxistes sont attendus de faire dans de telles situations.
Le test ultime
C’est dans des périodes comme l’automne 2014, lorsque les contradictions à une explosion qualitative et que la lutte des classes s’accélère de manière indiscutable que l’Histoire s’écrit. [125] Alors, ce qui est souvent considéré comme du « coupage de cheveux » en quatre sur la stratégie, la tactique et le programme devient soudainement pertinent aux yeux des sceptiques. Cela ne signifie pas que des partis révolutionnaires, en attendant une telle période, peuvent tout simplement se reposer. Leur puissance de réaction est également déterminée par leur capacité à continuer à se construire et sauvegarder leurs acquis dans des périodes plus calmes. Ceci exige un énorme investissement avec un rendement à peine visible. L’automne 2014 a clarifié qu’à cette époque il y avait trois organisations de la gauche radicale en Belgique qui avaient construit une capacité de réagir de manière collective : le PTB, le PSL et la LCR. D’autres groupes se trouvent ou bien encore en phase « d’accumulation primitive » ou se contentent déjà de faire des commentaires révolutionnaires en spectateur des évènements. Cela ne signifie pas que certains de leurs membres ne jouent pas un rôle, mais ils le font principalement sur base de leurs mérites propres et non pas en résultat d’une intervention collective.
Déjà durant l’été 2014, nous avions compris que ce qui s’annonçait serait probablement d’une qualité différente que la période précédente et que la possibilité existait que les dirigeants syndicaux allaient mettre quelque chose en route. Evidemment, nous devions mettre en garde de nombre de dangers. Nous les avons déjà énumérés : le sectarisme syndical, la division communautaire, les illusions dans le CD&V et une réédition de la tripartite. A partir du 6 novembre se sont ajoutées des illusions envers une fiscalité plus équitable au travers du fameux virage fiscal (Tax Shift). Nous avons tout de suite compris que son objectif était de dévier le mouvement de l’objectif de la chute du gouvernement. Mais il fallait surtout prendre les dirigeants syndicaux au mot, les pousser dans le dos en lançant systématiquement des propositions positives pour faire avancer la lutte tout en saisissant ces ouvertures pour restaurer le mieux possible la démocratie syndicale et renforcer les militants combattifs. Et puis utiliser la conscience élargie durant ces actions afin de coupler aux revendications directes du mouvement la nécessité d’une transformation socialiste de la société. Sous le titre « Pas un programme de passivité, mais un programme de révolution », Trotsky formulait ainsi les choses en 1934 : « Les sceptiques qui pensent que tout est perdu doivent être impitoyablement chassés des rangs ouvriers. » [126]
La LCR, par contre, constatait en septembre 2014 que les dirigeants syndicaux appelaient bien à l’action, « nous disent qu’il faut préparer les munitions », mais que parallèlement « les fusils continuent de rouiller dans les tranchées ». La LCR n’a pas stimulé le mouvement, elle l’a démoralisé. Dans les meetings syndicaux régionaux, ses militants ne sont pas intervenus pour motiver d’autres militants avec des propositions positives mais simplement pour vider leur sac de frustrations quant au manque de combativité de la part de la direction. Au lieu de mettre la direction syndicale en difficulté en l’obligeant à balayer une proposition comprise comme positive, elle lui a offert l’occasion d’isoler des militants combatifs et de les démoraliser. Ce sectarisme rhétorique, la LCR l’a combiné à un opportunisme dans les slogans et le programme. A la manif du 6 novembre, elle lançait « Basta ! Michel dégage ! » En soit, cela aura eu un certain eu un certain écho, mais cela ne donnait pas d’avertissement quant à la stratégie de la direction syndicale pourtant clairement orientée vers une remise en selle de la tripartite. Sur le socialisme, pas un mot, mais à sa place « une Europe vraiment démocratique, sociale et accueillante ». Si le socialisme ne valait même pas d’être mentionné le 6 novembre, quand donc le faire ? Nombre de revendications de tracts de la LCR avaient un contenu ressemblant à celui du PSL, mais leur effet était miné par la manière exagérément conflictuelle dont elles étaient amenées.
On aurait difficilement pu s’imaginer un meilleur positionnement pour entrer dans le plan d’action que celui du PTB. Il venait juste gagner deux sièges à la Chambre, deux au Parlement wallon et quatre au Parlement bruxellois sous le nom PTB – Gauche d’Ouverture. En Flandre, où il n’y avait pas de place pour l’ouverture dans le nom de la liste, aucun élu n’a été obtenu. Mais il s’en est fallu d’un cheveu que Peter Mertens atteigne le seuil électoral à Anvers. Cela démontre qu’un espace existe bel et bien à gauche de la social-démocratie et des verts. C’est pourquoi le PSL, après toutes les tentatives d’y répondre avec le Comité pour une Autre Politique (CAP) et Rood, a proposé un an avant les élections, le 25 mai 2013, à toute la gauche radicale de déposer en commun des listes unitaires (sous le sigle de PTB-Unité ou quelque chose de semblable). [127] Pour cette même raison, nous étions, après que cela ait été rejeté et échangé pour Gauche d’Ouverture, toujours prêts à présenter des candidats sur des listes PVDA+ / PTB-GO. Cela aussi a été rejeté. A Bruxelles, même la proposition de liaison des listes a été rejetée. Nous avons finalement décidé de ne pas déposer de listes à Anvers et Liège et de lancer un appel à voter pour les listes PTB + / PTB-GO afin de renforcer la possibilité d’obtenir un élu de gauche, de même qu’à Charleroi pour ne pas y saper l’appel de la régionale FGTB.
Le PTB aurait pu utiliser sa nouvelle position acquise pendant le plan d’action. En première page de l’édition de juin 2014 de Lutte Socialiste nous écrivions : « Quelles que soient les compositions exactes des futurs gouvernements régionaux et fédéral, il est d’ores et déjà certain que nous allons subir une avalanche de mesures antisociales de la part de tous les niveaux de pouvoir ; fédéral, régional et communal. L’heure est à la résistance et pour cela, ainsi que pour être aptes à inverser la tendance, nous avons besoin d’un large front de résistance qui regroupe les mouvements sociaux, les syndicalistes de gauche, la gauche radicale, les militants associatifs ou de quartier, etc. Un tel appel lancé uniquement de la part du PSL ne peut compter que sur un écho limité, mais si le PTB posait cette question sur la table avec ses huit parlementaires ainsi que ses 50 élus communaux et si, surtout, certaines fédérations ou régionales syndicales suivaient, le potentiel serait gigantesque pour construire un véritable mouvement de résistance de la base. » [128]
Mais un large front de résistance n’était pas l’orientation prise par le PTB, au contraire, Gauche d’Ouverture a été mis en veille pour la durée du plan d’action. « PTB-GO, stop ou encore ? », titrait déjà le numéro de septembre octobre de La Gauche. Dans celui de novembre-décembre, Daniel Piron, à l’époque encore secrétaire régional de la régionale FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut, pouvait venir expliquer « le PTB-GO qui devient PTB, ça ne va pas ». Comme s’il fallait s’attendre à autre chose. Gauche d’Ouverture était finalement le résultat d’une manœuvre de la LCR. Avec un plaisir non dissimulé, celle-ci, en concluant un accord séparé avec le PTB, avait fait couler le front des formations de gauche radicale autour de l’initiative de Charleroi pour arriver à une liste commune avec tous les groupes autour de la table. Du moment que cela a été clair, le Parti Communiste a également choisi d’entrer dans des pourparlers séparés. Grâce à cela, le PTB a pu choisir ses partenaires à la carte sans devoir abandonner le semblant d’élargissement. Le pronostic que le PTB plaquerait le GO une fois effectuée la percée électorale a été formalisée en janvier 2015, officiellement parce que la Gauche d’Ouverture n’était pas encore assez ouverte.
Même sans front de résistance, le PTB aurait pu peser sur le plan d’action. Ses nombreux militants dans les entreprises auraient pu prendre l’appel des syndicats à cœur et stimuler partout la tenue d’assemblées du personnel sur les lieux de travail. A l’instar des membres du PSL qui travaillent dans la zone industrielle de Gand-Sud, ils auraient pu aider à construire des comités de grève à une échelle beaucoup plus large que ce qui était possible pour nous. Ils auraient pu renforcer les revendications syndicales avec un argumentaire non seulement élaboré par leur service d’étude, mais également sur base des discussions sur les lieux de travail. Ils auraient pu populariser un certain nombre de revendications objectivement nécessaires qui, généralement, se heurtent à plus de résistance, comme les 32 heures. En réponse aux illusions des sommets syndicaux envers la réédition de la tripartite, ils auraient pu amener l’idée d’un gouvernement des travailleurs. Après le 15 décembre, ils auraient pu propager la nécessité d’un nouveau plan d’action plus grand et plus dur en préparation d’une grève générale de 48 heures et rendre la trahison des dirigeants syndicaux plus difficile.
Mais cela, ce n’était clairement pas l’intention du PTB. Même lorsque le syndicat laissait encore sous-entendre que le gouvernement de droite devait tomber, le PTB se limitait déjà à revendiquer que le gouvernement retire ses mesures asociales. Lorsque, en avril 2015, De Standaard a cherché à savoir quelles étaient les critiques possibles du PTB contre les directions syndicales, Peter Mertens a répondu : « nous vivons dans une société totalement faite de communication et, donc, les syndicats doivent beaucoup plus s’occuper de la façon dont ils traduisent leur message vers un grand public. Ce n’est pas vrai qu’ils ne s’occupent que des droits acquis. On y trouve beaucoup de gens progressistes, avec des idées progressistes. Ils ont énormément d’antennes à l’écoute de la société mais malgré cela, ils ne parviennent pas à peser sur le débat (…) Je suis un grand fan de tous ces nouveaux mouvements citoyens comme Straten-Generaal ou Ademloos mais ils ne pourront jamais remplacer les syndicats. Ils n’ont par exemple pas une arme puissante comme le droit de grève. C’est pourquoi les syndicats, tout comme le PTB, doivent entrer dans une nouvelle époque. En 2008, nous aussi, nous avons décidé de commencer à collaborer avec un bureau de communication. » [129]
Difficile de nier que la communication externe des syndicats n’est pas idéale. Mais nous doutons qu’un bureau de communication puisse y remédier. Le problème de cette communication n’est pas sa forme, mais surtout son fond. C’est parce que les syndicats ne veulent pas gêner les partis amis de la social-démocratie et de la démocratie-chrétienne. Mertens ne dit rien non plus sur le manque criant de communication interne, de démocratie, par exemple au moment où le premier plan d’action s’est terminé sans plus de suite. Nous comprenons que Mertens préfère tenir nombre de ses critiques en interne, surtout dans une interview avec De Standaard. Mais dans cette même interview, Mertens déclare aussi ne pas avoir envie de faire la concurrence au SP.a ou à Groen et qu’il espère pouvoir entrer d’ici dix à quinze ans dans un gouvernement qui pourra appliquer la taxe des millionnaires. Bref, l’absence de critiques en contenu sur les dirigeants syndicaux peut aussi être liée au fait que Mertens est lui-même favorable à un gouvernement avec les « partis amis », à condition toutefois de pouvoir y participer.
Lors du plan d’action, le PTB s’est concentré sur une autre niche. Il avait bien senti le soutien large du mouvement et pensait pouvoir en faire quelque chose. C’est sans doute le PTB qui était le moteur derrière Hart boven Hard, initiative que nous saluons nous aussi. Mais pour le PTB, cela devait surtout rester large, pas trop politique, accessible à toutes sortes de progressistes, y compris des figures de la social-démocratie et des verts. Faudrait-il y voir une sorte de coalition de la rue dans la perspective d’une future coalition gouvernementale ? Qu’importe, le PTB voulait à tout prix éviter que cette base bigarrée soit attirée par un rabat-joie plus radical, d’où des parades à la place de manifestations, d’où une mise en scène stricte, d’où une phobie pour tout ce qui est considéré comme trop à gauche, jusqu’à l’interdiction de tracts, de drapeaux et de pancartes si ce n’est derrière un peloton de membres du service d’ordre.
Pour le moment, le PTB occupe l’espace qui se trouve à la gauche de la social-démocratie et des verts. C’est aussi ainsi que le considèrent de nombreux syndicalistes combatifs et jeunes radicalisés. Cela n’a pas facilité notre construction ces dernières années. Cet espace pourrait encore être décuplé s’il existait un parti de combat large et inclusif de travailleurs. Mais les expériences précédentes ont clairement montré que le PTB ne veut être large qu’à condition d’avoir le contrôle total, mais aussi qu’il veut changer la société très graduellement, en commençant par une coalition gouvernementale d’ici dix à quinze ans et pas à travers la lutte sociale qui ne sert, au mieux, qu’à son positionnement électoral. Cela signifie que cet espace existera encore quelques temps. Le PTB y sera un obstacle difficile à contourner, ce qui fait que la question d’un vrai parti de combat est postposée. Mais si la société continue à s’agiter, ces processus pourront se développer beaucoup plus vite que ce que nous sommes aujourd’hui capables d’estimer. Nous remarquons déjà que les différences en méthodes et en programmes se clarifient et que, parallèlement, les opportunités de construire le PSL se font plus nombreuses. Il est frappant de voir avec quelle aisance un nombre de travailleurs et de jeunes ont déjà laissé derrière eux leur courte expérience avec le PTB et cherchent à adhérer au PSL.
Comment la situation a-t-elle pu tourner avec le changement d’année ?
Ce n’est sûrement pas dû au plan d’action de cet automne mais, depuis 2015, dans les pays voisins aussi, la température sociale a augmenté. En Allemagne, le nombre de jours de travail perdus pour cause de grève est passé de 156.000 en 2014 à plus d’un million pour cette année-ci. A Dundee, en Écosse, des brancardiers ont fait grève durant 13 semaines et ont arraché une augmentation salariale de 20%. A Glasgow, les travailleurs sociaux ont fait grève durant 14 semaines. En mai, à Bursa, au Nord-Est de la Turquie, les travailleurs d’Automotive, autour de l’usine Renault, ont fait grève pour une augmentation salariale de 60%. Le personnel des aéroports en Espagne et les dockers en France ont fait grève. Aux Pays-Bas, le syndicat FNV a lancé un ultimatum au gouvernement pour une augmentation des salaires dans les services publics. Pour certains syndicats, ce sont les premières grèves depuis des années. The Economist se demande si les syndicats veulent saisir la reprise économique pour essayer de justifier leur existence « après des années d’inactivité et de pertes de membres ». [130] Nous suivons attentivement ces développements puisque cela pourrait être un facteur apte à stimuler la reprise de la lutte.
Les dirigeants syndicaux belges avaient annoncé une évaluation le lendemain de la grève générale du 15 décembre où une suite allait être proposée si nécessaire. Pendant les semaines qui ont suivi, les négociations ont dû être nombreuses. C’est à ce moment-là que le Groupe des Dix est soudainement sorti avec des accords partiels. Des promesses ont-elles été faites quant à ARCO, le patronat a-t-il décidé de ne pas mettre de l’huile sur le feu ? Est-ce ce pour quoi la tonalité des discussions sur la limitation du droit de grève a baissé d’un cran ? Probablement les directions syndicales se sont-elles réalisées à ce moment-là que faire tomber ce gouvernement exigerait un effort qu’ils n’étaient pas préparés à livrer. « They looked over the cliff » dirait-on en anglais : ils ont eu le vertige. L’évaluation a été reportée, reportée et encore reportée. Il y a eu une époque où des délégations d’entreprises étaient capables de pousser le mouvement de l’avant contre la volonté des dirigeants syndicaux. Mais au grand soulagement des directions syndicales nationales, ce ne fut pas le cas cette fois-ci.
La FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut n’avait-elle pas rédigé un programme anticapitaliste en 10 points ? [131] C’était pourtant un excellent document. [132] C’était indicatif de la frustration d’une partie de l’appareil syndical qui en avait marre de courir après les partis traditionnels. Le Comité Permanent de la régionale de Charleroi – CP, Comité regroupant les secrétaires généraux des différentes centrales de la régionale, ainsi que le secrétaire régional – s’était sérieusement avancé, il remettait en question depuis 2010 les relations privilégiées avec la social-démocratie et, au printemps 2013, avait rassemblé 6 formations de la gauche radicale dans l’espoir de faciliter la création d’un parti considérablement plus à gauche. Mais le CP a aussi commis des erreurs qui deviendront fatales par la suite. Son intention de discuter ses brochures « 8 Questions » et « 10 objectifs » et de les diffuser ne s’est jamais réellement réalisée. L’initiative est donc restée trop dépendante du sommet, correspondant bien à état d’esprit parmi les militants mais trop peu vue comme un projet qui leur soit propre et à activement promouvoir.
Le CP s’est aussi heurté à une forte résistance. Des tentatives de désolidariser certaines centrales régionales de l’initiative sont venues du sommet et du PS. Cela a réussi avec la centrale des employés (Setca) et plus tard aussi avec celle des services publics (CGSP). Le CP ne savait pas comment traiter cela. Autour de la fin 2013 début 2014, la régionale a été confrontée à la fermeture de deux entreprises verrières, AGC et Saint Gobain et deux restructurations, Caterpillar et Ikea. Les dossiers coïncidaient quasiment avec la sortie du programme anticapitaliste des « 10 objectifs ». Le PSL proposait de saisir cela pour organiser une manifestation régionale tirée par les travailleurs touchés, mais avec l’objectif de monter que tous les travailleurs de Charleroi les soutenaient et dans le but de mettre la région wallonne face à ses responsabilités. La mobilisation de la classe aurait certainement augmenté la pression sur la centrale des employés et celle des services publics pour souder les rangs avec la centrale du métal, la centrale générale et d’autres. Le CP ne l’avait-il pas compris ? Ils ne l’ont en tout cas jamais fait. Publier un programme anticapitaliste et devoir subir des restructurations et des fermetures d’entreprise avec impuissance dans son propre bastion, cela ne colle pas.
A l’approche des élections, le PS est passé à la vitesse supérieure au niveau de la pression exercée sur la direction de la régionale, la centrale des employés et celle des services publics ont donc également augmenté la pression. Un évènement dramatique survenu dans la vie privée de Daniel Piron a certainement joué dans le fait qu’il fasse un pas de côté et abandonne son poste en claquant la porte pendant la période entourant le 1 mai 2014 et les élections. Le 1er mai 2014, Carlo Briscolini a dénoncé les manœuvres du PS (sans le nommer) à la tribune, et sans faire d’appel de vote, a rappelé ce que la régionale avait dit quelques mois plus tôt, que le PTB-GO était un premier pas intéressant. Mais c’est le discours du représentant des jeunes FGTB et les critiques qu’il a émise vis-à-vis des politiques mises en place par le PS qui vont mettre en colère les pontes du PS. Ceux-ci ont ostensiblement quitté les lieux, suivis par les représentants du Setca et de la CGSP en entrainant seulement une petite minorité des participants. Cela ne faisait qu’illustrer de quel côté se trouvait la majorité des militants. Après un bref retour après les élections, Daniel Piron abandonnera complètement son poste de secrétaire régional et sera remplacé par un proche du PTB. Tout en restant secrétaire général de la Centrale générale et présent au CP, Carlo Briscolini remettra quant à lui son mandat de président de la régionale au profit du responsable de la centrale des métallos, proche également du PTB. Nous ne savons pas ce qu’il serait advenu sans l’abandon de Piron ou le recul de Briscolini. Le résultat des élections a confirmé leur position. A l’automne, le plan d’action syndical leur aurait offert la possibilité de discuter de leur programme à une échelle plus large que jamais auparavant. Mais le fait est qu’après le 15 décembre 2014, à Charleroi également, les actions ont été stoppées.
Avec le changement de direction dans la régionale de la FGTB Charleroi, sous couvert de continuité, le contenu a changé. Au lieu de vouloir faciliter la création d’une nouvelle formation à la gauche de la social-démocratie et des verts, on vise maintenant clairement une ouverture vis-à-vis du PS et d’Ecolo. Cela répond à la volonté du PS de remettre la main sur la régionale, mais également à la stratégie du PTB d’un “front des progressistes” avec le PS et Ecolo. De tout cela, nous ne pouvons tirer qu’une conclusion : des pans de l’appareil peuvent être poussés vers une politique syndicale plus combative. Ils peuvent même, comme le CP de Charleroi & Sud-Hainaut, aller très loin. Mais sans mouvement fort à la base, sans capacité de mobilisation pour soutenir ses positions y compris en pratique, ils se heurteront à chaque fois à leurs limites. Il nous faut un réseau de syndicalistes de combat qui partage son expérience de construction de délégation, qui fait de la démocratie syndicale un élément clé sur le lieu de travail et dans leur centrale, qui défend une rupture avec les partis traditionnels et qui œuvre en faveur d’un parti de combat large et inclusif, capable de politiquement traduire nos revendications.
L’attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le dénouement de la prise d’otage à Paris le 9 janvier et, finalement, les tirs à Verviers le 15 janvier où deux terroristes ont été tués ont éclipsé la lutte sociale. Avec les concessions minimales sur les salaires et l’enveloppe « bien-être » utilisée comme monnaie d’échange pour faire revenir les syndicats sur leurs déclarations concernant la poursuite des actions, cela a permis au gouvernement de restaurer sa position en appelant à la réconciliation et à l’unité nationale face à un ennemi commun. Attention, ces djihadistes défendent un régime ultraréactionnaire basé sur l’exploitation capitaliste et féodale, sur l’oppression, la censure et des interdictions. Mais les guerres impérialistes, la stigmatisation des musulmans, la politique d’austérité et les discriminations intolérables ne peuvent pas simplement être balayées d’un revers de la main. Il y a eu une tentative de passer tout cela sous le silence au nom de la « solidarité » avec les victimes des attentats.
A la manifestation du 12 janvier à Bruxelles, le PSL était le seul parti à avoir résisté à cette pression, non pas en laissant le terrain à la droite en étant absent, mais en allant au contraire à la confrontation avec ses idées. Ici et là, il y a eu des remarques, mais la grande majorité des manifestants pouvait comprendre nos critiques quant au fait que jamais aussi peu d’opinions n’ont été exprimées à une manifestation appelant pourtant explicitement à la défense de la libre expression. Pour le gouvernement, c’était l’opportunité de montrer qu’il était une force agissante. Il a annoncé 12 mesures antiterroristes, dont le déploiement de l’armée dans la rue. Même l’ordre flamand des avocats – qui n’est pourtant pas à l’avant-garde de la résistance contre l’establishment – a averti que ces mesures représentaient une menace pour la vie privée. Le PSL a accentué que ce n’est pas Big Brother qui allait arrêter le terrorisme mais que, pour cela : « Pour mettre un terme à la menace terroriste et à la violence croissante, nous avons besoin d’un changement fondamental. Ce système dans lequel les très riches continuent à s’enrichir inexorablement aux dépens du reste la population conduit forcément à plus de violence. Il ne s’agit pas d’un problème individuel. Cela fait partie d’un tout, de la manière dont fonctionne ce système. » [133]
Les dirigeants syndicaux jouent avec le feu
Le 10 février, le moment était venu. C’est alors que le conseil général de la CSC a voté le « projet d’accord social » du groupe des dix à la plus courte majorité de son histoire : 49% pour, 45% contre, 6% d’abstention (147 votes pour, 135 votes contre, 17 abstentions). La direction de la CSC a, de plus, dû promettre de continuer à mener action en front commun syndical. La FGTB avait déjà auparavant rejeté le projet d’accord. Le 5 février, le journal patronal FDMagazine écrivait : « La FEB est exaltée par ce projet d’accord (…) avec dedans le saut d’index, des enveloppes réelles extrêmement limitées pour les négociations salariales pour 2016 et une réduction des charges. (…) En plus, pour 2015, le blocage salarial (la norme 0%) continue. Ce n’est qu’à partir de 2016 que des enveloppes très limitées sont prévues pour les négociations salariales (0,8% tous ensemble). Il s’agit en plus de maximas, ce qui signifie que le secteur et les entreprises peuvent donner moins ou rien du tout. » Le saut d’index au sens strict ne fait pas partie du projet d’accord. Le texte le stipule d’ailleurs explicitement. Mais le patronat, ses politiciens et ses médias savaient déjà à ce moment qu’en signant l’accord social, la CSC allait automatiquement avaler le saut d’index.
Ainsi, la CSC a également ouvert la porte à toutes sortes de mini-accords. A la FGTB, Jorissen (ABVV-Metaal) et Dedeyn (Setca) ont commencé à dire qu’ils trouvaient que le saut d’index ne méritait pas de faire grève. Il y a encore bien eu des concentrations syndicales le 13 mars et celle des services publics le 19 mars, suivis par la Grande Parade de Tout Autre Chose / Hart Boven Hard avec 20.000 participants dans la pluie battante et, finalement, la grève générale des services publics du 22 avril. Mais la volonté d’y aller vraiment de la part de la direction s’était totalement évaporée. Les manifestations thématiques contre l’effet de la politique gouvernementale sur les jeunes (12 mai), les femmes (4 juin) et les pensionnés (15 juin) ainsi que contre le dumping social (24 juin) n’ont pas pu le cacher. A la FGTB aussi, c’était dorénavant chacun pour soi, sans effort sérieux de rassembler la volonté de lutter clairement présente à la base dans un plan d’action en commun pour essayer d’entraîner à sa suite la CSC en travaillant sa base.
Dans un article titré « La volonté de faire grève est-elle éteinte ou les directions syndicales jouent-elles avec le feu ? » nous sommes revenus sur le Congrès de la CSC de la fin avril 2015. Ce congrès était apparemment un congrès de frustration accumulée et de colère. Leemans y avait entre autres plaidé pour échanger l’arme de la grève pour des formes d’action plus modernes, mais il a finalement dû reconfirmer que la CSC utilisera toujours l’arme de la grève si nécessaire. Il a de plus été obligé de concéder que la CSC « n’était pas encore mûre » pour la cogestion. Nous avons écrit que Leemans ferait mieux de faire attention. En janvier, il avait encore réussi à obtenir de justesse une majorité sur l’accord salarial parce que les représentants des centrales professionnelles ne voulaient pas publiquement le désavouer. Mais s’il continue à les dénigrer ainsi, à l’avenir, cela pourrait changer et, cette fois-ci, pas uniquement dans les centrales des employés.
Nous sommes aussi revenus sur le Comité fédéral de la FGTB de la fin avril. La presse s’est vantée du fait que « seulement » 35% de ses membres s’étaient prononcés pour une grève générale le 12 mai. Nous avons interprété les choses différemment : après la semaine d’actions mal organisée d’avril et la grève des services publics le même mois, nous, comme beaucoup d’autres, craignions qu’une grève générale aussi proche de l’été ne signifie qu’un doigt d’honneur illustrant plus la faiblesse que la force du mouvement. Le fait qu’il y ait eu encore autant de représentants pour voter en faveur de la grève était une expression de la protestation face au manque de stratégie claire du sommet de la FGTB, une protestation qui est aussi partagée par beaucoup des 65% qui avaient voté contre la grève mais dont le vote n’était pas un soutien au sommet mais plutôt l’expression de la crainte de la défaite et de l’échec d’une grève générale le 12 mai.
Celui qui pense que la résistance sociale est morte et enterrée se trompe, disions-nous. Cela nous avait frappé que, lors de la manifestation jeunes du 12 mai 2015, Marc Goblet avait annoncé un plan d’action « de l’ampleur et de la taille de l’automne 2014. » A l’action contre le dumping social du 24 juin, en tant que dernier orateur, il a appelé au moins 5 fois à mobiliser massivement vers une manifestation nationale du front commun syndical ce 7 octobre. C’était surtout remarquable que tous les autres orateurs y compris Leemans, Ska, mais surtout De Leeuw n’avaient pas même mentionné cette manif. Ce ne sera pas facile, après la trahison de ce printemps, de rallumer les braises de la protestation sociale.
Les dirigeants syndicaux abuseront de la présence moindre pour surtout ne pas laisser passer un plan d’action digne de ce nom. Apparemment, au sein de la FGTB, en tant que compromis, un faible semblant de plan a été élaboré avec des actions provinciales tournantes. Il n’est pas encore clair si la CS va participer, probablement non. Si les actions à tour de rôle sont faibles, c’est le risque de renforcer la démoralisation et d’augmenter les tensions entre syndicats y compris à la base. Mais dans le contexte politique actuel, beaucoup peut se produire, tout est possible. Si les mobilisations prennent un caractère massif à cause de l’un ou l’autre événement, il est possible qu’une ou plusieurs centrales de la CSC soient forcées par leur base de rompre les rangs bureaucratiques et de rejoindre la FGTB.
Il est entretemps clair que la majorité des dirigeants syndicaux tendent à vouloir attendre jusqu’à la fin de cette législature dans le vain espoir que la N-VA soit punie aux prochaines élections. C’est un pari dangereux qui, même si cela demande un peu de temps, ne sera pas apprécié à la base. La direction syndicale n’a-t-elle donc rien appris de l’expérience du TUC (Trade Union Congress) britannique ? Celui-ci partait de l’idée que les travaillistes ne pouvaient pas perdre et ont choisi d’attendre les élections générales du 8 mai 2015. Le parti travailliste s’y est positionné tellement à droite que beaucoup d’électeurs ont tout simplement décroché ou voté SNP. En aspirant les votes de son partenaire de coalition, les Libéraux-Démocrates, les Conservateurs (Tories) sont parvenus à arracher une courte majorité des sièges. En plus d’une austérité à hauteur de 80 milliards de livres sterling du gouvernement sortant, le nouveau gouvernement veut encore économiser 12 milliards de livres sterling et encore plus éroder le droit de grève. Heureusement, ceci est éclipsé par une révolte à la base, tant dans la rue que dans les élections pour la présidence du parti travailliste. Et la direction du TUC ? Elle regarde faire.
Michel I ne compte encore qu’une année derrière lui. Ce gouvernement ne va pas se mettre au repos. Le patronat en voudra encore plus après les premiers succès. Le Tax Shift que l’on nous a vendu pendant le plan d’action comme un pas vers un équilibrage des efforts est arrivé comme un cadeau unilatéralement pro-patronal. Le seul « trophée » que le CD&V a arraché, c’est la « concession » de ne pas neutraliser l’effet de l’augmentation de la TVA sur l’électricité par rapport à l’index. En échange, le VLD a reçu l’abolition de la tranche d’imposition de 30% et la N-VA l’augmentation du nombre de militaires en rue jusque 200. Nous sommes curieux de voir quelle sera la carotte que le sommet de la CSC nous mettra devant les yeux à partir de maintenant et la crédibilité que ça aura encore.
Finalement, toute une série de dossiers sont encore en attente, entre autres celui sur la limitation du droit de grève par l’instauration d’un service minimum à la SNCB. Cela devrait être fait avant la fin de l’année. Si les partenaires sociaux ne parviennent pas à s’accorder, le gouvernement menace de l’imposer unilatéralement. En novembre, à la SNCB, il y aurait déjà une semaine de grèves tournantes suivie d’une grève nationale de 48 heures planifiée sur ce dossier, la dissolution de HRrail et le rétrécissement systématique du cadre du personnel. Cela se décrète hélas d’en haut, sans consultation de qui que ce soit à la base. Il semble qu’au lieu de préparer la lutte de façon sérieuse la direction de la CGSP cheminot veut tout simplement ouvrir encore une fois tous les dossiers pour que par après personne ne puisse lui reprocher de manque de combativité. Il nous semble aussi s’agir d’une politique de kamikazes qui sera saisie par la CSC transcom pour ne pas participer et qui pourrait aboutir à une lourde défaite.
Il est inévitable qu’il y aura au moins des confrontations sectorielles. A part à la SNCB, dans l’enseignement francophone où un gel salarial a été annoncé et dans le social-profit, il faut s’attendre à des mouvements. De plus, certains patrons se sentiront renforcés après le printemps pour adopter une attitude plus agressive et provoquer des confrontations qui pourront être dures au niveau des entreprises. Seulement cela, déjà, signifie que l’automne ne sera pas dénué de luttes sociales. Les directions syndicales pourront-elles arrêter une confrontation généralisée ? Probablement, oui. Mais à un peu plus long terme, cela ne va qu’accroître les tensions internes aux syndicats. Et cette fois-ci pas seulement entre des parties de l’appareil mais aussi à la base.
Nous devons assurer que ceci ne mène pas à une sortie massive hors des syndicats mais qu’ensemble nous puissions lutter pour retransformer le syndicat en instrument avec lesquels pouvoir défendre nos intérêts. L’automne posera des défis importants pour notre travail syndical, de même que les élections sociales de 2016. La procédure pour les prochaines élections sociales débutera normalement en décembre 2015 avec comme point final les élections en mai 2016. Nous devrons alors essayer de faire élire le plus de syndicalistes combatifs possibles. Nous savons maintenant comment un plan d’action peut créer une relation de force et quelles sont les faiblesses de la direction. Après un tournant prometteur, les travailleurs ont finalement encore perdu la première bataille. Mais le patronat et ce gouvernement de droite ne veulent pas d’une bataille, ils veulent une véritable guerre de classe où tout doit être mis en question. Le plan d’action nous a montré qui sont les militants combatifs dans les entreprises, les convaincre de se présenter sur les listes et en faire élire le plus grand nombre possible est une des nombreuses batailles dans cette guerre de classe.
Au sein du gouvernement, on est apparemment plus conscients du défi que les dirigeants syndicaux. Pendant que Kris Peeters joue le bon flic et essaye de convaincre les dirigeants syndicaux des bonnes intentions du gouvernement, son collègue fédéral Reynders, ce 15 janvier 2015, avait été l’hôte du Ministre-président flamand Bourgeois pour le Cercle de Lorraine, club de discussion patronal. Bourgeois y expliquait : « je me rends compte que je parle ici à une élite. Mais je crois dans la force positive d’une élite. Vous avez tous de grandes responsabilités. Je voudrais vous demander de continuer à prendre ces responsabilités. » Il est aussi revenu sur les grèves de l’automne qu’il a qualifiées de « catastrophes » avec « des conséquences importantes ». Sous les applaudissements, il a plaidé pour casser les grèves par la voie juridique. Selon De Tijd, Bourgeois, en tant que nationaliste flamand, se sentait remarquablement à l’aise. Cela aurait moins été le cas à une réunion de militants syndicaux flamands. Petit détail : l’entrée pour assister au discours de Bourgeois était de 50 euros pour les membres et de 145 euros pour les non-membres.
123 Ondernemers zullen tripartite boycotten, De Standaard 30 juni 2015
124 Tract du 6 novembre ‘Grève pour faire tomber Michel 1er mais aussi toute l’austérité!’
125 ‘L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes’, Marx dans le Manifeste Communiste
126 Wither France – Où va la France https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/ouvalafrance/ovlf.htm
127 http://www.socialisme.be/fr/7024/lettreouverte-2 Lettre ouverte du PSL/LSP pour une union électorale de nos forces en 2014, la lettre a été adressée à la FGTB Charleroi, CNE, PVDA/PTB, ROOD!, LCR/SAP, Mouvement de Gauche, Parti Communiste, Parti Humaniste, Gauches Communes Bruxelles, Front de Gauche Charleroi, Véga, Socialisme 21, LEEF!, LCT, LO, GCT, Vonk et tous ceux qui veulent lutter contre la politique d’austérité. Seul le Parti Humaniste nous a répondu.
128 Percée de la gauche radicale : une excellente occasion d’organiser la lutte contre l’austérité http://www.socialisme.be/fr/9867/percee-de-la-gauche-radicale-une-excellente-occasion-dorganiser-la-lutte-contre-lausterite – juin 2014
129 ‘Over 10 jaar kunnen wij in de regering zitten’, De Standaard 4 april 2015.
130 Trade unions are trying to find their post-austerity voice,Economist, September 5th 2015
131 http://www.socialisme.be/fr/7897/brochure-10-objectifs-dun-programme-anticapitaliste-durgence
132 http://www.socialisme.be/fr/8393/10-objectifs-dun-programme-anticapitaliste-durgence
133 http://www.socialisme.be/fr/12415/big-brother-ne-va-pas-empecher-le-terrorisme -
[TEXTE de CONGRES] Le véritable enjeu de l’impasse communautaire
La situation politique actuelle en Belgique ne peut vraiment pas être comprise sans jeter un oeil sur l’impasse communautaire qui a gardé notre pays sous son emprise depuis de nombreuses années. Dans cette partie du texte de perspectives, nous examinons ce qui se cache véritablement derrière elle. Le texte qui suit est la quatrième partie du texte de perspectives internationales et belges discuté, amendé et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015. Ce texte est également disponible sous forme de livre et arrivera de chez l’imprimeur début de semaine prochaine. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ». les commandes seront envoyées à partir du lundi 1er février.
Le grand capital est allé beaucoup plus loin que la majorité de ses collègues dans d’autres pays. L’économie ouverte, le marché intérieur limité, mais surtout son conservatisme aide à l’expliquer. Il est allé tellement loin là-dedans qu’il a commencé à négliger à partir des années ‘90 les institutions où il exerce traditionnellement sa domination : ses instruments politiques, l’église, l’enseignement, la justice, les médias, etc. Tout ce que Marx décrit comme superstructure. Tant que l’économie connaissait la croissance, personne ne s’en inquiétait. Nous nous attaquerons au problème quand il se posera, disait le défunt premier ministre Jean Luc Dehaene. Mais du moment que l’économie commençait à avoir des ratés, les faiblesses sous-jacentes et les frustrations ont remonté à la surface avec vigueur. Alors, le système a commencé à se heurter à ses contradictions. En Belgique, il y en a traditionnellement surtout trois : les contradictions de classe, nationales et confessionnelles. La contradiction de classe est la plus importante et a, comme d’habitude, fait surface en premier.De fait, le mouvement des travailleurs aurait pu imposer son alternative tout ce temps s’il avait disposé d’une direction qui en était réellement convaincue. La grève générale de 1993 contre le plan global était numériquement la plus grande depuis 1936 ! L’innovation de l’époque était le blocage des zones industrielles, des zonnings. Mais la chute du stalinisme dans les pays du Bloc de l’Est avait considérablement miné la confiance envers la possibilité d’une alternative au capitalisme. La social-démocratie a instrumentalisé la frustration et la désorientation à ce sujet pour se débarrasser de chaque référence au socialisme et embrasser l’économie de marché. Les directions syndicales étaient fondamentalement d’accord, même si elles ne pouvaient pas toujours l’admettre ouvertement. « Si nous balayons ce gouvernement par la grève, toute alternative serait encore plus à droite » était leur excuse pour étouffer le mouvement.
Cela a pris du temps avant que le mouvement des travailleurs ne se remette de cette trahison. Mais en 1997, la délégation syndicale des Forges de Clabeq, malgré le sabotage ouvert des structures officielles des syndicats, a pu rassembler 70.000 syndicalistes dans sa marche multicolore. Elle en paya le prix fort : exclusion du syndicat et un procès qui a duré des années qui a absorbé énormément d’énergies et de moyens. Que les dirigeants syndicaux feraient tout pour faire couler une alternative des travailleurs était maintenant clair. Cela a une fois encore été illustré lors des grèves générales des 7 et 28 octobre 2005 contre le Pacte dit « des Générations ». Lors de ces grèves ont été expérimentés des piquets de grève communs aux grands axes routiers donnant accès aux villes. Mais de nouveau, les dirigeants syndicaux ont réussi à étouffer le mouvement. La division au sommet entre CSC et FGTB contrastait avec l’unité à la base, de plus les dirigeants syndicaux ont pleinement joué sur les contradictions communautaires. C’est alors que la scission de la centrale des métallos de la FGTB a été mise à l’ordre du jour et que les militants de l’ABVV ont symboliquement tourné leur dos au Congrès du SP.a.
Avec cette direction, une voie de sortie hors de la crise ne pouvait pas venir du mouvement des travailleurs, mais elle ne pouvait pas non plus venir de la bourgeoisie. Son instrument politique principal, le CVP s’est retrouvé dans l’opposition en 1999, pour la première fois en 41 ans, suite à la crise de la dioxine. Il s’agissait de la première fois depuis les gouvernements du socialiste Leburton I et II en 1973 et 1974 que quelqu’un qui n’était pas chrétien-démocrate, Guy Verhoefstadt devenait premier ministre en 1999. Une opération de renouvellement s’imposait. En septembre 2001, le CVP est transformé en CD&V, mais le résultat électoral de 2003 fut décevant. Yves Leterme a repris la présidence de De Clerck. Il pensait que le CD&V ferait mieux de jouer ses atouts principaux : sa capacité de jongler avec les contradictions traditionnelles. Jouer sur les contradictions de classe au travers du MOC (Mouvement ouvrier chrétien) n’allait pas être apprécié par la bourgeoisie. La contradiction confessionnelle, le CD&V pouvait avoir à le regretter. Le plus sûr semblait encore de jouer la carte du communautaire. Depuis quelques temps, il y avait en Flandre la demande d’une formation bien située à droite et flamingante pour prendre le vent des voiles du Vlaams Belang. Pourquoi le CD&V ne pouvait-il pas incorporer cela ?
Leterme a donc immédiatement joué cette carte. A cette époque, cela semblait être une opération inoffensive. En 2001, la N-VA a été créée des cendres de la Volksunie, dirigée par Geert Bourgeois l’empoté. En 2003, la N-VA n’avait atteint le seuil électoral qu’en Flandre occidentale, mais dans aucune autre province flamande, ni même pour le sénat. Que pouvait donc bien freiner le CD&V pour se renforcer ainsi sur son flanc flamand à partir de la Saint Valentin 2004, qui a donné naissance au cartel avec son partenaire N-VA afin de secouer fortement le gouvernement Verhofstadt ? A l’origine, le CD&V doit avoir pensé « bingo ». Lors des élections flamandes de 2004, le cartel a obtenu 26% et Leterme I était formé, avec deux autres cartels, SP.a-Spirit et VLD-Vivant. Lors des élections fédérales du 10 juin 2007, le CD&V/N-VA a obtenu une plus grande victoire (30%) avec presque 800.000 voix de préférence pour Yves Leterme. Kris Peeters est alors devenu ministre-président flamand. Mais après 194 jours, le Premier ministre sortant, Guy Verhofstadt, a dû former un gouvernement de transition puisque Leterme ne pouvait pas démarrer son gouvernement suite à l’absence d’accord sur la réforme d’Etat. Le 23 septembre 2008, le cartel prit fin.
Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il est devenu clair à quel monstre de Frankenstein Leterme venait de donner vie et qu’il avait estimé la situation de façon totalement erronée. Il y a toujours eu une couche de petits patrons flamingants pour laquelle l’émancipation sociale flamande devait ouvrir la voie à un rouleau compresseur patronal. A côté de cela, il y a une couche beaucoup plus large de petits patrons qui en fait n’ont que peu d’intérêts pour l’émancipation flamande mais qui réalisent bien qu’appliquer leur programme sur le plan fédéral est quasiment exclu. Si la Flandre peut servir de levier pour la casse sociale, alors il ne faut pas hésiter. Tant le Vlaams Belang que la Liste Dedecker se sont offerts à cette couche pour devenir leur porte-parole politique. Mais pour cela, le nationalisme flamand était trop compromis. En raison du cartel avec le CD&V, la N-VA a soudainement été libérée des soupçons d’autoritarisme qui pesaient sur elle, ces patrons flamands ont saisi leur occasion. Au lieu de renforcer le CD&V, Leterme a offert à la N-VA le chainon manquant pour rendre le nationalisme flamand à nouveau fréquentable.
Les partis classiques ne peuvent pas arrêter la montée de la N-VA
A partir de ce moment-là, il n’y avait plus rien à faire. En 2009, la N-VA a décroché une victoire sur base de ses propres forces aux élections européennes et surtout aux régionales. Elle a obtenu 13% et rejoint Peeters II au gouvernement flamand, une coalition qui réunissait la N-VA, le Spa et le CD&V. En 2010, Alexander De Croo (VLD) a provoqué des élections fédérales anticipées. Il a fait tomber Leterme II faute de solution concernant l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV). C’est le seul arrondissement où des partis d’une autre communauté linguistique pouvaient déposer des listes dans une région unilingue – Hal-Vilvorde – une infraction de la législation linguistique selon les partis flamands. Une scission de l’arrondissement devait en finir avec cette « discrimination ». Les partis francophones n’étaient pas enthousiastes parce que beaucoup d’électeurs francophones y habitent. Dans ces élections anticipées, la N-VA est devenue le plus grand parti du pays en termes de nombre de voix. Une solution pour BHV, des compétences supplémentaires pour les régions et une révision de la loi de financement étaient devenues inévitables.
Il fallu un record mondial de 541 jours de formation gouvernementale afin de mettre en selle le 6 décembre 2011 Di Rupo I, une coalition tripartite classique. Au jour 459 et survenue la 6e Réforme d’État dite « l’accord papillon » en référence au nœud de Di Rupo. Pour cela, il fallait d’abord que le MR éjecte le FDF avec lequel il était en fédération depuis 1993. Comme nous l’avions prévu, cet accord papillon n’a pas conduit à la scission de la Belgique ni à la révolution copernicienne du fédéralisme vers le confédéralisme. Mais les partis flamands pouvaient réclamer l’arrivée de la scission de BHV avec un minimum de compensations tandis que pour les francophones des 6 communes à facilités, il était possible de voter sur des listes de Bruxelles. Un nombre non-négligeable de compétences, y compris de la sécurité sociale, ont été transférées vers les régions ou les communautés.
Mais il y avait nombre d’anguilles sous roche. Ainsi, les communautés ont reçu des dotations pour leurs nouvelles compétences, mais pas sans économies automatiques puisque la croissance économique n’est que partiellement prise en compte, dans les soins de santé et les soins au troisième âge par exemple. Les communautés sont responsabilisées et doivent dorénavant contribuer aux pensions de leurs fonctionnaires statutaires. Une compensation est prévue pour les communautés qui perdent des moyens avec la nouvelle loi de financement, mais elle est destinée à disparaitre après dix ans. Les régions reçoivent un système de dotation orienté vers les prestations, avec des boni (ou des mali) pour atteindre des objectifs concernant l’emploi ou encore déterminés par la commission nationale du climat. De plus, ils peuvent utiliser les centimes additionnels sur l’impôt sur les personnes physiques. Ils ont aussi la possibilité des diminutions d’impôts aux sociétés. Elles aussi sont responsabilisées pour le paiement des pensions de leurs fonctionnaires statutaires.
La 6e Réforme d’Etat contient toute une série d’ingrédients qui garantissent toute une série d’explosions communautaires et ne mèneront certainement pas une pacification durable sur le plan communautaire. Pour cela, la tentation de saboter le niveau d’autorité avec une autre composition politique en utilisant ses propres compétences est trop grande. Le ministre président flamand Bourgeois a fait toute une histoire pour que l’autorité fédérale se retire de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Le gouvernement wallon s’est opposé à la répartition des efforts budgétaires du fédéral. [110] Magnette a reproché au gouvernement fédéral de traiter les régions comme des colonies. [111] Cela n’a vraiment pas aidé que le ministre fédéral des finances le N-VA Van Overtveldt ait sous-estimé la dotation aux Etats régionaux de 600 millions d’euros. [112] Les 310.000 francophones en Flandre se plaignent de harcèlement continu. [113] La ministre flamande N-VA Homans a refusé de nommer le candidat bourgmestre de son partenaire fédéral MR à Linkebeek et a voulu y envoyer un commissaire du gouvernement. [114] Elle a vexé Michel en prétendant, au parlement flamand, que la mission commerciale au Japon du gouvernement fédéral était une infraction de compétences. [115]
Entretemps, le pyromane Geert Bourgeois a commandé une nouvelle étude sur les transferts à destination de la Wallonie. [116] L’université de Namur estime cela à 8 milliards d’euros par an. [117] Déjà auparavant, la N-VA avait revendiqué l’ouverture de l’Article 195 de la Constitution, ce qui est considéré comme un pas supplémentaire vers le confédéralisme. [118] Dans ce cadre, De Wever a fait noter dans la presse qu’il continue à œuvrer pour l’autonomie fiscale complète. [119] La région bruxelloise est bien refinancée, mais les moyens exigés par l’explosion de la population sont plus importants que ça. Demander de nouveaux moyens à un moment où la nouvelle loi de financement est en discussion puisque le trou dans le budget flamand est plus important qu’attendu ne sera pas une promenade de santé. [120] En ce qui concerne le manque de mobilité sur le marché de l’emploi, c’est à relativiser. Entre 2005 et 2014, le nombre d’habitants de Wallonie travaillant en Flandre a augmenté de 42% vers presque 50.000. Il y a 47.000 habitants de Bruxelles qui travaillent en Flandre, une augmentation de 28%. Le nombre de Flamands qui travaillent en Wallonie a augmenté dans la même période de 29% vers 25.000, alors que les Flamands qui travaillent à Bruxelles a diminué de 0,7% vers 234.000.
Le gouvernement Di Rupo ne voulait pas simplement enlever du vent des voiles de la N-VA sur le plan communautaire mais aussi démontrer que les économies pouvaient aussi être réalisées avec le PS et sur le plan fédéral. Au début, le formateur Di Rupo trainait encore les pieds. Mais lorsque, fin 2011, Standard & Poor a dégradé sa note pour la Belgique, les taux d’intérêt ont sauté vers 6%. Le premier ministre démissionnaire Yves Leterme a alors fait appel à l’épargnant belge avec un bon d’Etat à 4% d’intérêt (pour ceux de 5 ans) et un précompte mobilier réduit (15% au lieu de 25%). En un minimum de temps, 6 milliards d’euros ont ainsi été collectés. Cela rendait clair pour les « marchés » que spéculer sur un scénario catastrophe vis-à-vis de la Belgique n’avait pas de sens puisque les épargnants belges pouvaient massivement financer la dette publique. Pour Di Rupo, c’était la sonnette d’alarme nécessaire. Les jours qui ont suivi, un accord a été conclu visant à complètement éliminer les déficits budgétaires d’ici 2015. Le 22 décembre 2011 déjà, une grève de 24 heures contre la réforme des pensions a touché les services publics et, le 30 janvier 2012, une grève générale a suivi, caractérisée par un énorme nombre de piquets de grève aux portes des entreprises.
Mais il était illusoire de pouvoir enlever le vent des voiles de la N-VA en appliquant soi-même l’austérité. Aux élections provinciales et communales de 2012, la N-VA a obtenu une nouvelle victoire éclatante, de même que dans les élections fédérales de 2014. La N-VA obtenait alors 32,5% pendant que le PS perdait quasiment 5%. Mais celui qui en conclurait que les Flamands sont anti-belges se trompe. Même lors du sommet des discussions communautaires, seuls 22% des Flamands se sont résolument prononcés en faveur de l’indépendance alors que 75% préféreraient ne pas voir disparaitre la Belgique et que 42% s’opposaient résolument à l’indépendance. Comparez cela à l’Écosse ! Même après une véritable campagne d’intimidation, encore 45% de la population s’est prononcée pour l’indépendance lors du référendum du 18 septembre 2014. Le 7 mai 2015, cette victoire à la Pyrrhus des politiciens de Westminster a d’ailleurs été punie. Le Scottish Nationalist Party (SNP) arrachait alors 56 des 59 sièges écossais pour le parlement britannique aux conservateurs (Tories), aux travaillistes et aux libéraux-démocrates qui n’ont plus gardé qu’un seul siège chacun. La participation au référendum symbolique en Catalogne en novembre 2014 était faible, avec 2,2 millions de participants sur les 5,5 millions d’électeurs mais, de ceux-là, 80% se sont prononcés en faveur de l’indépendance.
Une étude de l’UCL sur le niveau de pouvoir auquel les Belges s’identifient le plus confirme cela. En 2014, 23% des Flamands s’identifiaient explicitement avec la Belgique, le double de 2010. Seuls 17% se sentent plutôt Flamands que Belges. En 2010, c’était encore 27%. S’identifient exclusivement avec la Flandre : 8,7% en 2014 contre 8% en 2010 et 7% en 1999. En Wallonie, 37% se sentent exclusivement belges et seulement 12% plutôt wallons que Belges. Des électeurs de la N-VA, 42% s’identifient soit en premier soit en deuxième lieu avec la Belgique, contre 3,3% du cade du parti. Parmi les cadres du PS vit un certain régionalisme alors que, chez sa base électorale, on constate plutôt un belgicisme. [121] Une analyse de la KUL sur le rôle du communautaire dans les élections du 25 mai 2014 illustre que, pour les électeurs flamands, le défi principal des élections était la thématique sociale (presque 40%), puis économique (presque 30%) et seulement pour 6% le communautaire (contre 20% en 2010 et 13% en 2007). Le nombre d’électeurs flamands qui se disent unitaristes ou en faveur d’un retour à une Belgique plus fédérale reste stable depuis 2003 à 24%. Le nombre de partisans d’une scission du pays a diminué de 12% en 2010 vers seulement 6%. Même au Vlaams Belang, en 2014, seuls 31% veulent la scission du pays. A la N-VA, ce n’est que 11%. A la question « à quel niveau l’électeur flamand se sent-il le plus lié », 56% répond « la Belgique » en premier choix et 22% en deuxième choix. La Flandre est le premier choix pour 27,7% et pour 37,9% est le deuxième choix. Sa propre commune est pour 12,8% le premier choix et pour 23% le deuxième. [122]
Pourquoi la social-démocratie et les verts n’ont-ils pas remporté les élections de 2014 avec leurs thèmes comme défis majeurs ? Parce qu’ils ont perdu toute crédibilité. Le programme de la N-VA est de droite néolibérale et flamand, mais ce n’est pas ça qui explique son succès. Mais, bien qu’il réussit à exploiter les frustrations des classes moyennes et de transformer le manque d’alternatives de la part du mouvement ouvrier électoralement en sa faveur. Elle le fait par la politique traditionnelle de « diviser pour mieux régner ». Elle raconte à l’indépendant que les salaires des salariés sont trop élevés. Aux Flamands qui « travaillent durs », que les autorités lui extorquent son salaire pour le donner aux chômeurs-profiteurs qui s’installent dans le hamac de la sécurité sociale. Aux habitants des logements sociaux et aux allocataires sociaux, que les migrants et les demandeurs d’asile qui n’ont jamais contribué à la sécurité sociale viennent s’installer ici. Aux bons migrants chinois, que les berbères marocains empoisonnent la situation. La N-VA sait parfaitement jouer sur les frustrations et à chaque fois montrer un bouc émissaire pour dévier l’attention du problème réel : la course aux profits propre au capitalisme. Le communautaire ne joue-t-il pas du tout ? Mais si. Lorsque le mouvement des travailleurs n’offre pas d’issue, beaucoup, surtout dans les couches moyennes iront à la recherche ailleurs et alors les tambours communautaires peuvent à nouveau trouver un écho.
110 Trois forces centrifuges qui écartèlent l’Etat, Le Soir 4 avril 2015
111 Régions et fédéral campent sur leur positions, Le Soir 2 avril 2015
112 Zesde staatshervorming veroorzaakt budgettair kunst- en vliegwerk, De Tijd 8 juli 2015
113 Tracasseries, protection des minorités: les francophones de Flandre oubliés, Le Soir 10 juin 2015
114 Un commissaire pour dégomer Thiéry, Le Soir 8 juillet 2015
115 Michel woest na uithaal Homans, De Standaard 21 mei 2015
116 Daar zijn de transfers opnieuw, De Standaard 11 april 2015
117 ‘Jaarlijks vloeit 8 miljard euro naar Brussel en Wallonië’, De Standaard 6 mei 2015
118 L’institutionnel s’invite dans les négociations, Le Soir 7 octobre 2014
119 Autonomie fiscale: le Nord rêve de l’obtenir, Le Soir 20 août 2015
120 Geen lusten zonder lasten, De standaard 3 april 2015
121 L’attachement à la Belgique augmente, Le Soir 12 mai 2015
122 Het communautaire in de verkiezingen van 25 mei 2014, analyse obv de postelectorale verkiezingsonderzoeken1991-2014 -
[TEXTE de CONGRES] Concernant l'économie belge
La productivité des travailleurs belges rend notre pays des plus attrayants pour les investisseurs. La compétitivité est un thème récurrent de discussion dans notre pays. Mais on entend beaucoup moins parler de la productivité. La Belgique est un pays où de grands profits sont réalisés.
Le texte qui suit est la troisième partie du texte de perspectives internationales et belges discuté, amendé et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015. Ce texte est également disponible sous forme de livre et arrivera de chez l’imprimeur début de semaine prochaine. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ». Les commandes seront envoyées à partir du lundi 1er février.
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[TEXTE de CONGRES] Tensions croissantes sur la scène mondiale
Ces derniers mois ont été marqués par de croissantes tensions internationales, entre autres reflétées dans des guerres par procuration, comme en Ukraine, ou dans l’escalade de conflits comme au Moyen-Orient. La crise des réfugiés et les problèmes environnementaux sont intrinsèquement liés à cette situation.
Le texte qui suit est la deuxième partie du texte de perspectives internationales et belges discuté, amendé et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015. Ce texte est également disponible sous forme de livre et arrivera de chez l’imprimeur début de semaine prochaine. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention « texte de Congrès ». Les commandes seront envoyées à partir du lundi 1er février.


