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Tag: Comité pour une Internationale Ouvrière
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2019 : Un tournant décisif dans un processus de révolution et de contre-révolution

Manifestation de masse au Chili. Photo : Wikimedia Commons 2019 marque un tournant politique certain à l’échelle mondiale. Ces derniers mois, nous avons assisté au développement de luttes de masse et de grèves générales aux caractéristiques révolutionnaires dans le monde entier. Cette explosion massive provient de la colère accumulée à l’égard des dirigeants, de leur néolibéralisme et de l’absence de démocratie. Ces manifestations ont également mis en évidence certains éléments fondamentaux d’une lutte socialiste, notamment la force de la classe ouvrière et la nécessité de l’internationalisme.
Par Per-Ake Westerlund
Parallèlement, les gouvernements, les dictateurs et les généraux ont prouvé que la classe dirigeante ne se retirera pas volontairement du pouvoir. Dans plusieurs pays, les manifestants pacifiques et les jeunes militants ont été confrontés à la contre-révolution armée et à la répression brutale.
A travers le monde, la plupart des gouvernements restent silencieux quant à cette violence de la contre-révolution, ou appellent simplement au “calme”. Les médias parlent d’”affrontements violents” entre les forces de l’Etat et les manifestants. Le fait est que cette “violence” provient partout des attaques lancées par les forces étatiques contre-révolutionnaires lourdement armées, alors que les manifestants ne cherchent qu’à se défendre. En Bolivie, plus de 30 personnes ont été tuées par les forces de l’État au cours des deux dernières semaines, dont huit lors d’un massacre à El Alto le 19 novembre.
Pour l’impérialisme et les gouvernements, ces événements représentent une vive mise en garde contre les faiblesses de leur système mondial, le capitalisme. Cette vague de protestations de masse prend place dans un contexte de forte croissance des conflits inter-impérialistes et de ralentissement probable de l’économie mondiale, tandis que la crise climatique s’aggrave.
Les mobilisations de masse continuent de se répandre, l’Iran et la Colombie étant les lieux les plus récents où elles ont éclaté, la semaine dernière. En Iran, à la suite d’une nouvelle hausse drastique des prix du carburant, des manifestations ont eu lieu dans plus d’une centaine de villes. Le fardeau économique que supportent les travailleurs et les pauvres a immédiatement été lié à la dictature théocratique. Le chef suprême, Khamenei, est apparu à la télévision pour condamner les manifestations et défendre que les revenus supplémentaires provenant du carburant étaient destinés aux plus pauvres. La manœuvre n’a fait qu’augmenter la colère et nous avons pu voir des photos de Khamenei être brûlées par les manifestants. En Colombie, la grève générale du 21 novembre, avec 250.000 manifestants, a été suivie par d’autres manifestations dans les jours qui ont suivi pour s’opposer aux privatisations et aux coupes budgétaires dans les pensions. L’État a répondu par un couvre-feu à Bogota et une forte présence policière.
Les comparaisons avec 2011
Divers commentateurs ont fait des comparaisons historiques avec les années 1848 et 1968, des années de luttes révolutionnaires et pré-révolutionnaires qui se sont étendues à de nombreux pays. Des comparaisons ont également été faites avec l’année 2011, lorsque le processus de révolution et de contre révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient a renversé Moubarak en Egypte et Ben Ali en Tunisie. Aujourd’hui, près de neuf 9 ans plus tard, la vague de protestations de masse a un caractère beaucoup plus mondial et comporte des revendications sociales plus explicites concernant l’emploi, l’eau, l’électricité, etc.
Sur le plan politique, les masses ont également tiré la conclusion qu’un changement de régime ne suffit pas à lui seul. Au Soudan, les leçons de l’Egypte, où une nouvelle dictature a été instaurée avec Al-Sisi à sa tête, ont conduit les masses à poursuivre leurs mobilisations après qu’Al-Bashir ait été renversé.
Par rapport à l’année 2011 et aux autres manifestations de ces dernières années, les luttes de 2019 durent beaucoup plus longtemps. Les manifestations en Haïti ont commencé en février et à Hong Kong en juin. La “révolution d’octobre” au Liban a forcé le Premier ministre Hariri à démissionner après deux semaines, mais elle se poursuit toujours. A la mi-novembre, les employés des banques étaient en grève pour une durée indéterminée, des routes étaient bloquées dans tout le pays et les bâtiments de l’Etat étaient assiégés par des manifestations. L’Algérie a connu des manifestations de masse tous les vendredis, même après que Bouteflika ait été contraint de démissionner, avec notamment pour slogan “Nouvelle Révolution”.
Les jeunes et les femmes ont joué un rôle de premier plan dans de nombreux cas, sans aucun doute sous l’inspiration des grèves pour le climat de la jeunesse et du mouvement mondial pour l’émancipation des femmes. 7,6 millions de personnes ont participé aux grèves pour le climat en septembre dernier. La prise de conscience sur ce thème est croissante, de même qu’au sujet de la nécessité de construire un mouvement pour obtenir un changement radical de société. Les grèves et les mouvements féministes ont également un caractère international et recourent à l’arme de la grève.
Là où la classe ouvrière est entrée en action de manière décisive avec des grèves générales et des vagues de grèves, le rapport de force a été très clair : la petite élite s’est retrouvée isolée face à la majorité des travailleurs et des pauvres. Cela a également souligné le rôle économique et collectif de la classe ouvrière, la seule force capable de réaliser une transformation socialiste de la société.
De nombreuses questions s’entrecroisent dans ces mouvements ; les difficultés économiques et le manque de démocratie, l’oppression sexiste ou encore l’environnement. C’est ce qu’a très bien illustré le mouvement en Indonésie à la fin du mois de septembre. Des protestations étudiantes dans plus de 300 lieux d’études supérieures ont été déclenchées par une loi interdisant les rapports sexuels hors mariage, une loi dirigée contre les personnes LGBTQ+. Mais, immédiatement, les thèmes de la corruption et de la destruction des forêts tropicales ont été intégrés dans les mobilisations.
“Amusantes et excitantes”
Les “experts” bourgeois ont de grandes difficultés à expliquer ces mouvements. L’agence de presse Bloomberg souligne qu’il ne s’agit pas de protestations de la classe ouvrière, mais plutôt de “consommateurs” réagissant contre une hausse du coût du carburant, des taxes ou des frais de déplacement. Cela sous-estime totalement les fortes revendications politiques des mouvements. Il est toutefois à noter que, dans la plupart des pays, un mouvement des travailleurs fort, organisé et unifié reste encore à construire.
La revue The Economist rejette l’idée que ces mobilisations puissent être liées au néolibéralisme et aux politiques appliquées par les gouvernements. Il défend qu’il est “inutile de rechercher un thème commun”, affirme que ces mobilisations sociales peuvent être “plus excitantes et encore plus amusantes que la vie quotidienne épuisante” et avertit que “la solidarité devient une mode”. Cela n’explique rien bien entendu. Pourquoi donc ces protestations de masse prennent-elles place précisément aujourd’hui ? Pourquoi ce genre de “plaisir” n’a-t-il pas toujours été si apprécié ?
En tant que marxistes, nous devons considérer et analyser à la fois les dénominateurs communs, les forces et les faiblesses de ces mouvements ainsi que les différentes forces de la contre-révolution. Des particularités nationales sont bien entendu à l’oeuvre, mais il existe également de nombreuses caractéristiques communes.
Que trouve-t-on derrière cette explosion de colère ?
Il s’agit d’un tournant mondial créé par les profondes crises politiques et économiques que subit le capitalisme, par les impasses et le déclin auxquels ce système est confronté. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (majoritaire) a déjà la question dans de nombreux débats et documents. La classe dirigeante s’appuie politiquement sur le populisme et le nationalisme de droite, dans un système économique de plus en plus parasitaire. La classe capitaliste ne dispose d’aucune issue.
Contre qui ces manifestations de masse sont-elles dirigées ? Qu’est-ce qui se cache derrière la colère explosive ?
1) On constate une haine extrême des gouvernements et des partis. Au Liban, le slogan dominant est “tout doit partir”. Contrairement au grand mouvement de 2005, cette revendication s’adresse désormais aussi au Hezbollah et à son leader, Nasrallah. En Irak, le mouvement veut interdire à tous les partis existants de se présenter aux prochaines élections, y compris le mouvement de Muqtada al-Sadr qui a su instrumentaliser les précédentes mobilisations sociales. Les étudiants de Bagdad ont arboré une banderole intitulée “Pas de politique, pas de partis, ceci est un réveil étudiant”. Au Chili, les gens crient dans la rue “Que tous les voleurs s’en aillent”. L’opposition aux gouvernements s’est également manifestée en République tchèque le week-end dernier, 300.000 personnes manifestant contre le président milliardaire.
2) Cette haine repose sur des décennies de néolibéralisme et de baisse des conditions de vie ainsi que sur l’absence de perspectives d’avenir. Le Fonds monétaire international (FMI) conseille de continuer à appliquer les recettes néolibérales en réduisant les subventions publiques, ce qui fut précisément à l’origine des révoltes au Soudan et en Équateur. Au Liban, 50 % des dépenses de l’État sont consacrées au remboursement de la dette. De nouvelles mesures d’austérité ont également constitué l’élément déclencheur en Haïti, au Chili, en Iran, en Ouganda et dans d’autres pays. Ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’atteigne d’autres pays, le Nigeria par exemple. Tout cela est lié à l’extrême augmentation des inégalités, Hong Kong et le Chili en étant des exemples clés.
Les grèves et les manifestations
Les luttes présentent de nombreuses caractéristiques communes et importantes.
1) Dans de nombreux pays, tout a commencé avec d’énormes manifestations pacifiques. Deux millions de personnes ont manifesté à Hong Kong en juin (sur une population totale de 7,3 millions d’habitants), de même que plus d’un million au Chili et au Liban ou encore plusieurs centaines de milliers sur la place Tahrir à Bagdad. Dans la plupart des cas, ces protestations ne se sont pas limitées aux capitales ou aux grandes villes, mais se sont étendues à des pays entiers.
2) Les grèves générales ont été décisives pour renverser des régimes ou les faire vaciller. L’année 2019 a débuté avec une grande grève générale en Inde (150 millions) et s’est poursuivie en Tunisie, au Brésil et en Argentine. Cet automne, des grèves générales ont eu lieu en Équateur, au Chili (par deux fois), au Liban, en Catalogne et en Colombie. Des grèves à l’échelle d’une ville ont également eu lieu à Rome et à Milan. L’Irak a connu de grandes grèves des enseignants, des dockers, des médecins, etc. Les bâtiments du gouvernement ont été occupés (à l’instar de la banque centrale du Liban à Beyrouth) ou incendiés dans de nombreuses villes irakiennes. Des routes ont été bloquées en Irak et au Liban, comme au Pérou, où les populations autochtones luttent pour stopper les projets miniers qui menacent l’environnement. La méthode des barrages routiers a également été utilisée par les Gilets Jaunes en France.
3) De nouvelles méthodes sont nées de la lutte tandis que les traits d’une nouvelle société étaient esquissés. A Bagdad, la place Tahrir a repris la tradition née de l’occupation de la place du même nom en Egypte en 2011. Une grande tente y sert d’hôpital, des transports gratuits sont organisés autour de l’occupation et un journal est même édité quotidiennement. Des assemblées populaires ont vu le jour en Équateur et des assemblées locales ont également émergé au Chili. Au Liban, les étudiants ont quitté les universités pour aller enseigner dans les villes. A Hong Kong, les jeunes ont inventé un certain nombre de méthodes à utiliser dans les affrontements de rue, pour faire face aux gaz lacrymogènes et à la répression.
4) La division sectaire a été surmontée par la lutte menée en commun, une caractéristique typique des luttes révolutionnaires. Au Liban, les musulmans chiites et sunnites luttent aux côtés des chrétiens. En Irak, les chiites et les sunnites se battent également ensemble, même si les mobilisations concernent encore surtout les régions chiites du pays. En Amérique latine, les organisations indigènes jouent un rôle de premier plan en Équateur, au Pérou et au Chili de même que dans la résistance au coup d’État en Bolivie.
5) L’internationalisme est présent de manière évidente dans ces mouvements. Des déclarations de solidarité ont été envoyées d’Irak vers les manifestations en Iran. En Argentine, une grande manifestation a eu lieu à Buenos Aires contre le coup d’Etat en Bolivie.
De premières victoires
Les mouvements ont remporté des victoires conséquentes et obtenus des concessions sérieuses. Des dictateurs de longue date ont été renversés au Soudan et en Algérie, le gouvernement équatorien a fui la capitale, des ministres ont démissionné au Liban, au Chili et en Irak. Au Chili, le président Pinera a d’abord affirmé que le pays était “en guerre” contre les protestations, puis a dû “s’excuser” et retirer toutes les mesures qui ont déclenché le mouvement. De même, en France, Macron a été contraint de revenir sur le prix du carburant et d’augmenter le salaire minimum en réponse aux protestations des Gilets jaunes. Dans la plupart des cas, ces reculs de la part des autorités n’ont pas empêché les protestations de se poursuivre.
Hong Kong
La lutte à Hong Kong se distingue des autres à bien des égards. Nous disposons de camarades sur le terrain qui peuvent nous livrer des analyses et des informations de première main. Cette lutte a été marquée par l’incroyable détermination et le courage de la jeunesse. Le fait que Hong Kong soit gouverné depuis Pékin signifie que les reculs et concessions que les gouvernements d’autres pays ont effectués ne sont pas à l’ordre du jour à Pékin.
En août, les camarades du CIO (majoritaire) ont averti de l’instauration d’un “état d’urgence rampant”. À la mi-novembre, cela a changé lorsque Xi Jinping a donné de nouvelles directives : les protestations devaient cesser. Le régime espérait épuiser le mouvement et recourir ensuite à la répression (comme cela avait été le cas avec le mouvement des Parapluies en 2014). Mais, au lieu de cela, le mouvement de protestation a créé une nouvelle crise majeure pour le pouvoir de Xi.
La répression a atteint un nouveau niveau, avec des scènes de guerre les lundi 18 et mardi 19 novembre lorsque les policiers menaçaient de tirer à balles réelles et que les étudiants retranchés dans les campus universitaires tentaient de se défendre avec des cocktails Molotov et des arcs à flèches. Mardi matin, une offensive de la police a utilisé plus de 1.500 bombes lacrymogènes. Les étudiants de l’université PolyTech ont été contraints de se rendre à la police. Plus d’un millier de jeunes ont été arrêtés. Ils risquent dix ans de prison.
Le soutien populaire impressionnant qui existe pour la lutte de la jeunesse a pris la forme de manifestations de solidarité mais il a également été illustré par la cuisante défaite subie par les partis pro-gouvernementaux lors des élections locales des districts de Hong Kong le dimanche 24 novembre.
La lutte impressionnante menée à Hong Kong doit se poursuivre. Les tâches auxquelles le mouvement fait face sont l’organisation démocratique du mouvement, l’organisation d’une véritable grève générale et, chose décisive, l’extension du combat à la Chine continentale. La tactique des étudiants ” Sois comme l’eau” – sans forme et sans dirigeants – a donné quelques avantages dans les luttes de rue et a permis aux jeunes de contrecarrer le rôle de blocage des libéraux pan-démocrates. Mais cette approche s’est révélée incapable de porter la lutte au nouveau stade aujourd’hui nécessaire. La faiblesse des syndicats et l’absence de grève sur une longue période représentent des éléments compliquant. Politiquement, cela peut donner lieu à des illusions dans la “communauté internationale” et en particulier dans l’impérialisme américain et Trump. Cela permet également de continuer à croire en une “solution propre à Hong Kong” distincte du reste de la Chine.
Les complications de cette période
Au cours des débats et de la scission qui ont eu lieu au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière cette année, la discussion sur la conscience des masses a joué un rôle important. La direction de notre ancienne section espagnole, qui a quitté notre internationale en avril, a sous-estimé les problèmes du faible niveau de conscience socialiste tandis que le groupe qui est parti en juillet a surestimé ce problème. Ce dernier groupe a donc préféré se réfugier dans l’attente d’un mouvement “authentique” au lieu de vouloir intervenir dans les mouvements actuels. Comprendre le rôle décisif que joue la classe ouvrière organisée ne signifie pas d’ignorer d’autres mouvements sociaux importants.
La conscience peut progresser par bonds à partir de l’expérience acquise dans les luttes. C’est un processus qui a déjà commencé. Mais, dans l’ensemble, il manque aux luttes de masse d’aujourd’hui l’organisation et la direction nécessaires pour élaborer une stratégie de transformation socialiste de la société. Aucun parti des travailleurs ou de gauche capable de remplir cette tâche ne s’est développé jusqu’à présent. Les nouvelles formations de gauche ont été volatiles et politiquement faibles, comme l’illustre encore le récent exemple de Podemos qui a rejoint le gouvernement dirigé par le PSOE (social-démocrate) dans l’Etat espagnol.
Comparer la situation actuelle avec l’année 1968 souligne à quel point le mouvement des travailleurs – partis ouvriers et syndicats – a reculé en termes de base militante active. Cela signifie cependant également que les partis communistes staliniens et la social-démocratie disposent de moins de possibilités de bloquer et de dévier les luttes qu’à l’époque.
La contre-révolution
Il a également été démontré cet automne que la classe capitaliste n’hésite pas à recourir à la répression contre-révolutionnaire la plus brutale pour se maintenir au pouvoir. Elle préfère opérer via d’autres moyens, plus pacifiques, mais elle est prête à recourir à la violence si nécessaire.
- En Bolivie, un coup d’État militaire a eu lieu avec le soutien de l’impérialisme américain et du gouvernement brésilien dirigé par Bolsonaro. La nouvelle “présidente” Anez a été “élue” par moins d’un tiers du Parlement. Les gouvernements européens ont exprimé leur “compréhension” vis-à-vis de ce coup d’Etat.
- Plus de 300 personnes ont été tuées et 15.000 blessées en Irak au cours du mois dernier.
- 285 personnes ont reçu une balle dans les yeux au Chili. En France, au printemps, 40 personnes ont été éborgnées de la sorte.
- En Guinée, en Afrique de l’Ouest, 5 personnes ont été tuées et 38 autres blessées lors de manifestations contre le président Alpha Conde qui se présente pour un troisième mandat. Les mobilisations se poursuivent.
Le risque d’une répression majeure par une intervention de l’armée chinoise à Hong Kong demeure, même si le danger d’un massacre similaire à celui de la place Tiananmen en 1989 ne s’est pas encore concrétisé. Par ailleurs, le risque d’un retour du sectarisme communautaire au Liban ou en Irak constitue un réel danger.
La classe dirigeante veut aussi désarmer les mobilisations et les faire dérailler en abusant des élections ou des négociations. En Argentine, ce fut clairement le cas récemment. Les candidats péronistes, Fernandez et Fernandez-Kirchner, ont remporté les élections. L’objectif principal des masses était d’évincer Macri, l’ancien grand espoir du capitalisme en Amérique latine dont la présidence a été marquée par l’arrivée d’une nouvelle crise financière profonde. Le nouveau gouvernement péroniste ne bénéficiera cependant pas de répit puisqu’il continuera à mettre en œuvre les politiques du FMI.
Au Soudan, les dirigeants officiels des mobilisations ont signé un accord sur le partage du pouvoir avec l’armée en passant par dessus la tête des masses. Le pouvoir réel a été laissé au général Hemeti. Aujourd’hui, les mobilisations se développent contre cet accord et contre le pouvoir des généraux.
Au Chili, l’une des principales revendications du mouvement était l’adoption d’une nouvelle constitution, puisque l’actuelle date de 1980 et de la dictature de Pinochet. Mais la revendication d’une assemblée constituante révolutionnaire de représentants démocratiquement élus sur les lieux de travail et dans les quartiers ouvriers est tout le contraire d’une assemblée comprenant le président Pinera et les partis de droite.
La classe dirigeante dispose de mille et une manières de bloquer le développement d’une révolution. En 2011, le CIO avait mis en garde contre les illusions selon lesquelles un simple “changement de régime” pouvait mettre fin aux luttes. L’Etat, les capitalistes et l’impérialisme ont été sauvegardés et ont ouvert la voie à la contre-révolution.
Cependant, les défaites ne durent pas aussi longtemps que dans les années 1930 ou 1970. Les manifestations de masse en Iran ont été écrasées en 2009 et de nouveau en 2017, mais elles sont à nouveau de retour. La même chose s’est produite en Irak, au Zimbabwe et au Soudan. De récentes nouvelles protestations sociales démontrent également que la situation n’est pas stable en Egypte.
Défier le pouvoir
Les grèves générales indéfinies et les mouvements de masse à caractère révolutionnaire soulèvent la question du pouvoir. Quelle classe sociale devrait diriger la société ?
Pendant longtemps, dans de nombreux pays, nous appelions à une grève de 24 ou 48 heures au lieu d’une grève générale. L’idée était de préparer la classe ouvrière de cette manière, de lui permettre de sentir sa force et sa supériorité, de commencer à s’organiser et à prendre conscience de ses ennemis, de choisir des dirigeants adéquats.
La plupart des luttes actuelles sont des luttes globales qui défient immédiatement le pouvoir de la classe capitaliste. La contre-révolution se prépare elle-même pour de telles luttes. Mais, jusqu’à présent, recourir à ses méthodes habituelles ne s’est pas fait sans problèmes.
Comparer la situation actuelle avec la première révolution russe en 1905 est également important. La classe ouvrière avait alors démontré quelle était sa force force tandis que le pouvoir de l’Etat tsariste était suspendu dans les airs. Une confrontation finale était inévitable.
Les libéraux et les menchéviks ont accusé les soviets (conseils, en russe) et en particulier les bolchéviks de trop parler d’insurrection armée. Lénine répondit : “La guerre civile est imposée à la population par le gouvernement lui-même”. Trotsky, dans sa défense devant le tribunal qui l’a inculpé après la révolution de 1905, a déclaré quant à lui : “préparer l’inévitable insurrection (…) signifiait pour nous d’abord et avant tout, d’éclairer le peuple, de lui expliquer que le conflit ouvert était inévitable, que tout ce qui lui avait été donné lui serait repris, que seule la force pouvait défendre ses droits, que des organisations puissantes de la classe ouvrière étaient nécessaires, que l’ennemi devait être combattu, qu’il fallait continuer jusqu’au bout, que la lutte ne pouvait se faire autrement”.
En 1905, la contre-révolution a pu prendre le dessus en raison du manque d’organisation et d’expérience des masses en dépit de la constitution de conseils ouvriers, les soviets, ainsi qu’à cause de la faiblesse de la lutte dans les campagnes. En décembre, après une grève générale de 150.000 personnes à Moscou, la contre-révolution l’a emporté.
L’expérience acquise durant les événements de 1905 ont toutefois posé les bases de la victoire de la révolution en 1917. La situation actuelle ne laisse pas de place à de longues périodes de réaction sans lutte. La Bolivie d’aujourd’hui ne connaîtra pas le genre de période de contre-révolution qui a suivi la défaite de 1905. L’avenir y est toujours en jeu et, dans le passé, la contre-révolution a déjà été vaincue en Bolivie.
Nous verrons sans aucun doute d’autres pays et régions s’intégrer dans cette tendance aux mouvements de masse. Son impact sur la conscience globale des masses sera une meilleure compréhension que la lutte est la seule manière d’obtenir des changements. La recherche d’une alternative au capitalisme et à la répression sera le terreau du développement des idées anticapitalistes et socialistes. La faiblesse de la gauche et de l’organisation des travailleurs signifie toutefois que ce processus sera long, avec des bonds en avant et des reculs.
La leçon générale, cependant, est la même qu’en 1905 ou en 1968 : il s’agit toujours de la nécessité pour la classe ouvrière de prendre le pouvoir afin de soutenir les concessions qu’un mouvement de masse peut arracher et pour parvenir à un changement fondamental de société.
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Grèce. De jeunes membres de Xekinima arrêtés dans le cadre d’une opération d’intimidation policière

Action de protestation à Thessalonique à la suite des arrestations. Par Nikos Anastasiadis & Eleni Mitsou, Xekinima, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité)
Deux jeunes membres de Xekinima ont été arrêtés dimanche 17 novembre en soirée et sont maintenant accusés de crimes graves.
En novembre 1973, des étudiants grecs ont occupé l’école polytechnique d’Athènes pour protester contre le maintien du pouvoir de la junte militaire grecque. Bien qu’elle ait été dispersée par l’armée avec de nombreux morts, la manifestation a accéléré le processus de renversement du régime militaire qui a abouti un an plus tard.
Chaque année depuis lors, des manifestations sont organisées pour commémorer cette action. Ce sont toujours des manifestations de masse. Cette année, elles ont été plus importantes que ces dernières années, avec 25.000 personnes à Athènes, 7.000 à Thessalonique et des milliers d’autres dans diverses villes grecques. Cela reflète la colère de la classe ouvrière et surtout des jeunes contre la vague de répression et de brutalité policière qui s’est déchaînée ces derniers mois. Bien que la répression ait inévitablement effrayé certaines personnes, elle a mis en colère une grande partie de la société et commence à les pousser dans la rue.
A la fin de la manifestation pacifique à Athènes, Irini Eminidou et Zisis Sourlas marchaient dans le quartier d’Exarchia pour se rendre chez un de leurs amis. Bien que le quartier soit paisible, Irini et Zisisis ont été soudainement attaqués par la police anti-émeute des tristement célèbres forces anti-émeutes grecques (MAT) et arrêtés.
Zisisis a été frappé à plusieurs reprises tandis qu’Irini a été jetée au sol avant de recevoir des coups de pied, notamment à la tête alors que son bras était maintenu écrasé sous les bottes. Un flic anti-émeute criait ‘‘quand vous voyez MAT, vous vous agenouillez’’. Irini et Zisisis ne sont pas les seules personnes à avoir été attaquées par la police anti-émeute cette nuit-là. Plus d’une douzaine d’autres personnes ont été attaquées, battues et arrêtées de manière injustifiée dans ce quartier.
Avant d’être emmenées au quartier général de la police, les personnes arrêtées ont été emmenées par la police anti-émeute dans un garage fermé et photographiées afin de pouvoir être “reconnues”, lorsque l’affaire sera portée devant les tribunaux. Irini, Zisisis et d’autres ont entendu un policier anti-émeute dire “nous nous trompons, ce n’est pas eux” et l’officier responsable répondre “le plan a changé. C’est eux”.
Au quartier général de la police, la police a confisqué les téléphones de toutes les personnes arrêtées et leur a refusé tout contact avec leurs avocats ou leurs familles pendant plusieurs heures. Ils ont dévêtu les femmes et les ont fouillées de manière humiliante dans une pièce dont la porte était ouverte à tous les passants. Ils ont également refusé de leur donner de l’eau et ils n’ont pas eu le droit d’aller aux toilettes pendant de nombreuses heures.
Environ 5 heures après leur arrestation, la police a informé l’avocat d’Irini et Zisis qu’ils étaient accusés, entre autres, de possession d’armes, de possession d’explosifs, d’incendie criminel, de résistance à leur arrestation et de blessures graves infligées aux policiers. La police essayait de démontrer que Zisis, Irini et d’autres personnes arrêtées étaient un groupe d’anarchistes qui avaient attaqué la police avec des cocktails Molotov, des jets de pierres, etc. La police, bien sûr, n’avait aucune preuve à l’appui de ces fausses accusations mais, en Grèce, la police ne s’occupe pas de ce genre de “détails”.
Le manque de preuves et la campagne de solidarité massive lancée dès ces arrestations ont contraint le procureur de la République à rejeter certaines accusations criminelles. Mais nos camarades et les autres personnes arrêtées sont toujours accusées de délit grave de “résistance à l’arrestation”, de “voies de fait intentionnelles”, de “lésions corporelles infligées à des policiers” et de “violence verbale à l’égard de fonctionnaires de police”. Ces accusations sont fabriquées de toutes pièces et doivent être immédiatement abandonnées !
Xekinima a toujours critiqué les tactiques de “guérilla urbaine”
Les membres de Xekinima n’ont jamais participé à des affrontements violents individuels avec la police et n’ont jamais utilisé ces méthodes. Au contraire, nous les critiquons sévèrement. Dans de nombreux articles et interventions politiques, nous avons expliqué que ces méthodes sont étrangères au mouvement de masse, qu’elles n’aident pas à construire un tel mouvement, bien au contraire. Ces méthodes effraient et repoussent la classe ouvrière tout en offrant un prétexte à la police pour attaquer les manifestants et les militants. Irini et Zisisis ont défendu publiquement cette position dans leurs universités et lors de nombreuses mobilisations et mouvements auxquels ils ont participés.
Une vague d’intimidation policière
Au cours de ces dernières semaines, la police a déclenché une vague de répression et d’intimidation sous l’instruction du gouvernement en visant tout particulièrement les jeunes. Les incidents relatés ci-dessous ne représentent qu’une petite partie de la vague de répression qui s’est déchaînée le mois dernier :
La police anti-émeute a envahi l’Université d’études économiques dans le centre d’Athènes, en piégeant ainsi des centaines d’étudiants pour les asphyxiant ensuite avec des gaz lacrymogènes. Un ministre a justifié cette attaque en expliquant que la police avait trouvé “des armes similaires à celles utilisées pendant la guerre de Syrie” cachées dans les sous-sols des universités ! Il a été révélé plus tard que la police n’avait trouvé que quelques bouteilles de vodka, des drapeaux anarchistes et des casques de motards. Des étudiants ont malgré tout été arrêtés arbitrairement, le domicile de l’un d’eux a même subi une perquisition de la part de la police anti-émeute. Un certain nombre de ces jeunes sont aujourd’hui traduits en justice pour de fausses accusations ;
- Les forces spéciales de police ont fait une descente dans les cinémas pour y retirer des salles les jeunes de 16 ans qui regardaient le film “Joker”, dont la projection est interdite aux moins de 18 ans. La dernière fois que la police a fait une telle descente dans les cinémas, c’était à l’époque de la junte militaire, dans les années 1970.
- La police a pris d’assaut une boîte de nuit, forçant 300 personnes à se mettre à genoux et leur ordonnant de garder les mains en l’air pendant plus d’une heure ! Il s’agissait soi-disant d’une opération anti-drogue, mais ils n’ont trouvé que quelques grammes de drogue sur six personnes. Pendant l’opération, une jeune femme a protesté en disant “nous avons des droits, nous vivons dans une démocratie”. La police a répondu “vous vous trompez” !
- Un habitant d’Exarchia a été attaqué par la police, dépouillé de ses vêtements, battu et arrêté. Pendant le passage à tabac, la police lui criait : “En Grèce, il y a une junte” et que “dans ce quartier, nous sommes aux commandes”.
- Un étudiant qui filmait la police anti-émeute attaquant un groupe de personnes à Exarchia est lui-même devenu la cible de la police anti-émeute qui l’a battu et a brisé sa caméra de même que 4 de ses doigts avant de l’arrêter.
Parallèlement, des membres d’organisation de gauche ont été arrêtés et ont reçu des amendes pouvant aller jusqu’à 50.000 euros pour tractage !
Cette vague d’attaques est une réponse aux mouvements de jeunesse de Hong Kong, du Chili, de Catalogne, du Moyen-Orient et d’autres parties du monde. Ces soulèvements font trembler de peur la bourgeoisie grecque. Ils espèrent terroriser la jeunesse pour prévenir le développement d’un mouvement radical en Grèce dans un proche avenir. Ils savent très bien que la jeunesse et la classe ouvrière disposent de traditions très militantes en Grèce. Même si elles souffrent encore des défaites des années passées, elles pourraient se remettre en action. Presque tous les gouvernements dirigés par la Nouvelle Démocratie (droite) ont été sérieusement contestés et souvent vaincus par de tels mouvements de masse.
Des méthodes éprouvées
Les méthodes utilisées contre Irini, Zisisis et d’autres ne sont pas inconnues en Grèce.
La police a retrouvé un chapeau avec un cheveu du poète aux positions anarcho-communistes Tasos Theofilou à proximité d’une scène de crime. Il s’agit de la seule “preuve” utilisée en l’accusant de diriger une organisation terroriste, de meurtre, de possession d’armes, etc. Il a été incarcéré pendant 5 ans jusqu’à ce que la Haute Cour l’acquitte de toutes les charges retenues contre lui.
Irianna, une étudiante, a entretenu une relation amoureuse avec un homme accusé, mais non condamné, d’être membre d’une organisation terroriste. Sur base de cette relation et d’un échantillon d’ADN totalement partiel et insuffisant, elle a été condamnée à 13 ans d’incarcération. Elle a été acquittée après avoir passé une année en prison.Ces deux exemples ne sont pas des cas isolés d’intimidation policière. Ces pratiques accompagnent la violence extrême employée contre les manifestations, l’utilisation d’énormes quantités de gaz lacrymogènes et le recours massif aux tribunaux, qui déclarent illégale quasiment chaque grève. Des villages et des zones entières sont criminalisées pour leur lutte contre des mégaprojets miniers. Quatre cent cinquante personnes sont par exemple traînées devant les tribunaux pour avoir protesté contre l’exploitation d’une mine d’or à Chalcidique. Des plus, les forces anti-émeutes et d’autres forces entretiennent des liens avec le parti néo-nazi Aube Dorée.
Des méthodes qui incriminent le gouvernement
Le nouveau gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis pense qu’avec ces méthodes, il est possible d’intimider les jeunes, la classe ouvrière et les pauvres pour leur imposer le silence. Ils se trompent. Les autorités ne font que créer encore plus de colère en procédant de la sorte. Cette colère finira par trouver son expression à travers la lutte de classe et l’organisation politique. Cela alimente la soif d’idées révolutionnaires pour changer le monde, se débarrasser du capitalisme barbare et le remplacer par une société socialiste basée sur le pouvoir et la démocratie des travailleurs.
Comment participer à la campagne de solidarité ?
Pour participer à la campagne de solidarité en faveur d’Irini Eminidou, Zisis Sourlas et d’autres personnes injustement attaquées, arrêtées et accusées de fausses accusations, vous avez deux options :
1 : Demandez aux syndicats, aux organisations de défense des droits humains, aux organisations de gauche et à des personnalités publiques de signer le modèle de lettre de protestation ci-joint, sans oublier d’en envoyer une vous-même, aux adresses électroniques suivantes :
? Le ministère de la Protection des citoyens – kepik@mopocp.gov.gr
? Le ministère de la Justice – grammateia@justice.gov.gr
? Xekinima – Organisation socialiste internationaliste – contact@xekinima.org2 : Effectuez un don pour nous aider à couvrir les dépenses de la campagne.
Les dons peuvent être effectués par Paypal à l’adresse http://net.xekinima.org/donate-paypal/ ou par virement sur le compte suivant :
· ALPHABANK
· IBAN: GR3001402980298002330000164
· SWIFT/BIC: CRBAGRAA
· Le nom du compte est ???????? (XEKINIMA)
Identifier votre versement par la mention “Solidarity”.Nous vous invitons à envoyer le modèle de lettre de protestation ci-dessous, qui reprend les faits expliqués plus haut.
Drop all fake charges and end police fabrications against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and other people in Greece.
On Sunday evening, 17th November, after the end of a 25.000 strong peaceful demonstration to celebrate the anniversary of the student uprising against the military Junta in 1973, university students, Irini Eminidou and Zisis Sourlas, were arrested by the riot police on their way to a friend’s house.
The riot police (MAT) attacked them unjustifiably. They punched Zisis several times and threw Irini on ground, kicked her, crushed her head and her arm under their boots. More than a dozen other people who happened to be passing through Exarchia square were also unjustifiably attacked and arrested by the riot police.
Before they were brought to the police headquarters, the people arrested were dragged into a nearby garage, where they were photographed so that the police could “recognize” them in court. At the police headquarters, Irini and Zisis were denied contact with their lawyer for many hours. Irini and other women were also denied water and a visit to the bathroom for many hours. They were stripped of their clothes to be searched in a humiliating way in a room with the door wide open. In addition, Irini was taken to hospital to have her injuries caused by the police attack treated only at the insistence of her lawyer.
The police have fabricated a “scenario” in which Irini and Zisis were part of a group of people that attacked the riot police with petrol bombs and stones. Their initial strategy, to pin heavy felony charges on them has already collapsed as there was no evidence to support the charges, and as a result of the mass campaign in support of Irini, Zisis and all youth who were unjustly attacked and arrested. However, they are still charged with misdemeanour charges of “resisting arrest”, “intentional assault”, “causing bodily harm to police officers” and “verbal abuse towards police officers”. These charges are also completely false and fabricated and must be immediately dropped!
Irini and Zisis are members of the left-wing organization Xekinima – Internationalist Socialist Organization. Xekinima is very well known in the Greek left, as well as to the police and its agents, for having repeatedly taken a position against the use of “city guerilla tactics”, i.e. the actions of small groups or individuals who, among other things, attack police patrols with petrol bombs and often use rallies and demonstrations as cover. Such methods are of no use to the mass movement, on the contrary they undermine it. It is absolutely clear that Irene and Zisis did not, and could not, do any of the acts that the police have pinned on them.
We strongly protest and condemn the false and fabricated accusations of the Greek police against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and all the people arbitrarily, unjustifiably and unjustly arrested.
We demand the complete and immediate withdrawal of all the charges against Irini Eminidou, Zisis Sourlas and all the people arbitrarily, unjustifiably and unjustly arrested. -
Kshama Sawant réélue à Seattle malgré les millions dépensés par Amazon et le Big Business

Kshama Sawant réélue malgré la somme de 4 millions de dollars engagée par les fonds électoraux d’entreprise (PAC) pour acheter le conseil de ville
L’argent que Jeff Bezos a mis sur la table pour acheter le conseil de ville de Seattle s’est retourné contre lui. Durant ces élections, qui avaient lieu dans 7 districts de la ville, les grandes entreprises ont financièrement appuyé les candidats soutenus par Amazon à des niveaux inédits. Mais les électeurs ont rejeté cette tentative d’ancrer plus à droite dans 5 de ces 7 districts. Dans le district le plus observé, à la campagne la plus chère et le plus polarisé de Seattle depuis des décennies, Kshama Sawant, de Socialist Alternative, semble avoir remporté une victoire serrée.
Par Ty Moore, Socialist Alternative
Le soir du deuxième tour, le 5 novembre, Kshama Sawant était de 8 points derrière son concurrent, à 46% contre 54% pour Egan Orion. Mes médias dominants et les grandes entreprises étaient triomphalistes. Mais 60% des bulletins de vote arrivés plus tard se sont dirigés vers Kshama. Vendredi soir, cette dernière avait dépassé Orion de 3,6 % avec une avance de 1.515 voix, et ce chiffre devrait encore augmenter dans les jours à venir.
Conférence de presse de Kshama:
Le système de vote par correspondance de l’État de Washington permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par la poste jusqu’à trois semaines avant le jour du scrutin. Les premiers électeurs ont tendance à être plus âgés et plus riches, les électeurs plus tardifs étant plus jeunes, plus issus de la classe des travailleurs et locataires de leur logement; En bref, cette dernière catégorie est plus susceptible de voter pour une socialiste anticapitaliste. Cette année, l’augmentation du nombre de bulletins de vote pour Sawant par rapport aux premiers résultats a été plus importante que jamais. Cela reflète la plus grande participation au vote dans ce district, qui a atteint les 58%. Même nos détracteurs dans les médias locaux ont été forcés de féliciter à la campagne de Socialist Alternative pour pousser les électeurs à se rendre aux urnes.
Ce taux de participation élevé reflète également la vague d’indignation qui a balayé Seattle les trois dernières semaines de la campagne électorale à la suite de la « bombe d’un million de dollars » lancée sur Seattle par Amazon le 14 octobre. Cela a porté la contribution totale d’Amazon à la Chambre de commerce de Seattle à 1,5 million de dollars. Les dépenses totales des fonds électoraux que représentent les Comités d’action politique (PAC) des entreprises ont été portées à plus de 4,1 millions de dollars. Cela équivaut à près de cinq fois le précédent record !
Une vague d’indignation a balayé Seattle au cours des trois dernières semaines de l’élection à la suite de la “bombe d’un million de dollars” qu’Amazon a lancée sur Seattle le 14 octobre. La contribution totale d’Amazon au PAC à la Chambre de commerce de Seattle s’est ainsi élevée à 1,5 million de dollars et les dépenses totales d’Amazon s’élèvent à 4,1 millions de dollars.
Des personnalités politiques nationales se sont prononcées contre Amazon, ce qui a donné lieu à une grande attention nationale. Le comité éditorial du Wall Street Journal s’est ainsi plaint que “Bernie Sanders a tweeté cette semaine que les dépenses d’Amazon à Seattle étaient “un exemple parfait de la cupidité incontrôlable des entreprises à laquelle nous allons mettre fin”. Elizabeth Warren a dénoncé Amazon pour avoir “essayé de faire pencher les élections du conseil de ville de Seattle en sa faveur”, ajoutant que “j’ai un plan éjecter le monde de l’argent hors de la politique “.
Danny Westneat, du Seattle Times, avait averti que les 1,5 million de dollars du milliardaire et propriétaire d’Amazon Jeff Bezos pour vaincre Sawant et d’autres candidats progressistes s’étaient peut-être retournés contre lui : “La campagne électorale se déroulait comme un référendum sur la performance du conseil de ville.” Un sondage Elway/Crosscut révélait que 67 % des électeurs étaient susceptibles de soutenir “quelqu’un qui veut changer” l’orientation du Conseil. Westneat a continué : “Maintenant [l’élection] pourrait bien devenir un référendum sur Amazon et le pouvoir des entreprises” (23/10/19).
Les dépenses massives d’Amazon lui ont aliéné de nombreux électeurs, mais cette somme a également permis d’acheter un torrent de publicités, d’envois postaux et de personnes payées pour faire du porte-à-porte. Tout cela a influencé des électeurs en faveur de l’opposant de Sawant soutenu par Amazon. Nos membres et nos bénévoles ont été confrontés à maintes reprises aux arguments de cette offensive financées par les ultra-riches.
Si les dépenses des entreprises étaient sans précédent, l’implacable propagande médiatique fut elle aussi inédite. Le Seattle Times a été à l’avant-garde d’une campagne de longue haleine qui visait à rendre Kshama Sawant et d’autres “idéologues de gauche” responsables de l’échec de du conseil de ville concernant la lutte contre le sans-abrisme à Seattle et la crise du logement, les principales préoccupations des électeurs. Le journal a appuyé les candidats soutenus par les entreprises dans les sept courses au conseil en les présentant comme s’ils étaient les candidats du “changement”.
En réalité, la crise du logement de Seattle s’inscrit dans le cadre de l’échec mondial du capitalisme, qui traite le logement comme une marchandise destinée à enrichir les spéculateurs milliardnaires plutôt que comme un droit humain fondamental. Les travailleurs ont raison d’être en colère contre l’inaction des autorités de la ville, de l’Etat pour du fédéral face à cette crise. Mais la faute en incombe à l’establishment politique complice du pouvoir des entreprises. De son côté, Kshama Sawant mène campagne pour un contrôle universel des loyers et une taxation des grandes entreprises afin de permettre de construire des logements sociaux de qualité en masse.
L’adversaire choisi par les dirigeants d’Amazon pour faire face à Kshama était Egan Orion, un candidat entièrement aux mains des grandes entreprises qui s’est présenté comme un “progressiste” pour gagner des voix. Orion placardé toute la ville d’affiches qui affirmaient qu’il refuserait l’argent des PAC pro-entreprise, ce qui était faux. Il les a même ouvertement remerciés quand il a obtenu leur soutien. Son équipe de campagne a envoyé des mails mensongers sur Kshama à chaque foyer. Ces mensonges ont été le fil rouge des 20 mails de masse envoyés par Egan Orion ou par ses partisans tout au long de la campagne.
Les partisans d’Orion ont arraché plus de 1.000 enseignes de la campagne de Kshama Sawant dans tout le district et, au cours des deux dernières semaines, ils en ont vandalisées plus de 200. Cette tentative d’intimidation des électeurs a dégoutté de nombreux résidents du District 3 et n’a pas empêché la campagne de Sawant d’organiser une campagne de masse.
Pour surmonter les mensonges et les attaques contre notre campagne, il était essentiel de sensibiliser le public à cette tentative d’acheter l’élection par le biais de milliers de conversations aux portes et aux coins des rues.
La plupart des jeunes et des travailleurs sont parvenus à percer ce rideau de calomnies. Mais les premiers résultats indiquent une participation historique dans les quartiers les plus riches de Seattle. Cela reflète également l’évolution rapide de la composition sociale du District 3 et de Seattle dans son ensemble. De nombreux travailleurs et des personnes de couleur ont dû déménager en raison de l’augmentation vertigineuse des loyers depuis notre dernière campagne électorale.
Généralement, les électeurs républicains ne participent pas aux élections locales et les candidats ouvertement républicains ne se donnent même pas la peine de se présenter à Seattle, mais cela a changé cette année. Le parti républicain a soutenu la liste des candidats soutenus par Amazon et la Chambre de commerce, malgré le fait que ces candidats se disent tous démocrates !
Seattle connaît sa propre variante locale de la vague populiste de droite qui a propulsé Trump au pouvoir. L’anxiété de la classe moyenne face à l’insécurité économique croissante et à la dégradation sociale est exploitée par les grandes entreprises et les riches, qui mènent une lutte féroce contre la croissance des idées et des mouvements socialistes qui veulent imposer des limites à leurs richesses et à leur pouvoir. Des groupes comme “Speak Out Seattle” et “Safe Seattle” sont apparus au cours de l’année écoulée comme l’expression d’une minorité conservatrice férocement opposée aux camps de sans-abri, à la criminalité, à la drogue et aux “idéologues de gauche” tels que Kshama Sawant.
Comme nous l’expliquions dans un article paru en mai dernier “ces groupes ont été indirectement soutenus et financés par Amazon et les grandes entreprises en tant que bélier populiste pour repousser le mouvement progressiste en matière de logement et vaincre la “taxe Amazon” (qui visait à imposer les grandes entreprises pour payer la construction de logements pour sans-abris, NdT) l’an dernier. (…) En 2017, Jeff Bezos a dépensé 350.000 $ pour un PAC pour l’élection de la maire Durkan. Six mois plus tard, en juin 2018, sous la pression énorme des grandes entreprises, elle et la majorité du conseil de ville ont abrogé la taxe Amazon (en savoir plus à ce sujet). Cette capitulation, surtout de l’aile la plus libérale du conseil, démoralise la gauche et enhardi les grandes entreprises et les forces de droite se mobilisent derrière elles.”
La gauche en débat
Au lendemain de la défaite de la taxe Amazon, une alliance de fait entre les grandes entreprises, une section de dirigeants syndicaux et la plupart des politiciens locaux du Parti démocrate se sont unis pour tenter de vaincre Sawant et bloquer l’élection de Shaun Scott, le candidat des Democratic Socialists of America dans le District 4.
La large coalition construite autour de la campagne pour la taxe Amazon, dans laquelle Kshama Sawant et Socialist Alternative ont joué un rôle central, a d’abord obtenu l’adoption à l’unanimité de la taxe sur les 3% des entreprises les plus importantes de Seattle pour financer le logement abordable et les services aux sans-abri. Cependant, face à la pression intense des grandes entreprises et à une campagne bien financée, cette coalition a été brisée et le conseil de ville a abrogé la taxe par un vote de 7 à 2 un mois plus tard seulement.
Pour la gauche libérale et favorable aux entreprises, cette défaite provenait de l’approche “diviseuse” de Kshama Sawant et de Socialist Alternative. En dépit du soutien d’un certain nombre de syndicats, un groupe de dirigeants syndicaux conservateurs métallurgistes et d’autres corps de métier de la construction ont dénoncé avec colère cette campagne comme une “taxe sur les emplois”, en craignant que la colère d’Amazon ne ralentisse le boom du bâtiment à Seattle.
Lors du premier tour de ces élections, le 6 août dernier, alors que le mouvement des travailleurs était ouvertement divisé, Kshama Sawant a récolté 37% des voix sans le soutien de ses collègues membres du conseil de Ville ou d’autres politiciens importants du Parti démocrate. Dans le Seattle Times, Danny Westneat a écrit : “Aucun titulaire, de mémoire récente, n’a survécu à une primaire avec un si bas niveau ” (8/7/19).
Si Kshama Sawant et Socialist Alternative avaient adopté l’approche de la plupart des dirigeants libéraux et syndicaux pour essayer d’éviter toute confrontation directe avec Amazon, il est probable que la stratégie d’intimidation de Jeff Bezos et sa tentative d’acheter le conseil de ville auraient été bien plus efficaces.
Organiser en une riposte cohérente la méfiance généralisée de la classe des travailleurs à l’égard du pouvoir des entreprises n’avait rien d’automatique. En fait, la plupart des élections aux États-Unis ne comprennent aucun défi audacieux pour la classe ouvrière tant est importante la domination des entreprises sur le Parti démocrate. Même à Seattle, où les organisations locales du Parti démocrate ont évolué vers la gauche sous l’influence de Bernie Sanders et d’autres opposants de gauche, cela ne s’est pas traduit par l’arrivée de nombreux candidats combattifs déterminés à lutter en faveur de la classe ouvrière.
Socialist Alternative a fait reposer sa stratégie sur sa confiance que, pour peu que l’on offre une perspective de lutte, la classe ouvrière et les jeunes de Seattle seraient capables de vaincre Amazon et les grandes entreprises. Un élément crucial de cette stratégie était le potentiel que la base mette pression sur les dirigeants progressistes et syndicaux afin de les forcer à se prononcer avec nous contre l’establishment capitaliste de Seattle.
Les membres de Socialist Alternative ont fourni l’épine dorsale marxiste de cette stratégie. Leur énergie, leur abnégation et leurs compétences politiques ont permis de mener à bien la campagne électorale populaire la plus puissante de l’histoire de Seattle. Plus de 1.000 bénévoles nous ont aidés à frapper à plus de 225.000 portes et à faire 200.000 appels téléphoniques. Un nombre record de 7.500 travailleurs et travailleuses ont réalisé des sacrifices financiers pour contribuer à notre campagne.
La lutte pour l’unité contre Amazon
Lors du premier tour du 6 août, les candidats soutenus par Amazon et les grandes entreprises se sont présentés aux élections générales dans les sept courses en affrontant des candidats plus progressistes. Avec la menace imminente d’une prise de contrôle totale de l’hôtel de ville par la Chambre de commerce, notre appel à l’unité maximale contre les grandes entreprises a rapidement gagné du terrain parmi les activistes de la base, ce qui a exercé une pression sur de plus grands acteurs politiques.
D’autres soutiens en faveur de Kshama Sawant et de Shaun Scott ont commencé à se manifester de la part de figures et groupes progressistes qui étaient restés sur la touche pendant le premier tour. Les scandaleuses tentatives de dirigeants syndicaux conservateurs pour qu’Egan Orion obtienne le soutien du Conseil du travail ont été vaincus lorsque plus de 300 syndicalistes ont signé une lettre ouverte de protestation. Au cours de ces dernières semaines, 22 syndicats ont soutenu Kshama Sawant, soit une majorité des sections locales qui ont donné des consignes de vote dans le District 3. Un meeting conjoint faisant la promotion d’un New Deal vert pour Seattle a été organisé avec Sawant, Morales et Scott. Ce fut une importante manifestation unitaire qui manquait lors du premier tour.
Des groupes locaux du Parti démocrates ont, eux aussi, soutenu Shaun Scott et Kshama Sawant, ce qui représente une cuisante défaite pour l’establishment démocrate qui a si longtemps dominé la politique de Seattle. Cette victoire, le fruit d’un effort énergique de la base, a été liée à l’adoption de résolutions condamnant les dépenses des PAC par l’entremise de quatre organisations du Parti démocrate.
Tout cela a posé les bases qui ont fait de notre campagne la force motrice centrale d’une riposte de gauche unifiée lorsqu’Amazon a largué sa bombe à 1 million de dollars le 14 octobre. Aux côtés des groupes du Parti démocrate, nous avons organisé une conférence de presse deux jours plus tard devant le siège d’Amazon, suivie d’un rassemblement convoqué par les travailleurs d’Amazon une semaine plus tard.
Cela a rompu les digues. Une vague de couverture médiatique nationale a suivi. Fait significatif, même Lorena Gonzalez et Teresa Mosqueda – les membres du conseil libéral qui avaient publiquement appelé à la défaite de Sawant au premier tour – se sont senties obligées de parler au rassemblement contre Amazon et d’annoncer leur soutien en faveur de Sawant et Scott. Une vague d’autres dirigeants progressistes du Parti démocrate a suivi.
Il est clair que la tentative ouverte de Jeff Bezos d’acheter le conseil de ville de Seattle aura des répercussions à plus long terme. Nous y avons fait face avec une stratégie de front unique bien préparée visant à mobiliser toute la colère des travailleurs en une seule force unificatrice, ce qui a poussé même quelques dirigeants syndicaux réticents à s’allier aux marxistes pour combattre les grandes entreprises. Cette unité rapportera d’encore plus grands bénéfices à la classe ouvrière de Seattle dans les mois et années à venir. Le rôle de Socialist Alternative – avec son analyse claire, sa stratégie et ses membres politiquement sûrs d’eux – était absolument vital pour amener toutes ces forces à agir de concert.
Alors que la vague de campagnes électorales socialistes à travers le pays continue de s’étendre, notre expérience à Seattle devrait constituer un avertissement au sujet du caractère impitoyable des grandes entreprises. Mais il y a également de riches leçons à tirer sur la manière dont nous avons riposté, dont nous avons posé les bases d’autres victoires pour notre classe, et peut-être même sur la manière dont nous sommes parvenus à remporter une victoire sur l’homme le plus riche du monde.

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Seattle. Amazon contre Sawant : un résultat encore indécis

La réélection de notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) est en jeu après que 4,1 millions de dollars aient été dépensés pour battre les candidats socialistes et progressistes dans cette ville.
Par Ty Moore
La lutte pour la réélection de Kshama Sawant fut une campagne populaire puissante et sans nulle autre pareille. Bien qu’Amazon ait dirigé plus de puissance de feu financière contre Kshama Sawant et Socialist Alternative que contre tout autre candidat – contribuant à en faire la course au conseil de ville la plus chère, la plus polarisée et la plus regardée de l’histoire de Seattle – les résultats de la soirée électorale étaient trop serrés que pour donner un vainqueur. Nous nous sommes heurtés à une tentative inédite des milliardaires pour prendre le contrôle du conseil de ville de Seattle, où ne siègent que 9 élus. Emmenés par les 1,5 million de dollars d’Amazon, l’ensemble des PAC pro-entreprise (des fonds électoraux) a dépensé plus de 4,1 millions de dollars pour tenter de remporter les sept courses du conseil de ville : presque cinq fois la somme précédente, qui était déjà un record !
Les premiers résultats accordent 46% des voix à Kshama Sawant et 54% à Egan Orion, le candidat de la multinationale Amazon dont le siège est à Seattle. Mais puisque seule la moitié des bulletins sont comptés, nous nous attendons à ce que le nombre obtenu par Kshama augmente considérablement à mesure que les votes tardifs seront comptabilisés ces prochains jours. Après le premier tour du 6 août (en savoir plus), les suffrages accordés à Kshama ont augmenté de 4 pourcents une fois les bulletins tardifs dépouillés. Toutes les indications en notre possession laissent présager une hausse encore plus marquée pour cette élection générale. Lors de la première victoire de Sawant, en 2013, les bulletins de vote tardifs lui ont permis de gagner plus de 4,5 points, ce qui lui avait permis de remporter la victoire. Lors de la soirée électorale de ce 5 novembre, les bénévoles et partisans de la campagne demeuraient optimistes.
Le système de vote par correspondance de l’État de Washington permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par la poste à partir de trois semaines avant le jour du scrutin, et les envois les plus rapides sont disproportionnés parmi les électeurs plus riches et âgés. Le décompte du soir de l’élection ne tient pas compte des bulletins de vote soumis ces derniers jours, qui proviennent de façon disproportionnée de la classe ouvrière, des gens de couleur et des jeunes électeurs.
Cette année, la dernière vague de votes tardifs pourrait être particulièrement importante car alimentée par la colère contre Amazon et notre spectaculaire campagne pour inciter les gens à voter. Le jour-même des élections, les urnes étaient si souvent remplies que les électeurs étaient forcés d’attendre que les travailleurs du comté se précipitent pour vider les urnes !
Seuls 20.926 votes ont été comptabilisés sur un total de 74.772 inscrits dans le district 3 de Seattle où Kshama affrontait Egan Orion, soit 28 %. Avec un taux de participation prévu estimé à 50 % environ, nous aurions besoin d’environ 55 à 56 % (selon le taux de participation exact) de ces votes tardifs pour que Sawant puisse remporter la course. Cela ne tient pas encore compte de nos efforts pour “guérir” les bulletins de vote annulés. A chaque élection, environ 2% des bulletins de vote ne sont pas pris en compte parce que les électeurs ne les ont pas signés correctement ou que d’autres erreurs ont été commises. Nous avons de bonnes chances de gagner environ 1 % de plus en demandant à nos partisans de nous faire parvenir les bulletins de vote annulés pour qu’ils soumettent à nouveau leurs signatures correctes.
Vaincre Kshama était la priorité absolue des grandes entreprises lors de cette élection. Si elles échouent dans le District 3, cela pourrait clore une série de défaites humiliantes pour les milliardaires dans toute la ville. Les candidats soutenus par Amazon semblent être sur le point de perdre dans les autres Districts, à l’exception probable du District 4 où le candidat des Democratic Socialists of America Shaun Scott connait une progression difficile après avoir remporté 42 % des bulletins de vote comptés le soir des élections, après une première campagne impressionnante.
Une campagne de mensonges et de distorsions
Une vague d’indignation a balayé Seattle au cours des trois dernières semaines de l’élection à la suite de la “bombe d’un million de dollars” qu’Amazon a lancée sur Seattle le 14 octobre. La contribution totale d’Amazon au PAC à la Chambre de commerce de Seattle s’est ainsi élevée à 1,5 million de dollars et les dépenses totales d’Amazon s’élèvent à 4,1 millions de dollars.
Des personnalités politiques nationales se sont prononcées contre Amazon, ce qui a donné lieu à une grande attention nationale. Le comité éditorial du Wall Street Journal s’est ainsi plaint que “Bernie Sanders a tweeté cette semaine que les dépenses d’Amazon à Seattle étaient “un exemple parfait de la cupidité incontrôlable des entreprises à laquelle nous allons mettre fin”. Elizabeth Warren a dénoncé Amazon pour avoir “essayé de faire pencher les élections du conseil de ville de Seattle en sa faveur”, ajoutant que “j’ai un plan éjecter le monde de l’argent hors de la politique “.
Danny Westneat, du Seattle Times, avait averti que les 1,5 million de dollars du milliardaire et propriétaire d’Amazon Jeff Bezos pour vaincre Sawant et d’autres candidats progressistes s’étaient peut-être retournés contre lui : “La campagne électorale se déroulait comme un référendum sur la performance du conseil de ville.” Un sondage Elway/Crosscut révélait que 67 % des électeurs étaient susceptibles de soutenir “quelqu’un qui veut changer” l’orientation du Conseil. Westneat a continué : “Maintenant [l’élection] pourrait bien devenir un référendum sur Amazon et le pouvoir des entreprises” (23/10/19).
Les dépenses massives d’Amazon lui ont aliéné de nombreux électeurs, mais cette somme a également permis d’acheter un torrent de publicités, d’envois postaux et de personnes payées pour faire du porte-à-porte. Tout cela a influencé des électeurs en faveur de l’opposant de Sawant soutenu par Amazon. Nos membres et nos bénévoles ont été confrontés à maintes reprises aux arguments de cette offensive financées par les ultra-riches.
Si les dépenses des entreprises étaient sans précédent, l’implacable propagande médiatique fut elle aussi inédite. Le Seattle Times a été à l’avant-garde d’une campagne de longue haleine qui visait à rendre Kshama Sawant et d’autres “idéologues de gauche” responsables de l’échec de du conseil de ville concernant la lutte contre le sans-abrisme à Seattle et la crise du logement, les principales préoccupations des électeurs. Le journal a appuyé les candidats soutenus par les entreprises dans les sept courses au conseil en les présentant comme s’ils étaient les candidats du “changement”.
En réalité, la crise du logement de Seattle s’inscrit dans le cadre de l’échec mondial du capitalisme, qui traite le logement comme une marchandise destinée à enrichir les spéculateurs milliardnaires plutôt que comme un droit humain fondamental. Les travailleurs ont raison d’être en colère contre l’inaction des autorités de la ville, de l’Etat pour du fédéral face à cette crise. Mais la faute en incombe à l’establishment politique complice du pouvoir des entreprises. De son côté, Kshama Sawant mène campagne pour un contrôle universel des loyers et une taxation des grandes entreprises afin de permettre de construire des logements sociaux de qualité en masse.
L’adversaire choisi par les dirigeants d’Amazon pour faire face à Kshama était Egan Orion, un candidat entièrement aux mains des grandes entreprises qui s’est présenté comme un “progressiste” pour gagner des voix. Orion placardé toute la ville d’affiches qui affirmaient qu’il refuserait l’argent des PAC pro-entreprise, ce qui était faux. Il les a même ouvertement remerciés quand il a obtenu leur soutien. Son équipe de campagne a envoyé des mails mensongers sur Kshama à chaque foyer. Ces mensonges ont été le fil rouge des 20 mails de masse envoyés par Egan Orion ou par ses partisans tout au long de la campagne.
Les partisans d’Orion ont arraché plus de 1.000 enseignes de la campagne de Kshama Sawant dans tout le district et, au cours des deux dernières semaines, ils en ont vandalisées plus de 200. Cette tentative d’intimidation des électeurs a dégoutté de nombreux résidents du District 3 et n’a pas empêché la campagne de Sawant d’organiser une campagne de masse.
Pour surmonter les mensonges et les attaques contre notre campagne, il était essentiel de sensibiliser le public à cette tentative d’acheter l’élection par le biais de milliers de conversations aux portes et aux coins des rues.
La plupart des jeunes et des travailleurs sont parvenus à percer ce rideau de calomnies. Mais les premiers résultats indiquent une participation historique dans les quartiers les plus riches de Seattle. Cela reflète également l’évolution rapide de la composition sociale du District 3 et de Seattle dans son ensemble. De nombreux travailleurs et des personnes de couleur ont dû déménager en raison de l’augmentation vertigineuse des loyers depuis notre dernière campagne électorale.
Généralement, les électeurs républicains ne participent pas aux élections locales et les candidats ouvertement républicains ne se donnent même pas la peine de se présenter à Seattle, mais cela a changé cette année. Le parti républicain a soutenu la liste des candidats soutenus par Amazon et la Chambre de commerce, malgré le fait que ces candidats se disent tous démocrates !
Seattle connaît sa propre variante locale de la vague populiste de droite qui a propulsé Trump au pouvoir. L’anxiété de la classe moyenne face à l’insécurité économique croissante et à la dégradation sociale est exploitée par les grandes entreprises et les riches, qui mènent une lutte féroce contre la croissance des idées et des mouvements socialistes qui veulent imposer des limites à leurs richesses et à leur pouvoir. Des groupes comme “Speak Out Seattle” et “Safe Seattle” sont apparus au cours de l’année écoulée comme l’expression d’une minorité conservatrice férocement opposée aux camps de sans-abri, à la criminalité, à la drogue et aux “idéologues de gauche” tels que Kshama Sawant.
Comme nous l’expliquions dans un article paru en mai dernier “ces groupes ont été indirectement soutenus et financés par Amazon et les grandes entreprises en tant que bélier populiste pour repousser le mouvement progressiste en matière de logement et vaincre la “taxe Amazon” (qui visait à imposer les grandes entreprises pour payer la construction de logements pour sans-abris, NdT) l’an dernier. (…) En 2017, Jeff Bezos a dépensé 350.000 $ pour un PAC pour l’élection de la maire Durkan. Six mois plus tard, en juin 2018, sous la pression énorme des grandes entreprises, elle et la majorité du conseil de ville ont abrogé la taxe Amazon (en savoir plus à ce sujet). Cette capitulation, surtout de l’aile la plus libérale du conseil, démoralise la gauche et enhardi les grandes entreprises et les forces de droite se mobilisent derrière elles.”
La gauche en débat
Au lendemain de la défaite de la taxe Amazon, une alliance de fait entre les grandes entreprises, une section de dirigeants syndicaux et la plupart des politiciens locaux du Parti démocrate se sont unis pour tenter de vaincre Sawant et bloquer l’élection de Shaun Scott, le candidat des Democratic Socialists of America dans le District 4.
La large coalition construite autour de la campagne pour la taxe Amazon, dans laquelle Kshama Sawant et Socialist Alternative ont joué un rôle central, a d’abord obtenu l’adoption à l’unanimité de la taxe sur les 3% des entreprises les plus importantes de Seattle pour financer le logement abordable et les services aux sans-abri. Cependant, face à la pression intense des grandes entreprises et à une campagne bien financée, cette coalition a été brisée et le conseil de ville a abrogé la taxe par un vote de 7 à 2 un mois plus tard seulement.
Pour la gauche libérale et favorable aux entreprises, cette défaite provenait de l’approche “diviseuse” de Kshama Sawant et de Socialist Alternative. En dépit du soutien d’un certain nombre de syndicats, un groupe de dirigeants syndicaux conservateurs métallurgistes et d’autres corps de métier de la construction ont dénoncé avec colère cette campagne comme une “taxe sur les emplois”, en craignant que la colère d’Amazon ne ralentisse le boom du bâtiment à Seattle.
Lors du premier tour de ces élections, le 6 août dernier, alors que le mouvement des travailleurs était ouvertement divisé, Kshama Sawant a récolté 37% des voix sans le soutien de ses collègues membres du conseil de Ville ou d’autres politiciens importants du Parti démocrate. Dans le Seattle Times, Danny Westneat a écrit : “Aucun titulaire, de mémoire récente, n’a survécu à une primaire avec un si bas niveau ” (8/7/19).
Si Kshama Sawant et Socialist Alternative avaient adopté l’approche de la plupart des dirigeants libéraux et syndicaux pour essayer d’éviter toute confrontation directe avec Amazon, il est probable que la stratégie d’intimidation de Jeff Bezos et sa tentative d’acheter le conseil de ville auraient été bien plus efficaces.
Organiser en une riposte cohérente la méfiance généralisée de la classe des travailleurs à l’égard du pouvoir des entreprises n’avait rien d’automatique. En fait, la plupart des élections aux États-Unis ne comprennent aucun défi audacieux pour la classe ouvrière tant est importante la domination des entreprises sur le Parti démocrate. Même à Seattle, où les organisations locales du Parti démocrate ont évolué vers la gauche sous l’influence de Bernie Sanders et d’autres opposants de gauche, cela ne s’est pas traduit par l’arrivée de nombreux candidats combattifs déterminés à lutter en faveur de la classe ouvrière.
Socialist Alternative a fait reposer sa stratégie sur sa confiance que, pour peu que l’on offre une perspective de lutte, la classe ouvrière et les jeunes de Seattle seraient capables de vaincre Amazon et les grandes entreprises. Un élément crucial de cette stratégie était le potentiel que la base mette pression sur les dirigeants progressistes et syndicaux afin de les forcer à se prononcer avec nous contre l’establishment capitaliste de Seattle.
Les membres de Socialist Alternative ont fourni l’épine dorsale marxiste de cette stratégie. Leur énergie, leur abnégation et leurs compétences politiques ont permis de mener à bien la campagne électorale populaire la plus puissante de l’histoire de Seattle. Plus de 1.000 bénévoles nous ont aidés à frapper à plus de 225.000 portes et à faire 200.000 appels téléphoniques. Un nombre record de 7.500 travailleurs et travailleuses ont réalisé des sacrifices financiers pour contribuer à notre campagne.
La lutte pour l’unité contre Amazon
Lors du premier tour du 6 août, les candidats soutenus par Amazon et les grandes entreprises se sont présentés aux élections générales dans les sept courses en affrontant des candidats plus progressistes. Avec la menace imminente d’une prise de contrôle totale de l’hôtel de ville par la Chambre de commerce, notre appel à l’unité maximale contre les grandes entreprises a rapidement gagné du terrain parmi les activistes de la base, ce qui a exercé une pression sur de plus grands acteurs politiques.
D’autres soutiens en faveur de Kshama Sawant et de Shaun Scott ont commencé à se manifester de la part de figures et groupes progressistes qui étaient restés sur la touche pendant le premier tour. Les scandaleuses tentatives de dirigeants syndicaux conservateurs pour qu’Egan Orion obtienne le soutien du Conseil du travail ont été vaincus lorsque plus de 300 syndicalistes ont signé une lettre ouverte de protestation. Au cours de ces dernières semaines, 22 syndicats ont soutenu Kshama Sawant, soit une majorité des sections locales qui ont donné des consignes de vote dans le District 3. Un meeting conjoint faisant la promotion d’un New Deal vert pour Seattle a été organisé avec Sawant, Morales et Scott. Ce fut une importante manifestation unitaire qui manquait lors du premier tour.
Des groupes locaux du Parti démocrates ont, eux aussi, soutenu Shaun Scott et Kshama Sawant, ce qui représente une cuisante défaite pour l’establishment démocrate qui a si longtemps dominé la politique de Seattle. Cette victoire, le fruit d’un effort énergique de la base, a été liée à l’adoption de résolutions condamnant les dépenses des PAC par l’entremise de quatre organisations du Parti démocrate.
Tout cela a posé les bases qui ont fait de notre campagne la force motrice centrale d’une riposte de gauche unifiée lorsqu’Amazon a largué sa bombe à 1 million de dollars le 14 octobre. Aux côtés des groupes du Parti démocrate, nous avons organisé une conférence de presse deux jours plus tard devant le siège d’Amazon, suivie d’un rassemblement convoqué par les travailleurs d’Amazon une semaine plus tard.
Cela a rompu les digues. Une vague de couverture médiatique nationale a suivi. Fait significatif, même Lorena Gonzalez et Teresa Mosqueda – les membres du conseil libéral qui avaient publiquement appelé à la défaite de Sawant au premier tour – se sont senties obligées de parler au rassemblement contre Amazon et d’annoncer leur soutien en faveur de Sawant et Scott. Une vague d’autres dirigeants progressistes du Parti démocrate a suivi.
Quel que soit le résultat de ces élections, il est clair que la tentative ouverte de Jeff Bezos d’acheter le conseil de ville de Seattle aura des répercussions à plus long terme. Nous y avons fait face avec une stratégie de front unique bien préparée visant à mobiliser toute la colère des travailleurs en une seule force unificatrice, ce qui a poussé même quelques dirigeants syndicaux réticents à s’allier aux marxistes pour combattre les grandes entreprises. Cette unité rapportera d’encore plus grands bénéfices à la classe ouvrière de Seattle dans les mois et années à venir. Le rôle de Socialist Alternative – avec son analyse claire, sa stratégie et ses membres politiquement sûrs d’eux – était absolument vital pour amener toutes ces forces à agir de concert.
Alors que la vague de campagnes électorales socialistes à travers le pays continue de s’étendre, notre expérience à Seattle devrait constituer un avertissement au sujet du caractère impitoyable des grandes entreprises. Mais il y a également de riches leçons à tirer sur la manière dont nous avons riposté, dont nous avons posé les bases d’autres victoires pour notre classe, et peut-être même sur la manière dont nous sommes parvenus à remporter une victoire sur l’homme le plus riche du monde.
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25 novembre : Pour une lutte féministe socialiste contre la violence basée sur le genre !

“Nous ne sommes pas silencieux. Nous n’avons pas peur. Nous n’obéissons pas.” – Istanbul, Turquie – chants de protestation contre la violence de genre entendu lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes en 2019, au mépris de l’interdiction de manifester imposée par l’État et de l’utilisation des gaz lacrymogènes par la police.“Ma vie n’est pas votre porno” – Séoul, Corée du Sud, slogan principal d’une manifestation de 70.000 personnes contre les ‘caméras espion’ dans les toilettes publiques, octobre 2018.
“La violence sexiste nous tue, tout comme la politique de l’Etat” – pancarte vue lors d’une manifestation à Buenos Aires, en Argentine, contre les féminicides et pour le droit à l’avortement, juin 2019.
“Mon corps n’est pas ta scène de crime” – pancarte vue au Cap, en Afrique du Sud, lors d’une manifestation contre la violence de genre à la suite d’un pic de féminicides, septembre 2019.
A l’approche du 25 novembre, la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous célébrons et nous montrons solidaires des innombrables luttes et mouvements sociaux qui ont éclaté dans le monde entier contre la violence sexiste sous toutes ses formes. #MeToo a levé le voile sur la prévalence de la violence sexiste et familiale, du harcèlement et des abus. L’ampleur de #MeToo a été bouleversante, elle a fait tomber de puissants hommes d’affaires et politiciens et a inspiré des survivantes de tous les milieux, des athlètes aux étudiantes des universités en passant par les travailleuses de secteurs aussi divers que l’agroalimentaire, l’hôtellerie, les usines, le divertissement et la technologie, pour parler haut et fort. #MeToo a mis l’accent sur la nature systémique de la violence sexiste et sur le fait que toutes les femmes ou presque, de même que les personnes qui ne se conforment pas aux normes sexuelles, subissent une forme de harcèlement sexuel et craignent d’être victimes de violence à un moment de leur vie. La bravoure des survivantes qui ont raconté leur histoire personnelle a fait entrer la question dans la sphère publique à une échelle sans précédent. Cela a marqué tous les pays du monde et a donné un énorme élan à la construction de la lutte collective contre la violence sexiste.
La violence de genre enracinée dans le système capitaliste
De plus, que ce soit vis-à-vis de Harvey Weinstein, de Jeffrey Epstein ou de Donald Trump, #MeToo a souligné aux yeux de millions de personnes le sentiment d’impunité concernant les abus et le harcèlement qu’éprouvent les individus riches et puissants de la classe dirigeante. Ces personnes incarnent la nécessité de lutter contre le système capitaliste lui-même quand nous nous soulevons contre la violence de genre sous toutes ses formes et où qu’elle se produise, y compris sous la forme la plus courante de violence, celle issue d’un partenaire ou d’un ancien partenaire.
Les statistiques sont à elles seules une mise en accusation du système. Une femme sur trois dans le monde a été victime de violence physique et/ou sexuelle de la part de son partenaire ou non au cours de sa vie. Dans une étude récente réalisée aux Etats-Unis auprès de plus de 13.300 femmes âgées de 18 à 45 ans, environ une femme sur 16 a déclaré que sa première expérience sexuelle était un viol (JAMA Internal Medicine).
Les idées machistes qui alimentent la violence faite aux femmes et aux enfants alimentent la violence faite à l’égard de la communauté LGBTQI+, et plus particulièrement la communauté transgenre et non conforme au genre. Il est impossible de mesurer les conséquences que représentent la violence et les mauvais traitements généralisés à l’égard des femmes et des familles au niveau financier, mental et physique pour les personnes survivantes. Pour ne citer qu’un exemple, une étude importante a démontré que les graves mauvais traitements subis durant l’enfance sont associés à un risque 79 % plus élevé de développer une endométriose à l’âge adulte, une condition gynécologique atrocement douloureuse. Une enquête menée par Women’s Aid auprès de survivantes britanniques de violence familiale et publiée en mars 2019 a révélé que plus de deux femmes sur cinq parmi elles étaient endettées et qu’un tiers avaient dû abandonner leur maison en raison de la violence subie.
L’explosion des luttes contre la violence de genre et le harcèlement sous toutes ses formes est l’antidote le plus puissant à la violence, aux abus et au harcèlement qui sont l’antithèse de la solidarité de la classe ouvrière et de l’action collective nécessaires pour changer la société.
S’organiser contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail
Parmi les mouvements qui se sont développés au cours de ces dernières années, on trouve des travailleurs qui se sont organisés contre le harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Quatre-vingts pour cent des travailleurs du textile bangladais – parmi lesquels une grande majorité de femmes et de jeunes filles – ont été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail ou en ont été directement victimes, et cette question a largement contribué à la campagne de syndicalisation des travailleurs du textile. Les travailleurs de Google ont mené des actions coordonnées dans plusieurs pays du monde entier le 1er novembre 2018 contre les indemnités de départ de cadres supérieurs accusés de harcèlement sexuel ainsi que contre les discriminations racistes au travail. Non seulement cette action a donné lieu à des concessions de la part de la direction, mais elle a fait partie intégrante des premiers pas vers la syndicalisation des travailleurs de cette société notoirement non syndiquée. En Afrique du Sud, en juin 2019, 200 mineurs à prédominance masculine ont mené une action de grève courageuse, notamment en refusant de manger, alors qu’ils occupaient une mine pendant plusieurs jours contre le harcèlement sexuel dont une de leurs collègues féminines avait été victime de la part d’un patron. Les grèves des travailleurs de l’hôtellerie appelées sous la bannière #MeToo ont brillamment concrétisé dans la lutte les témoignages individuels de #MeToo.
L’introduction de la lutte contre la violence de genre sur le lieu de travail est particulièrement puissante. Entrer en lutte collective avec ses collègues de travail a, par le biais de la grève, le pouvoir économique d’exercer une pression massive sur les entreprises pour licencier les managers véreux ou pour introduire des mesures garantissant une tolérance zéro face au harcèlement sexuel au travail.
D’autre part, la lutte elle-même sensibilise les travailleurs de tous les genres aux questions liées à la violence de genre, ce qui aiguise le sens de la solidarité face à la violence de genre sous toutes ses formes. C’est en soi un défi dynamique posé aux comportements et attitudes sexistes et misogynes. La revendication la plus élémentaire des travailleurs pour la dignité et la sécurité au travail – ainsi que pour des salaires et conditions de travail décents pour tous les travailleurs – signifie notamment de disposer d’un lieu de travail exempt de harcèlement sexuel.
Notre réponse est la lutte de masse
L’autre évolution majeure du mouvement féministe au cours de ces dernières années est le développement de la “grève féministe”. Dans sa forme la plus développée, elle a impliqué jusqu’à 7 millions de travailleurs dans l’Etat espagnol le 8 mars 2019 autour d’une série de revendications allant de l’égalité pour un salaire décent au retrait des mesures d’austérité et à la fin des violences de genre, sur le modèle de la forte grève générale qui avait réuni 5 millions de personnes lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes de l’année précédente.
Le 14 juin 2019, en Suisse, un demi-million de personnes sont descendues dans la rue dans le cadre d’une “grève féministe” similaire, une action de grève générale. Cette grève a tout d’abord été appelée par les femmes des syndicats qui avaient fait adopter une résolution appelant à une grève le 14 juin 2019 lors du Congrès syndical suisse de juin 2018. Le fait que des syndicalistes de base et des jeunes femmes soutenant l’appel dans tout le pays soient passées à l’action pour donner corps à cet appel et s’assurer qu’il n’ait pas seulement eu lieu, mais qu’il provoque un tremblement de terre – la plus grande mobilisation de masse des travailleurs depuis des décennies – témoigne d’une radicalisation générale et d’une grande volonté de changement.
Nous en avons également trouvé une expression dans le mouvement de décembre 2018 en Israël qui a uni de manière inspirante Juifs et Palestiniens dans une “grève des femmes” et dans des manifestations de dizaines de milliers de personnes contre les féminicides. En septembre 2019, un groupe de Palestiniennes a défié la répression brutale de l’Etat israélien et a organisé des manifestations contre les féminicides en Cisjordanie, à Gaza et en Israël.
Les “grèves de femmes” ou les “grèves féministes”, ainsi que les occupations massives d’universités au Chili et de places en Argentine, qui ont caractérisé le mouvement de masse contre les fémicides en Amérique latine “Ni Una Menos” (pas une de moins), montrent que mouvement s’approprie les armes les plus puissantes du mouvement ouvrier, les grèves et les occupations. Ce développement est très inconfortable pour les féministes les plus radicalement pro-capitalistes et pro-establishment puisque ce sont les méthodes de lutte de la classe ouvrière qui sont employées et que cela inspire l’ensemble de la classe ouvrière à entrer en action de masse, plus particulièrement par le biais de la grève générale. En Argentine, Ni Una Menos a concentré l’attention du mouvement de masse contre les fémicides sur la violence étatique, à savoir l’interdiction de l’avortement. Ce mouvement de masse d’une inspiration phénoménale, dont la victoire sauverait la vie de femmes et de personnes enceintes et stimulerait considérablement la lutte pour la légalisation de l’avortement en Amérique latine.
Tout comme c’est le cas avec le mouvement des jeunes pour le climat, ces luttes ne sont pas marquées par une conscience qui considérerait cette thématique comme isolée du reste. Il est juste et absolument nécessaire que le mouvement contre la violence de genre s’attaque à l’austérité dans les services publics ainsi qu’aux salaires de misère et lutte pour plus de logements sociaux, contre la gentrification de nos villes, contre la pauvreté des parents isolés et des retraités, contre le sexisme, le racisme et le caractère anti-travailleurs du système judiciaire ou encore pour la justice climatique. Au vu de l’impact de la violence de genre et du harcèlement sur la vie de la classe des travailleurs et des pauvres, tout cela ne représente qu’un seul et même combat.
Pour lutter efficacement contre la violence sexiste, il faut rompre avec le féminisme des dirigeantes d’entreprises telles que Sheryl Sandberg et les féministes libérales de l’establishment politique et économique en général. Leurs intérêts de classe entrent inévitablement en conflit avec les revendications essentielles aux femmes pauvres et issues de la classe ouvrière à travers le monde.
La récente vague de luttes féministes et de mouvements de masse ont déjà remporté d’importants succès. Il y a eu les victoires remportées contre les lois autorisant l’auteur d’un viol à épouser sa victime pour échapper à la prison en Jordanie, au Liban, en Tunisie et en Malaisie. Il y a eu la victoire remportée contre le traitement sexiste de l’affaire de “La manada” (“La meute”) dans l’État espagnol. Il y a eu le mouvement de masse en Irlande contre l’interdiction constitutionnelle de l’avortement, une lutte qui a duré des décennies et qui a remporté le droit à l’avortement gratuit par le biais des services de santé et dans laquelle les féministes socialistes du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité) ont joué un rôle central.
La menace de l’extrême droite
Cependant, de Trump à Bolsonaro en passant par Viktor Orban, l’essor de la droite populiste et de l’extrême droite démontrent que le système capitaliste ne se contente pas de s’opposer à de nouvelles victoires, il menace également des droits acquis il y a des décennies lors des précédentes vagues de lutte des féministes et ouvrières. C’est ce qu’illustre de façon la manière dont est constamment menacé l’arrêt Roe vs Wade qui a légalisé l’avortement aux États-Unis en 1973, une des plus grandes victoires du féminisme de la deuxième vague.
L’atmosphère créée par la campagne électorale et la victoire de Bolsonaro au Brésil a accru la violence subie par les personnes noires, les femmes et les LGBTQI+, tout particulièrement celles issues d’un milieu ouvrier ou pauvre. Bolsonaro a un jour déclaré à une députée : “Je ne vais pas te violer parce que tu es très laide”. Il entretient des liens avec des groupes fascistes et exprime sans aucune honte sa misogynie et son racisme. Le nombre de fléminicides au Brésil a augmenté de plus de 4 % pour atteindre 1.206 cas en 2018. Les incidents de violence sexuelle signalés cette année-là ont augmenté de 4,1 %, plus de la moitié des victimes étant des enfants de moins de 13 ans. Les chiffres montrent également qu’une femme a été victime de violence domestique toutes les deux au Brésil en 2018. Dans un tel contexte de crise sociale, qui s’est d’ailleurs aggravé depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2019, il n’est pas surprenant de constater que les femmes – en particulier les jeunes, les retraitées, les travailleuses, les noires, les indigènes et les pauvres – aient été à l’avant-garde de la lutte contre Bolsonaro. Le soutien ouvert de Bolsonaro à la cupidité des entreprises, quel qu’en soit le coût, est incarné par la privatisation et la destruction de l’Amazonie, l’exemple le plus frappant de la manière dont les profits de l’élite capitaliste brûlent la planète.
La seule manière capable de défier et de vaincre avec certitude la menace de la droite est une lutte reposant la classe ouvrière contre le status quo capitaliste responsable du mécontentement et de l’aliénation liés au développement de la droite. Une nouvelle récession mondiale est imminente. L’élite politique et économique capitaliste tentera de l’utiliser pour aggraver encore la précarité des travailleurs et des jeunes. Il en ira de même avec les inégalités de classe extrêmes qui caractérisent le capitalisme aujourd’hui. Il est urgent de rassembler la classe des travailleurs et les opprimés en lutte. Un tel mouvement peut défendre une alternative socialiste à la crise capitaliste.
Mettre le capitalisme sur le banc des accusés
L’oppression des femmes et des LGBTQI+, et donc son expression la plus flagrante qui est la violence sexiste, fait partie intégrante du système capitaliste. Historiquement, le capitalisme a favorisé dès le début l’idéologie rétrograde de la famille patriarcale comme outil de son ascension. Aujourd’hui, selon une étude d’Oxfam, le travail non rémunéré effectué par les femmes à travers le monde s’élève à la somme astronomique de 10.000 milliards de dollars par an, soit 43 fois le chiffre d’affaires annuel d’Apple. Cela illustre à quel point l’oppression des femmes est dans l’ADN du système. Ce travail non rémunéré est un outil vital pour le capitalisme pour le maintien et le renouvellement de sa force de travail dont le travail crée le profit des classes capitalistes. Les sociétés qui reposent sur l’oppression des femmes et la perpétuent cherchent de par leur nature à contrôler la sexualité des femmes, par exemple par le biais de la structure familiale patriarcale. Les violences de genre et sexuelles font partie de la coercition dans cette structure, ainsi que, par exemple, la limitation par l’État de l’accès aux droits reproductifs. Différentes formes de violence de genre sont liées entre elles, depuis le harcèlement sexuel jusqu’au viol lui-même, avec pour base commune l’objectivisation du corps des femmes.
La lutte pour une société socialiste est un aspect vital de ma lutte pour la libération des femmes et des personnes LGBTQI+, une société où la structure familiale patriarcale deviendrait réellement une chose du passé, une société où serait appliquée la réduction collective du temps de travail et où le logement, les soins aux enfants, les soins aux personnes âgées et les emplois seraient publics, de qualité et accessibles à tous.
Sous le capitalisme, comme l’a expliqué Marx, tout devient une marchandise. Le corps des femmes devient une marchandise par le système du profit. Des industries qui rapportent des milliards comme la pornographie et l’industrie du sexe reflètent, perpétuent et profitent de l’inégalité entre les genres, et sont donc des ennemis de la véritable libération sexuelle et de la liberté. La réaction des Etats capitalistes face à ces industries est souvent de réprimer la majorité des femmes et des personnes non conformes au genre, souvent des migrants et des personnes de couleur, qui travaillent dans ces industries plutôt que de défier les capitalistes qui en tirent du profit. En outre, ceux qui sont brutalement victimes de trafic dans ces industries subissent la répression de l’Etat capitaliste. Cela a été très médiatisé aux Etats-Unis avec le cas de Cyntoia Brown, une jeune fille de 16 ans qui a passé une dizaine d’années en prison après été sous le contrôle brutal d’un proxénète et avoir tué un “client” violent. Une vaste campagne lui a évité de passer encore quatre décennies supplémentaires derrière les barreaux.
La nature même de l’Etat capitaliste et du système repose sur la violence. Comment mettre fin à la violence interpersonnelle dans un monde où les armées capitalistes et impérialistes sont employées par la classe dirigeante pour réprimer et faire la guerre ?
Aujourd’hui, nous assistons à l’invasion brutale du nord de la Syrie par les forces turques dans le but d’écraser la zone autonome kurde du Rojava. Le régime dictatorial d’Erdogan cherche à détruire toute forme d’autonomie gouvernementale kurde dans la région. Cela se passe avec le soutien total du régime de Trump. Une fois de plus, l’impérialisme américain, et l’impérialisme en général, se sont révélés être de faux amis du peuple kurde opprimé. Le courage des combattants des factions armées majoritairement kurdes des YPG (Unités de protection du peuple) et YPJ (Unités de protection des femmes) basées au Rojava dans la lutte contre l’Etat islamique a constitué une source d’inspiration pour beaucoup de gens dans le monde en 2014-2015. La brutale violence d’État à leur encontre est emblématique de la nature violente du capitalisme et de l’impérialisme. Nous savons de plus que les réfugiés créés par la guerre sont parmi les êtres humains les plus vulnérables à la violence sexuelle.
Violence et sexisme dans l’Etat capitaliste
Hong Kong est l’une des villes les plus néolibérales du monde. Un mouvement social de masse pour la démocratie s’y développe, imprégné d’une forte opposition aux conditions de travail et de logement précaires, et fait l’objet d’une répression violente de la part de l’Etat. Des tirs à balles réelles ont eu lieu contre des adolescents qui manifestaient. Des tactiques similaires sont utilisées contre les masses en Catalogne. La violence d’Etat capitaliste est utilisée pour protéger le statu quo.
Étant donné cet aspect de l’État capitaliste – ainsi que le lien inextricable entre capitalisme, impérialisme et guerre – l’existence d’attitudes machistes et racistes au sein de la police et des forces armées est utile et nécessaire au système. Cette réalité est reflétée par les statistiques. Aux États-Unis, des études ont indiqué qu’au moins 50 % des anciens combattants de sexe masculin ayant des problèmes de santé mentale liés au combat commettent des actes de violence conjugale et familiale, et qu’au moins 40 % des familles de policiers sont victimes de violence familiale, comparativement à 10 % de la population générale.
En outre, la mise en cause systématique des victimes dans les procédures judiciaires (le victim-blaming) est une caractéristique des affaires judicaires de violence sexuelle dans le monde entier. En novembre 2018, Ruth Coppinger, députée du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité)), a bénéficié d’une attention virale sur les réseaux sociaux et d’une audiance inédite dans les médias à l’échelle internationale (de la télévision nationale indienne au New York Times) en dénonçant le victim blaming. Elle avait alors tenu en main un string dans l’enceinte du parlement pour dire que “cela ne signifie pas un consentement” après que l’avocat d’un homme accusé d’avoir violé une adolescente avait parlé des sous-vêtements en dentelle de la victime adolescente au tribunal. Elle a utilisé cette plate-forme pour appeler à l’organisation de manifestations en Irlande contre le sexisme enraciné dans cet État et aussi pour défendre l’idée d’une grève mondiale le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
Construire la lutte féministe socialiste internationale
Jusqu’au 25 novembre, date à laquelle d’importantes manifestations contre la violence à l’égard des femmes auront lieu dans de nombreux pays du monde, nous publierons sur worldsocialist.net des articles d’un certain nombre de sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majorité) sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Le jour-même, nos camarades du monde entier participeront aux nombreuses manifestations et actions contre la violence de genre. Ils feront tout particulièrement pression pour construire l’aile féministe socialiste du mouvement. Nous voulons rompre résolument avec tout courant féministe qui cherche à s’adapter aux intérêts de l’establishment capitaliste. Le féminisme socialiste est une lutte collective. Il s’agit de solidarité. De s’allier à la classe ouvrière, aux pauvres et aux opprimés du monde de tous les genres et de toutes les nationalités dans une lutte commune contre le capitalisme.
Il est urgent d’intensifier le mouvement pour mettre fin à la violence de genre qui a déjà fait descendre des millions de personnes dans les rues du monde entier, y compris en Europe du Sud et en Amérique latine, par des grèves et des occupations de masse. Les féministes socialistes sont inextricablement liés à la construction d’un mouvement de masse de la classe des travailleurs et des opprimés pour une transformation socialiste de la société.
A Hong Kong, la révolte de masse en faveur de la démocratie qui a éclaté s’est accompagnée de femmes organisant des manifestations #MeToo contre la violence d’Etat et sexiste. Au Liban, où la lutte contre la pauvreté a explosé dans les rues en octobre 2019, les manifestantes ont twitté sur Twitter qu’elles étaient des révolutionnaires et non des “babes” en réponse au traitement sexiste et objectivant qu’elles ont reçu dans les médias. Comme le proclame la chanson Bread and Roses sur la grève des ouvrières textiles à Lowell, aux États-Unis, en 1912 : ” le soulèvement des femmes signifie le soulèvement de nous tous “.
Luttons contre la violence sexiste ! Luttons contre le système capitaliste qui engendre les inégalités et l’absence de démocratie ! Dans ce système, une poignée de milliardaires mènent la barque, profitent de l’oppression des femmes et cherchent à diviser la classe des travailleurs de toutes les manières possibles pour éviter de faire face à une riposte commune. Une alternative socialiste collectiviserait les richesses et les ressources-clés, des banques aux grandes entreprises, pour les placer démocratiquement aux mains de la classe des travailleurs afin de planifier l’économie en fonction des besoins des êtres humains et de la planète. Une telle société, fondée sur la solidarité, la coopération humaine et l’égalité, en finirait avec les racines de l’oppression et commencerait à construire un monde où nous pourrions véritablement nous assurer que plus aucune vie ne serait perdue ou brisée en raison de la violence sexiste.
- Ni Una Menos –pas une de moins – plus aucune vie ne doit être perdue à cause de la violence de genre ; plus aucun dommage à la santé mentale ou physique ! Nous luttons pour mettre fin à la violence de genre, aux abus et au harcèlement sous toutes leurs formes et partout où ils se produisent : au travail, à la maison, dans les écoles et les universités, dans les institutions publiques, dans la rue, en ligne.
- Construisons des manifestations de masse autour du 25 novembre contre la violence de genre, en tant qu’étape vers des manifestations de masse et des grèves de masse au niveau international le 8 mars 2020.
- Saisissons la richesse de l’élite capitaliste pour financer une expansion massive des services publics ; la gratuité des soins de santé (y compris de bons soins de santé mental) ; la gratuité des services de garde d’enfants ; le développement de services spécialisés en matière de violence domestique et sexuelle disponibles localement pour toute personne qui en a besoin. Les soins de santé mentale devraient inclure l’accès local à des conseillers et thérapeutes dont les victimes ont besoin, ainsi que des évaluations et des traitements psychologiques spécialisés pour les auteurs de violences.
- Un véritable contrôle des loyers et la construction de logements sociaux en masse : chacun a le droit à un logement sûr, abordable et paisible.
- Pour une éducation sexuelle gratuite, de qualité, publique, laïque, progressiste, adaptée à l’âge, inclusive envers les personnes LGBTQI+, axée sur le consentement.
- Les syndicats doivent mener une véritable lutte pour la syndicalisation, pour la fin du travail précaire, pour un salaire décent pour tous les travailleurs et contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Un tel mouvement pourrait prendre la tête de la lutte contre toutes les formes de sexisme, la misogynie, le racisme, l’homophobie et la transphobie pour construire une lutte unifiée de la classe des travailleurs.
- Mettons fin au sexisme, aux discriminations et au victim-blaming dans la justice ! Tous les services de l’État et les services sociaux en contact avec les victimes et les auteurs d’actes de violence devraient être sensibilisés à la question de la violence sexiste et formés de manière à assurer que les plaignants et les victimes soient traités avec respect. Nous luttons pour un État gouverné démocratiquement par la classe ouvrière qui supprimerait les préjugés actuels en faveur des classes dirigeantes et éliminerait une fois pour toutes la présence du racisme, du sexisme et des discriminations dans l’État et le système judiciaire.
- Mettons fin à la guerre et luttons pour la justice climatique ! Mettons fin aux politiques d’immigration racistes : pour le droit d’asile démocratique !
- Pour la propriété publique démocratique des principaux leviers de l’économie, des principales richesses et ressources ; pour le contrôle et la propriété démocratiques des travailleurs ; pour une planification socialiste démocratique de l’économie afin de subvenir aux besoins des gens et de la planète, et non au profit.
- Nous luttons pour le pain et nous luttons aussi pour les roses ! Pour une société socialiste où la structure familiale patriarcale appartiendrait véritablement au passé, pour un monde socialiste libéré des divisions de classe, de l’oppression, de la guerre et de la violence, où chacun aurait droit à un niveau de vie de bonne qualité et à la liberté de vivre sa vie !
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Hong Kong : les locaux de Socialist Action cambriolés

Appel urgent à la solidarité !
Socialist Action, l’organisation qui regroupe les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong, a été victime d’un cambriolage. Aux petites heures du 17 octobre, six ordinateurs, des téléphones portables, trois cartes de crédit et divers objets personnels appartenant à des membres ont été volés. Au total, plus de 20.000 dollars de Hong Kong (environ 2.300 euros) ont été volés en espèces et par cartes de crédit. Deux camarades dormaient dans le bureau alors que le cambriolage prenait place vers 3 heures du matin. Les choses auraient encore pu être bien pire s’ils s’étaient réveillés et avaient dérangé les voleurs.
Par des correspondants de chinaworker.info
Les voleurs ont accédé au bureau du sixième étage par une fenêtre, ce qui a été rendu possible par les échafaudages temporaires actuellement posés à l’extérieur du bâtiment. Des précautions avaient pourtant été prises, nos camarades ayant rajouté des barreaux métalliques à toutes les fenêtres, ainsi que des caméras de sécurité à la porte d’entrée et à l’intérieur. Mais celles qui n’ont pas été désactivées par les voleurs couvraient la porte qui n’a pas été utilisée lors de l’effraction. Les voleurs ont pu pénétrer dans les lieux en enlevant un barreau de la fenêtre d’un débarras.
Ce cambriolage est un coup dur pour Socialist Action au moment d’un mouvement de masse historique contre le régime autoritaire qui dure déjà depuis quatre mois et demi. Dire que la pression sur les militants socialistes est élevée en ce moment serait un euphémisme. Hong Kong est à la merci d’un déchaînement effréné de violence policière et de répression. Les attaques au gaz lacrymogène et les passages à tabac sont quotidiens. Plus de 2.500 arrestations ont été effectuées depuis juin. Un état d’urgence a été de facto imposé par le gouvernement non élu de Carrie Lam, qui a qualifié les manifestants “d’émeutiers” et de “terroristes”. Depuis le mois d’août, la plupart des manifestations ont été interdites et sont violemment attaquées. Les membres de Socialist Action, tout comme beaucoup d’autres groupes et partis d’opposition, font face à une menace quotidienne de répression et d’arrestation ainsi qu’à d’éventuelles poursuites judiciaires pour avoir soutenu des “rassemblements illégaux” ou pour d’autres accusations politiques. L’utilisation croissante des « pouvoirs spéciaux » de l’époque britannique par le gouvernement pourrait bientôt entraîner la fermeture partielle d’Internet à Hong Kong, la censure de la presse et l’interdiction de publications, de nouvelles arrestations et des parodies de tribunaux.
La nature compliquée de cette lutte dans une société sans organisations de masse, sans partis politiques de la classe ouvrière et avec un mouvement syndical faible ou très timide et face à la dictature policière la plus puissante et la plus high-tech du monde a inévitablement produit un mouvement de masse aux caractéristiques contradictoires.
Ce mouvement combine une résistance de masse héroïque, une spontanéité inspiratrice et des méthodes d’action directe, côte à côte avec un manque de stratégie claire, un manque d’organisation et de nombreuses idées confuses. Le relatif changement de conscience pro-américain au sein d’une couche des masses en action constitue un exemple de cette confusion. Cela exprime une recherche de salut auprès de politiciens américains qui, pour la plupart, s’intéressent à leurs votes aux Etats-Unis plus qu’au soutien sincère à la lutte pour la démocratie. Ironiquement, la dictature chinoise encourage en partie ce changement pro-américain, car cela lui sert à « justifier » sa propre propagande sur les « forces étrangères hostiles » et parce qu’elle sait que cette voie ne représente aucune issue pour la lutte des masses.
Socialist Action – pour une alternative des travailleurs !
Socialist Action joue un rôle unique en militant constamment pour que le mouvement de masse change de direction, s’oriente vers l’organisation et les méthodes des travailleurs comme les grèves et les comités de grève démocratiques, s’oppose à l’impérialisme américain et chinois et cherche à étendre consciemment le mouvement de masse à la Chine continentale.
Socialist Action explique que cela ne peut se faire qu’en élargissant les “cinq revendications” du mouvement pour que le cahier de revendications intègre les besoins de la classe ouvrière et de la jeunesse (qui sont exigés avec la même force à Hong Kong et en Chine) pour un logement abordable, des emplois décents, la fin du travail d’esclave et des investissements publics massifs dans les services publics au lieu des projets d’infrastructure de prestige obscènes aux profits des magnats de l’immobilier capitalistes.
Nous appelons à une solidarité financière urgente de la part des militants pour la démocratie, des socialistes et des syndicalistes du monde entier. Pour récupérer les pertes dues à ce cambriolage et améliorer la sécurité des bureaux, Socialist Action doit collecter 70.000 dollars de Hong Kong (environ 8.000 euros). Nous devons le faire le plus rapidement possible pour éviter de perdre du temps au milieu de ce combat crucial qui constitue la lutte la plus importante que nous ayons jamais connue.
Sans le remplacement des six ordinateurs que nous avons perdus, nous ne sommes plus en mesure de continuer à produire les quatre éditions de notre magazine bimensuel (à Hong Kong, en Chine continentale, à Taiwan et en édition anglaise). Notre organisation quotidienne risque d’être fortement perturbée non seulement à Hong Kong, mais également dans l’important travail de solidarité que nous essayons de développer – dans des conditions clandestines – en Chine continentale.
Ce cambriolage souligne les problèmes et les pressions auxquels sont confrontés les militants socialistes à Hong Kong et en Chine alors qu’ils défendent une activité inlassable dans la lutte anti-autoritaire. Socialist Action est obligé de louer des locaux dans un quartier ouvrier pauvre où le taux de criminalité est élevé. Cela s’explique par les loyers extrêmement élevés qui sévissent à Hong Kong, la ville la plus chère du monde. Nous ne pouvons pas réclamer d’assurance pour ce vol parce que cela implique de porter plainte à la police, ce qui permettrait à cette dernière (qui terrorise toute l’opposition à Hong Kong) d’enquêter sur nos locaux et d’interroger notre personnel, en mettant ainsi davantage leur sécurité en danger. Par conséquent, nous ne pouvons nous tourner que vers nos camarades et sympathisants à travers le monde et au sein du mouvement ouvrier et pro-démocratique à Hong Kong, en Chine et ailleurs.
Voici les informations nécessaires pour nous envoyer un don. Chaque somme, petite ou grande, sera d’une grande aide pour permettre à Socialist Action de reprendre rapidement sa pleine vitesse.
Vous pouvez effectuer une donation directe via Go Fund Me.
Si vous êtes membre du CIO, discutez de cela lors de votre reunion de section. Les donations devraient être effectuées via les structures du CIO avec pour mention “Hong Kong Socialist Action”.
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Hong Kong: Actions de solidarité à travers le monde contre le licenciement des activistes
Le mercredi 2 octobre, des actions de solidarité ont eu lieu dans le monde entier pour exiger la réintégration de Nathan Leung, un membre du CIO licencié par le géant bancaire HSBC à Hong Kong en raison de son soutien au mouvement pro-démocratie et de son appel aux travailleurs des banques à se syndiquer dans un nouveau et véritable syndicat. Ces actions ont bien entendu également dénoncé la répression exercée par le gouvernement de Hong Kong et le régime chinois. Les grandes entreprises opérant à Hong Kong ont rejoint les autorités pour attaquer, intimider et licencier des militants comme Nathan.
Ce jour-là, des piquets de grève ont eu lieu devant les sièges et locaux de HSBC dans 16 pays sur tous les continents. De nombreuses photos de solidarité ont été prises et des messages de soutien ont été envoyés de différents pays. Parmi les temps forts de cette journée internationale d’action coordonnée par le CIO et par la campagne “Stop Repression in Hong Kong”, on peut citer une vidéo de représentants des travailleurs de Harland et Wolff, qui viennent de remporter leur lutte pour défendre leur emploi au chantier naval de Belfast (voir la vidéo ici) de même que les photos prises par des syndicalistes à Sana’a, au Yémen, en dépit des conditions extrêmement difficiles dans ce pays déchiré par la guerre, la faim et la pauvreté.
Le député irlandais Mick Barry a également enregistré cette vidéo de solidarité (cliquez ici).
Vous trouverez ci-dessous une courte sélection de photos de quelques rassemblements de solidarité à travers le monde.
Le CIO continuera de se tenir aux côtés de tous les travailleurs victimes de la répression des entreprises et de l’État, à Hong Kong comme ailleurs, et continuera de donner un plus large écho aux développements politiques historiques en cours à Hong Kong.
Galerie de photos (de haut en bas) : Thessalonique, Grèce ; Dublin, Irlande ; New York, États-Unis ; Le Cap, Afrique du Sud ; Limerick, Irlande ; Sanaa, Yémen ; Montréal, Québec ; Moscou, Russie ; Londres, Royaume-Uni ; Leicester, Royaume-Uni ; Gand, Belgique ; Krakow, Pologne.












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Décès de Tony Mulhearn, combattant et dirigeant de la classe ouvrière

Liverpool a perdu l’un de ses plus grands dirigeants ouvriers de même qu’un grand père chaleureux lorsque Tony Mulhearn est décédé ce 7 octobre, à l’âge de 80 ans.
Par Hugh Caffrey, Socialist Alternative (CIO – Angleterre et Pays de Galles)
A bien des égard, Tony était un combattant de classe dès sa naissance. L’épouvantable pauvreté des bidonvilles de Liverpool, où ceux-ci ont duré plus longtemps qu’ailleurs, est restée gravée en lui. Il en a souvent parlé alors qu’il réfléchissait à la façon dont la lutte pouvait changer les conditions quotidiennes des gens issus de la classe ouvrière.
Tony est devenu un partisan de Militant dans les années ’60 et est toujours resté un partisan de cette organisation, puis ensuite membre du Socialist Party. Les idées du marxisme correctement appliquées, grâce à la détermination de combattants comme Tony et d’autres, ont posé les bases des grandes luttes des années 1970 qui ont finalement surmonté le fléau du sectarisme religieux dans cette ville. Cela a également préparé la confrontation épique du conseil municipal de Liverpool avec le gouvernement Thatcher en 1983-1987, confrontation dont Tony était la figure de proue. En tant que président de ce district du Parti travailliste, il dirigeait l’organe qui rassemblait alors en masse les forces de la classe ouvrière dans la ville, y compris au travers d’organisations de femmes et de jeunes. Jusqu’à 500 délégués assistaient aux réunions. Au sein du conseil, même si d’autres ont également joué un rôle de premier plan, ce sont sans aucun doute les idées et propositions de Tony qui ont eu le plus grand impact.
La lutte de Liverpool était une lutte de masse dont le centre était constitué du mouvement organisé des travailleurs et de tous les autres opprimés par le biais d’organisations syndicales et communautaires, tout particulièrement le parti travailliste de l’époque. Le conseil municipal était devait rendre des comptes au mouvement et se battait et négociait en son nom. Thatcher a été contrainte de battre en retraite, de concéder des dizaines de millions de livres sterling de financement, et le conseil municipal a procédé à la construction de milliers de logements sociaux et d’un large éventail d’infrastructures publiques tout en créant des milliers d’emplois. En fin de compte, le mouvement a été vaincu non pas par Thatcher, mais par son isolement orchestré par les lâches à la droite du Parti travailliste, parmi lesquels le détestable chef du parti Neil Kinnock.
Cela n’a pas été oublié par la classe ouvrière de Liverpool, et plus généralement de la région du Merseyside. Tony était régulièrement apostrophé dans la rue par des habitants qui se souvenaient de son rôle et qui éprouvaient toujours un grand respect à son égard. Mais Tony n’a jamais laissé cela lui monter à la tête. Il m’a d’ailleurs avoué qu’il se sentait parfois mal à l’aise d’être traité comme une célébrité. Féroce dans ses convictions et farouche dans leur défense, Tony pouvait aussi vous surprendre par sa modestie. Il détestait faire étalage de sa personnalité et de son ego.
En 2011, Tony n’était pas certain de se présenter pour le poste nouvellement créé de maire exécutif l’année suivante. Mais quand il a entendu parler le candidat travailliste, l’actuel maire Anderson, il s’est décidé ! Tout au long de cette campagne, il a été évident que les travailleurs se souvenaient du dirigeant de la lutte qui leur avait tant apporté. Si les élections n’avaient eu lieu que dans la partie nord de la ville, Tony serait arrivé deuxième. À ce moment-là, la TUSC(Alliance de syndicalistes et de socialistes) était en train de devenir l’alternative de gauche des travailleurs à Liverpool et Tony personnifiait le lien politique avec les luttes de masse du passé et la situation actuelle.
Tony a toujours été syndicaliste. Ses années de formation dans l’imprimerie et l’expérience de syndicats extrêmement puissants lui ont donné un aperçu de la force du mouvement des travailleurs. A mesure que le monde du travail changeait et que Tony a fini par se retrouver à occuper une fonction publique, il a toujours cherché à débattre des changements dans cette situation et de ce que cela impliquait pour les tâches des syndicats et des marxistes en leur sein. Tony s’est engagé dans de nombreux débats importants à ce sujet. Durant ses années de retraite, Tony fut un membre très actif de la Merseyside Pensioners Association et a continué de partager son expérience. Les communiqués de presse de Tony au nom de la MPA ont enragé les ennemis de la classe ouvrière et exprimé l’enthousiasme ressenti par beaucoup pour le potentiel ouvert par l’élection de Corbyn à la tête du Parti travailliste.
Tony était un bel être humain. Chaleureux et amical, généreux et attentionné, et un père de famille formidable. Il offrait toujours un verre à un camarade plus pauvre démuni ou défendait les camarades plus jeunes s’il pensait qu’ils en avaient besoin. L’amour ressenti pour lui par ses nombreux enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants était évident pour tous ceux qui les ont rencontrés. Le décès tragique de l’épouse de Tony, Maureen, en 2018, et sa maladie ont limité ce que Tony pouvait faire physiquement au cours de cette dernière année. Mais il est resté passionnément engagé et déterminé à faire de son mieux pour en discuter avec tout le monde.
Tony est tragiquement décédé juste avant la parution de son autobiographie. Cet ouvrage mérite d’être lu par le plus grand nombre pour rendre hommage à ses idées, à son combat et à son exemple. S’il était encore parmi nous, il dirait que cela n’a rien à voir avec lui, qu’il s’agit d’un combat collectif. Cette humble détermination à se battre pour un monde meilleur, un monde socialiste, est une source d’inspiration pour nous tous.
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Journée internationale d’action et de solidarité avec un gréviste licencié à Hong Kong

Action de protestation à la Chambre de commerce de Hong Kong à Bruxelles. Nathan Leung Lai Pong, membre de Socialist Action (notre organisation sœur à Hong Kong), a travaillé en tant que collaborateur externe pour HSBC, une des plus grandes banques au monde. Il a récemment été renvoyé en raison de sa participation à la grève générale du 3 septembre et de son appel à la création d’un syndicat démocratique dans le secteur bancaire.
- La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).
Le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière, organisation internationale à laquelle le PSL est affiliée) exige que la banque HSBC revienne sur ce licenciement scandaleux qui s’inscrit clairement dans le cadre d’une campagne de persécution des travailleurs à Hong Kong. Les autorités de Hong Kong et les grandes entreprises cherchent à s’en prendre au mouvement de masse pour la démocratie actuellement en cours.
Les grandes entreprises profitent de la répression du mouvement de protestation par le gouvernement local et le régime chinois pour saper les droits des travailleurs sur leur lieu de travail. Elles craignent que cette lutte de masse n’inspire les travailleurs à se radicaliser et à s’organiser plus efficacement pour se défendre contre leurs patrons.
Le cas de Nathan est symptomatique de la politique des grandes entreprises à Hong Kong. Nous devons riposter par la solidarité des travailleurs, des activistes, des syndicalistes et des défenseurs des droits humains. « Maintenant que la dictature chinoise contrôle directement Hong Kong, non seulement la liberté d’expression et les droits syndicaux du personnel de HSBC, mais aussi ceux de tous les travailleurs de Hong Kong seront encore plus menacés », a déclaré Nathan. « Nous devons nous organiser ensemble et nous opposer à la répression combinée de l’Etat chinois et des grandes entreprises. »
En collaboration avec la campagne “Stop Repression in Hong Kong”, le CIO organisait hier des actions aux sièges de HSBC et d’autres endroits. Il y a ainsi eu des actions de solidarité à New York, Vancouver, Montréal, Londres, Manchester, Berlin, Bruxelles, Gand, Vienne, Athènes, Thessalonique, Sana’a, Cracovie, Dublin, Stockholm, Taipei,… Nous exprimons notre solidarité pleine et entière avec Nathan et toutes les victimes de la persécution politique à Hong Kong. Nous nous opposons bien entendu à l’attitude antisyndicale de HSBC et du régime chinois. Nous soutenons la lutte des travailleurs et des jeunes en défense de leurs droits démocratiques et de leur droit à un meilleur à Hong Kong et en Chine.
Celui qui s’attaque à l’un de nous, s’attaque à nous tous ! Vive la solidarité internationale !
- En savoir plus : Hong Kong. Un syndicaliste du géant bancaire HSBC licencié après une grève
Ci-dessous : photos de solidarité prises à Liège (au dessus) et à Gand (en dessous) à l’occasion de réunions des Etudiants de Gauche Actifs (EGA)


Nous vous invitons à vous rendre sur