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Tag: Chine
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5 ans de guerre pour le pétrole et le prestige
Après cinq années de guerre en Irak, plus aucun doute ne subsiste sur le véritable motif de la guerre : le pétrole. Comme tout semble déjà avoir été dit, est-il encore nécessaire de débattre de cette guerre ?
Oui car, malgré les images atroces vues à la télévision, malgré les documentaires accusateurs, malgré le courant continu de rapports qui décrivent la barbarie qui règne là-bas, tout n’a pas encore été dit. Car cette guerre n’est pas simplement une guerre pour le pétrole.
Des Etats ne mènent pas des guerres pareilles uniquement pour des matières premières bon marché. Acheter le pétrole de Saddam aurait coûté moins cher que les centaines de milliards qui ont été injectés dans la guerre. Pourquoi alors cette guerre-ci a-t-elle pris une telle ampleur et est-elle si différente de la première guerre du Golfe ? Le problème se trouve dans les forces centrifuges qui secouent le capitalisme aujourd’hui.
Guerre froide…
En 1945, l’Union Soviétique avait émergé nettement plus forte que prévu de la Deuxième Guerre Mondiale. Elle avait une armée gigantesque et a pu relativement rapidement participer à la course aux armes nucléaires. Si l’Occident avait réagi de façon dispersée, il aurait été affaibli face à l’Union Soviétique. La guerre froide a permis de souder les Etats capitalistes autour des USA.
La crise économique qui a commencé à se développer dès la fin des années ’60 a partiellement desserré ces liens. La chute du Mur en 1989 a alors offert l’opportunité aux USA de se profiler à nouveau comme l’unique superpuissance au monde. Mener une guerre rapide et réussie dans une région stratégique comme le Moyen-Orient était alors apparu comme la meilleure manière de le faire savoir au monde. Pénétrer à Bagdad au cours de la première Guerre du Golfe (1991) était inutile, les dirigeants américains ne voulaient pas de colonie mais seulement faire savoir qui était le plus fort.
L’implosion de l’Union soviétique a fait disparaître l’ennemi extérieur. Les forces centrifuges ont alors repris force dans le camp occidental. Désormais, les USA, l’Union Européenne, le Japon, la Chine et la Russie luttent durement pour les matières premières et les marchés.
La situation a été rendue plus tendue encore avec la montée des inquiétudes économiques. Les USA ont bien l’économie la plus forte mais elle repose sur une énorme montagne de dettes. Leur croissance économique est de plus en plus dépendante de leurs relations avec la Chine. La perspective de difficultés économiques et politiques à venir a été en 2003 la principale raison de la deuxième Guerre du Golfe et de la décision des USA de renverser Saddam et d’occuper l’Irak. Cette fois, l’idée que l’Irak leur fournirait à bon marché le pétrole dont ils avaient tellement besoin l’a emporté.
Mais le prix à payer est énorme. La guerre, qui dure depuis 5 ans, a déjà coûté aux USA près de 3.000 milliards de dollars (selon l’étude du Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz). 700.000 Irakiens sont morts (pour 4.000 du côté américain), 2 millions de personnes ont fui le pays et en Irak même, il y a aussi 2 millions de réfugiés ayant fui leur région d’origine. La division religieuse et ethnique a balayé les discours sur la « démocratie » et la « stabilité ».
Face à cela, il n’y a rien à attendre d’une victoire électorale des Démocrates, un parti qui ne s’est jamais distancié de l’impérialisme et dont les candidats veulent maintenir à l’avenir au moins 100.000 hommes en Irak. Le seul moyen pour en finir avec cette barbarie, c’est de construire, en Irak comme aux USA, une force qui remette vraiment en cause l’impérialisme et sa politique de guerre et de pillage.
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Misère, révolte, répression et grande politique
Tibet
Depuis le 10 mars, de violentes émeutes ont éclaté au Tibet. Le mécontentement s’est ensuite propagé dans les provinces voisines. Le régime dictatorial «communiste» a alors employé les grands moyens: verrouillage de quartiers entiers de la capitale Lhassa, déploiement de plusieurs milliers de policiers, violences généralisées,… Il y aurait eu une centaine de morts.
« Il y aurait », car seuls les médias chinois sont autorisés et leur point de vue n’est pas des plus objectifs… Le Dalaï Lama a initialement appelé à la retenue mais, devant les réactions internationales, il a critiqué plus durement Pékin, même si ses revendications se centrent sur la préservation de l’identité culturelle tibétaine. Rien sur les conditions misérables dans lesquelles vit « son peuple » dans ce qui est la région la plus pauvre de Chine. Est-ce si étonnant ? Quel serait son intérêt à voir une révolte des travailleurs, quelle serait son influence après cela ?
Pourquoi une telle médiatisation des troubles au Tibet alors qu’en Chine les manifestations des travailleurs et paysans passent largement inaperçues ? Tout simplement parce les multinationales ont besoin de l’exploitation des travailleurs chinois pour maintenir leurs profits et que, pour que cette exploitation continue, des violences policières (et autres) sont nécessaires.
Dans le même ordre d’idée, ce n’est pas par philanthropie que le monde s’intéresse au Tibet : les grandes puissances se battent pour le contrôle des richesses de la région et tout ce qui peut déstabiliser la Chine est utile. Bien évidemment, ces manœuvres en sous-main ne sont pas accompagnées de vraies critiques du système chinois.
En résumé, tout le monde ira aux JO !
Pour en savoir plus
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Le Tibet en éruption !
La répression brutale rencontre une faible réaction des gouvernements étrangers.
Des milliers de membres de la police paramilitaire et de soldats ont été déployés à Lhassa, la capitale tibétaine, après les protestations les plus sérieuses contre la domination chinoise depuis presque 20 années. Plus de 80 personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées selon les groupes tibétains en exil, alors que pour les sources officielles de la Chine et de la Région autonome du Tibet, il y a eu tout au plus 16 tués, dont trois jeunes tibétains qui sont « morts en sautant d’un toit ».
Vincent Kolo, Hong Kong, article publié le mardi 18 mars sur chinaworker.info
Les protestations ont commencé il y a plus d’une semaine et ont culminés dans une émeute importante dans la capitale tibétaine ce vendredi 14 mars où plus de 300 maisons et magasins ont été brûlés selon les sources officielles. Le dimanche 16 et le lundi 17, les protestations se sont répandues aux régions tibétaines des provinces voisines de Sichuan, Qinghai et Gansu, et un sitting d’une centaine d’étudiants tibétains a même eu lieu dans un parc du district de Haidian, dans la capitale chinoise, Pékin.
A moins de cinq mois des Jeux Olympiques, la dictature chinoise semble avoir opté pour une répression massive et rapide des protestations tibétaines en comptant sur de faibles protestations de la part des puissances étrangères capitalistes qui dépendent de plus en plus de la Chine économiquement. Comme cela était prévisible, les USA, l’Union Européenne et d’autres gouvernements ont émis les « inquiétudes » habituelles ; mais ont également fait clairement entendre que les protestations tibétaines et la répression n’affecteront en rien leurs relations avec Pékin.
Dans la région, les gouvernements indien et népalais, où l’ancienne guérilla maoïste a quatre ministres au gouvernement, ont usé de la force contre les manifestations de solidarité avec les protestataires tibétains. À Lhassa, les derniers rapports indiquent que les recherchent se font maison par maison pour trouver les « émeutiers » dans les quartiers tibétains de la ville, les médias officiels qualifiant l’opération de « guerre » contre les forces séparatistes (c’est-à-dire pour l’indépendance). Un état de loi martiale larvé existe à Lhassa et dans d’autres secteurs tibétains et des rapports non confirmés relatent la mort ce dimanche 16 mars de huit protestataires tibétains dans la région d’Aba, dans la province de Sichuan.
Plutôt que de restaurer la «stabilité», la nouvelle démonstration de terreur d’Etat (peut-être calculée pour « pacifier » le Tibet avant que les jeux olympiques ne commencent en août) ne fera qu’empirer une situation déjà explosive. La jeunesse tibétaine – issue pour la plupart des campagnes où vivent toujours les trois quarts de la population tibétaine – mène une existence de plus en plus désespérée à Lhassa et dans d’autres villes où elle espère trouver du travail, mais ne rencontre que la discrimination, le harcèlement brutal de la police et la concurrence exacerbée des colons chinois Han pour chaque travail.
En dépit d’un développement spectaculaire du secteur de la construction et d’une économie qui a connu l’an dernier une croissance de 13.8%, la Région autonome du Tibet connaît un des fossés les plus grands entre riches et pauvres, les Tibétains de souche étant dans le deuxième groupe. Les revenus du Tibet, principalement rural, sont seulement équivalents à un tiers de la moyenne pour la Chine dans son ensemble. Tandis que de riches Chinois Han conduisent des voitures étrangères de luxe dans les villes comme Lhassa, nombreux sont ceux qui, dans la jeunesse tibétaine, sont forcés de se tourner vers le crime ou la prostitution. L’afflux de commerçants Han et de petites entreprises, caractéristiques de ces dernières années, a accéléré l’ouverture de la nouvelle ligne de chemin de fer, mais cela n’a en fait que marginalisé plus encore les pauvres tibétains. Alors que l’ethnie tibétaine compose encore officiellement 78% de la population de Lhassa, si on prend en compte les travailleurs issus d’autres provinces ainsi que les soldats de l’Armée Populaire de Libération, il y a alors une majorité de 60% de Han dans la capitale tibétaine.
Protestations dirigées par la “clique du Dalai Lama”?
Il est extrêmement difficile de dire exactement ce qui se passe en raison du contrôle du régime sur les médias et l’information. Les journalistes étrangers ainsi que les équipes TV de Hong Kong et de Macao ont été expulsés du secteur et leurs films ont été confisqués. L’association des journalistes de Hong Kong (Hong Kong Association of Journalists) a émis une protestation au sujet du traitement de ses membres, dont beaucoup ont été retenus pendant des heures par les autorités chinoises avant d’être enfin libérés.
La censure s’étend aussi à Internet ; non seulement des sites étrangers comme « YouTube » sont maintenant bloqués pour la durée des troubles tibétains, mais même le journal britannique « Guardian » ou d’autres sites d’information subissent momentanément le même sort que celui dont chinaworker.info fait régulièrement l’expérience. Sur les blogs et les forums chinois, n’importe quelle mention du Tibet est rapidement effacée par les censeurs. Dans le monde d’Internet, Tibet a déjà cessé d’exister !
Le régime de Pékin est impliqué dans une guerre de propagande pour vendre sa version des événements à l’opinion publique chinoise ainsi qu’au reste du monde. Mais l’expulsion de tous les témoins indépendants – même les touristes – démontre clairement que la version des événements présentée par le régime ne peut pas être crédible. Les médias d’Etat ont été remplis de contes sinistres relatant des attaques vicieuses contre des civils Han. Le régime veut désespérément isolé les protestataires tibétains d’autres groupes opprimés – travailleurs qui combattent les fermetures d’usines, ceux qui protestent contre la pollution, les paysans qui résistent aux saisies de terre – dont les luttes entraînent une semblable réponse violente de la part de l’Etat chinois.
Si la version officielle des événements était véridique, les autorités s’assureraient que les journalistes étrangers et les témoins oculaires la corroborent. Mais ils ont visiblement quelque chose à cacher. Selon le dicton, « la vérité est la première perte de la guerre ».
Pékin accuse la « clique du Dalaï » d’avoir incité les protestations, une référence au chef spirituel bouddhiste tibétain et à son gouvernement en exil en Inde. Ce n’est clairement pas le cas. Plutôt que de revendiquer l’indépendance, le Dalai Lama a adopté une attitude conciliante envers Pékin en espérant une forme d’autonomie plus grande au sein de la Chine dans le style de celle dont jouit Hong Kong. Mais cette stratégie, qu’il appelle la « voie du milieu » est de plus en plus rejetée par les couches les plus radicales de la population tibétaine, en particulier la jeunesse.
A l’instar de l’occupation israélienne et de la répression en Palestine qui ont miné l’autorité des plus « modérés » (c.-à-d. des pro-capitalistes et des organismes pro-occidentaux palestiniens comme le Fatah), l’explosion actuelle de la colère tibétaine est un signe de l’affaiblissement de l’autorité politique du Dalaï Lama et de son gouvernement en exil. Ces « guides » en exil ont basé leur stratégie sur l’obtention de l’appui des gouvernements étrangers, de l’ONU et d’autres agences capitalistes et impérialistes afin d’exercer une pression sur Pékin. Cela a été un insondable échec dans un monde où gouvernements et chefs d’entreprise se concurrencent de plus en plus les un les autres pour se soumettre à la dictature chinoise en échange de gains économiques.
Les faiblesses du mouvement tibétain ont maintenant ouvertement éclaté. Un porte-parole du Congrès Tibétain de la Jeunesse a déclaré que le Dalaï Lama, en refusant de réclamer un boycott des Jeux Olympiques et en renonçant à la violence, était « dépassé » par l’humeur des Tibétains. Un instituteur tibétain de Dharamsala, en Inde (où se trouve le siège du gouvernement en exil), a déclaré à l’agence de presse AFP : « en ce moment, le Dalaï Lama est en dehors du processus. C’est un mouvement du peuple Tibétain ».
Quelques couches de la jeunesse tibétaine regardent et approuvent la lutte de guérilla au Népal alors qu’au lieu de la lutte armée rurale menée par les maoïstes népalais, c’est en fait un mouvement de protestation urbain de masse ainsi qu’une grève en avril 2006 qui a mis fin au règne de la monarchie absolue.
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Ci dessus: En Inde, répression de protestations tibétaines
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Voilà le contexte qui se trouve derrière la dernière explosion des protestations. Le sentiment d’être trahi par le monde extérieur et abandonné par les dirigeants en exil est né des humiliations quotidiennes et continuelles sous la domination Han. Des sections plus radicales du mouvement tibétain, qui espèrent obtenir une attention avant les Jeux Olympiques ont placé leurs vues sur le 10 mars, ont voulu utiliser l’anniversaire du soulèvement de 1959 vaincu par la dictature chinoise. Les Tibétains exilés au nord de l’Inde ont alors organisé deux marches dans le but de franchir la frontière et de continuer vers Lhassa. Ces manifestations ont été détournées par les forces de sécurité indienne, mais cela a néanmoins obtenu un écho à l’intérieur du Tibet parmi la jeunesse, y compris chez les jeunes lamas (moines), qui ont occupé les rues. Tout a commencé par une série de marches de protestation non-violentes.
Propagande de guerre
Les protestations ont pris une envergure hors de tout contrôle le vendredi, avec une grande quantité d’émeutes, de pillages, d’incendies de magasins et de rapport d’attaques aveugles contre des civils Han, contre les pompiers et même contre des Tibétains. Les médias commandés par le régime ont naturellement donné une énorme prééminence aux entrevues avec les victimes de ces attaques hospitalisées. Dans un mouvement sans organisation ou direction, il est tout à fait possible qu’une couche de jeunes tibétains marginalisés aient participé à des attaques racistes contre des civils Han. Les socialistes et les travailleurs politiquement conscients ne pardonnent pas de telles actions. Mais nous devons également préciser que c’est un fait connu que les forces d’Etat envoient des agents provocateurs dans les manifestation et utilisent aussi des gangsters « loués » pour semer la confusion et le chaos afin de discréditer le mouvement de protestation et donner de ce fait un prétexte pour une répression impitoyable. C’est exactement le même modèle que l’an dernier en Birmanie, quand les conseillers militaires chinois ont donné des leçons particulières à la junte birmane sur la façon de scinder et écraser le mouvement de masse. La colère a monté et il n’y a aucun organisme démocratique pour canaliser la lutte dans des moyens plus disciplinés et plus efficaces de protestation comme la grève. De plus, il est assez commun en Chine que des mouvements de protestation attaquent et parfois brûlent des véhicules de police et des bâtiments gouvernementaux.
Le régime chinois veut condamner la violence des manifestants et dépeindre les protestations tibétaines comme des pogroms raciste anti-Chinois afin de renforcer l’indignation nationaliste à travers la Chine pour noyer toute critique de la politique répressive au Tibet. Ainsi, l’éditorial d’un quotidien tibétain contrôlé par le régime a qualifié la situation de « combat de vie ou de mort », en faisant même appel aux associations militaires de « guerre » contre le séparatisme (c.-à-d. contre les revendications indépendantistes). L’attaque médiatique de Pékin vise également à neutraliser la critique internationale : Qiangba Puncog, le Président du gouvernement régional du Tibet a demandé à cet effet: « Y a-t-il un pays démocratique régit par la loi capable d’accepter une telle violence ? »
Mais les méthodes brutales employées par les forces de sécurité dans les régions tibétaines sont aujourd’hui exactement les mêmes que celles employées contre les travailleurs et fermiers chinois Han chaque fois qu’ils luttent pour leurs droits. Pour cette raison, les travailleurs et les socialistes de partout devraient exiger la fin de la répression au Tibet, la levée immédiate de la loi martiale et le retrait de la police paramilitaire et des unités armées.
La tragédie de la situation au Tibet, comme ailleurs en Chine, est l’absence complète d’organismes indépendants de la classe ouvrière – syndicats et partis politiques – qui pourraient organiser des groupes de défense de quartier multiethniques pour protéger les vies et les bâtiments tout en lançant une lutte commune des travailleurs Chinois Han et des pauvres tibétains contre les maux qui se posent aux deux communautés : les prix des denrées alimentaires qui sont pris dans une spirale ascendante, la pénurie de logements accessibles, le manque de travail pour les jeunes, ou encore l’effondrement des services publics.
Parmi la jeunesse tibétaine, il y a un sentiment d’urgence – quelque chose doit être fait – même si ils ne sont pas exactement certains de ce qui devrait être fait. Les socialistes défendent le droit des tibétains de décider de leur propre avenir, y compris le droit à l’indépendance, avec des droits et des garanties nationales intégraux pour la minorité chinoise Han et pour les autres groupes ethniques présents au Tibet.
Pour réussir, le mouvement au Tibet doit entièrement tirer les leçons de sa propre histoire, mais également d’autres libérations nationales et luttes anti-despotiques, particulièrement dans l’ère du capitalisme et de l’impérialisme généralisés. Un regard autour de la région prouve que l’indépendance nationale sur une base capitaliste ne peut nullement résoudre les problèmes des masses appauvries.
Prenez les exemples du Bhutan dit « indépendant » et du Népal. Ces Etats sont dominés par des puissances étrangères, ruinés par la pauvreté, et dirigés par des élites antidémocratiques et racistes. Pourtant, même ce type d’”indépendance” ne sera pas à portée de main pour le Tibet aussi longtemps que l’actuelle dictature pro-capitaliste règne en Chine.
Même l’option du Dalai Lama d’une autonomie plus véritable semblable à celle obtenue par Hong Kong est impossible sur base de la puissance d’Etat existante en Chine. Le régime de Pékin tolère un degré large d’autonomie pour Hong Kong pour des raisons économiques et historiques particulières, mais craint à juste titre que des concessions semblables pour le Tibet n’ouvrent une boîte de Pandore de demandes d’autonomie d’autres provinces, ce qui menacerait la Chine d’un démantèlement territorial. En raison de leur propre prestige et puissance, le gouvernement autoritaire de Pékin ne peut récompenser l’insubordination tibétaine.
Pour s’opposer à un Etat si puissant, soutenu d’ailleurs dans sa politique appliquée au Tibet par les capitalistes du monde entier, les masses tibétaines doivent donc lier leur lutte pour les droits démocratiques de base et pour la fin de l’occupation militaire chinoise à la lutte de la classe ouvrière chinoise surexploitée.
La jeunesse tibétaine doit particulièrement soutenir et établir des liens avec la lutte de la jeunesse et des travailleurs chinois qui combattent le même oppresseur et recherchent fondamentalement les mêmes libertés : la fin du règne du parti unique et de la terreur policière, la liberté d’assemblée, la liberté d’expression et de culte religieux, le droit de s’organiser et l’abolition de l’exploitation de classe par la nationalisation de l’industrie sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs.
Le socialisme démocratique véritable n’a rien en commun avec les dictatures bureaucratiques de parti unique de Mao ou de Staline, et encore moins avec le « communisme » néo-libéral qui règne en Chine et dans la Région autonome du Tibet. En s’alliant également aux masses opprimées de la région de l’Inde et de l’Himalaya, la lutte du peuple tibétain – comme la lutte socialiste et anti-impérialiste – pourrait inspirer un mouvement continental pour mettre fin au système putréfié et corrompu du capitalisme et établir le socialisme international.
Pour en savoir plus

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Vers une Union Européenne verte ?
L’actuel président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, avait déclaré en 2007 au Financial Times Deutschland : «Les Etats-Unis se reposent beaucoup sur les mécanismes du marché dans la lutte contre le changement climatique et ils ont raison. Cependant, les mécanismes du marché ne fonctionnent que lorsque des objectifs contraignants ont été fixés». Voilà la « logique » qui a conduit au plan d’action de la Commission européenne contre le réchauffement climatique. Youpie ?
Nicolas Croes
Ce plan, décidé en mars 2007 comprend quatre objectifs principaux à atteindre d’ici 2020: réduire de 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990, augmenter à 20% la part d’énergies renouvelables dans la production d’énergie, alimenter les transports avec 10% de « biocarburants durables » et enfin réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 20%.
Il faut tout d’abord rappeler que les scientifiques estiment qu’une réduction de 80% des émissions mondiales de GES des pays industrialisés serait nécessaire UNIQUEMENT pour contenir le réchauffement à 2%. Et on ne parle pas encore des émissions de pays comme la Chine ou l’Inde… Ni de l’échec flagrant de la campagne destinée à atteindre les précédents objectifs de réduction. Ensuite, les « biocarburants » ont un impact extrêmement néfaste en termes de déforestation, d’augmentation des prix de l’alimentation, d’exploitation effrénée des sols,… sans parler de leur faible impact sur les émissions de GES. Enfin, au chapitre des mesures contraignantes, il sera possible en cas de non respect des objectifs de consommation d’énergie renouvelable d’acheter des « certificats de garantie d’origine » à d’autres pays. Sinon quoi ? Mystère…
Le coût de ces mesures est estimé par Barroso à 60 milliards d’euros par an en 2020. C’est très peu au regard de ce qui risque de devoir être payé si rien n’est fait. C’est largement insuffisant aussi, mais cela n’empêche pas l’indignation de ceux que l’on appelle pudiquement des « capitaines d’industries ». De fait, il semblerait que le lobbying de la grande industrie sur le président de la Commission européenne n’ait jamais été aussi puissant.
«Les nouveaux objectifs de réduction élevés (…) affaibliront la compétitivité de l’Europe dans le monde sans avoir de véritables effets sur la protection de l’environnement» a indiqué le Conseil européen de l’industrie chimique (CEFIC), rejoint par l’Union des industries de la communauté européenne (BusinessEurope).
Patrons et actionnaires n’ont pourtant pas trop à s’inquiéter. Le plan de l’UE a surtout comme objectif de tenter de limiter la dépendance de l’Europe des 27 à l’égard de fournisseurs étrangers face aux prix élevés du pétrole et du gaz tout en jetant de la poudre aux yeux de la population. Mais leurs critiques sont fondées. Tant que l’on restera bloqué dans la logique d’un système où la première entreprise à être un peu moins compétitive se fait flinguer par les autres, ces arguments continueront à avoir une base. Surtout à l’aurore d’une grave crise économique…
Et si on parle surtout du réchauffement climatique, n’oublions pas que ce n’est qu’un des symptômes du cancer qui ronge la planète. Pollution des océans (dont seulement 4% sont encore intacts à travers le monde), empoisonnement graduel de la chaîne alimentaire,… Le système de production actuel cause de violents problèmes partout où il passe. Ne limitons pas notre durée de vie à tenter de changer le système, changeons DE système.
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Le capitalisme se dirige-t-il vers une crise économique profonde?
Récession aux USA – Bientôt ici aussi ?
L’économie mondiale est sans doute à un tournant. Une récession économique ou une crise aux USA aurait des conséquences bien plus profondes que la baisse des Bourses à laquelle nous avons assisté ces derniers mois. Elle se traduirait très certainement en Europe par de nouvelles vagues de licenciements massifs, de délocalisations et d’attaques contre les salaires et contre la sécurité sociale.
Peter Delsing
Au cours des années ‘90, le capitalisme a connu une forte croissance économique grâce, entre autres, aux nouvelles technologies (en particulier en informatique) ainsi qu’aux privatisations et aux délocalisations. L’ouverture de l’Europe de l’Est, de la Russie et de la Chine au capitalisme a aussi permis de réaliser des profits massifs parce que les sociétés multinationales ont trouvé sur place une gigantesque réserve de main-d’œuvre qualifiée et à bon marché. Tout cela a provoqué en retour une forte pression à la baisse sur les salaires dans les pays capitalistes les plus développés, encore une fois au bénéfice des patrons.
Mais les années ‘90 ont aussi déjà connu différentes « bulles spéculatives » (des hausses de prix excessives sur différents marchés) à cause de l’afflux d’argent provenant des énormes profits réalisés par les entreprises. Ainsi, en 1997, la crise asiatique a entraîné une chute des monnaies et de valeurs boursières surestimées ainsi que l’éclatement d’une première bulle immobilière.
Spéculation: le capitalisme de casino
La part des sociétés financières dans le chiffre des profits globaux de toutes les entreprises après impôt a considérablement augmenté aux USA : elle est passée de 5% en 1982 à 41% en 2007 ! Ce poids des profits spéculatifs illustre le caractère malsain et pourri du capitalisme actuel. Les grands actionnaires se servent de la richesse qu’ils se sont appropriées sur le dos des travailleurs pour investir non pas dans la production réelle, mais bien dans toutes sortes de constructions financières en espérant réaliser ainsi de plus grands profits basés sur la spéculation.
Après la crise de 2001, ce développement malsain et parasitaire du capitalisme n’a pu être maintenu que par la consommation des salariés. Mais comme leurs salaires réels avaient chuté, ceux-ci ont été incités à dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas encore gagné – en l’empruntant. En 2005, aux USA, les dettes pour le remboursement d’une maison s’élevaient en moyenne à 98% du revenu disponible alors que ce chiffre n’était encore “que” de 60% dans les années ’90.
Afin de contrôler cette montagne de dettes, la Banque Centrale des Etats-Unis, la Federal Reserve (Fed), a commencé très progressivement à augmenter le prix de l’emprunt. Mais cette hausse – même limitée – des taux d’intérêts a eu immédiatement un effet ravageur sur les subprimes (les crédits à haut risque) et les prêts « NINJA » (pour « No Income, No Job, No Assets » : sans revenu, sans travail et sans patrimoine). Grâce à de tels emprunts, des gens qui n’étaient pas du tout solvables avaient tout de même pu acheter une maison puisqu’ils étaient sensés s’enrichir grâce à la hausse de la valeur de celle-ci et pouvoir décrocher ensuite de nouveaux prêts plus avantageux. Mais la saturation du marché et la hausse des taux d’intérêt par la Fed a fait s’écrouler cette illusion.
L’économie américaine au-dessus de ses moyens
Tant que les prix de l’immobilier augmentaient, beaucoup d’Américains ont eu l’impression de s’enrichir et ont ainsi contracté massivement d’autres types d’emprunts (voitures, MasterCard, etc.). C’est cette bulle de crédit qui a poussé la croissance américaine dès 2001 et qui a aussi gonflé artificiellement le dollar. Comme le gouvernement américain recevait aussi beaucoup d’argent, il pouvait se permettre de maintenir pour une certaine période des prix bas pour les bons d’Etats, c’est-à-dire les emprunts qu’il accorde lui-même. Pour soutenir une économie américaine basée sur la consommation, des pays asiatiques comme la Chine, dont l’économie repose sur l’exportation, ont acheté des bons d’Etats US afin de consolider leur propre position et de maintenir des prix élevés pour les produits américains.
Cet équilibre artificiel entre les USA et les banques asiatiques devait immanquablement conduire un jour à un retour de flamme économique et à l’éclatement de la bulle du dollar. Les USA vivent depuis longtemps au-dessus de leurs moyens. Le capital américain espérait qu’à travers une baisse progressive du dollar, il pourrait faire endosser la crise au reste du monde. Ainsi, il a joué à la roulette russe avec les banques asiatiques et les investisseurs de l’OPEP en leur disant : « Si nous baissons le dollar, oseriez-vous changer en une autre monnaie vos dollars achetés avec vos surplus commerciaux et provoquer ainsi une crise économique et financière mondiale? »
La récession touche les salariés et les pauvres
L’économie américaine ne peut pas se sauver elle-même en se rattrapant sur ses exportations. Le développement de la consommation intérieure demeure crucial. Aujourd’hui, nous ne nous trouvons encore que dans la première phase de la chute des prix de l’immobilier et pourtant les USA sont déjà menacés d’une récession. Alors que les prix de l’immobilier n’ont chuté « que » de 8%, deux mil-lions d’Américains ont déjà perdu leur maison. Or on estime aujourd’hui que cette baisse pourrait atteindre au final 20 ou 30%. Dans un pays où le système de retraites est privé et côté en bourse, la chute de la valeur des maisons couplée à celle des Bourses constitue une catastrophe pour beaucoup de familles.
A partir du secteur limité des crédits à haut risque, la crise s’est étendue, par l’intermédiaire des banques, au reste du système financier. C’est que les banques avaient « titrisé » ces mauvais emprunts, c’est-à-dire les avaient inclus dans des paquets comprenant aussi des emprunts plus sûrs, des actions et des obligations. L’idée était de répartir le risque et même de l’éliminer mais il s’est en réalité étendu comme un virus en infectant au passage de larges parts du système financier.
Prises de panique, les banques ont limité fortement leurs opérations de prêts entre elles et aux entreprises, provoquant ainsi un ralentissement de l’activité économique. Au quatrième trimestre de 2007, la croissance américaine a chuté de 0,6% sur base annuelle alors qu’une croissance de plus de 3% serait nécessaire pour garantir le maintien de l’emploi. Deux Américains sur trois estiment déjà que leur pays se trouve en crise économique et la confiance des consommateurs a connu la baisse la plus prononcée depuis seize ans.
Les bons de consommation ne suffiront pas
La décision de la Fed de diminuer à nouveau à deux reprises le taux d’intérêt indique qu’une certaine panique s’est installée. En janvier, l’inflation a gonflé de 4,3% sur base annuelle. Si ce phénomène de stagflation – stagnation ou récession économique liée à une inflation – se maintient, le taux d’intérêt devra à nouveau être augmenté pour diminuer la quantité d’argent disponible et une récession profonde s’ensuivra.
Le reste du monde n’est pas immunisé
Il est illusoire de penser que le reste du monde est immunisé contre une récession survenant aux USA. Si, jusqu’ici, les répercussions se remarquent surtout sur les Bourses, les prévisions de croissance ont tout de même été revues à la baisse tant en Asie que dans la zone euro.
D’après une déclaration récente de la Banque Mondiale, le PIB par habitant de la Chine est équivalent à 9,8% de celui des USA. Les classes moyennes limitées de la Chine ou de l’Inde ne pourront pas reprendre le rôle moteur joué jusqu’ici par le consommateur américain.
L’économie mondiale se trouve à un tournant de la période post-stalinienne. Et au moment même où s’effectue ce tournant, dans des pays comme la Belgique et l’Allemagne, les salariés se mettent en mouvement contre la baisse du pouvoir d’achat. L’intensification du taux d’exploitation qui a permis la croissance économique dans les années 90 commence à se retourner contre le système : il n’existe plus de marge pour que les travailleurs puissent faire face à l’augmentation des prix.
La plupart des travailleurs n’ont connu la croissance de l’après 2001 que sous la forme d’une baisse du pouvoir d’achat. Dans ces conditions, une nouvelle crise économique entraînera une ouverture plus large pour les idées socialistes et offrira plus d’occasions pour le développement d’une alternative révolutionnaire.
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Kosova. Une indépendance sous la supervision de l’Europe. Un dangereux mirage ?
La déclaration d’indépendance provoque des divisions au sein de l’Union Européenne ainsi que de la violence aux frontières du Kosovo. Pendant que l’ethnie albanaise kosovare faisait la fête avec des feux d’artifice dans les rues de Pristina, la capitale du Kosovo, les nationalistes serbes irrités arrosaient de pierres l’ambassade américaine à Belgrade. Ces deux événements étaient des réactions suscitées par la déclaration d’indépendance vis-à-vis de la Serbie du parlement kosovare le 17 février dernier.
Article de Dave Carr, publié en anglais le 20 février.
Le Kosova (ou Kosovo, comme les Serbes l’appellent) est le septième Etat indépendant à être formé depuis la dissolution de l’ancienne fédération de Yougoslavie en 1991. Mais, bien que 90% des kosovares appartiennent à l’ethnie albanaise, il existe au Kosova une importante minorité serbe d’un peu plus de 5% de la population, principalement concentrée dans une enclave, au nord, et qui reste fermement opposée à la séparation de la Serbie.
Bien que la Serbie ait déclaré qu’elle ne lancerait pas une guerre pour empêcher la sécession, la violence ayant pour cible les troupes de l’OTAN de la part de certains membres de la minorité serbe peut s’intensifier dans l’enclave tout en menaçant de s’étendre à un conflit plus large dans la région.
Le 19 février, des Serbes masqués ont incendié des postes frontières qui séparent la Serbie du Kosova. Plus tard, les forces de l’OTAN ont fermé les routes menant aux points de contrôle des frontières.
En outre, le même jour, près d’un millier d’hommes – dont certains sont suspectés d’appartenir au ministère serbe de la police intérieure – ont parcouru le nord du Kosova, où la plupart des serbes kosovares vivent, augmentant ainsi la crainte que le nord soit divisé en deux le long de la rivière Ibar.
Depuis la guerre menée par l’OTAN contre la Serbie en 1999 (précédée de trois ans de guerre civile et de conflits ethniques entre le régime nationaliste serbe de Slobodan Milosevic et l’armée de libération du Kosova – UÇK – soutenue par la population albanaise, l’ethnie majoritaire), le Kosova a été administré par les Nations Unies, tandis que les troupes de l’OTAN maintiennent l’ordre.
Les entretiens finaux sur le statut du Kosova ont commencé en 2006, mais ils n’ont pas permis d’aboutir à un accord entre la Serbie et le Kosova, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France indiquant toutefois qu’ils reconnaitraient un Kosova indépendant. En novembre 2007, les élections parlementaires ont permis à Hashim Thaci, ancien commandant de l’UÇK, de devenir premier ministre, suivi, trois mois plus tard, par la déclaration d’indépendance coordonnée par les puissances occidentales.
Mais la déclaration d’indépendance a des répercussions politiques, non seulement en Serbie – dont le gouvernement a appelé à un rassemblement de masse pour protester tout en menaçant d’appliquer des sanctions économiques et diplomatiques – mais également dans le monde entier.
La Russie et la Chine se sont énergiquement opposées à l’indépendance kosovare. La Russie a même essayé, sans succès, de faire voter par le Conseil de sécurité de l’ONU une résolution affirmant que la déclaration d’indépendance du Kosova est « nulle et vide ».
La Russie a des liens historiques avec la Serbie et veut éviter de voir une nouvelle érosion de son influence déjà amoindrie dans les Balkans, surtout pour un Etat pro-américain. Elle craint également que la déclaration d’indépendance du Kosova puisse représenter un précédent pour les mouvements sécessionnistes de certains territoires de la Fédération russe.
La Russie a tout particulièrement peur que le Kosova stimule les séparatistes de Tchétchénie, contre lesquels la Russie a mené deux guerres sanglantes.
Le Président russe Vladimir Poutine a notamment menacé, en représailles, de reconnaitre les régions dissidentes de la pro-occidentale Géorgie : l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, soutenues par la Russie. Il est également possible que les Serbes de l’ancienne République yougoslave de Bosnie-Herzégovine puissent réclamer un référendum sur l’option séparatiste.
L’Union européenne, qui envoie 2.000 policiers et fonctionnaires administratifs pour surveiller la transition du Kosova vers l’indépendance, est divisée au sujet de la reconnaissance : la Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne s’y sont opposés, déclarant que cela stimulerait les mouvements séparatistes.
Cependant, avec le chômage et la pauvreté de masse qui sévit au Kosova, les puissances impérialistes occidentales craignent que, sans accorder une certaine indépendance, une révolte ou une guerre civile ne se développe contre le contrôle du pays par l’étranger. Elles préfèrent donc donner plus de pouvoir à leurs vassaux de l’élite politique du Kosova tout en gardant dans leurs mains le contrôle final. Le « nouveau Kosova » n’est pas un véritable Etat souverain indépendant, mais un « semi-protectorat » des puissances occidentales.
L’Union Européenne va diriger le territoire tel l’Occident l’a déjà fait, tout comme pour la Bosnie, au cours de ces 10 dernières années, y compris en donnant un pouvoir gigantesque à « Bureau Civil International » qui aura le pouvoir d’abroger des lois et de démettre des fonctionnaires kosovares (Guardian, Londres, 20 février 2008). Le Kosova est d’une importance géostratégique essentielle pour l’impérialisme, en particulier dans le cadre de l’opposition face à la Russie. Les Etats-Unis ont déjà une importante base militaire dans le territoire.
L’Alternative socialiste
Sur base capitaliste, le sous-développement du Kosova, l’exploitation et la domination par des sociétés multinationales et des élites albanaises corrompues, l’extrême pauvreté et le chômage ne peuvent être surmontés. Un Kosova capitaliste indépendant ne pourrait développer ni une industrie nationale forte, ni une réelle démocratie, ni une vraie indépendance.
Pour que le Kosova puisse devenir démocratique et économiquement viable, une transformation socialiste de la société est nécessaire, basée sur la propriété publique des secteurs primordiaux de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Une planification économique démocratique serait également nécessaire afin de satisfaire les besoins de la société.
Un Kosova socialiste indépendant garantirait tous les droits, notamment linguistiques et culturels, des minorités. Cela peut également impliquer l’autonomie pour la minorité serbe, si celle-ci le réclame.
C’est seulement sur cette base que les craintes des minorités d’être opprimées dans un Kosova indépendant à dominance albanaise peuvent être surmontées et qu’une vraie unité puisse être réalisée.
Ce serait un signal clair aux classes ouvrières des autres pays des Balkans qu’un Kosova socialiste indépendant veut surmonter le nationalisme dans cette région et cherche la coopération des peuples des Balkans.
Un appel devrait être lancé aux masses des travailleurs et des paysans des populations de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie pour emprunter un chemin socialiste et pour mettre sur pied une fédération volontaire, démocratique et socialiste des pays des Balkans.
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Environnement. A la recherche d’un bricolage rapide
La conférence de l’ONU à Bali sur le changement climatique, destinée à donner une suite au très discrédité Traité de Kyoto, s’est tenue peu après la parution du dernier rapport du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC). Ce rapport a, pour la première fois, démontré que certains des effets du réchauffement climatique étaient déjà irréversibles.
Ce sombre avertissement est particulièrement inquiétant parce que le GIEC est sous le feu des critiques de certains scientifiques qui lui reprochent d’avoir aboutis à des conclusions trop optimistes, à cause de données dépassées. Par exemple, selon le GIEC, la fonte des glaces du Groenland prendrait 1.000 ans, tandis que beaucoup de scientifiques spécialistes des questions climatiques sont persuadés que cela se produira beaucoup plus tôt. Greg Marland de l’Institut international pour les systèmes d’analyse appliquée (International Institute for Applied Systems Analysis), en Autriche, a soutenu dans le New Scientist que les projections du rapport du GIEC ont utilisé des données publiées en 2000, dont certaines ont été très probablement collectées en 1998. Depuis lors cependant, la production de carbone a augmenté avec plus d’intensité, notamment à cause de la récente croissance rapide des émissions de la Chine, ce qui mine sérieusement la validité des prévisions précédentes.
Le nouveau rôle de la Chine dans la pollution a été également récemment souligné par l’agence internationale de l’énergie, qui a calculé que la Chine est sur le point de rattraper les Etats-Unis en tant que plus grand producteur de gaz à effet de serre. La croissance insoutenable du pays, illustrée par l’ouverture de deux centrales électriques à charbon par semaine, coïncide avec les données selon lesquelles les puits de carbone, telles que les forêts tropicales, qui ont jusqu’ici absorbé la moitié des émissions humaines de gaz à effet de serre, ne peuvent plus soutenir le rythme des émissions.
Ces données sont liées à la peur croissante que de nouveaux points de non-retour soient atteints, des points où la dégradation de l’environnement est irréversible. L’une de ces craintes est celle de l’effondrement du système océanique global, ce qui n’arrêterait pas seulement le Gulf Stream, mais affecterait également la mousson asiatique et mènerait au réchauffement de l’Océan Austral et selon toutes vraisemblances aussi à la déstabilisation des glaces de l’Antarctique. Dans le pacifique, El Nino pourrait alors devenir un phénomène permanant qui accélérerait la disparition de la forêt tropicale d’Amazonie, un des principaux puits de carbone au monde. La rupture des courants océaniques est un autre point sans retour lié à la fonte des glaces polaires. Leur absence ne permettrait plus de refléter les rayons solaires au delà de l’atmosphère, ce qui renforcerait le réchauffement climatique. Ces différents points ainsi que d’autres tendent à s’alimenter les uns les autres, ce qui pourrait rapidement conduire à une détérioration rapide de la situation.
Une recherche désespérée d’une alternative bon marché
Bien que cela ne puisse pas être statistiquement établi, il est néanmoins très possible que l’ouragan Katrina ait été provoqué par l’élévation des températures dans les Caraïbes et le Golfe du Mexique. Cependant, comme Socialism Today l’avait prédit à l’époque, cette catastrophe n’a entraîné aucune conséquence en termes d’actions efficaces de la part du gouvernement US face au changement climatique parce que les grandes entreprises ne sont pas prêtes à voir leurs bénéfices pâtir, même très modestement, d’un mouvement favorable aux sources d’énergies renouvelables. Au lieu de cela, on assiste aux USA, comme dans la plupart des autres pays capitalistes industrialisés, à une orientation plus marquée vers des politiques visant à développer l’énergie nucléaire parce que, par coïncidence, le nucléaire ne produit pas beaucoup de gaz à effet de serre et parce qu’une telle adaptation implique relativement peu d’investissements.
Les dangers de l’énergie nucléaire ont été décrits à de nombreuses reprises dans le Socialism Today. Elle ne représente pas une solution sûre et soutenable face aux problèmes du changement climatique. Mais c’est une considération secondaire pour un système basé sur le profit, un système où le résultat à court terme est toujours prioritaire, d’où la décision de ré-adopter l’énergie nucléaire. Mais il s’avère maintenant que le gouvernement américain a lancé des recherches pour trouver une alternative « magique » pour « réparer » le réchauffement climatique, peut-être parce que les coûts de construction de nouvelles centrales nucléaires sont inacceptables, en particulier avec l’arrivée d’une récession économique. D’autre part, cela pourrait également être lié à la panique éprouvée face à l’accélération rapide du changement climatique, après 20 années d’inaction. Si une « solution » rapide et à bon marché était proposée, en particulier durant une crise économique, la tentation de l’essayer indépendamment de n’importe quels dangers ne pourrait-elle pas se développer ?
En 1883, une explosion volcanique a eu lieu à Krakatoa, sur les côtes de l’actuelle Indonésie, la plus grande jamais relatée dans l’histoire : le bruit de l’explosion a été entendu jusqu’en Australie. Des millions de tonnes de cendre volcanique ont été expulsées dans l’atmosphère et ont donc plus tard été emportées partout autour du globe. Ce qui est important pour la discussion qui nous intéresse ici, c’est que l’on a pu noter ensuite que ces cendres n’ont pas été sans effets sur le climat parce les particules de sulfate comprises dans la cendre ont directement reflété la chaleur du soleil dans l’espace. Plus récemment encore, après l’éruption du Mont Pinatubo aux Philippines en 1991, des quantités énormes de particules de sulfate ont été éjectées dans la stratosphère et l’on a pu observer un refroidissement de la température terrestre de quelques dizaines de degré durant plusieurs années. Cela pourrait sembler infime, mais c’est en fait une diminution significative de température en termes de réchauffement climatique.
Quelques scientifiques proposent aujourd’hui d’imiter les effets d’une explosion volcanique en émettant des particules de sulfate dans l’atmosphère afin de reproduire ses effets de refroidissement. Une nouvelle recherche publiée par le journal scientifique « Geophysical Research Letters » a cependant prouvé qu’il pourrait y avoir de graves conséquences si une pareille méthode était utilisée. Une étude menée par des chercheurs du National Centre for Atmospheric Research, dans le Colorado, sur les répercussions de l’explosion de Pinatubo a constaté une diminution marquée des précipitations. Ils en ont conclu que l’injection de particules de sulfate dans la stratosphère pourrait avoir un effet désastreux sur les cycles de l’eau, conduisant à des sécheresses et à des famines catastrophiques.
Et si, à l’avenir…
Est-il toutefois possible à l’avenir qu’un président des USA essaye d’imiter l’activité volcanique comme porte de sortie pour le dilemme du réchauffement climatique ? Cette pratique serait relativement facile à appliquer et bon marché, et Bush a déjà soulevé la possibilité d’installer d’énormes miroirs dans l’espace pour refléter les rayons solaires, une méthode qui aurait un effet climatique similaire à une explosion volcanique. Cependant, avant de sauter à la conclusion de la possibilité d’un tel scénario, cette probabilité doit d’abord être mise en perspective. Bush a en grande partie proposé son idée pour répondre à la critique selon laquelle il ne prenait pas au sérieux le réchauffement climatique, et n’a jamais véritablement eu l’intention d’agir (le vaste coût qu’une telle opération impliquerait n’est pas la dernière raison de cela). Mais les futurs dirigeants des Etats-Unis auront à penser plus soigneusement que Bush aux effets du réchauffement climatique et à ses répercussions politiques.
Néanmoins, dans un contexte de crise de plus en plus profonde et désespérée du système, soulever cette possibilité n’est pas un grotesque essai de provoquer la frayeur, mais bien un sobre avertissement des dangers auxquels nous devons faire face. Il n’est pas entièrement ridicule d’imaginer un scénario dans lequel une méthode sale, mais bon marché pourrait être mise à l’essai, par exemple après qu’un second Katrina ait frappé les Etats-Unis, mais à une échelle plus grande et pendant une récession économique grave. Un futur président pourrait alors être tenté d’essayer un bricolage rapide, bon marché, mais catastrophique.
Lors d’une récente réunion tenue à Londres dans le cadre de la préparation de la manifestation de décembre sur le climat, le journaliste et militant environnemental George Monbiot a lui-même déclaré que bien que le système capitaliste soit la cause de la crise climatique, puisqu’il ne peut être détruit immédiatement, nous devons décider maintenant d’une autre action. Bien qu’il n’ait assurément pas eu à l’esprit les idées exposées dans cet article, toute manière de détourner l’attention de la lutte pour remplacer le capitalisme en créant des illusions sur n’importe quelle alternative à court terme tout en restant dans le système du marché augmenterait malheureusement seulement les risques d’un futur désastre.
Pour en savoir plus:
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Mettons à nouveau le socialisme à l’ordre du jour !
5-6 avril: “Socialisme 2008”
L’année 2007 a connu la crise politique la plus longue de l’histoire belge. Faute de pouvoir enthousiasmer la majorité de la population sur base de leur projet politique, les partis traditionnels se servent du nationalisme pour l’appliquer. Mais sur le fond, la politique néolibérale, tout le monde est d’accord. Seules les méthodes divergent. L’année 2008, elle, commence sur fond d’augmentation des prix. Face à l’incapacité de l’indexation à suivre le rythme, des actions et des grèves pour des augmentations salariales débutent .
Partout ferment des bureaux de postes, comme pour mieux illustrer le démantèlement général des services publics et la catastrophe de la privatisation : enseignement, transports en commun, etc. rien n’échappe à la soif du secteur privé. Et c’est à la collectivité de payer les frais. Aux riches les cadeaux du gouvernement, aux autres la miniaturisation du pouvoir d’achat.
Comment douter dans un tel contexte de la nécessité de débattre de l’alternative apte à nous sortie de cette situation ? Les sources d’inspirations importantes regorgent tant sur le plan de l’actualité qu’historique.
SOCIALISME 2008 veut discuter et promouvoir les traditions de lutte, de solidarité et de socialisme à travers un large éventail de discussions, d’ateliers, de débats ou d’animations.
En guise d’expériences historiques, nous aborderons particulièrement “Mai ’68” (en présence d’une camarade française qui a participé à ces actions), la révolte de Cronstadt en 1921 en Russie et les circonstances qui ont mené à la répression par les bolcheviks, le combat, dans les années ’80, de la ville de Liverpool et de son conseil communal dirigé par de vrais socialistes (avec comme invité l’ancien président de la section locale du parti travailliste).
L’actualité internationale sera abordée sous les angles de l’Amérique Latine et du Moyen Orient, tandis que se tiendront des discussions plus théoriques, comme sur la Chine (avec le spécialiste Vincent Kolo, du site web chinaworker) ou encore sur l’attitude des socialistes vis-à-vis de la religion (avec la participation d’une socialiste iranienne). Mais le point fort de ce weekend sera le thème de la résistance aux politiques néolibérales. Une série de syndicalistes ont été invités pour venir partager leur expérience tirée des luttes contre les restructurations dans des multinationales ou des mouvements pour augmenter le pouvoir d’achat. D’autres personnes encore témoigneront des répercussions du néolibéralisme sur la vie de famille.
Des débats contradictoires seront aussi organisé, l’un sur la question nationale, l’autre sur l’attitude adoptée par la gauche dans le cadre de la discussion sur une alternative politique avec des invités issus d’un mouvement de gauche à l’intérieur du parti socialiste flamand, du mouvement syndical « du 15 décembre » et du PTB (mais nous attendons confirmation).
En bref, ce sera à nouveau un weekend à ne pas rater ! Plus d’informations seront bientôt disponibles sur le site. Mais nous vous invitons déjà à libérer ce week-end dans vos agendas.