Tag: Changement climatique

  • Plus de 14.000 jeunes brossent leurs cours pour le climat !

    L’acte 1 avait réuni 3.500 participants jeudi dernier, le nombre a été multiplié ! Et ce en dépit du mauvais temps. Cette grève scolaire pour le climat était un moment fort de ce mouvement qui a démarré dans les écoles, mais cela ne doit être qu’une étape ! Les élèves sont déterminés : ce n’est que le début, continuons le combat !

    Rapport (enthousiaste !) de participants

    Nous sommes venus de tous les coins de Flandre, mais il y avait aussi de grandes délégations de Bruxelles et de Wallonie. Nous nous sommes frayés un chemin à travers les rues de Bruxelles avec toutes sortes de pancartes faites maison et animés d’un énorme enthousiasme. Sur les panneaux faits à la main on lisait des slogans tels que ‘‘Pas de nature, pas d’avenir’’, ‘‘Il n’y a pas de planète B’’ en passant par ‘‘System change not climate change !’’ Seul le néonazi Dries Van Langenhove (figure de proue de Scild & Vrienden et tête de liste du Vlaams Belang pour le Brabant flamand) s’est distingué de la foule avec sa pancarte pro-nucléaire. Hué et chahuté, il a clairement été isolé de la foule.

    Tout comme la semaine dernière, c’est un sentiment d’urgence qui dominait. C’est ce qui existe pourquoi il est si évident de faire l’école buissonnière pour se rendre au point de rendez-vous du cortège. C’est notre avenir qui est en jeu !!! Le tract des Etudiants de Gauche Actifs que nous avons distribué faisait référence aux chiffres du Major Carbon Project qui démontrent que 100 entreprises sont responsables de 71 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988. La semaine dernière déjà, les manifestants avaient clairement indiqué qu’ils considéraient les entreprises comme les principaux pollueurs. Le slogan “Résistance internationale contre la pollution du capital” a longtemps raisonné d’un endroit à l’autre du cortège et pourrait d’ailleurs devenir le slogan du mouvement.

    Aller de l’avant avec des revendications concrètes et un plan d’action crescendo

    Il nous faut des revendications concrètes dans le but d’empêcher les gouvernements et les ministres de nous calmer avec de vagues promesses. Avec les Etudiants de gauche Actifs, nous avons reçu des réactions très positives en défendant la gratuité des transports publics et l’extension du service pour disposer d’une véritable alternative à la voiture et garantir du même coup un accès à la mobilité pour chacun. Il en faudra plus bien entendu. Nous revendiquons une transition rapide vers une énergie véritablement verte et durable, ce qui nécessite de retirer le secteur énergétique des mains du privé et de le placer dans celles du public. Tant que ce secteur sera géré par le secteur privé et les actionnaires, les bénéfices seront plus importants que les investissements dans la production d’énergie renouvelable.

    Une nouvelle action a déjà été annoncée pour jeudi prochain. Trois jours plus tard, le 27 janvier, une nouvelle grande marche pour le climat “Rise 4 Climate” pourrait connaître une nouvelle participation historique après celle du 2 décembre et ses dizaines de millier de manifestants. Si le nombre sera dépassé, ce sera principalement grâce au sérieux coup de pouce combatif de nos actions spontanées.

    Nous sommes nombreux à nous demander comme continuer la lutte avec les actions du jeudi. Les directions vont rendre de plus en plus difficile de sécher les cours. Nous avons besoin de revendications concrètes, mais aussi d’une manière de procéder, d’un plan d’action avec des mobilisations locales et nationales mais aussi des initiatives au niveau des écoles. Nous ne savons pas encore comment les choses se passeront la semaine prochaine, mais nous devons éviter que de petites manifestations ne conduisent à la déception chez ceux qui peuvent venir à Bruxelles et qu’un sentiment d’impuissance se développe chez ceux qui ne peuvent pas brosser leurs cours pour participer.

    Dans de nombreuses écoles et villes, des initiatives sont déjà discutées pour mener des actions dans les écoles. C’est une excellente chose : de cette manière, nous pouvons empêcher que la participation aux actions du jeudi soit réservée à ceux qui n’ont pas de problèmes à l’école ou chez eux ou qui n’ont pas de problème financier. Nous défendons toutefois que cela prenne place dans le cadre d’un plan d’action crescendo aboutissant à une grande grève nationale dans les écoles et à des manifestations locales dans tout le pays. Une telle journée centrale de grève permettrait à tout le monde de participer.

    Ce serait une étape importante pour renforcer la résistance en la rendant aussi massive que possible. En prenant suffisamment de temps, des comités d’action peuvent discuter des revendications à défendre et de la répartition des tâches au niveau de l’organisation. La date la plus appropriée est celle du 15 mars, ce sera le jour d’une grève scolaire internationale pour le climat. A ce moment, des élèves du monde brosseront leurs cours afin de lutter pour leur avenir sur une planète viable.

    Reportage-photos de Liesbeth:

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  • Australie: les étudiants brossent les cours et exigent des mesures pour le climat!

    Le vendredi 30 novembre dernier, des étudiants de toute l’Australie ont quitté leurs écoles pour faire grève contre l’inaction du gouvernement en matière de changements climatiques. Des milliers de personnes ont assisté à des manifestations organisées dans au moins 30 villes.

    Kai Perry, Socialist Party (section australienne du CIO), article initialement publié le 7 décembre 2018

    Ces protestations ont eu lieu en même temps que l’annonce faite par Adani ; la multinationale a déclaré vouloir autofinancer son projet controversé de mine de charbon dans l’Etat du Queensland après en avoir réduit la taille et la portée, en dépit d’importantes protestations du public. Aucun des deux grands partis n’est prêt à arrêter le projet.

    Les étudiants australiens ont été inspirés par l’étudiante suédoise Greta Thunberg , qui sèche les cours chaque vendredi pour protester devant son parlement à Stockholm.

    Thunberg appelle les jeunes à se joindre à elle. Elle a écrit dans le Guardian : « Asseyez-vous devant votre parlement ou votre gouvernement local où que vous soyez et exigez qu’ils se mettent sur la bonne voie pour maintenir le monde en dessous de 1,5 degré [de réchauffement]».

    Les jeunes vivront pour faire face aux conséquences les plus terribles du changement climatique. Ils seront punis pour l’inaction des gouvernements actuels dans le monde.

    Le premier ministre libéral Scott Morrison, complètement déconnecté, a attaqué le projet des étudiants avant les manifestations. Il a déclaré qu’il voulait « moins d’activisme dans les écoles » et qu’il ne pouvait soutenir « la transformation des écoles en parlements ».

    Cependant, comme l’ont fait remarquer de nombreux étudiants, si les gouvernements du monde entier faisaient quelque chose d’important pour lutter contre les changements climatiques, les manifestants n’auraient pas eu besoin de faire grève.

    Les commentaires de Morrison ont montré à quel point lui et le reste de son gouvernement sont éloignés de la population en général. Il a montré clairement qu’ils ne prennent pas au sérieux les préoccupations des jeunes !

    Cela n’a servi qu’à encourager à juste titre de nombreux étudiants, ainsi que ceux qui les soutiennent. Bon nombre des signes brandis par les manifestants ont directement critiqué l’incompétence du gouvernement et souligné l’hypocrisie de la déclaration de Morrison.

    L’un des signes les plus populaires de la manifestation qu’on a pu voir sur les journaux télévisés : « On sera moins activistes si tu es moins merdique ».

    M. Morrison a affirmé que son gouvernement prend le changement climatique au sérieux et qu’il prend des mesures à cet égard. Mais un rapport sur les écarts d’émissions publié par les Nations Unies a montré que l’Australie n’avait « pas amélioré » sa politique climatique depuis l’année dernière.

    La vérité est que le capitalisme bloque l’action sur le changement climatique. Le capitalisme repose sur la propriété privée des industries mondiales et sur la production pour le profit, y compris l’industrie énergétique.

    De puissantes cliques de super riches ont encore des milliards de dollars de financement dans les combustibles fossiles. Ils se battent pour que leurs ‘actifs’ restent rentables le plus longtemps possible. Et il y a encore beaucoup d’argent à gagner dans l’industrie du charbon et d’autres industries destructrices de l’environnement pour que les capitalistes continuent d’investir dans ces industries.

    La richesse contrôlée par les investisseurs capitalistes et par l’industrie énergétique doit être placée sous contrôle public. Nous pourrons alors nous assurer qu’elle sera utilisée pour bâtir un avenir énergétique propre.

    Le problème, c’est que nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. Les gouvernements n’ont pas réussi à obliger les capitalistes à investir de manière appropriée dans l’énergie propre. Au lieu d’un système capitaliste axé sur le profit, nous avons besoin d’une propriété publique et d’un plan d’investissement démocratiquement décidé pour passer immédiatement aux énergies renouvelables et à une production durable.

    Les étudiants qui ont participé à cette marche nationale ont envoyé un message clair au gouvernement. Ils ne laisseront pas leur avenir être ruiné par les capitalistes avides de profit et leurs acolytes au gouvernement.

    Ce n’est potentiellement que le début d’une campagne, et non la fin. Pour lutter contre les changements climatiques, nous avons besoin de plus d’actions comme celle-ci. Mais nous devons également impliquer des couches plus larges de la société, y compris les travailleurs.

    Ce n’est qu’en continuant à organiser sur les lieux de travail, les écoles et les communautés, et en formulant des demandes claires pour lutter contre le changement climatique, que nous pourrons construire un mouvement sérieux et réussi.

    Il est clair que les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont causés par le système capitaliste, et ce système doit être réellement défié afin de s’attaquer à la cause profonde de l’inaction avant qu’il ne soit trop tard.

    Greta Thunberg a résumé ce qui est nécessaire dans la lutte contre le changement climatique et contre l’inaction du gouvernement sur cette question, lorsqu’elle a déclaré : « On ne peut plus sauver le monde en respectant les règles parce qu’il faut changer les règles ».

     

  • 3500 jeunes manifestent à Bruxelles. La jeunesse entre en lutte pour le climat!

    Ce jeudi matin, de jeunes étudiants du secondaire très majoritairement néerlandophones se sont réunis avec enthousiasme et détermination devant la gare centrale à Bruxelles. Après s’être bien échauffé la voix, les plus de 3500 jeunes sont partis en manifestation. Sur les très nombreuses pancartes, un message ressortait : “Sans climat, pas d’avenir !!” C’est évident : il va falloir nous battre pour disposer d’un avenir ! Les capitalistes ne s’intéressent qu’aux profits à court terme, une logique qui s’oppose diamétralement aux intérêts des travailleurs, des jeunes et de notre planète.

    Le rassemblement d’aujourd’hui faisait suite à un appel lancé par deux écolières de la région anversoise. Cette mobilisation – spontanée et très rapide – est le reflet d’un mouvement en plein développement, comme nous avons pu le constater lors de la manifestation historique “Rise for Climate” du 2 décembre dernier, où près de 100.000 personnes étaient présentes.

    Les Etudiants de Gauche Actifs étaient présents ce matin, et ont souligner l’importance de mobiliser pour les prochaines étape. Le dimanche 27 janvier, “Rise for Climate” appelle à une nouvelle grande manifestation. Ce sera l’occasion de crier encore “our climate, not their business!” : notre climat, ce n’est pas leur$ affaire$ ! D’autre part, un appel international se développe actuellement sur les réseaux sociaux de divers pays pour faire du 15 mars une journée internationale d’action pour le climat. La meilleure manière d’assurer que ce potentiel soit saisi correctement est de s’organiser pour que la participation soit la plus nombreuse possible à ces deux occasions et à d’autres ! Pourquoi ne pas créer des comité d’action dans les écoles pour discuter et décider de la manière de faire des réussites de ces mobilisations ?

    A lire :

     

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  • 27/01 Notre climat, ce n’est pas leur$ affaire$ !

    Nouvelle Marche pour le climat à l’appel de “Rise for Climate”
    27 janvier, 13h30 Rond-point Schuman

    Notre climat, Ce n’eST PAS LEUR$ AFFAIRE$ !

    Le problème climatique est plus criant que jamais. Beaucoup essayent de changer leur comportement, mais est-ce que cela fera la différence ? Depuis 1988, les 100 entreprises les plus polluantes sont responsables de 71 % des émissions de gaz à effet de serre. Quelles mesures prennent-elles face à ce constat ? Comment pouvons-nous nous battre pour notre avenir ?

    Notre climat, ce n’est pas leur$ affaire$ !

    Qui souffre des conséquences ? L’ONU estime que d’ici 2050, on atteindra 200 millions, voire 1 milliard de réfugiés climatiques ! En Belgique, la pollution atmosphérique est l’une des pires d’Europe. Les politiciens veulent s’habiller en vert mais, pour eux, cela consiste à faire payer aux familles des taxes sur les produits polluants, comme la taxe carbone, et ce, alors qu’un Belge sur six vit sous le seuil de pauvreté !

    Les grandes entreprises, par contre, peuvent continuer à polluer. Les invendus des entreprises alimentaires représentent 40 % de la nourriture jetée à la poubelle. Les entreprises du secteur électronique s’assurent que leurs produits tombent rapidement en panne. Le pouvoir des consommateurs est insuffisant pour briser la logique de profit des grands pollueurs et pour assurer d’urgence une production écologique. Alors que faire ? Se croiser les bras ? Non ! Le 2 décembre dernier, près de 100.000 personnes ont participé à une marche historique pour le climat à Bruxelles.

    En Pologne, en Suède, en Australie,… les jeunes sont massivement entrés en action ! Participe à la prochaine marche pour le climat au côté des Etudiants de Gauche Actifs le 27 janvier à Bruxelles !

    On ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas !

    Greta Thunberg, l’écolière suédoise qui organise les “vendredis pour le climat” dans son école, a déclaré : “Notre planète est sacrifiée pour qu’un très petit groupe de personnes puisse faire d’énormes profits. […] Si des solutions dans le cadre du système ne sont pas possibles, nous devrions peut-être changer le système lui-même”. Cela exige un mouvement de masse des jeunes et des travailleurs pour remettre en question la logique du profit.

    Le capitalisme ne s’intéresse qu’aux profits à court terme, ce qui s’oppose diamétralement aux intérêts des travailleurs, des jeunes et de notre planète. Voulons-nous pouvoir changer et contrôler les règles du jeu ? Souhaitons-nous que nos richesses ne disparaissent plus dans les poches d’une petite minorité, mais soient réinvesties de manière durable ? Alors les secteurs clés de l’économie (alimentation, transport, énergie, banques, etc.) doivent passer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. C’est cela que signifie selon nous une société socialiste démocratique.

    Prend contact avec nous : 0474 35 30 36 (Emily) – info@gauche.be – Facebook.com/gauche.be

  • Changement climatique et pollution. Le libre marché n’est pas la solution, c’est le problème!

    Il est plus que temps d’agir, le changement climatique est déjà un fait ! Les pires effets du changement climatique peuvent encore être évités en stoppant la hausse de la température moyenne par rapport à l’époque pré-industrielle pour la limiter à 1,5°C. C’est ce que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) affirme dans son rapport à destination du sommet climatique de décembre (la COP 24). Cependant, plus l’unanimité grandit sur l’urgence, plus il devient évident que les politiciens traditionnels restent sans réponse. Nous avons besoin de bien plus que des mesures individuelles : il nous faut des investissements publics massifs dans une planification économique écologique.

    Dossier de Michael Bouchez

    Le changement climatique et la pollution sont de plus en plus visibles et tangibles. Les phénomènes météorologiques extrêmes et les sécheresses tuent des dizaines de milliers de personnes par an et affectent des millions d’autres, obligées de fuir en raison d’ouragans, d’incendies de forêt, d’inondations ou de sécheresses dévastatrices. L’été chaud et sec de 2018 constitue un nouveau record. À l’échelle mondiale, à politique inchangée, nous sommes sur la voie d’atteindre une augmentation de 3 à 6° d’ici 2100. Les conséquences que cela représenterait pour l’homme et la nature sont incalculables.

    Les émissions de CO2 qui réchauffent la planète posent également des risques immédiats pour notre santé. Nos enfants grandissent dans les particules fines et la pollution. Selon Greenpeace, la Belgique est l’un des quatre pays les plus pollués d’Europe. Anvers est l’un des “hotspots mondiaux de l’azote”, avec Taiwan, Buenos Aires et Paris. Les particules fines et les substances toxiques que nous respirons quotidiennement causeront un afflux d’asthme, de maladies pulmonaires et de cancers. Les politiciens néolibéraux n’ont pas non plus de réponse à cette question : les émissions en Belgique ont de nouveau augmenté ces dernières années.

    Tous responsables ?

    Depuis des décennies, le problème climatique est dominé par les formules néolibérales. Ainsi, nous serions tous responsables car nous sommes tous consommateurs et pollueurs, les solutions seraient donc individuelles, liées à notre seul comportement. Beaucoup de gens font d’ailleurs de grands efforts. Nous ne constatons par contre pas du tout la même implication de la part de des réels responsables. L’empreinte écologique de l’être humain moyen est relativement faible. Mais les 10% les plus riches au monde émettent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale !

    Pendant des décennies, les consommateurs ont été mis en avant comme les vecteurs d’un changement grâce à leur comportement individuel. Les consommateurs seraient de nature à stimuler le libre marché à s’orienter vers les “entrepreneurs verts”. Cette manière de voir fut un échec.

    Les initiatives bien intentionnées qui dépassent le cadre du bête ‘‘greenwashing’’ et du capitalisme vert concernant une alimentation saine, locale et durable sont plus populaires aujourd’hui, mais elles atteignent les limites de leur marché de niche. Les prix des agriculteurs biologiques ne peuvent rivaliser avec l’agro-industrie, ce qui signifie qu’ils sont condamnés à rester dans la marge, avec des prix élevés, ou à être repris par des acteurs plus importants de l’agro-industrie qui négligent la production écologique mais savent repérer une bonne affaire. C’est ce qui s’est produit avec le fournisseur et producteur wallon d’électricité verte et de gaz naturel Lampiris, racheté par le pétrolier français Total en juin 2016.

    Les géants de l’agro-industrie, de l’énergie et de l’automobile sponsorisent les fameuses conférences des Nations Unies sur le climat. Ces conférences, comme la COP21 de Paris et la prochaine qui se tiendra en décembre à Katowice, en Pologne, doivent être saisie par le mouvement écologique comme occasion de dénoncer la mentalité de statu quo des dirigeants du monde, sans entretenir la moindre illusion envers ces dirigeants.

    Le sommet sur le climat est une occasion importante de discuter d’un programme qui rompt avec le cadre de pensée néolibéral et propose des revendications collectives pour s’attaquer aux vrais pollueurs plutôt qu’au consommateur individuel.

    Dès 1988, James Hansen, expert de la NASA, a averti qu’il existait un lien évident entre les émissions et le changement climatique. D’importantes campagnes de lobbying et des groupes de réflexion de l’industrie pétrolière et d’autres multinationales climato-sceptique ont pris des mesures pour semer le doute et mettre fin à toute forme de mesures structurelles, d’enquêtes financées par des fonds publics ou même de législation stricte. C’est le contraire qui s’est produit. Les grandes sociétés pétrolières et d’autres multinationales ont été laissées libres d’émettre du CO2 dans l’atmosphère et d’exploiter les ressources naturelles de la planète. Au lieu d’études financées par des fonds publics, les gouvernements néolibéraux ont laissé “l’initiative” au monde des affaires. Aujourd’hui, le déni du changement climatique n’est plus guère pris au sérieux dans l’opinion publique. Les efforts des partisans du statu quo visent à faire porter la responsabilité de la situation aux travailleurs et à leurs familles.

    Aujourd’hui, nous payons le prix de l’approche néolibérale du changement climatique et de la pollution. Depuis 1988, 71 % des émissions de CO2 ont été causées par 100 entreprises. Des sources d’énergie polluantes comme les sables bitumineux, la fracturation hydraulique et l’énergie nucléaire ont bénéficié d’investissements massifs. Les partis verts traditionnels sont les héritiers de ce néolibéralisme. En Flandre, Groen est avant tout un partenaire amical des entrepreneurs qui n’encourage que les initiatives individuelles visant à réduire la pollution et les émissions. En Wallonie et à Bruxelles, ECOLO ne diffère pas fondamentalement de cette approche. La facilité avec laquelle ECOLO entre en coalition avec le MR parle d’elle-même.

    A eux les profits, à nous la facture

    Le capitalisme fait payer sa soif de profits à la collectivité et à la nature. La problématique du plastique est un des derniers exemples illustratifs de ce fait. Les océans et la biodiversité sont asphyxiés par le plastique tandis que des microparticules de plastique pénètrent dans nos aliments. Est-ce la faute des consommateurs qui jettent leurs déchets dans la rue ou à la mer ? Payons-nous le prix de la paresse de l’être humain et de sa pensée à court terme ?
    Le plastique devenant de plus en plus utilisé, les emballages jetables sont devenus très populaires auprès des fabricants enthousiastes vis-à-vis des marges bénéficiaires en jeu. Les produits emballés individuellement restent frais plus longtemps et le plastique permettait de se débarrasser du nettoyage et du recyclage des bouteilles en verre.

    Les bouteilles en plastique pouvaient être incluses dans le prix de revient très bas et ensuite balancées sans le moindre frais pour le fabricant.

    Face à la montagne de déchets plastiques qui s’est soudainement développée et a pollué les parcs et les rivières, l’Etat du Vermont (aux Etats-Unis) a adopté en 1953 une loi interdisant la vente de boissons en emballages non réutilisables ! Dans les années qui ont suivi, les législateurs d’autres régions des États-Unis ont continué à chercher des réponses à la pollution.

    Mais les géants des boissons et les lobbies considéraient qu’il s’agissait d’une attaque contre leurs profits. La même année, Coca-Cola et d’autres géants de la boisson ont fondé avec Phillip Morris l’ONG ‘‘Keep America Beautiful’’ pour mettre pression sur les législateurs et enfoncer dans le crâne du public que le problème, ce n’était pas la production et la vente, mais bien la consommation et l’utilisation. A la population de gérer ses déchets et d’apprendre à recycler ! Après quatre ans de campagne contre la législation, le Vermont a abandonné sa loi et les fabricants ont pu produire des bouteilles en plastique et faire des profits à leur guise.

    La production de plastique est passée de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 162 millions de tonnes en 1993 et 448 millions de tonnes en 2015. La moitié de la production est utilisée pour l’emballage et seule une fraction du plastique ‘‘recyclé’’ est effectivement recyclée.

    Ce que cela nous apprend, c’est qu’avant la consommation, il y a aussi la production. En fait, le plus grand succès de Keep America Beautiful a été de transférer la responsabilité environnementale au consommateur. La forme moderne du recyclage individuel, telle que nous la connaissons, provient de la campagne Keep America Beautiful, une campagne de capitalistes qui ont tout fait pour protéger leurs intérêts. C’est un phénomène qui est également apparu dans d’autres domaines et qui a été renforcé par le néolibéralisme.

    C’est un exemple historique qui montre que la logique du profit ne recule face à rien. Les grandes entreprises sont prêtes à (littéralement) empoisonner notre environnement tant que cela leur est rentable. Pour eux, les gobelets jetables étaient une économie, pour nous, pour notre planète, c’est devenu une activité très coûteuse qui met des vies en danger. Pour le capitalisme, la nature n’est qu’une source de ressources naturelles d’une part et de l’autre un terrain vague où balancer ses déchets.

    Sans réponse collective, le capitalisme saura voir une opportunité dans la crise. Le célèbre ‘‘Ocean Cleanup’’ de l’entrepreneur Boyan Slat qui a conçu un système pour pêcher le plastique dans les océans peut maintenant utiliser la crise causée par le modèle de profit pour faire des profits lui-même. Son business plan : ‘‘D’une part, les entreprises peuvent acheter/parrainer une installation, qui prend alors son nom à des fins de marketing. D’autre part, nous voulons fournir le plastique aux producteurs qui en font des produits de consommation. Ils paient pour le plastique comme matière première, mais obtiennent une licence sur notre marque, de sorte qu’ils peuvent rendre leurs produits distinctifs parce qu’ils sont faits de plastique Ocean Cleanup.’’ Notre environnement, leur jackpot.

    Quel programme pour le mouvement climatique ? Des investissements publics contre la soif de profits du privé

    Il nous faut des changements radicaux si l’on souhaite vivre dans un monde à l’oxygène respirable. Le slogan “System change, not climate change” est devenu populaire dans le mouvement climatique. Certains parlent d’ailleurs d’une ‘‘révolution climatique’’. Ces slogans illustrent une recherche de solutions. Mais nous devons aussi oser nommer ces ‘‘systèmes’’ et développer un programme pour réaliser ce ‘‘changement de système’’.

    Il faut stopper la production polluante et inutile, s’engager dans une planification rationnelle de la production, passer le plus immédiatement possible aux énergies renouvelables, se retirer des énergies fossiles et nucléaires, prendre des mesures collectives d’économie d’énergie telles que de meilleurs transports publics gratuits, l’isolation des logements, etc.

    Ces mesures pourtant absolument nécessaires s’opposent aux intérêts de l’élite économique et politique, car elles mineraient les taux de profit. Pour le capitalisme, la pureté de l’air, la propreté des océans, la biodiversité,… ce ne sont pas des incitants économiques. La rentabilité du charbon et du pétrole est bien supérieure à la recherche de sources d’énergie renouvelables.

    L’accent est mis sur le profit privé à court terme et les coûts sociaux (et donc aussi les coûts écologiques) sont imputés à la communauté et ses conditions de vie. Ce n’est que lorsque notre air ne pourra plus être respiré qu’il pourra faire des profits en vendant de l’oxygène. Pour ceux qui peuvent se le permettre, du moins.

    Le rôle de la classe ouvrière dans le mouvement climatique

    Dans le passé, les changements radicaux n’ont jamais été mis en œuvre par l’establishment lui-même. Les élites politiques et économiques ont tout au plus fait des concessions par crainte d’un mouvement masse. C’est l’action collective du mouvement ouvrier, inspiré par un programme socialiste, qui a imposé un changement. C’est également de cette manière que les législations en matière de santé et de sécurité au travail et dans les alentours des usines ont été introduites.

    La classe ouvrière est bien sûr aujourd’hui très diversifiée, elle fait face à une multitude d’activités et de problèmes. Pour ceux qui travaillent 8 heures par jour, qui ne peuvent joindre les deux bouts à la fin du mois, qui doivent s’occuper de leurs parents parce que les maisons de repos sont trop chères et qui doivent élever leurs enfants et les amener à l’école, la question climatique ne semble pas être la plus urgente. Nous avons souvent besoin de notre voiture pour conduire les enfants à l’école et au travail. Beaucoup ne se soucient pas de l’économie du partage, des potagers collectifs ou des zones à faibles émissions qui signifient que les vieux moteurs diesel doivent être remplacés par un neuf sans compensation. Beaucoup de travailleurs d’industries polluantes n’ont pas d’alternative s’ils veulent payer leurs factures et l’éducation de leurs enfants.

    Des bouleversements sociaux majeurs se sont produits lorsque les intérêts immédiats de la classe ouvrière ont coïncidé avec la nécessité de contester le système. Si nous voulons un changement, le mouvement climatique doit donc se concentrer sur un moyen d’impliquer les larges couches des travailleurs, plutôt que de tenter d’influencer des décideurs politiques acquis au capitalisme.

    Le personnel des transports publics est un exemple évident. Les actions de grève des cheminots ou des conducteurs de bus contre les économies et pour de meilleures conditions de travail sont un élément crucial du mouvement climatique. Le mouvement pour le climat peut développer la solidarité en travaillant avec les syndicats à l’élaboration d’un programme pour des transports publics plus nombreux et gratuits, un recrutement supplémentaire et une réduction de la charge de travail.

    On ne peut revendiquer des investissements publics massifs dans l’énergie durable et une sortie de l’énergie nucléaire et des énergies polluantes sans exiger un plan de reconversion, de formation et de création d’emplois dans ce secteur. Les syndicats du personnel de ces secteurs peuvent être mobilisés pour une sortie du nucléaire et des sources d’énergies polluantes, pour un programme de formation des travailleurs et une reconversion vers des emplois verts et sains.

    Cela stimulerait le débat sur les revendications climatiques et leur financement au sein des syndicats et du mouvement ouvrier. Un tel mouvement populariserait également l’idée d’un gouvernement de gauche représentant le mouvement ouvrier et climatique.

    Le programme de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est un bon point de départ pour un programme écologique basé sur les intérêts des travailleurs. La FI prône la planification écologique, la nationalisation du secteur énergétique, la sortie du nucléaire, la reconversion des emplois, l’isolation de 700.000 logements par an, …

    En liant les besoins directs des travailleurs et de leurs familles aux mesures écologiques d’un programme socialiste, le mouvement climatique peut s’élargir et se renforcer tout en sortant du carcan idéologique néolibéral des partis verts traditionnels.

    Un parti révolutionnaire

    Cependant, nous ne devons pas nous leurrer. Un gouvernement de gauche qui tente de mettre en œuvre un tel programme et qui défie le système entrera immédiatement en conflit avec la bourgeoisie nationale, l’establishment européen, le FMI et les multinationales. Ils feront tout leur possible pour saboter une véritable transition écologique structurelle et collective, car elle affecterait fondamentalement leurs intérêts. C’est la leçon la plus importante de l’expérience de Syriza en Grèce : à leurs yeux, la démocratie ne doit jamais être en décalage avec le système capitaliste.

    C’est pourquoi, en plus d’un tel programme, un parti révolutionnaire est également nécessaire. En l’absence d’une direction révolutionnaire dotée d’un programme de lutte contre le chantage et le sabotage, les bonnes intentions d’un gouvernement de gauche risquent d’être balayées. C’est ainsi que Tsipras et Syriza ont finalement mis en œuvre le plus important plan d’austérité de Grèce, malgré la volonté du peuple grec de lutter contre ces mesures antisociales.

    Pour permettre une planification et une transition écologiques, une rupture avec le capitalisme est inévitable. Ici aussi, la classe ouvrière est la force sociale qui peut faire changer le système. Elle peut retirer les ressources naturelles et les moyens de production des mains de ceux qui causent les changements climatiques.

    En nationalisant également le secteur financier et d’autres secteurs-clés de l’économie et en les plaçant sous le contrôle démocratique et la gestion de la classe ouvrière, les ressources peuvent être générées pour faire les investissements dont nous avons besoin. Une économie socialiste et planifiée garantirait donc que les décisions soient prises en fonction des besoins de l’humanité et des coûts sociaux (et donc de la nature), plutôt qu’en fonction du profit.

    La recherche nécessaire mais coûteuse de nouveaux développements technologiques, les grands travaux d’infrastructure pour la production et la distribution d’énergie verte, les solutions inclusives et collectives pour nos transports,…. Bref, un plan d’urgence écologique ne donne rien d’un point de vue capitaliste. Combinés à un changement socialiste dans la société, ce sont des investissements démocratiques qui constituent un atout inestimable et une valeur ajoutée pour l’humanité, son environnement et les générations futures.

    Le programme du PSL

    • La mobilisation des activistes, des syndicats et des jeunes dans un mouvement de masse contre les investissements destructeurs soutenus par l’establishment politique.
    • Des transports publics plus nombreux, meilleurs et gratuits, seule véritable alternative aux bouchons et aux particules fines.
    • Une conversion rapide aux sources d’énergie véritablement renouvelables : énergie éolienne, houlomotrice et solaire, …
    • La mise en œuvre de mesures collectives sur base d’un financement public pour économiser de l’énergie, notamment pour rendre les maisons basse énergie.
    • Un programme à grande échelle de reconversion en emplois verts et décents pour parvenir à une reconversion énergétique.
    • Solidarité avec la lutte des populations locales victimes de la sécheresse, des inondations, …
    • Pour une politique d’asile digne et humaine qui ne fasse aucune distinction entre réfugiés politiques, économiques et climatiques.
    • L’expropriation et la nationalisation de la production et de la distribution énergétique sous contrôle démocratique. Combiné à la nationalisation du secteur financier et de la recherche scientifique, les investissements énormes mais nécessaires pourraient être réalisés en peu de temps.
    • Une production socialiste planifiée démocratiquement et basée sur les besoins de la population qui tienne compte de la protection de notre environnement.

  • 27/01 : Sauvons notre planète du capitalisme !

    Ce dimanche 27 janvier 2019, 14h, Rond-Point Robert Schuman

    Les Étudiants de Gauche Actif rejoignent avec enthousiasme l’appel en faveur d’une nouvelle marche pour le climat le 27 janvier prochain, deux mois à peine après la marche historique de 100.000 personnes du 2 décembre. Notre gouvernement a tout simplement ignoré la colère des jeunes, des travailleurs, des syndicats et des militants. La Belgique n’a même pas signé la coalition symbolique pour une hausse des ambitions climatique de Katowice. Comme l’a dit l’écolière suédoise Greta Thunberg : ils nous privent de notre avenir alors que nous le revendiquons. Une nouvelle mobilisation de masse montrera à quel point nous sommes sérieux.

    Ce discours audacieux de l’écolière suédoise Greta Thunberg lors de la COP24 est devenu viral sur les réseaux sociaux. Elle accuse les politiciens de s’en prendre au changement climatique avec les recettes qui sont précisément à l’origine du problème. Notre planète, dit-elle, est ‘‘sacrifiée pour qu’un très petit groupe de personnes puisse faire d’énormes profits’’. Elle conclut en expliquant que ‘‘s’il n’y a pas de solutions dans le cadre du système, nous devrions peut-être changer le système lui-même’’.

    La Belgique ne fait pas exception. Partout dans le monde, la soif de profits est prioritaire, au détriment de notre planète et de notre avenir. Les politiciens néolibéraux défendent les intérêts des actionnaires des compagnies pétrolières, du secteur énergétique et des multinationales.

    Des solutions collectives qui réduiraient les émissions de manière drastique sont inenvisageables pour ces politiciens, car elles constitueraient une attaque frontale contre le capitalisme. Tout comme ‘‘Rise for Climate’’, les organisateurs de la marche, nous prônons la gratuité des transports publics comme alternative à la voiture. Nous exigeons également une recherche scientifique sur fonds publics plutôt que la logique de brevets privés, des investissements publics massifs pour des alternatives énergétiques et des emplois verts,…

    Il y a assez d’argent et de richesse pour cela. ‘‘Rise for Climate’’ exige à juste titre d’utiliser l’argent qui dort dans les paradis fiscaux pour financer ces mesures.

    Sous le capitalisme, cependant, la richesse n’est utilisée qu’au profit des capitalistes. Par conséquent, l’appel en faveur d’un véritable changement de système ne doit pas rester vague. Le capitalisme doit être remplacé par une planification écologique et une gestion démocratique des ressources naturelles et des principaux secteurs économiques. Un secteur de l’énergie nationalisé et géré démocratiquement permettrait de développer la recherche et d’orienter la production en fonction des intérêts de la majorité de la population et de la planète.

    Un tel changement de société ne tombera pas du ciel. Nous ne pouvons certainement pas compter sur les politiciens néolibéraux. Sous la pression du mouvement, ils prendront tout au plus un certain nombre de mesures superficielles. Un véritable changement ne peut naître que de la lutte organisée de la classe des travailleurs, seule force sociale capable de placer les entreprises sous contrôle démocratique des travailleurs. C’est pourquoi les Étudiants de la Gauche Actif plaident également pour un rôle actif du mouvement organisé des travailleurs et des syndicats dans le mouvement climatique.

  • Combien de temps encore pour stopper le réchauffement climatique?

    Une récente recherche publiée dans le magazine “Nature GeoScience”, principalement l’oeuvre de chercheurs du Royaume-Uni,  en rapport avec l’éventualité de stabiliser le réchauffement climatique à 1,5°C au dessus du niveau pré-industriel a été saisie par les climatosceptiques pour minimaliser la hausse globale des températures.

    Article de Pete Dickenson publié initialement dans le magasine Socialism Today

    Pour ces derniers, les modèles qu’utilise le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), un bureau de recherche des Nation Unies, ont exagéré le problème. Dans le Daily Mail nous pouvions lire “Selon ces modèles, la température mondiale devrait être supérieure de 1,3°C à celle du 19ème siècle. Mais le rapport britannique mentionne une hausse comprise entre 0,9°C et 1,0°C.” Si cela s’avérait vrai, il s’agirait d’une diminution de 30% environ. Le Daily Mail a publié par la suite une lettre du député travailliste Graham Stringer dans laquelle il affirme que l’adoption de mesures contre le réchauffement climatique ne nécessitait pas d’empressement.

    Des académiciens du changement climatique tels que l’économiste Nicolas Stern approuvent ce rapport puisqu’il ouvre la possibilité de respecter l’objectif de ne pas dépasser 1,5°C, ce qui semblait précédemment hors de portée. Jusqu’à récemment, limiter le réchauffement climatique à 2°C était considéré suffisant pour éviter un changement climatique catastrophique. Le nombre croissant de preuves liées à la relation entre les événements climatiques extrêmes et le changement climatique lié à la hausse actuelle de 1°C démontre que tout cela doit être réexaminé et le GIEC travaille en ce moment sur un rapport consacré à ce sujet.

    Après la controverse autour de la publication de “Nature GeoScience”, le site web “Carbon Brief” a publié une analyse détaillée des données utilisées, avec participation des auteurs eux-mêmes, qui a démontré que le Daily Mail avait mal interprété les conclusions de l’étude, qui n’avait pas pour but de remettre en cause les modèles  actuels. L’étude comparait les données actuelles sur le réchauffement (en 2015) avec un modèle de prévision pour l’année 2020. Cette comparaison a été faite pour les besoins spécifiques de la recherche, mais ici on compare des pommes avec des poires, car les températures entre ces deux dates vont aussi augmenter. Quand ils ont fait les corrections, la marge d’erreur entre les prédictions et les températures a été réduite de moitié jusqu’à 0,17°C en 2015.

    Un autre facteur est le fait que les modèles de prédiction dépendent énormément des données utilisées. La différence de l’ensemble des données disponibles donne une grande différence dans les résultats. Les données que les chercheurs britanniques utilisent (celles du “Met Office”) retournent dans le passé jusqu’à 1860. Mais la précision des données les plus anciennes n’est pas comparable à celle des plus récentes. De larges parts de l’Arctique sont également absentes des données du “Met Office”. En adoptant les données de la NASA, qui remontent à l’année 1880, alors la température en 2015 était plus élevée de 0,06°C par rapport aux prédictions. Des résultats similaires peuvent être obtenus avec d’autres données.

    Des erreurs ont déjà été faites dans les modèles de prédictions, pour comme cela fut le cas en surestimant les températures attendues dues aux effets des volcans El Chichon en 1982 et Pinatuba en 1991. Les cendres que ces éruptions volcaniques ont entraînés peuvent provoquer une baisse globale des températures. Ce sont cependant des coïncidences qui ne peuvent pas être traitées statistiquement.

    Les analyses de carbon brief utilisent 5 catégories de données sur la température globale entre 1880 et 2016 épousent pratiquement les modèles du GIEC. Les données de Berkeley Earth montrent que le réchauffement intervient 11% plus rapidement que la moyenne prévue, le “Met Office”, lui, annonce que le réchauffement avance 6% moins vite. La réelle amplitude du réchauffement se trouve quelque part entre les deux. Les observations réalisées depuis 1970 nous montrent que les modèles prédisent une plus grande hausse des températures que prévu, mais la différence de températures s’élève à seulement de 0,01 à 0,02°C. Le réchauffement de la température de l’air a augmenté moins vite de 1999 à 2014 en raison d’effets cycliques naturels. Cela a assuré que les courants de l’Océan Atlantique s’accéléraient et qu’ils ont accumulé plus de chaleur dans les océans à la place de la laisser dans l’atmosphère. Cela est maintenant arrivé à sa fin.

    Il n’y a donc aucune raison d’estimer que la problématique du climat a été exagérée à cause d’une mauvaise utilisation des données. Même si l’on met de coté les modèles de prévision, il n’y pas de doute possible que 2014, 2015 et 2016 ont été les années les plus chaudes jamais enregistrées. Les températures ont augmenté d’1°C pour la première fois au dessus des températures préindustrielles. Les preuves de cela arrivent sur nous de plus en plus vite. Les événement météorologiques extrêmes de sécheresses, d’inondations, de tsunami, etc. sont clairement liés à cette hausse.

    Cela signifie qu’il est urgent et nécessaire de contrer le problème climatique et de trouver des solutions. Il nous faut parvenir à limiter l’augmentation des températures à 1,5°C. L’un des auteurs de la recherche de Nature GeoScience, le professeur Piers Foster, a ainsi déclaré :  “Notre étude confirme l’urgence d’agir pour limiter la hausse des températures à 1,5°C.”

    Un autre co-auteur, le professeur Michael Grubb, estime qu’il est encore possible de limiter la progression à 1,5°C en réagissant dès maintenant. Mais il a aussi déclaré que cela était incompatible avec la démocratie actuelle car l’élimination requise des émissions de CO2 doit avoir été effectuée d’ici 7 ans. Il souligne que pareille diminution ne s’est opérée que trois fois dans l’histoire récente : durant la dépression des années 30, durant la Seconde Guerre Mondiale et après la chute de l’Union Soviétique. Son pessimisme est compréhensible lorsqu’on regarde les “mesures” prisent par les grand joueurs capitalistes durant les trente dernières années.

    L’idée la plus optimiste part du principe qu’il faudra 20 ans avant d’atteindre la hausse de 1,5°C. Cet espace fait suite aux conclusion de ce rapport, ainsi qu’au plateau inattendu des émissions en Chine et à la chute des prix des énergies solaires et éoliennes. Si nous supposons avoir 20 ans de marge de manœuvre, ce qui serait le bienvenu, il n’y a encore que trop peu de chances que les grands pays capitalistes adoptent des mesures décisives. Cela vient surtout du mécanisme actuel, négocié par les Nations-Unies durant le sommet climatique de 2015 à Paris, qui était déjà obsolète avant même que Donald Trump décide de ne pas y faire participer les États Unis.

    Malheureusement, cette marge de manoeuvre optimiste suscite de grands doutes. Mais l’idée qu’il faut entreprendre une action directe reste totalement valide. La perspective la plus réaliste est que le temps dont nous disposons pour limiter la hausse à 1,5°C est plus faible que ces 2à années. Il n’y a aucune chance que cela survienne avec l’approche des grandes dirigeants capitalistes actuels. Seul un rapidement renversement de cette économie capitaliste prédatrice pour la remplacer par une économie planifiée socialiste démocratique peut poser les bases pour sauver notre planète des scénarios catastrophes qui concernent le réchauffement climatique.

  • COP23 à Bonn. Beaucoup de blablas, pour le reste on attendra

    “System change, not climate change.” Photo: SAV Ruhr

    Une vieille locomotive ne pourra jamais dépasser un train à grande vitesse. Alors que les changements climatiques deviennent de plus en plus rapides et inquiétants, les diplomates et les dirigeants du monde passent tranquillement de sommet sur le climat en sommet sur le climat. La dernière de ces manifestations des Nations Unies, à Bonn, en novembre dernier, visait à concrétiser l’accord de Paris sur le climat. Ce n’est pas une surprise si les choses en sont restées au stade des belles déclarations.

    Par Michael Bouchez

    Malgré les promesses faites lors du sommet sur le climat de Paris en 2015, les émissions de CO2 ont encore augmenté dans le monde entier. En 2017, elles devraient avoir augmenté d’environ 2%.(1) Le ‘‘virage bas carbone’’ de la Chine, salué jusqu’à tout récemment, n’est pas très fiable et la sortie américaine de l’accord sur le climat est révélatrice tant de la politique réactionnaire de Trump que de la fragilité de tels accords. Les autres dirigeants n’ont pas de quoi pavoiser, ils se cachent derrière la politique de Trump pour masquer leur propre échec. En Belgique également, les émissions ont à nouveau augmenté en 2016, alors qu’elles devraient diminuer de 8% par an pour atteindre l’objectif de baisse de 35% en 2030.

    Si les chefs de gouvernement étaient vraiment inquiets, ils s’engageraient dans la lutte contre les changements climatiques sans Trump. La réalité est que les autres pays capitalistes sont eux aussi incapables de répondre à la menace. Pendant des décennies, ils nous ont bombardés d’écotaxes, de taxes sur l’énergie et de campagnes de sensibilisation pour éviter d’avoir à parler des véritables pollueurs. Alors que la logique néolibérale a sans cesse pointé du doigt la consommation des individus, 100 entreprises à peine ont été responsables de 71% des émissions de carbone depuis 1988.(2)

    Les raisons ne manquent pas pour adopter des mesures radicales. Dans un article commun (World Scientifists’ Warning to Humanity: A Second Notice) publié le 13 novembre, 15.364 scientifiques du monde entier (184 pays) ont tiré la sonnette d’alarme. Les données traitées par les scientifiques démontrent que nous disposons en moyenne de 26% d’eau douce en moins par personne en comparaison de la situation d’il y a 25 ans, que les zones mortes dans les océans ont augmenté de 75% et que près de 300 millions d’hectares de forêt ont été détruits. Ils soulignent que cette dégradation de la biodiversité a tendance à avoir un effet d’accélération sur les changements climatiques.

    En Belgique, 96 médecins ont lancé un cri d’alarme fin novembre publié dans les médias sous le titre La population vit dans un air dangereux, au sujet de la pollution de l’air à Bruxelles. Ils citent toute une série de conséquences désastreuses causées par les agents cancérigènes présents dans l’air : du cancer du poumon aux maladies vasculaires en passant par la réduction de la capacité pulmonaire chez les nouveau-nés. Ils soulignent que la politique laxiste du gouvernement met en péril la qualité de vie des nouvelles générations.

    La conscience croissante que les conditions météorologiques extrêmes sont liées à la hausse actuelle des températures (comprise entre 0,9° et 1,3° depuis l’ère préindustrielle) a conduit les scientifiques à réviser à 1,5° la hausse maximale des températures à ne pas dépasser. Dans les scénarios les plus positifs, il nous reste 20 ans pour respecter cette limite. Et même dans ce cas, l’ampleur de ce qui est nécessaire d’adopter est impossible sur base du marché libre et de la mentalité habituelle des politiciens. Face à l’augmentation du nombre de catastrophes climatiques, face aux preuves que les phénomènes naturels plus intenses résultent du réchauffement climatique, face aux avertissements du monde scientifique, les dirigeants du monde capitaliste ont fait preuve d’une apathie nauséabonde au sommet de Bonn et, comme à chaque fois, se sont limités à promesses non seulement peu ambitieuses, mais également impossibles à concrétiser dans un système qui refuse de contrarier les profits des grandes entreprises.

    Il faut adopter des objectifs plus sérieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’énergies renouvelables. Mais les concrétiser exige un changement fondamental de système. Ces dernières années, le mouvement écologiste a commencé à plus systématiquement pointer du doigt le système. Appelons les choses par leur nom et défendons une alternative claire. Le système qui pose problème, c’est le capitalisme, où l’économie repose sur le profit et la concurrence plutôt que sur la mise en commun des ressources et des moyens pour faire face aux enjeux écologiques dans les intérêts de la majorité de la population. L’alternative à défendre, c’est une société où ce qui est produit et la manière de le faire se décident démocratiquement, avec l’implication de tous. Cela permettrait de disposer immédiatement de moyens phénoménaux (tels que ceux planqués dans les paradis fiscaux) pour développer des sources d’énergies vertes, pour étendre l’utilisation de transports en commun écologiquement responsables et pour élaborer un plan d’urgence contre les effets du changement climatique. Ce système, c’est ce que nous appelons le socialisme. Défendre cette approche au sein du mouvement écologique, de même que le rôle crucial que peut jouer la classe des travailleurs, est une nécessité des plus cruciales.
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    (1) www.globalcarbonproject.org
    (2) CDP Carbon Majors Report 2017

  • Face au changement climatique, le capitalisme est impuissant

    Manifestation pour le climat à Ostende en 2015, délégation des Etudiants de Gauche Actifs. Photo: MediActivista

    La réalité du changement climatique fait aujourd’hui consensus, de même que son impact sur la violence et la gravité des phénomènes naturels tels que les ouragans. Quelle société sera la plus apte à faire face aux conséquences du changement climatique déjà en cours ?

    Par Michael Bouchez

    Des catastrophes aggravées par le capitalisme

    Ces derniers mois, il a beaucoup été question des ouragans qui ont dévasté les États-Unis et les Caraïbes, qui ont causé des dizaines de morts et ravagé les foyers de dizaines de milliers de familles. Les médias ont accordé une bien moindre attention aux moussons dévastatrices d’Inde, du Bangladesh et du Népal. Au moins 1.200 personnes y ont perdu la vie, des millions d’autres se sont retrouvées sans abri. Certains scientifiques et commentateurs ont essayé d’adoucir les choses en soulignant que la technologie moderne peut mieux prédire l’arrivée des ouragans, ce qui permettrait d’assurer une évacuation plus rapide.

    Même si plus de vies pourraient effectivement être sauvées, il n’en reste pas moins que les conséquences de ces dramatiques événements sont beaucoup plus lourdes pour les plus pauvres. La photo de cette maison de retraite américaine où des personnes âgées attendaient les secours dans leurs fauteuils roulant avec de l’eau jusqu’aux coudes a fait le tour du monde. En Asie du Sud, ce sont les bidonvilles qui ont été le plus durement impactés. Pas d’argent ? Pas de secours.

    Les limitations du capitalisme ne concernent pas que la catastrophe elle-même. Ce système est également incapable de combiner l’aménagement du territoire, la croissance démographique et les changements climatiques. L’extrême déréglementation du secteur de l’immobilier a même aggravé l’impact des catastrophes. A Houston, l’augmentation de la population de 1,8 million d’habitants en 20 ans fut une excellente opportunité pour les promoteurs et agents immobiliers. Mais la législation a été mise de côté pour construire plus, plus vite et moins cher et ainsi amasser plus de profits. Le comté de Harris, dans la région de Houston, a autorisé la construction de 8.600 habitations depuis 2010 dans des régions qui comportaient 1% de risque d’inondation. Cela aurait dû impliquer la construction d’étangs, de zones de drainage,… Ce ne fut pas le cas. Entre 1992 et 2010, 30 % des marais ont même été bétonnés. Cette logique où les grandes entreprises sont les seules à fixer les règles a assuré que même des zones sans risque d’inondation (et où se trouvent des entreprises chimiques…) ont été sous les eaux après le passage de l’ouragan Harvey.

    L’augmentation du nombre de réfugiés climatiques est dorénavant également inévitable. Les sécheresses et les inondations vont encore plus durement frapper le monde néocolonial, mais ce sera aussi le cas aux États-Unis. Pour les Trump, Francken & Co, la seule réponse, c’est de repousser les réfugiés. Avec un cynisme infâme, ils utilisent les conséquences désastreuses de leur politique de démolition sociale en termes de chômage, de précarité,… pour justifier qu’il n’y aurait aucun moyen d’accueillir ces réfugiés !

    Capitalisme contre socialisme

    Les dommages causés par les catastrophes naturelles se comptent en centaines de milliards. Mais pour les capitalistes, de telles catastrophes peuvent être très positives. En dépit des coûts humains et matériels, les marchés boursiers savent reconnaitre un nouveau marché potentiel quand ils en voient un. A Houston, des entreprises de construction qui ont aggravé la situation se frottent maintenant les mains en songeant à la reconstruction.

    Dans le monde néocolonial, les choses sont encore pires. Il n’existe bien souvent pas de fonds pour faire face aux catastrophes. Tout part sur les comptes des multinationales. Sans contrôle démocratique des travailleurs et des pauvres sur les richesses existantes pour assurer que des investissements soient effectués dans le logement, l’accès à l’eau potable et les plans d’évacuation, l’augmentation du nombre de réfugiés climatiques sera exponentielle.

    Laisser l’aide et l’utilisation de l’espace public au secteur privé et à ses partisans politiques signifie de continuer à ignorer les effets à long terme du changement climatique. Les solutions collectives dont nous avons besoin ne peuvent être mises en œuvre que lorsque les richesses et les capacités scientifiques mondiales seront sous le contrôle démocratique des travailleurs et des pauvres. Seule une économie démocratiquement planifiée pourra tenir compte de la planète, du coût écologique, mais aussi des effets à court et à long terme du changement climatique.

    Un récent sondage commandé par le Forum économique mondial montre que les jeunes de 18 à 35 ans se rendent de plus en plus compte que leur responsabilité individuelle est minime et que les grandes entreprises sont bien plus responsables du changement climatique. Notre capacité à planifier l’économie dans le respect de l’environnement dépendra de notre stratégie reposant sur des solutions collectives et du rôle que jouera le mouvement organisé des travailleurs dans le mouvement écologiste.

  • [ARCHIVES] Retour sur la catastrophe de Katrina

    Les conséquences du passage de Katrina, en 2005. Photo : Wikipédia

    En 2005, l’ouragan Katrina a causé de gigantesques destructions, notamment à la Nouvelle-Orléans. Cette catastrophe naturelle a été des plus terribles pour des milliers de victimes. L’administration Bush s’était distinguée par sa réaction très faible et très tardive. La catastrophe a par contre été utilisée pour lancer une offensive néolibérale brutale selon le principe qualifié de “stratégie du choc” par Naomi Klein : instrumentaliser les catastrophes pour imposer privatisations et libéralisations à grande échelle au profit de l’élite capitaliste.

    Katrina, c’était il y a douze ans déjà. Les États-Unis sont aujourd’hui touchés par un autre ouragan. Harvey n’a peut être pas eu la même force que Katrina, mais les nombreux problèmes soulevés par cet ouragan sont identiques : le problème du réchauffement climatique est bien réel et entraîne son lot de conséquences en termes de catastrophes naturelles. Comment les victimes peuvent-elles disposer d’un abri, d’une aide et d’une politique de reconstruction sous le contrôle de la population plutôt que dans l’intérêt de la maximisation des profits ? Dans ce contexte, il nous a paru utile de jeter un oeil en arrière avec le dossier ci-dessous, publié à l’époque de Katrina.

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    Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente

    Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.

    Dossier de Nicolas Croes (initialement publié en 2005)

    “Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.

    Pourtant, après le 11 septembre…

    … Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.

    La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…

    Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour

    Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?

    Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.

    C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…

    Une économie dévastée

    Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.

    A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.

    De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.

    Bush sur la sellette

    A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.

    En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.

    Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!

    Derrière Bush, un système et une idéologie

    Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.

    Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.

    Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.

    Quelle Alternative?

    Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.

    Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.


    Les sacrifiés de l’après-11 septembre

    Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.

    Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.

    Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.


    Voyage dans l’Amérique pauvre

    Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.

    Jean Peltier

    La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !

    Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.

    La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !

    Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…

    A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.

    L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR

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